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U n jour, Djeha-Hodja Nasreddin décida de voyager pour parfaire son savoir.

Quand un jeune homme lui demanda

quels gens il allait chercher à rencontrer, il dit, se rappelant quelques sages paroles entendues au marché :
- Celui qui ne sait pas et ne sait pas qu'il ne sait pas, il est stupide. Il faut l'éviter.
« Celui qui ne sait pas et sait qu'il ne sait pas, c'est un enfant. Il faut lui apprendre.
« Celui qui sait et ne sait pas qu'il sait, il est endormi. Il faut le réveiller.
« Celui qui sait et sait qu'il sait, c'est un sage. Il faut le suivre.
Djeha-Hodja Nasreddin marqua une pause puis continua :
- Mais, vous savez combien il est difficile, mon fils, d'être certain que celui qui sait et sait qu'il sait, sait vraiment.

L e Mullah Nasrudin, assis sur un banc du village, se tenait à l'ombre d'un palmier, à côté de son âne.

Un client arriva dans une boutique et aussitôt, une violente dispute s'engagea entre ce dernier, le marchand et sa femme
venue en renfort. Tous s'agitaient, criaient fort, en faisant de grands gestes, des moues agressives et en se désignant tout à
tour du doigt.
Bientôt, un attroupement se forma auquel se mêlèrent le cadi et l'imam, bientôt agités, eux aussi, par de grands
mouvements de colère.
Nasrudin tira sur la bride de son âne afin de lui dire :
- Vous les ânes, vous avez de la chance. Vous ne vous agitez pas ostensiblement pour vous prouver que vous existez !

N asrudin, qui avait décidé de déménager de vieilles affaires lourdes et encombrantes dans son grenier, se leva de bon

matin pour transporter les balles. Tirant sur les cordes des lourds paquets, il grimpait une à une, avec peine, les marches de
l'escalier qui menait à la mansarde.
Alors qu'il avait pratiquement fini son dur labeur et qu'il avait la barbe trempée de sueur, un derviche, qui venait à passer par
là, l'interpella :
- Nasrudin, pourquoi ne pas donner ou jeter ces vieilleries ?
- Que dis-tu, derviche ? Il y a tout mon passé dans ces balles !
- Ton passé a l'air bien lourd, dit le derviche en souriant avant de s'en aller.
La nuit suivante, Nasrudin ne put dormir tant il ne parvenait pas à être satisfait de sa décision. Le lendemain à l'aube, il
entreprit de redescendre une à une les balles du grenier et de les déballer pour remettre tous les objets à leur ancienne
place.
Puis, la nuit suivante, agité de remords, il entreprit de refaire les balles et de les remonter au grenier, malgré le grand
escalier qui, avec le temps, prenait un air menaçant.
Alors qu'il était en train de remonter les balles, le même derviche revint à passer.
- Que fais-tu encore, Nasrudin ? Je croyais que tu avais déjà rangé les balles dans ton grenier ?
- Je l'ai fait, mais j'ai eu des doutes. Alors j'ai tout redescendu et déballé et cela ne m'a pas plu, donc j'ai tout remballé et je
remonte tout.
Le derviche rit.
- Beaucoup de gens font comme toi, Nasrudin.
- Je ne sais pas si ce que tu dis est vrai. Mais en tous cas, j'ai pu constater qu'il était nettement plus facile de descendre un
escalier chargé d'une balle que de le monter chargé d'une balle !
N asrudin arrive sur la place du marché et crie :

- Louange à Dieu ! Louange à Dieu ! Mon âne s'est perdu. Louange à Dieu !
Un passant s'approche et lui fait remarquer :
- Tu devrais te plaindre plutôt !
Nasrudin lui rétorque :
- Louange à Dieu ! Si j'étais resté dessus, moi-aussi je serais perdu.

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