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Création et développement

de la théorie des équations différentielles

aux dérivées partielles

dans les travaux de J. d'Alembert

A mon Maître, le P* A. P. Youschkevitch, pour son 75* anniversaire.

RÉSUMÉ. — Fondé sur une analyse précise des textes, cet article retrace les
principales étapes du développement de la théorie des équations aux dérivées
partielles dans l'œuvre de d'Alembert : introduction de la première équation de
ce type en 1743 dans le Traité de dynamique, étude plus développée dans les
Réflexions sur la cause générale des vents de 1747, mémoires sur la théorie des cordes
vibrantes de 1749 et discussions qui en découlent, « Recherches de calcul intégral »
de 1768 et évolution de certaines idées dans le tome 8 des Opuscules (1780) et le
tome 9, inédit. ^

SUMMAR Y. — Based on a close analysis of the relevant texts, this article retraces
the principal chapters in the development of the theory of partial differential equations
in the work of d'Alembert : the introduction in 1743 of the first equation of this kind
in the Traité de dynamique ; a more developed study in the Réflexions sur la cause
générale des vents of 1747 ; his papers on vibrating strings of 1749 ; the discussions
that followed from these ; the « Recherches de calcul intégral » of 1768 ; and the evolution
of certain ideas in volume 8 of the Opuscules (1780) and the unedited volume 9 of
this same work.

I. INTRODUCTION

L'histoire des équations différentielles aux dérivées partielles


est peu étudiée. Malgré de nombreux travaux intéressants, publiés
essentiellement ces dernières décennies, il reste encore de
nombreuses questions à résoudre avant de pouvoir se représenter de
façon plus ou moins précise l'évolution de cette branche si
importante des mathématiques modernes. Il en est ainsi de la question
concernant la phase initiale du développement de la théorie par
d'Alembert et Euler. Si on connaît bien les résultats obtenus par
Reo. Hist. Sci., 1982, xxxv/1
4 Serghei S. Demidov

L. Euler dans cette matière (1), les recherches de d'Alembert n'ont


pas encore été soumises jusqu'ici à une analyse réellement
systématique et se trouvent souvent décrites de façon incomplète (2).
La présente étude, fondée sur des résultats exposés dans un article
antérieur [7] (3) et sur de nouvelles recherches de l'auteur, tente
d'en retracer les principales étapes (4).

II. CRÉATION DE LA THÉORIE


DES ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

L'origine de cette théorie est souvent attribuée (5) au mémoire


de L. Euler Additamentum ad dissertalionem de infinitis curvis
ejusdem generis [9] publié en 1740. Comme l'indique son titre, ce
mémoire se rapporte à la géométrie et, notamment, au problème
des courbes dites isogones. Cette tradition, qui relie l'origine de la
théorie des équations aux dérivées partielles à ce mémoire ď Euler,
remonte à la fin du xvme siècle, et en particulier à J.-A.-J. Cousin
qui contredisait ainsi [10, p. xiv] l'opinion attribuant l'origine de
cette théorie aux travaux de d'Alembert des années 1740 (6).
Dans le mémoire [9], L. Euler obtient des expressions que l'on
pourrait aujourd'hui considérer comme des équations aux dérivées
partielles du premier, second et troisième ordres. Mais ce n'est qu'à
8z
une seule d'entre elles, j- = Р(ж, a), qu'il attribue une telle

signification, les autres expressions, bien qu'ayant pour nous une forme
d'équations aux dérivées partielles, ont pour lui un sens tout
différent. Ainsi, par exemple (7), on rencontre dans [9] des expressions

(1) Leurs résumés sont donnés par exemple dans les ouvrages [1, 2, 3] ; voir
également les études spéciales [4, 5 et surtout 14].
(2) Cf. par exemple [1,3, 6].
(3) Les chiffres entre crochets renvoient à la Bibliographie ci-dessous, p. 40-42.
(4) J'exprime ma reconnaissance au Pr A. P. Youschkevitch pour l'attention
constante qu'il a portée à mon travail et pour ses conseils qui m'ont aidé en diverses
occasions. Je remercie beaucoup le Pr Ch. Houzel de ses remarques critiques qui m'ont
permis de préciser quelques points de mon article.
(5) Cf. par exemple [1, 6, 8].
(6) С Truesdell mentionne J.-A.-J. Cousin dans ses commentaires au tome XIII
de la 2e série des Opera omnia d'EuLER [11, p. lxxxiv], dans lesquels le rôle de
d'Alembert dans la création de la théorie des équations aux dérivées partielles n'a pas été,
à notre avis, estimé à sa juste valeur.
(7) Nous avons donné l'étude détaillée de cette question dans l'article [12], cf.
également [13].
D'Alembert et les équations différentielles 5

qui sont, pour nous, des équations du premier ordre dans le contexte
suivant :
Etant donné une fonction P(x, a) intervenant dans la différentielle :
dz = P(x, a) dx + Q(#» e) da, trouver la fonction Q(x, a). Le problème
est résolu si l'on peut calculer l'intégrale I —^— - dx = Q(x, a) ; mais,
si on ne peut pas calculer celle-ci, est-il possible toutefois de déterminer
Q(x, a) ? Euler considère diverses relations entre P et Q (par exemple,
Px
Q = ou Q = P.E(a) qui sont, pour nous, les équations

— = — rr-.-ou — = ;r-.E(a)) et cherche la forme la plus générale de


да дх а да дх к
la fonction P qui entre dans ces relations (dans notre exemple, P a comme
valeurs - / 1 — |- с I , f[x-\- A(a)) respectivement, où / est une fonction
** \** / /•
arbitraire de son argument, c, une constante arbitraire, A(a) = E(a) da).
II trouve finalement que si P a la forme a-1 / \a
1(x
—\- c)J\ ou f(x + A(a)),
alors Q correspondant se détermine, sans intégration, par les formules
Рж
Q = ou Q = P.E(a) respectivement.

On trouve de nombreux cas semblables dans les publications


de L. Euler (8).
On peut donc en conclure que L. Euler, tout en ayant affaire
à des équations aux dérivées partielles, ne leur a pas à cette époque
accordé une grande attention. La signification des résultats obtenus
ne semble avoir été totalement comprise ni de l'auteur lui-même,
ni, à plus forte raison, de la plupart de ses contemporains. Ce n'est
que bien plus tard que ses continuateurs s'en sont servis pour tenter
de démontrer sa priorité.
Si les résultats obtenus par Euler [9] préfigurent la naissance
de la théorie des équations aux dérivées partielles, les travaux de
d'Alembert des années 1740 marquent véritablement celle-ci.
D'Alembert, en effet, y obtient plusieurs équations de physique
mathématique de ce type et en effectue l'intégration.
D'après C. Truesdell [14, p. 192], la première équation aux
dérivées partielles apparaît en 1743 dans le Traité de dynamique de
d'Alembert, dans l'étude du problème de la vibration d'une corde

(8) Ci. [12, p. 211-212].


6 Serghei S. Demidov

pesante suspendue à une extrémité [15, p. 117]. D'Alembert écrit


cette équation sous la forme :

où / est une constante (longueur de la corde).


Pour la première fois, une équation aux dérivées partielles est
donnée ici sous une forme assez proche de celle qui nous est familière
(la seule différence consistant en l'absence de symboles spéciaux
pour les dérivées partielles). A cette époque, d'Alembert n'a pas
pu l'intégrer ; mais, en 1758, dans la seconde édition du Traité de
dynamique [16], il en a donné une solution par la méthode de
séparation des variables (nous y reviendrons plus loin). Ses premiers
grands succès dans l'intégration des équations aux dérivées
partielles datent de la publication en 1747 de ses Réflexions sur la cause
générale des vents [17] (9).

III. LES « RÉFLEXIONS


SUR LA CAUSE GÉNÉRALE DES VENTS » DE 1747

1. Dans cet ouvrage [17], couronné du prix de l'Académie des


Sciences de Berlin de 1746, d'Alembert a étudié les vibrations de
la couche d'air (vents) sous l'action de la rotation de la Terre autour
de son axe et de l'attraction exercée par la Lune et le Soleil, en
considérant la Terre comme une sphère solide couverte d'une couche
d'air (dans certains cas, de deux couches, l'une d'eau et l'autre
d'air). Le point de vue de d'Alembert sur la nature des vents s'est
révélé dénué de fondement (10), ce qui a détourné l'attention des
historiens des sciences de cet ouvrage qui contient pourtant des
résultats aérodynamiques et mathématiques importants.
La troisième et dernière partie du livre est consacrée aux
équations aux dérivées partielles. D'Alembert y étudie le problème de
l'écoulement d'air à l'intérieur d'un canal formé par deux chaînes

(9) II existe deux éditions de ce livre écrit en 1745 ; ces deux éditions ont paru
en 1747 : Tune, à Berlin, en latin, l'autre, à Paris, en français et latin, à laquelle se
référeront toutes nos notes et nos citations.
(10) Cf. par exemple [18].
D'Alembert et les équations différentielles 7

de montagnes parallèles sous l'action des forces précitées, problème


qui le conduit à des équations aux dérivées partielles et à certains
problèmes aux limites relatifs à ces équations.

2. L'écriture des équations aux dérivées partielles y diffère de


la notation moderne. Ainsi, à la p. 164, est formulé le problème
suivant :
Soit deux expressions différentielles :
a(u, s) ds + Р(и, s) du,
ра(и, «) du + vfi(u, s) ds -f- A(u, s) du 4- Г(и, s) ds,
où p et v sont des constantes non nulles (hypothèse implicite mais
nécessaire selon le sens du raisonnement de d'Alembert) ; A(u, s) et Г(и, s),
des fonctions données de и et s. On sait que chacune de ces expressions
est une différentielle totale des fonctions z et v de и et s ; déterminer a et p
(dans les problèmes dont quelques-uns sont envisagés ci-dessous, il faut
déterminer, également, z et y).
La condition d'Euler pour que la forme différentielle soit exacte,
condition constamment appliquée par d'Alembert, conduit, pour le
problème formulé, au système d'équations par rapport à a et p :

~ ~ds~'
~дп

од oTi
où Ф(ц, в) = -z p— , d'où il est facile de tirer les équations sous une
forme plus familière, par rapport à z et v :
&z &z .. .
vâ^-pâ^=O(u's)'
(1")

ou F(u,*) = v^-p¥.

Dans l'ouvrage envisagé [17], nous ne trouvons que les formes (1)
et (1').
La forme d'écriture (11) choisie ici par d'Alembert s'explique,

(11) Comme on l'a vu ci-dessus, d'ALEMBERT, en 1743 [15], avait déjà noté une
équation de ce type sous une forme qui nous est presque familière. Cette forme d'écriture
ne deviendra usuelle qu'après l'article u'Euler [19] de 1753 publié en 1755 [14, p. 260].
A partir de cette date, il fut possible d'élaborer les méthodes d'intégration adoptées
8 Serghei S. Demidov

de toute évidence, par ses propres techniques d'intégration. Celles-ci


sont des applications d'une méthode, dite des multiplicateurs,
dérivée de la méthode du multiplicateur intégrant utilisée par
Euler pour l'équation dy — f(x, y) dx = 0 dans le mémoire [9]
et étendue par lui-même à plusieurs techniques de résolution
des problèmes spécifiques mentionnés plus haut (voir à ce sujet
[12, 13]). Il est certain que d'Alembert connaissait le mémoire [9],
complément du mémoire De infinitis curvis ejusdem generis inséré
dans le même tome des Commentarii de l'Académie des Sciences
de Pétersbourg, car il s'y réfère dans [17]. Il semble bien qu'il ait
profité des méthodes de ce mémoire en les appliquant à la résolution
des équations qu'il avait obtenues. Dans l'ouvrage [15], d'Alembert
applique la méthode des multiplicateurs à l'intégration d'équations
différentielles ordinaires et de systèmes de celles-ci.
La méthode des multiplicateurs, développée par d'Alembert
pour les équations aux dérivées partielles, consiste essentiellement
dans ce qui suit : à partir des expressions différentielles composant
un système identique à celui considéré ci-dessus (1), on forme des
combinaisons linéaires à coefficients numériques ou fonctionnels dans
le but d'obtenir des expressions intégrables par les changements
commodes de coordonnées et de fonctions inconnues qui y entrent.
v
Ainsi, en désignant n = - et en divisant la seconde expression (1)
par p \Ai» d'Alembert obtient :

—~z du + fi V n as + J du + v _? ' ds. (2)


Vn yn p vn p
En ajoutant l'expression (2) à la première du système (1) et en
désignant a + fi д/п = m, — j=. + s = t, il aboutit à l'expression de la
forme : Vn
m dt + T(s, t) dt + II(s, i) ds,
où ^(s, t) et II(s, t) sont des fonctions connues, et qui doit être une
différentielle totale d'une certaine fonction de s et i. Alors, conformément
aux conditions d'Euler, on doit vérifier l'égalité :
dm dY(s,t) 0П(<, t)
Bs + 8s ~ 3t '

aujourd'hui dont les premières furent la méthode de séparation des variables ébauchée
par d'Alembert (voir ci-dessous) et la méthode de coordonnées caractéristiques proposée
par Euler dans sa lettre à J.-L. Lagrange du 9 novembre 1762 (cf. [20, p. 448-452])
puis dans [21], d'abord pour l'équation des ondes.
D'Alembert et les équations différentielles

d'où l'on tire m :

où <p(/) est une fonction arbitraire de /. En soustrayant (2) de la première


expression du système (1) et en désignant jx = (3 \/n — a, y = —p=. — s,
yn
d'Alembert obtient, en appliquant les raisonnements précédents :

où H(y, «), 0(i/, s) sont les fonctions connues et ф(у), une fonction
arbitraire de y.
En connaissant ja et m, on trouve aisément a et ^ (puis z et y).
En analysant le cas n < 0, d'Alembert écrit [17, p. 166] : « Cela ne
nuiroit point à l'intégration ; car (art. 79) on pourra toujours faire évanouir
les imaginaires de a et (î, si ces quantités doivent être réelles. » Dans le
langage actuel, cela signifie donc que d'Alembert ne distinguait pas les
cas hyperbolique et elliptique des équations (1") et que le problème
d'intégration du système :

du es' es du l '

aurait été résolu s'il avait obtenu la solution sous la forme :


a== ф(ц — У=Л s) — ф(ц
2 л/— 1

P = '
2
où <p(f) et ф(/) sont des fonctions arbitraires de t.
Si, conformément à une opinion courante (12), d'Alembert a
effectivement intégré le système (3) pour la première fois en 1 752 dans
l'ouvrage [22] (13), il faut noter que, cinq ans avant cette date, il
avait déjà réussi à intégrer un système de forme plus générale (1').

L'essentiel de la méthode exposée pour le système (1) consiste


dans le changement de coordonnées :

yn
-=+8 = 1 et —= — s=y,
yn
s = $ s = s

(12) Cf. par exemple [6, p. 202].


(13) Pour l'analyse de cet ouvrage, voir l'introduction de C. Truesdell au tome XII
de la 2* série des Opera omnia d'EuLER [23].
10 Serghei S. Demidov

Comme les équations des caractéristiques pour (1") auront la

forme : —7= + s = C^ et —= — s = Ca, où Сг et Ga sont des


yn yn
constantes arbitraires, appelons quasi-caractéristiques ces
substitutions. Si, dans l'exposé de cette méthode, d'Alembert n'a pas
bien souligné ce changement de coordonnées, celui-ci occupe déjà
une position dominante dans la description de la solution du
problème suivant (p. 167) :

3. Soit des expressions différentielles :


а(и, s) ds + p(u, s) du,
ра(и, s) du + p$(u, s) du + y${u, s) ds + ma(u, s) ds
+ F^u, s) du + F2(u, s) ds (4)
où p, p, y» m sont des constantes données, F^u, s), F2(u, s), des
fonctions données de и et s et dont on sait que chacune d'elles
est une différentielle totale de certaines fonctions z{u, s) et i>(u, s) ;
11 faut déterminer a et p (dans certains problèmes spéciaux, dont
quelques-uns seront examinés ci-dessous, on demande également z
et v).
Conformément aux conditions d'Euler, le système (4) conduit au
système d'équations par rapport à a et (i :
aa =
~ ap '
Bu ds
да. , д$ д& , dix. , л/ , ,.,.

j j
avec Ф(и, s) = -^ -^ , d'où l'on obtient l'équation par rapport
à z : du ds

et une équation analogue par rapport à v (d'Alembert ne donne que les


formes (4) et (4')).
D'Alembert commence la résolution du problème posé en effectuant le
changement de variables :
S = ty + Cpf, U = (XI/ + Vt,
(où X, <p, (x et v sont des constantes dont les valeurs seront fixées) ; il en
résulte que (4) acquiert la forme :
aX dy + acp dt + (3[x dy + Pv dt,
(pap + pP(x + ypX + maX) dy + (pav + p£v + у£ф (5)
+ ma<p) dt + G^, /) dy + G2(y, £) d/,
D'Alembert el les équations différentielles 11

avec Gj = jaFj -f- XF2, G2 = vF1 -f <pF2. Les deux expressions sont des
différentielles totales de certaines fonctions de y et t.
En multipliant la seconde expression (5) par une certaine constante tj
dont la valeur sera établie par la suite, et en additionnant membre à
membre l'expression obtenue avec la première, d'Alembert obtient :
dy [aX + Pfx + pajjnq + pp|XY) + у&кц + maX?)] +
dt [a<p + (iv + pavvj + ppYjv + у<р*$ + тлщ] + (6)
■nG^y, t) dy + 4G,(y, í) dř.
Pour que, pour toutes les valeurs de a et (i, soit satisfaite l'égalité :
aX + p|A + p{A>)a + p^(XY) + yPXt) + maX>) = 0,
il faut que :
X + p[XY) + mXY) = 0 et ja + pjxy) + уХт} = О,
d'où :
h. = _zz^l_ = L±_P5
(X 1 + m>) — y»]
En égalant à zéro l'expression :
0C9 + ^v + pavY) + ppTjv + Y?tqP + ntaçT),
d'Alembert obtient, de façon analogue, que :

9 = — p?) _ 1 +P>)
v 1 + myj — yy)
Pour déterminer Y], il a une équation quadratique (les cas de «
dégénérescence » de cette équation sont considérés à part) :

= ' 7
l''
1+тт) — Y4
dont il considère deux cas Yjj Ф yj2 et 7)j = tj2 (y)j , y)2 désignant les racines
de cette équation) ; d'Alembert ne fait pas la distinction entre les racines
réelles et les racines complexes.
Dans le cas t\x Ф v\2, on pose :
X — pY)x
jx 1 +

et : У =
v 1 +
A partir de ces expressions, on tire X, ц, <p et v (de façon non univoque),
le changement de coordonnées étant alors non dégénéré (X/(A # <p/v).
En reprenant l'expression (6) et en y posant yj = y]j, d'Alembert
obtient :
dt [аф + fiv + pavYji + pfiYh v + y<P>1i ^ +
ih G,(y, 0 dy + Yj! G,(íř, t) dt
12 Serghei S. Demidov

soit, en désignant <p + pvyjj -f- тщх = Kx et v + pt\\ v -f


Л [осК, + РК,] + 7)! Gito, i) dy + >î, G2(y, i) <U.
Gomme cette expression doit être une différentielle totale, il obtient,
en y posant y^ = aKj + (3Ka, que :

d'où : ^ = - ъ G,(y, 0 + ъ\д-Ц^ dy + hd),

où fát) est une fonction arbitraire de t.


En posant dans l'expression (6) tq = yja, d'Alembert calcule de
façon analogue la valeur (л2 = Ц a + L2 (i (Lx et L2 sont des constantes).
A partir des expressions de (лх et (a2, il calcule a et p.

Il est aisé de vérifier que le changement de coordonnées effectué


par d'Alembert dans ce cas est, dans le langage moderne,
caractéristique par rapport à l'équation (4").

Dans le cas тц = yja, X et jx sont déterminés de façon non univoque


par la relation :

I* 1 +
<p et v étant remplacés par des nombres quelconques. Tout comme dans
le cas щ Ф 7)a, on trouve ^ = Кг л + K2 (3, d'où l'on exprime a :
_ ^(u, s) K2

Alors :

En posant u — jjž s = r, d'Alembert obtient p dr + l/ <k>


Ki Ki

A partir de cette expression qui doit être une différentielle totale,


d'Alembert détermine p et, ensuite, de l'équation (8), a (il indique
que cette méthode est également valable dans le cas y^ Ф >)2).
Les deux changements de coordonnées présentés ci-dessus sont
caractéristiques par rapport à l'équation (4"), celle-ci étant
parabolique dans le cas considéré.
En modifiant de façon appropriée la méthode des
multiplicateurs, d'Alembert analyse séparément les cas de « dégénérescence »
D'Alembert et les équations différentielles 13

de l'équation quadratique (7) pour déterminer yj : 1) py — mp = 0,


et 2) p = 0 (il n'évoque pas le cas y = 0 dont la considération
est analogue). Les changements qu'il effectue sont caractéristiques
ou quasi caractéristiques (dans notre terminologie) par rapport
aux équations appropriées de type (4").

4. Dans la conclusion de la troisième et dernière partie de son


livre, d'Alembert applique les méthodes d'intégration précédentes
(p. 2 et 3) à la résolution de problèmes spéciaux.
L'un d'eux (p. 175) se ramène au système de la forme :
dk dq ,dk dq , _,. .

où a, 6, с sont des constantes positives données et F(u, s) une fonction


donnée.

En posant dk = a ds + (i du, d'Alembert écrit un système


d'expressions du type (1) :

ccds-f pdu, с-adu + a^ds — ?^-^du,


с

qui sont des différentielles totales dont la méthode d'intégration est


exposée p. 2.
A la p. 176, il considère le système :
dk (dq JjL дк , дк . . o , Jdq
bu \ds du/ ' ds du ^ du1

où a, b, с sont des constantes données.


En posant dk = a ds + ^ du, d'Alembert écrit le système de deux
différentielles totales :
ads + $du,

+ с~2 b sin 2u ds с g 6 sin 2u du

du type (4) dont la méthode est exposée p. 3. La quantité q (qui est la


solution, en notation moderne, de l'équation :
i"î J«î / c«\a2g_ 6
"&â + zžu~ďs + \l —*) du* - a*C0S

étant cherchée, en supposant que g|,_0 = ?!«-«, = 0.


14 Serghei S. Demidov

« Si on ne peut satisfaire à cette condition, en prenant l'expression


la plus générale de q, c'est une marque que q ne sauroit être exprimée
par une fonction des quantités и et s, et qu'ainsi le problème, pris dans ce
sens, est impossible. »

L'intérêt de cette citation réside dans ce que nous trouvons


ici pour la première fois évoqué le problème de l'existence de la
solution de l'équation aux dérivées partielles. Toutefois, poser une
telle question pour le problème formulé ci-dessus est un pur
malentendu car sa solution peut être écrite sous une forme explicite.

En effet, selon la méthode de d'Alembert, on obtient la solution :

où (p^t) et <p2(i) sont des fonctions arbitraires de leurs arguments.


Compte tenu des conditions aux limites, il vient :

[] + t] 2 °

[u - {l + ъ) s] + * [a

2(a2 — c2) cos 2u = 0.

Pour déterminer, disons <р2(и), on a une équation aux différences du


type:
— 9aP — T) = Ai cos (Bi * + Gi) + A2 cos (B2 1 + G2),
où Ax, A2, Bj , B2, Cx, G2 sont des constantes et dont la solution sera la
différence уг{1) — y2(t) des solutions des équations :
У*(0 - УМ - T) = (- l)i+1 A, cos (В, i + CO (i = 1, 2),
que l'on peut chercher sous la forme :
ftíO-eiMníftí + Y,) (í=l,2).
A la p. 182, il y a un système de deux expressions différentielles :
dk = v di + p ds

dot. = zfidt + sv ds -j- A(s) ds — В sin 2 I s — -g- 1 ds,

où e > 0 et В sont des constantes, A(s), certaine fonction connue.


Il faut déterminer a et /c, en supposant que, pour t = 0, к devient
égal à une fonction donnée de s et qu'a s'annule. En recourant à la
terminologie moderne, on peut dire qu'il s'agit de résoudre un problème
D'Alembert et les équations différentielles 15

de Cauchy aux conditions initiales k\t„0 = G(s) et <x|ť_0 = 0 pour le


système
да. __ дк
Ы ds

??=
ds e^4-A(s)
et — Bsin2|s—
\ ^).
о/ (9)

D'Alembert en écrit la solution sous forme explicite en


déterminant les fonctions arbitraires entrant dans la solution à l'aide
des conditions initiales.

5. L'analyse des résultats concernant les équations aux dérivées


partielles contenus dans cet ouvrage conduit aux conclusions
suivantes :
a) Dans ce livre de 1747, aussi bien que dans le Traité de
dynamique (1743) et dans le mémoire sur les vibrations des cordes publié
en 1749 (voir ci-dessous), on constate pour la première fois que les
équations aux dérivées partielles apparaissent comme un nouveau
domaine d'études. Le problème de leur solution y est posé comme
nous l'entendons aujourd'hui.
b) D'Alembert propose ici les premières méthodes de leur
intégration. Le caractère spécifique de ces méthodes imposait la
forme particulière d'écriture de ces équations.
Les méthodes mentionnées se sont avérées valables pour
l'intégration des systèmes d'équations du type (1'), (4') ou d'équations
qui leur correspondent (1") et (4"). Ces méthodes qui dérivent de
la méthode générale de d'Alembert, celle des multiplicateurs,
supposent l'application des changements de fonctions entrant dans
les équations, ainsi que de coordonnées. Les changements de
coordonnées utilisés par d'Alembert sont soit quasi caractéristiques
(en notre langage), soit caractéristiques par rapport aux
équations (1") ou (4"). Mais, à la différence des changements introduits
par L. Euler en 1762 [20], ceux de d'Alembert sont effectués sur les
expressions différentielles (1) et (4) et non sur les équations qui leur
correspondent.
c) Dans cet ouvrage, d'Alembert étudie des problèmes dont
les solutions sont cherchées pour certaines conditions aux limites.
En particulier, il pose et résout le problème de Gauchy pour le
système (9).
16 Serghei S. Demidov

IV. TRAVAUXANTÉRIEURS A LA PARUTION DU MÉMOIRE


SUR LE CALCUL INTÉGRAL DE 1768

1. La théorie mathématique des vibrations d'une corde prend


son origine dans les travaux de B. Taylor qui montra [en 1713]
que l'accélération d'un point de la corde en vibration transversale
est en raison inverse du rayon de courbure en ce point à l'instant
donné. Taylor s'est borné à considérer les vibrations d'une corde
de longueur l encastrée à ses extrémités, épousant à chaque instant

la forme y = A sin -y
XTZ (14).

Dans les mémoires [24, 25] publiés en 1749, d'Alembert écrit


pour la première fois l'équation aux dérivées partielles des
vibrations d'une corde, mais sous la forme suivante, qui diffère de celle
d'aujourd'hui :
dp = a dt -f v ds.
a
dq = v dt -f т£ ds,

où P = -M et q — -g- (y(t, s) est l'élongation verticale du point s


de la corde au temps ï).
Au début [24], il traite du cas k2 = 1.
En intégrant ce système suivant la méthode proposée dans [17], il
écrit la solution sous la forme :

où Т(ы) et Г(и) sont des fonctions arbitraires de leurs arguments. Ensuite,


dans [25], il étudia le cas de Ar2 non égal à l'unité, dont l'intégration par la
même méthode fournit (15) :
- s).
La solution recherchée pour les conditions initiales :

et les conditions aux limites :

(14) Cf. une étude de l'ouvrage de Taylor donnée dans [14, p. 129-132].
(15) D'Alembert remarque (p. 233-234) que ce cas peut être ramené au précédent
— 1) par la substitution ť = M.
D'Alemberl el les équations différentielles 17

est écrite par d'Alembert sous la forme :

où la fonction *¥(и) est telle que :


1) T(u + 20 = Т(ы),
2) T(s)-T(-5) = 9l(S),

et3) T(s)+T(-5) =

Le cas y^s) = 0 est analysé spécialement.

Les résultats contenus dans les mémoires [24, 25] ont été à
l'origine d'une célèbre discussion sur le caractère des fonctions
arbitraires contenues dans la solution des équations différentielles,
discussion sur laquelle nous reviendrons.
Les études [17, 24, 25] ont immédiatement attiré l'attention
des grands mathématiciens de cette époque, ont suscité l'intérêt
d'Euler lui-même pour un nouveau domaine d'analyse (et lui ont
rappelé ses propres recherches antérieures). Peu après la parution
des travaux [24, 25], Euler proposa une modification de la méthode
d'intégration du système (10) inventée par d'Alembert et donna
son interprétation de la nature de la solution obtenue. Dès ce
moment, Euler obtint une foule de résultats nouveaux sur les
équations aux dérivées partielles dont il donna un aperçu dans le
t. III des Insiiiutiones calculi integralis (1770) [26]. Le mémoire [27]
de 1768 couronne tout le cycle des travaux sur les équations aux
dérivées partielles que d'Alembert rédigea après la parution des
mémoires [17, 24, 25]. Pendant cette période, il travailla dans une
atmosphère d'intense concurrence avec Euler, bien que l'intensité
de ces préoccupations se trouvât en grande partie limitée par
l'intérêt toujours croissant qu'il portait à la philosophie.

2. Dans le mémoire [25], on trouve également, comme le note


C. Truesdell [14, p. 241], les origines de la méthode de séparation
des variables. D'Alembert résout le problème des vibrations de la
corde aux extrémités encastrées lorsque sa forme initiale est une
droite ou une sinusoïde, en le ramenant à deux équations
différentielles ordinaires. En les intégrant, il écrit la solution du problème
sous la forme :
— s),
18 Serghei S. Demidov

en remarquant, par ailleurs, que la solution y(s, l) peut dans ce


cas être également écrite sous la forme d'un produit S(s).T(/),
c'est-à-dire une fonction de la seule variable s par une fonction
de la seule variable t. Certains raisonnements spéciaux lui donnent
la certitude qu'une telle représentation, y(s, t) = S(s).T(ž), n'est
possible que dans le cas où la solution a la forme A sin Ms . sin Mř,
ou A sin Ms . cos M/.
Pour mieux appuyer son raisonnement, d'Alembert écrit, dans son
mémoire de 1750 publié en 1752 [28], la solution y (s, t) du problème des
vibrations de la corde aux extrémités encastrées (у|в_0 = y|,»j = 0)
sous la forme :

En différentiant cette relation deux fois par rapport à s :

Y"(i + s) — 4T"{t — s) = íy^í

et par rapport à / :

Y"(f + s) - T"(f - s) = S(*) .

et en égalant membre à membre les égalités obtenues, il obtient :

ou, en séparant les variables :

Щ' ds2

II obtient ensuite deux équations pour déterminer S(s) et T(i) :

SWA-0. ^

(A étant une constante arbitraire), écrit leurs solutions sous la forme :


S(«) = CxetVi: + C2e-«^, T(ř) = C3e<v^ + С4е~'^

et, en tenant compte des conditions aux limites, obtient Сг = — G2


(à partir de y\s=0 = 0) et, en supposant la solution non triviale, la
négativité de A (à partir de ï/|s_, = 0).
En supposant la solution réelle et en imposant pour cette raison
certaines restrictions aux coefficients Q , d'Alembert conclut que la fonction
inconnue S(s) aura la forme ksm\/^~As, et la fonction T(t), la forme
R sin y/ — Ai ou R cos y/ — Ai [к, R étant des nombres réels), donc ce
qu'il lui fallait démontrer.
D'Alemberl et les équations différentielles 19

Les raisonnements exposés par d'AIembert dans [28]


constituent le premier pas vers la création de la méthode de séparation
des variables. La caractéristique de ce raisonnement consiste dans
sa méthode d'obtention des équations différentielles ordinaires
basée sur la représentation de la solution recherchée sous la forme
Y(t + s) — Y(f — s), méthode différente de celle utilisée
aujourd'hui qui se sert de la substitution de y (s, i) = S(s).T(f) dans
l'équation différentielle d'origine, suivie de la séparation des
variables. D'ailleurs, l'équation « d'origine » elle-même, sous forme
д2 и = yf",
-~ д2 и n'existait pas chez d'AIembert. Son rôle était joué

par le système d'expressions différentielles du type (10). Notons


également l'absence, dans ses raisonnements, d'une autre
composante importante de la méthode actuelle de séparation des variables
qui est le problème des valeurs propres. D'AIembert s'en approche
beaucoup en obtenant la négativité de A à partir de l'hypothèse
de la non-trivialité de la solution et de la condition y\8-i = 0,
mais ne le pose pas. Il est d'ailleurs vrai que, pour les objectifs
qu'il s'est donnés, la position d'un tel problème se révèle inutile
dans ce cas.
Dans la seconde édition du Traité de dynamique de 1758 [16],
d'AIembert cherche (art. 133) la solution de l'équation (cf. p. 6) :

dl~4 "l °> ds V~dV^-c

sous la forme y = T(ř).S(s) et substitue T(ř).S(s) directement


dans l'équation différentielle.
En séparant les variables, il arrive aux équations différentielles pour
la détermination de T(f) et de S(s) :

'T=ň'

dS .. .d2S

En intégrant la première des équations ainsi obtenues, d'AIembert


obtient :
T = A cos —— .
yn

La solution ainsi obtenue, y ■= TS pour tout n, écrit-il [16,


art. 135]
20 Serghei S. Demidov

«... ne fait trouver les vibrations que dans le cas où la corde a une figure
telle que tous les points arrivent en même temps à la situation verticale »
(lorsque T s'annule). « Mais voici une méthode — poursuit-il quelques
pages plus loin [16, art. 136] — qui peut réussir dans plusieurs cas. Soit
T"S", etc., et soit 5 = n,
=^5 =^£
^ = m,
= r, etc., n, m, г étant des quantités différentes, on aura (16)
y = AS cos i л/п -f BS' cos / y/m + CS" cos / л/г, etc.
«... Mais il faudra pour cela que l'équation primitive de la corde lorsque
f = 0, soit:
y = AS + BS' + CS", etc.
« Ainsi le problème ne peut être résolu par cette méthode que dans
certains cas particuliers. »

Dans ce passage, d'Alembert, une fois encore, approche de près


le problème des valeurs propres dont l'idée ne l'effleure pas toutefois
car, comme la majorité des mathématiciens de son temps, il n'admet
pas la possibilité de représenter une fonction arbitraire à l'aide
d'une série trigonométrique et, pour cette raison, il considère
la solution obtenue comme tout à fait particulière (nous y
reviendrons).
Dans le mémoire [29], contenu dans le premier tome de ses
Opuscules (1761), d'Alembert présente, entre autres, l'équation
de vibration de la corde d'épaisseur variable (17) :

' з«« я» *
s{s)
En partant de l'analogie avec le cas S(s) = Const., il cherche la solution
sous la forme :

i-0

(16) Ainsi d'Alembert au fond a inclus, dans la théorie des équations différentielles
partielles, la solution du problème de la corde vibrante, donnée bien avant par
D. Bernoulli {Hist. Ac. Se. Berlin, 1753, vol. 9, Berlin, 1755) sous la forme d'une série
trigonométrique infinie. D. Bernoulli a proposé une telle solution en se basant
exclusivement sur les considérations physiques (sans aucun rapport avec l'équation
différentielle correspondante). La solution de D. Bernoulli et la discussion qu'elle a suscitée
sont analysées en détail dans le livre bien connu de C. Truesdell [14J.
(17) On retrouve ici la forme d'écriture déjà utilisée par d'ALEMBERT en 1743 dans
son ouvrage [15] :
1 d*y cPy
D'Alembert et les équations différentielles 21

(A<, Bit Dť sont des constantes) pour les conditions y|e_0 = r/|e_j == 0
(aucune hypothèse n'est faite sur la forme de la corde à l'instant initial).
Pour déterminer les constantes \ et Dj ainsi que la fonction £(s), d'Alem-
bert écrit des équations incorrectes qui sont à la base de ses raisonnements
ultérieurs.

Dans une lettre à Lagrange publiée dans les Mémoires de


l'Académie des Sciences de Berlin de 1768 (parus en 1770) [30],
d'Alembert présente, en se référant au mémoire [29], la variante
corrigée de la solution qu'il cherche sous la forme d'une série de

termes additifs de forme AeÇ(s) cos-řp-. Pour déterminer Ç(s),


il obtient l'équation :

dont il cherche la solution aux conditions Çn(0) = Çn(/) =0. « II est


nécessaire de s'assurer s'il est toujours possible de satisfaire à cette
double condition, la valeur de X (notre notation : S(s) — S.D)
étant donnée ; c'est un point que personne, ce me semble, n'a
examiné en général », écrit-il [30, p. 242].
Dans ce fragment, d'Alembert pose la question de l'existence de
la solution d'une équation différentielle ordinaire sous certaines
conditions aux limites et approche, de nouveau, la question de la
recherche des valeurs propres du problème considéré.
Dans un autre passage de sa correspondance avec J.-L. Lagrange
publiée dans le même tome [31] que le précédent, d'Alembert
résout par la méthode de séparation des variables l'équation :
d2 z ndz
^Л —~ A дх*
dt* ы

(A et В sont des constantes). En y mettant z = X(ar) T(f), il


écrit les équations différentielles ordinaires pour la détermination
de Х(я) et T(f) sans poser dans ce cas aucun problème aux
limites.
Ainsi donc, dans les travaux de d'Alembert cités ci-dessus
[28 à 31], nous retrouvons sous telle ou telle forme les composants
principaux de la méthode de séparation des variables, méthode à
laquelle il revient encore dans son mémoire [27] de 1768 et dont
le développement ultérieur est dû à J. Fourier, S. Poisson,
M. V. Ostrogradsky, etc.
22 Serghei S. Demidov

3. Pour d'Alembert, les solutions obtenues sous forme de séries


infinies (y compris celles dérivant des fonctions trigonométriques)
n'étaient pas générales. C'est ce qu'il soulignait constamment.

Ainsi, ayant présenté la solution de l'équation :

S(s) ds* dt2

sous la forme de cette série

{-о
il écrit qu'elle « n'est pas la seule intégrale possible de l'équation proposée »,
et qu'il existe encore d'autres solutions « quoiqu'il soit peut-être très-
difficile de trouver une formule générale qui les renferme toutes » [29,
p. 8].
En analysant dans ce même travail la solution générale de l'équation
de vibration de la corde :

d'Alembert remarque que l'expression :


y = Y(t + s) + T(t — s) + Af2 + As* + Cf + Ds + E,
de forme plus générale, satisfait elle aussi à l'équation. Est-ce possible
après cela d'admettre que l'expression Y(Z + s) + T(i — s) est une
solution générale ? A cette question, d'Alembert répond par l'affirmative :
A A
« Mais on peut remarquer que Ai2 + As2 = -^ (l + s)2 + — (t — s)2 (nos
notations — S. D.) ; que Ci + Ds = F(i + s) + G(i — s), en supposant
F + G = G et F — G = D ou F = ^-^ et G = GTD; à l'égard
de la constante E, elle est censée entrer dans l'une des deux quantités
s) ou T(t — s) ; ainsi la valeur de y se réduit dans tous les cas à
s) + Г(* — s)» [29, p. 5-6].

Autant qu'on puisse en juger d'après les fragments cités que


d'après les notes éparpillées dans ses divers travaux, d'Alembert
entend par solution générale d'une équation aux dérivées partielles
une expression analytique qui, tout en étant la solution, possède
un tel degré de généralité (dépend des fonctions ou constantes
arbitraires, caractéristiques pour toutes les solutions générales
obtenues par d'Alembert) que toutes les solutions possibles y sont
renfermées (il suffît de choisir convenablement les quantités
arbitraires qui y entrent).
D'Alembert et les équations différentielles 23

4. Dans un ouvrage [22] paru en 1752, d'Alembert traite, entre


autres, du problème de l'écoulement plan d'un fluide autour d'un
corps (p. 30 sq.).
Si les composantes de la vitesse d'un élément fluide le long de
l'axe des x et de l'axe des z sont respectivement égales à q et p, et
dq — A dx 4- В dz, alors, comme le montre d'Alembert :

dp = В dx + ( — A — £ j dz.

Il considère d'abord un cas plus simple (p. 60 à 63) :


dq = A dx + В dz, dp = В dx — Adz,
dont l'intégration ne présente pour lui aucune difficulté. Ensuite, il passe
(p. 63-70) au système :

dq = Adx + Bdz dp = В dx + I — A — £) dz,

qui correspond aux équations suivantes (qu'il n'écrit pas) :

0ж2 dz

_02jr+10g = o
00 00
II cherche p sous la forme de S S ац &{ z*, ainsi qu'on le fait dans
»-0i=0
les manuels modernes de mécanique des fluides (18). En déterminant les
coefficients atj, d'Alembert utilise la relation —- = - qui a lieu en chaque
point de la frontière g = g(x) du corps contourné.

V. — LES RECHERCHES DE CALCUL INTÉGRAL DE 1768

1. En 1768 paraît une nouvelle œuvre de d'Alembert


concernant l'intégration des équations aux dérivées partielles, les
Recherches de calcul intégral [27]. Dressant le bilan de plus de vingt années
de recherches dans le domaine d'analyse qu'il avait découvert,
d'Alembert y développe des méthodes qu'il avait mises au point
auparavant, telles que la méthode des multiplicateurs ou celle de
séparation des variables ainsi qu'un certain nombre de nouvelles
méthodes. Comme il l'indique [27, p. 254], les résultats exposés
dans ce mémoire avaient été obtenus dès 1762. Mais le retard de la
publication a fait que certains de ses résultats concernant l'inté-

(18) Voir par exemple [32, p. 212-213].


24 Serghei S. Demidov

gration des équations du premier ordre ont été obtenus


indépendamment et déjà publiés en 1764 par L. Euler [33].
Les années 1740-1750 ont été marquées par le règne sans limites
de d'Alembert et d'Euler dans le domaine de la théorie des
équations aux dérivées partielles. Cet état de choses fut interrompu
par l'arrivée du jeune Lagrange au début des années 1760, qui a
publié en 1762 un mémoire [34] dont les résultats, d'après
d'Alembert lui-même, ont influencé l'élaboration des méthodes exposées
dans les derniers articles (surtout dans l'art. 31) de son mémoire [27].

2. Dans les articles 8, 17 à 24 de ce dernier mémoire, d'Alembert


traite des équations linéaires du premier ordre. Ses raisonnements
sont caractérisés par une systématisation toute particulière (19) :

En commençant par l'équation — + Цх, z) -^ = 0 (art. 8), il passe


ex oz
aux équations plus générales : d'abord à celles aux coefficients constants
(dq
-^ + А-г1
да + Сд==01,
л Л puis
. aux coefficients
„, . variables
. , , :
dx dz J
'dq dq
\dx ' dz

et: !? + X(*,z)| + i-(*,*)9r+v0c,z) =

Il commence ses recherches (art. 8) par l'équation :

En posant dq = ctdx — (3 dz, il obtient $(dz — £(ж, z) dx) = dq.


Le problème de la résolution de l'équation se ramène à la
détermination du multiplicateur (3 convertissant l'expression dz — £(íc, z) dx en
différentielle totale, c'est-à-dire à l'intégration de l'équation différentielle
ordinaire dz — £(ж, z) dx = 0.

(19) II est probable que ce caractère systématique a servi de prétexte à une opinion
largement répandue dans la littérature historico-mathématique [6, p. 204 ; 1, p. 426],
selon laquelle, dans ce travail, il y a « une classification quoique vague des équations
aux dérivées partielles d'ordres premier et supérieurs, linéaires et non linéaires, aux
coefficients constants ou bien variables » [1, p. 426]. A notre avis, le mémoire [27] ne
se prête nullement à une telle conclusion, même exprimée sous forme si voilée (et
plutôt bizarre), d'autant plus que même l'écriture d'une équation aux dérivées
partielles non linéaire n'apparaît qu'une seule fois chez d'Alembert (équation :
dzz _ A S2 z ~ _B_ /dz\»
~dt* =
Щх) dx? X{x) W
et non pas dans ce mémoire, mais dans [31]).
D'Alembert et les équations différentielles 25

Dans l'article 17, il étudie l'équation :

(A, G sont des constantes). En utilisant la substitution q = ew connue


des ouvrages d'Euler, d'Alembert la ramène à la forme :

£ + A + c-a

Si l'on pose da = oc dx -\- $ dz, la dernière équation acquiert la forme


a + A(i -f- С = 0 ; il en résulte que do) = (3 d[z — Ax) — С dx, d'où
fî = <p(z — Ax) et a = — С — A<p(z — Аж) où <p(u) est une fonction
arbitraire de u.

Dans les articles 18 à 24, il donne la méthode d'intégration d'une


équation linéaire générale du premier ordre :

g + X(a, z) | + *(*, *) ? + v(«, «) = 0. (11)

se ramène
En effectuant
à la forme
la substitution
: q — q' (л(ж, z) (art. 23), l'équation (11)

Pour déterminer (x, d'Alembert écrit l'équation :

que la substitution [l = ew conduit à la forme :

L'équation primitive acquiert la même forme :

dx dz (jl(x, z)
Ainsi donc le problème se ramène à l'intégration des deux équations
du type :

g + X(a,z)! + <o(a,z)=0 (12)

également
d'Alembert (outreintégrée
cette méthode,
par Euler
il donne
[33]. La
encore
méthode
deux d'intégration
méthodes spéciales
de pour
obtenir des solutions particulières de l'équation (12) pour le cas des valeurs
26 Serghei S. Demidov

spéciales du coefficient Цх, z)) de l'équation (12) est analogue à celle


d'Euler :

dq = ox
-^dx-\--^-dz
oz = ~
oz [— Цх, z) dx -f- dz] — щх, z) dx ;

il cherche un multiplicateur [l(x, z) (20) tel que :


\jl(x, z) [ — Цх, z) dx + dz] = dv{x, z),

alors : dq = ■—■
dz —.
[l{x, z) dv — <ù(x,
x z) dx.

Pour que l'expression de droite soit une différentielle totale, il faut


que :
dq
d_\dq 1 "I"[ _
_ _ Щх, z)
dx dz \l{x, z)\

d'où : -^ = —

-^ déterminé, on trouve —
oz dx , ensuite q.

Ainsi donc, d'Alembert réduit la résolution de l'équation (12)


à la recherche d'un multiplicateur intégrant pour l'équation :
dz — Цх, z) dx = 0
et à la résolution de l'équation :
d_ ïdq 1 1 _ _ fa
dx Idz' y.{x, z)\ ~ 0v'

dont la première est une des équations du système caractéristique


écrit plus tard par Lagrange et la seconde est, au fond, une équation

ordinaire pour la détermination de -£—.


dz [jl(îc, z)r.
En partant de ces résultats obtenus par d'Alembert (21) ainsi
que des études correspondantes d'Euler, P.-S. Laplace proposa
dans un article de 1773 (publié en 1777) [36] une méthode
d'intégration de l'équation :

(20) La démonstration de l'existence d'un tel multiplicateur dans l'hypothèse de


l'existence de l'intégrale générale de l'équation \{x, z) dx — dz = 0 est donnée par
d'Alembert dans l'appendice à ce travail.
(21) Sur la place que les études de d'Alembert et d'Euler occupent dans l'histoire
de la théorie des équations aux dérivées partielles du premier ordre, voir [35].
D'Alembert et les équations différentielles 27

et Lagrange mit au point, dans un mémoire de 1774 (publié en 1776


[37]), la méthode en usage aujourd'hui de réduction de cette
équation à un système d'équations différentielles ordinaires (22).

3. Dans les articles 2 à 7, 9 à 16, d'Alembert développe la


méthode des multiplicateurs pour les équations du second ordre
(et, dans un cas, même du troisième ordre).
Dans l'article 2, il pose le problème suivant : soit les expressions :
А(ж, i) dx + B(ar, i) dt,
рВ(ж, t) dx + «(ж, i) dl + {хА(ж, t) dx,
vB{x, t)dx + тсА(ж, t) dt + стА(ж, t) dx + G>B{x, t) dt +
"k(ù(x, t) dx -f £,<*>{x, t) dt
(p, [A, v, X, тс, u, £, a sont des coefficients constants, A(x, t), В(ж, /), ca[x, t),
fonctions inconnues) dont chacune est une différentielle totale ; il faut
déterminer les fonctions А(ж, t), B(x, t), (ù[x, t).
D'Alembert multiplie la seconde et la troisième expression par les
constantes indéterminées D et E, puis, en additionnant l'expression
obtenue à la première, il obtient ce qui suit :
dx [A{x, t) + рВ(ж, Í) D + |аА(ж, t) D + Щх, l) E + oA{x, t) E
+ Ы{х, t) E] + dt [B{x, t) + tù[x, t) D + тсА(ж, t) E
+ aB(*fOE + Çu(aj,i)E]f
qui est une différentielle totale. En choisissant D et E tels que :
1 + ji D + oE pD + vE XE
тсЕ 1+ûE D + £E' l '
D -I- ?E
et en posant q = — , d'Alembert ramène l'expression différentielle
Xli
obtenue précédemment à la forme :
d(x + iq) [A(«f f) (1 + |i D + eE) + B(x, t) (p D -f vE) + «>(*, í) XE].
Comme c'est une différentielle totale, il obtient l'égalité :
A(x, t) (1 + {л D + oE) + B(«, Í) (p D + vE) + ф, t) XE = /,(« + ig),
où /a(«) est une fonction arbitraire de l'argument m. En prenant, dans
cette égalité, pour (E, D) toutes les trois paires de solutions du
système (13) (le cas des racines multiples est traité à part), d'Alembert obtient
trois équations par rapport à A(x, t), B(x, t) et <ù(x, t).
En appliquant cette méthode, il intègre l'équation :

(22) Voir une étude récemment parue [38] traitant des premières études de Lagrange
sur les équations aux dérivées partielles et sur la formation de la notion clé de cette
théorie, celle d'intégrale complète.
28 Serghei S. Demidov

(M, N, R étant des constantes) qu'il écrit sous la forme :

(р — {л = M, v = N, а = — R). D'où il découle que les expressions :

sont différentielles totales, de sorte que la recherche de — et -^ se ramène


à la résolution du problème précédent.
Si l'équation (14) se laisse intégrer par les méthodes exposées dans [17],
celles-ci s'avèrent insuffisantes pour intégrer l'équation :

(F, G, H étant des constantes). Dans l'article 7, d'Alembert, en utilisant


les notations dq = p dx + s dt, dp = A dx + В di, ds = В dx -f R di,
dA = G <fcc + / dl, dB = f dx + a dt, dR = со dx + N di, met
l'équation (16) sous la forme :
С + F<ù + G/ + NH = 0
et obtient trois expressions qui sont des différentielles totales :

vdl et <o dx + 5±i£ÍLLÍ5


— H
ramenant ainsi la résolution de l'équation (15) au problème traité à
l'article 2.

4. Dans les articles 9 à 16, d'Alembert intègre par la méthode des


multiplicateurs certaines formes des équations du second ordre contenant
des termes avec les dérivées premières de la fonction inconnue (23).
Dans l'article 9, il traite des deux expressions différentielles :
А(ж, z) С(ж, z) dx -j- B(ar, z) \{х, z) dz,
B(x, z) £(ж, z) dx -\- A(x, z) £(ж, z) dz,
où С(ж, z) et £,(x, z) sont des fonctions connues. En supposant que ces
expressions sont des différentielles totales, il faut trouver les fonctions
A(xt z) et В(ж, z). Si l'on désigne la première expression par du, le problème
considéré est analogue à celui de l'intégration de l'équation :
д Г . . du] e Г i du

(23) Les équations traitées par d'Alembert sont telles que les coefficients de la
dérivée première de la fonction inconnue s'annulent lorsqu'on introduit les coordonnées
caractéristiques (notons que tous les changements de coordonnées effectués aux
articles 9 à 16 dans les expressions différentielles sont caractéristiques).
D'Alembert et les équations différentielles 29

Les deux expressions différentielles sont d'abord additionnées :


(A(x, z) + B(x, z)) (Ç(x, t) dx + Ç(«, z) dz),
on choisit ensuite un multiplicateur ca(x, z) tel que :
<ù{x, z) С(ж, z) dx + <1>(ж, г) £(#, z) dz
soit une différentielle totale, dv(x, z). Alors :

x, г)
où /j(y) est une fonction arbitraire de l'argument v. Ensuite, en
soustrayant l'une de l'autre ces expressions différentielles, d'Alembert obtient
de la même façon :

MX'Z)-*{X'
v[x z) *' = /,«*,*», (18)

où /2(s) est une fonction arbitraire de l'argument s. A partir des


expressions (17) et (18), on détermine А(ж, z) et В(ж, z), puis и, la solution de
l'équation (16).
En modifiant quelque peu la méthode des multiplicateurs, d'Alembert
parvient également à intégrer (art. 13-16) l'équation :

d_
dx. „ _
du . p(x,z)a — ç>Hx,z) — bduï

en supposant que а2 — 46 # 0, c'est-à-dire sous les conditions de la non-


parabolicité (terminologie moderne) de l'équation (19).

La méthode des multiplicateurs étudiée par d'Alembert lui


permit de n'intégrer qu'une classe assez restreinte d'équations du
second ordre limitée aux équations de formes (4"), (15), (16) et
(19). Ajoutons encore que l'application de ses techniques basées
sur la méthode des multiplicateurs aux équations à coefficients
numériques entraînait diverses difficultés techniques, dont la
recherche des multiplicateurs intégrants pour les expressions
différentielles. C'est pourquoi, dans les articles 25 à 52, d'Alembert
propose encore une série de techniques de résolution des équations
du second ordre qui selon lui ne sont pas aussi générales que celles
basées sur la méthode des multiplicateurs, mais permettent dans
certains cas de trouver les solutions d'une façon efficace.
30 Serghei S. Demidov

5. Dans les articles 25 à 30, il étudie l'équation :

(20)

Dans le cas v(x, i) = 0, d'Alembert entreprend sa résolution par la


méthode de séparation des variables. En substituant q = Х(ж) . 6(/)
dans (20), il obtient :

et considère divers cas où l'on parvient à séparer les variables. L'un


de ces cas est le suivant :
K(x, t) = тло ад, k(x, t) = т,(0 XjLx)
et Цх, t) = Цх), l{x, t) = Цх).
Dans ce cas (24) :
d*X dX
~Ш + х(ж) x dt ' av/ di2
= A,
Хг(х) X 0
où A est une constante arbitraire. On obtient deux équations ordinaires
en Х(ж) et 0(i) ; « intégrant donc ces deux équations différentielles en X
et en 0, dans les cas où cela sera possible, on trouvera autant de valeurs
de X et de 0 qu'on donnera de valeurs différentes à la constante A, et on
aura q = à la somme des valeurs de X », correspondant aux valeurs
différentes de A.
D'Alembert ne pose pas de problèmes aux limites pour
l'équation (20), de sorte que le problème des valeurs propres n'apparaît
pas. Dans le cas v(#, t) ф 0 (art. 30), la solution est recherchée
sous la forme q = Х(ж) . 0(ř) + u'{x, t) où u'(x, l) est une certaine
solution particulière pour la détermination de laquelle d'Alembert
donne, dans plusieurs cas, des techniques spéciales.

6. En poursuivant dans les articles 31 à 44 l'étude de l'équation (20)


dans le cas Цх, t) = 6, Цх, t) = Цх), %{x, l) = l{x), Ç{x, t) = 0,
d'Alembert se propose d'en trouver la solution sous la forme :

k-o v*

(24) Cas traité aujourd'hui, par exemple, dans [39, p. 164].


D'Alemberl et les équations différentielles 31

une telle substitution qx2 = и — x -r- ramenant l'intégration de l'équa-

<Pq \<Pq x\ с8 и <Р и


tion ~zzr
ci* = c\\дхл
-тг-у- + 2 -г-
ox jj à l'intégration de l'équation -^zr
c\r = с -=-=■
дх*
se trouve à la p. 216 du mémoire de Lagrange mentionné précédemment
[34] (25). L'équation (20) (par exemple pour le cas p = 2) s'écrira alors
sous la forme :

Цх)

+ ж

Pour trouver Х0(ж), Хг(х) et Х2(ж), d'Alembert égale à zéro les


coefficients entre crochets auprès de -^-j, -r-^ — et и (les quatre équations
par rapport aux trois inconnues ainsi obtenues montrent, d'une façon
générale, l'existence d'une certaine dépendance entre ï,{x) et \[x)).
Pour trouver и, d'Alembert écrit le système suivant :

bX*{x)

dont les deux premières équations se déduisent de la dernière (Ar = 0).


De sorte que l'intégration de notre équation est ramenée à la résolution
du système d'équations ordinaires et de l'équation -^-у -}- b -^ = 0.
03 OÍ
D'Alembert considère en détail le cas \(x) = Bx~z, ^(x) =
Si v(a;, t) Ф 0 (art. 46), il note, en présentant la solution sous la même

(25) II existe un erratum dans ce mémoire de Lagrange : au lieu de la substitution


indiquée, on trouve la suivante :
du
,= u-a-.
32 Serghei S. Demidou

forme, que (pour p = 2) le système d'équations en X0(aj), Xx(a;) et


Х2(ж) reste le même ; et il recherche и à partir de l'équation :
Pu +
"да* , a2u_
~dá? ~ [x' h

Цх, t) étant la fonction satisfaisant à l'équation :

Хг(х) ^ + ВД | + Xo(«) X = via;, t),

qui est, au fond, ordinaire.

7. Dans les articles 48 à 50, ď Alembert, en revenant à l'équation

^Л + x{x) w = ° traitée dans [29] et [30], effectue le

changement de variables, ds = G \/X.(x) dx (G est une constante),


ix — t, ce qui lui permet de ramener l'équation à la forme qui
admet l'intégration par les méthodes exposées précédemment.
C'est là l'unique exemple où il utilise le changement de variables
indépendantes directement dans l'équation aux dérivées partielles
(et non pas dans les expressions différentielles qui lui correspondent).
Dans les articles 51, 52, d'Alembert cherche la solution de
l'équation (20) pour le cas où k[x, i) = /c, Ç(e, /) = Ç(«), Ç(«, t) = Щ,
Х(ж, t) = v(a:, /) = 0 sous la forme :

q = S Xfc(a;) Tt(i) —-z-j- — ,


*-o 03r
en ramenant le problème à une équation plus simple pour la
détermination de и et au système d'équations ordinaires en ХА(ж) et Tfc(f).
Selon l'avis de d'Alembert exprimé à la fin du mémoire, de tels
changements ouvriraient une voie riche en perspectives dans le
développement de la théorie des équations aux dérivées partielles.
Cette idée s'est avérée juste en ce sens que l'une des orientations
de ce développement a consisté dans la réduction du problème de
l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre
à l'intégration de systèmes d'équations différentielles ordinaires
comme c'est le cas dans la méthode des cascades de Laplace (26).

VI. DISCUSSIONS SUR LES CORDES VIBRANTES


1. Revenons aux mémoires [24] et [25] où d'Alembert a obtenu
la solution générale du problème des vibrations d'une corde sous la
forme :

(26) Pour l'histoire de cette méthode, voir par exemple l'ouvrage [40].
D'Alembert et les équations différentielles 33

ainsi que la solution qui tient compte des conditions initiales et aux

limites (y\t-0 = <?t(s)>-§ = Ф«(«)> У\—о = У\—* = °V D'Alem-


bert considérait (comme d'ailleurs tous ses contemporains) que
l'analyse infinitésimale ne s'appliquait qu'aux fonctions définies
dans certains intervalles par une expression analytique unique,
dites fonctions « continues » dans la terminologie de l'époque (27).
Selon les mathématiciens de l'époque, la classe des fonctions
« continues » coïncidait avec celle des fonctions analytiques, sauf
en des points singuliers isolés au voisinage desquels les
fonctions se développent en une série entière généralisée, c'est-à-dire
renfermant des puissances fractionnaires et négatives de la
variable (28).
Aussi d'Alembert supposait-il que les fonctions arbitraires
figurant dans sa solution du problème des vibrations d'une corde
encastrée en ses extrémités doivent être « continues ». Notamment,
si <p2(s)
/ \ = 0»
л alors
i ž/(s>
/ 0 i\ = —
<?AS
—+! kt) -f
A ©,(« — M) de
, sorte
. que

doit être « continue » la fonction <p1(s) définissant la forme primitive


de la corde ; c'est-à-dire cp1(s), périodique (ф-^s + 21) = <Pi(s)) et
impaire (cpt( — s) = — <Pi(s)), doit être définie sur tout l'axe
numérique par une expression analytique unique en conformité
avec l'exigence sous-entendue antérieurement par d'Alembert et
nettement exprimée dans [28].

2. Dans un mémoire écrit en 1748 et publié en 1750 : « Sur la


vibration des cordes » [42], Euler donna, après d'Alembert, sa
méthode de résolution du problème, peu différente en fait de celle
de ce dernier. Toutefois, à la différence de d'Alembert, il supposa
que la fonction primitive pouvait être une courbe mécanique
quelconque (cet arbitraire, nota-t-il plus tard [43], n'est limité
que par l'exigence de contiguïté de la courbe). Avec cela, Euler se
basait d'une part sur la nature physique du problème consistant en
la possibilité de donner à la corde une forme primitive correspon-

(27) Ici et dans ce qui suit, le terme « continu » (ou « discontinu ») utilisé dans ce
sens est mis entre guillements.
(28) Pour plus de détails sur les idées imprécises concernant la nature des fonctions
« continues », voir [41].
RHS 2
34 Serghei S. Demidov

dant à une courbe mécanique quelconque et, d'autre part, sur la


forme de la solution (29) :

y(s, t) = *.('+*>+»('-*) («)

qui permet de construire une solution sur tout le plan s, t, quelle


que soit la courbe primitive donnée. La solution obtenue par Euler
n'est pas classique : non seulement les dérivées secondes peuvent
être discontinues, mais, aussi, les dérivées premières. En fait, il
introduisit, comme le note A. P. Youschkevitch [2, p. 166], les
solutions faibles de l'équation :

*&
dt* = »*.
as2 K(22)'

Toutefois, la généralisation de la solution de l'équation (22) à


laquelle il procéda ne fut pas faite de façon correcte. Lorsqu'il
affirmait dans certains cas qu'elle satisfait à l'équation (22) (sans
toutefois préciser dans quel sens) ou qu'il traitait de ses propriétés
dans les autres cas, il partait de considérations physiques. Le
caractère incorrect des raisonnements d'Euler et, notamment, de sa
construction géométrique (les rendre corrects était une chose
impossible au nivéail dé l'analyse de l'époque) a suscité une vive réaction
de la part de d'Alembert.

3. Dans son objection publiée en 1761 [29], d'Alembert analyse


la construction d'Euler.
Sur [0, /] est définie une courbe pleine AMB (définissant la
forme primitive de la corde) prolongée sur tout l'axe numérique de
façon périodique et impaire (Bfia, (SmA) ; à partir d'une courbe
ainsi obtenue, on construit la solution à l'aide de la formule (21)
(on prend le cas <p2(s) = 0) dans tout le demi-plan t > 0.
« J'ai prétendu — écrit d'Alembert [29, p. 15] — que cette construction
ne pouvoit avoir lieu, que quand les courbes AMB, Byux, (5mA, etc. et ainsi
à l'infini, étoient liées par une même équation, et assujetties à la loi de
continuité. »

Ensuite, d'Alembert expose, à l'appui de son point de vue,


des raisonnements concrets.
a) Supposons une courbe primitive telle qu'elle se compose de
morceaux décrits par différentes expressions analytiques. Soit So un point

(29) Dans ce qui suit, nous posons, pour simplifier, к = 1.


D'Alemberi et les équations différentielles 35

tel qu'à sa gauche (dans un certain voisinage) la courbe est donnée par
une équation (y = /j(s)), à sa droite (également, dans un certain
voisinage) par une autre (y = /2(s)). Calculons les rapports différentiels
respondant aux dérivées secondes -^-
os* et -^-.
ot*

Ils sont les suivants :

= 2As~2
1 [9l(s + * + 2 As) ~ 2<Pl(s + 1 + As) +

^ i(s - ř + 2 As) - 2^(5 - Í + As)

Posons As = Ai > 0, il vient alors :

+ ' + As) + 9l(s + 0]

~ 2<Pl(s ~ l ~ As) + 9l(s ~

~2<Pl(s + ř + As) + 9i(« + 0]

Pour qu'à la limite, lorsque As -> 0, Ai -> 0, on obtienne au point

(s, t) -ГЩ- = -д-у , il faut que, en ce point :

lim I±l
9i(s — t — 2 As)1 — 2<pt(s
Lii — t — As)1 —+
1—<p-i(s
lib — t)L
д«-+о As2
= lim 9l(s — l -f 2 As) — 29l(s — ř -f- As) -f- 9l(s — t)
д«-»-о As2
Si s — i = s0 cette égalité peut ainsi s'écrire :
lim /i(«b - 2 As) — 2/^Sq - As) + /x(«q)
д*-*о As2
= lim /2(s0 + 2 As) — 2/2(s0 + As) + /a(s0)
д
ce qui ne peut généralement avoir lieu. Dans le cadre de la solution
classique, il en découle, à strictement parler, que la dérivée seconde de la fonc-
36 Serghei S. Demidov

tion primitive ne peut pas avoir de saut ou, ce qui est la même chose,
de discontinuité de première espèce.
b) Aux points A et B, la dérivée seconde doit s'annuler. Sinon, si
elle diffère de zéro et est, disons, positive dans un certain voisinage
[A, A + Лж), elle doit être négative dans (A — Дж, A], de sorte qu'au
point A la dérivée seconde devrait avoir un saut. Par conséquent, nous
retrouvons le cas traité plus haut.
c) Comme la troisième objection de d'Alembert est de caractère
physique, nous ne nous y arrêterons pas.

Ainsi, bien que d'Alembert insiste sur le fait que la courbe


primitive soit donnée par une expression analytique unique, toute
son argumentation mathématique n'est dirigée que contre une
seule affirmation : celle de l'existence de discontinuités de première
espèce de la dérivée seconde de la fonction primitive. Et comme,
à cette époque, les mathématiciens ne connaissaient pas les
discontinuités de seconde espèce et que nous pouvons identifier la classe
de fonctions dont la dérivée « ne fait de saut nulle part » avec les
classes de différentiables et de continûment difîérentiables (30), le
sens des objections mathématiques de d'Alembert consiste alors
en ce que la fonction primitive doit être doublement différentiable
(ou doublement continûment différentiable). En somme, si l'on
rejette l'exigence superflue de d'Alembert, à savoir que la fonction
primitive est à donner par une expression analytique unique (ce
que fera d'Alembert par la suite), sa prise de position (solution
classique !) devient tout à fait juste, autant que ses mots [28,
p. 358] :
« Dans tous autres cas le problème ne pourra se résoudre, au moins
par ma méthode, et je ne sais même s'il ne dépasse les forces de l'analyse
connue. »

Cette réflexion est juste et prophétique car le niveau de l'analyse


de l'époque ne permettait pas de mettre au point une théorie des
solutions faibles, affaire d'un lointain avenir (31).

4. La prise de position d'Euler dans la discussion sur les


vibrations d'une corde se base sur l'exigence d'une notion plus large de
la solution de l'équation (22). Au fond, comme nous l'avons déjà
dit, il introduisit d'une façon incorrecte la solution faible de cette
équation. Quant à d'Alembert, il envisage la solution classique de

(30) Dans la suite, nous rencontrerons encore cette dualité.


(31) Sur l'histoire des solutions faibles, voir la thèse de J. Lùtzen [44].
D'Alembert el les équations différentielles 37

l'équation (22) à laquelle il impose trop de restrictions


découlant de concepts vagues sur la nature des notions
fondamentales de l'analyse mathématique, caractéristiques de cette
époque.
On voit donc qu'Euler et d'Alembert n'entendaient pas la
même chose en parlant de la solution de l'équation (22). Qu'est-ce
qui empêchait les deux illustres géomètres de voir qu'il n'y avait
pas d'objet réel de discussion, qu'il suffisait simplement de préciser
leurs points de vue ?
Cela s'explique en grande partie par la faible élaboration
des bases de l'analyse mathématique, notamment par l'absence
d'un grand nombre de notions importantes, telles que celles de
dérivées à droite et à gauche, ainsi que par le caractère imprécis
de certaines de celles-ci (par exemple les notions contradictoires
de fonctions « continues »). Une cause non moins importante de
cette incompréhension réside, à notre avis, dans l'appréhension
de la notion de solution d'un problème mathématique. Pour
d'Alembert comme pour Euler, la notion d'une telle solution ne
dépend point de la façon dont on la définit (une méthode de
définition fournit la solution classique, une autre méthode de
définition, la solution faible), mais la solution représente une certaine
réalité douée de propriétés indépendantes de la méthode de
définition de la solution. Pour révéler ces propriétés, diverses méthodes
sont bonnes, y compris les raisonnements d'ordre physique auxquels
recourent d'Alembert et Euler.

5. Nous n'avons pas la possibilité d'étudier en détail ici le


déroulement de la discussion à laquelle ont pris part les grands
mathématiciens de l'époque : D. Bernoulli, J. Lagrange, P.-S. Laplace,
G. Monge, J.-A. Gondorcet. Cette discussion fait l'objet d'un
grand nombre d'études historico-mathématiques, dont certaines
analysent la discussion concernant la mise au point de la notion
de fonction, la représentabilité des fonctions par les séries trigono-
métriques. L'analyse de la discussion sous l'angle de la théorie des
équations différentielles (question concernant la notion de solution
d'une équation différentielle) est donnée dans notre ouvrage [45]
(dont un exposé succinct se trouve dans [46]). Soulignons seulement
que les argumentations avancées lors de la discussion, en
particulier l'analyse géométrique du sujet effectuée par Monge, ont fait
renoncer d'Alembert (ce fait a été noté pour la première fois
38 Serghei S. Demidov

par I. Yu Timtchenko (32) dans [47, p. 486]) à l'exigence primitive


de la « continuité » de la fonction primitive. Dans son mémoire
« Sur les fonctions discontinues » [49], publié en 1780, il utilise les
fonctions « discontinues » dans la construction des solutions des
équations différentielles faite dans le pur style de Monge. Il écrit
notamment :
« En général, on peut, je crois, établir la règle suivante sur les fonctions
discontinues qui peuvent entrer dans l'intégration des équations aux
différences partielles. Soit l'équation de l'ordre n, et <p(x, y), etc. la
fonction discontinue qui entre dans l'intégrale, et qui devient successivement
A(x, y), 0(ж, y), etc. ; la fonction discontinue ne pourra entrer dans
l'intégrale que dans le cas où, pour toutes les valeurs possibles de z, l'équation
différentielle aura rigoureusement lieu, par exemple, soit -j-^ = n ;
et soit la fonction discontinue <р(Аж + Су) qui satisfasse à cette équation,
et qui devienne discontinue quand z = a ; il faut que cette fonction
"
soit telle ^
que dzn
, soit = — — , lorsque
dzn ^ z — a, et ^qu'il en soit de même
. d"-1 <p* , . d"-1 Az . . . . . .. __ . . dn Az
de dzn~x
, . , et de dzn~x
. , , , lorsque
n z = a et ainsi de suite. Mais si —dzn
—-
dn <pz
et ^ n'étoient pas égaux, alors la fonction <p(Ax + Cy) ne satisferoit
pas à l'équation. »

A. P. Youschkevitch signale (cf. [48]) que dans le tome IX


inédit de ses Opuscules, d'Alembert revient sur la question de
l'applicabilité des fonctions « discontinues », cette fois-ci
directement à propos du problème des cordes vibrantes :
« Nous pensons donc aujourd'hui qu'il pourrait ne pas être nécessaire
pour la solution de ce problème que la valeur de l'ordonnée y de la courbe
fût exprimée par une fonction continue, et qu'elle appartient à une courbe
dont les branches fussent alternatives. »

Et, plus loin, en énumérant les restrictions à imposer au


comportement de y, il remarque que

ne fait de saut nulle part, c'est-à-dire qu'il n'y ait aucun point dans
la courbe où -^ ait à la fois deux valeurs différentes » (cité d'après [48,
p. 229]). ^

(32) Malheureusement, ce remarquable ouvrage d'histoire des mathématiques n'a


pas été l'objet, même de la part des chercheurs russes, de l'attention qu'il méritait.
Ainsi, personne avant A. P. Youschkevitch [48] n'avait remarqué ce fait révélé par
I. Yu. Timtchenko.
D'Alembert et les équations différentielles 39

Les fragments cités des écrits de d'Alembert révèlent non


seulement qu'il a admis le point de vue d'Euler sur l'applicabilité
des fonctions « discontinues », mais, ce qui est plus important,
réalisé la mise au point, libre de toutes restrictions inutiles, d'une
notion de solution classique (33) qui est une fonction z telle que
« pour toutes les valeurs possibles de z, l'équation différentielle aura
rigoureusement lieu ».

6. Ainsi, tout en évitant de sortir du cadre permis par l'analyse,


en essayant, par conséquent, de restreindre raisonnablement les
méthodes appliquées et en renonçant difficilement à ses positions,
d'Alembert cherchait à aboutir — et a finalement abouti — à une
notion naturelle de solution classique. Sa tendance à exclure de
l'analyse des notions et méthodes insuffisamment justifiées à son
sens fait de lui un précurseur de l'esprit de rigueur dans l'analyse
auquel sont associés, au siècle suivant, les noms de B. Bolzano,
A. Cauchy, N. H. Abel, К. T. W. Weierstrass.

VII. — CONCLUSION

Par ses travaux des années 1740, d'Alembert a conçu une


nouvelle branche de l'analyse mathématique, la théorie des
équations aux dérivées partielles. Les études qu'il a menées dans ce
nouveau domaine pendant plus de vingt ans dans une atmosphère
de vive concurrence avec Euler constituent, avec les travaux de ce
dernier, le premier chapitre de son histoire. Il a développé
notablement la méthode des multiplicateurs, conçu la méthode de
séparation des variables, intégré pour la première fois plusieurs
équations du second ordre (dont l'équation des cordes vibrantes !),
obtenu des résultats importants sur l'intégration des équations du
premier ordre. Par ses études, il a contribué à la mise au point de
la notion de solution générale ; il a posé et résolu divers problèmes
aux limites et a même touché à la question de l'existence de la
solution d'un problème aux limites. Sa prise de position dans la
discussion sur les cordes vibrantes a contribué à la théorie de la
solution classique d'une équation différentielle. Très lu et très étudié
par les mathématiciens de la génération suivante (et, en premier

(33) Cf. également n. 31.


40 Serghei S. Demidov

lieu, par Lagrange et Laplace), il a exercé par ses travaux une


influence directe sur le développement de la théorie des équations
aux dérivées partielles jusqu'à la fin du xvnie siècle.

S. S. Demidov.
Institut ďHistoire des Sciences
et des Techniques, Moscou.

BIBLIOGRAPHIE (34)

[1] V. I. Antropova, Equations différentielles aux dérivées partielles,


dans Istoriya maiemaiiki s drevneichikh vremen do nachala XIX sto~
letiya [Histoire des mathématiques depuis V Antiquité jusqu'au début
du XIXe siècle], sous la dir. de A. P. Juškevič, vol. 3, Moscou,
1972, p. 409-471 (en russe).
[2] A. P. Juškevič, Isloriya malematiki v Rossii [Histoire des
mathématiques en Russie], Moscou, 1968 (en russe).
[3] M. Kline, Mathematical thought from ancient to modern times, New
York, 1972.
[4] N. I. Simonov, Sur l'héritage scientifique de L. Euler dans le domaine
des équations différentielles, IMI, vol. VII, 1954, p. 513-595 (en
russe).
[5] F. I. Frankl, Sur les études de L. Euler dans le domaine de la théorie
des équations aux dérivées partielles, ibid., p. 596-624 (en russe).
[6] H. Wieleitner, Geschichte der Malhematik, II. Teil, Leipzig, 1911.
[7] S. S. Demidov, Les équations aux dérivées partielles chez d'Alem-
bert, IMI, vol. XIX, 1974, p. 94-124 (en russe).
[8] G. R. Wallner, Totale und partielle Differentialgleichungen, dans
M. Cantor, Vorlesungen uber Geschichte der Malhematik, Bd. 4,
Leipzig, 1908, p. 871-1074.
[9] L. Euler, Additamentum ad dissertationem de infinitis curvis
ejusdem generis, Comm. Ac. se. Petrop., VII, 1734-35, 1740, p. 184-200
(= Id., Opera omnia, Ser. I, vol. 22, Lipsiae, 1936, p. 57-75).
[10] J.-A.-J. Cousin, Introduction à l'élude de l'astronomie physique,
Paris, 1787.
[11] G. Truesdell, Introduction, dans L. Euler, Opera omnia, Ser. II,
vol. 13, Turici, 1955.
[12] S. S. Demidov, Les origines de la théorie des équations aux dérivées
partielles, IMI, vol. XX, 1975, p. 204-220 (en russe).
[13] Id., La naissance de la théorie des équations différentielles aux
dérivées partielles, Proceedings of XlVth International Congress of
the History of Sciences, N. 2, Tokyo, 1975, p. 111-113.

(34) Abréviations utilisées :


Comm. Ac. sc. Petrop. : Commentarii Academiae scientiarum Imperialis Petropolitanae ;
Hist. Ac. Sc. Berlin : Histoire de l'Académie royale des Sciences de Berlin ;
IMI : Istoriko-matematicheskie issledovaniga [Etudes historico-mathémaliques].
D'Alembert et les équations différentielles 41

[14] G. Truesdell, The rational mechanics of flexible or elastic bodies,


1638-1788, dans L. Euler, Opera omnia, Ser. II, vol. 11, Turici, 1960.
[15] J. d'AbEMBERT, Traité de dynamique, Paris, 1743.
[16] Id., Traité de dynamique, 2e éd., Paris, 1758.
[17] Id., Reflexions sur la cause générale des vents, Paris, 1747.
[18] A. Kh. Khrgian, Ocherki razviliya meteorologii [Essais sur le
développement de la météorologie], Moscou, 1948 (en russe).
[19] L. Euler, Remarques sur les mémoires précédents de M. Bernoulli,
Hist. Ac. Se. Berlin, 1753, Berlin, 1755, p. 196-222 (= Id., Opera
omnia, Ser. II, vol. X, Bernae, 1947, p. 232-254).
[20] Id., Opera omnia, Ser. IV A, vol. V : Commercium epistolicum, éd.
A. P. Juskevig et R. Taton, Basel, 1980.
[21] Id., Recherches sur l'intégration de l'équation i-jj»-) = aa
—xbldz\
I -=— )I H xx
\dx) с z, Miscellanea Taurinensia, t. III, 1762-65, Turin,
1766,66 p. 60-91 0 (
(= Id., Opera omnia, Ser. I, vol. 23, Lipsiae, 1938,
p. 42-73).
[22] Id., Essai d'une nouvelle théorie de la résistance des fluides, Paris, 1752.
[23] G. Truesdell, Introduction, dans L. Euler, Opera omnia, Ser. II,
vol. XI, Turici, 1954.
[24] J. d'ALEMBERT, Recherches sur la courbe que forme une corde
tendue, mise en vibration, Hist. Ac. Se. Berlin, 1747, vol. 3, Berlin,
1749, p. 214-219.
[25] Id., Suites des Recherches sur la courbe que forme une corde tendue,
mise en vibration, ibid., p. 220-229.
[26] L. Euler, Inslilutiones calculi integralis, t. III, Petropoli, 1770
(= Id., Opera omnia, Ser. I, vol. 13, Leipzig-Berlin, 1914).
[27] J. d'ALEMBERT, Recherches de calcul intégral, dans Id., Opuscules
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[28] Id., Addition au mémoire sur la courbe que forme une corde tendue,
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[29] Id., Recherches sur les vibrations des cordes sonores, dans Id.,
Opuscules mathématiques, vol. I, Paris, 1761, p. 1-64.
[30] Id., Extrait de différentes lettres de Mr. D'Alembert à Mr. de la
Grange, Hist. Ac. Se. Berlin, 1768, Berlin, 1770, p. 235-254.
[31] Id., Suite de l'extrait de différentes lettres de Mr. D'Alembert à
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[32] N. E. Kotchine, I. A. Kibel, N. V. Rozé, Teoreticheskaya gidro-
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[33] L. Euler, Investigatio functionum ex data difîerentialium condi-
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[34] J.-L. Lagrange, Nouvelles recherches sur la nature et la
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42 Serghei S. Demidov

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