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RAPPEL DU SUJET

L’échec de la conférence sur


l’environnement, tenue à La Haye en
novembre 2000 consacre-t-il l’abandon
définitif d’une certaine idée de protection
réaliste de la planète et de développement
durable ?

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Des sacs en plastique accrochés aux cactus du désert ou jonchant les
plages, aux amoncellements de déchets industriels et domestiques; des pollutions locales -
d’une source, d’une nappe phréatique, d’une rivière - à la destruction par les
CFC(chlorofluorocarbones) de l’ozone de la haute atmosphère; de l’accumulation de
produits toxiques et de métaux lourds, dans les fleuves et dans les océans, à la multiplication
des centrales nucléaires et des risques qu’elles recèlent, ainsi que des installations et des
sites radioactifs; des forêts saccagées à celles qui meurent d’elles-mêmes; des espèces que
nous exterminons à celles, innombrables, qui disparaissent...Nos modes de production et de
vie portent de plus en plus gravement atteinte à la planète, jusqu’à menacer les conditions
même qui y ont rendu possible la vie.
Chacune des activités humaines contribue à la destruction de
ressources non renouvelables et au rejet de substances ou gaz plus ou moins pernicieux ou
dangereux. Insuffisante maîtrise des techniques, comportements inconscients, égoïsmes et
irresponsabilités, fascination du luxe, concourent tous à aggraver les destructions et les
risques, rendant ainsi le pire possible.
A la fin du siècle dernier, les scientifiques avaient lancé des prédictions
quant aux changements climatiques: si la concentration du gaz carbonique doublait dans
l’atmosphère, les températures moyennes sur la planète devraient augmenter de 1,5 à 6
degrés Celsius au cours du XXIème siècle à cause de l’effet de serre. Cause à effet: une
montée des mers de 80 centimètres, pour la fin du siècle, est annoncée, ainsi que l’arrivée
instantanée d’un climat quasi sibérien sur l’Europe.
Dans l’attente de voir les changements climatiques livrer tous leurs
secrets, et de conférence en conférence, la planète semble prise en otage. A la lumière de ces
anomalies climatiques, nous sommes en droit de nous demander si l’échec de la conférence
de La Haye sur l’environnement consacre l’abandon définitif de l’idée de sauvegarde de la
planète et de développement durable.

Malgré l’échec de la conférence de La Haye sur l’environnement


dû essentiellement aux interprétations diverses du protocole de Kyoto, la prise de
conscience écologique individuelle et universelle soutenue par une large médiatisation
et surtout le recours accru aussi bien aux nouvelles énergies qu’aux moyens d’aide au

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développement tenant compte de l’environnement, sont de nature à sauvegarder la
planète et assurer un développement durable.

L’étude d’une part des causes de l’échec de la conférence de La Haye


et d’autre part des mesures aussi bien actives que passives prises à tous les niveaux pour
sauvegarder l’environnement, nous permet d’affirmer cette idée.

* * *
* *

Visant à permettre la mise en œuvre du protocole de Kyoto qui


stipule une diminution globale des émissions des gaz à effet de serre, la conférence de
La Haye s’est soldée par un échec à cause des divergences relatives au fonctionnement
du futur marché de carbone et à l’interprétation des mécanismes de flexibilité.

D’abord, la lutte contre l’effet de serre est prise en charge au niveau


planétaire par la Convention Cadre sur le Changement Climatique (CCCC) dont l’objectif
affiché est d’arriver à un niveau d’émission de gaz carbonique (CO2) soutenable, c’est-à-
dire correspondant aux capacités d’assimilation de la biosphère sans influence sur le climat
de l’effet de serre.
La production de CO2 considérée comme soutenable est évaluée à 500
kg par personne alors que les émissions actuelles sont de l’ordre de 5000 kg pour les Etats-
Unis, 3000 kg pour l’Europe mais inférieures à 500 kg pour les pays du tiers-monde.
Nous sommes bien sûr très loin de cet objectif alors que le
réchauffement s’accélère dramatiquement et que les catastrophes se multiplient, mais c’est
la première fois que la communauté internationale engage une action de cette ampleur pour
maîtriser notre destin planétaire commun et les conséquences écologiques globales de notre
mode de développement.
En effet, la convention de Rio en 1992 a défini les objectifs à long
terme ainsi que la liste des pays qui devront réduire leurs émissions (regroupés dans ce que
nous appelons l’annexe I comprenant les Etats-Unis, l’Europe, le Japon, la Russie… donc
les pays les plus industrialisés), à l’exclusion des pays en voie de développement notamment
la Chine. Les conférences suivantes appelées «Conférence Of the Parties» (COP), avaient
pour tâche de préciser la mise en œuvre de ces objectifs. Ainsi, le COP3 celle de Kyoto, est

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la plus significative dans la mesure où un engagement sous forme de protocole y a vu le
jour.
Ainsi, le protocole de Kyoto impose à 38 pays occidentaux et
est-européens de réduire, entre 2008 et 2012, de 5,2% en moyenne leurs rejets de six gaz à
effet de serre. Les réductions sont différenciées par pays : 7% pour les Etats-Unis, 6% pour
le Japon, 0% pour la Russie et 8% pour l’Union européenne. Cette dernière a réparti l’effort
entre ses 15 membres (réduction de 21% pour l’Allemagne, 12,5% pour le Royaume Uni,
6,5% pour l’Italie et 0% pour la France).
Adopté le 12 décembre 1997 par 159 pays à Kyoto (Japon) , le
protocole a été ensuite signé par 84 pays. Il n’a été ratifié que par des pays du tiers-monde
(30 dont un pays dit «émergent», le Mexique) qui n’ont pas d’engagement chiffré. Pour
entrer en vigueur, il doit être ratifié par 55 pays représentant au moins 55% des émissions
de CO2 du monde industrialisé en 1990.
En pratique, il ne pourra l’être sans les Etats-Unis (36,1% des
émissions de CO2 du monde industrialisé en 1990) ou la Russie (17,4%). l’Union
européenne (24,2%) et le Japon (8,5%) se sont engagés à le ratifier pour le 10ème
anniversaire de l’adoption (juin 1992) de la convention cadre de l’ONU sur les changements
climatiques.
Contrairement à la convention, entrée en vigueur en 1994, qui invitait
les pays industrialisés à stabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre en 2000 au niveau
de 1990, le protocole est juridiquement contraignant. Les gros pollueurs voient leur tâche
facilitée par trois «mécanismes de flexibilité» qui doivent déboucher en 2008 sur la création
d’un ou plusieurs marchés mondiaux du carbone. Ces mécanismes sont au nombre de trois :
- Les permis d’émission: commerce des quotas d’émissions entre les
38 pays engagés. Les pays qui rejetteront moins de carbone que prévu dans l’atmosphère à
l’horizon 2010 pourront vendre une partie de la réduction réalisée. Ces permis d’émission
sont qualifiés de «permis de polluer» par les écologistes et d’«obligations de réduction
d’émissions» par les politiques et les industriels.
- L’application conjointe : forme particulière du commerce des
quotas d’émissions de gaz à effet de serre entre les 38 pays engagés, dans laquelle un quota
est non pas vendu mais troqué en contrepartie d’un appui technique ou financier à un projet.
Une centrale thermique au charbon par exemple, sera convertie au gaz,
qui émet moins de CO2 que le charbon. A titre expérimental, le cimentier français Lafarge a
ainsi accru récemment l’efficacité énergétique de la cimenterie tchèque de Cizkovice (nord)
pour 43,94 millions de F.

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Dans le cadre d’un protocole, Paris et Prague ont estimé que cette
cimenterie rejetterait 168.000 tonnes de CO2 de moins sur cinq ans. Si cet investissement
est validé rétroactivement après la mise en route du marché, le quota français sera augmenté
de 168.000 tonnes pour la période 2008-2012 et le quota tchèque diminué d’autant. La
France rétrocédera le supplément de quota à Lafarge et Prague réduira le quota alloué à sa
cimenterie modernisée.
- Le mécanisme de développement propre (MDP)
Il permet à un pays engagé d’obtenir des quotas d’émissions en
contrepartie d’un appui technique ou financier à un projet de développement «propre» dans
un pays du tiers-monde. L’application de ce mécanisme pose un problème parce que le pays
pauvre bénéficiaire du projet ne perd pas de quotas en contrepartie, dans la mesure où il n’a
pas souscrit d’engagements chiffrés de réduction d’émissions. Le calcul des émissions
polluantes virtuellement épargnées par un projet sera «certifié» par des experts indépendants
sous le contrôle d’un organe exécutif multilatéral.

Ensuite, même si tous s’accordent sur la nécessité d’aboutir à un


consensus rapide, nous constatons que les positions des Etats-Unis et de l’Europe restent
divergentes.
Ces divergences tournent principalement autour du fonctionnement du
futur marché de carbone et de l’établissement des règles du jeu de ce futur marché de
permis d’émissions. Ce dernier permettra des échanges d’excédents et de déficits
d’émissions entre pays pollueurs et non pollueurs.
Les Etats-Unis promeuvent l’échange de permis d’émissions; c’est-à-
dire la possibilité d’acheter des quotas de CO2 à des pays moins émetteurs, plutôt que de
réduire les émissions à domicile. C’est une façon plus économique de procéder, plaide
Washington, puisqu’elle favorise la réduction de la pollution dans les pays où cela coûte le
moins cher tandis que le résultat au niveau planétaire est identique.
A l’opposé, les Européens jugent que sans mesures nationales
contraignantes, les seuils maxima autorisés par Kyoto n’ont aucune chance d’être respectés.
Ils demandent de limiter l’usage de ces échanges à moins de 50% des engagements de façon
à obliger les pays industrialisés à prendre des mesures nationales de réduction des émissions.
En revanche, l’institution de permis d’émission paraît troubler certains
décideurs. Pourtant un permis d’émission n’est en réalité qu’un quota à l’image d’un quota
de pêche ou d’un quota laitier. Ce quota est le contraire d’un droit de polluer, puisqu’il
intègre une dimension financière alors que le droit de polluer est gratuit; par sa nature, il

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peut être échangeable. Sur un marché de permis, le principe est que l’industriel qui émet
moins que son quota peut le revendre à celui qui émet plus.
Globalement, le volume des quotas (donc des émissions) reste le
même, mais l’industriel a réellement investi dans de nouvelles technologies
environnementales pour voir rémunérer son effort en vendant son surplus. De même, un
autre industriel qui aurait des coûts de réduction de ses émissions difficiles à mettre en
œuvre pour cause de préservation de l’emploi ou de concurrence internationale pourrait
acheter le surplus plutôt que de pénaliser son activité.
Ainsi les deux entreprises sortent gagnantes de même que la
collectivité, qui obtient, pour un même investissement économique global, une meilleure
gestion de l’environnement et de l’emploi (des études américaines fixent le gain à 20% par
rapport aux taxes). De même qu’une écotaxe régule le prix, un marché de quotas régule par
la quantité. Les deux mécanismes peuvent d’ailleurs coexister: ils sont deux instruments
d’une même politique globale visant à faire que différents segments de l’économie
participent de façon équitable à l’effort en faveur de l’environnement.
De manière pragmatique, et cela a été vérifié par de nombreuses
expériences étrangères, dont celles menées par 40 entreprises européennes au premier
semestre 2000, un marché est un dispositif au service du régulateur. C’est en effet à lui
d’attribuer les quotas puis de surveiller le bon fonctionnement. Selon la manière dont ils
distribuent les permis (attribution gratuite, enchères ou prime aux industries les plus
innovantes) et dont ils les partagent entre les secteurs, les pouvoirs publics disposent d’un
instrument environnemental performant doublé d’un outil efficace de politique industrielle
sans toucher à la fiscalité.

La clé du protocole de Kyoto est donc un accord politique entre les


deux interlocuteurs transatlantiques sur les permis d’émission. Mais cette question se
complique d’un prolongement géopolitique important: les échanges se produiraient
essentiellement entre les pays européens et américains, acheteurs de crédits d’émission et la
Russie, structurellement vendeuse.
En effet, la Russie s’est engagée sur un niveau d’émission de CO2 en
1990 très élevé, alors que ses émissions ont spectaculairement baissé depuis, du fait de la
crise économique. La mise en place d’un marché de gaz carbonique est donc aussi pour
ceux qui y recourraient le plus, un moyen de renforcer les intérêts communs avec la Russie.
Ces divergences portent aussi sur la taxation des transactions sur tous
les futurs marchés du carbone et l’application de sanctions, en cas de transactions

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frauduleuses ou de non-respect des quotas fixés à Kyoto. Cette question soulève encore de
nombreuses difficultés. Toute la crédibilité du protocole repose sur ce chapitre de
l’«observance», selon le langage diplomatique, afin d’éviter que des pays faussement
vertueux achètent à d’autres des permis d’émissions ne correspondant à aucun effort réel de
réduction.
Pour l’Union européenne, le protocole doit entrer en vigueur le plus
tôt possible, et en tout cas en 2002, dixième anniversaire du sommet de Rio. Les Européens
estiment que son application passe avant tout par des politiques et mesures nationales. Les
mécanismes de flexibilité doivent être complémentaires: c’est-à-dire limités au maximum à
la moitié de l’effort total.
En outre, l’Union européenne plaide pour un mécanisme d’observance
(ensemble des mesures de surveillance et de sanctions) extensif et contraignant. Un organe
impartial et indépendant doit être chargé de vérifier le respect par les états de leurs
engagements et de décider de sanctions politiques et financières réparatrices en cas de
manquement.
Par ailleurs, l’Union européenne souhaite que le marché des permis
d’émission soit sérieusement encadré pour assurer la réalité des transactions et garantir que
les états qui achètent et vendent des «droits à polluer» contribuent effectivement à des
réductions d’émission de gaz à effet de serre. Compte tenu des incertitudes scientifiques qui
entourent ce phénomène, les Européens sont hostiles à la prise en compte des puits de
carbone.
Il s’agit de savoir si nous pouvons intégrer les forêts, qui absorbent du
gaz carbonique pendant leur croissance, dans la comptabilité de réduction des émissions.
Les Etats-Unis défendent ce principe, que contestent les Européens, qui soulignent la
grande incertitude scientifique du sujet et jugent qu’il s’agit là d’un échappatoire.
Les Etats-Unis quant à eux, ont rassemblé autour de leur position le
Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Ces pays plaident pour un recours illimité aux
mécanismes de flexibilité et souhaitent un système d’observance classique, dans lequel les
états sont simplement responsables de leurs résultats devant leurs pairs. Ils souhaitent un
engagement plus fort des pays en développement.
Autre pierre d’achoppement de la négociation, l’exigence américaine
que les pays émergents du tiers-monde s’engagent dès maintenant à mener des politiques de
croissance moins dévoreuses d’énergie. Ce que refusent les intéressés et les Européens,
selon lesquels les pays riches doivent d’abord montrer l’exemple.

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Ainsi il est prévu que les états industrialisés puissent également obtenir
des permis auprès des pays en développement s’ils y financent des projets«propres», ce que
le protocole de Kyoto appelle le mécanisme de développement propre. ainsi les crédits liés à
ce mécanisme permettent aux industriels des pays développés de racheter une partie des
performances environnementales qu’ils réalisent grâce à des projets dans des pays
émergents, conjuguant ainsi le développement économique en Asie, en Afrique et en
Amérique latine et une rémunération financière pour les innovations consenties
(développement de l’énergie éolienne, valorisation du biogaz...).
Sur ce projet controversé, l’Union européenne souhaite définir une
liste stricte des projets éligibles pour éviter que cette porte ouverte ne donne lieu à des abus.
Elle souhaite en outre, que le MDP soit opérationnel le plus vite possible et que le protocole
aide les plus vulnérables à s’adapter aux conséquences du réchauffement. Etats-Unis et
Européens sont donc conscients que les MDP sont le moyen essentiel pour convaincre les
pays en développement de rentrer dans le jeu de Kyoto.

Enfin, c’est autour de ces divergences et après deux sessions sans


résultat réel à Buenos Aires en 98 et Bonn en 99, que s’est tenue la conférence de La Haye
du 13 au 24 novembre 2000 avec la participation de 180 pays rassemblant 2000 délégués
des états participants et 4000 observateurs d’associations et journalistes.
Ainsi, la conférence visait à permettre la ratification du protocole par
les grandes puissances et son entrée en vigueur à l’occasion du 10ème anniversaire de Rio.
Seuls les pays en développement (30) qui n’ont pas d’ailleurs d’engagements chiffrés de
réduction l’ont fait jusqu’à maintenant. Pour entrer en vigueur, nous le rappelons encore
une fois, l’accord doit être ratifié par 55 pays représentant 55% des émissions de CO2 des
pays développés.
Les pourparlers se sont déroulés sous l’égide de l’ONU, au niveau
diplomatique d’abord, puis des ministres de l’environnement. Dans la grande tradition de
l’ONU, la négociation s’est résumée à un affrontement entre les états du nord et ceux du
sud. Pour défendre leurs intérêts, les états participants se sont regroupés par affinités. Ainsi,
six groupes de pays ont défendu des intérêts divergents.
+Le groupe «parapluie», une coalition regroupant les Etats-Unis,
certains états de l’OCDE, en phase avec la vision libérale américaine, à savoir; le Canada,
l’Australie, la Nouvelle Zélande, l’Ukraine, la Russie et de façon plus distanciée le Japon .

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+ l’Union européenne avec la France, comme pays qui assure la
présidence de l’Union et qui parle pour tous, joue beaucoup la carte des pays en
développement pour contrer les Etats-Unis.
+Les pays en développement qui s’expriment par la voie de la
présidence du G77. ce groupe insiste, avant tout, sur le transfert de finances et de
technologies et se méfie de la création d’un marché international de permis d’émissions.
Compte tenu de la divergence d’intérêts, ce groupe a été scindé en quatre autres groupes
+ Les pays de l’OPEP, dont la capacité de nuisance a bien pesé dans
l’avancée des négociations précédentes, s’opposent au protocole de Kyoto et réclament des
compensations financières à un éventuel futur manque à gagner puisque la lutte contre
l’effet de serre passe essentiellement par la réduction de la consommation d’énergie fossile
et donc de pétrole.
+ Les pays émergents avec la Chine qui refuse toute contrainte pour
les pays du G77. l’Inde qui défend le principe d’équité (même montant d’émissions par
habitant) se montre très réticente à l’établissement d’un système international de permis
d’émissions. Le Brésil craignant toute atteinte à sa souveraineté sur l’Amazonie, le poumon
forestier de la planète, ne veut pas entendre parler des puits de carbone.
+ L’alliance des petits états insulaires; cette coalition de 43 petits
pays et îles aux zones côtières basses, particulièrement vulnérables à l’élévation du niveau
de la mer, proteste contre toute échappatoire à une baisse réelle des émissions.
+ Les pays les plus pauvres pour la plupart africains, réclament plus
d’aide pour lutter contre les plaies dont ils souffrent déjà et dont ils risquent de souffrir
encore davantage avec le réchauffement de la planète, à savoir la désertification et la
salinisation des terres.
Donc c’est dans cette atmosphère que s’est déroulée la conférence de
La Haye qui avait pour enjeux principaux: d’abord l’efficacité au niveau mondial par une
diminution globale des émissions de gaz, que ce soit par des investissements extérieurs ou
par des mesures domestiques. Ensuite, l’équité qui, dans une optique de convergence à très
long terme, doit permettre à ceux qui émettent le plus de faire le plus d’effort dès
maintenant. Et enfin, l’obtention d’un véritable engagement des Etats-Unis, en évitant que
les mécanismes de flexibilité ne leur servent d’échappatoire.
sur la question climatique, l’Europe a voulu montrer qu’elle a un
leadership international, ce qui n’est pas d’ailleurs le cas dans les autres domaines
diplomatiques. Ainsi, les Etats-Unis ont été, du fait l’arbitre de la conférence et ont décidé
par conséquent de son issue dans la mesure où ils n’ont opéré qu’une seule concession

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majeure; en n’exigeant plus des pays en développement qu’ils s’engagent à réduire leurs
émissions de gaz.
Alors que Washington était représentée par un sous-secrétaire d’état,
l’Union européenne y a envoyé de nombreux ministres qui n’ont malheureusement pas fait
le poids, puisque même s’ils ont refusé les propositions américaines qui, à leurs yeux,
auraient vidé le protocole de Kyoto de son sens, n’ont pas montré la solidarité nécessaire,
transformant ce refus en un acte politique affirmé. C’est qu’ils avaient mal accordé à
l’avance leurs desiderata respectifs.
Mais cet échec s’explique par la nature de la structure technologique
qui façonnera l’économie globalisée du XXIeme siècle. En effet, deux conceptions
s’opposent: les Etats-Unis, jugent qu’Internet et la «nouvelle économie», c’est-à-dire un
hybride de finance, d’informatique et de génétique, des secteurs qui consomment peu
d’énergie et qui se substituent à une «ancienne économie» énergivore (sidérurgie,
Chimie…), permettra de faire face naturellement aux dérèglements environnementaux
prévisibles. Les Européens, quant à eux estiment que la structure technologique, et d’abord
énergétique, de la vie sociale doit être préventivement modifiée pour y parer.
Cette divergence découle des modes actuels de consommation. Car si
le citoyen des Etats-Unis est le premier émetteur au monde de gaz à effet de serre (20
tonnes de CO2 par an, contre 10 par Allemand et 2,3 par Chinois ), ce record ne témoigne
pas d’une inefficacité énergétique: quand nous raisonnons en tonnes de CO2 par unité de
produit national brut, un américain est beaucoup moins polluant que son partenaire chinois:
0,77 tonne de CO2 pour 90 dollars de PNB, quand un chinois émet 3,54 tonnes de CO2
pour produire le même revenu (selon les statistiques de l’agence internationale de
l’énergie).
Les Etats-Unis estiment donc que ce n’est pas leur mode de vie qui est
en cause dans l’accroissement des gaz à effet de serre, mais l’inefficacité économique du
reste du monde, mesurée par l’émission de CO2 par unité de PNB.
A cette logique cohérente, les Européens en opposent une autre,
fondée sur leur propre structure énergétique. Car si les Etats-Unis peuvent se vanter, à bon
droit, d’être beaucoup plus «efficaces» que la grande majorité des pays du sud, cependant,
ils restent très en deçà des performances européennes: quand un Américain émet 0,77 tonne
de CO2 pour 90 dollars de PNB, le Danois, par exemple, en rejette 0,35 et l’Allemand 0,46.
A vrai dire, l’avance américaine n’est que très relative et les Etats-Unis devraient poursuivre
leurs efforts plutôt que de compter sur le seul Internet.

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Ainsi donc, la conférence de La Haye s’est conclue par un échec
puisque les 180 pays présents n’ont pu s’accorder sur la mise en œuvre du protocole de
Kyoto. Cet échec laisse un goût amer à ceux qui sont conscients de l’importance de l’enjeu
et qui veulent modérer rapidement et autant que possible la violence avec laquelle la
transformation des conditions de la biosphère, induite par le changement climatique, va
frapper l’humanité. D’où une nécessité de leur part de sauvegarder l’environnement par une
valorisation des mesures passives.

* * * *

L’idée de protection de l’environnement, soutenue constamment


par des moyens médiatiques divers, prédomine toujours par le biais d’une prise de
conscience écologique traduite aussi bien par les protestations des citoyens que par la
communauté internationale à travers des organes spécialisés.
.
Ainsi, depuis plus d’un siècle, c’est aux Etats Unis que se
manifeste avec le plus de force la nécessité de la préservation d’une nature sauvage, source
inépuisable d’énergie vitale pour le peuple américain. La permanence de cette «Wilderness»
garantirait tout à la fois la continuité de la nation et de ses intérêts économiques. Le premier
grand parc naturel américain, «Yellowstone» et le «Niagara Falls» sont les projets phares.
Bien plus, l’impact des activités économiques commence cependant à
être perçu par certains scientifiques comme une menace particulière grave pour la nature.
Ce thème fait l’objet de critiques précises et sévères, ainsi l’humanité est entrée dans l’ère
de l’écologie-monde.
Parallèlement à l’ensemble de ces manifestations placées sous le signe
de l’expertise scientifique et avec l’appui des états, vont progressivement se développer des
mouvements de citoyens qui sont autant d’expressions d’une protestation profonde contre
la destruction de leur environnement quotidien, de leur milieu de vie, au double sens
matériel et culturel.
En ce sens, le mouvement écologique naissant catalyse une révolte
profonde contre la destruction d’un monde vécu et contre les effets mortifères de
l’industrialisation. Aucun des pays industrialisés n’échappe à la montée de ces nouveaux
mouvements sociaux, qui vont renouveler profondément le concept ancien de citoyenneté.
Le cas du Japon est emblématique puisque la lutte antipollution s’y
développe sur trois fronts: L’empoisonnement par le mercure de la baie de Minamata et de

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la rivière Agano; la contamination des sols par le cadmium dans la préfecture de Toyama; et
la pollution atmosphérique autour du combinat de Yokkaichi.
Ces mouvements fondés sur le désir de protéger les conditions
élémentaires de la vie humaine émergent aussi en Amérique du Nord et en Europe. Partout,
ils s’expriment par de nouvelles formes d’organisation démocratique: aux Etats Unis, de
vastes lobbies de consommateurs ou d’usagers pèsent sur les décisions de l’administration
ou boycottent certains produits.
Simultanément à la montée des associations de défense de
l’environnement, les manifestations contre les essais nucléaires consacrent l’entrée du
monde dans l’ère de l’écologie. Ainsi, destruction aveugle de la nature, destruction des
cultures , risque nucléaire majeur, tels sont les dangers mortels contre lesquels se
constituent les mouvements écologiques de citoyens.
Dans ses formes les plus avancées, la conscience écologique est passée
du constat de la crise à l’affirmation de la nécessité d’un véritable changement de
civilisation, d’un nouveau projet universaliste respectueux tout à la fois de l’unicité du genre
humain et de la diversité de ses cultures, dont l’avenir est indissociable de celui de la
biosphère.
De ce fait, la conscience écologique est donc transnationale et
s’oppose aux forces régressives, racistes, xénophobes et fondamentalistes qui partout
renaissent dans le monde. Elle décrypte les liens structurels entre crise naturelle, crise
sociale, crise politique et crise des valeurs.
En refusant de confier le destin commun de la planète aux seuls savants
et experts, elle renouvelle radicalement le principe de la citoyenneté. Citoyenneté de
proximité bien sûr, comme forme privilégiée d’intervention sur le monde vécu de chaque
collectivité, mais plus encore citoyenneté planétaire, seule en mesure d’instaurer une
gouvernabilité de la terre mise à l’ordre du jour par la conférence de Rio en juin 1992
Cependant une telle conscience ne peut être conçue en dehors de
l’éducation. En effet, celle-ci est un facteur de bien-être et joue un rôle déterminant lorsqu’il
s’agit de donner aux individus les moyens de devenir des membres productifs et
responsables de la société. Pour qu’il y ait développement durable, il faut absolument que
les systèmes éducatifs soient bien financés et efficaces à tous les niveaux, en particulier aux
niveaux primaire et secondaire, que tous puissent y accéder et qu’ils permettent à chacun de
développer ses capacités et de s’épanouir.
L’éducation dans le domaine du développement durable est assurée
dans divers cadres: éducation permanente, éducation interdisciplinaire, partenariats,

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éducation multiculturelle, initiatives visant à renforcer les capacités d’intervention de la
population. De nos jours, les filles et les femmes accèdent de plus en plus à l’éducation et à
la formation à leurs différents niveaux.
Une attention particulière à la formation des enseignants, des dirigeants
d’associations de jeunes et d’autres éducateurs est de nature à permettre une éducation
dispensée dans le cadre de partenariats intergénérationnels et de systèmes d’éducation
mutuelle entre membres d’un même groupe permettant aux jeunes et aux groupes
vulnérables et marginalisés, notamment ceux des zones rurales, d’acquérir davantage
d’autonomie.
Même dans les pays dotés de systèmes éducatifs efficaces, il y a lieu de
réorienter les programmes d’enseignement et les activités de sensibilisation et de formation
afin de faire mieux comprendre au public les enjeux du développement durable et de susciter
son appui.
Une large gamme d’institutions, de groupes et de secteurs sociaux
oeuvrent pour l’éducation pour un avenir durable, en traitant des notions et des problèmes
exposés dans le programme de travail sur la question, adopté en 1996, et en préparant des
plans et programmes relatifs à ce type d’éducation. Ainsi, la notion d’éducation pour un
avenir durable est de plus en plus approfondie par l’Organisation des Nations Unies pour
l’Education, la Science et la Culture(UNESCO), en coopération avec d’autres
organisations.
Il demeure donc nécessaire d’appuyer et de renforcer les universités et
les autres établissements d’enseignement supérieur en promouvant la coopération entre eux,
en particulier entre ceux des PVD et ceux des pays développés.
L’éducation, y compris l’enseignement de type scolaire, la
sensibilisation du public et la formation, est désormais considérée comme un processus
permettant aux êtres humains et aux sociétés de réaliser leur plein potentiel. L’éducation
revêt une importance critique pour ce qui est de promouvoir un développement durable et
d’améliorer la capacité des individus de s’attaquer aux problèmes d’environnement et de
développement.
L’éducation de base constitue le fondement de toute éducation en
matière d’environnement et de développement, mais cette dernière commence à être
incorporée en tant qu’élément essentiel de l’instruction.
L’éducation, de type scolaire ou non, est indispensable pour modifier
les attitudes de façon que les populations aient la capacité d’évaluer les problèmes de
développement durable et de s’y attaquer. Elle est essentielle aussi pour susciter une

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conscience des questions écologiques et ethniques, ainsi que des valeurs et des attitudes,
des compétences et un comportement compatibles avec le développement durable, et pour
assurer une participation effective du public aux prises de décisions.
Pour être efficace, l’enseignement relatif à l’environnement et au
développement doit porter sur la dynamique de l’environnement physique, biologique et
socio-économique ainsi que sur celle du développement humain. Donc être continuellement
intégré à toutes les disciplines et employer des méthodes aussi bien classiques que non
classiques et des moyens efficaces de communication.

Par ailleurs, l’accident technologique (usine incendiée, explosion,


marée noire) ou la pollution ponctuelle (rivière mousseuse, poissons ventres en l’air)
occupent depuis plusieurs décennies une place non négligeable dans la presse. De même, la
sensibilité du grand public à la disparition d’une espèce animale rare a pu être sollicitée
depuis longtemps, à l’exemple des photos de bébés phoques publiées par Paris-Match dans
les années soixante-dix. Mais ce n’est que tardivement que l’environnement est devenu un
objet de préoccupations politiques suffisamment sérieuses ou même fondamentales pour
que les médias s’en emparent.
En janvier 1990 fut donné le coup d’envoi d’une campagne médiatique
mondiale sur la planète en danger avec le numéro spécial de Time Magazine montrant une
photo-satellite de la terre, «ce bijou précieux». Une «vague verte» toucha ensuite la plupart
des hebdomadaires d’information dans le monde. La thématique des changements globaux
et de protection de l’environnement dans le monde est devenue une rubrique régulière, aussi
bien pour les magazines de vulgarisation scientifique que pour la presse quotidienne dans
la plupart des pays développés .
L’environnement ne s’est cependant pas structuré en un jour comme
catégorie d’événements pertinents pour les médias. Leur logique repose en effet sur la
possibilité de mettre en scène, c’est-à-dire de donner un sens évident et dramatiquement
fort, à des faits qui, en eux-mêmes, n’ont pas d’autre importance que celle que leur donnent
leurs protagonistes.
En 1979, l’accident de Three Mile Island aux Etats-Unis (formation
d’une bulle d’hydrogène radioactif dans le cœur du réacteur, menaçant de faire exploser
cette centrale nucléaire) ne devint pas médiatique du fait de sa seule propre gravité (toute
relative), mais il profita du passage sur les écrans du film «Le syndrome chinois», relatant
une fusion fictive du cœur du réacteur.

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De même, le rôle de personnages célèbres (comme le chanteur Sting ) a
été décisif pour ériger le péril menaçant les forêts amazoniennes en fait d’intérêt mondial.
Les événements médiatisables une fois constitués à l’aide de tels «opérateurs de
dramatisation» captent l’attention de plus large public, il s’agit pour les médias de traiter ces
questions de façon à la fois très personnelle et très universelle pour les ancrer comme
préoccupations durables.
Une cristallisation entre globalité et proximité personnelle des périls
s’est ainsi opérée à partir des années soixante-dix, mais surtout depuis la fin des années
quatre-vingt, sous l’effet du débat politique et idéologique, rendant du même coup
l’environnement presque inévitablement présent dans l’actualité.
Parmi les représentations construites pour que s’accomplisse la
métamorphose de l’environnement en fait régulier, certaines propositions cruciales,
soutenues dans la narration médiatique, ont eu un rôle primordial.
Grâce au choix d’événements faisant effet de dévoilement, les atteintes
à l’environnement sont apparues comme précarisant la vie de chacun, où qu’il vive. Les
médias ont ici contribué à créer la conscience d’une vulnérabilité du monde vécu
personnellement. «Derrière chez vous, il y a une décharge polluée», nous a enseigné le
«roman à épisodes» des fûts de Dioxine de Seveso.
Ce fut également le cas pour telle explosion de transformateur d’EDF
(Electricité De France) contenant des huiles au PCB (polychlorobiphényls): cela pouvait
arriver n’importe où en France, et l’effet de série utilisé par les médias a pu donner à penser
aux citoyens que la menace environnementale était aussi présente que le danger d’un
produit frelaté, ou que l’insécurité urbaine.
En 1986, Tchernobyl, comme premier grand accident environnemental
mondial dû au nucléaire, a permis d’observer tout un processus de sélection et d’élaboration
du fait par les médias. En réalité, Tchernobyl fut choisi également parce qu’il correspondait
à une période de tempête politique en URSS, pendant laquelle l’information se libérait
rapidement. La chaîne des médias nationaux se relayant entre eux (ingrédient décisif de la
construction d’un fait médiatique) fut alors mise à contribution pour constituer l’accident en
traumatisme mondial.
Il existe une interdépendance de plus en plus grande entre les
événements ponctuels et les effets globaux. Les divers périples des bateaux-poubelles à
destination de l’Afrique, ou les livraisons des déchets allemands en Lorraine, mais aussi
l’incendie des puits de pétrole lors de la guerre du Golfe en 1991, ont fait passer un
message plus inquiétant encore: si la menace environnementale peut surgir partout, elle peut

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aussi se manifester à distance, depuis n’importe quel point du globe. Les frontières ne
mettent désormais personne à l’abri d’un marché plus ou moins clandestin de la pollution.
L’un des effets de cette sensibilisation médiatique à la précarité de
notre environnement a pu renforcer un réflexe de repli sur soi (par exemple, refus de voir
construire un équipement de traitement de déchets près de chez soi); mais au-delà un
sentiment croissant d’interdépendance est créé par l’événement diffus concernant
l’environnement comme bien commun .
Le moment décisif pour cette prise de conscience fut sans doute, là
encore, Tchernobyl: les médias insistèrent sur le fait que le nuage radioactif était un exemple
de la pollution ne s’arrêtant pas aux frontières.
Il est à préciser que la simple utilisation par les médias de cartes et de
photos prises par satellites, bientôt relayées par les mappemondes informatisées des modèles
climatiques, permit de rendre familière la «vision» d’un globe fragile et précieux.
Pour susciter notre intérêt civique, les médias ont enfin soutenu une
thèse implicite mais très présente. La capacité de prévoir et de prévenir des acteurs du
risque (industriels, scientifiques, etc.) aussi savants et précautionneux soient-ils, est limitée.
Leur perception des dangers tend à être prisonnière des idéaux technicistes. Les médias ont
ici contribué à relativiser la confiance aveugle dans la science et à renforcer (parfois à tort)
le sentiment public d’une sorte de nécessaire vigilance sur les pratiques des professionnels.
Ainsi, plus d’un jour après l’explosion du cœur de la centrale de
Tchernobyl, les responsables techniques soviétiques parlaient-ils toujours d’un accident de
référence qui excluait l’explosion et ne considérait qu’un niveau de radioactivité plafonné a
priori (alors que la plupart des travailleurs présents avaient déjà reçu des doses plusieurs
fois mortelles). Pendant ce temps, le nuage radioactif parcourant l’Europe était devenu à lui
seul un événement médiatique considérable, sans aucun rapport avec ce qu’en savaient et en
disaient les experts.
Il semble que désormais la question environnementale soit de plus en
plus traitée comme un paramètre régulier, tels les indices économiques: des indicateurs de
pollution des plages aux normes de l’eau de boisson diffusés par les hebdomadaires aux
approches des vacances, des niveaux de pollution atmosphérique urbaine quotidiennement
publiés par la presse américaine aux questionnaires comparant la qualité des environnements
entre les villes européennes, etc..
Il s’agit bien là désormais d’une rubrique à part entière, dont plus
personne ne peut dire qu’elle relève d’une catégorie sporadique d’informations mais que sa

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régularité même, peut conduire à la banalisation, qui peut aussi pousser à l’acceptation et au
fatalisme.

De surcroît, il est bien évident que face au défi global que représente la
nécessité absolue de protéger l’environnement planétaire, le rôle de l’ONU, seule institution
mondiale pouvant s’occuper de toutes ces questions, ne peut que croître. Nous estimons
généralement que le point de départ de l’ère écologique se situe vers les années 60, c’est
ainsi que l’ONU a décidé, en 1968, la convocation d’une conférence mondiale sur
l’environnement.
Elle s’est dotée d’un organe spécialisé dans ce domaine, le Programme
des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Il passe en revue les problèmes qui se
posent dans le monde, en collaboration le plus souvent, avec des organisations
internationales régionales, telles que le Conseil de l’Europe, l’Organisation de Coopération
et de Développement Economique (OCDE), l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA),
voire avec des Organisations Non Gouvernementales (ONG), à savoir, des associations de
protection de la nature, des institutions privées, ainsi qu’avec des états individuels. Un fonds
pour l’environnement alimenté par des contributions volontaires permet au PNUE de
soutenir des projets précis .
De plus, de par sa volonté de préparer des lendemains meilleurs pour
l’humanité, l’ONU a daigné prendre en charge le fonds mondial de l’environnement .
En effet, l’un des résultats les plus concrets de la conférence de Rio
(Juin 1992) a finalement été la pérennisation du Fonds Mondial pour l’Environnement
(FEM) créé en 1990 pour financer la lutte contre les risques globaux dans les pays du tiers
monde. Ce fonds, doté de 1,5 milliards de dollars pour la période 1992-1994, constitue en
effet, le seul moyen d’action direct dont dispose la communauté internationale pour inciter
ou aider les pays les plus pauvres à mettre en œuvre les conventions sur le climat, la couche
d’ozone ou la biodiversité .
La création de ce fonds est en fait une retombée plus lointaine de la
déclaration adoptée en avril 1989 à La Haye; déclaration dans laquelle figurait pour la
première fois, le principe de l’imposition de contraintes anormales aux pays du sud en vue
de maîtriser les risques globaux qui devraient être compensés par les pays du nord. C’est
dans le droit fil de ce principe que le ministre français des finances, Pierre Bérégovoy,
proposa en septembre 1989, lors d’une réunion du comité de développement de la Banque
Mondiale, d’instituer un fonds contre la dégradation de l’environnement planétaire, doté de
contributions purement volontaires. L’initiative fut finalement concrétisée en octobre 1990 .

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La gestion du FEM est assurée par une triade d’organismes
internationaux coordonnés par un comité consultatif: la Banque Mondiale, responsable des
opérations d’investissement et de gestion; le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), chargé de l’exécution des activités d’assistance technique en
amont de l’investissement; et le PNUE, qui assure la coordination scientifique et technique
ainsi que celle de la gestion du panel d’experts qui doit définir les critères techniques
d’éligibilité des projets.
La conférence de Rio a donné un rôle d’orientation majeur à
l’ensemble des pays partie prenante (Comité des participants) et s’est fixé comme objectif la
parité entre pays développés et pays en développement. Enfin, elle a accordé une large place
aux ONG et aux scientifiques réunis dans un conseil consultatif.
Dans le débat qui a opposé les pays du nord et ceux du sud, c’est la
conception défendue par les premiers qui a été retenue: les financements collectés doivent
être consacrés pour la moitié à la lutte contre l’effet de serre ou à la protection de la couche
d’ozone; pour 30% à la conservation de la biodiversité et pour les 20%, restants à la
protection des eaux internationales.
Le FEM servira en outre de support aux transferts prévus en
application des conventions internationales, comme il le fait déjà pour les conventions de
Montréal et de Londres sur la couche d’ozone.
Naturellement, les 1,5 milliards de dollars que les pays du nord ont bien
voulu affecter au fonds mondial pour l’environnement ne constituent qu’une goutte d’eau à
coté des 125 milliards de dollars considérés comme nécessaires pour protéger efficacement
l’environnement dans les pays du tiers monde. Mais le FEM pourrait se montrer plus
efficace que ne le laisse apparaître la modestie des chiffres s’il contribue à modifier les
politiques d’aides des pays développés ou de la Banque Mondiale dans un sens plus
écologique. Les décisions prises par la communauté européenne inclinent, sur ce point, à un
certain optimisme.

Ainsi donc, si l’impact des mesures passives a permis de passer du


constat de la crise à l’affirmation de la nécessité d’un véritable changement de civilisation
par une prise de conscience écologique en perpétuel développement aussi bien des citoyens
du monde entier que de la communauté internationale associée surtout à une branche
médiatique spécialisée dans le domaine de l’environnement. Il n’en demeure pas moins
important que la prise des mesures actives, exclue de façon notable tout abandon définitif de
la notion de protection de l’environnement.

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* * * *

Les multiples actions entreprises en matière de non-prolifération


nucléaire, le recours croissant aux énergies renouvelables et l’aide au développement,
qui inclue le volet environnemental, sont à même de perpétuer une certaine idée de
sauvegarde de la planète et de garantie pour le développement durable.

En effet, le nouvel ordre mondial issu de la guerre froide semble réunir


les conditions morales, économiques et politiques pour une limitation de la prolifération
nucléaire nécessaire à la préservation de l’environnement.
Sur le plan moral, l’homme a pris conscience du danger que représente
le nucléaire. Les médias, comme nous l’avons vu précédemment, ont brisé l’opacité qui a
longtemps entouré le nucléaire. Les mouvements écologistes se sont multipliés, exerçant
une pression sur les gouvernements pour l’interdiction des essais nucléaires et même
l’utilisation du nucléaire à des fins civiles. Ainsi Green-Peace, connu à l’échelle
internationale, compte parmi ses membres de hautes personnalités politiques et joue un rôle
important dans la diffusion de l’information et dans l’influence sur l’opinion internationale.
Sur le plan politique, les instances internationales, telles que l’agence
internationale de l’énergie atomique, luttent contre la prolifération des armes nucléaires.
Elles procèdent à des vérifications et des contrôles, soit par des moyens d’observation de
haute technologie, soit par des visites sur les lieux des pays soupçonnés de détenir ou de
développer l’arme nucléaire. L’effet majeur de cette politique réside dans la signature le 11
mai 1995 par 175 états du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP) pour une période
illimitée.
Cependant, la raison économique demeure essentielle dans la limitation
du nucléaire. Les gouvernements ne peuvent plus continuer à consacrer des sommes
énormes pour l’acquisition et l’entretien de l’arsenal nucléaire en sacrifiant le bien-être de
leurs citoyens.
La recherche de fabrication et l’entretien des armes nucléaires coûtent
extrêmement chers et aucun pays aussi riche soit-il, ne peut se le permettre sans affecter les
secteurs vitaux de son économie. Les grandes puissances nucléaires sont en quête de la
réduction des coûts de l’expérimentation des armes nucléaires en optant pour la simulation
jugée moins coûteuse et non polluante.

19
De même, les chercheurs planchent depuis des décennies pour inventer
une énergie propre et sûre à base de la fusion thermo-nucléaire. Contrairement à la fission
mise en œuvre dans les centrales nucléaires, qui consiste à casser de grands noyaux
d’uranium, la fusion, vise à rassembler de petits noyaux d’hydrogène en un seul. L’atout de
la fusion est donc de ne pas générer de déchets radioactifs et d’utiliser une matière première
abondante.

Par ailleurs, avec le risque nucléaire et l’effet de serre, les énergies du


soleil, qui avaient fait rêver au début des années soixante-dix avant de décevoir, reviennent
sur le devant de la scène. Et nous découvrons que, dans l’ombre, ces techniques se sont
renforcées. Le rêve de la maison autarcique a cédé la place à l’architecture bioclimatique,
qui tire partie de toutes les ressources de son environnement(à commencer par les apports
solaires) pour diminuer les besoins énergétiques de l’habitat.
Du nord au sud de l’Europe, des immeubles, des gendarmeries, des
lycées économisent ainsi 30% à 60% de leurs dépenses de combustibles grâce au soleil. En
Afrique, les pompes solaires photovoltaïques ont heureusement remplacé leurs ancêtres
thermodynamiques.
Grâce au fonds européen de développement, elles alimentent dès 1994
en eau potable plus de mille villages, soit près d’un million de personnes. Des millions
d’Australiens, de Japonais, d’Américains, de Grecs ou d’Israéliens se douchent à l’énergie
solaire grâce à des capteurs plan. En Californie sont nées les premières centrales électriques
solaires installées sur le réseau , elles fournissent 354 millions de watts à la région de Los
Angeles en 1992.
Les ressources d’énergie solaire sont sans limites sur la planète, le flux
solaire incident représente 10 000 fois la consommation de toute l’humanité. Les réserves
exploitables économiquement sont bien plus faibles, mais représentent quand même plus de
40% de la consommation mondiale (environ 25% dans les pays développés, et 85%dans les
pays du sud).
Or, les évolutions techniques sont loin d’être achevées: à partir de
1988 pour les premiers, tous les grands pays industriels ont relancé leurs programmes de
recherche et de développement sur les énergies du soleil avec pour objectif de meilleurs
rendements et des coûts réduits. Déjà le prix de l’électricité photovoltaïque a été divisé par
quinze entre 1975 et 1990. Il chute encore depuis, améliorant ainsi la compétitivité.
Le marché de l’électrification rurale, très largement ouvert aux
photopiles représente quelques dizaines de watts par personne...multipliés par deux milliards

20
d’individus. Le marché photovoltaïque mondial croît de 20% par an; il explosera lorsque les
photopiles pourront alimenter les réseaux électriques sous toutes les latitudes. Ce n’est pas
une utopie. L’Allemagne a découvert qu’un tiers de son électricité pourrait être fournie par
des photopiles installées sur tous ses toits orientés au sud.
les combustibles fossiles seront un jour épuisés et bien auparavant, les
climats pourraient être bouleversés. Renouvelable, l’énergie solaire est aujourd’hui
indispensable au développement durable. A long terme, il n’y aura plus qu’elle. Elle, et les
déchets nucléaires.
De plus, l’utilisation de la biomasse comme énergie s’avère plus
qu’efficace. En effet, avec 880 millions de «tonnes équivalent pétrole» («tep») consommées
dans le monde en 1987, la biomasse, c’est-à-dire le bois et les résidus organiques de
l’agriculture et de l’élevage, représente 15% de la consommation mondiale d’énergie, soit
deux fois plus que l’hydraulique. Cette importante consommation est pourtant associée à un
ensemble d’images négatives où nous notons parmi d’autres, la désertification, puisque nous
associons massivement la destruction des forêts aux besoins de bois de feu.
Il en résulte une idée bien ancrée selon laquelle la modernité et le
progrès impliquent l’abandon de cette forme d’énergie dépassée. Et pourtant, en 1992, dans
le cadre des perspectives tracées pour l’utilisation de la biomasse à des fins énergétiques, les
études effectuées pour la préparation de la conférence de l’ONU sur l’environnement et le
développement de 1992 à Rio, montrent qu’une exploitation moderne de la biomasse
existante devrait permettre de porter à 2,2 milliards de «tep» sa contribution au bilan
énergétique mondial en 2002 et cela sans toucher au stock de biomasse en place, puisque les
analyses régionales effectuées n’ont pris en compte qu’une exploitation renouvelable de la
forêt.
A cela pourrait s’ajouter, dès 2003, une contribution de l’ordre de 70
millions de «tep», de biomasse renouvelable issue de plantations spécialisées, taillis à courte
rotation ou cultures annuelles destinées à la fabrication de carburants . L’importance des
réserves ainsi mises en évidence et la contribution que leur mobilisation pourrait apporter à
la réduction des émissions de gaz carbonique (de l’ordre de 15%) sont des éléments majeurs
à prendre en compte dans une stratégie de développement soutenable.
Cela suppose bien évidemment la mise au point de la dissémination de
techniques efficaces d’utilisation des différentes sortes de biomasse, dont certaines ont déjà
fait leurs preuves. Les chaudières à bois modernes à chargement automatique atteignent des
rendements de 75%, et leurs fumées sont épurées; les expériences d’utilisation des déchets

21
de canne à sucre, la bagasse pour produire de l’électricité dans des unités d’une
cinquantaine de mégawatts comme dans l’île de La Réunion sont compétitives.
Avec les technologies déjà en place, plus de 20% de l’électricité au
Brésil ou en Thaïlande, 10% de celle de l’Inde de l’Indonésie et des Philippines, 2% de celle
de la Chine auraient ainsi pu être produits de façon compétitive avec bagasse inutilisée dans
ces pays en 1992.
A plus long terme, de nouvelles technologies de transformation
devraient permettre une meilleure utilisation de la biomasse et permettre d’élargir le champ
de ses usages. Les premières expériences associant turbines à gaz à très haut rendement et
gazogènes à bois se sont déroulées en 1991. La mise au point d’une telle filière a permis de
doubler dans quelques années les rendements atteints. Nous imaginons l’impact futur de
cette innovation, en particulier pour les pays producteurs de canne à sucre.
La transformation directe par voie biologique de la cellulose du bois an
alcools utilisables comme carburant ouvre les perspectives les plus larges; nous disposerons
alors, pour les transports, de carburant produit à partir d’une ressource renouvelable
largement répandue, sans concurrence avec l’alimentation humaine et sans contribution à
l’effet de serre. Les premiers résultats obtenus sont apparus encourageants.

En outre, l’engagement financier et technique des pays industrialisés


et surtout leur aide aux PVD constituent les éléments nécessaires pour la sauvegarde de
l’environnement.
En effet, jusqu’au début des années 80, l’aide au développement était
peu soucieuse de l’environnement. Dans certains cas, elle était même destructive, en
favorisant des projets industriels ou agricoles néfastes pour les ressources
environnementales. Certains pensent même qu’une bonne partie des programmes
d’ajustement structurel gérés par des institutions multilatérales telles que le Fonds
Monétaire International (FMI), ont eu des effets indirects négatifs pour l’environnement
(par exemple en poussant à un rapide accroissement des exportations - surexploitation des
ressources - ou en entraînant une baisse du revenu disponible - pauvreté accrue et
dégradation de l’environnement -).
Au début des années 80, les institutions d’aide multilatérale et
bilatérale, souvent sous la pression des organisations non gouvernementales, ont commencé
à réaliser que le processus de développement ne pouvait plus se concevoir sans une prise en
compte de l’environnement .

22
L’aide internationale, bilatérale ou multilatérale, prend de plus en plus
en compte la dimension environnementale. Les agences et programmes nationaux incluent
désormais cette dimension dans les programmes d’aide et réalisent même des programmes
spécifiquement environnementaux.
Les institutions multilatérales ont également modifié leur approche
dans ce sens . Par exemple, la Banque Mondiale a crée une branche d’activités spécifiques
dans le domaine de l’environnement et procède à une évaluation systématique des
implications environnementales des projets qu’elle finance. Nous pouvons citer de
nombreuses autres institutions: le PNUE, la Banque Asiatique de Développement, la
Banque Africaine de Développement, la Banque européenne d’investissement, etc. Citons
également l’existence de plans spécifiques comme le plan d’action forestier tropical mis au
point par la PNUE, la FAO et la Banque Mondiale.
D’une façon générale, nous considérons que l’Aide Publique au
Développement (ADP) devrait non seulement continuer d’être restructurée dans le sens
évoqué ici, mais également considérablement augmenter pour prendre en compte la
protection de l’environnement des PVD.
Le programme d’action élaboré à Rio (sous le nom de «Agenda 21»)
estime son coût annuel de mise en œuvre, pour les PVD, sur la période 1993-2000, à 561,5
milliards de dollars; les deux tiers devraient être couverts par les PVD eux-mêmes, de sorte
qu’une aide extérieure de 142 milliards serait nécessaire. En 1989, l’aide publique au
développement se montait à 55 milliards de dollars (0,33% du PIB des pays de l’OCDE); à
Rio, les pays industrialisés ont manifesté la volonté de consacrer au moins 0,7% de leur PIB
à l’ADP; la plupart des pays de l’OCDE étant loin du compte, il est peu probable que cet
objectif soit atteint avant longtemps.
De plus, une autre approche novatrice, les échanges «dettes - nature»
se sont développés depuis quelques années. Il s’agit d’une variante de procédures de
conversion de la dette des PVD selon laquelle un PVD s’engage, en contrepartie de
l’annulation d’une partie de sa dette envers un pays, à créer des fonds en monnaie nationale
qui serviront au financement de programmes de protection de la nature.
La procédure fait entrer en ligne plusieurs partenaires dont une
organisation non gouvernementale qui rachète une dette à une valeur réduite. Quoique
ingénieuse et présentant beaucoup d’avantages, cette pratique garde jusqu'à présent une
portée limitée. En 1991, on recensait 19 cas, pour un rachat de 100 millions de dollars de
dette, convertis en actions de protection de la nature pour une valeur de 60 millions de

23
dollars (la dette totale des PVD s’élevait à 1388 milliards de dollars en 1989, soit environ
50% du PIB des pays en développement).
Certains pays ont su en profiter plus que d’autres: ainsi, le Costa Rica a
converti 72 millions de dollars de sa dette étrangère en 36 millions de dollars d’obligations
libellées en monnaie locale pour la création de parcs nationaux, la reforestation et des
programmes d’éducation environnementale. Cette reconversion représente 5% de la dette
totale du Costa Rica. Les pays d’Europe centrale et de l’est manifestent également un
intérêt: la Pologne a proposé un programme de reconversion de sa dette en opérations de
protection de l’environnement, dans le cadre de la réduction de la dette du «Club de Paris».
De point de vue financier, les pays industrialisés ont leur partition à
jouer dans la lutte contre la pollution de l’environnement. Lors du sommet de Rio, les pays
riches s’étaient engagés à financer les actions en faveur de la préservation de
l’environnement à hauteur de 0,7%de leur produit intérieur brut (PIB), mais cette résolution
a rencontré d’énormes difficultés dans son application, notamment en ce qui concerne son
volet contrôle. Il va falloir que ces pays maintiennent fermement cette initiative tout en
mettant l’accent sur des commissions de contrôle de cette aide.
De même, ils doivent continuer d’investir davantage dans la recherche
scientifique pour minimiser les effets néfastes de la pollution, surtout industrielle et de
vulgariser les nouvelles technologies propres.
Dans le domaine technique, la responsabilité des pays industrialisés ne
doit pas se limiter seulement au transfert de la technologie, mais aussi à la mobilisation des
experts pour leur contribution à la sauvegarde du patrimoine écologique humanitaire. Nous
pouvons affirmer donc que l’envoi des spécialistes en écologie dans les régions les plus
touchées s’avère une nécessité incontournable.

* * *
* *

En définitive, la conférence de La Haye a connu un échec cuisant dans


la mesure où elle n’a pas permis la mise en œuvre du protocole de Kyoto, à cause des
divergences sur le fonctionnement du futur marché de carbone et sur l’interprétation des
mécanismes de flexibilité. Cependant, cet échec ne consacre en aucun cas, l’abandon
définitif d’une certaine idée de protection réaliste de la planète et de développement durable,
car d’une part, la prise de conscience individuelle et collective soutenue par une large
médiatisation, et d’autre part, l’utilisation progressive des énergies renouvelables ainsi que

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la nouvelle conception de l’aide au développement basée sur la protection de
l’environnement, sont à même d’oeuvrer pour la préservation de la planète.
Toutefois, et malgré les mesures prises, les changements climatiques
dus à l’effet de serre demeurent à l’origine de beaucoup de catastrophes, dont la raréfaction
de l’eau préoccupe de plus en plus l’humanité. Ainsi cette matière précieuse menace de
devenir un enjeu stratégique du siècle en cours.

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BIBLIOGRAPHIE

- MAPRESS N° : 202 - 209


- LE TEMPS DU MAROC N° : 267
- PROBLEMES ECONOMIQUES N° : 328
- LES ECHOS du 15novembre 2000
- LE MONDE du 13 novembre 2000 et du 28
novembre 2000
- LE MONDE N°2 (décembre 2000)

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