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de Jean
O.E.I.L.
12, rue du Dragon
75006 Paris
AVANT PROPOS
Comme dans notre précédente traduction de l'Évangile de Jean, nous avons supprimé les majuscules
et les signes de ponctuation. Les anciens manuscrits grecs ne comportaient pas la distinction ou la
dualité, à laquelle nous sommes habitués depuis l'imprimerie, entre lettres majuscules et lettres
minuscules. Certains manuscrits étaient écrits en capitales, d'autres en minuscules ; mais dans les
manuscrits écrits en minuscules, les noms propres ne sont pas écrits avec des lettres majuscules. Quant
à l'hébreu ancien, il ne comportait pas la distinction majuscules-minuscules. Nous laissons les mots du
texte exprimer leur puissance sans cette intervention typographique. Ils en sont capables. Ils n'ont pas
besoin de nous. Nous présentons notre traduction proposition par proposition, comme les anciens
manuscrits de la traduction latine, qui reproduisent certainement la disposition des plus anciens
manuscrits grecs. Il est vraisemblable que la traduction, de l'hébreu en grec, de l'Apocalypse a été faite
proposition par proposition, comme c'est le cas pour l'Évangile de Jean. Nous avons laissé en hébreu
les mots hébreux que le traducteur en langue grecque du document original hébreu n'a pas traduits lui-
même, mais qu'il a laissés en hébreu, simplement transcrits en caractères grecs. Nous nous efforçons
d'expliquer en note le sens de ces mots.
Comme dans notre précédente traduction, celle de l'Évangile de Jean, nous n'avons pas cru devoir
dissimuler au lecteur de langue française les extraordinaires fautes de grammaire et incorrections de
toutes sortes qui caractérisent le texte grec de l'Apocalypse. Nous n'avions pas à améliorer ni à corriger
ni à amender le texte grec de l'Apocalypse, mais si possible et autant que possible, à le traduire à
l'intention d'un lecteur de langue française qui ne lit pas le grec. Nous avons donc laissé dans notre
traduction française un bon nombre des incorrections, des fautes de grammaire qui pullulent dans le
texte grec de l'Apocalypse. Exactement comme pour le texte grec de l'Évangile de Jean, ces énormes
fautes de grammaire proviennent de ce que le traducteur a suivi de très près, de trop près si l'on veut —
c'est une question de goût — son texte hébreu. Les fautes de grec que l'on lit dans le texte grec de
l'Apocalypse, en réalité et le plus souvent, c'est de l'hébreu qui n'a pas été hellénisé.- C'est dire que l'on
voit encore plus clairement l'hébreu qui est sous le texte grec de l'Apocalypse, que dans l'Évangile de
Jean.
Nous avons voulu que le lecteur de langue française goûte un peu le goût de ce texte, tel qu'un
lecteur de langue grecque des premières générations pouvait le percevoir, avec ses fautes de grammaire
constantes, et ses tournures étranges, qui venaient de l'hébreu.
Comme dans notre précédente traduction de l'Évangile de Jean, nous avons mis en regard, sur la
page de gauche, les textes de la sainte Bibliothèque hébraïque qui sont absolument nécessaires pour
comprendre les termes, les mots, les symboles, les analogies, les allusions de notre texte de
l'Apocalypse. L'Apocalypse est un livre tout entier symbolique et écrit avec des symboles, mais ces
symboles ne sont pas l'invention de l'auteur de l'Apocalypse. Ils ne sont pas arbitraires. Ce sont les
symboles utilisés depuis longtemps déjà, depuis des siècles, par les anciens prophètes hébreux. C'est un
système cohérent et homogène. Il existe un lexique cohérent et homogène des symboles hébreux ; la
vigne, l'huile, le vin, etc. ont un sens constant à travers la tradition prophétique. Ce sont les éléments
qui sont des mots.
Une grande partie de ces symboles sont empruntés au Temple de Jérusalem, à son mobilier, à ses
ustensiles, à tous les objets symboliques qui sont décrits dans les livres de l'Exode et du Lévitique.
L'auteur de l'Apocalypse vit et pense à l'intérieur de cet univers du Temple de Jérusalem, comme le
prophète Ézéchiel, et comme l'auteur de l'épître aux Hébreux.
Notre traduction bien entendu n'est pas destinée aux savants qui lisent le grec, l'hébreu, le syriaque
et quelques autres langues encore. Elle est destinée aux enfants des campagnes et des villes de France,
qui ne lisent pas le latin ni le grec. Nous nous sommes donc gardés de transcrire en caractères français
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des mots grecs ou des mots latins. Nous n'avons pas traduit christos par Christ, ni ekklèsia par église, ni
apostolos par apôtre, ni skandalon par scandale, ni skandalizein par scandaliser, ni euaggelion par
Évangile, ni aggelos par ange, ni novum testamentum par Nouveau Testament, ni diabolos par diable,
etc. Nous nous sommes efforcés de transmettre et de communiquer le sens d'un texte, qui est lui-même
déjà une traduction, en remontant à la source, c'est-à-dire à l'hébreu, dans la langue populaire qui est la
sienne. Le livre de l'Apocalypse est d'ailleurs un livre simple et clair, qui avait un sens pour celui qui
l'écrivait, et qui avait un sens pour ceux à qui il était destiné. Nous nous efforcerons de dégager ce sens
en cours de route.
Pour ce qui concerne la transcription en caractères français des mots hébreux que nous citons, nous
avons adopté, comme dans nos précédentes publications, le système de transcription le plus simple
possible. Ceux qui lisent l'hébreu retrouveront aisément le mot hébreu transcrit en caractères français.
Quant à ceux qui ne lisent pas l'hébreu, il est inutile de leur infliger une transcription si compliquée,
hérissée de signes dont ils ignorent le sens et la portée, que la lecture de ces transcriptions est nettement
plus difficile que la lecture du texte hébreu. Encore une fois, nous n'écrivons pas pour les savants, mais
pour les enfants. Nous n'écrivons surtout pas pour les pédants.
Nous avons mis entre crochets dans notre texte français les mots qui ne se trouvent pas dans le texte
grec mais qui sont à peu près inévitables si l'on veut que la phrase française tienne debout. En
particulier nous avons été obligé d'ajouter très souvent le verbe être, là où il n'est pas dans le texte grec,
parce que dans le texte hébreu, que le grec suit fidèlement et à la lettre, le verbe être est le plus souvent
inutile. Mais le traducteur en langue grecque avait déjà, à maintes reprises, ajouté le verbe être grec, là
où il ne se trouvait pas dans le texte hébreu, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement. Nous
l'indiquerons en note.
L'hébreu n'a pas non plus le verbe avoir. Il utilise la formule : être à..., ou plus simplement encore le
relatif hébreu ascher suivi du lamed, le - signe de l'appartenance, sans le verbe être. Les traducteurs en
langue grecque de la Bibliothèque hébraïque ont introduit en grec le verbe avoir, parce qu'ils ne
pouvaient pas faire autrement. Nous nous efforcerons de restaurer la construction hébraïque primitive,
dans la mesure où cela est possible en français.
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RÉVÉLATION DE IESCHOUA
1, 22 et lui il a attesté
[la vérité de] la parole de dieu
et l'attestation [de la vérité]
de ieschoua qui a reçu l'onction
tout ce qu'il a vu
et les choses cachées, il connaît ce qui se trouve dans la ténèbre... Daniel 2, 28 : Mais il est un dieu dans les cieux qui révèle,
qui découvre, qui dévoile les secrets, araméen gale razin, grec LXX all'esti theos en ouranô anakaluptôn mustèria, Théo-
dotion apokaluptôn mustèria, et il a fait connaître au roi Nabuchodonosor ce qui est sur le point d'arriver — ou : ce qui va
arriver — dans l'après, ou dans la suite, des jours, araméen mah di le-hewé be-aharit iômaiia, grec LXX ha deï genesthai
genesthai ep'eschatôn ton hèmerôn, Théodotion idem. On observe que le mot grec pel] il faut, traduit tout simplement une
construction araméenne qui signifie : ce qui va arriver ou advenir. On observe aussi que le mot grec eschatos traduit
l'araméen be-aharit, ce qui vient après, ce qui se situe dans l'avenir. Daniel 2, 29 : Et quant à toi, roi, sur ta couche, tes
pensées sont montées, qu'est-ce qui va arriver après cela, grec LXX hosa deï genesthai ep'eschatôn ton hèmerôn,
Théodotion ti deï genesthai meta tauta, et celui qui révèle ou dévoile les secrets, araméen we-galé razaiia, grec LXX kai ho
anakaluptôn mustèria, Théodotion kai ho apokaluptôn mustèria, t'a fait connaître ce qui va arriver, ou, plus simplement : ce
qui va être, araméen mah-di le-hewé, grec LXX ha deï genesthai, Théodotion idem. On observe de nouveau que le verbe
grec deï, il faut, traduit simplement une construction araméenne qui signifie : cela va arriver ou advenir. Daniel 2, 30 :
Quant à moi ce n'est pas dans — ou : par — qui serait en moi plus que dans tout être vivant, que ce secret m'a été révélé,
araméen razah denah geli, Théodotion to mustèrion touto apekaluphthè... Daniel 2, 47 : Votre dieu, c'est lui le dieu des
dieux et le maître des rois et celui qui révèle, qui découvre, qui dévoile les secrets, araméen we-galeh razin, Théodotion
apokaluptôn mustèria, puisque tu as été capable de découvrir ce secret, araméen le-migelé razah denah, Théodoûon-
apokalupsai to mustèrion touto. Daniel 10, 1 : Dans l'année troisième de Cyrus, roi de Perse, une parole fut révélée à Daniel,
hébreu dabar nigelah le-daniel, Théodotion : logos apekaluphthè tô danièl...
Révélation de Ieschoua (celui) qui a reçu l'onction... Grec christos. Le verbe grec chriô signifie oindre, enduire, avec de
l'huile, du parfum, un onguent, etc. Christos signifie donc : celui qui a reçu l'onction sainte. Le verbe grec chriô traduit le
verbe hébreu VnaschaH (prononcer le h final comme le ch de l'allemand Buch) qui signifie oindre avec de l'huile, le
sanctuaire avec tous ses ustensiles, Exode 30, 26 ; 40, 9 ; Lévitique 8, 10 ; etc. — le grand prêtre, Exode 29, 7 ; 40, 13 ;
Lévitique 8, 12 ; 16, 32 ; Nombres 35, 25 ; etc. — le roi,
I Samuel 16, 3 ; 1 Rois 1, 34 ; etc.
Celui qui a reçu l'onction s'appelle le maschiah, selon la prononciation ou la vocalisation de nos éditions modernes. A la
forme dite construite par les vieux grammairiens, le meschiah de YHWH, la prononciation est légèrement modifiée. Selon la
transcription en caractères grecs de Jean 1, 42, nous avons trouvé le meschiah, et 4, 25, nous savons que le meschiah va
venir ; c'est en fait cette seconde prononciation qui était en usage autour de l'année 30 de notre ère. Nous nous en tiendrons
donc à cette prononciation. Nous avons d'ailleurs observé dans notre traduction précédente, à propos de Mariam, par
exemple, qui est vocalisée Miriam dans l'hébreu de nos éditions modernes, mais que les anciens traducteurs en langue
grecque ont lue Mariam — que la prononciation, c'est-à-dire la vocalisation, de nos éditions modernes, c'est-à-dire des
manuscrits modernes, du XIe siècle de notre ère et suivants, est souvent très différente de la vocalisation des anciens
traducteurs en langue grecque du IVe, IIIe ou IIe siècle avant notre ère. Cela s'observe à propos de quantité de noms propres.
II est vraisemblable que les traducteurs en langue grecque de la sainte Bibliothèque hébraïque ont transcrit les noms
propres hébreux en caractères grecs, comme ils les entendaient.
Révélation de Ieschoua qu'il lui a donnée, Dieu, pour faire voir — ou : pour montrer — à ses serviteurs ce qui va arriver
— ou : advenir — vite, rapidement, promptement... C'est Dieu qui donne à Jésus le Christ la révélation, et Jésus la
communique à ses serviteurs. C'est la même doctrine que dans l'Évangile de Jean. Ce qui va arriver vite, rapidement,
prochainement : nous venons de voir par des textes de Daniel que le deï grec recouvre une construction, araméenne chez
Daniel, hébraïque 2 Rois 4, 13 ; 4, 14 ; qui signifie simplement : ce qui va arriver, ce qui est sur le point d'arriver. Il ne faut
donc pas forcer la traduction de ce deï grec. Ce qui va arriver rapidement : l'Apocalypse de Jean porte sur un avenir proche,
par rapport à celui qui l'écrit, et par rapport à ceux qui reçoivent le livre de Jean.
Il a fait connaître, il a envoyé par la main de son messager... Nous avons rappelé dans l'avant-propos de notre traduction
précédente, l'Évangile de Jean, que la Bibliothèque hébraïque fait suivre les propositions reliées par we, qui signifie et. Les
inconnus qui ont traduit cette Bibliothèque à partir du quatrième siècle avant notre ère ont remplacé, des milliers de fois, le
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verbe de la première, dans une série de propositions, par un participe grec. Ceux qui ont traduit les documents hébreux qui
ont donné nos quatre Évangiles ont fait de même. Ils ont aimé à remplacer le verbe de la première proposition hébraïque par
un participe grec. Nous restaurons constamment la construction hébraïque primitive dans nos traductions. C'est le cas ici : Il
a fait connaître, ayant envoyé... est une traduction de l'hébreu dans laquelle le participe ayant envoyé traduit le verbe
schalah, il a envoyé. Nous restaurons donc ici la construction hébraïque primitive.
A son serviteur Iohanan... La question est de savoir de quel Iohanan il s'agit. Nous connaissons plusieurs Iohanan par les
livres de la nouvelle alliance (Novum Testamentum) :
1. Iohanan qui plongeait les repentants dans le Jourdain et qui enseignait dans le désert de la Judée, Matthieu 3, 1 ;
Marc 1, 4. Luc raconte sa genèse, Luc 1, 3, texte évidemment traduit de l'hébreu. Jean 1,6. Ce Iohanan le prophète est mis à
mort par Hérode — Antipas, fils d'Hérode appelé le Grand par des historiens. Matthieu 14 ; Marc 6, 14 ; Luc 9, 9.
2. Iohanan, fils de Zabedaï frère de laaqôb, Matthieu 4, 21 : Il a vu deux autres frères, laaqôb le fils de Zabedaï et
Iohanan son frère, dans la barque, avec Zabedaï leur père. Ils réparaient les filets. Et il les appela. Eux ils ont aussitôt quitté
la barque et leur père, et ils l'ont suivi. Marc 1, 19. — Matthieu 10, 2 : Il a appelé ses douze disciples et il leur a donné
puissance sur les esprits impurs pour les chasser et pour guérir toute maladie et toute infirmité. Et des douze envoyés
(apostolôn, du verbe grec apostellein, hébreu schalah, envoyer), voici les noms. Le premier, Schiméon, celui qui est appelé
Rocher, et Andréas son frère, et Iaaqôb le fils de Zabedaï, et lohanan son frère... Marc 3, 17 ; Luc 6, 14. Il est fait mention
des fils de Zabedaï : Jean 21, 2.
3. lohanan surnommé Marcus, ce qui, en latin, signifie : le marteau. En hébreu, le marteau se dit maqqebet, pluriel
maqqabôt, Juges 4, 21 ; 1 Rois 6, 7 ; Isaïe 44, 12 ; Jérémie 10, 4. Actes 12, 12 : Il alla à la maison de Maria la mère de
lohanan, celui qui est surnommé Marcus... Actes 12, 25 : Barnabas et Schaoul (surnommé Paulus, ce qui signifie : le petit,
hébreu qathan) retournèrent à Jérusalem. Ils ont pris avec eux lohanan, celui qui est surnommé Marcus... Actes 13, 4 : Alors
eux (Barnabas et Schaoul = Paul), envoyés par le Saint-Esprit, ils sont descendus en Séleucie et de là ils ont fait voile vers
Chypre. Ils sont arrivés à Salamine et ils ont annoncé la parole de Dieu dans les synagogues des Judéens. lohanan était avec
eux pour les aider... — C'est le début de ce que les historiens appellent le premier voyage missionnaire de Paul, daté par les
uns au printemps de l'année 44, par d'autres en 45. Actes 13, 13 : Ils sont partis de Paphos (à l'extrémité sud-ouest de l'île de
Chypre), tous ceux qui étaient avec Paulus, et ils sont arrivés à Pergé de la Pamphylie. lohanan s'est séparé d'eux et il est
retourné à Jérusalem... Lorsque commence ce qu'on appelle le second voyage missionnaire de Paul, daté par les uns au
printemps de l'année 49, par les autres en 50, Actes 15, 36 : Après un certain temps, il dit à Barnabas, Paulus (construction
hébraïque) : Retournons et allons visiter les frères dans chaque ville dans laquelle nous avons annoncé la parole du
Seigneur, pour savoir comment ils vont. Barnabas voulait prendre avec eux aussi lohanan, celui qui est surnommé Marcus,
le marteau. Mais Paulus estimait que celui qui s'était séparé d'eux (lors du premier voyage missionnaire) depuis la
Pamphylie et qui ne les avait pas accompagnés dans l'action, il était d'avis de ne pas prendre avec eux celui-là. Il en est
résulté une dispute si vive qu'ils se sont séparés, chacun de son compagnon. Barnabas a pris avec lui Marcus et ils ont fait
voile vers Chypre. Quant à Paulus, il a traversé la Syrie et la Cilicie. Il fortifiait les communautés... Nous sommes donc au
printemps 49 ou 50.
4. Il est question, Actes 4, 6, d'un lohanan dans un groupe constitué par Hanan, transcription grecque Ananos ou
Hannas, fils de Sethi, grand prêtre, Joseph appelé Kaiapha, grand prêtre entre 18 et 36 environ, et Alexandre.
5. Polycrate, évêque d'Éphèse, écrit à Victor, évêque de Rome, entre 189 et 198, fragment conservé par Eusèbe de
Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 31 et V, 24 : Philippe (l'un) des douze envoyés qui est couché à Hiérapolis et deux de
ses filles qui ont vieilli vierges et son autre fille (...) repose à Éphèse. Et puis aussi Iôannès (transcription en caractères grecs
de l'hébreu Iohanan), celui qui s'est penché sur la poitrine du Seigneur. Il est né hiereus = kohen. Il a porté lepétalon = tzitz
zahab, Exode 28, 36 ; 29, 6 ; 39, 30 ; Lévitique 8, 9. Il a été témoin, grec martus, et il a enseigné, grec didaskalos. Il est
couché à Éphèse. Et puis aussi Polycarpe, à Smyrne. Il a été celui qui est chargé de veiller sur le troupeau, grec episkopos, et
témoin, martus. Etc. Saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses, III, 1 : Postea et Iohannes discipulus domini qui et supra
pectus eius recumbebat, et ipse edidit euangelium ephesi asiae commorans. L'original grec de ce texte nous est conservé par
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Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 8 : Ensuite Iôannès le disciple du Seigneur, celui qui s'est penché sur sa poitrine, lui aussi
il a publié l'Évangile. Il a séjourné à Éphèse en Asie.
Lorsque, Actes 3, 1, nous lisons : Pierre et Jean sont montés au Temple (hieron) à l'heure de la prière, la neuvième, de
quel Jean s'agit-il ? — De Jean fils de Zabedaï et frère de Jacques ? — De Jean qui est l'auteur du quatrième Évangile et qui
avait une maison à Jérusalem ? — Le Jean qui est l'auteur du quatrième Évangile est-il le Jean fils de Zabedaï et frère de
Jacques ? Actes 8, 14 : Ils ont appris, les envoyés (apostoloi) qui étaient à Jérusalem, qu'elle a reçu, la Samarie, la parole de
Dieu. Ils ont envoyé vers eux Pierre et Jean... De quel Jean s'agit-il ? Actes 12, 2 : En ce temps-là, il jeta, Hérode le roi, les
mains pour faire du mal à certains qui faisaient partie de la communauté, ekklèsia. Il fit mettre à mort Jacques = Iaaqôb, le
frère de Jean = Iohanan, par l'épée. Ici donc, on nous précise que ce Jacques est le frère de Jean, et donc le fils de Zabedaï.
Lorsque Paul écrit, Galates 2, 9 : Iaakôb et Kêpha (= Pierre) et Iohanan, ceux qui passent pour être les colonnes (du nouveau
temple), ils nous ont donné la main droite, à moi et à Barnabas, afin que nous, nous allions vers les païens, les incirconcis, et
eux vers ceux de la circoncision... de quel Jean s'agit-il ? Du fils de Zabedaï ou de l'auteur du quatrième Évangile ? Ou bien
faut-il admettre que l'auteur du quatrième Évangile et le fils de Zabedaï sont un seul et même Jean ? Le Jean de
l'Apocalypse fait-il partie de ceux que nous venons d'énumérer ? Ou bien en est-il distinct ?
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1, 2 Lui — c'est-à-dire Jean — a attesté la vérité de la parole de Dieu qui lui a été adressée.
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1, 3 Heureux celui qui lit et heureux ceux qui entendent les paroles de la prophétie... Hébreu : ascherei ha-qôre,
heureux celui qui crie, c'est-à-dire celui qui lit tout haut, et heureux ceux qui entendent, ou écoutent ce qui est lu tout haut.
Car le temps est proche... Le mot grec kairos traduit le plus souvent l'hébreu et, le temps. La prophétie qui est
l'Apocalypse porte suir des événements imminents : ce qui va arriver prochainement, rapidement, vite : 1, 1 ; le temps est
proche : 1, 3.
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1, 4 Iohanan aux sept communautés... Nous ne traduisons pas comme tout le monde le mot grec ekklèsia par le mot
français église, tout simplement parce que le mot français église est, par l'intermédiaire du latin, une simple transcription en
caractères latins du mot grec ekklèsia, et que notre but, en présentant une traduction en langue française de l'Apocalypse,
c'est de traduire le texte, et donc de traduire les mots, et non pas simplement de les transcrire ou de les décalquer. Ce que
nous voudrions tenter, c'est de communiquer le sens des termes, et non pas le son. Ainsi nous avons 1, 1 traduit le mot grec
aggelos par messager, et non par ange, parce que le grec aggelosi traduit l'hébreu maleak qui signifie : le messager. De
même nous traduisons le mot grec ekklèsia, qui traduit le mot hébreu qahal, qui signifie : l'assemblée, la communauté,
l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants qui constituent le peuple de Dieu. Le mot fran çais église, aujourd'hui en
cette fin du XXe siècle, ne véhicule plus cette signification, cette information, pour l'oreille et l'intelligence de l'enfant de
nos villes et de nos campagnes.
Iohanan aux sept communautés qui [sont] en Asie... La question est de savoir pourquoi sept communautés, et pourquoi
précisément celles qui ont été choisies ou retenues. On dira immédiatement : 7 est un nombre sacré, etc. Mais la question
subsiste tout entière : pourquoi celles-ci, qui sont nommément désignées plus loin, et non pas d'autres, aussi importantes ? Si
l'on suppose avec la majorité des critiques que l'Apocalypse a été écrite à la fin du premier siècle de notre ère, la question
est sans solution. Si l'on suppose avec Épiphane de Salamine que Jean a séjourné dans l'île de Patmos lorsque Claude était
César, la difficulté disparaît. Épiphane, Adversus Haereses, LI, 12, meta tèn autou apo tes patmou epanodon tèn epi
klaudiou genomenèn kaisaros. lA, 33 : Autou deprophèteusantos en chronois klaudiou kaisaros. Claude a été empereur entre
41 et 54. Le premier voyage missionnaire de Paul commence sans doute au printemps de l'année 44. Mais il suffit de
regarder la carte de ce premier voyage missionnaire, et la carte des villes qui vont être nommées plus loin par Jean, pour
voir que Paul n'a pas fondé ces églises auxquelles Jean adresse ses lettres. La fondation de ces églises est antérieure au
premier voyage de Paul et indépendante de ce premier voyage. — Actes 11, 19 : Ceux qui avaient été dispersés depuis la
persécution qui était survenue à propos de Stephanos (tué à coups de pierres sans doute vers l'année 36), s'en sont allés
jusqu'en Phénicie, et à Chypre, et à Antioche. Ils ne disaient à personne la chose, l'affaire, grec logon qui traduit ici l'hébreu
dabar —, si ce n'est seulement aux Judéens. Mais il y en avait parmi eux des gens de Chypre et de Cyrène, qui sont venus à
Antioche et qui ont parlé aussi aux Grecs ! Ils ont annoncé l'heureuse nouvelle du seigneur Jésus, et elle fut, la main du
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Seigneur, avec eux ; grand fut le nombre de ceux qui ont été certains de la vérité, et qui se sont tournés vers le Seigneur...
Telle fut la première expansion du christianisme. Elle fut spontanée. Elle fut antérieure aux voyages missionnaires de Paul.
Il convient de distinguer soigneusement deux choses :
1. L'expansion et la communication de l'heureuse annonce aux frères et aux sœurs des synagogues du pourtour de la
Méditerranée, aussitôt après la résurrection du Seigneur, donc en 29, ou 30, ou 33.
2. L'expansion ou la communication de l'heureuse annonce aux païens, aux incirconcis, après la mise à mort de
Stephanos, donc autour de 36. Il pouvait y avoir des communautés chrétiennes embryonnaires en formation, sans qu'il y ait
encore un seul païen entré dans la communauté. Une communauté chrétienne embryonnaire, c'est une communauté juive qui
s'est divisée en deux, après la réception du message venant de Jérusalem.
Grâce à vous et paix... Hébreu probable : hesed we-schalôm. Lettre de Paul aux chrétiens de Rome, écrite autour des
années 57 ou 58, peut-être à Éphèse, Romains 1, 7 : A tous ceux qui sont à Rome, chéris de Dieu, appelés saints : grâce à
vous et paix, charis humin kai eirènè, venant de la part de Dieu notre père et du seigneur Ieschoua le oint, apo theou patros
hèmôn kai kuriou ièsou christou. Paul, première lettre à la communauté de Dieu, tè ekklèsia tou theou, qui se trouve à
Corinthe, écrite autour de l'année 57, peut-être d'Éphèse elle aussi, 1 Corinthiens 1,3: Grâce à vous et paix, charis humin kai
eirènè, de la part de Dieu notre père et du seigneur Ieschoua le oint. Deuxième lettre aux Corinthiens, 1 , 2 : Grâce à vous et
paix, charis humin kai eirènè, de la part — ou venant de — Dieu notre père et du seigneur Ieschoua le oint. Galates 1 , 3 :
charis humin kai eirènè apo theou patros hèmôn kai kuriou ièsou christou. Éphésiens 1, 2 : Charis humin kai eirènè apo
theou patros hèmôn kai kuriou ièsou christou. Philippiens 1,2: Charis humin kai eirènè apo theou patros hèmôn kai kuriou
ièsou christou. Colossiens 1,2: Charis humin kai eirènè apo theou patros hèmôn kai kuriou ièsou christou. 2
Thessaloniciens — écrite peut-être en 51 à Corinthe — 1,2: Charis humin kai eirènè apo theou patros kai kuriou hèmôn
ièsou christou. Lettre à Timothée, 1 Timothée 1,2: Charis eleos eirènè apo theou patros kai christou ièsou tou kuriou
hèmôn. — Ici Paul, ou le traducteur en langue grecque de la lettre de Paul, mettent deux mots grecs, eleos et charis, pour
traduire l'unique mot hébreu hesed, qui de fait peut se traduire — il était traduit — soit par eleos soit par charis. 2 Timothée
1,2: Charis eleos eirènè apo theou patros kai christou ièsou tou kuriou hèmôn. Tite 1,4: charis kai eirènè apo theou patros
kai christou ièsou tou sôtèros hèmôn. Plusieurs manuscrits donnent : charis eleos kai eirènè...
Grâce à vous et paix de la part de — ou : venant de — celui qui est, et qui était, et qui vient... Le mot grec apo traduit
la préposition
hébraïque min qui indique la provenance, l'issue, l'origine, ce dont vient une chose, ce dont elle provient ou procède.
Mais après le grec apo, on attend un génitif, comme on l'a vu dans la traduction grecque des lettres de Paul précédemment
citées : apo theoupatros... Ici il n'y a pas de génitif. Exode 3, 14 : Et il dit, Môscheh, en s'adressant à Dieu : Voici que moi je
vais aller vers les fils d'Israël et je leur dirai : le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous ! Et ils me diront : quoi son nom ?
Qu'est-ce que je leur dirai ? Et il dit, Dieu, à Môscheh : eheieh ascher eheieh. Et il dit : Ainsi tu parleras aux fils d'Israël :
eheieh m'a envoyé vers vous...
Je rappelle au lecteur non hébraïsant que la conjugaison hébraïque est bâtie ou construite selon un système qui n'est pas
le nôtre. Dans les langues auxquelles nous sommes habitués, le grec, le latin, le français, l'allemand, etc. nous pensons le
passé, le présent, le futur. Dans la conjugaison hébraïque, un verbe qui se trouve à la forme que les anciens grammairiens
ont appelé la forme de l'achevé, de l'accompli, en latin perfectum, cette forme peut désigner une action accomplie dans le
passé ou une action qui sera accomplie dans l'avenir ! Genèse 17, 8 : Et je donnerai, hébreu we-natati, grec futur kai dôsô, à
toi et à ta semence après toi, le pays dans lequel tu as séjourné comme un étranger... Genèse 17, 7 : Et j'instaurerai, je
dresserai, je mettrai debout, hébreu we-haqitnôti, grec kaistèsô, mon alliance entre moi et entre toi... Genèse 17, 16 : Et je la
bénirai, hébreu wou-beraketi ôtah, grec futur eulogèsô autèn, et même je donnerai, hébreu natati, grec futur dôsô, sortant
d'elle, pour toi, un fils... Genèse 48, 4 : Et je te donnerai d'être, hébreu netatika, grec futur poièsô, une assemblée, un
ensemble de peuples, li-qehal ammim, et je donnerai, we-natati, grec futur kai dôsô, ce pays-ci à ta semence après toi,
propriété de durée indéfinie... Un verbe qui se trouve à la forme dite de l'inaccompli, de l'inachevé, peut désigner aussi une
action passée, une action présente, une action future. Dans Exode 3, 14 eheieh est la première personne du verbe être à la
10
oui amen
et je me suis retourné
et j'ai vu sept candélabres en or
et il a dit
à celui qui communique le message ou l'information créatrice, c'est-à-dire le prophète. Paul établit, toujours à partir des
saintes Écritures, que celui-ci, à savoir Ieschoua ha-nôtzeri, c'est lui le meschiah attendu, Actes 17, 3. Comme cela s'est
produit dans les voyages précédents, et dans les villes antérieurement visitées, la communauté se divise en deux, comme une
cellule. Une partie d'entre elle reçoit le message ou l'information communiquée par Paul et par Silas. C'est le germe initial
d'une nouvelle communauté chrétienne, d'une nouvelle église, Actes 17, 4. Une autre partie de la communauté de
Thessalonique ne reçoit pas ce nouveau message. C'est la persécution qui commence à rencontre de la nouvelle
communauté chrétienne, Actes 17, 5. Paul et Silas vont de Thessalonique à Bérée. Paul et Silas vont à la synagogue des
Judéens, la maison de réunion des Judéens, en grec suna-gôgè. Chaque jour ils examinent les saintes Écritures pour voir s'il
en est bien comme le disent Paul et Silas, Actes 17, 11. Un grand nombre d'entre eux est certain de la vérité de ce que Paul
enseigne. C'est une nouvelle communauté chrétienne qui est fondée ou formée. Lorsque les Judéens de Thessalonique ont
appris que dans la ville de Bérée aussi, elle était annoncée par Paul, la parole de Dieu, alors ils sont venus ici aussi, et ils ont
ameuté les foules, Actes 17, 13. Paul se rend à Athènes, sans doute par la mer. Nous sommes probablement en l'année 50, ou
autour de l'année 50. Depuis Athènes, Paul se rend à Corinthe. Il y reste un an et demi. Il y travaille à son métier. Il tissait de
la toile de tente. Il discute dans la maison de réunion, sunagôgè, lors de chaque schabbat, Actes 18, 4. Il rencontre une
résistance comme dans les précédentes communautés. Schaoul dit à ceux qui s'opposent violemment au message nouveau
qu'il apporte : Votre sang est sur votre tête ! Moi je suis innocent (de votre sang) ! — C'est une vieille expression hébraïque,
bien connue de ceux à qui il s'adresse. Lévitique 20, 9 : L'homme qui maudit son père et sa mère, mourir il mourra ! Son
père et sa mère il a maudit ! Son sang sur lui ! Lévitique 20, 11 : L'homme qui couche avec la femme de son père, c'est la
nudité de son père qu'il a dévoilée ! Mourir ils mourront tous les deux ! Leurs sangs sur eux ! 2 Samuel 1, 16 : Ton sang sur
ta tête ! 2 Samuel 3, 28 : Je suis innocent, moi et mon royaume, du sang d'Abner ! 1 Rois 2, 37 : Et il adviendra que, au jour
où tu sortiras et où tu traverseras le torrent du Qiderôn, savoir sache-le, que mourir tu mourras ! Ton sang sera sur ta tête !
— Et Paul ajoute, tout comme il l'avait fait quelques années plus tôt dans la maison de réunion d'Antioche de Pisidie, Actes
13, 46 — Paul ajoute encore dans la maison de réunion de Corinthe, Actes 18, 6 : A partir de maintenant, c'est vers les
païens que je vais aller ! Il entra dans la maison d'un certain Titius Justus. Sa maison était contiguë à la maison de réunion.
Krispos, le chef de la synagogue de Corinthe, a été certain de la vérité du Seigneur, avec toute sa maison, Actes 18, 8. La
communauté de Corinthe s'était divisée en deux, comme une cellule vivante. Une partie de cette communauté a formé la
communauté chrétienne de Corinthe, celle qui a reçu le message communiqué par Paul et ses compagnons. Les païens
entrent en masse dans cette cellule germinale nouvelle. Paul est resté à Corinthe un an et six mois, Actes 18, 11. Il enseignait
parmi eux la parole de Dieu. Le gouverneur de la province était le proconsul Gallion. C'était le frère de Sénèque le
philosophe. Il est nommé dans une inscription de Delphes des années 51-52. L'empereur Claude qui règne de 41 à 54 l'a
nommé gouverneur de l'Achaïe. Voilà donc un repère solide. Les Judéens, grec oi ioudaioi, qui n'ont pas reçu le message
communiqué par Paul, conduisent Paul au tribunal du proconsul romain. Ils disaient : C'est contre la torah qu'il persuade,
cet individu, les hommes d'honorer Dieu ! Actes 18, 13. Paul a voulu ouvrir la bouche pour répondre mais Gallion dit aux
Judéens rassemblés : S'il s'agissait d'un acte illégal ou d'un crime, je vous écouterais. Mais s'il s'agit de discussions qui
portent sur des mots, sur des noms et sur votre torah, voyez vous-mêmes ! Juge dans ce genre d'affaires, moi je ne veux pas
l'être ! Et il les a fait sortir de son tribunal. Alors tous ont pris Sôsthène, le chef de la synagogue, et ils l'ont battu en face du
tribunal. Et de tout cela, Gallion ne s'en est pas soucié, Actes 18, 17. Paul est resté encore quelques jours à Corinthe, et puis
il est parti en bateau pour la Syrie. Il débarque avec ses compagnons, Priskilla et Akylas qui le suivent. A Éphèse, Paul entre
dans la maison de réunion, sunagôgè et il discute avec les Judéens, Actes 18, 19. Nous sommes donc probablement en
l'année 51. Les frères d'Éphèse demandent à Paul de rester plus longtemps avec eux, mais Paul n'a pas voulu rester
davantage. Il leur a dit : Je reviendrai vous voir, si Dieu le veut. Et il a quitté Éphèse. Il est descendu à Césarée de Palestine.
Il monte (à Jérusalem ?), il salue la communauté chrétienne, et puis il descend à Antioche. Paul a donc passé peu de temps à
Éphèse.
La question est de savoir si l'Apocalypse a été écrite avant ce bref passage de Schaoul-Paul à Éphèse, sans doute en 51,
ou après. La question est aussi de savoir qui a fondé l'église d'Éphèse, qui a apporté de Jérusalem à Éphèse la semence ou,
en langage moderne, l'information. C'est précisément ce que nous ne savons pas. Nous ne savons pas qui a fondé ou
20
2, 1 au messager de la communauté
qui [est] à éphèse
écris
ensemencé les églises d'Asie auxquelles Jean, depuis l'île de Patmos, adresse ses lettres. Nous ne savons pas non plus qui a
fondé ou ensemencé l'église de Rome, qui a porté la semence à Rome. Il est plus que vraisemblable que des frères au retour
de la fête de pesa h de l'année en laquelle le Seigneur a été crucifié — année qui n'est pas déterminée d'une manière certaine,
les uns pensent l'année 30, d'autres l'année 33 — ont porté la semence, à Rome et dans ces cités de l'Asie que sont Éphèse,
Pergame, etc. Lorsque Paul y est passé en l'année 51, il existait donc déjà une église à Éphèse. Ce n'est pas Paul qui a porté
la première semence.
Le troisième voyage missionnaire de Paul commence au printemps 52 selon certains savants, en 53 selon d'autres. Paul a
séjourné quelque temps à Antioche de Syrie, Actes 18, 23. Il traverse de nouveau la région appelée Galatie et la Phrygie. Il
traverse de nouveau les régions. Il passe de nouveau par les villes qu'il a ensemencées, Derbé, Lystre, et grimpe sur les hauts
plateaux de la Galatie et de la Phrygie. Il fortifie les frères des communautés qu'il a fondées lors de ses précédents voyages,
Actes 18, 23. Ici le livre des Actes nous raconte, Actes 18, 24, qu'un Judéen appelé de son nom grec Apollôs, qui venait
d'Alexandrie, un homme très savant, est arrivé à Éphèse. Il était très puissant dans la connaissance des saintes Écritures. Il
avait été instruit de la voie, grec odos, hébreu derek, du Seigneur. Il était ardent par l'esprit et il enseignait d'une manière
exacte ce qui concerne Ieschoua le christ. Mais il ne connaissait que le baptême de Jean. Il s'est mis à parler dans la maison
de réunion, sunagôgè. Priskilla et Akylas, qui étaient venus à Éphèse avec Paul lors du précédent voyage, l'ont écouté, ils
l'ont pris à part et lui ont exposé d'une manière plus exacte la voie de Dieu. Il voulait passer en Achaïe. Les frères de la
communauté chrétienne d'Éphèse ont écrit aux frères des communautés chrétiennes d'Achaïe de le recevoir. Il démontrait
par les saintes Écritures que Ieschoua est le meschiah, Actes 18, 28. Lorsque Apollôs était à Corinthe, Paul, après avoir
traversé les hauts plateaux, est arrivé à Éphèse, Actes 19, 1. Nous sommes donc probablement au printemps de l'année 53.
Paul a trouvé à Éphèse certains disciples. Il leur a demandé : Est-ce que vous avez reçu l'Esprit saint lorsque vous avez été
certains que c'est vrai ? Et eux, ils lui ont répondu : Mais nous n'avons jamais entendu dire qu'il existe un Esprit saint ! Alors
Paul leur a dit : Au nom de qui avez-vous été baptisés ? Et eux ils ont dit : Nous avons été plongés dans l'eau au nom de
lohanan ! Alors il leur a dit, Paul : Iohanan a plongé les gens dans l'eau, mais son baptême était un baptême de repentance. Il
a parlé au peuple en vue de celui qui allait venir, après lui, c'est-à-dire en vue de Ieschoua. Lorsqu'ils ont entendu cela, ils
ont été plongés dans l'eau au nom du Seigneur Ieschoua. Paul a posé ses mains sur eux et il est venu, l'Esprit saint, sur eux.
Ils se sont mis à parler dans des langues et à prophétiser. Ils étaient, tous ces hommes, environ douze. Paul est entré dans la
maison de réunion, et pendant trois mois il a discuté, il a persuadé, en ce qui concerne le royaume — ou le règne — de
Dieu. Mais certains étaient durs de cœur, c'est-à-dire d'intelligence, et ils n'étaient pas persuadés de la vérité. Ils ont dit du
mal de la voie, grec odos, hébreu derek — c'est-à-dire la nouvelle doctrine — devant la face de la multitude. Alors Paul s'est
séparé d'eux, il a mis à part les disciples et chaque jour il discutait dans l'école d'un certain Tyrannus. Cela a duré deux ans,
en sorte que tous ceux qui habitaient l'Asie — ce qu'on appelait l'Asie en ce temps-là — ont entendu la parole du Seigneur,
les Judéens et les Grecs, Actes 19, 10. Nous sommes en 52 ou 53. La question est toujours de savoir si l'Apoca lypse a été
écrite avant ce séjour de Paul à Éphèse, ou pendant, ou après. Paul quitte Éphèse peut-être en 55, ou 56 ou 57. Il se rend de
nouveau en Macédoine, Actes 20, 1. Il parcourt la Macédoine et puis il vient en Grèce. Il y reste trois mois. Nous savons par
les lettres de Paul qu'il est passé à Corinthe. Il retourne en passant par la Macédoine. A partir du petit port d'Assos, Paul
passe à l'île de Mytilène, puis à l'île de Chios, puis Samos et Milet. Depuis Milet, Paul a envoyé (des messagers, sous-
entendu, tournure hébraïque) à Éphèse pour convoquer les anciens de la communauté chrétienne. Nous sommes peut-être au
printemps de l'année 57. Paul annonce aux anciens d'Éphèse ce que l'Esprit saint lui a fait savoir : des chaînes et des
persécutions m'attendent. Et maintenant voici, moi je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous chez qui j'ai passé,
en proclamant le royaume, Actes 20, 25. C'est pourquoi j'atteste devant vous que je suis innocent du sang de vous tous —
c'est la traduction grecque de la vieille expression hébraïque que nous avons relevée par exemple 2 Samuel 3, 28. Moi je
sais, continue Paul s'adressant aux anciens de l'église d'Éphèse, je sais qu'ils entreront, après mon départ, des loups cruels
(construction hébraïque) qui n'épargneront pas le petit troupeau. Et même du milieu de vous se lèveront des hommes qui
diront des choses tordues pour arracher les disciples à la communauté et pour les entraîner à leur suite. C'est pourquoi,
veillez, et souvenez-vous que pendant cette période de trois ans, nuit et jour, je n'ai pas cessé avec larmes d'exhorter chacun
d'entre vous... Il a dit cela, il a plié les genoux avec tous ceux qui étaient là avec lui, et il a prié, Actes 20, 36.
21
2, 3 et à toi l'espérance
L'Apocalypse ne fait aucune mention de la communauté chrétienne de Milet, pas plus que de Hiérapolis ou de Colosses.
C'est l'une des raisons qui peuvent permettre de supposer que l'Apocalypse a été écrite avant ce passage de Paul à Milet.
Lors du second voyage missionnaire, entrepris à partir sans doute du printemps de l'année 49, Paul et ses compagnons
passent fort loin des grandes cités et des petites villes nommées par l'Apocalypse, à l'aller du moins. Nous avons quitté Jean
surnommé Marcus au même printemps de l'année 49. Avec Barnabas il s'embarquait pour l'île de Chypre. Ensuite, nous ne
savons pas où ils sont allés. Paul le savait sans doute. S'il a évité les villes de ce qu'on appelait en ce temps-là l'Asie, c'est
peut-être qu'il savait, lui, ce que nous ignorons, à savoir que quelqu'un d'autre se chargeait d'apporter la semence en Asie. Au
retour de ce second voyage missionnaire, peut-être vers 51, Paul passe par Éphèse mais n'y séjourne pas. Lors du troisième
voyage missionnaire, il séjourne longuement à Éphèse, sans doute de 53 à 56, mais il n'est pas question des autres villes
nommées par l'Apocalypse. Pour quelle raison ?
12
1, 12 Et je me suis retourné pour regarder la voix qui parlait avec moi... Exode 20, 18 : Et tout le peuple, ils ont vu les
voix et les feux et la voix du schôphar et la montagne fumante et il a eu peur, le peuple et ils ont tremblé et ils se sont tenus
debout au loin...
La voix qui parlait avec moi... En grec naturel le verbe lalein, qui signifiait à l'origine prononcer des sons inarticulés, en
parlant des animaux, et qui en est venu à signifier : bavarder, puis parler ; le verbe grec lalein se construit avec le datif,
lalein tini, parler à quelqu'un. Le verbe grec lalein, des centaines de fois dans la traduction grecque de la Bible hébraïque,
traduit l'hébreu dabar. Or, en nombre de cas, le verbe hébreu dabar se construit avec im, qui signifie avec. Genèse 31, 29 :
Garde-toi de parler avec Jacob depuis ce qui est bon, jusqu'à ce qui est mauvais, hischamer leka midabber im- iaaqôb mi-
tôb ad-ra, grec mèpote lalèsès meta iakôb. Exode 20, 19 : Et ils ont dit à Môscheh : Parle, toi, avec nous, immanou, et nous
écouterons, et qu'il ne parle pas avec nous, Dieu, afin que nous ne mourrions pas... Les inconnus qui ont traduit la Bible
hébraïque en grec n'ont pas, ici, traduit littéralement l'hébreu. Ils ont construit le verbe grec lalein avec le datif, d'abord, puis
avec pros suivi de l'accusatif. Deutéro-nome 5, 4 : Face à face il a parlé YHWH avec vous sur la montagne du milieu du
feu... Panim be-panim dibber YHWH immakem. Ici encore, les traducteurs en langue grecque ont remplacé le im hébreu par
le pros grec suivi de l'accusatif. Dans les textes grecs de Matthieu, Marc, Luc et Jean, le plus souvent le verbe hébreu dabar
a été traduit par le verbe grec lalein et les traducteurs ont adopté la construction grecque correcte, c'est-à-dire le datif. Mais
dans quelques cas on retrouve la vieille construction hébraïque parler avec. Jean 4, 27 : Et ils étaient étonnés parce qu'avec
une femme il parlait. Personne cependant ne lui a dit : Qu'est-ce que tu cherches ? Pourquoi parles-tu avec elle ? Jean 9, 37 :
Celui qui parle avec toi, c'est lui ! Jean 14, 30 : Je ne parlerai pas encore beaucoup de choses avec vous... Le traducteur en
langue grecque de l'Apocalypse traduit exactement et littéralement la vieille expression hébraïque dabber... im, parler
avec... Nous allons retrouver cette expression plusieurs fois. Paul dans sa lettre aux frères de la communauté d'Éphèse cite
Zacharie 8, 16 : Parlez la vérité chacun avec son compagnon, dabber ou émet isch et-reehou. Ici c'est la particule et qui
signifie : avec. Traduction grecque littérale de Paul ou de son compagnon traducteur : laleite alè-theian hekastos meta tou
plèsion autou. Le et hébreu a été traduit par le meta grec. Cette traduction est différente de celle de la vieille traduction
grecque que nous appelons les LXX, car les LXX avaient traduit laleite alètheian hekastos pros ton plèsion autou. Cela
nous apprend donc que Paul, ou son compagnon traducteur, refont, lorsque cela leur plaît, la traduction grecque du texte
hébreu qu'ils citent. Signalons ici que le verbe grec legein, dire, traduit, des centaines de fois, le verbe hébreu amar,
Lévitique 1,2: Parle aux fils d'Israël et tu leur diras... Dabber el-benei israel we-amarta alehem... Grec : lalèson tois huiois
israèl kai ereispros autous...
Et je me suis retourné et j'ai vu sept candélabres d'or... Exode 25, 31 : Et tu feras un candélabre d'or pur, menôrat zahab
tahôr, grec luchnian ek chrusiou catharou. Constamment le grec luchnia traduit l'hébreu menôrah. 1 Rois 7, 49 : Et il a fait
(= il a fait faire...) Salomon tous les objets qui (étaient dans la) maison de YHWH : l'autel des sacrifices en or, et la table sur
laquelle (se trouvait) le pain de la face — en or. Et les candélabres, we-et ha-menôrôt, grec kai tas luchnias, cinq à droite et
cinq à gauche devant la face du sanctuaire, debîr — en or fin... Zacharie 4, 1 : Et il est revenu, le messager qui parlait en
moi, hébreu bi, grec en émoi, et il m'a réveillé comme un homme que l'on réveille de son sommeil. Et il m'a dit : Qu'est-ce
que tu vois ? Et j'ai dit : J'ai vu et voici un candélabre d'or tout entier, menôrat zahab koullah, et une ampoule sur sa tête. Et
ses sept lampes sur lui... Et deux oliviers auprès de lui, un à droite de l'ampoule et un à gauche...
22
fais-les
car sinon
me voici je viens contre toi
et je vais enlever ton candélabre de sa place
si tu ne te repens pas
l'hébreu scheôl, qui désigne aussi le séjour des morts. Genèse 37, 35 ; 42, 38 ; 44, 29 ; 44, 31 ; Nombres 16, 30 ; 16, 33 ; etc.
Nous restaurons donc le mot hébreu qui était sous le mot grec. Nous aurions pu aussi traduire dans le texte : le séjour des
morts.
19
1, 20 Le secret des sept étoiles... Grec mustèrion. Le verbe grec muô signifie : être fermé, en parlant des yeux ou de la
bouche ; fermer les yeux ou la bouche. Le mot grec musterion traduit l'hébreu sôd, Siracide 3, 18 et l'araméen raz ou razah,
Daniel 2, 18 ; 2, 19 ; 2, 27 ; 2, 28 ; 2, 29 ; 2, 30 ; 2, 47. En français, aujourd'hui fin du xxe siècle, le mystère c'est ce qui n'est
pas compréhensible, ce qui n'est pas intelligible. Dans la langue de Paul et de Jean, c'est exactement le contraire. Le
musterion est le secret intelligible, le secret ontologique qui porte sur la réalisation de la création et du dessein créateur,
secret si riche, si profond et si précieux, qu'il importe de ne pas le confier à n'importe qui n'importe comment. C'est la raison
pour laquelle nous ne traduisons pas le grec mystèrion par le français mystère. D'ailleurs ce ne serait pas traduire mais
transcrire en caractères français un mot grec, communiquer vaguement, très vaguement, un son, mais non pas le sens, et de
plus imposer un contresens. Matthieu 13, 11 : A vous il est donné de connaître les secrets intelligibles, grec ta mustèria, du
royaume de Dieu, mais à ceux-ci cela n'est pas donné. Marc 4, 11 : A vous il est donné (à connaître) le secret intelligible, to
musterion, du royaume de Dieu... Luc 8, 10 : A vous il est donné de connaître les secrets, ta mustèria, du royaume de Dieu...
Paul, lettre aux Romains 11, 25 : Car je ne veux pas que vous ignoriez, frères, ce secret intelligible, to musterion touto...
Romains 16, 25 : la révélation du secret intelligible qui avait été gardé secret durant les durées passées, mais qui est
maintenant donné à connaître par les écritures prophétiques... Éphésiens 1, 9 : Il nous a fait connaître le secret intelligible,
to musterion, de sa volonté... Éphésiens 3, 9 : Quelle est l'organisation rationnelle du secret intelligible, tis hè oikonomia tou
mustèriou, qui était caché depuis les durées indéfinies du passé en Dieu qui a tout créé, afin d'être maintenant donné à
connaître... Éphésiens 3,3: C'est par une révélation, kata apokalupsin, qu'il m'a été donné à connaître, le secret intelligible,
to musterion, comme je vous l'ai déjà écrit auparavant en peu de mots. En considérant cela, vous pouvez en lisant concevoir
quelle est l'intelligence qui est la mienne dans le secret intelligible du Christ, tèn sunesin mou en tô mustèriô tou christou.
Ce secret intelligible, aux autres générations (celles qui nous ont précédées), il n'a pas été donné à connaître, aux fils de
l'homme, comme il est maintenant révélé, apekaluphthè, à ses saints envoyés (apostolois) et prophètes, dans — c'est-à-dire
par — l'esprit, à savoir que les nations païennes prennent part à l'héritage, elles sont incorporées, elles ont part à la promesse
(faite à Abraham) dans le meschiah, par l'heureuse annonce. C'est de cette heureuse annonce que je suis devenu le serviteur,
conformément au don de la grâce de Dieu qui m'a été donnée, conformément à la force de sa puissance, à moi le plus petit
de tous les saints a été donnée cette grâce : aux nations païennes, annoncer l'heureuse nouvelle de l'inépuisable, insondable
richesse du Christ, et illuminer (toutes les intelligences) pour leur faire connaître quelle est l'organisation rationnelle, la
disposition intelligible du secret intelligible qui était caché depuis les durées indéfinies en Dieu qui a tout créé, afin d'être
maintenant donné à connaître... Éphésiens 5, 32 : Ce secret ontologique, to mustèrion touto (celui de l'union de l'homme et
de la femme) est grand, moi je dis par rapport au Christ et à l'Église... Éphésiens 6, 19 : Pour faire connaître le secret
intelligible de l'heureuse annonce, gnôrisai to mustèrion tou euaggeliou, pour lequel je vieillis en prison...
Les messagers des sept communautés... Ces messagers des sept communautés chrétiennes sont peut-être tout simplement
ceux qui ont apporté le message qui venait de Jérusalem, après la résurrection du Seigneur. Ils ont apporté l'information
créatrice nouvelle, ils l'ont communiquée, et ainsi ils sont devenus les pères de ces petites communautés chrétiennes qui se
sont formées. Le père, c'est celui qui communique l'information créatrice. Paul, première lettre adressée à la communauté
chrétienne de Corinthe, 4, 15 : car même si vous avez des milliers de maîtres d'école dans le Christ, eh bien cependant vous
n'avez pas plusieurs pères. Car dans le Christ Jésus, par l'heureuse annonce, c'est moi qui vous ai engendrés !
20
2, 2 Tu as mis à l'épreuve ceux qui se disent eux-mêmes envoyés, et ils ne le sont pas, et tu as trouvé qu'ils étaient
menteurs... La semence a pu être portée spontanément à Éphèse aussitôt après la résurrection du Seigneur, donc en 30 ou 33,
comme ce fut le cas pour l'église de Rome. L'église d'Éphèse a connu des hommes qui sont venus la visiter, qui se disaient
eux-mêmes envoyés, apostolous, mais en réalité ils ne l'étaient pas, tu les as trouvés menteurs... Actes 15, 1 : Certains sont
descendus de la Judée. Ils ont enseigné aux frères (issus du paganisme, incirconcis) : Si vous ne vous faites pas circoncire,
conformément à la torah de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés ! Il en est résulté une controverse et une discussion qui
n'était pas petite entre Paul et Barnabas d'une part, ces hommes qui étaient descendus de Judée à Antioche d'autre part. Ils
25
Mais de même qu'alors, en ce temps-là, celui qui a été engendré selon la chair, a persécuté celui qui a été engendré selon
l'esprit, il en est de même maintenant... C'est l'un des thèmes de l'Apocalypse. La question est de nouveau de savoir si ceux
qui sont venus troubler les églises de la Galatie, Galates 1, 2, en s'efforçant de reconduire les frères des communautés
chrétiennes de la Galatie sous le joug de la torah, sont les mêmes que ceux dont il est question Apocalypse 2, 2, ceux qui se
disent eux-mêmes envoyés, mais ils ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs. Si la lettre de Paul aux Galates date des
années situées autour de 56, les tentatives auxquelles il fait allusion sont antérieures. Est-ce que ce sont les mêmes qui sont
passés à Éphèse et sont allés visiter les communautés de la Galatie ?
21
2, 4 Ton premier amour, tu l'as abandonné... Ton premier amour, c'est-à-dire ton amour du commencement, ton amour
des premiers temps, hébreu probable ahabat ha-rischôn. Pour que Jean à Patmos puisse écrire ces mots, il faut et il suffit
que quelques années se soient passées depuis le jour où la semence a été portée à Éphèse, nous ne savons pas par qui. La
semence a été portée à Éphèse, comme à Rome, peut-être au lendemain des fêtes de l'année en laquelle le Seigneur a été
crucifié, 30 ou 33, par des frères qui revenaient de Jérusalem. Par conséquent, ces mots de Jean sont possibles quelques
années plus tard, à partir des années 40 environ.
22
2, 5 Souviens-toi d'où tu es tombée... Le grec pothen signifie : d'où ? de quel lieu ? Si le texte grec que nous lisons
signifie bien la même chose que le texte hébreu sous-jacent, il faut donc comprendre : Souviens-toi de quelle hauteur tu es
tombée ! Tu étais élevée, et tu es tombée ! Il est cependant permis de se demander, compte tenu du grec du traducteur de
l'Apocalypse, si le sens n'était pas : Souviens-toi dans quel état tu étais lorsque tu as reçu la semence, dans quel état tu étais
avant ta conversion, combien tu étais en bas, au fond du gouffre... La question est de savoir si la communauté chrétienne
d'Éphèse doit se souvenir de la hauteur d'où elle est tombée, après sa conversion, ou au contraire de la profondeur de l'abîme
dans lequel se trouvaient les païens d'Éphèse avant leur conversion. Paul écrit dans sa lettre adressée à la communauté
chrétienne d'Éphèse, Éphésiens 1 , 1 5 : J'ai appris la certitude de la vérité, pistis, qui est la vôtre dans le seigneur Ieschoua et
l'amour, agapè, que vous portez à tous les saints... 2, 1 : Et vous, vous étiez morts par vos fautes et vos crimes, dans lesquels
autrefois, alors, vous avez marché selon la durée de ce monde présent, kata ton aiôna tou kosmou toutou, traduction
complète de l'hébreu ôlam ha-zeh... 2, 11 : Et c'est pourquoi, souvenez-vous qu'autrefois vous les païens dans la chair, vous
qui étiez appelés ceux du prépuce, grec akrobustia, hébreu arelah, Genèse 17, 11 ; 17, 14 ; 17, 23 ; 17, 24 ; etc. par ceux qui
s'appellent eux-mêmes ceux de la circoncision, grec peritomè, hébreu moul, moulah, Genèse 17, 13 ; Exode 4, 26, faite dans
la chair de main d'homme, souvenez-vous que vous étiez, en ce temps-là, séparés du Christ, étrangers au droit de cité
d'Israël, exclus du droit de cité d'Israël, exclus des alliances de la promesse. Vous n'aviez pas d'espérance, vous étiez sans
Dieu dans le monde de la durée présente. Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes
maintenant tout proches dans et par le sang du Christ. Voilà donc dans quel état se trouvaient les païens de la ville d'Éphèse
avant la communication du message. — La question est de savoir si la lettre de Paul aux chrétiens d'Éphèse a été écrite
après l'Apocalypse ou avant. Et la question — toujours ouverte — est aussi de savoir quand, à quelle époque, Paul a écrit
cette lettre. Nous savons par cette lettre, Éphésiens 3,1, que Paul est prisonnier du Christ, à cause de vous les païens. Est-ce
que cela signifie qu'il est prisonnier à cause de la mission ? Éphésiens 4, 1 : Moi qui suis enchaîné dans le Seigneur...
23
2, 6 Mais ceci est en ta faveur, ou pour toi... à savoir que tu hais les actions des Nikolaïtes... A partir de maintenant
nous allons rencontrer dans notre texte grec de l'Apocalypse des expressions codées, des mots de passe, des termes chiffrés,
dont la signification était claire pour les destinataires, et qui est obscure pour nous. Lors de la dernière grande guerre, dans
les années 1940-1945, les Français avaient adopté pour désigner les occupants allemands un certain nombre de termes ou
d'expressions, les schleus, les doryphores, les fritz, les fridolins, etc. qui seront rapidement obscures ou indéchiffrables pour
les générations à venir, si ce n'est déjà fait. De même il existe dans l'Apocalypse un certain nombre de termes chiffrés.
Lorsqu'une communauté, lorsqu'une collectivité utilise un langage chiffré, c'est qu'elle est menacée, ou opprimée, ou
persécutée et qu'elle doit se garder d'être comprise par l'oppresseur ou celui qui menace, surtout s'il s'agit de textes écrits qui
peuvent circuler. En découvrant quel est celui qui menace, on peut donc découvrir le sens des termes codés qui le désignent,
et inversement. Une bonne hypothèse en ce qui concerne les Nikolaïtes c'est qu'il s'agit là d'une traduction d'un terme
hébreu. Le surnom araméen Kêpha, le rocher, a été traduit en grec par petros, Matthieu 4, 18 ; Marc 3, 16 ; Luc 6, 14.
L'hébreu Tôma, formé à partir du verbe taam, le jumeau, a été traduit en grec par didumos, Jean 11, 16 ; 20, 24 ; 21, 2.
27
2, 12 et au messager de la communauté
1. Edah, l'assemblée, la communauté, l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants. Exode 12, 3 : Vous parlerez
à toute la communauté d'Israël en disant... El kôl adat Israël. Grec lalèson pros pasan sunagôgèn huiôn israèl. Exode 12, 6 :
Et ils le sacrifieront (l'agneau), toute l'assemblée de la communauté d'Israël, entre les deux soirs... Hébreu kôl qehal adat
israèl. Grec pan to plèthos suna-gôgès huiôn israèl. Exode 12, 19 : Pendant sept jours, du levain il ne s'en trouvera pas dans
vos maisons, car tout homme qui mange du pain levé, eh bien elle sera retranchée, cette âme-là, de la communauté d'Israël,
me-adat israèl, grec ek sunagôgès israèl. Exode 12, 47 ; 16, 1 ; 16, 2 ; etc.
2. Qahal, l'assemblée, l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants, la communauté d'Israël. Genèse 28, 3 : Que
Dieu schaddaï te bénisse, qu'il te fasse fructifier, qu'il te rende nombreux et tu seras, tu deviendras un ensemble de nations,
we-haiita li-qehal ammim, grec kai esè eis sunagôgas ethnôn. Genèse 35, 11 : Moi Ge suis) Dieu schaddaï ! Sois fécond,
multiplie-toi ! Une nation, hébreu goï, et une assemblée — ou : un ensemble — de peuples, sera à partir de toi ! Et des rois,
de tes reins, sortiront ! Hébreu qehal goïm iheieh mi-meka, grec sunagôgai ethnôn esontai ek sou. Genèse 48, 4 : Me voici
qui te rend fécond et qui te multiplie et je te donnerai (d'être) une assemblée, un ensemble de peuples, wou-netatika li-qehal
ammim, grec kai poièsô se eis sunagôgas ethnôn. Lévitique 4, 13 : Et si toute la communauté, tout l'ensemble, d'Israël,
hébreu kôl-adat Israël, grec pasa sunagôgè israèl, a commis une faute et si elle a été cachée, la chose, hébreu dabar, grec
rèma, loin des yeux de l'assemblée, hébreu ha-qahal, grec tes sunagôgès, et s'ils ont fait l'un de tous les commandements de
YHWH (sic) qui ne se font pas... Et si elle a été connue, la faute qu'ils ont commise, alors ils apporteront, la communauté,
hébreu ha-qahal, grec hè sunagôgè, un taureau fils du troupeau, ben-baqar... Rappelons ici que le mot grec ekklèsia traduit,
si l'on peut dire, par nos traducteurs en langue française par la transcription église, est lui-même la traduction du mot hébreu
qahal, l'ensemble, l'assemblée, la communauté, à partir de Deutéronome 9, 10 : Et il m'a donné, YHWH, à moi les deux
tables de pierres écrites dans (= par) le doigt de Dieu et sur elles (il y avait) comme toutes les paroles qu'il avait dites,
YHWH, avec vous, sur la montagne, du milieu du feu, au jour de l'Assemblée, be-iôm ha-qahal, grec hèmera ekklèsias.
Deutéronome 18, 16 ; 23, 1 ; 23, 3 ; 31, 30 ; etc. Il est donc aussi inutile de traduire le grec ekklèsia par le français église,
que le grec sunagôgè par le français synagogue.
Et ils ne le sont pas mais ils sont une assemblée du satan. Ici notre texte grec ne traduit pas l'hébreu ha-satan,
l'adversaire, l'accusateur, mais se contente de le transcrire en caractères grecs. C'est donc que ce terme était compréhensible
pour ceux à qui cette lettre s'adresse.
Satana est la transcription en caractères grecs de l'hébreu satan. Le verbe hébreu satan — que l'on peut aussi transcrire
sathan — signifie : attaquer, accuser. Psaume 38, 20 : Ils sont nombreux ceux qui me haïssent d'une manière mensongère.
Ils me rendent le mal à la place du bien, raah tahat tôbah, grec kaka anti agathôn, ils m'accusent au lieu que moi je poursuis
le bien, isetenouni, grec endieballon. Le verbe grec diaballein traduit le verbe hébreu satan ou sathan, Nombres 22, 22 : Et
elle s'est enflammée la narine de Dieu parce qu'il y allait, lui, et il s'est tenu debout, le messager de YHWH, sur la route,
pour l'attaquer, le-sathan lô, grec endiaballein auton. Psaume 109, 4 : A la place de l'amour qui est le mien, ils m'accusent,
ils m'attaquent, tahat ahabati isethenouni, grec anti tou agapan me endieballon me. Zacharie 3, 1 : Et il me fit voir
Iehôschoua le grand prêtre, qui se tenait debout devant la face du messager de YHWH, et l'accusateur, hébreu ha-satan, grec
ho diabolos, se tenait debout à sa droite pour l'accuser, hébreu le-sitenô, grec antikeisthai. Psaume 71, 13 : Qu'ils aient honte
et qu'ils soient confus ceux qui accusent mon âme, sôtenei napheschi, grec hoi endiaballontes tèn psuchèn mou. Le satan ou
sathan, c'est l'ennemi, l'adversaire dans la guerre, 1 Samuel 29, 4 : Qu'il ne descende pas avec nous à la guerre et qu'il ne
soit pas pour nous un ennemi dans la guerre... Hébreu : we-lô iheieh lanou le-satan. 1 Rois 5, 18 : Et maintenant il m'a
donné la tranquillité, YHWH mon Dieu, à moi, de tous les côtés ! Il n'y a plus d'adversaire, ein satan ! 1 Rois 11, 14 : Et il
suscita, YHWH, un adversaire, un ennemi, satan, à Salomon : Hadad l'Edomite... Ici les traducteurs en langue grecque du
livre hébreu des Rois ont laissé le mot hébreu satan dans la traduction grecque. Ils ont simplement transcrit en caractères
grecs le mot hébreu. 1 Rois 11, 23 : Et il suscita, il fit se lever, Dieu, contre lui, un adversaire, un ennemi, satan : Rezôn fils
de Eliada. De nouveau l'un des traducteurs a laissé le mot hébreu en transcription en caractères grecs, satan. 1 Rois 11, 25 :
Et il fut un adversaire, un ennemi, satan, pour Israël tous les jours de Salomon. Ici les traducteurs en langue grecque ont
traduit antikeimenos.
Dans le livre de Job, 1, 6, le mot hébreu ha-satan est traduit en grec par ho diabolos : Et il arriva un jour, et ils sont
29
La mort empirique, la mort physique, qui n'est objet ni de terreur ni d'horreur dans la tradition monothéiste, qui est une
chose normale, naturelle. Et une autre mort, qui se présente comme une mort définitive. Matthieu 10, 28 : N'ayez pas peur
de ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent pas tuer l'âme. Mais ayez peur bien plutôt de celui qui a la puissance de
perdre l'âme et le corps dans la vallée des fils de Hinnom... Lorsque Schaoul-Paul écrit aux Éphésiens 2, 1 : Et vous, vous
étiez morts par vos fautes et vos crimes, dans lesquels vous marchiez alors, conformément aux normes de la durée du
monde présent... ; il ne veut pas dire que les Éphésiens étaient physiquement morts, qu'ils étaient des cadavres. Il parle d'une
autre mort. C'est cette mort-là que l'Apocalypse appelle la seconde mort.
28
2, 13 Là où se trouve le siège du satan... Le grec thronos traduit l'hébreu kisse, le siège, en particulier le siège du roi,
Exode 11, 5 ; 12, 29 ; 2 Samuel 3, 10 ; etc. Certains savants ont pensé que Pergame était alors le siège du Proconsul romain.
Dans ce cas nous aurions une explication simple de l'expression chiffrée : le siège du satan, c'est-à-dire de l'ennemi. Il faut
noter de plus qu'à Pergame fut construit en 29 avant notre ère le premier temple consacré au culte de l'Empereur de Rome.
Sous le règne de l'empereur Auguste, les monnaies de Pergame comportent des inscriptions qui attestent le culte de
l'Empereur divinisé et le culte de Rome la divine, thean rômèn. D'autres temples ont été construits pour le culte de Trajan et
d'empereurs ultérieurs. Il y avait de quoi, pour un hébreu monothéiste, parler du siège de l'adversaire ou de l'ennemi.
Tu n'as pas renié la certitude de la vérité en mon nom, grec pistis, hébreu émounah.
Même aux jours d'Antipas mon témoin mon fidèle = celui qui est certain de la vérité, et de la véracité de qui on peut être
certain, hébreu ed ha-nééman. La phrase grecque est anormale parce que Antipas ici dans le texte grec est au nominatif,
alors que, du point de vue de la grammaire grecque, il devrait être au génitif. Le P. Allô note : « faute de distraction » ! Cette
anomalie s'explique très bien si l'on considère ce qui, en hébreu, correspond à ce que, dans nos langues indo-européennes,
grec, latin, allemand, etc. nous appelons le génitif. Genèse 42, 11 : Tous (nous sommes) les fils d'un homme unique, hébreu
koullanou benei isch ehad, grec pantes esmen huioi enos anthrôpou. Dans le texte hébreu, isch et ehad ne sont pas modifiés.
Ils se présentent comme ils sont lorsqu'ils sont sujets de la proposition. Genèse 43, 17 : Et il a conduit, l'homme, les hommes
à la maison de Joseph, hébreu beitah iôseph. Genèse 49, 32 : La propriété du champ, miqeneh ha-sadeh et de la grotte, we-
ha-mearah. Exode 4, 20 : Et il a pris, Môscheh, le bâton de Dieu, et -matheh ha-elohim, dans sa main... Exode 1 1 , 5 :
Depuis le premier-né de Pharaon, mi-bekôr pareô, jusqu'au premier-né de la servante, ad bekôr ha-schi-phehah, et tout
premier-né de bestiau, we-kôl bekôr behemah. Exode 18, 4, le Dieu de mon père, elohei abi, grec ho theos tou patros mou,
etc. Exode 27, 9 : Et tu feras le parvis de la Demeure, et-hatzar ha-mischekan... Exode 31, 18 : Et il a donné à Moïse les
deux tables de l'Attestation, schenei louhôt ha-edout..., etc. Le deuxième terme, celui qui serait au génitif en grec, en latin
ou en allemand, reste non modifié. Il se présente donc, pour un lecteur étranger, comme un nominatif. Il suffit que le
traducteur en langue grecque d'un texte de ce genre traduise ce qu'il voit, ou ce qu'il entend, d'une manière exacte, pour qu'il
rende par un nominatif grec ce qui, de par le sens, devrait être mis au génitif. Un exemple célèbre est celui de Jean 1,18. Des
manuscrits anciens et nombreux donnent monogenès theos ho on eis ton kolpon tou patros. C'est une traduction littérale de
l'hébreu iahid elohim ascher be-heiq ha-ab, le fils unique et chéri de Dieu qui (est) penché dans le sein du père... La
traduction littérale de iahid elohim par monogenès theos s'explique parce qu'elohim se présente ici, pour un lecteur et
traducteur en langue grecque, comme un nominatif. Il n'est pas modifié par le fait qu'il est complément d'objet indirect,
comme disent nos grammaires françaises, de iahid, le fils unique et chéri. Ni iahid ni elohim ne sont modifiés. Le cas est
fréquent. C'est le cas ici avec l'expression : aux jours d'Antipas mon témoin... Ho martus mou ho pistos mou, apposition à
Antipas, sont aussi au nominatif, alors que l'ensemble tout entier devrait être au génitif, du point de vue de la grammaire
grecque. — Reste à savoir qui est Antipas ? Depuis bientôt vingt siècles de commentateurs et de commentaires, à ma
connaissance du moins, personne n'a encore trouvé. C'est très vraisemblablement et de nouveau la traduction grecque d'un
nom hébreu chiffré, codé, parfaitement compréhensible pour les chrétiens de Pergame à qui s'adresse la lettre. Celui qui
écrit l'Apocalypse, et ceux à qui l'Apocalypse s'adresse, sont d'une part persécutés par les Judéens qui viennent de
Jérusalem. Ils sont d'autre part en régime d'occupation. L'occupant, c'est l'armée romaine et son administration. Il existe
donc deux raisons, ou deux motifs de chiffrer les messages, pour ne pas être compris des ennemis ou adversaires. Les
messages ont été si bien chiffrés que nous avons du mal, nous, quelque dix-neuf siècles plus tard, à les déchiffrer.
31
Anti est la traduction grecque régulière de l'hébreu tahat, à la place de... Pas est la traduction grecque de l'hébreu kôl,
tout, tous, la totalité.
29
2, 14 Mais j'ai contre toi plusieurs petites choses, à savoir qu'il y a chez toi des gens qui tiennent la doctrine de
Balaam, lequel a enseigné à Balaq, à jeter un obstacle pour faire buter et tomber... Nombres 22, 1 : Et ils sont partis, les fils
d'Israël, et ils ont campé dans les steppes de Moab, de l'autre côté du Jourdain, me-eber le-iarden — celui qui écrit ce texte
est en deçà du Jourdain. Et il a vu, Balaq, fils de Tzippôr, tout ce qu'il a fait, Israël, à l'Amorrhéen. Et il fut pris de terreur,
Moab, devant la face du peuple (hébreu) grandement, car nombreux (il était) lui. Et il fut effrayé, Moab, devant la face des
fils d'Israël. Et il a dit, Moab, aux anciens de Madian : Maintenant ils vont dévorer, l'assemblée, hébreu ha-qahal, grec hè
sunagôgè ! (c'est-à-dire cet ensemble que constitue le peuple hébreu qui arrive), toutes les régions qui sont autour de nous,
comme il broute, le bœuf, la verdure du champ ! Et Balaq, fils de Tzippôr (était) roi de Moab en ce temps-là. Et il a envoyé
des messagers, hébreu maleakim, grec presbeis, des ambassadeurs — vers Balaam fils de Beôr, à Pethor, qui est sur le
Fleuve (= l'Euphrate)... Nos éditions hébraïques modernes vocalisent Bileam. Mais les inconnus qui ont traduit la
Bibliothèque hébraïque à partir du IV e siècle avant notre ère ont lu et entendu et transcrit Balaam. Les traducteurs des
documents hébreux de la nouvelle alliance (Nouveau Testament) ont eux aussi entendu, lu et transcrit Balaam. — Au pays
des fils de son peuple pour l'appeler. Il lui fit dire : Voici qu'un peuple est sorti d'Égypte ! Voici qu'il a recouvert l'œil du
pays et il est installé devant moi. Et maintenant, viens donc ! Maudis pour moi ce peuple, car (il est) plus puissant, lui, que
moi ! Peut-être pourrai-je le battre et ainsi je le chasserai du pays, car je sais que celui que tu bénis est béni, et celui que tu
maudis, est maudit ! — Et ils sont allés, les anciens de Moab et les anciens de Madian, et des divinations dans leurs mains,
et ils sont arrivés chez Balaam et ils lui ont dit les paroles de Balaq... Finalement, Balaam consent à suivre les messagers de
Balaq, mais au lieu de maudire le peuple hébreu comme le lui demande Balaq, il le bénit, Nombres 23, 7 ; 23, 18 ; 24, 2 ;
24, 15. C'est donc un prophète païen qui voit ce que signifie, ce qu'est le peuple hébreu, et quel est son avenir. Nombres 25,
1 : Et il a séjourné, Israël, aux Acacias (à l'est du Jourdain) et il a commencé, le peuple, à se prostituer, verbe hébreu zanah,
faire la prostituée, grec porneuein ou ekporneuein ; le participe du verbe hébreu zanah, c'est, au masculin, zôneh et au
féminin zônah, celle qui est en train de se prostituer ; zenounim, la prostitution, grec porneia ; zônah, celle qui se prostitue,
grec pornè, — aux filles de Moab. Elles ont invité le peuple (hébreu) à offrir des sacrifices à leurs dieux et il a mangé, le
peuple (hébreu), et ils se sont prosternés devant leurs dieux (les dieux des filles de Moab). Et il s'est attaché, Israël, à Baal-
Peôr (le dieu du pays) et elle s'est enflammée, la narine de YHWH contre Israël...
Le verbe hébreu zanah signifie se prostituer, au sens propre, si l'on peut dire, du mot ; Genèse 38, 24 : Elle s'est
prostituée, Tamar, ta belle-fille et voici qu'elle est enceinte de sa prostitution, hébreu à sa prostitution, li-zenounim. Grec le
verbe ekporneuein et le substantif porneia. Lévitique 21, 9 : Et une fille d'un homme qui est kohen, grec hiereus, si elle se
souille en se prostituant, li-zenôt, grec tou ekporneusai. Deutéronome 22, 21 ; Osée 3, 3 ; etc. Mais le verbe hébreu zanah,
se prostituer, sert aussi à désigner l'action du peuple qui, au lieu de rester fidèle à l'alliance avec l'Unique, s'en détourne et se
prosterne devant les dieux des nations païennes. Osée 2, 7 : Car elle s'est prostituée, zanetah, grec exeporneusen, leur mère
(la mère des fils d'Israël, c'est-à-dire la nation). L'infidélité du peuple hébreu à l'alliance est comparée à une prostitution,
exprimée dans les termes, dans le vocabulaire de la prostitution. C'est le cas ici. Et lorsque, dans les livres de la nouvelle
alliance (Nouveau Testament) on trouve les termes de porneia, prostitution, porneuein, se prostituer, il faut se demander s'il
s'agit de la prostitution au sens propre du terme (si l'on peut dire) ou de la prostitution au sens dérivé, théologique du terme.
Nombres 31, 8 : Et Balaam, fils de Beôr, ils l'ont tué par l'épée.
Nombres 31, 15 : Et il leur a dit, Môscheh : Est-ce que vous avez fait vivre (laissé en vie) toutes les femmes ? Ce sont
elles qui ont été pour les fils d'Israël dans l'affaire de Balaam, bi-debar bileam, cause d'apostasie et d'infidélité contre
YHWH... Il semble donc qu'il y ait eu deux traditions concernant Balaam :
1. Le Balaam qui, malgré les sollicitations, les menaces, de Balaq, bénit Israël au lieu de le maudire.
2. Le Balaam qui a été cause d'apostasie. C'est la seconde tradition qui est retenue ici Apocalypse 2, 14. Et cela d'autant
plus que le mot hébreu balaam se prêtait à des jeux de mots. En hébreu le verbe bala signifie dévorer, engloutir, conduire à
sa perte. — Am signifie : le peuple, grec ho laos. Bala-am, celui qui dévore le peuple ou qui le conduit à sa perte. Cela
32
2, 16 repens-toi donc
sinon je vais me hâter de venir à toi
et je vais faire la guerre contre eux
avec l'épée de ma bouche
rappelle précisément le terme codé que les Français utilisaient sous l'occupation allemande des années 1940-1945, pour
désigner l'occupant : les doryphores. Doryphores, coléoptères qui nous sont venus d'Amérique et qui dévorent les parties
aériennes des plants de pommes de terre... Dans notre texte, Apocalypse 2, 14, le nom de Balaam est bien évidemment un
nom à code, un nom chiffré. Je ne connais personne qui ait su le déchiffrer. La méthode consiste toujours, semble-t-il, à se
demander qui menace, quel est l'occupant, le persécuteur, de qui l'on doit se garder, de qui l'on doit parler en termes
couverts ou chiffrés. Ici, au moment où l'Apocalypse est composée, il existe plusieurs menaces qui pèsent sur les
communautés chrétiennes. Il existe les menaces qui proviennent des hautes autorités de Jérusalem, avant bien entendu la
prise et la destruction de Jérusalem. Et les menaces qui proviennent de l'occupant romain. C'est à l'intérieur de ces deux
zones ou de ces deux ensembles qu'il faut chercher ce que peut bien signifier le terme codé Balaam, et qui il peut bien
désigner. La lettre de Jude, 11, s'en prend à ceux qui nient l'unique maître et seigneur Ieschoua meschiah. Ils se sont engagés
dans l'erreur de Balaam... La deuxième lettre de Pierre, 2, 15 parle de ceux qui ont abandonné la voie droite et qui se sont
égarés, car ils ont suivi la voie de Balaam... Il est possible et même vraisemblable que dans ces trois documents le code soit
le même, c'est-à-dire que le terme Balaam désigne la même réalité.
Lui qui a enseigné à Balaq à jeter un obstacle (ou un piège) pour faire buter et tomber, devant la face des fils d'Israël...
Le mot grec skandalon ici utilisé, et que nous avons longuement traduit par : obstacle sur lequel on bute et on tombe, est la
traduction de l'hébreu mikeschôl, qui provient lui-même du verbe hébreu kaschal, buter avec son pied, et trébucher.
Lévitique 19, 14 : Devant la face de l'aveugle tu ne donneras pas un obstacle pour le faire tomber, hébreu mikeschôl, grec
skandalon. Notre traduction est lourde et longue, trop lourde et trop longue, mais nous préférons traduire lourdement et
longuement plutôt que de nous contenter de transcrire le mot grec skandalon en caractères latins. D'ailleurs le mot grec
skandalon n'existait pas en grec naturel avant la traduction grecque de la Bibliothèque hébraïque que nous avons coutume
d'appeler les Septante. Et le verbe grec skandalizein n'existait pas non plus. Il a été forgé pour traduire le verbe hébreu
kaschal. Lorsque nous rencontrons ces mots grecs — grec de synagogue comme disait Richard Simon — nous pouvons être
sûrs qu'il s'agit d'un grec de traduction. Balein skandalon, jeter un obstacle, est encore plus, si possible, du grec de
traduction. Quant à la proposition entière : balein skandalon enôpion ton huiôn israèl, elle est évidemment une traduction
d'un texte hébreu antérieur. Le mot hébreu enôpion traduit l'hébreu lephanim, devant la face de : Genèse 24, 51 ; 30, 33 ; mi-
phanim Genèse 31, 35 ; lephanim 2 Rois 4, 38 ; 4, 43 ; 5, 1 ; 5, 2 ; 5, 3 ; 5, 15 ; 5, 16 ; 6, 1 ; 6, 22 ; 8, 9 ; 18, 22 ; 20, 3 ; 22,
10 ; 22, 19 ; etc.
Manger des viandes sacrifiées aux dieux du paganisme... Grec eidôlothuta. Ce mot apparemment grec n'existait pas en
grec naturel. C'est un mot fabriqué par des Judéens. IV Macchabées 5,2: Le tyran Antiochus... a ordonné à ses gardes qui
portaient une lance (doruphorois !) que chaque Hébreu se reforme un prépuce et de les forcer à manger des viandes de porc
et des viandes qui ont été offertes aux dieux du paganisme, eidôlothutôn. Actes 15, 28 : Car il a paru bon à l'Esprit saint et à
nous, de ne vous imposer aucune charge supplémentaire, sauf celles-ci qui sont nécessaires : vous abstenir des viandes
sacrifiées aux divinités du paganisme, eidôlothutôn, et du sang et des viandes étouffées et de la prostitution. La question,
nous l'avons vu dans une note précédente, est de savoir dans chaque cas ce que signifie le terme grec porneia. S'agit-il
de la prostitution physique ? S'agit-il du culte des divinités païennes, prostitution spirituelle ? 1 Corinthiens (écrite autour
de l'année 55 sans doute) 8, 1 : En ce qui concerne les viandes qui ont été sacrifiées aux dieux du paganisme, eidôlothutôn,
nous savons que tous nous avons la connaissance... Pour ce qui concerne le fait de manger des viandes de bêtes sacrifiées
aux dieux du paganisme, eidôlothutôn, nous savons qu'un dieu du paganisme, ce n'est rien du tout, dans le monde, et nous
savons qu'aucun dieu n'est Dieu si ce n'est un seul... Mais ce n'est pas dans tous que se trouve la connaissance. Certains par
la force de l'habitude jusqu'à maintenant mangent de la viande d'une bête offerte en sacrifice dans les temples païens aux
dieux du paganisme, comme si de fait cette bête avait été sacrifiée aux dieux du paganisme (qui en réalité n'existent pas)...
Si quelqu'un te voit, toi qui as la connaissance (et qui sais qu'un dieu du paganisme, cela n'existe pas, ce n'est rien) couché
(pour manger) dans un lieu où l'on mange les viandes des bêtes sacrifiées aux dieux... 1 Corinthiens 10, 14 : C'est pourquoi,
frères chéris, fuyez loin du culte des dieux des nations païennes... Considérez Israël selon la chair. Ceux qui mangent de la
viande des bêtes sacrifiées (rituellement dans le Temple de Jérusalem, conformément aux prescriptions de Moïse, Lévitique
7, 1 s.) ne prennent-ils pas part à l'autel des sacrifices ? Qu'est-ce donc que je dis ? Est-ce que je vais prétendre qu'une
33
(c'est) le pain qu'il vous donne, YHWH, à vous, pour manger, hou ha-lehem ascher natan YHWH lakem... Le mot hébreu
man, selon cette interprétation donnée par le théologien qui a écrit cette page, signifie quoi ? Les inconnus qui ont traduit la
Bible hébraïque de l'hébreu en grec n'ont pas traduit le mot hébreu man. Ils l'ont simplement transcrit en caractères grecs,
soit par le grec to man, comme nous venons de le voir Exode 16, 35 ; soit par la transcription manna, Nombres 11, 6 : Et ils
se sont mis à pleurer aussi les fils d'Israël et ils ont dit : Qui nous fera manger de la viande ? Nous nous souvenons du
poisson que nous avons mangé en Égypte pour rien ; nous nous souvenons des concombres, des pastèques, du poireau, des
oignons et de l'ail ! Et maintenant notre âme est desséchée ! Il n'y a plus rien du tout, si ce n'est le man, à nos yeux ! Ici les
traducteurs en langue grecque ont transcrit l'hébreu man par les caractères grecs qui constituent le mot manna. Ce qui
semble prouver que de fait on prononçait manna plutôt que man. Nombres 11, 7 : Et le man (était) comme de la graine de
coriandre, grec to manna. Nombres 11, 9 : Et lorsqu'elle descendait, la rosée, sur le camp, la nuit, il descendait, le man,
hébreu ha-man, sur lui, grec to manna. Deutéronome 8, 3 ; 8, 16 ; Josué 5, 12 ; Psaume 78, 24 ; etc. Dans les livres de la
nouvelle alliance, le traducteur de Jean, 6, 31, a transcrit le mot hébreu ha-man par les caractères grecs qui donnent to
manna (au neutre) ; Jean 6, 49. De même le traducteur de l'épître aux Hébreux 9, 4. Il n'est pas question du man ni dans les
Évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc, ni ailleurs dans les autres livres de la nouvelle alliance. Il est bien évident que le
mot hébreu ha-man, transcrit en caractères grecs to manna, n'avait aucun sens pour un païen de la fin du premier siècle de
notre ère, de même qu'il n'a aucun sens pour un païen cultivé ou non en France en cette fin du xx e siècle. Dans la page que
nous venons de lire, ha-satan est transcrit en caractères grecs mais non traduit. Il en va de même pour le man. Jeter un
obstacle, mikeschôl, devant la face des fils d'Israël, est une expression hébraïque traduite mot à mot. Balaam, qui est un mot
hébreu, est un terme chiffré. De même les Nikolaïtes. Cette page était totalement incompréhensible pour un païen de la fin
du premier siècle, ou pour un chrétien venu du paganisme. Elle était intelligible pour les frères de la communauté de
Pergame qui connaissaient le sens des termes hébreux transcrits mais non traduits, et qui connaissaient le sens des termes
codés Balaam et Nikolaïtes.
32
2, 18 Voici ce que dit le fils de Dieu... L'expression fils de Dieu, et le terme christos, celui qui a reçu l'onction
sacerdotale, royale et prophétique, du verbe grec chriô, oindre, qui traduit le verbe hébreu maschah, même sens, désignent
le même être. Matthieu 16, 16 : Et alors il a répondu Schiméon Petros et il a dit : toi tu es le meschiah, le fils du Dieu vivant.
Et il lui a répondu leschoua et il lui a dit : Heureux tu es toi, Schiméon bar-iônah, fils de la colombe, parce que la chair et le
sang ne t'ont pas révélé, apekalupsen, du verbe apoka-luptô, apokaluptein, qui traduit l'hébreu galah, — mais mon père qui
(est) dans les cieux... Matthieu 26, 63 : Alors le grand prêtre lui a dit : Je te ferai jurer par le Dieu vivant, afin que tu nous
dises si toi tu es le meschiah, le fils de Dieu... Marc 14, 61 : Alors de nouveau le grand prêtre l'interrogea et il lui dit : Est-ce
que toi tu es le meschiah le fils du Béni ? Jean 1, 34 : Et moi j'ai vu et j'ai attesté (qu'il est vrai) que celui-ci, c'est le fils de
Dieu... Jean 1, 49 : Et il lui a répondu Nathanaël : Rabbi, toi tu es le fils de Dieu, toi tu es le roi d'Israël... Jean 11, 27 : Elle
lui a dit : Oui, Seigneur ! Moi j'ai été certaine qu'il est vrai que toi tu es le meschiah, le fils de Dieu, celui qui devait venir
dans le monde de la durée présente. Actes 9, 20 : Et voici que dans les maisons de réunion il proclamait leschoua, que c'est
lui le fils de Dieu..., etc.
Celui dont ses yeux... Construction hébraïque, ascher einaiô ke-labat esch, sans le verbe avoir en hébreu.
33
2, 19 Tes actions, celles d'après... grec ta eschata. Le grec eschatos traduit l'hébreu ahar, ahôr, aharôn, aharit, ce qui
vient après, et non pas « le dernier ».
35
d'alentour. L'apostasie est comparée à une prostitution. Ezéchiel 16, 35 : C'est pourquoi prostituée, hébreu zônah, grec
pornè, écoute la parole de YHWH ! Ainsi a parlé le seigneur YHWH ! Parce que tu as versé ton airain (euphémisme) et
qu'elle a été découverte, wa-tigaleh, du verbe hébreu galah, traduit par le verbe grec apokaluptein, ta nudité lors de tes
prostitutions, hébreu be-taze-noutaik, grec en tèporneiasou, sur tes amants et sur toutes les boules (de fumier = les idoles) de
tes abominations et dans les sangs, hébreu massorétique we-ki-demei, traduction grecque kai en tois aimasin, de tes fils que
tu leur as donnés (= les sacrifices humains), à cause de cela me voici, hébreu hineni, grec idou comme Apocalypse 2, 22, qui
rassemble tous tes amants que tu t'es mélangée sur eux (traduction littérale, grec en ois epemigès en autois ; traduction
allégée : avec qui tu t'es mélangée, au sens cru de l'expression), et tous ceux que tu as aimés, par-dessus tous ceux que tu as
haïs, et je les rassemblerai sur toi (ou : contre toi, alaïk) de tous les alentours et je vais découvrir — toujours le verbe hébreu
galah, traduction grecque apokalupsô — en leur faveur et ils verront toute ta nudité. Et je te jugerai selon le jugement des
femmes qui trompent leur mari et qui versent le sang et je te donnerai (d'être) du sang, de la fureur et de la jalousie... Jean
reprend le thème que le prophète Ezéchiel avait développé à propos de Jérusalem au vi e siècle avant notre ère. Il l'applique à
la Jérusalem qui est sa contemporaine. Ce faisant, il annonce la prise et la destruction prochaine de Jérusalem. On remarque
dans notre verset le verbe grec moichaô, moichaômai, qui traduit le verbe hébreu naaph, tromper son mari, que nous lisons
dans Ezéchiel 16, 32 et 16, 38. La femme qui trompe son mari, dans la prophétie d'Ézéchiel, c'est Jérusalem qui a été
infidèle à l'alliance avec le Seigneur.
S'ils ne se repentent pas de leurs actions : hébreu im lô iaschoubou mi-maaseihem, littéralement : s'ils ne reviennent pas
de leurs actions.
37
2, 23 Et ses enfants je les ferai mourir de mort : c'est de l'hébreu, comme d'habitude. Genèse 2, 17 : Mourir vous
mourrez, mot tamout, grec thanatô apothaneisthe. Genèse 3, 3 : Et il a dit le serpent à la femme : il n'est pas vrai que mourir
vous mourrez, lô mot temoutoun, grec thanatô apothaneisthe. Exode 21, 12 : Si quelqu'un frappe un homme et s'il meurt,
mourir il sera mis à mort, mot tournât, grec thanatô thanatousthô. Exode 21, 15 idem. 21, 16 ; 21, 17 ; 22, 18 : Tout
(homme) qui couche avec une bête, mourir il sera mis à mort, mot ioumat, grec thanatô apokteneite autous. Exode 31, 14 :
Celui qui profanera (le schabbat) mourir il sera mis à mort, mot ioumat, grec thanatô thanatôthèsetai. 31, 15 idem.
Lévitique 20, 2 ; 20, 9 ; 20, 10 ; etc. Nombres 35, 16 ; etc. 1 Samuel 14, 39. 2 Samuel 12, 14. Ézéchiell8, 13...
Que moi je suis celui qui sonde les reins et les cœurs... Psaume : Qui sonde les cœurs et les reins, Dieu juste. Jérémie 11,
20 : YHWH des armées juge de justice qui sonde les reins et les cœurs. Jérémie 20, 12 : YHWH des armées qui scrute qui
sonde le juste, qui voit les reins et le cœur... En hébreu leb, le cœur, est l'organe de l'intelligence, de la pensée et de la
liberté, le lieu d'où surgit l'acte même de la liberté et de l'intelligence. Les secrets du cœur sont les secrètes options de la
liberté et de l'intelligence. Les reins sont les organes de la passion, du désir. Dieu connaît les secrets du cœur, c'est-à-dire
nos intentions et nos vouloirs les plus secrets, et nos passions les plus secrètes, ce que dans notre jargon moderne nous
appelons l'inconscient.
Et je donnerai à vous, à chacun selon vos œuvres... Psaume 62, 13 : Et à toi Seigneur la grâce, hébreu hesed, grec eleos.
Car toi tu rends à chacun selon (ou : comme) ses actions, ke-maasehou. Grec : hoti su apodôseis hekastô kata ta erga autou.
Jérémie 17, 10 : Moi (je suis) YHWH qui sonde le cœur, qui scrute les reins et pour donner à chacun comme (= selon) sa
voie, comme {— selon) le fruit de son action.
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2, 24 Et à vous je le dis, à vous qui êtes le reste à Thyatire, à ceux qui ne tiennent pas cette doctrine... Le reste, grec
hoi loipoi au pluriel, traduction de l'hébreu singulier collectif schear, le reste, ce qui reste. 1 Chroniques 16, 41 : Et avec
eux, avec Heiman et Idoutoun et le reste, schear, grec hoi loipoi, de ceux qui avaient été choisis, qui avaient été pointés par
leurs noms pour rendre grâce à YHWH, car pour la durée éternelle à venir sa grâce, Ici le-ôlam hasedô. Esdras 4, 7 : Et aux
jours d'Artaxerxès, il a écrit (le verbe au singulier, plusieurs sujets) Bischelam, Miteredat, Thabeel et le reste, hébreu schear,
37
Jérusalem, auraient enseigné aussi à la jeune nouvelle communauté de Thyatire qu'il faut se faire circoncire, si l'on veut être
sauvé. Nous serions alors, dans l'ordre des problèmes traités par Paul dans sa lettre aux Galates, en l'année 56 environ. Jean,
dans cette hypothèse, écrirait aux chrétiens de Thyatire substantiellement la même chose que Paul aux Galates.
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2, 26 Je lui donnerai la puissance, la souveraineté et la domination sur les nations païennes... Psaume 2, 7 : Il m'a dit :
Mon fils (tu es) toi ! Moi aujourd'hui je t'ai engendré ! Demande-moi et je (te) donnerai des nations pour ton héritage et en
possession les extrémités de la terre. Tu les feras paître avec un sceptre de fer, comme les objets façonnés par le potier tu les
briseras...
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2, 28 Comme moi aussi j'ai reçu de mon père, ainsi je lui donnerai l'étoile de l'aurore... Une seule phrase en hébreu :
ka-ascher qibbaleti gam anôki me-et abi we-natati lô kôkab ha-schahar. La phrase a été traduite littéralement et mot à mot
en grec. Le we hébreu a été traduit par le kai grec. Le we hébreu a souvent une fonction logique dans la phrase. Ici le sens
est : De même que... de même. C'est la doctrine constante enseignée par le Seigneur et transmise ou communiquée par le
quatrième Évangile. Jean 5, 19 : Il ne peut pas, le fils, faire quelque chose de lui-même, s'il ne voit pas le père qui le fait...
Jean 5, 30 : Je ne peux pas, moi, faire quoi que ce soit de moi-même. Comme j'entends, ainsi je juge... Jean 8, 28 : De moi-
même je ne fais rien, mais comme il m'a enseigné, le père (= Dieu), c'est cela que je fais... Jean 10, 18 : Ce commandement,
je l'ai reçu de mon père... Jean 12, 49 : Parce que moi de moi-même je n'ai pas parlé, mais le père qui m'a envoyé, c'est lui
qui m'a donné le commandement, ce que je dois dire et ce que je dois parler... Ce que je parle, comme il m'a parlé, le père,
c'est ainsi que je parle... Jean 15, 15 : Toutes les choses que j'ai entendues venant de mon père, je vous les ai fait connaître...
Ceux qui prétendent aujourd'hui, et qui écrivent, que les Évangiles sont des « productions » des communautés chrétiennes
de la fin du premier siècle ou du commencement du deuxième siècle, — ils sont d'ailleurs toujours incapables de nous dire
où se trouvent ces communautés qui ont « produit » des Évangiles — prétendent donc qu'il s'est trouvé à la fin du premier
siècle ou au commencement du second une communauté chrétienne qui a « produit » un évangile, l'Évangile de Jean. La
communauté chrétienne inconnue jusqu'à ce jour qui a « produit » cet Évangile a aussi « produit » des paroles qu'elle a
mises dans la bouche du Seigneur, paroles selon lesquelles lui, le Seigneur, reçoit de Dieu tout ce qu'il enseigne, tout ce qu'il
communique. La source ou l'origine radicale de l'Information créatrice, c'est Dieu l'unique. Voilà ce qu'enseigne le Seigneur
dans le quatrième Évangile. Ceux qui prétendent et écrivent que les quatre Évangiles ont été « produits » par des églises
chrétiennes de la fin du premier siècle ou du début du second, doivent concéder que l'une de ces communautés, d'ailleurs
inconnue, a « produit » un Évangile, l'Évangile dit de Jean, dans lequel le Seigneur lui-même dit qu'il a reçu tout ce qu'il a
communiqué. Selon l'église productrice de cet évangile, l'église était donc supérieure au Christ, puisque le Christ reçoit de
Dieu tout ce qu'il communique à ses disciples, tandis que l'église en question, elle, était capable de « produire » un évangile.
Arius d'Alexandrie n'avait pas pensé à cet argument. Il s'était contenté d'enseigner que le Logos de Dieu est un être créé,
ktisma, et donc inférieur à Dieu son Père. Il ne lui était pas venu à l'idée que le Christ est inférieur à l'église, puisque l'église
produit des évangiles tandis que le Christ, lui, reçoit ce qu'il enseigne.
Recevoir un message, recevoir une information, en hébreu, cela se dit qabal, piel parfait qibbel. C'est de l'hébreu tardif.
C'est très vraisemblablement le verbe qui se trouve ici sous le verbe grec lambanô de Apocalypse 2, 28. C'est ce même
verbe hébreu qui se trouve sous le verbe paralambanô dans la première lettre de Paul aux Corinthiens 11, 23 : Moi j'ai reçu
venant du Seigneur ce que aussi je vous ai transmis, à savoir que le Seigneur Jésus dans la nuit où il fut livré... On
remarquera que la construction de cette phrase de 1 Corinthiens 11, 23 est la même que celle de Apocalypse 2, 28.
Remarquer dans les deux cas le kai. 1 Corinthiens 15, 1 : Je vous fais connaître, frères, l'heureuse annonce que je vous ai
annoncée, et que vous aussi vous avez reçue... Remarquer de nouveau le kai, qui recouvre le we hébreu. 1 Corinthiens 15,
3 : Car je vous ai transmis, je vous ai communiqué tout d'abord, ce que j'avais aussi, kai, reçu, à savoir que le Christ est mort
à cause de nos crimes, conformément aux Écritures... 1 Corinthiens 4, 7 : Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Mais si tu l'as reçu,
pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu ?
39
Il faut même ajouter ceci. Selon Jean 16, 13, l'Esprit saint ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu'il entendra (ou
écoutera), il le dira et les choses à venir, il vous annoncera... Le Saint-Esprit, selon Jean 16, 13, est donc dans la situation du
Christ, qui ne parle pas de lui-même, mais qui enseigne, qui communique ce qu'il a reçu.
40
3, 444 réveille-toi
et fortifie le reste qui allait mourir
car je n'ai pas trouvé tes actions remplies
devant la face de mon dieu
produire un récit fondateur. Mais il lui demande, exactement comme Paul, de se souvenir de ce qu'elle a reçu, de ce qu'elle a
entendu, et de s'y tenir. C'est tout juste le contraire de ce que nous répètent nos savants critiques, professeurs ici ou là, de
Nouveau Testament. D'ailleurs, dans les documents qui nous restent des générations suivantes on ne trouve pas trace non
plus de cette production, par les communautés chrétiennes, de leurs propres récits fondateurs. Relisez par exemple les lettres
d'Ignace d'Antioche. On ne trouve pas trace de cette théorie.
Si donc tu ne te réveilles pas, je vais venir comme un voleur et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai à toi...
Matthieu 24, 42 : Veillez donc puisque vous ne connaissez pas quel jour votre Seigneur va venir. Sachez ceci : s'il
connaissait le maître de la maison à quelle veille de la nuit le voleur va venir, il veillerait... Et c'est pourquoi vous aussi,
soyez prêts car à l'heure où vous n'y penserez pas le fils de l'homme va venir... Luc 12, 39 : Sachez ceci : S'il connaissait le
maître de la maison à quelle heure le voleur va venir, il ne le laisserait pas percer sa maison. Vous aussi, soyez prêts, car à
l'heure où vous n'y pensez pas, le fils de l'homme viendra... Paul, première lettre à la communauté de Thessalonique, vers
l'année 50, 5, 1 : En ce qui concerne les temps, les dates et les moments, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive.
Car vous-mêmes vous savez exactement que le jour du Seigneur, comme un voleur dans la nuit, c'est ainsi qu'il viendra...
Deuxième lettre de Pierre, 3, 10, date non déterminée : II viendra, il va venir, le jour du Seigneur, comme un voleur...
44
3, 4 Mais il y a quelques noms chez toi à Sardes qui n'ont pas souillé leurs vêtements... Des noms qui souillent des
vêtements, ce n'est pas du pur grec classique. Par contre c'était une manière de s'exprimer en hébreu au premier siècle de
notre ère. Actes 1, 15 : Le nombre des noms qui étaient rassemblés au même endroit était d'environ cent vingt... Hébreu
probable : miseparschemôt.
45
3, 5 Et je n'effacerai pas son nom du livre — du rouleau — de la vie... Exode 32, 32 : Et il est retourné, Môscheh, vers
YHWH et il a dit : Hélas ! Il a péché, ce peuple, un grand péché et ils se sont fait pour eux des dieux en or ! Et maintenant,
si tu veux bien porter, supporter, soulever, im-tissa, leur faute — et si ce n'est pas le cas, alors efface-moi donc de ton livre
que tu as écrit ! Et il a dit, YHWH, en s'adressant à Môscheh : Celui qui a commis le crime contre moi, je l'effacerai de mon
livre !
Livre, hébreu sepher, le rouleau, grec biblos. Psaume 69, 28 : Qu'ils soient effacés du livre de la vie, et avec les justes
qu'ils ne soient pas inscrits...
Et je ferai la louange de son nom devant la face de mon père... Les verbes grecs homologein et exomologein traduisent le
plus souvent le verbe hébreu iadah, louer, faire la louange ou l'éloge de, hiphil parfait hôdou, inaccompli première personne
ôdeh. Tôdah, la louange, l'éloge. Genèse 29, 35 : Et elle a conçu encore et elle a enfanté un fils et elle a dit : Cette fois-ci je
vais louer, je vais faire la louange de, YHWH, — ôdeh et- YHWH, grec exomologèsomai kuriô. C'est pourquoi elle a appelé
son nom Iehoudah. 2 Samuel 22, 50 : C'est pourquoi je te louerai, ôdeka, YHWH, au milieu des nations, grec
exomologèsomai soi kurie. 1 Rois 8, 33 : S'ils reviennent vers toi et s'ils louent ton nom, we-hôdou et — schemeka, grec kai
exomologè-sontai tô onomati sou... 8, 35, idem. Psaume 6, 6 : Car il n'y a pas dans la mort quelqu'un qui se souvienne de
toi. Dans lescheôl — grec hadès — qui fera ta louange ? Mi iôdeh lak, grec tis exomologèsetai soi. Psaume 7, 18 : Je louerai
YHWH selon sa justice ou comme sa justice, ôdeh YHWH ke-tzidekô, grec exomologèsomai. Psaume 9, 1 : Je ferai la
louange de YHWH de tout mon cœur, ôdeh YHWH be-kôl libbi, grec exomologèsomai soi kurie... Psaume 18, 49 ; 28, 7 ;
30, 4 ; etc. Matthieu 11, 25 : Et en ce temps-là il a répondu Ieschoua et il a dit : Je te loue — je fais ta louange — père,
seigneur du ciel et de la terre, toi qui as caché ces choses loin des sages et des intelligents et tu les as révélées, grec
apekalupsas, aux tout petits. Oui, père, parce qu'ainsi il a paru bon devant ta face... Luc 10, 21. Matthieu 10, 32 : Tout
homme qui fera la louange, en moi, devant la face des hommes, je ferai sa louange, moi aussi, en lui devant la face de mon
père qui (est) dans les cieux. Et celui qui me niera devant la face des hommes, je le nierai moi aussi devant la face de mon
père qui (est) dans les cieux... Luc 12, 8.
42
et tu ne sauras pas
à quelle heure je vais venir à toi
je suis riche
et je me suis enrichi et je n'ai besoin de rien
c'est pourquoi par lui, le amèn à Dieu, pour la gloire, par nous... La question ouverte est toujours de savoir si l'Apocalypse a
été écrite avant ou après cette seconde lettre de Paul aux Corinthiens.
La tête de la création de Dieu... Le grec arche traduit l'hébreu rôsch, la tête, rischôn, celui qui est en tête, reschit, ce qui
est en tête, Genèse 2, 10 ; 40, 13 ; 40, 20 ; Exode 6, 25 ; 12, 2 ; Nombres 1,2; 4, 22 ; 26, 2 ; Juges 7, 16 ; etc. La tête de la
création de Dieu : cela peut donc s'entendre de deux manières : I. Ce qui est au commencement. 2. Ce qui est au sommet, et
au terme... Le Christ au commencement de la création. Le Christ au sommet de la création. Le Christ au commencement,
parce qu'il est le premier voulu, puisqu'il est, et qu'en lui se réalise la finalité ultime de la création. Primum in inten-tione,
ultimum in executione, Jean Duns Scot, Commentaire des Sentences de Pierre Lombard donné à Paris, 3, distinction 7, q. 4,
n. 2. Paul, lettre à la communauté chrétienne de Colosses, date à déterminer, à partir de l'année 58 sans doute, 1, 12 : Nous
bénissons le père (= Dieu) qui vous a rendu capables de prendre part à l'héritage des saints, dans la lumière. Lui qui nous a
arrachés à la puissance de la ténèbre et qui nous a transportés dans le royaume (le règne) du fils de son amour, en qui nous
avons la rédemption, la rémission des fautes. Lui (le fils) qui est la représentation physique et visible, grec eikôn, hébreu
tzelem, la statue du Dieu invisible, le premier-né, grec prôtotokos, hébreu bekôr, de toute la création. Car en lui ont été
créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles... Toutes choses pour lui, à cause de lui, grec
dia, et en vue avant de toutes choses, devant toutes choses — et toutes choses en lui trouvent leur consistance. Et lui il est la
tête, grec kephalè, hébreu rôsch — qui peut être traduit en grec aussi par arche — du corps, c'est-à-dire la communauté,
grec ekklèsia, hébreu qahal ou qehilah. Lui qui est la tête, grec arche, hébreu rôsch, le premier-né, hébreu bekôr, d'entre les
morts, afin qu'il soit en toutes choses celui qui est en tête, qui est le premier, prôteuôn, hébreu possible ha-rischôn. Car en
lui, il a plu (à Dieu), il a paru bon (à Dieu), de faire habiter toute la plénitude (de la divinité)... Lorsque Paul écrit cette lettre
aux saints et aux frères qui sont à Colosses, à partir de l'année 58 peut-être, il leur dit tout au début de sa lettre 1,4: Nous
avons appris la certitude de la vérité, émounah, pistis, qui est la vôtre dans le Christ Jésus... 1,9: C'est pourquoi nous aussi,
depuis le jour où nous avons appris de vous tout cela... Ce n'est pas Paul qui a semé la semence à Colosses. Personne ne sait
qui est à l'origine de la communauté chrétienne de Colosses à laquelle Paul écrit cette grande lettre dogmatique, en 58 ou
plus tard. Il suffit de regarder la carte pour constater que la ville de Colosses est tout près de Laodicée, à laquelle Jean écrit
depuis Patmos, et tout près de Hiérapolis. Jean dans l'Apocalypse ne fait mention ni de l'église de Colosses ni de l'église de
Hiérapolis. Comment comprendre ce fait, si l'Apocalypse a été écrite dans les dernières années du premier siècle, ou dans
les premières années du deuxième siècle ? Pourquoi ne parle-t-il pas de ces églises ? Pourquoi n'en fait-il même pas mention
? La question est toujours de savoir si l'Apocalypse est antérieure à la lettre adressée par Paul à l'église de Colosses, ou
postérieure. Quant au fond, il est évident que c'est la même christologie, et ici la même doctrine du Christ exprimée dans les
mêmes termes. L'hypothèse la plus simple et la plus vraisemblable, c'est que la source est commune. Si l'Apocalypse a été
écrite après la lettre de Paul adressée à la communauté chrétienne de Colosses, disons après 58, pourquoi l'Apocalypse ne
fait-elle pas mention de l'église de Colosses, ni de celle de Hiérapolis, qui existaient certainement à ce moment-là ?
53
3, 15 Qui donnera... Grec ophelon qui traduit l'hébreu mi-iten, qui donnera que..., Exode 16, 3. — Ou bien l'hébreu
lou, Nombres 14, 2.
48
3, 2056 me voici
54
3, 18 Purifié par le feu... 2 Samuel 22, 31 : La parole de YHWH est purifiée par le feu comme un métal, hébreu
tzaraph, fondre un métal, purifier un métal en le faisant fondre, grec pepurômenon. Psaume 12, 7 : Les paroles de YHWH
(sont) paroles pures (elles sont) de l'argent fondu et purifié par le feu, keseph tzarouph, grec argurion pepurômenon...
Psaume 66, 10 : Tu nous as fait fondre et tu nous as purifiés, hébreu tzeraphtani, grec epurôsas hèmas, comme on fait
fondre et comme on purifie de l'argent, ki-tzeraph kaseph, grec hôs puroutai to argurion. Proverbe 30, 5 : Toute parole de
Dieu est purifiée par le feu, tzerouphah, grec pepurômenoi. Zacharie 13, 9 : Et je ferai venir le tiers dans le feu et je vais les
faire fondre et les purifier par le feu, hébreu wou-tzeraphetim, comme on fait fondre et on purifie l'argent, ki-tzerôph,
l'argent, grec kai purôsô autous hôs puroutai to argurion... Notre texte grec Apocalypse 3, 18 chrusion pepurômenon ek
puros recouvre donc probablement l'hébreu zahab tzarouph ba-esch, Delitzsch et Zalkinson.
La honte de ta nudité... Ézéchiel 16, 36 : Parce que tu as répandu (ou versé) ton airain (euphémisme) et parce qu'elle a
été découverte, dévoilée, révélée, hébreu wa-tigaleh, grec apokaluphthèsetai, ta nudité dans tes prostitutions... Le mot
hébreu érewah, la nudité, du verbe arah, dénuder, a été traduit en grec par aischunè, la honte. L'expression grecque hè
aischunè tes gumnotètos que nous lisons ici Apocalypse 3,18, est la traduction complète de l'hébreu érewah. Ézéchiel 16, 37
: Je vais découvrir ta nudité, hébreu we-gilleiti érewatek, et ils verront toute ta nudité, érewatek, grec tèn aischunèn sou.
Ézéchiel 23, 10 ;23, 18 ;23, 29.
55
3, 19 Moi ceux que j'aime... Proverbe 3, 12 : Car ceux qu'il aime, YHWH, il les réprimande, il les corrige, hébreu, le
verbe iacah, hiphil hôkiah, juger, reprocher, punir, corriger, grec paideuein ou elegchein, selon les manuscrits. Ici,
Apocalypse 3, 19, le traducteur a mis à la suite les deux mots grecs qui traduisent le même mot hébreu.
Sois enflammé d'un amour ardent et jaloux, grec zèloun, hébreu qana. Qineah, l'amour jaloux, grec zèlos, Cantique des
Cantiques 8, 6. Paul, 1 Corinthiens 12, 31 : Recherchez avec amour, avec passion, zèloute, les dons de la grâce qui sont les
plus grands... 14, 1 : Recherchez avec passion, avec un amour jaloux, zèloute, les choses spirituelles, et surtout de
prophétiser... 14, 39 : Recherchez avec amour et passion le fait de prophétiser, zèloute to prophèteuein... Galates 4, 17 : Ils
vous aiment d'un amour jaloux, mais non de la bonne manière, zèlousin humas ou kalôs... Il est bon d'être pris d'amour
ardent et jaloux, zèlousthai, dans ce qui est bon...
56
3, 20 Me voici je me tiens debout à la porte et je frappe... Cantique des Cantiques, 2, 8 : Voix de mon chéri ! Voici qu'il
vient... 5, 2 : Moi je dors mais mon cœur veille ! Voix de mon chéri qui frappe (à la porte) ! Ouvre-moi ma sœur ma
compagne ma colombe... 5, 6 : J'ai ouvert, moi, à mon chéri... Luc 12, 36 : Et vous vous êtes comme des hommes qui
attendent leur maître lorsqu'il revient du banquet. Lorsqu'il arrive et lorsqu'il frappe (à la porte), aussitôt ils lui ouvrent...
Matthieu 24, 32 : Du figuier apprenez à connaître et à comprendre l'analogie, hébreu mâschâl, grec parabole.
Lorsque déjà ses branches deviennent tendres et lorsque les feuillages poussent, vous savez qu'il est proche, l'été. Ainsi
et vous, lorsque vous verrez tout cela, vous connaîtrez qu'il est proche, à la porte. Amèn je vous le dis, elle ne passera pas
cette génération jusqu'à ce que tout cela se fasse... Si quelqu'un entend ma voix et s'il ouvre la porte, alors j'entrerai chez
lui... Si... alors, en grec ean... kai, ce qui constitue une traduction littérale de l'hébreu. L'hébreu we, qui signifie et, a souvent
une fonction logique qui correspond à notre construction : si... alors. Genèse 3, 5 : C'est qu'il sait, Dieu, que au jour où vous
mangerez de lui (de l'arbre), alors, hébreu we, ils s'ouvriront, vos yeux... Nous avons ici Apocalypse 3, 20 une construction
49
de ce type : Si quelqu'un écoute ma voix et ouvre la porte, alors, grec kai qui recouvre l'hébreu we, j'entrerai chez lui... Note
du P. Allô, dans son grand Commentaire de l'Apocalypse : « Kai, avant eleusomai, est un hébraïsme demeuré assez
curieusement dans un certain nombre de manuscrits » !
57
3, 21 Celui qui vaincra, je donnerai à lui de s'asseoir... Construction que les grammairiens appellent « nominatif
pendant », suivi d'un pléonasme : je donnerai à lui... C'est de l'hébreu : Ha-menat-zeah eteneou...
50
monte ici
et je te montrerai ce qui va arriver après cela
58
4, 1 Et il advint après cela j'ai vu... Construction hébraïque classique. Genèse 22, 1 : Et il fut (= il advint) après ces
paroles, waiehi ahar ha-debarim ha-elleh, et Dieu a mis à l'épreuve Abraham... Le grec meta tauta traduit aussi l'hébreu we-
aharei ken, Genèse 23, 19 ; Exode 11,1; etc.
Pour dire... Hébreu lemôr, infinitif précédé du lamed du verbe amar, dire, parler, traduit constamment, en grec, des
milliers de fois, par le participe grec legôn, c'est le cas ici. Note du P. Allô : « Le solécisme legôn qui s'explique par une «
distraction » (ou par l'hébreu lemôr ?). »
Ce qui va arriver après cela... Grec deï, qui traduit une construction "hébraïque à l'infinitif précédé du lamed, nous
l'avons déjà noté. Il n'y a donc pas lieu de forcer la traduction de deï par « il faut que » ... Daniel 2, 28 ; 2, 29 ; 2, 45 ; même
construction, même traduction en grec.
59
4, 2 Et voici qu'un trône était placé dans les cieux... 1 Rois 22, 19 : J'ai vu YHWH assis sur son trône et toute l'armée
se tenait debout auprès de lui à sa droite et à sa gauche... Ézéchiel 1, 26 : Et au-dessus de la surface solide et ferme, raqia,
qui était sur leurs têtes, comme une apparence — hébreu mareeh, ce qu'on voit, du verbe raah, voir, grec orasis — de pierre
de saphir, une forme de trône, hébreu demout kissé, grec homoiôma thronou, et sur la forme du trône, une forme comme une
apparence d'homme, demout ke-mareeh adam, grec homoiôma hôs eidos anthrôpou, au-dessus... Psaume 47, 9 : Dieu est
assis sur son trône de sainteté...
60
4, 3 Et celui qui était assis était comme une apparence... Le grec homoios traduit le plus souvent l'hébreu ke, kemô,
comme... Exode 15, 11 ; Juges 8, 18 ; 1 Samuel 10, 24 ; etc. Le grec homoios orasei se retraduit donc en hébreu : ke-
mareeh.
Pierre de jaspe... Grec iaspis. Exode 28, 18 : sur l'éphod du grand prêtre ; 39, 11. Isaïe54, 12 ; Ezéchiel 28, 13.
Sardoine : Exode 25, 7, grec sardion, les pierres précieuses cousues sur l'éphod du grand prêtre. Exode 28, 17 ; 35, 9 ;
Ézéchiel 28, 13. Il va sans dire que dans le texte que nous lisons, rien n'est au hasard, et si l'apparence de celui qui est assis
sur le trône est celle des pierres précieuses qui sont cousues sur le vêtement du grand prêtre, c'est qu'il existe une relation
entre celui qui est assis sur le trône et le grand prêtre.
Et un arc-en-ciel tout autour du trône... Ézéchiel, 1, 28 : Comme l'apparence, hébreu ke-mareeh, de l'arc-en-ciel qui est
dans le nuage dans un jour de pluie, ainsi (était) l'apparence, mareeh, de la clarté tout autour. C'était l'apparence de la forme
de la gloire de YHWH, hébreu hou mareeh demout kebôd YHWH, grec autè hè orasis homoiômatos doxès kuriou...
Et un arc-en-ciel tout autour du trône, comme une apparence d'émeraude... Nous venons de noter que le grec homoios
traduit l'hébreu ke ou kemô. C'est de nouveau le cas ici. Mais notre traducteur a oublié d'accorder le grec homoios, qui est au
masculin, avec iris, qui est au féminin, ce qui lui vaut une sévère réprimande du P. Allô : « Solécisme du masculin homoios
avec iris, féminin. » Notons ici que les manuscrits ultérieurs corrigent ces grosses fautes de grec. En sorte qu'il existe un
critère pour établir la chronologie relative des manuscrits : les manuscrits grecs qui ont conservé ces énormes fautes de grec,
qui proviennent du premier traducteur du texte hébreu, sont les plus anciens. Ceux qui sont corrigés sont postérieurs.
Comme une apparence d'émeraude... Grec smaragdinos. Exode 28, 9 : Tu prendras les deux pierres de schôham, grec
lithous sma-ragdou, et tu graveras sur elles les noms de fils d'Israël... Exode 28, 17 : L'une des pierres précieuses qui se
trouvent sur la première rangée cousue sur le pectoral du grand prêtre. Exode 39, 6 : Les pierres précieuses sur lesquelles
sont gravés les noms des fils d'Israël, qui sont cousues sur l'éphod du grand prêtre, hébreu schôham, grec lithous tes
smaragdou, pierres du souvenir, abenei zikarôn, des fils d'Israël... Exode 39, 10 : L'une des pierres précieuses qui est cousue
51
et au milieu du trône
et tout autour du trône
[il y avait] quatre êtres vivants
tout remplis avec des yeux
en avant et en arrière
4, 1168 tu es digne
toi notre seigneur et notre dieu
de recevoir la gloire
et l'honneur et la puissance
parce que c'est toi qui as créé tous les êtres
et c'est par ta volonté qu’ils ont existé
et qu'ils ont été créés
5, 169 et j'ai vu
et voici à [la main] droite de celui
qui est assis sur le trône
un rouleau écrit devant et derrière
complètement scellé avec sept sceaux
ne pleure pas
voici qu’il a vaincu
le lion qui est issu de la tribu de iehoudah
la racine de david
[pour] ouvrir le rouleau et ses sept sceaux
et ils disent
5, 1176 et j'ai vu
exactement et complètement l'hébreu be, dans. Le verbe hébreu gaal signifie lui aussi racheter. Lévitique 25, 33 : Et celui
qui rachète (quelque chose qui appartient) aux Lévites..., hébreu wa-ascher igeal, grec kai hos an lutrôsamenos... Lévitique
27, 13 : 27, 15 ; 27, 19 ; etc. Traduction grecque, le verbe lutroô. La traduction de l'un des verbes hébreux padah ou gaal par
le verbe grec agora-zein, est probablement une traduction en grec populaire. 1 Corinthiens 6, 20 : Vous avez été rachetés à
un prix élevé... Deuxième lettre de Pierre 2, 1 : Il y a au milieu de vous des gens qui enseignent des doctrines de mensonge...
Le maître qui les a rachetées, ils le renient... Le verbe ex-agorazein est aussi utilisé pour traduire padah ou gaal, Galates 3,
13 : Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la torah. Lettre aux Hébreux 9, 11 : Le Christ... grand prêtre... Ce n'est
pas avec le sang des boucs et des jeunes taureaux, mais c'est avec son propre sang qu'il est entré, en une seule fois, dans le
lieu saint. Il a obtenu une rédemption éternelle, grec aiônian lutrôsin, hébreu pedout ôlam ou geoulat ôlam.
Tu as racheté (...) de toute tribu et de toute langue... Sous-entendu : des hommes. Construction hébraïque avec min qui
indique que l'on tire d'un ensemble des éléments qui s'y trouvent. Exode 17, 5 : Prends avec toi (sous-entendu : des
hommes) pris d'entre les anciens d'Israël, mi-ziqenei israel. Genèse 30, 14 : Donne-moi donc (sous-entendu : quelques-unes)
des mandragores de ton fils... 2 Samuel 11, 17 : Et il tomba, pris de l'ensemble que constitue le peuple, min-ha-am (sous-
entendu : des hommes), d'entre les serviteurs de David, me-abedei dawid...
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5, 10 Et tu as fait d'eux pour notre Dieu un royaume de prêtres... Exode 19, 6 : Et quant à vous, vous serez pour moi un
royaume de prêtres, ou : une royauté de prêtres, mameleket kôhanim, et une nation sainte, we-goï qadôsch. Isaïe 61, 6 : Et
vous, prêtres de YHWH, kohanei YHWH, vous serez appelés... Isaïe 66, 18 : Et moi... je viens pour rassembler toutes les
nations et toutes les langues et elles viendront et elles verront ma gloire... L'Apocalypse enseigne comme Paul que Dieu a
fait entrer les païens de toutes les nations dans l'économie de la promesse faite à Abraham. Il y avait sans doute dans le texte
hébreu mameleket kôhanim comme dans Exode 19, 6. Le traducteur en langue grecque a, comme Apocalypse 1, 6, traduit
basileian hiereis, c'est-à-dire qu'il n'a pas mis au génitif pluriel le mot hiereis, parce que l'hébreu kôhanim se présente
comme un nominatif. Un copiste ultérieur a ajouté le kai entre basileian et hiereis parce que l'expression lui paraissait
incompréhensible et incorrecte grammaticalement. — Même cas Jean 1, 18. Il y avait sans doute dans le texte hébreu iahid
elohim, le fils unique et chéri de Dieu. Le traducteur en langue grecque a traduit l'hébreu iahid par le grec monogenès. Il a
traduit elohim par theos et il a oublié de décliner theos et de le mettre au génitif. Les plus anciens manuscrits gardent la trace
de cette traduction fautive. Les manuscrits ultérieurs ont tenté de diverses manières de corriger cette faute de grec. Une
bonne traduction est celle de certains manuscrits : monogenès huios theou.
Un royaume de prêtres et une nation sainte : c'est la définition ontologique d'Israël selon Exode 19, 6. Ce qui est
nouveau désormais, c'est que des hommes de toutes races, de toutes langues et de toutes nations entrent dans l'économie du
monothéisme hébreu et font désormais partie de ce royaume de prêtres.
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5, 11 Des multitudes de multitudes... Hébreu rebabah, pluriel rebabôt, du verbe rabah, être nombreux. Genèse 24, 60 :
Et ils ont béni Rebecca et ils ont dit à elle : Notre sœur (tu es) toi ! Deviens des milliers de multitude, hébreu haiei le-
alephei rebabah, grec ginou eis chiliadas muriadôn. On remarque comment l'hébreu exprime ce que nous traduisons par
devenir : le verbe être suivi de le qui indique la destination, l'orientation, la finalité. Lévitique 26, 8 : Et ils poursuivront,
cinq d'entre vous, cent, et cent d'entre vous poursuivront une multitude, hébreu rebabah, grec muriades. Nombres 10, 36 :
Reviens, YHWH, (vers ?) les multitudes des milliers d'Israël, hébreu ribebôt alephei Israël, grec chiliadas muriadas...
Deutéronome 32, 30 : Comment (est-il possible) qu'il poursuive, un seul, un millier, et que deux mettent en fuite une
multitude, hébreu rebabah, grec muriadas, si ce n'est parce que leur rocher les a vendus... Deutéronome 33, 17 : Et eux (ce
sont) les multitudes, hébreu ribebôt, grec muriades, d'Ephraïm, et eux (ce sont) les milliers, hébreu alephei, grec chiliades,
58
de Manassé... 1 Samuel 18, 7 : Il a frappé, Schaoul, son millier, hébreu ba-alaphaw, grec en chiliasin, et David ses
multitudes, be-ribebotaiô, grec en muriasin. En grec murias, muriados signifie : au nombre de dix mille, ou le nombre de
dix mille. Le P. Allô traduit muriades muriadôn par « des myriades de myriades » et il ajoute en note : « muriades muriadôn
qui devrait suivre plutôt que précéder chiliades chiliadôn ». Ce n'est pas le cas du tout si l'on tient compte du sens naturel de
l'hébreu rebabah.
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5, 12 II est digne l'agneau qui a été sacrifié de recevoir la puissance et la richesse et la sagesse... 1 Chroniques 29, 10 :
Et il a béni, David, YHWH, aux yeux de toute l'assemblée, kôl ha-qahal, grec tes ekklèsias et il a dit, David : Béni (sois-tu)
toi YHWH Dieu d'Israël notre père, depuis la durée passée et jusqu'à la durée à venir, hébreu me-ôlam we-ad-ôlam. A toi
YHWH (appartiennent) la grandeur, et la force, hébreu ha-gebourah, grec hè dunamis, la majesté, la splendeur et l'honneur,
car tout dans les cieux et sur la terre (est) à toi YHWH !... Et la richesse, hébreu ha-ôscher, grec ho ploutos, et la gloire,
hébreu ha-kabôd, grec hè doxa, proviennent de devant ta face, hébreu mi-le-phaneika, et c'est toi qui gouvernes sur le tout,
et dans ta main la force et la vigueur, et c'est dans ta main (que se trouve le pouvoir) de rendre grand et de rendre fort tout
(ce qui existe)...
78
5, 14 Et les anciens sont tombés (à terre sur leurs faces) et ils se sont prosternés... Genèse 17, 3 : Et il est tombé,
Abram, sur sa face... Genèse 17, 17 idem. Genèse 44, 14 : Et ils sont tombés devant sa face à terre... Lévitique 9, 24 : Et ils
sont tombés sur leurs faces... Nombres 14, 5 : Et il est tombé, Môscheh et Aharôn (verbe au singulier, plusieurs sujets) sur leurs
faces, devant la face de toute l'assemblée de la communauté des fils d'Israël, li-phenei kôl-qehal adat benei israel... Nombres 16,
4 : Et il a entendu, Môscheh, et il est tombé sur sa face... Nombres 16, 22 : Et ils sont tombés sur leurs faces... Josué 5, 13 : Et
il advint, alors qu'il était, Iehôschoua sur Jéricho, alors il leva les yeux et il a vu et voici un homme se tenait debout en face de
lui et son épée dégainée dans sa main. Et il est allé, Iehôschoua, vers lui et il lui a dit : Est-ce que pour nous (tu es) toi ? Ou bien
pour nos ennemis ? Et il a dit : Non ! Car moi (je suis) le prince de l'armée de YHWH... Et il est tombé, Iehôschoua, sur sa
face à terre et il s'est prosterné... Nous avons ici l'expression hébraïque complète que le traducteur de l'Apocalypse a traduite
en l'abrégeant.
59
amen
6, 1 et j'ai vu
lorsqu'il a ouvert
l'agneau
l'un des sept sceaux
et j'ai entendu l'un des quatre vivants
qui disait comme une voix de tonnerre
viens et vois
6,279 et j'ai vu
et voici un cheval blanc
et celui qui était assis sur lui
il y avait un arc dans sa main
et il lui fut donné une couronne
et il est sorti et il a vaincu
[et il est sorti] pour vaincre
viens et vois
79
6, 2 Et j'ai vu et voici un cheval blanc... Zacharie 1,8: J'ai vu, hébreu raïti, (durant) la nuit et voici, hébreu we-hinneh,
un homme qui était en train de chevaucher sur un cheval, un homme qui était monté sur un cheval roux, rôkeb al sous
adôm, grec hippon purron... Et derrière lui des chevaux roux, sousim adoumim, grec hippoi purroi, rouges, hébreu
serouqim, et blancs, hébreu lebanim, grec leukoi. Alors j'ai dit : Que sont ceux-ci, Seigneur ? Et il m'a dit, le messager qui
parlait en moi, ha-maleak ha-dôbber bi, grec ho aggelos ho lalôn en émoi : Moi je vais te faire voir ce qu'ils sont, eux ! Et il
a répondu l'homme qui se tenait entre les myrtes (?) et il a dit : Ceux-ci (ce sont ceux) qu'il a envoyés, YHWH, pour
parcourir la terre. Et ils ont répondu au messager de YHWH qui se tenait debout entre les myrtes (?) et ils ont dit : Nous
avons parcouru la terre et voici que toute la terre est habitée et elle est tranquille. Et il a répondu le messager de YHWH et il
a dit : YHWH des armées, hébreu YHWH tze-baôt, grec kurie pantokratôr, jusques à quand, toi, tu n'auras pas pitié de
Jérusalem et des villes de Juda... Et il a répondu YHWH au messager qui parlait en moi, hébreu bi, des paroles bonnes, des
paroles de consolation... Zacharie 6, 1 : Et je me suis retourné et j'ai levé les yeux et j'ai vu et voici quatre chars qui sortaient
du milieu des deux montagnes et les montagnes (étaient) des montagnes d'airain. Au premier char, des chevaux roux, hébreu
sousim adoumim, grec hippoi purroi, et au deuxième char, des chevaux noirs, sousim sche-hôrim, grec hippoi melanes et au
troisième char des chevaux blancs, sousim lebanim, grec hippoi leukoi, et au quatrième char des chevaux bigarrés,
rougeâtres (?). Alors j'ai répondu et j'ai dit en m'adressant au messager qui parlait en moi, bi : Qui (sont) ceux-ci, mon
seigneur ? Et il a répondu le messager et il m'a dit : Ceux-ci, (ce sont) les quatre souffles des cieux qui sont sortis après
s'être tenus auprès du seigneur de toute la terre...
61
viens et vois
et j'ai vu
et voici un cheval noir
et celui qui était assis sur lui
[il y avait] une balance dans sa main
viens et vois
6, 881 et j'ai vu
et voici un cheval vert
et celui qui était monté dessus
son nom [c'est] la mort
et le scheôl vient après lui
et il leur a été donné puissance
sur le quart du pays
pour faire mourir par l'épée
et par la famine et par la peste
et par les bêtes sauvages du pays
jusques à quand
seigneur saint et véritable
ne jugeras-tu pas
et ne feras-tu pas justice de notre sang
[en le réclamant de la main]
de ceux qui habitent le pays
6, 1284 et j'ai vu
— la parole de Dieu, c'est-à-dire pour communiquer la parole de Dieu dans l'île de Patmos comme il l'a fait précédemment,
selon toute vraisemblance, dans les villes auxquelles il écrit des lettres.
A cause de l'attestation... Même expression que Apocalypse 1, 9 : Jean dans l'île de Patmos attestait de la vérité du
Christ, grec mar-turia, hébreu edout.
83
6, 10 Jusques à quand ne jugeras-tu pas... Tournure hébraïque. 2 Samuel 18, 19 : Je vais annoncer au roi l'heureuse
nouvelle, à savoir qu'il l'a jugé, YHWH, de la main de ses ennemis, mi-iad ôiebaiô, grec hoti ekrinen auto kurios ek cheiros
ton echthrôn autou. 2 Rois 9, 6 : Je t'ai oint comme roi sur le peuple de YHWH sur Israël. Et tu frapperas la maison d'Achab
ton maître et je tirerai justice des sangs de mes serviteurs les prophètes et des sangs de tous les serviteurs de YHWH, de la
main de Izabel, hébreu mi-iad izabel, grec kai ekdikè-seis ta aimata ton doulôn mou ton prophètôn kai ta aimata pantôn ton
doulôn kuriou ek cheiros iezabel... 2 Samuel 2, 26 : Jusques à quand, hébreu ad-matai, grec heôs pote, ne diras-tu pas au
peuple de revenir de derrière leurs frères (= de revenir et de cesser de poursuivre leurs frères) ? Osée 8, 5 : Jusques à quand
ne pourront-ils pas être innocentés ? Zacharie 1, 12 : Jusques à quand toi, tu n'auras pas pitié de Jérusalem et des villes de
Juda ? ( = Jusques à quand continueras-tu à ne pas avoir pitié...).
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6, 12 Lorsqu'il a ouvert le sixième sceau, alors... Construction classique en hébreu, avec we, que nous traduisons par
alors, traduit régulièrement par le grec kai.
Un grand tremblement de terre... Grec seismos, hébreu raasch, Amos 1,1; Zacharie 14, 5 ; Isaïe 29, 6 ; Ézéchiel 3, 12,
qôl raasch gadôl, la voix d'un grand tremblement de terre, grec phônèn seismou megalou ; 3, 13 idem. Ézéchiel 37, 7 ; 38,
19 : En ce jour-là il y aura un grand tremblement de terre, hébreu raasch gadôl, grec seismos megas, sur la terre d'Israël. Et
ils trembleront devant ma face les poissons de la mer et l'oiseau des cieux et la bête sauvage du champ et tout rampant qui
rampe sur la terre et tout homme, we-kôl ha-adam, qui est sur la face de la terre, et elles s'écrouleront, les montagnes, et
elles tomberont, les falaises et toute muraille à terre tombera...
Et la lune... Isaïe 13, 4 : La voix d'une foule sur les montagnes ! C'est comme un peuple nombreux ! La voix du vacarme
des royaumes ! Des nations rassemblées ! YHWH des armées visite l'armée de la guerre ! Ils viennent d'un voyage lointain...
depuis l'extrémité des cieux ! Gémissez car il est proche le jour de YHWH, qarôb iôm YHWH, grec eggus gar hè hèmera
kuriou... C'est pourquoi toutes les mains défaillent, tout cœur d'homme fond ! Voici le jour de YHWH qui vient... Les étoiles
63
du ciel ne donneront plus leurs lumières, il sera ténèbre le soleil lors de son lever, et la lune ne fera plus luire sa lumière... Je
rendrai l'homme plus rare que l'or fin et l'humanité plus rare que l'or d'Ophir... Joël 2, 1 : Sonnez du schô-phar dans Sion et
poussez des cris sur ma montagne sainte ! Qu'ils tremblent, tous les habitants du pays, car il est venu le jour de YHWH,
parce qu'il est proche ! Jour de ténèbre et d'obscurité, jour de nuage et de nuée ! Comme l'aurore répandue sur les
montagnes, un peuple nombreux et puissant ! Comme lui il n'en a pas existé depuis les temps de la durée passée, et après lui
il n'y en aura plus jusqu'aux années de la génération et de la génération ! Devant sa face, un feu qui dévore et derrière lui
une flamme qui embrase !... Devant lui, il a tremblé le pays, ils ont tremblé les cieux ! Le soleil et la lune se sont obscurcis
et les étoiles ont retiré leur lumière... Joël 3, 1 : Et il adviendra après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair et ils
prophétiseront vos fils et vos filles ! Vos anciens songeront des songes, vos jeunes gens verront des visions ! Et même sur
les esclaves et sur les servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon esprit ! Et je donnerai des prodiges dans les cieux et sur
la terre, du sang et du feu et des colonnes de fumée ! Le soleil se changera en ténèbre et la lune en sang, avant que vienne le
jour de YHWH, le grand et le terrible ! Et il adviendra : tout homme qui appellera le nom de YHWH sera sauvé ! Car sur la
montagne de Sion et à Jérusalem, il y aura une délivrance comme l'a dit YHWH... Joël 4, 15 : Le soleil et la lune se sont
obscurcis et les étoiles ont retiré leur lumière ! Et YHWH depuis Sion rugit et depuis Jérusalem il donne sa voix ! Ils
tremblent les deux et la terre...
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6, 14 Et les deux se sont retirés en arrière comme un rouleau de livre... Isaïe 34, 4 : Elle pourrira toute l'armée des
cieux, et ils s'enrouleront comme un livre, les cieux, et leur armée se flétrira comme flétrit le feuillage qui est tombé de la
vigne et comme ce qui est tombé du figuier... Psaume 102, 26 : Autrefois la terre, tu l'as fondée et (ils sont) l'œuvre de tes
mains, les cieux. Eux ils vont périr mais toi tu te tiens subsistant, et eux tous comme un habit ils se flétrissent, comme un
vêtement tu les changes et ils sont changés...
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6, 16 Et ils disent aux montagnes et aux rochers... Osée 10, 8 : Et ils diront aux montagnes : Cachez-nous ! Et aux
collines : Tombez sur nous !
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6, 17 Parce qu'il est venu le jour, le grand, de sa colère... Sophonie 1,2: Pour ce qui est d'enlever, je vais enlever tout de
dessus la face de la terre, oracle de YHWH, hébreu neoum YHWH, grec legei kurios. Je vais enlever l'homme, hébreu adam,
et le bes-tiau, wou-behemah, je vais enlever l'oiseau des cieux et les poissons de la mer... Et j'exterminerai, j'arracherai
l'homme, et- ha-adam, de dessus la face de la terre, oracle de YHWH ! Et je vais étendre ma main contre Juda et sur tout
habitant de Jérusalem ! Et je vais retrancher de ce lieu ce qui reste du baal... Silence devant la face du seigneur YHWH ! Car
il est proche le jour de YHWH ! Car il a préparé, YHWH, un sacrifice sanglant, hébreu zebah, grec thusian. Il a consacré
ceux qu'il a appelés ! Et il adviendra, au jour du sacrifice sanglant de YHWH, que je vais visiter les princes et les fils du roi
et tous ceux qui revêtent un vêtement étranger !... Sophonie 1, 14 : Il est proche le jour de YHWH, le grand ! Il est proche et
il se hâte vivement ! La voix du jour de YHWH (est) amère... Jour de colère ce jour-là, jour d'angoisse et de détresse ! Jour
de dévastation et de désolation ! Jour de ténèbre et l'obscurité ! Jour de nuée et de nuage ! Jour du schô-phar et de la
fanfare ! contre les villes fortifiées et contre les tours d'angle ! Et je vais serrer, je vais presser, je vais comprimer l'homme,
la-adam, et ils marcheront comme des aveugles ! Parce qu'ils ont péché contre YHWH ! Et il sera versé, leur sang, comme
de la poussière !... Même leur or, même leur argent, même leur or, ils ne pourront pas les délivrer au jour de la fureur de
YHWH ! Et dans le feu de sa jalousie, elle sera dévorée toute la terre !
Car il est venu, le jour, le grand, de sa colère... Certains manuscrits, la majorité, donnent : de leur colère... Quelques
manuscrits : de sa colère...
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et il leur a dit
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7, 1 Les quatre vents de la terre... Jérémie 49, 36 : Et je ferai venir sur Élam quatre vents des quatre extrémités des
cieux ! Et je vais les disperser à tous ces vents... Ézéchiel 37, 9 : Des quatre vents, viens, l'esprit ! Daniel 7, 2 : Les quatre
vents des cieux ont agité la grande mer... Zacharie 6, 1 : Et je suis revenu et j'ai levé les yeux et j'ai vu et voici quatre chars
qui sortaient d'entre deux montagnes et les montagnes (étaient) des montagnes d'airain. Au premier char, des chevaux roux
et au deuxième char des chevaux noirs et au troisième char des chevaux blancs et au quatrième char des chevaux bigarrés
(rougeâtres ?). Alors j'ai répondu et j'ai dit au messager qui parlait en moi, hébreu bi : qui sont ceux-ci, mon seigneur ? Et il
a répondu le messager et il a dit en s'adressant à moi : ceux-ci (ce sont) les quatre vents des cieux. Ils sortent après s'être
tenus auprès du seigneur de toute la terre... Matthieu 24, 29 : Et voici que après la persécution de ces jours-là, le soleil
deviendra ténèbre et la lune ne donnera plus sa lumière et les étoiles tomberont des cieux... Et alors apparaîtra le signe du
fils de l'homme dans le ciel... Et il enverra ses messagers avec le schôphar et ils rassembleront les élus depuis les quatre
vents, d'une extrémité des cieux jusqu'à une extrémité des cieux...
Ni sur tout arbre, grec mète epipan dendron, hébreu we-lô be-kôl etz. L'hébreu n'a pas de mot pour dire aucun. Il dit :
tout, et il nie le tout. Il pose l'ensemble, et même la totalité, et il affecte cette totalité de la négation. Lévitique 16, 17 : Et
tout homme, we-kôl adam, ne sera pas dans la Tente de l'attestation lorsqu'il entrera pour faire l'expiation... = Aucun homme
ne sera dans la tente... Lévitique 17, 12 : Toute âme parmi vous ne mangera pas de sang = aucune âme ne mangera de sang...
Lévitique 22, 10 : Et tout étranger ne mangera pas ce qui est consacré, aucun étranger ne mangera... Matthieu 24, 22 : S'ils
n'avaient pas été abrégés, ces jours, elle n'aurait pas été sauvée, toute chair = aucune chair n'aurait été sauvée...
89
7, 2 II tenait dans la main le sceau du Dieu vivant... Grec sphra-gida theou zôntos, hébreu hôtam, le sceau, sans article
parce qu'il est intégré dans l'expression : le sceau du Dieu vivant.
Et il a crié d'une grande voix aux quatre messagers à qui il a été donné à eux... Grec ois edothè autois, hébreu ascher
nittan lahem... Ézéchiel 9, 1 : Et il a crié dans mes oreilles, une grande voix, pour dire : Ils se sont approchés les Cours) de
la visite de la Ville ! Et chacun, l'instrument de la destruction dans sa main ! Sans le verbe avoir en hébreu, mais introduit
dans la traduction grecque, kai ekastos eichen... Et voici six hommes qui viennent de la route de la porte supérieure qui fait
face au Nord ! Et chacun son instrument de destruction dans sa main ! Et un homme au milieu d'eux, revêtu de lin et un
écritoire de scribe à la ceinture. Et ils sont venus et ils se sont tenus debout devant l'autel des sacrifices qui est en airain. Et
la gloire du Dieu d'Israël s'est élevée au-dessus du keroub sur lequel elle était... Et elle a appelé l'homme qui était revêtu de
lin, celui qui (avait) un écritoire de scribe à la ceinture. Et il lui a dit, YHWH : Passe au milieu de la Ville, au milieu de
Jérusalem et tu inscriras un taw sur les fronts des hommes qui gémissent et qui soupirent au sujet de toutes les abominations
qui se font au milieu d'elle...
66
7, 5 de la tribu de iehoudah
douze mille scellés du sceau
de la tribu de reouben
douze mille
de la tribu de gad
douze mille
7, 6 de la tribu d'ascher
douze mille
de la tribu de naphtali
douze mille
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7, 4 De toute tribu des fils d'Israël... Le grec phulè, que nous traduisons par tribu, traduit plusieurs mots hébreux.
Mischepahah, Genèse 10, 5 ; 10, 18 ; 10, 20 ; 10, 31 ; 10, 32. Certains traduisent mischepahah plutôt par le français famille,
au sens large, très large, bien entendu. Genèse 12, 3 : Et seront bénies en toi toutes les familles de la terre... Genèse 24, 38 :
Vers la maison de mon père tu iras, et vers ma tribu, we-el mischepaheti, et tu prendras une femme pour mon fils... Genèse
24, 40 : Tu prendras une femme pour mon fils en la prenant de ma tribu, mi-mischepaheti et de la maison de mon père...
Genèse 28, 14 : Et elle sera, ta semence, comme la poussière de la terre... et seront bénies en toi toutes les familles, kôl
mische-pehôt, de la terre... Le grec phulè traduit l'hébreu mateh, qui signifie d'abord la branche, le bâton, puis par dérivation
la tribu, le clan. Exode 31, 2 : Vois, j'ai appelé par son nom — dans son nom, be-schem — Celui-qui-est-à-1'ombre-de-Dieu,
hébreu be-tzale-el, fils de Ouri, qui appartient à la tribu de Juda, le-mateh iehouda, grec tes phulès iouda... Exode 31,6, qui
appartient à la tribu de Dan, le-mateh dan, grec ekphulès dan... On observe que là où l'hébreu utilise le- signe
d'appartenance, le grec traduit ek, qui indique que l'on tire un élément d'un ensemble auquel il appartient. C'est ce qui se
produit dans la traduction en grec de Apocalypse 7, 5 et suivants. Exode 35, 30 ; 35, 34 ; 38, 22 ; 38, 23 ; Lévitique 24, 11 ;
Nombres 1,4; 1, 16; 1,21 ; le-mateh reouben, ceux qui appartiennent à la tribu de Ruben, grec ek tes phulès roubèn... 1, 23,
ceux qui appartiennent à la tribu de Schiméôn, le-mateh schiméôn, grec ek tes phulès sumeôn. 1, 27 ; 1, 29 ; 1, 31 ; 1, 33 ;
etc. Le grec phulè traduit aussi l'hébreu schebet, le bâton, le bâton du berger, le bâton de celui qui commande, le sceptre, la
tribu. Exode 24, 4 : Et il a écrit, Môscheh, toutes les paroles de YHWH et il s'est levé de bon matin et il a bâti, il a construit
un autel des sacrifices, mizebeah, grec thusiastèrion, sous la montagne, et douze stèles pour les douze tribus d'Israël,
schibetei. Exode 28, 21 : Et les pierres (précieuses) seront sur les noms, al-schemôt, des fils d'Israël, douze sur leurs noms,
gravées avec le sceau chacune (des pierres) sur son nom, pour les douze tribus, schabet. Deutéronome 1, 13 ; 1, 23 ; 3, 13 ;
etc. Dans chaque tribu des fils d'Israël, Jean voit donc 12 000 hommes qui sont marqués au sceau, c'est-à-dire élus pour être
sauvés du désastre qui vient. La théorie du sceau est très importante dans les livres de la nouvelle alliance. Jean 6, 27 :
Travaillez pour acquérir non pas la nourriture qui s'en va à la perdition, mais la nourriture — le pain — qui subsiste pour la
vie de la durée éternelle à venir. Ce pain que le fils de l'homme vous donne. Celui-ci — à savoir le fils de l'homme — le
père — c'est-à-dire Dieu — l'a marqué de son sceau. Paul, seconde lettre aux chrétiens de la communauté de Corinthe,
écrite peut-être en l'année 56, 1, 18 : Il est témoin certain de la vérité, Dieu, pistos ho theos, que notre parole, celle qui vous
a été adressée, elle n'est pas le Oui et le Non ! Car le fils de Dieu, Ieschoua le oint, celui qui au milieu de vous et par nous a
été annoncé, par moi et par Silvanus et Timothée, il n'a pas été à la fois Oui et Non ! Mais c'est le Oui ! qui s'est trouvé en
lui ! Toutes les promesses de Dieu, autant qu'elles sont, c'est en lui qu'elles réalisent le Oui ! Et c'est la raison pour laquelle
par lui (le fils de Dieu, le Christ) le amèn (est dit) à Dieu, pour la gloire (de Dieu), en votre faveur ! Celui qui nous a
fortifiés avec vous dans le Christ, celui qui nous a oints (c'est) Dieu, lui qui nous a aussi scellés de son sceau et qui nous a
donné les arrhes de l'esprit, dans nos cœurs... Paul, lettre aux Ephésiens, écrite peut-être en 58, ou plus tard, 1, 13 : Le Christ
en qui vous aussi (les païens d'Éphèse), vous qui avez entendu la parole de la vérité, l'heureuse annonce de votre salut, en
qui vous avez acquis la certitude de la vérité et vous avez été scellés du sceau, par l'esprit de la promesse, l'Esprit saint, lui
qui est le gage de notre héritage... Ephésiens 4, 30 : N'attristez pas l'Esprit saint de Dieu, dans lequel (= par lequel) vous
avez été scellés du sceau, pour le jour de la rédemption... Cantique des Cantiques, 8, 6 : Pose-moi comme un sceau sur ton
cœur, comme un sceau sur ton bras... et j'ai entendu le nombre de ceux qui avaient été scellés du sceau cent quarante-quatre
mille qui ont été scellés avec le sceau de toute tribu des fils d'israël
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de la tribu de menascheh
douze mille
7, 7 de la tribu de schimeôn
douze mille
de la tribu de lewi
douze mille
de la tribu de issakar
douze mille
7, 8 de la tribu de zaboulôn
douze mille
de la tribu de iôseph
douze mille
de la tribu de beniamin
douze mille
amen
la bénédiction et la gloire et la sagesse
et la louange et l'honneur
et la puissance et la force
à notre dieu
pour les durées des durées éternelles à venir
amen
et il m'a dit
ceux-ci
ce sont ceux qui sont venus
de la grande persécution
et ils ont lavé leurs vêtements
et ils les ont rendus blancs
dans le sang de l'agneau
Dans son temple, grec naos, hébreu heikal, le temple au sens précis du terme, là où séjourne Dieu.
Celui qui est assis sur le trône les recouvre de son habitation... Ézéchiel 37, 21 : Voici que moi je vais prendre les fils
d'Israël d'entre les nations païennes où ils sont allés et je les rassemblerai des alentours et je les conduirai sur leur terre. Et je
ferai d'eux un peuple unique dans le pays, sur les montagnes d'Israël, et un roi unique sera pour eux tous le roi, et ils ne
seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Et ils ne se souilleront plus avec leurs ordures (= les
idoles)... Et je les purifierai et ils seront pour moi un peuple et moi je serai pour eux Dieu. Et mon serviteur David régnera
sur eux et il sera un berger unique pour eux tous... Et David mon serviteur (sera) prince, nasi, grec archôn, pour eux dans la
durée éternelle à venir, hébreu le-ôlam, grec eis ton aiôna. Et je conclurai avec eux une alliance de paix, berit schalôm, grec
diathèkèn eirènès, une alliance éternelle, berit ôlam, grec diathèkè aiônia, sera avec eux... Et je les multiplierai, je les
rendrai nombreux et je donnerai mon sanctuaire au milieu d'eux pour la durée éternelle à venir. Et elle sera, mon habitation,
sur eux, we-haiah mischekani aleihem, et je serai pour eux Dieu et eux ils seront pour moi un peuple. Et elles connaîtront,
les nations païennes, que moi (je suis) YHWH qui consacre et qui sanctifie Israël, dès lors que mon sanctuaire est au milieu
d'eux pour la durée éternelle à venir...
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7, 16 Ils n'auront plus jamais faim... Isaïe 49, 10 : Ils n'auront plus jamais faim et ils n'auront plus jamais soif. Ne les
frappera plus le vent brûlant du désert ni le soleil, car celui qui aura pitié d'eux les conduira, et vers des sources d'eau il les
conduira...
96
7, 17 Parce que l'agneau qui (est) au milieu du trône sera leur berger... Psaume 23, 1 : YHWH (est) mon berger...
Ézéchiel 34, 23 : Et je susciterai sur eux un berger unique et il les fera paître, mon serviteur David, c'est lui qui les fera
paître et c'est lui qui sera pour eux un berger. Et alors moi YHWH je serai pour eux Dieu, et mon serviteur David (sera)
prince, nasi, grec archôn, au milieu d'eux ! Moi YHWH j'ai parlé ! Et je conclurai avec eux une alliance de paix, berit
schalôm... Michée 5, 1 : Et toi Beit Lehem, Maison-du-Pain, Éphe-ratah, ... de toi, pour moi, sortira celui qui sera le
commandeur, le dominateur, môschel, grec archôn, sur Israël... Il fera paître dans la force de YHWH, dans la gloire du nom
de YHWH son Dieu... Une ancienne tradition enseignait que le meschiah attendu serait le berger d'Israël et qu'il ferait paître
Israël comme un berger fait paître son troupeau. L'agneau qui a été sacrifié, c'est lui le meschiah qui était attendu. Par
conséquent, l'agneau qui a été immolé, est le berger du troupeau. De nouveau, si l'on s'en tient à une pensée par images, on
obtient des rencontres d'images qui nous semblent, à nous les païens de la fin du xx e siècle, incohérentes ou saugrenues.
Mais si l'on retrouve la logique de la pensée de celui qui a composé l'Apocalypse, on découvre que son système est
cohérent. Il ne pense pas par images, il pense avec des notions théologiques qui sont connues de ceux auxquels il s'adresse.
Et il les conduira vers les sources des eaux de la vie... Psaume 23, 1 : YHWH est mon berger, je ne manquerai de rien.
Sur des prés d'herbe verte il me fait reposer, vers des eaux de repos il me conduit... Psaume 36, 6 : YHWH dans les cieux
(est) ta grâce et ta vérité (va) jusqu'aux nues ! Ta justice (elle est) comme les montagnes de Dieu ! Ton jugement (c'est) le
grand abîme ! L'homme et le bestiau, adam wou-behemah, tu les sauves, YHWH ! Combien elle est précieuse, ta grâce,
Dieu ! Et les fils de l'homme, à l'ombre de tes ailes, ils s'abritent !... Car auprès de toi (se trouve) la source de vie, ki immeka
meqôr haiim, grecpègè zôès, dans ta lumière nous voyons la lumière ! Psaume 42, 1 : Comme la biche est haletante après les
cours d'eau, ainsi mon âme est haletante après toi — vers toi — Dieu ! Elle a soif, mon âme, de Dieu, du Dieu vivant... Joël
4, 18 : Et il adviendra en ce jour-là... Et une source de la maison de YHWH sortira, hébreu maeian, grec pègè. Jérémie 2, 13
: Moi, ils m'ont abandonné (moi qui suis) source d'eaux de vie, meqôr maïm haiim, grec pègèn hudatos zôès... Jérémie
17,13: Tous ceux qui t'ont abandonné seront dans la honte... Parce qu'ils ont abandonné la source des eaux de la vie, meqôr
maïm haiim, grec pègèn zôès, YHWH ! Jean 4, 13 : Tout homme qui boira de cette eau-ci aura soif de nouveau. Mais celui
qui boira de l'eau que moi je lui donnerai, il n'aura plus soif dans la durée éternelle qui vient, mais l'eau que je lui donnerai
sera en lui une source d'eau jaillissante dans la vie éternelle ou pour la vie éternelle...
La construction du texte grec de Apocalypse 7, 17 kai odègèsei autous epi zoèspègas hudatôn, est tout à fait anormale. Et il
essuiera, Dieu, toute larme... Isaïe 25, 8 : Et il effacera, le seigneur YHWH, (toute) larme de toutes les faces, me-al kôl panim,
71
97
8, 3 Et il s'est approché de l'autel, il tenait dans sa main un encensoir d'or et on lui a donné beaucoup d'encens
aromatique... Exode 30, 1 : Et tu feras l'autel de la fumigation de l'encens, mize-beah miqetar qetôret, grec thusiastèrion
thumiamatos... Exode 30, 7 : Et il fera fumer sur lui (sur l'autel des fumigations), Aharôn, l'encens des parfums au matin (=
chaque matin) lorsqu'il préparera les lampes, il le fera fumer.
L'encens des parfums, hébreu qetôret sammim, grec thumiama suntheton. Exode 30, 8 : Et lorsqu'il fera monter, Aharôn,
les lampes, entre les deux soirs, il le fera fumer, encens perpétuel, qetôret tamid, devant la face de YHWH... Exode 30, 34 :
Prends pour toi des aromates, hébreu sammim ... Et tu en feras de l'encens, hébreu qetôret, grec thumiama, ouvrage de
parfumeur, pur et saint, tahôr qôdesch, grec katharon hagion... La fumigation et l'élévation de l'encens aromatique est
évidemment en relation avec la prière. Non seulement cette fumigation de l'encens représente la prière d'Israël qui s'élève
dans le temple, mais en réalité elle est la prière d'Israël. Ce n'est pas simplement une représentation externe ou figurée. C'est
une réalité ontologique qui comporte une représentation ou une manifestation physique. Psaume 141, 1 : YHWH, j'ai crié
vers toi, hâte-toi (de venir) à moi ! Tends ton oreille à ma voix lorsque je crie vers toi ! Qu'elle soit réellement, ma prière
(comme) l'encens devant ta face, l'élévation des paumes de mes mains, l'offrande du soir !
La prière, hébreu tephilah, grec proseuchè. L'encens, hébreu qetôret, grec thumiama. La prière qui s'élève vers Dieu,
c'est l'encens qui s'élève vers Dieu. L'encens qui s'élève vers Dieu, c'est la prière qui s'élève vers Dieu. La sainte liturgie du
Temple n'est pas seulement un exercice symbolique. C'est la réalité de la prière d'Israël qui s'exprime et qui se manifeste
physiquement dans la sainte liturgie du Temple. Le lecteur observe de nouveau que la pensée de l'auteur de l'Apocalypse se
développe constamment à l'intérieur du Temple de Jérusalem, à l'intérieur de la sainte liturgie du Temple de Jérusalem, à
laquelle il emprunte constamment ses moyens d'expression. Il n'est donc pas saugrenu de se demander si l'auteur de
l'Apocalypse n'aurait pas appartenu lui-même au personnel du Temple de Jérusalem. Il n'y a bien entendu dans l'Apocalypse
aucune allusion à une destruction passée du Temple de Jérusalem, pour une raison simple, c'est que l'Apocalypse a été écrite
avant la destruction du Temple de Jérusalem. Mais il existe dans l'Apocalypse, nous allons y venir, une annonce de la
destruction future de Jérusalem.
Hina dôsei tais proseuchais ton hagiôn... Impossible en grec naturel, de quelque manière que l'on tourne ou que l'on
retourne la phrase. Nous conjecturons : On lui a donné beaucoup d'encens, pour qu'il les offre sur l'autel d'or des
fumigations d'encens... Avec une incise : cet encens, ce sont les prières des saints, de tous les saints...
Apocalypse 5, 8 : Et lorsqu'il a pris le rouleau du livre, les quatre vivants et les vingt-quatre anciens sont tombés (sur
leurs faces) devant la face de l'agneau. Ils tenaient chacun une cythare et des vases d'or remplis d'encens aromatique : ce
sont les prières des saints. Même difficulté insurmontable Apocalypse 8, 4 : Et elle est montée la fumée des encens... de la
main du messager, devant la face de Dieu. De nouveau nous conjecturons l'incise, qui était déjà dans le texte hébreu, ou qui
a été introduite dans le texte de la traduction grecque : ce sont les prières des saints.
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de la main du messager
devant la face de dieu
et il y a eu de la grêle
et du feu mélangé dans du sang
et cela fut jeté sur le pays
et le tiers du pays a été brûlé
et le tiers des arbres a été brûlé
et toute herbe verte a été brûlée
au milieu du ciel
et il disait d'une voix puissante
oï le-rascha, grec : ouai tô anomô... Isaïe 5 , 8 : Hoï celui qui fait se toucher maison à maison, champ à champ ils
rapprochent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place et jusqu'à ce que vous restiez tout seuls au milieu du pays... Grec : Ouai hoi
sunaptontes... Isaïe 5, 11 : Hoï ceux qui se lèvent tôt le matin, ils sont à la poursuite de la boisson enivrante... Grec : Ouai
hoi egeiromenoi to prôi... Isaïe 5, 18 ; 5, 20 : Hoï ceux qui disent au mal : c'est bien ! et au bien : c'est mal ! Grec : Ouai hoi
legontes... Isaïe 5, 21 : Hoï les sages à leurs propres yeux... Grec : Ouai hoi sunetoi en heautois... Isaïe 5, 22 : Hoï les héros
pour boire du vin... Grec : Ouai hoi ischuontes humôn... Isaïe 10, 1 : Hoïceux qui décrètent des décrets de crime... Grec :
Ouai tois graphousin... Isaïe 10, 5 : Hoï Aschour (= Assur) le bâton de ma fureur... Grec : Ouai Assuriois, datif. Isaïe 17,
12 : Hoï ! Une foule de peuples nombreux, comme nombreux... Grec : Ouai plèthos ethnôn pollôn... Isaïe 30, 1 : Hoï fils
rebelles... Grec : Ouai tekna apostatai... Isaïe 31,1: Hoï ceux qui descendent en Égypte pour (y chercher) du secours...
Grec : Ouai hoi katabainontes eis Aigupton... Jérémie 13, 27 : oï à toi, oï lak, Ierouschalaïm... Grec : Ouai soi Ierousalèm...
Ézéchiel 2, 9 : Et j'ai regardé et voici qu'une main était étendue vers moi et voici qu'en elle (il y avait) un rouleau de livre,
hébreu megillat sepher. Et il l'a déroulé devant ma face, et lui il était écrit côté face, hébreu panim, et derrière, we-ahôr. Et
ce qui était écrit dessus (c'étaient) plaintes, gémissements et hi, grec îhrènos kai melos kai ouai. Ézéchiel 7, 26 : Hôwah sur
hôwah va venir, et nouvelle sur nouvelle... Grec : Ouai epi ouai... Ézéchiel 13, 3 : Hoï sur les prophètes imbéciles qui vont à
la suite de leur propre esprit et qui n'ont rien vu du tout ! Grec : Ouai tois prophèteuousin apo kardias autôn... Ézéchiel 16,
23 : Oï oï à toi, oï oï lak, oracle du seigneur YHWH... Grec : ouai ouai soi... Ézéchiel 24, 6 : Oï ville des sangs, oï ir ha-
damim, grec ô polis aimatôn... Ézéchiel 24, 9 : Oï ville des sangs... Oï ir ha-damim... Grec ouai polis ton aimatôn... La
simple transcription en caractères grecs de la vieille expression hébraïque oï ou hoï se retrouve dans Matthieu 11, 21 : Ouai
à toi Chorazin... Ouai à toi Bethsaïda... Matthieu 18, 7 : Ouai au monde de la durée présente à cause des obstacles qui font
buter et tomber les petits... Matthieu 23, 13 : Ouai à vous les sôpherim et les perouschim... Matthieu 23, 15 ; 23, 16 ; 23, 23 ;
23, 25 ; 23, 27 ; 23, 29 ; ... Matthieu 24, 19 : Ouai à celles qui auront dans le ventre et à celles qui allaiteront dans ces jours-
là... Matthieu 26, 24 : Ouai à cet homme par qui le fils de l'homme est livré... Marc 13, 17 ; 14, 21 ; Luc 6, 24 ; etc. La
transcription en caractères grecs ouai des mots hébreux oï ou hoï n'existait évidemment pas en grec naturel. C'est une
composition phonétique faite pour transcrire un mot hébreu, soit dans la traduction grecque de la Bibliothèque hébraïque,
soit dans la traduction grecque des Évangiles, soit, ici, dans la traduction grecque de l'Apocalypse. On retrouve cette
transcription en caractères grecs d'un mot hébreu dans Épictète, Entretiens III, 19. Épictète est né aux environs de l'année 50
de notre ère à Hiérapolis, toute proche de Colosses et de Laodicée. Jean dans l'Apocalypse n'écrit pas de lettre à la
communauté chrétienne de Hiérapolis ni à celle de Colosses. C'est vraisemblablement — c'est l'hypothèse la plus simple —
parce que lorsqu'il a écrit l'Apocalypse, ces communautés chrétiennes n'existaient pas encore. Épictète était esclave, peut-
être fils d'esclave. Il est vendu à un affranchi de Néron, qui s'appelait Épaphrodite. Flavius Josèphe offre son grand ouvrage,
Les Antiquités, à un certain Épaphrodite, Autobiographie, 430. Est-ce le même ? C'est la question. Cet Épaphrodite était-il
d'origine judéenne ? C'est aussi une question. En 94 peut-être, Épictète s'exile à Nicopolis. Il est mort entre 125 et 130. Les
Entretiens ont été publiés par Arrien, après la mort d'Épictète, donc peu après 130 de notre ère. Épictète s'intéresse à des
questions concernant la nourriture, chez les Judéens, les Syriens, les Égyptiens, les Romains, Entretiens I, II. Il cite de
mémoire des psaumes hébreux et peut-être le livre de Job, Entretiens I, 29, 48. Il s'intéresse à la différence entre un Judéen,
un stoïcien, un Grec, Entretiens II, 9, 19. Il dit même : Kai hèmeis parabaptistai logô men ioudaioi ergô d'allo ti... Il connaît
fort bien les chrétiens qu'il appelle des galilaioi, Entretiens IV, VII, 6. Et il dit de Dieu qu'il est créateur, qu'il a tout créé,
hoti ho theospanta pepoièken, tout ce qui est dans l'univers et l'univers lui-même, ta en tô kosmô kai auton ton kosmon. En
sorte qu'il est finalement permis de se demander si Épictète n'était pas issu d'une famille judéenne. Quoi qu'il en soit de ce
point, ce qui est certain c'est qu'il a connu depuis son enfance les communautés judéennes et les communautés chrétiennes.
Si donc il connaît la transcription ouai de l'hébreu hoï, il n'y a pas lieu de s'en étonner. Dans notre texte Apocalypse 8, 13 la
triple transcription en caractères grecs ouai ouai ouai est suivie de l'accusatif tous katoi kountas epi tes gès, ceux qui
habitent dans le pays. Nous avons vu des exemples de cas où l'hébreu hoï est suivi d'une construction telle, qu'elle est
rendue par un nominatif dans la traduction grecque.
A cause des autres voix du schôphar... Grec ek ton loipôn phônôn... Hébreu probable min ou mipenei.
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9, 6 et en ces jours-là
ils chercheront les hommes la mort
et ils ne la trouveront pas
et ils désireront de mourir
et elle s'enfuira la mort loin d'eux
des quatre et leur apparence et leur structure (construction), c'était comme si une roue était au milieu d'une (autre) roue...
Ézéchiel 1, 26 : Et par-dessus la surface solide et dure qui était sur leurs têtes, il y avait comme l'apparence, ke-mareeh, grec
hôs orasis, d'une pierre de saphir, une forme de trône, demout kisse, grec homoiôma thronou, et sur la forme du trône, we-al
demout ha-kisse, grec epi tou homoiômatos tou thronou, (il y avait) une forme, demout, grec homoiôma, comme une
apparence d'homme, ke-mareeh adam, grec hôs eidos enthrôpou... Il est donc très vraisemblable que le grec ta homoiômata
de Apocalypse 9, 7 traduit l'hébreu demout.
C'était comme des chevaux... Le grec homoios traduit l'hébreu ke ou kemô. Exode 15,11: Qui est comme toi, mi
kamôkah, grec tis homoios soi, parmi les dieux, YHWH ? Qui est comme toi, mi kamôkah, grec tis homoios soi... Juges 8,
18 ; Comme toi comme eux, chacun, kamôka kemôhen ehad, grec hôsei su homoios soi homoios autôn... 1 Samuel 10, 24 :
Est-ce que vous avez vu celui qu'il a choisi, YHWH ? C'est qu'il n'y a personne comme lui, ein kamôhou, grec ouk estin
auto homoios, dans tout le peuple... 2 Samuel 9, 8 : Qu'est-ce que ton serviteur pour que tu aies tourné ta face vers le chien
mort qui (est) comme moi, ascher kamôni, grec ton homoion émoi... 1 Rois 3, 12 : Voici que j'ai fait comme ta parole
(comme ce que tu as demandé). Voici que je t'ai donné un cœur sage et intelligent qui est tel que, ascher, comme toi il n'y en
a pas eu avant toi, ascher kamôka lô haiah lephaneika, grec hôs su, et après toi il ne s'en lèvera pas comme toi, kamôka,
grec homoios soi... Joël 2, 1 : Sonnez du schôphar dans Sion et poussez la clameur sur ma montagne sainte ! Qu'ils
tremblent tous les habitants du pays, car il est venu le jour de YHWH, parce qu'il est proche ! Jour de ténèbres et
d'obscurité, jour de nuée et de brouillard comme du noir répandu sur les montagnes. Un peuple nombreux et puissant.
Comme lui, kamôhou, grec homoios auto, il n'en a pas existé depuis la durée indéfinie du passé, min-ha-ôlam, grec apo tou
aiônos, et après lui il ne continuera pas d'en avoir... Devant sa face, c'est le feu qui dévore... Comme un jardin d'Éden, le
pays, (il était) devant sa face, et après lui, (c'est) un désert, une désolation. Comme l'apparence des chevaux (est) son
apparence, comme des cavaliers, c'est ainsi qu'ils courent... Comme la voix des chars, sur la tête des montagnes, ils
bondissent ! Comme la voix de la flamme du feu qui dévore la paille ! Comme un peuple puissant rangé pour la bataille !
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9, 11 Son nom à lui en hébreu (c'est) abaddôn et en langue grecque son nom c'est apolluôn... Le verbe hébreu abad,
kal parfait abad, signifie errer de-ci, de-là, être égaré, être perdu, se perdre, être ruiné. A la forme piel parfait, conduire à sa
79
frappé ascher iakouhou, les Araméens... Grec : apo ton plègôn... Jérémie 30, 17 : Et des coups que tu as reçus, mi-makôtaik,
grec apo pièges, je te guérirai... Il est possible aussi que le apo de l'expression apo ton triôn plègôn recouvre l'hébreu
miliphenei, de devant la face de, à cause de...
112
9, 20 Et le reste des hommes... Grec oi loipoi, hébreu schear au singulier, 1 Chroniques 16, 41.
Qui n'ont pas été tués par ces fléaux, grec en tais plègais tautais, hébreu be, dans — par.
Ils ne se sont pas repentis des œuvres de leurs mains... Hébreu : mi-maasei iedeihem...
Les idoles en or... Psaume 115,3 : Notre Dieu (est) dans les cieux. Tout ce qu'il veut, il le fait. Leurs idoles, hébreu
atzabeihem, grec ta eidôla ton ethnôn, (c'est) de l'argent et de l'or, des fabrications des mains de l'homme, maaseh iedei
adam. Une bouche (est) à elles, et elles ne parlent pas. Des yeux (sont) à elles et elles ne voient pas. Des oreilles (sont) à
elles et elles n'entendent pas. Un nez (est) à elles et elles ne reniflent pas. Des mains (sont) à elles et elles ne palpent pas, des
pieds et elles ne marchent pas... Comme elles que deviennent ceux qui les fabriquent, tout (homme) qui met sa confiance en
elles... Psaume 135, 15 : Les idoles des nations païennes, atzabei ha-goïm, grec ta eidôla ton ethnôn, (c'est) de l'argent et de
l'or, fabrication des mains de l'homme. Une bouche à elles et elles ne parlent pas ! Des yeux à elles et elles ne voient pas !
Des oreilles à elles et elles n'entendent pas !... Le grec eidôlon traduit plusieurs mots hébreux, elil, giloulim, pesilim, etc.
113
9, 21 Et ils ne se sont pas repentis de leurs meurtres ni de leurs sortilèges... Exode 7, 11 : Alors il a appelé aussi,
Pharaon, les savants et les sorciers, hébreu mekaschephim, du verbe kaschaph, piel kis-cheph, participe mekascheph, grec
pharmakous, et ils ont fait aussi, les magiciens d'Égypte, avec leurs sorcelleries, hébreu be-lahateihem, grec tais
pharmakeiais... 2 Rois 9, 22 : Quoi la paix, jusqu'à ce que (continuent = tant que continuent) les prostitutions de Iezabel ta
mère et ses sorcelleries, hébreu zenounei, les prostitutions, grec por-neiai, et keschaphim, les sorcelleries, du verbe
kaschaph, grec ta pharmaka. Nous avons noté précédemment que les prostitutions, la prostitution, dans la tradition du
prophétisme hébreu, s'entend principalement de la prostitution principale, à savoir celle de l'esprit qui se détourne de l'Être
pour se prosterner devant le néant, à savoir le culte des divinités païennes, l'idolâtrie. C'est le cas ici aussi.
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du septième messager
lorsqu'il va sonner du schôphar
alors sera accompli le [dessein] secret de dieu
comme il en a annoncé l'heureuse nouvelle
à ses serviteurs les prophètes
prends et mange-le
il va te rendre amer ton ventre
mais dans ta bouche
il sera doux comme du miel
tout autour, pour annoncer l'heureuse nouvelle, le-basser, grec tou euaggelisasthai, à leurs idoles, hébreu et-atzabeihem,
accusatif, grec tois eidôlois, datif, et au peuple, hébreu we-et ha-am, accusatif, grec kai tô laô, datif. Isaïe 61, 1 : L'esprit du
seigneur YHWH (est) sur moi parce qu'il m'a oint, maschah, YHWH, pour annoncer l'heureuse nouvelle aux pauvres, le-
basser anawim, grec euaggelisasthai ptôchois, datif, il m'a envoyé... Par conséquent notre traducteur du texte hébreu de
l'Apocalypse a traduit plus fidèlement, plus exactement, plus littéralement, certains diront plus servilement, son texte
hébreu, que les inconnus qui avait traduit avant lui les textes hébreux de la sainte Bibliothèque hébraïque, puisque ceux-ci
avaient adapté la construction aux exigences de la langue grecque, tandis que notre traducteur, lui, laisse l'accusatif comme
en hébreu. Jérémie 20, 15 : Maudit (soit) l'homme qui a annoncé à mon père, ascher bissar et-abi, accusatif, grec ho
euaggelisamenos tô patri mou, datif, en disant : il t'est né un fils mâle !
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10, 8 De nouveau elle a parlé avec moi et elle a dit... Parler avec, expression hébraïque. Genèse 31, 29 : Garde-toi
bien de parler avec Jacob, mi-dabber im-iaaqôb, grec meta. Deutéronome 5, 4 : Face à face il a parlé, YHWH, avec vous sur
la montagne du milieu du feu, panim be-panim dibber YHWH immakem... Grec, pros humas, en s'adressant à vous. Les
traducteurs n'ont pas traduit le im hébreu par le mot grec qui signifie avec. Nous avons noté plusieurs fois, déjà, dans notre
traduction de l'Évangile de Jean, et ici, que les anciens traducteurs de la Bible hébraïque en grec avaient coutume de rendre
un verbe hébreu à l'indicatif par un participe grec. Les traducteurs des livres de la nouvelle alliance ont fait de même. C'est
le cas ici. Il faut donc rétablir ou restaurer des verbes à l'indicatif. Le P. Allô observe justement que le participe grec
legousan est en désaccord avec phônè !
120
10, 9 Prends et mange-le... Ézéchiel 2, 8 : Et toi fils d'homme, ben adam, écoute ce que moi je te dis... Ouvre ta bouche
et mange ce que je vais te donner. Et alors j'ai vu et voici qu'une main était étendue vers moi et voici qu'en elle (il y avait) un
rouleau de livre, megillat sepher, grec kephalis bibliou. Et il l'a déroulé devant ma face et lui il était écrit devant, panim, et
derrière, we-ahôr. Et il y avait écrit dessus des complaintes et des gémissements et des hoï ! Grec ouai ! Ézéchiel 3, 1 : Et il
m'a dit : Fils d'homme, ben adam, ce que tu trouves, mange-le ! Mange ce rouleau, et-ha-megillah ha-zôt, grec tèn kephalida
tautèn, et va ! Parle à la maison d'Israël ! Alors j'ai ouvert ma bouche et il m'a fait manger ce rouleau. Et il m'a dit : fils
d'homme, ton ventre qu'il mange, et tes entrailles qu'elles se remplissent de ce rouleau que moi je te donne ! Et alors moi je l'ai
mangé et il a été dans ma bouche comme du miel pour ce qui est de la douceur. Et il m'a dit : Fils d'homme, va, viens vers la
maison d'Israël et tu parleras dans mes paroles, bi-debarai, en t'adressant à eux...
Il va te rendre amer le ventre... Grec pikrainein, hébreu marar, kal parfait mar, marah, être amer, Jérémie 4, 18. Piel
imparfait amarer, rendre amer, Exode 1, 14. Hiphil parfait hemar, rendre amer, Job 27, 2, hemar napheschi, il a rendu amère
mon âme, grec ho pikranas mou tèn psuchèn. Ruth 1, 20 : Et elle leur a dit : Ne m'appelez plus naômi, ma grâce, appelez-
moi mara, amère, grec pikran, parce qu'il m'a donné de l'amertume, ki hemar li, grec hoti epikranthè en émoi, Schaddaï, à
l'excès...
86
prophétiser plus exactement ce qui s'est passé vingt-cinq ans plus tôt et que tout le monde connaît ? Pourquoi cette
imprécision dans le texte de l'Apocalypse ? Pourquoi ce vague ? Puisqu'il vient de parler du Temple de Dieu, naos tou
theou, pourquoi ne pas nous dire qu'il sera mis à feu puisque, de fait, l'auteur de l'Apocalypse est supposé le savoir, s'il écrit
en 95 ou 96 ?
123
11, 3 Et je donnerai à mes deux témoins et ils prophétiseront... Construction hébraïque. Le verbe grec didonai
traduit le verbe hébreu natan, donner, c'est le cas le plus fréquent. Mais il traduit aussi le verbe hébreu sim, kal parfait sam,
imparfait iasim, placer, poser, instaurer, ériger, disposer, etc.
Flavius Josèphe, Histoire de la guerre des Judéens contre les Romains, VI, 300 : « Mais il y a eu plus terrible encore. Un
homme appelé leschoua, grec lèsous, fils d'Ananias, un homme simple, un campagnard, quatre ans avant la guerre (nous
sommes donc en 62, puisque la guerre a commencé en 66) — la Ville ( = Jérusalem) était tout à fait tranquille et tout allait
bien — il est venu à la fête dans laquelle la coutume veut que l'on construise des huttes de branchages (Soukkôth) pour
Dieu. Et contre le Temple tout d'un coup, subitement, il s'est mis à crier : Voix de l'Orient ! Voix de l'Occident ! Voix des
quatre vents ! Voix contre Jérusalem et contre le Temple (ici naos, qui recouvre l'hébreu heikat) ! Voix contre les jeunes
mariés, numphious, hébreu hatan, et contre les jeunes épousées, numphas, hébreu kallah ! Voix contre tout le peuple ! Voilà
ce qu'il criait, jour et nuit, dans toutes les ruelles qu'il parcourait en criant. Certains... exaspérés par ces paroles de malheur
ont arrêté l'homme et l'ont frappé de multiples coups. Mais lui, il ne disait pas un mot pour lui-même ni à ceux qui le
battaient. Il continuait à crier les mêmes paroles qu'auparavant. Alors ils ont pensé, les chefs, ceux qui possèdent l'autorité,
archontes, qu'il était possédé d'un esprit mauvais, cet homme qui s'agitait ainsi, et ils l'ont conduit de force vers celui qui
était, chez les Romains, le gouverneur. Là il a été battu avec des fouets jusqu'aux os. Il n'a pas supplié, il n'a pas pleuré, mais
d'une voix plaintive... à chaque coup il répondait : Hoï Hoï li-ierouschalaïm ! (Jérémie 13, 27 : Oi'àtoi, Ierouschalaïm...).
Albinus lui a demandé — c'était lui le gouverneur — qui il était, d'où il venait et pourquoi il criait cela. A ces questions, il
n'a pas répondu un mot, mais il n'a pas cessé de dire sa lamentation sur la Ville. Alors Albinus a pensé qu'il était fou et il l'a
fait relâcher. Et lui, l'homme, jusqu'aux temps du début de la guerre (= en 66) il ne s'est pas adressé à l'un de ses concitoyens
et personne ne l'a vu parler, mais chaque jour, comme une prière, avec application, il répétait sa lamentation : Hoï Hoï li-
ierouschalaïm ! Ceux qui le battaient chaque jour, il ne les maudissait pas. Et ceux qui lui donnaient à manger, il ne les
remerciait pas... C'est surtout pendant les fêtes qu'il criait. Et cela a duré sept ans et cinq mois, il a continué à dire cela...
Lorsqu'il a vu les travaux du siège (de la Ville par l'armée romaine), alors il s'est tu... Car tandis qu'il faisait le tour des
remparts (de Jérusalem), il criait de nouveau : Hoï hoï contre la Ville et contre le peuple et contre le Temple ! Pour finir il a
ajouté : Hoï Hoï contre moi aussi ! Une pierre jetée par une machine romaine l'a frappé, et l'a tué d'un seul coup. Il a rendu
l'âme alors qu'il continuait encore à prononcer ces oracles... »
La différence entre le grec de l'œuvre de Flavius Josèphe, qui est une traduction faite par des amis, comme il nous le dit
lui-même {Contre Apion I, 50), à partir de son manuscrit hébreu, et non araméen (la langue écrite était l'hébreu ; l'araméen
était la langue des campagnes, la langue du petit peuple ; Joseph était un Judéen et un homme fort instruit, comme il se plaît
à le rappeler) — la différence entre le grec de cette traduction de l'original hébreu, et le grec de la traduction grecque de
toute la Bibliothèque hébraïque, ainsi que le grec des Évangiles — c'est que les traducteurs de la sainte Bibliothèque
hébraïque ont suivi pas à pas, mot à mot, leur texte hébreu, parce que c'est un texte sacré, un texte inspiré, et qu'il n'est pas
permis d'y changer un seul mot ; de même pour la traduction en langue grecque des documents qui ont donné nos Évangiles.
Tandis que, à juste titre, les amis de Flavius Josèphe n'ont pas considéré son texte comme un texte sacré. Ils ont donc traduit
sans s'astreindre à suivre leur texte original en hébreu pas à pas, mot à mot. Ils ont fait une traduction littéraire, et non
littérale.
Après la mort du procurateur Porcius Festus, qui arrive en Judée en l'année 60 pour succéder à Félix, c'est donc Lucceius
Albinus qui remplace Porcius Festus. Entre la mort de Festus et l'arrivée d'Albinus, le grand prêtre Hanan, fils du grand
prêtre Hanan dont il est fait mention Jean 18, 13 ; Luc 3, 2 ; fait mettre à mort Jacques, celui qui est appelé le frère du
Seigneur, Galates 1, 19. Eusèbe, Histoire ecclésiastique, II, 23 : « Ils l'ont fait venir au milieu d'eux. Et ils lui ont demandé
de nier la certitude de la vérité du Christ... Lui au contraire il a affirmé publiquement qu'il est le fils de Dieu, le sauveur,
notre seigneur Jésus. Ils n'ont pas pu supporter l'attestation, tèn mar-turian de (Jacques)... Ils ont profité de l'anarchie qui a
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suivi la mort de Festus et ils ont tué Jacques... » Eusèbe cite un fragment d'Hégésippe : « Le frère du Seigneur, Jacques, qui
par tous est appelé le juste depuis les temps du Seigneur jusqu'à nous... Nombreux étaient ceux qui étaient appelés Jacques.
Celui-ci, depuis le ventre de sa mère, il était consacré, hagios = nazir. Du vin et des boissons fermentées, il n'en buvait pas,
et il ne mangeait rien qui ait été animé, empsuchon. Le rasoir n'est pas monté sur sa tête... A lui seul il était permis d'entrer
dans le saint des saints. Il ne portait pas de vêtement de laine, mais seulement des vêtements de lin, sindonas. Et lui seul il
entrait dans le Temple, eis ton naon. A genoux il demandait le pardon, aphesin, pour le peuple. Ses genoux étaient devenus
calleux comme ceux du chameau parce qu'il était toujours à genoux, prosterné devant Dieu et demandant le pardon pour le
peuple... » Jacques a été précipité du haut du Temple, tué à coups de pierres et achevé à coups de massue.
Nous ne disons pas que Apocalypse 11,3 fait certainement allusion à ces deux cas que nous connaissons. Mais nous
disons qu'il est possible que notre texte de l'Apocalypse y fasse allusion, et si ce n'est pas de ces deux cas qu'il s'agit, ce
peuvent être des cas analogues ou comparables. S'il s'agissait de Ieschoua fils de Ananias et de Iaaqôb, le frère du Seigneur,
dans ce cas notre Apocalypse serait datée après l'année 62.
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11, 4 Ce sont eux les deux oliviers... Zacharie 4, 1 : Et il est revenu le messager qui parlait en moi, bi, grec en emoi, et
il m'a réveillé comme un homme qui s'éveille de son sommeil. Et il m'a dit : Qu'est-ce que tu vois ? Et j'ai dit : j'ai vu et
voici un candélabre en or, menorat zahab, grec luchnia chrusè, tout entier, et une ampoule d'huile, hébreu goullah, sur sa
tête et ses sept lampes sur lui... Et deux oliviers auprès de lui, l'un à la droite de l'ampoule à huile et un (autre) à sa gauche.
Alors j'ai répondu et j'ai dit au messager qui parlait en moi, bi, grec en emoi, et j'ai dit : Qui (sont) ceux-ci mon seigneur ? Et
il a répondu, le messager qui parlait en moi et il m'a dit : Est-ce que tu ne sais pas qui sont ceux-ci ? Et j'ai dit : Non, mon
seigneur. Et il a répondu et il m'a parlé pour dire : Voici une parole de YHWH (adressée) à Zorobabel pour dire : Non par
l'armée ni par la force mais seulement par mon esprit ! Il a dit YHWH des armées, YHWH tzebaôt, grec legei kurios
pantokratôr... Zacharie 4, 11 : Et j'ai répondu et je lui ai dit : Que (sont) ces deux oliviers à droite du candélabre et à sa
gauche ? Et j'ai répondu une deuxième fois et je lui ai dit : Que sont les deux épis des oliviers qui (sont) dans la main des
deux tubes en or, qui déversent, venant des deux épis des oliviers, l'or (l'or de l'huile) ? Et il m'a parlé pour dire : Est-ce que
tu ne sais pas qui (ils sont) ceux-ci ? Et j'ai dit : Non, mon seigneur. Et il a dit : Ceux-ci (ce sont) les deux fils de l'huile
fraîche qui se tiennent debout auprès du seigneur de toute la terre...
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11, 5 Du feu sort de leur bouche... 2 Samuel 22, 9 : Elle est montée, une fumée, à sa narine, et un feu de sa bouche
(est sorti), qui dévorait... 2 Rois 1, 10 : Et si je suis un homme de Dieu, moi, qu'il descende, un feu, du haut des cieux et qu'il
te dévore... Et il est descendu, un feu, du haut des cieux et il l'a dévoré... Jérémie 5, 14 : C'est pourquoi ainsi a parlé YHWH
Dieu des armées, elohei tzebaôt, grec kurios pantokratôr, parce que vous avez dit cette parole, me voici qui donne mes
paroles dans ta bouche pour être du feu, hébreu le-esch, en grec pur simplement, et ce peuple (sera comme) des morceaux
de bois, et il les dévorera. Psaume 97, 3 : YHWH règne ! Qu'elle exulte de joie la terre ! Qu'elles se réjouissent les îles
nombreuses ! Un nuage et une nuée tout autour de lui ! La justice et le jugement (sont) le fondement de son trône. Un feu
devant sa face s'avance et il dévore tout autour ses ennemis. Ils illuminent, ses éclairs, la terre habitée, hébreu tebel, grec tè
oikoumenè. Elle l'a vu et elle a été ébranlée, la terre. Les montagnes, comme de la cire, ont fondu devant la face de YHWH,
devant la face du Seigneur de toute la terre...
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11, 6 A ceux-ci appartient le pouvoir de fermer les cieux en sorte qu'il ne pleuve pas... 1 Rois 17, 1 : Et il a dit,
Eliiahou de Tisbeh en Galaad, en s'adressant à Achab : Il est vivant, YHWH Dieu d'Israël, que je me tiens devant sa face,
ascher amadeti lephanaiô ( = devant la face de qui je me tiens...) ! S'il y a, ces années-ci, de la rosée et de la pluie, hébreu
matar, grec huetos, si ce n'est à la bouche de ma parole, ki im le-phidebarai (— si ce n'est à l'ordre de ma bouche...) ! 1 Rois
17, 7 : Et il advint, au bout de (plusieurs) jours, il se dessécha le torrent, car il n'y avait plus de pluie, hébreu geschem, grec
huetos, dans le pays, ba-aretz, grec epi tes gès.
La puissance sur les eaux, de les changer en sang... Exode 7, 17 : Ainsi a parlé YHWH : C'est en ceci que tu connaîtras
que moi (je suis) YHWH : Voici que moi je vais frapper avec le bâton qui est dans ma main sur les eaux qui (sont) dans le
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de la grande ville
celle qui est appelée en langage spirituel
sodome et égypte
là où leur seigneur aussi
a été cloué sur la croix
psuchikos anthrôpos, ne reçoit pas ce qui vient de l'esprit de Dieu, pour lui c'est stupide, et il ne peut pas connaître, parce
que c'est spirituellement, pneumatikôs, que l'on en juge... Comme on peut le constater, de nouveau, Paul parle le même
langage que Jean de Patmos.
Qui est appelée par l'esprit Sodome... Isaïe, 1,1: Vision, hébreu hazôn, grec horasis, de Ieschaiahou, fils d'Amotz, qu'il a
vue, hébreu ascher hazah, grec hèn eiden, contre Juda, al-iehoudah, grec kata tes ioudaias, et (contre) Jérusalem, aux jours
d'Ozias, de Jotham, d'Achaz et d'Ézéchias, rois de Juda, malekei iehoudah, grec hoi ebasileusan tes ioudaias... On observe
en passant que pour traduire Juda, le pays de Juda, les traducteurs en langue grecque utilisent ioudaia, la Judée. Même
système de traduction dans les Évangiles de Jean et de Matthieu, de Luc et de Marc, et dans les Actes. Nous rappelons une
fois de plus que les ioudaioi, ce sont les Judéens, les habitants de la Judée, grec ioudaia, c'est-à-dire le pays de Juda.
L'expression ioudaia n'est pas utilisée par l'Apocalypse. Isaïe 1,4: Hoi nation criminelle, peuple lourd de faute, semence de
malfaiteurs, fils corrompus ! Ils ont abandonné YHWH, ils ont méprisé le saint d'Israël... Votre pays (est) dévastation, vos
villes (sont) brûlées (par le) feu... Et elle est restée, la fille de Sion, comme une hutte dans une vigne... Si YHWH des
armées ne nous avait laissé une semence, une souche, une racine, hébreu sarid, grec sperma, pour un peu comme Sodome
nous serions, et à Gomorrhe nous serions semblables... Isaïe 1, 10 : Écoutez la parole de YHWH, vous les dirigeants de
Sodome ! Prêtez l'oreille à l'instruction, torah, de notre Dieu, peuple de Gomorrhe ! Le prophète Isaïe appelle donc
Jérusalem Sodome et Gomorrhe. C'est un système constant, dans la vieille tradition prophétique hébraïque, que de désigner
telle ville, par exemple Jérusalem, par un autre nom. L'auteur inconnu du conte prophétique, ou de l'histoire prophétique,
que nous appelons le livre de Jonas, a utilisé cette technique. Ninive la capitale de l'Assyrie avait été détruite en 612 avant
notre ère, par une coalition constituée de Mèdes, de Babyloniens, de Scythes. En 597 avant notre ère les Babyloniens
attaquent Jérusalem qui tombe en mars 597. Nabuchodonosor campe de nouveau devant Jérusalem et fait le siège de la ville
entre janvier 587 et juillet 586. La ville est prise en 586 selon Parrot, en 587 selon Edouard Dhorme. Jérusalem est détruite,
brûlée, les remparts démolis. En 539 avant notre ère les armées de Cyrus occupent le territoire de Babylone. L'armée perse
arrive sous les murs de Babylone en 539. La ville est tombée pendant que les habitants faisaient la fête, mais Babylone n'a
pas été détruite. En 538 Cyrus autorise les déportés hébreux à retourner dans leur patrie et à reconstruire le Temple détruit
par l'armée de Nabuchodonosor en 587. Le livre de Jonas a été composé après le retour de l'exil. L'auteur du livre de Jonas
raconte donc une histoire qui est supposée se passer au temps où Ninive était encore debout, alors qu'en réalité Ninive a été
détruite en 612. Ni lui ni personne parmi ses auditeurs ou lecteurs, n'était dupe du procédé. La question qui reste ouverte est
de savoir ce que signifie, ce que désigne Ninive dans le conte prophétique qui est le livre de Jonas. L'auteur de l'Apocalypse
utilise le même procédé. Il désigne ici Jérusalem par le nom d'une ville détruite dans l'ancien temps, Sodome. Il donne ici la
clef de son allégorie, puisqu'il ajoute : Là où aussi leur Seigneur a été cloué sur la croix. Notons encore, toujours à propos
du livre de Jonas, que celui-ci ne prétend pas être une prophétie portant sur le passé, puisque tout le monde savait bien — et
l'auteur du conte le premier — que le roi de Ninive et les habitants de Ninive n'ont pas fait pénitence et qu'ils ne se sont pas
convertis lorsque la parole de YHWH leur a été annoncée par le prophète Jonas ! Dans la pensée de l'auteur de Jonas, le
conte, le mâschâl, porte sur l'avenir : c'est dans l'avenir qu'un prophète va porter la parole de Dieu au cœur de la cité
païenne, de la cité persécutrice, de Ninive la grande ville. Le livre de Jonas n'est pas une histoire qui porte sur le passé, mais
une prophétie qui porte sur l'avenir. Jérémie 23, 14 : Ils sont devenus pour moi, tous, comme Sodome, et ses habitants (les
habitants de Jérusalem) comme Gomorrhe...
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11, 9 Et ils regarderont, (les hommes pris parmi) les peuples... Construction hébraïque. Le sujet du verbe, ils
regarderont, c'est la proposition qui commence par ek, pris parmi les peuples... Même construction hébraïque Jean 1, 24 : Et
ils ont été envoyés (des hommes faisant partie du groupe) des perouschim, grec ek ton phari-saiôn, hébreu min ha-
perouschim. 2 Samuel 11, 17 : Et il tomba (sous-entendu : des hommes) pris parmi le peuple, min ha-am, grec kai epesan ek
tou laou...
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montez ici
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11, 17 Nous te bénissons... Le verbe grec eucharistein traduit le verbe hébreu barak, piel parfait berak, bénir,
Matthieu 15, 36 ; 26, 27 ; Romains 1,8; etc. Dans la traduction grecque de la Bible hébraïque, c'est le verbe grec eulogein
qui traduit habituellement le verbe hébreu barak. C'est d'abord Dieu qui bénit l'homme, et toute la création, Genèse 1, 22 ; 1,
28 ; le septième jour, Genèse 2, 3 ; Noé, Genèse 9, 1 ; Abraham, Genèse 12, 2 ; etc. Puis c'est l'homme qui bénit Dieu,
Deutéronome, 8, 10. Psaume 16, 7 ; 26, 12 ; 34, 2 ; 63, 5 ; 66, 8 ; etc.
YHWH dieu des armées, grec kurie ho theospantokratôr, qui traduit l'hébreu YHWH elohei tzebaôt, Amos 3, 13, oracle
du seigneur YHWH Dieu des armées, hébreu neoum adônaî YHWH elohei ha-tzebaôt, grec legei kurios ho theos ho
pantokratôr. Kurios, sans article, ici au vocatif kurie, correspond, dans notre texte grec, au tétragramme hébreu YHWH. Ho
theos qui suit est au nominatif. Certains manuscrits anciens donnent kurios au nominatif.
Celui qui est et qui était : traduction en grec du tétragramme : Il était, il est, il sera.
Tu as revêtu ta puissance... Psaume 93, 1 : YHWH règne ! De majesté il est revêtu ! Il a revêtu, YHWH, (sa) puissance !
Il s'en est fait une ceinture ! Le traducteur grec a rendu l'hébreu malak par le grec ebasileusen, aoriste, de même que notre
traducteur, Apocalypse 11, 17 ebasileusas. Psaume 65, 7 : Tu es ceint dans la puissance, bi-gebourah. Isaïe 51, 9 : Réveille-
toi ! Réveille-toi ! Revêts-toi de force, bras de YHWH ! Isaïe 52, 1 : Revêts-toi de ta force, Sion !
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11, 18 Et les nations païennes ont été secouées par la peur : en grec ôrgisthèsan. Le verbe grec orgizô signifie mettre
en colère, irriter, au moyen : se mettre en colère, s'irriter. Mais ici il s'agit probablement de la traduction du Psaume 99, 1 :
YHWH règne, YHWH malak, grec ho kurios ebasileusen, ils tremblent, les peuples, iregezou ammim. Le verbe hébreu
ragaz signifie être troublé, être secoué par la peur, par la colère. Grec orgizesthôsan laoi.
Et elle est venue ta colère... Sophonie 1, 14 : (Il est) proche, le jour de YHWH, le grand, (il est) proche, qarôb, grec
eggus, et il se hâte beaucoup, wou-maher meôd, grec kai tacheiasphodra... Jour de fureur, ce jour-là, jour d'angoisse, iôm
tzarah, grec hèmera thlipseôs, et d'oppression... Même leur argent, même leur or, ils ne pourront pas les arracher, les
délivrer dans le jour de la colère de YHWH et dans le feu de sa jalousie il dévorera tout le pays... Sophonie 2, 2 : Avant
qu'elle ne vienne sur vous, l'ardeur de la colère de YHWH, avant qu'il ne vienne sur vous, le jour de la colère de YHWH...
Sophonie 3,8: Pour verser sur eux mon courroux, toute l'ardeur de ma colère, car dans le feu de ma jalousie il sera dévoré,
tout le pays... Isaïe 5, 25 : C'est pourquoi elle s'est enflammée la colère de YHWH, sur son peuple... et elles ont été
secouées, le verbe ragaz, les montagnes... Elle ne s'est pas détournée, sa colère, et encore sa main est étendue... Isaïe 13, 6 :
Il est proche le jour de YHWH... Isaïe 13,9: Voici le jour de YHWH qui vient... la fureur et l'ardeur de sa colère pour mettre
le pays en dévastation... 13, 13 : C'est pourquoi les cieux, je vais les secouer, — le verbe ragaz traduit ici par le verbe grec
thumo-ô, au passif moyen, se mettre en colère —, et elle va être ébranlée, la terre, de sa place, dans (= par), hébreu be, grec
dia, la colère de YHWH des armées, et au jour de l'ardeur de sa colère... Jérémie 7, 20 : Voici que ma colère et ma fureur se
déversent sur ce lieu (= la Maison de YHWH, le Temple), sur l'homme, al-ha-adam, et sur la bête, we-al-ha-behemah, et sur
l'arbre du champ et sur le fruit de la terre et elle brûlera et elle ne s'éteindra pas... Jérémie 21, 5 : Je ferai la guerre, moi, avec
vous (= contre vous), avec une main étendue et avec un bras puissant et avec colère et avec fureur et avec un grand courroux
et je vais frapper les habitants de cette ville (= Jérusalem) et l'homme, we-et ha-adam et la bête, par une grande peste —
hébreu deber, la peste, grec thanatos, la mort... Jérémie 23, 20 : Elle ne retournera pas la colère de YHWH jusqu'à ce qu'il
ait agi et jusqu'à ce qu'il ait réalisé les desseins de son cœur... Jérémie 30, 23 : Voici la tempête de YHWH ! La fureur est
sortie... Elle ne reculera pas, l'ardeur de la colère de YHWH, jusqu'à ce qu'il ait agi et jusqu'à ce qu'il ait réalisé — mis
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edout, grec tèn kibôton tou marturiou... Exode 31, 7 : La tente du rendez-vous, et le coffre de l'attestation..., hébreu et ôhel
môed we-et ha-arôn la-edout, grec kai tèn kibôton tes diathèkès — c'est notre expression Apocalypse 11, 19. Exode 39, 35 :
Le coffre de l'attestation, arôn ha-edout, de nouveau traduit en grec par tèn kibôton tes diathèkes. Nombres 10, 33 : Ils sont
partis de la montagne de YHWH, route de trois jours, et le coffre de l'alliance de YHWH, arôn berit YHWH, s'avançait
devant leurs faces, grec hè kibôtos tes diathèkes kuriou... Nombres 14, 44, idem, traduction grecque idem. Deutéronome 10,
8 : En ce temps-là il a séparé, YHWH, la tribu de Lewi pour porter le coffre de l'alliance de YHWH, et-arôn berit YHWH,
grec tèn kibôton tes diathèkes kuriou, pour se tenir devant la face de YHWH, pour être à son service, verbe hébreu scharat,
grec leitourgein, et pour bénir en son nom jusqu'à ce jour. C'est pourquoi il n'était pas pour Lewy de part et d'héritage avec
ses frères. YHWH (c'est) lui (qui est) sa part... Deutéronome 31, 9 : Et il a écrit, Môscheh, cette torah et il l'a donnée aux
kôhanim, grec tois hiereusin, fils de Lewi, qui portaient le coffre de l'alliance de YHWH et à tous les anciens d'Israël...
Deutéronome 31, 24 : Et il advint, lorsqu'il a eu fini, Môscheh, d'écrire les paroles de cette torah sur un rouleau jusqu'à
l'achèvement, il a donné ordre, Môscheh, aux Lévites qui portent le coffre de l'alliance de YHWH et il a dit : Prenez ce
rouleau de cette torah et posez-le à côté du coffre de l'alliance de YHWH votre Dieu et il sera là contre toi comme témoin,
le-ed, grec eis marturion... Josué 3, 3 : Lorsque vous verrez le coffre de l'alliance de YHWH votre Dieu et les kôhanim, les
Lévites, qui le portent... Josué 3, 6 : Et il a dit, Iehôschoua, aux kôhanim : portez le coffre de l'alliance et passez devant la
face du peuple. Et ils ont porté le coffre de l'alliance et ils sont allés devant la face du peuple... Juges 20, 27 : Là (était) le
coffre de l'alliance de Dieu dans ces jours-là... 1 Samuel 4, 3 ; 4, 4 ; 4, 5 ; etc. 1 Rois 8, 1 ; 8, 3 ; 8, 4 ; 8, 6 : Et ils ont fait
entrer, les kôhanim, le coffre de l'alliance de YHWH dans son lieu, dans le sanctuaire de la maison, dans le saint des saints...
1 Rois 8, 9 : Rien dans le coffre, seulement les deux tables de pierres qu'il avait déposées là, Môscheh, à Horeb... 2
Chroniques 5,7.
97
12, 1138 et un signe grand s'est fait voir dans les cieux
une femme revêtue de soleil
et la lune sous ses pieds
et sur sa tête une couronne de douze étoiles
12, 3140 et s'est fait voir un autre signe dans les cieux
et voici un grand serpent de mer
rouge comme le feu
à lui sept têtes et dix cornes
et sur ses têtes sept couronnes royales
12, 10146 et j'ai entendu une voix grande dans les cieux
et elle disait
construction grecque impossible, qui est la traduction habituelle d'une construction hébraïque classique.
Et il y a eu une guerre dans les cieux — le mi-ka-el et ses messagers — pour faire la guerre avec le serpent... En réalité il
est fort possible que dans le texte hébreu le groupe mi-ka-el et ses messagers soit le complément d'objet indirect, génitif
dans nos langues grecque et latine, du substantif une guerre. Il faudrait donc dans ce cas traduire : Et il y a eu une guerre
dans les cieux, de mi-ka-el et de ses messagers, pour faire la guerre... Dans une construction de ce type, mi-ka-el n'est pas
modifié en hébreu, ni le terme suivant, ses messagers, ils se présentent donc comme des nominatifs, cas sujet. Le traducteur
a pu traduire en grec mi-ka-el et ses messagers, sans les décliner, parce que dans son texte hébreu ils ne sont pas déclinés.
D'autant plus que mi-ka-el est un nom propre qui ne se décline pas.
144
12, 8 Et sa place n'a plus été trouvée dans les cieux... Psaume 37, 10 : Et encore un peu (de temps) et (il n'y a) plus de
méchant ! Et tu cherches à sa place, al-meqômô, grec ton topon autou, et il n'y est plus ! Hébreu we-einennou, grec kai ou
mè eurès. Psaume 103, 16 : Car un souffle passe sur lui, et il n'est plus, et il n'est plus reconnu, son lieu, sa place, meqômô,
grec kai ouk epignôsetai eti ton topon autou...
145
12, 9 Et il a été jeté, le serpent de mer, traduction approximative, grec drakôn, hébreu tannin ; le serpent ancien, grec
ophis, hébreu nahasch, Genèse 3, 1 : Et le serpent, ha-nahasch, il était nu, hébreu aroum, comme Genèse 2, 25, ils étaient
tous les deux nus, l'homme, ha-adam, et sa femme — plus que tous les vivants du champ qu'il avait faits, YHWH Dieu...
Jeu de mots probable, dont le sens exact nous échappe. Le traducteur a rendu l'hébreu aroum par le grec phronimôtatos, le
plus intelligent ; phroneô, penser, être intelligent ; phronèma, l'intelligence ; phronèsis, la pensée, l'intelligence ; phro-
nimos, intelligent. Et il a dit à la femme : Serait-ce donc qu'il a dit, Dieu : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ?
Et il a été jeté le serpent... Luc 10, 17 : Et ils sont revenus les soixante-douze, avec joie, et ils ont dit : Seigneur, même
les esprits impurs nous ont été soumis en ton nom ! Alors il leur a dit : J'ai vu le satan comme un éclair qui est tombé des
cieux. Voici que je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute l'armée de l'ennemi, et
ils ne vous feront aucun mal... Jean 12, 31 : C'est maintenant le jugement de la durée du monde présent. C'est maintenant
que le prince, le chef, le régisseur de la durée de ce monde présent, est jeté dehors...
Celui qui est appelé accusateur, en grec diabolos, qui est la traduction grecque de l'hébreu satan, 1 Chroniques 21, 1 ;
Job 1,6; etc. Job 2, 1 ; etc. Psaume 109, 6 ; Zacharie 3, 1 ; etc. Celui qui est appelé, grec ho kaloumenos, sens probable :
celui qui est appelé en grec. Jean 4, 25 : Je sais que le meschiah va venir, celui qui est appelé (en grec) christos. Jean 1, 38 :
Eux ils lui ont dit : rabbi, ce qui veut dire, en traduction, maître. Jean 11, 16 : Tôma, celui qui est appelé (en grec) didumos,
le jumeau...
146
12, 10 Maintenant il est venu le salut, grec hè sôtèria, hébreu ha-ieschoua ; la puissance, grec dunamis, hébreu
probable ôz, la force ; le règne ou la royauté, grec basileia, hébreu probable malekout ; la domination, grec exousia, hébreu
probable memeschalah.
Il est venu... Construction hébraïque, verbe au singulier, plusieurs sujets.
Parce qu'il a été jeté l'accusateur, grec ho katègôr, qui est la traduction de l'hébreu ha-satan. Le verbe hébreu satan
signifie attaquer, accuser. Zacharie 3, 1 : Et il m'a fait voir Iehôschoua le grand prêtre, ha-kôhen ha-gadôl, qui se tenait
devant la face du messager de YHWH, et l'accusateur, ha-satan, grec ho diabolos, qui se tenait à sa droite pour l'accuser,
hébreu le-sitenô, grec tou antikeisthai auto. Remarquer de nouveau la construction avec le lamed et la traduction grecque
commençant par tou, comme Apocalypse 12, 7.
103
portés sur les -ailes des aigles, al kanephei nescharim, grec hôsei epipterugôn aetôn — le traducteur a ajouté hôsei, comme,
qui n'existe pas dans l'hébreu ; phénomène fréquent, que nous retrouvons dans la traduction grecque de l'Apocalypse — et je
vous ai fait venir vers moi...
Où elle est nourrie là, pléonasme en français comme en grec, hébreu ascher... scham.
Un temps et deux temps... Daniel 7, 25 : Et ils seront livrés entre ses mains, jusqu'à un temps et des temps et la moitié
d'un temps. « Il faut entendre par " temps ", dans le contexte de ce chapitre, une année. Il ne serait pas inexact de traduire "
deux temps " plutôt que " des temps ", l'araméen ne possédant pas, comme l'hébreu, de forme spéciale pour exprimer le
duel. Trois ans et demi, la demi-semaine d'années... » (Jean de Menasce, Daniel, traduction et notes, 7, 25.) Trois ans et
demi = 42 mois de trente jours = 1260 jours, Apocalypse 11, 2 ; 11, 3 ; 12, 14, notre texte, et, plus loin, 13, 5. La guerre
entre la Judée et Rome commence en 66, Jérusalem est prise et incendiée en septembre 70. Le Temple a été incendié lors de
l'assaut du 29 août. Durant tout ce temps, la petite communauté de Jérusalem était absente, réfugiée à Pella.
151
12, 15 Et il a jeté le serpent, grec ophis, hébreu nahasch.
Pour qu'elle soit emportée par le fleuve, grec hina autèn potamo-phorèton poièsè. Le mot potamophorètos n'existe pas
du tout en grec. C'est un mot composé forgé par le traducteur de l'Apocalypse, ou par quelqu'un de son entourage, à partir
depotamos, le fleuve, et du verbe phoreô, porter. II faut donc supposer en hébreu nahar, le fleuve, ou ieôr, et l'un des verbes
hébreux qui peuvent signifier porter, emporter. Les traducteurs en langue grecque ont souvent et aisément forgé des mots
grecs composés, pour traduire une expression hébraïque constituée d'au moins deux termes, par exemple les mots grecs
composés commençant par archi — archidesmophulax, hébreu sar beit ha-sôhar, le chef de la maison en rond = prison
égyptienne ; — archidesmôtès, hébreu sar ha- tabahim, le chef des gardes ; — archieunouchos, hébreu rab sarisim ou sar
ha-sarisim, le chef des eunuques ; — archimageiros, hébreu sar ha-tabahim, le chef des gardes ; — archistratègos, hébreu
sar ha-tzaba, le chef de l'armée, etc. Exode 1, 22 : Et il a ordonné, Pharaon, à tout son peuple en disant : tout fils qui va
naître, dans le fleuve vous le jetterez... Exode 2, 2 : Et elle a été enceinte, la femme, et elle a enfanté un fils et elle l'a vu,
qu'il était beau, lui, et elle l'a caché trois mois. Mais elle ne pouvait plus le cacher, et elle a pris pour lui une caisse de
papyrus..., elle a mis dans la caisse l'enfant et elle l'a posé parmi les joncs sur la lèvre du fleuve...
152
12, 17 Et il s'est mis en colère, le serpent... contre la femme et il est parti faire la guerre avec le reste de sa semence...
Il s'agit évidemment des persécutions dirigées contre les disciples dispersés sur tout le pourtour de la Méditerranée.
105
153
12, 18 Et je me suis tenu... Un grand nombre de manuscrits, la majorité, donnent kai estathè : et il s'est tenu debout.
Un certain nombre de manuscrits donnent : kai estâthèn, et je me suis tenu debout.
106
13,1154 et j'ai vu
sortant de la mer
un être vivant qui montait
à lui dix cornes et sept têtes
et sur ses cornes dix couronnes royales
et sur ses têtes un nom d'insulte
à l'encontre de dieu
154
13, 1 Et j'ai vu sortant de la mer un être vivant... Grec thèrion, qui traduit l'hébreu haiiah. Le verbe haiah signifie
vivre. Haiiah, pluriel haiiôt, est le féminin de hai, et se comprend comme un neutre, l'être vivant. Genèse 1, 24 : Et il a dit,
Dieu : Qu'elle fasse sortir, la terre, de l'âme vivante, nephesch haiiah, selon son espèce, du quadrupède, behemah, grec
tetrapoda, et du rampant, we-remes, grec her-peta, et de l'être vivant de la terre, we-haietô eretz, grec kai thèria tes gès.
Évidemment ici l'être vivant de la terre, collectif, c'est l'ensemble des animaux qui ne sont pas précédemment désignés, ce
sont donc probablement des animaux sauvages, ou des bêtes sauvages. Genèse 1, 25 : Et il a fait, Dieu, le vivant de la terre,
et-haiiat ha-aretz, grec ta thèria des gès, neutre pluriel, selon son espèce, et le quadrupède, behemah, grec ta ktènè, le bétail,
les troupeaux, et tout reptile de la terre... et il a vu, Dieu, que (c'était) beau et bon. Genèse 1, 30 : Et à tout être vivant de la
terre, le-kôl haiiat ha-aretz, grec kai pasi tois thèriois tes gès, et à tout oiseau des cieux et à tout reptile sur la terre, que en
lui (il est) une âme vivante, ascher bô nephesch haiiah..., grec ho echei en heautô psuchèn zôès, - qui a en lui une âme de
vie — le verbe avoir qui n'existe pas en hébreu est ajouté par le traducteur. Genèse 2, 19 : Et il a formé, YHWH Dieu, à
partir de la terre, min-ha-adamah, tout vivant du champ, kôl haiiat ha-sadeh, grec panta ta thèria ton agrou... Daniel 2, 38 :
les fils de l'homme, benei-anascha, les vivants du champ, et l'oiseau des cieux... Daniel 7, 3 : Et quatre vivants de grande
taille, we-areba heiwan rabereban, grec kai tessaria thèria, sont montés hors de la mer... Le premier (était) comme un lion
et des ailes d'aigle (étaient) à lui... Et voici un être vivant qui (venait) après... Il était semblable à un ours... Un autre vivant
comme un léopard et à lui quatre ailes d'oiseau (singulier collectif) sur ses flancs, et quatre têtes (étaient) à l'être vivant, et la
domination lui a été donnée... Un quatrième être vivant... Des dents de fer à lui, grandes. Il dévorait, il broyait, il écrasait
avec ses pieds ce qui restait...
Et dix cornes à lui... Daniel 7, 17 : Ces grands êtres vivants au nombre de quatre (ce sont) quatre rois — les traducteurs
grecs ont compris quatre royaumes, quatre empires, tessares basileiai — (qui) se lèveront de la terre... Daniel 7, 23 : Le
vivant quatrième, ce sera un quatrième royaume — ou un quatrième empire — sur la terre... Daniel 7, 24 : Et les dix cornes
de ce royaume — de cet empire — dix rois se lèveront et un autre se lèvera après eux... Daniel 7, 27 : Et la royauté, et la
domination et la grandeur des royaumes, sous tous les cieux, seront donnés au peuple des saints du très haut. Son règne —
ou sa royauté — est un règne éternel malekout ôlam... C'est donc toute une philosophie de l'histoire que présente l'auteur
inconnu du livre de Daniel. Des empires qui se succèdent, et finalement le règne du peuple des saints. L'auteur de
l'Apocalypse reprend cette philosophie de l'histoire et il l'applique à ce qu'il connaît.
Et j'ai vu sortant de la mer un être vivant qui montait... La question est de savoir si cet être vivant — que l'on pourrait
aussi traduire : cette bête sauvage — représente l'Empire romain, ce qui est aujourd'hui, 1984, l'avis de la majorité des
interprètes ; — ou bien s'il désigne la royauté judéenne, la succession d'Hérode le Grand, avec ses avatars, ses disparitions et
ses retours ; la mort d'Hérode Agrippa Ier en 44 ; la venue d'Agrippa II, le grand roi Marcus Julius Agrippa philokaisar et
philorômaios, héritier en 50 de l'héritage de son oncle, Hérode de Chalcis : il reçoit de Claude en 53 le domaine de Philippe,
le domaine de Lysanias d'Abilène ; royaume encore agrandi en 55 par Néron. Agrippa II gouverne pour le compte des
Romains puisqu'il a reçu des empereurs de Rome son pouvoir, son royaume et son autorité (F.-M. Abel, Histoire de la
Palestine, I, 463). La question est toujours de savoir quel est l'objet sur lequel Jean accommode, ce qu'il regarde, et ce que
nous devons regarder nous aussi, si nous voulons tenter de comprendre ce qu'il dit : Est-ce l'Empire romain principalement ?
Ou bien est-ce la royauté — les royautés simultanées et successives — de sa patrie, qui reçoivent toute leur puissance de
l'occupant romain ?
Et sur ses têtes un nom d'insulte à rencontre de Dieu... Onoma au singulier dans un certain nombre de manuscrits,
onomata au pluriel dans une autre série. 2 Rois 19, 4 : Peut-être entendra-t-il, YHWH ton Dieu, toutes les paroles du grand
échanson qu'il a envoyé, le roi d'Assur, son maître, pour insulter le Dieu vivant, le-areph, grec onei-dizein theon zônta kai
blasphèmein... 19, 6 : N'aie pas peur des (hébreu, devant la face des...) paroles que tu as entendues qu'ils ont (= par
lesquelles ils ont) proféré des insultes, des injures, des insolences, gidephou, du verbe gadaph, grec eblasphèmèsan, les
garçons du roi d'Assur, contre moi... 19, 22 : Qui as-tu insulté et injurié, et-mi herapheta we-gidapheta, grec tina ôneidisas
kai eblasphèmèsas... Isaïe 52, 5 : Mon nom est insulté, verbe naatz, grec blasphèmeitai.
107
et il lui a donné
le serpent de mer
sa force et son trône et sa grande puissance
155
13, 3 Et l'une de ses têtes a été comme frappée à mort... Nous avons noté déjà que le grec hôs, comme, est très
souvent ajouté par les traducteurs, alors qu'aucun terme correspondant ne se trouve dans le texte hébreu, phénomène très
fréquent.
Frappée à mort... Le verbe grec sphazein traduit le plus souvent l'hébreu schahat, qui est le verbe utilisé pour désigner la
mise à mort des bêtes sacrifiées, Genèse 22, 10 (sacrifice d'Isaac) ; 37, 31 ; Exode 12, 6 ; 29, 11 ; 29, 16 ; 29, 20 ; Lévitique
1, 5 ; 1, 11 ; etc. Mais le verbe grec sphazein peut traduire aussi l'hébreu harag, tuer, des hommes ou des animaux, Isaïe 22,
13.
A partir de maintenant surtout la question est de savoir sur quoi, sur quel objet, accommode l'auteur de l'Apocalypse,
quel est l'objet qu'il considère. Si vous observez une planète toute proche de nous, par exemple la lune, vous n'accommodez
pas, vous ne réglez pas votre appareil optique, votre télescope, de la même manière que si vous examinez une galaxie
lointaine. La question est de savoir ce que regarde l'auteur de l'Apocalypse. Une hypothèse raisonnable, c'est qu'il
accommode sur ce qu'il connaît, ce qui entre dans son champ visuel. Nous sommes habitués depuis des siècles à envisager
l'histoire romaine d'une manière synoptique parce que nous avons à notre disposition des livres d'histoire qui nous la
racontent. L'auteur de l'Apocalypse ne disposait vraisemblablement pas de nos livres d'histoire romaine, encore moins de
nos livres d'histoire qui nous retracent les grandes épopées de l'humanité, la suite des empires, l'histoire de la genèse, du
déclin et de la mort des civilisations. L'auteur de l'Apocalypse connaissait l'histoire de son pays, de son peuple, qui est, au
moment où il écrit, sous l'occupation romaine. Il a donc une certaine idée de l'empire romain. Il sait que l'empire romain a
été précédé par d'autres empires. Le livre de Daniel lui fournissait une idée générale sur cette succession des empires qui
doit finalement laisser la place au règne de Dieu. Plus précisément, lorsqu'il parle d'une tête qui a été mise à mort, est-ce
qu'il pense à un empereur romain mis à mort ? Est-ce qu'il connaissait l'histoire contemporaine des empereurs romains ? Ou
bien est-ce qu'il pense à tel ou tel despote local, à tel ou tel roitelet, ou gouverneur, de la région qu'il connaît bien, la Judée,
et les environs de la Judée ?
Et la blessure de sa mort, construction hébraïque constante et classique.
156
13, 5 Et il lui a été donné une bouche qui disait des grandes choses... Daniel 7, 8 : Et voici, des yeux comme des yeux
d'homme, sur cette corne et une bouche qui disait de grandes choses, grec stoma laloun megala.
108
157
13, 6 Sa demeure... Grec skènè, hébreu mischekan... Ceux qui habitent... grec skènountas, hébreu schakan.
158
13, 8 Tous ceux dont il n'est pas écrit leur nom... Traduction littérale : son nom, to onoma autou. Construction
hébraïque typique, kôl ascher... tous ceux qui, collectif singulier en hébreu, ce qui explique le singulier to onoma autou.
Depuis la création du monde : ceux dont le nom n'a pas été inscrit dans le livre de vie depuis la création du monde.
Exode 32, 32 : Et maintenant, si tu supportais (= si tu pardonnais) leur faute ! Et si non, efface-moi donc de ton rouleau,
hébreu sepher, grec biblos, que tu as écrit... Et il a dit, YHWH, à Môscheh : Qui (est) celui qui a commis le crime contre moi
? (C'est celui-là, que) j'effacerai du rouleau de mon livre, sepher, grec biblos. Psaume 69, 29 : Qu'ils soient effacés du livre
des vivants, ou de la vie, mi-sepher haiim, grec ek biblou zôntôn. Daniel 12, 1 : Et dans ce temps-là il se tiendra debout mi-
ka-el, qui (est) comme Dieu, le grand prince qui se tient auprès des fils de ton peuple et ce sera un temps de persécution, et
tzarah, grec kairos thlipseôs, (telle) qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation et dans ce temps-là, il sera délivré, ton
peuple, tous ceux qui, hébreu kôl singulier collectif, seront trouvés inscrits dans le livre, ba-sepher, grec en tô bibliô ou en tè
biblô.
159
13, 9 Tout homme à qui (sont) des oreilles, qu'il entende... Hébreu kôl ascher ôzen lô... ou mi ascher ôzenaim lô...
Matthieu 11, 15 ; 13, 9 ; 13, 43 ;Marc4, 9 ; 4, 23 ; Luc8, 8 ; 14, 35.
160
13, 10 Si quelqu'un est pour la captivité... Jérémie 15, 1 : Et il m'a dit, YHWH : S'il se tient, Môscheh et Schemouel
(verbe au singulier, deux sujets) devant ma face, elle n'est plus, mon âme (portée) vers ce peuple ! Renvoie-les de devant ma
face et qu'ils sortent ! Et il adviendra qu'ils te diront : Où donc irons-nous ? Alors tu leur diras : Ainsi a parlé YHWH : Celui
qui (est) pour la mort, à la mort ! Et celui qui (est) pour l'épée, à l'épée ! Et celui qui (est) pour la famine, à la famine ! Et
celui qui (est) pour la captivité, à la captivité !
Si quelqu'un tue avec l'épée... Matthieu 26, 52 : Fais retourner ton épée à sa place. Car tous ceux qui prendront l'épée,
par l'épée ils périront. C'est une loi ontologique enseignée par le Seigneur. Il est parfaitement permis de se demander si
l'auteur de l'Apocalypse ne fait pas allusion ici à ceux qui sont en train, ou qui vont entreprendre, de déchaîner la guerre
contre Rome, à partir de l'année 66. C'est-à-dire qu'il est permis de se demander si, depuis le début de son livre, l'auteur de
l'Apocalypse ne pense pas à plusieurs reprises, parmi les adversaires auxquels il fait allusion, à ceux que les historiens
appellent les zélotes, c'est-à-dire en langage moderne le Front de libération de la Judée. Certains historiens ont observé que
109
en captivité il ira
si quelqu'un tue avec l'épée
par l'épée il sera tué
le Seigneur était accompagné par des disciples qui faisaient sans doute parti du Front de libération. Certains historiens se
sont même demandé si Juda ne faisait pas partie de ce Front de libération, que dans le langage habituel de l'occupant on
appelle « les terroristes », mais que dans le langage de l'occupé on appelle « les résistants ». Certains se sont demandé si la
déception de Juda le sicaire, sicarius en latin, celui qui porte le sica, le poignard courbé pour tuer les soldats de l'armée
d'occupation —, certains se sont demandé si la déception de Juda ne provenait pas de ce que le Seigneur n'a pas voulu
prendre la tête du Front de libération de la Judée. La perspective du Seigneur était tout autre. Sa raison d'être, sa mission,
n'était pas de libérer la Judée de l'occupation romaine, mais d'achever la création et d'apporter la programmation nouvelle
qui a pour but de créer une humanité nouvelle. Dans cette nouvelle programmation se trouve précisément la nouvelle norme
: ne pas répondre à l'agression par l'agression. Le Seigneur se trouvait donc en conflit sur ce point avec ceux qui étaient
partisans du Front national de libération de la Judée. Et il est permis de se demander si l'Apocalypse ne nous apporte pas
aussi des éléments d'information concernant ce conflit profond entre deux normes ou deux normatives : la vieille
programmation animale, et la nouvelle programmation. Parmi les persécuteurs les plus violents des jeunes églises, est-ce
qu'il n'y a pas eu aussi ceux qui faisaient partie du Front de libération nationale de la Judée ? Ce sera tout à fait évident et
certain plus tard, au second siècle, lors de la grande insurrection menée par Schiméon ben Koseba, appelé aussi Bar Koseba,
ou ben Koziba, sous le règne de l'empereur Hadrien. Schiméon dans un billet écrit en hébreu, qui a été retrouvé, parle
d'ailleurs des Galiléens, qui sont sans doute ou peut-être les chrétiens.
C'est ici l'espérance... Grec hupomonè qui en grec naturel désigne le pouvoir ou la force de résister à, de supporter, mais
qui traduit l'hébreu miqeweh, l'espérance, 1 Chroniques 29, 15 ; Esdras 10, 2 ; ou tiqewah, l'espérance aussi, Job 14, 19 ;
Psaume 9, 18 ; etc. Le grec elpis traduit aussi l'hébreu tiqewah.
Et la certitude de la vérité, grecpistis, hébreu emounah.
161
13, 11 Deux cornes qui étaient comme celles de l'agneau ? Ou bien deux cornes, comme un agneau ? Homoios traduit
très souvent l'hébreu ke, comme. Ici homoia est au pluriel neutre mais ce n'est pas décisif compte tenu de la grammaire de
notre traducteur.
162
13, 12 Et il fait en sorte que la terre... Ou le pays. Si l'on traduit en français par la terre, le lecteur français comprend
qu'il s'agit de l'ensemble de la planète, ou au moins de l'ensemble de la Terre habitée ; si l'on traduit par le pays, le lecteur en
langue française comprend qu'il s'agit du pays qu'envisage l'auteur de l'Apocalypse, c'est-à-dire la Judée et ce qui l'entoure.
110
166
13, 17 Que personne ne puisse acheter ou vendre si ce n'est celui à qui l'inscription, le nom de l'être vivant ou le
nombre de son nom... F.-M. Abel, Histoire de la Palestine..., 453 : « Pharisien à Jérusalem, Agrippa devenait ouvertement
hérodien à Césarée et hors de son royaume. Les douze millions de drachmes que lui rapportaient ses états ne suffisant pas à
ses dépenses... A Césarée, il donnait des jeux pour le salut de l'empereur et l'on pouvait admirer au palais de cette ville les
statues de ses filles... Les monnaies d'Agrippa reflètent la dualité de sa conduite. Les pièces frappées à Jérusalem ne portent
aucune effigie... Celles qui sont émises dans les autres villes (Césarée, Panéas, Tibériade) ont la figure soit d'Agrippa, soit
du César régnant (Caligula ou Claude). Il existe une monnaie frappée en souvenir de l'alliance d'Agrippa avec le sénat et le
peuple romain. On sait par les inscriptions que sa famille avait été reçue dans la gens Julia et que lui se donnait les titres de
roi grand et pieux, d'ami de César et d'ami des Romains, basileus megasphilokaisar eusebès kaiphilorômaios... »
Abel, p. 463 : « En 53, Agrippa le Jeune, en possession depuis trois ans de l'héritage de son oncle, Hérode de Chalcis,
recevait de Claude, en échange de la modeste principauté de Chalcis, la tétrarchie de Philippe, la tétrarchie de Lysanias
d'Abilène avec l'Antiliban et le domaine de Noaros... » ; p. 463 : « Néron ajouta au lot d'Agrippa II Tibériade et Tarichée en
Galilée... Cette donation accentuait le caractère sporadique du royaume que le dernier roi de la famille des Hérodes, Agrippa
II, gouverna pour le compte des Romains... »
Abel, p. 475 : « Agrippa II n'hésitait pas à suivre sa politique de vassalité envers les Romains... En 54, il avait envoyé un
contingent pour la guerre contre les Parthes ; en 60, il s'empresse avec Bérénice de venir saluer Porcius Festus nouvellement
débarqué à Césarée... C'est vers la même époque qu'il confère à sa capitale, Césarée de Philippe, le surnom de Neronias, en
l'honneur du César régnant. Les monnaies de cette ville confirment sur ce point l'information de Josèphe. On y remarque
d'un côté l'effigie de Néron, et de l'autre la mention d'Agrippa et des citoyens de Neronias. Sous les Flaviens, les monnaies
du roi reproduiront les traits des empereurs de cette dynastie... La titulature complète d'Agrippa II, si l'on en juge par les
inscriptions relevées sur divers points de la Batanée, du Hauran et de l'Antiliban, paraît avoir été : le grand roi Marcus Julius
Agrippa philokaisar pieux et philorômaios... ».
L'inscription du nom... En grec to charagma to onoma, onoma en simple apposition à to charagma. Traduction probable
de la construction hébraïque fréquente dans laquelle le terme qui est, selon le langage de nos grammaires grecque et latine,
au génitif, n'est pas modifié, mais se présente comme un nominatif, Jean 1, 18 monogenès theos pour monogenès theou.
Ou le nombre de son nom... Ou le chiffre de son nom... En hébreu, comme en grec, les chiffres s'écrivent avec les lettres
de l'alphabet, aleph = 1, beth = 2, ghimel = 3, etc. Par conséquent si vous prenez un mot hébreu quelconque, vous pouvez
calculer, en additionnant les chiffres représentés par les lettres, le total, qui est le nombre du mot. Si vous prenez un nom
propre quelconque, vous obtenez de la même manière le nombre qu'il totalise en additionnant les chiffres signifiés par les
consonnes du nom — puisque dans l'hébreu ancien on n'écrivait pas les voyelles. Toute la question est de nouveau de savoir
sur quoi, sur quel objet, sur quel secteur géographique et historique on accommode. Est-ce qu'on envisage l'histoire romaine
dans son ensemble, l'histoire des empereurs romains ? Ou bien est-ce que l'on envisage la région qui intéressait l'auteur de
l'Apocalypse, à savoir la Judée et l'ensemble de la Palestine, quelques années avant la guerre de la Judée contre Rome ?
Pour quelle raison l'auteur de l'Apocalypse utilise-t-il ce système secret, ce système chiffré pour s'exprimer, pour désigner
l'homme redoutable auquel il pense ? Parce qu'il est menacé, parce que les communautés chrétiennes sont menacées, parce
que les destinataires de l'Apocalypse sont menacés. Menacés par qui ? Cela dépend de la date approximative que vous
assignez à l'Apocalypse. Si vous situez l'Apocalypse à la fin du Ier siècle ou plus tard encore, il est vraisemblable que la
menace provient des autorités romaines. On cherchera donc parmi les empereurs romains celui dont le nom, en hébreu ou en
grec, fournit le nombre 666. Si, avec Épiphane de Salamine, vous situez l'Apocalypse sous le règne de Claude, entre 41 et
54, alors la menace principale provient des frères de la Judée qui persécutent les communautés chrétiennes jusqu'à la mort, à
Jérusalem et partout où se trouvent des communautés, dans toute la Diaspora. Dans ce cas-là vous chercherez le nombre de
l'homme qui est ainsi désigné d'une manière codée parmi ceux qui ont été persécuteurs des communautés chrétiennes, qui
ont été particulièrement menaçants et dangereux. Il n'est pas sûr du tout, d'ailleurs, que ce nombre soit le nombre d'un
homme précis et particulier, puisque Apocalypse 13, 17 nous dit : le nombre de l'être vivant de Apocalypse 13, 11, et le
nombre de son nom. Cet être vivant désigne peut-être une collectivité, et non pas un individu.
112
167
13, 18 Celui à qui est un cœur (pour comprendre)... Hébreu leb, le cœur, organe de l'intelligence, grec nous. Exode 7,
23 ; Josué 14, 7 ; Job 7, 17 ; Isaïe 10, 7 ; 10, 12 ; 41, 22.
C'est un nombre d'homme... Hébreu probable misepar adam. Cet être vivant, Apocalypse 13, 11, qui monte de la terre, à
moins que ce ne soit le premier être vivant, Apocalypse 13, 1 ; 13, 12, celui qui a été blessé et guéri, 13, 13, qui a été blessé
avec l'épée et qui a cependant re-vécu, 13, 14 — c'est une communauté humaine et donc son nom n'est pas un nom d'animal,
un nom de bête, mais un nom humain, et le nombre de son nom, le nombre que l'on obtient en calculant les lettres du nom
de cette communauté, cela fait ou cela donne un nombre d'homme, un nombre humain, six cent soixante-six, en hébreu
schesch meôt we-schischim wa-schesch. Le grec arithmos traduit le plus souvent l'hébreu misepar, Genèse 34, 30 ; 41, 49 ;
Exode 16, 16 ; 23, 26 ; Lévitique 25, 15 ; Nombres 1, 18 ; etc. Quelques manuscrits donnent 616.
Six cent soixante-six... L'être vivant — ou, selon d'autres traductions françaises, la bête, de 13, 1, se présente comme une
coalition de dix rois. L'un d'entre eux a été blessé à mort. L'autre être vivant, 13, 11, a reçu le pouvoir ou la puissance de la
première bête composée qui ressemble à une panthère, avec des pieds d'ours, et une gueule de lion. Il est possible que cette
coalition de rois désigne, dans la pensée de Jean, l'empire romain, ou une coalition couverte et dominée par l'empire romain.
Il est possible que le second être vivant de 13, 11 — la seconde bête — soit la royauté judéenne, reçue de Rome. Il est
possible, ou du moins il n'est pas exclu, que Jean ait trouvé dans le nom de Hérode Agrippa roi de la Judée le chiffre 666.
Nous ne savons pas exactement de quelle manière Jean écrivait en hébreu le nom d'Hérode, que les modernes écrivent
Hôredôs. Nous ne savons pas quelles consonnes il conservait pour écrire ce nom propre. Nous avons appris par une lettre
autographe de Schiméon Bar Koseba que Ieschoua s'écrivait, vers l'an 135 : yod, schin, ain, sans le wauw. Nous ne savons
pas comment Jean écrivait en hébreu Hôredôs et nous ne connaissons pas non plus exactement ni avec certitude son système
de chiffrage. Mais la conjecture avancée se trouve très fortement appuyée par le fait que d'après les plus anciens documents
hébreux connus, Hérode pouvait s'écrire au moins de deux manières : Hôredôs et Hôrôdôs. Dans la seconde graphie, il
existe trois wauw. La lettre wauw vaut 6. Le fait était suffisamment rare et frappant : un nom qui comporte trois wauw, c'est-
à-dire trois 6. Nous devons ce renseignement à notre savante collègue Madame Genot, et nous la remercions. Hérode est le
nom propre de toute une dynastie de tyrans, puisqu'il est le nom de Hérode dit le Grand ; de son fils Hérode fils de la
seconde Mariamme ; de Hérode fils de Cléopâtre ; de Hérode Antipas ; de Hérode Archélaùs ; de Hérode Agrippa Ier, de
Hérode de Chalcis ; et de Hérode Agrippa II, le contemporain de la grande guerre de la Judée contre Rome et, dans cette
guerre, l'adversaire des Judéens.
Lorsque le nom d'Hérode était orthographié en hébreu Hôrôdôs, puisque le wauw hébreu signifiait aussi le chiffre 6, cela
donnait visuellement pour un lecteur hébreu : H6R6D6S, le nom au trois 6. Cette orthographe se lit dans Megilat Taanit, éd.
Lichtenstein p. 343 et 339. Références communiquées par Madame J. Genot.
113
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14, 1 La montagne de Sion... 2 Samuel 5, 7 : Et il s'est emparé, David, de la citadelle de Sion, metzoudat tziôn, grec
tèn periochèn siôn. C'(est) la cité de David. 1 Rois 8, 1 : Alors il a rassemblé, le verbe hébreu qahal, Salomon, les anciens
d'Israël, tous les chefs des tribus, les princes des maisons paternelles des fils d'Israël, auprès du roi Salomon, à Jérusalem,
pour faire monter le coffre de l'alliance de YHWH, arôn berit YHWH, de la ville de David : elle (c'est) Sion. Michée 4, 7 :
Et il régnera, YHWH, sur eux, sur la montagne de Sion, depuis maintenant et jusque dans la durée éternelle à venir, we-ad
ôlam, grec kai heôs eis ton aiôna. Joël 3, 1 : Et il adviendra après cela, je verserai mon esprit sur toute chair et ils
prophétiseront vos fils et vos filles... Je donnerai des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang et du feu et des colonnes
de fumée ! Le soleil se changera en ténèbre et la lune en sang avant qu'il vienne, le jour de YHWH, le grand et le terrible !
Et il arrivera que tout homme qui criera dans ( = avec, par) le nom de YHWH, sera sauvé, car sur le mont Sion et à
Jérusalem sera la délivrance comme il l'a dit, YHWH... Abdias 1, 17 : Et sur la montagne de Sion sera la délivrance... Isaïe
2, 2 : Et il adviendra, dans la suite, dans l'après des jours ( = dans l'avenir), be-aharit ha-iamim, grec en tais eschatais
hèmerais, instaurée elle sera, la montagne de la maison de YHWH, sur la tête des montagnes et elle s'élèvera au-dessus des
collines. Et afflueront vers elle toutes les nations païennes et marcheront des peuples nombreux et ils diront : Venez ! Et
montons à la montagne de YHWH, à la maison du Dieu de Jacob ! Et qu'il nous instruise de ses voies et nous marcherons
dans ses chemins ! Car de Sion sortira l'instruction, torah, et la parole de YHWH de Jérusalem... Isaïe 4, 2 : En ce jour-là, il
sera, le germe de YHWH, tzemach YHWH, splendeur et gloire... Et il adviendra que celui qui restera à Sion et qui sera laissé
à Jérusalem, saint il sera appelé, tous ceux qui sont inscrits pour la vie à Jérusalem. Lorsqu'il lavera, le seigneur, la souillure
des filles de Jérusalem et les sangs de Jérusalem... Et il va créer, YHWH, sur toute la place de la montagne de Sion... une
nuée le jour et une fumée... la nuit... Isaïe 8, 18 : YHWH des armées qui demeure, hébreu ha-schôken, du verbe schakan, sur
la montagne de Sion... Isaïe 10, 12 : Et il adviendra lorsqu'il achèvera le seigneur toute son œuvre sur la montagne de Sion
et à Jérusalem... Isaïe 10, 32 : La montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem... Isaïe 11,9: Ils ne feront plus le mal
et ils ne détruiront plus sur toute la montagne de ma sainteté car il sera rempli, le pays, de la connaissance de YHWH
comme les eaux recouvrent la mer... Isaïe 18, 7 : Vers le lieu du nom de YHWH des armées, la montagne de Sion... Isaïe 29,
8 : Ainsi sera la foule de toutes les nations païennes qui vont conduire leurs armées sur la montagne de Sion... Isaïe 37, 32 :
Car de Jérusalem sortira un reste et une délivrance de la montagne de Sion... Psaume 2, 6 : C'est moi qui ai sacré mon roi
sur Sion, ma montagne de sainteté... Psaume 48, 12 :
Elle se réjouit la montagne de Sion, elles exultent les filles de Juda... Psaume 74, 2 : Souviens-toi de ta communauté que
tu as acquise jadis, tu l'as rachetée... La montagne de Sion c'est là que tu habites, schakaneta, grec kateskènôsas... Psaume
78, 68 : Et il a choisi la tribu de Juda, la montagne de Sion qu'il aime... Psaume 125, 1 : Ceux qui ont confiance en YHWH,
comme la montagne de Sion (ils sont)... Psaume 133, 3 : Comme la rosée de l'Hermon qui descend sur les montagnes de
Sion ! Car c'est là qu'il a ordonné, YHWH, la bénédiction de la vie, pour la durée éternelle à venir, ad ho-ôlam, grec heôs
tou aiônos...
Son nom : le nom de l'agneau, c'est-à-dire le nom de Ieschoua le meschiah de Dieu. Et le nom de son père : le nom de
Dieu, que Ieschoua appelle son propre père. Le grand prêtre portait sur le front une lamelle d'or sur laquelle était gravé :
Consacré à YHWH, Exode 28, 36 ; 29, 6 ; 39, 30 ; Lévitique 8, 9. Ceux qui sont baptisés, c'est-à-dire plongés dans l'eau, le
sont au nom, dans le nom du père, c'est-à-dire de Dieu, qui est le père de Ieschoua le meschiah de Dieu — au nom, ou dans
le nom du fils, c'est-à-dire de Ieschoua lui-même — et au nom ou dans le nom de l'Esprit saint, c'est-à-dire l'Esprit de Dieu,
Matthieu 28, 19. Puisque Jean qui a écrit en hébreu l'Apocalypse est peut-être aussi celui qui a annoncé l'heureuse annonce
et fondé les communautés auxquelles il écrit, il connaît évidemment la pratique du baptême.
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14, 2 La voix des eaux nombreuses... Ézéchiel 1, 24 : Et j'ai entendu la voix de leurs ailes, comme la voix des eaux
nombreuses, ke-qôlmaïm rabbim, comme la voix deschaddaï... Ézéchiel 43, 2 : Et voici la gloire du Dieu d'Israël est venue
de la route de l'Orient et sa voix (est) comme la voix des eaux nombreuses...
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venir dans la maison de YHWH ton Dieu... Le grec aparchas, pluriel de aparchè, traduit aussi l'hébreu teroumah, le
prélèvement que l'on offre à Dieu, Exode 25, 2 ; 35, 5 ; 36, 6 ; qôreban reschit, offrande de prémices, Lévitique 2, 12, grec
dôron aparchès ; teroumat ha-qadaschim, le prélèvement des choses saintes, Lévitique 22, 12, grec aparhôn ton hagiôn.
Deutéronome 18, 4 : les prémices, hébreu reschit, grec tas aparchas, de ton blé, de ton moût, de ton huile fraîche...
Deutéronome 26, 2 : Et il adviendra que, lorsque tu entreras au pays que YHWH ton Dieu te donne en héritage, lorsque tu
en prendras possession et lorsque tu y habiteras, alors — hébreu we, grec kai — tu prendras de tout ce qui est premier, me-
reschit, grec apo tes aparchès, de tous les fruits de la terre... Deutéronome 26, 10 : Et maintenant voici que j'ai apporté ce
qui est premier, ce qui est au commencement, reschit, grec tèn apar chèn, des fruits de la terre que tu m'as donnés...
172
14, 5 Ils sont parfaits, grec amômoi, hébreu tamim, verbe tamam, kal parfait tam, être achevé, terminé.
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14, 6 Dans sa main l'heureuse annonce de la durée éternelle à venir... Grec euaggelion aiônion, hébreu besôrat ôlam.
(Pour) annoncer l'heureuse nouvelle ou l'heureuse annonce... Grec euaggelisai, hébreu basar, 1 Samuel 31, 9 ; 2 Samuel 1,
20 ; 4, 10 ; 18, 19 ; etc. Nous avons mis pour entre crochets, parce que le grec donne simplement euaggelisai. Il n'a pas
traduit le lamed qui se trouvait devant le verbe hébreu, le-basser. Omission fréquente, Genèse 37, 25 : Ils ne sont assis pour
manger du pain, hébreu le-ekôl lehem, grec ekathisan de phagein arton, ils se sont assis manger du pain, le lamed n'est pas
traduit.
Ceux qui sont assis dans la poussière de la terre... Isaïe 47, 1 : Descends et assieds-toi sur la poussière, redi wou-schewi
al aphar, grec kathison epi tèn gèn, vierge fille de Babel, assieds-toi à terre, schewi la-arets, grec kathison eis tèn gèn, il n'y
a pas de trône, fille des Chaldéens... Lamentations 2, 10 : Ils sont assis à terre, ieschebou la-aretz, grec ekathisan eis tèn
gèn, ils se taisent, les anciens de la fille de Sion, ils ont fait monter de la poussière sur leur tête, ils se sont ceints avec des
sacs...
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14, 7 Donnez-lui gloire, accordez-lui la gloire, grec dote auto doxan. Mais ici comme dans Jean 9, 24 le verbe grec
didonai traduit le verbe hébreu sim, kal parfait sam, placer, poser, mettre, Isaïe 42, 12 : Qu'ils rendent gloire à YHWH,
iasimou la-YHWH kabôd, grec dôsousin tô theô doxan. Actes 13, 1 : Il y avait à Antioche... des prophètes et des hommes
qui enseignaient... Pendant qu'ils faisaient le service du Seigneur et qu'ils jeûnaient, il a dit l'Esprit saint : Mettez à part pour
moi Bar-naba et Schaoul pour l'action que je les ai appelés — c'est de l'hébreu, construction avec le relatif ascher —. Alors
ils ont jeûné et ils ont prié et ils leur ont imposé les mains et ils les ont laissé partir, ils les ont envoyés. Eux — Bar-naba et
Schaoul = Paul — ils ont été envoyés par le Saint-Esprit, ils sont descendus à Séleucie et de là ils ont fait voile vers l'île de
Chypre. Ils sont arrivés à Salamine et ils ont annoncé la parole de Dieu dans les maisons de réunion des Judéens. Iohanan
était avec eux pour les aider. Ils ont traversé toute l'île jusqu'à Paphos... Nous sommes probablement au printemps de l'année
116
craignez dieu
et donnez-lui la gloire
car il est venu le temps de son jugement
et prosternez-vous
devant celui qui a créé les cieux
et la terre et la mer et les sources des eaux
un troisième
venait après eux
et il disait d'une grande voix
si quelqu’un se prosterne
devant la face de l'être vivant
et devant la face de sa statue
et s'il reçoit l'inscription sur son front
et sur sa main
Si quelqu'un se prosterne... alors il boira... Construction hébraïque classique et fréquente. C'est le we hébreu qui exerce
la fonction logique que nous traduisons par le français alors. Genèse 18, 26 : Si je trouve dans Sodome cinquante
justes, alors, hébreu we, je pardonnerai à tout le lieu à cause d'eux.. .C'est ce we hébreu qui est ici traduit fidèlement et
littéralement par le kai, Apocalypse 14, 10.
177
14, 10 II boira du vin de la fureur de Dieu qui est versé... Le verbe grec kerannumai traduit l'hébreu masak, verser,
Isaïe 5, 22 : Hoï les héros pour boire du vin ! Et les hommes valeureux pour verser, li-mesôk, grec oi kerannuntes, la boisson
enivrante ! Isaïe 19, 14 : YHWH a versé, masak, grec ekerasen, au milieu d'elle un esprit d'égarement... Jérémie 25, 15 :
Prends la coupe du vin de la fureur, celle-ci, kôs ha-iain ha-hemah ha-zôt, grec to potèrion tou oinou tou akratou toutou, de
ma main, et tu la feras boire à toutes les nations... Psaume 75, 9 : Car une coupe dans la main de YHWH, et un vin plein
d'un mélange d'épices il verse, we-iain hamar maie mesek, grec oinou akratou plèrès kerasmatos... Isaïe 51, 17 :
Réveille-toi, réveille-toi, lève-toi, lève-toi Jérusalem, toi qui as bu de la main de YHWH la coupe de sa fureur, et-kôs
hamatô, grec topotè-rion tou thumou...
178
14, 12 C'est ici ou c'est en ceci, hébreu ba-zeh, l'espérance des saints... Grec hupomonè, hébreu miqeweh ou tiqewah.
Psaume 9, 18 : Qu'ils retournent les méchants au scheôl, toutes les nations païennes qui ont oublié Dieu. Car ce n'est pas
pour toujours qu'il est oublié, le pauvre, ebiôn, grec ptôchos, l'espérance, tiqewat, grec hè hupomonè, des malheureux n'est
pas perdue... Psaume 39, 8 : Et maintenant qu'est-elle mon espérance, qiwiti, grec tis hè hupomonè, seigneur ? Psaume 62,
6 : En Dieu sois au repos, mon âme ! Car c'est de lui (que provient) mon espérance, tiqewati, grec tè hupomonè mou.
Psaume 71, 5 : Car c'est toi mon espérance, tiqewati, grec hoti su ei hè hupomonè mou, seigneur...
119
écris
heureux les morts
qui sont morts dans le seigneur
dès maintenant
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14, 13 Dès maintenant, grec ap'arti, hébreu me-attah.
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14, 14 Et j'ai vu et voici... Daniel 7, 13 : J'ai regardé dans la vision de la nuit et voici avec les nuages des cieux
comme un fils d'homme qui vient... Araméen ke-bar enôsch, comme un fils d'homme. C'est ce ke qui a été traduit par le
traducteur de l'Apocalypse par homoion. En grec naturel homoios, ce qui est semblable à... doit se construire normalement
avec un datif. Notre traducteur, qui se sert du mot grec homoios pour traduire le ke hébreu et araméen, a oublié de mettre les
mots suivants au datif. « Noter, écrit le bon P. Allô, la persistance de ce singulier accord. » La question reste toujours
ouverte de savoir si les parties araméennes de Daniel ne sont pas elles-mêmes une traduction d'un texte hébreu antérieur, si
ces pages en araméen ne sont pas un targum.
Et sur sa tête une couronne d'or... Exode 28, 36 : Et tu feras une lame d'or pur et tu graveras sur elle, gravure de sceau :
consacré à YHWH ! Tu la fixeras avec un fil de pourpre violette et elle sera sur le turban, elle sera au-devant de la face du
turban. Elle sera sur le front d'Aharôn... Exode 29, 6 : Et tu mettras le turban sur sa tête et tu placeras le diadème de sainteté
sur le turban... Lévitique 8, 9 : Et il a placé le turban sur sa tête et il a placé, il a mis sur le turban en avant de sa face la lame
d'or, le diadème de sainteté, comme il avait ordonné, YHWH, à Môscheh... L'auteur de l'Apocalypse pense que Ieschoua le
meschiah de YHWH est le grand prêtre du nouveau Temple, de la nouvelle création, comme l'auteur du quatrième Évangile,
et comme l'auteur de l'épître aux Hébreux.
Et dans sa main une faucille aiguisée... Marc 4, 26 : C'est comme cela le royaume de Dieu : c'est comme un homme qui
a jeté la semence dans la terre. Il dort, il se réveille, la nuit et le jour, et la semence germe et elle se développe, il ne sait pas
lui-même comment. D'elle-même la terre produit du fruit, d'abord la petite plante verte comme un brin d'herbe, et puis l'épi,
et puis ensuite plein de blé dans l'épi. Et lorsqu'il donne, le fruit, voici qu'il envoie la faucille, parce que la moisson est là...
181
14, 15 Est sorti du temple, grec naos, hébreu heikal, le Temple proprement dit, la Maison de Dieu.
Et fais la moisson... Matthieu 9, 37 : La moisson est nombreuse, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le
seigneur de la moisson, pour qu'il envoie des ouvriers dans sa maison... Matthieu 13, 30 : Laissez croître ensemble les deux
semences jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d'abord les plantes
vénéneuses... Le blé, rassemblez-le dans mon grenier... Jean 4, 35 : Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs
pour la moisson...
Parce qu'elle est desséchée... La question est de savoir si le sens est : elle est sèche, c'est-à-dire mûre pour la moisson...
Ou bien : elle est desséchée à l'excès, et bonne à être jetée au feu... Grec xèrainein, hébreu iabesch, être sec.
120
14, 16 et il a envoyé
celui qui est assis sur le nuage
sa faucille sur la terre
et elle a été moissonnée
la terre
de la vigne du pays
parce qu'elles sont parvenues à maturité
ses grappes de raisin
184
14, 19 Et il a jeté dans le pressoir... Lamentations 1, 15 : Le pressoir il a foulé, le Seigneur, pour la vierge fille de
Juda... Isaïe 63, 2 : Pourquoi du rouge sur tes vêtements ? Et pourquoi tes habits (sont-ils) comme (les habits) de celui qui
foule au pressoir ? A la cuve j'ai foulé seul et d'entre les peuples, personne avec moi ! Je les ai foulés au pied dans ma colère
et je les ai piétines dans ma fureur et leur jus a giclé sur mes habits et tous mes vêtements, je les ai tachés... J'ai écrasé des
peuples dans ma colère et je les ai brisés dans ma fureur et j'ai fait couler à terre leur jus...
La colère de Dieu, la grande, ton megan ou selon certains manuscrits tou megalou se rapporte à thumos.
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14, 20 Et il a été foulé aux pieds le pressoir en dehors de la ville... Apocalypse 11,2: Et le parvis extérieur du temple,
naos, hébreu heikal, mets-le dehors et ne le mesure pas, parce qu'il a été donné aux nations païennes, et la ville sainte, ils la
piétineront pendant quarante-deux mois. Épître aux Hébreux 13, 12 : C'est pourquoi Ieschoua, afin qu'il sanctifie, par son
propre sang, le peuple, c'est en dehors de la porte qu'il a souffert... Le stadion grec correspond à peu près à 178 mètres. 1
600 stades correspondent donc à peu près à 284 800 mètres. Il est vraisemblable que ce nombre 1 600 a une signification qui
était codée, compréhensible pour ceux à qui s'adressait l'Apocalypse, mais nous n'avons pas su la découvrir. La question est
de savoir à quelle mesure hébraïque correspond le stadion grec, approximativement...
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fleuves, toutes les nations. Et viendront des peuples nombreux et ils diront : Allez et montons à la montagne de YHWH, à la
Maison du Dieu de Jacob ! Et qu'il nous instruise de ses voies et nous marcherons dans ses voies ! Car c'est de Sion que
sortira l'Instruction, torah, et la parole de YHWH de Jérusalem ! Prophétie du vni e siècle avant notre ère, que l'on retrouve
Michée 4, 1. Prophétie réalisée. Psaume 22, 28 : Qu'ils se souviennent et qu'ils reviennent vers YHWH, tous les confins de
la terre et qu'elles se prosternent devant ta face toutes les familles des nations ! Car à YHWH la royauté, et il domine sur les
nations... Psaume 66, 4 : Toute la terre, ils se prosternent devant toi... Psaume 72, 11 : Qu'ils se prosternent devant lui, tous
les rois, que toutes les nations le servent ! Isaïe 66, 23 : Ils viendront, toute chair, pour se prosterner devant ma face, a dit
YHWH !
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15, 5 Et il a été ouvert le temple... Grec naos, hébreu heikal.
De la tente de l'attestation... Exode 38, 21, mischekan ha-edout ; Exode 40, 34 : Et elle a recouvert, la nuée, la tente du
rendez-vous, ôhel môed, grec tèn skènèn tou marturiou, et la gloire de YHWH a rempli la demeure, ha-mischekan, grec hè
skènè. On voit de nouveau que l'auteur de l'Apocalypse est un homme du Temple. Il le connaît du dedans.
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15, 6 Ils étaient vêtus, revêtus de lin pur... Exode 26, 1 : Et la demeure, ha-mischekan, grec tèn skènèn, tu la feras
(avec) dix tentures de lin fin, hébreu schesch, grec bussos... Exode 28, 1 : Et toi fais approcher vers toi Aharôn ton frère et
ses fils avec lui du milieu des fils d'Israël afin qu'il exerce pour moi la fonction de sacrificateur, le-kahanô-li, grec
hierateuein moi... Et tu feras des habits de sainteté pour Aharôn ton frère pour la gloire, le-kabôd, et pour la splendeur. Et toi
tu parleras à tous ceux qui sont sages de cœur, que, hébreu ascher, j'ai rempli (avec) un esprit de sagesse, et ils feront les
vêtements de Ahâron afin de le consacrer, pour qu'il exerce pour moi la fonction de sacrificateur. Et voici les vêtements
qu'ils feront : le pectoral et l'éphod, le manteau, la tunique de mailles, le turban et la ceinture. Et ils feront des habits de
sainteté pour Aharôn ton frère et pour ses fils afin qu'il exerce pour moi la fonction de sacrificateur. Et eux ils prendront l'or,
la pourpre violette et la pourpre rouge, le vermillon cramoisi et le lin fin, ha-schesch, grec kai tèn basson. Et ils feront
l'éphod (avec) de l'or... et avec du lin fin, schesch, grec bussos... La bande qui entoure l'éphod, par-dessus, sera... en or... et
en lin fin, schesch, grec bussos... Et tu feras le pectoral du jugement... En or... et en lin fin, schesch, grec bussos... Exode 28,
39 : Tu mailleras la tunique (avec) du lin fin, schesch, grec bussos, et tu feras le turban (avec) du lin fin, schesch, grec
bussinèn... Exode 28, 41 : Et tu les revêtiras, Aharôn ton frère et ses fils avec lui, et tu les oindras, maschaheta, et tu
rempliras leurs mains et tu les consacreras et ils exerceront pour moi la fonction de sacrificateurs. Et fais pour eux des
pagnes de lin, hébreu bad, grec lina, pour cacher la chair de leur nudité... Exode 39, 27 : Ils ont fait les tuniques de lin fin,
et-ha-katenôt schesch, grec chitônas bussinous, pour Aharôn et pour ses fils, et le turban de lin fin, schesch, grec ex
bussou... les ceintures de lin fin et les pagnes de lin... Lévitique 16, 4 : La tunique de lin de sainteté, ketônet bad qôdesch,
grec chitôna linoun hègiasmenon, il revêtira et des pagnes de lin seront sur sa chair et avec une ceinture de lin il sera ceint et
avec un turban de lin il sera coiffé. Ce sont les vêtements de sainteté... Ézéchiel 9, 2 : Et il a crié à mes oreilles d'une voix
forte pour dire : Elles sont proches les visites, peqoudôt, du verbe paqad, visiter, de la Ville (= Jérusalem) et chacun
l'instrument d'extermination dans sa main. Et voici six hommes sont venus de la direction de la Porte supérieure qui fait face
au Nord, et chacun son instrument de destruction dans sa main, et un homme au milieu d'eux, revêtu de vêtements de lin,
badim, et l'écritoire du scribe dans sa ceinture... Et la gloire du Dieu d'Israël s'est élevée d'au-dessus du keroub, qu'elle était
sur lui, hébreu ascher haiah alaiô, ... et elle a appelé l'homme qui était vêtu de lin, badim, que l'écritoire du scribe à sa
ceinture, ascher... Et il a dit, YHWH, en s'adressant à lui : Passe au milieu de la Ville, au milieu de Jérusalem, et tu écriras
un taw (la dernière lettre de l'alphabet hébreu) sur les fronts des hommes qui gémissent et qui souffrent à cause de toutes les
abominations qui se font au milieu d'elle... Le traducteur en grec a rendu le taw hébreu par le mot grec sèmeion, un signe.
Ézéchiel 16, 2 : Fils d'homme, fais connaître à Jérusalem ses abominations... Tes origines et tes lieux de naissance (sont) du
pays du Cananéen... 16, 10 : Je t'ai ceinte de lin, ba-schesch, grec bussô... Ézéchiel 44, 15 : Les kôhanim, grec hiereis, les
lévites fils de Tzadoq qui ont gardé l'observance de mon sanctuaire, alors qu'ils erraient, les fils d'Israël, en s'éloignant de
moi, ce sont eux qui s'approcheront de moi pour faire mon service, hébreu le-schare-teni, grec tou leiiourgein (la
124
construction et la traduction que nous avons relevée Apocalypse 12, 7)... Ce sont eux qui entreront dans mon sanctuaire et
ce sont eux qui s'approcheront de ma table pour faire mon service... Et il adviendra que, lorsqu'ils entreront dans les portes
du parvis intérieur, des vêtements de lin ils revêtiront, bigedei pischetim ilebaschou, grec stolas linas... Des turbans de lin
seront sur leurs têtes et des pagnes de lin sur leurs reins... Daniel 10, 4 : Le vingt-quatrième jour du premier mois, et moi
j'étais sur le bord du Fleuve, le Grand, c'est le Tigre. Et j'ai levé mes yeux et j'ai vu et voici un homme revêtu de lin, isch
ehad labousch badim, grec endedumenos bussina ; Théodotion a transcrit en caractères grecs baddin. Et ses reins étaient
ceints avec de l'or d'Ouphaz... Daniel 12, 6 : Et j'ai regardé, moi, Daniel, et voici deux autres se tenaient debout, l'un ici, de
ce côté, sur le bord du fleuve, et l'autre ici, de ce côté, sur le bord du fleuve. Et il a dit (sic en hébreu, grec : et j'ai dit) à
l'homme qui était vêtu de lin, lebousch ha-badim, grec ta bussina, Théodotion transcription en caractères grecs ta baddin,
qui était au-dessus des eaux du fleuve : Jusques à quand la fin des choses prodigieuses ? Et j'ai entendu l'homme vêtu de lin,
lebousch ha-badim, qui était au-dessus des eaux du fleuve et il a levé sa main droite et sa main gauche vers les cieux et il a
juré dans (= par) celui qui vit éternellement que (ce sera) : Pour un temps des temps et une moitié... Jean 19, 40 : Ils ont
donc pris le corps de Ieschoua et ils l'ont enveloppé dans un sadin... tunique de lin ou toile de lin avec laquelle on fait la
tunique.
192
15, 7 Et l'un des quatre vivants... Il s'agit des quatre vivants, de l'Apocalypse 4, 6. Nous rappelons que le grec zôon
traduit lui aussi l'hébreu haiiah, l'être vivant.
Sept vases en or remplis de la colère de Dieu... Psaume 75, 9 : Car une coupe dans la main de YHWH et du vin plein
d'un mélange d'épices... Ils boiront tous les méchants de la terre... Isaïe 51, 17 : Réveille-toi, réveille-toi, lève-toi, Jérusalem,
toi qui as bu de la main de YHWH la coupe de sa colère, et-kôs hamatô, grec to potèrion tou thumou... Isaïe 51, 22 : Voici
que j'ai pris de ta main la coupe du vertige, le calice de la coupe de ma fureur ! Tu ne recommenceras plus à en boire...
Jérémie 25, 15 : Prends la coupe du vin de la fureur, celle-ci, de ma main, et tu la feras boire à toutes les nations que, hébreu
ascher, moi je t'envoie vers elles... Et elle boiront et elles tituberont et elles deviendront folles devant la face de l'épée que
moi j'enverrai au milieu d'elles. Et j'ai pris la coupe de la main de YHWH et j'ai fait boire à toutes les nations que, ascher, il
m'a envoyé, YHWH, vers elles : Jérusalem et les villes de Juda et ses rois et ses princes pour les donner à la ruine et à la
dévastation... Le mot grecphialè utilisé Apocalypse 15, 7 ; 5, 8 ; 21, 9 ; traduit le plus souvent l'hébreu mizeraq, pluriel
mizeraqim et mizeraqôt qui désigne un récipient, peut-être un vase, d'airain, qui servait pour le service de l'autel des
sacrifices, Exode 27, 3 ; 38, 3 ; Nombres 4, 14 ; un récipient d'argent, Nombres 7, 13 ; 7, 19 ; 7, 25 ; etc. 1 Rois 7, 40 ; 7,
45 ; 7, 50 ; Zacharie 9, 15 ; 14, 20 ; comme les cratères devant la face de l'autel ; Néhémie 7, 69 ; Jérémie 52, 18 ; récipient
en or, 1 Rois 7, 50 ; 2 Rois 25, 15 ; Jérémie 52, 19. De nouveau un objet, un ustensile qui fait partie de la liturgie du Temple,
et qui était familier à ceux qui assuraient le service du Temple.
193
15, 8 Et il a été rempli, le Temple, de fumée... Le Temple, ho naos, hébreu ha-heikal. Exode 40, 33 : Et il a achevé,
wa-iekal, grec kai sunetelesen, Môscheh, l'œuvre. Et elle a recouvert, la nuée, la tente du rendez-vous, et la gloire de
YHWH a rempli la demeure. Et il ne pouvait pas, Môscheh, entrer dans la tente du rendez-vous, car demeurait sur elle la
nuée, et la gloire de YHWH remplissait la demeure... 1 Rois 8, 10 : Et il advint, lorsque les kôhanim sont sortis du Saint,
alors, hébreu we, la nuée a rempli la maison de YHWH et ils n'ont pas pu, les kôhanim, rester debout pour faire le service à
cause de, hébreu mi-penei, la nuée, parce qu'elle a rempli, la gloire de YHWH, la maison de YHWH... Isaïe 6, 1 : Dans
l'année de la mort du roi Ozias, alors, hébreu we, j'ai vu le Seigneur qui était assis sur un trône élevé... Et il criait, celui-ci,
125
de fumée
à cause de la gloire de dieu
et à cause de sa puissance
et personne n’a pu entrer dans le temple
jusqu'à ce qu’ils soient achevés
les sept fléaux des sept messagers
vers celui-ci, et il disait : qadôsch qadôsch qadôsch YHWH tzebaôt, grec hagios hagios hagios kurios sabaôth — le
traducteur n'a pas traduit l'hébreu tzebaôt, il a transcrit en caractères grecs. Elle remplit toute la terre, sa gloire !... Et la
Maison s'est remplie de fumée, hébreu aschan, grec kapnos. Psaume 18, 9 : Elle est montée, une fumée, dans sa narine et un
feu de sa bouche, dévorant... Isaïe 65, 5 : Ces choses-là, une fumée dans ma narine...
126
cieux et à tout rampant sur la terre, que en lui une âme vivante, ascher bô nephesch haiiah, grec ho echei en heautô psuchèn
zôès... Genèse 2, 7 : Et il a été, l'Homme, une âme vivante, le-nephesch haiiah, grec eispsuchèn zôsan...
De celles qui (sont) dans la mer... Comme le note en gémissant le bon P. Allô, « Apposition du pluriel ta en tè thalassè à
un singulier, ce qui ne surprend pas dans l'Apocalypse... ». L'explication est simple. Toute âme vivante, en hébreu, est un
singulier collectif, qui désigne une multitude. Il est donc tout à fait naturel, en hébreu, d'accorder la proposition qui suit, qui
commence par ascher, à ce singulier collectif. En hébreu tout simplement : ascher ba-iam. Le traducteur en grec a
reconstitué la logique des propositions de la manière suivante : Toute âme vivante est morte, — toute âme vivante c'est-à-
dire toutes les âmes vivantes, qui (sont) dans la mer. Conformément au texte hébreu, il n'a pas mis le verbe être en grec,
mais il a mis ta au pluriel neutre, ce qui a pour effet de désoler le P. Allô.
197
16, 5 Tu es juste toi YHWH... Psaume 119, 137 : (Tu es) juste, toi, YHWH, tzadiq attah YHWH, sans le verbe être.
C'est probablement ce verset du psaume qui est cité ici. Le traducteur en langue grecque a voulu traduire le sens du
tétragramme, comme il l'a fait précédemment. Il a donc mis : Celui qui est et qui était..., sachant que l'indicatif présent du
verbe être ne suffit pas à traduire l'inaccompli hébreu, qui peut se traduire par un imparfait, un présent ou un futur, selon les
cas.
Le saint... Grec ho hosios, qui traduit l'hébreu hasid, Psaume 4, 3 ; 12, 1 ; 16, 10 ; 18, 25 ; 30, 4 ; etc.
198
16, 6 Parce que... alors, construction hébraïque avec we, alors, traduit en grec par kai.
Parce que le sang des saints et des prophètes ils ont versé... Genèse 9, 6 : Celui qui verse le sang de l'Homme, schôphek
dam ha-adam, par l'Homme, be-adam, son sang sera versé... Deutéronome 19, 10 : Et ne sera pas versé le sang innocent au
milieu de ton pays que YHWH ton Dieu te donne en héritage, en sorte qu'il y ait, le we hébreu, sur toi des sangs, hébreu
damim, au pluriel... 2 Rois 21, 16 : Et même le sang innocent il a versé, Manassé, en quantité énorme, jusqu'à ce qu'il en ait
rempli Jérusalem bouche à bouche, peh la-pheh, grec stoma eis stoma ! 2 Rois 24, 2 : Et il a envoyé, YHWH, contre lui, les
troupes des Chaldéens, et les troupes d'Aram... Il les a envoyées contre Juda pour le faire périr, conformément à la parole de
YHWH qu'il avait parlée par la main, be-iad, de ses serviteurs les prophètes. Ce fut seulement sur la bouche de YHWH, al-
pi YHWH, = sur l'ordre de... — à cause des crimes de Manassé... et aussi le sang innocent qu'il a versé, et il a rempli
Jérusalem de sang innocent... Psaume 79, 1 : Dieu, elles sont venues les nations païennes dans ton héritage, elles ont souillé
ton temple saint, elles ont mis Jérusalem en ruines, elles ont donné les cadavres de tes serviteurs à manger à l'oiseau des
cieux, la chair de tes saints à la bête de la terre, elles ont versé leurs sangs, damam, comme des eaux, tout autour de
Jérusalem... Psaume 106, 38 : Et ils ont versé le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles... Ezéchiel 22, 2 : Et toi
fils d'homme, est-ce que tu vas juger la ville des sangs, et-ir ha-damim (Jérusalem), grec ei krineis tènpolin ton aimatôn...
Ville qui verse le sang au milieu d'elle, pour qu'il vienne ton temps, la-bô itteka, grec tou elthein kairon autès — la
construction hébraïque et la traduction que nous avons vue Apocalypse 12, 7... — et qui a fait des boules d'ordure,
gilloulim, sur elle, pour la souiller ? Dans ton sang que tu as versé tu t'es rendue coupable et dans les boules d'ordure (= les
idoles) que tu as faites tu t'es rendue impure, tu t'es souillée et tu as fait venir tes jours (les jours de la catastrophe)...
Apocalypse 16, 6 plusieurs manuscrits donnent aimata, pluriel neutre, les sangs, ce qui est évidemment la traduction
littérale de l'original hébreu damim. Cette forme étrange pour des lecteurs grecs a ensuite été corrigée par les copistes, qui
ont mis le singulier aima que nous lisons dans nos éditions modernes.
Ils l'ont mérité ! Deutéronome 25, 1 : Quand il y aura une querelle entre des hommes, alors, hébreu we, grec kai, ils se
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le grand
l’euphrate
et elle a été desséchée son eau
afin que soit préparée la route des rois
[qui viennent] du lever du soleil
c'est fait
210
16, 20 Et toute île s'est enfuie... Ézéchiel 26, 18 : Elles sont épouvantées, les îles qui sont dans la mer... Lorsque je
ferai de toi une ville en ruines, comme les villes dans lesquelles on n'habite plus...
211
16, 21 Et une grande grêle, des grêlons lourds comme des talents... Flavius Josèphe, Histoire de la guerre des Judéens
contre les Romains, V, 269. Les machines que les Romains avaient fabriquées, surtout celles de la dixième légion, étaient
capables d'envoyer des pierres qui pesaient un talent, c'est-à-dire entre 36 et 40 kilos. Ces pierres étaient blanches et au
soleil on les voyait venir de loin. Des guetteurs étaient postés sur les tours des remparts de Jérusalem. Chaque fois qu'une de
ces énormes pierres arrivait, les guetteurs criaient, dans la langue de leurs pères, tèpatriô glôssè : Le fils arrive ! Grec : ho
huios erchetai. La pierre, en hébreu, se dit ha-eben ; le fils se dit : ha-ben. Le traducteur du texte hébreu de Flavius Josèphe
a entendu ha-ben, et a donc traduit : le fils, au lieu de traduire : la pierre ! Ce qui permet de supposer que la traduction se
faisait selon la méthode que nous avons indiquée : un lecteur en langue hébraïque, un traducteur bilingue, un scribe qui sait
écrire les caractères grecs. Le traducteur bilingue dicte en grec la traduction de ce qu'il entend en hébreu. Nous sommes au
printemps de l'année 70.
133
viens
et je te montrerai le jugement de la prostituée
la grande
celle qui est assise sur les eaux nombreuses
212
17, 1 II a parlé avec moi... Genèse 31, 29 : Garde-toi de parler avec Jacob, hébreu im, grec meta. Deutéronome 5, 4 :
Face à face il a parlé YHWH avec vous sur la montagne du milieu du feu, panim be-panim dibber YHWH immakem, grec
pros.
Le jugement, grec krima, hébreu mischepat.
La prostituée, la grande... Grec pornè, hébreu zônah, participe féminin du verbe zanah, se prostituer, participe zôneh,
féminin zônah. En français il existe plusieurs termes, le terme distingué pour la langue écrite, prostituée, et les autres qui
appartiennent à la langue populaire. En hébreu il n'y a qu'un seul terme, et il est sans doute plus près du parler populaire que
de la langue des lettrés. Dans quelques cas, par exemple Genèse 38, 15 ; Lévitique 21, 9 ; Deutéronome 22, 21 ; il s'agit
bien, ou à peu près, de ce que nous, les païens de l'Occident finissant, nous appelons prostitution, en moins fétide. Mais dans
l'immense majorité des cas ces termes hébreux sont utilisés pour signifier ou désigner ce que nous, les païens du xx e siècle,
nous avons du mal à entendre : l'acte par lequel l'esprit se détourne du Vivant pour se tourner vers les cultes païens, vers les
idoles adorées, les sacrifices humains offerts à nos divinités multiples, par exemple la Nation divinisée. Comme nous
sommes dedans, à l'intérieur de ce paganisme des nations païennes, nous avons du mal à concevoir ce que les anciens
Hébreux entendaient par là, car pour le voir, il faut être dehors, il faut émerger. Nous avons noté déjà que depuis les grands
prophètes hébreux du vine siècle avant notre ère, au moins, la relation ontologique entre Dieu et la nouvelle humanité qui se
forme dans cette zone germinale qui est le peuple hébreu, cette relation est exprimée par l'analogie entre l'homme et la
femme qui s'aiment. L'infidélité de la femme à l'homme, de la nouvelle humanité en régime de création et de transformation,
à Dieu qui la crée et la transforme, c'est cette infidélité-là que les anciens prophètes hébreux ont comparé à l'acte de la
prostitution, ont exprimé par l'analogie de ce que nous appelons la prostitution. C'est une faute spirituelle, c'est une faute
métaphysique, c'est une faute contre l'esprit. Osée, vme siècle avant notre ère, 1 , 1 : Parole de YHWH qui fut (adressée) à
Hôschea, fils de Beeri, aux jours d'Ozias, de Jotham, d'Achaz, d'Ézéchias rois de Juda, et aux jours de Jéroboam... roi
d'Israël. Commencement du parler de YHWH dans, be, Hôschea. Et il a dit, YHWH, à Hôschea : Va, prends pour toi une
femme des prostitutions, eschet zenounim, grec gunaika porneias, et des enfants de prostitution, we-ialedei zenounim, grec
kai tekna porneias, car, pour ce qui est de se prostituer, il se prostitue, le pays, en s'éloignant de derrière YHWH... Osée 2,
4 : Mettez-la en accusation, votre mère, mettez-la en accusation, car elle (n'est) plus ma femme et moi, je ne (suis) plus son
homme ! Et qu'elle écarte ses prostitutions de devant sa face et ses adultères d'entre ses seins, afin que je ne la déshabille pas
toute nue, et que je ne la remette (comme elle était) au jour de sa naissance, que je ne la fasse comme un désert... Et ses fils,
je n'aurai pas pitié d'eux, parce qu'ils (sont) des fils de prostitutions, eux, benei zenounitn, grec tekna porneias, — Jean 8, 41
— parce qu'elle s'est prostituée, leur mère... Car elle disait : J'irai derrière mes amants ; ils me donnent mon pain et mon eau,
ma laine et mon lin, mon huile... Elle, elle ne savait pas que c'est moi qui lui ai donné le blé et le vin nouveau et l'huile
fraîche... Osée 3 , 1 : Va, aime une femme qui est aimée par un autre, un compagnon, et infidèle, — comme l'amour de
YHWH pour les fils d'Israël et eux ils se tournent vers les dieux étrangers... Isaïe 1,21: Comment donc est-elle devenue une
prostituée ? haietah le-zônah, grec egeneto pornè, la cité de la vérité, qireiah nee-menah, grec polis pisté ? Jérémie 2, 2 : Va
et tu crieras aux oreilles de Jérusalem pour dire : Ainsi a parlé YHWH : Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de
l'amour de tes fiançailles, tandis que tu marchais derrière moi dans le désert... Jérémie 2, 20 : Sur toute colline élevée et sous
tout arbre verdoyant tu t'es couchée, prostituée, zônah. Jérémie 3, 6 : Et il m'a dit, YHWH, à moi, aux jours du roi Josias
(640-609 avant notre ère) : Est-ce que tu as vu ce qu'elle a fait l'infidèle Israël ? Elle est allée, elle, sur toute montagne
élevée et sous tout arbre verdoyant, et elle s'est prostituée, là ! Jérémie 3, 8 : Et sa sœur Juda, elle est allée et elle s'est
prostituée elle aussi. Et il est advenu qu'à la voix de sa prostitution, zenoutah, grec porneia, elle a souillé le pays, elle s'est
livrée à l'adultère avec la pierre et le bois... Jérémie 13, 25 : Parce que tu m'as oublié et parce que tu t'es confiée dans le
mensonge, et moi-même je vais relever les pans (de ta robe) sur ta face et on verra ta nudité... Le traducteur en grec a traduit
: Et moi je découvrirai, apokalupso, ton derrière, ta opisô sou, sur ta face, kai ta loipa... Tes adultères, tes hennissements,
l'impudeur de ta prostitution, sur les collines, au champ, j'ai vu tes abominations ! Oï à toi, grec ouaisoi ! Jérusalem...
Ézéchiel 16, 2 : Fils d'homme, ben adam, fais connaître à Jérusalem ses abominations... Tes origines et ta naissance, du pays
du Cananéen... 16, 8 : Je suis passé auprès de toi et je t'ai vue et voici, c'était ton temps, le temps des amours ! J'ai étendu
mon aile sur toi et j'ai recouvert ta nudité et je t'ai juré et je suis entré en alliance, bi-berit, grec en diathèkè, avec toi, oracle
134
du seigneur YHWH, grec legei kurios, et tu as été à moi. Je t'ai lavée dans les eaux, et j'ai essuyé tes sangs, hébreu damaik,
de dessus toi et je t'ai parfumée avec de l'huile — l'huile d'onction... Je t'ai vêtue de lin fin, hébreu schesch... Je t'ai ornée
d'une parure... J'ai mis... une couronne de gloire sur ta tête... Et il est sorti, pour toi, le nom (= la renommée) parmi les
nations, à cause de ta beauté, parce qu'elle était accomplie, achevée... Et tu t'es prostituée... et tu as répandu tes prostitutions
sur tout passant. A lui tu as été. Et tu as pris de tes vêtements et tu as fait pour toi des hauteurs, et tu t'es prostituée sur elles...
Et tu as pris les ustensiles de ta splendeur (les ustensiles du Temple), faits avec mon or et avec mon argent, que je t'ai
donnés, et tu t'es fait des statues de mâles, hébreu tzalemei zakar, grec eikonas arsenikas, et tu t'es prostituée en elles, hébreu
bam, grec en autais... Et avec toutes tes abominations, tes prostitutions, tu ne t'es pas souvenue des jours de ta jeunesse,
alors que tu étais nue et découverte... Ézéchiel 16, 25 : Tu as écarté les jambes pour tout passant et tu as multiplié tes
prostitutions... Ézéchiel 16, 26 : Et tu t'es prostituée aux fils de l'Égypte, tes voisins, qui sont grands de chair, et tu as
multiplié tes prostitutions... Tu t'es prostituée aux fils d'Assur, parce que tu n'étais pas rassasiée, tu t'es prostituée et même
ainsi tu n'as pas été rassasiée. Et tu as multiplié tes prostitutions au pays de Canaan — surajouté : en Chaldée — et même
avec cela tu n'as pas été rassasiée !... Lorsque tu fais tout cela, l'action d'une femme prostituée, maaseh ischah zônah, grec
erga gunaikospornès... Ézéchiel 16, 35 : C'est pourquoi, prostituée, écoute la parole de YHWH ! Ainsi a parlé le seigneur
YHWH : Parce que tu as versé ton airain (euphémisme) et parce qu'elle a été découverte, dévoilée, hébreu galah, grec
apokaluphthèsetai, ta nudité lorsque tu te prostituais sur tes amants et à cause de toutes tes boules d'ordure, gilloulei (= tes
idoles) de tes abominations, et dans les sangs, we-bi-demei, grec kai en tois aimasin, de tes fils que tu leur as donnés, c'est
pourquoi voici que moi je vais rassembler tous tes amants sur lesquels tu t'es mélangée, et tous ceux que tu as aimés avec
tous ceux que tu as haïs. Et je vais les rassembler contre toi, sur toi des alentours et je vais découvrir ta nudité, hébreu le
verbe galah, grec apokalupsô, et ils verront toute ta nudité. Et je vais te juger du jugement des femmes qui ont trompé leurs
maris et qui ont versé le sang et je te donnerai (d'être) du sang, de la fureur et de la jalousie. Et je te donnerai dans leurs
mains et ils vont raser ton tertre et démolir tes hauteurs. Ils vont t'arracher tes vêtements, ils vont prendre les objets qui
faisaient ta splendeur (les ustensiles du Temple) et ils vont te laisser nue et dénudée. Ils vont faire monter contre toi un
ensemble, une foule (de peuples), hébreu qahal, grec ochlous, et ils vont te frapper avec la pierre et ils vont te pourfendre
avec leurs épées. Et ils vont brûler tes maisons dans le feu...
C'est cette ancienne prophétie du prophète Ézéchiel, vi e siècle avant notre ère, que Iohanan-Jean reprend ici Apocalypse
17, et qu'il applique à Jérusalem quelques années avant le désastre de 70. Ezéchiel 23, 2 : Fils d'homme, deux femmes, filles
d'une même mère, étaient. Elles se sont prostituées en Égypte, dans leur jeunesse elles se sont prostituées là-bas... Ézéchiel
23, 9 : C'est pourquoi je l'ai donnée dans les mains de ses amants, les fils d'Assur... Eux ils ont dévoilé sa nudité, ses fils et
ses filles ils les ont pris, et elle, par l'épée ils l'ont frappée... 23, 19 : Elle a multiplié ses prostitutions pour se j souvenir des
jours de sa jeunesse, que, hébreu ascher, elle se prostituait au pays d'Égypte... 23, 22 : C'est pourquoi... voici que moi je vais
susciter tes amants contre toi... et je vais les faire venir contre toi de tous côtés... Et ils viendront contre toi... une coalition
de peuples, qehal ammim...
Jean prend la suite de la grande tradition des anciens prophètes hébreux. Il parle leur langue. Il utilise leurs symboles et
leurs analogies. Il est impossible que la prostituée d'Apocalypse 17 soit Rome, pour une raison simple : pour pouvoir être
infidèle à YHWH et mériter d'être traitée d'infidèle et de prostituée par les prophètes hébreux, il faut d'abord avoir été
l'épouse chérie de YHWH, ce qui n'a jamais dans le passé été le cas de la ville de Rome. Dans la grande tradition
prophétique hébraïque, le terme de prostituée s'applique à celle qui s'est séparée de YHWH son seigneur, qui a apostasie,
parce qu'elle s'est tournée vers les religions païennes. Rome, la ville de Rome n'était pas encore entrée dans l'économie de
l'alliance lorsque Jean écrit l'Apocalypse, et elle ne pouvait pas encore être l'infidèle. Seule une petite communauté
chrétienne, comme un germe, était en train de se développer dans la ville païenne. Celle que Jean appelle la prostituée, à la
suite des anciens prophètes Osée, Isaïe, Jérémie, Ézé-chiel, c'est sa propre ville, Jérusalem, qui va subir de nouveau et en
pire ce qu'elle a déjà subi lorsque Nabuchodonosor, 2 Rois 24 et 25, en 587 avant notre ère, l'a prise, détruite et dévastée.
Qui est assise sur des eaux nombreuses... Jérémie 51, 13 : Toi qui sièges sur des eaux nombreuses, al maim rabbim... elle
est venue ta fin...
213
17, 2 Ceux qui habitent la terre... Le verbe katoikeô construit avec l'accusatif. Katoikein traduit l'hébreu iaschab.
135
Une coupe dans sa main remplie d'abominations... Grec bde-lugma, grec de synagogue comme dit Richard Simon, grec
de traduction ; hébreu schiqqoutz ou tôebah.
216
17, 6 Saoule du sang des saints... Grec ek tou aimatos..., hébreu min Deutéronome 32, 42 : Je vais saouler mes flèches
de sang, hébreu mi-dam, grec aph aimatos... Jérémie 51, 7 : Une coupe d'or, Babel, dans la main de YHWH. Elle rend ivre
toute la terre. De son vin elles ont bu, les nations, c'est pourquoi elles sont devenues folles, les nations.
Si l'Apocalypse a été écrite tout à la fin du premier siècle de notre ère ou au commencement du second, comme le pense
la majorité des critiques, — alors Babel qui se saoule avec le sang des témoins de Ies-choua peut être Rome, — Allard,
Histoire des persécutions, Paris, 1911. Ces persécutions commencent en 64 ou 65 avec Néron. Si l'Apocalypse a été écrite
bien avant, comme le pense une minorité de critiques, alors Babel ne peut pas représenter ni signifier Rome. Babel
représente et signifie celle qui persécute à mort la jeune église, les jeunes églises, — Jérusalem, son pouvoir politique et
religieux, le roi et le haut sacerdoce, les deux cornes. La question est donc de savoir à quel moment, approximativement,
l'Apocalypse a été écrite. Après les horribles massacres de Néron ? Ou avant ? Lorsque Pierre écrit, première lettre 5, 13
finale : Elle vous salue (la communauté) qui est élue avec (vous), celle qui est à Babylone... Même question : Est-ce que
Babylone désigne Rome, comme le pense la majorité des critiques ? Ou bien Jérusalem, comme l'ont pensé un heureux petit
nombre dans le passé ? Au début de sa lettre, Pierre écrit aux élus de la diaspora du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de
l'Asie, de la Bithynie, — en somme aux frères et aux sœurs des communautés que Paul a fondées lors de son second
voyage, à partir de l'année 49. Il est très vraisemblable que ce qui est vrai pour l'Apocalypse est vrai aussi pour la lettre de
Pierre, le code était le même, et donc Babylone signifie la même chose dans les deux cas. Si Babylone désigne en réalité
Jérusalem, alors la lettre de Pierre a été écrite de Jérusalem, et non de Rome, après l'année 51, retour de Paul à Jérusalem.
Et j'ai été stupéfait... Habacuc, 1, 5 : Regardez... soyez stupéfaits et dans la stupeur, we-hittammehou temahou, grec kai
thaumasate thaumasia, car je vais agir une action, poalpoel, grec ergon egô erga-zomai, dans vos jours ; vous ne la croirez
pas si on vous la raconte. Car me voici qui suscite les Chaldéens...
217
17, 8 L'être vivant — ou la bête — que tu as vu, il était et il n'est pas... Il est possible et même vraisemblable que Jean
137
ici oppose l'être vivant, ou la bête, qui est sans doute une coalition de nations, à YHWH, dont la traduction intégrale est : il
est, il était, il sera. Il est possible que Jean veuille dire : cet être vivant, cette bête, qui est une coalition ennemie, elle était,
mais elle est en train de disparaître, elle n'a pas d'existence permanente et durable. On ne peut pas dire d'elle qu'elle est,
comme on peut et comme on doit le dire de YHWH.
218
17,9 C'est ici l'intelligence (de) celui à qui appartient la sagesse... Traduction littérale du texte grec : C'est ici
l'intelligence, celui qui a la sagesse... Il est vraisemblable que nous avons ici de nouveau une traduction dans laquelle notre
traducteur a oublié de décliner en grec ce qui devait l'être. Il y avait en hébreu probablement une construction du type : C'est
ici l'intelligence pour celui à qui la sagesse, le-ascherlô hôkemah, Delitzsch.
Les sept têtes sont sept montagnes, où la femme est assise sur elles... Pléonasme en français comme en grec ; hébreu
ascher ha-ischah iôschebet aleihem. Psaume 125, 1 : Ceux qui font confiance en YHWH, comme le mont Sion (ils sont)...
Jérusalem, des montagnes autour d'elle... Psaume 133, 3 : Comme la rosée de l'Hermon qui descend sur les montagnes de
Sion. Car c'est là qu'il a commandé, YHWH, la bénédiction de la vie pour la durée éternelle qui vient...
Sur les montagnes de la Judée, Abel, Géographie de la Palestine, I, 371 ; montagnes de la Galilée, I, 349.
219
17, 10 Et il y a sept rois... Il n'est pas du tout certain ni évident qu'il faille rattacher cette proposition à la précédente et
traduire : et ce sont ( = les montagnes sont) sept rois... Au contraire ce rattachement à la proposition précédente crée une
confusion inextricable dans le texte. Le terme de roi, en grec basileus, dans la langue, dans le lexique des traducteurs des
textes hébreux de la Bible hébraïque, recouvre plusieurs mots hébreux, melek, le roi, dans la majorité des cas, mais aussi
nasi, le prince, Genèse 23, 6 ; mâschâl, celui qui domine ; sar, le chef, etc. Il n'y a donc pas lieu de se précipiter et d'affirmer
que les sept rois de Apocalypse 17, 9 sont des empereurs romains. Depuis des siècles, des érudits s'appliquent à déterminer
la liste de ces empereurs romains, sans se mettre d'accord entre eux. La question est de savoir par lequel on commence,
quels sont ceux que l'on élimine pour obtenir le chiffre sept, etc. La question initiale est de savoir ce que Jean regarde, ce
qu'il envisage, ce qu'il a dans le champ visuel de sa pensée : Est-ce que ce sont les empereurs romains, comme nous
pouvons le faire, parce que nous avons étudié, plus ou moins, l'histoire romaine dans des livres savants ? Ou bien est-ce
l'histoire récente de son pays, la Judée ? Liste des procurateurs romains : 1. Coponius, environ 6-9. 2. Marcus Ambibulus, 9-
12. 3. Annius Rufus, 12-14. 4. Valerius Gratus, 15-26. 5. Pontius Pilatus, 26-36. En 37 Caligula confère la royauté à
Agrippa. 6. Marullus procurateur de la Judée, ou Marcellus, un seul personnage ou deux ? 37-41. 8. Cuspius Fadus, 44-45.
9. Tiberius Alexander, 46-48. 10. Ventidius Cumanus, 48-52. 11. Félix, 52-60. 12. Porcius Festus, 60-62. 13. L. Lucceius
Albinus, 62-64. Gessius Florus, automne 64, jusqu'au début de la guerre, en 66 (Abel, Histoire de la Palestine, I, 433. J. P.
Lemonon, Pilate et le Gouvernement de la Judée, 21). La question est bien entendu de savoir si Jean pense aux
gouverneurs-procurateurs envoyés par Rome, ou s'il pense plutôt aux roitelets éphémères soutenus par Rome depuis la mort
de Hérode dit le Grand.
138
de faire sa volonté
et défaire une seule volonté
et de donner leur royaume
à l'être vivant-la bête
jusqu'à ce qu'elles soient accomplies
les paroles de dieu
De faire sa volonté, grec poièsai tèn gnômèn autou. Le grec gnômè traduit, dans les fragments araméens d'Esdras, le mot
hébreu et araméen thaam, qui signifie le goût, la perception, l'intelligence, l'entendement, puis la volonté, l'ordre, le
commandement, Esdras 4, 19 ; 4, 21 ; 5, 3 ; 5, 8 ; etc. 6, 1 ; 6, 3 ; 6, 8 ; etc. 7, 13 ; 7, 21 ; 7, 23. On peut donc aussi bien
traduire : exécuter son ordre, son commandement.
224
17, 18 Et la femme que tu as vue, c'est la grande ville à qui appartient la royauté sur les rois du pays ou de la terre...
Ézéchiel 16, 12 : J'ai mis une couronne de splendeur sur ta tête... Tu t'es parée avec de l'or et de l'argent. Ton vêtement, c'était
du lin, schesch... Tu es devenue belle de plus en plus et tu as accédé à la royauté...
141
Ceci s'est passé sans doute autour de l'année 66. Si aujourd'hui, au printemps de l'année 1984, un prophète appartenant à
l'une des multiples sectes ou églises qui ont pullulé en Allemagne sous le règne de Hitler, vient à Berlin annoncer que Berlin
va être détruite et brûlée dans le feu en mai 1945, personne ne l'écoutera. Il y aura un petit attroupement sur les trottoirs et
s'il insiste, le visionnaire sera vite enfermé dans un asile. S'il écrit une apocalypse pour annoncer que Berlin va être détruite
en mai 1945, et s'il ordonne à ses frères et à ses sœurs de la communauté à laquelle il appartient : Sortez du milieu d'elle,
mon peuple avant le désastre qui vient ! son texte ne sera pas reçu par la communauté, il ne sera pas admis, il ne sera pas
traduit, il ne sera pas recopié. Il annonce quarante ans trop tard un fait passé : c'est absurde et c'est dépourvu de tout intérêt
pour tout le monde, pour lui-même et pour les frères et sœurs de la communauté prophétique à laquelle il appartient. Si
l'Apocalypse de Jean a été écrite à la fin du Ier siècle de notre ère, ou au début du ne siècle, elle annonce avec trente ans de
retard ce qui s'est produit en l'année 70 et elle ordonne à la communauté chrétienne qui se trouvait à Jérusalem trente-cinq
ans plus tôt, de quitter la ville qui est détruite depuis trente ans : c'est absurde, c'est dépourvu de tout intérêt pour lui et pour
tout le monde. Si l'Apocalypse avait été écrite, composée et communiquée aux frères des communautés chrétiennes, à la fin
du Ier siècle ou au commencement du ne siècle, elle n'aurait pas été retenue, ni recopiée, ni traduite en grec ; elle n'aurait pas
été gardée par les communautés comme une perle précieuse qu'elle est. De fait, nous le savons par des documents anciens,
la communauté chrétienne de Jérusalem a quitté Jérusalem autour de l'année 66 et elle s'est enfuie avant le désastre, à cause
d'une apocalypse... L'Apocalypse demande à la communauté chrétienne de Jérusalem de sortir pendant qu'il est encore
temps, et elle est sortie. Il est donc très difficile de supposer que les pages que nous lisons ont été composées, écrites,
communiquées aux frères quarante ans après les événements, ou plus exactement l'hypothèse est absurde. D'ailleurs il suffit
de lire les commentaires savants qui adoptent comme hypothèse et même comme thèse une composition tardive : ils ne
savent plus quoi faire des prophéties que nous venons de lire, ni de l'ordre de quitter la grande Ville avant le désastre. Ils ne
savent plus à quoi cela peut bien s'appliquer. Ils cherchent dans l'avenir, dans les siècles ultérieurs, ce qui s'est produit en
l'année 66 et en l'année 70.
Sortez mon peuple du milieu d'elle... Matthieu 24, 15 : Lorsque donc vous verrez l'abomination horrifique (traduction
proposée par Jean de Menasce, Daniel 9, 27) dont il est parlé par la main de Daniel le prophète, dans le lieu saint (= le
Temple), celui qui lit, qu'il comprenne, alors ceux qui sont en Judée, qu'ils s'enfuient dans les montagnes, celui qui (est) sur
la terrasse, qu'il ne descende pas pour prendre ce qu'il y a dans sa maison, et celui qui est aux champs, qu'il ne retourne pas
pour aller prendre son manteau ! Hoï à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront dans ces jours-là... Luc 21, 20 :
Lorsque vous la verrez entourée par des armées, Jérusalem, alors connaissez qu'elle est proche sa dévastation. Alors ceux
qui (sont) en Judée, qu'ils s'enfuient dans les montagnes, et ceux qui sont au milieu d'elle (de Jérusalem), qu'ils sortent, et
ceux qui sont dans les campagnes, qu'ils ne retournent pas pour entrer de nouveau en elle (dans Jérusalem). Car ce sont les
jours de la visite, peqoudah, Ézéchiel 9, 1, ces jours-là, pour — la construction que nous avons relevée plusieurs fois, le-,
traduction grecque commençant par tou suivi d'un infinitif — remplir tout ce qui a été écrit = pour accomplir toutes les
prophéties... Hoï à celles qui seront enceintes et celles qui allaiteront dans ces jours-là... Et ils tomberont à la gueule de
l'épée, stomati machairès, hébreu le-phi hereb, Josué 10, 28 ; 10, 30 ; 10, 32 ; 10, 35 ; etc. — et ils seront déportés dans
toutes les nations et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations païennes... Marc 13, 14 ; Marc 13, 18 : priez pour que
cela n'arrive pas en hiver... La catastrophe a été consommée en août et septembre 70.
228
18, 6 Rendez-lui en retour... Psaume 137, 8 : Fille de Babel toi qui seras dévastée, heureux ceux qui vont te rendre en
retour ce que tu nous as fait... Jérémie 50, 15 : Comme elle a fait, faites-le-lui...
143
et redoublez le double
conformément à ses actions
dans la coupe dans laquelle elle a versé
versez-lui le double
et tout marin
et tout homme qui navigue sur la mer
et les navigateurs
et tous ceux qui travaillent la mer
de loin ils se sont tenus
233
18, 15 Ils se tiendront de loin... Incorrect en français, grec apo makrothen stèsontai, incorrect en grec, traduction
littérale de l'hébreu me-rahôq. Genèse 22, 4 : Au troisième jour, alors il a levé, Abraham, ses yeux, et il a vu le lieu, de loin,
me-rahôq, grec makrothen.
234
18, 17 Et tout marin... Hébreu we-kôl hôbel, singulier collectif, pour dire : tous les marins... Grec kubernètès, hébreu
hôbel, Ézéchiel 27, 8 ; 27, 27 ; 27, 28.
Et tout homme qui navigue sur la mer... Grec ho epi ponton pleôn, avec quelques manuscrits, contre la majorité, ho epi
topon, qui ne donne pas de sens.
Et tous ceux qui travaillent la mer... Genèse 2, 5 : et de l'homme, we-adam, il n'y en avait pas, pour travailler la terre, la-
abôd et ha-adamah, grec ergazesthai tèn gèn.
De loin ils se sont tenus... Incorrect en français, grec apo makrothen, traduction littérale de l'hébreu me-rahôq.
235
18, l9 Parce que dans une seule heure, elle a été dévastée...
Rome n'a pas été dévastée en une seule heure ?
146
236
18, 20 Qu'ils se réjouissent, les cieux... Psaume 96, 11. Parce qu'il a jugé... le jugement... (pour vous tirer) de sa main,
grec ex autès, vieille construction hébraïque. 1 Samuel 24, 16 : Qu'il juge entre moi et entre toi... et qu'il me juge en me
tirant de ta main, mi-iadeka, grec ek cheiros sou. 2 Samuel 18, 19 : Je vais annoncer au roi l'heureuse nouvelle, (à savoir)
qu'il l'a jugé, YHWH, (en le tirant) de la main de ses ennemis, mi-iad ôiebaiô, grec ek cheiros. 2. Samuel 18, 31 : Il t'a jugé,
YHWH, aujourd'hui (en te tirant) de la main de tous ceux qui se sont levés contre toi, hébreu mi-iad, grec ek cheiros.
237
18, 21 Et il l'a jetée dans la mer... Jérémie 51, 60 : Et il a écrit, Jérémie, tout le malheur qui va venir sur Babel, sur un
unique rouleau de livre, toutes ces paroles qui ont été écrites sur Babel. Et il a dit, Jérémie, à Serayah : Lorsque tu arriveras
à Babel, tu verras et tu crieras (= tu liras à haute voix) toutes ces paroles. Et tu diras : YHWH, c'est toi qui as dit au sujet de
ce lieu, de le supprimer — la construction hébraïque que nous avons rencontrée plusieurs fois dans l'Apocalypse, le-,
traduction grecque tou suivi de l'infinitif — en sorte qu'il n'y ait plus en lui d'habitant depuis l'homme, le-me-adam, jusqu'au
bestiau, we-ad behemah, car une désolation éternelle il sera. Et il adviendra que, lorsque tu auras achevé de lire à haute voix
— même construction hébraïque avec le-, même traduction grecque commençant par tou — ce rouleau, tu lui attacheras une
pierre et tu le jetteras au milieu de l'Euphrate. Et tu diras : C'est comme cela qu'elle sera engloutie, Babel, et elle ne se
relèvera pas, à cause de, hébreu mi-penei, du malheur que moi je vais faire venir sur elle !
238
18, 22 Et tout ouvrier... on n'en trouvera plus... Construction hébraïque constante pour dire : aucun ouvrier ne se
trouvera plus... L'hébreu n'a pas de terme correspondant à notre français aucun. Lévitique 16, 17 : Et tout homme, we-kôl
adam, ne sera pas dans la tente = il n'y aura personne dans la tente.
Et la voix de la meule... Jérémie 7, 30 : Parce qu'ils ont fait, les fils de Juda, le mal à mes yeux, oracle de YHWH, ils ont
mis leurs abominations, leurs horreurs, hébreu schiqoutz, pluriel schi-quoutzim, grec bdelugmata — les idoles, dans la
Maison que, ascher, il est invoqué, mon nom, sur elle, pour la souiller... C'est pourquoi voici que des jours viennent... Ils
seront, les cadavres de ce peuple, à manger pour l'oiseau des deux et pour la bête de la terre... Et je ferai taire, des villes de
Juda et des rues de Jérusalem, la voix du plaisir et la voix de la joie, la voix du jeune marié, hatan, grec numphios, et la voix
de la jeune épouse, kallah, grec numphè, car il sera une dévastation, le pays... Jérémie 16, 9 ; Jérémie 25, 10 : Je ferai
disparaître de chez eux la voix du plaisir et la voix de la joie, la voix du jeune marié et la voix de la jeune mariée, la voix
des meules, et la lumière de la lampe...
147
et des musiciens
et de ceux qui jouent de la flûte
et de ceux qui sonnent de la trompe
elle ne sera plus jamais entendue
au milieu de toi
et tout ouvrier
de tout métier
il ne s'en trouvera plus au milieu de toi
jamais
et la voix de la meule
elle ne sera plus entendue au milieu de toi
jamais
239
18, 23 Parce que tes marchands étaient les princes du pays... Isaïe 23, 8 : Ses marchands étaient des princes, sarim,
ses Cananéens (= ses marchands) étaient des gens honorés dans le pays... Contrairement à ce que l'on raconte ici ou là, le
traducteur de l'Apocalypse n'a pas recopié la traduction grecque déjà existante des textes hébreux qu'il cite. Il fait sa propre
traduction, qui est souvent différente de l'ancienne traduction grecque de la Bible hébraïque.
240
18, 24 Et au milieu d'elle le sang des prophètes et des saints a été trouvé... Si l'Apocalypse a été composée et rédigée
après les horribles massacres de Néron, 64 ou 65, et les horreurs commises par ses successeurs immédiats ou lointains, alors
ce texte peut évidemment faire allusion à ces massacres. L'ennui, pour cette conjecture déjà ancienne, c'est que la ville de
Rome n'a pas été précipitée, à notre connaissance du moins, d'un seul coup, comme une pierre de meule, dans la mer. Or
l'Apocalypse annonce cette catastrophe comme étant imminente.
148
halelouiah
le salut et la gloire et la puissance
[sont] à notre dieu
halelouiah
et sa fumée montera
dans les durées éternelles
des durées éternelles
les anciens
les vingt-quatre
et les quatre êtres vivants
et ils se sont prosternés devant dieu
qui est assis sur le trône
et ils ont dit
amen halelouiah
halelouiah
parce qu'il est roi yhwh
notre dieu
[yhwh] des armées
écris
et il m'a dit
et il m'a dit
a été enveloppé d'une toile de lin, sadin. La nouvelle Jérusalem, qui est l'Église, est revêtue de lin.
248
19, 9 Écris... On voit que nous ne sommes pas du tout dans un milieu ethnique de type oral. Nous ne sommes pas
dans l'une de ces tribus primitives que les sociologues et les ethnologues nous décrivent depuis un siècle, et dans lesquelles
les antiques traditions se transmettaient par la voie orale. Nous sommes au contraire dans un milieu ethnique de l'écrit.
Depuis Moïse au moins les anciens prophètes hébreux écrivent.
Heureux sont qui sont appelés au festin du mariage... Matthieu 22, 1 : Et il a répondu, leschoua, et il a recommencé à
parler dans des meschalim, dans des comparaisons et il leur a dit : Il est semblable, le royaume des cieux, à un homme qui a
fait un festin pour son fils... 22, 8 : Mon festin est prêt, mais ceux qui ont été appelés n'étaient pas dignes... Luc 14, 15 : Un
homme a fait un grand repas et il a appelé un grand nombre... Marc n'a pas rapporté ce mâschâl.
249
19, 10 Je suis ton compagnon, grec sundoulos, qui traduit l'hébreu kenat, qui existe aussi en araméen, Esdras 4, 7 ; 4,
9 ; 4, 17 ; 4, 23 ; 5, 3 ; etc.
250
19, 11 Et j'ai vu les cieux ouverts... Ézéchiel 1, 1 : Et il advint, dans la trentième année... et moi (j'étais) au milieu de
la déportation sur le fleuve Kebar, ils se sont ouverts, les cieux, et j'ai vu des visions de Dieu...
Et voici un cheval blanc... Zacharie 1, 8 : J'ai vu cette nuit et voici un homme qui chevauche sur un cheval rouge...
Il est appelé : certitude et vérité... Grec alèthinos, hébreu émet, Exode 34, 6 ; 2 Samuel 7, 28 ; 1 Rois 10, 6 ; 17, 24 ; etc.
Les traducteurs ont remplacé le substantif hébreu émet, la certitude, la vérité, la certitude de la vérité par l'adjectif alèthinos.
On peut être certain de la vérité qui est en lui, hébreu neeman, grec pistos. Nombres 12, 7 : Non pas ainsi mon serviteur
151
Môscheh. Dans toute ma maison, il est tel que l'on peut être certain de lui, de sa vérité, neeman hou, grec pistos.
Deutéronome 7, 9 : Et tu connaîtras que YHWH ton Dieu, (c'est) lui (qui est) Dieu, le Dieu de la vérité de qui on peut être
certain, ha-el ha-neeman, grec theospistos. Il garde l'alliance et la grâce, la bienveillance, hesed, à ceux qui l'aiment...
Deutéronome 32, 4 ; 1 Samuel 2, 35 : Et je susciterai pour moi un kôhen, un sacrificateur, de la vérité duquel on peut être
certain, kôhen neeman, grec hierea piston, comme (je le conçois) dans mon cœur et dans mon âme il fera et je lui construirai
une maison de la vérité de laquelle on puisse être certain, beit neeman, grec oikon piston... 1 Samuel 3, 20 : Et il a connu,
tout Israël, depuis Dan jusqu'au Puits du Serment, qu'il a été certifié véritable et authentique, Samuel, ki neeman, grec
hotipistos, comme prophète pour YHWH... 1 Samuel 22, 14 ; 25, 28 ; 1 Rois 11, 38 ; Psaume 19, 7 : L'attestation de YHWH
est certainement vraie, edout YHWH neemanah, grec hè marturia kurioupisté, etc.
251
19, 12 II y a un nom... Jean 19, 38 : Et après cela, il a demandé à Pilate, Joseph qui venait de Ramathaïm, disciple de
Ieschoua en secret, par peur des Judéens, le corps de Ieschoua. Et il l'a accordé, Pilate. Il est donc venu et il a pris son corps.
Est venu aussi Naq-dimôn, celui qui était venu le voir la nuit au début... Ils ont pris le corps de Ieschoua et ils l'ont serré
dans un sadin, tunique de lin ou toile de lin... Jean 20, 4 : L'autre disciple est passé devant parce qu'il courait plus vite que
Pierre et il est arrivé le premier au tombeau. Il s'est penché et il a vu le sadin étendu, couché, mais cependant il n'est pas
entré... Arrive Schiméon Pierre qui le suivait et il est entré dans le tombeau. Et il a regardé le sadin qui était couché... Il est
très vraisemblable, pour ne pas dire — par excès de prudence — certain, que les disciples ont recueilli le sadin et le
soudarion qui était enroulé autour de sa tête. Il est très vraisemblable aussi qu'ils l'ont examiné attentive- 1 ment. Sur la
grande toile de lin que l'on appelle le Suaire de Turin, il existe des caractères hébreux que l'on discerne très nettement
lorsqu'on examine par transparence la pellicule, le négatif, de la photographie. Sur l'arcade sourcilière gauche, dans l'une des
deux positions possibles, on voit très nettement les caractères hébreux, de droite à gauche : iod, schin, ain, c'est-à-dire le
nom propre de Ies-choua tel qu'il est écrit et orthographié par Schiméon bar ou ben Kocheba dans le billet autographe qu'il a
bien voulu nous laisser en souvenir et qui a été retrouvé, avec d'autres, il y a quelques années. Si l'on retourne la pellicule,
on aperçoit les mêmes caractères dans l'autre sens, sur l'arcade sourcilière droite. Si les disciples ont vu et lu le nom de
leschoua sur le sadin, il est possible qu'il y ait ici une allusion discrète à ce fait qui devait être gardé secret à l'intérieur de la
communauté. Bien entendu le sadin dans lequel le Seigneur avait été enveloppé à la descente de la croix était trempé de
sang.
252
19, 13 Revêtu d'un manteau trempé de sang... Certains manuscrits donnent bebammenon, du verbe baptô, plonger
dans, qui traduit l'hébreu thabal. Exode 12, 22 : Et vous prendrez un bouquet d'hysope et vous le plongerez dans le sang...
Lévitique 4, 6 : Le prêtre trempera son doigt dans le sang... 4, 17 ; 9, 9... D'autres manuscrits donnent errantismenon, du
verbe rantizô, asperger, 2 Rois 9, 33 : Et a giclé, de son sang, sur le mur, waiiz, du verbe nazah, gicler, mi-damah el ha-qir...
Comment comprendre ces variantes dans les manuscrits grecs ? Faut-il supposer plusieurs traductions en grec de
l'Apocalypse dont ces variantes sont les vestiges ? Isaïe 63, 2 : Pourquoi du rouge sur ton vêtement ? Et pourquoi tes habits
sont-ils comme ceux de l'homme qui foule au pressoir ? Au pressoir j'ai foulé tout seul et de mon peuple il n'y avait
personne avec moi. Et je les ai foulés dans ma colère et je les ai piétines dans ma fureur et il a giclé, le verbe nazah, leur jus
sur mes habits et tous mes vêtements, je les ai tâchés...
Il est possible, il est même vraisemblable, que le texte Apocalypse 19, 13 fasse allusion implicitement à plusieurs choses
à la fois, à plusieurs textes bien connus des destinataires de l'Apocalypse, qui connaissaient leur Bibliothèque hébraïque. Il
152
taché de sang
et il est appelé son nom
la parole de dieu
pouvait aussi y avoir dans le texte hébreu le verbe adam, être rouge, Lamentations 4, 7 ; être teint en rouge, Exode 25, 5 ;
26, 14 ; etc. Dans ce cas-là nous aurions en hébreu meadam ba-dam, Delitzsch, Zalkinson.
Et il est appelé, son nom, la parole de Dieu... Jean 1,1: Au commencement était la parole — ou l'acte de parler, ou l'acte
de dire — et la parole était à Dieu... 1, 14 : Et la parole a été un être de chair, et il a campé au milieu de nous, et nous avons
vu sa gloire, la gloire d'un fils unique et chéri qui vient du père = de Dieu... leschoua est la propre parole de Dieu,
l'expression de la pensée créatrice de Dieu, visible, humanisée. Il y a évidemment ici allusion au début de l'Évangile de
Jean. La question qui reste ouverte est celle de savoir si le Jean qui est l'auteur du document hébreu traduit en grec que nous
appelons le quatrième Évangile, et le Jean de Patmos, sont un seul et même Jean, ou non. Un manuscrit qui se trouve à la
Bibliothèque nationale de Paris, grec 106, comporte la mention suivante, folio 193 : « L'Évangile selon Jean a été prêché par
lui-même, dans l'île de Patmos, trente ans après l'ascension de Jésus Christ » — ce qui nous reporte aux alentours de l'année
60.
253
19, 14 Et ses armées celles qui sont dans le ciel le suivent... revêtus (sic) de lin... En grec les armées, ta strateumata,
c'est un neutre pluriel. Endedumenoi participe pluriel masculin. Strateuma traduit l'hébreu tzaba, pluriel tzebaôt, qui est un
masculin. Le traducteur de l'Apocalypse a accordé le participe grec endedumenoi au genre du mot hébreu qui se trouve sous
ta strateumata.
Le lin blanc et rituellement pur, c'est l'habit des kôhanim. Les armées du Christ, c'est le peuple de prêtres qu'il s'est
constitué.
254
19, 15 Et de sa bouche sort une épée aiguisée... Lettre aux Hébreux, auteur non déterminé, 4, 12 : Elle est vivante la
parole de Dieu et efficace et plus coupante que toute épée à deux gueules, grec distomos, hébreu scheneipheiôt, Juges 3, 16 ;
hereb pipiiot, Psaume 149, 6, — et pénétrante jusqu'à la distinction de l'âme et de l'esprit... Elle juge les désirs et les pensées
des cœurs et il n'existe aucun être créé qui soit invisible devant sa face, tout est nu... à ses yeux... Isaïe 49, 1 : YHWH depuis
le ventre (de ma mère) m'a appelé et depuis les entrailles de ma mère il a fait mémoire, hizekir, non traduit en grec, de mon
nom et il a disposé ma bouche comme une épée tranchante, dans l'ombre de sa main il m'a mis à couvert... Il m'a dit : Mon
serviteur (tu es) toi, Israël...
Pour frapper avec elle... Traduction littérale et exacte : en elle, hébreu be...
Et c'est lui qui va les faire paître... Psaume 2, 6 : Et c'est moi qui ai sacré mon roi sur Sion ma montagne sainte !... Il m'a
dit : Mon fils (tu es) toi ! Moi aujourd'hui je t'ai engendré ! Demande-moi et je te donnerai des nations pour ton héritage et
pour ta propriété les extrémités de la terre ! Tu les feras paître (comme le berger) dans = par un sceptre de fer...
153
venez rassemblez-vous
pour le grand festin de dieu
255
19, 17 Et il a crié d'une grande voix... Traduction littérale et exacte : dans une voix grande, hébreu be-qôl gadôl.
Ézéchiel 39, 17 : Et toi fils d'homme, ainsi a parlé le seigneur YHWH : Dis à l'oiseau de toute aile et à toute bête sauvage du
champ : Rassemblez-vous et venez et réunissez-vous de tous les alentours pour le sacrifice que moi je vais sacrifier pour vous,
un sacrifice grand sur les montagnes d'Israël ! Et vous allez manger de la chair et boire du sang ! La chair des héros, vous
allez la manger et le sang des princes de la terre vous allez boire !... Vous allez vous rassasier à ma table, du cheval, sous, au
singulier collectif, et du char de guerre, rekeb, singulier collectif, du héros, gibbôr, singulier collectif, et tout homme de
guerre...
256
19, 20 Vivants ils ont été jetés les deux dans l'étang du feu qui brûle dans le soufre... Pur, le feu, en grec est au neutre ;
tes kaio-menès, au féminin ; esch, le feu, en hébreu, est au féminin. Le traducteur a accordé le grec tes kaiomenès, avec le
genre du mot hébreu. Isaïe 30, 33 : Car il est préparé, depuis hier, Tophet (l'endroit où s'accomplissaient les sacrifices
humains, 2 Rois 23, 10)... Du feu et du bois en abondance. Le souffle de YHWH comme un torrent de soufre brûle là-
dedans...
En theiô, dans le soufre, signifie probablement par le soufre, hébreu be-gapherit.
154
257
19, 21 Et le reste a été tué par l'épée... Traduction littérale et exacte : dans l'épée, hébreu ba-hereb.
155
sur ceux-là
la deuxième mort n'a pas de pouvoir
mais ils seront les prêtres de dieu
et de celui qui a reçu l'onction
et ils régneront avec lui
pendant les mille années
263
20, 9 Ils encercleront le camp des saints et la ville chérie... Luc 21, 20 : Lorsque vous verrez encerclée par les armées,
Jérusalem, alors connaissez qu'elle est proche sa dévastation. Alors que ceux qui sont en Judée s'enfuient dans les
montagnes...
264
20, 11 Loin de sa face, elle a fui la terre et les cieux... Incorrect en français comme en grec, construction hébraïque,
verbe au singulier, plusieurs sujets ; ascher mi-panaiô... que de devant sa face...
Et un lieu, grec topos, hébreu maqôm.
265
20, 12 Et un autre rouleau de livre a été ouvert, c'est celui de la vie... Exode 32, 32 : Et maintenant, si tu pardonnes
leur faute... Et sinon, efface-moi donc de ton rouleau de livre que tu as écrit, hébreu sepher, grec biblos. Et il a dit YHWH à
Môscheh : qui (est) celui qui a commis une faute contre moi, je l'effacerai de mon rouleau... Psaume 69, 29 : Qu'ils soient
effacés du livre de vie, mi sepher haiim.
Et ils ont été jugés, les morts... On remarque toujours que Jean utilise un temps passé pour signifier ou désigner ce qui va
se produire dans l'avenir. Il voit dans le passé, ou comme si c'était dans le passé, ce qui sera dans l'avenir. Il voit déjà réalisé
ce qui va se réaliser dans l'avenir. C'est la conjugaison hébraïque, qui utilise la forme dite de l'accompli ou du parfait pour
désigner ou signifier une réalité future. Isaïe9, 1 : Le peuple qui marchaient (sic) dans la ténèbre, = le peuple de ceux qui
marchaient dans la ténèbre, ils ont vu une grande lumière = ils verront une grande lumière... Nombres 24, 17 : Je le vois
mais ce n('est) pas pour maintenant, je le contemple, mais ce n('est) pas près : un astre est sorti de Jacob et il s'est levé, un
sceptre, d'Israël... Ce qui est vu par le prophète est vu réalisé. Ce qui est réalisé est déjà du passé, pour celui qui le voit
réalisé. C'est pourquoi les prophètes hébreux — dont Iohanan l'auteur de l'Apocalypse — utilisent le verbe hébreu au parfait
pour signifier l'avenir.
158
266
20, 13 Et le scheôl... Grec hadès qui traduit l'hébreu scheôl, Genèse 37, 35 ; 42, 38 ; 44, 29 ; 44, 31 ; Nombres 16, 30 ;
etc.
267
20, 14 Et la mort et le scheôl ont été jetés dans l'étang du feu... Première lettre de Paul à la communauté de Corinthe,
écrite peut-être autour de l'année 55, 15, 26 : Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort... 15,51 : Voici que je vous dis
un secret : tous, nous ne nous coucherons pas (dans le tombeau) mais tous nous serons transformés... 15, 54, citation de Isaïe
25, 8 : Il engloutira la mort pour toujours et il essuiera, le seigneur YHWH, la larme de tous les visages...
159
et il a dit
écris
c'est fait
viens
je vais te montrer la jeune mariée
la femme de l'agneau
Et (elle sera) solide et certaine, neeman, ta maison, et ta royauté, dans la durée éternelle à venir, ad ôlam, devant ta face...
Le traducteur de l'Apocalypse a refait sa propre traduction de la phrase qu'il cite.
275
21, 9 L'un des sept messagers qui tiennent dans leurs mains les sept vases, qui sont remplis... Les sept vases, grec tas
heptaphialas, à l'accusatif pluriel ; qui sont remplis, participe grec ton gemontôn, au génitif pluriel, accordé, selon les
apparences, avec tas hepta phialas. « Singulier défaut d'accord, note le bon P. Allô, causé sans doute par le voisinage
d'aggelôn ; il dénote une telle précipitation, qu'on dirait que l'auteur ne s'est même pas relu ! »
Ceux qui viennent après... Grec ton eschatôn, hébreu ha-aha-rônôt... Exode 4, 8 : Et il adviendra que, s'ils ne sont pas
certains de la vérité de ce que tu leur dis et s'ils n'écoutent pas la voix du signe qui est le premier, ha-rischôn, alors ils seront
certains de la vérité de la voix du signe qui viendra après, ha-ôt ha-aharôn, grec tou sèmeiou tou eschatou...
La jeune mariée, grec numphè, hébreu kallah, Cantique des Cantiques 4, 8 ; 4, 9 ; 4, 10 ; 4, 11 ; 4, 12 ; Jérémie 7, 34 ;
16, 9 ; 25, 10 ; 33, 11. Paul, lettre aux Éphésiens 5, 31 : C'est pourquoi il abandonnera, chaque homme, son père et sa mère
et il s'attachera à sa femme et ils seront (le lamed hébreu qui indique l'orientation, la direction, traduit en grec par eis) une
chair unique (= Genèse 2, 24). Ce secret ontologique est grand, moi je dis par rapport à, grec eis, celui qui a reçu l'onction,
le meschiah de YHWH, et par rapport à, grec eis, la communauté, tèn ekklèsian... Jean 3, 29 : Celui à qui (appartient) la
jeune mariée, grec numphè, hébreu kallah, c'est lui le jeune marié, grec numphios, hébreu hatan. L'ami du hatan, celui qui
se tient debout et qui l'entend (venir), il se réjouit de joie à cause de la voix du hatan... Matthieu 9, 14 : Alors se sont
avancés vers lui des disciples de Iohanan (celui qui plongeait les repentants dans le Jourdain) et ils lui ont dit : Pourquoi est-
ce que nous et les perouschim nous faisons beaucoup de jeûnes, tandis que tes disciples ne jeûnent pas ? Et il leur a dit
Ieschoua : Ils ne peuvent pas, les fils de la tente des jeunes mariés, jeûner, tant qu'il est avec eux le hatan ; viendront des
jours où il leur sera arraché, le hatan, et alors ils jeûneront... Jean qui plongeait les repentants dans les eaux du Jourdain, le
Seigneur lui-même, Paul, Jean l'auteur de l'Apocalypse, parlent tous ce langage qui est issu de Schir ha-schirim, le Chant
des Chants. Ils se comprennent, ils se répondent dans ce langage codé : le hatan, c'est celui qui épouse la vierge d'Israël,
c'est lui le chéri, le fils de David, celui qui a reçu l'onction sacerdotale, royale et prophétique.
276
21, 10 Et il m'a conduit dans l'esprit sur une montagne grande et élevée... Ézéchiel 40, 1 : Dans la vingt-cinquième
162
année de notre déportation... dans la quatorzième année après qu'elle ait été frappée, la Ville (= Jérusalem, nous sommes
donc en 572-571 avant notre ère, 25 ans après la première déportation, celle de 597, et 14 ans après la chute et la destruction
de Jérusalem, 586)... elle a été sur moi la main de YHWH et il m'a conduit là-bas. Dans des visions de Dieu il m'a conduit
au pays d'Israël et il m'a posé sur une montagne élevée énormément et sur elle (il y avait) comme la construction d'une
ville...
277
21, 11 A elle la gloire de Dieu... Isaïe 60, 1 : Lève-toi, illumine, car elle est venue ta lumière et la gloire de YHWH sur
toi resplendit ! Car voici que la ténèbre a recouvert la terre, et un brouillard les peuples, mais sur toi resplendit YHWH et sa
gloire sur toi se fait voir ! Et elles viendront, les nations païennes, à ta lumière et des rois à la clarté de ton aurore...
Celui qui lui donne la lumière... Grec phôsîèr, hébreu maôr, qui vient du verbe ôr, hiphil heïr, illuminer, communiquer la
lumière, éclairer ; ôr la lumière. Genèse 1, 14 : Et il a dit, Dieu : soient des luminaires dans l'étendue des cieux pour séparer
entre le jour et entre la nuit... Et il a fait, Dieu, les deux luminaires, les grands, le grand luminaire pour gouverner le jour, et
le petit luminaire pour gouverner la nuit, et les étoiles...
278
21, 12 A elle — elle a — une grande muraille... Cantique des Cantiques 8, 10 : Moi (je suis) une muraille et mes seins
(sont) comme des tours, alors je suis à ses yeux comme celle qui a trouvé la paix, schalôm... Jeu de mots sur Salomon et
Jérusalem.
Douze portes... Ézéchiel 48, 30 : Et voici les sorties de la Ville... Et les portes de la Ville sur les noms des tribus d'Israël,
trois portes au - nord, la porte de Ruben, une, la porte de Juda, une, la porte de Lévi, une... Et le nom de la Ville... (sera) :
YHWH-(est)-là...
279
21, 14 Et à la muraille de la ville sont douze fondements... Paul, lettre aux Éphésiens 2, 19 : Et par conséquent vous
n'êtes plus étrangers, mais vous êtes concitoyens des saints et vous faites partie de la maison de Dieu, car vous avez été
construits sur le fondement, sur la fondation, des envoyés, epi tô themeliô ton apostolôn, et des prophètes. La pierre d'angle
de la construction, c'est le Christ Jésus en qui toute la construction est cohérente et grandit, elle croît jusqu'à devenir un
temple saint, eis naon hagion, dans le Seigneur, dans lequel vous aussi vous avez été construits avec les autres frères, pour
devenir l'habitation de Dieu, dans l'esprit... 1 Corinthiens 3, 10 : Conformément à la grâce de Dieu qui m'a été donnée,
comme un sage architecte j'ai posé les fondations, themelion, et un autre construira dessus. Mais que chacun considère
comment il va construire dessus. Car une autre fondation, personne ne peut en poser une, en dehors de celle qui a été posée,
qui est Ieschouale Christ...
Et sur ces fondations, les douze noms des douze envoyés de l'agneau... Les douze envoyés, Matthieu 10, 1 : Et il a
appelé ses douze disciples et il leur a donné le pouvoir sur les esprits impurs, en sorte de pouvoir les chasser, et de pouvoir
guérir toute maladie et toute infirmité. Des douze envoyés, ton dôdeka apostolôn, voici les noms... Il est raisonnable de
163
douze fondements
et sur eux
les douze noms
des douze envoyés de l'agneau
bien que le sujet est un homme et non pas une chose. Isaïe 52, 1 : Réveille-toi, réveille-toi, revêts-toi de ta force, Sion !
Revêts les habits de ta splendeur, Jérusalem ville sainte ! Car ils ne continueront pas de venir en toi encore, l'incirconcis et
l'impur, grec aperitmètos kai akathartos... Le verbe hébreu thamé signifie : être impur, Lévitique 15, 32 ; etc. C'est un terme
technique des législations du Lévitique. Il a été traduit en grec par miainein, Lévitique 5, 3 ; etc. L'adjectif thamé a été
traduit par akathartos, impur, Lévitique 5, 2 ; etc. Thoumeah, l'impureté au sens du Lévitique, traduction grecque
akatharsia, Lévitique 5, 3 ; etc. Koinos en grec naturel signifie : ce qui est commun à plusieurs personnes ; to koinon, l'État ;
ta koina, les affaires publiques ; hè koinè ennoia, le sens commun ; koina onomata, noms communs ; koinos topos, lieu
commun... Dans le lexique des traducteurs des livres de la nouvelle alliance (Nouveau Testament...) koinos sert à traduire
l'hébreu thamé, et le verbe koinoô traduit le verbe hébreu thamé, Matthieu 15, 11 ; Marc 7, 15. Actes 10, 14 : Je n'ai jamais
mangé tout ce qui est impur, pan koinon kai akatharton, les deux adjectifs grecs koinos et akathartos pour traduire l'unique
mot hébreu thamé. Actes 10, 28 : Vous, vous savez combien il est interdit à un homme judéen de fréquenter un Philistin
(allophulos traduit l'hébreu peleschet, Juges 3, 3 ; etc.). Et à moi, Dieu m'a montré à ne pas appeler impur, koinon è
akatharton, aucun homme...
167
ces paroles
sont certitude et vérité
et yhwh le dieu des esprits des prophètes
a envoyé son messager
[pour] montrer à ses serviteurs
ce qui va arriver prochainement
294
22, 5 Et ils n'auront plus besoin de la lumière de la lampe, ni de la lumière du soleil... Sans l'article dans le texte grec,
qui suit à la lettre le texte hébreu, qui ne comporte pas d'article devant lumière parce qu'il est en composition avec le terme
suivant : de la lampe, du soleil.
Parce que YHWH, grec kurios sans article... C'est lui qui les illuminera, grec phôtiseiep'autous, hébreu lahem ou
aleihem.
295
22, 6 «Je qui va arriver prochainement... Depuis le début de son livre, l'auteur de l'Apocalypse nous dit que sa
prophétie s'applique à des événements prochains. Si donc l'Apocalypse a été écrite sous le règne de l'empereur Domitien, au
cours des deux dernières années de son règne —, Domitien a régné entre 81 et 96 — comme le pense aujourd'hui, printemps
de l'année 1984, la majorité des critiques, alors il fallait s'attendre à la chute et à la destruction de la ville de Rome dans les
années qui suivent immédiatement la fin du règne de Domitien. Or cela ne s'est pas produit, à notre connaissance du moins.
Si l'Apocalypse à été écrite et diffusée dans les dernières années du règne de Domitien, et si Rome est la ville visée par les
chapitres qui annoncent la destruction de la grande Prostituée, alors les chrétiens du début du IIe siècle ont bien dû
s'apercevoir que les prophéties annoncées par l'Apocalypse ne s'accomplissaient pas immédiatement, comme Jean l'avait
annoncé à plusieurs reprises. On devrait, dans ce cas, trouver l'expression de leur étonnement, de leur déception, en
présence d'une prophétie qui ne s'est pas accomplie ou réalisée. Si par contre l'Apocalypse a été composée et diffusée peu de
temps avant la prise de Jérusalem, et si Jérusalem est la ville dont la destruction catastrophique et brutale est annoncée, alors
l'Apocalypse est une prophétie qui a annoncé, peu de temps à l'avance, ce qui de fait est arrivé, et il n'y a pas lieu de
s'étonner qu'il n'y ait pas trace de déception ni d'étonnement chez les chrétiens du début du IIe siècle.
296
22, 8 C'est moi Iohanan qui ai entendu... Les anciens traducteurs de l'hébreu en grec remplaçaient volontiers un verbe
à l'indicatif en hébreu par un verbe grec au participe. C'est le cas ici. Nous restaurons la construction hébraïque.
169
viens
viens
22, 20 il a dit
celui qui atteste [la vérité de] tout cela
a m en
viens seigneur ieschoua
dans l'Apocalypse, composée selon eux à la fin du premier siècle, interdisait absolument de faire, conformément aux normes
de la vieille tradition du prophétisme hébreu.
172
NOTE TERMINALE
L'Apocalypse est une lettre adressée à des églises, comme l'atteste son commencement et sa fin. Elle
avait évidemment un sens pour celui qui l'a composée et écrite, et elle avait un sens pour ceux qui l'ont
reçue. Elle est obscure pour nous parce que nous avons perdu le code, le système de signes, le système
de correspondances, les noms chiffrés qui sont utilisés dans cette grande lettre aux églises.
L'Apocalypse est un livre simple. Il enseigne, quelques années avant la catastrophe, que Jérusalem,
la Ville sainte, va être prise et détruite. Il commande à l'église qui se trouve à l'intérieur de Jérusalem,
de fuir pendant qu'il en est encore temps — ce qu'elle a fait, vers l'année 66. Il enseigne la descente de
la nouvelle Jérusalem qui est l'Église, qui est l'épousée, la chérie du Cantique des Cantiques, l'épouse
du Christ, l'épouse de l'agneau.
Tout devient obscur et même incompréhensible si l'on reporte la composition de l'Apocalypse à
l'extrême fin du premier siècle, aux dernières années du règne de Domitien. Alors en effet rien n'est
plus compréhensible, parce qu'on cherche vainement dans l'avenir — par rapport à cette date supposée
et hypothétique de composition — ce qui est déjà réalisé, à la fin du premier siècle, depuis trente ans :
la catastrophe, la prise et la destruction de Jérusalem. On veut absolument appliquer à la ville de Rome
ce que jusqu'à présent — Dieu la garde — la ville de Rome n'a pas encore subi. On est donc obligé,
dans ces conditions, de penser secrètement, ou bien de reconnaître ouvertement, que Jean dans son
Apocalypse s'est lourdement trompé, puisqu'il annonce autour de l'année 96, que la destruction de la
ville de Rome est imminente et qu'elle sera intégrale, brutale et instantanée.
Dans la grande tradition historique des prophètes hébreux, qui remonte au moins, à notre
connaissance et pour ce qui concerne les prophètes dont nous avons conservé des textes écrits, au VIII e
siècle avant notre ère, le prophète Amos VIII e siècle avant notre ère, Osée VIIIe siècle avant notre ère,
Isaïe VIIIe siècle avant notre ère, Michée vine siècle avant notre ère, Jérémie VIIe siècle avant notre ère,
Ézéchiel VIe siècle avant notre ère, l'Inconnu dont les oracles ont été joints à ceux du prophète Isaïe du
VIIIe siècle avant notre ère, Isaïe 40-55, VI e siècle avant notre ère, etc. — les prophètes hébreux
annoncent au peuple hébreu, ou bien dans le royaume du Nord, Israël, avant la destruction de Samarie,
ou bien dans le royaume du Sud, Juda, dans une langue claire et simple, dans la langue du peuple à qui
ils s'adressent, ce qui va arriver — mais ce qui va arriver à la génération à laquelle ils s'adressent.
Parfois, mais rarement, ils ouvrent des perspectives ultérieures, be-aharit ha-iamim, dans l'après des
jours, c'est-à-dire dans l'avenir. Le Seigneur lui-même, lorsqu'il exerce sa fonction de prophète,
annonce à la génération à qui il s'adresse ce que cette génération va voir et constater. Matthieu 12, 39 :
Une génération mauvaise et adultère recherche un signe, et un signe il ne lui en sera pas donné, si ce
n'est le signe de Iônah-la-Colombe, le prophète... Et de fait c'est cette génération à qui il parle qui a vu
se réaliser la prophétie de Jonas : la parole de Dieu a été portée jusqu'au cœur des nations païennes,
jusque dans la capitale du paganisme d'alors ; la parole de Dieu a été portée aux païens, aux incirconcis,
ce qu'on n'avait jamais vu jusqu'alors. De même lorsqu'il annonce les signes avant-coureurs de la
catastrophe, c'est-à-dire de la destruction de Jérusalem, il s'adresse à une génération qui verra cette
destruction. Matthieu 24, 34 : Amèn je vous le dis, elle ne passera pas cette génération, jusqu'à ce que
tout cela soit réalisé. — Les perspectives ultérieures, concernant l'histoire humaine, sont rares et
discrètes.
Il en va de même pour notre livre, l'Apocalypse, qui en réalité est une grande lettre, avec cette
différence que l'Apocalypse annonce des événements imminents et qu'elle s'exprime dans un langage
codé, chiffré, à cause des persécutions sanglantes venant de la part des hautes autorités politiques et
religieuses de Jérusalem, le roi et le haut sacerdoce. Nous avons du mal, nous, à comprendre ce livre,
parce que nous ne savons pas qui sont ces Nikolaïtes, qui est Antipas, qui est Jézabel, qui est la grande
prostituée, qui est Babylone, qui est l'homme dont le nom, en hébreu, s'écrit comme le nombre 666.
Mais ceux à qui cette lettre était destinée connaissaient le code. Ils ont déchiffré immédiatement.
173
L'autre raison — et sans doute la principale — pour laquelle nous avons du mal à comprendre
l'Apocalypse, c'est que nous ne connaissons pas suffisamment et dans le détail le contexte politique et
historique dans lequel l'Apocalypse se situe, les personnages précis, les faits auxquels elle fait allusion,
personnages que tout le monde connaissait bien lorsque l'Apocalypse a été écrite et adressée aux
communautés chrétiennes de l'Asie. Tel personnage, qui en ce temps-là jouait un rôle de premier plan,
s'est estompé pour nous dans les brumes du passé et il faut rechercher dans Flavius Josèphe ou dans les
inscriptions de l'époque ces hommes qui ont été au premier plan, e auxquels Jean fait allusion.
Saint Irénée évêque de Lyon est né probablement entre 140 et 160 peut-être à Smyrne. En 177 ou
178 il est prêtre de l'église de Lyon puis il devient évêque de la métropole des Gaules. Sa grande œuvre,
I traité contre les gnostiques, date donc de la fin du deuxième siècle. Il nous reste de ce chef-d'œuvre
une traduction latine et des fragments grecs conservés par Eusèbe, Épiphane et d'autres. Au livre 5 de
SOJ grand ouvrage, Irénée traite du chiffre de la bête de l'Apocalypse 13, 18. Et il ajoute ceci, Adversus
Haereses, V, 30, 3 : « S'il avait été opportun de proclamer son nom — le propre nom de celui qui es
désigné par le nombre 666 —, dans notre temps présent, il aurait et dit — ce nom — par celui qui a vu
l'apocalypse, texte latin : pe ipsum utique dictum fuisset qui et apocalypsim viderat. Car ce n'es pas
avant un très long temps qu'il a été vu, neque enim ante multun temporis visum est, mais presque dans
notre génération, à la fin di règne de Domitien, sed pêne sub nostro saeculo ad finem Domïtian imperii.
» Selon le texte latin, donc, celui qui a été vu, visum est c'es celui par qui ce nom aurait pu nous être
confié, per ipsum, celui qui ; vu l'apocalypse. Cela signifie donc que le voyant de Patmos a été vi
encore à la fin du règne de Domitien, ce qui n'a rien d'absurde. Er grec, dans le fragment grec qui nous
est conservé par Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 8, 6 — est-il original ? Est-il une rétroversion fait à
partir de la traduction latine ? La question ne peut pas être tranchée, parce que le verbe grec heôrathè, il
a été vu, ou elle a été vue peut avoir pour sujet apokalupsis ou bien celui qui a vu l'apocalypse Mais un
peu plus haut, Adv. haer. V, 30, 1, Irénée parle de ceux qui ont vu face à face Jean, his qui facie ad
faciem Johannem viderunt. Quoi qu'il en soit de ce texte et de son interprétation, ce qui est sûr. c'est
qu'à partir de là l'idée s'est imposée jusqu'à nos jours que l'apocalypse avait été vue à Patmos à la fin du
règne de Domitien. Or et texte n'est pas sûr et même s'il était clair, ce qui n'est pas le cas. l'affirmation
de saint Irénée, à la fin du ne siècle, ne peut être décisive, dans une affaire qui concerne un texte qui,
lui, date peut-être des années 50 ou 60.
L'auteur de l'Apocalypse nous dit lui-même qu'il s'appelle Jean, Iôannès en grec, Iohanan en hébreu.
Il n'y a aucune raison de douter de la vérité de ce qu'il nous dit.
Saint Justin est né en Palestine, dans l'ancienne Sichem, de parents païens. II entreprend des études
de philosophie, avec un maître stoïcien, puis un aristotélicien, un pythagoricien, et finalement un
platonicien. Il est entré dans une communauté chrétienne peut-être à Éphèse. Il arrive à Rome sous le
règne d'Antonin dit le Pieux (138-161). il fonde une école. Justin a été décapité probablement en 165.
Dans son Dialogue avec Tryphon, LXXXI, 3, il écrit : « Et puis ensuite un homme qui est l'un des
nôtres, son nom c'est Iôannès — l'un de ceux qui ont été envoyés par le Christ, dans une apocalypse,
dans une révélation qui lui a été faite, a prophétisé... »
Après saint Justin, tout le monde ou presque est donc d'accord pour dire que l'auteur de l'Apocalypse
s'appelait Jean, Iôannès en grec. Il n'y a pas de difficulté sur ce point. Toute la question est de savoir de
quel Jean il s'agit. De même tout le monde, dans l'antiquité chrétienne, est d'accord pour dire que
l'auteur du quatrième Évangile s'appelait Jean-Iôannès. Toute la question est de savoir de quel Jean il
s'agit, et si le Jean qui est l'auteur du quatrième Évangile est aussi le Jean qui est l'auteur de
l'Apocalypse. Je n'ai toujours pas trouvé de texte dans saint Irénée de Lyon, qui dise que ce Jean était le
fils de Zébédée, le frère de Jacques. Mais quelque texte a pu m'échapper.
Denys, évêque d'Alexandrie entre 248 et 264 ou 265, traite de la question de l'auteur de
l'Apocalypse, fragment conservé par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VII, XXV. L'évêque
Denys accorde volontiers que l'auteur de l'Apocalypse s'appelle Jean, qu'il est un homme inspiré de
Dieu. Mais, ajoute-t-il, « je n'accepterais pas facilement que celui-ci soit l'envoyé, ton apostolon, le fils
174
de Zébédée, le frère de Jacques, de qui est l'Évangile selon Jean... » C'est le texte le plus ancien que
nous ayons rencontré, qui identifie le Jean, auteur de l'Évangile, avec un des fils de Zébédée, le frère de
Jacques décapité en 44 par un Hérode. Ce texte est du nie siècle. Denys, évêque d'Alexandrie, ne voit
pas qu'on puisse identifier Jean, l'auteur de l'Apocalypse, avec Jean l'auteur du quatrième Évangile.
Denys ajoute justement qu'il y a eu beaucoup d'hommes qui se sont appelés Jean, par exemple Jean
surnommé Marc. Et ceci : « On dit qu'il y a, à Éphèse, deux tombeaux et chacun des deux est un
tombeau de Jean. » Denys fait ensuite une analyse du style de l'Évangile et du style de l'Apocalypse.
Denys est d'avis — en quoi il se trompe — que l'Évangile de Jean ne contient pas de fautes de
grammaire ! « Il s'en faut de beaucoup, écrit-il, qu'on y trouve un terme barbare, ou un solécisme, ou
même un idiotisme. Quant à l'auteur de l'Apocalypse, je ne contredis pas qu'il ait eu des révélations et
qu'il ait reçu la connaissance et la prophétie. Mais je vois bien que son dialecte et sa langue, ce n'est pas
du grec exact, dialekton mentoi kai glôssan ouk akribôs hellènizousan, mais qu'il se sert d'expressions
barbares, idiômasin te barbarikois et que parfois même il commet des solécismes, soloikizonta... »
C'est ce que le bon P. Allô a relevé tout au long de son savant commentaire de l'Apocalypse.
L'argument de la langue qu'invoque l'évêque Denys d'Alexandrie serait en effet décisif, s'il était
certain et évident — cela lui paraissait certain et évident — que l'Évangile de Jean a été rédigé en grec
directement et que l'Apocalypse a été rédigée en grec directement. Mais si l'Évangile de Jean et si
l'Apocalypse sont en réalité des textes traduits à partir de documents hébreux antérieurs, alors
l'argument tombe, car ils peuvent avoir été traduits par des traducteurs différents, qui connaissaient plus
ou moins bien la langue grecque, l'un mieux que l'autre, et l'autre plus mal que le premier.
Le bon P. Allô estime — du moins estimait-il lorsqu'il faisait partie de ce monde des apparences —
que l'Évangile de Jean est l'œuvre de Jean, fils de Zébédée ; que l'Évangile de Jean a été composé en
grec directement ; que l'Évangile de Jean a été composé à la fin du premier siècle ; que l'Apocalypse est
l'œuvre de Jean fils de Zébédée ; que l'Apocalypse a été écrite en grec directement ; que l'Apocalypse a
été composée à la fin du premier siècle, au cours des deux dernières années de Domitien. « S'il en est
ainsi, écrit-il, le problème de la distance qui sépare l'Apocalypse de l'Évangile, au point de vue de la
grécité, devient vraiment ardu. Car on ne saurait mettre au maximum qu'une dizaine d'années entre les
deux écrits. Il faut renoncer à l'hypothèse d'un long intervalle qui eût permis à l'auteur, entre deux
époques de sa vie, de perfectionner sa connaissance du grec ; c'était la solution, hélas ! la plus
commode. Mais si saint Jean, en 95, ne savait pas encore bien manier cette langue après un séjour déjà
long dans les villes où on ne parlait qu'elle, ce n'est pas en quelques années de plus, à son âge, qu'il
pouvait perfectionner beaucoup ses connaissances linguistiques ! » {Saint Jean, l'Apocalypse, 1933,
Introduction, p. CCXXIX).
Si l'Évangile de Jean n'est pas l'œuvre de Jean le fils de Zébédée le Galiléen ; si l'Évangile de Jean
n'a pas été composé en grec directement ; si l'Évangile de Jean ne date pas de la fin du premier siècle ;
si l'Apocalypse de Jean n'est pas l'œuvre de Jean, fils de Zébédée le Galiléen ; si l'Apocalypse de Jean
n'a pas été écrite en grec directement ; si l'Apocalypse de Jean n'a pas été composée à la fin du premier
siècle — alors le problème disparaît.
Nous n'avons pas trouvé, pour notre part, dans les documents les plus anciens, un texte qui dise que
Jean, l'auteur du quatrième Évangile, était le Jean frère de Jacques, le fils de Zébédée le Galiléen. Le
texte le plus ancien que nous ayons trouvé, c'est celui de Denys d'Alexandrie, qui date de la seconde
moitié du me siècle, que nous avons cité.
O. Cullmann écrit fort sagement à propos de l'auteur du quatrième Évangile, Le Milieu Johannique,
1976, p. 112 : « Pour approcher de la solution, il faut avant tout se libérer de Va priori selon lequel on
devrait nécessairement chercher ce disciple parmi les Douze. » C'est évident. On peut être disciple du
Seigneur, sans faire partie du groupe des Douze. On peut être envoyé, apostolos, envoyé en mission,
sans faire partie du groupe des Douze. On peut être disciple sans être envoyé en mission, ce qui a été le
cas par exemple de Jacques, le frère du Seigneur, l'épiskopos de la communauté de Jérusalem, jusqu'à
sa mise à mort en 62. Ce fut peut-être aussi le cas de Iohanan, l'auteur du quatrième Évangile, qui était
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Judéen, qui avait une maison à Jérusalem, qui connaissait le grand prêtre. M. Oscar Cullmann écrit, p.
140 : « Généralement on se base sur les dates — au reste hypothétiques — des synoptiques pour établir
celle de l'Évangile johannique. La plupart du temps, la priorité des synoptiques est tenue pour acquise...
» M. Cullmann ajoute : « S'il est juste de voir en l'auteur (du quatrième Évangile) un témoin oculaire,
au moins pour certains événements — ce qu'on ne peut dire d'aucun des synoptiques — je suis plutôt
enclin maintenant, contrairement à mon opinion passée, à considérer la rédaction initiale de l'Évangile
(de Jean) comme au moins aussi ancienne, et même probablement plus ancienne, que celle du plus
vieux des Évangiles synoptiques. »
L'auteur de l'Apocalypse s'appelait Jean, Iôannès, Iohanan. Il était certainement quelqu'un du
Temple, quelqu'un qui faisait partie du personnel du Temple. Il connaît le Temple de l'intérieur, les
choses du Temple, tout le symbolisme intérieur du Temple, le nom des pierres qui recouvrent le
pectoral du jugement, Exode 28, 15. Sa pensée se meut tout entière à l'intérieur de l'univers des
symboles dont on trouve l'expression dans le livre de l'Exode et dans le rouleau d'Ézéchiel le prêtre.
Dans aucun texte de l'Apocalypse on ne trouve la moindre trace décelable du fait que le Temple aurait
pu être déjà détruit lorsque Jean écrit l'Apocalypse. Il n'est même pas évident qu'il ait prévu l'entière
destruction du Temple. Il parle de la destruction de Jérusalem qui vient et qui est imminente. Mais il ne
mentionne pas spécialement la destruction intégrale du Temple, que le Seigneur avait mentionnée,
Matthieu 24, 2 ; Luc 21, 5 ; Marc 13, 2.
Jean, l'auteur du quatrième Évangile, avait une maison à Jérusalem. C'est chez lui que le Seigneur a
voulu manger le dernier repas depesah. Jean était à sa droite, et il s'est penché pour lui demander le
nom de celui qui allait le livrer. Ce Jean, auteur du quatrième Évangile, est connu du grand prêtre. Il a
ses entrées dans la maison du grand prêtre. Il peut donner des ordres à la servante et elle lui obéit. Elle
ne le chasse pas. Elle ne le fait pas arrêter.
Jean, surnommé Markos, avait une maison à Jérusalem. Actes 12, 12, Pierre est allé dans la maison
de Maria la mère de Jean surnommé Markos, là où les frères et les sœurs étaient réunis et en train de
prier. Il a frappé à la porte, et une servante est venue... Existait-il à Jérusalem deux Jean qui avaient
chacun une maison, et où les disciples se réunissaient ?
Markos est la simple transcription en caractères grecs du latin marcus qui signifie le marteau.
Marcus est la traduction latine de l'hébreu maqqebet, le marteau, peut-être le surnom de Judas
Makkabaios, Premier livre des Maccabées, 2, 66.
Ce Jean surnommé Markos, le marteau, était le cousin de Barnabas le lévite, Colossiens 4, 10 : Vous
salue Aristarchos, celui qui a combattu avec moi, et Markos le cousin germain, ho anepsios, de
Barnabas... Ce Barnabas s'appelait Joseph, Actes 4, 36 : Iôsèph qui a été surnommé barnabas par les
envoyés, ce qui veut dire en traduction fils de la consolation, lévite, natif de l'île de Chypre...
Lorsque Paul se fâche avec Barnabas, celui-ci prend avec lui Jean surnommé Markos. Actes 15, 36,
nous sommes au printemps de l'année 49 : Après quelque temps passé, il dit à Barnabas, Paulos
(construction hébraïque de la phrase...) : Retournons et allons visiter les frères dans toutes les villes
dans lesquelles nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour savoir comment ils vont. Barnabas
voulait prendre avec eux aussi Jean, celui qui est appelé Markos. Mais Paul était d'avis que, celui qui
s'était séparé d'eux depuis la Pamphylie et qui n'avait pas pris part à l'œuvre commune — il était d'avis
de ne pas le prendre avec eux. La discussion a atteint un tel degré qu'ils se sont séparés, chacun de son
compagnon. Barnabas a pris avec lui Markos, et il a fait voile vers l'île de Chypre... — Sa patrie de
naissance d'après Actes 4, 36.
Et ensuite, où sont-ils allés ? Ont-ils été en Asie ? Sont-ils les premiers missionnaires de l'Asie ? Est-
ce la raison pour laquelle Paul fait des détours pour éviter la zone qu'ils sont en train d'ensemencer ?
Jean surnommé le Marteau a-t-il été à Patmos pour y apporter la parole de Dieu et pour attester la
vérité de Ieschoua ?
Ce n'est pas exclu. La question reste donc entière de savoir qui est ce Jean qui a écrit l'Apocalypse,
s'il est le même, ou s'il n'est pas le même, que celui qui a écrit l'Évangile.
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