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LES PARLURES
Ou le françaisrégionalen classede langue
Le travailpédagogique
proposéici sur lesfrançaisrégionauxreposeessentiellement
sur deuxtypesd'approche:
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u n cl cu x iènrc ollt ac t ,c c ttc l ' o i s -cai v e cl ' o ra l , g râ c cà I' cnrcgi strcrncnt
du cl i scoul s l.e clcrrxièrnc
tcxte proposéestextrait desTragédieset Farcespaysannes,
t l'un l ra bit antde M ar s ei l l e . de Maupas_
sant (3). Au gré des nouvellesqui parsèmentce recueil,
en effet, Maupassantévoquc
la vie rurale en Normandie, et présentedes personnages
Notre propos seradonc, tout d'abord, de familiariser les êtudiantsavec les spécifici- typiques, prototypes d'
monde paysanà la fin du XIX. siècle.Bien entendu, .ttt pâ,
tés de quelquesfrançais régionaux(ou "paysans") en repérant les formes qui s'écar- ieur langageque les
paysans normands se distinguent du lecteur parisien: grâce
tent de la norme. Le premier texte choisi est un classiquedu genre, puisqu'il s'agit de à sa transcription quasi
phonétiqueMaupassantamuseseslecteurset donne
la Scène I de I'Acte II du Dom Juan de Molière, qui met en scènedeux jeunes pay- à sesrécits une couleur localeet
une saveur qu'ils n'auraient pas si les personnagess'exprimaieni
sans (Charlotte et Pierrot) dont le parler pittoresque est chargé de faire rire le en rrançais càu_
rant:
public par sa naiveté et sesexpressionsfautives, ou archaïques. Dans l'extrait que
nous présentons, Pierrot explique à Charlotte comment il a sauvé de la noyade deux Dîles donc, Io mère, pourquoi que vous ne v'ne7 point dîner
voyageurs: à ra maison, quand vous
pctssezà Epreville? on en jase; on dit comme co que j'sommes
pu amis, eî ça me fait
deuil. vous savez, chez mé, ne payerez point.i'suis pas'regardant à un dîner.
Enfin donc, j'estions sur le bord de la mar, rnoi et le gros Lucas, et ie nous arnusions ,vous
Tant que Ie coeur vous en dira, v'nôz ians retenue,
à batifuler avec des mottes de tarre que je nous jesquions à la tête; car, comrne tu ça m'fera p"raisir.
saisbiqn, le gros Lucqs aime à batifoler, et moi par fouas je botifole itou. En batifo- temps, les étudiantspeuvent_établirdes comparaisonsavec le pre-
lant donc, pisque bqtiloler y o j'ai aparçu de tout loin queuque chose qui grouillait ?î^L11-o..mier
rruer texte, en essayantde repérer des formes, des expressions,qui
se retrouvent dans
dsns gliau, et qui venait comme envors nous psr secousse.Je voyais celo fixiblement les deux extraits (par exempre,au niveau syntaxique, l'accord
oe ta premicre person-
et pis tout d'un coup je voyais que je ne voyais plus rien. ne du singulier avec la première personne du pluiiel.-7'sommes
uu 1i.,, de nous som_
rnes).
On constatefacilement que de nombreux mots, ainsi que certainesexpressions,ne
correspondent pas à ce que nous avons appelé le "français standard". Il est possible Dans un deuxièmetemps, il s'agira d'appréhenderles formes
typiquesdu parler nor-
d'opérer sur ces diffêrences qui fondent la parlure une classification relativement mand, en utilisant le cadre déjà employé:
simple:
l) Vocabulaire: il s'agira pour les étudiantsde noter les mots qui, selon eux, ressor- l) Vocabula ire: ça nte fait cteutit(çame fait de la peine) (4).
tent du lexique paysan (itou, batifoler). Le rôle du professeurconsistealors à les
expliquer et à les traduire, si nêcessaire,en français standard. 2 Phonétique: rné : rnoi. Rôle des élisions(v,nez,j' : je, rn, : me).
2)Phonétique: certains mots sont prononcés de manière inhabituelle. Cette pronon- 3 Morphologie: pu : plus.
ciation est transcritedans le texte par Molière. Le "e", par exemple,est transformé
en "a" (la mar : la mer, la tarre : la terre, bian : bien, aparçu : aPerÇu,.. .).
La diphtonguaison de fois aboutit dans le texte à fouas. De même gliau est une dé-
formation phonétique de I'esu. **:F
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,/ cllcs rcgardontà droite,/ ellesregardentà gauchemais
heu. . . (rire) elleschanrcrrl
1'ttts/ / Quand une bête passe/ d'un arb(r) à. . . I'autre
elles se mettent à crier / / l:.t
pl'st ellesse jettent,/ sur le b. . . le premier bâton qu'ellrr-.
u"v.nt" // .j.').
Si besoinest, on peut donner aux étudiantsquelquesindicationspour
comprendrelc
texte (il s'agit de la capture et de l'élevage dei appelants (appeauxj
destinésà ia chas_
se aux grives). une fois celui-ci compris, on opèrera un clàise-ent
des traits linguis-
tiques propres au français régional àe la provence:
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2) Bien entendu, ces différences linguistiques reposent essentiellementsur des points mineurs: on peut être
surpris par I'accent, par des expressionslocales, par la présencedans la lângue de certains archaismes,
mais passé le premier moment de surprise, l'oreille s'habitue à écouter un français différent.
4) Deuif vient du latin dolus (peine, souffrance) qui donne dol en vieux français ou dolor en Espagnol. On
constatera que cette formule archaïque est plus proche de I'espagnol (me duele'1,que le français moder-
ne.
5) Carton, Fernand et alt., Les Accents des Français, Hachette, paris, 19g3, pp. 50-51.
QUELQUES LECTURES:
Carton, Fernand, et alt.: Les Accents des Français (livre et cassette),Hachette, paris, 19g3, 94 p.
Langue Française, no 18, Mai 19'73:Les Parlers Régionaux, ntmêro réalisé sous la direction d'Alain le-.
rond. Larousse, Paris, 136 p.
Walter, Henriette: Enquête phonologique et variétés régionales du Français, PUF, paris, 19g2,252 p.
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