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1. « Show and tell » (littéralement : montrer et raconter) : exercice qui consiste, dès
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C’est sans doute de mon enfance, de mon goût pour les mots et de
mon manque d’imagination pour choisir mes études après le lycée
que vient ma vocation d’interprète de conférence et de traducteur.
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2. Mot-valise : mot formé à partir du début d’un mot et de la fin d’un autre.
Exemples : « franglais », formé à partir de « français » et « anglais », « brunch »,
construit à partir de « breakfast » et « lunch », ou « Brangelina », qui désigne le
couple formé de Brad Pitt et Angelina Jolie.
Le terme « mot-valise » est une traduction de l’anglais « portmanteau word » inven-
té par Lewis Carroll. En anglais, « portmanteau » désigne une sorte de valise à deux
compartiments reliés par une charnière. En français, le terme « mot portemanteau »
est considéré comme un anglicisme.
3. Eyrolles, 2004.
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« Mais tous ces films américains qui ont gagné des prix, la palme
d’or…
– Doublés en anglais, eh oui. Mais si vous comprenez pas l’an-
glais, vous pouvez toujours regarder la version française, sans sous-
titres.
– Pas de version originale, alors ?
– Jamais pour les films américains. Pour les films allemands ou
japonais, si, bien sûr, parce que ce sont de vraies langues, comme le
français. Mais j’en ai pas beaucoup.
– Mais, mais, mais… est-ce qu’on peut avoir une version améri-
caine avec des sous-titres anglais ?
– Ah non, tiens c’est vrai ça, je sais pas pourquoi… y’a peut-être
pas assez de pistes.
– Ou peut-être que c’est parce que ça n’intéresse personne, le pa-
tois américain. Ca ne sert qu’à eux.
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Mon confrère et moi prîmes place au premier rang, au cas où. Il s’en-
suivit un exposé d’anthologie qui dura près d’une heure.Au bout de trente
minutes, alors que nous avions déjà eu droit au catalogue complet de gal-
licismes, de faux amis, de non-sens, de barbarismes et à des termes et
des constructions de phrases plus ahurissants les uns que les autres, mon
confrère se pencha vers moi et chuchota : « J’ai les oreilles en sang, j’en
peux plus, je vais prendre l’air. Garde le fort. » Il m’avait devancé. J’étais
prisonnier dans une salle de torture linguistique. J’essayais de me concen-
trer pour ne pas écouter, mais j’entendis tout de même des horreurs :
Puis, enfin :
« Saint Quiou7, if iou ave somme questions, aïe canne ansoueur
zem ouiz maille collaborators. »
7. Peu de gens le savent, mais Saint Quiou est le Saint Patron des Français qui
parlent anglais comme une vache espagnole (déformation de « comme un Basque
l’espagnol »).
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(Merci Monsieur. C’est à peu près tout ce que je sais dire en fran-
çais, je suis désolé. La qualité de vos produits et l’efficacité de votre
outil de production sont remarquables, mais il y a un élément que je
n’ai pas tout à fait saisi. Vous semblez évoquer une assurance par-
ticulière qui couvre vos problèmes de transport. Je sais que le sec-
teur des transports et fortement syndiqué en France, j’en veux pour
preuve le ministre des transports communiste que vous avez eu au
début des années 80, mais pourriez-vous nous donner des détails sur
les coûts de transport et les risques auxquels vous êtes confronté ?)
« Alors ? s’impatienta-t-il.
– Monsieur demande des détails sur la police d’assurance qui
couvre vos retards de livraison.
– J’ai jamais dit ça ! me dit-il sur un ton accusateur, comme si j’y
étais pour quelque chose.
– Vous ne l’avez pas dit clairement, mais c’est ce que ce monsieur
anglophone a compris. »
Dans mon regard, il comprit sans doute ce que je pensais de son
CDD et de son repas amélioré.
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Des faux amis (ou faux-amis, avec un trait d’union) sont des mots
appartenant à deux langues différentes, qui ont entre eux une grande
similitude de forme mais dont les significations sont différentes.
Les faux amis abondent entre le français et l’anglais. S’ils ne sont
pas maîtrisés, ils occasionnent des déconvenues parfois spectaculaires.
Certains faux amis sont incontournables dans l’enseignement de
l’anglais (ou, pour paraphraser le célèbre sketch de Jacques Bodoin
« La leçon d’anglais », ils sont évidents même pour ceux qui ont
fait allemand), comme « delay » (retard), « actually » (en fait, en
réalité), « eventually » (à terme, tôt ou tard), « deception » (trom-
perie), « dramatic » (spectaculaire), « sympathetic » (compatissant),
« deputy » (adjoint), « journey » (voyage), « to resume » (reprendre,
recommencer), « résumé » (curriculum vitae), « sensible » (raison-
nable, sensé), etc.
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Je me souviens d’une discussion que j’ai eue avec des avocats cana-
diens sur le sens de « certainement » par rapport à celui de « certain-
ly ». Lors d’une audition de témoin dans un litige commercial, j’avais
traduit la brève réponse « certainly » par « sans aucun doute », ce qui
ne faisait pas l’affaire d’une des parties, d’où la discussion.
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Mais le plus traître des faux amis que j’ai rencontrés était au cœur
d’une négociation entre des pêcheurs réunionnais et des pêcheurs
indiens sur des quotas de thon albacore. Chacun accusait l’autre de
ne pas respecter les règles et ma consœur et moi étions plus que
perplexes quant au sujet du malentendu. Tout rentra dans l’ordre
lorsque l’examen attentif des dessins et la comparaison des noms
latins montrèrent que « albacore » en français et « albacore » en
anglais ne désignent pas la même espèce de thon.
(Ce qui suit est une reproduction fidèle, à la virgule près ; seuls le
nom et l’adresse ont été changés.)
Mérineau Sébastien
Verts Foins
Les Granges sur Loir
Dear sir,
Back in our countrie, since december 20, from a twenty one months pro-
gram in USA, I’m searching for a responsable position as a translater ;
Anyhow I would be talking english, on a phone, as a seller or anything else,
to be able to involve myself into the international talking !
Meeting students (in the USA) coming from New Zealand, Australia, South
Africa, United Kingdom, brouth from each of them so many differentes
ways and accent of the english language ;
I’ll tell you the true ! right now back in france, working in agriculture I’ll
give the right of way to the English, even for a part time job _ I have to take
the TOEFL test on april 22 ;
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PERSONNAL DATA
Responsable, openmindness, date of birth june 12 19 …
EMPLOYEMENT OBJECTIVE
A position that allows me to use my English knowledge training
and will involve me as a translater
EDUCATION
Exchange student in the USA on a 21 months program. Relevant
courses work : Principles of agronomy, aire pollution, communica-
tion in Agrobusiness
EMPLOYEMENT EXPERIENCE
Agricultural training periode
Responsable of sheeping and UPS at the packing fruits company
Nine months extention: worked on five differents business, Green
house, harvester and fruits packer. All of those job were contract.
FUTHER INFORMATION
References, more explications are aivailable upon request.
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Par ailleurs, force est de constater que les Japonais issus de géné-
rations récentes s’expriment en général mieux en anglais que leurs
aînés. Cela tient sans doute au fait que l’enseignement de l’anglais
au Japon est passé d’une pédagogie reposant surtout sur l’écrit à un
apprentissage faisant la part belle à l’oral. De plus, la langue des Amé-
ricains et des Anglais n’est plus vue comme celle des ennemis d’une
guerre que les jeunes considèrent comme lointaine, mais comme celle
du commerce extra-insulaire et de l’ouverture sur l’Occident.
Mais il n’y a pas que les étoiles (filantes) de la chanson qui se donnent
un nom (qu’ils croient) anglais ou qui utilisent cette langue pour faire bien.
Pour ne prendre que deux exemples, bien des années plus tard,
à l’automne 2008, le Conseil général de l’Aisne n’a rien trouvé de
10. Voir « La guerre que l’on croit n’aura pas lieu » et « La grammaire anglaise est
une chanson douce ».
11. Voir « L’anglais du soleil levant ».
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– http : //www.comite-contre-protocole-londres.eu/
– http : //www.lapetition.be/en-ligne/contre-le-protocole-de-londres-217.
[html
– http : //www.republique-des-lettres.fr/10003-protocole-de-londres.php
– http : //www.canalacademie.com/Brevets-les-arguments-contre-le.html
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Mais avant cette fière justification, c’est sa toute première phrase qui
donna la mesure de ce qui allait suivre. Cette phrase est d’ailleurs si sou-
vent prononcée qu’elle est emblématique, tant elle ne laisse jamais rien
présager d’autre que des propos consternants et/ou désopilants :
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Pour écrire ces lignes, j’ai voulu me référer à une définition unique
et précise du mot « langue ». Mais il y a autant de définitions de ce
mot qu’il existe de dictionnaires. Au hasard de la lecture de quelques-
unes d’entre elles, je me suis posé la question de savoir comment pro-
céderait un adolescent qui souhaiterait avoir une définition de ce mot.
(Excusez-moi, on me souffle dans mon oreillette qu’aucun adolescent
ne s’intéresse à cela.) Peu importe, poursuivons, même s’il s’agit
d’une hypothèse irréaliste : ayant peut-être un ordinateur plutôt qu’un
dictionnaire sous la main, cet adolescent virtuel entrerait vraisembla-
blement « langue définition » et laisserait le moteur de recherche trou-
ver. C’est ce que j’ai fait. J’ai sélectionné « L’internaute – Encyclopé-
die – Dictionnaire de la langue française ». Mauvaise pioche :
Langue, nom féminin.
Sens 1 : Organe charnu et mobile qui se situe dans la bouche
[Anatomie]. Anglais tongue
Sens 2 : Ensemble de signes oraux et écrit qui permettent à un
groupe donné de communiquer [Linguistique]. Ex La langue an-
glaise. Synonyme langage Anglais language
Sens 3 : Manière de s’exprimer propre à un groupe [Linguistique].
Synonyme jargon Anglais language
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Langue :
Ensemble de signes oraux et éventuellement écrits qui permet à
l’individu d’un groupe social (communauté linguistique) de com-
muniquer avec les autres individus de ce groupe.
Si elle est maîtrisée, la langue permet à l’individu de dire ou
d’écrire ce qu’il pense, de penser ce qu’il dit ou écrit et de com-
prendre les autres.
La langue constitue le support principal de l’élaboration et de
l’expression de la pensée individuelle et collective (culture).
Bien que l’objet soit anodin, le terme qui le désigne est intéressant
à bien des égards :
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18. Ce terme mérite une dissection, lui aussi. Un pull-over est un tricot (en laine,
donc, et non en coton) que l’on met en l’enfilant par la tête, de l’anglais « pull »
(tirer) et « over » (par-dessus).
En français « pull-over », puis « pull » ont remplacé « tricot » qui est, à l’évidence,
suranné, pour ne pas dire ringard.
En anglais, « pull-over » (ou « pullover ») est tombé dans l’oubli, au profit de
« sweater » en américain et de « jumper » en anglais britannique. Quant à l’abrévia-
tion « pull », elle n’est pas du tout employée.
19. Ce mot fut utilisé pour le première fois en français par La Mode Illustrée en
1881. Il s’agit d’un tissu élastique de laine, (mais aussi de fil ou de soie) qui était
préparé sur l’île de Jersey depuis la fin du xvie siècle.
20. Charlélie Couture, « Après la Fête/Blues » dans Quoi Faire ?, 1982.
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Réponse B.
Euh, non, pardon, j’avais la tête ailleurs… C, évidemment.
21. L’ISRIG.
22. « On n’est pas sortis de l’auberge » ne se dit pas « we’re not out of the inn »,
ce qui ferait pourtant un sympathique jeu de mots, mais, par exemple, « we’re not
out of the woods ».
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« La drogue, faut pas toucher, c’est sérieux... Moi j’ai touché, j’ai
perdu le touch, j’avais plus le feeling de la vie... Ma brain était à
l’envers dans ma tête. La drogue, c’est comme quand tu close your
eyes et que tu traverses la rue… »
« Y a des gens qui n’ont pas réussi parce qu’ils ne sont pas aware,
ils ne sont pas “au courant”. Ils ne sont pas à l’attention de savoir
qu’ils existent. Les pauvres, ils savent pas. Il faut réveiller les gens.
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Dans la liste (non exhaustive, loin s’en faut) ci-dessous, les mots
et expressions de la colonne de gauche sont assez souvent utilisés
par les médias. Dans la colonne de droite se trouvent ceux qu’em-
ploierait vraisemblablement un journaliste ne connaissant rien de
l’anglais et dont le français, de ce fait, ne risquerait pas de se laisser
contaminer.
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légal juridique
marcher défiler
prescription ordonnance
régulation règlement, réglementation
Secrétaire (américain) ministre
Secrétaire d’État (américain) ministre des Affaires étrangères
sentence peine
significatif important, grand
sous contrôle maîtrisé
spécifications cahier des charges
supporter (dans un contexte non sportif) sympathisant
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S’ils font bien, sans doute parce qu’ils ont dans l’esprit du journa-
liste qui les utilise une consonance plus « moderne », certains de ces
mots ne présentent aucun intérêt par rapport aux mots de la colonne
de droite car ils n’enrichissent pas le sens du propos, ne sont pas
plus clairs ou moins ambigus (bien au contraire) et ils ne sont pas
toujours plus brefs. Cette cohabitation est stérile, voire délétère.
Le skate :
Un skate se compose d’une board, ou deck, recouverte d’une couche
de grip et comportant le tail et le nose, et de deux trucks sur les axes
desquels sont attachées les roues (tiens, on aurait pu s’attendre à autre
chose). On bricole sa board avec des tools, dont le singulier est tools28.
On la porte dans un skatebag, ou bag, où on peut aussi mettre les shoes.
Les praticants :
Ils s’appellent des riders ou skaters ; ils sont soit regular [régular]
(qui poppent avec le pied droit), soit goofy [goût-fi] (qui poppent avec
le pied gauche). Quand on exécute un tricks29 avec l’autre pied, on fait
précéder son appellation du préfixe switch. Un groupe de skaters qui
rivalise avec un autre s’appelle une team. Le très jeune skater à qui je
28. À ranger dans la même famille des noms au singulier improbable tels que : un
pin’s (dont on comprend aisément pourquoi le masculin et la prononciation mar-
quée du [s] s’imposent) ou, pour changer un peu de langue, un panini.
29. Voir note précédente.
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Les tricks :
Kickflip, flip front, flip back, varial flip, hard flip, pop-shove it
[pop-chaud-vite], heelflip, inward-heelflip, varial heel, nose grab,
tail grab, non comply (où on pose un pied à terre pendant le tricks),
big spin...
Sur les rails [rél], les curbs et les ledges, on exécute des grinds
(sur les trucks) et des slides (sur la board).
Pour faciliter les slides, on peut waxer la board (ça glisse mieux).
Les grinds: fifty-fifty, five-o, nose grind, crooked, overcrooked,
feeble, hurricane.
Les slides: board slide, nose slide, tail slide, blunt slide, nose
blunt slide, lip slide.
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40. « Mumbai language rethink causes upset. », Financial Times, 4 août 2008.
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41. Short Message Service ou Service de Messages Succincts. SMS est devenu
un faux anglicisme, car c’est le mot « text » (substantif ou verbe) qui s’emploie
désormais en anglais, « Envoie-moi un sms » se disant « Text me ». En français, il
semblerait que « sms » l’emporte sur « texto ».
42. Le Seuil, 2007.
43. Pas le miaulement, non. La tentative d’instauration de « tchatche » semble
échouer. Cela est peut-être dû à deux raisons : dans un contexte où l’usage du mot
est l’apanage des jeunes, le mot anglais dispose d’un atout de taille : il fait bien.
Par ailleurs, le mot « tchatche », a une signification antérieure et différente, qui
n’aurait pas été sans problèmes, que ce soit pour le substantif ou pour le verbe.
L’importation du mot anglais « chat » [tchatte] (bavarder, bavardage) provoque,
quant à elle, également une certaine confusion due à l’homographie de ce mot par
rapport au félin domestique. Les noms qui ont la même orthographe mais non la
même signification sont nombreux en anglais et plus rares en français. Du moins
jusqu’à présent… Les poules du couvent couvent des œufs de plus en plus anglais.
44. Oxford, 2008.
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Il existe certes des auteurs français qui proposent une étude cri-
tique enjouée et peu alarmiste de cette nouvelle forme d’expression ;
de même, certains auteurs anglais ou américains traitent de la pau-
vreté de la langue utilisée dans ces échanges d’un type nouveau.
Mais ils sont rares.
Ainsi, nous venons de voir qu’il est impossible que les anglo-
phones et les francophones aient des points de vue identiques sur
les éventuelles menaces ou les facteurs d’évolution que connaissent
leurs langues respectives.
45. À condition que les téléphones portables puissent produire un glas :-)
46. Cette explication est la réponse à une question que m’a posée ma mère.
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L’APFA agit en direction des médias (son site sur internet est hé-
bergé dans celui de l’Union internationale de la presse francophone
et il met à votre disposition toute la terminologie officielle ainsi que
de nombreuses propositions de termes faites sous la seule responsa-
bilité de l’association), auprès du public (par la diffusion de lexiques
de poche) et auprès des étudiants et des lycéens pour les sensibiliser
aux problèmes et les inciter à de bonnes habitudes de langage : la
Coupe francophone des affaires (Coupe du français des affaires dans
les pays non francophones) constitue le point fort de cette action.
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– Controversés.
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52. Heinrich von KLEIST, De l’élaboration progressive des pensées dans le dis-
cours, traduit de l’allemand par Jean-Claude Schneider, Séquences, 1993.
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La langue que nous parlons devient comme l’air que nous res-
pirons : nous oublions souvent sa présence pourtant essentielle et
nous ne connaissons pas vraiment sa constitution exacte ; de plus, sa
qualité peut baisser au fil du temps si nous n’y prenons pas garde.
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55. En anglais, une expression équivalente à « noyer le poisson » est « if you can’t
convince them, confuse them ».
56. À condition, bien sûr, que l’on s’intéresse à des sujets d’ordre sociolinguistique
ou à la pragmatique, l’étude de l’usage du langage (par opposition à l’étude du sys-
tème linguistique, qui concerne à proprement parler la linguistique).
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Ce cas de figure, dont on espère qu’il est rare, concentre les quatre
facteurs évoqués dans le chapitre précédent. En effet, les dirigeants de
cette entreprise exploitent le subterfuge linguistique pour ne pas trop en
dire, noyer le poisson, s’entraîner à parler anglais, et exercer leur autorité.
Enfin, bien que cela ne nous regarde pas, il est vraisemblable qu’ils
s’abstiennent de ce genre de comportement dans leur vie privée.
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La Faute à Ferry
« Pourquoi ne crée-t-on pas, pourquoi manque-t-on d’imagina-
tion, pourquoi renonce-t-on ? », demande le poète Jean Le Boël dans
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57. Extrait de Le Sourire innombrable des mots, Jean LE BOËL, Éditions Henry, 2006.
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58. Si vous avez compris l’astuce, écrivez-nous. Par tirage au sort, vous pourrez ga-
gner un week-end pour deux chez Gérard Larcher. Sur présentation de ce livre, il vous
débouchera une de ses bonnes bouteilles et vous racontera des blagues berrichonnes,
alsaciennes, bretonnes ou basques.
59. Voir « La carpette et le boulet ».
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L’un des livres les plus touchants, convaincants et simples qui explique
que le goût des belles lettres est le résultat d’un cheminement, d’une expé-
rience progressive est le célèbre Comme un roman de Daniel Pennac. La
toute première phrase en est « Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. »
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61. Son nom est Edgar Allan Poe. « Allan » est le nom de la famille qui l’a accueilli
à la mort de ses parents, survenue très tôt dans son enfance. Ce nom, effacé en fran-
çais, est pourtant important pour mieux comprendre la complexité du personnage.
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Dans un débat, il est évident que les arguments qui sont le mieux ex-
primés (ou, en globish, le moins mal) ont plus de chances de prévaloir.
Il est d’ailleurs à espérer que les Français qui acceptent de débattre
en anglais avec de véritables anglophones en sont conscients. Pour
se faire un peu peur, il suffit d’imaginer le déséquilibre des pouvoirs
qu’engendrerait l’utilisation d’une seule langue, pas forcément l’an-
glais, aux Nations Unies67. De même, toujours de façon facétieuse,
on pourrait imaginer le supplément de pouvoir que détiendraient les
Français si la seule langue parlée à l’OTAN68 était le français.
67. Les six langues officielles des Nations Unies sont l’anglais, l’arabe, le chinois,
l’espagnol, le français et le russe. Les Nations Unies ont des équipes d’interprètes
permanents et font également appel à des interprètes indépendants habilités.
68. Les deux langues officielles de l’OTAN sont le français et l’anglais. L’OTAN
a des équipes d’interprètes permanents et fait également appel à des interprètes
indépendants habilités.
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69. Avec un accent français ainsi que quelques petites tournures et gallicismes bien
de chez nous, mais quand même !
70. Peut-être pas pour une intervention dans le secteur privé, mais quand même !
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72. www.lesucre.com
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bien qu’il ait été servi un peu trop souvent en conférence à une époque, à tel point qu’un
groupuscule d’interprètes parisiens avait envisagé de former l’association secrète SHIT
(Salmon Haters’ International Taskforce) pour dénoncer ces excès dans des opérations
« coup de poing » qui auraient été savamment orchestrées sans jamais être dénuées d’hu-
mour. Mais avant que cet embryon d’association ait pu s’organiser, le saumon passa de
mode et, tout comme Capri, l’époque du saumon systématique est révolue.
74. Voir « L’anglais du soleil levant ».
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Dans quelle langue cette analyse du sens se fait-elle ? Les avis sont
partagés. Certains diront la langue-source, d’autres la langue-cible,
d’autres encore diront les deux à la fois. Enfin, certains diront que
le langage de la pensée, ou mentalais, est propre à chaque individu
et qu’il n’est pas forcément lié à la langue elle-même, telle qu’elle
est partagée par une communauté de locuteurs. Les interprètes qui
font de l’interprétation consécutive ont en effet un système de prise
de notes (symboles évocateurs et notions-clés) qui leur est propre,
l’évocation conceptuelle et les modalités d’exploitation de la mé-
moire étant par définition personnelles.
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79. http://www.uni-mainz.de/studium/600.php
80. Le plus grand dictionnaire actuel de la langue française sur CD-ROM, soit l’in-
tégralité du Grand Robert de la langue française en 6 volumes, compte 100 000
mots, 325 000 citations et 25 000 expressions, locutions et proverbes.
81. La deuxième édition de l’Oxford English Dictionary, qui est déjà ancienne
(1989), pèse 62,6 kilos, compte 20 volumes, entre 300 000 et 500 000 entrées selon
la façon dont on les compte, 139 900 prononciations et 2 436 600 citations.
Le dictionnaire américain Merriam-Webster propose quant à lui plus de 476 000 mots.
Ces deux ouvrages sont eux aussi disponibles en CD-ROM.
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82. L’entrée la plus longue (60 000 mots) de l’Oxford English Dictionary est le mot
« set », pour lequel il est donné environ 430 sens différents.
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RIVAROL
Discours sur l’Universalité de la langue française (1784)
Rivarol passe successivement en revue les langues européennes
pour les renvoyer à la même insuffisance : l’allemand lui paraît « gut-
tural et encombré de dialectes »; pour l’espagnol, dont la majesté « in-
vite à l’enflure », « la simplicité de la pensée se perd dans la longueur
des mots » ; l’italien « se traîne avec trop de lenteur » et la langue
anglaise « se sent trop de l’isolement du peuple et de l’écrivain ».
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En effet, afficher des sous-titres qui rappellent que les images sont
d’origine étrangère permettrait d’éviter la confusion qui envahit cer-
tains esprits « disponibles ». Cela est illustré dans le sketch « Ram-
bo », dans lequel Albert Dupontel dépeint un personnage fruste qui
raconte le film sans trop savoir prendre du recul : « Avec la musique
et tout ah putain j’étais émouvé. Il récupère ses potes, il les fout dans
un hélicoptère russe, il a même pas le permis, il s’en fout Stallone !
Il les ramène chez nous… à Washington ». Le sous-titrage pourrait
constituer, pour le service public de la télévision, un outil permettant
de contribuer à débanaliser la violence que l’on trouve en abondance,
notamment dans certains films ou séries américains. Donner à voir
de façon répétée à la télévision ou au cinéma des personnages qu’on
entendrait parler américain, et non français, lorsqu’ils brandissent
une arme à feu serait un progrès car cela contribuerait peut-être à
brider l’excès de fascination pour certaines valeurs américaines et à
faire comprendre que le port d’armes, mais aussi la religion, ne sont
pas des éléments constitutifs de la société française.
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85. Läkartidningen, revue spécialisée destinée aux médecins suédois, n° 26-27, 2002.
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Pour
Jacqueline Quéniart
Professeur agrégée d’anglais, membre de la commission Thélot
“C’est une compétence indispensable à tout citoyen.”
La commission Thélot (qui a chapeauté le “Grand débat national
sur l’avenir de l’école”) a considéré que tous les élèves devaient ap-
prendre, dès le CE2, “l’anglais de communication internationale”
et que celui-ci devait faire partie du “socle commun de connais-
sances”. Au sein de la commission, ce sont surtout les industriels,
les universitaires, les parents et les hommes politiques qui ont dé-
fendu l’idée que l’anglais était devenu une compétence indispen-
sable. Par le rôle qu’il joue en économie, dans les sciences, la tech-
nologie, la culture et les médias, il occupe une place à part parmi
les langues étrangères. En France, 96 % des enfants le choisissent
pendant leur scolarité.
Rendre son apprentissage obligatoire très tôt aiderait notre pays à re-
trouver son influence sur la scène mondiale, écornée par notre insuffi-
sance en anglais. Une récente évaluation des compétences des élèves de
15 et 16 ans dans sept pays européens le montre: les résultats des Fran-
çais sont nettement inférieurs à ceux des élèves des autres pays (Suède,
Finlande, Norvège, Pays-Bas, Danemark et Espagne), où l’anglais est
obligatoire dès le primaire. Depuis 1996, le niveau a baissé. Notre fa-
çon d’enseigner est en cause, trop axée sur la grammaire et l’écrit. Les
élèves s’expriment peu, de peur de se tromper, surtout devant 30 élèves.
[…]
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Contre
Claude Hagège
Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de théorie
linguistique
“Il faut promouvoir l’apprentissage de deux langues.”
La proposition du gouvernement de rendre obligatoire l’apprentis-
sage d’une langue vivante dès le primaire, pas forcément l’anglais, ne
me satisfait pas. Parce qu’il est certain que les familles se précipiteront,
de toute façon, sur l’anglais. Et il n’y a aucune raison de renforcer la
suprématie anglophone. La vocation de l’école, c’est la transmission
et l’innovation. C’est donc le plurilinguisme, l’apprentissage de deux
langues étrangères, non d’une seule, qu’il faut promouvoir à l’école pri-
maire. Je suis hostile à l’enseignement de l’anglais seul, comme c’est le
cas dans les pays scandinaves, par exemple. Là-bas, cela peut se com-
prendre car la langue du pays n’est pas parlée hors des frontières, alors
que le français a une vocation internationale très ancienne. L’Associa-
tion des pays francophones réunit 50 pays aujourd’hui, ce qui veut dire
qu’il y a des gens dans le monde qui voient dans notre langue un autre
choix. La domination de l’anglais n’est donc pas inéluctable.
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Les objectifs :
En une seule phrase, sans créer une commission chargée de faire
un livre blanc, jaune, bleu ou caca d’oie, sans commanditer de rap-
ports92, quels doivent être les objectifs d’une politique linguistique
ambitieuse ?
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97. Voir « Quand on parle de langues la bouche pleine, on risque de dire des bêtises ».
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98. Claude HAGEGE, L’enfant aux deux langues, Éditions Odile Jacob, 1996.
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hagège (Claude), L’enfant aux deux langues, Éditions Odile Jacob, 1996.
Halte à la mort des langues, Éditions Odile Jacob, 2000
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