FREE ‘PAST, PRESENT & FUTURE’ CD – MIXED BY DUBFIRE

4/71 DJMAG.COM

LIVING & BREATHING DANCE MUSIC!

NOBODY
DOES IT
GUETTA
BRING OUT THE TRUMPETS!

“I try to be incredible!”

THE PRODIGY’S
UNFINISHED BUSINESS • THE SHELBORNE IS
THIS YEAR’S HOTSPOT!
CASH IN THE ATTIC • WMC credit-crunch busters
What are your dusty classics • ATTACK OF THE
Vol.4 No.71

really worth? 50ft TENAGLIA

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 Pics: DAN WILTON Words: PAUL CLARKE

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 PERSONNE
NE LE FAIT
COMME
GUETTA
Rien ne peut arrêter le DJ House et producteur français.
“D
avid ! David ! David ! »
Les enfants qui effectuent
une visite guidée au
Stade de France à Paris ce
samedi après-midi glacial
crient le nom de l’homme qu’ils viennent
de reconnaître sur la pelouse vide du
terrain. Même si David Guetta n’est pas
membre de l’équipe de France qui se
retrouve habituellement à cet endroit, les
enfants qui poussent des cris d’excitation
lorsqu’il se retourne vers eux sont aussi
“J’ai été fiévreux que s’il s’agissait de Thierry
Henry.
considéré
Certes, David Guetta devrait avoir
l’habitude d’entendre son nom résonner
comme dans ce stade. Même si la dernière fois
qu’il était ici, c’était 45 000 personnes
underground plutôt que 45 qui scandaient du haut des
gradins « David ! »
à certains Au mois de juillet, le Stade de France
moments dans
accueillait Unighted le seul et plus grand
événement électro de la France. David
était à la tête d’un groupe de DJs super
ma carrière et stars triées sur le volet, tels Carl Cox et
Tiësto.
commercial à Cette réussite confirme sa première place
d’autres. Mais non pas seulement en tant que DJ
français, mais aussi comme l’un des plus
tu seras
grands génies au monde de la scène
électronique.
toujours ‘le’ Mais comment David Guetta en est-il arrivé
là, au point où il peut remplir le plus grand
mec ringard stade en France et y être révéré comme un
footballer de l’Équipe de France ?
pour Et ceci n’est pas une comparaison
quelqu’un.”
exagérée, car les enfants dans le Stade
sont loin d’être les seuls à le remarquer,
et ce, depuis que nous sommes en
compagnie de David !
Tout comme un peu plus tôt, lorsque nous
nous sommes retrouvés devant d’un hôtel
du centre-ville rempli de mannequins et
de délégués participants à la Fashion
www.djmag.com
Week de Paris. Ce ne sont pas sur les
reines des podiums aux joues creuses sur
lesquelles on se retourne, mais sur cet
homme avec ses cheveux blonds au vent.
Même s’il est constamment importuné par
les photographes, David le prend non
seulement avec grâce, mais aussi avec
bonne humeur.
“Je n’ai jamais été agressé par qui que ce
soit” dit-il en souriant “tout le monde est
gentil avec moi, donc je suis gentil avec
eux aussi.
“J’ai un statut très différent en France par
rapport à l’étranger. Là-bas, les gens me
connaissent essentiellement en tant que
DJ et crient mon nom en club, mais dès
que je sors c’est terminé.
“En France, j’ai vendu tellement de
disques et faits de prime time à la télé que
c’est difficile de se plaindre ensuite que
les gens me reconnaissent. Comme je suis
le plus souvent à l’étranger, j’oublie
parfois à quel point je suis connu en
France.”
Contraste
Néanmoins si ça continue comme ça se
passe actuellement, cela ne sera pas
seulement le cas ici.
David pourrait devenir rapidement la
personnalité la plus connue du monde de
la musique dance : avec les États-Unis qui
commencent à s’incliner devant lui, les
stars américaines du R & B qui font la
queue pour travailler avec lui, le record de
pages vues sur YouTube pour un artiste
électro, et son classement à la 5e place de
notre top 100 DJ, la plus haute pour un
DJ house.
On est loin de ses premières expériences
de Djing durant lesquelles il n’avait même
pas le droit de choisir les morceaux qu’il
passait, lui qui par la suite a produit tant
de hits.
“À 17 ans, j’ai eu mon premier job de DJ
dans un club gay”, se souvient-il, assis et
décontracté dans un restaurant chic après
notre visite au Stade de France.
“C’était au milieu des années 80, il n’y
avait pas de musique house et à cette
époque, tu jouais les disques qui
appartenaient au club.
“J’arrivais avec mes propres disques, mais
le responsable m’obligeait à jouer du hi
NRG et de la New Wave.
“J’ai une formation funk et je détestais
tout cela au début, mais j’ai commencé à
jouer New Order et Front 242 – et je pense
que la base de la musique que je produis
maintenant vient de là.
“J’utilise souvent des instruments
électroniques sur du gospel vocal, il y a
donc une opposition entre le triste et le
joyeux, et les influences noires et
blanches.
Néanmoins, ce fut la découverte de la
musique house qui constitua son moment
clé, quelque chose qu’il vécut pour la
première fois lors d’un voyage à Londres
dans le légendaire club Shomm en 1987.
“Ça l’a fait pour moi !” dit-il en riant.
“J’ai dépensé tout mon argent sur des
morceaux house de Blackmarket
Records et je savais que c’était ce que je
voulais faire. Je suis rentré en France et
j’ai dit au responsable du club
“donne-moi les lundis soirs lorsque le
club est totalement vide. J’imprimerai
les flyers et ferai la promotion de la
soirée moi-même. À condition que je
joue ce que je veux.”
“Alors, je me suis promené à travers
Paris en distribuant mes flyers en
disant : « il y a un nouveau genre de
musique qui s’appelle l’Acid House.
Vous devez l’écouter parce qu’elle va
changer votre vie.»
047
“J’étais comme un évangéliste ! Laurent Garnier jouait de la Owens en 1992. Ça me manquait tellement que j’avais
musique house au Rex, mais il avait habité en Angleterre et besoin de consacrer un jour par semaine en studio.”
y était habitué, pour moi c’était totalement nouveau. Les
soirées ont rapidement remporté du succès.” “J’étais en studio avec un ami et en quelques heures, nous
avions le titre. La semaine d’après, j’étais au restaurant avec
“Je jouais dans tous les clubs de Paris en remplacement du des amis et j’ai rencontré un chanteur de gospel : Chris
DJ résident. Je me suis vite rendu compte que les gens me Willis.
suivaient de clubs en club.”
“Je l’ai invité à chanter en studio et sa voix était tout
Il aurait fallu pourtant que ses fans puissent le voir : “En simplement superbe ! Nous avons travaillé ensemble sur
France, à cette époque, vous n’auriez jamais vu un DJ sur tous les albums. Au bout de deux semaines, on avait terminé
une scène”, dit-il. “Même si j’étais bien considéré quand je ‘Just a Little More Love’.”
jouais aux Bains Douches, j’étais dans une pièce à part. il
fallait carrément ouvrir la porte pour aller jusqu’à la piste de Le soutien de Thomas Bangalter des Daft Punk, à qui David
danse. On communiquait par téléphone. fit écouter la maquette — non sans hésitation, lui permit
d’obtenir un accord avec une maison de disques et de placer
“Au Palace, qui était le Studio 54 de Paris, j’étais dans une ‘Just a Little More Love’ dans les hit-parades français en
cave et par une petite fenêtre, je ne pouvais voir que les 2001.
pieds des danseurs.
Encouragé par son succès, David était déterminé à se
“Ces soirées avaient lieu essentiellement la semaine, mais consacrer à la musique à plein temps, même s’il a fallu
comme elles avaient plus de succès que celles du samedi soir convaincre Cathy de vendre tous leurs clubs et établisse-
et que les gens y aller là pour moi, je me suis dit que je ments.
devrais être le DJ, mais également le promoteur.”
Avec trois albums, dont le dernier ‘Poplife’ qui a produit 5
C’est alors, avec sa femme Cathy, qu’il avait rencontrée hits singles rien qu’au Royaume-Uni, des tournées
lorsqu’elle était serveuse à St Tropez, que le couple a internationales faisant salle comble, cela parait évident.
commencé à reprendre et à diriger des lieux à Paris, érigeant
ainsi un empire de la nuit comprenant restaurants, clubs et Des titres comme ‘Love Don’t Let Me Go’ ont surfé sur la
boîtes de striptease. vague électrohouse, qui a revigoré la musique house, même
si David est catégorique sur le fait qu’il ne prend pas le train
La toute première chose que j’ai dite à Cathy c’était “On va en marche.
passer la nuit ensemble, on va se marier, on va avoir des
enfants, et une vie ensemble remplie de succès” dit-il en “Les gens diront peut-être que ce que je fais est stéréotypé
riant. “Je pense qu’elle était un peu choquée, mais j’ai tout pour la radio, mais quand j’ai sorti ‘Just a Little More Love’
de même tenu parole.” ce n’était pas du tout le format”, se défend-il.
Encouragé “‘Just a Little More Love’ était nº 1 des hits club pendant six
Alors que leurs établissements étaient florissants, David mois, mais on n’arrivait pas à le placer en radio !
admet que sa vie en tant que baron de la vie nocturne le
rendait malheureux. “Pour arriver à quelque chose de différent, j’ai puisé dans
mes racines, dans l’underground et je les ai associé avec des F**k Me!
“Diriger des clubs signifiait avoir moins de temps pour le chansons qui pouvaient toucher des gens en dehors de la
DJing, je n’avais absolument plus aucun temps libre à passer scène ‘dance’. Je n’ai pas peur de la musique ‘pop’.” Effectivement, David a appris énormément en étudiant les
en studio après ma première prod ‘Up and Away’ avec Robert hit-parades, surtout lorsqu’il s’agit de se construire une
personnalité.

“J’ai commencé par mettre ma photo sur mes pochettes de

disque et sur les flyers pour mes soirées”, explique-t-il.
“Tous les DJs le font aujourd’hui, mais j’étais le premier. On
investit beaucoup dans les clips et nous avons un concept
visuel très fort puisqu’il s’agit de faire des tubes pour
toucher un maximum de personnes.”

Tout ceci a peut-être contribué au fait que David Guetta est

autant un DJ qu’une marque, ce qu’il ne contredit pas en di-
sant : “Je ne suis pas plus une marque que Tiësto ou Carl Cox.”

Lorsqu’il affirme ne pas savoir ce que cette marque

représente exactement, et la raison pour laquelle les gens
l’achètent, une réponse pourrait se trouver dans ses soirées
‘F**k Me I’m Famous!’ à Ibiza.

Voilà maintenant plus de 11 saisons que les soirées ‘F**k Me

I’m Famous!’ D’abord au Privilege puis maintenant au Pacha
font salle comble.

Les soirées réunissent deux styles de personnes différentes,

celles qui les voient comme un rêve et une évasion glamour
et les autres dédaigneuses du m’a tu vu et qui attachent de
l’importance à la musique avant tout.

On retrouve également les photos de David et Cathy sur les

compilations ‘F *** Me I’m Famous!’ et dans le club.

Pour leur 15e anniversaire de mariage, la soirée de clôture

l’an dernier offrait un spectacle sur le thème du mariage.

On pourrait presque les comparer au couple ‘Posh and Becks’

(cf le couple Beckham) de la musique dance. “Certainement
pas !” répond David avec indignation. “Nous nous sommes
rencontrés bien avant d’être célèbres, donc ce n’est
absolument pas la même chose. Cathy n’a pas fait partie de
ma carrière musicale, mais nous étions promoteurs
ensemble. Ce que les gens aiment chez nous c’est qu’elle est
black et moi blanc. Nous symbolisons la tolérance et le fait
que l’on puisse y arriver en venant de milieux différents.

048 www.djmag.com
C’est facile d’inviter un couple comme nous à la télé, car
nous avons une image accessible.” En effet, David affirme
que le nom de notre soirée ‘F**k Me, I’m Famous!’ est
censé être ironique.
“C’est marrant parce que lorsque j’ai commencé, je
n’étais pas célèbre du tout !” dit-il en riant. “Ça a
commencé par une soirée appelée ‘Oh, La la!’ Au moment
où les Anglais dominaient musicalement Ibiza. Ils se
moquaient de moi qui essayais de promouvoir la musique
house française.”
“Alors, on a dû trouver quelque chose de provocant. Mon
épouse était RP pour la mode et est rentrée dans le cercle
VIP, mais l’attitude des gens vis-à-vis des célébrités était
tout simplement ridicule. On se moquait de certains
aspects de notre style de vie.”
Il était certes difficile de détecter l’ironie dans la
publicité ‘infâme’ que David a faite pour L’Oréal.
“Je n’ai aucun regret à propos de cela”, dit-il. “À cette
époque, c’était vraiment difficile de placer ma musique à la
télé et en radio et ils ont pris ‘The World is Mine’ et c’est
devenu un hit mondial ! Cela ne me fait rien lorsque les gens
se moquent de comment était ma coiffure, mais c’est typique
de la scène dance, où lorsque quelque chose marche, les
gens essaient de le détruire. Ce qu’ils ne comprennent pas
c’est qu’ils se tirent une balle dans le pied.”
“Je ne suis pas le seul producteur à réussir et lorsqu’un
autre y arrive aussi, je suis très content parce que cela me
rend plus fort. Je ne vois pas cela comme de la
concurrence. Si plusieurs artistes réussissent, cela
signifie que c’est un mouvement qui est réellement fort
et nous pouvons alors aller vers les médias et leur
demander ‘pourquoi vous ne jouez pas cette musique à la
radio alors que des centaines de milliers de jeunes nous
suivent partout.”
“Cette musique a 20 ans aujourd’hui et je peux
comprendre les gens qui voulaient la garder pour eux
lorsqu’elle était nouvelle. Mais voulons-nous vraiment
continuer à jouer la musique de Frankie Knuckles juste
pour faire ‘authentique’ ?”
Critique
Effectivement, la séparation entre ‘commercial’ et
‘underground’ est un concept que David dit avoir
abandonné il y a déjà un moment.
“‘Commercial’ et ‘underground’ ne veulent rien dire pour
moi”, dit-il. “Si ‘commercial’ veut dire que je réussis alors
je suis content d’être commercial, mais si cela veut dire
que musicalement mes titres n’apportent rien alors il ne
s’agit pas de ce que je fais en réalité.
“Nous avons besoin de grands noms pour cette musique
et nous avons aussi besoin de producteurs ‘underground’.
J’ai été considéré comme underground à certains
moments dans ma carrière et ‘commercial’ à d’autres,
mais je suis toujours la même personne et je me suis
rendu compte que tu seras toujours ringard pour
quelqu’un.”

EN PISTE ! “Mais voulons-nous

Les souvenirs de David et
dancefloor parisien... vraiment continuer
Le REX
à jouer la musique
“Le Rex a été ma première expérience
positive dans un club où je n’étais pas
de Frankie Knuckles
résident. C’était à la base un club dit
‘rock’, mais c’était le premier endroit à juste pour faire
Paris à jouer de la musique dance avec les
nuits ‘Jungle’ et les soirées de Laurent ‘authentique’ ?”
Garnier.
“Je jouais les mardis à la fin des années 80
et c’était le premier endroit où je pouvais
vraiment jouer ce que je voulais sans
concessions. Aujourd’hui encore, le Rex
reste toujours le club le plus underground
et musicalement le plus crédible à Paris. Il
est très important, autant pour la Ville que
pour moi.”

FOLiEs PigaLLE
“J’y ai joué après Le Rex en 1991 lorsque
c’était encore un club de striptease où les
danseuses de + de 60 ans arnaquaient les
touristes.
“J’ai gardé les stripteaseuses et j’ai joué de
la musique 100 % house.
“L’endroit a cette atmosphère non
rassurante des quartiers chauds, mais nous
avions un tel mélange de personnes : homos
et hétéros, des prostituées et des bandits, et
même des célébrités comme David Bowie et
INXS.
“C’était l’année la plus dingue pour moi
parce que c’était aussi l’année où l’Ecstasy
est vraiment arrivé à Paris et la police ne le
savait pas. Je n’y suis pas retourné depuis
18 ans, mais l’endroit a toujours la même
image comme dans le clip ‘Smack my bitch
up’ de Prodigy.”

QuEEn
“J’ai fait l’ouverture du Queen en tant que
directeur artistique et Dj en 1992 et j’y suis
resté 2 ans. J’ai fait jouer des invités de
marque comme Masters At Work et Danny
Tenaglia et le club est devenu l’endroit le
plus branché de Paris. Ça été mon plus
grand succès et cela fait plaisir de voir qu’il
est encore là.
“Si le Rex représente l’underground, le
Queen représente la vraie scène club ici.”

050 www.djmag.com
Par là, il veut dire qu’il prend les déluges de critiques
régulières sur internet avec détachement même s’il est prêt à
s’expliquer sur la rumeur persistante selon laquelle son ami
Joachim Garraud, aurait produit l’essentiel de son dernier
album et se cacherait en réalité sous le nom de David.
“Tout a commencé avec un fou qui l’écrivait partout”,
indique-t-il. “Tous ceux avec qui j’ai travaillé savent que
ce n’est pas vrai. Je n’ai jamais dit que j’avais tout fait
seul et j’ai crédité Joachim sur toutes les pochettes de
l’album, mais si vous écoutez ‘Poplife’ et l’album de
Joachim ‘Invasion’, ils sont dans des styles totalement
différents. D’ailleurs, je prépare mon nouvel album sans
lui ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillerons plus
ensemble. Lorsque vous réussissez, vous êtes forcément la
cible de critiques et de jalousies, mais l’opinion qui
compte le plus pour moi est celle des clubbeurs.”
Toutefois, il pense que ce dénigrement systématique est
typiquement européen c’est pourquoi il se sent plus
proche de la mentalité américaine.
“J’ai commencé sérieusement à jouer aux États-unis il y a
trois ans et à ce jour, c’est très important pour moi”,
s’enthousiasme t’il.
“Ils me voient comme un nouveau phénomène parce la
musique dance n’a jamais été importante là-bas, mais
mon titre ‘Love is Gone’ a été joué sur toutes les radios
hip-hop et généralistes. Les États-Unis sont vraiment en
train de s’ouvrir et ce marché sera rapidement la plus
grande chose qui ne soit jamais arrivée à la musique
dance.”
Ce n’est pas seulement le public américain qui s’est mis à
aimer ce Français, mais aussi les plus grandes stars du pays.
Il a travaillé avec Kelly Rowland, qui est une des artistes
célèbres avec lesquelles David est en train de travailler sur
son album, ainsi que Chris Willis.
052
Alors que David enregistre son prochain album, il ne
COMME LE
veut pas en dire plus, à part “C’est mon hommage à la
musique dance, de ses racines disco jusqu’à
TEMPS PASSE !
aujourd’hui. Par exemple, un de mes morceaux préférés
est une sorte de rythme techno minimal avec une voix
R’n’B dessus.”
“J’ai fait quelques titres sur mon ordinateur portable, Passage éclair à travers
mais pour les autres et j’ai travaillé dans des studios
connus avec de grands noms à Los Angeles.
les années merveilleuses...
1986
“Au début, j’étais vraiment nerveux d’être en studio en leur
disant ce qu’il fallait faire, mais j’ai vite compris qu’ils avaient
autant envie d’apprendre avec moi, que moi avec eux. David Guetta
“Mais ce qui m’a le plus impressionné c’était leur attitude. commence à
Ce n’est pas grave si vous n’êtes pas le meilleur pianiste jouer de la
puisqu’ils engageront le pianiste pour vous.
Funk, New
“Ils ont cette mentalité qu’il ne devrait avoir aucune Wave et Disco
contrainte à la créativité.
dans le club
“Ils n’ont pas cette attitude étrange par rapport à la gay Le Broad.
réussite comme c’est le cas en Europe puisque le rêve
américain est basé sur le respect acquis par la réussite.”
Amercian Dream 1988
Le succès de David peut être retracé grâce à ses visites à la Organise sa
Winter Music Conference à Miami. C’est un invité habituel première soirée
depuis les premiers jours, il revient cette année pour des
sets attendus comme à la pool party de DJ Mag à l’hôtel Acid House au
Shelborne le mercredi 25 mars, au Festival Ultra le Broad.
vendredi 27 mars, et sa propre soirée ‘F**Me I’m Famous!’
à Mansion le lendemain. “Miami a toujours été la
meilleure fête de l’année pour moi !” dit-il. 1989
“Ce n’est peut-être pas aussi important musicalement que Débute les
cela ne l’a été auparavant, car tellement de disques soirées ’Unity‘
s’échangent sur internet maintenant. Cependant, il n’y a
pas de meilleur endroit pour sentir la ‘vibe’.” au Rex avec des invités comme
Norman Cook jouant de la house et
du hip-hop.
1992
Ouvre le Queen et invite des DJs tels
David Morales, Erick Morillo pour leur
première date en France. Sortie de
son premier single « Up and
. Away ».
1997
Première soirée ‘Oh! La, La!’ (plus
tard ‘F**Me I’m Famous’) à Ibiza où
Daft Punk fait salle comble au
Privilege.
www.djmag.com
Mais malgré son envie d’un succès 100 % à l’Américaine,
le rapport de David à l’argent est différent.
Le seul moment où il a l’air mal à l’aise durant l’interview
c’est lorsqu’il mentionne la maison qu’il vient juste
d’acheter à Ibiza, en ajoutant “Mais c’est la première
chose que je me sois vraiment achetée dans ma vie. Je
loue ma maison à Paris et je n’ai pas de voiture.”
Ce qui est plutôt curieux pour un homme qui doit récolter
des sommes astronomiques avec ses revenus de DJ
jusqu’au moment où il révèle “J’ai été élevé dans une
famille de gauche trotskiste où l’on m’a appris que
l’argent et le capitalisme étaient vraiment mauvais.”
“D’une certaine manière, en étant entrepreneur, c’était
comme me rebeller. et c’est lorsque j’ai vendu tous mes
clubs pour devenir un artiste que ma mère est devenue
fière de moi et j’ai toujours gardé ces valeurs familiales.
“Ne vous méprenez pas, j’aime l’argent – mais seulement
pour la liberté qu’il me donne. Je ne veux pas le
dépenser pour un avion privé parce que le fait de
posséder des choses faites te rend esclave de ces
choses.”
Cette croyance est déjà mise à l’épreuve lorsque dans le
taxi en rentrant du Stade de France, David reçoit un
appel sur son portable. Avec le peu de Français que DJ
Mag comprend, il est très clair que tout ne va pas au vu
de la manière dont il parle au téléphone et lorsqu’il a
terminé, il se retourne vers nous et nous explique que sa
nouvelle maison à Ibiza a été énormément endommagée
par une tempête.
L’air déconfit, il hausse les épaules à la «c’est la vie»,
arbore un sourire résigné tout en continuant à nous
indiquer les endroits qui ont compté pour lui.
Il est aussi remarquablement réaliste lorsqu’il s’agit de la
célébrité. Dans son discours, après avoir reçu sa
récompense en tant que meilleur DJ House lors de la
soirée du Top 100 de DJ Mag, David dit “Je pense
personnellement qu’il ne s’agit pas d’un concours de
talent, mais d’un vote de popularité, ce qui est tout aussi
important pour moi” — des mots qu’il défend encore.
“Les gens qui ne sont pas dans ce milieu peuvent penser
que ce sont des conneries, mais ce ne sont pas des
conneries si les vrais clubbeurs votent.”
“Ce qui ne veut pas dire qu’un DJ est meilleur qu’un
autre. Il s’agit simplement d’une représentation de ta
popularité à un instant T.
“Je suis donc très content d’être le DJ House nº1 et
j’aimerais être le premier tout simplement. Je ne peux
pas dire qu’un jour je dépasserai les DJs Trance, car je
pense que leurs publics sont plus fans et passent plus de
temps à voter sur internet !”
Point culminant
Devenant de plus en plus philosophique au fur et à
mesure de notre conversation, David a l’air parfaitement
conscient de la nature éphémère de la célébrité.
“Je sais qu’il y a une courbe et que je suis au sommet en
ce moment”, observe-t-il. “Au fur et à mesure qu’il y a un
battage médiatique autour de toi, tu montes et tu
redescends en flèche. Ce qui m’arrivera certainement
puisque cela arrive à tout le monde. Ma seule motivation
est d’être capable de jouer ma musique pour un
maximum de personnes le plus longtemps possible.”
Et il devrait y avoir au moins 45 000 personnes pour la
prochaine édition de Unighted au Stade de France le 4
juillet prochain. David s’est occupé du line up, avec entre
autres d’autres, Sven Väth. Un choix qui en étonnera plus
d’un au vu de la techno underground qui est l’antithèse
de la house commerciale de David.
En même temps, David dit que ces divisions n’existent
pas vraiment en dehors de quelques personnes et
certainement pas parmi les DJs eux-mêmes. L’exemple le
plus concret est la façon dont il a fait circuler la promo
de ‘Jack is back’, un morceau Acid rugueux qui est
054
devenu une base des sets de Laurent Garnier et de
2ManyDJs entre autres.
“Je l’ai fait sur mon ordinateur portable et je l’ai envoyé 1999
sans préciser qui l’avait fait”, se souvient-il. “Tous les ‘F**k Me I’m
retours que l’on a reçus étaient très positifs et quand je
leur ai dit que c’était moi derrière, ils disaient « OK tu Famous!’
nous as eus » !” déménage
“Même si l’on joue pour des publics complètement
au Pacha.
différents, tous ces DJs à la mode comme 2ManyDJs et
Dubfire sont mes amis proches. J’ai offert à Pedro Winter
(qui dirige maintenant Ed Banger Records) un de ses
premiers jobs. Quelques-uns des DJs underground très
cool peuvent ne pas me jouer à cause de qui je suis – je
les regarde en me disant qu’ils doivent être très fatigués
2001
parce qu’ils passent tout leur temps à faire semblant – ‘Just A
s’obligeant à parler d’une certaine manière et en disant Little More
qu’ils aiment que certains disques.”
Love’ sort.
En fin de compte, David Guetta est un homme bien dans
sa propre peau. Une évidence, lorsqu’il nous emmène
2004
plus tard pour une tournée de ses 3 anciens repaires.
Trois clubs très différents, mais dans chacun des lieux, la
réaction à sa présence est exactement la même. Qu’il L’album ‘Guetta
s’agisse des techno kids ultra à la mode au Rex, des
travestis vraiment louches au Folies Pigalle ou les Blaster’ avec ‘The
poupées du Queen. World is Mine’et
‘Money’, sort.
“Être ‘crédible’ ne
m’intéresse pas car
ce que je veux c’est 2007
être « incroyable ».” L’album
‘Poplife’ sort
Tous ceux qui passent à côté de lui au bar y regardent à avec le Top
deux fois avant de venir lui serrer la main. Même s’il
admet qu’il sort rarement en club dans sa ville 10 UK ‘Love
“simplement parce que je suis très rarement ici”, il reste Is Gone’.
une personnalité connue de la scène parisienne au vu du
traitement de star que tout le monde essaie désespéré-
ment de lui imposer.
Personne ne reste insensible à David Guetta – et même
s’il avait voulu qu’on le laisse tranquille ici — il reste
accessible.
“Je n’ai jamais été obsédé par le fait que les gens
2008
m’aiment ou que j’appartienne à un certain groupe’, David joue devant 45 000 personnes
nous dit-il. ‘Je m’en fiche de ce que les gens pensent de pour Unighted au Stade de France
ma musique, mais ils ne peuvent pas dire que je suis faux
ou pas passionné par cela. Être ‘crédible’ ne m’intéresse (ci-après) avec Carl Cox et Tiësto.
pas, mais ce que je veux c’est être «incroyable».”
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