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Prothèse

Prothèse composite
particularités des empreintes

par J.M. Chey la n1, M. Begin1


S. Hurtado2
1
Chirurgiens-dentistes
2
Prothésiste dentaire
Les traitements par prothèse composite associent, sur une
même arcade, la prothèse fixée (PF) à la prothèse amovi-
b le part i e l le (PAP). La morphologie des élé m e n ts conjoints
MÉMO e st modifiée pour favoriser la st a b i l i sation de la prothèse
amov i b le (surfa ces de guidage, fraisages) et peut intégrer
Le scellement différé
divers systèmes d’attaches assurant la liaison avec ce tt e
des prothèses fixées,
dernière (glissière s, clips…). L’élaboration de la prothèse
qui ne se fait que lors fixée précède toujours celle de la prothèse amovible dont les
de la mise en bouche principes d’équilibre dictent la conception. Une question se
de la prothèse amovible pose alors : fa u t-il sce l ler les élé m e n ts de prot h è s e
partielle, facilite les fixée avant de réaliser la prothèse amovible ou doit-on
étapes de laboratoire entraîner ceux-ci dans l’empreinte destinée à la confec-
et améliore le résultat tion de la PAP ?
final d’adaptation Quelle que soit la technique choisie, l’empreinte doit répon-
de la prothèse adjointe d re à tous les impératifs d’une empreinte de prot h è s e
partielle. a m ov i b le : enregistrer la surfa ce d’appui muqueuse, les
Le scellement différé d e n ts, la musculat u re périphérique en rapport avec le s
bords de la future prothèse. L o rsqu’il n’y a qu’une ou
est indispensable
deux couronnes présentant une configuration peu
si la prothèse fixée porte
tourmentée (logement pour taquet occlusal, épaulement,
un attachement. surfa ces ax i a les de guidage), il faut les sce l ler avant de
réaliser l’empreinte destinée à la PAP. En revanche, lorsque

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Tableau I Avantages Inconvénients laboratoire, dont la conséquence serait une posi-
tion erronée des élé m e n ts entraînés sur le maître-
modèle.
Scellement • Pas de risque • La morphologie de la prothèse Compte tenu de la succession d’étapes cliniques et
immédiat de déplacement de fixée est reproduite en plâtre, de la b o rato i re imposées par la réa l i sation techno-
la prothèse fixe lors ce qui entraîne une perte d’in- logique de la PAP d’une part, et des ca ra c téris-
de l’empreinte formation inhérente aux varia- tiques rhéologiques et mécaniques des différents
destinée tions dimension- nelles et aux m atériaux employés au cours de la chaîne prot h é-
à la PAP et lors capacités de reproduction des tique d’autre part, la principale différence entre
du traitement matériaux d’empreinte et de ces deux approches est que dans le cas du scel-
de celle-ci. moulage. lement immédiat, le risque d’imprécision d’a d a p-
• Traitement conven- • Difficulté technique d’enregist- tation se situe principalement entre les éléments
tionnel rer des fraisages nombreux et de PF et de PAP, alors que dans le cas du scelle-
de l’empreinte. complexes. ment diffé ré, il existe un risque de mauvais posi-
• Impossibilité de reproduire en tionnement des couronnes sur les préparations
plâtre les parties mâles ou dentaires si leur mise en place est exclusivement
femelles de la plupart des atta- guidée par la PAP pendant la prise du ciment.
chements, à moins de position- Le tableau I résume les avantages et les inconvé-
ner des répliques dans nients majeurs des deux méthodes.
l’empreinte avant son moulage
en plâtre. Cas n° 1
• Nécessité de réadapter la PAP Deux couronnes fraisées bordent un édentement
transitoire à la PF après scelle- bilatéral postérieur mandibulaire. Elles présentent
ment. un appui cingula i re mésial et des surfa ces de
guidage linguale et distale (fig. 1). Après le sce l le-
Scellement • Travail de labora- • Nécessité de sceller provisoi- ment des couronnes, une empreinte fonctionnelle
différé toire facilité pour rement la PF au moment de
les étapes de grat- l’empreinte.
tage et de polissage • Nécessité de vérifier la stabi-
du châssis. lité de la PF dans l’empreinte
• Pas de risque d’alté- lors de son traitement et du
ration d’un maître- moulage. 1
modèle en plâtre.
• Le prothésiste
dispose d’une réfé-
rence objective pour
le choix de la teinte
des dents de la PAP.

les élé m e n ts de prothèse fi xée sont nombreux et en pré s e n ce 2


de st r u c t u res fi n e s (glissière, pat r i ce ou mat r i ceextra-coronaire d’un
attachement) dont la reproduction en plâtre pourrait être altérée sur
le maître-modèle, il faut les entraîner dans l’empreinte. Aucune alté-
ration morphologique n’est alors à redouter, et l’intimité de contact
entre l’extrados des prothèses fixées et l’intrados de la PAP peut être
finement établie lors du grattage et du polissage du châssis. Le principal
inconvénient de ce tte méthode est le risque de dépla cement de la
prothèse fi xée au cours de la prise d’e m p reinte et de son traitement au

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à l’aide d’un port e-e m p reinte individuel est réalisée en un
temps et deux viscosités par un éla stomère polysulfure : un
matériau de basse viscosité (Permlastic light®) est injecté sur
les dents tandis que le port e-empreinte individuel est garni de
m atériau de moyenne viscosité (Pe r m la stic regular®). Le
temps de travail de ce matériau (2 minutes env i ron) laisse
un temps suffi sant pour appréhender correctement l’activité
fonctionnelle de la langue et de la musculature périphérique, irréversible (alginat e) (fig. 5). Le port e-empre i n t e, en résine
tout en assurant un enregistrement satisfaisant des surfaces chémopolymérisable (Fo r m at ray®), est ajusté aux crê t e s
dentaires et muqueuses. L’enregist rement de la morpholo- édentées et à la voûte palatine et espacé des secteurs
gie des couronnes est vérifié dans l’e m p reinte (fig. 2). Le dentés. Un remarginage des bords par un matériau thermo-
maître-modèle obtenu après moulage de l’empreinte permet plastique (pâte de Kerr®) permet l’enregistrement de l’ac-
la réa l i sation de la PAP (fig. 3). t i v i té fo n c t i o n n e l le de l’o r b i c u la i re des lèv res et des
buccinateurs. Un endiguement pos-térieur permet d’assurer
Cas n° 2 une ré p a rtition homogène des pressions exe rcées par le
Quatre dents reconstituées par des couronnes périphériques matériau d’empreinte et de limiter son écoulement vers le
présentent des fraisages destinés à recevoir des élé-ments larynx (fig. 6).
métalliques d’un châssis : taquets occlu saux, épaule m e n ts L’empreinte secondaire est réalisée à l’aide d’un éla stomère
p a latins, sur-fa ces ax i a les de guidage (fig. 4). Compte tenu v i ny l p o lys i l oxane de moyenne viscosité (Ta ke 1
de l’étendue des surfaces fraisées et de leur configuration, Monophase®). Le temps de travail de ce matériau (1 minute)
un sce l lement diffé ré a été décidé. Le transfert des couron- est plus court que ce lui des éla stomères polysulfure et auto-
nes au laboratoire par l’intermédiaire de l’empreinte permet- rise son emploi pour des enregistrements fonctionnels de
t ra au prot h é s i ste de réaliser le châssis sans le risque petite étendue. Les couronnes sont stabilisées sur les pré p a-
d’a l té ration que pré s e n t e rait une re p roduction en plât re . rations dentaires par un matériau silicone de basse visco-
Une empreinte primaire destinée à l’élaboration d’un port e- sité (Fitt checker®) qui les scelle provisoirement. Elles sont
empreinte individuel est réalisée à l’aide d’un hydrocolloïde entraînées dans l’empreinte (fig. 7).

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ce rv i ca le des couronnes et du plât re (fig. 10). Le châssis
métallique est réalisé. Le travail de grattage et de polis-
sage du métal a été fa c i l i té par la pré s e n ce de la PF, dont
Traitement de l’empreinte l’a d a p t ation au châssis est très précise (fi g . 11). Aprè s
au laboratoire (fig. 8 à 10) l’essai clinique du châssis puis du montage des dents (fig.
L’enregistrement des bords dans les secteurs latéraux est 12), la résine de la PAP est polymérisée. Dans un premier
p ré s e rvé par un coff rage à la cire. Le traitement des temps, les couronnes sont scellées par un ciment verre
couronnes fait appel à un matériau silicone de haute i o n o m è re modifié par adjonction de résine (Fuji Plu s ® )
viscosité (Flexistone®) destiné à reproduire les modèles et maintenues en pla ce durant le temps de prise. Le s
positifs unitaires. Le silicone est déposé, à l’ é t at pla s- excès de ciment sont éliminés, puis la PAP est insérée, après
tique, dans l’intrados des couronnes (fig. 8). Après son avoir vaseliné son intrados et l’extrados des couronnes.
durcissement, il est séparé des couronnes et éliminé en
regard de la périphérie ce rvicale de ce l les-ci. Les moignons Cas n° 3
ainsi modifiés sont re p la cés dans les intrados et stabilisés Trois couronnes solidarisées supportent la partie mâle
à l’aide d’une goutte de colle (cyanolit®). Le moulage de d’un attachement de précision extra-coronaire (Mini SG®).
l’empreinte permet d’o btenir un modèle de travail (fig. 9) Ce l le-ci a été brasée à l’a r m at u re des chapes avant la
sur lequel la prothèse fixée est parfaitement st a b le, réalisation de la cé ramique cosmétique (fig. 13). La partie
compte tenu de l’ i n t i m i té de contact de la périphérie fe m e l le, solidaire de la résine de la PAP, comporte une

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gaine en plastique qui assure une fric-


tion rétentrice sur la partie mâle. Une
p i è ce de doublage sera mise en pla ce
sur le modèle de travail destiné à la
16 17 c o n fection de la PAP (fig. 14) . Une
empreinte fonctionnelle, réalisée à l’aide
d ’un éla sto m è re viny l p o lys i l oxa n e
monophase (Co l tène Monobody®),
entraîne la prothèse fixée (fig. 15).
Le traitement de l’e m p reinte est simi-
laire à celui décrit dans le cas n° 2. Le
châssis est élaboré alors que la pièce de
doublage ménage l’espace dévolu à la
p a rtie fe m e l le de l’attachement (fig. 16
18 et 17). Celle-ci, mise en place au labo-
ratoire, est solidarisée à la résine de la
selle au moment de la polymérisation.
Le scellement de la PF et la pose de la
PAP seront réalisés au cours d’u n e
même séquence clinique (fig. 18).

Reproduit avec l’aimable autorisation


des auteurs et de la revue Stratégie
Prothétique volume 5 numéro 1.

Adresses des auteurs :


Jean-Marie Cheylan et Marcel Begin Bibliographie
71 rue de Rennes 75006 Paris
Stéphane Hurtado, laboratoire SH A p p le gate OC. Essential of re m ovable partial dentures prosthesis.
41 rue de la sablière 75014 Paris Saunders, Philadelphia, 1965.
Laboratoire GH
5-7 avenue de la Marne 92120 Montrouge Begin M, Hurtado S. Les empreintes et leur traitement en prothèse
Laboratoire PBM 92 amovible partielle. Synergie Prothétique 2000 ; 2 (1) : 5-19.
70 rue Pierre Sémard 92320 Châtillon
Ferrari JL. Rationalisation de la réalisation des prothèses composites.
Cah Prothèse. 1991 ; 74 : 73-82.
Fouilloux I, Hurtado S. Begin M. Prothèse composite : la communi-
Références bibliographiques de l’article : cation clinicien-p rot h é s i ste. St ratégie prothétique 2002 ; 2 (1) :
15-27.
Inf Dent 2005 ; 15 (87) : 867-871

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