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Les arrondissements et leurs chefs lieux ne sont pas épargnés par ces
changements et sont même parmi les structures les plus touchées. C’est
cette profonde mutation de l’organisation et des missions des sous-
préfectures qui rendent essentielle l’étude de leur histoire. Comprendre
leurs origines avant de pouvoir chercher à comprendre quel peut être
leurs missions est un préalable nécessaire à une vision prospective de
leur avenir.
3
Yvettes Brunetières, résistante et première Préfète de France (1922-2007)
4
17 février 1800
IX. Le sous-préfet remplira les fonctions exercées maintenant par les
administrations municipales et les commissaires de canton, à la réserve
de celles qui sont attribuées ci-après au conseil d’arrondissement et aux
municipalités.
X. Dans les arrondissements communaux où sera situé le chef-lieu de
département, il n'y aura point de sous-préfet »
Ces éléments sont les principes fondateurs des arrondissements, restés
presque inchangés depuis plus de deux siècles. Avec cette délimitation
territoriale proche du citoyen, le pouvoir central cherche à affirmer sa
volonté et son contrôle jusqu’aux confins du pays. Le Conseil d’État a
reçu la charge de créer les frontières des arrondissements dans chacun
des départements. Ces limites sont basées sur les Pays du Moyen Âge et
sur les ancêtres de l’arrondissement : les districts (1790-1795).
5
Napoléon.org : site d’histoire de la fondation Napoléon, article: Le personnel
gouvernemental du Second Empire. https://www.napoleon.org/histoire-des-2-
empires/articles/le-personnel-gouvernemental-du-second-empire/
et de son influence. Pierre Guiral, historien spécialiste du XIXe siècle,
qualifie les préfets nommés avant la IIIe république de « Satrape », en
référence aux seigneurs en charge de gouverner une région de l’antique
Empire perse. La République fait donc le choix de nominations courtes
(entre six mois et deux ans), sauf à de rares exceptions (le maximum
étant de cinq ans), pour éviter ce risque mais également pour des causes
structurelles. La forte instabilité gouvernementale de la IIIe république
(110 gouvernements en 70 ans) conduit à des changements fréquents de
représentants de l’État. Cette situation met les sous-préfets et préfets
dans une position de méconnaissance de leur territoire, les forçant à s’en
remettre au conseil d’arrondissement. Cette association nécessaire
dégrade l’image des instances représentatives de l’État. Lorsqu’en 1940
ces conseils sont supprimés, l’arrondissement et la sous-préfecture
souffrent déjà de plus de cent-cinq ans d’une collaboration ternissant leur
image.
8
Ces deux témoignages sont issus d’une conférence par Nicolas Verdier :La réforme
des arrondissements de 1926 : Un choix d’intervention entre espaces et territoires,
Orléans, 2008.
notamment rendu très hypothétique l’utilité de l’arrondissement et
du sous-préfet. »
Ainsi si la réforme de 1926 est une décision prise pour réaliser des
économies à l’État. Elle n’est rendue possible, et même peut être
désirable, que par l’essor technologique. Cette réforme structurelle
permet de faire la preuve de la modernité de l’administration française en
s’attaquant à l’image caricaturale de cette dernière, comme celle
représenté dans « un sous-préfet aux champs », vers un modèle plus
proche de celui que nous connaissons aujourd’hui.
13
La loi constitutionnelle de 2003 entérine ce principe d’organisation
14
Chapitre Déséquilibres territoriaux, Administration territoriale de l’État - Un rapport
sénatorial appelle à clarifier les missions de sous-préfecture, 10/04/2017, Localtis.
territoire de 2065 km² pour un total de 109 000 habitants, soit une
augmentation de 6000 habitants en cinquante ans. A l’inverse,
l’arrondissement de l’Haÿ-les-Roses dans le Val de Marne n’a une
superficie que de 35 km², soitle plus petit de France, avec dix communes
à sa charge, son économie est largement tertiaire avec un fort
mouvement de désindustrialisation. Sa population est de 262 800
habitants, soit une augmentation de 31 000 en 50 ans, c’est-à-dire plus
du double de la population de l’arrondissement de Châtellerault. Ces deux
arrondissements pointent l’écart pouvant exister au sein d’un même type
de structure et l’absence d’une unité définissant clairement ce qui fonde
le découpage administratif des arrondissements. Difficile dès lors de
préciser un format type de ce que doit être un découpage administratif
pertinent de l’arrondissement.
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Voir Annexe : entretien du 27/07/18 avec Monsieur le Sous-préfet Jocelyn Snoeck
Le sous-préfet se voit confier une mission de surveillance générale du
territoire ainsi que « la mise en œuvre des politiques nationales et
communautaires » et le contrôle administratif des collectivités locales.
Son statut de subordonné du préfet est clairement définie et il ne
bénéficie d’aucun pouvoir de décision, c’est un exécutant.
- Le décret du 27 avril 1995 :
Le décret du 27 avril 1995 apporte des précisions au décret de 1982. Il
confirme le rôle du sous-préfet comme aide et second du préfet, en
ancrant son action dans l’arrondissement. « Le sous-préfet est le délégué
du préfet au sein de l’arrondissement ».
Jusqu’ici les textes officialisent le rôle du sous-préfet en donnant un cadre
légal à son action. Cependant, il ne dispose d’aucun pouvoir d’initiative et
agit comme une extension de la volonté du préfet en étant totalement
dépendant de sa volonté.
- Evolution du décret du 1er juillet 1992 :
Après la mise en place de la loi de 1992 relative à l’organisation
territoriale de l’État, le rôle du sous-préfet va connaître un changement
important. L’arrondissement gagne en importance : « L’arrondissement
est le cadre territorial du développement local et de l’action
administrative locale de l’État » et avec lui le sous-préfet voit sa fonction
évoluer. Il devient un « sous-préfet agissant » « animateur du
développement local ». Cette dernière attribution, dépeinte sous des
termes peu explicites et floues, est peu normative. Il n’est pas fait
mention du rôle de sécurité et de maintien de l’ordre du sous-préfet, ni
du contrôle de légalité.
Ces textes, presque tous modifiés ou abrogés, mettent en place les deux
piliers essentiels de l’action du sous-préfet. Il est le représentant de l’État
sur le territoire de l’arrondissement. il est en charge de surveiller ce
dernier sous l’autorité du préfet et au nom de l’État. Il a également un
rôle de coordinateur de développement local, un terme flou pour une
mission qui peut, potentiellement, englober un très grand nombre
d’activités.
20
Voir Annexe : entretien du 27/07/18 avec Monsieur le Sous-préfet Jocelyn Snoeck
de la Nation, neutre, dévoué et détaché de toutes querelles partisanes
locales.
La sous-préfecture est également le dernier relai de la machine étatique
et rempli un certain nombre de services à la population pour répondre à
leurs besoins. La sous-préfecture a pendant longtemps été une
administration qui peut être qualifié « d’administration de guichet ». Les
citoyens s’y rendaient pour :
Délivrance de cartes grises
Enregistrement et création d’associations
Enregistrement et délivrance de permis de chasse
Prévention surendettement
Expulsions locatives
Dépôt des listes de candidature pour les élections municipales
Les changements apportés par les réformes des années 2000 ont
modifié en profondeur la place qu’occupent les sous-préfectures. Elles
sont à analyser à l’aune des nombreux bouleversements territoriaux de
ces deux dernières décennies et d’un contexte stratégique global
changeant. En tant qu’extrémité du pouvoir central sur le territoire, les
sous-préfectures ont un rôle comparable aux terminaisons nerveuses d’un
organisme. Elles sont donc en premières lignes des réformes et ce, afin
de pouvoir coordonner au mieux ces bouleversements au plus près des
élus et des usagers. La compréhension de ce nouveau système passe par
la nécessité de lister ce qui a inspiré et rendu possible ces réformes pour
ensuite étudier leur implémentation et leurs conséquences afin de voir
quel rôle occupe aujourd’hui l’arrondissement dans la structure
décentralisée.
23
Rapport d’information de M. Hervé MARSEILLE, fait au nom de la commission des
finances n° 420 (2016-2017) – 15 février 2017. Sous-préfectures : l’État à
proximité.
Le plan souhaite dans un premier temps clarifier les réponses que doit
apporter le représentant de l’État en cas de crise. La réflexion s’axe sur la
manière dont le sous-préfet doit agir envers les différents acteurs locaux
avant, pendant et après une crise. Cela passe par le développement de
nouveaux outils, procédures et canaux de communication entre les
acteurs et les différents niveaux d’interventions.
Dans un second temps, le PPNG souligne l’impératif de renforcer les
moyens de ces structures dans un contexte de baisse d’effectif. Ce point
passe donc par une professionnalisation accrûe des agents et par un
meilleur niveau de qualification.
24
Incarner la proximité sur le territoire ; Conforter les préfectures au cœur des
missions régaliennes de l’État ; Moderniser et simplifier les relations avec les
usagers ; Accompagnement au changement
25
La discrète suppression des sous-préfectures, article du 20 juin 2016 Fondation
iFRAP. http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/la-discrete-suppression-des-sous-
prefectures
26
Rapport d'information de M. Hervé MARSEILLE, fait au nom de la commission des
finances n° 420 (2016-2017) – 15 février 2017. Sous-préfectures : l’État à
proximité.
que les premières retombées de ces changements ont été suivis de très
nombreuses, mais néanmoins prévisibles, critiques concernant le
nouveau système.
27
ANTS: adminsitration 2.0 ou zéro pointé ? Article du 3 janvier 2018, par Christian
Quest sur le blog Medium. https://medium.com/@cq94/ants-administration-2-0-ou-z
%C3%A9ro-point%C3%A9-f2cde413b868
28
« natifs du numérique », terme apparu en 2001, créé par le chercheur américain
Marc Prensky, pour qualifier les générations ayant connu ou né dans un
environnement numérique et censé en connaître les bons usages
29
Article France Culture du 26 juin 2018:" Illectronisme”, “abandonnistes”: près d’un
quart des Français ne sont pas à l’aise avec le numérique.
https://www.franceculture.fr/numerique/illectronisme-abandonnistes-pres-d-un-
quart-des-francais-ne-sont-pas-a-l-aise-avec-le-numerique
d’illectronisme et 58 % des plus de 70 ans en souffriraient fortement. Ces
points numériques sont donc un palliatif et une structure de soutien pour
contrer les effets néfastes que peut provoquer cette mesure, en termes
de fracture sociale. Ils sont constitués par un espace numérique avec un
ordinateur connecté à internet, une imprimante, un scanner et surtout
d’un accompagnateur à la dématérialisation des titres. À terme, ces
structures sont vouées à disparaître dans les préfectures et sous-
préfectures, au profit d’un transfert de compétence aux communes de
l’arrondissement qui se portent volontaire à la création de leur propre
point numérique 30, avec une assistance matérielle et en formation de la
part du réseau préfectoral. Les graphiques du tableau de bord de la sous-
préfecture de Châtellerault (en date du 13/08/2018) illustrent pleinement
l’impact qu’a eu cette réforme dans le quotidien de cette structure :
30
Voir carte en annexe : Point Numérique, Arrondissement de Châtellerault
Force est de constater qu’il y a eu une très forte diminution du
nombre d’usagers utilisant les services de la sous-préfecture. La seule
augmentation notable est celle de l’utilisation des Points numériques qui
ne sont ouverts que depuis fin 2017. La réforme semble donc atteindre
son objectif car même avec l’apport que représente le soutien aux
démarches en ligne, le nombre d’usagers entrants dans les locaux de la
sous-préfecture est nettement inférieur à l’année 2016 et 2017. Bien que
cela puisse être au détriment d’un certains conforts de l’usager.
La seconde conséquence de ces réformes est la compression de la
charge salariale pour l’État, bien souvent lié à la disparition des missions
d’accueil. Si en 2012 cette réduction des dépenses avait été annoncé par
Monsieur Manuel Valls sous la forme de la fermeture d’une cinquantaine
de sous-préfectures, en 6 ans seuls 6 ont été fermé, notamment en
Alsace où leur nombre était largement supérieur à la moyenne nationale.
Cet immobilisme dans la volonté de réforme, critiqué par la cour des
comptes31, est lié à une levée de bouclier de la part de différents
syndicats et d’élus locaux. Cette démarche protectionniste de la part des
élus s’explique, selon Monsieur le sous-préfet Snoeck, par la
reconnaissance qu’apporte la présence de ces structures au territoire de
la part de l’État. Il explique également que si du jour au lendemain la
sous-préfecture de Châtellerault devait fermer, nombre d’élus tenterait de
protéger la structure quand bien même ils n’ont jamais rencontré le sous-
préfet et ne font jamais appel à ses services. « C’est le même exemple
que celui des citoyens qui ne veulent pas voir la petite supérette du coin
fermer par attachement à la tradition mais qui vont quand même faire
leurs courses dans le grand supermarché d’à côté »32.
Pour palier à cette crainte de désaveu du territoire par l’État que
représenteraient les fermetures, la masse salariale est discrètement
diminuée pour réaliser des économies. Toutefois cette réduction du
nombre d’emplois présente un étonnant paradoxe, le nombre d’emploi
diminue mais la charge des salaires augmente. Depuis 10 ans le
programme 307 « administration territoriale », qui regroupe les crédits
dégagés pour financer les missions du réseau déconcentré du ministère
de l’intérieur, est décrété comme mission non prioritaire par les lois de
programmation de la fonction publique et est donc réduit. De 2007 à
2017 4000 Équivalent Temps Plein annuel Travaillé sont supprimés 33 dont
60 % sont liés à la suppression de poste dans la délivrance des titres et
31
Article du 17 avril 2017: La réforme très taboue des sous-préfectures. Journal
ledauphine. https://www.ledauphine.com/politique/2017/04/17/la-reforme-tres-
taboue-des-sous-prefectures
32
Voir Annexe : entretien du 27/07/18 avec Monsieur le Sous-préfet Jocelyn Snoeck
33
Rapport d'information de M. Hervé MARSEILLE, fait au nom de la commission des
finances n° 420 (2016-2017) – 15 février 2017. Sous-préfectures : l’État à
proximité.
le contrôle de légalité. Mais au lieu de constater une baisse du coût des
charges de personnel, en une décennie les dépenses sont accrues de
16 %. Le rapporteur spécial du Sénat dans son rapport d’information sur
la réforme de l’administration sous-préfectoral du 15 février 2017,
explique qu’il est difficile d’expliquer à quoi sont dû ces augmentations
car : « les données budgétaires usuelles ne permettent pas d’identifier les
moyens ni les emplois des sous-préfectures […] les coûts complets
engagés pour financer le réseau de sous-préfectures (n’étant) pas
connus ». Il est toutefois possible d’imaginer que la création des points
numériques et le maintien du personnel d’accueil (pour divers missions
autres que l’accueil pur, comme les associations) peut en être la cause.
Les accompagnants aux démarches numériques étant généralement des
personnes issues du service civique, employé à temps partiel et sont ainsi
moins comptabilisés qu’un agent employé à plein temps en termes
d’ETPT.
B. Le futur de l’arrondissement
1) Disparition
Les maisons des services au public (MSAP) sont mises en place par
la loi NOTRe et voient leurs objectifs affirmés par les comités
interministériels aux ruralités (13 mars et 14 septembre 2015). Ces
nouveaux outils doivent devenir des lieux permettant de réduire les
inégalités territoriales et sociales sur le territoire afin de faciliter l’accès
au service public. En milieu urbain, les MSAP doivent permettre de
réduire l’éloignement et les difficultés d’utilisation du service public qui
est le plus souvent dû à des facteurs sociaux que géographique. À
l’inverse en milieu rural c’est principiellement contre un mélange de ces
deux facteurs que les MSAP doivent intervenir, pour cela la Poste a décidé
de mettre à disposition une partie de ses locaux les moins utilisés. C’est
cette logique de mise à disposition de locaux que la Cour des comptes
souhaitent voir se développer au sein des sous-préfectures et plus
globalement sur l’ensemble du territoire. Depuis 2016, l’objectif est de
déployer près de mille MSAP. Les MSAP regroupent et font intervenir
plusieurs fournisseurs de service public 34 (la présence d’au moins deux
étant nécessaire pour constituer une MSAP) qui fournissent à minima
24 h de service hebdomadaire et où l’utilisation d’un outil informatique
connecté à internet pour réaliser certaine démarche est garantie.
L’introduction de ces services publics, indépendants de la chaîne
hiérarchique interne de la structure de la sous-préfecture, permet, dans
un sens, de réintroduire la notion d’ouverture des locaux de l’État aux
usagers malgré la disparition des missions d’accueil au public. Toutefois,
si cette initiative présente une opportunité d’optimiser l’usage des locaux
de l’Etat, leur nature même ne leur permet pas de prétendre représenter
une alternative aux sous-préfectures et aux divers autres problématiques
qui se présentent à elles. Elles sont juste un outil d’optimisation
immobilier et non l’expression de la présence de l’État sur le territoire.
34
Pôle emploi, caisse nationale d’allocation familiale, caisse nationale d’assurance
maladie des travailleurs salariés, caisse nationale d’assurance vieillesse, caisse
centrale de mutualité sociale agricole, GRDF et la Poste
Une mutualisation des coûts immobiliers et de gestion
Une articulation interministérielle entre missions et métiers
complémentaires optimisée
Le rôle du sous-préfet :
Le sous-préfet est le chef de la sous-préfecture.
Il incarne l’État et s’assure que sa volonté soit respectée :
o Animation de la vie économique locale
o Coordination
Il est également le relais du Préfet sur son arrondissement et une
source d’information
o Dans les faits, il est important de bien séparer le rôle qu’a le
sous-préfet auprès du public/administrés/collectivités et son
rôle de représentant de l’État.
Il est également à chaque instant l’image de l’État sur le territoire
et doit ainsi se comporter comme tel.
o Cette mission a évolué avec le temps. Il n’est plus mal vue
que le sous-préfet conduise lui-même sa voiture et les repas
avec les différents notables locaux ont majoritairement
disparus.
o Cependant il doit tout de même conserver une image non
provocante. Tatouages, piercings et ses tenues vestimentaires
doivent rester sobres et non provocantes.
o Il doit « s’intégrer dans le décor local tout en ayant un relief
de notable »
Maillage territorial :
La gestion de deux arrondissements par le Mr le sous-préfet ne
représente pas tant un problème dans la gestion du nombre de
dossiers qu’un problème lié au temps disponible à allouer à chaque
problème
o Les deux arrondissements cumulés = 187 communes. Le
travail fait par les deux administrations et l’assistance offerte
par les secrétaires généraux facilitent la gestion.
Si 187 communes représentent le double du nombre
d’arrondissements habituels, c’est la norme dans certain
arrondissement.
o Le problème vient des temps de trajets. Avec souvent 2x1h
de déplacement, le temps que peut accorder Mr le sous-préfet
à chaque dossier est nécessairement moins important.
« Le maillage territorial des arrondissements est à 90 % un
maillage qui correspond à un bassin de ville. Il bénéficie d’une
bonne image auprès des usagers et l’État n’aurait que peu d’intérêt
à le supprimer. »
o la logique actuelle tendrait même à vouloir accueillir d’autres
services à un échelon de plus grande proximité.
La création ou la modification d’un arrondissement dépend avant
tout de sa topographie, le temps de trajet est une donnée
essentielle à prendre en compte dans les limites territoriales d’un
arrondissement. Un découpage efficace permet au sous-préfet de se
rendre partout dans son arrondissement en moins d’une heure de
trajet.
Rôle et pertinence de l’arrondissement aujourd’hui :
La pertinence de l’action de l’État au travers des arrondissements
doit être interrogée au prisme de plusieurs questions :
o Qu’est-ce qu’aujourd’hui l’État doit proposer aux usagers
comme service ?
o Qu’est-ce que l’État est en moyen de proposer comme
service ?
o Quelles missions ont encore du sens ? Surtout après une
réforme de leurs structures ?
Exemple des Pôles Numériques : les anciennes missions
de création/délivrance des titres sont désormais
entièrement informatisées. Les pôles numériques sont
des structures d’assistance informatique aux usagers
qui représentent cette évolution des missions.
Enquête réalisé le 20 août auprès des agents présents ce jour. Les agents
ont répondu aux questions suivantes :« Quelle pertinence aujourd’hui du
maintien des sous-préfectures sur le territoire ? Un transfert des
compétences est il possible ? Souhaitable ? ».
Les réponses sont anonymisées :
Agent 1 :
« Il est possible de dire que certaines sous-préfectures n’ont peut-
être plus de raison d’être au vu de la disparition d’un certains
nombres de leurs missions et de l’hémorragie en personnel que
connaissent ces structures »
« Toutefois, leur disparition marque un éloignement de
l’administration avec son territoire. Ce qui représente une perte
dommageable pour celui-ci »
« La sous-préfecture est un atout pour le territoire. Le sous-préfet
est un acteur important dans la relation auprès des élus. C’est un
créateur et un facilitateur de la politique locale »
« Il est un artisan du territoire »
Agent 2 :
« Les sous-préfectures restent essentielles aujourd’hui »
« Tout particulièrement à l’ère d’internet où les usagers aiment à
conserver un certains rapports à l’humain »
« C’est une structure de proximité sans équivalent »
Agent 3 et Agent 4 :
« Le maintien des sous-préfectures est important notamment dans
sa dimension d’accueil aux usagers »
« Les gens apprécient d’être aidés physiquement sur place par un
agent qui peut débloquer une situation pénible tout en maintenant
un rapport humain de l’administration aux usagers »
« Le transfert de la compétence Point Numérique aux collectivités
peut aider les gens à faire moins de déplacement. Mais la présence
sur place, en sous-préfectures, d’agents qui sont spécialisés dans
les problématiques ANTS (site de dématérialisation des titres) et
qui font ça toute la journée garantie un meilleur suivi et une plus
grande expertise »
« La fermeture définitive des Points Numériques serait une
catastrophe pour les usagers n’ayant pas accès à internet ou qui ne
savent pas sans servir. Si certains sont âgés et nous disent « vous
savez nous ne sommes pas encore morts » il y a également des
jeunes de notre âge qui rencontrent des difficultés »
« La fermeture de l’accueil signifie également la fermeture du
service Association sur l’arrondissement, obligeant les gens à faire
leurs démarches plus loin, en préfecture »
Agent 5 :
« le rôle qu’a la sous-préfecture dans la relation de proximité est
essentiel, plus encore qu’en Préfecture. Cette proximité facilite la
naissance de liens directs privilégiés avec les acteurs locaux ainsi
qu’une plus grande expertise du territoire »
« Les maires se sentent ainsi davantage impliqués dans la gestion
du territoire »
« La force de cette relation au réseau de proximité (pompiers,
police …) réside dans la bonne entente entre service qui naît de
cette collaboration »
« Toutefois, elle reste très intimement liée à la personnalité du
sous-préfet et/ou du secrétaire général »
« Le transfert de l’ensemble des compétences à la préfecture aurait
pour conséquence de réduire le temps que ces agents auraient à
consacrer aux actions sur le terrain »
« Il y a une réelle plus-value au côté humain que permet la
présence d’agents directement sur le terrain et plus globalement
sur le territoire »
« Après il faut s’assurer que le maintien d’une sous-préfecture se
fasse s’il y a un besoin de ces missions sur le territoire. Il peut
arriver qu’une mutualisation des moyens entre arrondissements soit
bénéfique »
« Il est difficile de donner un avis tranché sur la question. Il faut
savoir trouver un juste milieu entre économie et efficacité
administrative. En cela les MSAP et les Maisons d’État présentent
peut-être un intérêt.
« Tous les usagers n’ont pas internet, il y a donc une demande pour
le maintien d’une administration physique »
Agent 6 :
« Le maintien de toutes les sous-préfectures sur les territoires peut
être questionné. Certaines n’ont pas eu de sous-préfet depuis
plusieurs mois et l’État ne semble pas décidé à en attribuer un.
C’est en quelque sorte un message subliminal que donne l’État sur
son réseau de sous-préfectures »
« Le sous-préfet a un rôle capital d’intermédiaire entre les élus et le
préfet. Il connaît le fond du problème et sert d’acteur impartial. Il
filtre ainsi les sujets et cherche à apporter un compromis en cas de
problème avant de faire remonter les informations au Préfet »
« Il est donc là pour être à l’écoute des élus et des acteurs
économiques locaux, c’est un rôle important de négociateur. Leur
succès dépend énormément de leur investissement et de la bonne
connaissance de leur territoire »
« Aucun autre type de fonctionnaire ne pourrait occuper cette
fonction. Il doit pouvoir s’appuyer sur la légitimité que lui confère
sa fonction de représentant du pouvoir étatique »
« Les sous-préfectures tendent de plus en plus vers une
mutualisation des moyens. Mon poste et mon travail (contrôle de
légalité) pourraient bien être transférés à Poitiers »
« Les sous-préfectures devraient être maintenus, elles sont utiles !
Mais l’État doit aussi faire face à de nombreuses difficultés et à
côtés de ça ferme de nombreuses autres structures essentielles :
police, pompiers, maternité, hôpital … »
« Les sous-préfectures risquent donc de servir de variable
d’ajustement, tout comme les départements »
« L’État se retrouve aujourd’hui face à un choix : avoir un maillage
territorial fort et efficace ou faire le transfert de toutes ces activités
aux collectivités territoriales »
« Il faudrait se demander si cette volonté de créer des collectivités
territoriales fortes est une stratégie développée dans le cadre de
l’intégration du territoire à l’Union Européenne »
« L’hémorragie en personnel des sous-préfectures est une forme de
transfert vers la création de maisons de l’État au sein des
structures »
Bibliographie
Les préfets entre 1947 et 1958 ou les limites de la république administrative , Luc
Rouban, 2003
Max Weber, Le Savant et le politique, 1959. Livre traduisant les discours de Weber de
1917 et 1919 : Monopol legitimer physicher Gewaltsamkeit
Pierre Grémion, Le Pouvoir périphérique, 1976. Dans : Sociologie du travail, 19ᵉ année
n°2, Avril-juin 1977. pp. 199-201
ANTS: adminsitration 2.0 ou zéro pointé ? Article du 3 janvier 2018, par Christian Quest
sur le blog Medium. https://medium.com/@cq94/ants-administration-2-0-ou-z
%C3%A9ro-point%C3%A9-f2cde413b868