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2ème Année
Rapport final
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Mohamed HAMMOUMI
Ahmed BOUKOUSS
Travail réalisé par : Ilyass AZIOUI
Mourad AML
Redouan DAAFI
Juin 2006
Plan
Introduction 03
Conclusion 41
Bibliographie 42
2
Introduction
Avec l’évolution des besoins du monde des affaires, en terme de sécurité des transactions
et des actifs, de flexibilité des procédures et de célérité des échanges, le besoin s’est fait
sentir de mettre en œuvre un certain nombre d’instruments juridiques permettant de
gérer des patrimoines investis avec des degrés différents d’engagement personnel
(gérance) et économique (responsabilité du passif), des niveaux de liberté différents en
terme de choix des associés et d’ouverture sur la sphère de la finance (appel publique à
l’épargne), etc.
C’est ainsi que le législateur a progressivement mis en place un arsenal juridique qui
consacre l’entreprise en tant que personne morale dotée de droits et soumises à des
obligations. Cette reconnaissance découle de la nécessité d’organiser les groupements de
moyens intellectuels, humains, techniques et financiers nécessaires pour entreprendre des
actions et des activités de production de biens et de services dans l’objectif du bien être
individuel et collectif.
Les différentes formes juridiques connues aujourd’hui ne sont pas toute nées au même
moment. Elles obéissent à une logique d’évolution en fonction de la progression des
besoins de la communauté des affaires et de la maturité des pratiques et usages.
Aujourd’hui, les modèles de sociétés sont d’une grande variété. Néanmoins, une première
classification peut nous amener à distinguer deux grandes catégories de sociétés, à savoir:
Bien qu’elle exerce une activité de nature civile, les sociétés civiles jouent un rôle
important dans le monde des affaires. Il arrive par exemple que le patrimoine d’une
entreprise soit scindé en deux : une société civile est propriétaire des immeubles et les
loue à une société d’exploitation.
Une société commerciale peut prendre l’une ou l’autre des formes juridiques suivantes :
1 Yves GUYON, Droit des affaires, tome 1, droit commercial général et sociétés, 11ème éd., Paris, édition
Economica, 2001, Coll. « Droit des affaires et de l’entreprise », série « Enseignement », p.33.
2 Idem, p.233.
3
la Société Anonyme (SA) ;
la Société à Responsabilité Limitée (SARL) classique ou d’associé unique;
la Société en Nom Collectif (SNC) ;
la Société en Commandite Simple (SCS) ou par action (SCA);
Dès qu’une société revêt l’une des formes ci-dessus, elle est nécessairement commerciale
et soumise au droit commercial, quelque soit son objet (son activité).
A côté de ces principales formes, les entrepreneurs ont la possibilité de s’associer sous
forme de société en participation ou de Groupement d’Intérêt économique (GIE).
Le choix de l’une ou l’autre de ces formes peut être motivé par des considérations telles :
Ceci étant, la distinction des différentes formes juridiques n’est pas dénuée d’intérêt
pratique et pédagogique. Le choix d’une forme donnée implique en effet des formalités
plus ou moins lourdes concernant la gestion de l’entreprise, un engagement financier plus
ou moins important (selon le capital minimum et le degré de responsabilité du passif
social exigés), des rapports de pouvoir, de solidarité et de confiance vis-à-vis des associés,
différents selon les cas, etc.
Cela se traduit sur le terrain par un engouement plus ou moins important pour certaines
formes juridiques, selon les avantages perçus ou escomptés par les entrepreneurs, les
spécificités du secteur visé et la taille de l’investissement à réaliser.
L’objectif du présent travail est de mettre en relief les éléments communs aux différents
formes sociales, les critères qui les distinguent les unes des autres, les limites de la
classification des sociétés et les préférences des entrepreneurs lors de la création des
entreprises.
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Ainsi seront examinés dans une première partie les éléments de caractérisation des
sociétés commerciales (I), avant d’analyser les limites de la classification et les préférences
des entrepreneurs en matière de formes juridiques (II).
En plus des règles régissant leur durée de vie, les statuts et les formalités à la création (1),
les différentes formes juridiques se ressembles quant aux éléments qui les constituent, à
savoir les associés, les apports et l’esprit sociétaires (2).
1. Considérations générales :
Chaque type de société, irréductible à tout autre, est régi par les règles légales qui lui sont
propres. Ainsi, la société en nom collectif, les sociétés en commandite (simple et par
action) et la Sarl sont régies par la loi n° 5-96 alors que la SA est régie par la loi n° 17-95.
Néanmoins certaines questions de même nature, constantes sous tous les modèles
sociétaires, peuvent recevoir, à l'occasion, des réponses identiques. Ainsi s'observent
quelques règles communes à tout ou partie des sociétés. Le cas s'observe, par exemple,
pour les sociétés commerciales par la forme auxquelles s'appliquent3, dans la mesure où
elles ne sont pas incompatibles avec leurs règles propres, plusieurs dispositions de la loi
n° 17-95 relative aux sociétés anonymes. Elles ont notamment pour objet:
la durée de la société, limitée à 99 ans mais prorogeable «une ou plusieurs fois» (art. 2
et 3)4;
la soumission au droit marocain des sociétés dont le siège social est au Maroc (art. 5);
l'établissement par écrit des statuts et des pactes entre actionnaires (art. 11) ;
les mentions requises des statuts sauf action en régularisation, sous astreinte, dans les
3 ans (art. 12) ;
l'obligation indéfinie et solidaire des personnes qui ont agi au nom d'une société en
formation, sauf reprise par la première assemblée de la société régulièrement
constituée des engagements souscrits pour son compte, auquel cas ceux-ci sont
réputés avoir été pris dès l'origine par la société (art. 27) :
les pièces à déposer au greffe en vue de l'immatriculation de la société (art. 31), les
formalités de cette immatriculation (art.32) à compter de laquelle la société anonyme
(art. 7) et les autres sociétés commerciales par la forme (loi n° 5 - 96. art. 2) acquièrent
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la personnalité morale:
la tenue des procès-verbaux d'assemblées (art. 136 à 138):
les règles régissant les fusions et scissions de sociétés (art. 222 à 229) ;
le régime de la nullité des sociétés ou des actes et délibérations les concernant (art. 337
à 348) ;
la liquidation de la société dissoute (art. 361 à 372), où il apparaît que la dissolution
n'est opposable aux tiers qu'à compter de sa publication au registre du commerce, et
que la personnalité morale de la société dissoute survit, pour les besoins de sa
liquidation, jusqu'à la clôture de celle-ci.
Plus généralement les sociétés, civiles ou commerciales, sont soumises aussi aux
dispositions du D.O.C. dans la mesure où elles ne sont pas contraires à leur régime
particulier. Ces règles, placées sous un chapitre intitulé «de la société contractuelle», ont
pour siège les articles 982 à 1091 du D.O.C. Le nouveau droit spécial des sociétés
commerciales par la forme y déroge beaucoup, mais elles recèlent cependant des
principes généraux susceptibles d'en compléter les lacunes ou d'en éclairer
l'interprétation.
Selon l’article 982 du dahir formant code des obligations et contrats (D.O.C.), la société est
définie comme étant :
« un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou
leur travail ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en
résulter »
Trois conditions sine qua non à la constitution de la société découlent de cette définition, à
savoir :
a. Les apports
On désigne par « apport » tout bien ou toute valeur affectés par un associé à l’entreprise
en vue de constituer son capital (financier, technique et humain). Chaque associé est tenu
de faire un apport pour justifier son droit de participer à la gestion et au bénéfice
éventuellement réalisé par la société.
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l’apport en numéraire ou en espèce : il s’agit de sommes d’argent constituant la
contribution de chaque associé ;
l’apport en nature qui désigne tout apport d’un autre bien (corporel ou incorporel)
différent de l’argent : terrains, locaux, matériel et équipements divers, brevets
d’invention, licences d’exploitation, etc. ;
L’apport en industrie : c’est l’apport d’un travail, d’une activité intellectuelle ou d’un
savoir-faire.
Pour les sociétés constituées sous certaines formes qu’on verra dans les parties suivantes,
les apports en industrie ne sont pas admis en raison de l’obligation de libérer (c’est à dire
verser) intégralement tous les apports dès la constitution de la société.
Le bénéfice réalisé doit impérativement être réparti entre tous les associés. S’il s’agit de
pertes, ils seront supportés solidairement par tous les associés.
Ceci ne veut pas dire que les bénéfices réalisés doivent être nécessairement distribués. Les
associés peuvent décider de convertir tout ou une partie du profit réalisé en réserves pour
accroître la capacité d’autofinancement de l’entreprise.
S’agissant du partage des bénéficies et de la couverture des pertes, ils devront se faire
proportionnellement aux apports effectués par chaque associé. Cette disposition, édictée
par l’article 1033 du D.O.C., est d’ordre public dans le droit marocain. C’est à dire que
toute clause du contrat disposant qu’un associé bénéficie d’un pourcentage de profits ou
couvre une part des pertes supérieurs à la part proportionnelle de ses apports est
considérée nulle et non avenue et entraîne l’annulation du contrat de société lui-même,
conformément à l’article 1034 du D.O.C. Cette nullité s’applique également en cas
d’attribution de la totalité des bénéfices à un seul associé (article 1035 du D.O.C).
Pour ce qui est des pertes, toute clause contractuelle visant à dispenser un associé de la
contribution à la couverture des pertes subies par la société est nulle elle-même sans
toutefois entraîner la nullité du contrat de constitution de la société (article 1035 du
D.O.C.).
Ceci étant, il existe des dérogations d’ordre légal à la règle de la proportionnalité ci-
dessus, dictée par l’article 1034. Dans ce sens, la loi n° 17-95 régissant les sociétés
anonymes admet dans son article 262 que soient créées des actions de priorité jouissant de
certains avantages par rapport aux autres actions.
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c. L'affectio societatis ou l’esprit sociétaire :
Qu’il existe au moins deux associés. Néanmoins, la nouvelle législation régissant les
sociétés de personnes (loi 6/95) admet la constitution d’une société par une seule
personne sous forme de Sarl dite « d’associé unique ».
Que les associés doivent participer activement à la conduite des affaires de la société.
En pratique, cette participation se réduit, notamment pour les grandes sociétés, à un
contrôle global de la gestion de la société exercé par des assemblées d’associés et non
par des participations systématiques à la prise de décision.
Comme il a été souligné dans l’introduction, une société peut être soit civile, soit
commerciale.
Sont qualifiées de commerciales les sociétés ayant pour objet l’exercice habituel d’actes
de commerces. Toutefois, les sociétés constituées sous forme de société en
commandite, de société au nom collectif, de société à responsabilité limitée (Sarl) ou
de société anonyme (SA) sont impérativement réputées commerciales compte non
tenu de l’objet de leur activité.
Les sociétés civiles sont celles qui ne sont pas réputées commerciales de par leur forme
ou leur objet. En principe, on ne classifie pas cette catégorie de sociétés comme c’est le
cas pour les sociétés commerciales et pour cause, la responsabilité de leurs membres
est indéfinie (c’est à dire illimitée).
L’intérêt de distinguer les sociétés civiles de celles commerciales se justifie par les
considérations suivantes :
Les sociétés commerciales sont soumises pour leur constitution à des formalités
auxquelles les sociétés civiles échappent (il s’agit entre autres des procédures de dépôt
des apports en numéraire et de publicité).
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Les sociétés commerciales sont tenues de s’inscrire dans le registre de commerce et de
tenir des livres de commerce5 alors que ces obligations légales ne s’appliquent pas aux
sociétés civiles.
Dans les sociétés commerciales, les associés sont responsables, soit à hauteur de leurs
apports sociaux, soit indéfiniment et solidairement au-delà de ces apports. Or, pour
les sociétés civiles, il n’y a pas, en principe, de solidarité entre les membres dans la
mesure où chacun est tenu des dettes sociales proportionnellement à son apport, sauf
stipulation contraire dans les statuts.
Les sociétés commerciales sont justiciables des procédures de traitement des difficultés
des entreprises commerciales auxquelles échappent les sociétés civiles.
Les sociétés commerciales peuvent être classifiées sous deux facettes différentes, selon
que l’on prend en considération les limites de la responsabilité encourue par les associés
ou l’intérêt accordé à la personne des co-associés.
Les sociétés dites à responsabilité limitée ou définie. C’est le cas des sociétés où les
associés n’engagent, en garantie du règlement des dettes sociales, que leurs apports. Il
s’agit de la Sarl et de la SA.
Les sociétés de personnes. Dans ce type de sociétés, on présume que chaque associé
n’a accepté de s’associer avec les autres qu’en connaissance de leurs personnalités.
Cela veut dire que la personne des co-associés est décisive dans la conclusion du contrat
de constitution de la société et que tout changement les affectant (décès, incapacité, etc.)
5Il s’agit de l’obligation de tenir une comptabilité générale selon le modèle simplifié ou intégral, en fonction
du chiffre d’affaires de l’entreprise, inférieur ou supérieur à 7,5 millions de dirhams.
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est déterminant pour la pérennité de ladite société. C’est le cas de la société en nom
collectif, de la société en commandite simple et, dans une moindre mesure, de la Sarl.
Les sociétés de capitaux où la décision d’adhésion est beaucoup plus motivée par
l’espoir du lucre que par la personne des associés. C’est le cas typique de la société
anonyme.
Si les différentes formes sociales se ressembles sur plusieurs aspects, plusieurs points les
distingue. L’étude de ces derniers permet de comprendre la philosophie qui existe
derrière la création par le législateur de cette panoplie de formes juridiques.
a. Capital et apports :
Un capital minimum peut être exigé (SA, SARL) ou non. Il est divisé en parts sociales
(SARL, SNC, SCS) ou en actions (SA, SCA).
La constitution d’une S.N.C. ne requiert aucun minimum de capital, du moment que les
associés sont responsables solidairement et indéfiniment des dettes sociales, ce qui
constitue une garantie suffisante pour les tiers. Toutefois, elle ne peut pas être constituée
quand même sans capital.
Il en résulte que les parts sociales sont nominatives, que leur cession n’est pas libre et
nécessite l’accord de tous les associés et que toute clause contraire dans les statuts est
réputée non écrite.
Cependant, la cessions des parts sociales peut avoir lieu dans deux cas: la cession entre
vifs et la cession à cause de mort :
Dans le premier cas, la cession de parts sociales à un associé ou à un tiers ne peut avoir
lieu que sur accord unanime de tous les associés.
Dans le second cas, cession par voie de transmission successorale, la loi dispose que,
en principe, le décès d’un associé entraîne la dissolution de la société. Toutefois, les
statuts peuvent prévoir la continuation de la société, soit entre les associés restants,
soit même avec les héritiers de l’associé décédé ou certains d’entre eux, à condition
qu’ils aient la qualité de commerçant requise pour les associés d’une SNC.
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==|Cas de la SARL
Aux termes de l’article 2 de la loi n° 5-96, la Sarl est commerciale à raison de sa forme et
quel que soit son objet. Autrement dit, même en exerçant une activité civile, elle demeure
soumise aux dispositions du droit commercial. Toutefois, les sociétés de banque, de crédit
d’investissement, d’assurances, de capitalisation et d’épargne ne peuvent adopter comme
forme la Sarl.
Selon la loi sus-visée, le capital social d’une SARL doit être de cent mille dirhams au
moins et aucun maximum n’est fixé. Cependant, si pour une raison donnée ce capital
devient inférieur à ce montant, sa réduction devrait être suivie, dans un délai d’un an,
d’une augmentation ayant pour but de le porter à 100.000,00 Dhs, à moins que la Sarl n’ait
été transformée en une société de personnes.
Les parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés et intégralement
libérées.
Ces parts ne peuvent représenter des apports en industrie. Toutefois, lorsque l’objet de la
société porte sur l’exploitation d’un fonds de commerce ou d’une entreprise artisanale
apportés à la société ou crées par elle à partir d’éléments corporels ou incorporels qui lui
sont apportés en nature, l’apporteur en nature peut apporter son industrie lorsque son
activité est liée à la réalisation de l’objet social.
Les apports en nature doivent être évalués, leur évaluation figurera dans les statuts. Elle
est établie sur la base d’un rapport, annexé aux statuts, par un commissaire aux apports
désigné à l’unanimité des futurs associés ou, à défaut, par ordonnance du président du
tribunal statuant en référé à la demande du futur associé le plus diligent et sous sa
responsabilité.
Notons que lorsqu’il n’y a pas de commissaire aux apports ou lorsque la valeur retenue
est différente de celle proposée par le commissaire aux apports, les associés sont
6 M’hamed Motik, Le droit marocain des sociétés commerciales, Edition Al Madaress, 2005.
7 Art.53 de la loi n° 5-96.
11
solidairement responsables pendant cinq ans, à l’égard des tiers, de la valeur attribuée
aux apports en nature, lors de la constitution de la Sarl.
Le capital social d’une SARL est divisé en parts sociales égales, dont le montant nominal
ne peut être inférieur à cent Dhs. Ces parts sociales sont librement cessibles entre les
associés, entre conjoints, parents et alliés jusqu’au deuxième degré inclusivement. Par
contre, elles ne peuvent être cédées à des tiers qu’avec le consentement de la plupart des
associés, représentant au moins les trois quarts (3/4) des parts sociales (art.58 de la loi n°
5-96 ).
Aussi, dans l’hypothèse où les associés refusent d’agréer la cession envisagée, ceux-ci sont
tenus dans les 30 jours:
Soit d’acquérir les parts dont la cession est désirée par le cédant.
Soit de trouver un autre cessionnaire qui ait leur agrément.
Soit d’acheter à la société ses parts et réduire d’autant son capital social. (art.58 de la
loi n° 5-96 ).
Une réforme, entrée en vigueur depuis 2 mars 20068, a ramené le capital social minimum
exigé d’une SARL à son niveau d’avant la réforme de 1996, soit 10.000 dhs. L’objectif est
de stimuler la création des entreprises et la promotion de l’auto-emploi.
Cette réforme a soulevé un débat intéressant. Ceux qui sont pour avancent les arguments
suivants :
12
Enfin, ce capital ne permet pas de basculer l’activité informelle vers le formel
structuré.
Ceux qui sont contre cette mesure affirment que ramener ce capital à 10.000 dhs ne fera
qu’accentuer la sous capitalisation de l’entreprise marocaine10 . En effet, un capital de
10.000 dhs (voire 2.500 dhs) sera vite absorbé entre les frais de constitution et les frais
annexes puisqu’il faut, pour une création d’entreprise, débourser 1.600 dhs de droits de
timbre, sans compter les droits d’enregistrement, d’immatriculation, etc.
Les dispositions régissant la SNC sont applicables à la SCS pour ce qui est du capital.
Pour la société en commandite par action, le capital est divisé en actions, à l’instar de la
SA.
Le capital social est divisé en actions de 100 dhs11 négociables représentatives d’apports
en numéraire ou en nature à l’exclusion de tout apport en industrie. Il doit être égal ou
supérieur à 3 millions de dirhams si la société fait publiquement appel à l’épargne et à
300.000,00 dirhams dans le cas contraire, avec l’obligation d’être entièrement souscrit :
Les apports en numéraire: les fonds issus des souscriptions font l’objet dans les huit
jours qui suivent, d’un dépôt en compte bancaire bloqué avec la liste des souscripteurs
et de leurs apports.
Les apports en nature: ils sont décrits dans les statuts et évalués par un ou plusieurs
commissaires aux apports.
Le capital social peut être augmenté par émission d’actions nouvelles ou par majoration
de la valeur nominale des actions déjà existantes. Cette augmentation est décidée par
l’assemblée générale (AG) extraordinaire qui peut en déléguer la mise en oeuvre au
conseil d’administration ou au directoire et doit avoir lieu dans les 3 ans qui suivent
l’adoption de la décision par l’AG.
Par contre, une réduction du capital social a lieu soit en abaissant la valeur nominale de
chaque action, soit en diminuant le nombre d’actions existantes, soit par annulation
d’actions achetées à cet effet par la société.
La SA émit des titres, appelés valeurs mobilières qui comprennent les actions formant le
capital social, les certificats d’investissement et les obligations, auxquelles sont assimilés
les droits d’attribution ou de souscription détachés des valeurs mobilières. Ces valeurs
mobilières doivent être émises par séries, ce qui exclut les titres de créance négociables
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dont l’émission peut se faire à l’unité. Les actions et les obligations revêtent la forme
nominative ou au porteur.
Dans le premier cas, elles ne sont pas représentées par des vignettes (on dit qu’elles ne
sont pas matérialisées). Elles sont simplement inscrites, au nom de leurs titulaires, sur un
registre des transferts, côté et paraphé par le président du tribunal. La société y porte,
dans l’ordre chronologique, toutes les inscriptions et tous les transferts de ces valeurs. La
cession de ces valeurs entre les parties s’opère par leur simple accord. Elle ne peut
cependant pas être opposable aux tiers que par consignation au registre des transferts.
Dans le second cas, les valeurs mobilières au porteur sont formalisées par des vignettes se
cédant par simple tradition: c’est à dire par la seule remise matérielle des vignettes au
cessionnaire rend la cession opposable aux tiers.
Les actions:
Il faut distinguer les actions de capital de celles de jouissance. Ces dernières sont des
actions de capital dont le montant a été ultérieurement remboursé, généralement par
imputation sur les réserves de la société. A la suite de cette opération dite
d’amortissement du capital, on crée des actions de jouissance qui se substituent aux
précédentes : elles ne donnent pas droit au premier dividende ni à remboursement de
leur nominal après dissolution de la société, mais conservent à leur titulaire toutes les
autres prérogatives d’associé, le droit au boni éventuel de liquidation.
On oppose les actions d'apport à celles de numéraires. Les premières sont délivrées en
contrepartie d'apports en nature, dûment vérifiés par des commissaires ad hoc et
approuvés par l'assemblée des associés. Elles doivent être intégralement libérées dès leur
émission et demeurer en forme nominative durant les deux années qui suivent
l'immatriculation de la société ou l'augmentation de capital12.
Les actions de numéraire correspondent à des apports monétaires réalisés par versement
direct d’espèces ou compensation de créances ou incorporation au capital de liquidités
existantes en forme de primes d'émission, de bénéfices ou de réserves. Leur libération est
exigée, dans la proportion d'un quart au moins de la valeur nominale, lors de la
constitution de la société ou de l'augmentation de capital.
A défaut de paiement par l'actionnaire des sommes restantes à verser sur le montant des
actions par lui souscrites et appelées aux époques déterminées par le CA, la société lui
adresse une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception. Trente
jours au moins après cette mise en demeure restée sans effet, la société peut, sans aune
autorisation de la justice, poursuivre la vente des actions non libérées.
12 France Guiramand et Alain Héraud, Droit des sociétés, des autres groupement et des entreprises en difficulté,
8ème éd., Dunaud, 2001, Coll. DECF, manuels et applications, p. 217.
14
Le régime des actions:
Deux types de prérogatives sont attachés à une action: l’une financières et l’autre
fonctionnelle. Les premières comportent essentiellement un droit aux bénéfices annuels
mis en distribution sous forme de dividendes ainsi qu’une quote-part d'intéressement
sur le boni éventuel de liquidation de la société en cas de dissolution.
Quant aux secondes, elles regroupent tous les droits reconnus aux actionnaires dans le
fonctionnement de la société, en l’occurrence, les droits de participer aux AG et de se faire
communiquer les documents sociaux, les droits de vote, d'électorat et d'éligibilité, le droit
d'agir en justice contre la société elle-même ou ses organes. S’y ajoutent les droit
intrinsèquement liés à leur situation d'associés (droit de conversion des actions au porteur
en actions nominatives et inversement, droit préférentiel de souscription aux émissions
d'actions nouvelles, etc.).
Deux variétés plus récentes destinées à orienter l'épargne vers les entreprises sont
constituées par les actions à dividende prioritaire sans droit de vote et les certificats
d'investissement:
Les actions à dividende prioritaire sans droit de vote: elles sont créées par
augmentation de capital ou par conversion d’actions ordinaires déjà émises. Elles
peuvent être reconverties en actions ordinaires. Leurs titulaires bénéficient de tous les
droits reconnus aux autres actionnaires, à l'exception du droit de participer et de voter
aux AG des actionnaires de la société. Ils peuvent cependant se constituer en une
assemblée spéciale. Cette assemblée peut émettre un avis avant toute décision de l'AG,
portée à la connaissance de celle-ci et consignée à son procès verbal (art 266).
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Cette assemblée spéciale peut désigner un ou, si les statuts le prévoient, plusieurs
mandataires chargés de représenter les actionnaires à dividende prioritaire sans droit de
vote à l'AG des actionnaires et, le cas échéant, d'y exposer leur avis avant tout vote de
cette dernière.
Les certificats d’investissement et les certificats de droit de vote: ils peuvent être
crées à la suite d’un démembrement des actions représentatives d'un quart au plus du
capital social à l'occasion d'une augmentation du capital ou d'un fractionnement
d'actions existantes.
Les certificats d'investissement sont des valeurs mobilières négociables, pouvant être
nominatives, le cas échéant. Ils sont cessibles et confèrent à leur titulaire les seuls droits
pécuniaires attachés aux actions.
Les porteurs de ces certificats peuvent obtenir communication des documents sociaux
mais ne bénéficient pas, sauf dans quelques rares exceptions, d'une expression collective
légalement organisée sous forme d'une assemblée spéciale comme ce fut le cas pour les
détenteurs des obligations13.
Le certificat de droit de vote quant à lui n'est pas une valeur mobilière. Il est
obligatoirement nominatif et inaliénable sauf par succession, donation-partage ou
partage de communauté et ne peut être cédé qu'accompagné d'un certificat
d'investissement ou au porteur, auxquels cas l'action est reconstituée en la personne de
l'acquéreur ( art 286).
Toutefois, cette cessibilité peut être subordonnée à un agrément par une clause des
statuts qui octroient au CA (ou au directoire) ou même à l'AG, la possibilité d'agréer ou
de récuser le cessionnaire proposé. Une telle clause implique que les actions aient la
forme nominative selon la loi ou les statuts.
Les obligations:
L'obligation est une valeur mobilière cessible et ayant la forme nominative. Sa valeur
nominale ne peut être inférieure à 100 Dirhams.
13 Ibid., p. 249-254.
16
Ainsi, la situation juridique de l’obligataire est celle d'un bailleur de fonds, résultant de la
souscription d'obligations émises dans le public pour le placement d'emprunts dits "
obligataires" auxquels les sociétés recourent du fait du coût financier, moins élevé, de
cette méthode par rapport aux autres moyens d'appel au crédit.
La qualité de simple bailleur de fonds ne confère pas à l'obligataire à terme aucune des
prérogatives financières et fonctionnelles de l'actionnaire. Il ne peut prétendre qu'au
remboursement du montant nominal de son avance à l'époque prévue et au service
d'intérêt annuel, stipulé dans les conditions d'émission et dont le paiement n'est pas
conditionné par l'apparition effective des bénéfices.
Cela n’empêche, toutefois, que les titulaires d'obligations jouissent pour la défense de
leurs intérêts du droit de se réunir en assemblées comparables à celle des associés. Ainsi,
et selon l'art 305, les obligataires dépendant d'une même masse (emprunt) peuvent être
réunis à toute époque en AG et, s'il existe plusieurs masses d’obligataires, elles ne
peuvent en aucun cas délibérer au sein d'une assemblée commune.
La responsabilité indéfinie des associés. C’est à dire que ces derniers répondent des
dettes sociales de l’entreprise au-delà de leurs apports dans la société.
Ceci veut dire que malgré le fait que la société soit dotée de la personne morale et donc
d’un patrimoine qui lui est propre et qui constitue, dès son immatriculation au registre de
commerce, le gage des créanciers de l’entreprise, l’étendue et l’impact de cette personne
17
restent assez faibles pour dégager les associés de toute responsabilité en dehors de l’actif
de l’entreprise. C’est pour cela que la personne des associés est très importante dans une
S.N.C.
==|Cas de la SARL
Comme son nom l’indique, la responsabilité des associés se limite à leur apports. Il ne
répondent donc pas du passif social de l’entreprise au-delà de leurs parts sociales.
c. Capital et apports :
==|Cas de la SNC
Conformément à la loi, les commandités de la S.C.S. sont soumis aux mêmes dispositions
que celles régissant les associé de la S.N.C. Les commanditaires ont le statut et la
responsabilité des associés de la SARL.
Pour les besoins de son fonctionnement, la S.C.A. fait appel tantôt aux règles applicables à
la S.C.S. tantôt à celles intéressant la S.A. Dans ce sens, les gérants sont désignés par les
statuts puis par l’assemblée générale (A.G.) des actionnaires avec l’accord de tous les
commandités.
La responsabilité des commanditaires est limitée à l’instar des actionnaires de la SA. Celle
des commanditaires est illimitée à l’image des associés en nom.
==|Cas de la SA
Les associés ne répondent du passif social qu’à la limite de leurs apports et leurs parts
sociales (actions) sont librement cessibles.
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Les personnes qui ont agi au nom d’une société en formation sont tenues solidairement et
indéfiniment des actes accomplis à ce titre, à moins que la première assemblée générale
ordinaire ou extraordinaire ne reprenne, au compte de la société, les engagements nés
desdits actes.
c. Associés
Le nombre minimum des associés exigé, leur qualité, les rapports et l’étendue de la
solidarité entre eux diffère selon le type de société dont il s’agit.
Un minimum de deux associés est requis pour constituer une S.N.C. Cependant, aucun
maximum n’est fixé. Tous les associés ont la qualité de commerçant. Il en découle qu’ils
doivent être habilités à exercer le commerce à titre individuel et que les personnes qui en
sont incapables, à cause d’une incapacité, d’une incompatibilité, d’une déchéance ou
d’une interdiction ne peuvent pas prendre part à une S.N.C.
==|Cas de la SARL
Le nombre d’associés d’une Sarl doit être compris entre 1 et 50. Celles constituées par un
seul associé sont appelées «Sarl d’associé unique». Au delà de 50 associés, la Sarl doit être
transformée en S.A. En plus les associés n’ont pas la qualité de commerçants. Enfin, deux
époux peuvent constituer ensemble une Sarl ou faire partie de la même Sarl.
La SARL n’est pas dissoute en cas de modification du statut personnel des associés. C’est
ainsi que le décès d’un associé, sauf stipulation contraire des statuts, la liquidation
judiciaire, l’interdiction de gérer ou une mesure d’incapacité prononcée à l’égard de l’un
des associés n’empêchent pas la continuation de la société (art 85).
Enfin, la réunion en une seule main de toutes les parts sociales n’entraîne pas la
dissolution de la Sarl. Toutefois, l’associé unique ne peut être une autre Sarl composée
d’une seule personne (art 48).
Pour la SCS :
19
A l’instar des autres sociétés de personnes, la personnalité des associés est importante
qu’il s’agisse des commandités ou des commanditaires. Il en découle que leurs droits
respectifs (parts sociales pour les premiers et actions pour les seconds) ne sont pas
librement cessibles et nécessite pour cela l’accord de tous les associés, sauf indications
contraires dans les statuts et sous réserve de certaines limites posées par la loi.
Pour la SCA :
Pour les besoins de son fonctionnement, la Société en Commandite par Actions fait appel
tantôt aux règles applicables à la S.C.S. tantôt à celles intéressant la S.A. Dans ce sens, les
gérants sont désignés par les statuts puis par l’assemblée générale (A.G.) des actionnaires
avec l’accord de tous les commanditaires.
La responsabilité des commanditaires est limitée à l’instar des actionnaires de la SA. Celle
des commandités est illimitée à l’image des associés en nom.
Les gérants commandités sont révocables pour juste motif en justice ou par l’assemblée
des actionnaires, conformément aux dispositions prévues dans les statuts.
Disposant de pouvoirs très étendus, le gérant peut agir en toutes circonstances au nom de
la société. Il engage celle-ci par ses actes, combien même ils sortent de l’objet social.
Autrement dit, les limitations des pouvoirs du gérant ne jouent que vis-à-vis des
actionnaires et ne sont pas opposables aux tiers. Le gérant a les mêmes obligations qu’un
conseil d’administration de la S.A. Il est soumis au régime de conventions spéciales et des
interdictions d’emprunt et de cautionnement personnels en vigueur dans les S.A.
Enfin, la modification des statuts exige l’accord de tous les commandités, sauf
dispositions statutaires contraires. Par ailleurs, la modification des statuts résultant d’une
augmentation du capital est constatée par les gérants.
==|Cas de la SA
Les associés n’ont pas la qualité de commerçant, leur nombre est de 5 au moins. En cas de
réduction du nombre d’associés à moins de cinq depuis plus d’un an ou de réduction du
capital en dessous du minimum, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de
la société.
Tout associé peut participer au fonctionnement de la société grâce aux AG. Mais, les
statuts peuvent subordonner cette participation à la détention d’un nombre minimum
20
d’actions sans que celui-ci puisse être supérieur à 10. L’AG est présidée par le président
du conseil d’administration ou de surveillance, elle est convoquée selon des règles
strictes, sur un ordre du jour précis et ne délibère, sur première convocation, que si un
certain quorum prévu par les statuts sans qu’il puisse être inférieur au ¼ des actions
ayant le droit de vote. Le vote par procuration est admis.
La désuétude des classifications anciennes est à peu près générale. Faites pour les
catégories peu nombreuses qui existaient à la fin du XIXe siècle, ces distinctions ne
correspondent plus aux besoins de la situation actuelle. Cette inadaptation se manifeste
essentiellement sur les plans juridique et fiscal (a). Par conséquent, de nouvelles bases de
classifications s’imposent progressivement (b). C’est le cas du critère d’appel public à
l’épargne.
Comme il a été exposé dans la première partie, les associés se connaissent et se font
confiance dans les sociétés de personnes, dites aussi sociétés par intérêts. La société est
dominée par l'intuitus personae. Par conséquent les parts ne sont cessibles qu'avec le
14 Le même phénomène se rencontre d'ailleurs d'une manière plus générale en matière des classifications des
personnes morales. A ce titre, la distinction des sociétés et des associations, qui avait constitué longtemps la
summa divisio » est aujourd'hui incertaine et incomplète.
15 M. Coipel, Méthodes horizontale et nouveaux paradigmes en matière de personnes morales de droit privé : Mélanges
21
consentement de tous les autres associés et le décès ou l'incapacité d'un associé met en
principe fin à la société. La considération de la personne est également importante à
l'égard des tiers, puisque les associés sont indéfiniment et parfois solidairement tenus des
dettes de la société. Le type même de la société de personnes est la SNC.
La situation dans les sociétés de capitaux est tout autre. La personne des associés y est
indifférente. Chaque associé fait un apport et n'est tenu que jusqu'à concurrence de celui-
ci c'est-à-dire que son obligation au passif est limitée. Il reçoit une action qu'il peut trans-
mettre sans l'accord des coassociés et en utilisant la technique de la négociation qui est
plus simple et plus efficace que la cession de créance. Cette négociation est surtout aisée
lorsque les titres émis par la société sont au porteur et cotés en Bourse. La mort ou
l'incapacité d'un associé n'entraîne pas la dissolution de la société. Le type le plus net de
la société de capitaux est la société anonyme.
Les sociétés par actions simplifiées, instaurées par la loi 17/95, ont, elles aussi, un
caractère mixte. Elles combinent en effet une limitation de l'obligation des associés au
montant de leurs apports, comme dans les sociétés de capitaux, avec une forte prise en
compte de la personnalité de ceux-ci et une grande liberté statutaire, comme dans les
sociétés dites de personnes. Ce sont donc des sociétés anonymes personnalisées.
En outre les associés peuvent opérer des rapprochements entre les sociétés de personnes
et les sociétés de capitaux. Dans les SNC, l'acte de société peut écarter la dissolution pour
cause de mort ou d'incapacité de l'un des associés. Dans les sociétés par actions les statuts
peuvent stipuler des clauses d'agrément qui subordonnent les cessions d'actions à des
tiers à l'accord des anciens associés. De même, des conventions de blocage extra-statutaire
peuvent conférer à ces sociétés un caractère très fermé.
Au contraire, en droit fiscal, la distinction joue un rôle important. Les sociétés de capitaux
sont les sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés. Il s'agit principalement des sociétés
anonymes et des SARL. Les sociétés de personnes sont les sociétés qui bénéficient du
régime de la transparence fiscale en matière d'impôts directs. Les bénéfices qu'elles
réalisent sont imposés directement et uniquement dans le patrimoine de leurs associés. Il
est regrettable que la terminologie fiscale exerce une sorte de pollution sur la terminologie
22
juridique et conduise trop souvent à continuer d'utiliser une distinction qui n'a plus de
valeur explicative.
Cette distinction figure dans le droit positif à l'état embryonnaire, car elle repose sur des
bases incertaines. Mais elle prend de plus en plus d'importance.
La notion d'appel public à l'épargne a longtemps été controversée. Il n'y a pas appel
public à l'épargne lorsque les titres sont offerts à des destinataires déterminés, unis à la
société émettrice par des relations personnelles à caractère professionnel ou familial. Cette
situation est présumée lorsque le nombre des personnes sollicitées est inférieur à cent (cf.
la loi n° 17/95)
Au contraire, il y a appel public à l'épargne lorsque les titres sont proposés à une foule
anonyme des épargnants, notamment parce que l'émetteur a recours à la publicité
commerciale, au démarchage ou à des banques qui sollicitent leurs clients. L'appel public
suppose une attitude active de la société et non un accroissement automatique du nombre
des actionnaires, par exemple du fait de partages successoraux.
Par exception au cas précédent, il n'y a pas appel public si la publicité s'adresse
uniquement à des investisseurs qualifiés, c'est-à-dire des professionnels de la finance ou
des investisseurs institutionnels qui, à la différence des simples épargnants, n'ont pas
besoin d'une protection particulière. On parle alors de placement privé.
La définition laisse subsister des zones d'ombre. Ainsi l'attribution d'actions aux salariés
semble constituer un appel public à l'épargne dès lors que le seuil de cent est dépassé et
17Depuis on entrée en vigueur il y a moins de 6 ans, la législation des SA par exemple a déjà fait l’objet de
plusieurs révisions et amendements.
23
que les relations de ceux-ci avec les dirigeants n'ont pas un caractère personnel. Cette
solution est regrettable car elle oblige la société émettrice à une paperasserie inutile.
Cette distinction figure dans le droit positif à l'état embryonnaire. Elle repose sur des
bases assez incertaines puisque l'appel public à l'épargne suppose à la fois que la société
émette des actions librement négociables et qu'elle offre l'achat de celles-ci à la foule
anonyme des épargnants. Néanmoins cette distinction prend chaque jour plus
d'importance. En effet les sociétés ne sont autorisées à faire publiquement appel à
l'épargne que si elles remplissent certaines conditions.
Ces conditions sont les suivantes : la société doit être une société par actions et avoir un
capital de 3 millions de dhs. La constitution de la société est plus complexe. Elle suppose
notamment la réunion d'une assemblée. Au cours de son fonctionnement, la société est
astreinte à des mesures de publicité plus complètes que les autres sociétés. Notamment
toute émission de valeurs mobilières doit être précédée par l'impression d'une note
d'information remise à toute personne dont la souscription est sollicitée et par la
publication d'une notice dans un bulletin d’annonces légales.
Cette réglementation plus contraignante s'explique par le fait que la société qui fait
publiquement appel public à l'épargne ne met plus en cause des intérêts purement privés.
Son fonctionnement correct relève de l'ordre public économique, entendu au sens large.
Un pas de plus est franchi lorsque l'appel public à l'épargne est complété par l'admission
des titres sur un marché réglementé, afin de faciliter leur négociation. Les sociétés dont les
titres sont cotés sont soumises à des règles spéciales, qui tendent à assurer la transparence
du marché boursier et la sécurité des opérateurs. Ces obligations sont essentiellement les
suivantes :
24
interdiction faite aux dirigeants et aux initiés de spéculer pour leur compte personnel
sur les titres de la société en profitant des informations privilégiées qu'ils pourraient
connaître à l'occasion de leur fonction ;
obligation de donner une publicité aux franchissements de seuils, c'est-à-dire aux
acquisitions et aux cessions d'actions présentant une certaine importance;
obligation de déclencher une offre d'achat portant sur la totalité du capital dès que l'on
vient à détenir plus du tiers des actions ou des droits de vote ;
obligation de procéder périodiquement à la publication du chiffre d'affaires et d'une
situation provisoire du bilan ;
droits accrus reconnus aux associations d'investisseurs.
En contrepartie, ces sociétés ont le droit d'émettre des titres au porteur, alors que les
actions des sociétés non cotées doivent revêtir la forme nominative. Elles peuvent
procéder plus facilement que les autres à des augmentations de capital avec suppression
du droit préférentiel de souscription et décider le rachat forcé des actions détenues par
ceux qui sont en situation très minoritaire. Le droit boursier ouvre ainsi de nouveaux
espaces de liberté, mais fait aussi apparaître de nouvelles contraintes.
Bien que correspondant à une nécessité logique, la distinction des sociétés cotées et des
sociétés non cotées présenterait des inconvénients si elle était trop marquée. En effet elle
serait un obstacle au développement des sociétés non cotées qui éprouveraient des
difficultés pour adapter leurs statuts à des règles profondément différentes au moment où
elles auraient besoin d'élargir le cercle de leur actionnariat. Cette première distinction est
déjà sous-jacente dans notre droit positif. Il en va de même de la seconde.
25
b. Sociétés privées et sociétés appartenant au secteur public
L'État et les autres personnes morales de droit public détiennent des participations dans
de nombreuses sociétés, notamment depuis les extensions du secteur public intervenues
durant les années d’après l’indépendance et jusqu’à la fin de la décennie 70. Malgré cette
participation, ces sociétés demeurent en principe régies par le droit commun des sociétés
commerciales. Toutefois on voit peu à peu apparaître un statut propre aux sociétés rele-
vant du secteur public. Mais le degré d'originalité varie avec l'importance de la fraction
du capital détenue par l'Etat.
Le particularisme le plus grand se rencontre dans les sociétés entièrement détenue par
l’Etat ou des personnes morales de droit public. Le conseil d'administration est composé
de représentants de l'État, de représentants des salariés et de personnes qualifiées. Si l'Etat
est seul actionnaire, il n'y a plus d'assemblée générale : le conseil d'administration,
composé des seuls représentants de l'Etat en tient lieu. Néanmoins la législation com-
merciale demeure applicable à ces sociétés, dans la mesure où elle est compatible avec
leur caractère entièrement public. L'expression est ambiguë et un certain doute entoure le
statut de ces sociétés. La loi 39/89 du 11/04/90 relative à la privatisation a initié le
transfert au secteur privé de la plupart de ces sociétés.
Viennent ensuite les sociétés dans lesquelles l'État détient une participation majoritaire.
Ces sociétés sont soumises au contrôle de la Cour des comptes et les actions détenues par
des personnes morales de droit public ne peuvent être cédées à de simples particuliers
qu'en respectant les conditions prévues par la loi 39/89 du 11/04/90 relative à la
privatisation. Enfin si la participation publique est inférieure à la moitié du capital, la
société est, en principe, assimilée à une société commerciale.
De même, les sociétés privatisées en application de la loi 39/89 du 11/04/90 sont, pour
l'essentiel, soumises au statut de droit commun des sociétés privées. Toutefois l'État peut,
par la technique dite de l'action spécifique (« golden share ») nommer un administrateur
ou un membre du conseil de surveillance sans voix délibérative, contrôler les cessions
d'actions qui dépassent une certaine importance et s'opposer à certaines cessions d'actifs.
Dans ce cas la société privatisée reste en partie sous la coupe de l'État, son ancien
actionnaire. Mais cette technique n'est utilisée que si la protection des intérêts nationaux
l'exige.
Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les SA, une grand nombre de SA déjà
existantes ont changé de forme juridique émigrant généralement vers le statut de SARL.
Par ailleurs, parmi les entreprises nouvellement créées sous la houlette de la nouvelle
législation des sociétés commerciales, on remarque une nette préférence pour la SARL (1).
Cela s’explique par le fait que les nouvelles dispositions de la loi sur la SA restent
inadéquate avec la réalité du monde des affaires au Maroc, la loi étant trop largement
26
inspirée de la législation française. La lourdeur des organes de gestion de la SA et
l’exagération de la dimension pénale sont particulièrement pointés du doigt.
Pour certains analystes, c’est plutôt l’esprit de transparence apporté par le nouveau
dispositif qui dérange la communauté des affaires.
En tout état de cause, les lois concernant les sociétés commerciales ne cessent de susciter
de vives critiques et font l’objet de plusieurs amendements. Un énième projet de réforme
de la loi sur la SA est, à titre d’exemple, en discussion au parlement à l’heure actuelle.
Ceci étant, et pour compléter notre tour d’horizon des caractères des sociétés
commerciales, il serait important de s’arrêter brièvement sur les avantages et limites de
chaque forme juridique (2).
a. Au niveau national
Il serait intéressant d’examiner les formes les plus prisées au niveau des intentions de
création et au niveau de l’immatriculation, mais aussi celles qui font le plus l’objet de
radiation.
La forme juridique la plus sollicitée par les demandeurs de certificats négatifs reste la
SARL qui représente 81% du total des intentions de création des sociétés commerciales
suivie de la SA avec 15% et de la SNC avec 2% :
27
Répartion des intentions de création par nature
juridique 2005
2% 2%
15%
SARL
SA
SNC
autres
81%
La comparaison des résultats de l’année 2005 avec ceux de 2004 indique que les intentions
de création de SA ont enregistré une augmentation de 644%. La SARL a augmenté de 15%
et les personnes physiques de 25%. Par contre, la SNC a enregistr une diminution de
85%.
variation en % entre 2004 et 2005
700
600
500
variation en %
400
300
200
100
0
-100 SARL SA SNC autres personnes
-200 physiques
nature juridique
La répartition des sociétés commerciales inscrites au RC pour l’année 2005 est la suivante :
28
Cette répartition montre la prédominance de la SARL avec 82% suivie de la SNC avec 15
% et la SA avec 1%.
1%2%
15%
SARL
SNC
SA
autres
82%
Par rapport à la même période de l’année 2004, on constate que la SNC a enregistré une
augmentation de 16%, suivie de la SARL et la SA avec, respectivement 12 et 6%.
18
16
14
variation en %
12
10
8
6
4
2
0
SARL SNC SA autres
nature juridique
Ce tableau montre que 74% des radiations a concerné les SARL, suivie des SA avec 16%
puis la SNC avec 7%
29
Répartition des radiations par nature juridique en
2005
7% 3%
16% SARL
SA
SNC
autres
74%
Le graphe suivant montre une diminution des radiations concernant les SNC avec 40%,
les SARL avec 35% et les SA avec 25%.
20
10
variation en %
0
-10 SARL SA SNC autres
-20
-30
-40
-50
nature juridique
Mais la Région de RSZZ vient en second rang avec une part de 11% et reste une région
représentative de l’activité économique au Maroc.
30
variationen
Région 2004 2005 %
grand Casa 11188 12512 13
RSZZ 3349 3987 20
Tanger Tetouan 3089 3541 15
Marrakech Tensift Haouz 2891 3688 28
Souss Massa Draa 1767 2227 27
Meknes Tafilelt 1291 1503 17
Fes Boulmane 1229 1573 29
Chaouia Ouardigha 883 1044 19
Doukkala Abbda 788 1052 34
Région de l'Oriental 885 1094 24
Laayoune Boujdour Essaquia Lhamra 608 670 10
Gharb Chrarda Beni Hssen 961 1263 32
Tadla Azilal 512 564 10
Taza Alhouceima Taounate 420 544 29
Oued Eddahab Lagouira 199 164 -17
Guelmim Essmara 142 197 39
Total 30202 35623 18
grand Casa
RSZZ
19%
36% Tanger Tetouan
4%
Marrakech Tensift Haouz
4% Souss Massa Draa
Meknes Tafilelt
6%
10% 11%
Fes Boulmane
10%
autres regions
L’évolution des résultats de l’année 2005 par rapport à l’année 2004 montre que la plus
forte hausse a été enregistrée dans la région de Guelmim Essmara avec 39%.
Mais la région de RSZZ a gardé une évolution de 20%, comparable à celle nationale (18%).
31
variation des intentions de création d'entreprises
50
40
variation en %
30
20
10
0
Tanger
RSZZ
Chaouia
grand Casa
Région de
Laayoune
Gharb
Taza
Total
Oued
Marrakech
Doukkala
Tadla Azilal
Guelmim
Fes
Meknes
Souss
-10
-20
régions
grand Casa
RSZZ
28% 22%
Tanger Tetouan
Marrakech Tensift Haouz
32
personnes morales personnes physiques Total
Région 2004 2005 variationen % 2004 2005 variationen % 2004 2005 variationen %
grand Casa 4332 4953 14 6071 6276 3 10403 11229 8
RSZZ 1062 1308 23 2945 2681 -9 4007 3989 0
Tanger Tetouan 1453 1602 10 4993 4391 -12 6446 5993 -7
Marrakech Tensift Haouz 1061 1352 27 3593 3225 -10 4654 4577 -2
Souss Massa Draa 631 736 17 3860 3208 -17 4491 3944 -12
Meknes Tafilelt 450 544 21 2613 3386 30 3063 3930 28
Fes Boulmane 470 542 15 1982 1921 -3 2452 2463 1
Chaouia Ouardigha 80 87 9 913 892 -2 993 979 -1
Doukkala Abbda 161 156 -3 1545 1236 -20 1706 1392 -18
Région de l'Oriental 254 336 32 1812 1628 -10 2066 1964 -5
Laayoune Boujdour Essaquia Lhamra 420 426 1 3257 2611 -20 3677 3037 -17
Gharb Chrarda Beni Hssen 87 95 9 372 299 -20 459 394 -14
Tadla Azilal 262 312 19 2045 1951 -4 2307 2263 -2
Taza Alhouceima Taounate 324 376 16 1972 1887 -4 2296 2263 -1
Oued Eddahab Lagouira 267 279 4 1096 1078 -2 1363 1357 0
Guelmim Essmara 46 51 11 1129 672 -40 1175 723 -38
Total 11360 13155 16 40198 37342 -7 51558 50497 -2
33
Concernant l’évolution par rapport à l’année 2004, il ressort du tableau ci-dessous que le
nombre des inscription des personne physique, à l’échelle nationale a baissé de 7%.
Pour les personne morales, on constate une augmentation de 16% par rapport à 2004.
Au total, la variation est pratiquement nulle, aussi bien au niveau national qu’à l’échelle
de la région de RSZZ.
40
20
variation en %
0
Tanger
RSZZ
grand Casa
Chaouia
Région de
Laayoune
Gharb
Taza
Total
Oued
Marrakech
Doukkala
Tadla Azilal
Guelmim
Fes
Meknes
Souss
-20
-40
-60
régions
la répartition régionale des radiations montre qu’au cours de l’année 2005, le plus grand
nombre des radiations s’est effectué dans la région du Grand Casablanca et de RSZZ
avec respectivement 22% et 6%
grand Casa
RSZZ
22%
37% Tanger Tetouan
6% Marrakech Tensift Haouz
Souss Massa Draa
5%
Meknes Tafilelt
6% 6% 12% 6% Fes Boulmane
autres régions
La radiation des personnes morales est encore plus importante. Elle est de 43% au
Grand Casablanca et de 11% dans la Région de RSZZ.
35
Répartition régionale des radiations du Registre de Commerce :
500
variation en %
400
300
200
100
0
Tanger
RSZZ
Chaouia
grand Casa
Région de
Laayoune
Gharb
Taza
Total
Oued
Marrakech
Doukkala
Tadla Azilal
Guelmim
Fes
Meknes
Souss
-100
régions
La SNC ne regroupe en principe qu’un petit nombre d’associés, souvent pas plus de
deux ou trois. Responsables sans limite sur leurs biens personnels, et solidairement, il
est indispensable qu’ils se connaissent bien et se fassent mutuellement confiance : le
plus souvent ils sont tous gérants et chaque gérant engage séparément la société et tous
les associés.
Les règles de constitution sont plus simples que celles de la S.A. et la SARL. La gérance
de la SNC est d’une très grande stabilité : si tous les associés sont gérants ou si un ou
plusieurs gérants choisis parmi les associés sont désignés dans les statuts, leur
révocation ne peut être décidée qu’à l’unanimité. La situation est donc beaucoup plus
confortable que celle du gérant de SARL qui est révocable par les associés représentant
plus de la moitié du capital social et celle des administrateurs de S.A., révocables ad
nutum.
36
personnes morales personnes physiques Total
Région 2004 2005 variationen % 2004 2005 variationen % 2004 2005 variationen %
grand Casa 205 177 -14 1108 1225 11 1313 1402 7
RSZZ 99 46 -54 452 346 -23 551 392 -29
Tanger Tetouan 37 25 -33 193 289 50 230 314 37
Marrakech Tensift Haouz 43 30 -31 337 382 13 380 412 9
Souss Massa Draa 70 26 -63 606 727 20 676 753 11
Meknes Tafilelt 31 13 -59 349 361 4 380 374 -1
Fes Boulmane 32 26 -19 276 388 41 308 414 35
Chaouia Ouardigha 4 6 50 87 88 1 91 94 3
Doukkala Abbda 3 9 200 175 146 -16 178 155 -13
Région de l'Oriental 26 23 -12 113 483 328 139 506 264
Laayoune Boujdour Essaquia Lhamra 23 10 -57 1430 1054 -26 1453 1064 -27
Gharb Chrarda Beni Hssen 0 0 0 5 6 20 5 6 20
Tadla Azilal 24 7 -71 196 243 24 220 250 14
Taza Alhouceima Taounate 14 11 -22 211 224 6 225 235 5
Oued Eddahab Lagouira 1 0 -100 6 9 50 7 9 29
Guelmim Essmara 1 2 100 9 52 478 10 54 440
Total 613 411 -33 5553 6023 9 6166 6434 4
37
La SNC a un caractère très fermé : les cessions de part, même entre associés doivent être
autorisés à l’unanimité. C’est l’assurance de ne pas voir entrer dans la société des
personnes indésirables et de ne pas pouvoir modifier la répartition des parts prévue à
l’origine qu’avec l’accord de tous. Mais la contrepartie est qu’un associé ne peut quitter
la société qu’avec l’accord de tous ses coassociés.
Sur le terrain fiscal, le régime de la SNC est celui des sociétés de personnes, alors que le
régime fiscal de la SARL est en principe celui des sociétés de capitaux.
Avantages
Mais, cette forme juridique a été conçue surtout pour faciliter la transmission de
l’entreprise. Le chef d’entreprise peut en effet organiser son retrait, en cédant
progressivement ou en bloc ses parts pour un coût fiscal réduit.
Enfin, dans les groupes de sociétés, la société unipersonnelle offre une structure
d’accueil aux filiales contrôlées à 100%, et devrait éviter là aussi la constitution de
sociétés fictives.
Limites :
20Philippe Merle, Droit commercial : Sociétés commerciales, 6ème éd., Dalloz, 1998, Coll. Droit privé, série
précis, p. 143.
au greffe du tribunal de commerce des comptes annuels, nomination éventuelle d’un
commissaire aux comptes, …)
Une fois la décision est prise de passer de l’entreprise individuelle à l’entreprise sociale,
un choix tout aussi difficile doit alors être effectué sur le type de société à adopter,
l’hésitation se situant généralement entre SARL, la Société en nom collectif (SNC) et la
société anonyme SA.
La SNC se constitue et fonctionne plus simplement que la SARL ; les gérants associés
ont une situation plus stable dans la mesure où ils ne peuvent être révoqués que sur
décision unanime des autres associés.
Mais la différence essentielle concerne le statut des associés. Dans la SNC les associés
sont tous commerçants et répondent indéfiniment et solidairement sur leurs biens
personnels du passif social. La limitation de responsabilité dans la SARL est un atout
important, même si elle ne joue pleinement, du fait de la pratique bancaire et des règles
sur le comblement du passif, qu’en faveur des associés non dirigeants de droit ou de
fait. Le statut fiscal fera souvent la décision, celui de la SARL étant actuellement mieux
adapté pour les sociétés familiales, et pour les entreprises en voie de développement
désirant conserver pour leur autofinancement des bénéfices de plus en plus importants.
La désuétude dont fait l’objet la commandite par actions semble tenir essentiellement à
la superposition des deux catégories d’associés, ayant des droits et obligations
différents, et à la responsabilité indéfinie et solidaire des associés commandités.
Désormais, le règlement général du conseil des bourses de valeurs dispose que la ou les
personnes physiques ou morales qui détiennent la majorité des deux tiers des droits de
vote d’une société anonyme, dont les titres sont cotés à la cote officielle ou au second
marché, qui est transformée en commandite par actions, sont tenues, dès l’adoption par
l’assemblée générale de la résolution tendant à la transformation de la société, de
déposer un projet d’offre publique de retrait, permettant aux minoritaires de quitter la
société.
e. La société en participation :
La société en participation présente un grand intérêt pour les personnes qui ne veulent
pas révéler aux tiers leur association, et parfois tenter d’échapper aux rigueurs du droit
de la concurrence. Elle est particulièrement bien adaptée pour la réalisation d’opérations
ponctuelles. Laissant une large place à la liberté contractuelle, ce type de société offre
une grande souplesse permettant une adaptation à des secteurs très variés.
En revanche, lorsque la participation vient à être révélée aux tiers, les conséquences
risquent d’être très lourdes pour les associés. L’absence de personnalité morale, liée au
défaut d’immatriculation, peut être un handicap pour les opérations de longue durée.
Le gérant, seul connu des tiers, peut manquer de surface financière pour s’assurer leur
confiance lors d’opérations risquées ou onéreuses. Le défaut de rédaction d’un pacte
social entre les participants est source de conflit, même entre participants qui se
connaissent bien et s’appréciaient au jour de la formation de la société.
f. La société anonyme :
Société de capitaux par excellence, la forme de Société Anonyme présente des avantages
et des limites.
Avantages :
Elle est l’instrument juridique de l’éclosion du capitalisme. Elle permet de collecter les
capitaux en s’adressant à l’épargne publique pour lancer de grandes opérations.
Autrement dit, le capital social est ouvert à tous ceux qui veulent placer leur argent dans
l’actionnariat. Elle représente la forme juridique adoptée généralement par les grandes
entreprises.
Les SA sont généralement cotées en bourse. Cette cotation présente des avantages dans
la mesure où elle renforce la notoriété et la crédibilité de l’entreprise auprès des
banques, des clients et des opérateurs économiques.
Inconvénients :
Conclusion :
Nous avons également constaté que malgré les avantages de la classification, l’existence
de formes à cheval sur plusieurs critères (cas des sociétés en commandite, de la SARL et
de la société anonyme simplifiée par exemple) limite considérablement l’intérêt
juridique de la caractérisation des sociétés. Il en résulte une quête de nouvelles bases de
distinction, d’où l’émergence de critères nouveaux qui gagnent de plus en plus du
terrain. C’est le cas de l’appel public à l’épargne.
En outre la pratique montre que les banque et les tiers ne se contentent pas des garanties
offertes par la forme juridique, d’où l’amenuisement de la signification réelle de certains
éléments de caractérisation tels l’étendue de la responsabilité des associés.
Ceci étant, les statistiques que nous avons examinées montrent que les différents
avantages et limites, mis en exergue à l’occasion de la caractérisation des sociétés,
exercent une influence certaine sur les préférences des investisseurs en terme de choix
des formes juridiques.
Bibliographie :
M’hamed Motik, Le droit marocain des sociétés commerciales, Edition Al Madaress, 2005.
Paulette Bauvert et Nicole Siret, Droit des sociétés et autres groupements : cours et
apllications, Ed. ASKA, 1997, Coll. « Gestion ».
France Guiramand et Alain Héraud, Droit des sociétés, des autres groupement et des
entreprises en difficulté, 8ème éd., Dunaud, 2001, Coll. DECF, manuels et applications.
Yves GUYON, Droit des affaires, tome 1, droit commercial général et sociétés, 11ème éd.,
Paris, édition Economica, 2001, Coll. « Droit des affaires et de l’entreprise », série
« Enseignement ».
Philippe Merle, Droit commercial : Sociétés commerciales, 6ème éd., Dalloz, 1998, Coll.
Droit privé, série précis.