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Résumé
Tournant le dos à ses efforts antérieurs d’harmonisation des comptabilités européennes, l’Union
européenne décidait en 2002 de recourir à la sous-traitance et d’imposer aux sociétés cotées euro-
péennes l’adoption d’un référentiel comptable produit par un organisme de droit privé, l’IASB (Inter-
national Accounting Standards Board), basé à Londres et dénué jusque-là de tout mandat public. La
décision est d’autant plus marquante que l’UE ne dispose d’aucun moyen de contrôle institutionnel
sur l’IASB alors même qu’elle constitue le premier ensemble géographique à avoir décidé d’imposer
à ses entreprises ce jeu de normes. Ce dernier est en outre ancré dans la tradition anglo-saxonne de
normalisation pour les marchés financiers et promeut une représentation de la firme qui s’éloigne des
traditions comptables du capitalisme continental. Cet article montre en quoi les nouvelles normes
transforment la conception de l’entreprise et explicite le faisceau de facteurs qui a abouti à cette
transformation institutionnelle majeure pour le capitalisme européen. — Numéro spécial : Les nou-
veaux formats de l’institution.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
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Cet article a bénéficié des commentaires avisés de Christine Guerlain, Karim Medjad et des coordinateurs du
numéro spécial.
Adresse e-mail : chiapello@hec.fr (È. Chiapello).
0038-0296/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.soctra.2005.06.002
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 363
Abstract
In 2002, the European Union changed direction from its past efforts to harmonise European accoun-
ting systems and turned instead to a subcontractor, requiring listed European companies to adopt
accounting standards drawn up by a private London-based organisation, the IASB (International
Accounting Standards Board), which had until then had no public mandate. This decision was all the
more significant because the EU has no institutional means of control over the IASB, although it was
the first geographical group to decide to impose these standards on its businesses. IASB standards are
rooted in the “anglo-saxon” tradition of standardisation for the financial markets, and the view of the
enterprise they promote diverges from the accounting traditions of continental European capitalism.
This article shows how the new standards are transforming the concept of enterprise, and examines
the span of factors that brought about what is a major institutional change for European capitalism.
— Special issue: New patterns of institutions.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
ricain Enron est le symbole, ne font pas exception à la règle, la loi Sarbanes-Oxley aux
États-Unis (juillet 2002), la loi de sécurité financière en France (août 2003) ayant renforcé
les contrôles et impulsé une nouvelle vague de transformation des règles comptables pour
aider à « restaurer la confiance », selon l’expression consacrée. Notons pour finir que cette
normalisation est elle-même toujours en retard sur les pratiques des entreprises qui sont
l’objet d’une constante inventivité. La comptabilité est l’un de ces multiples espaces du
capitalisme où la « catégorisation » poussée par la critique du capitalisme est toujours en
retard sur la multitude des « déplacements » opérés par les acteurs dans le but d’accroître,
de sauvegarder ou de restaurer leurs revenus (Boltanski et Chiapello, 1999).
La normalisation favorise en théorie les échanges sereins entre parties prenantes qui
savent à quoi s’en tenir sur les conventions appliquées. Pour autant, celles-ci ne sont pas
neutres quant aux représentations qui sont données de l’entreprise. Les pays capitalistes
appliquent ainsi des jeux de normes (dits aussi « référentiels ») différents qui ne donnent
pas à voir les mêmes choses, diversité qui handicape le mouvement des affaires à l’heure de
la mondialisation financière. De fortes pressions proviennent donc depuis quelques temps
des acteurs globaux pour unifier les différents référentiels et adopter « un langage compta-
ble commun » à l’échelle de la planète, qui permettrait aux investisseurs de décoder faci-
lement les états financiers partout où ils vont et aux multinationales de ne produire qu’un
seul jeu de comptes. La scène de la normalisation, qui est intrinsèquement un espace de
lutte entre les différentes parties prenantes dont les besoins d’information et les intérêts
divergent, est ainsi aussi devenue depuis une vingtaine d’années un espace de concurrence
entre modèles comptables de pays différents, associés à des modèles de capitalisme diffé-
rents.
Par un règlement de juillet 20021, l’Union européenne (UE) décidait que toutes les socié-
tés cotées européennes devraient adopter pour leurs comptes consolidés2 à partir de l’année
2005 un référentiel comptable (appelé « IFRS » ou « IAS3 » ou référentiel « internatio-
nal ») produit par un organisme de droit privé, l’IASB (« International Accounting Stan-
dards Board ») basé à Londres, dénué jusque-là de tout mandat public. Cette décision consa-
crait une transformation majeure dans la manière de gérer la question comptable à l’UE. En
effet, après avoir essayé d’harmoniser par elle-même les référentiels nationaux dans le
cadre de l’application de la 7e directive (83/349/CEE) de 1983 sur les comptes consolidés
(Colasse, 2000b ; Simon et Stolowy, 1999 ; Haller, 2002)4, l’UE décidait de recourir à la
1
Règlement (CE) n° 1606/2002 du Parlement européen et du Conseil, du 19 juillet 2002 sur l’application des
normes comptables internationales.
2
Une entreprise produit des « comptes sociaux » pour chacune des entités juridiques qui la compose et des
« comptes consolidés » pour l’entité globale, constituée de la maison mère et de ses sociétés filiales.
3
IAS, qui signifie « International Accounting Standards » (normes comptables internationales), est le nom
utilisé pour les normes émises avant la réforme de 2001 ; IFRS est le nom utilisé depuis pour les nouvelles
normes. Ce sigle, qui signifie « International Financial Reporting Standards » (normes internationales de repor-
ting financier), souligne que ce qui est normalisé est l’information publiée et non la tenue des comptes.
4
L’effort d’harmonisation portait aussi sur les comptes sociaux (4e directive, 1978) et le contrôle légal (8e direc-
tive, 1984). Des directives particulières traitent du cas des banques et établissements financiers (1986) et des
entreprises d’assurance (1991).
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 365
sous-traitance5. Pour les Français, cette décision est encore plus lourde de conséquences
car les normes adoptées sont issues de la tradition anglo-saxonne de normalisation.
Cet article est consacré à une analyse de ce passage du référentiel national français à
celui de l’IASB. La première partie décrit certains changements dans la technique comp-
table en essayant de montrer la façon dont ils transforment la conception de l’entreprise et
de sa performance économique et quelles conséquences on peut en attendre pour le fonc-
tionnement des entreprises et des marchés. La deuxième partie explicite le faisceau de
facteurs qui a abouti à cette transformation institutionnelle.
5
L’UE s’est dotée de deux organismes chargés d’introduire les normes de l’IASB dans le droit communautaire,
l’ARC (Accounting Regulatory Committee) qui constitue le niveau politique d’adoption des normes (y siègent
des représentants des États membres et des normalisateurs nationaux) et l’EFRAG (European Financial Reporting
Advisory Group) qui en constitue le niveau technique. Ce dispositif a fonctionné de façon exemplaire lorsque,
malgré un avis favorable émis par l’EFRAG, l’ARC a adopté en juillet 2003 toutes les normes IAS disponibles
sauf deux, les normes 32 et 39. La norme 39 révisée courant 2004 a fini par être adoptée par l’ARC — mais
seulement partiellement — en novembre 2004 et la norme 32 en décembre 2004. L’Europe ne s’étant pas dotée
d’un organisme de normalisation propre n’a d’autre choix que d’accepter ou de refuser une norme, voire une
partie de norme comme dans le cas de l’IAS 39.
6
La valeur inscrite dans le compte « chiffre d’affaires » est la valeur nominale de la facture divisée par 1+ le
taux de l’argent sur la durée correspondant au délai de règlement accordé au client.
7
Fair value en anglais.
8
Voir aussi Revue d’économie financière (spécial « Juste valeur et évaluation des actifs »), 2003-2, (71).
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taux qui lui permettra d’actualiser les flux futurs. La solution choisie s’écarte de la méthode
la plus facile à contrôler, qui consiste à enregistrer en comptabilité la valeur qui est sur la
facture.
Cette logique se trouve poussée encore plus loin avec l’obligation, non seulement d’enre-
gistrer les achats en juste valeur, mais de réévaluer chaque année un certain nombre de
postes d’actifs, comme c’est le cas — pour prendre un exemple simple — des immeubles
de placement. Dans les normes françaises, ces immeubles9 sont inscrits au bilan à leur
valeur historique qui peut être très différente de leur valeur de marché, surtout si la durée de
détention est élevée. Dans les normes de l’IASB, ils devront être inscrits chaque année à
leur valeur de marché, et s’il n’existe pas de valeur de marché disponible (bien exception-
nel), le bien devra être évalué à partir d’une actualisation des flux de revenus futurs que l’on
attend de l’immeuble, ce qui suppose à la fois une prévision des flux et un choix de taux
d’actualisation.
Ce type de réévaluation doit également s’appliquer à de nombreux actifs financiers et
pour ceux-là les modèles de valorisation sont encore plus complexes car ils reposent sur
des calculs mathématiques probabilistes sophistiqués. Les modélisations économétriques
de l’industrie financière font donc leur entrée dans l’officine du comptable transformant
considérablement son travail et la proportion, au sein des résultats comptables, des faits
vérifiables et des estimations conventionnelles concernant l’avenir (Aglietta et Rébérioux,
2004).
L’un des risques les plus souvent évoqués de ces pratiques est l’introduction d’une plus
grande volatilité des comptes puisque les valeurs de marché — qui sont préférées quand
elles existent aux valeurs calculées — dépendent de la conjoncture, et que les valeurs cal-
culées — par lesquelles on les remplace en cas d’absence de valeur de marché — en dépen-
dent au moins puisqu’elles reposent sur les anticipations des acteurs. Par ailleurs, l’usage
de modélisations complexes pour évaluer les actifs des entreprises, alors que l’on sait que
le moindre changement de taux ou de dispositif mathématique conduit à de gros écarts de
résultat, va déboucher sur la généralisation de l’achat de services de valorisation « indé-
pendants » pour estimer chaque année les valeurs à inscrire dans les bilans.
Les concepts comptables évoluent aussi pour d’autres raisons. Ainsi, dans le cas du
chiffre d’affaires, le fait générateur d’inscription n’est plus la livraison mais le transfert au
client des avantages et risques afférents au produit vendu. Les entreprises vendant avec des
clauses de garanties vont donc devoir décaler dans le temps l’enregistrement d’une partie
de leur chiffre d’affaires, puisqu’il leur faudra tenir compte du fait qu’elles assument encore
une partie des risques de produits déjà en service chez leurs clients.
De nombreuses autres transformations vont toucher les comptes, qu’il est impossible de
détailler toutes dans cet article. Mentionnons pour mémoire que les normes internationales
consacrent également une nouvelle frontière entre les dettes et les capitaux propres, qu’elles
transforment les pratiques d’amortissement et de provisionnement, changent la définition
des investissements qui peuvent être inscrits à l’actif, ou encore suppriment la notion de
produits et charges exceptionnels.
L’ampleur des modifications est telle que la plupart des observateurs pensent que les
premières années d’application du nouveau référentiel, les analystes financiers seront bien
9
Sauf opérations exceptionnelles de réévaluation devant alors toucher toutes les immobilisations autres qu’incor-
porelles.
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en peine de trouver leurs marques. Par ailleurs, les problèmes opérationnels de mise en
œuvre des recommandations sont loin d’avoir tous été découverts. De l’avis de tous, il
faudra plusieurs années pour que se forment par-dessus le corps de normalisation, les métho-
des de travail concrètes standardisées permettant la production comptable et surtout une
véritable comparaison des comptes d’une entreprise à l’autre.
Pour comprendre comment il est possible de transformer aussi substantiellement l’ensem-
ble de nos repères comptables, il faut remonter, au-delà des différences techniques, aux
différences de principes comptables qui président à la tenue des comptes.
10
Selon les termes du cadre conceptuel de l’IASB. Ce « cadre » (Framework for the Preparation and Presen-
tation of Financial Statements, 1989) est un document explicitant les principes comptables et la définition des
principaux concepts (actif, passif, capital, revenu, produit, charge,...) qui orientent la construction des normes.
11
Sur le crédit-bail, les normes américaines recommandent depuis longtemps le traitement IFRS.
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non contestables. Les nouvelles normes permettent bien sûr de combattre certaines formes
de manipulations des comptes, mais ces dernières plutôt que de disparaître vont sans doute
se trouver redéfinies. Les critères antérieurs étaient peut-être trop simples et loin de suivre
les contours de la réalité économique des transactions, mais ils avaient le mérite d’être
facilement vérifiables et peu contestables. La contrôlabilité et la fiabilité des comptes étaient
privilégiées sur la pertinence de l’information qu’ils convoyaient12.
Un autre principe traditionnel en comptabilité française est également mis à mal par les
normes IFRS : le principe de prudence. Celui-ci postule que ne doivent être enregistrées en
comptabilité que les moins-values latentes et non les plus-values latentes. Ce principe a une
longue histoire et découle de la définition de l’un des tous premiers délits comptables (défini
en 1867) : celui de distribution de dividendes fictifs (Lemarchand et Praquin, 2004). Ce
délit visait à réprimer les pratiques qui permettaient aux actionnaires de s’approprier des
profits à venir dont la réalisation était encore incertaine. Les normes IFRS en suggérant une
revalorisation régulière, y compris lorsque la juste valeur est supérieure à la valeur comp-
table13 (ce qui revient à mettre en évidence dans les bilans des entreprises des plus-values
latentes) pourraient nous faire retomber dans les dérives que voulait combattre le législa-
teur de la fin du XIXe.
L’analyse des principes sous-jacents aux normes IFRS en souligne leur origine anglo-
saxonne (Walton, 1996). La normalisation à l’anglo-saxonne est faite pour les marchés
financiers14 et privilégie les attentes des actionnaires. Les comptes au format IFRS ne font
pas exception comme l’énonce clairement le « cadre conceptuel » de l’IASB15. Cette opti-
que est habituellement associée à des méthodes comptables qui font apparaître les profits le
plus rapidement possible, de hauts profits étant favorables à de bons cours de bourse. Selon
cette perspective en outre, les investisseurs doivent savoir si les actifs actuellement détenus
par l’entreprise renferment ou non des plus-values latentes car la valeur de l’entreprise, et
donc de l’action, n’est pas la même selon qu’il existe ou non un « trésor de guerre ».
12
Cette hiérarchie des principes à la française est à mettre en relation avec l’histoire de la normalisation comp-
table en France, largement poussée par le souci de l’État de lutter contre la fraude fiscale et donc d’améliorer la
contrôlabilité des comptes (Touchelay, 2004). Le recours à un plan comptable, qui va jusqu’à stipuler les intitulés,
numéros et nomenclatures de comptes que doivent utiliser les entreprises pour passer leurs écritures — formule de
normalisation qui n’est pas adoptée dans tous les pays — participe de ce même objectif ainsi que l’obligation qui
est faite aux entreprises de passer en comptabilité des écritures qui n’ont un sens que fiscal.
13
Ce n’est le cas aujourd’hui, dans le référentiel IASB, que pour certaines natures d’actifs.
14
Aux États-Unis, le pouvoir de normalisation appartient à la SEC (Securities and Exchanges Commission)
— le régulateur boursier national — depuis sa création en 1933. La SEC délègue ensuite cette mission à diverses
institutions selon la période. Seule la comptabilité des sociétés cotées est donc normalisée, les autres entreprises
appliquant les normes par imitation ou se contentant des règles fiscales qui sont déconnectées des règles de la SEC
(Walton, 1996). Dans ce contexte, il est assez compréhensible que la normalisation comptable soit orientée vers
les marchés. En France en revanche, la normalisation comptable s’applique à toutes les entreprises et est dominée
historiquement par les besoins de l’État (contrôle fiscal et statistiques nationales) (Touchelay, 2004).
15
Citons-en l’article 10 : « Bien que tous les besoins d’information de ces utilisateurs ne puissent pas être
satisfaits par des états financiers, il y a des besoins qui sont communs à tous les utilisateurs. Comme les investis-
seurs sont les apporteurs de capitaux à risque de l’entreprise, la fourniture d’états financiers qui répondent à leurs
besoins répondra également à la plupart des besoins des autres utilisateurs susceptibles d’être satisfaits par des
états financiers. » Voir aussi (Colasse, 2000a).
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A contrario, la normalisation française (mais aussi allemande et plus largement celle des
pays du capitalisme concerté ou partenarial par opposition au capitalisme libéral ou action-
narial) privilégie la prudence et la protection des créanciers. Cette approche tend au contraire
à retarder l’apparition des profits en valorisant de façon prudente les actifs et en survalori-
sant les passifs (Van Hulle, 1996). L’intérêt des prêteurs n’est pas en effet d’obtenir une
image de l’entreprise prenant en compte bonnes et mauvaises anticipations mais au contraire
de savoir si, dans le pire des cas, ils seront remboursés. Pour eux, la mesure de performance
pessimiste que permet l’application du principe de prudence est intéressante. Ceux qui
peuvent a priori le plus facilement profiter de l’annonce des plus-values latentes sont les
investisseurs qui disposent de titres négociables et qui — à défaut d’obtenir la distribution
de dividendes fictifs — peuvent voir, grâce à ces communications, les cours monter, leur
ouvrant ainsi la voie à la réalisation de plus-values.
Gardons-nous néanmoins de réduire l’intérêt des investisseurs à la seule hausse du cours
de bourse à court terme, comme le cas du traitement comptable des stock-options recom-
mandé par les IFRS le montre. La distribution massive de stock-options ces dernières années
avait étendu à la couche supérieure du salariat l’intérêt à la hausse des cours, coalisant les
dirigeants et les actionnaires autour du même objectif. Mais les derniers scandales, notam-
ment celui d’Enron, ont montré les limites de ces dispositifs, l’intéressement massif des
dirigeants au cours de l’action ayant débouché sur toutes sortes de manœuvres frauduleu-
ses (y compris des manipulations comptables) destinées à soutenir les cours, et aboutir à un
désastre financier. Pour contrecarrer ces dérives, le nouveau traitement comptable des stock-
options va rendre le recours à ces modes de rémunération beaucoup moins attractifs. Alors
qu’avant les entreprises étaient uniquement tenues de déclarer dans les annexes des comp-
tes les plans de stock-options adoptés, elles devront dorénavant passer en charge leur coût16.
Le même principe, c’est-à-dire la mise en évidence du « vrai coût des rémunérations »,
devrait impacter d’autres catégories du salariat comme le montrent les dispositions concer-
nant la comptabilisation des avantages au personnel en matière de retraite. Ces questions
ne concernent en France que les entreprises garantissant à leurs salariés des avantages spé-
cifiques au-delà du régime de répartition du droit commun, c’est-à-dire uniquement les
« régimes spéciaux ». Selon ces dispositions, chaque mois passé dans l’entreprise ouvre
pour le salarié un droit pour la retraite dont la traduction comptable pour l’entreprise devrait
donc être une dette. Les IFRS demandent à ce que ces dettes soient dorénavant inscrites
dans les passifs des entreprises. Pour celles qui ont de gros engagements comme les entre-
prises publiques l’impact des nouvelles normes est immédiatement destructeur.
Si on prend le cas d’EDF, qui devrait appliquer les normes IFRS en cas de cotation, les
capitaux propres de l’entreprise deviendraient très négatifs, aboutissant à la nécessité pour
l’opérateur d’ouvrir son capital pour se recapitaliser. EDF et GDF ont entrepris dans cette
perspective une négociation avec les régimes généraux Arcco et Agirc pour réduire l’impact
16
Microsoft a estimé que son bénéfice aurait été réduit de 30 % s’il avait comptabilisé en IFRS les plans de
stock-options votés en 2003. D’après une enquête du cabinet d’audit Deloitte auprès de 165 clients américains,
46 % des groupes ont d’ores et déjà planifié de réduire la place des stock-options dans leur stratégie de rémuné-
ration (Source : Les Échos, supplément du 13 mai 2004, p. 17). Les entreprises américaines sont autant concer-
nées que les groupes européens car il s’agit d’une norme élaborée conjointement par l’IASB et le normalisateur
américain.
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des nouvelles normes comptables sur leurs comptes. L’analyse de ce dossier montre les
ambiguïtés de la réforme comptable. Du point de vue des salariés d’EDF, la transparence
sur les engagements de retraite n’est pas de bon augure bien que la question de la renégo-
ciation de leurs avantages ne soit pas à l’ordre du jour. Mais du point de vue des citoyens
qui payent l’impôt, cette information est importante car le régime spécial de l’entreprise ne
pouvant faire face à ses obligations, une partie de sa dette sera prise en charge par l’État. Il
est également prévu que les clients–particuliers de l’opérateur — qui sont actuellement
captifs car la concurrence n’est pas encore de mise pour eux — voient leur facture augmen-
ter. L’électricité étant un bien de première nécessité, la question de la justice sociale à
l’œuvre dans la solution adoptée peut au moins être posée, ce qui n’était pas le cas aupa-
ravant puisque l’information n’était pas disponible17. D’un autre côté, on ne peut qu’admi-
rer la façon dont une simple transformation des règles comptables fait le jeu des partisans
de la privatisation des services publics puisque les entreprises seront obligées d’ouvrir leur
capital, à moins soit d’une négociation à la baisse des avantages acquis du personnel, soit
de la sollicitation de l’État et de la contribution obligatoire de tous les Français.
La logique générale qui oriente les travaux du normalisateur international est la volonté
que soient comptabilisés dans le bilan tous les éléments susceptibles de déterminer l’ave-
nir, le poids des engagements déjà contractés comme les plus-values latentes. Le projet
politique, plus communément appelé « transparence », est une communication totale des
bonnes et mauvaises nouvelles et la valorisation de tous les risques, engagements et avan-
tages futurs connus. Le but est d’améliorer au maximum l’information des investisseurs
pour les aider à déterminer la valeur de l’entreprise et donc le cours de l’action.
Mais au-delà, c’est la conception de ce qu’est une entreprise que médiatisent les normes
comptables. Toute transformation des normes accompagne et fait exister une nouvelle défi-
nition de la firme. Dans le cas des engagements de retraite d’EDF, on voit que leur clarifi-
cation suppose une conception de l’entreprise comme entité indépendante de la nation et de
son bien-être général devant donc faire face à ses engagements seule.
De même, le principe de réévaluation annuelle à la hausse ou à la baisse des actifs de
l’entreprise suppose une évolution de la conception de l’entreprise. Aujourd’hui ces dispo-
sitions ne touchent qu’une partie du bilan, le projet de « full fair value » ayant été, au moins
officiellement, abandonné, mais la tendance qu’elles impriment est intéressante à généra-
liser pour les besoins de l’analyse. Devoir réévaluer annuellement est perçu négativement
par les dirigeants d’entreprise lorsqu’ils n’ont aucune intention de se défaire des actifs
considérés. Les actifs sont combinés dans le cadre de l’exploitation et l’entreprise — sauf
à changer de métier radicalement — n’a aucune raison de s’en dessaisir. Communiquer sur
leur valeur de marché, semble suggérer aux investisseurs qu’ils pourraient, s’ils le souhai-
tent, liquider l’entreprise en la vendant par composants, que la firme n’est rien d’autre
qu’une somme d’actifs revendables sur le marché, que leur combinaison et leur mise en
17
Pour un exposé à charge, voir « Enquête sur un scandale d’État », P. Bonazza, Le Point, 11 novembre 2004.
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 371
valeur n’apportent aucune valeur (Bignon et al., 2004)18 ? En creux, les rôles du travail de
l’ensemble des salariés de la firme, de leurs métiers et compétences qui permettent de ne
pas combiner au hasard les actifs, de l’organisation de la firme sont minorés dans la repré-
sentation des contributions à la création de valeur.
Les variations de résultats à la hausse ou à la baisse en fonction des valeurs de marché
transforment également la conception de ce qu’est la performance économique de la firme
car la performance ainsi évaluée risque de refléter largement les mouvements de l’environ-
nement et des marchés financiers. L’entreprise dessinée par les normes IFRS est donc moins
qu’avant une entité qui produit et commercialise des biens et des services, qui associe des
facteurs de production, des actifs et du travail humain, qui possède une organisation propre
lui conférant une valeur supérieure à la somme de ses parties. Elle s’éloigne de la concep-
tion qu’en ont les salariés qui y travaillent ou les managers qui font métier de la gérer. De
même elle diffère de l’entreprise telle que la pensent les clients qui s’intéressent quant à
eux aux produits et services rendus ainsi qu’à leur prix. C’est en revanche plus qu’avant
l’entreprise vue depuis ceux qui en font commerce. Ce n’est pas tant l’entreprise comme
institution qui produit de la marchandise qui est mise au premier plan mais l’entreprise
comme marchandise, ou plutôt panier de marchandises parmi lesquelles les investisseurs
pourraient symboliquement faire leur marché19.
D’une manière générale, les normes comptables, parce qu’elles formatent l’image éco-
nomique donnée par les firmes (leur niveau de profit, leur ratio d’endettement, le niveau de
leurs capitaux propres, le niveau de leur chiffre d’affaires, etc.), influencent en retour les
politiques d’entreprise. Les entreprises vont ainsi développer certaines actions et en réduire
d’autres (comme le recours au crédit-bail, ou la distribution de stock-options), transformer
leurs modes de gestion (par exemple changer la rédaction des contrats de vente organisant
le transfert des risques aux clients). Le changement de référentiel se présente donc aussi
comme une occasion historique unique de déterminer dans quelle mesure c’est l’instru-
ment de mesure qui fait la politique battant en brèche une approche naïve de la comptabilité
qui tendrait à n’en faire qu’une chambre d’enregistrement des transactions économiques.
La façon dont celles-ci sont enregistrées a bien au contraire un impact sur les pratiques des
entreprises qui intègrent dans leurs décisions une gestion de leurs indicateurs de perfor-
mance. Le changement de chronomètre pourrait bien changer fortement la nature de la
course, le but n’étant pas tant d’être une entreprise qui marche bien mais de maximiser des
indicateurs à la définition conventionnelle. D’ailleurs, on ne sait même pas comment il
18
Les mesures relatives au suivi comptable des immobilisations par unité génératrice de trésorerie et par com-
posants poussent au bout cette représentation de l’entreprise comme panier de marchandises indépendantes plutôt
que comme combinaison originale d’actifs dans un outil de travail.
19
L’obligation de produire une information segmentée par grande zone géographique et famille de produits est
un autre aspect des normes IFRS qui favorise la mainmise des actionnaires sur les entreprises en leur suggérant
des recombinaisons et des recentrages grâce au développement, à la revente ou à l’acquisition d’activités. Les
actionnaires se trouvent alors en position d’influencer la politique d’acquisition ou de revente de morceaux d’entre-
prise, i.e. d’organiser des mouvements de propriété qui renforcent le dynamisme des marchés de valeurs.
372 È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382
serait possible d’évaluer la bonne marche d’une affaire sans passer par des indicateurs si
bien qu’il n’est pas exagéré de dire qu’aucun système économique n’est pensable sans le
substrat abstrait de ses formes comptables qui le structure et le finalise. Les normes comp-
tables ont également le pouvoir d’ouvrir des marchés (comme celui de la valorisation en
juste valeur selon des modèles mathématiques complexes sous-traités à des experts chère-
ment payés) ou d’en restreindre certains.
Ayant pris la mesure à la fois de l’importance des transformations en cause et de leurs
conséquences, il semble intéressant de se pencher sur la manière dont ce changement ins-
titutionnel particulier a été produit.
Nous ne reprendrons pas en détails tous les indicateurs de développement des marchés
financiers et de mondialisation qui sont orientés à la hausse depuis le milieu des années
1970, mais ce paysage d’une finance mondialisée explique le souhait des investisseurs de
retrouver sur les différentes places une information comparable, et celui des grandes entre-
prises de ne produire qu’un seul jeu de comptes.
La rupture politique au sein de l’UE ne date pas du règlement de 2002 mais de 1995. En
juillet de cette année-là, l’IASC (International Accounting Standards Committee), ancêtre
de l’IASB, et l’OICV20 (Organisation internationale des commissions de valeurs) à laquelle
participe l’ensemble des régulateurs boursiers du monde (la SEC aux États-Unis, la Com-
mission des Opérations de Bourse à l’époque en France) annoncent la mise au point d’un
programme de travail visant à aboutir à « un corpus recommandable pour les émissions et
cotations effectuées par les émetteurs transnationaux sur les marchés financiers transnatio-
naux ». Cet accord intervient à l’issue d’une première période de discussion et d’un effort
conséquent de l’IASC depuis le début des années 1990 pour restreindre le nombre d’options
ouvertes dans ses normes (Simon et Stolowy, 1999). Il marque une deuxième phase, plus
volontariste du côté de l’OICV, les régulateurs boursiers d’un certain nombre de pays ne
souhaitant pas, contrairement à la position implicite de la SEC, que les normes internatio-
nales soient par défaut les normes américaines (Colasse, 2004). Cela venait renforcer la
crédibilité du normalisateur international, l’OICV étant, par nature, en position de norma-
lisateur comptable mondial pour les bourses de valeur à l’image de la SEC sur le territoire
américain. Cette collaboration déboucha en mai 2000 sur la publication par l’OICV d’une
20
IOSCO en anglais (International Organization of Securities Commissions).
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 373
résolution recommandant à tous ses membres d’accepter l’utilisation des normes IASC par
les sociétés cotées étrangères21.
En novembre 1995, dans la foulée de l’accord entre l’IASC et l’OICV, la Commission
européenne publiait à son tour une communication : « L’harmonisation comptable : une
nouvelle stratégie au regard de l’harmonisation internationale » (COM 95 (508))22. Ce
document rend compte des raisons qui ont poussé officiellement la Commission à se détour-
ner de la stratégie d’harmonisation jusque-là suivie : au cœur de la décision est le problème
rencontré par « les entreprises européennes à vocation internationale » dont les comptes
élaborés « sur la base de leur réglementation nationale, elle-même inspirée des directives
comptables, ne sont pas considérés comme satisfaisants. C’est notamment le cas lorsqu’elles
veulent lever des capitaux sur les marchés internationaux et, plus particulièrement,
lorsqu’elles souhaitent obtenir leur inscription à la cote d’une place boursière des États-
Unis ».
Les directives existantes qui ont encadré le processus d’harmonisation comptable euro-
péen ont touché leurs limites. En effet « certaines questions ne sont pas du tout traitées [...]
alors que d’autres ont été résolues [...] moyennant l’inclusion d’options multiples ou de
formules prêtant à des interprétations divergentes ». Du coup, « les comptes élaborés confor-
mément aux directives ne satisfont pas aux normes plus sévères exigées dans le monde »
notamment par la SEC et les entreprises européennes se trouvent obligées d’élaborer un
deuxième jeu de comptes aligné sur les normes américaines « qui ont été développées sans
aucun apport européen ».
Pour remédier à ce problème, la commission affirme qu’on ne peut faire confiance à un
processus d’harmonisation reposant sur les directives, qui selon elle s’est avéré être lourd
et assez inefficace. De plus, la question comptable évolue trop vite par rapport au temps
politique nécessaire pour travailler avec l’outil juridique des directives. La nouvelle straté-
gie est donc pensée comme devant être compatible avec le jeu de directives actuel qui ne
doivent pas être modifiées.
L’idée est donc pour l’UE de « s’engager de tout son poids dans le processus d’harmo-
nisation internationale déjà largement engagé sous les auspices de l’IASC ». Le choix de
l’IASC est perçu comme un choix contraint : il faut éviter de se faire confisquer totalement
la normalisation des sociétés cotées par les États-Unis et « seul l’IASC produit actuelle-
ment des résultats qui ont des chances non négligeables d’être reconnus au sein des mar-
chés internationaux des capitaux à bref délai ». Là encore, comme dans l’accord avec l’OICV,
l’un des facteurs clés de succès de l’IASC a été son positionnement comme « organisme
international indépendant ». Il a su être présent au bon moment pour offrir un exutoire aux
résistances politiques internationales cherchant à éviter que le pouvoir économique des
États-Unis ne se transforme en pouvoir de régulation mondial sur la question comptable.
Néanmoins, compte tenu de l’importance des marchés financiers américains et de la domi-
nation par la SEC de l’OICV, l’élaboration d’un jeu de normes agréé par l’OICV a supposé
21
La SEC, elle, réserva son approbation. Elle continue à n’accepter que les normes américaines et à exiger soit
un deuxième jeu de comptes, soit la production d’un gros document de réconciliation presque aussi complexe et
coûteux à produire.
22
On trouve de très nombreux textes européens sur la question comptable à l’adresse suivante :
http://europa.eu.int/comm/internal_market/accounting/index_fr.htm.
374 È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382
23
En 1990 la Commission organise une conférence sur l’avenir de l’harmonisation comptable : « la majorité des
participants était d’avis de ne pas réduire le nombre d’options contenues dans la 4e directive. Ce qui apparaissait
surprenant, parce qu’à l’époque l’IASC venait de décider de réduire le nombre d’options contenues dans ces
normes afin de permettre aux grandes entreprises à vocation internationale de se faire coter plus facilement sur les
places boursières étrangères ». La conférence débouche néanmoins sur la décision de la commission d’accepter
l’invitation de l’IASC à un poste d’observateur (Van Hulle, 1996).
24
Le principe de reconnaissance mutuelle suppose que la société européenne qui est cotée dans un autre État
membre ne doit pas produire de document de réconciliation de ses comptes avec les normes du pays de cotation
dans la mesure où ils ont été produits conformément aux directives.
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 375
25
L’Allemagne exprime un regain d’intérêt pour un effort européen. Le Royaume-Uni souhaite de son côté que
l’Europe pèse de façon plus lourde sur l’IASC car il voit l’organisme sur lequel il avait une influence historique se
rapprocher des États-Unis du fait du programme de travail avec l’OICV. Quant à la France, elle milite pour qu’on
ne laisse surtout pas la normalisation comptable internationale aux mains des Américains.
26
« Cette initiative a été contrée par certaines organisations qui craignaient que cela n’aboutisse à l’élaboration
d’un troisième niveau de normes qui viendraient s’ajouter aux normes nationales et internationales » (Van Hulle,
1996, p. 37).
27
« Stratégie de l’Union européenne en matière d’information financière : la marche à suivre » (COM (2000)
359 final).
28
L’urgence de la question a fait que la voie juridique du règlement a été préférée. Les règlements européens ont
l’avantage d’être directement applicables partout dans toute l’Europe, tandis que les directives doivent être trans-
posées dans les droits nationaux, ce qui peut être long. Pour que l’application du règlement puisse se faire en
conformité avec les directives comptables, celles-ci ont été modifiées par une nouvelle directive (2003/51/CE) en
juillet 2003.
376 È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382
permettait de rattraper le temps perdu. Elle s’évitait ainsi d’entrer dans de longues négo-
ciations avec les États membres et s’épargnait le coût de la construction d’un organisme de
normalisation européen dont on a vu qu’il n’était en outre pas désiré par tous. L’existence
de l’IASB, ses origines, sa stratégie sont donc tout aussi essentielles pour comprendre
pourquoi la Commission a fini par trouver que passer par eux était la solution politique la
plus efficace.
En juin 1973, les représentants des associations des professions comptables libérales
d’Australie, du Canada, de France, d’Allemagne (alors fédérale), du Mexique, du Japon,
des Pays-Bas, du Royaume-Uni, d’Irlande et des États-Unis créent l’IASC, qui est donc
une émanation des professions comptables, lesquelles ne disposent pas dans tous les pays
du pouvoir de normalisation. C’est le cas dans la tradition anglo-saxonne29 mais pas en
France30, ni dans de nombreux autres pays. L’IASC est au départ une initiative privée, qui
ne bénéficiait d’aucun soutien public et ses normes n’avaient aucun pouvoir coercitif. Cet
organisme aurait très bien pu finir par disparaître au lieu de connaître la consécration qui
est aujourd’hui la sienne.
À l’origine de la création de l’organisme, on trouve l’initiative d’Henry Benson, associé
de Coopers & Lybrand à Londres (cabinet d’audit qui après de multiples fusions deviendra
l’un des « big 4 » actuels) et aussi ancien président de la plus grosse organisation profes-
sionnelle britannique, l’ICAEW (Institute of Chartered Accountants of England and Wales).
C’est lui qui persuada justement cet organisme d’inviter d’autres organisations profession-
nelles de différents pays à participer à la création de l’IASC dont il fut aussi le premier
président. Le nouvel organisme est donc d’origine britannique et lié dès le départ aux grands
cabinets d’audit anglo-saxons. Plus largement, le poids des pays anglo-saxons y est pré-
pondérant puisqu’ils représentent la moitié des organisations fondatrices.
Si la naissance de l’IASC est souvent décrite comme le résultat d’une prise de cons-
cience de l’intégration croissante des marchés mondiaux — auxquels les grands cabinets
d’audit étaient forcément plus sensibles dans la mesure où ils accompagnaient leurs clients
29
Aux États-Unis, c’est la SEC qui a le pouvoir de normalisation mais elle l’a délégué dès sa création à l’AICPA
(American Institute for Certifed Public Accountants) qui regroupe la profession comptable, laquelle structura peu
à peu cette fonction tout d’abord sous la forme d’un comité à partir de 1939, puis de l’APB (Accounting Princi-
ples Board) à partir de 1959. En 1973, suite à une vague de scandales fut créé le FASB (Financial Accounting
Standards Board) dont une spécificité est d’avoir desserré ses liens d’avec la profession comptable en ayant fait
entrer dans le processus des préparateurs de comptes et des utilisateurs. Au Royaume-Uni, la profession compta-
ble est traditionnellement détentrice de la responsabilité de fixer les règles de la comptabilité des sociétés mais,
selon cette tradition, c’est le jugement professionnel de l’expert-comptable qui prime sur toute règle préétablie.
Néanmoins, divers scandales au début des années 1970 amenèrent la plus grosse association professionnelle
(ICAEW) à créer en 1971 d’un comité de normalisation comptable (ASC, Accounting Standards Committee)
auquel se joignirent les principales autres associations. En 1990, une réforme aboutit à la création de l’ASB
(Accounting Standards Board) sur le modèle du FASB américain ici encore pour disposer d’un organisme plus
indépendant de la profession.
30
En effet, l’Ordre des experts-comptables et la Compagnie nationale de commissaires aux comptes participent
au processus de normalisation qui s’opère sous l’égide du CNC (Conseil national de la comptabilité) mais ne le
contrôlent pas (Colasse et Standish, 1998).
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 377
Tableau 1
Comparaison des statuts de l’IASC de 1996 et de 2001
Situation en 1992 Situation en 2001
IASC IASC Foundation IASBa
Londres Delaware, États-Unis Londres
Fait tout. Seul organe qui est S’occupe du financement, de S’occupe de l’élaboration des
décrit dans les statuts. En fait, la nomination des membres normes et décide de l’agenda
d’autres comités autour, mais de l’IASB et de la politique des sujets à traiter.
non réglementés. générale.
Composition 17 membres, dont : 19 trusteesd, élus pour 3 ans, 14 membres dont 12 à temps
du Board – 13 représentants des pays, renouvelables une fois. plein, nommés pour 5 ans,
choisis par le conseil de renouvelables 1 fois.
l’IFAC. Choisis selon un principe de
– 4 autres organisations ayant représentativité géographi- – Au moins 5 avec expérience
un intérêt à normalisation que des marchés de capitaux : audit.
(préparateurs, analystes finan- – 6 Amérique du Nord – Au moins 3 avec expérience
ciers,...). En fait 3 postes seu- – 6 Europe de préparation d’états finan-
lement occupésb + des « ob- – 4 Asie-Pacifique ciers.
servateurs » (4 à la fin)c – 3 de n’importe où – Au moins 3 utilisateurs.
– Au moins 1 universitaire.
5 nommés par l’IFAC dont
2 sont des associés de « big ». 7 membres sont en outre res-
ponsables de liaisons officiel-
les avec certains normalisa-
teurs nationauxe
Financement À 50 % par les associations 1 M$ par an des « big 4 »f
professionnelles.
Presque tout le reste par des
entreprises.
a
Ce dispositif est complété par la création de l’IFRIC (International Financial Reporting Interpretations Com-
mitee) composé de 12 membres, nommés par les trustees dont le rôle est de produire des interprétations des
normes et du SAC (Standards Advisory Council) qui est un comité consultatif d’orientation composé au minimum
de 30 membres nommés par les trustees (aujourd’hui il en compte 50).
b
La Fédération mondiale des analystes financiers ; les Industriels suisses ; l’Association internationale des
directeurs financiers.
c
La Chine, la Commission européenne, le FASB et l’OICV.
d
En 2001, les premiers trustees ont été nommés par un comité de nomination lui-même nommé par le Board du
vieil IASC. Depuis, les renouvellements de trustees se font par cooptation : les trustees en place nomment les
nouveaux.
e
Dans les faits, les liaisons formelles concernent l’Allemagne, la France, les États-Unis, le Royaume-Uni,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande, le Canada, et enfin le Japon.
f
En 2001, le budget est de 18 M$, soit l’équivalent de celui du FASB. 30 % est fourni par les contributions des
grands cabinets d’audit qui sont encore 5 à l’époque. 29 % par 36 entreprises « souscriptrices » (underwriter
companies), 27 % par 101 entreprises « supporters ». Associations, organisations internationales, banques cen-
trales et gouvernement ne représentent que 14 % du total.
structure « officielle » à laquelle était arrivé l’organisme en 1992 et celle établie par la
réforme de 200131.
Plusieurs remarques s’imposent. D’une part, le lien avec les professions comptables et
l’IFAC s’est fortement distendu. En termes de financement, l’IFAC a disparu. En termes de
31
Nous remercions Frédéric Sabattier, étudiant dans le programme doctoral d’HEC en 2002–2003, dont les
premières recherches nous ont aidée à construire cette analyse.
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 379
nombre de membres, alors que l’IFAC pouvait nommer 13 membres sur 17 de l’IASC, elle
ne peut plus prétendre qu’à 5 sur 19 à l’IASCF. Le poids des préparateurs et utilisateurs de
comptes a quant à lui été renforcé et les liens avec les normalisateurs des grands pays riches
sont officiellement pris en compte.
Le poids des grands cabinets d’audit a été officialisé. Les « Big 4 » sont les entreprises
qui versent les plus grosses sommes permettant à l’organisme de fonctionner, loin devant
les sommes versées par les autres contributeurs. Deux sièges leur sont réservés à l’IASCF.
L’étude des profils des 14 membres de l’IASB est encore plus explicite puisque 8 sur 14 sont
passés à un moment ou à un autre par l’un des « big ».
Les règles de nomination semblent par ailleurs minorer le poids des pays anglo-saxons
dans la normalisation, mais en fait à l’IASCF les 6 ressortissants d’Amérique du Nord sont
5 à venir des États-Unis et 1 du Canada (aucun du Mexique), il faut y ajouter le directeur
général de la Banque des règlements internationaux (BRI) qui fait partie des « n’importe
où » et qui est américain. Les États-Unis se taillent donc la part du lion avec 6 trustees sur
19, dont le président qui est actuellement Paul A. Volcker, l’ancien président de la banque
centrale américaine. Si on prend en compte l’ensemble des pays anglo-saxons, on arrive à
11 trustees sur 1932.
La situation à l’IASB est encore plus marquée puisque les Anglo-Saxons sont au nom-
bre de 10 sur 1433. L’influence britannique, quant à elle, y est restée encore assez forte avec
3 membres sur 14, dont le président (Sir David Tweedie, qui a auparavant dirigé l’orga-
nisme de normalisation britannique) et le vice-président (ce dernier a néanmoins fait une
grande partie de sa carrière aux États-Unis et a travaillé pour le FASB). Précisons pour finir
que le schéma d’ensemble de la structure du nouvel organisme est une copie presque par-
faite du fonctionnement du FASB.
Enfin, fait remarquable compte tenu du fait que c’est l’ensemble géographique le plus
vaste et aussi le premier qui a rendu obligatoire les IFRS pour ses entreprises, l’UE n’est
pas présente en tant que telle, ni même officieusement à travers l’expérience passée de l’un
des membres de l’IASB. Elle dispose juste d’une place d’observateur dans le comité consul-
tatif au côté de 50 autres membres et de deux autres observateurs. On pourrait cependant
imaginer que l’un des membres de l’IASB soit officiellement chargé de la liaison avec
l’EFRAG européen à l’image des liens mis en place avec les normalisateurs nationaux,
mais l’EFRAG n’est justement pas un organisme de normalisation.
Un nouveau projet de réforme de l’IASCF/IASB a été publié en novembre 2004, mais
sur ces différents points il y a assez peu de changements sauf sur la question de l’accueil de
nouveaux pays non représentés jusqu’ici au sein de l’IASCF34. L’UE quant à elle n’est pas
mieux placée dans les organes de décision. La plupart des modifications vont dans l’ensem-
ble dans le sens d’une augmentation du pouvoir discrétionnaire des trustees au sein d’un
organisme qui consulte beaucoup mais ne rend des comptes formellement à personne. Cette
32
Il faut en effet ajouter aux 6 des États-Unis, 1 provenant du Royaume-Uni, 1 du Canada, 1 de l’Australie, 1 de
Hong-Kong, 1 d’Afrique du Sud.
33
4 Américains, 3 Britanniques, 1 Australien, 1 Sud-Africain, 1 Canadien.
34
Le nombre de trustees de l’IASCF devrait passer de 19 à 22, avec deux places de plus pour l’Asie-Pacifique
(pour tenir compte « du développement économique de cette zone géographique »), et une place de plus pour les
« de n’importe où » (justifiée par le fait que l’Amérique latine se réveille et que la Russie pourrait vouloir un
siège).
380 È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382
structure permet évidemment d’en faire le lieu d’un noyautage par un petit groupe d’acteurs
qui en contrôlent de fait la politique35.
La grande réforme de 2001 était sans doute nécessaire pour lever les appréhensions des
États sur le point de confier leur normalisation comptable à l’IASB. En s’alignant globale-
ment sur les structures du FASB américain (institué en 1973) et de l’ASB britannique (ins-
titué en 1990), qui ont tous deux dû desserrer les liens d’avec la profession comptable,
l’organisme capitalisait sur la légitimité construite par ailleurs par ces deux organismes.
Les derniers scandales comptables qui ont abouti à la loi Sarbanes-Oxley aux États-Unis
ou à la loi de sécurité financière en France ont conduit à une mise sous tutelle de la profes-
sion comptable et à des obligations renforcées pour les entreprises mais n’ont pas nécessité
de réforme institutionnelle des organismes de normalisation. Ils ont en revanche généré un
débat sur la qualité des normes américaines fondées sur la multiplication des règles. Dans
le scandale Enron en effet, la plupart des manipulations comptables étaient conformes à la
lettre des règles si ce n’est à leur esprit. La normalisation plus légère centrée sur les prin-
cipes que revendique l’IASB en est sortie grandie, ce qui a sans doute joué dans la décision
du FASB de signer en novembre 2002 un accord de convergence36. Cet accord est une
véritable consécration pour l’IASB puisque son unique concurrent ne se sent plus de taille
pour continuer seul. Chaque année apporte une nouvelle brassée d’États se prononçant en
faveur des IFRS, la dernière victoire en date datant de l’annonce par le Japon en octobre
2004 qu’il allait étudier les différences entre ses propres normes et les normes internatio-
nales. Il semble bien que plus rien ne puisse enrayer l’ascension de l’IASB et que l’orga-
nisme ait presque fini d’accomplir la mission que le petit groupe des fondateurs de 1973 lui
avait fixée.
3. Conclusion
L’histoire et les difficultés propres de l’UE sur la question comptable furent au final
l’une des plus grandes chances qui fut offerte à l’ex-initiative d’un petit groupe d’associa-
tions professionnelles pour s’institutionnaliser, mais aussi une chance qu’il sut provoquer
35
La seule forme de rendu de compte qu’autorise l’IASB est le système du « due-process » que doit suivre toute
élaboration de normes. Le « public » est invité à envoyer suggestions et commentaires écrits. Certains commen-
tateurs peuvent aussi être reçus. Ces éléments sont synthétisés. Une proposition en sort qui est soumise publique-
ment à commentaires. À nouveau les commentaires sont traités ; le texte est amendé puis voté par les membres du
Board. Ainsi, même si l’instance finale de décision a tous les traits de la cosanguinité (même background culturel,
même proximité avec les grands cabinets d’audit internationaux, même adhésion à l’esprit d’une normalisation
orientée vers les besoins des actionnaires, exclusion de représentants des puissances publiques et des salariés,...),
le « due-process » est réputé permettre à tous ceux qui le souhaitent d’influencer le résultat final. Pour les parties
prenantes intéressées au résultat de la décision mais non représentées dans les instances de décision, la seule
manière de procéder est de développer une activité coûteuse de lobbying.
36
La perspective du passage de l’Europe aux IFRS associée aux travaux engagés pour le marché unique des
services financiers a sans doute aussi commencé à préoccuper les États-Unis. Les compagnies américaines dont
des titres sont cotées sur les bourses européennes et qui se contentaient de publier jusque-là leurs comptes conso-
lidés en US GAAP ont obtenu un délai de 2 ans pour le passage aux IFRS (qui ne doit donc être effectif pour elles
qu’à partir du 1er janvier 2007), ce qui laisse encore une chance pour que, la convergence ayant suffisamment
avancé, les entreprises américaines n’aient pas à changer leurs pratiques comptables.
È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382 381
en obtenant en amont les faveurs de l’OICV, et en opérant les revirements à chaque fois
nécessaires. L’autre chance de l’IASB fut le refus général de laisser la plus grande puis-
sance économique, les États-Unis, contrôler seules les normes admises dans les bourses du
monde entier, mais cela se fit néanmoins au prix d’un abandon de souveraineté des États.
Du côté de l’UE, la normalisation comptable échappe désormais au pouvoir formel des
États et incombe à une ONG financée par des capitaux majoritairement privés, et dominée
à ce jour par les grands cabinets d’audit et des acteurs anglo-saxons — difficiles à déloger
en l’état actuel des statuts — qui, s’ils ne sont pas d’accord sur tout en matière comptable,
s’accordent néanmoins sur une certaine vision de la firme. Les normes internationales,
comme nous l’avons vu, tendent à mettre en avant une vision de l’entreprise comme étant
avant tout une marchandise dont les marchés financiers font commerce, — et non comme
institution produisant et vendant des marchandises. Une telle conception va de pair avec
l’idée selon laquelle l’objectif des entreprises est la maximisation du profit et que ce profit
revient de droit aux actionnaires. Les autres fonctions sociales tendent à être minorées. Des
conceptions plus partenariales ou institutionnelles de l’organisation économique de base
sont écartées (Aglietta et Rébérioux, 2004 ; Charreaux et Desbrières, 1998). Les normes
comptables internationales valident en quelque sorte cette vision actionnariale et l’inscri-
vent dans les règles.
Le cas que nous venons de présenter est aussi riche d’enseignements qui le dépassent.
Nous y constatons que les règles techniques d’enregistrement et les modes de construction
des mesures économiques sont indissociables de l’état des rapports politiques entre les
diverses parties prenantes de l’entreprise et au-delà d’une conception de ce qu’est une entre-
prise et du système économique dans son ensemble. Les différentes variétés de capitalisme
supposent des règles de calcul économique différentes, tout comme il est impossible d’envi-
sager un système capitaliste sans un système comptable permettant de calculer l’accumu-
lation du capital. Une sociologie de la comptabilité doit donc être à même de tenir ensem-
ble d’une part une analyse technique des outils de mesure, de ce que ces modes de
quantification font au monde et donnent à voir, d’autre part une analyse des jeux d’acteurs,
de leurs croyances et représentations, de leurs intérêts ainsi que des rapports de groupes et
d’institutions. Les enjeux de pouvoir qui irriguent les luttes de normalisation ne doivent en
effet pas être séparés de l’impact qu’ils ont sur la production des représentations légitimes
de l’entreprise et du système économique en général.
Nous y découvrons aussi le parcours incertain et chaotique, fait de bifurcations et d’oppor-
tunités saisies, d’exploitation des querelles des autres qu’a suivi au cours de son processus
d’institutionnalisation cet organisme singulier dont une caractéristique centrale est de n’être
pas née de l’effort des nations mais d’être issue d’une initiative privée et de rester contrôlée
par le secteur privé tout en revendiquant une mission d’intérêt général. L’analyse des condi-
tions de son institutionnalisation et de ses sources de légitimité peut sans doute être trans-
férée à l’étude d’autres cas de réussites institutionnelles comme éclairer les échecs d’autres
tentatives.
Références
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382 È. Chiapello / Sociologie du travail 47 (2005) 362–382
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