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CHAPITRE
Conductivité hydraulique
6.1 INTRODUCTION
La conductivité hydraulique d’un sol est la propriété physique fondamentale nécessaire lors du
design d’un système de drainage souterrain. Elle n’est nul autre que le coefficient de propor-
tionnalité de la loi de Darcy reliant le flux d’écoulement au gradient hydraulique. Elle est le
résultat des forces de frottement de l’eau dans les pores du sol, forces résistant à l’écoulement.
La conductivité hydraulique est, d’une part, proportionnelle à la perméabilité intrinsèque k du
sol qui est elle--même fonction de la porosité du sol et d’autre part, inversement proportion-
nelle à la viscosité dynamique du fluide (l’eau). La conductivité hydraulique K se définit :
e g [6.1]
K=k η
e
En laboratoire :
-- perméamètre à charge constante avec des échantillons
-- en cylindre standard (5 cm diamètre par 7 cm de hauteur,
-- cube Vergière de 10 ou 20 cm d’arrête.
In situ (au champ) :
-- méthode du trou à la tarière
-- méthode de pompage
-- en régime permanent
-- en régime variable
Ce document s’attardera seulement à la méthode de mesure en laboratoire avec perméamètre à
charge constante et à la méthode du trou à la tarière.
∆ϕ
∆L Sol
entre les deux à l’aide d’un ruban. Le niveau d’eau est maintenu constant dans la partie supé-
rieure à l’aide d’une bouteille de mariotte. Le gradient hydraulique doit être inférieur à l’unité.
Pour chasser tout l’air contenu dans l’échantillon, il est préférable de la saturer par le bas en
plaçant l’échantillon avec sa seconde chambre dans un contenant d’eau ou le niveau d’eau est
supérieur au niveau du sol.
Le principe général est très simple. Un trou est foré dans le sol à une certaine profondeur sous
la nappe. Lorsque le niveau d’eau dans le trou atteint l’équilibre avec la nappe environnante,
une partie de l’eau du trou est enlevée et sous l’effet du gradient hydraulique créé, l’eau per-
colle à nouveau vers le trou et la vitesse de remontée du niveau d’eau est directement propor-
tionnelle à la conductivité hydraulique et à la géométrie du trou.
La méthode du trou à la tarière estime la conductivité hydraulique moyenne des couches de sol
allant de la nappe à une faible distance sous le fond du trou. Si le trou est foré jusqu’à la couche
imperméable, la conductivité hydraulique mesurée correspond aux couches de sol au--dessus
de cet imperméable. Cette méthode est limitée aux régions où il existe une nappe pendant au
moins une partie de l’année. Le rayon du cylindre de sol dont la conductivité hydraulique est
mesurée est d’environ 30 à 50 cm.
Q = Q Darcy [6.3]
∆y ∆φ [6.4]
π r2 =−K A
∆t ∆L
r = rayon du trou (cm)
∆y/∆t = vitesse de la remontée du niveau d’eau (cm/s)
∆ϕ = perte de charge
∆L = longueur d’écoulement
A = section d’écoulement
En regardant la figure 6.2, la perte de charge moyenne est “y”alors que la longueur d’écoule-
ment est très difficile à estimer. Par analyse dimensionnelle, elle est une fonction de la géomé-
68 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
y yn
yo
H ∆y
S 2r
SUBSTRATUM IMPERMÉABLE
Figure 6.2 Schéma d’un trou à la tarière.
trie du trou (rayon, profondeur du trou, distance entre le fond du trou et l’imperméable et la
charge hydraulique) et s’exprime par une fonction L(H, S, y, r). La section d’écoulement cor-
respond à la surface du trou où l’eau percolle. L’équation du débit s’exprime alors :
∆y y
π r2 =−K ( 2 π r H + π r 2 [6.5]
∆t L H, S, y, r )
K = − π r2
L( H, S, y, r ) 1
2 π r H + π r 2 y
∆y
∆t
[6.6]
∆y
K = C H, S, y, r [6.7]
∆t
Cette dernière équation montre bien la relation entre la conductivité hydraulique et la vitesse
de remontée du niveau d’eau dans le trou conditionnée par un facteur relié à la géométrie du
trou.
∆y [6.8]
K=C
∆t
K = conductivité hydraulique (m/j)
∆y/∆t = vitesse de la remontée du niveau d’eau (cm/s)
Ces figures peuvent être utilisées pour d’autres rayons en utilisant les valeurs de H et y multi-
pliées par le rapport du rayon du trou sur les figures (5 cm) sur le rayon du trou creusé.
Ernst a aussi défini des équations approximatives représentant les résultats obtenus. Elles
sont :
K= 4000 r 2 1 ∆y , S ≥ 1H [6.9]
( H + 20 r ) 2 −
y y ∆t 2
H
Ces équations ne montrent pas le rapport exact entre les différentes variables. L’erreur maxi-
male que peut engendrer l’utilisation de ces équations est de l’ordre de 20 % si les conditions
suivantes sont respectées :
3 cm < r < 7 cm
20 cm < H < 200 cm
y > 0, 2 H
S>H
∆y ≤ 1 y 0
4
70 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
Si un pas de temps infinitésimal est considéré, l’équation 6.8 est considérée comme une équa-
tion différentielle :
∆y dy [6.11]
K = lim ∆t→0 C =−C
∆t dt
En utilisant l’équation approximative 6.9 de Ernst, l’équation 6.11 devient :
y = y o e −Kt
B [6.14]
y, yo , y1 = “y” au temps t, to et t1
B= 4000 r 2
(H + 20 r ) 2 − y
H
Si le terme (2 - y/H) n’est pas considéré comme quasi constant, l’intégration de l’équation 6.12
donne :
2 y 0 2 H − y 1
K = ( 2000 r ) t − 1 ln [6.15]
H + 20 r 1 t o y 1 2 H − y 0
yo [6.16]
y=
e K t
D − 2 H e K t
D − 1
y 0
2
D = ( 2000 r )
H + 20 r
Les équations [6.14] et [6.16] montrent que le taux de remontée du niveau d’eau dans le trou
décroît de façon exponentielle avec le temps, ce qui correspond à la réalité. Si cette intégration
enlève la restriction de l’équation de l’équation originale, le cône de dépression qui peut se
développer dans la nappe près du trou est négligé.
MÉTHODE DU TROU À LA TARIÈRE
71
1. avec la sonde, s’assurer qu’aucune roche ou cailloux n’est présent dans l’axe de
forage du trou,
2. avec la tarière, forer le trou à au moins 50 cm sous la nappe et noter la description
du profil du sol; boiser le trou si nécessaire
3. après le forage, prendre quelques mesures de remonté du niveau d’eau dans le trou
pour estimer le temps de stabilisation du niveau d’eau et planifier les mesures,
4. après stabilisation du niveau d’eau dans les trous, rabattre d’au moins 50% ce
niveau d’eau avec la puisette; la température de l’eau peut être mesurée directement
dans la puisette,
5. rapidement après le rabattement, noter la vitesse de remontée du niveau d’eau dans
le trou avec le flotteur monté sur son support ou tout autre dispositif de mesure du
niveau d’eau,
6. calculer de la conductivité hydraulique.
Une feuille de relevés au champ a été conçue pour faciliter la prise des mesures et les calculs.
Elle contient les principales règles à respecter.
72 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
Pour tenir compte des variations de la température de l’eau lors des mesures, les valeurs de la
conductivité hydraulique sont calculées pour une température de 5 °C au Québec. Le
tableau 6.1 présente les viscosités dynamiques de l’eau aux différentes températures et les
facteurs de conversion pour une température de référence de 5 °C.
y = F = f x 1, x 2, x 3, ..., x n [6.18]
CALCUL DE L’ERREUR
73
dy = ∂F dx 1 + ∂F dx 2 + ... + ∂F dx n [6.19]
∂x 1 ∂x 2 ∂x n
∆y = ∂F ∆x 1 + ∂F ∆x 2 + ... + ∂F ∆x n [6.20]
∂x 1 ∂x 2 ∂x n
E y = ∂F E x 1 + ∂F E x2 + ... + ∂F E xn [6.23]
∂x 1 ∂x 2 ∂x n
y=A+B [6.24]
S 2y = S 2A+B = S 2A + S 2B [6.26]
Si nous associons l’erreur à un écart type de mesure et que nous définissons cette erreur pour
une probabilité de 95 %, cette erreur peut s’écrire :
2
E 2y = 2 S y [6.27]
E 2y = E 2A+B = E 2A + E 2B = 2 2 S 2A + 2 2 S 2B [6.28]
E 2x 1 = E 2 ∂F ∆ x1
∂x 1
[6.30]
2 2
E x 1 = ∂F
2 ∂x 1
2 E
E ∆ x 1 = ∂F
∂x 1 x1
2 [6.31]
74 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
2 2
E E
2
E 2y = ∂F x1
2
+ ∂F x2
2
+ ... + ∂F E xn
2 [6.32]
∂x 1 ∂x 2 ∂x n
Erreur relative :
E( ∆y ) = ∂∆y
∂K E
∆y = 4000 r 2
( H + 20 r ) 2 − y
1 1 E
y ∆t ∆y
[6.36]
H
E( ∆y )
K
=1
K
∂∆y
∂K E
∆y =
E ∆y
∆y
[6.37]
Si ∆y est estimé avec une précision de 1 cm, l’erreur engendrée sur la conductivité hydraulique
pour des ∆y de 5 cm, 10 cm, 20 cm et 50 cm est alors respectivement de 20%, 10%, 5% et 2%.
Si nous appliquons le même processus pour estimer l’erreur due au rayon du trou, nous obte-
nons si nous négligeons l’effet du terme (H + 20r) :
E(r ) = ∂K E r 2 4000 r 1 ∆y E
y ∆t r
[6.38]
∂r ( H + 20 r ) 2 − y
H
E( r ) E
= 1 ∂K E r 2 rr [6.39]
K K ∂r
CALCUL DE L’ERREUR
75
Si la précision du diamètre du trou est estimée à 1 cm due aux difficultés du creusage (excentri-
cité du trou, irrégularités, présence de cailloux, etc.) pour des trous d’environ 10 cm de diamè-
tre (5 cm de rayon, l’imprécision du rayon amène une erreur importante de 20%. Dans le cas
du rayon, une erreur de 10% entraîne une erreur du double sur l’estimation de la conductivité
hydraulique. Le tableau6.2 présente un résumé de l’estimation de l’erreur due à chacun des
paramètres de mesure de la conductivité hydraulique lorsque l’équation 6.9 est utilisée.
Tableau 6.2 Estimation de l’erreur causée par chacun des paramètres sur la mesure de la
conductivité hydraulique
Paramètre Formule Valeurs du Erreur sur le EK / K(%)
de l’erreur paramètre paramètre
H ≈ EH / H 80! [20, 200]@ cm 2 [1, 5] cm 2 [0,5, 25]
r ≈ 1,8 Er / r 6 [5, 7] cm 0,5 [0,5, 1] cm 15 [13, 36]
y ≈ Ey / y 40 [15, 80] cm 1 [0,5, 2] cm 3 [1, 15]
∆y E∆y / ∆y 10 [4, 20] cm 1 [0,5, 2] cm 10 [3, 50]
∆T E∆t / ∆t 100 [10,1000] sec. 1 [0,2, 2] sec. 1 [0,1, 20]
! Valeur typique
@ Gamme des valeurs
En considérant l’erreur maximale, le tableau 6.2 montre que la conductivité hydraulique est
déterminée avec une erreur typique d’environ 30% pour une gamme de valeurs allant de 17 % à
plus de 100 %. En considérant l’erreur probable, l’erreur typique est de 18 % pour une gamme
de valeurs allant de 13 % à 80 %. La variation du rayon du trou provoque la plus grande erreur
suivi par l’erreur causée par le taux de la remontée de la nappe (∆y). Les petites valeurs pour les
paramètre de la profondeur du trou sous la nappe (H), du rabattement de la nappe (y) et de la
remontée de la nappe (∆y) sont synonymes de grandes erreurs. Un trou de 40 cm minimum
sous la nappe et vidangé à 75 % permet un rabattement de la nappe (y) de 30 cm et une remontée
de la nappe (∆y) de 8 cm maximum limite l’erreur à une erreur probable de 20%. Par contre, un
trou creusé seulement de 20 cm sous la nappe et vidangé à 75 % permet un rabattement de la
nappe (y) que de 15 cm et une remontée de la nappe (∆y) de 4 cm maximum et amène une erreur
probable de 35% en considérant des erreurs typiques sur les mesures.
par la méthode du trou à la tarière si la nappe atteint bien la couche supérieure comme le montre
la figure 6.3.
y1 y2
H1
D
KA KA
H2
SUBSTRATUM IMPERMÉABLE
Comme le montre la figure 6.4, le débit de la couche ”B” est équivalent à celui d’un trou de
pleine profondeur ayant la conductivité du sol ”B” moins un trou de la profondeur de la couche
”A” qui aurait la conductivité du sol ”B”.
KA = KA
+ -- KB
KB
KB
Figure 6.4 Principe de décomposition de l’écoulement vers un trou dans un sol stratifié.
CALCUL DE L’ERREUR
77
∆φ ∆φ ∆φ
K a+b 2 π r H2 = Ka 2 π r D + Kb 2 π r H2 − D [6.40]
∆r ∆r ∆r
Ka = Conductivité hydraulique de la couche ”A”
Kb : Conductivité hydraulique de la couche ”B”
Ka+b : Conductivité hydraulique de l’essai profond en considérant les
couches ”A” et ”B”comme une seule couche homogène.
ce qui permet de déduire l’équation présentée par Terzaghi (Luthin, 1966)
K a+b H 2 − K a D
Kb = [6.41]
H2 − D
Van Beers (1970) utilise l’analogie de l’addition des écoulements (figure 6.4) mais sans faire
l’hypothèse de l’écoulement horizontal. Il estime le débit dans un trou à la tarière à partir de
l’équation (6.8) du modèle de la méthode du trou à la tarière :
∆y ∆y
π r2 = π r2 K ⇒ =K [6.42]
∆t C ∆t C
∆y 2
∆t 2
K
= a+
Co
Kb Kb
−
C2 Co
[6.43]
∆Y 2
= remontée du niveau d’eau dans le trou de tarière profond
∆T 2
Co = coefficient de géométrie d’un trou fictif se terminant à l’interface
des deux couches = C D, y 2, r, S = 0
C2 = coefficient de géométrie du trou profond = C H 2, y 2, r, S > H
2
S = profondeur de sol perméable sous le fond du trou.
La conductivité hydraulique de la couche inférieure s’évalue alors facilement :
Kb = ∆y∆t − KC
C1 − C1
2
2
a
o 2 o
[6.44]
6.7.2 Population
Une zone de sol homogène contient un grand nombre de cylindres de sol desquels la conducti-
vité hydraulique peut être évaluée. Chaque cylindre correspond, en terme statistique, à un
individu et l’ensemble des individus forme ce qu’on appelle la population d’une zone de sol.
À l’intérieur d’une population, les individus ne sont pas tous identiques. Ils possèdent certai-
nes caractéristiques communes et d’autres, individuelles et différentes, ce qui permet de diffé-
rencier un individu d’un autre.
En terme statistique, une population est décrite par ses valeurs centrales (moyenne, médiane,
mode) qui expriment les caractères communs, ses valeurs de dispersion (écart absolu, écart
type, variance, moments centrés, quartiles) qui expriment les caractères individuels et sa dis-
tribution de fréquence qui est la façon dont les individus se répartissent dans la population.
Mathématiquement, cela s’exprime ainsi :
x ∈ P(, σ) [6.45]
x = + kx σ [6.46]
x = valeur de l’individu
P(, σ) = Distribution de la population
µ = Valeur centrale ou moyenne de la population
σ = Écart type de la population
k = Facteur fréquence
6.7.3 Échantillon
L’évaluation des caractéristiques d’une population peut se faire par l’analyse de chaque indi-
vidu, ce qui serait plutôt long et coûteux. On peut par contre essayer d’évaluer les caractéristi-
ques d’une population en analysant un certain nombre d’individus de cette population et que
ANALYSE STATISTIQUE
79
nous appelons l’échantillon. L’image qu’on se fera de la population dépendra du nombre d’in-
dividus analysés, et l’image sera d’autant plus fidèle que le nombre d’individus analysés s’ap-
prochera de la population totale.
x = x + e [6.48]
x = valeur de l’individu
x’ = estimé de la valeur de l’individu
e = erreur de mesure
Ce même individu présentera l’image suivante en regard de la population :
x = + kx σ + e [6.49]
En général, cette erreur de mesure se perd dans les variations des individus et les écarts mesu-
rés contiennent la variation de cet individu et l’erreur de mesure (ou précision de mesure).
Une population étant en soi une entité homogène, il est nécessaire de délimiter et de définir
cette population avant de commencer à l’échantillonner. À titre d’exemple, si nous voulons
connaître les caractéristiques d’âge des infirmières d’un hôpital, nous essayerons de définir
cette population et ses délimitations pour ne pas échantillonner au hasard parmi tous les indivi-
dus de l’hôpital.
De même lorsque l’on parle d’essais de conductivité hydraulique, cela signifie de définir notre
périmètre de sol à l’intérieur duquel on retrouvera une même profondeur, un même profil géo-
logique et pédologique. Ceci permettra d’avoir des individus d’une même population, compa-
rables et correspondants à un même type de sol. Ce périmètre, nous l’appellerons ”zone homo-
gène”.
80 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
Lorsque des études de sol sont effectuées pour la réalisation d’un projet de drainage souterrain,
la première étape consiste donc à délimiter, à l’intérieur de notre périmètre d’étude, les diffé-
rentes zones de sol homogène. Ces zones constitueront alors les populations que nous aurons à
étudier. Oublier cette étape, cela signifie d’effectuer un nombre d’essais de conductivité
hydraulique au hasard et disparates, et qui montreront peut--être, en première analyse, une
grande variabilité. Cela signifie aussi d’effectuer, sans le savoir, des essais sur, les limites de
zones, de se retrouver avec un ou des échantillons hybrides qui ne sont représentatifs d’aucune
population et qui sèment davantage la confusion.
Il n’est pas nécessaire d’être un universitaire pour se rendre compte de la nécessité de la délimi-
tation de zones homogènes avant d’effecteur des essais de conductivité hydraulique. Ces
essais sont suffisamment couteux pour que l’on s’assure que chaque essai effectué est valable
et pour que nous n’en fassions que le nombre nécessaire. Aldabagh et Beer tel que mentionné
par Bonwer et Jackson (1974), ont trouvé que, pour une précision de 20%, sept (7) essais sont
nécessaires lorsqu’ils procèdent sur une base de type de sol alors que onze (11) le sont
lorsqu’ils procèdent sur une base de parcelle indépendamment du type de sol.
Si, comme nous venons de le voir, la première règle à respecter lors de l’échantillonnage est de
délimiter notre population, la deuxième règle est d’échantillonner les individus au hasard dans
cette population pour respecter l’hypothèse de l’indépendance des relevés. Toutes les lois sta-
tistiques sont en effet basées sur cette hypothèse de l’indépendance des relevés.
En terme de conductivité hydraulique, cela signifie une répartition au hasard des essais à l’in-
térieur de la zone jugée homogène en prenant toutefois soin de ne pas échantillonner dans des
endroits trop perturbés où l’évolution du sol aurait pu être fortement influencée (micro--zo-
nes). C’est notamment le cas près des cours d’eau, dans les fossés, les raies et près d’excava-
tions ou d’enfouissement.
Les principaux types de distribution utilisés en statistique sont les distributions normale (aussi
appelée distribution Laplace--Gauss), exponentielle, lognormale, gamma incomplète, Gum-
bel, Poisson, et Pearson.
La distribution normale est la plus connue et la plus utilisée à cause de la simplicité de l’évalua-
tion de ses paramètres, la moyenne et l’écart type, pour décrire cette population. La distribu-
tion normale est caractérisée par une courbe en forme de cloche (figure 6.5) avec une réparti-
tion symétrique de chaque côté de la moyenne. C’est une population où beaucoup d’individus
se retrouvent près de la moyenne et de moins en moins d’individus à mesure que l’on s’éloigne
ANALYSE STATISTIQUE
81
= nx [6.50]
σ= 1n (x − )2 [6.51]
retrait, développent des craques dans le sol où l’eau peut circuler de façon privilégiée. Dans
ces sols, nous avons des conductivités hydrauliques faibles et quelques conductivités fortes
qui correspondent à une distribution plutôt exponentielle.
Sur un tel graphique, la courbe de fréquence cumulée est une droite lorsque la distribution est
normale. De plus, nous pouvons déterminer directement la moyenne et l’écart type sur ce type
de graphique.
Avec un échantillonnage effectué en respectant les règles et sachant qu’il correspond à une
distribution normale, nous pouvons évaluer les paramètres de l’échantillon et par la suite
essayer de caractériser la population.
SK = 1
n−1
n
Ki − K
i=1
2
= 1
n−1
n
i=1
n
2
K 2i − 1n K i
i=1
[6.54]
De plus, nous pouvons déterminer le coefficient de variation (Cv) qui représente la variation
des individus par rapport à la moyenne :
SK
Cv = [6.55]
K
SK
S K = [6.56]
n
Il est facile de constater que plus l’échantillon est grand, plus l’écart type de sa moyenne
devient faible. Ceci veut dire que notre moyenne devient de plus en plus précise.
K = K E K [6.57]
ANALYSE STATISTIQUE
85
SK
E K = t( p, n − 1 ) S K = t( p, n − 1 ) [6.58]
n
L’équation 6.59 est une équation itérative et qui exige la connaissance de l’écart type avant
d’échantillonner. Le problème des itérations peut être résolu lorsque nous examinons le
tableau 6.5. Les valeurs de ”t(p, n-- 1)” changent peu à partir du moment où la taille de l’échan-
tillon est supérieure à 10. L’utilisation de la valeur t(05,9) donnera alors une approximation
suffisamment précise pour nos besoins.
Quant à la précision à rechercher ( E K), elle est fonction de la précision avec laquelle nous vou-
lons déterminer l’écartement entre les lignes de drain. En design, une précision de 20% est
généralement considérée comme suffisante. C’est sur ce principe que se base le ”Cahier des
normes en drainage souterrain” pour exiger une précision ou un écart maximum de 20% pour
un seuil de probabilité de 95%. Seuls quelques auteurs se prononcent sur le sujet. Calembert et
Sine (1962) parlent d’une précision de 50% pour un seuil de probabilité de 90% (10% de
hasard). Bouwer et Jackson (1974) considèrent une précision de 30% comme suffisante sans
mentionner le seuil de probabilité.
Quant à l’écart type (SK ), nous pouvons utiliser, en première approximation, la valeur maxi-
male de l’écart type acceptée pour qu’une zone de sol soit considérée comme homogène dans
le “Cahier des normes en drainage souterrain”. Cet écart type doit être inférieur à 50% de la
valeur moyenne de la conductivité hydraulique. Cette valeur est fondée sur notre expérience et
celles de Broughton et al. (1977) et Calembert et Sine (1962) .
Le nombre d’essais pourra être précisé au champ à mesure que les essais sont effectués et que
l’écart type devient connu. Ceci démontre qu’il est nécessaire de calculer immédiatement au
champ la valeur de la conductivité hydraulique pour ne pas avoir de surprise et être obligé d’y
revenir par la suite.
Pour l’exemple présenté au tableau 6.3, nous obtenons les valeurs suivantes :
K = 0, 338 m
j S K = 0, 124 m
j
S 0, 124 m
j
Cv = K = = 0, 37
K 0, 338 m
j
0, 124 m
j
S K = = 0, 029 m
j
18
K = 0, 34 m
j 0, 06 m
j
STATISTIQUES ET SOLS STRATIFIÉS
87
Le nombre d’essais nécessaires pour répondre au ”Cahier des normes en drainage souter-
rain”, si nous ne connaissons pas l’écart type (SK ), aurait été de :
2
n = (2, 26)
2
0,0, 52 = 32
Si à la suite d’un certain nombre d’essais, comme dans ce cas--ci, nous connaissons l’écart type
( S K
K = 0, 37), nous trouvons en première approximation ”t(05,9)” et en dernière
”t(05,17)”approximation :
2
n = (2, 26)
2
0,0,372 = 18
2
n = (2, 11)
2
0,0,372 = 15
En vérifiant la qualité des essais lorsque nous sommes au champ, nous pouvons, dans un cas
comme celui--ci, effectuer une grande économie en diminuant de la moitié le nombre d’essais
nécessaire pour une précision très satisfaisante.
Les statistiques permettent d’expliquer les principes de base qui régissent l’échantillonnage
lors des essais de conductivité hydraulique et aident à comprendre la précision et la significa-
tion à donner aux mesures.
Cette technique où l’on doit approfondir chaque trou oblige à revenir plusieurs fois au champ
(à chaque approfondissement) et à laisser un délai de stabilisation de la nappe avant de faire
l’essai de conductivité hydraulique proprement dit. Cette façon de procéder est onéreuse en
temps et en argent et cela contribue à sa faible popularité.
Pour amener une économie de temps lors des sondages, les utilisateurs de la technique du trou
à la tarière forent plusieurs trous mais à des profondeurs différentes ou à des groupes de pro-
fondeurs où des différences semblent exister.
88 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
Dans le cas où nous utilisons deux trous de profondeurs différentes au lieu d’un même trou
approfondi, il est impossible de connaître exactement la conductivité de la couche supérieure
(Ka ) du lieu où le trou profond a été foré. Nous connaissons bien la conductivité hydraulique
moyenne de la couche supérieure (Ka ) mais celle--ci, comme dans toute population, est sou-
mise à des variations locales. Alors il devient difficile de séparer l’effet des variations de la
couche ”A” et ”B” de l’effet des variations d’un site à l’autre. La situation se présente comme
si nous avions deux populations différentes (essais dans la couche supérieure ”A” et essais
dans les deux couches ”A + B”) où nous essayons de comparer des individus différents ou pos-
siblement différents et qui possèdent une variabilité.
En terme statistique, il est plus facile de comparer les deux populations et de chercher les diffé-
rences entre les échantillons de ces populations que de comparer les individus des deux échan-
tillons. À ce moment--là, nous minimisons les variabilités dues au site. La similitude ou la
différence entre deux populations (ou échantillons) s’évalue en observant si la différence entre
les moyennes de chaque population est significative ou non. La signification s’évalue à l’aide
du test de Student :
K1 − K2
= t p, n 1 + n 2 − 2 [6.60]
S DK
S K1 S K2
SK = , SK =
1 n 2 n
1 2
SK
i
= écart--type estimé de la moyenne de l’échantillon
S Ki = écart--type de l’échantillon
Lorsque nous possédons un groupe restreint de données ( nl + n2 < 10), il est préférable de
déterminer une valeur moyenne de l’écart--type des deux échantillons ( S K) au lieu de l’écar--
type de chaque échantillon ( S Ki ). À cause du petit nombre de données, la déviation standard de
chaque échantillon serait plutôt imprécise. Alors, le mieux que l’on puisse faire est d’évaluer
une valeur commune aux deux échantillons, car, si l’on juge pouvoir comparer les échantil-
lons, c’est qu’il doit exister une similitude entre eux et par conséquent entre leurs écart--types.
STATISTIQUES ET SOLS STRATIFIÉS
89
La visualisation du concept de différence significative (figure 6.7) montre que pour qu’il y ait
similitude des deux échantillons, les moyennes des deux échantillons avec leurs limites de
confiance doivent se recouper.
En terme de conductivité hydraulique, une différence significative entre les deux groupes
d’essais de conductivité hydraulique (trous peu profonds et trous profonds) signifie une contri-
bution différente de la couche supérieure de sol de l’ensemble des deux couches de sol. À ce
moment--là, nous pouvons calculer la conductivité hydraulique de la couche inférieure par
l’équation de Terzaghi (6.41) ou l’équation de Van Beers (6.44). Connaissant K a+b, l’équation
de Van Beers (6.44) devient: :
KB = K a+b K a
C2
−
Co
1 − 1
C2 Co
[6.63]
∆y 2 K
= a+b
∆y 2 C2
C 0 = C D, y 2, r, S = 0
C 2 = C H 2, y 2, r, S > H
2
Cette approche est utile dans de nombreux cas où nous remarquons une légère modification du
profil ou encore dans les cas où nous doutons d’un changement de conductivité hydraulique.
90 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
Nous procédons alors en utilisant l’hypothèse de deux couches de sol différentes, ce qui impli-
que de forer des trous à différentes profondeurs. Si l’analyse statistique révèle une différence
non significative entre les résultats des essais peu profonds et des essais profonds, le profil est
considéré comme homogène. Nous ne calculons alors qu’une conductivité hydraulique
moyenne ( K) indépendante de la profondeur des essais. C’est le cas de l’exemple No. 1.
Dans cet exemple, nous aurions été porté à calculer un K 0−2 ≠ K 0−1 alors que les résultats mon-
trent une différence non significative entre les deux groupes de données. Les essais peuvent
alors être traités comme un profil homogène possédant une conductivité hydraulique de
2,41 m/j. Il se peut qu’en réalité, la conductivité hydraulique du ler mètre soit différente du 2e
mètre, mais les données ne sont pas suffisantes pour percevoir cette différence qui serait de
l’ordre de grandeur de la précision de nos mesures. De plus, cette différence n’amènerait pro-
bablement qu’une variation inférieure à 10% lors du calcul de l’écartement, variation infé-
rieure à la précision recherchée. Dans cet exemple, l’analyse statistique évite de faire des cal-
culs inutiles de la conductivité hydraulique de la couche inférieure à un mètre.
Par contre, dans l’exemple No 2, l’analyse statistique montre une différence significative entre
les conductivités hydrauliques des deux couches de sol. Alors, il est nécessaire de calculer la
conductivité hydraulique de la couche inférieure par l’équation (6.63).
Il faut noter que la plupart des sols de la plaine du St Laurent où l’on ne trouve pas de change-
ments brusques dans le profil du sol, montrent une différence non significative entre la
conductivité hydraulique des trous peu profonds et celle des trous profonds.
Lorsque nous rencontrons une conductivité hydraulique différente pour la couche profonde
’B’ (la couche 1--2 m dans l’exemple No 2), l’écart--type ou l’erreur quadratique sur la conduc-
tivité hydraulique ( K b) peut être évaluée approximativement par l’expression sui-
vante :
2 2
S 2K
b
= Co
Co − C2
S 2K +
a+b
C2
Co − C2
S 2K
a
[6.64]
Cette approche permet de savoir si le profil de sol est homogène ou hétérogène en terme de
conductivité hydraulique. Elle évite du travail inutile en demandant de faire le calcul de la
conductivité d’une couche inférieure seulement quand cela est significatif. Elle permet de
faire le partage entre ce qui est semblable ou ce qui est différent.
vité hydraulique du ler mètre de sol ( K 0−1) est différente de celle de l’ensemble des deux cou-
ches ( K 0−2). La conductivité hydraulique de la deuxième couche ( K 1−2) calculée avec l’équa-
tion (6.63) est similaire (pas de différence significative) à celle obtenue des essais effectués
uniquement dans le deuxième mètre de sol. Ce cas peut se présenter lorsque les essais sont
effectués sur une grande période de temps et que le niveau de nappe baisse. Cet exemple mon-
tre la nécessité de ne regrouper que les essais correspondant aux mêmes conditions.
Dans l’exemple No. 4 où nous voulons savoir s’il existe une différence significative entre la
conductivité hydraulique du champ I et celle des champs II et III, l’analyse statistique nous
montre une différence non significative. Dans un tel cas, l’analyse statistique nous permet de
regrouper les résultats des trois champs et d’obtenir une plus grande précision et signification
des essais. Dans ce cas, les limites de confiance passent de 32% (champ I) et 22% (champ II, et
III) à 17% pour l’ensemble des essais.
Par contre, l’exemple no. 5 montre une différence significative entre les essais de la zone
”loam Kamouraska type A” et celle de type ”B”. Dans un tel cas, le calcul de l’écartement
devra être considéré différent pour chacune des zones alors que pour l’exemple No. 4, un seul
écartement pourra être considéré pour l’ensemble des champs. Avant de comparer les champs
entre eux, il est nécessaire d’effectuer un test de différence significative entre les conductivités
hydrauliques des différentes couches pour chaque champ. S’il avait existé une différence
significative, nous aurions alors comparé les conductivités hydrauliques des mêmes couches
de sol entre chaque champ au lieu de comparer les conductivités hydrauliques de l’ensemble
des couches comme nous l’avons fait.
92 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
93
6.1. Calculer la conductivité hydraulique (K) des essais suivants effectués selon la méthode
du trou à la tarière:
Essai Trou “A” Trou “B” Trou “C”
Type de sol Argile grise
Diamètre du trou (cm) 12.5 12.5 13.0
Température de l’eau (_C) 10 16 17
Profondeur de la nappe (cm) 41.4 61.2 65.4
Profondeur du trou (cm) 180 123 236
Profondeur de sol perméable ≅3m ≅3m ≅3m
Voici la remontée du niveau d’eau (cm) dans le trou suite au rabattement de ce niveau:
0 sec 86.7 89.3 90.4
15 “ 83.8 88.5 89.2
30 “ 81.3 87.8 87.1
45 ” 78.8 87.0 86.0
60 ” 76.4 86.3 84.9
90 ” 71.7 85.1 82.9
120 ” 67.0 83.8 81.0
150 ” 82.2 79.1
180 ” 81.5 77.3
210 ” 80.4
240 ” 79.4
6.2. Avec les données du problème précédent, calculez la conductivité hydraulique en utili-
sant les tableaux de Kirkham. Les résultats sont--ils différents de ceux calculés en utili-
sant les abaques de Ernst (Van Beers, 1965)
6.3. Calculer le taux moyen de la remontée du niveau de l’eau dans un trou de tarière lors de
l’essai standard, ce pour les conductivités hydrauliques suivantes:
a) 0,01 m/j; b) 0,1 m/j; c) 1,0 m/j; d) 10 m/j.
6.4. Suite au forage d’un trou de 100 mm de diamètre dans les sols possédant les conductivités
hydrauliques du problème précèdent, calculez le temps que prend le niveau d’eau pour
atteindre un niveau de stabilité suffisant avant de pouvoir effectuer l’essai de conductivité
hydraulique. Vous pouvez considérer qu’à la fin du forage le trou est déjà rempli au 1/4
de sa hauteur d’eau.
100 CONDUCTIVITÉ HYDRAULIQUE
6.5. Pour calculer la conductivité hydraulique par les abaques de Ernst, démontrez que lors-
que le rayon est modifié de x (r/ro) par rapport au rayon du graphique, la constante ”C”
peut être calculée sur ce même graphique en corrigeant la hauteur d’eau (H) et la charge
hydraulique (y) de la façon suivante:
H’ = H/x et y’ = y/x
6.6. Lors des essais de conductivité hydraulique par la méthode du trou de tarière, les erreurs
de mesure des paramètres profondeur d’eau (H), charge hydraulique (y), rayon du trou
(r), remontée (∆Y) et temps de remontée du niveau d’eau (∆T) se transmettre sur la valeur
calculée de la conductivité hydraulique. Évaluer l’influence que les erreurs de mesure
de ces paramètres amènent sur le calcul de la conductivité hydraulique pour les conditions
normales.
6.7. Démontrez que lorsque ∆y < 1/4 yo, la remontée est quasi linéaire et qu’il est alors justifié
d’utiliser l’expression :
K = C ∆y/∆ t
6.8. Vous creusez des trous de tarière pour mesurer la conductivité hydraulique. Vous soup-
çonnez que la conductivité hydraulique (K) est faible 0.01 m/j<K< 0.1 m/j. A la fin du
creusage de chaque trou, il y a très peu d’eau dans le fond du trou. Si vous voulez mesurer
la conductivité hydraulique avec la remontée du niveau d’eau sans attendre sa stabilisa-
tion, quand prendrez--vous les lectures nécessaires pour évaluer K et pourquoi?
6.9. Dans une parcelle où la conductivité hydraulique (K) est faible et deux jours après que
les trous de tarière ont été creusés, vous effectuez les essais selon la méthode du trou à
la tarière. Après cinq minutes de mesure, le niveau d’eau n’a remonté que d’un centimè-
tre. Vous n’avez pas le temps d’attendre près de chaque trou. Dans un maximum de com-
bien de temps vous devez revenir mesurer le niveau d’eau dans chaque trou si vous ne
voulez pas que le niveau ne remonte de plus des 3/4 du rabattement? La profondeur
moyenne des trous est de 150 cm, le diamètre moyen des trous est de 120 mm, la nappe
est à environ 40 cm de la surface du sol et le rabattement est de l’ordre de 50 cm.