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LE CHEMIN DE LA

LIBERATION DE SOI
NOUVELLE EDITION

SUPAWAN GREEN

L’indispensable connaissance que devraient connaitre les Êtres humains avant leur mort.
LE CHEMIN DE LA LIBERATION DE SOI

Nouvelle Edition – Mars 2009

SUPAWAN GREEN

Titre original en anglais : A Handful of Leaves

Traduction par Kouam Kamdem Bertin


DEDICACE
A mon Père, ma Mère et l’Humanité
REMERCIEMENTS

Je souhaiterai exprimer ma profonde gratitude à l’endroit de ces personnes qui m’ont aidée
à bien réaliser ce livre. Ce sont Ian et Sally Timm, Jess Koffman, Roselyn Debhavalya,
Christopher Oakland et Nuanrat Padung.

Toute ma gratitude aussi à l’endroit de mon équipe en Thaïlande qui croit en moi et m’aide
bénévolement à diffuser le message de Bouddha sur comment quitter la prison de la vie (le
samsara).

Je n’aurais pas pu réussir sans ces aimables personnes.

SUPAWAN GREEN
PREFACE

Ceux d’entre nous qui ont eu la merveilleuse opportunité d’être formé en Thaïlande et d’y
faire des pratiques basées sur les enseignements du Seigneur Bouddha, ressentent une
immense gratitude pour ces sages moines et les généreuses populations laïques de ce pays.

Le livre de madame Green « le Chemin de la libération de soi » est conçu avec excellence et
vient à point nommé. Il est sans aucun doute, le meilleur fruit des dizaines d’années de
pratique de Mme Green, ainsi que ses profondes réflexions sur la vie, la perception du sens
véritable de la vie et le moyen pratique pour la réalisation de la Vérité ultime. Sa vision et
son espoir pour l’humanité sont des plus édifiants. Sa découverte de la superbe opportunité
que nous partageons tous de pouvoir trouver la paix intérieure ce qui est le cœur de toutes
les religions du monde et en fait la quête de tous les être humains, est très pratique et
profondément inspirant.

Même si Mme Green dit elle-même que nous pourrions la taxer de « naïve et folle », en fait,
la vision qu’elle présente offre l’espoir aussi bien que des moyens clairs pour réaliser la
Vérité.

Le Bouddha enseigne simplement comment s’éveiller et non comment devenir bouddhiste.


Aussi, tous ses enseignements ont pour but d’encourager et de diriger notre attention pour
pouvoir vivre pleinement le moment présent. Pour y parvenir, nous avons besoin d’être
pleinement éveillé. Vous devez être conscient de la vie comme elle vient, d’instant en
instant.

Le Chemin de la libération de soi est un guide. Mme Green écrit à partir de ses propres
expériences intérieures, de son vécu ; dès lors il ne s’agit pas d’un autre point de vue sur les
enseignements bouddhistes de quelqu’un qui n’a aucune expérience pratique. Cela a une
fraicheur et un parfum de confiance qui ne peut résulter que d’une connaissance intérieure
directe.

J’ai été très chanceux pour avoir vécu dix ans au Nord-est de la Thaïlande, suivant une
formation ainsi que les pratiques en tant que bhikkhu1. Aussi ai-je pu m’imprégner de la
culture bouddhiste – la culture de l’illumination – dans sa forme classique et traditionnelle
(bien qu’elle commençait déjà à décliner et à se diluer en ce moment là). Je ne peux qu’être
d’accord avec Mme Green pour le respect et l’estime qu’elle a pour cette culture.

Tous les usages sont sujets au changement et il n y a aucun moyen de faire revivre le passé.
Notre foi appartient à la réalité atemporelle. En Europe, l’éveil est en train d’avoir lieu.

1
Moine bouddhiste
Malgré les habituelles mauvaises nouvelles des mass-médias, je continue d’avoir confiance à
la bonté de l’humanité et je me réjouis de « l’inconcevable vaste océan de bonnes actions
accomplies par les êtres conscients depuis les temps immémoriaux ». Les réflexions de Mme
Green nous aident à établir des relations positives les uns avec les autres et favorisent en
nous la force de cultiver une attitude d’ouverture et réceptive face à nos expériences
journalières, à nos habitudes et nos émotions qui autrement pourraient nous pousser à nous
renfermer sur nous-mêmes et nous conduire au cynisme et à la négativité.

Le livre de Mme Green « le chemin de la libération de soi » est un ajout précieux à la


littérature bouddhiste.

Vénérable Ajahn Sumedho

Septembre 1999

Monastère bouddhiste d’Amaravati,

Great Gaddesden,

Hemel Hemstead,

Hertfordshire.

HP1 3BZ

Royaume Uni
INTRODUCTION A LA PREMIERE EDITION

Il y a trois mois, je suis passée par une longue période de tourment mental, qui a duré
environ dix-huit heures mais il m’a semblé que c’était toute une vie. Non seulement je
pouvais ressentir la moindre agitation troublant mon cœur mais aussi toutes les douleurs
s’infiltrant dans chaque cellule de mon corps. Il m’est apparu qu’une telle expérience
extraordinairement douloureuse avait une bonne raison d’être parce que, une fois que je
suis sortie de cette situation, je me suis sentie tellement forte que je me suis dit que je
devais trouver le moyen d’atteindre le maximum de personnes pour partager avec eux le
moyen qui permet de vaincre la douleur. Aussi étrange que cela puisse paraitre, c’est cet
incident qui m’a conduit à écrire ce livre.

J’ai vécu une étape vraiment décisive dans ma vie. Au début, j’ignorais tout du but ultime de
la vie, et alors je me battais pour essayer de faire ma pratique de méditation de telle sorte
que cela puisse me procurer la paix. A présent, je sais clairement comment aider les autres
pour accélérer leur voyage vers la paix intérieure permanente. J’essaye de partager avec
vous ce que j’ai appris à travers ce livre de la façon que j’aurai souhaité être enseignée moi-
même. L’approche de ce livre vise la génération du modernisme avec son sens de la logique
qui pourrait l’amener à se perdre entre le monde de la science et le monde religieux.

J’ai l’espoir que ce livre vous aidera chers lecteurs à faire le premier pas du long voyage vers
la destination ultime de la vie.

Supawan Green

17 Mai 1999
INTRODUCTION A LA NOUVELLE EDITION

La première édition de ce livre est sortie en 1999 et a été complètement vendue après
quelques temps. Un grand nombre d’évènements importants ont eu lieu un peu partout sur
la terre durant les neuf dernières années tels que : les attaques du 11 Septembre, le Tsunami
asiatique, les cyclones et les tremblements de terre, les nouvelles guerres, la destruction de
l’environnement, les changements climatiques et les conséquences de la crise économique
mondiale. Même la super puissance que sont les USA, l’un des pays les plus riches du
monde, où le président élu, qui a été conduit à la victoire comme une bouée d’espoir et
d’inspiration pour un changement réel, fait face à de nombreux défis pendant son mandat.

Jamais dans l’histoire de l’humanité les gens n’ont eu autant de richesse, de connaissances,
d’informations et d’outils à leur disposition, même moment, un très grand nombre de
personnes de toutes les origines sont obligées de passer par des périodes de tourments et
de souffrance d’une façon ou d’une autre. Cela ne fait aucun doute qu’un nombre
considérable d’individus se sent en insécurité, redoutant un futur incertain du fait de
l’incertitude financière et les bouleversements sociaux, politiques et environnementaux. Ce
livre vise à aider particulièrement ces groupes de personnes qui ressentent véritablement au
fond d’elles-mêmes qu’elles ont besoin de trouver un refuge mental et spirituel afin qu’elles
puissent se sentir en paix lorsqu’elles doivent affronter leurs vies de chaque jour.

L’essence de ce livre est de transmettre un message, celui qu’il existe une entité universelle
appelée « la vérité ultime » et qu’elle est de la même nature que notre « être véritable ».
Ceux qui n’ont pas encore trouvé leur être véritable sont très souvent pris dans les humeurs
négatives du mécontentement, de la frustration, de l’insatisfaction, de l’inutilité et par
moment ne savent pas si elles avancent ou reculent. Au contraire, lorsque l’on a trouvé son
être réel, la paix et le véritable bonheur sont à notre portée. Ce livre va vous apporter une
claire perspective sur le but de la vie, présenté de façon simple et complète, convenant à
toutes les croyances, autant pour les religieux que les scientifiques.

Dans la présente édition, j’ai enlevé les chapitres sur les quatre fondements de l’éveil de la
conscience et la culture de l’illumination (qu’on retrouvait dans la version originale) que je
donnerai plus en détail dans mon prochain livre « Ramener sa Conscience à Soi ». Toute fois,
tous les chapitres de la version originale son disponibles sur mon site web2.

2
La première version de « le chemin de la libération de soi » est disponible sur le site web de Mme Green sous
le titre « Une Poignée de Feuilles »NdT
J’espère que ce livre sera le premier pas qui vous conduira à découvrir votre être réel et ainsi
vous permettre d’atteindre une paix intérieure plus profonde et durable au milieu de
l’agitation envahissante du monde.

Supawan Green

15 NOVEMBRE 2008
SOMMAIRE

Chapitre un Mon illumination

Chapitre deux L’évangile du Bouddha

Chapitre trois La route en anneau du samsara

Chapitre quatre La fin justifie les moyens

Chapitre cinq Le Nirvana

Chapitre six La Vérité ultime

Chapitre sept La carte de la vie

Chapitre huit La vérité universelle

Chapitre neuf Connaitre le but sans connaitre clairement les moyens de l’atteindre

Chapitre dix Corriger les mauvaises habitudes mentales


LE CHEMIN DE LA
LIBERATION DE SOI
NOUVELLE EDITION
CHAPITRE UN MON ILLUMINATION

Cela arriva de façon soudaine et inattendue, un mardi d’octobre 1997 alors que j’étais dans
la salle de sport de l’université de Birmingham entrain de donner mon cours de Tai chi. Cela
faisait déjà un certain temps que j’enseignais les subtilités de la méditation à mes étudiants
sans leurs dire que mon travail avait pour base l’enseignement du Bouddha. Mais comme la
classe de ce jour était constituée de mes étudiants les plus avancés et les plus assidus, j’avais
pensé que cela les aiderait dans leur compréhension que de connaitre la véritable
terminologie bouddhiste s’il leur arrivait de rencontrer ces mots dans un livre ou dans une
conversation. Au moins, ils sauraient que ce qu’ils apprennent dans mon cours est une
pratique bouddhiste. J’avais alors décidé d’écrire sur le tableau blanc « les quatre
fondements de l’éveil de la conscience » et le mot « Vipassana » dans des parenthèses et
aussi devant chaque mot une brève description de son contenu. Alors que j’étais entrain
d’écrire ce que signifiait le quatrième fondement de l’éveil de la conscience, contrairement
aux trois premiers fondements que j’étais sure de bien comprendre, il y avait un terme
bouddhiste dans celui-ci « dhamma-nu-passana » et je n’avais absolument pas idée de ce
que cela pouvait signifier ; aussi j’étais sur le point de le leur confesser et de leur dire aussi
qu’ils auraient en ce qui concerne ce fondement à accepter la description traditionnelle sans
que je puisse leur apporter plus de détails. Habituellement, je suis capable de simplifier les
concepts difficiles pour en faciliter la compréhension, mais pas celui-ci car je ne saisissais pas
alors sa profonde signification.

Aussi, ayant fini d’écrire, je m’éloignais du tableau pour faire face à mes étudiants. Comme
j’ouvrais la bouche pour parler, je jetais un coup d’œil rapide au tableau qui se trouvait à
cinq ou six pas en arrière à ma droite ; c’est à ce moment que les cieux se sont ouverts.
C’était un moment magique et je murmurais doucement devant mes étudiants : « oh mon
Dieu, je le sais ! »

Soudain, ce fut comme si une immense vague de profonde sagesse remplissait mon esprit et
me permettait de connaitre les réponses à quelques questions importantes que je me posais
depuis un certain nombre d’années. Une de ces nouvelles connaissances était bien sûr, la
profonde signification du quatrième fondement de l’éveil de la conscience que je n’arrivais
pas à saisir quelques instants au paravent.

Ce flot de connaissances qui affluait en moi à ce moment là, m’a donné la plus puissante et
la profonde illumination intérieure, une expérience que je n’avais jamais vecue avant dans
ma vie. La lumière combinée de dix soleils est loin de pouvoir égaler la lumière de la sagesse
dans laquelle je me trouvais plongée en ce moment là. Toutes les pièces de l’immense puzzle
concernant la vie et la mort et même au-delà se trouvaient suite à cette expérience
parfaitement en ordre. Cette importante connaissance a apporté avec elle un immense
sentiment de soulagement. Je ressentais fortement que j’avais tous les droits de me dire :
« enfin je suis libre » - libérée de l’esclavage du « ne pas connaitre », de l’ignorance.
Inondée par cette expérience des plus impressionnantes et essayant d’assimiler cette
connaissance qui s’offrait à moi, je commençais à me rendre compte que sept paires d’yeux
me regardaient fixement et avec expectative et que j’avais toujours un cours de Tai chi à
donner. Je me décidais à dire à mes étudiants que j’étais sur le point de leur dire que
j’ignorais la signification profonde du quatrième fondement de l’éveil de la conscience mais
il vient de m’arriver quelque chose de spécial et maintenant je sais ce qu’il signifie et je vais
le leur dire. J’ai donc donné le cours comme d’habitude mais avec beaucoup plus de
confiance et de certitude dans la connaissance que je retransmettais.

Dès ce moment, mon savoir a constamment grandi. Tous mes écrits sont le résultat direct de
cette expérience d’illumination qui est survenu un lundi d’automne dans l’après-midi.

La qualité profonde d’une personne qui dit avoir eu l’expérience de l’illumination profonde
est son habilité à simplifier et à rendre compréhensible, les difficiles, profonds, épars et
confus concepts sur la vie pour en faire une connaissance à tous accessible telle que « Le
Chemin de la Libération de Soi ».
CHAPITRE DEUX L’EVANGILE DE BOUDDHA

Il est important que vous sachiez que la véritable sagesse est apparue au milieu de
l’humanité la nuit de l’illumination du Bouddha qui a eu lieu il ya 2 595 ans.

Cette nuit là, le Bouddha a découvert qu’il y avait deux réalités fondamentales dans la vie qui
sont :

La vie dans une prison appelée samsara

La vie hors de la prison appelée samsara

Suite à son illumination, le Bouddha a découvert qu’en fait il existe une réalité absolue dans
la nature. Cette réalité non conditionnée est aussi le but ultime de chaque être humain
vivant sur la terre, qu’importe qui vous êtes ou quelles sont vos croyances.

Pour que vous compreniez plus facilement et dans le but de concilier les diverses valeurs
humaines tant religieuses que non religieuses, je vais vous donner une liste de termes
représentant la même expérience ultime dans la nature ; ce sont :

L’illumination ultime

Nirvana

Le royaume de Dieu

L’arbre de la vie

Dieu

Tao

Eternité

Immortalité

La vérité ultime (absolue)

La réalité ultime

Le grand ultime (définition du Tai chi)

Le point d’équilibre absolu dans la nature (concept d’Einstein, la base de la théorie de la


relativité)

La simplicité absolue

L’ordinaire absolu
Le normal absolu

La certitude ultime

L’être véritable

L’être réel

Le non-soi

La paix éternelle

L’harmonie absolue

L’ultime liberté

La fin de la souffrance

Le bonheur véritable (réel)

Ici et maintenant

La frontière finale

La vie hors de la prison

La perception innocente (mon invention à moi)

Ce large éventail de termes qui désignent tous la même réalité va permettre de diminuer
votre confusion et d’avoir de meilleures perspectives sur le destination ultime de la vie. Vous
pouvez clairement voir maintenant que tous les êtres humains, croyants ou non partagent le
même but dans la vie. Nos différences religieuses qui très souvent conduisent à des conflits
politiques et à des violences sociales, à mon avis, sont tout simplement le résultat de la
mauvaise interprétation de ces différents jargons et ceci est dû au manque du vécu de la
l’expérience ultime – particulièrement de la part des leaders religieux.

L’évangile de Bouddha

Evangile veut dire bonne nouvelle. L’illumination du Bouddha veut tout simplement dire qu’il
a su avec certitude qu’il ya une autre vie hors de la prison du samsara. Il a dès lors
commencé à rependre la bonne nouvelle à propos de la véritable liberté dans la vie et
comment sortir de cet emprisonnement de la vie c’est- à dire comment atteindre le Nirvana.
Cette bonne nouvelle est en fait l’évangile du Bouddha.

Trois différents groupes de personnes

Il ya trois groupes de personnes dans le monde, qui sont :


Ceux qui ne savent rien de la bonne nouvelle sur la vie en dehors des mûrs de la prison
spirituelle.

Ceux qui connaissent la bonne nouvelle, y croient ou ont confiance dans l’évangile du
Bouddha et, qui font de leur mieux pour sortir de l’esclavage spirituel. C’est très souvent le
cas des bouddhistes convaincus qui se trouvent à différents niveau de leur voyage spirituel
vers la sortie de la prison de la vie. Ils ont acheté un ticket aller simple vers le royaume de
Dieu et ne vont pas s’arrêter de suivre ce chemin avant que leur mission spirituelle n’ait été
accomplie.

Ceux qui ont accompli leur mission spirituelle, ont déjà quitté la prison de la vie et vivent
éternellement heureux hors des mûrs de la prison. Ces personnes sont appelées arahants ce
qui signifie ceux qui ont atteint l’illumination ultime et sont devenus ceux qui savent. En
principe, ils savent ce qu’est la vérité ultime et aussi toutes les autres terminologies citées
avant. Ces gens sont ainsi devenues des guides qui sont capables de vous conduire avec
succès vers la destination de la vie mieux que toute autre personne.

Le premier sage spirituel a été le Bouddha et depuis lui, les sages ont été ses disciples
totalement illuminés. Le Bouddha a dit qu’aussi longtemps qu’il y aurait des gens qui
suivront le noble octuple sentier, ce monde ne manquera pas d’arahants.

Une réponse

L’histoire suivante vous permettra d’approfondir votre compréhension de l’évangile du


Bouddha.

Il était une fois un ermite qui utilisa sa baguette magique pour changer instantanément un
homme en un tigre. Voici la question qui se posa alors : quel est la chose la plus importante
pour se tigre à qui un sort a été jeté ? Devrait-il vivre comme un tigre, ou devrait-il
rapidement chercher un moyen de redevenir un homme ?

Evidement il n y a qu’une seule réponse raisonnable. Il doit retrouver son être normal (être
véritable). Mais étant un tigre, comment fera t-il ? S’il ne le peut pas du fait d’être un tigre,
alors quelqu’un d’autre doit le faire pour lui.

Et pour que cet homme puisse avoir une telle aide, quelqu’un doit savoir qu’il n’est pas un
vrai tigre mais un homme sous l’effet d’un sort. Heureusement, un sage homme a pu le
savoir et, par la grâce de son amour et de sa compassion, il a cherché intensément jusqu’à ce
qu’il a trouvé la baguette magique et le mot magique à dire. Il est donc revenu vers le tigre
et lui a rendu son être normal, son être véritable.

Cette histoire décrit l’essence du bouddhisme. L’homme représente notre être véritable. Le
tigre représente notre faux être. Le sage rempli d’amour et de compassion c’est le Bouddha.
En parlant par métaphore, nous dirons que nous étions tous des tigres jusqu’à la venue du
Bouddha, qui a trouvé la baguette magique et nous a aidé à retrouver notre illumination
normale encore appelée notre être véritable ou être réel.
CHAPITRE TROIS LA ROUE DU SAMSARA

Avant l’illumination du Bouddha, personne ne savait qu’être un Humain signifiait vivre dans
une prison mentale et spirituelle, que le Bouddha a appelée samsara ou le cycle de
renaissance3.

La renaissance, une route en cercle et le samsara

La meilleure façon de comprendre le samsara c’est de le comparer à une route en cercle,


mais dans un sens un peu plus profond parce qu’il na pas de limites physiques. Le samsara et
la renaissance sont en fait la même réalité.

Pensez tout simplement que nous avons tous une âme originelle ou être réel. Du fait du
manque de sagesse adéquate, cet être réel s’est progressivement changé en un être faux
(être illusoire), le tigre métaphorique cité plus haut. Cet être originel est conditionné par la
force karmique (nos propres actions qui donnent lieu à des conséquences) et par sujet à la
renaissance – le fait de voyager dans la roue du samsara.

La plus longue route

Pourquoi est-ce que je compare le samsara à une prison spirituelle ? La vérité c’est que une
route en anneau est la plus longue qui soit même si elle ne fait que quelques kilomètres de
diamètre parce qu’elle n’a ni commencement ni fin. Vous pouvez rester sur une route en
cercle ou en anneau aussi longtemps que vous roulez. Si vous vous perdez sur une route en
anneau comme la M25, qui encercle Londres, vous pouvez y tourner pendant des jours
jusqu’à ce que vous arriviez à trouver la bonne sortie. De même, notre être illusoire voyage
depuis des éternités dans la roue du samsara, ce qui signifie vivre l’expérience ou l’état de la
renaissance permanente, incapable de trouver la bonne sortie qui permettrait de quitter
définitivement le samsara. Pour cette raison, le samsara est une véritable prison mentale et
spirituelle.

Vivoter pour l’éternité

Pour certaine personnes, la renaissance peut sembler être quelque chose de bien ; en fait,
cela peut leur apparaitre comme une sorte de vie éternelle, n’est-ce pas ?

Le problème ce qu’il existe six royaumes ou règnes d’existence, qui sont en fait d’immenses
cul-de-sac, des fausses sorties disposées tout autour du samsara. Ces royaumes peuvent être
mis en deux groupes : ceux qui apportent plus de souffrance (l’enfer) et ceux qui apportent
moins de souffrance (paradis). Le jour où nous quittons le royaume des humains, notre

3
Voir « le Guide pour une Vie Véritable… la Loi du Karma » de Supawan Green.
karma nous conduira dans le royaume que nous méritons. Nous allons alors vivre dans ce
royaume jusqu’à ce que le temps qui nous était imparti arrive à son terme alors nous serons
une fois de plus ramené dans la roue du samsara. Ce cycle s’est répété pendant des éternités
et des éternités. Passer d’un royaume à un autre dans cette roue du samsara n’est aux yeux
du Bouddha rien de moins qu’une vie de prisonnier. C’est comme si nous avons été baladés
d’une aile d’une prison à une autre pendant des éternités sans pouvoir nous échapper de
cette immense prison de la vie.

L’aile Est et l’aile Ouest

Une considération générale du concept du samsara fait apparaitre que, si vous vous
comportez bien durant votre séjour dans le royaume humain, vous serez envoyé à l’aile
ouest où un gardien de la prison vous donnera un appartement luxueux, avec un lit
moelleux, un poste TV, des toilettes privées, etc. mais si vous vous comportez mal, vous êtes
envoyé à l’aile est où vous êtes sévèrement puni en accord avec toutes vos fautes ; vous
n’aurez droit à aucun confort, pas de lit, pas de visite autorisée, une totale isolation etc.

Le fait est, que vous soyez à l’aile ouest ou dans l’aile est, cela ne change rien au fait que
vous soyez en prison. La raison d’être de toutes les souffrances morales, psychologiques des
prisonniers c’est le fait qu’ils ne peuvent pas quitter la prison. Les royaumes des humains et
des animaux font partie des six fausses sorties (cul-de-sac) du samsara. Ainsi, le royaume des
humains fait partie de l’aile ouest alors que celui des animaux fait partie de l’aile est4.

C’est pourquoi dans la vie il est difficile de trouver une personne vraiment heureuse qu’elle
soit riche ou pauvre, célèbre ou inconnu, de grand ou petit statut social. Honnêtement, il
faut reconnaitre que la vie est faite de haut et de bas. Plus on est vieux et qu’on doive faire
face à la maladie et la mort, plus on se sent seul, abandonné et isolé. On ne peut qu’être
effrayé par l’inconnu, ne sachant pas à quoi s’attendre dans le futur. Un tel mécanisme de
déchéance graduel est la conséquence du fait de vivre dans cette prison de la vie ou
samsara.

4
Les six royaumes du samsara sont regroupés en deux règnes principaux :

Les royaumes positifs où la vie est plus supportable qui sont a) Humains b) êtres célestes (dieux et devas) c) la
sphère la plus élevées du ciel aussi appelée le monde de Brahma.

Les royaumes négatifs où la souffrance est immense qui sont a) animaux b) fantômes (peta) c) les êtres
infernaux.

S’il vous plait veuillez noter que le paradis dans le sens bouddhiste est très différent du concept chrétien. Le
paradis bouddhiste fait aussi partie de la prison de la vie ou samsara alors que le paradis chrétien est le
symbole de l’éternité.
L’illumination, seul moyen de s’évader de la prison !

Ce qui rend l’illumination du Bouddha si importante est que finalement il a pu trouver la


véritable sortie de la roue de samsara. Il a trouvé le moyen de s’évader de cette immense
prison de la vie de sorte qu’on puisse connaitre la véritable liberté. Ceci est en fait la
meilleure nouvelle qu’aient jamais reçue les populations prises au piège de la roue du
samsara. Cet enseignement bouddhiste a été transmis aux disciples du Bouddha de
génération en génération dans l’histoire du bouddhisme jusqu’à nous parvenir. Maintenant
que j’ai découvert cette vérité moi aussi cet après-midi d’automne, je ne peux que vous la
transmettre à mon tour.

Notre devoir principal et le problème qui s’y oppose

Notre devoir principal dans la vie est dès lors de nous libérer de cette prison qu’est le
samsara ou encore abandonner l’état de tigre pour retourner à notre état normal en
acceptant l’aide d’hommes sages tels que le Bouddha.

Il existe cependant un problème. Lorsque le gentil monsieur vient dire aux tigres qu’il y a une
possibilité de les délivrer du sort qui leurs a été jeté, et leurs demande de rester tranquilles
afin qu’il puisse défaire ce sort, certains tigres refusent de croire le sage homme et lui
répondent qu’ils ont toujours été des tigres et donc qu’ils n’ont pas besoin de devenir
quelque chose d’autre. Ce sont les personnes qui n’accordent aucun crédit à cette
merveilleuse nouvelle. Du fait de l’ignorance, ils croient qu’il n y a qu’une vie et une mort. Ils
prennent chaque jour comme il vient en croyant à toute sorte de choses, particulièrement
que tous leurs chagrins d’amour disparaitront avec la mort. Aussi, sont-ils enclin à penser
que cela n’est d’aucune utilité que de poursuivre un chemin spirituel.

Il ya ceux qui ne sont pas satisfaits de leur vie pour toute sorte de raisons ; ce qui les amène
à penser qu’aller au paradis ou encore dans la monde de Brahma est la solution à leur vie
malheureuse. Ainsi, ces personnes vont prier chaque jour afin d’avoir une meilleure
renaissance au ciel – choisissant ainsi de vivre dans l’aile ouest de la prison. En faisant un tel
vœu, ils espèrent vivre éternellement heureux, ce qui une fois de plus est une fausse
croyance. Selon le détenteur de la vraie connaissance (Bouddha), il n ya qu’une véritable
voie de salut et une seule véritable liberté – sortir de cette prison qu’est la roue du samsara
par la seule et unique porte de sortie le « Nirvana ».

Les deux champs de connaissance

Pour mieux comprendre, considérez toute la connaissance du monde, y compris la science


(loi de la gravité, e=mc², le mystère de Mona Lisa jusqu’au changement climatique) comme
une connaissance acquise en prison et qui ne concerne que la vie dans la prison. A l’opposé,
la sagesse de Bouddha est à propos de comment quitter la prison pour la véritable liberté.
Ceci est la différence essentielle entre les deux types de connaissance, la connaissance du
monde et la sagesse du Bouddha. La sagesse du Bouddha nous permet d’avoir une vue
d’ensemble de la vie à tel point que nous pouvons nous rendre compte de l’état déplorable
qui est le nôtre dans cette prison. Elle est donc par conséquent, plus profonde que la
connaissance intellectuelle, qui a la limite ne concerne que les détails sur comment est la
prison.

Selon le Bouddha, l’humanité serait sous un grand dôme et sa connaissance serait comme le
fait d’ouvrir ce grand dôme pour que la lumière de la véritable sagesse afflue pour la
première fois dans cet endroit habituellement obscur et permettant à l’humanité de se
rendre compte qu’il existe une meilleure vie hors de ce grand dôme afin de compte !

Que vous vouliez demeurer un tigre sous le coup d’un sort ou que vous vouliez retourner à
votre être normal est entièrement votre choix. Je ne suis qu’un messager.

Légende : toute la connaissance intellectuelle que nous acquérons nous vient de


l’environnement de la prison (samsara) dans laquelle nous vivons, alors que la sagesse du
Bouddha est une voie directe et simple vers la véritable liberté encore appelée Nirvana. Pour
rendre cela accessible aux personnes de toutes les croyances j’ai donné dans cet ouvrage
différentes terminologies qui représentent cette même et unique expérience que l’on
appelle Tao, Dieu, Nirvana, l’arbre de la vie, la perception innocente etc.
Légende : La roue du samsara est faite de six royaumes principaux qui conviennent bien aux
êtres qui y vivent. Le samsara est une prison avec deux grandes ailes. Quand vous vous
comportez bien durant votre vie sur terre qui représente la zone centrale entre les deux
ailes, vous allez à l’aile ouest où les gardes vous gratifient d’une vie luxueuse ; mais si par
contre vous vous êtes mal comporté, vous êtes envoyé à l’aile est où vous recevez la
punition que vous méritez. Le problème est le suivant : que vous soyez à l’aile est ou à l’aile
ouest ou encore au centre, la réalité est que vous êtes toujours en prison. Aussi, toute la
douleur et la souffrance interne que vivent les prisonniers sont dues au fait que jusqu’à
maintenant, ils n’ont pas pu se libérer réellement et sortir de la prison !
CHAPITRE QUATRE LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS

Pour mieux saisir l’essence du bouddhisme, l’on devrait comprendre un aspect très
important : lorsque le Bouddha a atteint l’illumination, cela a signifié qu’il avait vu le but
avant même de connaitre le chemin qui y mène.

L’histoire suivante va nous permettre de mieux saisir cela. Un homme était perdu dans la
jungle. Tout à coup, il se retrouva devant un étang d’eau divine capable de donner la vie
éternelle à qui la boirait. Lorsqu’il sut que cette eau avait des vertus magiques et devrait
profiter à toute l’humanité, il prit le chemin du retour tout en prenant toutes les précautions
pour se souvenir du chemin qui l’a conduit à l’étang d’eau magique afin de pouvoir y revenir.

Avant l’illumination du Bouddha, tous les êtres doués de vie vivaient dans la plus profonde
obscurité de l’ignorance spirituelle. Personne ne savait pourquoi il vivait, nul n’avait le
moindre soupçon que la vie ait un but. Les gens se demandaient s’il y avait une vérité ultime
capable de concilier les croyances, s’il existait un moyen permettant de mettre fin à toute la
souffrance et la misère dans lesquelles vivaient les êtres humains et les autres créatures ;
quelles étaient les causes de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Le prince Siddhartha
est né à une époque où la société indienne cherchait avec énergie la réponse à toutes ces
questions de toutes les façons imaginables, allant de l’auto mortification à l’auto-
complaisance en passant par l’exploration des niveaux les plus élevés de la méditation.
Malgré tout cela, personne n’avait encore pu proclamer « qu’il savait » c’est-à dire qu’il
savait la vérité ultime.

Marqué par les réalités socio-spirituelles de l’époque, le prince Siddhartha a


abandonné sa vie royale pour se joindre à ceux qui cherchaient la connaissance ultime et
l’illumination5. Comme ceux de son époque, il a essayé diverses méthodes dans l’espoir de
trouver un moyen de mettre fin à toutes les souffrances. Le prince vécu un ascétisme des
plus rigoureux s’auto-mortifiant durement pendant près de six ans et était même sur le
point de perdre sa vie.

Toutes ces activités spirituelles qui allaient des méthodes les plus complaisantes aux
méthodes les plus mortifiantes peuvent être comparées au fait pour une personne d’être
perdue dans une jungle très dense, alors que l’illumination du Bouddha serait plutôt la
personne qui par chance, a découvert l’étang magique. Avec l’illumination, la mission du
Bouddha était accomplie. Afin, le prince ascétique pouvait se proclamer « Bouddha » c’est-à
dire celui qui connait, l’éveillé et le joyeux. La vérité ultime ou la fin de toutes souffrances

5
Le Bouddha qui était le prince Siddhartha avant son illumination est né dans une famille royale du nord de
l’Inde en l’an 623 av JC.
avait été finalement trouvée. Et alors, le Bouddha a nommé cette nouvelle et unique
expérience Nirvana.

Ayant découvert cette nature ultime, il comprit aussi que c’était là le but final de la vie pour
tous les êtres vivants. Avant cet événement, personne sur terre ne savait pas que nous
n’étions pas des tigres mais des êtres humains car tout le monde ressemblait à un tigre. Le
Bouddha a découvert quelque chose d’exceptionnelle que personne avant lui n’avait
comprit.

Une autre chose qu’il comprit après son illumination était qu’il sera vraiment difficile de
convaincre les gens de cette nouvelle connaissance ; aussi avait-il peu d’empressement à
enseigner. Mais un peu plus tard, il découvrit que les êtres avaient des niveaux et des
capacités spirituels différents ; aussi, ceux dont les yeux ne seraient recouverts que d’une
mince couche de poussière pourraient comprendre et accepter cette nouvelle connaissance
sur leur véritable nature. Avec une profonde compassion et un amour sans limite pour tous
les êtres vivants, il a minutieusement dessiné le chemin qui mène à l’étang d’eau divine : la
vérité ultime. C’est la raison pour laquelle, dans le cas présent, le fruit (le but) vient avant la
voie qui y conduit (le chemin) ou « la fin justifie les moyens ».

Le premier sermon qu’il a prononcé devant ses cinq premiers disciples à Deer Park (parc
pour cerf) dans la ville de Vanarasri est appelé : les Quatre Nobles Vérités. Ce sont :

La Souffrance

La Cause de la souffrance

La Cessation de la souffrance (fruit)

Le Noble Octuple Sentier (le moyen)

Un débat est né au milieu de certains intellectuels bouddhistes sur la question de savoir


pourquoi « le Digne » a placé la cessation de la souffrance avant le noble octuple sentier.
Pour certains, cela est tout à fait illogique car normalement ce sont les moyens qui doivent
justifier la fin tout comme la cause conduit à l’effet.

Mais en fait il n y a pas d’erreur ici car cela est énoncé conformément à l’expérience que le
bouddha a vécue. Les Quatre nobles Vérités sont le résultat de l’extraordinaire première
expérience du Bouddha (son illumination), tout comme l’homme qui a découvert l’étang
magique par un coup de chance avant de prendre conscience du chemin qui y mène. C’est
Christophe Colombe découvrant l’Amérique pour la 1ère fois ; dès lors il est mieux placé que
tous les explorateurs précédents pour montrer le chemin qui y mène. Le continent américain
devient le résultat final qui justifie la route (les moyens) empruntée par Christophe Colombe.
Ayant ainsi trouvé la nouvelle terre, il devient le « guide local » qui connait bien tous les
raccourcis qui y mènent. De même, le Bouddha était aussi le « guide local » qui connaissait le
raccourci vers le Nirvana ou la Vérité ultime. Si quelqu’un n’avait pas découvert que nous ne
sommes pas des tigres, il n y aurait eu aucun moyen de connaitre la vérité à propos de la
possibilité pour nous de retrouver notre état réel. Nous aurions alors vécu comme des tigres,
sans aucune connaissance sur nous-mêmes et totalement ignorants pour des éternités. Sans
l’aide du Bouddha, nous n’aurions jamais eu la chance de connaitre la vérité sur la vie et le
but de la vie.

J’ai fait mention de cette question, bien que cela puisse paraitre insignifiant pour certains
lecteurs, parce que cela pourra aider beaucoup de disciples à juger ceux qui prétendent être
des guides spirituels. « La fin justifie les moyens » manque beaucoup dans les méthodes
d’enseignements de nos jours, très peu d’enseignants ont en effet expérimenté ce qu’ils
enseignent aux autres.

Cela fait environ 2 551 ans que le Bouddha nous a quitté. Il y a à travers le monde de
nombreux disciples du Bouddha qui sont devenus des enseignants, guidant les dévots
bouddhistes vers la Vérité. Mais, seul le guide qui aura lui-même été à l’étang, qui en aura
but l’eau sera capable de conduire avec succès les autres à travers la jungle vers l’étang
d’eau divine. Ainsi, les mots qu’ils utiliseront ne seront pas des mots empruntés et ils
pourront partager une expérience vivante qui est la leur avec les autres ; à l’opposé, ceux qui
n’ont pas été à la source devront scrupuleusement s’en tenir aux livres saints qui sont pour
eux la carte du chemin et par conséquent ne pourront avoir qu’un langage emprunté6 qui
leur vient des livres et autres. Un guide qui n’a jamais été à un endroit et qui se sert d’une
carte cours toujours le risque de se perdre ; alors que celui qui y a déjà été peut vous
proposer des raccourcis fiables sans risque de se perdre car il connait la destination pour y
avoir déjà été7.

6
Les enseignants qui utilisent des mots appropriés et vivants le font à partir de leur expérience propre alors
que ceux qui n’ont pas eu l’expérience de la chose vont copier chez ceux qui ont une réelle expérience, ainsi
auront-ils un langage emprunté. Il ya une différence significative entre ces deux types d’enseignants.
7
Voir le chapitre 2 (les deux types de guides) du livre « Le Guide Utile pour une Vie Véritable »
CHAPITRE CINQ LE NIRVANA

Lorsque j’étais enfant, je m’imaginais que le Nirvana était l’endroit le plus beau du ciel où de
très beaux dieux et de ravissantes déesses vivaient. Je pensais que les personnes ordinaires
que nous sommes ne pouvaient jamais y accéder car cela était trop au-dessus de nos
moyens. Je me disais que seul le Bouddha et tous les vieux moines bouddhistes privilégiés y
avaient accès. Je crois que 99% de bouddhistes pratiquants continuent de penser ainsi
jusqu’à présent, ce qui est profondément honteux. Ma conception mythique du Nirvana a
radicalement changée lorsque j’ai étudié les enseignements du défunt vénérable maitre
Buddhadasa de Suan Mokkh, un monastère en plein forêt situé à environ 483km au sud de
Bangkok. J’ai été très surprise d’apprendre que le Nirvana n’est pas un endroit paradisiaque
situé dans le ciel, mais un certain état mental caractérisé par l’absence totale d’envie, de
colère et de haine.

J’avais alors 20 ans et étais étudiante dans la renommée Université Thammasat de Bangkok.
En plus de ça, je venais de vivre l’une des pires crises de l’histoire politique de la Thaïlande –
l’horrible soulèvement des étudiants du 14 Octobre 1973. Suite à cela, j’étais remplie de
toute sorte de questions sur la vie. Je voulais que quelqu’un m’explique pourquoi tous ces
jeunes, ambitieux et sincères étudiants, qui ne souhaitaient que le meilleur pour leur mère
patrie, aient été si froidement assassinés.

Je me suis aussi sérieusement demandée quel était le sens de la vie. Je voulais


particulièrement savoir ce qu’était la vérité ultime. Etant arrivée au paisible monastère de
Suan Mokkh, et bien que je n’avais pas d’objectif précis, pour une raison qui m’était
inconnue, j’avais la profonde conviction que j’étais un peu plus proche de cette vérité
éternelle. Le malaise politique ajouté à mes problèmes personnels m’avaient plongée dans
une profonde dépression et m’avaient infligée tellement de souffrance que je ne souhaitais
qu’une seule chose, m’en débarrasser par tous les moyens à ma portée. Grâce à Dieu, j’ai
trouvé Suan Mokkh avant qu’un mauvais vent ne me conduise sur un chemin regrettable !
Ensuite, je me suis accrochée de toutes mes forces à la technique de méditation qu’on
m’avait apprise à Suan Mokkh et très heureusement, cela m’a beaucoup aidée. Grâce à une
pratique constante de la méditation, mon trouble intérieur a graduellement disparu – à mon
grand soulagement ! Et cela fait maintenant plus de trente ans.

Bien que je n’ai pas pu répondre à toutes mes questions, et que les problèmes de façon
générale continuent d’exister jusqu’aujourd’hui, j’ai réussi à résoudre les questions
essentielles. La pratique de la méditation m’a permis d’avoir une vie remplie et satisfaisante.
Je me suis aussi rendue compte combien j’ai été chanceuse de naitre comme être humain et
de pouvoir connaitre le Bouddhisme. Retransmettre mon savoir est un moyen pour moi de
montrer ma gratitude à tous mes maitres spirituels particulièrement le Bouddha.
J’ai acquis maintenant la certitude que le Nirvana et la vérité ultime ne sont qu’une et même
chose. Que le Nirvana soit l’endroit le plus lumineux du niveau le plus élevé du paradis, je
n’en sais pas plus que vous. Mettons cette question de côté pour l’instant et mettons
l’accent sur quelque chose que nous pouvons cerner avec des arguments rationnels. Suite à
mon expérience de l’illumination, je sais avec certitude que le Nirvana est ici sur cette
vivante planète bleue et est plus proche de nous que nous ne pouvons l’imaginer. Le Nirvana
ou vérité ultime nous environne ici et maintenant à cet instant !

Qu’est ce qui vient deux fois dans la semaine (Week) et une fois l’année (Year) ? La plupart
des personnes va échouer à trouver la réponse évidente à cette devinette s’il ya trop de
réflexion. De même vont-elles échouer à connaitre le Nirvana. Sans un guide qui s y connait,
tout le monde laisserait échapper l’évidente réponse qui se trouve là sous notre nez8. C’est
pourquoi le Bouddha a dit que seuls ceux qui ont les yeux recouverts d’une légère couche de
poussière pourront le voir. La comparaison suivante va vous permettre de mieux saisir ce
dont je parle.

Je crois que vous connaissez les images magiques9 dans lesquelles une belle image en trois
dimensions est dissimulée derrière une peinture à deux dimensions. Si nous plaçons une
telle image devant nous, bien que l’image à trois dimensions soit là devant nous, nous ne la
verrons pas. Pour pouvoir la voir la première fois, il faudrait qu’on nous enseigne une
méthode. L’une des techniques les plus utilisées est de placer l’image collée à notre figure,
de détendre les yeux et d’éloigner lentement l’image de notre figure. Petit à petit la belle
image en trois dimensions va apparaitre. Une personne qui n’a pas maitrisé la technique ne
pourra pas garder longtemps la vision avant qu’elle ne disparaisse. Les personnes plus
habiles qui sont généralement des enfants, ont juste besoin de relaxer un peu leurs yeux et
ils peuvent voir l’image cachée aussi longtemps qu’ils le souhaitent. Néanmoins, il existe des
personnes qui ne pourront jamais maitriser la technique et donc ne pourront jamais
apprécier la beauté de l’image cachée10. Une de ces personnes frustrées est mon mari !

8
La devinette est en anglais et n’a de sens que dans cette langue ; la traduire la dénature, « what’s it that two
in a week and one in a year ? » la réponse c’est “e” bien sûr ! il y a deux « e » dans week et un « e » dans year !
9
« Magic eye pictures » en anglais
10
Quand j’ai écrit la première version de ce livre en 1999, les images magiques étaient très populaires. Presque
tout le monde connaissait ce produit. Alors que je réécrivais ce livre en 2005, les images magiques n’étaient
plus populaires, aussi certains pourraient ne pas savoir ce que c’est. Avec un peu d’effort, je suis certaine que
vous pourrez encore en trouver. J’avais un livre avec une belle collection d’images magiques que j’ai emporté
avec moi lors de mon voyage au Cameroun en 2002. Mes élèves camerounais n’en avaient jamais vu avant.
ère
Après leur avoir enseigné la technique que ces élèves mûrs ont maitrisé dès la 1 fois, ça été une joie de voir
leur réaction enfantine quand finalement ils pouvaient voir l’image magique. Ils étaient vraiment excités,
enthousiasmés et joyeux – le genre de réaction que je n’avais jamais vu chez les occidentaux mûrs !Bien que je
voulais garder le livre afin de l’utiliser chaque fois que j’aurai à parler de ce chapitre, je n’ai pu m’empêcher de
De même, le Nirvana peut être considéré comme une autre dimension à notre portée ; il est
simplement caché derrière chaque image de la vie quotidienne que nous percevons. Le
Nirvana n’est absolument pas un sujet à débattre ou à cerner par le raisonnement ou la
pensée. Il y avait une image en trois dimensions de dix tulipes dans ce livre que j’ai laissé au
Cameroun. Vous pouvez imaginer ou penser ce que vous voulez concernant une image de
tulipes en trois dimensions et même si vous avez pu voir une si extraordinaire image avant,
vous devez savoir que l’image que vous avez dans la tête n’a rien à voir avec le fait de
percevoir cette image ici et maintenant. Il en est de même du Nirvana. Cette ultime réalité
ne peut être saisie par le moyen de l’intellect ou par le processus de la pensée.

Pour mieux comprendre encore, je vais remplacer le mot Nirvana par un mot de mon
invention : la perception innocente11. Par l’utilisation de ce nom, il est plus facile de
comprendre qu’une seule méthode est concernée. Que vous soyez capable ou non de
percevoir les objets de sens de façon innocente dépend entièrement de votre aptitude
mentale. Une telle méthode unique se trouve être le noble octuple sentier, qui peut se
résumé dans la technique du Vipassana, une pratique que je décris comme « être ici et
maintenant ».12 En synthétisant, nous dirons qu’il existe 4 états ou maisons dans lesquels
notre être interne peut habiter. Ces 4 maisons sont des niveaux qui marquent notre habilité
à percevoir les choses de façon innocente.13

Si nous faisons asseoir devant un vase contenant un bouquet de jonquilles un pratiquant


assidu du Vipassana et une autre personne qui n’a rien à voir avec le Vipassana, leur
perception sera complètement différente. La personne qui ne sait rien du Vipassana ne verra
devant elle qu’un vase rempli de jonquilles, alors que celle qui pratique le Vipassana
(dépendamment du niveau qu’elle a atteint dans sa pratique) pourra percevoir de façon
profonde la réalité de ce qu’elle voit, tel quel – avoir une perception innocente ! Cette

leur laisser le livre quand ils en ont fait la demande tellement ça les rendait heureux. C’était la dernière fois que
moi aussi j’ai vu ces merveilleuses images.
11
Se référer au chapitre 2 du présent livre où je donne une liste de 28 noms qui désignent cette même nature
ultime.
12
Vipassana à la même signification que les 4 fondements de l’éveil de la conscience, la méditation intérieure
et ramener sa conscience à soi (être ici et maintenant). Lorsque l’on commence la pratique du Vipassana, on
est entrain de parcourir le noble octuple sentier qui est : 1.point de vue juste, la compréhension juste 2. Pensée
juste, intention juste 3.parole juste 4. Action juste 5.moyen de vie juste 6. Effort juste 7.état mental juste
8.concentration juste
13
« Ramener sa conscience à soi » qui est composé de 2 livres (un pour la théorie et un autre qui traite des
aspects pratiques) est entrain d’être écrit. Voir sur mon site web la date de sortie www.supawangreen.in.th –
participer à nos retraites sur le thème unique « être ici et maintenant » est le meilleur moyen d’acquérir la
ème
capacité de ramener sa conscience à soi, vivre l’instant présent particulièrement de connaitre le 4 état ou
ème
4 maison qui est la perception innocente.
dernière expérience est semblable à la capacité de voir une image en trois dimension dans
une peinture à deux dimensions – une expérience qu’un non pratiquant ne peut ni vivre ni
comprendre. C’est exactement de cette façon que l’on accède au Nirvana.

C’est pourquoi tous ceux qui ont la connaissance de cette vérité ultime ou Nirvana
considèrent la situation comme le fait qu’une simple mèche de cheveux dissimule une
montagne. Ceux qui ont la connaissance ultime disent très souvent : si la vérité ultime n’est
pas là juste devant vous, où pensez vous pouvoir la trouver ? Le Nirvana est très facile
d’accès pourvu que l’on sache la bonne méthode pour y accéder ; sans une telle
connaissance, cela pourrait vous prendre des éternités seulement pour trouver un
enseignant capable de vous enseigner cette méthode unique afin que vous soyez capable de
voir cette montagne qui est juste là sous vôtre nez.

Je ne vous poserais qu’une seule question essentielle : avez-vous acquit cette capacité qui
permet de percevoir de façon innocente à ce jour ?
CHAPITRE 6 OU SE TROUVE LA VERITE ULTIME ?

Si le Nirvana se trouve être juste là devant nous comme l’image à trois dimensions, la vérité
ultime est aussi là devant nous, car les deux expressions désignent en fait la même
expérience ou le même état d’être. Pour mieux comprendre, remplaçons le mot « vérité »
par celui de « réalité » et laissons de côté le mot « ultime » pour le moment. J’aimerai
d’abord expliquer le mot réalité.

Si vous voulez comprendre les mots « vérité » et « réalité » tels qu’ils sont utilisés dans les
enseignements sacrés, vous ne devez pas trop réfléchir ou essayer de trop compliquer les
choses. Toujours garder à l’esprit la réponse de l’énigme14. Ainsi, quand je parle de réalité, il
ne s’agit pas de faits à propos d’une situation, d’une personne ou d’évènements réels ayant
lieu à travers le monde ne ce moment précis tels que les violences domestiques, les guerres
ou le réchauffement climatique. Il n’est non plus question de vérité ou d’honnêteté. En fait,
la vérité du point de vue spirituel n’a rien à voir du tout avec nos pensées et l’utilisation du
langage. Par contre, elle concerne fondamentalement notre qualité de perception.

Nous allons considérer quelque chose qui nous soit plus proche ; si proche que c’est une
question d’ici et maintenant. Peu importe où vous vous trouvez et ce que vous faites à cet
instant bien précis. J’aimerai que vous regardiez autour de vous à cet instant bien précis.
Votre expérience sensorielle à ce moment ci est en fait la réalité/vérité dont je suis en train
de vous parler. Vos images, sons, odeurs, goûts et toucher à cet instant précis sont les seules
choses réelles pour vous n’est-ce pas ? En d’autres mots, vos perceptions et expériences
sensorielles sont la seule expérience réelle ici et maintenant. La reste n’est pas réel, n’est
pas proche, pas perceptible par vos sens. Ainsi, par ce moyen, le monde réel vous envahit.
Ainsi, chaque personne a sa réalité.

Vos perceptions sensorielles (images, sons, odeurs etc…) sont la réalité concrète, elles ne
sont pas le fruit de l’imagination, des rêves, des pensées ou des concepts. Elles sont
absolument tangibles, visibles et réelles. Vos expériences sensorielles sont suffisamment
réelles pour que vous n’ayez pas besoin qu’on vous les confirme. Par conséquent, ce que
vous ne pouvez pas expérimenter à l’instant n’est pas la réalité selon cette définition.

Supposons que là à l’instant vous êtes en train de faire le ménage habituel dans la cuisine. La
réalité est dès lors votre expérience sensorielle directe, c'est-à-dire tout ce que vous pouvez
percevoir dans la cuisine à travers vos sens. Toutes les choses hors de votre cuisine et même
les choses dans votre cuisine se trouvant derrière vous que vous ne pouvez pas percevoir par
les sens ne sont pas réelles. Par exemple, vous avez plusieurs meubles à tiroirs dans la

14
L’énigme en question n’a de sens qu’en anglais, elle ne peut être traduite en français : « two in a week and
one in a year ».
cuisine. Si vous commencez par nettoyer l’évier, tout ce qui est devant vous est réel mais les
meubles à tiroirs derrière vous ne sont pas réels. Lorsque vous avez fini avec l’évier et que
vous vous tournez vers une autre partie de la cuisine pour nettoyer, tout ce qui est derrière
vous, qui était réel il ya juste un instant ne l’est plus. Cela signifie que toute chose que vous
ne pouvez pas percevoir ici et maintenant n’est pas réel. Ces choses ne sont pas réelles
parce que vous les percevez à travers vos pensées et votre mémoire qui peuvent être
corrompues.

Vous savez par exemple qu’il existe trois autres pièces en dehors de la cuisine dans laquelle
vous vous trouvez maintenant ; et dans un coin du salon hors de votre vue, les enfants
regardent la télévision. Ce sont simplement des faits (qui proviennent des pensées ou de vos
derniers souvenirs) ; de ce fait, ce n’est pas la réalité. Toute autre chose que ce que nous
percevons à l’instant est un fait, qui existe dans notre tête, dans notre mémoire. Ils ne sont
pas réels et peuvent être changés ou modifiés aussi car tout peut arriver et modifier ces faits
du moment où vous les avez perçu jusqu’à cet instant ici et maintenant.

Alors que vous faites la vaisselle dans la cuisine, vous pouvez penser que vos enfants
regardent la télévision à cet instant là. Ca c’est l’image qui vous reste de la dernière fois où
vous avez vu vos enfants avant d’aller à la cuisine. Ces images appartiennent à une réalité
passée, mais en ce moment ci, ce ne sont que des images et non la réalité actuelle. Vous
pouvez vous tromper complètement car après que vous soyez allé à la cuisine, vos enfants
sont peut être allé dans la salle de bain ou sont sortis jouer avec leurs amis et vous les croyez
toujours au salon.

Votre salon en ce moment ci est peut être en feu ou complètement inondé et vous pensez
que tout va bien. Ce n’est pourtant qu’une image du dernier souvenir que vous avez eu
avant de quitter le salon. Tout peut arriver à vos enfants et à votre salon pendant que vous
nettoyez l’évier. Aussi, tous les faits stockés dans vos pensées et votre mémoire ne sont pas
la réalité concrète et sont sujet au changement et à l’erreur. Ainsi en est-il de toute chose
concernant hier et aujourd’hui y compris notre précieuse connaissance intellectuelle. Tout
ceci est égal dans le sens que tous ne sont pas réels peu importe combien précise est cette
connaissance. Les choses du passé et du futur ne sont pas la réalité car elles ne sont pas vos
expériences sensorielles du moment, qui ont lieu ici et maintenant.

Suivant cette définition, la réalité se déplace avec vos sens ou avec vous. La réalité comme
instant présent, n’est donc pas quelque chose de statique mais a plutôt un caractère
dynamique. Cette nature dynamique peut être comparée à la seconde aiguille d’une montre
– le genre qui se déplace constamment devant notre face et ne s’arrête jamais même pas
pour un bref moment. Une fois que vous avez fini de travailler dans la cuisine et que vous
allez au salon, votre réalité change. Les évènements de la cuisine deviennent le passé
immédiat qui n’est plus du tout réel. Pendant que vous vous déplacez de la cuisine vers le
salon, et du salon vers la salle de bain et de là vous retournez à la cuisine, votre réalité
change constamment et se déplace avec vous (vos sens), tout comme la seconde aiguille
d’une montre.

Bon, il temps de remplacer une fois encore le mot « réalité » par le mot « vérité ». Si vous
voulez comprendre la vérité ultime (réalité) dans tous les enseignements sacrés, vous devez
avant tout comprendre la vérité dans ce simple sens ; cela vous rapproche beaucoup de la
vraie vérité ou ultime vérité.

Où que se trouve votre vérité individuelle, là aussi se trouve l’ultime vérité. Elle ne peut être
à un autre endroit. L’histoire suivante qui a vraiment eu lieu aidera ceux dont les yeux ne
sont recouverts que par quelques grains de poussière à comprendre la vérité ultime (réalité)
de l’univers.

Un jour, un garçon de 7 ou 8 ans a posé à mon maitre une question vraiment directe. Ils
vivaient sur une île lointaine dans la province de Songkhla en Thaïlande au moment des faits.

« Très vénérable oncle, pourquoi chaque chose a un nom ? »

Vous pourrez penser que ceci n’est qu’une question innocente venant d’un enfant ; et
d’autres pourraient même penser : « quelle question stupide ? bien sûr que chaque chose
doit avoir un nom ».

Je ne manque pas de faire apparaître cette question dans tous mes écrits car cette question
est la réponse sur la nature de la vérité ultime.

Pour être plus précise, cet enfant pouvait voir la réalité ultime de l’univers et c’est pourquoi
il a posé cette question étrange. S’il vous plait revoyez le chapitre deux du présent ouvrage
où je fais une liste de termes traduisant la nature de la vérité ultime. La vérité ultime est la
même expérience que la « perception innocente ». Lorsque votre expérience sensorielle est
innocente, il n ya pas de mot dans votre tête. Les mots dans la tête sont tout simplement les
pensées et les souvenirs, l’état sans forme avant d’être transformé en langage. Les pensées
et le langage sont une et même chose mais située à des extrémités différentes, comme deux
faces d’une pièce. Une fois que vous prononcez ces mots (pensées) dans votre tête, ils
deviennent le langage. Nous utilisons alors notre langage pour nommer tout ce que nous
voyons, entendons, sentons etc.

Les enfants ont un mental très peu complexe et ont donc peu de pensées et de souvenirs.
Lorsqu’ils voient la mer, le ciel, les nuages, le sable ou autre chose, ils voient toutes ces
choses de façon innocente, tel quel sont fondamentalement, c’est- à dire qu’elles n’ont pas
de nom qui leur soit rattaché. En d’autres mots, les enfants voient leurs images de façon
innocente ou avec une perception innocente. Pour cette raison fondamentale, le garçon de
l’île ne pouvait pas comprendre pourquoi les choses avaient un nom. Il ne pouvait pas
comprendre pourquoi les adultes appellent l’immense surface de liquide bleu la « mer » et le
tapis bleu, blanc et gris, « ciel » et « nuages ». Par conséquent, la question du garçon s’avère
être un des plus profonds sujets que seules les personnes sages grâce à leur vraie sagesse
sont capables de résoudre.

En réalité, s’il n y avait pas eu les humains sur cette planète, toutes les formes d’existence de
la nature – le ciel, la mer, les arbres, les pierres, le sable etc. n’auraient pas de nom qui leurs
soit attaché. Elles sont ce qu’elles sont vraiment.

La perception innocente est l’expérience qui eut lieu lorsque Pahiya supplia le Bouddha de
lui enseigner l’essence du Bouddhisme. Le Bouddha lui a gentiment dit :

« Pahiya lorsque tu regardes une image, regardes seulement, lorsque tu humes une odeur,
hume seulement, lorsque tu goûtes, goûtes seulement, lorsque tu ressens quelque chose,
ressens la seulement. Si tu peux faire cela, alors le Nirvana n’est pas loin de toi. »

Pahiya a été instantanément illuminé par ce bref enseignement. Le cœur de ce bref sermon
n’est autre chose que le fait que le Bouddha disait à Pahiya d’avoir une perception
innocente. La raison pour laquelle Pahiya a atteint l’illumination est qu’il a trouvé la vérité
ultime ou Nirvana. La perception innocente est en fait le « lien manquant » entre toutes les
connaissances, qu’elles soient intellectuelles ou spirituelles.

Une fois que vous maîtrisez la technique de ramener sa conscience à soi ou être ici et
maintenant ou encore vivre l’instant présent et que vous pouvez percevoir de façon
innocente, vous devenez vous-même la vérité ultime. Cela intervient lorsque cette
minuscule forme de vie humaine devient égale à toute chose dans le cosmos. Nous sommes
tous de petites parties égales (la diversité) du grand tout. Les pensées, souvenirs et l’intellect
de l’être humain sont les seules obstructions qui nous empêchent de voir la vraie réalité.

La vérité ultime est déjà là présente juste sous vos yeux mais vous ne pouvez pas la voir,
c’est juste comme l’image en 3 dimensions cachée dans une image en 2 dimensions, et ceci
parce que vos pensées la dissimule à vos yeux. Vous devez rejeter vos pensées présentes et
la dernière pièce du puzzle se mettra à sa place à l’instant. Et l’image entière de la vie nous
apparaitra clairement.

Il ne nous reste à répondre qu’à une question. Comment faire pour se débarrasser de ses
pensées ? Cela ne sera pas très facile au début, mais cela n’est pas impossible. La réponse
est que vous devez pratiquer la technique de vivre l’instant présent, être ici et maintenant,
se maintenir dans la réalité du moment. Lorsque vous atteindrez le 4ème niveau, toutes vos
pensées disparaitront alors. Ne soyez pas inquiet, cela ne signifie pas que vous deviendrez
un légume !

Le processus réel est que vous continuerez à utiliser vos pensées lorsque cela sera
nécessaire. Lorsque vous avez terminé avec vos préoccupations stressantes ou les activités
de la vie beaucoup de personnes ne savent pas comment mettre fin aux pensées lorsqu’ils
ne veulent plus penser. Mettre fin temporairement au processus de le pensées intervient
lorsque nous appliquons la technique de vivre le moment présent, être toujours dans la
réalité présente pour que votre être intérieur puisse se reposer, être soigné et se décharger
du stress. Une fois que vous atteignez le 4ème niveau ou avoir la perception innocente, vous
vivrez l’expérience de la vérité ultime – deux oiseaux avec une seule pierre !

Une fois de plus, si vous pensez que la vérité ultime n’est pas là sous votre nez, où pensez-
vous qu’elle puisse être ?!
CHAPITRE 7 LA CARTE DE LA VIE

J’espère qu’à ce niveau de lecture vous avez compris que la seule raison pour laquelle vous
êtes né dans ce monde est d’avoir une opportunité pour vous échapper de cette prison de la
vie ou samsara. Maintenant il est question de parler des moyens pour y parvenir.

De la même manière que vous avez besoin d’une vue aérienne si vous voulez dessiner une
carte routière à grande échelle, ainsi en est-il de la carte spirituelle de la vie. En atteignant
l’illumination, c’est comme si le Bouddha avait atteint le sommet de la plus haute montagne
et, à partir de là, il avait une vue d’ensemble sur tout ce qui se passait dans la vallée. C’est de
cette position avantageuse au sommet de la montagne qu’il a dessiné sa carte de la vie qui
aujourd’hui nous aide à comprendre la structure de la vie.

Ayant eu une claire image de la vallée du sommet de la montagne, le Bouddha savait


exactement comment guider les gens, qui souffraient dans la vallée en bas, afin qu’ils
puissent parvenir au sommet de la montagne. Si être au zénith c’est être face à face avec la
vérité ultime ; ce qui permet de trouver son être véritable et d’atteindre la paix éternelle,
vous devez tout d’abord emprunter l’échelle des valeurs morales qui vous conduira à mi-
parcours du sommet de la montagne. Et, si après vous voulez atteindre rapidement le
sommet, vous devez dès lors utiliser l’échelle de la méditation (Vipassana). Le triangle ci-
dessous représente la structure totale de la vie humaine.
Selon les vrais connaisseurs,15 la paix éternelle peut être facilement réalisée par la culture
des valeurs morales positives et la pratique de la méditation ; ce qui ne suppose pas gagner
plus de richesse, emmagasiner plus de connaissances, rechercher la jeunesse éternelle, avoir
une haute position sociale ou être de ceux qui ont le pouvoir. Cela est en réalité très
intéressant. Si on considère tout le désordre, les destructions, les ravages et les souffrances
qu’il ya dans le monde aujourd’hui du fait des guerres, des violences domestiques et de la
pauvreté, il est évident que l’humanité n’a même pas une petite idée des enseignements de
Bouddha. L’immoralité de tout genre qui a englouti l’humanité en ce moment même nous
fait ressembler aux habitants de la vallée qui se précipitent en masse dans la direction
opposée au zénith (quitter la prison de la vie ce qui est le vrai but de notre existence).

Revenons à l’allégorie de la prison une fois de plus et supposons que nous avons trois
sections dans cette prison, les zones A, B et C. la sortie qui conduit à la liberté véritable hors
de la prison se trouve après la zone A. les gens qui ont foi dans les enseignements du
Bouddha (comment retrouver son être véritable) doivent au moins aller jusqu’à la zone B ce
qui les rapproche de la fameuse porte qui conduit à la liberté.

Pour se rapprocher de la sortie, vous devez faire ce qui suit :

1. Avoir foi ou avoir confiance aux enseignements du Bouddha, vouloir quitter la prison
de la vie ; s’engager à passer de la zone C (ceux qui sont complètement hypnotisés
par le matérialisme et n’ont aucune croyance spirituelle sérieuse) vers la zone B (ceux
qui croient aux enseignements de Bouddha)

2. Ecouter et suivre un ‘connaisseur’ qui va vous guider vers la véritable sortie de la


prison de la vie. Observer les préceptes moraux pendant que l’on se trouve dans la
zone B et commencer à s’intéresser à la pratique de la méditation.

3. Pratiquer sérieusement la méditation ou vivre l’instant présent, être ici et maintenant


dans la zone A.

15
« Connaisseurs » fait références à ceux qui possèdent la véritable sagesse illuminatrice, il ne s’agit pas ici de
n’importe quel type de connaissance mais uniquement de ceux qui connaissent la vérité ultime et qui ont
quitté la prison du samsara ; des personnes totalement illuminées. Dans ce sens, les bouddhistes considèrent le
Bouddha comme le premier connaisseur.
Vous devez avant tout aller de la zone C à la zone B pour que commence le voyage vers
la libération de la prison de la vie qui prend fin après la zone A. Si beaucoup de
personnes vivent dans la zone B, l’humanité vivra obligatoirement dans la paix. Il y aurait
très peu de problèmes dans la société car les gens auraient un haut sens de la
responsabilité morale, un fort sentiment de honte et de culpabilité pour leurs actes
négatifs. Si nous connaissons autant de problèmes et de situations chaotiques dans notre
société actuelle, c’est la preuve d’un sévère manque de valeurs morales. La totale
absence de honte et culpabilité a fait de l’être humain un être violent et méchant,
responsable de terribles atrocités envers ses semblables. Le Bouddha a prédit qu’il y
aurait très peu de personnes qui feront des efforts pour quitter la prison de la vie ; le
reste adore vivre en toute ignorance dans le samsara. Cela signifie que la majorité des
gens se trouve prise au piège dans la zone C. Ces personnes n’ont aucun moyen de
connaître et/ou de comprendre leur situation de prisonniers, à moins pour l’une d’entre
elles de tomber sur un illuminé.

Allégoriquement parlant, les gens de la zone C sont dans la situation du tigre


complètement ensorcelé. Soit ils ne croient pas du tout à la possibilité de redevenir
humain, soit ils n’ont jamais entendu parler de cette possibilité ; alors ils continuent de
vivre, torturés par la vie. Pour ceux qui ont écouté les enseignements du Bouddha et y
ont fermement cru, ils devront aller de la zone C à la zone B où ils auront à vivre et à
pratiquer les principes moraux. Ceci correspond au stade où le tigre commence son
processus de transformation pour redevenir humain. Plus le tigre avance de la zone B
vers la zone A plus le sort qui lui avait été jeté se défait. Au moment où le tigre atteindra
la porte de sortie de la prison, il sera redevenu complètement humain et finalement la
mission aura été accomplie !
Ce qui pose vraiment problème dans notre société c’est nous n’avons pas de véritable
sagesse qui puisse nous guider vers le véritable but de la vie. Cette non canalisation
conduit à une profonde confusion – les gens se retrouvent dans un état où ils ne savent
pas s’ils avancent ou reculent.

Sans un but clairement définit, les gens ne comprendront pas pourquoi ils doivent avoir
une bonne morale car dans la réalité quotidienne, il existe en fait des personnes
corrompues qui réussissent à prospérer avec de l’argent sale ou en abusant du pouvoir
qu’elles possèdent. Glorifiée par les puissants médias et la haute technologie, cette
fausse image de succès par tous les moyens est devenue le nouveau but de la vie pour la
plupart des gens. C’est l’une des principales raisons de la chute de la moralité. C’est plus
facile pour les personnes mentalement faibles d’abandonner les principes moraux
classiques que de respecter les règles morales qui semblent les affaiblir et les perdre
dans une société où la compétition dans tous les domaines a atteint des niveaux très
élevés. Jamais dans son histoire l’humanité n’aura connu une crise morale de l’ampleur
de celle que nous vivons à l’époque présente.

Vu sous un autre angle, le manque de véritable sagesse (connaitre le véritable but de la


vie) résulte du fait que nous nous sommes contentés de joies de second ordre telles qu’
accumuler les richesses matérielles, les hauts rangs sociaux et les positions de pouvoir.
Nous pensons que tant que nous avons l’argent et le pouvoir, nous pouvons acheter le
bonheur. Conséquence de tout ceci, toute la civilisation humaine n’est rien de moins
qu’une immense machine à entretenir et à consolider ces faux standards de vie. C’est un
faux but car il va à l’encontre de la loi du changement. Alors que les pauvres et les laissés
pour compte prennent d’assaut l’échelle sociale pour essayer d’atteindre des niveaux où
ils pourront eux aussi avoir leur part de bonheur, les riches et les puissants qui se
trouvent déjà à l’autre bout de l’échelle savent très bien que là haut il n’existe rien de ce
« bonheur ». Et même s’il y en avait, ce bonheur ne dure jamais car toute chose dans
l’univers est soumise à la loi du changement ou de l’impermanence exception faite du
Nirvana. Cela nous ramène au point de départ. Plus encore, la bataille pour ces faux
bonheurs et paix est devenu ironiquement la cause de l’accroissement des tourments,
des stress, de l’ennui et du mal être général dans la vie – la nature de la vie que l’on a
dans la zone C de cette immense prison spirituelle.

Maintenant essayons de comprendre pourquoi la sagesse des temps passés accordait


une si grande importance à la morale. Vous devez tout d’abord savoir qu’un mental
calme et serein n’existe que chez les personnes totalement illuminées, qui ont atteint la
fin de toute souffrance (ceux qui se sont complètement transformés de l’état de tigre à
celui d’être humain). Si ceci est le but que vous vous êtes fixé dans la vie, vous
comprendrez plus clairement le lien qui existe entre la morale et la méditation.

Le mental humain est très loin de connaitre le calme et la sérénité particulièrement chez
les personnes vivant dans la zone C de cette prison spirituelle. Plus on pose des actes
négatifs et immoraux, plus notre mental est agité, préoccupé à cause de la peur de se
faire prendre et de perdre toutes ces richesses malhonnêtement gagnées.

Pour aider le mental à être moins agité, vous devez traverser la frontière spirituelle qui
existe entre les zones B et C en respectant de plus en plus dans votre vie les règles
morales fondamentales ; ceci équilibrera votre mental de moitié parce que vous n’aurez
plus à craindre les conséquences des actes négatifs. Les personnes immorales sont
toujours sur le qui-vive et le résultat est que leur mental est dans un stress permanent et
ne connait pas de paix. Si on considère que le mental est comme un diamant brut, la
morale va lui ôter ses aspérités les plus saillantes en attendant qu’on la polisse.

Toutefois, un mental instable n’est pas forcement lié au fait que l’on soit une bonne ou
une mauvaise personne. Vous pouvez être comme blanc comme neige mais cela ne vous
empêchera pas d’avoir peur par exemple du noir, de la vieillesse, qu’on se moque de
vous, de la pauvreté, d’avoir un cancer, de perdre un être aimé ou de sa propre future
mort. De plus, quelque soit votre degré de bonté, vous ne pouvez pas nier le fait que
vous avez de la jalousie, de l’envie, du ressentiment, de la haine, de la colère ou
éprouvez de la déception. Bien sûr vous ne connaissez pas ces états à tout moment mais
lorsqu’ils apparaissent, votre mental est tout sauf serein et normal vous causant
beaucoup de chagrin et de mécontentement.

Que dire du désir, même si vous êtes la personne la plus bonne, vous aimeriez toujours
qu’on reconnaisse vos mérites lorsque vous accomplissez quelque chose de
remarquable. Vous serez toujours sensible aux éloges et à la reconnaissance ; vous ne
serez pas un être humain si vous n’aviez pas ses sentiments là. Lorsque quelqu’un passe
inaperçu, son ego est profondément touché laissant une blessure mentale. Tout aussi,
lorsque vous perdez quelqu’un que vous aimez suite à une maladie, à un accident ou
tout autre évènement tragique, vous ne pouvez vous empêcher d’avoir du chagrin. La vie
n’est pas aussi facile que vous l’aurez espéré n’est-ce pas ?

Vous avez là toutes les raisons qui justifient que vous ayez besoin de la méditation pour
retrouver votre équilibre mental ; ceci est le stade où le diamant doit être poli, plus
raffiné après avoir été dégrossé par les règles morales. Vous ne pouvez pas vivre moitié
tigre moitié humain, vous devez aller jusqu’au bout de votre transformation et retrouver
complètement votre état d’être humain. C’est pourquoi vous ne pouvez pas être
heureux dans la zone B sans transverser et aller dans la zone A. vous vous êtes achète un
ticket aller simple pour ce voyage spirituel. Votre anxiété et vos désirs ne peuvent être
dissouts qu’à travers différentes techniques de méditation.

Les quatre fondements de l’éveil de la conscience (Vipassana ou être ici et maintenant)


est l’unique méthode pouvant garantir une complète transformation, vous envoyer droit
au sommet de la montagne ou encore vous sortir de cette prison spirituelle. Le Bouddha
a fortement recommandé cette technique à ses disciples.
Cette carte de la vie spirituelle a été transmise et gardée vivante à travers des
générations d’enseignants et par la culture bouddhiste. Ce livre est l’une de mes
tentatives de vous transmettre cette précieuse carte afin que vous puissiez atteindre le
sommet et libérer votre âme tourmentée. Au début cela peut sembler difficile de gravir
cette montagne spirituelle mais ce n’est pas impossible. Si je peux le faire, je ne vois pas
de raison pour que vous n’y arriviez pas. J’ai gravi cette haute montagne alors que j’étais
une femme au foyer, mère de trois garçons, ménagère, et enseignante de Tai Chi.

C’est pourquoi j’ai le courage de venir devant vous vous offrir cette carte de vie
spéciale.16

16
Après ce livre, nous vous conseillons de lire « Le Guide Utile pour une Vie véritable… l’Hygiène Morale » et
« Le Guide Utile pour une Vie véritable… la Loi du Karma ». Ces deux livres contiennent le plus de détails dont
vous aurez besoin pour vous échapper de cette prison spirituelle. En ce qui concerne « Le Guide Utile pour une
Vie véritable… le Vipassana » (vivre l’instant présent), bien que ce livre ait été déjà écrit, il ne peut être mis à la
disposition du public parce qu’il traite de la nature la plus essentielle du mentale qui ne peut être transmise
qu’à travers un contact direct. Je dois pouvoir vous montrer de façon directe les diverses techniques que
j’utilise pour expliquer les mécanismes complexes du mental et comment faire pour s’en défaire, avec comme
symboles de base Tom et Jerry (les sens et les objets des sens). La retraite spirituelle que j’organise chaque
année (la retraite de l’Ici et Maintenant) est l’occasion idéale pour une telle rencontre. Voir les actualités dans
mon site web.
CHAPITRE 8 LA VERITE UNIVERSELLE

Connaitre Suan Mokkh et le défunt vénérable Buddhadasa, a été pour moi comme trouver
un pot de sagesse qui m’a permis de comprendre la vie d’une façon que je n’avais pas
encore expérimentée jusqu’à lors. Je leur suis reconnaissante pour chaque chose qu’ils
m’ont enseignée. Il y avait toutefois un concept sur lequel j’ai eu des doutes pendant des
années.

Mon défunt maitre disait très souvent que le Nirvana, Dieu et l’arbre de la vie étaient de la
même nature. A cette époque, je voyais difficilement ce que le bouddhisme et le
christianisme pouvaient avoir en commun. Je n’étais pas du tout convaincue par cette
« théorie ». je suis certaine qu’un grand nombre de bouddhistes en Thaïlande partage cette
façon de voir. Cette théorie a eu encore moins de sens lorsque je suis arrivée en Angleterre
et que j’ai commencé à vivre dans un environnement chrétien. J’ai réalisé que le concept
émis par mon maitre était très éloigné de la réalité du monde. J’ai gardé mes doutes
pendant de longues années, pensant que personne ne pourrait être d’accord avec une telle
chose !

Ce n’est que lorsque moi-même j’ai eu mon expérience d’illumination cet après-midi
d’automne que j’ai vu le monde d’un point de vu complètement différent. C’est seulement
en ce moment que je me suis rendu compte que concept à propos duquel j’ai eu tant de
doute avec beaucoup de vrai. Pour la première fois dans ma vie, j’étais capable d’utiliser
mon propre langage et mon approche propre pour confirmer la sagesse qui nous vient du
passé. Ayant constaté que la société était plongée dans des troubles importants et des
effusions de sang dus aux conflits entre les différentes croyances, j’ai compris qu’il était
grand temps que la véritable sagesse prenne place. Quand à savoir si le reste du monde
voudrait m’écouter est un autre problème. Mon devoir est de mettre en avant ce message
d’abord, à partir de ce moment, la balle est dans votre camp, vous qui lisez cette phrase de
décider de m’aider à diffuser cette bonne nouvelle.

Tous ceux qui croient en Dieu ont tendance à affirmer que leur Dieu est le plus grand, et
qu’ils sont les seuls à détenir l’unique et absolue vérité. De même, les religions qui n’ont pas
divinité à adorer telles que le bouddhisme et le taoïsme affirment tout autant la suprématie
de leur Nirvana et de leur Tao. Certainement chacun d’eux ne pas avoir raison ou alors tous
ont raison, étrange non ?

La logique suggère que, s’il existe une vérité ultime, alors il n’en existe qu’une et une seule. Il
ne peut y avoir plus d’une vérité ultime, dès lors, il ne peut exister plusieurs versions de la
vérité ultime. Nous ne pouvons pas dire que la vérité ultime bouddhiste est différente de
celle des chrétiens, des juifs ou des musulmans ou toute autre nature ultime affirmée par
une croyance quelconque. Chaque fois qu’il est question de la vérité ultime, il ne peut s’agir
que de la vérité unique et universelle. Grâce à mon expérience illuminatrice, je sais
maintenant ce qui a causé toutes ces disputes et bagarres inutiles entre les différentes
religions. Ce n’est rien d’autres qu’une guerre de « mots », généralement mal interprétés
dans les différents langages et dans les religions. Plus on a de mots pour désigner la vérité
ultime, plus on s’en éloigne. A l’inverse, si on se dépouille de tout ce verbiage inutile, la
vérité ultime apparait à l’instant devant nous ; c’est aussi simple que ça.

Le meilleur moyen d’expliquer ce conflit religieux est d’assimiler la nature ultime à


« l’espace ». Permettez que je vous le démontre physiquement. Prenez ce livre que vous
lisez d’une main et essayez de sentir la texture de l’espace qui vous environne de l’autre
main. Ensuite, garder votre mental simple, relaxé (plusieurs d’entre vous à travers le monde
sont peut être entrain de le faire au même moment !). Pensez vous que chacun d’entre vous
ressent l’espace de la même façon ? Si vous ne comprenez pas ma question, s’il vous plait
permettez que je vous la pose d’une autre manière.

Disons que je suis dans mon appartement à Bangkok en ce moment même et vous êtes à
Londres, d’autres sont à New York, San Francisco, Tokyo, Buenos Aires ou dans n’importe
quel ville du monde, entrain de ressentir eux aussi la texture de l’espace autour d’eux. Bien
que nous soyons à des endroits différents, ne ressentons-nous pas la même chose ? S’il vous
plait, ne faites pas de philosophie et n’analysez pas trop cette simple question !

Quelle est la sensation de l’espace ? La réponse la plus honnête et la plus directe est, rien !
L’espace n’a pas de texture quelque soit l’endroit où l’on se trouve. Même si vous avez une
maison de vacances sur la Lune ou sur Mars ou sur une planète très éloignée dans une autre
galaxie, la texture de l’espace y est la même que celle que vous pouvez ressentir autour de
vous en ce moment même – rien ! S’il vous plait si vous le souhaitez, n’hésitez pas à poser la
question à un astronaute qui a été dans l’espace. Bien qu’ils n’aient pas été sur Mars ou
Jupiter, les astronautes vous diront que l’espace au-delà de l’atmosphère terrestre à la
même consistance que l’espace sur la Terre : rien !

La raison de tout ceci est qu’il n’existe qu’un seul magnifique et gigantesque espace qui
enveloppe l’Univers d’un bout à l’autre. Nous ne sommes rien d’autre que de minuscules
éléments qui flottent au milieu de cet immense manteau qu’est l’espace. Supposons en plus
que cet immense manteau a été fabriqué par une seule usine avec les mêmes fils
transparents ce qui a eu comme résultat de nous donner cette texture du « rien » que nous
pouvons ressentir.

Nous avons tous en ce moment expérimenté le « rien » de l’espace. Le problème commence


lorsque vous voulez partager votre expérience avec quelqu’un d’autre. Pour pouvoir
partager une expérience il faut tout d’abord traduire ce que l’on a vécu en pensées et en
émotions qui nous sont propres. Il faut arranger ses pensées de telle sorte que la parole
puisse traduire un vécu personnel ; de plus, vos pensées et vos émotions les plus intimes
doivent traduites dans votre langue maternelle. Troisièmement, si votre expérience a de
l’intérêt, vos mots de votre langue maternelle vont être traduits dans d’autres langues.
Toute la question repose sur le fait que, partager une expérience vécue nécessite l’usage de
mots et de langages qui sont toujours secondaires. Les mots et les langages ne sont jamais
l’expérience elle-même, ils ne sont qu’un moyen de communication. Les mots clés
« espace » et « rien » seront représentés ou exprimées à travers de milliers de langages. Si
l’expérience est unique, extraordinaire et significative, il sera normal que de milliers voire
des millions de personnes souhaitent la connaitre, ce qui nécessitera qu’elle soit traduite en
autant de langages.

De plus, ceux qui répètent les mots de la personne qui a vécu l’expérience peuvent n’avoir
jamais vécu l’expérience eux-mêmes. Disons que l’expérience du « rien » de l’espace a été
vécue par Adam, qui en a parlé à Barry, qui à son tour est allé en parlé à Carl et ensuite à
David et Eve et ainsi de suite. Voyez-vous comment ceci peut facilement se transformer en
une rumeur de quartier ? Exception faite d’Adam qui a vraiment vécu l’expérience et a
ressenti le « rien » de l’espace, les autres ne peuvent pas vraiment dire ce que c’est que le
« rien » de l’espace à moins d’en faire eux-mêmes l’expérience directe. Ainsi, nous
réjouissons tous d’entendre une belle histoire ; mais au fur et à mesure que l’histoire passe
d’un langage à un autre, il est presque certain que le rapporteur, qui n’a jamais lui-même
touché l’espace, va mettre du sien dans l’histoire originale. S’il n’agit pas ainsi, il restera tout
de même qu’il va interpréter les mots originaux selon sa compréhension propre et ses
croyances à lui. De ceci, l’expérience première de sentir le « rien » de l’espace peur se
transformer en un combat d’aliènes, ce qui n’a plus rien à voir avec l’expérience du « rien »
de l’espace !

Malheureusement, c’est ce qui arrive dans les tentatives de description de la vérité ultime.
Les guerres entre les différentes factions religieuses ne sont rien d’autre que des luttes sur
les mots à utiliser pour exprimer la même et unique expérience, qui est universelle car, il ne
peut y avoir qu’une seule vérité ultime.

De la même manière que l’espace n’a qu’une texture et le sel n’a qu’une seule saveur, la
nature universelle ultime elle aussi n’a qu’une saveur. Pour satisfaire la grande diversité des
croyances et les différentes écoles de pensée qui existent, j’ai fait une liste de 28 termes au
deuxième chapitre de ce livre qui représentent tous la même et unique nature – la vérité
ultime. Tous ceux qui ont vécu l’expérience de l’ultime et absolue vérité partage la même
expérience tout comme le fait de connaitre la texture de l’espace. Quand ils éprouvent le
besoin de faire part de cette expérience aux autres, de leur parler de la vérité ultime, ils vont
l’exprimer avec plus ou moins les mêmes mots. Ceux qui ont eu l’expérience de la vérité
ultime conseillent souvent aux gens de laisser tomber les mots ou le langage et même la
connaissance ! C’est pourquoi il est aussi difficile de connaitre cette vérité universelle parce
que les mots, les langages et la connaissance sont les seuls outils ou véhicules que nous
avons pour avoir accès à la vérité. Mais en utilisant ces outils, ils deviennent eux-mêmes de
grandes barrières qui nous empêchent d’accéder à la vérité !
Lao Tzeu confirme ceci lorsqu’il dit que la Tao n’a pas de nom et que ce que l’on peut
nommer n’est pas le Tao. Ce célèbre premier verset du Tao Ta Ching fait allusion à l’abandon
des mots et du langage.17

Je suis tout aussi convaincu que celui ou celle qui a écrit le livre de la Genèse dans la bible a
vu la vérité ultime. Dans ce livre, l’Arbre de Vie qui se trouve dans le royaume de Dieu
symbolise la vérité ultime, tandis que l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal
représente ce qui empêche de voir la vérité ultime. L’auteur condamne fermement l’usage
de la connaissance (mots), qui éloigne de la vérité ultime (Dieu). C’est pourquoi aux yeux de
l’auteur la connaissance était un poison ; concept tout à fait contradictoire. De mon point de
vu, le livre de la Genèse est une histoire qui illustre la véritable sagesse à travers les deux
arbres. Si vous pouvez mettre de côté les parties sur la création du monde en sept jours et
l’histoire d’Adam et Eve – qui confirment que tout ceci n’est qu’une histoire – vous
rapprocherez vraiment de la connaissance du vrai Dieu.

Ensuite est venu Jésus Christ qui nous a enseigné que Dieu se trouve derrière une porte
fermée et que vous devez frapper à la porte pour qu’il vous ouvre. Cette porte qui nous
empêche de voir Dieu ou la vérité ultime est une fois de plus les mots ou le langage.

Le Bouddha est allé droit au but en disant que le Nirvana est l’état de vide et du non-moi que
j’ai appelé « la perception innocente ».

Je n’ai aucun doute que tous les saints du temps passé ont tous essayé de transmettre le
même message universel à propos de la vérité ultime. C’est pourquoi tous ont eu le même
but, celui de libérer l’humanité de l’esclavage de l’ignorance (prison).

17 ème
Lao Tzeu a vécu au 6 siècle av JC ; c’était un philosophe dans la Chine antique, une figure centrale du
Taoïsme. Il a laissé un seul livre à l’humanité intitulé « Tao Te Ching ». Tao veut dire la vérité ultime.
CHAPITRE 9 CONNAITRE LE BUT SANS CONNAITRE CLAIREMENT LES MOYENS DE
L’ATTEINDRE

Connaitre le chemin qui mène à Rome a la même valeur que connaitre l’existence de Rome.
Si vous connaissez votre destination mais ignorez comment y aller, vous ne pourrez pas faire
le voyage. De même, avoir connaissance de l’évangile qui parle de la vie derrière les murs de
la prison spirituelle mais ne pas savoir comment s’échapper de la prison alors connaitre
qu’on est en prison a peu de valeur.

Je reviens au triangle représentant la structure de la vie (la carte de la vie) pour que vous
puissiez bien saisir ce que j’enseigne dans ce chapitre.

NIRVANA, TAO, DIEU, VERITE ULTIME

MORALE SAGESSE MEDITATION


Cette carte de la vie peut nous aider à apprécier les capacités des grands maitres du passé.
Celui qui a vécu l’absolue vérité commencé toujours par affirmer l’ultime but de la vie. La
toute première phrase du Tao Te Ching dit : le Tao n’a pas de nom, et ce qui a un nom n’est
pas le Tao. Une telle phrase est l’expression parfaite de l’expérience de la vérité ultime.

Il est question de cette sagesse suprême dans tout l’Ancien Testament et aussi dans le
Nouveau Testament. Dans le livre de la Genèse, le Dieu Tout-puissant averti les gens dès le
tout début, de se nourrir beaucoup des fruits de l’Arbre de la vie (Tao), mais de ne jamais
s’approcher de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal (le non Tao) car ses fruits sont
empoisonnés. Mais il ne nous est pas clairement dit comment nous devons nous y prendre
pour éviter de manger les fruits maudits et nous nourrir des fruits bénits, voilà tout le
problème ! La conséquence en est que, même de nos jours, nous ne savons pas que nous
continuons de nous nourrir de fruits empoisonnés et avons complètement abandonné les
divins fruits qui seuls peuvent nous donner la vie éternelle (la vie en dehors de la prison
spirituelle).

Le Christ est venu après confirmer l’existence du Dieu unique et a demandé aux gens
d’aimer Dieu plus que toute autre chose et aussi, que Dieu se trouvait derrière une porte
fermée, il fallait cogner à la porte pour qu’elle soit ouverte. Jésus est même allé plus loin en
se déclarant fils de Dieu et que ceux qui voulaient aller à Dieu devaient passer par lui. Tous
ces mots et se courage extraordinaire ne peut exister que chez ceux qui ont vraiment vécu
l’expérience de la vérité ultime.

Maintenant, comment pouvons-nous exactement cogner à la porte du Dieu Tout-puissant


afin qu’il nous ouvre et nous admette dans son royaume éternel ? Une fois de plus la
technique n’est pas très claire, n’est-ce pas ?

Ceci signifie que la sagesse qui nous instruit sur le véritable but de la vie a toujours été
enseignée par les saints de différentes religions et croyances tels que Lao Tzeu, l’auteur du
livre de la Genèse, et le Christ. Mais bien que le but soit connu, il nous a pas été donné
suffisamment d’indications claires sur comment atteindre ce but, avoir l’expérience d’une
telle sagesse.

Le Tao Te Ching demande tout simplement à l’être humain de s’harmoniser avec la nature.
Mais comment faire concrètement pour vivre en harmonie avec la nature (Tao) ? En
pensant, croyant ou quoi ? Et comment le fait-on ? Connaissez-vous la technique exacte qui
vous permette de vivre le Tao ? Plus facile à dire qu’à faire ! Comparé au triangle
représentant la structure de la vie, le Tao Te Ching ne fait ressortir que la flèche du centre et
manque les flèches sur les côtés.

Avec le christianisme, l’accent est mis sur deux flèches, la sagesse et la morale qui fait que le
triangle balance entre la gauche et la droite. Les concepts tels que aimer son ennemi comme
soi-même, tendre l’autre joue, donner notre tunique à celui qui nous a déjà pris notre
manteau sont les bases d’une morale hors du commun et inhabituelle qui prépare à l’entrée
dans le royaume de Dieu ou la délivrance de la prison de la vie.

Je n’ai pas l’intention de manquer de respect aux enseignements du christ mais s’il vous plait
soyons sincères avec nous-mêmes, combien de chrétiens peuvent aimer leurs ennemis
comme eux-mêmes ? Sans compter avec votre grossier voisin ; de nos jours, les gens
éprouvent de la difficulté à aimer les membres de leur famille. C’est pourquoi un mari peut
assassiner son épouse, les enfants tuent leurs parents et vis versa. Par conséquent, les
guerres saintes sont devenues des phénomènes courants durant les deux derniers
millénaires, n’est-ce pas ? Nous ne devons pas avoir peur de dire que des principes moraux
aussi élevés sont impossibles à vivre pour une seule raison – ils sont trop difficiles ! Si c’était
facile d’aimer ses ennemis et les agents des impôts comme nous nous aimons nous-mêmes,
le monde ne serait pas dans l’état désastreux dans lequel il est en cet instant. La paix aurait
été établie au sein de l’humanité depuis très très longtemps !

La morale a disparut de la vie des êtres humains parce que nous n’avons pas d’indications
claires sur comment faire pour apprendre à aimer nos ennemis, le voisin indiscret et les
cupides agents des impôts ; nous ne savons non plus comment tendre l’autre joue après la
première gifle. Je suis certaine qu’au plus profond du cœur de chacun d’entre nous, nous
voulons tous faire le bien et ce qui est juste selon les lois de Dieu, mais les tentations sont
trop fortes. Et aussi, nous n’arrivons pas à contrôler les crises de colère, de haine et d’envie,
le pouvons-nous ? Quand les gens sont dévorés par le feu de la colère, l’enfer se déchaine
facilement. C’est la cause principale de toutes les actions négatives dans le monde, des
violences domestiques aux génocides, qui entrainent un chaos sans fin et une immense
souffrance absolument inutile pour l’humanité entière.

C’est la raison pour laquelle le Bouddha a inclut la méditation dans sa carte de vie, ce qui
forme un triangle plus équilibré pour la structure de la vie (le triangle parfait). La méditation
(vipassana ou être ici et maintenant ou encore vivre l’instant présent) est « la » technique, la
véritable méthode qui vous donne suffisamment de force intérieure pour résister aux
tentations, calmer vos colères, réduire votre haine, votre jalousie et votre envie. Renforcer
son être intérieur par le biais de la méditation manque vraiment au christianisme. Le
vipassana est la véritable méthode qui permette de vivre en harmonie avec le Tao et aussi
avoir la compréhension et l’illumination nécessaire pour éviter les fruits empoisonnés afin de
pouvoir entrer au royaume de Dieu.

Par la méthode de vivre l’instant présent, vous serez capable d’aimer vos ennemis, vos
voisins et les agents du fisc autant que vous vous aimez vous-même. Il n’est pas question de
vous forcer à aimer qui que ce soit contre votre volonté ou faire tout votre possible pour
aimer quelqu’un. Vous connaitrez le secret lorsque vous parviendrez au 4ème état du
vipassana (avoir la perception innocente). C’est le moment où votre ego aura été
complètement dissout et c’est aussi le temps où vous serez complètement harmonisé avec
la nature (Tao). Vous devenez une toute petite partie du grand Tout (la mère nature). La
dernière pièce du puzzle a finalement trouvé sa place et le tableau complet de la vie est
achevé !

L’extraordinaire perception innocente vous permettra de voir tout le monde de façon égale
(tous comme des minuscules parties de la nature) y compris vos ennemis, vos voisins et les
agents du fisc. Ainsi seulement serez-vous capables d’aimer toutes ces personnes qui avant
vous paraissaient détestables comme vous-même. Dans la pratique, vous n’avez pas d’effort
à faire pour les aimer ou leur parler. Vous ne les détesté pas tout simplement et vous êtes
avec votre être intérieur.

Cette méthode exceptionnelle n’est pas clairement enseignée ni dans la bible ni dans la Tao
Te Ching. La vérité ultime ne peut pas être atteinte pas la pensée ou par l’imagination ; elle
doit être atteinte par un développement intérieur réel tout comme être capable de voir
l’image en 3D cachée. Le vipassana ou les 4 fondements (états) de l’éveil de la conscience a
été décrite avec beaucoup de détails dans différents textes bouddhistes et largement mis en
pratique par les bouddhistes à travers le monde.

C’est pourquoi dans les pays où les enseignements du Bouddha prédominent, il ya très peu
de conflits avec les autres religions. Bien sûr il ya des exceptions. Dominer la haine et la
colère dans les circonstances normales de la vie (comme dans les sociétés basées sur la
démocratie) est déjà très difficile. Les gens qui vivent sous des régimes dictatoriaux auront
cent fois plus de difficultés à pratiquer le vipassana car leur manque de liberté d’expression
et de liberté d’aller et venir les met dans un état de douleur permanente et inutile. A notre
époque, la dictature est inadmissible. Tous les tyrans doivent être bannis de telle sorte que
les gens puissent donner le meilleur d’eux-mêmes pour lutter contre leurs souffrances
personnelles telles que la maladie, les préoccupations financières, la perte des êtres chers
etc.

Le royaume de Dieu n’est pas aussi loin que le croyez ; il est là juste sous votre nez. Quand la
carte de la vie (le chemin) est claire, cela peut accélérer votre voyage intérieur de façon
significative. Vous pouvez vous retrouver dans le royaume de Dieu à moins de temps qu’il ne
faut pour le dire. Mais si votre carte n’est pas claire, vous pouvez vous égarer dans la jungle
spirituelle pour un temps plus ou moins long ; ce qui aura comme conséquence de prolonger
inutilement votre séjour dans la prison de la vie (le samsara).

Il n y a qu’une seule ultime vérité !

Si la vérité ultime ne se trouve pas ici et maintenant devant vous, où pensez-vous qu’elle
puisse se trouver ?

Si nous pouvions nous mettre d’accord sur tous ces principes, je suis convaincue que
l’humanité pourrait facilement s’unir dans la recherche et l’auto découverte de la vraie
réalité. Le problème véritable que nous aurons alors sera de nous assurer que les gens ont
véritablement une chance de vivre le chemin en adoptant la pratique du Vipassana. La raison
pour laquelle j’ai inventé les termes tels que « ramener sa conscience à soi » ou « être dans
sa maison » pour désigner le Vipassana et « la perception innocente » pour désigner la vérité
ultime était de m’assurer que cette pratique cruciale est non religieuse afin de convenir aux
diverses croyances. Je suis certaine que si la pratique d »être dans sa maison » est bien
implantée dans les différentes cultures, l’humanité sera capable de vivre en harmonie et la
paix pourra perdurer parmi nous. Nous devons essayer de réduire les différences religieuses
afin que nos âmes puissent pénétrer et expérimenter cette vérité universelle.

Si c’est votre première fois d’entendre parler du vipassana, j’espère vraiment que vous
rencontrerez très bientôt un bon professeur pour vous guider dans votre pratique18.

18
J’utilise le Tai Chi comme un moyen pour vous aider à vivre l’instant présent, à « être ici et maintenant ». si
vous êtes intéressés à participer à mes retraites sur comment vivre ici et maintenant, veuillez vous renseigner
sur mon site web : www.supawangreen.in.th
CHAPITRE 10 CORRIGER LES MAUVAISES HABITUDES MENTALES

A peu près tous les problèmes du monde aujourd’hui se rapportent à une seule cause, qui
est le fait de trop penser et l’incapacité des individus à se défaire de leurs pensées illusoires.
Les gens submergés par les pensées ont tendance à matérialiser leurs sombres pensées, ce
qui a pour conséquence de générer de grands dégâts dans le monde. Lorsque l’on ne peut
pas se défaire de ses pensées de colère et de haine, cela s’accumule sous la forme d’une
masse d’énergie négative qui grandit continuellement et ressort sous la forme de différentes
actions négatives qui vont du délit mineur aux crimes les plus violents qui aboutissent très
souvent à des catastrophes telles que les guerres. Les redoutables champs de batailles et les
incompréhensibles actes de terrorisme ne sont rien d’autre que les pensées de colère et de
haine des individus mises ensemble.

Le Mahatma Gandhi a dit que les ressources naturelles sont suffisantes pour nourrir tous les
êtres humains sur la terre mais sont insuffisantes pour satisfaire une seule personne cupide.
Nous avons juste besoin de regarder autour de nous pour nous rendre compte que Gandhi
avait absolument raison. La pauvreté dans le monde est une fabrication de l’être humain. Le
monde n’a que quelques personnes immensément riches qui ont pourtant le pouvoir de
changer le destin de tant de personnes mais la cruelle réalité que nous vivons n’est que la
manifestation des pensées de convoitise d’une poignée de personne. La cupidité et la haine
sont apparentées à la nature dans ce sens que, si nous n’obtenons pas ce que nous voulons
ou que nous désirons ardemment, nous devenons colérique et haineux. Toutefois, la haine
et la cupidité sont dirigées pas l’illusion. Les pensées illusoires n’ont pas une nature distincte
comme la haine et la cupidité. Cependant, l’illusion se reflète dans les pensées et les
sentiments suivants : l’embarras, l’incertitude, le doute, l’insécurité, le mécontentement,
l’ennui et la peur. De tous ces sentiments, la peur est la plus dangereuse ; la peur des
fantômes, de la pauvreté, d’être ridicule, de la vieillesse, de la maladie, de la mort ainsi de
suite ; tout cela créée des effets déplaisants.

Nous avons déjà tous expérimenté comment les pensées excessives peuvent rendre les
problèmes difficiles à résoudre. Etouffantes et persistantes, les pensées deviennent elles
mêmes des problèmes dans lesquels nous nous trouvons piégés et ceci forme un cercle
vicieux. Aussi, les gens cherchent toutes sortes de moyens pour arrêter de penser à leurs
problèmes. Lorsque le problème n’est pas grave, on sort s’amuser un peu et le problème est
oublié mais lorsque le problème est sérieux nous devons prendre des mesures sérieuses. La
solution la plus populaire de nos jours est de se nourrir d’antidépresseurs ou de prendre les
drogues illégales en espérant ainsi en finir immédiatement avec leur misère. Se goinfrer et
s’enivrer sont aussi d’autres moyens d’oublier ses douloureuses pensées. Si toutes ces
mesures échouent et que la douleur mentale est trop importante, la plupart choisissent ce
qu’elle croit être l’ultime solution : le suicide, oubliant toute la peine que cela fera à ceux qui
les aiment et aux autres.
Cela ne fait aucun doute que le stress qui aboutit à la dépression est la maladie la plus
commune dans notre société moderne. Cette affection mentale importante qui atteint un
britannique sur quatre, coûte à la Grande Bretagne huit million de Livres Sterling par an en
soin, en perte de productivité et en sécurité sociale. L’OMS prédit que d’ici 20 ans, la
dépression sera la deuxième maladie la plus répandue dans le monde19. Ainsi, lorsque nous
voyons jusqu’où la cupidité, la colère, les pensées illusoires et la dépression peuvent
vraiment nous conduire, et voir qu’essayer de leur échapper est stressant en lui-même, nous
pouvons dès lors vraiment comprendre la nécessité de trouver un moyen de contrôler nos
pensées.

Chaque jour, nous entendons les gens dire, « n y pense pas » ! Nous sommes soit la
personne qui donne le conseil, soit celle à qui on donne ce conseil. C’est plus facile à dire
qu’à faire, particulièrement lorsque les autres nous font la morale. Lorsque nous sommes
face à un déferlement de pensées douloureuses qui nous bombardent comme une
mitraillette, nous nous sentons impuissants et incapables de leur échapper, n’est ce pas ?
Ceci est la condition de l’être humain que le Bouddha compare à de la poussière prise au
piège dans la roue d’une charrette. Nous sauver de ce cercle vicieux est la chose la plus
difficile sur terre. Sans l’aide du Bouddha, nous serions toujours prisonniers de la roue de la
charrette pour un temps indéfini.

Néanmoins, la triste vérité est la majorité des personnes sur la terre ne sait toujours pas qu’il
existe un moyen de se sortir de ce cercle vicieux. Le savoir est le principal avantage que nous
avons à étudier ces mots ci.

Ceux qui fréquentent les temples de nos jours en Thaïlande sont supposés avoir beaucoup
de problèmes c’est pourquoi ils ont besoin de demander l’aide des moines. Très peu de
personnes peuvent faire le lien entre leur mal être mental (leur incapacité d’arrêter les
pensées indésirables) et l’illumination qu’a vécue le Bouddha. L’illumination du Bouddha
peut directement nous aider à nous guérir de ce problème important ; c'est-à-dire nous
rendre capable d’arrêter de penser lorsque nous le voulons.

Le Vipassana, que j’ai appeler « être ici et maintenant », « être dans sa maison », « vivre
l’instant présent » est la technique qui est seule capable de produire à l’intérieur de nous
une telle habilité mentale c'est-à-dire nous défaire des pensées indésirables lorsqu’elles
surgissent. Ceci est l’aptitude mentale qui fait défaut à la majorité des personnes. Cette
incapacité d’en finir avec les pensées négatives est la cause principale de tous les problèmes
que nous connaissons dans le monde aujourd’hui. Les gens ne réalisent pas que laisser leur
mental être ballotés par les pensées nuisibles est une mauvaise habitude mentale qu’il faut
absolument corriger.

19
Voir le Daily Mail du mardi 22 Avril 1999, page 15
En dehors des pensées douloureuses, il ya aussi les rêves et l’imagination mécanique qui
sont d’autres sortes de pensées auxquelles les gens sont accrochés. La plupart des
personnes vivent littéralement dans leur monde imaginaire et dans leurs rêves tout le
temps. La suite conduit à des comportements étranges qui aboutissent à la réalisation de
crimes horribles. Je suis certaine que les lecteurs commencent à saisir le schéma des crimes
créés ou liés à des fantaisies bizarres.

La pédophilie et les tueurs en série sont des exemples des personnes qui n’ont pas cessé
d’avoir des pensées étranges. Le cas de ces deux adolescents qui ont tué quinze personnes y
compris eux-mêmes dans un lycée de Colombine, est un autre exemple de l’incapacité à
arrêter les pensées noires qui additionné à d’autres facteurs ont aboutis à ce massacre.

Une autre importante contribution à ces facteurs déstabilisant sont les films d’Hollywood,
qui encouragent les comportements négatifs et les personnes ayant des pensées noires à
réaliser leurs fantasmes de meurtre tout comme les héros de leurs films préférés. Un autre
facteur est que dans certains pays comme les Etats Unis les armes à feu sont facilement
accessibles. Si ces jeunes meurtriers avaient été en Grande Bretagne, ce massacre aurait pu
ne pas avoir lieu car ils n’auraient pas pu aussi facilement se procurer des armes à feu. Un
autre facteur essentiel qui a contribué à rendre ce massacre possible est la disponibilité
d’internet. Je ne sais pas si je devrais dire que nous sommes chanceux ou plutôt
malchanceux d’avoir accès à une technologie aussi avancée qu’internet qui était supposé
unir l’humanité. Maintenant nous pouvons vraiment voir le côté négatif de cette
technologie. Sans l’internet, beaucoup de délinquants et de terroristes n’auraient pas pu se
procurer aussi facilement les éléments pour fabriquer leurs bombes. Cependant, nous
devons comprendre que Hollywood et ses films, la loi sur les armes aux USA et internet ne
sont que des facteurs secondaires. La cause profonde de ce problème est notre échec à nous
débarrasser de pensées destructrices, nous démontrant ainsi combien les mauvaises
habitudes mentales peuvent être dangereuses.

La souffrance dans notre société moderne quelque soit l’endroit où l’on se trouve est le
résultat de mauvaises habitudes mentales, dans lesquelles non seulement nous nous faisons
beaucoup de mal mais où nous faisons plus encore souffrir les autres. Le problème essentiel
est qu’il est très facile d’utiliser ses mauvaises habitudes et une imagination morbide pour
créer le chaos. Pendant les derniers soixante dix ans, quatre personnes (Hitler, Staline, Mao
Tse Tung et Pol Pot) ont été responsables de la mort de plus de cinquante million
d’innocents. Nous ne devons donc pas considérer cette question des mauvaises habitudes
mentales avec légèreté.

Une mauvaise habitude mentale (se laisser balloter par les pensées et les fantaisies) n’est
pas quelque chose dont les gens pourraient facilement devenir conscients tous seuls et s’en
défaire. Nous savons que se manger les ongles ou faire grincer ses dents sont de mauvaises
habitudes physiques mais elles sont toutefois difficile à vaincre bien qu’elles soient visibles.
Quelle chance avons-nous de changer nos mauvaises habitudes mentales qui sont invisibles
à nos yeux ?

Finalement nous devons admettre que nous avons besoin d’aide. La venue de tous les
grands Maitres dans le passé, le Bouddha et le Christ par exemple, était dans le but de nous
apporter cette inestimable aide. Toutefois, la plupart des gens ne peuvent pas comprendre
leurs divins enseignements en tout cas pas de telle façon qu’ils puissent vraiment en profiter
et les prendre comme guides de leur vie. Cet important manque de compréhension des
enseignements divins a conduit les gens à chercher plutôt refuge dans les divertissements, la
drogue et l’alcool. C’est profondément honteux et la catastrophe peut être sur nous à tout
moment !

Les quatre fondements ou étapes de l’éveil de la conscience (être ici et maintenant ou être
dans sa maison) est la pratique qu’il faut pour corriger nos mauvaises habitudes mentales.
Cette pratique vous permettra de prendre en main votre propre destinée au lieu de la laisser
entre les mains de médecins ignorants et de chimistes cupides. Si vous pouvez vous joindre à
moi et vous mettre sérieusement à la pratique de cette technique, je suis certaine que vous
reprendrez votre vie en main plutôt que vous ne le croyez. Le choix est entièrement le
vôtre !
LEXIQUE

Arahant : celui qui a atteint l’illumination complète et est devenu un maitre de la


connaissance

Ramener sa conscience à soi : le soi ici fait référence à la pratique des quatre fondements de
l’éveil de la conscience ; c'est-à-dire que Tom (la conscience) soit toujours entrain d’observer
Jerry (les pensées, les sentiments nés des souvenirs, les émotions etc.).

Devas : Êtres célestes

Dojo : école où l’on s’entraine à un art martial au Japon.

Les quatre fondements de l’éveil de la conscience : les quatre états de conscience


(satipatthana) : être conscient de son corps physique, être conscient de ses sentiments et de
ses émotions, être conscient des processus mentaux et avoir la perception innocente.

Les quatre maisons : les quatre fondements de l’éveil de la conscience

La perception innocente : une invention de Supawan pour désigner le quatrième fondement


de l’éveil de la conscience, la vérité ultime, Dieu, le Nirvana, le Tao.

S’échapper de la prison : fait référence à la liberté ultime du mental, Dieu ou le Nirvana, la


séparation entre Tom et Jerry en vivant l’instant présent.

Loi du karma – loi de l’action : la loi universelle des causes et effets, bonne action produit
une bonne conséquence et une mauvaise action produit de mauvaise conséquence.

L’être intérieur : le sixième sens

Nirvana : voir le chapitre 5

Petas : les êtres qui peuplent un des royaumes les plus bas de la cosmologie bouddhiste,
celui des fantômes affamés.

La roue du samsara : symbole de la renaissance continue, la roue des renaissances, la


réincarnation

Samsara : la vie conditionnée par la force de notre karma (nos actions passées plus leurs
conséquences) et qui conduit à la renaissance.

Sixième sens : la conscience, le sujet intérieur qui observe les objets intérieurs

Suan Mokkh : monastère et centre de méditation situé au sud de la Thaïlande fondé par le
vénérable Buddhadasa.
Vipassana : illumination intérieur, observation méditative du corps et des processus
mentaux par le sixième sens ; vécu des quatre fondements de l’éveil de la conscience.

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