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eLe Programme des Nations Unies pour le Développement
Défis Arabes du Développement
Document de référence 2011/14
Le RDAD 2011:
Profil et Strategies de Lutte Contre
la Pauvrete au Maroc: Etat des Lieux
Abdel-Khalek Touhami*
i
Acronymes et Abréviations
BMC basic medical coverage
CBMS Community Based Monitoring System
CFR Caisse pour le Financement Routier
CHI Compulsory Health Insurance
CSNRP Cadre Stratégique National de Réduction de la Pauvreté
EN l'Entraide Nationale
ENCDM des enquêtes nationales sur la consommation et les dépenses des ménages
ENCDM Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages
ENNVM des enquêtes nationales sur les niveaux de vie des ménages
ENPS l’Enquête nationale sur la population et la santé
EPSF l’Enquête sur la population et la santé familial
GDP Gross Domestic Product
HCP Higher Commissioner for Planning
HDI Human Development Index
HPI Human Poverty Index
MDG Millennium Development Goals
MSDFS Ministry of Social Development, Family and Solidarity
NAHI National Agency of Health Insurance
NFSS National Fund of Social Security
NFSWO National Fund of Social Welfare Organization
NGOs non-governmental organizations
NIHD National Initiative for Human Development
NOE National Office of Electricity
NOHD National Observatory of Human Development
NPRRC National Programme of Rural Road Construction
NPRRR National Programme of the Realization of Rural Roads
PGRE programme of global rural electrification
PPP Purchasing Power Parity
PSIA Poverty and Social Impact Analysis
SAP structural adjustment programme
SD Statistics Directorate
SDA Social Development Agency
SSD Strategy for Social Development
ii
Introduction1
Au Maroc, comme dans tous les pays du monde, la pauvreté sous ses différentes formes a
toujours existé. Aujourd’hui, le niveau de vie d’une partie non négligeable de la population,
mesuré de n’importe quelle façon, se trouve en dessous ou juste au-dessus du seuil de
pauvreté et se caractérise par une précarité ou par une grande vulnérabilité. Selon les
indicateurs usuels de mesure de la pauvreté monétaire, du développement humain ou de la
pauvreté humaine, la tendance générale de l’évolution de la pauvreté a été plutôt à la baisse
mais reste à des niveaux assez élevés. Le phénomène n’est pas spécifique à un milieu de
résidence ni à une région plutôt qu’à une autre, bien qu’il soit nettement plus répandu entre
les populations rurales. C’est malheureusement un phénomène généralisé qui touche les
deux sexes et toutes les catégories d’âges.
Pour être précis, selon les chiffres officiels les plus récents sur la pauvreté monétaire et sur
lesquels nous reviendrons dans ce texte, 2,8 millions de personnes sont pauvres et 5,4
millions sont vulnérables. Entre les deux catégories c’est bien plus du quart de la population
marocaine qui se trouve dans une situation non enviable. En outre, et comme on peut
l’imaginer, les autres formes de pauvreté sont aussi présentes et persistantes. Il s’agit de
celles qui couvrent les aspects non monétaire comme l’accès à la santé, à l’éducation, au
logement décent, aux autres services de base,…etc. Ainsi et pour différentes raisons, le rang
du Maroc sur l’échelle de l’indice du développement humain (IDH), a régressé en passant de
la 117ème position en 1995 à la 126ème position en 2007 et à la 130ème en 2009.
La persistance des niveaux assez élevés de ces formes de pauvreté peut s’expliquer par
plusieurs facteurs démographiques et économiques. Il s’agit par exemple des niveaux des
taux de croissance de la population, de ceux de la croissance économique des dernières
années et sa répartition entre la population et des différentes politiques économiques
entreprises.
Il est cependant vrai que plusieurs efforts ont été entrepris, avec plus ou moins de succès,
dans le sens de la lutte contre toutes ces formes de pauvreté. Ceci est particulièrement vrai
dans les domaines de la santé, de l’éducation et du rattrapage entre les niveaux des
indicateurs (pertinents) entre les hommes et les femmes d’une part et entre le milieu urbain
et rural d’autres part.
Rappelons ici que l’un des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), auxquels le
Maroc a souscrit, est explicitement de « réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion
de la population dont le revenu est inférieur à 1 US$ (2 US$) par jour en PPA, … et la
proportion de la population qui souffre de la faim ». Ceci illustre bien jusqu’à quel niveau la
lutte contre la pauvreté est devenue un des éléments fondamentaux de la stratégie de
développement du pays.
Par ailleurs, depuis maintenant un peu plus d’une décennie, une réorientation de la politique
de développement économique et sociale s’est opérée au Maroc. Les mots pauvreté et
exclusion sociale ont remplacé ce qui était dit dimension sociale de l’ajustement. Des
politiques spécifiques et concrètes de lutte contre la pauvreté ont vu le jour. Une nouvelle ère
en la matière est née.
Pour concrétiser cette tendance, les pouvoirs publics marocains ont élaboré et mis en place
une première stratégie de développement social (SDS). Elle avait comme objectif explicite la
réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural. Cette stratégie, qui se voulait intégrée,
s’articule autour de plusieurs axes (économique, de développement du capital humain et
d’assistance sociale directe aux populations démunies). Les axes de cette stratégie ont
souvent été perçus de façon complémentaires.
1
La confirmation de la grande importance qu’a prise la lutte contre la pauvreté et la précarité
au Maroc a été le 18 mai 2005 avec l’annonce et la mise par le Roi Mohammed VI de
l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). C’est un programme de lutte
contre la pauvreté très visible, promu par la plus haute autorité du pays, piloté par le Premier
Ministre et exécuté par le Ministère de l’Intérieur, avec l’appui d’autres départements
ministériels et une large appropriation par les instances gouvernementales aux niveaux
central, régional et provincial. Depuis, l’INDH est devenue le principal programme du
Gouvernement pour la réduction de la pauvreté.
Ce CSNRP, s’il voit le jour avec un contenu précis, doit coordonner et assurer l’articulation
de l’ensemble de l’action gouvernementale en matière de lutte contre la pauvreté. Le
Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité (MSDFS) et toutes les
institutions sous sa tutelle joueraient un rôle fondamental dans l’élaboration et la mise en
œuvre de ce Cadre. Pour en assurer le succès, ce Cadre devrait être élaboré en partenariat
avec tous les autres acteurs (gouvernementaux ou pas) qui sont ou qui seraient impliqués
dans la lutte contre la pauvreté. Il deviendrait ainsi le cadre fédérateur de coordination
intersectorielle des actions des différents acteurs et intervenants, nécessaire à toute
stratégie de ce type, et qui a toujours fait défaut aux politiques de lutte contre la pauvreté au
Maroc.
Le présent texte est une description de « l’état des lieux » et une « analyse de la situation »
ou encore du profil récent de la pauvreté au Maroc. Sa rédaction s’est principalement basée
sur l’existant en termes d’études et de rapports en matière de pauvreté. Sa valeur ajoutée
est plus au niveau de la synthèse et de l’analyse qu’au niveau de l’information traitée.
Dans la première section de ce texte nous présentons rapidement les principales sources de
données utilisées au Maroc pour approcher et mesurer la pauvreté. Dans la deuxième
section, en utilisant les seuls chiffres officiels publiés disponibles en matière de pauvreté,
nous présentons l’évolution des principales mesures du phénomène pour les vingt dernières
années. Nous revenons aussi sur les principales caractéristiques du profil de ce phénomène
au Maroc et c’est là un objectif primordial de ce texte. Sur la base des données les plus
récentes disponibles, la section 3 est consacrée à la description de la situation du pays vis-à-
vis de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement. Cette section est une
sorte de description de certains aspects de la pauvreté non monétaire au Maroc.
La section 4 est aussi un objectif de ce chapitre. Elle est consacrée à une présentation et à
une analyse plutôt critique de la stratégie de lutte contre la pauvreté au Maroc. Nous y
caractérisons de façon rapide et en termes généraux les bases théoriques d’une stratégie de
lutte contre la pauvreté. Un retour sur les principales phases, sur les grands axes et sur les
caractéristiques essentielles de la stratégie marocaine de lutte contre la pauvreté jusqu’à son
aboutissement : l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH).
2
La dernière section est consacrée à une liste de recommandations générales assez larges
qui permettraient de renforcer la mise en place de toute stratégie de lutte contre la pauvreté
au Maroc.
À titre d’exemple, la dernière enquête du type ENNVM réalisée entre 2006 et 2007 par la DS
du HCP a concerné un échantillon de 7062 ménages (4266 en milieu urbain et 2796 en
milieu rural). Son but principal a été de recueillir des informations fournissant une description
détaillée des niveaux de vie ainsi qu'une base de données pour aider à définir et à évaluer
les programmes sociaux en place. Elle vise en particulier :
fournir une base de données sur l'accès de la population aux services sociaux de
base (alphabétisation, éducation, santé, logement,...) ;
identifier et analyser les caractéristiques des groupes sociaux les plus vulnérables et
vers lesquels l'assistance sociale de l'État doit s'orienter ;
étudier l'environnement socio-économique des ménages par l'examen de l'utilisation
des services communautaires et sociaux mis à la disposition de la population et les
effets sur son bien-être ;
produire et actualiser une série d'indicateurs socio-économiques, tant quantitatifs que
qualitatifs, permettant aux divers organismes et départements ministériels de prendre
des décisions fondées sur des données sûres ;
saisir l'ampleur des inégalités entre les différents groupes sociaux et les diverses
régions du pays ;
obtenir des données intégrées sur un grand nombre de variables pour faire ressortir
les liens existant entre les différents déterminants démographiques et socio-
économiques du niveau de vie.
3
Selon les indicateurs usuels de mesure de la pauvreté monétaire, en matière de taux, le
phénomène affiche une tendance générale à la baisse. Cette dernière n’a cependant pas été
monotone sur une longue période. Aujourd’hui ce taux reste à des niveaux assez modérés
en milieu urbain mais assez élevés en milieu rural. L'évolution générale du contexte macro-
économique national et les effets des politiques économiques, en particulier celles
poursuivies pendant et après l’application du programme d'ajustement structurel (1983-
1991), expliqueraient en partie cette évolution et l’état actuel du phénomène (pour plus de
détails voir par exemple Abdelkhalek (2005a)).
Tableau 1: Evolution des effectifs et des taux de pauvreté au Maroc avant ajustements des
seuils de pauvreté (les effectifs sont en milliers, les taux sont en %), 1998-2006
1998-99 2000-01 2006-07
Effectifs % Effectifs % Effectifs %
Urbain 1811 12.0 1560 9.6 na na
Rural 3496 27.2 3622 28.2 na na
Ensemble 5307 19.0 5182 17.8 na na
Source : reconstruit à partir des données du HCP.
Tableau 2: Evolution des seuils de pauvreté officiels au Maroc (en dirhams par personne et par
an), 1984-2006
Seuil de pauvreté 1984-85 1990-91 1998-99 2000-01 2006-07
Urbain 1760 2725 3700 3421 3834
Rural 1604 2439 2921 3098 3569
Source: HCP
Après l’exploitation de l’ENNVM 2006-07 et en utilisant les nouveaux seuils de pauvreté, les
chiffres officiels des mesures monétaires de la pauvreté associées sont désormais ceux
reproduits dans le tableau suivant :
Tableau 3: Evolution des effectifs et des taux de pauvreté au Maroc après ajustements des
seuils de pauvreté (les effectifs sont en milliers, les taux sont en %), 1998-2006
1998-99 2000-01 2006-07
Effectifs % Effectifs % Effectifs %
Urbain 1439 9.5 1235 7.6 829 4.8
Rural 3085 24.2 3225 25.1 1945 14.5
Ensemble 4534 16.3 4461 15.3 2773 9.0
Source : reconstruit à partir des données du HCP.
Entre 1998 et 2007, selon les chiffres officiels, le taux de pauvreté a perdu plus de 7 points
de pourcentage passant ainsi de 16,3% à 9% au niveau national. Cette baisse de la
pauvreté monétaire a été en fait plus prononcée en milieu rural qu’en milieu urbain. Dans ce
milieu (rural), le taux est passé de 25,1% à 14,5% soit une baisse de 10,6 points de
pourcentage. En milieu urbain cette baisse n’a été que de moins de 2,8 points de
pourcentage passant de 7,6% à 4,8%. Les noyaux les plus durs de la pauvreté auraient-ils
été atteints dans ce milieu ?
4
Ces chiffres montrent toujours qu’au Maroc, la pauvreté monétaire est un phénomène à
dominante rurale. Plus de deux pauvres sur trois habitent ce milieu.
Il faut préciser que le taux de pauvreté, ou encore l’indice numérique de la pauvreté ici
utilisé, est loin d’être la meilleure mesure du phénomène. Son usage ici ne s’explique que
par le fait qu’il est la seule mesure calculée et publiée de façon officielle pour toutes les
opérations statistiques conduites au Maroc. Certes, parmi toutes les mesures de pauvreté, il
est le plus simple et le plus facile à comprendre. Les autres mesures monétaires, plus
élaborées et plus pertinentes, calculées pour certaines enquêtes nationales, confirment
généralement les tendances enregistrées par l’indice numérique.
Sur le plan spatial et au niveau des disparités régionales, il est frappant de remarquer qu’au
Maroc et pour presque toutes les opérations, les taux de pauvreté de certaines régions sont
6 fois plus élevés que ceux d'autres régions. Ainsi, comme attendu, inversement à tout
indicateur de dynamisme économique, les régions du Nord-ouest et du Centre affichent en
général les taux de pauvreté les plus faibles alors que ceux-là sont largement plus élevés
dans les autres régions du pays.
La même analyse, conduite simultanément selon les deux dimensions (milieu de résidence
et régions économiques) montre de façon plus critique la disparité du phénomène sur le
territoire national. En effet, pour certaines enquêtes, le taux de pauvreté passe de moins de
1% dans les zones urbaines de certaines régions à plus de 23% dans les zones rurales
d’autres régions.
Dans le même sens, il ressort des résultats de l’ENNVM de 2006-07, que 5 régions sur 16
(Souss-Massa-Draâ, Gharb-Chrarda-Beni Hssen, Meknès-Tafilalet, Doukala-Abda et
Marrakech-Tensift-Al Haouz) regroupent à elles seules plus de 60% de la population pauvre
du pays (comparativement à leur poids total dans l’ensemble de la population qui n’est que
de 40% environ). Par contre, des régions, comme celles du Grand Casablanca, de l'Oriental
et de Rabat-Salé-Zemmour-Zaeïr, sont relativement sous représentées dans la répartition
spatiale de cette population (en comparaison encore une fois avec leur poids dans la
structure de l’ensemble de la population du pays).
5
À titre d’exemple en 2006-07, au niveau national plus de 65% des personnes pauvres se
trouvent dans des ménages qui ont 7 personnes et plus. Parmi cette même catégorie de
ménages, le taux de pauvreté est de plus de 15% ce qui est plus de 5 fois ce qui est
enregistré pour des ménages de 4 personnes et moins.
Santé et pauvreté
Il est connu qu’une bonne santé est un élément de base du bien-être individuel. La pauvreté
peut en effet, selon une certaine vision, être approchée par une faible espérance de vie, une
mortalité ou une mortalité infantile plus élevée et donc par une faible accessibilité aux soins
de santé. Un nombre élevé de personnes par médecin ou par lit d’hôpital dans une zone
géographique sont des indicateurs d’une pauvreté collective mais aussi individuelle. Il en est
de même des diverses difficultés d’accès (éloignement, coût ou non disponibilité) à une
vaccination convenable, à des soins d’urgence, à un suivi de grossesse ou à une naissance
assistée. Le meilleur indicateur qui prendrait en considération tous ces éléments serait la
couverture ou pas de l’individu et de tous les membres de son ménage par une assurance
maladie ou par tout système de santé (public ou privé) équivalent. L’achat d’une telle
assurance ou encore les frais d’adhésion constituent une charge à prendre en considération
dans l’établissement d’un seuil de pauvreté. Cependant, dans un pays où la plus grande
partie du service de santé est assurée par un réseau public, a fortiori pour les populations
considérées pauvres, c’est beaucoup plus un critère d’accessibilité à ces services qu’il faut
retenir.
D’abord au niveau de ce qui nous semble être le premier indicateur de cette accessibilité, à
savoir le temps moyen nécessaire pour se rendre jusqu’à une infrastructure publique de
santé, il a été toujours élevé et passe du simple au double du milieu urbain au milieu rural.
Entre les classes de dépenses, ce temps est toujours supérieur pour les classes
défavorisées. Ces différences d’accès aux infrastructures de santé entre les populations
urbaines et rurales et aussi entre les populations pauvres et celles non pauvres est un
indicateur de plus de l’injustice sociale sachant que la santé est un élément primordial du
bien-être individuel.
6
Education et pauvreté
Il est incontestable que l’accès à un système scolaire formel est aujourd’hui l’un des
éléments fondamentaux du bien être individuel. La scolarisation et la pauvreté peuvent être
liées par une causalité bidirectionnelle. Toutes les études qui font le lien entre
alphabétisation, accès à l’éducation ou encore niveau scolaire de façon plus large d’une part
et niveau de vie d’autre part, focalisent leurs analyses sur la description et la caractérisation
assez triviale du fait que les populations dites pauvres, marginalisées ou encore vulnérables
sont celles qui ont des niveaux scolaires faibles, des niveaux d’éducation bas ou moyens et
des taux élevés d’analphabétisme. Cette constatation est certes vraie, elle est cependant
l’aboutissement d’un processus dynamique qui a malheureusement, pour diverses raisons,
soit mal commencé soit qui s’est compliqué pour ces populations. Le degré
d’analphabétisme d’une population peut ainsi expliquer, au moins partiellement, son niveau
de vie et donc son niveau de pauvreté.
Par ailleurs, ces mêmes enquêtes montrent que le degré d’alphabétisation augmente
significativement avec l’augmentation du niveau de vie. Selon une vision dynamique, il est
naturel de croire que l’éducation d’aujourd’hui donne à l’individu la possibilité d’obtenir
demain un emploi et une rémunération. Le schéma n’est certainement pas linéaire dans la
pratique, encore moins au Maroc. Malgré le fait que la formation et la scolarisation soient
théoriquement un investissement en capital humain, l’importance des coûts directs
immédiats, de ceux indirects et surtout ceux d’opportunité à court terme, empêchent les
parents et les ménages les plus pauvres de faire cet investissement. L’un de ces coûts
indirects, et parfois insupportable de l’éducation est l’accessibilité difficile voire la non
disponibilité des infrastructures scolaires adéquates, particulièrement en milieu rural.
Les résultats incontestables de certaines enquêtes disponibles montrent aussi qu’en milieu
rural en particulier, la distance moyenne entre le logement d’un enfant et une école primaire
dépassait les 2 km. Cette distance moyenne atteignait même plus de 3 km pour certaines
classes de dépense. Cette information est de nature à contribuer à l’explication des
différences de décisions en matière de scolarisation des enfants entre les ménages avec
différentes classes de dépenses, en particulier pour les petites filles rurales.
La résultante de tous ces facteurs c’est, comme tout le monde le sait maintenant, l’écart en
matière d’analphabétisme qui s’est creusé particulièrement au cours des années 60 entre les
deux milieux. En effet, c’est initialement pendant cette période que le milieu rural a pris du
retard. Ce dernier s’est par la suite amplifié faisant en sorte que ce milieu n’a plus jamais pu
bénéficier correctement de sa part des fruits de la croissance économique, aussi modestes
soient-ils, et son retard est resté chronique.
Les différentes enquêtes auprès des ménages conduites au Maroc montrent que la
proportion des enfants non scolarisés a toujours été très élevée parmi les enfants des
ménages défavorisés du milieu rural comparativement à ceux des couches aisées du milieu
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urbain. Ce fait observé il y a plus de trois décennies, explique le profil des pauvres
d’aujourd’hui et nous donne une idée sur qui seraient les pauvres de demain, malgré les
efforts et les progrès considérables réalisés ces dernières années en la matière dans le
pays.
Les diverses difficultés actuelles (et même un peu passées) d’accès aux services scolaires
aujourd’hui généreraient en toute probabilité une pauvreté et une vulnérabilité à terme. C’est
dans cette perspective dynamique que nous devons considérer que l’accès à un système
scolaire efficace est un élément fondamental du bien être individuel. Si aujourd’hui les taux
d’analphabétisme, tout comme ceux de pauvreté, sont plus élevés en milieu rural ou encore
dans certaines strates du milieu urbain, c’est à cause d’une accessibilité réduite à
l’infrastructure scolaire dans ces milieux dans le passé. Si cette accessibilité reste limitée,
pour une raison ou une autre, on doit s’attendre à des taux similaires pour ces deux
phénomènes dans le futur ; les mêmes causes produiraient les mêmes effets.
Femmes et pauvreté
L’analyse différentielle de la pauvreté entre les hommes et les femmes est pertinente au
Maroc. L’intuition et la présomption générales laissent croire que la résultante de tous les
chocs des politiques économiques et autres vécus par notre pays ont été plus adverses pour
les femmes que pour les hommes.
Plusieurs raisons sont alors invoquées pour supporter de telles affirmations. La première
repose sur le simple fait que la femme a toujours été le maillon le plus fragile et le plus faible
de la société. Ainsi tous les chocs négatifs l’atteignent directement ou indirectement à travers
l’homme qui est capable de lui transmettre ceux qui le touchent directement (le chômage, la
dépression, le stress, la violence, le célibat, …). Par ailleurs, même si on observe une
augmentation du taux d’activité des femmes à travers le temps, la situation n’est pas
nécessairement meilleure aujourd’hui. En effet, la force de travail féminine utilisée est
généralement sous payée, du moins comparativement à celle de l’homme, et n’aide que
marginalement à sortir de la zone critique de la pauvreté. En outre, et de façon presque
généralisée en milieu rural, la femme marocaine se trouve doublement occupée par des
tâches ménagères et par un travail à l’extérieur de la maison en tant qu’aide familiale, c’est à
dire sans aucune contre partie salariale comptable explicite.
8
Sur la base de telles affirmations plutôt admises, certains enchaînent que parallèlement à
l’appauvrissement général de la population des années 90, qui se matérialise par
l’augmentation des effectifs absolus et relatifs de la population pauvre, il y a eu aussi une
féminisation accrue de la pauvreté. Cependant, à travers l’observation des données il
semble que cette dernière affirmation manque de soubassements empiriques solides. Sans
aller jusqu’à dire qu’elle est complètement et partout fausse, faute justement de travaux
scientifiques rigoureux, des retours sur les concepts et les approches usuels en matière
d’analyse, de décomposition et de suivi de la pauvreté montrent que cette affirmation n’est
pas tout à fait vérifiée.
Pour le cas qui nous préoccupe ici, celui de la pauvreté monétaire, et sur le plan strictement
statistique, et selon les données de plusieurs enquêtes statistiques, il est tout à fait vrai que
les femmes sont surreprésentées parmi les populations pauvres du pays. À titre d’exemple
en 2006-07, sur l’ensemble de la population pauvre, 47,4% sont de sexe masculin (52,6%
sont de sexe féminin). Au niveau de l’incidence la différence n’est pas statistiquement
significative. Le taux est de (9%) entre les femmes et de (8,8%) pour les hommes.
Ce constat de sur représentation, somme toute relative, du sexe féminin parmi les pauvres
ne veut nullement dire qu’il y a féminisation de la pauvreté au Maroc. En effet, et par
définition, la féminisation est un concept clairement dynamique. Il signifie que la part relative
des femmes dans la population pauvre augmente, ou encore, de façon plus générale, que
l’évolution de la décomposition des mesures usuelles de la pauvreté (autre que le simple
taux de pauvreté) se fait au détriment des femmes. Une telle affirmation testée est vérifiée
statistiquement à travers une suite d’enquêtes auprès des ménages montre qu’elle est
rejetée pour le cas du Maroc (voir Abdelkhalek (2000)). Il faut tout de même souligner que
cette analyse ne tient pas du tout compte des éventuelles « iniquités » dans les allocations
intra-ménage, notamment de toute discrimination possible envers les femmes et les filles.
Remarquons cependant que si la féminisation de la pauvreté n’est pas vérifiée sur le plan
global, elle peut tout à fait l’être dans certains sous groupes particuliers de la population
(familles monoparentales, ménages à une seule personne, personnes âgées, …, etc.) ou
encore selon un critère particulier d’approche de la pauvreté (éducation, santé, …, etc.), ce
qui conduit à conclure parfois trop rapidement à une féminisation de la pauvreté.
9
importante entre les femmes sans aucun niveau d'instruction (en milieu rural en particulier).
Les femmes sans instruction du milieu rural constituent donc la tranche de la population la
plus touchée par la pauvreté monétaire au Maroc.
Cette précision étant faite, au Maroc, et selon les données disponibles, il ressort que
plusieurs personnes « échappent » à la pauvreté avec l’âge. Il semble que notre contexte
social fait que les personnes âgées se trouvent en général prises en charge par leur
descendance et échappent ainsi à la pauvreté. Cet aspect mérite, à notre sens, plus
d’analyses rigoureuses pour mieux clarifier et préciser les sens économique et social de
toute éventuelle relation entre cycle de vie et pauvreté au Maroc.
De façon plus spécifique, les enfants de moins de 18 ans sont généralement plus
représentés dans la sous population pauvre que dans la population dans son ensemble. A
l’inverse, les autres classes d’âges sont évidemment sous-représentées entre les pauvres.
Par exemple, en 2006-07, au niveau national, les moins de 18 ans représentent 36,2% de
l’ensemble de la population alors que leur part parmi la population pauvre remonte à 47%.
Décliné selon le milieu de résidence, cet écart est plus grand en milieu rural. En effet dans
ce milieu, la part des enfants dans la population serait de 39,7% alors que leur part parmi la
population pauvre de ce même milieu remonte à 49,7% (10 points de pourcentage d’écart).
Ces mêmes taux sont respectivement de 33,8% et 41,3% en milieu urbain. Lus autrement,
ces résultats nous renseignent que si le taux de pauvreté global est de 8,89% au niveau
national, il est 11,5% parmi les enfants et de 7,39% parmi les adultes. Selon le milieu de
résidence on trouve que cette incidence est de 14,7% en milieu rural dans son ensemble,
18,4% pour les enfants contre 12,3% pour la population adulte. Le tableau 6 ci-dessous
reprend le détail de ces résultats.
Toujours selon la stratification ici retenue, basée sur le fait d’être un enfant ou pas, en
décomposant les mesures usuelles de la pauvreté monétaire et en calculant les contributions
absolues, relatives et les risques de pauvreté associés qui prennent en compte à la fois les
poids en terme de population et les mesures de pauvreté des strates, on déduit que la
tranche des enfants a un risque significativement plus élevé que la tranche des adultes,
quelque soit la mesure de pauvreté monétaire retenue (incidence, profondeur ou sévérité). 3
En 2006-07, pour l’incidence de la pauvreté, le rapport de risque, qui n’est autre que le
rapport entre taux de pauvreté parmi les enfants (11,5%) et le taux de pauvreté au niveau
national (8,89%), associé à cette strate est de 1,30 au niveau national. Ce rapport est de
1,22 en milieu urbain et de 1,25 en milieu rural. Pour la tranche des adultes, ces risques sont
respectivement de 0,83, 0,89 et 0,84 d’où les écarts signalés. Sans pouvoir chiffrer les parts
de chaque composante à cause de ce que nous avons avancé ci-dessus, ces résultats sont
en partie la conséquence de la non utilisation d’une échelle d'équivalence dans l'analyse.
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Tableau 6: Répartition en % de la population selon la classe d’âge, le milieu de résidence
et le statut vis-à-vis de la pauvreté en 2006-07
Classes d’âge
Moins de 18 ans (enfant) 18 ans et plus (adulte) Ensemble
Urbain
41.3 58.7 100
pauvre
5.8 4.22 4,75
33.4 66.6 100
Non pauvre
94.2 95.8 95.25
33.8 66.2 100
Ensemble
100 100 100
Rural
49.7 50.3 100
pauvre
18.4 12.3 85.3
38 62 100
Non pauvre
81.6 87.7 14.7
39.7 60.3 100
Ensemble
100 100 100
Ensemble
47 53 100
pauvre
11.5 7.39 8.89
35.2 64.8 100
Non pauvre
88.5 92.6 91.1
36.2 63.8 100
Ensemble
100 100 100
Source : reconstruit à partir des données du HCP (ENNVM 2006-07).
En se concentrant encore plus sur les enfants, on peut mieux cerner le profil de ceux qui
sont considérés pauvres selon l’approche monétaire ici retenue et identifier des variables qui
pourraient expliquer cet état. Ainsi, en 2006-07, il ressort d’abord que le taux de pauvreté
des enfants le plus élevé s’est enregistré, comme on pouvait s’y attendre, dans les régions
du Gharb-Chrarda-Beni Hssen avec 23,7%, du Souss-Massa-Draâ avec 17,5% puis de
Marrakech-Tensift-Al Haouz avec 16,1%. Ce même taux est inférieur à 5% dans la région du
Grand Casablanca (4,12%). La région économique de résidence du ménage de l’enfant
serait une variable explicative de l’état de pauvreté des enfants puisqu’elle est résumerait un
certain « état des lieux » économique et social. Un test statistique de base montre que ces
deux variables ne sont pas indépendantes.
L’état de pauvreté monétaire de l’enfant dépendrait-il de son sexe ? Les traitements
statistiques de base sur les données de 2006-07 nous permettent de répondre par la
négation. En effet la répartition des enfants selon le sexe et l’état vis-à-vis de la pauvreté
monétaire montre que ces deux variables sont indépendantes (la p-value associée à la
statistique de Pearson égale à 0,28). Dans le même sens, le taux de pauvreté entre les
enfants de sexe féminin est de 11,9% alors que celui des enfants de sexe masculin serait de
11,2%. La différence entre ces mesures serait statistiquement non significative. Ici aussi, il
convient de signaler que cette analyse ne tient pas compte de l'allocation intra-ménage et
des éventuelles discriminations entre filles et garçons dans les ménages.
Tableau 7: Répartition en % de la population selon le sexe de l’enfant et le statut vis-à-vis de la
pauvreté en 2006-07
Sexe de l’enfant Non pauvre pauvre Ensemble
88.8 11.2 100
Masculin
50.7 49.2 50.6
88.1 11.9 100
Féminin
49.3 50.8 49.4
88.5 11.5 100
Ensemble
100 100 100
Source : reconstruit à partir des données du HCP (ENNVM 2006-07).
11
À l’inverse du sexe de l’enfant, la taille du ménage de l’enfant semble être un déterminant
statistique de son état de pauvreté. C’est ce que confirme le test statistique d’indépendance
conduit dans ce sens. En effet, le taux de pauvreté entre les enfants passe de 4,15% pour
des ménages de 4 personnes et moins à 18% pour les ménages composés de 7 personnes
ou plus. Ici aussi, à cause de la non prise en considération d’une correction qu’impliquerait
l’utilisation d’une échelle d’équivalence, la différence est significative. En effet, plus la taille
du ménage augmente plus le taux de pauvreté augmente. Si une échelle d’équivalence est
utilisée les résultats seraient certainement différents. Le tableau 8 ci-dessous résume les
résultats relatifs à cet aspect.
Si l’état de pauvreté monétaire de l’enfant ne dépend pas de son sexe comme on vient de
l’avancer, cet état dépendrait-il du sexe du chef du ménage dans lequel il vit ? Ici aussi les
traitements statistiques de base sur les mêmes données de 2006-07 nous permettent de
répondre par la négation. En effet la répartition des enfants selon le sexe du chef du ménage
et l’état vis-à-vis de la pauvreté monétaire montre que ces deux variables sont aussi
indépendantes (la p-value associée à la statistique de Pearson égale à 0,59). Dans le même
sens, le taux de pauvreté entre les enfants qui vivent dans un ménage où le chef est de sexe
féminin est de 12,2% alors que celui des enfants qui vivent dans un ménage de sexe
masculin serait de 11,5%. La différence entre ces mesures, perceptible semble-t-il (0,7 point
de pourcentage) ne serait statistiquement pas significative. En tout cas ce sont les enfants
qui vivraient dans des ménages où le chef est de sexe féminin qui souffrirait légèrement plus
de ce phénomène. Un retour sur les fichiers bruts de l’ENNVM 2006-07 permettrait de voir si
ces résultats se vérifient de la même manière selon le milieu de résidence (urbain-rural). En
effet, la majorité des ménages dont le chef est une femme se trouverait en milieu urbain. Si
c’est le cas, il se peut que ce phénomène s’explique alors plus par le milieu de résidence
que par le sexe du chef du ménage. C’est ici un aspect potentiellement important à
approfondir.
12
Tableau 9 : répartition en % de la population selon le sexe du chef du ménage et le statut vis-à-
vis de la pauvreté en 2006-07
Sexe du chef du ménage Non pauvre pauvre Ensemble
88.5 11.5 100
Masculin
90.1 89.4 90
87.8 12.2 100
Féminin
9.94 10.6 10
88.5 11.5 100
Ensemble
100 100 100
Source : reconstruit à partir des données du HCP (ENNVM 2006-07).
Une caractéristique qui pourrait expliquer l’état de pauvreté d’un enfant est le niveau
d’instruction du chef du ménage dans lequel il vit. En effet, et comme on pourrait s’y
attendre, les enfants qui vivraient dans des ménages où les chefs ont de faibles niveaux
d’instruction seraient plus touchés par toute forme de pauvreté. En analysant cet aspect il
ressort en effet que le taux de pauvreté est largement plus élevé entre les enfants dont le
chef du ménage n’a aucun niveau scolaire (16,2%). Ce taux est pratiquement nul entre les
enfants dont le chef du ménage a un niveau supérieur. Ce lien ne semble même pas
nécessiter de test statistique pour confirmer la dépendance entre les deux variables.
Si le niveau d’instruction du chef du ménage explique l’état de pauvreté des enfants qui y
vivent, on peut très bien suspecter que le type d’activité du chef du ménage, qui serait lié en
partie à son niveau d’éducation, expliquerait ce type de pauvreté. Ainsi, en 2006-07, entre
les enfants dont le chef est actif occupé le taux de pauvreté ressort égal à 11,6%. Il est par
contre de 18,4% entre les enfants dont le chef du ménage est en chômage. Le type d’activité
du chef du ménage expliquerait l’état de pauvreté des enfants qui y vivent.
Comme on pouvait s’y attendre, puisque aucune allocation intra-ménage n’est prise en
considération dans cette analyse, le sexe de l’enfant ne semble pas déterminer son statut
vis-à-vis de la pauvreté monétaire. La taille du ménage dans lequel l’enfant vit semble par
contre expliquer cet état : plus cette taille est élevée plus les mesures de pauvreté des
enfants augmentent.
Même si les caractéristiques du chef du ménage ne sont pas nécessairement les meilleurs
déterminants de l’état de pauvreté des enfants, il ressort que le sexe du chef du ménage ne
détermine pas l’état de pauvreté des enfants qui le composent. Par contre, et comme on
pourrait s’y attendre, les enfants qui vivraient dans des ménages où les chefs ont de faibles
niveaux d’instruction seraient plus touchés par la pauvreté. Il en va de même du type
d’activité du chef du ménage.
13
populations entre 1990 (année de référence) et 2015 (l’année horizon des objectifs). Il s’agit
précisément des objectifs suivants :
Au Maroc, sur la base des données les plus récentes, le bilan vis-à-vis de la réalisation des
OMD est plutôt positif. Certains objectifs sont d’ore et déjà réalisés alors que d’autres
peuvent l’être.
Pour la lutte contre certaines maladies comme le paludisme et au départ, le Maroc était en
bonne position. L’objectif d’un taux d’incidence nulle en 2015 a été atteint depuis 2006.
Cependant pour le taux d’incidence de la tuberculose, l’objectif arrêté pour 2015 a été 50
pour 100.000 habitants. En 2008, ce taux est de 82, avec la tendance actuelle, il n’est pas
suffisamment sûr de réaliser l’objectif d’ici 2015.
Pour l’objectif (1), relatif à la réduction de l’extrême pauvreté et la faim, l’objectif arrêté pour
2015 a été une proportion de la population disposant de moins d’un dollar par jour (en Parité
de Pouvoir d’Achat (PPA)) égal à 1,75%. En 2007, le taux atteint de 0,6% réalise déjà et
largement cette partie de l’objectif (1). L’autre partie de cet objectif, relative à la proportion de
la population n’atteignant pas le niveau minimal calorique, l’objectif qui a été arrêté pour
2015 est égal à 2,3%. En 2007, le taux atteint de 0,9% réalise déjà et largement cette
deuxième partie de l’objectif (1).
Concernant l’objectif (2) relatif à la généralisation (100%) de l’éducation primaire pour les
enfants de 6 à 11 ans en 2015, le taux réalisé en 2008 (90,1%) montre que cet objectif serait
facile à réaliser avant 2015 si la tendance se maintient. Pour le taux d’alphabétisation des
jeunes de 15-24 ans, l’objectif arrêté pour 2015 a été la généralisation (100%). En 2008 ce
taux est de 78%. Sans d’autres efforts soutenus, il n’est pas clair que cet objectif serait
réalisé totalement avant ou en 2015.
On ne peut pas dire autant relativement à une dimension de l’objectif (7) et qui est la
généralisation (100%) de l’accès à l’eau potable de la population en milieu rural. En effet, en
2007, ce taux est déjà à 85%. Si la tendance se maintient cette partie de l’objectif (7) sera
réalisée avant 2015.
Au niveau de l’objectif (5) relatif l’amélioration de la santé maternelle, il faut signaler que la
mortalité maternelle constitue le phénomène le plus inquiétant au Maroc. En effet, le taux de
mortalité maternelle aurait été de l’ordre de 228 pour 100 000 naissances vivantes pour la
période de 1992 à 1997 contre 332 pour 100 000 entre 1985 et 1991 (données de l’Enquête
nationale sur la population et la santé (ENPS) de 1992). Lors de l’Enquête sur la population
et la santé familiale (EPSF) 2003-2004, ce taux reste toujours à un niveau élevé atteignant
227 décès maternel pour 100 000 naissances vivantes (287 en milieu rural). Le niveau élevé
de ce taux s’expliquerait directement par une faible fréquentation des services de
consultation prénatale (50,6 % en 2007) et un par un faible taux d’accouchements assistés
(48,5 % en milieu rural).
L’objectif arrêté pour 2015, en accord avec les OMD est d’avoir 80% d’accouchements en
milieu surveillé. En principe, avec un peu plus d’efforts, cet objectif serait atteint. En effet, en
14
2003 ce taux a été de 63%. Par contre au niveau du taux de mortalité maternelle, l’objectif
arrêté pour 2015 a été de 50 pour 100.000 naissances. Ce taux a été encore à 227 en 2003,
ce qui est très loin par rapport à la cible et à l’objectif.
Pour l’objectif (4) relatif à la réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans,
l’objectif arrêté pour 2015 a été de 19 pour mille. En 2003, le taux réalisé semble encore trop
élevé (47 pour mille). Là non plus, sans la mise en place de politiques spécifiques il serait
difficile d’atteindre la cible en 2015. Il va de même pour la mortalité infantile. En effet l’objectif
arrêté pour 2015 est de 14 pour mille. En 2003, ce taux est de 40 pour mille…encore un
assez long chemin à parcourir.
Ceci étant, au niveau des stratégies sanitaires, un programme intitulé maternité sans risques
a été mis en place. Ce programme a pour objectif de réduire d’ici 2012, la mortalité
maternelle à 50 pour 100 000 naissances vivantes, de réduire la mortalité infantile de son
niveau de 2003 (40 pour mille) à 15 pour mille. Ces objectifs pourraient être atteints en
augmentant le taux des consultations prénatales de 57 % à 80 % ; le taux d’accouchement
en milieu surveillé de 58 % à 90%, le taux de césariennes de 5,7 % à 7 % et le taux de
consultation postnatale de 20 % à 80%.
Sur cette base, les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent impérativement contenir soit
des projets de nature économique, à retombées directes ou indirectes sur les revenus
(créations d’emplois et d’activités génératrices de revenus) soit des projets sociaux
(éducation, santé, habitat, ...), soit enfin des projets d’infrastructure (routes, eau, électricité,
…). Pour ces considérations, l’évaluation objective d’une politique de lutte contre la pauvreté
doit simultanément retenir, selon une approche multicritères, l’ensemble de ces axes.
Le contenu des politiques et des actions entreprises avait certes des composantes qui,
appuyées par d’autres, réduiraient la pauvreté. Il s’agit des objectifs de croissance
économique ambitieux de certains plans, des déploiements des ressources publiques pour
faire face aux besoins de la population en matière d’alimentation, de santé, d’éducation,
d’habitat et d’équipements collectifs.
15
Jugées ex-post, et jusqu’à un certain niveau, ces politiques ne semblent pas avoir été bien
conçues et encore moins bien menées. En effet, et en termes généraux, dans le contexte de
grande pauvreté que connaissait le pays, il a été utopique de croire que la croissance
économique à elle seule pouvait répondre aux besoins du développement et de lutte contre
la pauvreté. Très en retard, cette insuffisance est maintenant bien reconnue, le sort des
pauvres du pays ne peut plus être laissé au seul processus, combien volatile et aléatoire, de
la croissance économique, encore moins lorsque ses fruits sont mal répartis et pas en faveur
des pauvres.
À défaut de pouvoir revenir ici sur l’historique et sur l’évaluation globale des stratégies de
lutte contre la pauvreté au Maroc (voir à ce propos Abdelkhalek (2005a)), nous présentons
de façon assez brève, certaines seulement des dimensions récentes que l’on peut classer
dans la rubrique des politiques de lutte contre la pauvreté au Maroc.
Il faut rappeler encore une fois, que depuis une dizaine d’années maintenant, la lutte contre
la pauvreté a été retenue comme une priorité nationale et est devenue l’une des
préoccupations majeures des pouvoirs publics du pays. Ainsi et en général, en matière de
lutte contre la pauvreté, deux axes d’intervention ont été identifiés. L’un est à caractère
curatif l’autre est à caractère préventif.
Le premier de ces deux axes couvre des programmes de court terme avec des actions à
caractère concret et parfois urgent. Le second axe d’intervention est constitué de toutes les
actions de plus long terme qui forment ce que l’on peut appeler de façon large la politique de
développement économique et social.
Ainsi, depuis un peu plus d’une décennie, une réorientation de la politique de développement
économique et social s’est opérée. Déjà au niveau du discours, les mots pauvreté et
exclusion sociale ont remplacé ce qui était dit dimension sociale de l’ajustement. Plus
concrètement, des politiques spécifiques de lutte contre la pauvreté, au moins au niveau des
intentions, ont vu le jour. Les pressions intérieures et le contexte international ont favorisé
l’émergence et l’usage de nouveaux concepts. Une nouvelle ère est née en la matière.
Pour concrétiser cette tendance, les pouvoirs publics marocains ont élaboré et mis en place
une première stratégie de développement social (SDS). Elle avait comme objectif explicite la
réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural. Cette stratégie, qui se voulait intégrée,
s’articule autour de plusieurs axes. En effet trois principaux angles d’attaque ont été
identifiés ; un angle de nature économique, un autre de développement du capital humain et
un troisième d’assistance sociale directe aux populations démunies. Ces trois axes ont
souvent été perçus de façon complémentaires.
L’axe économique de cette SDS considère que la véritable lutte contre la pauvreté à long
terme passe par une croissance économique forte et soutenue, couplée avec une répartition
plus équitable de ses retombées. Cette croissance était supposée aider directement, au
moins en partie, les pauvres à travers les nouvelles opportunités d’emplois et des revenus
générés, mais aussi indirectement puisqu’elle permettrait au gouvernement de financer les
programmes de lutte contre la pauvreté.
L’axe développement du capital humain met de l’avant le fait que la vraie lutte contre la
pauvreté dépend de la mise en valeur de ce dernier à travers l’accès des populations, celles
défavorisées en particulier, aux différents services sociaux de base et à toutes les
infrastructures. L’objectif de long terme vise le renforcement des capacités des populations à
générer des revenus durables qui aident à échapper à la pauvreté.
Certains des programmes de cet axe ont été mis en place depuis l’indépendance et ont été
toujours reconduits et parfois ajustés. Ils ont en fait constitué le noyau de ce qui est devenu
16
par la suite des filets de sécurité (l’Entraide Nationale, la Promotion Nationale, la Caisse de
Compensation, les Cantines scolaires, …, etc.). Au fil des années, et malgré leurs divers
problèmes, surtout en matière de ciblage, ces programmes ont plus ou moins réussi à
toucher une partie assez importante de la population défavorisée. Au niveau de leur
financement, plusieurs de ces programmes ont été appuyés par des apports d’organisations
internationales.
A cause du caractère et du type de leurs actions, de leur mauvais ciblage, de leurs modes
de fonctionnement et de l’absence de coordination efficace entre autres, plusieurs de ces
filets de sécurité ont été remis en cause. L’objection la plus solide dans ce contexte voulait
que l’aide à la production doive l’emporter sur l’aide à la consommation. Autrement dit, l’aide
qu’il faut apporter aux pauvres doit viser plus le long terme que le court terme en favorisant
leur intégration complète et durable dans l’activité économique au lieu de leur assurer un
complément de revenu conjoncturel ou un transfert (en espèce ou en nature soit-il) de court
terme.
L’axe assistance sociale des pauvres de la SDS est peut-être le plus visible pour la
population mais au même temps le moins efficace à long terme. Pour éviter que cette
assistance n’incite à la dépendance, source d’une plus grande vulnérabilité dans le futur, la
stratégie de lutte contre la pauvreté ne retient ce type d’interventions que pour des strates
spéciales de la population défavorisée : les enfants abandonnés ou sans familles, les
personnes âgées sans soutien, les mères de familles sans ressources régulières, les sans
abri, les personnes handicapées inactives, …, etc.
Les trois axes de la stratégie de lutte contre la pauvreté ont été déclinés en plusieurs
mesures et actions. Certaines, d’ordre structurel, visaient principalement l’amélioration de
l’accès des populations pauvres actives à des emplois et à des ressources productives. Un
deuxième groupe de mesures cherche à renforcer et à améliorer le niveau de ciblage des
différents filets de sécurité mis en place pour venir en aide aux pauvres. D’autres, plus
macroéconomiques, cherchaient à rationaliser les dépenses publiques sociales en essayant
de les infléchir en faveur des secteurs sociaux.
Sur le plan pratique, un premier programme de priorités sociales a été assez rapidement
conçu et mis en place. C’est ce qui a été appelé BAJ1. Dans celui-ci, les 14 provinces les
plus pauvres, selon un certain nombre de critères, ont été retenues pour bénéficier de trois
projets intégrés : l’éducation de base, la santé de base et les actions de la promotion
nationale.
Depuis la mise en place de cette SDS, la tendance s’est accentuée et s’est traduite par un
renforcement des actions de lutte contre la pauvreté. Les secteurs sociaux ont été placés au
centre des priorités, même sur le plan budgétaire. Les actions les plus récentes en la
matière, mais dont l’efficacité n’a jamais été vraiment démontrée ni mesurée de façon
objective sont :
17
instruments susceptibles de dynamiser la création d’emplois (l’insertion directe, la
formation-insertion, l’insertion par la promotion de l’entreprise et la réforme de
l’intermédiation au niveau du marché du travail) et d’autres mesures plus stratégiques
visant les petites entreprises ou l’emploi des jeunes.
L’examen détaillé de la SDS, son impact réel sur la pauvreté, ses points forts et ses points
faibles a été et est toujours un exercice nécessaire pour définir les contours des étapes
futures en la matière. Pour savoir où en est aujourd’hui, il nous semble intéressant de
présenter assez brièvement les nouvelles aspirations, initiatives et actions en la matière.
Les objectifs qui ont été adoptés en matière de stratégie de développement reviennent
encore sur la nécessaire valorisation des ressources humaines, via une réforme profonde du
système de l'enseignement et de la formation, avec une mention particulière à la lutte contre
l'analphabétisme et à la généralisation de l'enseignement fondamental. Cet objectif cadre
bien avec les indicateurs de lutte contre la pauvreté à long terme et avec l’amélioration des
deux indicateurs de développement humain usuels (IDH et IPH).
La mise en place de cette réforme, qui concerne en fait l’ensemble du système d’éducation
et de formation, a nécessité d’assez grands moyens financiers couverts directement par le
budget de l’État, ou à travers les budgets des Collectivités locales qui ont été appelées à
participer à tous les efforts dans ce domaine. Les estimations de base montraient que l’effort
d’investissement total requis par cette réforme, entre 2000 et 2009, remonterait à 65 milliards
de dirhams, auxquels devront s’ajouter 284 milliards de dirhams de dépenses de
fonctionnement. A titre d’exemple, en 2001-2002, pour accueillir les nouveaux inscrits, plus
de 4000 classes ou encore 500 écoles ont été construites.
18
La mise en œuvre de la réforme du système d’éducation et de formation s’articule
principalement autour de trois axes stratégiques. Le premier de ces axes est la
généralisation de l’enseignement à travers notamment la poursuite des efforts visant la
généralisation de l’enseignement fondamental et du préscolaire, l’intensification de
l’enseignement secondaire dans l’objectif de généralisation du cycle collégial en 2008 et
pour permettre à 60% d’élèves du cycle qualifiant d’atteindre le niveau baccalauréat à
l’horizon de 2010.
Au Maroc, l’éducation bénéficie déjà, on le sait, d’une part importante du budget de l’Etat. En
effet en 2007, le budget alloué au secteur de l’éducation a représenté 26% de ce budget et
6% du produit intérieur brut (PIB). Dans un contexte où les équilibres financiers sont toujours
une priorité, il semble que cette part ne peut être facilement augmentée.
Peut-être comme résultat partiel à tous ces efforts, et à titre d’exemple, entre 2000 et 2006,
le taux de scolarisation des enfants de 6 ans est passé de 66,4% à 93,3% enregistrant un
taux d’accroissement de 40,5%. En milieu rural, ce taux de scolarisation est passé de 57,9%
à 92,1% (un taux d’accroissement de 59,1%). Au même titre, et sur la même période, le taux
de scolarisation des enfants de 6-11 ans est passé de 79,1% à 93,1% (un taux de
croissance de 17,7%). En milieu rural, ce taux est passé de 69,5% à 91,6% (un taux de
croissance de 30,8%). Entre 2000-2001 et 2007-2008, le taux net de scolarisation dans le
premier cycle fondamental est passé de 84,6% à 94,6%. Cette hausse a été plus importante
pour les filles que pour les garçons. Leur taux net de scolarisation est passé, au cours de la
même période, de 80,6% à 92,5%. En milieu rural, ce taux est passé de 76,7% à 93,5% pour
les deux sexes.
Ces évolutions ont bien sûr nécessité la mise en œuvre d’importants projets physiques.
Ainsi, le nombre total d’établissements de l’enseignement primaire public a atteint en 2007-
2008 près de 7003 écoles et 13451 écoles satellites. Le réseau des établissements s’est
élargi par la création de 790 établissements dans le primaire (671 en milieu rural et 119 en
milieu urbain) durant la période 2000-2008.
Pour ce qui est de l’enseignement collégial, le taux spécifique de scolarisation des enfants
âgés de 12-14 ans a atteint globalement 77,1% et 70,6% pour les filles en 2007-2008 contre
19
60,3% et 52,7% respectivement en 2000-2001. En milieu rural ce taux a atteint 57%
globalement et 46,7% pour les filles contre 37,5% et 27,9 respectivement en 2000-2001.
Quant au taux spécifique de scolarisation des enfants âgés de 15-17 ans il a enregistré une
nette amélioration passant globalement de 37,2% en 2000-2001 à 49,7% en 2007-2008 et
de 32,2% à 45,2% pour les filles. Le nombre total d’établissements de l’enseignement
secondaire qualifiant public a atteint en 2007-2008 près de 743 établissements (590 en
milieu urbain et 153 en milieu rural).
Au niveau de la scolarisation des enfants âgés de 4-5 ans dans le préscolaire, le taux net a
atteint 58,9% sur le plan national (51,2% pour les filles).
Par ailleurs, et dans le cadre de ce même plan d’urgence, un programme intitulé « Tayssir »
a été mis en place. En fait c’est un programme pilote de transferts monétaires conditionnels.
Il consiste à verser une petite contribution financière à des familles pauvres, à condition que
leurs enfants utilisent certains services sociaux dont l’école.
20
Au fond et en partie, le but de ce programme est d’infléchir les taux de l’abandon scolaire en
neutralisant certains des facteurs qui l’alimentent (les coûts directs et/ou indirects de la
scolarisation). Ce programme a été pratiquement lancé pendant l’année scolaire 2008-2009
et a concerné 266 écoles et leurs satellites (soit plus de 1200 unités scolaires) réparties sur
139 communes dans 5 régions économiques (l’Oriental, Marrakech-Tensift-Al Haouz,
Meknès-Tafilalet, Souss-Massa-Draa et Tadla-Azilal). Ces régions sont effectivement celles
où se concentre le plus grand nombre de communes pauvres (taux de pauvreté dépassant
30 %) et qui enregistrent des taux de déperdition scolaire élevés (plus de 8% par année).
Près de 80000 enfants inscrits à l’école (soit environ 40 000 ménages) bénéficient de ces
transferts dans le cadre de ce programme.
Signalons enfin que le lancement de ce plan d'urgence a été soutenu par une augmentation
conséquente de 23% du budget du secteur en 2009 par rapport à 2008. Il faut par contre du
temps pour juger de l’efficacité de ses mesures.
En chiffres, les objectifs trop ambitieux à mon sens, visent la réduction du taux
d’analphabétisme à moins de 20 % à l’horizon 2012 avec l’éradication de ce fléau en 2015 et
la réduction de l’analphabétisme parmi la population active à un taux inférieur à 10%.
Ainsi, et selon les chiffres des départements concernés (mais pas ceux du HCP !), des
évolutions ont été enregistrées à travers la baisse du taux d’analphabétisme de la population
âgée de 10 ans et plus. Celui-ci a été réduit à 38,45% en 2006 à contre 42,7% en 2004, soit
une baisse de l’ordre de 4,25 points. Les femmes restent bien sûr les plus touchées par ce
fléau puisque 47% d’entre elles sont analphabètes contre 31% pour les hommes. En milieu
rural, ces taux sont respectivement de 64,4% et 44,9%.
Cependant, malgré le nombre réduit d’hôpitaux, le taux d’occupation moyen des lits n’était
que de 49,6% en 2000, ce qui montre que d’autres facteurs limitent l’accès aux soins de
santé : la disponibilité et l’accessibilité géographiques, le coût des soins …
Par ailleurs, et malgré la gratuité des soins pour les personnes défavorisées, à titre
d’exemple les résultats des différentes enquêtes montrent que moins de 50% des malades
pauvres consultaient le système public de santé, contre plus de 80% des malades aisés.
Ces proportions sont généralement situées entre 60% et plus de 80% en milieu urbain et
40% et moins de 70% en milieu rural. En plus du niveau de vie des malades, le type de
formation sanitaire constitue un facteur déterminant de la répartition des dépenses publiques
de santé.
21
En effet, les soins prodigués au niveau des hôpitaux publics bénéficient plus aux riches
qu’aux pauvres. Cette différence est plus significative en milieu rural qu’en milieu urbain à
cause du faible accès des malades ruraux aux hôpitaux publics concentrés en milieu urbain.
Les dispensaires, où les consultations sont assurées par des auxiliaires de santé, bénéficient
trois fois plus aux pauvres qu’aux riches en milieu urbain, alors qu’en milieu rural ils sont
fréquentés par deux fois plus de malades aisés que de pauvres. Le faible accès de la
population aux soins de santé est imputable en partie aux coûts et aux insuffisances
ressenties dans le système sanitaire public : inaccessibilité, vétusté des équipements...
Selon les résultats de l’ENNVM 98-99 par exemple auxquels nous avons eu accès, les
dépenses supportées par le budget de l’Etat en matière de santé, ne constituent que 33%
des dépenses totales en la matière (soit 131 dirhams par habitant environ). Le système de
couverture médicale assure 19% des prestations, le reste, soit 48%, est directement
supporté par les ménages.
La problématique du financement et donc de l’accès aux soins de santé devrait en partie être
résolue par l’extension progressive de la couverture médicale de base. Dans ce sens la loi
cadre qui a été adoptée en 2004 par le Parlement et dont la mise en application a suivi à
partir d’août 2005, vise la création de deux systèmes d’assurance maladie : un régime
d’assurance maladie obligatoire (AMO) destiné aux personnes actives et titulaires de
pensions des secteurs public et privé (ainsi que leurs ayants-droit), dont la gestion a été
confiée à la Caisse Nationale des Organismes de Prévoyance Sociale (CNOPS) pour le
secteur public et à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour le secteur privé, et
un régime d’assistance médicale couvrant les populations défavorisées (RAMED) donnant
accès à un panier de soins de base dans les services publics au profit des personnes
économiquement faibles.
Dans ce cadre, l’entrée en vigueur de l’AMO a constitué une étape majeure sur la voie de la
concrétisation du principe du droit à la santé pour tous les citoyens dans la mesure où cette
action permettrait d’étendre la couverture médicale à quelques 34%. La mise en place de ce
régime a été accompagnée par le démarrage effectif, durant le second semestre de l’année
2005, des activités de l’Agence Nationale de l’Assurance Maladie (ANAM), la mise à niveau
de la CNSS et de la CNOPS, l’amélioration des prestations de soins dispensées dans les
structures de santé publique ainsi que par la mise en œuvre de mesures de régulation et de
maîtrise des dépenses de santé pour assurer la pérennité et la viabilité financière du régime
de l’AMO.
Parallèlement à ce processus, les pouvoirs publics ont aussi entamé, dès le second
semestre 2005, la réflexion pour la généralisation de la couverture médicale de base (CMB)
à l’ensemble de la population. Cette réflexion a ainsi porté sur les deux volets essentiels
suivants :
l’examen, par les départements sectoriels concernés, des modalités pour l’extension
de cette couverture, dans les prochaines années, dans le cadre de législations
spécifiques, aux indépendants et aux professions libérales, ce qui porterait la part de
la population marocaine couverte à plus de 60 % ;
la préparation de la mise en œuvre du RAMED à travers l’institution, dans le cadre
des travaux de la commission interministérielle, présidée par la primature, de six
commissions spécialisées chargées notamment de l'approfondissement de l'examen
des impacts financiers du régime pour permettre la détermination de ses conditions
d'équilibre financier à court, moyen et long termes au regard d’un panier de soins
approprié ; la détermination de la procédure d'identification de la population éligible
au RAMED dans le cadre d'un processus transparent impliquant les ministères
concernés et les Collectivités locales ; la définition des modes de gestion
administrative et financière dudit régime et enfin l’expérimentation de la mise en
œuvre de ce régime au niveau de régions pilotes.
22
La finalisation de l'architecture du régime d’assistance médicale, qui a fait l'objet d'une
concertation avec les partenaires sociaux préalablement à sa mise en œuvre effective,
permettrait l’élargissement de la couverture médicale de base à 80 % de la population avant
la fin de 2010.
À fin mai 2009, le nombre de cartes produites et livrées s’élève à 8146, soit 80% du nombre
total des cartes à livrer, le reste, soit 2024 est en cours de production. Sur le total des
ménages ayant reçu une carte RAMED, 80% sont considérés comme des pauvres absolus
et 20% des pauvres relatifs. La proportion des dossiers ayant reçu un avis défavorable a été
de 8% des dossiers reçus et concernent 482 et 411 ménages dans les provinces d’Azilal et
de Béni-Mellal respectivement (soit un total de 893 dossiers).
Quant à l’AMO, depuis son entrée en vigueur en 2005, son champ de couverture a été élargi
par le lançant d’un programme spécifique pour les indépendants (programme Inaya) et pour
les artistes. Elle s’est également élargie aux anciens résistants et membres de l’armée de
libération.
Le programme Inaya, géré par la CNOPS est destiné aux artisans, aux commerçants et aux
professions libérales et vise, à terme, à assurer la couverture médicale à environ 30% de la
population nationale. Les trois formules assorties à ce programme sont : « Chifaa
Moutakamil » qui assure une couverture médicale de l'intéressé et sa famille à hauteur de 70
à 90 %, « Chifaa Assassi » qui garantit une couverture médicale des antécédents médicaux
de même qu'elle assure une couverture médicale tant que l'adhérent exerce son activité en
indépendant ou aide artisan et « Chiffa Chamil » qui garantit le remboursement des frais
ambulatoires, d’accouchement normal ainsi que les soins dentaires. La cotisation mensuelle
est fixée à 45 dirhams par adulte et à 36 dirhams par enfant.
Les prestations offertes sont généralement identiques à celles dispensées par l'AMO. Le
plafond de remboursement annuel fixé par les compagnies d'assurances est cependant de
200000 dirhams. Au-delà, les bénéficiaires sont pris en charge par les hôpitaux publics.
Pour ce qui est de la couverture médicale des artistes, ce régime concerne dans un premier
temps quelque 700 artistes, dans la perspective de son élargissement à tous les
professionnels du secteur avec une priorité accordée aux artistes qui ne possèdent aucune
autre assurance.
23
insuffisant pour couvrir l’ensemble des frais et mérite d’être augmenté et recentré sur les
populations pauvres.
Comme c’est le milieu rural qui souffre le plus de la pauvreté, il a été naturel que les efforts
de développement au niveau national le ciblent plus que le milieu urbain. Une telle stratégie
devrait à terme réduire les inégalités en termes d’accès entre les populations rurales et
urbaines.
Les principaux programmes à citer à ce niveau sont :
24
des résultats réalisés depuis janvier 1996, vise la généralisation de l’électrification à
l’horizon 2010. Suite au succès qu'a connu le PERG dans sa première phase, et pour
répondre à la forte demande de la population, l’Office National de l’Électricité (ONE) a
procédé en fin 2002 à une accélération du rythme de ce programme pour généraliser
l'accès à l'électricité dans le monde rural. Ce programme est financé par l’ONE, les
Collectivités locales et les bénéficiaires et n’implique donc pas directement le budget de
l’État ;
le Programme national de construction des routes rurales (PNCRR). Les routes jouent à
ne pas en douter un rôle très important en matière de développement économique et
social du monde rural. En effet, elles facilitent l’accès aux services sociaux de base et à
la diversification des activités économiques génératrices de revenus. Par ailleurs, à
cause du grand déficit enregistré à ce niveau, les responsables ont mis en place un
programme national de construction de routes rurales. Ce programme vise à désenclaver
des localités rurales à travers la réalisation de plusieurs milliers de km. Le premier
programme de ce type a démarré en 1995 et s'est achevé en 2005. Il a permis
d’augmenter le taux d’accès de la population rurale à la route de 36% en 1995 à 54% en
2005 et ce, par la réalisation d’un linéaire annuel moyen de 1000 Km. Conscient de la
nécessité et de l’importance de l’accélération de la cadence de réalisation des routes en
milieu rural, le gouvernement a identifié un deuxième programme national de réalisation
de routes rurales (PNRR2) qui visait l’augmentation du taux d’accessibilité de la
population rurale au réseau routier à 80% en 2012 par la réalisation de 2000 Km par an.
La mise en œuvre de ce programme nécessite des financements qui sont supportés par
le budget général de l’Etat et en partie par des Institutions internationales. Dans ce sens,
une Caisse pour le Financement Routier (CFR) a été créée en 2004 pour justement
rechercher et mobiliser les financements nécessaires ;
le dernier chantier de lutte contre la pauvreté de ce type considéré par les pouvoirs
publics est celui de l’habitat insalubre ou encore de l’habitat social. Celui-ci a
effectivement largement progressé pendant les dernières années. Ce chantier est
devenu prioritaire depuis 2001. Le Département en charge a alors élaboré une stratégie
de résorption sur 10 ans à compter de 2002. Celle-ci nécessiterait un budget de plus de
29 milliards de dirhams. Le financement des programmes serait assuré à hauteur de
44% par la participation des bénéficiaires. Le reste devrait être supporté par le budget de
l’État.
25
L’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH)
Au cours de la dernière décennie, la réduction de la pauvreté et de la précarité a pris, nous
l’avons précisé, une grande importance au Maroc. C’est dans ce cadre où se place
l’annonce faite par le Roi Mohammed VI le 18 mai 2005 de l’Initiative nationale pour le
développement humain (INDH). Sur le plan de la conception, l’INDH essaye de s’attaquer
aux problèmes liés à la pauvreté à la base et non pas à leurs manifestations. Elle vise la
mise en place d’une dynamique nouvelle en la matière susceptible de réduire les écarts en
termes sociaux accumulés auparavant. Elle a constitué sans nul doute un tournant et un saut
qualitatif dans ce domaine.
L’INDH est un programme de lutte contre la pauvreté très visible, promu par la plus haute
autorité du pays, piloté par le Premier Ministre et exécuté par le Ministère de l’Intérieur, avec
l’appui d’autres départements ministériels et une large appropriation par les instances
gouvernementales au niveau central, régional et provincial. Depuis, l’INDH est devenue le
principal programme du Gouvernement pour la réduction de la pauvreté. Elle n’est
cependant pas conçue pour se substituer aux programmes sectoriels ou autres mécanismes
qui ciblent la pauvreté et l’exclusion sociale (ADS, Fonds Hassan II, Fondation Mohamed V,
EN) mais cherche à devenir un mécanisme de mise en convergence permettant d’améliorer
la fourniture des services clés dans les zones ciblées.
Cette Initiative est conçue autour de la prise d’initiative au niveau local, une
responsabilisation poussée et la recherche d’une cohésion sociale. Elle repose par
construction sur l’existence d’une société civile dynamique qui a en effet connu un regain
d’énergie depuis le lancement de l’INDH. Définie de la sorte, cette dernière a également pour
but de créer une nouvelle façon de gérer le développement au niveau local en favorisant la
participation et l’inclusion de tous. Dans sa conception de base, l’INDH a le potentiel d’aider
à atteindre certains des OMD au niveau local puis national par agrégation. Les initiatives de
projets sont successivement soumises pour validation aux niveaux communal, provincial,
régional et central. Ce fait positif a priori peut par contre être source de lourdeurs
administratives et de retards dans les réalisations.
Dans sa structure générale, l’INDH se base sur quatre axes de programmes prioritaires. Le
premier est relatif à la lutte contre la pauvreté en milieu rural et cherche plus d’équité
économique et sociale au niveau national. De façon spécifique, ce programme concerne 360
communes rurales parmi les plus pauvres du pays couvrant une population potentiellement
bénéficiaire de plus de 3,5 millions d’habitants.
Le deuxième programme vise la lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain à travers le
renforcement du capital humain et la cohésion sociale. 250 quartiers urbains parmi les plus
défavorisés ont été retenus. Les projets à y mettre en place bénéficieraient théoriquement à
1,5 million d’habitants. Ces deux premiers axes, conçus pour qu’ils soient a priori intégrés,
visent la mise en place de solutions locales aux problèmes des populations. Ces solutions, à
la fois curatives et préventives, vont de la construction d’infrastructures pour assurer des
services sociaux à la population au lancement d’activités génératrices de revenus.
Le troisième programme de l’INDH vise la lutte contre la précarité. Il est destiné à assister
les personnes vulnérables à travers des prises en charge dans des centres spécialisés. Il est
doublé d'une démarche d'accompagnement et d'insertion. Ce programme cible a visé
quelques 50000 personnes dans sa première phase en plus des personnes déjà prises en
26
charge dans les différentes structures publiques ou associatives actives dans le domaine. En
termes d’actions, ce programme vise la mise à niveau des centres existants (orphelinats,
centres sociaux, …), l’insertion familiale, sociale et économique de certaines personnes, la
création de nouveaux centres polyvalents et spécialisés, …etc.
Le dernier programme de l’INDH est dit transversal. Il concerne l’ensemble des provinces et
préfectures du pays. Il a comme objectifs la lutte contre les facteurs de risques sociaux, la
création d’une dynamique locale de développement humain et le renforcement du capital
social. Ses principales actions portent sur le renforcement de la gouvernance locale,
l’amélioration de l’accès aux services sociaux, le soutien des projets à fort impact et
l’animation socioculturelle et sportive.
D’un coût total de 10 milliards de dirhams sur la période 2006-2010, l’INDH aurait été
financée à concurrence de 60% par des crédits budgétaires de l’Etat, 20 % par ceux des
Collectivités locales à travers l’affectation d’une partie de leur part dans le produit de la taxe
à la valeur ajoutée (TVA) et enfin de 20% par des concours financiers extérieurs sous forme
de dons. Les dépenses afférentes à l’INDH seront effectuées conformément à la
réglementation en vigueur en matière de comptabilité publique et de passation des marchés
publics moyennant des assouplissements des procédures usuelles de contrôle de la
dépense publique de façon à garantir le maximum de rapidité dans le traitement des
dossiers.
Au niveau des réalisations, au-delà des chiffres descriptifs, et avant de disposer des
résultats de toute étude d’impact scientifique précise, il semble que l’INDH a réussi à créer
une dynamique et à favoriser l'implication de l'ensemble des acteurs agissant dans le
domaine du développement humain.
En effet, pour lutter contre différentes formes de pauvreté et de précarité au niveau local,
l’INDH a permis la réalisation physique de plusieurs projets au profit des personnes qui ont
des besoins spécifiques, des enfants de la rue et des femmes en situation précaire, …etc.
Elle a également contribué à la création d'activités génératrices de revenu (AGR) pour
plusieurs personnes, à l'amélioration probable de certains indicateurs de santé et
d'éducation et à l’amélioration de l'approvisionnement en eau et en électricité de certaines
zones reculées.
Cependant les bilans et les audits positifs des structures de suivi, mises en place par les
instances même qui pilotent l’INDH, ne sont pas du tout le moyen adéquat pour évaluer
l’impact réel de cette Initiative. Les objectifs qu’elle devrait atteindre l’ont-ils été réellement ?
Les indicateurs qu’elle devait améliorer ont-ils bougé positivement ? Il est en effet clair qu’il
ne suffît pas de débloquer et de dépenser à temps tous les budgets prévus, ni même de
réaliser toutes les constructions et ouvrages physiques des projets pour dire que les objectifs
ont été atteints.
27
existante (que ce soient les recensements, les enquêtes consommation, ou les enquêtes
démographie/santé) ne regroupe la panoplie souhaitée d’indicateurs de résultats pour
l’évaluation d’impact de l’INDH. C’est ainsi par exemple que toute enquête
démographie/santé fournirait des informations sur la santé des ménages, mais ne renseigne
en rien sur les dépenses. Ce fait implique qu’il est difficile de l’utiliser pour évaluer un impact
sur la pauvreté monétaire des ménages par exemple. Ensuite, les échantillons des unités
statistiques des différentes enquêtes disponibles ne correspondent pas à l’échantillonnage
des communes nécessaires pour procéder à une évaluation d’impact en bonne et due forme.
En particulier, ces échantillons ne couvriraient pas un sous-ensemble de communes traitées
et cibles de l’INDH et un autre sous-ensemble de communes non traitées et donc non cibles
mais avec des caractéristiques semblables (témoins). En outre, et dans le même sens, les
données de ces enquêtes ne peuvent généralement pas constituer une bonne situation de
référence pour l’évaluation d’impact de l’INDH. Ce fait impose donc la conduite de nouvelles
enquêtes avec des designs appropriés. A notre connaissance, l’Observatoire national du
développement humain (ONDH) a engagé un tel processus avec la réalisation d’enquêtes
adéquates et la préparation des bases d’une évaluation chiffrée de l’impact de l’INDH sur
une panoplie d’indicateurs. Les résultats d’une telle analyse seraient intéressants à ce
niveau.
Par ailleurs, en 2009, à la demande du Ministère de l’Intérieur qui pilote l’INDH, le HCP a
réalisé une enquête qualitative portant sur l’accès des populations ciblées par l’INDH aux
différentes infrastructures de base et aux services socio-économiques réalisés dans le cadre
de cette Initiative. La collecte des données sur le terrain s’est déroulée du 27 avril au 8 mai
2009 et a couvert un échantillon de 2880 ménages représentant 264 quartiers urbains et 403
communes rurales ciblés par l’INDH. Les objectifs qui ont été assignés à cette enquête
cherchaient à apprécier :
Parallèlement à l’enquête auprès des ménages, 110 associations opérant dans le domaine
de la lutte contre la précarité au niveau des provinces couvertes par l’enquête ont été
interviewées pour déterminer le niveau de leur participation dans l’élaboration et la
réalisation des projets de l’INDH.
Au niveau justement des associations, il se dégage des interviews réalisées que parmi
toutes celles œuvrant dans le domaine de la lutte contre la précarité, seules 51% ont été
consultées dans l’élaboration et 39% dans la réalisation de la carte provinciale de lutte
contre la précarité, 36% ont été consultées dans l’élaboration et 33% dans la réalisation du
schéma régional de lutte contre la précarité.
Au niveau des ménages, il ressort de cette enquête, à caractère surtout qualitatif, que 49%
des chefs des ménages enquêtés ne connaissent même pas l’INDH. Pourtant parmi ces
chefs de ménages qui déclarent ne pas connaître l’INDH, 40% ont une connaissance de
projets locaux réalisés dans le cadre de l’Initiative sans pour autant faire le lien avec cette
dernière. Il y a donc clairement une mauvaise connaissance de l’INDH en tant qu’initiative
assez indépendante et à part entière. Il y a aussi nettement une confusion entre ses projets
et ceux de l’Etat à caractère public ou même ceux réalisés par les Collectivités locales.
En termes d’accès, 40% des ménages et 34% de la population cibles déclarent avoir
bénéficié d’au moins un projet réalisé dans le cadre de l’INDH. Ces proportions sont
28
respectivement de 44% et 39% dans les quartiers urbains, et de 35% et 29% dans les
communes rurales. Ces taux sont plutôt faibles. Sont-ils ainsi puisque les projets réalisés
physiquement ne sont pas encore opérationnels ou risquent-ils de le demeurer puisque ces
projets sont peu connus pour la population cible ? Dans les deux cas, ceci illustre un
manque d’efficacité, au moins à court terme, des projets réalisés dans le cadre de l’Initiative.
Dans le même sens et toujours selon les résultats de cette enquête, 78% des ménages
déclarent n’avoir aucun membre qui aurait bénéficié d’un ou plusieurs services socio-
économiques fournis par les projets de l’INDH.
Lorsque l’enquête explore les raisons qui empêchent les ménages, ayant connaissance des
projets d’infrastructure réalisés dans le cadre de l’INDH, d’en bénéficier, l’éloignement est
cité par 36,9% des ménages (26,8% dans les quartiers urbains et 51,7% dans les
communes rurales). 40,6% disent qu’ils n’ont pas d’intérêt direct dans les projets réalisés.
Les autres raisons invoquées sont la faiblesse de la qualité, la faiblesse de la capacité
d’accueil, l’insuffisance des fonds propres du ménage…
Pourtant la même enquête fait ressortir que le degré d’adéquation des projets d’infrastructure
réalisés dans le cadre de l’INDH aux besoins des ménages est considéré élevé pour 54%
des chefs de ménages bénéficiaires (52,7% dans les quartiers urbains contre 56,2% dans
les communes rurales) et moyen pour 24,2%. Une faible proportion de moins de 15%
déclare que ces projets sont inadéquats.
Le degré d’adéquation des services socio-économiques individuels a été considéré élevé par
54,7% des ménages bénéficiaires, moyen par 27% et faible par 11,2% d’entre eux. En outre,
7% de ces ménages considèrent que ces services ne répondent pas à leurs besoins.
Même si les résultats relatifs à l’évolution du niveau de vie des ménages, depuis le
lancement de l’INDH, doivent être pris avec beaucoup de précautions, à cause notamment
des multiples interférences (INDH, autres projets, crise économique, tendances
économiques générales,…), il ressort que seuls 46% des chefs de ménages bénéficiaires
considèrent que leurs conditions de vie se sont améliorées (42,1% dans les quartiers urbains
et 50,8% dans les communes rurales). Le reste des ménages, soit 54%, estiment en
revanche que leur situation économique n’a pas connu de changements notables.
29
En matière de recommandations pour mettre en place des stratégies efficaces de lutte
contre la pauvreté, il faut reconnaître que l’essentiel de ce que l’on pourrait avancer en la
matière a été dit, redit et écrit sur les plans théorique et des discours depuis déjà plusieurs
années. Le discours Royal de l’annonce de l’INDH et tous ceux qui l’ont suivi sont des
exemples éloquents dans ce sens. Notre apport à ce niveau n’est en fait qu’un rappel et une
synthèse des stratégies et politiques déjà proposées dans ce cadre. Cependant, au niveau
des actions concrètes beaucoup reste à faire à notre avis. Nos recommandations sont
données ici en vrac sans aucun ordre particulier.
Les analyses effectuées sur les systèmes d’assistance sociale en place au Maroc ont montré
que plusieurs parmi eux sont défaillants et très mal ciblés. La distribution des dépenses
sociales qu’ils opèrent avantage plus les populations des villes, les groupes sociaux plutôt
moyens et pas suffisamment les populations pauvres. Il est cependant probablement vrai
aussi que puisque ces systèmes fonctionnent de la sorte que ces populations « urbaines » et
« moyennes » ne sont justement pas pauvres. Toujours est-il qu’un suivi et un reciblage de
ces dépenses doit s’effectuer de façon régulière pour corriger les différentes distorsions et
erreurs, inévitables en la matière, pour augmenter leur efficacité.
Il faut cependant souligner un danger potentiel lorsqu’il s’agit de corriger de telles erreurs de
ciblage dans les différents filets de sécurité. Il est en effet connu que lorsque on cherche à
améliorer le ciblage d’un programme de lutte contre la pauvreté pour un coût donné on fait
généralement face à deux types d’erreurs. Les erreurs dites « de type 1 » sont celles
commises lorsque des pauvres sont visés mais ne sont pas atteints. C’est le cas des
programmes d’aides très étroits. Les erreurs dites de « de type 2 » sont celles qui découlent
du fait que des individus non ciblés, de classes moyennes ou riches, se trouvent
bénéficiaires des programmes mis en place. C’est le cas des systèmes à ciblage large
comme la subvention universelle de certains produits de base au Maroc (caisse de
compensation). Essayer de minimiser les deux types d’erreurs est bien entendu souhaitable.
Cependant échapper aux erreurs de « de type 2 » risque d’avoir les répercussions négatives
sur les populations pauvres initialement visées et qui bénéficient effectivement du
programme en place. À ce niveau, pour le cas du Maroc, il convient de procéder, et avec
beaucoup d’attention, à une étude minutieuse et au cas par cas de l’ensemble des
programmes en place.
Pour assurer des chances de réussite plus grandes aux stratégies de lutte contre la
pauvreté, celles-ci doivent être conçues sur la base des besoins prioritaires des populations
cibles. En effet, et selon les différentes investigations, il ressort que les besoins et les
priorités des populations ne sont pas du tout les mêmes dans l’espace. Les préoccupations
majeures des populations rurales en général, celles qui sont les plus pauvres en particulier,
sont de nature beaucoup plus basiques que celles des ménages urbains pauvres. Alors que
les premières désirent voir améliorer leurs accès aux services de santé de base, à de l’eau
potable, à de l’électricité et à des centres d’éducation et à des activités génératrices de
revenus, les secondes sont préoccupées par d’autres éléments du bien-être, plus
spécifiques au milieu urbain.
30
Relativement à la correction des déséquilibres en matière d’infrastructure communautaire, il
est aujourd’hui clair que la redistribution des priorités en fonction des besoins longtemps
insatisfaits est impérative. Cette redistribution doit prendre en considération les disparités
flagrantes enregistrées tout au long des dernières années pour créer les conditions propices
au rattrapage entre les deux milieux pour tout ce qui est lié à l’infrastructure sociale et
physique. Elle reposerait en toute évidence sur l’accentuation de la réorientation déjà
amorcée, il faut le reconnaître, des fonds publics pour lutter contre la pauvreté, ses causes
et ses origines.
Les autres infrastructures comme les routes rurales et leur entretien, les barrages et
systèmes d’irrigation avec une gestion plus rationnelle et plus démocratique de la ressource
naturelle, la structuration du fonctionnement des souks et des marchés, sont autant
d’opérations qui, chacune toute seule, peut conduire à l’amélioration des conditions de vie de
plusieurs groupes de la population.
Dans un autre ordre d’idées, analysées de plus près, les interventions marocaines de lutte
contre la pauvreté se caractérisent par une prédominance des actions à caractère plus
conjoncturel que structurel. Ce type d’actions, même efficace à court terme, reste d’un
impact limité à moyen et long termes. Une réflexion et une structuration des actions
s’imposent. C’est par exemple le cas en matière de redistribution et de répartition équitable
des revenus et des fruits de toute croissance économique.
Il est certain que l’analyse a priori des impacts socioéconomiques et en matière de pauvreté
est essentielle avant même la mise en place de toute politique, de toute réforme ou de tout
programme qui risque d’influencer le bien être des ménages. Les outils à mettre en place
pour conduire de telles analyses ne sont pas toujours conventionnels. Les développements
récents des approches statistiques et économétriques, dites « micro simulées » ou encore
les études de type « Poverty and Social Impact Analysis » (PSIA) pourraient largement aider
dans ce contexte. Ces études devraient aboutir à chaque fois que c’est pertinent à la
formulation d’un conseil ou d’une recommandation dans le but de protéger les populations
pauvres et/ou vulnérables.
31
Ces études sont développées grâce aussi à la mise à disposition croissante de bases de
données d’enquêtes statistiques riches et variées et à la performance de plus en plus accrue
des outils informatiques. Ces approches dépassent par nature les analyses classiques qui se
basent sur les tendances globales et/ou sur des variations moyennes ou des moyennes
dans la population. Elles permettent en effet de dresser et de comparer des profils de
distributions avant et après toute réforme simulée en matière de politique économique et
sociale. C’est bien le cas de plusieurs politiques et réformes publiques en cours de
discussions au Maroc (réforme de la caisse de compensation par exemple).
Comme en général ces analyses sont conduites directement sur les données
microéconomiques tirées des enquêtes auprès des ménages, en adoptant des stratifications
appropriées de la population, les effets négatifs éventuels sur des sous groupes pauvres et
vulnérables peuvent être prédits et donc évités ou du moins allégés avec la mise en place de
toute réforme.
Dans le même sens, un point important, longtemps ignoré selon nous, que doit intégrer toute
stratégie de lutte contre la pauvreté dans le futur est relatif à la mise en place d’une véritable
veille analytique qui devrait suivre toutes les politiques économiques publiques proposées
par le gouvernement pour en évaluer l’impact sur la pauvreté et proposer soit des
amortisseurs des effets négatifs soit des catalyseurs des effets positifs. Cette veille
s’appuierait alors sur des études de type PSIA avancées ci-dessus.
Dans ces analyses, on commence par dresser les principaux facteurs (exogènes ou
endogènes) liés à toute politique à mettre en place susceptibles de produiraient plus ou
moins de pauvreté. Ensuite et à partir de ces analyses on cherche à identifier des
mécanismes d’accompagnement et des amortisseurs efficaces pour sauvegarder le bien être
des populations pauvres (protection sociale, filets de sécurité, …). Ces mécanismes peuvent
être à dimensions préventive/curative et macroéconomique/microéconomique.
De façon générale, toute stratégie à mettre en place doit avoir plusieurs dimensions pour
rencontrer et aider à atténuer les différentes formes de pauvreté. Les interventions à prévoir
devraient être multiples : préventives, curatives et structurelles. L’objectif central étant de
combattre les effets directs et indirects de la pauvreté par des interventions ponctuelles. Il
s’agit de favoriser la sortie de la pauvreté en dynamisant les mécanismes adéquats, en
particulier à travers le renforcement des capacités des pauvres à différents niveaux, puis
s’attaquer aux mécanismes d’appauvrissement pour les ralentir ou les éliminer en traitant les
causes structurelles de la pauvreté au Maroc.
En plus de l’État Central, en tant qu’acteur essentiel est incontournable dans toute stratégie,
un rôle plus clair est plus spécifique doit-être identifié et assigné à plusieurs autres entités
administratives en matières de lutte contre la pauvreté. En plus d’assurer l’exécution, où
elles sont supposées être plus efficaces, les Régions et les Collectivités locales doivent
participer à tout effort concerté de lutte contre la pauvreté et de développement local en
général. Toutes les composantes actives de la société civile et même du secteur privé,
doivent aussi être associées, de façon coordonnée, dans toute stratégie déclinée à différents
niveaux (national, régional, local). La pertinence et/ou la nécessité de l’intervention de
chaque acteur doit-être prouvée, selon les domaines et les espaces géographiques d’intérêts
respectifs.
Les résultats et les leçons de la première SDS et des autres programmes en cours, y
compris l’INDH, doivent être utilisés et exploités pour réfléchir toute nouvelle stratégie de
lutte contre la pauvreté. Certaines des composantes déjà en place devraient être maintenues
et renforcées par d’autres mais aussi étendues à d’autres régions du pays. C’est en fait
l’objet de certains projets actuellement en cours en matière de désenclavement du milieu
rural, d’électrification et d’adduction d’eau potable. D’autres composantes devraient être
ajustées, au moins en termes de ciblage, pour améliorer leurs efficacités ou même
disparaître s’il le faut.
32
En termes de propositions pratiques, toute nouvelle stratégie doit naturellement prendre en
considération le fait que la pauvreté peut être vue à partir de plusieurs angles. Ainsi, et à titre
d’exemple, l’absence des équipements dits communautaires et leur mauvaise répartition
spatiale a été toujours mise de l’avant au Maroc. Il est alors évident qu’en matière de lutte
contre la pauvreté, l’accès des personnes aux différents marchés est fondamental. Les
marchés dont il s’agit, et qui sont soit absents soit défaillants dans plusieurs régions du
Maroc, sont ceux des biens, pour agir sur le rôle négatif des intermédiaires, du crédit formel
(banque ou associations du micro crédit) dont l’absence oblige les ménages à produire des
biens moins rentables pour faire face aux contraintes de liquidité ou encore à produire loin
en dessous des quantités optimales qui maximisent leurs profits. Pour les agriculteurs et
paysans du milieu rural, la mise en place, avec l’assistance de l’État, d’un système
d’assurance ou de micro assurance d’une forme autre que conventionnelle, dans lequel les
paysans se retrouveraient et adhèreraient et de nature à augmenter l’emploi, à réduire le
chômage et la pauvreté en milieu rural.
Dans ce sens, des expériences pilotes ont été réalisées au Maroc ces dernières années à
travers ce qui est dit Community Based Monitoring System (CBMS). Elles ont été conduites
dans le cadre d’un projet reliant le Ministère de l’Economie et des Finances et le Fonds des
Nations Unies pour le Développement des Femmes (UNIFEM). Elles ont concerné, dans un
premier temps une municipalité (Essaouira) et une commune rurale (Bouaboud, dans la
province de Chichaoua).
Selon une définition simple, le CBMS est un dispositif statistique d’information au niveau
communautaire. C’est un système d’observations relatif à tous les aspects du
développement. Les informations y sont recueillies au niveau des ménages, des personnes
et/ou des communautés, dans le but d’effectuer un diagnostic exhaustif et aussi précis que
possible de la situation, phase incontournable dans tout processus de planification, de
programmation de projets et de lutte contre la pauvreté au niveau local. Il nous semble que
ce type de dispositifs, qui a fait preuve de son utilité et de sa pertinence, d’abord au niveau
international puis au Maroc, est à promouvoir et à généraliser le plus possible avec
l’opérationnalisation de toute stratégie de lutte contre la pauvreté.
Les rapports et les résultats des deux expériences pilotes qui ont eu lieu montrent qu’un tel
système peut informer les décideurs sur les avancées réalisées et aussi sur les retards
enregistrés au niveau de chacun des domaines, notamment éducatif, santé, migration,
environnement, niveau de vie et pauvreté, emploi, micro crédit, violence, gouvernance,…
etc. Le CBMS s’est avéré un véritable outil ayant un potentiel pour assister les décideurs et
les acteurs locaux dans le suivi de la stratégie de réduction de la pauvreté, de la réalisation
des OMD et d’autres initiatives de développement.
33
Il semble que ces expériences sont techniquement transposables sur d’autres communes. Il
faut (et il suffirait) que les responsables et autres acteurs locaux comprennent le caractère
indispensable de cet outil et aient la bonne volonté pour le mettre en place en lui consacrant
les ressources humaines et matérielles pour assurer la régularité de la collecte et du
traitement des informations et le calcul des indicateurs découlant de ce système.
En l’absence de telles enquêtes au Maroc, et pour approcher une étude relative aux
mouvements de sortie et d’entrée en pauvreté a été conduite sur la base d’une enquête
qualitative. Cette étude, conduite par la Banque mondiale (2007) s’inscrit dans la cadre d’un
programme couvrant 18 pays à travers le monde, a été conduite dans six localités rurales et
trois zones urbaines du Maroc. 4 Elle a produit des résultats très intéressants pour l’outil
utilisé. Pour réduire la pauvreté, cette étude recommande par exemple d’encourager la
diversification des sources de revenus des ménages en facilitant leur accès au financement
de diverses activités, de continuer à construire des infrastructures et à développer les
services particulièrement dans les zones rurales, de favoriser l’accès aux services de santé
et à l’éducation secondaire en prêtant plus d’attention aux femmes et aux jeunes filles, de
traiter convenablement les problèmes d’inégalités entre les sexes et d’encourager l’inclusion
des jeunes en améliorant la qualité et la pertinence de l’éducation.
Ce type d’enquêtes qualitatives doit être maintenu dans le futur pour éclairer les ajustements
à apporter aux stratégies de lutte contre la pauvreté. Cependant, ces résultats pleins de bon
sens et parfois très intuitifs, doivent être testés, renforcés ou atténués, complétés et
ordonnés à travers les résultats chiffrés d’enquêtes de type panel à mettre en place et
recommandées ci-dessus.
Ces deux nouveaux dispositifs statistiques que nous proposons ici (CBMS et enquêtes
panel) devraient enrichir et ajuster la panoplie d’indicateurs de suivi et mettre à jour tous les
tableaux de bord de suivi des politiques de lutte contre la pauvreté. Cette mise à jour se
ferait dans l’espace, avec les systèmes CBMS, et dans le temps avec des données des
enquêtes panel assez légères mais régulières à périodicités rapprochées.
34
Notes de bas de page
1
Ce texte s’est largement appuyé, a bénéficié et a puisé des sources suivantes : Abdelkhalek (2005a),
Abdelkhalek (2005b) et Abdelkhalek (2009).
2
On rappelle ici que les membres d’un ménage sont dits vulnérables si la dépense annuelle par tête du ménage
se trouve entre le seuil de pauvreté et la valeur 50% supérieure à ce seuil (selon le milieu de résidence).
3
Les mesures de pauvreté monétaires les plus utilisées sont celles proposées par Foster, Greer, et Thorbecke
(1984) (FGT). Elles sont habituellement notées Pα. Dans ces mesures, lorsque α = 0 on obtient l’indicateur le plus
connu qui est le taux de pauvreté qui est aussi dit l’indice numérique de pauvreté. Lorsque α = 1 on obtient un
indice de profondeur de la pauvreté. Enfin lorsque α = 2 on obtient un indice de sévérité de la pauvreté. Dans ces
mesures plus α (coefficient d’aversion à la pauvreté) est grand plus l’accent est mis sur les plus pauvres de la
population.
4
Programme intitulé : “Moving out of Poverty : Understanding Freedom, Democracy and Growth from the Bottom
Up”. Cette étude peut être téléchargeable à l’adresse ://go.worldbank.org/SSY9D6F7G0.
35
REFERENCES
Abdelkhalek, T. 1999. “La pauvreté au Maroc : une approche basée sur la satisfaction des besoins
de base”, dans “Pauvreté, Satisfaction des Besoins Essentiels et Variables Démographiques au
Maroc”, Série Études de l’INSEA, Rabat.
Abdelkhalek, T. 2005a. “La pauvreté au Maroc”, contribution dans le cadre du groupe thématique 7
“Les phénomènes d’exclusion, de pauvreté et d’analphabétisme” du Rapport du Cinquantenaire sur
“50 ans de développement humain au Maroc” (RDH50) http://www.rdh50.ma/fr/pdf/contributions/GT7-
1.pdf, (2005).
Abdelkhalek, T. 2005b. “Dépenses publiques, croissance économique et pauvreté au Maroc : vers une
analyse multi niveaux”. Contribution dans le projet de recherche conjoint d’IFPRI et d’API intitulé :
Public Policy and Poverty Reduction in the Arab Region.
Abdelkhalek, T. and M. Rockmore. 2007. “ Public Expenditure, Economic Growth and Poverty in
Morocco: Moving toward a Multi-Level Analysis”, in “Public Policy and Poverty reduction in the Arab
region” Ali Adbel Gadir Ali and Shenggen Fan Editors, API and IFPRI.
Abdelkhalek, T., (2006), « Croissance Économique et Pauvreté au Maroc : quel lien ? », Cahier du
Plan, numéro 6, janvier-février, Rabat.
Direction de la statistique, “Enquête nationale sur les niveaux de vie des ménages (1998-99)”, Rabat.
Direction des études et des prévisions financières, Ministère de l’économie et des finances. 2009.
“La décennie des reformes et du progrès…pour un Maroc moderne et solidaire 1999-2009”, juillet 2009.
Haut Commissariat au Plan. 2008. “Enquête nationale sur les niveaux de vie des ménages 2007”,
premiers résultats (juin 2008).
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