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Fiche de lecture:

Henri MICHEL, La deuxième guerre mondiale commence, Mémoire du siècle, éditions


complexes, 1980.

La marche vers la guerre, les événements et les hommes


La détermination hitlérienne
Misanthrope, autodidacte, Hitler possédait un étonnant magnétisme faisant se déchaîner les
foules pendant ses discours. Il était aussi doté d'incontestables qualités de chef, et fut le véritable maître
du IIIe Reich: lui seul possédait une vision globale de la situation, ses conseillers ne savant que
partiellement ses décisions et les informations nécessaires. Sa conception de l'Etat est totalitaire, étant
persuadé que la puissance d'un peuple tient dans la pureté de sa race il élabore une vision darwinienne
de la société: le groupe social le plus fort a le droit d'asservir ou d'exterminer les plus faibles. Ainsi les
intérêts du plus fort vont à l'encontre de ceux des autres, la politique extérieure et l'armée occupent
donc nécessairement les pôles principaux de l'Etat, soutenus par une économie de guerre.
A son arrivée au pouvoir, Hitler n'a de cesse de mettre en place son projet. Il élimine les
opposants et fait en sorte que le seul parti nazi qui mène activement la propagande soit le tampon entre
la population et le pouvoir. Toute la population est encadrée par le NSDAP, la jeunesse est
particulièrement soumise à l'endoctrinement. L'économie est rapidement orientée vers la guerre, et
entraîne le pays à s'auto-suffire dans la mesure du possible. Hitler est animé d'une volonté
d'impérialisme colonisateur à mettre en oeuvre dans un espace continu, à l'abri des races inférieures
que constituent pour lui les Juifs, les slaves et les communistes. Admirateur de la Grande-Bretagne, il
ne souhaite pas ouvrir un front de ce côté et espère même la rattacher au côté de l'Allemagne, du Japon
et de l'Italie afin de faire front à l'encerclement franco-soviétique initié par le pacte de 1935. Après la
réaction britannique au rattachement de la Bohême et les assurances de Chamberlain au gouvernement
polonais, la Grande-Bretagne devient un ennemi à affaiblir, ainsi que la France considérée comme un
adversaire puissant mais à abattre absolument pour permettre l'hégémonie allemande.
L'Allemagne cherche d'abord à séduire la Pologne, par un traité de non-agression et une
invitation à discuter des frontières. La Pologne s'éloigne alors volontairement de ses alliés français et
russes. La préparation de l'attaque est décidée en mars 1939.

La nation allemande et le nazisme


Le nazisme a bénéficié de l'aval de la population allemande dans son ensemble. Malgré son
intelligence et son vocabulaire étroits, et son physique ingrat, il exerçait un pouvoir de fascination
certain sur les masses. De plus de puissants outils de contrôle et de répression sur tous les aspects de la
société lui ont facilité la tâche. L'amélioration des conditions des Allemands, les succès en politique
étrangère, la possibilité d'ascension social grâce au parti, l'approbation d'un peuple au régime lorsque la
nation est en danger sont également des facteurs expliquant l'adhésion du peuple allemand.
L'arrivée au pouvoir d'Hitler a été encouragée par les grands propriétaires, les industriels et les
militaires hauts placés, les valeurs de conservatisme social et religieux, la crainte du communisme, le
chauvinisme étant prônés par le NSDAP. Ces milieux espéraient pouvoir par la suite contrôler Hitler qui
pris une certaine distance avec eux, mais ne menace pas leurs activités, ce dont ils profitent au cours du
réarmement et de l'occupation de territoires étrangers. Les propriétaires terriens sont eux aussi
favorisés; les dynasties patronales assoient leur prééminence. Les militaires sont quant à eux enchantés
par l'abolition progressive des clauses militaires du traité de Versailles, ils prêtent serment sans
difficulté au Führer. Les différentes églises ne s'opposent pas particulièrement à l'instauration du
régime, ainsi que les paysans à qui les terres de l'Est sont promises. La montée du chômage encourage
les ouvriers, à priori hostiles parce que communistes ou socialistes, à s'engager dans les SS et les SA.
L'adhésion des syndicats n'empêche pas leur démantèlement. D'un autre côté, le pouvoir met en place
des mesures sociales soutenues par une active propagande, telles que des vacances, des logements pour
ouvriers, des aides hivernales de produits de première nécessité, ou une baisse réelle du chômage.
L'opposition au régime est marginale, les quelques personnalités hostiles sont remplacées tandis
que le parti exerce un contrôle grandissant sur la nation, et plus particulièrement dans les villes et les
régions à dominante luthérienne. Une totale soumission est exigée pour être susceptible d'accéder aux
plus hautes fonctions. Les intellectuels sont forcés de quitter le pays, les partisans communistes sont
désarçonné par le pacte germano-soviétique. Les émigrants dispersés et divisés ne parviennent pas non
plus à monter une opposition efficace.

La France et l'Angleterre devant la montée des périls


Les démocraties disposent sur le papier d'un meilleur potentiel que l'Allemagne et l'Italie
réunies, mais cela ne leur assure pas pour autant une supériorité immédiate. Ce n'est qu'à partir de
mars 1939 qu'elles commencent à affirmer leur hostilité à l'Allemagne, changeant ainsi brusquement de
position relativement aux années précédentes: elles se sont longtemps maintenues dans une cécité
volontaire malgré les avertissements des services secrets. Devant l'invasion de la Bohême-Moravie en
mars 1939 Chamberlain découvre qu'Hitler ne tient pas ses paroles, et multiplie les promesses d'aide
précipitées aux pays menacés, Roumanie Pologne et Grèce. Dans le même temps, l'Angleterre tarde à se
réarmer, ne voulant pas gêner son économie. Elle se rapproche de la France, bien que quelques
divergences à propos de leurs intérêts vitaux les distinguent. Des accords militaires sont signés, avec des
moyens vagues de réalisation. Conscients de l'état avancé de réarmement de l'Axe Rome Berlin, les
Alliés privilégient une approche défensive de la situation doublée d'un blocus opéré par les Britanniques
grâce à leur supériorité navale et économique. Cependant aucun plan commun aérien ni naval n'est
réellement mis en place, pas plus qu'un état-major commun, le recrutement et la modernisation de
l'armée ne brillent pas par leur rapidité. De même, la France et l'Angleterre ne s'accordent pas sur une
politique étrangère commune, ni le sur le financement de la guerre. Les gouvernements restent méfiants
l'un envers l'autre.

Mourir pour Dantzig ?


Le gouvernement britannique, en promettant son concours à la Pologne en cas d'agression, sait
qu'il n'en possède pas les moyens, mais compte sur une armée française perçue comme puissante. Unies
par un traité d'alliance depuis 1921, la France et la Pologne ont depuis pris des directions différentes, la
Pologne soutenant des avantages à l'Italie contre la France et annexant des territoires de Haute-Silésie
au moment de l'avancée nazie en Tchécoslovaquie. Néanmoins, la France promet de bombarder la Sarre
et de faire livrer du matériel aux Polonais en cas d'attaque allemande, alors qu'elle ne possède pas de
bombardiers et ne dispose pas suffisamment de matériel pour elle-même. Bien que voulant éviter un
nouveau démembrement de la Pologne, Anglais et Français ne donnent pas de garanties pour Dantzig,
considérée comme une ville allemande à démilitariser pour sauvegarder les intérêts polonais, tandis que
Varsovie tient fermement à cette ville et ne veut procéder à aucun arrangement.
Le gouvernement polonais se montre optimiste, et désire mener une politique étrangère hors
des moyens d'un à l'agriculture archaïque, peu industrialisé et dont l'armée se modernise avec
difficultés. Il ne veut pas choisir entre ses deux voisins encombrants et préfèrent demander des
assurances auprès des démocraties occidentales qui essaient de tempérer sa fougue.

Le pacte germano-soviétique
Pour la plupart des pays européens, le rejet originel du communisme par le nazisme paraissait
assurer un contrepoids à l'Est de l'appétit nazi. L'URSS demande que les garanties de soutien proposées
à la Pologne soit étendues aux pays baltes, aux pays de la Mer noire et à elle-même, garanties accordées
en juillet. Toutefois devant la lenteur des délégations à rejoindre la Russie, et les suspicions affichées
des gouvernements occidentaux face à la sincérité de l'URSS agacent Moscou qui exige des déclarations
précises, avec l'autorisation de pouvoir traverser la Pologne, ce qui est inconcevable pour cette dernière.
Les négociations échouent.
Les différents gouvernements s'estiment trop divergents, malgré la prévention formulée par
Churchill quant à la nécessité de conserver un front oriental pour contrebalancer un front ouest. Les
Alliés auraient pu faire pression sur la Pologne, mais ils croient en la faiblesse du régime soviétique et
des l'Armée Rouge après les grandes purges opérées par Staline et la misère constatée en territoire
soviétique. Le pacte Molotov-Ribbentrop est donc signé, après une ultime décision de Staline devant la
passivité occidentale qui risquait de se pérenniser même après une attaque nazie. Après de discrets
accords commerciaux, un pacte de non-agression et de définition des intérêts est signé pour 10 ans.
Hitler est ainsi assuré d'être tranquille sur son aile orientale qui lui fournit de plus d'utiles matières
premières. A court terme, l'URSS gagne des territoires et le répit face au conflit qui s'annonce.
Les Soviétiques justifient ce pacte par l'impérialisme britannique, mais minimisent l'ampleur de
l'accord. Ils ne voient pas la défaite probable des démocraties et de la Pologne les forcera
nécessairement à affronter une Allemagne plus forte encore qu'en 1939. En attendant, les deux
dictateurs s'envoient des compliments et promesses hypocrites, l'URSS gagne du poids face à l'éventuel
envahisseur japonais. La Pologne continue de sous-estimer l'adversaire allemand. Les communistes
français pris en tenaille renouvellent leur attachement à Staline, mais votent les crédits supplémentaires
pour la préparation de la guerre. L'annonce du pacte contribue à diviser, donc à affaiblir un peu plus les
milieux politiques français.

La décision de secourir la Pologne


En France ont lieu de nombreuses discussions à propos du soutien à apporter à la Pologne,
l'URSS ayant radicalement changé de camp, laissant seules la France et la Grande-Bretagne. Finalement
Paris décide le 23 août de se tenir à ses engagements plutôt que de chercher à gagner du temps, en cas
d'offensive nazie. Cette conclusion intervient avant l'examen précis des moyens dont la France dispose
réellement, et qui sont faibles relativement aux capacités de l'Axe.

Le profond pacifisme du peuple français


Selon les catégories sociales et les professions, les Français acceptent plus moins la guerre. Les
paysans ont encore les souvenirs de la Grande Guerre, mais sont prêts à défendre leur patrie. Les
ouvriers, plus organisés, sont sensibles aux discours pacifistes des syndicats en même temps qu'à la
menace fasciste. Les communistes suivent leur parti qui change par trois fois de direction entre 1935 et
1939. La petite bourgeoisie est quant à elle plus tentée par les partis fascisants suite à la crise
économique, mais vote radical-socialiste. L'incompréhension, la méfiance et le pacifisme se mêlent au
sein de l'opinion publique à l'égard de l'Allemagne nazie. La nature du régime et la personnalité du
Führer lui échappe, ce qui explique le retard de la mobilisation et le réarmement. L'Allemagne continue
de faire peur, mais les Français souhaitent avant tout éviter une nouvelle guerre. Classes dirigeantes,
livres à succès, instituteurs et médias prônent le pacifisme. Tous veulent dissuader l'Allemagne de
risquer une nouvelle offensive, ou de la provoquer en se réarmant. La vie politique est quant à elle
perturbée par les clivages entre camps et les glissements de positions des partis: ayant un programme
pacifiste, le Front populaire augmente les dépenses militaires, les milieux aisés basculent d'un
sentiment anti-allemand à une sympathie plus ou moins affichée pour le nazisme ou le fascisme,
considérés comme plaies moins vives que le socialisme. Entre la résistance à Hitler et la volonté de paix
à tout prix, chaque français est partagé tout comme le sont les dirigeants, ce que perçoit Hitler.

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