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1917-1931 / G. I. Gurdjieff
Robert ARDREY,
Robert ARDREY,
Robert ARDREY,
Robert ARDREY,
Jean-Claude BARREAU,
Nicolas BERDIAEFF,
H. J. CAMPBELL,
Olivier CLÉMENT,
Olivier CLÉMENT,
Jacques DURANDEAUX,
Rollo MAY,
OUSPENSKY,
Otto RANK,
Theodore ROSZAK,
Theodore ROSZAK,
Morton SCHATZMAN,
Tibor SZAMUELY,
Colin M. TURNBULL,
Paul VIRILIO,
Edmund WILSON,
Nancy WILSON Ross,
Du même auteur
Critique
objectivement impartiale de la vie des hommes.
(en trois volumes).
Tous droits réservés pour tous pays.
© 1980, Éditions Stock.
Trente ans après sa mort, le nom de Gurdjieff,
se dégageant d'un fond de rumeurs contradictoires,
est reconnu aujourd'hui comme celui d'un grand
maître spirituel, tel qu'il en apparaît dans l'histoire
de l'humanité, à des époques de transition.
Voyant la direction que prenait la civilisation
moderne, il s'était donné comme tâche d'éveiller ses
contemporains à la nécessité d'un développement
intérieur qui leur ferait prendre conscience du sens
réel de leur présence sur terre.
Les grandes lignes de sa vie sont devenues fami-
lières aux lecteurs de ses ouvrages et en particulier
de
Né à la fin du siècle dernier à la frontière russo-
turque, il avait été amené, sous l'influence de son
père et de ses premiers maîtres, à s'interroger très
tôt sur lui-même, puis à chercher sans relâche des
hommes capables de l'éclairer. Pendant une ving-
taine d'années, il parcourut l'Asie centrale et le
Moyen-Orient pour y retrouver les sources vivantes
d'une connaissance cachée.
Peu avant la Première Guerre mondiale, il était
de retour à Moscou, où il commença à réunir des
élèves autour de lui. Durant la Révolution, il conti-
nua son travail ; il partit pour Essentuki, dans le
Caucase, avec un petit groupe de disciples qui le
suivirent ensuite à Tiflis, puis à Constantinople, Ber-
lin et Londres. Enfin, en 1922, il s'installa en France
au château du Prieuré, près de Fontainebleau, pour
y établir à une assez grande échelle son « Institut
pour le développement harmonique de l'Homme ».
Après un premier voyage aux Etats-Unis en 1924,
un très grave accident d'auto interrompit la mise en
œuvre de ses projets.
Une fois rétabli, il décida de se consacrer entiè-
rement à écrire. Il poursuivit son travail pendant
près de dix ans. De cette époque datent les
— totalement
Si nous sommes mécaniques, com-
ment pouvons-nous parvenir au contrôle de nous-
mêmes ? Une machine peut-elle se contrôler elle-
même ?
— Très juste :
bien sûr que non. Nous ne pou-
vons pas nous changer nous-mêmes, nous ne pou-
vons que nous modifier un peu. Mais nous pouvons
être changés, grâce à une aide venue du dehors.
Selon les théories ésotériques, l'humanité se di-
vise en deux cercles : un grand cercle extérieur qui
englobe tous les êtres humains, et au centre un petit
cercle d'hommes qui ont été instruits et qui compren-
nent. L'instruction réelle, qui seule peut nous chan-
ger, ne peut venir que de ce centre, et le but de cet
enseignement est de nous préparer à recevoir une
telle instruction. Par nous-mêmes nous ne pouvons
pas nous changer. Cela ne peut venir que du dehors.
Toutes les religions font allusion à l'existence d'un
centre commun de connaissance. Dans tous les livres
sacrés, la connaissance est présente. Mais les gens
ne désirent pas la trouver.
— Pourquoi ?
1° Son origine ;
2° La cause de son origine ;
3° Son histoire ;
4° Ses qualités et attributs ;
5° Les objets qui sont en contact avec lui ou qui
ont une relation avec lui ;
6° Son emploi et ses applications ;
7° Ses effets et conséquences ;
8° Ce qu'il explique et ce dont il est la preuve ;
9° Sa fin ou son avenir ;
10° Votre opinion, la cause et les motifs de cette
opinion.
Pourquoi sommes-nous ici?
ne pas répondre.
Avec votre raison, vous voudriez ne pas consi-
dérer, mais avant tout vous devez apprendre le
langage du cheval, sa psychologie, pour être capa- -
ble de lui parler. Ensuite vous pourrez faire ce que
votre raison et votre logique désirent.
Mais si vous tentez de l'éduquer tout de suite,
vous ne pourrez rien lui enseigner, rien changer,
même en cent ans. Cela restera un vœu gratuit.
Pour le moment, vous avez deux mots à votre dis-
position : « à droite » et « à gauche ». Quand vous
tirez les rênes, le cheval obéit, et encore pas tou-
jours : seulement quand il a la panse pleine. Mais
si vous commencez à lui faire un discours, il conti-
nuera simplement à chasser les mouches avec sa
queue, et vous pourrez vous imaginer qu'il vous
comprend.
Avant que notre nature ne soit gâtée, dans l'équi-
page, le cheval, la voiture, le cocher, le maître
ne faisaient qu'un ; tous avaient une compréhension
commune, tous travaillaient ensemble ; leurs mo-
ments d'effort, de détente, de repas étaient les
mêmes.
Mais le langage a été oublié, chacune des parties
s'est séparée et vit seule, coupée du reste. Pourtant,
à certains moments, il faudrait qu'elles travaillent
ensemble. Mais c'est impossible : l'une d'elles veut
une chose, une autre veut autre chose.
Il s'agit de rétablir ce qui a été perdu et non
pas d'acquérir quoi que ce soit de nouveau. C'est
là le but du développement.
Pour cela, il est indispensable d'apprendre à dis-
tinguer l'essence de la personnalité et à les séparer.
Quand vous pourrez le faire, vous saurez ce qu'il
faut changer, et comment. Entre-temps, vous n'avez
qu'une possibilité : étudier. Vous êtes faibles, vous
êtes dépendants, vous êtes esclaves. Briser tout d'un
coup les habitudes accumulées depuis des années
est difficile. Plus tard, il vous sera possible de rem-
placer certaines habitudes par d'autres. Elles seront
mécaniques, elles aussi. L'homme dépend toujours
d'influences extérieures. Seulement, certaines in-
fluences sont des entraves, d'autres non.
Pour commencer, il est nécessaire de préparer
des conditions pour le travail. Il y a beaucoup de
conditions. Aujourd'hui, vous pouvez seulement
observer et rassembler du matériel qui sera utile
pour travailler. Au moment même, vous ne pouvez
pas distinguer d'où viennent vos manifestations —
de l'essence ou de la personnalité. Mais si vous
regardez avec soin, après coup, vous pourrez com-
prendre.
Pendant que vous rassemblez du matériel, vous
ne pouvez pas le voir. Et cela parce que, d'ordi-
naire, l'homme ne dispose que d'une attention, diri-
gée vers ce qu'il est en train de faire. La pensée
ne voit pas les sentiments, et vice versa.
L'observation exige beaucoup de choses. Avant
tout la sincérité envers soi-même. Et c'est très diffi-
cile. Il est beaucoup plus facile d'être sincère avec
un ami. L'homme a peur de voir le mal. Si par
hasard, plongeant profondément en lui-même, il
voit ce qui est mal en lui, il découvre sa nullité.
Nous avons l'habitude de chasser les pensées qui
nous concernent, parce que nous avons peur des
remords de conscience. La sincérité est comme la
clef qui ouvrira la porte d'où une partie peut en
voir une autre. Avec la sincérité, l'homme peut
regarder une chose en face, et la voir.
La sincérité envers soi-même est très difficile
parce qu'une croûte épaisse a recouvert l'essence.
Année après année, l'homme endosse de nouveaux
vêtements, pose sur son visage un nouveau masque.
Il faut progressivement enlever tout cela — se
libérer, se dénuder soi-même. Tant que l'homme ne
s'est pas mis à nu, il ne peut pas voir.
Au début du travail, il y a un exercice très utile
car il aide à se voir, à rassembler du matériel. Cet
exercice c'est : se mettre à la place d'un autre. Il
doit être entrepris comme une tâche.
Pour expliquer ce que je veux dire, prenons un
exemple. Je sais que vous avez besoin de cent
dollars pour demain mais vous ne les avez pas.
Vous essayez de les obtenir mais en vain. Vous
êtes sombre. Vos pensées, vos sentiments sont occu-
pés par ce problème. Le soir, vous assistez à
la conférence. La moitié de vous-même continue à
penser à l'argent. Vous êtes distrait, nerveux. Si
aujourd'hui je vous dis un mot désagréable, vous
vous mettrez en colère. Tandis que demain, quand
vous aurez l'argent, vous en rirez peut-être. Si je
vois que vous êtes en colère ce soir, comme je sais
que vous n'êtes pas toujours ainsi, j'essaie d'entrer
dans votre position. Je me demande comment j'agi-
rais à votre place si quelqu'un était désagréable
avec moi. A force de me poser la question, je
comprendrai bientôt que si quelqu'un est blessé ou
énervé par une impolitesse, il y a toujours, sur le
moment, une raison à cela. Je comprendrai bientôt
que tout le monde est pareil — que personne n'est
toujours mauvais ou toujours bon. Nous sommes
tous pareils. De même que je change, de même
l'autre change. Si vous réalisez cela, si vous vous
le rappelez, si vous pensez à votre tâche et l'entre-
prenez au bon moment, vous verrez beaucoup de
choses en vous-mêmes et autour de vous, des choses
que vous n'aviez jamais vues auparavant. C'est la
première étape.
La seconde étape, c'est la pratique de la concen-
tration.
Avec cet exercice, vous pouvez atteindre quelque
chose d'autre. L'observation de soi est très difficile,
mais elle peut apporter un matériel considérable. Si
vous vous rappelez comment vous vous manifestez,
comment vous réagissez, comment vous sentez et
quelle sorte de désirs vous avez, vous pourrez
apprendre beaucoup. Parfois, vous pourrez dis-
tinguer d'un coup ce qui est de la pensée, ce qui
est du sentiment, ce qui est du corps.
Chaque partie se trouve sous des influences diffé-
rentes ; et si nous nous libérons de l'une, nous
devenons esclaves d'une autre. Par exemple, je peux
être libre dans mon esprit, mais je ne suis pas
capable de changer les émanations de mon corps
— mon corps répond différemment. Un homme assis
près de moi m'affecte par ses émanations. Je sais que
je devrais être poli, mais j'éprouve pour lui de l'anti-
pathie. Chaque centre a sa propre sphère d'émana-
tions, et parfois on ne peut pas y échapper.
Je vous conseille de combiner cet exercice avec
l'observation de soi.
Mais nous oublions toujours. Nous ne nous
rappelons qu'après coup. Au moment opportun,
votre attention est occupée, par exemple par le fait
que vous n'aimez pas cet homme, et que vous ne
pouvez pas vous empêcher d'éprouver cette anti-
pathie. Il ne faut pas oublier ce fait, il faut l'en-
registrer dans la mémoire. Le goût d'une expérience
ne se garde qu'un temps. Sans attention, les mani-
festations s'évanouissent. On devrait tout noter dans
la mémoire, sinon on oublie. Et ce que nous voulons,
c'est ne pas oublier.
Il y a des choses qui ne se répètent que rarement.
Accidentellement, vous voyez quelque chose, mais
si vous ne vous le rappelez pas, vous le perdez
pour toujours. Si vous voulez « connaître l'Amé-
rique », vous devez l'imprimer dans votre mémoire.
Assis dans votre chambre, vous ne verrez rien :
c'est dans la vie qu'il faut observer. Dans votre
chambre, vous ne développez pas le maître. Un
homme peut être fort dans un monastère, mais
faible dans la vie, et nous avons besoin de force
pour vivre. Par exemple, dans un monastère, un
homme peut rester sans manger pendant une se-
maine, mais dans la vie, il ne pourra même pas
rester sans manger pendant trois heures. Alors, à
quoi lui auront servi ses exercices ?
Tant qu'un homme ne se sépare pas de lui-
même, il ne peut parvenir à rien et personne ne
peut l'aider.
Se gouverner soi-même est quelque chose de très
difficile. C'est un objectif pour plus tard. Cela
demande une grande énergie. Cela exige beaucoup
de travail. Mais cette première nécessité, se séparer
de soi-même, ne requiert pas beaucoup de force ; elle
demande seulement un désir, un désir sérieux, le
désir d'un homme adulte. Si un homme n'y parvient
pas, cela montre que ce désir d'homme adulte lui
manque. Et par conséquent, qu'il n'y a rien ici pour
lui. Ce que nous faisons ici ne peut convenir qu'à
des adultes.
Notre intellect, notre penser, n'a rien de commun
avec nous, avec notre essence — ni relation ni dé-
pendance. Notre pensée vit par elle-même et notre
essence vit par elle-même. Quand nous parlons de
« se séparer de soi-même », cela veut dire que la
pensée devrait se tenir séparée de l'essence. Notre
faible essence est susceptible de changer à tout
moment car elle dépend de bien des influences : de
la nourriture, de l'entourage, de l'heure, du temps
qu'il fait, d'une multitude d'autres facteurs. Mais la
pensée dépend d'un très petit nombre d'influences,
si bien qu'avec un effort minime elle peut être main-
tenue dans la direction voulue ; si faible soit-il, un
homme peut donner à sa pensée la direction voulue.
Mais il n'a aucun pouvoir sur son essence. Il faut
un grand pouvoir pour donner une direction à son
essence et pour l'y maintenir (corps ou essence, c'est
bien toujours du même diable qu'il s'agit).
L'essence de l'homme ne dépend pas de lui : elle
peut être de bonne ou de mauvaise humeur, irritable,
joyeuse ou triste, agitée ou placide. Toutes ces réac-
tions surgissent indépendamment de lui. Un homme
peut être maussade parce qu'il a mangé quelque
chose qui ne lui convient pas.
Si un homme n'a pas déjà un certain acquis, rien
ne peut lui être demandé. On ne peut attendre de
lui plus qu'il n'a. D'un simple point de vue pratique,
un homme ne peut être tenu pour responsable de
cette situation. Ce n'est pas de sa faute s'il est
comme il est. Aussi dois-je en tenir compte car je
sais qu'il n'est pas possible d'attendre d'un homme
faible ce qui demanderait beaucoup de force. Ce
qu'on exige de lui doit être en rapport avec la force
qu'il a pour y répondre.
Il est bien certain que la plupart d'entre vous se
trouvent ici parce que cette force leur manque. Ils
sont venus pour l'acquérir. Cela veut dire qu'ils
désirent être forts. On ne peut donc pas s'attendre
à ce qu'ils le soient déjà.
Mais je parle en ce moment d'une autre partie de
nous-mêmes : la pensée. Pour ce qui est de la pen-
sée, je sais que chacun de vous possède assez de
force, que chacun de vous a la capacité et le pou-
voir d'agir autrement qu'il ne le fait actuellement.
La pensée est capable de fonctionner indépen-
damment, mais elle est aussi susceptible de s'iden-
tifier à l'essence, de devenir une fonction de l'es-
sence. Chez la majorité de ceux qui se trouvent ici,
la pensée n'essaie pas d'être indépendante : elle n'est
qu'une fonction.
Aussi, en dépit du temps qu'ils ont passé ici, en
dépit même de ce désir qu'ils avaient bien avant de
venir ici, ils en sont restés à un niveau pire que
celui de l'homme de la rue, c'est-à-dire le niveau
d'un homme qui n'a jamais eu l'intention de faire
quoi que ce soit.
Je le répète : cette indépendance de la pensée, tout
homme adulte peut y parvenir, tous ceux qui en ont
un réel désir le peuvent. Mais personne n'essaie.
En même temps, comme je vous l'ai dit, nous ne
sommes pas capables de contrôler nos différents
états intérieurs et cela ne peut pas nous être de-
mandé. Quand nous en serons devenus capables,
une nouvelle exigence apparaîtra.
Pour que vous compreniez mieux ce que je veux
dire, je vous donnerai un exemple. En ce moment
je suis tranquille, je ne réagis à rien ni à personne,
et je décide de me donner pour tâche d'établir avec
M. B... une bonne relation, parce que j'ai besoin
de lui pour mes affaires et je ne peux obtenir ce que
je veux qu'avec son concours. Mais je n'aime pas
M. B... C'est un homme très désagréable. Il ne
comprend rien. Il est borné. Il est détestable. Il
est tout ce que vous voulez. Je suis ainsi fait que
tous ces traits m'affectent. Il suffit que je le regarde
pour que je sois agacé. Et lorsqu'il se met à dire des
âneries, cela me met hors de moi. Je ne suis qu'un
homme, je suis faible et je n'arrive pas à me per-
suader que je ne dois pas être irrité. Je continuerai
donc à être irrité.
Pourtant il m'est possible de me contrôler. Tout
dépend du sérieux avec lequel je désire parvenir au
but que M. B... peut m'aider à atteindre. Si je
maintiens cette résolution, je serai capable de le
faire. Si exaspéré que je sois, je me souviendrai de
mon désir. J'aurai beau être furieux, hors de moi,
dans un coin de ma tête je continuerai à me rap-
peler la tâche que je me suis fixée. Ma pensée est
impuissante à refréner quoi que ce soit en moi,
elle est incapable de me faire éprouver autre chose
à l'égard de M. B... Mais elle est capable de se
rappeler. Je me dis à moi-même : « Tu as besoin
de lui. Ne te fâche pas. Ne sois pas grossier avec
lui. » Même si j'en venais à le traiter de tous les
noms, à le frapper, ma pensée continuerait à me
rappeler à l'ordre et à me répéter que je ne devrais
pas réagir de cette manière. Mais, par elle-même,
la pensée est impuissante à faire quoi que ce soit.
C'est là ce que peut entreprendre quiconque a
un sérieux désir de ne pas s'identifier à son essence
— c'est précisément ce que signifie « séparer la
pensée de l'essence ».
Qu'arrive-t-il quand la pensée devient simplement
une fonction ? Si je suis contrarié, si je perds
patience, je penserai, ou plutôt « ça pensera » à
travers cette contrariété. Je verrai tout sous l'angle
de cette contrariété. Au diable !
de l'extérieur.
Un homme ne peut pas se donner le comman-
dement « stop » à lui-même, car sa volonté ne se
!
— La physique occulte ?
— Par hasard ?
Vas-y !
»
Un « haïda-yogi » sait tout ce que sait un yogi,
et il agit comme lui. Mais il possède un certain
appareil à l'aide duquel il peut rassembler en les
puisant dans l'air les éléments requis pour son
corps. Un « haïda-yogi » gagne du temps parce
qu'il connaît ces secrets.
Un yogi met cinq heures, un « haïda-yogi » une
heure. Ce dernier utilise une connaissance que le
yogi n'a pas. Un « haïda-yogi » fait en un mois ce
qu'un yogi fait en une année. Et il en va ainsi pour
tout.
Toutes ces voies tendent vers le même but : la
transformation intérieure de en un nouveau corps.
De même qu'un homme peut édifier son second
corps, le corps astral, par un processus métho-
dique conforme aux lois, de même il peut édifier
à l'intérieur de lui-même un troisième corps et peut
ensuite entreprendre de bâtir le quatrième corps. Un
corps naît à l'intérieur de l'autre. Ils peuvent être
séparés et s'asseoir sur des chaises différentes...
Toutes les voies, toutes les écoles ont un seul et
même but, elles tendent toujours à la même chose.
Cependant, celui qui s'est engagé sur une de ces
voies peut ne pas s'en rendre compte. Un moine a
la foi, et pense qu'on ne peut aboutir que par sa
voie. Seul son maître peut connaître le but, mais à
dessein il ne le lui dira pas, car si son élève savait,
il ne travaillerait pas si dur.
Chaque voie a ses propres théories, ses propres
preuves.
La matière est la même partout, mais elle change
constamment de place et entre dans des combinai-
sons différentes. De la densité d'une pierre à la
matière la plus fine, chaque a sa propre éma-
nation, sa propre atmosphère ; car chaque chose
mange ou est mangée. Une chose en mange une
autre ; je vous mange, vous mangez votre voisin et
ainsi de suite.
Toute chose à l'intérieur de l'homme évolue ou
involue. Une entité est quelque chose qui demeure
pour une certaine durée sans involuer. (Chaque
substance, organique ou inorganique, peut être une
entité. Plus tard, nous verrons que tout est orga-
nique.)
Toute entité émane, diffuse une certaine matière.
Cela se rapporte aussi bien à la Terre qu'à l'homme
et au microbe. La Terre sur laquelle nous vivons a
ses propres émanations, sa propre atmosphère. Les
planètes aussi sont des entités, elles aussi éma-
nent, comme les Soleils. A partir des matières
positive et négative, les émanations des Soleils ont
donné naissance à de nouvelles formations. Le
résultat de l'une de ces combinaisons est notre
Terre.
Les émanations de chaque entité ont leurs limites,
et par conséquent à chaque point correspond une
densité de matière différente. Après l'acte de créa-
tion, l'existence suit son cours, les entités conti-
nuent à émaner. Ici, sur cette planète, il y a des
émanations de la Terre, des planètes et du Soleil.
Mais les émanations de la Terre ne s'étendent que
jusqu'à une certaine distance. Au-delà, il n'y a que
des émanations venant du Soleil et des planètes,
et pas de la Terre.
Dans la zone des émanations de la Terre et de la
Lune, la matière est plus dense ; au-dessus de cette
zone, elle est plus fine. Les émanations pénètrent
toute chose, selon leurs possibilités. C'est ainsi
qu'elles atteignent l'homme.
Il y a d'autres Soleils en dehors du nôtre. De
même que j'ai pris toutes les planètes ensemble, je
prends maintenant tous les Soleils et leurs éma-
nations ensemble. Au-delà, nous ne pouvons plus
rien voir, mais nous pouvons logiquement parler
d'un monde d'ordre supérieur. Pour nous, c'est le
point ultime. Lui aussi a ses propres émanations.
Conformément à la Loi de Trois, la matière entre
constamment dans des combinaisons variées, devient
plus dense, rencontre une autre matière et devient
plus dense encore, ce qui modifie toutes ses pro-
priétés et possibilités. Par exemple, dans les sphères
les plus hautes, l'intelligence existe sous sa forme
pure, mais en descendant elle devient moins intel-
ligente.
Study House
INTRODUCTION 7
Lueurs de vérité 13
« Qui suis-je ?» 59
Pour une étude exacte, un langage exact
est nécessaire 84
L'homme est un être multiple 103
Développement unilatéral de l'homme 111
Premiers contacts 114
Observation de soi 119
Comment acquérir de l'attention 121
Vie intérieure et vie extérieure 127
Tout animal travaille selon sa constitution 139
..
Pourquoi sommes-nous ici ?
.............. 144
3
L'attelage 285
« Je veux me rappeler moi-même »
Les deux courants ........ 294
304
Il y a deux sortes d'amour
.............. 311
Le libre arbitre 315
Peurs — identifications 325
Les diverses sortes d'influences 327
La libération mène à la libération ........ 343
Aphorismes
........................... 353
ACHEVÉ D'IMPRIMER
LE 25 SEPTEMBRE 1980
SUR LES PRESSES DE
L'IMPRIMERIE HÉRISSEY
A É VR EUX (EURE)
POUR LE COMPTE DES ÉDITIONS STOCK
14, RUE DE L'ANCIENNE-COMÉDIE, PARIS-6e
N° d'Éditeur : 4204
N° d'Imprimeur : 26262
Dépôt légal : 4e trimestre 1980
54-25-2689-01
ISBN 2-234-01045-4
Trente ans après sa
mort, le nom de Gurd-
jieff, se dégageant d'un
fond de rumeurs con-
tradictoires, est recon-
nu aujourd'hui comme
celui d'un grand maître
spirituel, tel qu'il en ap-
paraît dans l'histoire de
l'humanité, à des épo-
ques de transition.
Voyant la direction que
prenait la civilisation
moderne, il s'était don-
né comme tâche d'éveil-
ler ses contemporains
à la nécessité d'un dé-
veloppement intérieur
qui leur ferait prendre
conscience du sens réel
Droits réservés
de leur présence sur
terre.
Les notes rassemblées dans cet ouvrage se rapportent à quelques-
unes des réunions qui se tenaient presque chaque soir autour de
Gurdjieff, quelles que soient les circonstances où il se trouvait.
Ces textes ne sont pas une transcription directe. En effet, Gurdjieff
ne permettait jamais à ses élèves de prendre des notes au cours des
réunions. Fort heureusement, quelques auditeurs prévoyants,
doués d'une mémoire exceptionnelle, s'efforçaient ensuite de re-
constituer ce qu'ils avaient entendu. Sans chercher à présenter une
synthèse des idées développées par Gurdjieff
— comme P.D.
Ouspensky l'a tenté avec maîtrise dans
ces notes, si incomplètes soient-elles, ont été
—
reconnues par ceux qui avaient assisté aux réunions comme aussi
fidèles que possible à la parole de leur maître.
Cette parole, malgré son apparente simplicité, avait toujours la
vertu d'éveiller chacun à l'essentiel.
Les comptes rendus, qui constituent la majeure partie du présent
ouvrage, sont précédés de trois autres textes de caractère différent.
Le premier, le plus ancien, puisqu'il date de
—
1914 est le récit que fait un élève russe de sa première rencontre
—
avec Gurdjieff, près de Moscou, avant la Révolution. Les deux
autres, datant respectivement de 1918 et de 1924, sont des confé-
rences faites par Gurdjieff à l'intention d'un public élargi.
Quant aux aphorismes qui terminent l'ouvrage, ils étaient inscrits
sur le vélum du au Prieuré, conformément à un
alphabet secret que les élèves étaient seuls à pouvoir