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COURS DE CONSTRUCTION PARASISMIQUE – VOLUME 1

SISMOLOGIE APPLIQUEE
SISMOLOGIE: ETUDE DES SEISMES

Eléments de sismologie appliquée à la construction


à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER

Figure 1 - Pour la chine ancienne, les séismes étaient dus aux soubresauts d’un poisson
chat vivant sous terre que les personnages de cette illustration tentent de maîtriser. De
tous temps les hommes ont cherché à représenter et expliquer le phénomène sismique.

OBJECTIFS DE LA SISMOLOGIE APPLIQUEE A LA CONSTRUCTION


- Identification des sources sismiques pouvant concerner le site à construire.
Estimation de l’énergie sismique pouvant arriver sur le site (Estimation de l’aléa
sismique régional).
- Connaissance du comportement prévisible du site sous l’effet des séismes
régionaux possibles (Estimation de l’aléa sismique local).
- Maîtrise de la réponse potentielle des bâtiments, viabilités et équipements aux
mouvements prévisibles du sol.
- Adoption de politiques de mitigation du risque sismique.
- Traduction réglementaire des connaissances.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


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ELEMENTS DE SISMOLOGIE APPLIQUEE
POUR LES TECHNICIENS DU BATIMENT

1. Introduction, avertissement
2. Le phénomène sismique
2.1. Les différents mécanismes des failles actives
2.2. Notion de cycle sismique d’une faille active
2.3. La source sismique : surface de rupture sur la faille
2.4. Notion de Magnitude d’un séisme

3. Caractérisation des phénomènes tectoniques


3.1. Types de séismes, études et prévention
3.2. Sismicité de la planète
3.3. Structure de la planète, une dynamique interne
génératrice de mouvements relatifs
3.4. Notion de dérive des continents
3.5. Tectonique des plaques et sismicité associée aux limites
entre plaques

4. La secousse sismique, caractérisation des ondes


sismiques
4.1. Les types d’ondes
4.1.1. Les ondes de volume
4.1.2. Les ondes de surface
4.2. Représentation dans le temps du mouvement sismique
enregistré en un site : sismogrammes, accélérogrammes
4.3. Représentation du mouvement enregistré en un site par
son signal fréquentiel : le spectre de réponse

5. La propagation des ondes sismiques


5.1. Lois d’atténuation
5.2. Réflexion des ondes entre les couches de sols
5.3. Modification des ondes par les sites
5.4. L’intensité locale
5.4.1. Échelles de mesure
5.4.2. Isoséistes
6. L’aléa sismique régional
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6.1. Estimation du mouvement sismique possible « au
rocher horizontal » d’un site ou une région
6.2. Évaluation déterministe de l’aléa sismique régional
6.3. Évaluation probabiliste de l’aléa sismique régional
6.4. Zonage de l’aléa régional: Echelle d’étude 1/1 000 000

7. L’aléa sismique local


7.1. Effets directs du séisme
7.1.1. Le mouvement « au rocher » (rappel)
7.1.2. Les bouleversements topographiques à grande échelle
7.1.3. Le jeu d’une faille en surface
7.2. Effets de site : amplification locale du signal sismique
7.2.1. Topographies amplifiant l’action sismique: butte, crête, bord de
falaise
7.2.2. Sol alluvionnaire de forte épaisseur amplifiant l’action sismique
7.3. Effets induits par les secousses sismiques sur les sites
7.3.1. Glissements de terrains, chutes de pierres (purge)
7.3.2. Liquéfaction des terrains granulaires saturés d’eau
7.3.3. Subsidence sur cavités
7.3.4. Tsunamis
7.3.5. Effets d’origine humaine, problèmes urbains
7.4. Microzonage de l’aléa local : Echelle d’étude 1/10 000

8. Le contexte légal et réglementaire français


8.1. Code de l’Environnement
8.2. Décrets
8.2.1. Décret n° 91-461 du 14 mai 1991
8.2.2. Décret n° 95-1089 du 5 octobre 1995
8.2.3. Décret no 2000-892 du 13 septembre 2000
8.3. Arrêtés
8.3.1. Arrêté du 29 mai 1997 (ORN)
8.3.2. Arrêté du 10 mai 1993 (ORS)
8.4. Et l’existant?
8.5. Les règles PS-92, plan du contenu

9. Ouvrages de vulgarisation en sismologie


appliquée
1. Introduction, avertissement

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Les sismologues et géophysiciens se livrent à des recherches toujours plus poussées pour
caractériser la sismicité du globe afin de progresser dans la prévision des phénomènes et
donc de la prévention.
Dans l’état actuel des choses, il est question de prévoir et non de prédire. C’est à dire
qu’on peut assez bien caractériser ce qui peut arriver dans une zone sismique, mais pas
encore dire quand.

Une partie des résultats de la recherche est directement utile à l’élaboration de stratégies
de « protection » des bâtiments et autres ouvrages contre les actions sismiques, c’est celle
qui intéresse les professionnels du bâtiment.

Ainsi on peut assez bien :


- définir la « violence » possible des séismes pouvant survenir sur les failles
sismogènes, c’est à dire leur magnitude,
- établir la manière dont la distance va atténuer l’amplitude et d’autres paramètres
des oscillations,
- définir la manière dont un sol ou un site donné va modifier les oscillations qu’il
reçoit, en les amplifiant éventuellement,
- définir la manière dont un sol peut voir ses caractéristiques mécaniques se
dégrader (tassements, éboulements…) de façon inacceptable pour la sécurité des
personnes et activités qui s’y trouvent.
Ce qui permettra d’opérer les bons choix en matière de construction, et en général
d’aménagement du territoire.

Ce fascicule rassemble quelques éléments de sismologie appliquée au bâtiment


nécessaires à la compréhension de la réglementation.

Le présent document commence par des considérations générales, chapitres 2 et 3


décrivant les mécanismes sismiques et la tectonique des plaques, qui peuvent sembler
éloignées des préoccupations du constructeur, mais dont la connaissance est nécessaire
pour comprendre les données directement exploitables pour la prévention, exposées aux
chapitres suivants.

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2. Le phénomène sismique
Les plaques continentales et océaniques qui constituent la croûte terrestre se déplacent à
la surface de la planète sous l’effet des courants thermiques qui animent le magma
visqueux situé en profondeur. Ce phénomène est étudié sous le nom de « Tectonique des
plaques » (voir §3).
Les déplacements relatifs de ces plaques génèrent localement des
« contraintes croissantes » à l’intérieur des roches qui les constituent (traction,
compression, cisaillement…)
Au-delà du niveau de contrainte admissible il y a rupture brutale du sous-sol rocheux:
séisme. Ces ruptures se produisent essentiellement dans les zones situées à proximité des
limites entre les plaques, là où les tensions sont les plus élevées dans les roches.

On ne peut contrôler l’occurrence de la rupture fragile (séisme), même si la recherche vise


à définir des probabilités de retour pour les différentes magnitudes possibles pour chaque
faille ou réseau de failles.
2.1. Les différents mécanismes des failles actives
Les différents « mécanismes » du jeu des failles correspondent aux différents
types de contraintes possibles :
- traction (déplacements divergents)
- compression (déplacements convergents)
- cisaillement (déplacements « parallèles » mais de vitesses différentes ou
de directions opposées).

Or, la roche résiste moins bien en traction qu’en cisaillement et qu’en compression. Ainsi
une même roche rompra pour un niveau de contrainte plus ou moins élevé selon le
mécanisme. Ceci conditionnera donc un cycle plus ou moins rapide (voir § 2. ) et des
magnitudes plus ou moins fortes (voir § 2. ).

L’identification des mécanismes des failles par les sismologues contribue à la


compréhension de leur activité et ainsi aux arbitrages des politiques de
prévention.

Faille normale Faille inverse


(Traction) (Compression)

Faille en décrochement
(Cisaillement)
2.2. Notion de cycle sismique d’une faille active

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En raison des forces de friction présentes entre les deux parois d'une faille, les
déplacements le long de la faille ne se font pas de manière continue et uniforme, mais par
à-coups successifs, générant à chaque fois un séisme.

Chaque faille a un cycle sismique qui lui est propre et qui dépend de son
mécanisme, de la vitesse de progression des contraintes, de la nature des
roches et de sa géométrie. Le cycle de retour des séismes de différentes
magnitudes obéit à des lois de probabilité. L’identification de ces lois par les
sismologues fait partie des outils de la prévention.

CYCLE SISMIQUE D’UNE FAILLE SISMOGENE:

Cycle sismique d’une faille : Le cycle sismique


d’une faille est une succession de périodes
d’augmentation des contraintes et de ruptures
brutales dont il faut établir la périodicité pour
définir son activité.

Figure 2 - Représentation schématique du cycle


sismique
a - Situation au début du cycle, b - Déformation peu de
temps avant le séisme, c – Situation après le séisme

2.3. La source sismique : surface de rupture sur la faille


La rupture brutale de la roche sur le plan de faille libère de l’énergie, sous forme de
chaleur et d’émission d’ondes sismiques : les secousses. Plus la surface de la rupture
et le déplacement sont importants, plus la quantité d’énergie libérée l’est, plus les
secousses sont violentes. La Magnitude représente la quantité d’énergie libérée par
le séisme.
On nomme foyer le lieu du plan de faille où commence la rupture, alors que l'épicentre
désigne le point de la surface terrestre à la verticale du foyer.

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Figure 3 - Axonométrie schématique d'une source sismique (Document Université de Laval –
Québec)

2.4. Notion de Magnitude d’un séisme


La Magnitude (M, exprimée en chiffres arabes) est une grandeur logarithmique
représentative de la quantité d’énergie rayonnée par la source sous forme d’ondes
élastiques.
QUAND ON PASSE D ’UN DEGRE DE MAGNITUDE A L ’AUTRE, ON MULTIPLIE
L ’ENERGIE PAR 33, SOIT 1000 POUR 2 DEGRES
Le tableau ci-après donne une corrélation entre les ordres de grandeur de la rupture
sismogène et la magnitude du séisme.

NBRE
MOYEN LONGUEUR DEPLACEMENT DUREE DE
SEISMES CARACTERISTIQUE SUR LE PLAN DE LA ENERGIE
MAGNITUDE ANNUEL DE LA RUPTURE RUPTURE RUPTURE LIBEREE

9 800KM 8m 250 s E x 36 000 000


8 1 250KM 5m 85 s E x 1 100 000
7 18 50KM 1m 15 s E x 33 000
6 125 10KM 20 cm 3s E x 1000
5 1500 3KM 5 cm 1s E x 33
4 5000 1KM 2 cm 0,3 s E

Il n'y a qu'une seule valeur de magnitude pour un séisme donné (hormis les
incertitudes d’évaluation). Ne pas confondre avec l’intensité locale (voir § 5. ).

Il existe plusieurs méthodes d’évaluation de la magnitude d’un séisme.


Richter a été le précurseur. On utilise aujourd’hui des méthodes plus précises, même si la
presse continue à utiliser le terme d’échelle « de Richter ».

3. Caractérisation des phénomènes tectoniques


3.1. Types de séismes, études et prévention
Le séisme étant un phénomène dû à la rupture fragile du sous-sol, les origines possibles
de séismes sont tous les cas pouvant provoquer ces ruptures, comme les explosions ;
l’activité volcanique, les effondrements de cavités…
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On retiendra que seuls les séismes d’origine tectonique, c’est-à-dire liés aux
déplacements relatifs des plaques terrestres peuvent avoir des longueurs de
ruptures suffisantes pour que leur magnitude soit assez élevée pour causer des
catastrophes et justifie d’une politique de prévention visant la résistance des
structures aux oscillations.

3.2. Sismicité de la planète


Les séismes se produisent essentiellement sur les frontières entre les plaques tectoniques.
Les pays concernés doivent adopter des politiques de mitigation du risque sismique,
comprenant notamment l’étude de la sismicité régionale et la mise en œuvre de mesures
réglementaires et incitatives.

Les études de la sismicité régionale (localisation des failles, étude de leurs


magnitudes possibles, du cycle de retour des séismes) permettent de connaître
la violence des séismes possibles et d’adopter des règlements appropriés à
chaque région. On adoptera, en connaissance de cause, des mesures plus
sévères aux Antilles qu’en Provence.
3.3. Structure de la planète, une dynamique interne
génératrice de déplacements relatifs à la surface
La Terre est constituée d'une succession de couches de propriétés physiques différentes:
le noyau, le manteau et la croûte, qui compte pour moins de 2% en volume.

Figure 4 - Coupes schématiques sur le globe terrestre (documents Université de Laval, Québec)
La lithosphère, couche solide de la surface est divisée en plaques qui se déplacent
les unes par rapport aux autres sous l’effet des courants de convection qui animent
l’asthénosphère, couche magmatique située en dessous.
Ces courants de convection dans l’asthénosphère sont générés par la forte chaleur du
noyau.

3.4. Notion de dérive des continents


La dérive des continents est une théorie proposée au début du siècle par le physicien-
météorologue Alfred Wegener.
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Figure 5 – Position actuelle des continents (Document Université de Laval - Québec)

Wegener a imaginé que les continents sont les morceaux d'un seul bloc originel : la
Pangée. Il a prouvé la concordance des roches, des fossiles et autres caractéristiques de
part et d’autre des océans actuels. Des études plus récentes ont démontré comment les
déplacements se sont fait et continuent.
Il y a environ 270 millions d'années l’ensemble des terres émergées était réuni sous un
continent unique, la Pangée. La Pangée, était entourée d'un vaste océan : la Panthalassa.

Figure 6 – La Pangée (Document Université de Laval - Québec) La reconstitution de Wegener (puis


celle plus précise de ses successeurs) montre que toutes les masses continentales ont été jadis réunies en
un seul mégacontinent, la Pangée.

La notion de dérive des continents est à l’origine des recherches de sismologie.


Connaissant les mouvements des plaques (direction, vitesse), on peut
comprendre les phénomènes en jeu et donc leur associer une violence et des
caractéristiques possibles pour chaque région.
3.5. Tectonique des plaques et sismicité associée aux limites
entre plaques
Ainsi, les séismes n'ont pas une répartition aléatoire à la surface de la planète, mais sont
localisés pour leur immense majorité sur les frontières des plaques lithosphériques.
L’étude de ces déplacements, et de la sismicité associée s’appelle la tectonique des
plaques. Elle permet la mise en place de politiques de prévention.

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Figure 7 - Répartition des plaques
tectoniques à la surface du globe et
sens de déplacement (Document X)

Les plaques tectoniques sont en général « mixtes » et de tailles très variables : les plaques
continentales sont souvent associées dans leurs déplacements à un « morceau » de
plaque océanique.

C'est le long des limites entre plaques que l’activité sismique est la plus importante et que
la caractérisation des domaines tectoniques (voir § 3.6) doit être réalisée. Il existe trois
types de limites :
- les zones d'expansion océanique, dans lesquelles naît de la croûte océanique,
- les zones de subduction, dans lesquelles disparaît la croûte la plus dense qui
retourne dans l’asthénosphère pour y fondre,
- les zones transformantes, le long desquelles coulissent des plaques ou des
fragments de plaques sans création ni résorption de croûte.

Figure 8 - Types de frontières entre plaques (Document Université de Laval - Québec)

La terre est une structure dont tous les éléments forment un grand système mu
par la thermodynamique interne.

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Figure 9 - Coupe schématique sur la
lithosphère et l'asthénosphère montrant
plusieurs types de frontières possibles entre
les plaques (Document Université de Laval –
Québec)
A gauche du schéma on a la représentation d’un
contexte semblable à celui des Antilles :
subduction de l’Atlantique sous la Caraïbe et
volcanisme insulaire associé.

EXEMPLE : LA ZONE DE SUBDUCTION DE L’ATLANTIQUE SOUS LA CARAÏBE

Une partie océanique de la plaque Amérique (qui se déplace d’Est en Ouest) passe sous la
plaque Caraïbes (qui se déplace d’Ouest en Est) et va fondre dans le magma. Ce type de
limite entre plaques provoque des séismes sur le plan de friction entre les plaques (plan
de « subduction »), mais aussi dans les plaques elles-mêmes qui subissent des contraintes
et des déformations dues aux poussées opposées.
Le schéma ci-dessous distingue les différents « domaines » sismogènes.
Localiser ces domaines et leur associer des magnitudes et des cycles de
récurrence permet d’adopter une politique de prévention adaptée à la réalité.

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0 100 200 km

Arc insulaire Prisme d'accretion fosse océanique

Zone de
0
concentration B
A C
des foyers
PLAQUE CARAIBE PLAQUE AMERIQUE
peu profonds

Zone de D
concentration
100 des foyers
profonds

200
A : Sources intraplaques caraïbe en faille normale

B : Sources intraplaques caraïbe intermédiaire

C : Sources interplaques, plan de subduction

D, E : Sources intraplaques Amérique subductée


300
profondeur
(km)

Figure 10 - Coupes sur la subduction Antillaise (Documents Géo-Ter)


La coupe schématique de gauche représente les différents domaines sismogènes associés à la subduction
est-caribéenne et leurs mécanismes.
- En C, le plan de subduction lui-même, où sont attendues les magnitudes les plus élevées,
possiblement de l’ordre de 8 (les surfaces de ruptures les plus importantes). Ces séismes se
produisent à quelques dizaines de km des terres habitées ce qui en atténue les effets.
- En A et B les séismes générés par les contraintes en bordure de la plaque Caraïbe, de
magnitudes possibles moins élevées, inférieures ou égales à 6 (dimensions des failles moins
importantes), mais pouvant être (zone A) très proches des constructions et in fine aussi violents sur
les terres émergées.
- En D et E, les séismes profonds dus aux ruptures de la plaque subductée sous son propre poids
(Ces derniers sont très amortis lorsqu’ils arrivent à la surface et ne présentent pas de grand danger
pour les constructions).

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4. La secousse sismique, caractérisation des ondes
sismiques

4.1. Les types d’ondes


Libérées par la rupture sur la faille, des ondes sismiques se propagent dans toutes les
directions. Plusieurs types d’ondes aux effets différents sur les sols et les structures sont
générés par le séisme. La connaissance des caractéristiques des différents types d’ondes
(et de leurs conditions de propagation) permet de comprendre leur action sur une structure
en fonction du site géologique où se situe la construction et de sa distance au foyer.

4.1.1. Les ondes de volume


Elles se propagent dans la masse terrestre depuis la source. Lorsqu’elles arrivent à la
surface elles provoquent les déformations des constructions sous l’effet des forces
d’inertie (forces qui s’appliquent à une masse qui subit une accélération, comme le
passager d’un véhicule qui démarre ou freine).

- Les ondes P (Primaires) qui progressent en animant les particules des sols traversés en
compression/dilatation comme les mouvements des spires d’un ressort. Elles secouent les
bâtiments de haut en bas.
- Les ondes S (Secondaires) qui progressent en cisaillant le sol perpendiculairement à leur
sens de cheminement. Elles secouent les bâtiments horizontalement dans tous les sens.

Figure 11 – Représentation
schématique du mouvement des
ondes P et des ondes S (Document
Université de Laval – Québec)

4.1.2. Les ondes de surface (Ondes de Love et de Rayleigh)

Elles sont générées par l’arrivée des ondes de volume à la surface du globe. Plus le séisme
est profond, moins elles sont puissantes. Elles concernent les couches superficielles des
sols. Les ondes de surface (de Love et de Rayleigh) ont un contenu fréquentiel qui
concerne certaines structures, mais leur influence sur les constructions courantes est
négligeable.

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4.2. Représentation dans le temps du mouvement sismique
enregistré en un site : sismogrammes, accélérogrammes
Notions de période et d’amplitude d’une onde

La période et l’amplitude caractérisent les phénomènes ondulatoires. Pour les séismes il


peut s’agir de caractériser le déplacement des particules de sol, leur vitesse de
déplacement et l’accélération de cette vitesse. Des caractéristiques du mouvement
ondulatoire dépend l’action possible des ondes sismiques sur les constructions.

La période est la durée d’un cycle d’oscillation,


la fréquence, le nombre de cycles par
seconde. La notion de périodicité d’une
sollicitation dynamique d’origine sismique sera
fondamentale pour la compréhension du
comportement dynamique des structures.

L’amplitude traduit « l’énergie » du


mouvement ondulatoire.

Un « signal sismique » est complexe et aléatoire. Il peut être représenté


comme la superposition d’ondes (des différents types) de fréquences
variées dont l’amplitude est plus ou moins importante. Un certain nombre de
paramètres, dépendants de la source et des sols traversés conditionnent la
nature du signal sismique en un lieu. L’enjeu sera d’identifier les fréquences
très énergétiques des signaux sismiques possibles sur le site à construire.

= + +
Nécessité d’identifier le signal possible d ’un séisme sur un site avant le séisme

La concordance entre les périodes de grande amplitude des oscillations pour un sol donné
sous l’effet d’un séisme donné et les périodes propres d’oscillation d’une construction
créent des phénomènes de résonance qui peuvent multiplier les accélérations que subit la
structure par 2 ou plus. C’est un des principaux facteurs de ruine s’il n’est pas pris en
considération par le concepteur et le bureau d’études.
L’un des objets de la sismologie appliquée est d’associer à chaque site un
« outil de travail », appelé « spectre de réponse » (voir § 4.3 et 7.2), qui permet
à l’architecte et à l’ingénieur d’évaluer la possible amplification des ondes
arrivant sur le site par le bâtiment, en raison d’une mise en résonance de la
structure.
La première étape pour y parvenir est d’enregistrer les séismes des différents types de site
pour en décomposer le signal.Enregistrement des séismes

La convention internationale est d’enregistrer les mouvements dans les trois directions :
N-S, E-O et verticale.

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3 types de capteurs: sismomètres (Déplacements), vélocimètres (Vitesses),
accéléromètres (Accélérations). On utilise plus communément les accélérogrammes,
enregistrements à partir desquels on peut retrouver la vitesse et le déplacement par calcul
intégral.

Figure 12 - Principes schématiques des enregistrements dans les plans horizontaux et verticaux
avec des appareils « mécaniques ». (Document EOST)

Accélération (exprimée en m/s2 ou en % de g, g = 9,81m/s2)

On mesure les accélérations du sol dans les trois directions en fonction du temps.
La recherche des pics d’accélération possibles sur une région donnée est le premier
élément de l’évaluation du mouvement sismique pour l’application des règles de calcul
réglementaire. (En anglais PGA : Pic Ground Acceleration).

Les accélérations, « en réponse » au séisme, de la structure conditionnent les


forces d’inertie qui vont s’appliquer à la structure et auxquelles elle devra
résister (Forces d’inertie = Masse(s) de la structure x Accélération(s) ).

Figure 13 – Exemple d’accélérogramme


(en cm/s2)
En abscisse, le temps en secondes, et en
ordonnée, la vitesse en m/s2. Sur cet
enregistrement une accélération maximale
du sol (ou pic) de 4,6 m/s2 ((0,46g) est
repérée à 6 secondes.
4.3. Représentation du mouvement enregistré en un site par
son signal fréquentiel : le « spectre de réponse »

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Notion préalable :
Le phénomène de mise en résonance d’un système par une oscillation forcée

Chaque système (défini par ses matériaux et sa géométrie) a une « période propre
d’oscillation » : c’est celle de ses oscillations libres, jusqu’à arrêt du mouvement, après
une action unique le déplaçant (déformant) de sa position d’origine (exemple des
oscillations du punching-ball après une poussée unique). La durée de cette période,
propre au système, dépend de sa raideur, de sa masse et de la nature des liaisons entre
ses éléments et avec le « sol d’implantation ».

Lorsque ce système est mis en mouvement par une action dynamique répétée du
« sol d’implantation », si la période de cette action correspond à la période propre
d’oscillation du système, l’amplitude du mouvement du système augmente rapidement par
mise en résonance. (Exemple de la balançoire qui reçoit de petites impulsions « en
cadence » avec sa période propre d’oscillation, ce qui fait croître l’amplitude du
mouvement avec un faible apport énergétique, alors que des impulsions plus fortes, mais
de période aléatoire seraient susceptibles de la ralentir et réduire l’amplitude de ses
oscillations. N-B : L’analogie avec un oscillateur élastique déformé par les forces d’inertie
n’est pas exacte, mais l’illustration du phénomène de mise en résonance est valable)

Or, chaque site, caractérisé par ses données physiques (matériaux, géométrie des
accidents topographiques et/ou géométrie des couches de sol meuble sur le substratum),
est lui-même un système qui va amplifier (ou atténuer) les différentes périodes qui
composent le signal sismique qui lui parvient depuis la source, en le « filtrant ». Chaque
site aura donc un signal sismique propre en réponse à un séisme donné.

De même, chaque structure est un système qui possède une (ou plusieurs) période propre
d’oscillation et qui va amplifier (ou atténuer) les différentes composantes du signal propre
au site.

La « réponse » d’une structure est caractérisée par le niveau d’amplification ou


d’atténuation du mouvement sismique que le sol lui transmet. Les
constructions dont une période propre d’oscillation correspond à celle(s) qui
est (sont) amplifiée(s) par le site vont entrer en résonance avec le mouvement
propre du site d’implantation, et leur mouvement « en réponse » pourra être
multiplié par 2 et plus par rapport au mouvement de référence au rocher. C’est
un des principaux facteurs de ruine totale en cas de séisme.

La conception parasismique des structures vise, entre autres, la prévention de


l’amplification des secousses reçues du sol par la structure.

Les études de sismologie visent donc la production, entre autres outils d’aide à la
conception, de spectres de réponse, graphiques permettant à l’architecte et à
l’ingénieur qui savent les lire de prendre en considération le phénomène d’amplification
possible des secousses par la construction projetée.
Exemple de spectres de réponse réglementaires

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Lorsqu’il s’agit de mettre en oeuvre une réglementation applicable à « tout le monde » à
l’échelle d’un territoire national, quelques spectres de réponse doivent permettre de
représenter les différents séismes possibles sur tous les sites, de façon à faciliter les
études de dimensionnement des structures courantes. On réservera les études spécifiques
(et coûteuses) aux grands enjeux.

En France, les règles PS-92 (qui concernent tous les bâtiments courants situés en zone
sismique) classent les sites selon quatre types S0, S1, S2 et S3 (du plus raide –rocher
ou assimilé- au plus meuble) qui sont censés représenter tous les cas de figures.
La méthode de calcul des « ouvrages à risque normal » concernés par les règles PS-92, le
cul modal spectral, utilise le spectre de réponse en accélération du mouvement
sismique.

La « forfaitisation » des différents sites d’implantation par 4 spectres de réponse en


accélération, correspondant à 4 sites types pour l’ensemble du territoire national,
s’accompagne d’une marge d’erreur non négligeable, notamment en cas de pic
d’amplification important pour une période longue sur un sol meuble, qui peut donner des
niveaux d’accélération réelle bien supérieurs à ceux du spectre de site S3, avec un risque
d’effondrement de la structure à la clé pour estimation erronée de l’accélération de calcul.
C’est une possibilité d’échec dont la faible probabilité d’occurrence est acceptée par les
politiques de mitigation des risques par souci d’économie globale. On ne peut pas exiger
des méthodes actuellement beaucoup plus onéreuses pour l’ensemble des ouvrages à
risque normal.

Figure 14 – Exemple de spectre


réglementaire en accélération (Règles
PS-92)
On constate, ce qui est logique, que le spectre
S3 (sols meubles épais) donne des niveaux
d’accélération en réponse plus importants
pour les structures de période T élevées (>
0,5 s) que les spectres pour sols plus raides
(Mise en résonance possible des structures
flexibles par les sols souples).
Le « plateau » (réponses des plus élevées de
chaque spectre) devrait correspondre aux
périodes susceptibles d’être mises en
résonance par le sol, de façon probabiliste. Il
ne signifie pas que toutes les structures de T
correspondantes au plateau seront mises en
résonance.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 17
5. La propagation des ondes sismiques
Les milieux traversés par les ondes sismiques vont conditionner le signal du site à
construire. Pour cette raison la compréhension des modes de propagation des ondes
sismiques fait partie des domaines de recherche de la sismologie.

5.1. Lois d’atténuation


Les lois d’atténuation du mouvement sismique par les sols traversés établissent la perte
d’énergie des ondes en relation avec la distance parcourue depuis la source.
– En termes d’accélérations,
– En termes de spectres de réponse (certaines périodes s’amortissent davantage sur
la distance).

L’établissement des lois d’atténuation permet de définir l’aléa sismique


régional (ou la « violence » des secousses possibles au niveau du rocher d’un
site, d’une région), à partir de la connaissance des sources « voisines »,
proches ou lointaines (voir § 7) et des milieux traversés.

Figure 15 - Atténuation de l'énergie sismique (Document BRGM) Le schéma suivant symbolise


l’atténuation du mouvement avec la distance. Nous verrons que les conditions locales de réponse des sites
font que cette atténuation n’est pas systématique et qu’on peut avoir des amplifications locales à des
distances très importantes de l’épicentre.

5.2. Réflexion des ondes entre les couches de sols


Les ondes sismiques peuvent se trouver « emprisonnées » dans une couche supérieure de
sol meuble par réflexion entre cette couche et le sous-sol rocheux et entre cette couche et
la surface. Ce phénomène va amplifier les secousses et en prolonger la durée.
Les études géotechniques qui permettent de définir le profil des sols et détecter ce type
de problèmes font partie des investigations nécessaires pour une bonne politique de
réduction du risque sismique (voir § 7.2).
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 18
Elles permettent de détecter et qualifier ces comportements particuliers des sites définis
sous la terminologie d’effets de site, par la connaissance des caractéristiques physiques
des sols et de leur géométrie.

Figure 16 - Propagation des ondes sismiques aux limites des strates de sol (document Milan
Zacek).
Ce phénomène explique les modifications sur signal sur les différents sites, dont les effets de site sur sol
meuble.

5.3. Modification des ondes par les sites


Ainsi, le signal sismique parvenant sur chaque site pour un séisme donné est-il
sensiblement différent. C’est bien à ce signal (fréquences, amplitudes et durée) que la
construction devra résister et pas à une quantité d’énergie dépendant seulement de la
magnitude du séisme et de la distance épicentrale. Exemple :

Figure 17 - Enregistrements d'un même séisme en des points différents (Document USGS)
Ce document met en évidence les différences de niveau des accélérations et de durée du séisme
indépendamment de la distance. Ce phénomène, appelé « effet de site » est décrit sommairement au § 7.2.
Les politiques de prévention nécessitent l’identification des sites de comportements différents et leur
caractérisation par des spectres de réponse spécifiques.
5.4. L’intensité locale

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 19
5.4.1. Échelles de mesure

Mercalli a établi une échelle de mesure des effets locaux d’un séisme en 1902. Elle a été
modifiée en 1931. Elle évalue l'intensité d'un séisme sur une échelle de 12 degrés écrits en
chiffres romains (de I à XII). L’échelle de Mercalli a été précisée par la suite notamment
par Medvedev, Sponheuer et Karnik en 1964 (Echelle MSK), puis par l’European
Macroseismic Scale (EMS), actuellement utilisée en Europe. Ne pas confondre avec
l’échelle des magnitudes.

Intensité de
Effets ressentis
l'échelle de Mercalli
I Aucun mouvement n'est perçu.
II Quelques personnes peuvent sentir un mouvement si elles sont au repos et/ou
dans les étages élevés de grands immeubles.
III A l'intérieur de bâtisses, beaucoup de gens sentent un léger mouvement. Les
objets suspendus bougent. En revanche, à l'extérieur, rien est ressenti.
IV A l'intérieur, la plupart des gens ressentent un mouvement. Les objets suspendus
bougent, mais aussi les fenêtres, plats, assiettes, loquets de porte.
V La plupart des gens ressentent le mouvement. Les personnes sommeillant sont
réveillées. Les portes claquent, la vaisselle se casse, les tableaux bougent, les
petits objets se déplacent, les arbres oscillent, les liquides peuvent déborder de
récipients ouverts.
VI Tout le monde sent le tremblement de terre. Les gens ont la marche troublée, les
objets, tableaux, tombent, le plâtre des murs peut se fendre, les arbres et les
buissons sont secoués. Des dommages légers peuvent se produire dans des
bâtiments mal construits, mais aucun dommage structural.
VII Les gens ont du mal à tenir debout. Les conducteurs sentent leur voiture secouée.
Quelques meubles peuvent se briser. Des briques peuvent tomber des immeubles.
Les dommages sont modérés dans les bâtiments bien construits, mais peuvent être
considérable dans les autres.
VIII Les chauffeurs ont du mal à conduire. Les maisons avec de faibles fondations
bougent. De grandes structures telles que des cheminées ou des immeubles,
peuvent se tordent et se briser. Les bâtiments bien construits subissent de légers
dommages, contrairement aux autres qui en subissent de sévères. Les branches
des arbres se cassent. Les collines peuvent se fissurer si la terre est humide. Le
niveau de l'eau dans les puits peut changer.
IX Tous les immeubles subissent de gros dommages. Les maisons sans fondations se
déplacent. Quelques conduits souterrains se brisent. La terre se fissure.
X La plupart des bâtiments et leurs fondations sont détruits. Il en est de même pour
quelques ponts. Des barrages sont sérieusement endommagés. Des éboulements
se produisent. L'eau est détournée de son lit. De larges fissurent apparaissent sur
le sol. Les rails de chemin de fer se courbent.
XI La plupart des constructions s'effondrent. Des pont sont détruits. Les conduits
souterrains sont détruits.
XII Presque tout est détruit. Le sol bouge en ondulant. De grands pans de roches
peuvent se déplacer.

En présence d’appareils de mesure sur les sites on peut évaluer l’impact local du séisme
de façon plus objective en termes d’accélérations du sol.

Ce type d’observations post-sismiques a toujours un intérêt. Elle permet, sur les sites non
équipé d’appareils d’enregistrement, d’évaluer les accélérations par corrélations, et
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 20
d’établir à rebours la magnitude d’un séisme passé bien décrit à partir des isoséistes (voir
§ 5.6.3) et des lois d’atténuation.

Globalement un degré de plus sur une échelle des intensités


correspond au doublement des paramètres de déplacement de sol.

5.4.2. Isoséistes

Après la collecte des données locales suite à un séisme on établit les courbes isoséistes :
courbes d’égale intensité (ou égale accélération si on a des enregistrements).
La localisation et la géométrie de la source sont des facteurs déterminants des isoséistes.
Mais ce ne sont pas les seuls. Les conditions de site sont également très importantes.
Exemple :

Figures 18 - Il n'y a pas de corrélation absolue entre la distance épicentrale et les isoséistes
(documents USGS) A gauche le segment de faille rompu, à droite les isoséistes.
Pour un séisme donné, ici Taiwan en 1999, les courbes isoséistes (égale intensité locale) décroissantes
montrent que l’atténuation de l’énergie sismique ne dépend pas que de la distance, mais aussi de la source
et des sites (topographie et nature des sols). Ainsi à Taiwan les courbes isoséistes ont tout autant été
conditionnées par l’orientation du massif montagneux que par l’orientation de la faille qui a rompu.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 21
6. L’aléa sismique régional

6.1. Estimation du mouvement sismique possible « au


rocher horizontal » pour un site ou une région
Le mouvement sismique de référence, avant modification éventuelle par un site donné,
c’est à dire le niveau d’accélération possible, retenu pour calculer l’action sismique, est dit
« au rocher horizontal ». C’est à dire qu’il ne prend pas en compte les modifications
locales de signal dues à la nature du site. Il dépend de la magnitude de référence pour
chaque source régionale atténuée par leur distance au site concerné (Lois d’atténuation).

6.2. Évaluation déterministe de l’aléa sismique régional


Elle a pour but l’évaluation de l’évènement sismique le plus violent pouvant
arriver « au rocher » d’un site, d’une région, et suit la démarche suivante :
- Analyse de toutes les failles sismogènes de la région
- Identification pour chaque faille du Séisme Maximum Historiquement Vraisemblable
(SMHV) et de ses paramètres (Magnitude, profondeur focale…)
- Positionnement du SMHV sur le point de la faille le plus proche du site étudié.
- Application des lois d’atténuation pour chacun des SMHV sur les différentes failles.

L’évaluation déterministe de l’aléa sismique régional est la première étape d’une


protection « totale » des ouvrages contre les séismes. Elle est obligatoire pour les
ouvrages à risque spécial, pour lesquels non n’admet pas d’échec car, en cas de séisme
majeur leur ruine entraînerait des victimes et des pollutions sur des étendues beaucoup
plus vastes que leur emprise (Voir Ouvrages à Risque Spécial § 10.2).

Figures 19 - Cartographie du zonage sismique déterministe en France métropolitaine et aux Antilles (Documents
BRGM)
6.3. Évaluation probabiliste de l’aléa sismique régional
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 22
Pour les ouvrages à risque normal (ORN) dont les budgets sont moins élevés que ceux des
ouvrages à risque spécial (ORS), on ne peut pas demander aux populations de se protéger
contre un événement qui ne surviendra que tous les 5000 ans, même si l’événement est
susceptible de se produire « demain ». L’arbitrage économique est une règle pour tous les
risques. Par l’étude des cycles sismiques des différents domaines sismotectoniques (Lois
de fréquence-magnitude) on peut identifier la valeur de la magnitude maximum
pouvant être associée à un laps de temps choisi.

L’approche est la suivante :


- Etablissement de lois de distribution fréquence-magnitude (périodes de retour des
séismes des différentes magnitudes) basées sur les connaissances historiques.
- Le séisme historique de référence est « laissé » sur son site (et non rapproché au
point le plus proche du domaine) et pondéré par les lois d’atténuation comme
précédemment.

Le laps de temps retenu par la puissance publique pour l’application


réglementaire de ce type de zonage est un arbitrage politique dépendant des
conditions économiques. En effet, si ou retient une période plus longue, on prend en
considération des magnitudes plus élevées dont la récurrence est moindre, donc l’action
sismique de calcul sera plus élevée et le coût de la construction également plus élevé.

Figure 20 - Carte de l'aléa sismique régional probabiliste de la France métropolitaine pour une
période de retour de 475 ans (Document BRGM) Ce document ne ressemble pas du tout à la carte de
l’aléa déterministe, ce qui indique que les séismes violents possibles dans la région de Nice, de la Durance,
des Pyrénées orientales et de la région de Bâle, connus dans le passé, ont une période de retour très
longue. Ainsi, les valeurs des « accélérations nominales » (mouvement sismique « au rocher ») retenues
pour chaque région sont-elles beaucoup plus faibles, puisque les « grands séismes » plus rares ne sont pas
retenus.
6.4. Zonage de l’aléa régional: Echelle d’étude 1/1 000 000

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 23
La précision de ce type de document est de l’ordre du 1/1 000 000.

Figure 21 - Carte de l’aléa régional probabiliste des petites Antilles (Document BRGM)
L’étude de l’aléa sismique régional donne la carte d’aléa probabiliste ci-contre. On y observe bien que les
zones les plus proches de la zone de subduction ont les accélérations nominales les plus élevées. On
constate également que l’aléa est plus élevé au large de la Guadeloupe, c’est dû aux variations du pendage
de la subduction.
C’est bien sur les terres émergées (zones construites) que les valeurs estimées nous intéressent.

Réglementation française relative aux méthodes de détermination de l’aléa


sismique régional:

Pour les ouvrages à risque spécial (arrêté du 10 mai 1993) on retient pour déterminer l’aléa
régional la méthode déterministe.
Pour les ouvrages à risque normal (arrêté du 27 mai 1997) on retient pour déterminer
l’aléa régional des valeurs forfaitaires de l’accélération au rocher dépendant du zonage
réglementaire (voir § 8.21) et de la classe des bâtiments : l’accélération nominale aN. (Voir
§ 8.31)

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 24
7. L’aléa sismique local
Une fois défini l’aléa sismique régional du site à construire, et avant même d’entreprendre
la phase « esquisse » du projet, il convient, en zone de risque sismique, de vérifier
l’opportunité d’implantation du (des) bâtiment (s) sur le site retenu. En d’autres
termes, de caractériser l’aléa sismique local. C’est obligatoire pour les ouvrages à risque
spécial et souhaitable pour les autres. En effet, un séisme génère :
- Des effets directs : actions du sol sur les ouvrages, de type oscillatoire ou rejet de la
faille en surface.
- Des effets de site : modification sensible du signal par un site, pouvant amplifier les
accélérations du sol pour certaines fréquences.
- Des effets induits : grands mouvements de sol ou d’eau pouvant agir sur les ouvrages.

Figure 22 - Localisation schématique des effets possibles d’un séisme (Document Géo-Ter)

Les effets du séisme peuvent être plus ou moins destructeurs d’un lieu à l’autre, pour une
même construction, parfois à quelques mètres près. L’étude de l’aléa local permet ainsi
de préciser la part du risque liée au site d’implantation.
S’il peut être envisagé de répondre à l’action de type oscillatoire par des dispositions
architecturales et constructives appropriées, il faut éviter absolument les conséquences
des effets induits (agir sur le phénomène avant le séisme, ou implanter le bâtiment hors
zone d’effet induit).
De même, il convient de vérifier l’adéquation entre le programme et le site:
Le site lui-même peut ne pas aggraver la vulnérabilité potentielle d’un bâtiment, mais ses
voies d’accès ou ses viabilités peuvent être très vulnérables. Ce qui n’est pas acceptable
pour certaines classes de bâtiments qui ont une nécessité vitale de pérennité des viabilités
et circulations, comme les hôpitaux ou les centres de secours par exemple.
Certains problèmes de sol d’implantation ne peuvent être identifiés qu’à la suite d’études
géotechniques. D’autres peuvent être détectés par une simple observation du site sur
place et/ou la lecture des cartes géologiques régionales. Il faut néanmoins prendre l’avis
de spécialistes compétents afin de préciser l’aléa sismique local.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 25
7.1. Effets directs du séisme

7.1.1. Le mouvement « au rocher » (rappel)

C’est le mouvement régional de référence (niveau d’accélération). Il est établi de façon


déterministe ou probabiliste par les études d’aléa régional.

7.1.2. Les bouleversements topographiques à grande échelle

Heureusement assez rares, ces effets directs du séisme ne se produisent qu’en cas de
séisme superficiel de magnitude très élevée. Les variations de niveau entre les
« compartiments » situés de part et d’autre de la rupture ont atteint plusieurs mètres lors
du séisme d’Alaska (1964).
Le problème se pose pour les grandes agglomérations et ouvrages importants situés sur
des sites tectoniques associés à ce type de conditions.

Figure 23 - Séisme d’Izmit


(1999) (Document CNRS –
IPGP et SPOT Image)
Lors de ce séisme, une partie de la
commune de Gölcük a subi une
subsidence : zones teintées de bleu
vif sur l’image satellite. C’étaient
pour partie des zones urbanisées.

Figure 24 - Séisme d’Izmit,


Zone de subsidence à Gölcük
(document BRGM)

7.1.3. Le jeu d’une faille en surface


Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 26
Le risque lié au jeu d’une faille en surface (déplacement visible du sol, de part et d’autre
de la faille, en hauteur et/ou en longueur) a une probabilité d’occurrence très faible en
France. Il doit néanmoins être étudié précisément pour les ouvrages à risque spécial, et
pour les bâtiments d’intérêt stratégique (classes C et D). Les constructions qui seraient
implantées sur une faille jouant en surface verraient leurs fondations (et l’ensemble de la
par conséquent) cisaillées par ce déplacement pouvant atteindre plusieurs mètres dans
certaines régions du monde!). Actuellement ce risque, bien que faible en France
métropolitaine et aux Antilles est évalué aux Antilles. Les déplacements attendus sont
faibles (moins de 20 cm). En termes d’aléa il est traduit sur les cartes des PPR par des
bandes de neutralisation (inconstructibles), larges pour tenir compte de l’incertitude si les
études précises n’ont pas encore été entreprises.

Le jeu de la faille peut être apparent en surface si:


– La Magnitude du séisme > 5.5
– Son foyer a une profondeur < 5km

MAGNITUDE LONGUEUR DE REJET EN


RUPTURE SURFACE
5.0 3 - 4 km --
6.0 10 - 15 km ~ 20 cm
7.0 40 - 50 km 1 -2 m
8.0 200 - 300 km 4-6m
9.0 800 - 1000 km 15 - 20 m

Figure 25 - Séisme de Taiwan, 1999, rejet de faille de près de trois mètres de haut dans un bâtiment (Document
USGS)

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 27
Figure 26 - Séisme d’Izmit (Turquie, 1999), décrochement en surface de 3,70m à cet endroit
(Document AFPS)

Règles PS-92, article 4.11. Voisinage des failles


Sauf nécessité absolue, aucun ouvrage ne doit être édifié au voisinage immédiat d’une zone faillée reconnue
active, éventuellement repérée sur les Plans d’Exposition aux Risques, dits PER1; ces plans peuvent fixer la
largeur des bandes à neutraliser de part et d’autre de l’accident et, le cas échéant, des bandes dans
lesquelles il convient de prendre en compte un mouvement de calcul plus sévère.

7.2. Effets de site : amplification locale du signal sismique


Chaque site, même à équidistance du foyer sismique, a une « réponse » qui lui est propre
aux différents séismes et il modifie les ondes qui parviennent au rocher sous-jacent.
Les études permettant de qualifier les effets de site possibles avant l’arrivée d’un séisme
majeur passent par la définition de leurs caractéristiques géométriques, géomécaniques et
géodynamiques. Elles ont pour but la production de « spectres de réponse » qui
permettront à l’architecte d’identifier les structures plus vulnérables aux mouvements
locaux et à l’ingénieur de calculer l’action sismique propre au « couple sol-structure ».

Figure 27 - Séisme du 8 juin 1999 en


Martinique (Document Géo-Ter)
Les différents enregistrements du séisme
indiquent un comportement dynamique très
différent pour les différents sites
d’enregistrement. On voit que la valeur des
accélérations est très sensiblement différente
d’un site à l’autre, ainsi que la durée du séisme.
7.2.1.Topographies amplifiant l’action sismique: butte, crête, bord de
falaise

1
Actuellement Plans de Prévention des Risques (un PER approuvé vaut un PPR)

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 28
La réflexion des ondes sismiques à l’intérieur de ces reliefs peut amplifier les secousses qui
y parviennent (effet de site). Les constructions implantées sur ce type de reliefs pourront
subir une action sismique beaucoup plus importante que sur un site voisin non accidenté
s’il y a concordance des fréquences du sol et du bâtiment. S’il n’est pas envisageable de
changer d’implantation, il convient de prendre les dispositions architecturales nécessaires
(par exemple modification de la fréquence propre du bâtiment) et/ou des dispositions
constructives appropriées (résistance mécanique accrue, isolateurs, amortisseurs…)

Figure 28 - Séisme de Lambesc, 1909,


destruction des constructions situées sur la
butte de Rognes par effet de site.
(Document X)
Toutes les constructions de pierre hourdées au
mortier de chaux étaient peu résistantes. Pour ce
séisme modéré, seules celles qui étaient situées
sur la butte ont subi des accélérations assez
élevées, par effet de site, pour s’effondrer.

Figure 29 Séisme de Lambesc, 1909 Le caractère sélectif


de l'amplification des ondes sismiques sur un site est mis en
évidence par cet exemple. L’église se trouvait sur une butte
comme à Rognes. Le corps de l’église, de période propre plus
courte que celle du clocher, a été mis en résonance par les
périodes courtes du site et s’est effondré. Alors que les faibles
caractéristiques mécaniques du clocher ont « suffi » à assurer
sa résistance puisque sa « réponse » au séisme était faible en
raison de la non-concordance de sa période avec celles du sol.

7.2.2. Sol alluvionnaire de forte épaisseur amplifiant l’action sismique

La réflexion des ondes sismiques « prisonnières » à l’intérieur d’une couche de sol meuble
entre la surface et le substratum rocheux a pour conséquence d’amplifier les oscillations
de période longue. Ainsi, les constructions de période propre plutôt élevée sur les sols
meubles peuvent subir une action sismique beaucoup plus importante que sur le sol
rocheux: éventuelle mise en résonance …
S’il n’est pas envisageable de changer d’implantation, il convient d’éviter absolument la
mise en résonance du bâtiment par concordance entre la fréquence propre du site et celle
du bâtiment (ou de disposer un système amortisseur pour éviter l’amplification), et de
prendre toutes les dispositions constructives liées à ce site sensible, notamment des
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 29
fondations descendues au bon sol. Il faut noter que les spectres réglementaires ne
permettent pas toujours de prendre en compte un effet de site important sur sol meuble
et que l’ingénieur devra vérifier les hypothèses locales.

Figure 30 - Mexico 1985. (Document EQIIS – USA) Coup


de fouet sur les étages supérieurs par mise en résonance du
bâtiment et du sol.

Figure 31 - Mexico 1985 (Document NISEE-USA)


Le bâtiment du premier plan, dont les périodes propres d’oscillation (courtes) ne sont pas entrées en
résonance avec le sol, n’a pas subi de dommages bien qu’il soit apparemment très vulnérable. A l’arrière
plan on devine un immeuble plus élancé qui a lui subi des dommages importants par « coup de fouet dans
les étages » bien qu’étant vraisemblablement « mieux construit ». Il a « répondu » au séisme par des
accélérations et des déformations importantes de sa structure en raison d’une mise en résonance.

EFFETS DE SITE ET REGLEMENTATION FRANCAISE POUR LES OUVRAGES A RISQUE NORMAL


REGLES PS-92

L’article 5.2. DEFINIT L’ACTION SISMIQQUE


Le mouvement sismique de calcul de la structure est défini par les paramètres suivants :
- L’accélération « régionale ».
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 30
- Un coefficient lu sur le spectre de réponse (effet de site dû au sol),
- Un coefficient lié à la topographie τ (effet de site dû à la topographie)
- Un coefficient correctif d’amortissement ρ (énergie dissipée par la construction sous forme de chaleur)

L’article 5.21. Classe les sols


En vue de la définition des sites types et des spectres de réponse correspondants, les sols sont classés en
quatre groupes, en fonction de leurs propriétés mécaniques, comme indiqué ci-après :
- Rocher sain ;
- Groupe a : sols de résistance bonne à très bonne (par exemple sables et graviers compacts, marnes ou
argiles raides
- Groupe b : sols de résistance moyenne (par exemple roches altérées, sables et graviers moyennement
compacts, marnes ou argiles de raideur moyenne) ;
- Groupe c : sols de faible résistance (par exemple sables ou graviers lâches, argiles molles, craies
altérées, vases).

L’article 5.22. Classe les sites


Il est considéré quatre types de sites correspondant aux descriptions suivantes :
Sites S0
- sites rocheux (site de référence)
- sols du groupe a en épaisseur inférieure à 15m
Sites S1
- sols du groupe a en épaisseur supérieure à 15m
- sols du groupe b en épaisseur inférieure à 15m
Sites S2
- sols du groupe b en épaisseur comprise entre 15m et 50m
- sols du groupe c en épaisseur inférieure à 10m
Sites S3
- sols du groupe b en épaisseur supérieure à 50m
- sols du groupe c en épaisseur comprise entre 10 et 100m
Dans le cas de sites comportant des sols de type c en épaisseur supérieure à 100m, il convient de procéder
à une étude particulière en vue de la détermination d’un spectre spécifique.
Un « spectre de réponse réglementaire est associé à chaque site.

L’article 5.24. précise le coefficient d’amplification topographique


Il est tenu compte d’un coefficient multiplicateur τ dit d’amplification topographique pour les ouvrages situés
en rebord de crête. L’article précise comment le calculer (Schéma ci-après)

7.3. Effets induits par les secousses sismiques sur les sites

7.3.1. Glissements de terrains, chutes de pierres (purge)

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 31
Il convient d’éviter absolument l’implantation sur les sols potentiellement instables en
raison de la trop grande présomption de sinistre en cas de séisme car il n’existe pas de
solution constructive pour se protéger d’un glissement de terrain important.

Bord de falaise ou de talus instable

Outre les problèmes d’amplification de l’action sismique exposés ci-avant, en cas de


séisme ce type de site peut être le siège de ruptures et d’éboulements qui peuvent
entraîner les constructions qui y seraient implantées.

Figure 32 - Séisme de Kobé, 1995, (Document NISEE -


USA)
Glissement de terrain ayant entraîné la perte totale de d’un
bâtiment « parasismique » situé en bord de talus instable.

Site en pente

De la même manière, le risque est représenté par le glissement du sol vers les
constructions aval, mais également par la « régression » (progression vers l’amont de la
zone d’éboulement) vers les biens situés en amont de la zone instable. Indépendamment
de la détermination du risque de glissement des sols, il faut absolument, sur les sites
en pente, veiller à implanter les fondations sur un sol homogène (attention aux
déblais-remblais).

Pied de falaise ou de versant instable

Pour les mêmes raisons de purge potentielle de la falaise ou du versant dominant un site,
il convient d’éviter l’implantation des constructions sur les zones aval concernées par le
risque (avalanches de pierres ou coulées de boues…), dont l’étendue doit être déterminée
avec soin… Ce qui n’est pas facile.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 32
Figure 33 - Séisme du Salvador, 2001 (Document
Associated Press)
Glissement de terrain à Santa Tecla ayant entraîné la
perte totale d’un quartier (300 habitations ensevelies)
dont les constructions n’ont pas souffert des oscillations
(signal riche en périodes longues, ayant déclenché le
glissement et constructions basses de périodes courtes).
Des centaines de constructions voisines sans dommages
ont été évacuées par la suite de façon définitive.

Figure 34 - Chute de blocs (Document P. Balandier)


Cette habitation en Guadeloupe (zone sismique III) a été traversée par des blocs rocheux, situés à l’origine
en amont de la pente, sous l’effet des pluies d’un cyclone… Le séisme est un « puissant » facteur
déclenchant de purge de pentes et falaises. Il convient de procéder à cette purge avant de construire ou
d’éviter certaines implantations si la prévention ne peut être assurée par la destruction de quelques blocs.

7.3.2. Liquéfaction des terrains granulaires saturés d’eau

En cas de présence de couches de sable ou limon non cohérents à grains de faibles


dimensions (0.05 à 2 mm) et de granulométrie « déterminée » à proximité de la surface,
la présence d’eau à saturation est un facteur de déclenchement du phénomène de
« liquéfaction » en cas de secousse sismique. La violence et la durée possible du séisme
en sont des facteurs déterminants.
Dans ce cas, la « déstructuration » totale du sol peut entraîner la perte des constructions
dont la superstructure est réputée parasismique. Il faut soit descendre les fondations au
bon sol, soit traiter le sol pour lui donner les caractéristiques souhaitées, soit éviter ces
sites pour l’implantation des constructions.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 33
Figure 35 - Séisme de Caracas,
1967, (Document USGS)
« Enfoncement » d’un bâtiment dans
le sol sous l’effet d’un tassement
localisé dû au phénomène de
liquéfaction.

Le phénomène

Sous l’action des ondes P, la pression d’eau interstitielle des sols granulaires augmente et
leur fait perdre leur cohésion. Des jets d’eau et de sable remontent à la surface sous l’effet
de cette pression et sont projetés en l’air avant de retomber sous forme de cônes de
sable. Des affaissements localisés par tassement de la couche de sable, dont les grains se
« réorganisent », se produisent.
Les études géotechniques permettent d’identifier les critères de susceptibilité de
liquéfaction des sols et de détecter les zones où le phénomène pourrait se produire en cas
de séisme majeur.
A cet égard, âge du dépôt, granulométrie, saturation d’eau, et taux de contrainte cyclique
des sols sont déterminants et bien précisés par les règles PS-92.

Figure 36 - Séisme d’Izmit (1999) (Document AFPS).


Ce bâtiment sur radier s’est enfoncé dans le sol de façon non symétrique. Lorsque le centre de gravité est
sorti de la base de sustentation il a basculé. Son encastrement dans le sol a stoppé sa course. Il faut noter
qu’il n’est pas disloqué et que ses vitrages sont intacts : Les ondes S qui déforment la construction ne se
propagent pas en milieu liquide. Ce sont les ondes P, ondes de compression qui génèrent le phénomène de
liquéfaction.
7.3.3. Subsidence sur cavités
Le sol peut présenter toutes les caractéristiques apparentes d’un bon sol de fondations,
mais la présence de cavités à proximité de la surface (gypse, anciennes carrières…) peut
entraîner la ruine des constructions se trouvant au-dessus, ou au moins des désordres
sérieux sur les fondations en cas de rupture de la voûte naturelle ou artificielle sous
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 34
l’action d’un séisme. L’effondrement est brutal si la cavité est très proche de la surface, les
tassements du sol de surface plus ou moins importants dans les autres cas.
On peut difficilement envisager des investigations systématiques, mais dans les régions
minières, les zones de gypse et de karst, s’il y a la moindre suspicion, il est préférable de
procéder à des sondages et essais géophysiques avant toute décision d’implantation. Dans
le cas de cavités stabilisées et peu profondes on peut envisager de procéder à des
injections, et/ou réaliser des fondations spéciales.

7.3.4. Tsunamis
Le raz de marée (qu'on appelle du nom japonais "tsunami" dans le Pacifique) constitue un
phénomène particulièrement destructeur consécutif à un séisme. Il peut survenir plusieurs
heures après le séisme, et à des milliers de kilomètres de l’épicentre. Les Tsunamis qui
traversent le pacifique sont observés par satellite par les japonais qui lancent le cas
échéant une alerte d’évacuation des rivages.

Figure 37 - Document Université de Laval (A) Un séisme


déclenché dans la croûte océanique engendre un mouvement
oscillatoire de l'eau (vagues). Ces vagues sont à peine perceptibles
en eau profonde (moins d'un mètre d'amplitude), mais s'enflent en
eau peu profonde pour atteindre des amplitudes allant jusqu'à 30
m. La vitesse de propagation de ces vagues est de 500 à 800
km/heure et leur périodicité est de l'ordre de 15 à 60 minutes. Ainsi,
un raz de marée initié par un séisme qui se sera produit à 1000 km
des côtes viendra frapper ces côtes 2 heures plus tard. On peut
aisément imaginer l'effet destructeur de telles vagues sur les côtes
habitées. (B) A l'approche du raz de marée, il se produit d'abord un
retrait de la Mer (ce qui est de nature à attirer les curieux). (C)
Vient ensuite la première vague. (D) Celle-ci peut être suivie d'un
second retrait, puis d'une autre vague.

7.3.5. Effets d’origine humaine, problèmes urbains

D’autres effets induits par la secousse sismique sont susceptibles de provoquer la ruine
des bâtiments : propagation des incendies post-sismiques, inondations par rupture d’une
retenue d’eau, action de remblais lourds sur sols instables, purge des terrassements sans
soutènement …
Il est difficile de prétendre maîtriser tous les facteurs d’effets induits de ce type.
Cependant une discipline d’observation du site, d’investigations sur documents, et
d’études géologiques ou géotechniques en rapport avec les enjeux de la construction en
projet … et la prise de décisions politiques permettent de réduire sensiblement l’aléa lié
aux effets induits anthropiques.
Outre la problématique de l’aléa local pour un bâtiment à construire en zone urbanisée,
c’est toute la politique d’aménagement du territoire qui doit être envisagée en fonction de
l’aléa sismique : VRD, grands équipements, transports, etc.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 35
Figure 38 - Séisme de Kobé, 1995, (Document NISEE – USA)
Propagation à grande échelle d’un incendie post-sismique ayant entraîné des pertes colossales sur des
bâtiments parasismiques.

Ainsi, bien que le sujet soit complexe, et dépasse l’objet strict de la sismologie appliquée à
la construction, avec des incidences éventuellement lourdes sur la programmation et le
budget, il est souhaitable, pour une véritable démarche parasismique, de prendre en
considération l’environnement construit et sa vulnérabilité.

7.4. Microzonage de l’aléa local : Echelle d’étude 1/10 000


- Les études de microzonage sismique, réalisées par des sismologues, et des
géotechniciens sont désormais généralisées dans les régions sismiques très
peuplées…
Pour l’urbanisme parasismique, il conviendrait d’ajouter à cette cartographie les possibles
effets induits urbains : encombrements de voirie par la ruine des édifices très
vulnérables, propagation d’incendies en tissu continu, pollutions diverses… Exemples :

Figure 39 - Cartographie de aléa de


glissement de terrain et de chutes de
blocs induits par le séisme à Fort de
France (Document BRGM)

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 36
Figure 40 - Cartographie de
l’amplification topographique et
de la bande de neutralisation de
faille de Dillon à Fort de France
(Document BRGM)

Figure 41 - Microzonage des zones


à réponse dynamique homogène à
Fort-de-France. Un spectre de
réponse des structures est associé
à chaque zone. (Document BRGM)

Figure 42 Spectres de réponse


associés au microzonage spectral de
Fort-de-France (Document BRGM)
On voit également sur ce document les
spectres S0 à S3 des PS-92.

8. Le contexte légal et réglementaire français


Les textes législatifs et réglementaires suivants encadrent, entre autres textes, la
mitigation du risque sismique en France. Ils visent la protection des enjeux, et pour ce
faire arbitrent, entre autres, le niveau de prise en considération de l’aléa sismique régional
et local.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 37
8.1. Code de l’Environnement

Voté fin 2000, il codifie l’ensemble de Lois de la responsabilité du Ministère de


l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (MATE), dont celles relatives aux
risques majeurs (Loi de 1987 et Loi de 1995).

Son Titre VI encadre les risques naturels :

TITRE VI
PREVENTION DES RISQUES NATURELS

Chapitre Ier
Mesures de sauvegarde des populations menacées par certains risques naturels majeurs

Chapitre II
Plans de prévention des risques naturels prévisibles

Chapitre III
Autres mesures de prévention

Art. L. 563-1. - Dans les zones particulièrement exposées à un risque sismique ou cyclonique,
des règles particulières de construction parasismique ou paracyclonique peuvent être imposées
aux équipements, bâtiments et installations.
Si un plan de prévention des risques naturels prévisibles est approuvé dans l'une des zones
mentionnées au premier alinéa, il peut éventuellement fixer, en application de l'article L. 562-1,
des règles plus sévères.
Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités d'application du présent article.

8.2. Décrets

8.2.1. Décret n° 91-461 du 14 mai 1991,

Modifié par le décret du 13 septembre 2000 (voir plus loin)

Ce décret définit :
- Le contexte de prise en compte du risque sismique
- Le zonage sismique de la France en 5 zones
Il prévoit le cadre des deux 2 futurs arrêtés pour:
- Les Ouvrages à Risque Normal (dont la ruine ne provoque que des atteintes de proximité
immédiate). (Voir 8.231)
- Les Ouvrages à Risque Spécial (dont la ruine provoque des atteintes à l’environnement
sur des étendues importantes). (Voir 8.232)

Le zonage sismique réglementaire actuel de la France est utilisé pour application de


l’arrêté du 29 mai 1997 prescrivant l’application des règles de construction parasismique
PS-92 pour les ouvrages à risque normal (ORN). Son échelle est le canton.
Selon la zone sismique on calculera le bâtiment en lui « appliquant » des accélérations
plus ou moins violentes selon les enjeux qu’il abrite, pondérées par les données du spectre
de réponse du type de site et, s’il y a lieu, d’un coefficient topographique. La zone III, de
sismicité forte ne concerne que la Guadeloupe et la Martinique.
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 38
Les ouvrages à risque spécial (ORS), dont la ruine peut nuire à l’environnement (risque
industriel) font l’objet de règles beaucoup plus sévères (Voir § 8.232).

Figure 43 - Zonage sismique réglementaire de la France

8.2.2.Décret n° 95-1089 du 5 octobre 1995

Définit les modalités relatives aux PPR en application de la Loi Barnier - 1995 (intégrée au
code de l’environnement).

8.2.3.Décret no 2000-892 du 13 septembre 2000

Porte modification du code de la construction et de l'habitation et du décret no 91-461 du


14 mai 1991 relatif à la prévention du risque sismique.

DECRET 2000-892 du 13 septembre 2000

Art. 1er. - Le décret du 14 mai 1991 susvisé est modifié ainsi qu'il suit :

I. - L'article 1er est remplacé par les dispositions suivantes :


« Art. 1er. - Le présent décret définit les modalités d'application de l'article 41 de la loi du 22
juillet 1987 susvisée, en ce qui concerne les règles particulières de construction parasismique
pouvant être imposées aux équipements, bâtiments et installations dans les zones
particulièrement exposées à un risque sismique. »

II. - L'article 5 est complété par un alinéa ainsi rédigé :


« Les dispositions ci-dessus s'appliquent :
- aux équipements, installations et bâtiments nouveaux ;
- aux additions aux bâtiments existants par juxtaposition, surélévation ou création de surfaces
nouvelles ;
- aux modifications importantes des structures des bâtiments existants. »

III. - Après l'article 7, est inséré un article 7-1 ainsi rédigé :


« Art. 7-1. - Lorsqu'il prend en compte un risque sismique, un plan de prévention des risques
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 39
naturels prévisibles, établi en application des articles 40-1 à 40-7 de la loi du 22 juillet 1987 susvisée,
peut fixer des règles de construction plus sévères que les règles définies en application des
articles 5 et 7, en ce qui concerne notamment la nature et les caractéristiques des bâtiments,
des équipements et des installations, les mesures techniques préventives ainsi que les valeurs
caractérisant les actions de séismes à prendre en compte. »

Art. 2. - Il est créé, au chapitre II du titre Ier du livre Ier du code de la construction et de
l'habitation, une section première intitulée « Dispositions spéciales relatives à la prévention du
risque sismique », comprenant un article R. 112-1 ainsi rédigé :
« Art. R. 112-1. - Dans les zones particulièrement exposées à un risque sismique, les règles
concernant la nature et les caractéristiques des bâtiments, des équipements et des installations
et les mesures techniques préventives doivent respecter les dispositions du décret no 91-461
du 14 mai 1991 modifié relatif à la prévention du risque sismique, sans préjudice de
l'application des règles plus sévères fixées par un plan de prévention des risques naturels
prévisibles, lorsqu'il existe. »

8.3. Arrêtés

8.3.1. Arrêté du 29 mai 1997 (ORN)

Encadre la réglementation relative aux Ouvrages à Risque Normal


Abroge et remplace l’arrêté du 16 juillet 1992

En application du décret du 14 mai 1991 il précise la règle pour les ouvrages à risque
normal. Abroge et remplace l’arrêté du 16 juillet 1992 qui avait le même objet, mais dont
le niveau d’exigence demandait à être revu, par exemple remplacement des règles PS-
69/82 par les règles PS-92, clarification de l’applicabilité à l’existant, etc.). Ainsi, il :
- Redéfinit les classes A, B, C et D
- Redéfinit les constructions auxquelles s’appliquent les règles
- Rend applicables les règles PS 92 et définit les niveaux d’accélération à retenir pour
les classes B, C, D selon chaque zone.

ARRETE du 29 Mai 1997, publié au Journal Officiel du 03 Juin 1997

Relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux bâtiments de la


catégorie dite "à risque normal" telle que définie par le décret n° 91-461 du 14 Mai 1991 relatif à la
prévention du risque sismique. Les articles de cet arrêté sont :

Art. 1er - Le présent arrêté définit les règles de classification et de construction parasismique pour les
bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" en vue de l’application de l’article 5 du décret du
14 Mai 1991 susvisé mentionnant que des mesures préventives sont appliquées aux bâtiments, équipements
et installations de cette catégorie, et vise notamment l’application des règles aux bâtiments nouveaux ainsi
que, dans les conditions définies à l’article 3 du présent arrêté, à certains bâtiments existants faisant l’objet
de certains travaux de construction.

Art. 2. – I. - Classification des bâtiments


Pour l’application du présent arrêté, les bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" sont répartis en
quatre classes définies par le décret du 14 Mai 1991 susvisé et précisées par le présent article. Pour les
bâtiments constitués de diverses parties relevant de classes différentes, c’est le classement le plus
contraignant qui s’applique à leur ensemble.
Les bâtiments sont classés comme suit :
En classe A :
• les bâtiments dans lesquels est exclue toute activité humaine nécessitant un séjour de longue durée
et non visés par les autres classes du présent article ;
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 40
En classe B :
• les bâtiments d’habitation individuelle ;
• les établissements recevant du public des 4e et 5e catégories au sens des articles R. 123-2 et R. 123-
19 du code de la construction et de l’habitation ;
• les bâtiments dont la hauteur est inférieure ou égale à 28 mètres ;
• les bâtiments d’habitation collective ;
• les bâtiments à usage de bureaux, non classés établissements recevant du public au sens de
l’article R. 123-2 du code de la construction et de l’habitation, pouvant accueillir simultanément un
nombre de personnes au plus égal à 300 ;
• les bâtiments destinés à l’exercice d’une activité industrielle pouvant accueillir simultanément un
nombre de personnes au plus égal à 300 ;
• les bâtiments abritant les parcs de stationnement ouverts au public ;
En classe C :
• les établissements recevant du public des 1ère, 2ème et 3ème catégories au sens des articles R. 123-2
et R. 123-19 du code de la construction et de l’habitation ;
• les bâtiments dont la hauteur dépasse 28 mètres :
o bâtiments d’habitation collective ;
o bâtiments à usage de bureaux ;
• les autres bâtiments pouvant accueillir simultanément plus de 300 personnes appartenant
notamment aux biens suivants :
o les bâtiments à usage de bureaux, non classés établissements recevant du public au sens de
l’article R. 123-2 du code de la construction et de l’habitation ;
o les bâtiments destinés à l’exercice d’une activité industrielle ;
• les bâtiments des établissements sanitaires et sociaux, à l’exception de ceux des établissements de
santé au sens de l’article L. 711-2 du code de la santé publique qui dispensent des soins de courte
durée ou concernant des affections grave pendant leur phase aiguë en médecine, chirurgie et
obstétrique et qui sont mentionnés à la classe D ci-dessous ;
• les bâtiments des centres de production collective d’énergie quelle que soit leur capacité d’accueil ;
En classe D :
• les bâtiments dont la protection est primordiale pour les besoins de la sécurité civile et de la défense
nationale ainsi que pour le maintien de l’ordre public et comprenant notamment :
o les bâtiments abritant les moyens de secours en personnels et matériels et présentant un
caractère opérationnel ;
o les bâtiments définis par le ministre chargé de la défense, abritant le personnel et le
matériel de la défense et présentant un caractère opérationnel ;
• les bâtiments contribuant au maintien des communications, et comprenant notamment ceux :
o des centres principaux vitaux des réseaux de télécommunications ouverts au public ;
o des centres de diffusion et de réception de l’information ;
o des tours hertziennes stratégiques ;
• les bâtiments et toutes leurs dépendances fonctionnelles assurant le contrôle de la circulation
aérienne des aérodromes classés dans les catégories A, B et C2 suivant les instructions techniques
pour les aérodromes civils (ITAC) édictées par la direction générale de l’aviation civile, dénommées
respectivement 4C, 4D et E suivant l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ;
• les bâtiments des établissements de santé au sens de l’article L. 711-2 du code de la santé publique
qui dispensent des soins de courte durée ou concernant des affectations graves pendant leur phase
aiguë en médecine, chirurgie et obstétrique ;
• les bâtiments de production ou de stockage d’eau potable ;
• les bâtiments des centres de distribution publique de l’énergie ;
• les bâtiments des centres météorologiques.
II. Détermination du nombre de personnes :
Pour l’application de la classification ci-dessus, le nombre des personnes pouvant être simultanément
accueillies dans un bâtiment est déterminé comme suit :
• pour les établissements recevant du public : selon la réglementation en vigueur ;
• pour les bâtiments à usage de bureaux ne recevant pas du public : en comptant une personne pour
une surface de plancher hors œuvre nette égale à 12 mètres carrés ;
• pour les autres bâtiments : sur déclaration du maître d’ouvrage.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 41
Art. 3 - Les règles de construction, définies à l’article 4 du présent arrêté, s’appliquent dans les zones
de sismicité I a, I b, II ou III définies par article 4 du décret du 14 Mai 1991 susvisé :
1) A la construction de bâtiments nouveaux des classes B, C et D ;
2) Aux bâtiments existants des classes B, C et D dans lesquels il est procédé au remplacement total des
planchers en superstructure ;
3) Aux additions par juxtaposition de locaux :
• à des bâtiments existants de classe C ou D dont elles sont désolidarisées par un joint de
fractionnement ;
• à des bâtiments existants de la classe B dont elles sont ou non solidaires ;
4) A la totalité des bâtiments, additions éventuelles comprises, dans un au moins des cas suivants :
• addition par surélévation avec création d’au moins un niveau supplémentaire, même partiel, à des
bâtiments existants de classe B, C ou D ;
• addition par juxtaposition de locaux solidaires, sans joint de fractionnement, à des bâtiments
existants de classe C ou D ;
• création d’au moins un niveau intermédiaire dans des bâtiments existants de classe C ou D.
Pour l’application des 3° et 4° ci-dessus, la classe à considérer est celle des bâtiments après addition ou
transformation. Au cas où l’application des critères ci-dessus ne permet pas de définir sans ambiguïté la
nature des travaux d’addition ou de transformation et, notamment, d’opérer la distinction entre la
surélévation et la juxtaposition, c’est la définition la plus contraignante qui s’applique.

Art. 4. - I. - Les règles de construction applicables aux bâtiments mentionnés à l’article 3 du présent
arrêté sont celles de la norme NF P 06-013, référence DTU Règles PS 92 "Règles de construction
parasismique, règles applicables aux bâtiments, dites règles PS 92".
Ces règles doivent être appliquées avec une valeur de l’accélération nominale aN résultant de la
situation du bâtiment par rapport à la zone sismique, telle que définie par l’article 4 du décret du
14 Mai 1991 susvisé et son annexe, et de la classe, telle que définie à l’article 2 du présent arrêté, à laquelle
appartient le bâtiment.
Les valeurs minimales de ces accélérations, exprimées en mètres par seconde au carré, sont
données par le tableau suivant :
ZONES CLASSE B CLASSE C CLASSE D

Ia 1.0 1.5 2.0

Ib 1.5 2.0 2.5

II 2.5 3.0 3.5

III 3.5 4.0 4.5

II. - Pour les bâtiments appartenant à la classe B définis au paragraphe 1.1 (domaine d’application) de la
norme NF P 06-014 "construction parasismique des maisons individuelles ou des bâtiments assimilés,
règles PS-MI 89 révisées 92" et qui sont situés dans l’une des zones de sismicité I a, I b ou II, l’application
des dispositions définies dans cette même norme dispense de l’application des règles indiquées au I du
présent article.

Art. 5 - L’arrêté du 16 Juillet 1992 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique
applicables aux bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" telle que définie par le décret du
14 Mai 1991 relatif à la prévention du risque sismique est abrogé aux dates d’entrée en application du
présent arrêté telles que précisées à l’article 6 ci-dessous.
Art. 6. - Les dispositions du présent arrêté sont applicables, au plus tard, le premier jour du septième mois
suivant sa publication, aux bâtiments faisant l’objet d’une demande de permis de construire, ou d’une
demande d’autorisation au sens de l’article R. 123-23 du code de la construction et de l’habitation ou, en
dehors des cas indiqués précédemment, d’un début de travaux, à l’exception des bâtiments d’habitation
collective dont la hauteur est inférieure ou égale à 28 mètres, pour lesquels l’application des dispositions du
présent arrêté est reportée, au plus tard, au premier jour du treizième mois suivant la publication.

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 42
Art. 7. – Le directeur de la prévention des pollutions et des risques, délégué aux risques majeurs, le
directeur de l’eau, le directeur général des enseignements supérieurs, le directeur de la recherche et des
affaires scientifiques et techniques, le directeur de l’administration générale du ministère de la défense, le
directeur général de l’aviation civile, le directeur de la sécurité civile, le directeur du trésor, le directeur du
budget, le directeur du service public au ministère de l’industrie, de la poste et des télécommunications, le
directeur général de l’énergie et des matières premières, le directeur général des collectivités locales, le
directeur des affaires économiques, sociales et culturelles de l’outre-mer, le directeur de l’habitat et de la
construction, le directeur général de la santé et le directeur des hôpitaux sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 29 mai 1997

8.3.2. Arrêté du 10 mai 1993 (ORS)

Encadre la réglementation relative aux Ouvrages à Risque Spécial


Approche déterministe prenant en compte les domaines sismotectoniques
Commenté par la circulaire de la DPRM en date du 27 mai 1994.

8.4. Et l’existant ?
Commentaire de Philippe Bisch2, Président de l’Association Européenne de Génie
Parasismique, membre du GEP.
« Le GEP (Groupe d’Etude et de Propositions pour la prévention du risque sismique en
France), formé sur l’initiative de l’Administration, a pour mission de déterminer et de
proposer ce qu’il est possible de faire en matière de réglementation sismique, sur la base
des connaissances scientifiques acquises, avec pour souci de faire en sorte que les textes
réglementaires soient réellement applicables. Il a donc participé d’une manière décisive à
l’élaboration des Arrêtés visés ci-dessus.
Un problème très important, qui est un défi au GEP sur le plan technique, et à la
Puissance Publique sur le plan des décisions à prendre et actions à engager, est
l’extension du cadre réglementaire administratif et technique aux bâtiments existants,
comme le souhaite implicitement la loi Barnier.
Ceci peut être considéré sur le plan politique comme une action nécessaire pour établir
l’égalité des citoyens devant le risque. Mais une telle extension se heurte à des difficultés
techniques et économiques très importantes. La seule norme pouvant faire référence
aujourd’hui est l’ENV EUROCODE 8 partie 1.4, mais ce texte est très critiqué par de
nombreux pays (dont la France), et il est peu probable qu’il peut faire l’objet d’un DAN
applicable à court terme, et qui plus est qu’il puisse être converti en EN sans modifications
profondes, ce qui demandera quelques années. En l’absence de texte technique de
référence, on voit mal comment la volonté fort louable du Législateur pourra être mise en
pratique dans un court délai. »

8.5. Les règles PS-92, plan du contenu


PLAN DE LA NORME NF P 06 – 013 (Règles PS-92)
1. Objet, domaine d'application, conditions de validité
objet
références normatives
domaine d’application

2
Conférence annuelle des Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau, Lyon, novembre 1998
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 43
contenu
2. Détermination de la sécurité
actions et situations sismiques
objectifs de comportement
vérifications de sécurité
3. Niveau minimal réglementaire de protection - valeurs de an
zones de sismicité
classes de protection des ouvrages
valeurs de an
surclassement des ouvrages
4. Règles générales de conception
choix du site
reconnaissances et études de sol
fondations
structures
5. Définition du séisme de calcul
modélisation du mouvement du sol
définition de l'action sismique
déplacement du sol
6. Actions sismiques d'ensemble
modélisation du mouvement sismique et nature des actions à considérer
modélisation des structures
prise en compte des comportements non linéaires
combinaison des effets des composantes du mouvement sismique
notations
méthodes de calcul
7. Actions locales
éléments passibles d'un calcul forfaitaire
structures secondaires et sous-systèmes
8. Règles de vérification
combinaisons d’actions
sécurité vis-à-vis des états limites ultimes
sécurité vis-à-vis des déformations
9. Fondations
liquéfaction des sols
stabilité des pentes
dispositions techniques concernant les ouvrages de fondation
calcul des fondations profondes
vérification de la force portante
fondations sur sols substitués compactés
prise en compte de l'interaction sol-structure
10. Parois d'infrastructure et ouvrages de soutènement
règles générales
méthode de calcul simplifiée
vérifications de stabilité
vérifications de résistance
murs de soutènement isolés
11. Béton armé et béton précontraint
généralités
spécifications concernant les matériaux
dispositions constructives des éléments principaux des ossatures
dispositions propres aux murs et voiles de contreventement
dispositions propres aux dalles et diaphragmes
dispositions propres aux éléments précontraints
coefficient de comportement
vérification de sécurité des éléments principaux
dispositions propres aux éléments secondaires
12. Structures en maçonnerie

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 44
généralités
éléments structuraux
éléments non structuraux
éléments divers
13. Construction métallique
symboles utilisés
principes généraux
types de structures métalliques
coefficient de comportement des structures dissipatives
exigences relatives à la classe des sections
assemblages situés au voisinage des zones dissipatives
vérification des barres dans les zones dissipatives
14. Constructions en bois
principes généraux
assemblages
règles particulières des structures en bois
coefficients de comportement
vérifications
15. Façades légères
généralités
actions
règles de vérification
méthodes de calcul
dispositions constructives
16. Compléments relatifs aux composants préfabriqués en béton et aux structures utilisant ces composants
domaine d’application
terminologie
coefficient de comportement
dispositions relatives aux composants linéaires principaux
dispositions relatives aux planchers
dispositions relatives aux toitures des bâtiments industriels
dispositions relatives aux éléments de fondations

9. Ouvrages de vulgarisation en sismologie appliquée

Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment


Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 45

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