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Sétra

service d'Études
techniques
des routes
et autoroutes mars 2006

Guide technique

Fabrication des enrobés à chaud en continu


L’expérience française
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Guide technique

Fabrication des enrobés à chaud en continu


L’expérience française
Edité par le Sétra, réalisé par le Comité français pour les techniques routières (CFTR)

Le CFTR est une structure fédérative qui réunit les différentes


composantes de la communauté routière française afin d’élaborer
une doctrine technique partagée par tous et servant de référence
aux professionnels routiers dans les domaines des chaussées, des
terrassements et de l’assainissement routier.

Actions principales du CFTR


• établissement de documents exprimant l’état de l’art,
• élaboration d’avis techniques sur l’aptitude à l’emploi de procédés, produits et
matériels, ainsi que de documents de qualification pour les matériels,
• délivrance d’agréments pour les laboratoires routiers,
• mise en œuvre de procédures de certification et de conformité aux normes.

Association régie par la loi du 1er juillet 1901 depuis juin 1998,
Son siège est localisé au :
46 avenue Aristide Briand - BP 100 - 92225 Bagneux Cedex - France
téléphone : 33 (0)1 46 11 31 53 - télécopie : 33 (0)1 46 11 36 96
internet : http://www.cftr.asso.fr
Sommaire
Sommaire
1. Bref historique de la technique
1970-1976
1979
1984-1988
1990
1995
1997
2. Types de fabrications à chaud
3. Description des matériels
3.1 Dosage des granulats
3.2 Débitmètre de bande (table de pesée)
3.3 Méthode de calibrage des doseurs
3.4 Cœur du système : le tube sécheur enrobeur
3.5 Gestion du dosage bitume
3.6 Traitement des fines de récupération et des fines d’apport
3.7 Stockage des enrobés
3.8 Automatismes
3.9 Le continu et l’environnement
3.10 La mobilité
4. Exemples de stratégies possibles face aux marchés
4.1 Chantier autoroutier de rase campagne à fort tonnage
4.2 Chantier autoroutier en zone urbaine : les travaux d’entretien des chaussées du
boulevard périphérique parisien

Ce guide technique a été rédigé, dans le cadre des 4.3 Fabrication des recyclés : prise en compte de l’environnement
5. Guide de l’investisseur routier

activités du comité sectoriel "méthodologie" du 6. Bibliographie : référentiel normatif


6.1 Normes de définition des matériels
6.2 Normes d’essais sur les matériels
Comité français pour les techniques routières (CFTR), 6.3 Normes de réception des matériels
6.4 Normes de calibrage

par un groupe de travail constitué de représentants 6.5 Normes de fabrication et de mise en œuvre
6.6 Fiches et notes d'information

du réseau scientifique et technique du ministère des


6.7 Principales méthodes de référence homologuées et expérimentales pour les
émissions gazeuses de sources fixes

Transports, de l'Équipement, du Tourisme et de la


Mer, des directions techniques des entreprises et des
producteurs dans le domaine routier.

Son contenu a fait l'objet d'une enquête de validation


auprès des différents adhérents du CFTR.

Comité de rédaction :
• Robert Baroux, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
• Jacques Bonvallet, Groupe Fayat
• Jacques Chardon, Colas
• Michel Ducasse, Eurovia
• Luc Amaury George, Cofiroute
• Christine Leroy, Ville de Paris
• Jack Oudin, Centre d’Études Techniques de l’Équipement Normandie-Centre.
• Robert Tasky, Centre d’Études Techniques de l’Équipement Normandie-Centre.

2 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


Sommaire

1. Bref historique de la technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5


2. Types de fabrications à chaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3. Description des matériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.1 Dosage des granulats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
3.2 Débitmètre de bande (table de pesée) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
3.3 Méthode de calibrage des doseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.4 Cœur du système : le tube sécheur enrobeur . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.5 Gestion du dosage bitume . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.6 Traitement des fines de récupération et des fines d’apport . . . . . . . . . . 13
3.7 Stockage des enrobés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.8 Automatismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.9 Le continu et l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.10 La mobilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

4. Exemples de stratégies possibles face aux marchés . . . . . . . . . . . . . . . . 17


4.1 Chantier autoroutier de rase campagne à fort tonnage . . . . . . . . . . . . 17
4.2 Chantier autoroutier en zone urbaine :
les travaux d’entretien des chaussées du boulevard périphérique parisien . . 19
4.3 Fabrication des recyclés : prise en compte de l’environnement . . . . . . . . 21

5. Guide de l’investisseur routier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22


6. Bibliographie : référentiel normatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6.1 Normes de définition des matériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6.2 Normes d’essais sur les matériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6.3 Normes de réception des matériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6.4 Normes de calibrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6.5 Normes de fabrication et de mise en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
6.6 Fiches et notes d'information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
6.7 Principales méthodes de référence homologuées
et expérimentales pour les émissions gazeuses de sources fixes . . . . . . . . 24

décembre 2005 3
Le réseau routier français se structure et se développe
après la seconde guerre mondiale, avec une accélération
dans les années 60. Les années 70 voient l’émergence
de grands programmes nationaux : travaux neufs et
entretien ; programmes autoroutiers ; renforcements
coordonnés des principaux axes routiers (réseau des
routes nationales) pour leur mise hors gel et une
structuration moderne des chaussées ayant pour
composantes principales la fabrication de forts
tonnages d’enrobés bitumineux (plusieurs centaines
de milliers de tonnes par chantier) et la limitation à
une formule d’enrobé par couche de chaussée.
En novembre 1972, le colloque « Contrôle de qualité
en construction routière » réunit les divers acteurs de la
route en France et jette les bases des démarches qualité
dans les entreprises dans le cadre d’une coopération
entre maîtrise d’ouvrage, entreprise et constructeur
de matériels. Une commission du matériel est ainsi
créée pour contribuer à l’évolution des techniques
de construction des chaussées. Parallèlement, se
développe une élaboration de plus en plus précise
des granulats dans toutes les carrières et une mise
au point élaborée des compositions d’enrobés
afin de répondre aux exigences de pérennité des
infrastructures routières. Pour faire face à ces besoins,
les entreprises routières vont rapidement orienter
une partie de leurs investissements vers les centrales
mobiles de type continu à forte capacité de débit
horaire. Les contraintes environnementales inciteront
les constructeurs à faire évoluer les matériels proposés
sur le marché.
Une école française s’est ainsi développée : une
trentaine d’années plus tard, le constat est que la
technique est très largement employée et validée. La
moitié de la production d’enrobés à chaud est faite
en continu, ce qui a incité la commission du matériel
du CFTR, dans la continuité de celle créée en 1973, à
rédiger ce document, reflet de l’expérience française.

4 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


1. Bref historique de la technique

La fabrication à chaud
La France est
des enrobés aux liants
1979
historiquement l’un des L’apparition de l’anneau
h y d r o c a r b o n é s s’ e s t
foyers du développement de Les premiers TSE de recyclage est une
la technique du continu.développée de manière
européens à anneau de étape impor tante, et le
industrielle autour des début d’une technologie
recyclage permettent
années 1930. Elle a connu en France une progression typiquement française, avec
l’utilisation d’agrégats
spectaculaire à la fin des années 1960 en raison des allongement des tubes,
d’enrobés de récupération
grands plans d’aménagements routiers. maîtrise de la température,
au sein des compositions contrôle des fillers.
La technique de l’enrobage a toujours porté sur deux d’enrobés à chaud.
types de fabrication, le continu et le discontinu.
Aujourd’hui, le parc français de centrales d’enrobage
à chaud, encore appelées postes d’enrobage, comporte 1984-1988
près d’un demi millier d’unités, dont 20 % en poste
mobile et le reste en fixe. L’ensemble se répartit pour Les tambours sécheurs enrobeurs, TSE européens et en
moitié sur chacun des deux types. particulier les TSE français, sont allongés dans le but
d’éloigner la zone d’enrobage de la zone de combustion
Les centrales de type continu sont aujourd’hui, pour afin de supprimer les risques de vieillissement des liants
l’essentiel, constituées de centrales TSE (Tambour hydrocarbonés par surchauffe (émission de fumées
Sécheur Enrobeur). La technologie des TSE, née en bleues). En 1984, l’allongement des tubes est de 15 %,
1910 aux USA, s’est développée en Europe à partir puis de 10 % supplémentaires en 1986, et enfin de
des années 1970. 12 % en 1988. En tout, cela fait près de 40 %. Cette
Au cours des trois dernières décennies, leur évolution avancée technologique conduit à des températures de
s’est déroulée de la façon suivante : gaz voisines de celles des enrobés : 170° C.
Durant cette période, d’autres transformations
concourent à l’amélioration de la qualité des produits
1970-1976 fabriqués :
• la création d’une zone de brassage forcé, en sortie
Les premiers TSE équicourants * sont importés puis de tube, au moyen de palettes de malaxage dont la
fabriqués en Europe. disposition s’oppose à l’avancement des matériaux ;
* équicourant = déplacement des gaz à l’intérieur du • l’injection des fines d’apport et des fines de
tube sécheur, parallèlement à celui des matériaux et récupération de dépoussiérage, dans la zone d’enrobage
dans le même sens ; appelé également TSE à courant par vis ou canne pneumatique entrant par l’arrière des
parallèle tubes.

Figure 1.1 : tambour sécheur enrobeur équicourant Figure 1.2 : allongement du tambour

décembre 2005 5
1990
La technologie TSE s’enrichit du type à contre
courant (contre courant = déplacement des gaz
inverse à celui des matériaux dans le tambour). Cette
technique permet d’obtenir des rejets de gaz dans les Les constructeurs
américains arrêtent
normes environnementales les plus sévères tout en
brutalement le
autorisant : développement de l’anneau
• des températures d’enrobage, si nécessaire, plus de recyclage pour des
élevées, pouvant aller jusqu’à 200 °C ; raisons de protection
industrielle à la fin des
• des capacités de recyclage d’agrégats d’enrobés années 1980.
jusqu’à 50 % du produit final ;
• la défillérisation éventuelle des granulats, grâce à
l’intensité du dépoussiérage.

1995
La technique équicourant présente une partie de
brassage (palettes de malaxage) allongée en sortie de
tube afin de parfaire l’homogénéité des matériaux en
optimisant les échanges thermiques.

1997
Les évolutions des TSE équicourants sont transposées
aux TSE à contre courants.
Parallèlement à ces évolutions, les progrès effectués en La maîtrise des
informatique ont permis de faire évoluer les procédés températures est totale
de fabrication. Ils permettent d’intégrer tous les en équicourant comme en
déphasages entre les constituants et leur progression contre courant depuis les
au sein même du tambour sécheur enrobeur durant années 1990.
toute la période de fabrication, y compris durant les
changements de débits ou de composition.
Aujourd’hui les postes mobiles sont majoritairement Figure 1.3 : tambour sécheur enrobeur à contre courant
continus, et la part des postes continus fixes représente
35 % du parc en France et 90 % en Amérique du
Nord.

6 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


2. Types de fabrications à chaud

La fabrication des enrobés


à chaud en mode continu se
Deux modes de fabrication
différencie de la fabrication cohabitent.
en mode discontinu
principalement par son
mode de malaxage.
Le mode continu est pratiqué dans un malaxeur
ouvert où les flots des constituants granulaires, liant
hydrocarboné et additifs éventuels, sont continus.
Le mode discontinu procède d’une fabrication
par gâchées constituées de doses pondérales des
constituants successivement introduites dans un
malaxeur fermé.
En amont du malaxeur, la composition granulaire peut
être définitivement établie par les doseurs à granulats
réglés pour respecter la formule de composition du
produit. Cette opération peut être effectuée dans le
mode discontinu, par un criblage et un classement Photo 2.1 : centrale de fabrication en mode discontinu
granulaire à chaud lorsque les composants n’ont pas de
granulométries respectant les normes. Dans ce dernier
cas, c’est l’opération de criblage qui doit conditionner
la recomposition par pesage du produit final.
En aval du malaxeur, la livraison du produit
hydrocarboné peut être faite de façon similaire pour
les deux modes : soit directement dans les camions,
soit par l’intermédiaire de silos de stockage.
Le mode continu est particulièrement adapté aux
chantiers de tous tonnages à mono formule d’enrobés
avec des composants granulaires conformes aux
normes. Photo 2.2 : centrale de fabrication en mode continu

Figure 2.1 : schéma de principe de fonctionnement

mode discontinu mode continu

décembre 2005 7
3. Description des matériels

Les processus industriels en continu sont basés sur la


constance des flux qui permettent de minimiser les
3.1 Dosage des granulats
interventions régulatrices. Une attention particulière
est donc portée aux systèmes de dosage et aux
interactions entre eux.
3.1.1 Précision d’un doseur unitaire

Le dosage granulaire est Les extracteurs à granulats sont contrôlés


techniquement maîtrisé électroniquement plusieurs fois par seconde. Les
depuis longtemps, mais la résultats de la scrutation sont comparés à la consigne
qualité des granulats est de débit. Si les écarts ou les tendances ne sont pas
une nécessité absolue. conformes à cette consigne, un actionneur intervient
et régule les dispositifs de l’extracteur isolé, ou des
extracteurs les uns par rapport aux autres. La figure 3.1
illustre le principe interactif de la régulation, qui peut
être soit du type volumétrique, soit du type pondéral.
Ce dernier type est obligatoire pour les sables.
La figure 3.2 est un enregistrement en continu du débit
réel d’un extracteur. L’augmentation ou la diminution
de débit est également contrôlée de sorte que les
paramètres évoluent linéairement dans un ratio de
l’ordre de 1 à 10.

3.1.2 Conjugaison des débits


La consigne de débit propre à chaque extracteur évolue
Les variations de débit conjointement avec celles des autres extracteurs, afin
doivent s’effectuer avec un de respecter les proportions relatives des constituants
gradient de vitesse maîtrisé. fixées par la formule de composition du mélange. La
figure 3.3 explicite le principe de la conjugaison qui
permet d’obtenir d’une part une sommation égale à
100 % des constituants, de l’autre des variations de
débit proportionnelles.
Un écrêteur à froid de sécurité élimine les éléments
indésirables accidentels.

Figure 3.1 : principe de régulation du dosage Figure 3.2 : relevé de dosage

vibreur

codeur

peser

Micro

8 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


Photo 3.1 : groupe de dosage fixe

3.1.3 Notion de tranches homogènes 3.2 Débitmètre de bande (table de pesée)


Le résultat d’un processus Le débitmètre de bande Le débit humide est
L’existence de tranches
de dosage continu est la permet de mesurer en corrigé automatiquement
granulaires homogènes
constitution de couches est un avantage industriel continu le débit cumulé de la teneur en eau par
homogènes de matériaux considérable limitant humide des granulats l’automatisme. Une sonde
déposés sur le tapis le temps du processus entrant dans le tube de mesure de teneur en eau
collecteur placé sous les d’homogénéisation avant sécheur. est recommandée.
doseurs dans les justes introduction des liants.
proportions de la formule La photo 3.2 représente un débitmètre de bande,
(formule humide, sans liant). Ceci est un avantage intégré au tapis transporteur. La précision des tables
industriel considérable limitant le temps du processus de pesée est similaire à celle des tapis extracteurs.
d’homogénéisation avant introduction des liants. (voir Bien entendu le débitmètre de bande est un outil
photo 3.1 d’une batterie de doseurs à granulats) indispensable et il est normativement obligatoire.

Figure 3.3 : le dosage granulaire Photo 3.2 : débitmètre de bande


doseur pondéral
doseurs volumétrique

alarme lumineuse
vibreur de paroi
indicateur de niveau
palpeur de veine
table de pesage
codeur x% y% z% t%
(x + y + z + t = 100) 100 % + bitume

décembre 2005 9
3.3 Méthode de calibrage des doseurs
Le processus de régulation
des extracteurs doit être Lepour « calibrage » est effectué
différents types de
contrôlé en continu pour granulats et à différents
s’assurer de la justesse des débits.
dispositifs de pesage. Ce
contrôle, opéré régulièrement pour les centrales fixes
et après chaque transfert pour les centrales mobiles,
est appelé « calibrage » des doseurs. La méthode est
normalisée. Il est d’usage en France d’utiliser un
tapis enfourneur inverseur, qui permet de rester en
situation réelle d’approvisionnement et de contrôler les Figure 3.4 : procédé de calibrage
débits sur une période de temps significative. Le tapis
enfourneur inverseur doit permettre de positionner un
camion pour charger 5 tonnes au minimum.
La figure 3.4 illustre ce processus. Le chargement
opéré, le camion est pesé avec son chargement sur un
pont bascule homologué et les deux quantités sont
comparées.
Cette opération est répétée afin d’établir la courbe de
calibrage sur chaque doseur, courbe qui sera ensuite
utilisée par le système de pilotage de la machine pour
assurer la précision des débits des doseurs.
Cette opération est une spécificité française qui
nécessite un équipement spécial, comportant ce
tapis inverseur autorisant le chargement camion.
La grande majorité des matériels disponibles sur le
marché mondial n’a pas cette faculté et interdit le
contrôle direct.

Figure 3.5 : Tambour Sécheur Enrobeur équicourant Figure 3.6 : Tambour Sécheur Enrobeur à contre courant

10 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


3.4 Cœur du système : le tube sécheur
enrobeur

3.4.1 Fonctions Séchage, chauffage,


malaxage et enrobage,
Le tube sécheur enrobeur éventuellement recyclage,
chauffe les granulats le tube est véritablement un
outil multifonctions.
humides jusqu’à 150° C
en général, de sorte que la teneur en eau résiduelle
soit inférieure à 0,5 % (référence normative). C’est
aussi un dispositif de mélange et d’homogénéisation
Photo 3.3 : Rotomix
des constituants granulaires, dans un premier temps,
puis d’enrobage des granulats secs avec le liant
hydrocarboné.
Les deux types de tubes sécheurs sont équicourant et
à contre courant (figures 3.5 et 3.6).
La vitesse des gaz doit être contrôlée pour éviter un
Les progrès concernant les trop grand départ de fines, spécialement à contre
connaissances des bitumes
ont considérablement
courant. En effet l’un des avantages de l’équicourant
amélioré les résultats.
est de produire environ 10 fois moins de fines que son
homologue à contre courant, les particules étant pour
la plus grande partie collées au bitume.
L’allongement des tubes est une spécificité française,
Il n’y a pas de différences
du moins dans ces proportions. Tous les constructeurs,
qualitatives entre deux
enrobés fabriqués en
sous la pression des entrepreneurs désirant éliminer
continu ou en discontinu. les fumées bleues et autres composants toxiques, ont
allongé les tubes. La voie explorée en France a permis
de ne pas avoir de différentiel de température entre
les gaz et les granulats, donc d’éviter le phénomène de
cracking des bitumes si décrié aux USA.
L’introduction de palettes de malaxage, dans la zone
d’enrobage du tube, mais aussi en sortie de tube,
fut une avancée importante dans la recherche de
Figure 3.7 : Retrobatch l’homogénéité des mélanges. Ce dispositif (photo 3.3
montrant un exemple de palettage en bout de tube et
dans la zone d’enrobage), génère un cisaillement du
même type que celui des malaxeurs classiques.
Enfin, il faut signaler
une dernière évolution, La gestion des débuts
consistant à obturer la et fins de cycles a nécessité
porte de sortie des enrobés des por tes de retenue.
pendant un temps suffisant,
en début de cycle, pour
éviter la production incontrôlée de « blancs ». La
figure 3.7 est un système de retenue (Retrobatch) qui
équipe classiquement les centrales françaises.

décembre 2005 11
Photo 3.4 : recyclage en TSM

3.4.2 - Recyclage en continu Quelle solution : recyclage à contre courant ou à


équicourant ?
L’anneau de recyclage Le recyclage en mode L’équicourant est économique, et permet sans difficulté
est une s o l u t i o n d é j à continu est la méthode d’atteindre 25 %. L’usage qui consiste à recycler à
ancienne qui a contribué la plus économique,
faible taux, mais d’une façon constante, par exemple
grandement à l’essor du tant en investissement
à 10 % à 15 %, se généralise et présente l’avantage de
recyclage. Le principe qu’en exploitation.
ne pas nécessiter de contrôle de laboratoire importants
consiste à introduire les sur les agrégats d’enrobés réutilisés et d’étude de
agrégats d’enrobés dans le tambour loin de la formulation.
flamme et, en tout état de cause, dans une zone où la
température des gaz n’est pas excessive. L’allongement Le contre courant est la La précision de la teneur
des tambours a permis cette disposition. Il est solution sûre et écologique en liant est garantie dans
manifeste que les dispositifs à contre courant facilitent par excellence que l’on le cadre des variations
recommande dans deux autorisées au sens de la
cette introduction dans la mesure où l’anneau est situé norme.
à l’aval de la flamme. C’est la raison pour laquelle cas : quand les taux de
les taux de recyclage réalisables à contre courant recyclage sont élevés et d’une façon permanente
sont classiquement plus élevés que ceux des courants
parallèles. Les moyens nécessaires au recyclage sont
peu onéreux et symbolisés figure 3.8. La photo 3.4 Figure 3.8 : moyens nécessaires au recyclage
représente une installation de recyclage classique.
La technique de la fabrication en continu est
incontestablement une excellente solution pour
recycler à fort taux et à faible coût. Usuellement, on
retient 25 % à 30 % en équicourant et de 35 % à 40 %
en contre courant. Les taux de 50 % sont possibles,
mais sont obtenus dans des conditions particulières, à
savoir : avec une limitation
de la teneur en eau des La traçabilité des
matériaux et une baisse du agrégats d’enrobés lors
débit instantané. de la déconstruction est
essentielle et commence à
la première pose.

12 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


supérieure à 25 %. Il faut remarquer que la notion de 1 à 10, les quantités étant plus fortes avec les tambours
traçabilité est essentielle et tend à se développer dans à contre courant. Dans ce cas, le retour contrôlé des
le cadre de ce qui est appelé la déconstruction. fines de récupération est essentiel pour respecter les
objectifs de la formule. Ce contrôle intègre les phases
transitoires (augmentation et diminution de débit)
3.5 Gestion du dosage bitume comme les phases permanentes.
Dans certains pays ou certaines régions, une
Les systèmes automatisés comprennent une batterie défillérisation est nécessaire. Elle peut facilement
de récepteurs et d’actionneurs (débitmètre de bande, être opérée à l’aide d’un système by-pass situé sur le
débitmètre à liant, variateurs de fréquence) qui retour des fines.
permettent instantanément de corriger la teneur en
liant en intégrant le décalage spatio-temporel, mais Les filtres à manches modernes possèdent fréquemment
aussi les variations de débit granulaires : phase de des trémies de réception et de stockage intégrées,
démarrage, phase de décroissance, arrêt provisoire. qui facilitent le traitement, notamment en régime
transitoire.
On se reportera à la figure 3.9 concernant le système
de régulation automatisé classiquement utilisé. On appelle fines d’apport les fines exogènes qui
sont ajoutées à la formule par opposition aux fines
La maîtrise des dosages en phase transitoire est récupérées. Celles-ci sont stockées dans des silos situés
fondamentale pour garantir la qualité. L’essor des
à proximité du tambour.
automatismes a grandement contribué à industrialiser
une technique ancienne. La réintroduction des fines de récupération et
l’introduction des fines d’apport se fait directement
dans le tambour après l’introduction du bitume.
3.6 Traitement des fines de récupération et Le doseur à fines d’apport est optionnel et fonction
des fines d’apport des objectifs. Il est implanté conformément au schéma
de la figure 3.10.
Les fines récupérées sont Récupérées ou d’appor t, On accorde une grande
le résultat du processus les fines jouent un rôle importance à la précision La compacité et l’indice des
vides jouent, bien entendu,
de séchage et sont plus déterminant dans la du dosage des fines d’apport un rôle essentiel en matière
ou moins importantes compacité et l’indice des
o u d e r é c u p é r a t i o n , de lutte contre l’orniérage.
quantitativement suivant vides. Le continu permet
un excellent contrôle "en
précision justifiée car leur
le type de tambour et ligne". action est primordiale dans le comportement des
de la teneur en eau des enrobés sur chaussée sous traffic.
granulats. Le pourcentage peut varier dans un ratio de

Figure 3.9 : dosage temporel : gestion des déphasages Figure 3.10 : traitement des fines

décembre 2005 13
Photo 3.5 : poste mobile avec un stockage de 60 tonnes

3.7 Stockage des enrobés 3.8 Automatismes


Les postes peuvent avoir des Les grandes avancées
Les dispositifs de Le recours à la
dispositifs de chargement de l’informatique et
chargement sont en général télé-maintenance et à la
direct ou des stockages de type continu (élévateur à
d u m u l t i p l e x a g e o n t télé-assistance permettent
intermédiaires. raclettes) et alimentent un transformé le pilotage des aux entrepreneurs de
ou plusieurs silos. processus de fabrication sécuriser leurs activités.
Les trémies anti-
en intégrant tous
ségrégation équipent
les paramètres de décalage, d’anticipation et de
systématiquement les dispositifs de chargement.
modélisation des phases transitoires, en permettant
Elles sont dimensionnées en fonction du débit de
des arrêts et redémarrages en charge.
la centrale. Toujours pour éviter la ségrégation, la
hauteur de chute est minimisée spécialement lors du La traçabilité de la production, l’amélioration
chargement des camions. de la qualité et la gestion des stocks sont les
conséquences principales d’une évolution similaire à
Ces stockages peuvent être de type longue durée. Dans
celle qui caractérise tous les processus modernes de
ce cas les silos de stockage sont équipés de systèmes
production.
anti-oxydation.
On retiendra la très grande fiabilité des procédés et
En mode mobile, les unités de stockage comportent la traçabilité, comme deux grandes avancées dues à la
1 à 2 compartiments. En mode fixe, il n’y a pas de technologie informatique.
différence significative entre ces stockages et ceux
utilisés en discontinu.

14 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


Photo 3.6 : cabine de commande

3.9 Le continu et l’environnement


Les points les plus significatifs sont liés aux émissions,
de bruit, de poussière et de fumées :
• s’agissant du bruit, les avancées sont spectaculaires.
Le concept de fabrication du type linéaire, et non
pas du type « tour », évite les transferts verticaux
et les retombées bruyantes. L’absence de criblage,
la puissance installée moindre que dans le cas du
discontinu concourent à la baisse des nuisances
sonores. Les brûleurs fermés et munis de silencieux
se généralisent ;
• concernant l’émission de poussière, il n’y a pas de
différence entre le continu et le discontinu, en poste
fixe ou mobile. Tous les postes, y compris les plus
gros postes mobiles (500 t/h et plus), sont équipés
de filtres à manches monobloc, montés sur une seule
semi-remorque et garantissant les émissions dans le
respect des normes les plus sévères ;

décembre 2005 15
• en dernier lieu, le
problème concernant les Les technologies utilisées
3.10 La mobilité Le poste d’enrobés à chaud
conduisent à une production continu est le plus facile
fumées, observé durant d’enrobés propres et Le concept se décline à transpor ter du fait de sa
les années 80, est résolu écologiques. en différentes versions : conception horizontale.
depuis longtemps. Un
transférabilité, mobilité,
faisceau d’amélioration a
hypermobilité, etc.
convergé vers la solution faisant appel à différentes
spécialités : Tous les besoins des entrepreneurs sont couverts à
– le type de bitume est parfaitement contrôlé et l’aide de différentes solutions, où les constructeurs
conforme à une normalisation ; rivalisent d’ingéniosité.
– les brûleurs longs et fermés ont des paramètres On retiendra que les postes mobiles peuvent nécessiter
de combustion bien maîtrisés ; une grue pour l’installation, que les supermobiles sont
– l’accroissement de la longueur des tubes est autoérectables et que les hypermobiles ont des liaisons
incontestablement le facteur principal : il permet rapides, tant électriques que thermiques.
la mise en place d’un rideau protecteur de matériau Le concept a été particulièrement développé en France
faisant office de bouclier thermique. et peut ne comporter que trois ou quatre colis précablés,
Le résultat est une différence minime entre la pratiquement immédiatement opérationnels.
température des gaz et celle des enrobés, et ce quelque
soit le procédé.
Le problème historique de fumées bleues et autres
émissions n’est plus un problème dès lors que les
prescriptions sont respectées. De nombreux tests le
prouvent.

Photo 3.7 : poste hypermobile monopack Photo 3.8 : TSE à forte capacité 550 t/h hypermobile

16 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


4. Exemples de stratégies possibles face aux marchés

4.1 Chantier autoroutier de rase campagne 4.1.1 Description du contexte géographique avec ses
contraintes spécifiques
à fort tonnage
Ce chantier d’autoroute neuve fait partie de la liaison
(A 85 – Section Romorantin Lanthenay / Saint Vierzon-Tours, concédée à Cofiroute par l’État
Romain-sur-Cher) français par décret du 26/9/1995. Il s’agit donc d’une
autoroute financée par le péage.
Cofiroute, société concessionnaire d’autoroutes
entièrement privée, a confié à ses maîtres d’œuvre Scao
et Socaso la réalisation de cette section, dans le cadre
d’un marché de conception – réalisation, forfaitaire.
Il s’agit d’une section de 32 km à 2 x 2 voies, mise en
service le 12 décembre 2003 et dont les chaussées ont
été réalisées entre octobre 2002 et 2003.
Elle se situe en partie en zone boisée (Sologne) puis
en zone agricole, et n’a pas présenté de difficultés
particulières de terrassements. La nature des sols
(argiles sableuses essentiellement) a nécessité de
recourir au traitement des sols d’une part, et à des
Photo 4.1 : vue aérienne de l’autoroute A85 emprunts extérieurs.
Caractéristiques
• Déblais : 2 800 000 m3
dont remblais 2 500 000 m3
traités à la chaux ou au liant routier
• Fabrication et mise en œuvre
250 000 tonnes de grave bitume
100 000 tonnes de béton bitumineux
• 16 passages supérieurs
dont 3 passages à animaux sauvages
• 13 passages inférieurs
dont 4 passages piétons
et 1 pour animaux sauvages
Au total :
30 ouvrages hydrauliques rétablissent les écoulements
naturels et 26 bassins de stockage et de traitement
assurent la protection du milieu naturel.
Le trafic est modéré (6 000 véhicules / jour dont 20 %
de poids lourds) ce qui a conduit Cofiroute à prévoir
une chaussée évolutive permettant des investissements
progressifs.

décembre 2005 17
4.1.2 Formulation
Fondation / Base Roulement
Formulation
Grave-bitume Béton bitumineux mince
Granulométrie 0/D 0/14 0/10

Origine des granulats Massive (grande carrière) Massive (grande carrière)

Nature minéralogique Diorite Bleu Diorite Bleu


LA Essai Los Angeles ; MDE Essai
LA* 9 à 13 MDE* 9 à 12 LA* 9 à 13 MDE* 9 à 12 Micro Deval en présence d’eau ;
Caractéristiques intrinsèques
Masse vol. = 2,85 Masse vol. = 2,85 CPA* = 0,50
CAP Coefficient de Polissage
Propreté du sable (Valeur au bleu) 69 69 Accéléré

Contrôle externe SCAO SCAO

Contrôle extérieur CETE Angers CETE Angers

Catégorie du bitume 35/50 35/50

Essais réalisés Pénétration – Bille & Anneau Pénétration – Bille & Anneau
Tableau n° 1

4.1.3 Structure type de la chaussée

4.1.4 Réalisation pratique et le suivi qualité


Fondation / Base Roulement
Fabrication & contrôle
Grave bitume Béton bitumineux mince
Granulats 10/14 30 %
Granulats 6/10 17 % Granulats 6/10 68,5 %
Sable 2/6 22 %
Formules
Sable 0/2 29 % Sable 0/2 29,0 %
Fines calcaire 2 % Fines calcaire 2,5 %
Bitume 35/50 4,4 % Bitume 35/50 5,3 %

Entreprise SCAO

Matériel d’enrobage Mobile

Constructeur / Type / Modèle ERMONT TSM 25 MAJOR

Débit horaire 550 t/h

Organisme de contrôle CEBTP


Tableau n° 2

18 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


Mise en œuvre & contrôle Grave bitume & béton bitumineux mince
Entreprise SCAO
Alimentateur FRANEX
Matériels
1 Finisseur Vögele 2500
Mode de répandage Poutres 18 m
Compactage de la grave bitume 2 compacteurs à pneus lourds & 3 compacteurs vibrants
Compactage de l’enrobé 4 compacteurs vibrants
Débit horaire 550 t/h
Répandu par jour Grave bitume entre 2500 & 3400 t/j
Béton bitumineux entre 2000 & 3000 t/j
Contrôle de l’entreprise (Méthode) SCAO (Carottages + Pesées hydrostatiques)
Contrôle des enrobes par laboratoire extérieur (Méthode) CEBTP (Carottage + Gamma densimètre)
Contrôle de l’uni et de la profondeur moyenne de texture (Hauteur au sable) Laboratoire des Ponts & Chaussées
Tableau n° 3

4.1.5 Conclusion ainsi que la continuité du trafic, par rapport aux


travaux eux-mêmes.
Sur un chantier autoroutier tel que celui décrit ci- Les travaux sur chaussées sont réalisés de nuit. La
dessus, il est clair que l’utilisation d’une centrale tranche horaire utilisée doit être impérativement
continue à fort débit, fonctionnant avec le minimum respectée par les intervenants qui ne doivent être
de variation des paramètres, apporte au maître présents sur le chantier qu’entre 22 heures et 5 heures
d’ouvrage un plus en terme de qualité globale et de du matin.
durée de chantier.

4.2.2 Les séquences de travaux


4.2 Chantier autoroutier en zone urbaine :
L’entretien des chaussées du boulevard périphérique
les travaux d’entretien des chaussées du consiste à fraiser une ou plusieurs voies sur une
épaisseur variable par passes comprises entre 25 et
boulevard périphérique parisien 120 mm, et à remettre en œuvre, selon les mêmes
épaisseurs, des couches de roulement en enrobés
correspondant à deux structures types :
4.2.1 Contexte des travaux d’entretien
Le boulevard périphérique Le périphérique parisien
de Paris est une voierie est l’une des voies les plus
exceptionnelle par son chargées de France, avec
trafic et ses spécificités 130 000 poids lourds par
(1 100 000 véhicules par jour.
jour, dont 12 % de poids
lourds). D’une longueur de 35 kilomètres, cet
itinéraire circulaire présente une surface de chaussée
de 1 000 000 m 2 distribuée sur 2 à 6 voies de
circulation, dont 20 % sur ouvrages d’art et 17 %
en tranchées couvertes. S’y ajoutent 380 000 m2 de
voies d’accès réparties en 147 bretelles, 6 échangeurs
et 44 diffuseurs.
La fabrication des Depuis plus de vingt ans,
La « Section Ouvrages d’Art et Périphérique » (SOAP) BBME est réalisée depuis les enrobés bitumineux mis
de la direction de la voirie et des déplacements de la l’an 2000 par une centrale en œuvre sur le boulevard
mairie de Paris a en charge la surveillance et l’entretien mobile de type TSM 17 périphérique parisien
du boulevard périphérique, dont le statut est celui Major, installée sur l’aire proviennent de centrales
d’une voie communale. de Lagny-le-Sec. continues.

Toute intervention de renforcement ou d’entretien des Avant l’an 2000, une centrale fixe également continue,
chaussées nécessite donc une procédure particulière située à Gennevilliers, fournissait les enrobés.
privilégiant la sécurité des usagers et des intervenants,

décembre 2005 19
4.2.3 Des enrobés aux performances spécifiques 4.2.4 Perspective d’emploi d’agrégats enrobés
Les enrobés appliqués sur le boulevard périphérique Dans le cadre de son marché, la ville de Paris indique
sont particuliers. qu’elle se réserve le droit de disposer de ses fraisats
d’enrobés issus du chantier du boulevard périphérique.
En 20 ans, la commande est passée du BBSG 0/14
Elle demande donc à l’entreprise de les stocker dans
au BBME 0/10. Ces enrobés bitumineux sont mis en
un dépôt dans un rayon maximum de 40 km autour
œuvre sur les voies lourdes du boulevard périphérique,
de Paris. Cette procédure a fait l’objet d’un schéma
là où circulent habituellement les poids lourds. Une
d’organisation et de suivi de l’évacuation de déchets
excellente résistance à l’orniérage est nécessaire.
(Sosed) dans le cadre du plan d’assurance qualité du
La réduction de la classe granulaire est due à une
chantier.
contribution à la réduction des nuisances sonores.
Cette organisation, opérationnelle en 2001, a permis
Sur les voies où circulent les véhicules légers est
au maître d’ouvrage (la ville de Paris) de régler le
appliqué un BBM 0/14, devenu aujourd’hui un
problème de l’évacuation des déchets de fraisage de ses
BBM 0/10 pour cette même raison.
voiries sans avoir à gérer leur destination finale.
BBME 0/10 (le plus souvent utilisé) : Au titre du Sosed, l’entreprise a dû s’engager sur un
certain nombre de principes :
Les granulats employés
L’ensemble des tests et • mettre à disposition
doivent être de couleur contrôles effectués est
claire. une aire de stockage à Le suivi des chantiers
satisfaisant et confirme la
qualité de la production et
proximité de la centrale depuis plus de 20 ans
Le CCTP impose des seuils d’enrobage réservée aux donne une bonne traçabilité.
le respect des spécifications
de valeurs de tests de des formulations. seuls fraisats d’enrobés du
clarté au sens de la norme boulevard périphérique,
NF X 08-000, de façon à améliorer la résistance à
• ne pas mélanger les différents fraisats de manière à
l’orniérage.
assurer la traçabilité des matériaux,
La formulation du BBME 0/10 est donc aujourd’hui • cribler et calibrer les fraisats à 0/10 mm pour obtenir
la suivante : un agrégat d’enrobé recyclable.
quartz clair 6/10 : 57 %
Ces agrégats sont destinés à être incorporés aux
quartz clair 2/6 : 13 % matériaux constitutifs des futures couches de
rhyolite 0/2 : 27 % chaussées.
filler d’apport : 3% Une étude de formulation
La démolition sélective,
bitume spécial multigrade : 5,9 ppc avec agrégats d’enrobés à
ou déconstruction,
granulats neufs a permis est un principe imposé
BBM de type A 0/10 : d’évaluer les performances par le Sosed.
mécaniques d’un mélange
Comme pour le cas du BBME 0/10, les granulats
selon plusieurs taux de
utilisés proviennent des mêmes carrières.
matériaux recyclés.
La formulation du BBM de type A 0/10 est la formule
Le TSM 17 Major est équipé d’un anneau de recyclage
discontinue suivante :
qui permet d’envisager ce type d’opération sur le
quartz clair 6/10 : 65 % chantier en cours.
rhyolite 0/2 : 32 %
En septembre 2002, une première expérimentation a
filler d’apport : 3% été réalisée avec succès sur un chantier du boulevard
bitume spécial multigrade : 5,8 ppc périphérique, en couche de roulement avec le
BBME 0/10.

20 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


4.2.5 Conclusion enrobées, ce qui constitue le facteur limitatif du taux
de recyclage pour ce type de centrale.
L’expérience acquise depuis 20 ans est basée sur une
mise en œuvre d’enrobés produits en mode continu, 4.3.2 Émissions gazeuses à l’atmosphère
à la satisfaction de la ville de Paris.
La perspective d’une utilisation accrue partielle En cas de recyclage à chaud dans un TSE équicourant,
d’agrégats d’enrobés donne à l’entreprise comme les liants anciens contenus dans les agrégats d’enrobés
aux maîtrises d’œuvre et d’ouvrage l’opportunité de peuvent subir des élévations de température plus
progresser dans les techniques du recyclage et de lui importantes que les liants neufs utilisés dans le cycle
procurer une nouvelle expérience dans ce domaine. normal de fabrication d’un enrobé.
Dans ce contexte, des analyses ont été réalisées sur
une centrale de type TSM 17 Ermont fonctionnant
4.3 Fabrication des recyclés : prise en au gaz naturel, pour des fabrications classiques et
avec recyclage d’agrégats d’enrobés selon plusieurs
compte de l’environnement taux (≤ 30 %). Le liant utilisé a toujours été un liant
classique (35/50).
Une centrale d’enrobage à chaud est une installation
classée soumise à des dispositions (en France, Arrêté Les investigations ont porté sur les gaz suivants : gaz
du 2 février 1998) concernant la protection de carbonique (CO2), oxyde d’azote (NOx), composés
l’environnement. organiques volatiles (COV), et spécifiquement les
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) avec
Il est admis que les centrales d’enrobage à contre détermination élémentaire de ceux-ci. Les principales
courant avec ou sans recyclage, ne posent pas de méthodes de référence homologuées et expérimentales
problèmes environnementaux compte tenu des pour les émissions gazeuses de sources fixes sont
dispositions particulières du tambour. rappelées chapitre 7 avec les normes.
Dans le cas des tambours sécheurs enrobeurs à Les résultats ont montré :
équicourant, les émissions gazeuses comprennent des
gaz provenant du chauffage du bitume d’apport et • une évolution du CO 2 conditionnée par les
des émissions de composés organiques provenant du différences de teneur en eau entre granulats naturels
chauffage des agrégats d’enrobés lors du recyclage. et agrégats d’enrobés ;
• des émissions d’oxyde d’azote en dessous des valeurs
Des tests effectués lors d’un chantier pilote ont permis réglementaires ;
d’étudier l’évolution des ratios de gaz et de particules
émis lorsque le taux de recyclage augmente. • que les HAP décelés ne posent pas de problème
particulier. Nous n’avons par ailleurs pas détecté la
présence des constituants considérés comme les plus
4.3.1 Émissions de particules solides à l’atmosphère dangereux ;
• que le fait de recycler n’induit pas de différences
Les émissions de particules solides font depuis significatives pour les émissions de COV totaux ou
longtemps l’objet d’une réglementation. Si le COV non méthaniques.
dépoussiéreur est à média filtrant et en bon état, le seuil
actuel de 50 mg/Nm3 pour les centrales est respecté. L’interprétation stricte de ces polluants reste
Les résultats habituels en la matière sont en dessous conditionnée par l’harmonisation en matière de
de 20 mg/ Nm3. teneur en oxygène des rejets gazeux (paramètre fixant
le taux de dilution des rejets et normalement précisé
Dans ce domaine, le fait de recycler est sans incidence dans l’arrêté d’autorisation).
notable sur les rejets à l’atmosphère. Signalons que
pour les TSE équicourants, la quantité de particules En conclusion, dans l’état actuel des connaissances,
solides à traiter par le dépoussiéreur diminue lorsque ces analyses et tests montrent que ce type de centrale
la fabrication comporte des agrégats d’enrobés et varie permet de respecter les critères en matière de rejets
en sens inverse du taux de recyclage. Les particules polluants à l’atmosphère.
à traiter comprennent cependant des particules

décembre 2005 21
5. Guide de l’investisseur routier

Sur la base de critères qualitatifs adaptés aux différentes


méthodes, on peut donner les conseils d’orientation
et de choix suivants :

Postes fixes
Postes
Discontinu mobiles
Discontinu
sans criblage Continu continus (*)
avec criblage
(by pass)
élevé - + + ++
Tonnage annuel
faible = = + +
élevé = = ++ ++
Débit instantané
faible = = + +
élevé ++ - - -
Nombre de changement de formules
faible + + + +
10 à 20 % = = + +
Recyclage
20 à 50 % =(***) - ++ ++
d’investissement - - = +
Economie
d’exploitation - = + +
Qualité du contrôle + - + (**) + (**)
*
( )
La mobilité des postes discontinus étant très médiocre, en postes mobiles, seuls les postes continus ont été retenus dans ce tableau.
(
**) En poste mobile continu, le contrôle qualité en ligne, du fait du stockage d’enrobés limité, est direct, et donc d’un niveau supérieur.
(
***) Réalisable avec tambour supplémentaire.

Tableau n° 4
Les évolutions récentes des techniques des
postes continus TSE (cf. § précédents) en font des
installations respectueuses de l'environnement.
Les avantages confirmés par la pratique française des
postes continus sont essentiellement liés à :
• des débits instantanés élevés et très élevés (de
50 à 100 % supérieurs à la moyenne des postes
discontinus ;
• des coûts de production inférieurs à niveau
d'investissement égal ;
• la mobilité, qui constitue un avantage décisif tant
pour la réalisation de chaussées neuves que pour
l'entretien ;
• des possibilités de recyclage à différents taux, très
facilement mis en œuvre, et ce jusqu'à 50 %.

22 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


6. Bibliographie : référentiel normatif

6.1 Normes de définition des matériels 6.4 Normes de calibrage


Matériels pour la construction et l'entretien des routes. Matériels de construction et d'entretien des routes.
Centrales de traitement de matériaux. Terminologie Calibrage et vérification des réglages sur chantier
et performances. Norme NF P 98-701. A FNOR , des doseurs continus des centrales de production
mai 1993 de matériau. Partie 1 : débitmètre de bande pour
courroie transporteuse. Norme NF P 98-744-1. AFNOR,
novembre 1993
6.2 Normes d’essais sur les matériels Matériels de construction et d'entretien des routes.
Calibrage et vérification des réglages sur chantier,
Matériel de construction et d'entretien des routes. des doseurs continus des centrales de production de
Doseurs en continu des granulats. Banc et méthode matériaux. Partie 2 : doseur pondéral à granulats. Norme
d'essai de la mesure du débit. Norme NF P 98-721. NF P 98-744-2 – AFNOR, octobre 1996
AFNOR, juin 1992
Matériels de construction et d'entretien des routes.
Matériel de construction et d'entretien des routes. Calibrage et vérification des réglages sur chantier,
Doseurs en continu des pulvérulents. Banc et méthode des doseurs continus des centrales de production de
d'essai de la mesure du débit. Norme NF P 98-722. matériaux. Partie 3 : doseur volumétrique à granulats.
AFNOR, juin 1992 Norme NF P 98-744-3, AFNOR, octobre 1996
Matériels de construction et d'entretien des routes. Matériels de construction et d'entretien des routes.
Pompes à liants hydrocarbonés. Partie 1 : banc et Calibrage et vérification des réglages sur chantier,
méthode d'essai. Norme NF P 98-723-1, A FNOR , des doseurs continus des centrales de production de
juillet 1994 matériaux. Partie 4 : doseur pondéral à pulvérulent
Matériels de construction et d'entretien des routes. - Essai par prélèvement sur courroie. Norme NF P 98-
Compteurs de liants hydrocarbonés. Méthodes et 744-4. Norme AFNOR, octobre 1996
matériels d'essais. Norme NF P 98-724, A FNOR , Matériels de construction et d'entretien des routes.
décembre 1991 Calibrage et vérification des réglages sur chantier,
Matériels de construction et d'entretien des routes. des doseurs continus des centrales de production de
Débitmètre de bande. Banc et méthode d'essai. Norme matériaux. Partie 5 : doseur pondéral à pulvérulent -
NF P 98-725. AFNOR, juillet 1994 Essai par pesée matière. Norme NF P 98-744-5. AFNOR,
octobre 1996
Matériels de construction et d'entretien des routes.
6.3 Normes de réception des matériels Calibrage et vérification des réglages sur chantier,
des doseurs continus des centrales de production de
Matériels de construction et d’entretien des routes. matériaux. Partie 6 : dosage du bitume - Essai par pesée
Centrales de fabrication de matériaux hydrocarbonés matière. Norme NF P 98-744-6. AFNOR, 2003
à chaud – Définition des éléments constitutifs, des
niveaux et vérification des réglages initiaux. Partie 1 :
Centrales d’enrobage en mode continu. Norme NF P
98-728-1. AFNOR, 2004

décembre 2005 23
6.5 Normes de fabrication et de mise en 6.7 Principales méthodes de référence
œuvre homologuées et expérimentales pour
Enrobés hydrocarbonés. Couche de roulement et les émissions gazeuses de sources fixes
couches de liaison : béton bitumineux semi-grenus
(BBSG) Définition – Classification – Caractéristiques Paramètres mesurés Normes
– Fabrication - Mise en œuvre. Norme NF P 98-130.
AFNOR, novembre 1999 Débit FD X 10 112

Matériels de construction et d'entretien des routes. O2 FD X 20 377 à 379


Fabrication des mélanges. Partie 1 : Contrôle de Poussière NF X 44 052
fabrication des enrobés hydrocarbonés à chaud avec
utilisation d’un système d’acquisition des données. Norme CO FD X 20 361 à 363
XP P 98-142-1. AFNOR, décembre 2003 XP X 43 310 – FD
SO2
X 20 351 à 355 & 357
Enrobés hydrocarbonés. Exécution des corps
de chaussées, couches de liaison et couches de PAH XP X 43 329
roulement. Constituants - Composition des mélanges
Hydrocarbures totaux NF X 43 301
- Exécution et contrôle. Norme NF P 98-150. AFNOR,
décembre 1992 Tableau n° 5
Matériels de construction et d'entretien des routes.
Module d'acquisition de données pour centrales de
fabrication des mélanges granulaires - Description et
spécifications fonctionnelles. Partie 1 : Module pour la
fabrication en continu. Norme NF P 98-772-1. AFNOR,
septembre 2004

6.6 Fiches et notes d'information


• Association qualité pesage (Aqp). Note d'information
Chaussées Dépendances, n° 106. Sétra, novembre 1998,
6 p.
• Bétons bitumineux très minces et ultra-minces. Note
d'information Chaussées Dépendances, n° 94. Sétra,
avril 1997, 6 p.
• Uni et mise en œuvre. Note d'information Chaussées
Dépendances, n° 90. Sétra, août 1996, 4 p.
• C FTR (le) et ses publications (avis techniques et
Catm). Note d'information Chaussées Dépendances,
n° 8. Sétra, février 1996. 6 p.
• 01/12/1990 - Normalisation des équipements de la
route

24 Fabrication des enrobés à chaud en continu – L’expérience française


Sétra
service d'Études
techniques
des routes
et autoroutes

46 avenue
Aristide Briand
BP 100
92225 Bagneux Cedex
France
téléphone :
33 (0)1 46 11 31 31
télécopie :
33 (0)1 46 11 31 69
internet : www.setra.
equipement.gouv.fr

Le document présente l'expérience française sur la fabrication des enrobés


à chaud en continu, qui est forte de trente années de développement et
permet aujourd'hui d'assurer la moitié de la production des enrobés à
chaud. Ces développements ont été rendus possibles et facilités par un
travail en commun des constructeurs de matériels, des entreprises de
travaux, et des maîtres d’ouvrage et d’œuvre.
A ce jour, le parc des centrales d'enrobage à chaud, un demi-millier
d'unités au total, se répartit entre 20 % en postes mobiles, majoritairement
continus, et le reste en postes fixes dont 35 % sont en continu.
L'essor de la technique continue est à la fois due aux grands programmes
nationaux de travaux neufs et d'entretien vers 1970, à la formalisation
des exigences de qualité sur la production des granulats et la composition
des matériaux, et aux progrès technologiques sur les centrales continues
qui se sont succédés. Ces derniers permettent aujourd'hui d'incorporer
des aggrégats d'enrobés de récupération jusqu'à 50 % du produit final,
et de respecter les normes environnementales les plus sévères en ce qui
concerne les rejets de gaz.
Après un rappel succinct des deux types de fabrication, continu
et discontinu, et une description détaillée des composants et du
fonctionnement d'une centrale continue, le document décrit deux cas
concrets de chantiers : l'un, autoroutier en rase campagne, comportant
une grave-bitume 0/14 en couche de fondation-base et un béton
bitumineux 0/10, et l'autre, pour l'entretien des chaussées du boulevard
périphérique parisien, avec un béton bitumineux à module élevé en
incluant depuis 2002 une fraction du matériau ancien fraisé.
Le document se termine en donnant aux investisseurs routiers une grille
qui situe l'intérêt du choix des différentes centrales en fonction des critères
techniques et économiques d'exploitation, et liste les normes françaises
qui traitent de la fabrication à chaud en continu.

Le Sétra appartient
Document disponible au bureau de vente du Sétra au Réseau Scientifique
46 avenue Aristide Briand - BP 100 - 92225 Bagneux Cedex - France
et Technique
téléphone : 33 (0)1 46 11 31 53 - télécopie : 33 (0)1 46 11 33 55
Référence : 0609 - Prix de vente : 12 € de l'Équipement
Crédit photos : Fayat, sauf page 17 Cofiroute
Conception graphique - mise en page : Philippe Masingarbe (Sétra)
Impression : Domigraphic – Zac les Rdars – 16, rue Diderot – 91353 Grigny Cedex
L’autorisation du Sétra est indispensable pour la reproduction, même partielle, de ce document
© 2006 Sétra - Dépôt légal : 1 er trimestre 2006 - ISBN : 2-11-095823-5

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