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Home > 'Discours d’ouverture: Le changement climatique et ses impacts sanitaires sur la sécurité alimentaire, la
sécurité de l’eau et la nutrition', FAO, Rome
Catherine Geslain-Lanéelle
Note d’intervention
Introduction
Je suis ravie d’être avec vous aujourd’hui ici à Rome et d’ouvrir ce séminaire organisé
conjointement avec nos collègues de la FAO et de l’OMS. Jeudi, nous célébrons la
Journée mondiale de l’alimentation et cette année, le thème de cette journée regroupe
deux composantes de la sécurité alimentaire, à savoir le changement climatique et la
production de bioénergie. Il est donc opportun d’aborder le thème du changement
climatique en rapport avec la sécurité alimentaire, la sécurité de l’eau et la nutrition.
La dimension planétaire du défi posé par le changement climatique met l’accent sur
l’importance de la coopération internationale qui nous permettra d‘être bien préparés
pour faire face aux défis futurs auxquels nous serons confrontés.
La protection des consommateurs est l’objectif ultime de l’EFSA et, en tant que
directrice exécutive, j’ai le privilège de diriger une organisation qui s’engage à garantir
un approvisionnement alimentaire sûr, sain et élaboré de manière durable. En
fournissant aux gestionnaires de risques une expertise scientifique de haute qualité,
nous assurons aux politiques européennes de santé publique en matière d’alimentation
un fondement solide.
Contexte
En résumé – et comme beaucoup d’entre vous doivent le savoir – l’EFSA a été créée
par l’Union européenne en 2002 dans le but de renforcer la protection des
consommateurs et d’augmenter le crédit accordé à l’approvisionnement alimentaire
européen à la fois au sein de son marché intérieur et par rapport à ses partenaires
commerciaux. L’EFSA fournit une expertise scientifique dont la qualité et la
transparence sont cruciales pour que l’ensemble de l’UE soit en mesure de garantir un
approvisionnement alimentaire sûr.
L’un des principes clés qui sous-tend la création de l’EFSA est la séparation
fonctionnelle entre l’évaluation des risques et la gestion des risques. Notre rôle, tel
qu’il est clairement défini, consiste à évaluer les risques au sein de l’UE et, à travers
nos avis scientifiques et d’autres productions scientifiques, nous aidons la Commission
européenne, le Parlement européen et les États membres à prendre des décisions
efficaces, appropriées et opportunes en matière de gestion des risques. Nous sommes
désormais bien armés pour mener à bien cette mission, avec une équipe de 370
personnes basée à Parme et 1 000 experts scientifiques indépendants participant à
nos groupes scientifiques et à nos groupes de travail, lesquels ont produit plus de 1
000 avis et rapports et évalué nombre de demandes, dont 2 200 concernant
uniquement les arômes.
Changement climatique et évaluation des risques
Il est généralement admis que notre climat est en train de changer et que le processus
pourrait s’accélérer au cours du 21ème siècle. Le terme changement climatique ne
signifie pas seulement « réchauffement climatique » ; il est également probable que
les événements climatiques extrêmes se multiplient à l’avenir. Nous pouvons
raisonnablement envisager que ce changement climatique aura un impact non
seulement sur la production agricole mais aussi sur la sécurité de l’approvisionnement
et sur la sûreté des aliments destinés à la consommation humaine et animale. En
conséquence, il se peut que la réduction de l’offre et la baisse de qualité des produits
alimentaires et de l’eau aient un effet préjudiciable sur la nutrition. S’il est probable
que l’ensemble de la chaîne alimentaire soit affectée, on prévoit l’apparition de
problèmes spécifiques en ce qui concerne la santé des plantes, les risques biologiques,
les contaminants alimentaires, la santé animale et l’utilisation des pesticides.
Les cultures pourraient être affectées de façon similaire : des changements pourraient
survenir dans les formes de maladies végétales, les récoltes, les comportements
pathogènes et les comportements des vecteurs, la qualité des sols et les circuits
d’irrigation. En conséquence, il est probable que les pratiques d’utilisation des
pesticides changent, posant ainsi davantage de défis aux évaluateurs des risques.
Il est clair que les organes d’évaluation des risques seront confrontés à de nouveaux
défis et, tout en développant nos stratégies pour répondre à ces défis, il est impératif
que nous continuions à adapter nos méthodologies d’évaluation des risques pour
s’assurer qu’elles soient appropriées. De la même façon, l’EFSA doit être sûre de
s’entourer d’experts dans le domaine de l’impact du changement climatique au sein
de ses groupes scientifiques et de ses groupes de travail– un point important à prendre
en considération lorsque nous procéderons au renouvellement de nos groupes
scientifiques l’an prochain.
Approche intégrée
L’évaluation des risques est un exercice de plus en plus complexe et nous sommes
confrontés à des incertitudes scientifiques plus nombreuses auxquelles il faudra
apporter des réponses. Il se peut que le changement climatique aggrave cette
situation. Par exemple, des changements dans la qualité des sols pourraient influencer
la composition et la variété des cultures disponibles pour l’industrie alimentaire et de
là, avoir des répercussions potentielles sur les technologies de traitement et de
transformation des aliments. De la même façon, les préoccupations relatives à
l’empreinte carbonique générée par le transport des aliments pourraient entraîner une
augmentation de la production et de l’approvisionnement local de produits
alimentaires, se traduisant par des changements dans les ressources alimentaires. Des
événements climatiques extrêmes pourraient accroître la teneur en eau des céréales,
augmentant ainsi la menace de contamination par les mycotoxines. Tous ces facteurs,
et je pourrais en citer beaucoup d’autres, nous obligent à continuer de construire et
de développer cette approche intégrée qui nous permettra d’apporter des réponses
appropriées.
En outre, il est probable que, dans la mesure où le risque associé aux maladies
d’origine alimentaire augmente avec le changement climatique, l’EFSA devra faire des
évaluations qui tiennent compte des risques mais aussi des bénéfices.
Risques émergents
Dans ce but, nous avons créé une unité spécialisée dans les risques émergents au
début de l’année 2008. L’unité renforcera les activités de l’EFSA dans des domaines
tels que le changement climatique, en collaboration avec la Commission européenne,
les États membres, d’autres agences européennes (l’Agence européenne des
médicaments et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) et avec
des organisations internationales telles que la FAO, l’OMS et l’OIE.
Réactivité
Il est de plus en plus évident que le changement climatique pourrait entraîner des
événements climatiques soudains et extrêmes et il est probable que les évaluateurs et
les gestionnaires des risques soient sollicités d’urgence pour faire face aux risques liés
à ces phénomènes. La réactivité est donc cruciale et constitue un élément clé pour
l’EFSA. Nous avons mis en place des procédures accélérées pour répondre aux
problèmes urgents liés à la sécurité alimentaire et nous les avons récemment mises
en pratique lorsqu’ont surgi les problèmes liés à la contamination par la mélamine et
la contamination de l’huile de tournesol.
Conclusion
Dans le Plan stratégique 2009-2013 que nous sommes en train de définir, l’EFSA
identifie et analyse les défis posés par le changement climatique, parmi d’autres
facteurs. Le Plan est actuellement soumis à la consultation du public sur le site internet
de l’EFSA et vos commentaires sont les bienvenus.
Ce Plan aborde la manière dont l’EFSA peut aider les gestionnaires des risques à
protéger la chaîne alimentaire en se servant de son expertise pluridisciplinaire de façon
intégrée.
Je souhaiterais remercier la FAO et l’OMS d’avoir organisé ce séminaire à nos côtés et
je me réjouis de participer à cette discussion qui, j’en suis sûre, se révélera très
intéressante et passionnante.