Seginger, Gisele.
Gisèle Séginger
sera tellement loin des mœurs modernes qu’aucune ressemblance entre mes
héros et les lecteurs n’étant possible, il intéressera fort peu” (à Mlle Leroyer de
Chantepie, , janvier ).12 Pourtant son roman n’est pas aussi coupé du
présent qu’il le dit ou que le dira Sainte-Beuve. Certes Flaubert a choisi une
civilisation moins connue d’un point de vue archéologique que la Grèce et
l’Egypte.13 Cependant, chez certains auteurs du e siècle, elle est parfois au
centre de réflexions politiques et philosophiques. Il existe déjà, à l’époque de
Flaubert, un imaginaire politique de Carthage, bien construit, et Salammbô en
sera en partie tributaire. Quoi qu’il en ait dit, il fallait d’ailleurs que son roman
parlât tout de même un peu à ses contemporains pour que sa critique de la
modernité fût audible sinon acceptée.
Dans Salammbô il tient donc un équilibre entre la nécessaire lisibilité du
roman et l’étrangeté critique qu’il veut lui donner. Il met en cause les
conceptions de l’histoire et de la politique de son époque mais il utilise
certaines de leurs représentations pour donner forme aux événements et
organiser le récit. Il nuance d’ailleurs lui-même ses premières déclarations
lorsqu’il écrit, en octobre , à propos de sa Carthage: “il faudra que ça
réponde à une certaine idée vague que l’on s’en fait” (à E. Feydeau). En , il
soulignera encore le rapport de l’œuvre aux représentations de son époque:
“Me croyez-vous assez godiche pour être convaincu que j’ai fait dans Salammbô
une vraie reproduction de Carthage […]? Ah! non! mais je suis sûr d’avoir
exprimé l’idéal qu’on en a aujourd’hui” (à Léon Hennique, février ).
Cet idéal – ou idée de Carthage – s’est formé à partir du e siècle.14 Dans
Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence ()
Montesquieu met au point une méthode d’interprétation de l’histoire qu’il
utilisera ensuite à grande échelle dans l’Esprit des lois (). Dans un parallèle
entre Carthage et Rome, il s’efforce de définir les deux principes différents de
leur gouvernement: “Les Romains étaient ambitieux par orgueil, et les
Carthaginois, par avarice; les uns voulaient commander, les autres voulaient
acquérir; et ces derniers, calculant sans cesse la recette et la dépense, firent
toujours la guerre sans l’aimer.”15 Montesquieu fustige l’injustice d’un
gouvernement trop dur avec les peuples qu’il domine, incapable d’imposer son
autorité à des mercenaires, infidèles ou rebelles parce qu’ils n’étaient tenus que
par l’intérêt, alors que les Romains combattaient avec leurs propres soldats et
sans leur promettre de récompense. Leurs échecs pendant les guerres puniques
s’expliquent par un mauvais gouvernement et la jalousie des partis. Dans l’Essai
sur les révolutions () Chateaubriand fait un rapprochement entre l’antiquité
et l’Europe de son époque: par son activité commerciale, Carthage est de toutes
les civilisations de l’antiquité celle qui présente les plus grands rapports avec les
nations modernes. Il compare la cité punique avec l’Angleterre qui a aussi le
Gisèle Séginger
Carthaginois ou les Phéniciens. Or, bien que les représentations antiques des
Carthaginois soient assez souvent négatives – les sources conservées provenant
la plupart du temps d’auteurs favorables aux Romains – elles rendent parfois
davantage justice aux Carthaginois que les contemporains de Flaubert. Aristote,
lu par Flaubert, admire la sagesse de la constitution de cité punique, et il crédite
donc ce peuple d’un véritable génie politique.18 A l’inverse Flaubert ne lui
accorde une ingéniosité politique que lorsqu’il s’agit de défendre des intérêts
économiques et tout est soumis à ce but unique: s’enrichir. Sa représentation de
Carthage rejoint alors ce qu’il dit de la société du e siècle dans la
Correspondance – le progrès économique tue l’art – ou ce qu’il montrera quel-
ques années plus tard dans L’Education sentimentale lorsque les bourgeois
encouragent une répression atroce par égoïsme, parce qu’ils ont peur pour
leurs biens, comme les Riches de Carthage.
Pour autant il ne faudrait pas penser qu’en écrivant Salammbô Flaubert ait
eu l’intention de se faire le défenseur des opprimés19 ou que le roman pourrait
être une dénonciation indirecte de la colonisation20 à une époque où la France
se lance dans celle de l’Afrique du Nord et occupe l’Algérie à partir de .21
Lorsqu’il critique l’emprise de l’Europe sur l’Orient, il déplore d’ailleurs plutôt
une influence insidieuse, sans conquête militaire, qu’il voit avec regret en
Turquie pendant son grand voyage en Orient (-) ou en Tunisie en :
les mœurs européennes, les costumes et le mobilier y introduisent une
modernité qu’il déteste, la laideur et l’uniformité ou le ridicule.22 Il redoute
alors plutôt la fin de l’Orient, de cette dernière réserve du Beau. Il ne s’agit donc
pas du droit des peuples et d’une mise en cause de l’impérialisme européen
mais d’une réaction d’artiste. Flaubert n’est d’ailleurs pas de ceux qui pensent
que la morale et le droit des peuples un rôle en politique. Son roman Salammbô
et toute la Correspondance montrent d’ailleurs l’amoralité de la politique et de
l’histoire. L’emprise d’un peuple sur un autre n’a pas une signification
différente au e siècle qu’auparavant et elle relève, pour Flaubert, d’une
logique naturaliste de l’histoire qu’il exposera ainsi lors de la guerre de :
“Les Latins sont finis! Maintenant c’est au tour des Saxons, qui seront dévorés
par les Slaves. Ainsi de suite” (à sa nièce Caroline, octobre ). La dom-
ination et la conquête font partie du dynamisme de l’histoire, et celle-ci ne se
fait pas avec de bons sentiments. Dans un plan partiel pour la fin de Salammbô,
il note: “Impassibilité de la nature: pas une protestation pour la liberté et la
justice, ce qui peut être la Moralité du livre.23 Salammbô prend donc le contre-
pied de l’Histoire romaine – livre lu et relu par Flaubert depuis ses années de
collège – où Michelet a donné une version de la guerre des mercenaires dans la
perspective d’une histoire dialectique: il annonce le triomphe du Droit, auquel
Rome travaille; la révolte des mercenaires peut alors être interprétée comme
Gisèle Séginger
politique ou pour mieux dire je les exècre tous, parce qu’ils me semblent
également bornés, faux, puérils, s’attaquant à l’éphémère, sans vues d’ensemble
et ne s’élevant jamais au-dessus de l’utile. J’ai en haine tout despotisme. Je suis
un libéral enragé” (à Mlle Leroyer de Chantepie, mars ). Or il y a aussi
pour Flaubert un despotisme des idées. Hostile aux pensées qui veulent
imposer leur sens à l’histoire, il s’en prend, quelques mois plus tard, à la religion
et à la philosophie:
[…] ce sont des verres de couleur qui empêchent de voir clair parce que: ° on a
d’avance un parti pris; ° parce qu’on s’inquiète du pourquoi avant de connaître le
comment; et ° parce que l’homme rapporte tout à soi. “Le soleil est fait pour
éclairer la terre.” On en est encore là (à Mlle Leroyer de Chantepie, décembre
).
Gisèle Séginger
personnages et la psychologie sont moins importants que les masses en fureur,
que les dieux cruels et que les objets – armes et machines de guerre qui
occupent souvent le devant de la scène barbare des combats.
Alors même qu’il a trouvé le titre définitif du roman, dans sa Correspondance,
il continue pendant longtemps à lui donner le nom de Carthage,32 lieu
symbolique de la révolution copernicienne qu’il veut faire subir à la pensée et à
la forme romanesque. Dans l’imaginaire de Flaubert, le nom “Carthage”
renvoie de manière extensive à toute la zone d’Afrique du Nord, autrefois sous
domination ou sous influence carthaginoise, et c’est à la fois en Algérie et en
Tunisie qu’il voyage au printemps pour préparer son roman. L’antique
Numidie qu’il découvre est d’abord pour lui le “pays de Jugurtha,” aux abords
de Constantine: “C’est une chose formidable et qui donne le vertige. Je me suis
promené au-dessus à pied et dedans à cheval” (à Louis Bouilhet, nuit du au
avril ). A plusieurs reprises pendant son voyage, il pense à Jugurtha dont il
a lu l’histoire racontée par Salluste. Ce roi de Numidie, du premier siècle avant
Jésus-Christ, qui vécut donc bien après les guerres puniques, s’était rendu
célèbre par sa traîtrise, sa violence et ses massacres avant d’être lui-même trahi,
emprisonné par les Romains et lentement tué par la faim, comme les
Mercenaires de Salammbô dans le défilé de la Hache. Cette histoire sans pitié
montre que les anciens vainqueurs peuvent être broyés à leur tour, et le
mouvement historique, imperturbable et effrayant continue sans eux, comme
la nature survit aux morts, se régénère même par la mort, et par les crimes.
L’histoire de Jugurtha fascine Flaubert sans doute parce qu’elle lui rappelle la
perspective de Sade: la perspective anhistorique d’une nature qui répète ses
violences pour assurer à la vie une pérennité. Le passé peut donc se retrouver.
Dans l’espace, il tente donc de percevoir le passé lointain, présent, inscrit dans
les paysages. De l’un des premiers lieux qu’il voit en Afrique du Nord, il écrit
dans son carnet de voyage: “c’est un endroit féerique satanique. – Je pense à
Jugurtha – ça lui ressemble.33 Aux abords de Constantine, le pays de Jugurtha, il
trouve, écrit-il dans sa Correspondance, un “ravin démesuré,” une “chose
formidable et qui donne le vertige” (à L. Bouilhet, - avril ). C’est cette
sensation qu’il veut transmettre au lecteur par le dessin “farouche” d’un roman
anti-humaniste, qui s’ouvre sur les abîmes de l’histoire et d’une nature
humaine aux pulsions bien peu humaines. Certes on peut penser que le
versatile Numide, Narr’Havas ou le cruel Hamilcar doivent quelques-uns de
leurs traits à Jugurtha, mais c’est surtout “l’esprit” qu’incarne Narr’Havas,
l’esprit d’une antiquité sans lois ni foi, mais proche de la nature par son
amoralité, qu’il veut insuffler à l’ensemble de son roman, et qu’il sent dans les
lieux.34
Gisèle Séginger
climat, dirait Montesquieu” (à L. Bouilhet, mai ). Il a donc cherché en
Tunisie et en Algérie, parfois dans le paysage, parfois dans les dangers d’une
contrée peu sûre, le frisson qui lui manquait pour donner une vie féroce à ses
personnages. Satisfait à son retour, il annonce: “je vais écrire des horreurs, je
mettrai des bordels d’hommes et des matelotes de serpents” ( juin ). Le
voyage, l’espace permettent à Flaubert de recomposer le passé car il cherche
moins l’exactitude des faits que ce que Montesquieu appelle “l’esprit.” Dans
son roman, il le restitue en donnant une certaine tonalité à sa représentation
des mœurs et des événements.39
Selon le témoignage des Goncourt, il voulait écrire un “roman pour-
pre(Journal ), un roman de la violence. Bien que Carthage soit sous la
protection de Tanit, c’est souvent Moloch qui domine, et, dans ses notes,
Flaubert précise qu’il est “le principe de la vie furieuse, brûlante, destructive,
régénérante par le feu.”40 Le rouge – symbole du sang, du feu, symbole de la
régénération par la mort, dans le roman – se trouve déjà souvent dans les
paysages tunisiens qu’il décrit le plus volontiers dans son Carnet: il remarque
les “terrains rouges” des Mappales, les “terrains rouges” au pied de Sidi Bou
Saïd ( et ); près de Tunis, il traverse un ravin “très large, d’argile rouge – ça
a l’air de vagues de sang pétrifiés [sic]” (); la Mamenlif (Montagne des Eaux-
Chaudes dans le roman) “a l’air en bronze rouge” (), les reliefs font “des lignes
rousses” () et ces paysages sont traversés par des bédouins “armés jusqu’aux
dents” ( et ). Dans le carnet de voyage la lune et le soleil, les deux principes
opposés dont le conflit donne aux événements une structure signifiante et
symbolique forte, sont souvent présents. Le second sur lequel le roman
s’achèvera – le soleil se couche tandis que le cœur de Mâtho cesse de battre,
aussitôt prélevé et transformé en offrande sanglante par Schahabarim – est déjà
représenté comme l’astre de la violence guerrière et de la mort: le soleil qui se
couche ressemble à un “bouclier rougi” ().
Flaubert prend ses distances par rapport aux conceptions rationalistes de
l’histoire qui se développent à partir du e siècle puis surtout au e siècle et
que le e siècle tente encore de sauver comme on le voit chez Lukacs. Il ne veut
pas écrire un roman historique sur Carthage qui serait un discours sur la
cohérence du devenir et le bien fondé des politiques. Pour lui, le roman n’a pas
pour fonction de contribuer à l’homogénéité idéologique de son temps mais
bien plutôt de la mettre en question et de se décaler par rapport à elle: la
représentation de Carthage aura donc une force critique. L’éloignement dans le
temps est une façon de mieux attaquer son époque. Contrairement à ce que
pensait Sainte-Beuve le roman n’est donc pas coupé de son temps: la Tunisie
antique est un espace critique, un espace révélateur non parce que Flaubert y
projette le présent mais parce qu’il fait apparaître ses fondements, la réalité
Le Constitutionnel, , et décembre , repris dans le tome des Nouveaux
lundis.
Pour comprendre l’enjeu des débats autour de Salammbô, on peut lire l’article de
Jacques Neefs, “Salammbô, textes critiques.” Je ne retiens pour ma part que l’un des
points parmi les nombreuses critiques de Sainte-Beuve.
J’emprunte cette formule au titre du livre de Claudie Bernard, Le passé recomposé. Le
roman historique français du dix-neuvième siècle.
Le Roman historique, éd. de Claude-Edmonde Magny ().
Gisèle Séginger
“Il est assez difficile de bien comprendre, d’après le récit des historiens, le plan de
l’ancienne Carthage,” Itinéraire de Paris à Jérusalem ().
Il explore Carthage au moment où Flaubert s’y rend, au printemps . Mais les
deux hommes ne s’y rencontrent pas.
En -, il publie quelques articles dans le Journal des savants et la Revue
archéologique, sur les “Fouilles de Byrsa,” “Les ports de Carthage,” et “La Nécropole
de Carthage.”
Une lettre conservée à la Pierpont Morgan Library de New York, dans le dossier
“Carthage,” montre qu’ils ont fait cependant connaissance en .
Carnet de voyage à Carthage ().
Il est significatif que bien des penseurs ou acteurs politiques de l’époque (Guizot,
Lamartine, Louis Blanc, Marx) ont aussi été des historiens soit de la Révolution de
, soit de celle de . Flaubert écrit Salammbô juste avant L’Education
sentimentale qui fera un récit ironique des croyances politiques de 1848. Sur ce point
voir de G. Séginger, Flaubert. Une poétique de l’histoire.
Critiqué par Tite-Live (64 avant J.-C - après J.-C), historiographe de l’Empire
romain, dans Histoire romaine, Hannibal deviendra néanmoins par la suite une
figure héroïque de la résistance, vanté comme un stratège militaire par Machiavel,
héros de plusieurs tragédies (Thomas Corneille en , Marivaux en , Firmin
Didot en ), admiré par Napoléon à l’époque de sa lutte contre l’Angleterre
(Mémorial de Sainte-Hélène). Quant à la défaite de Carthage, elle est interprétée, par
Michelet, dans son Histoire romaine – ouvrage plusieurs fois relu par Flaubert –,
dans la perspective d’une grande lutte entre la race des Sémites et la race des Indo-
germains: la victoire de Rome sur Carthage est donc le grand événement de l’histoire
occidentale.
Pour les années -, la Correspondance est citée dans le texte établi par Jean
Bruneau.
L’expédition en Egypte de Bonaparte (-), accompagné de savants, avait été
à l’origine de la vogue de cette antiquité orientale dont l’influence est notable jusque
dans le mobilier de style Empire. Tandis que Flaubert travaille pour Salammbô
Gautier publie Le Roman de la momie () qui témoigne encore de cet engouement
dans la seconde moitié du siècle.
Bien sûr, on sait que dans l’Ancien Testament et chez les Anciens, les représentations
des Phéniciens, commerçants plus ou moins cupides et rusés, constituaient déjà des
stéréotypes qui pouvaient ensuite être aussi utilisés pour leurs descendants, les
Carthaginois. Mais je m’intéresse ici surtout à la représentation d’un imaginaire
politique.
Edition de Jean Ehrard (3: ). Le passage de la royauté à la république accroît la
puissance de Rome car la République, ayant des chefs qui changeaient tous les ans, et
Gisèle Séginger
types! et quelle observation de mœurs! Comme c’est vrai!” (à Jules Duplan,
octobre ).
En , il écrivait déjà “L’adoration de l’humanité pour elle-même et par elle-
même (ce qui conduit à la doctrine de l’utile dans l’art, aux théories de salut public et
de raison d’Etat, à toutes les injustices et à tous les rétrécissements, à l’immolation du
droit, au nivellement du Beau), ce culte du ventre, dis-je, engendre du vent [...] (à
Louise Colet, mai ).
Ce que Flaubert admire le plus dans son siècle, le “sens historique,” s’oppose à une
interprétation téléologique de l’histoire qui peut passer au e siècle pour la nouvelle
divinité d’une époque sans croyances religieuses stables. Ainsi Michelet ne rêve pas
d’une eschatologie religieuse mais d’une nouvelle Révolution qui sera l’aboutissement
du mouvement historique et, en , sa Bible de l’humanité, vaste histoire des
croyances religieuses, s’achèvera sur ce dénouement prophétique qui déplace
l’eschatologie dans le domaine historique et lui donne un sens politique et républicain.
“La foule ne m’a jamais plu que les jours d’émeute, et encore! Si l’on voyait le fond
des choses! Il y a bien des meneurs là-dedans, des chauffeurs. C’est peut-être plus
factice que l’on ne pense. N’importe, ces jours-là il y a un grand souffle dans l’air. On
se sent enivré par une poésie humaine, aussi large que celle de la nature, et plus
ardente” (lettre à L. Colet, mars ).
Folio , N.a.f .
Lorsqu’il annonce qu’il a trouvé le titre définitif, Salammbô, il ajoute d’ailleurs en
sous-titre roman carthaginois (à Charles-Edmond, novembre ).
Carnet de voyage à Carthage (). Il écrit aussi à L. Bouilhet: “La seule chose
importante que j’aie vue jusqu’à présent, c’est Constantine, le pays de Jugurtha” (-
avril ).
Proche bien sûr de la nature de Sade, et non de celle de Rousseau, dont la sensiblerie
l’irritait autant que celle de Lamartine. Dans la période où il prépare L’Education
sentimentale il lui reproche aussi sa mauvaise influence sur la politique (à Amélie
Bosquet, janvier ).
Carnet de voyage (). Les crochets indiquent des suppressions, les soufflets des
additions.
Tel lieu, tel climat, tels hommes.
De façon générale, Flaubert perçoit en Orient une permanence et déjà lors de son
premier voyage il avait le sentiment – partagé avec d’autres au e siècle, avec
Delacroix par exemple qui le note aussi dans ses carnets, au Maroc – d’y retrouver
l’Antiquité. Entre ces deux voyages, celui de - et celui de , malgré les années,
et la différence des pays visités, Flaubert retrouve ses impressions passées, une odeur
d’Orient qui lui rappelle le premier voyage, les souvenirs de Palestine grâce aux oliviers
du Belveder, ceux de Haute Egypte grâce à la sécheresse qui fend la terre, les
Aprile, Max. “Un chapitre inédit de Salammbô” (brouillons du manuscrit N.a.f.
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