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Polycopie Sismologie Appliquee-Techniciens PDF
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SISMOLOGIE APPLIQUEE
SISMOLOGIE: ETUDE DES SEISMES
Figure 1 - Pour la chine ancienne, les séismes étaient dus aux soubresauts d’un poisson
chat vivant sous terre que les personnages de cette illustration tentent de maîtriser. De
tous temps les hommes ont cherché à représenter et expliquer le phénomène sismique.
1. Introduction, avertissement
2. Le phénomène sismique
2.1. Les différents mécanismes des failles actives
2.2. Notion de cycle sismique d’une faille active
2.3. La source sismique : surface de rupture sur la faille
2.4. Notion de Magnitude d’un séisme
Une partie des résultats de la recherche est directement utile à l’élaboration de stratégies
de « protection » des bâtiments et autres ouvrages contre les actions sismiques, c’est celle
qui intéresse les professionnels du bâtiment.
Or, la roche résiste moins bien en traction qu’en cisaillement et qu’en compression. Ainsi
une même roche rompra pour un niveau de contrainte plus ou moins élevé selon le
mécanisme. Ceci conditionnera donc un cycle plus ou moins rapide (voir § 2. ) et des
magnitudes plus ou moins fortes (voir § 2. ).
Faille en décrochement
(Cisaillement)
2.2. Notion de cycle sismique d’une faille active
Chaque faille a un cycle sismique qui lui est propre et qui dépend de son
mécanisme, de la vitesse de progression des contraintes, de la nature des
roches et de sa géométrie. Le cycle de retour des séismes de différentes
magnitudes obéit à des lois de probabilité. L’identification de ces lois par les
sismologues fait partie des outils de la prévention.
NBRE
MOYEN LONGUEUR DEPLACEMENT DUREE DE
SEISMES CARACTERISTIQUE SUR LE PLAN DE LA ENERGIE
MAGNITUDE ANNUEL DE LA RUPTURE RUPTURE RUPTURE LIBEREE
Il n'y a qu'une seule valeur de magnitude pour un séisme donné (hormis les
incertitudes d’évaluation). Ne pas confondre avec l’intensité locale (voir § 5. ).
Figure 4 - Coupes schématiques sur le globe terrestre (documents Université de Laval, Québec)
La lithosphère, couche solide de la surface est divisée en plaques qui se déplacent
les unes par rapport aux autres sous l’effet des courants de convection qui animent
l’asthénosphère, couche magmatique située en dessous.
Ces courants de convection dans l’asthénosphère sont générés par la forte chaleur du
noyau.
Wegener a imaginé que les continents sont les morceaux d'un seul bloc originel : la
Pangée. Il a prouvé la concordance des roches, des fossiles et autres caractéristiques de
part et d’autre des océans actuels. Des études plus récentes ont démontré comment les
déplacements se sont fait et continuent.
Il y a environ 270 millions d'années l’ensemble des terres émergées était réuni sous un
continent unique, la Pangée. La Pangée, était entourée d'un vaste océan : la Panthalassa.
Les plaques tectoniques sont en général « mixtes » et de tailles très variables : les plaques
continentales sont souvent associées dans leurs déplacements à un « morceau » de
plaque océanique.
C'est le long des limites entre plaques que l’activité sismique est la plus importante et que
la caractérisation des domaines tectoniques (voir § 3.6) doit être réalisée. Il existe trois
types de limites :
- les zones d'expansion océanique, dans lesquelles naît de la croûte océanique,
- les zones de subduction, dans lesquelles disparaît la croûte la plus dense qui
retourne dans l’asthénosphère pour y fondre,
- les zones transformantes, le long desquelles coulissent des plaques ou des
fragments de plaques sans création ni résorption de croûte.
La terre est une structure dont tous les éléments forment un grand système mu
par la thermodynamique interne.
Une partie océanique de la plaque Amérique (qui se déplace d’Est en Ouest) passe sous la
plaque Caraïbes (qui se déplace d’Ouest en Est) et va fondre dans le magma. Ce type de
limite entre plaques provoque des séismes sur le plan de friction entre les plaques (plan
de « subduction »), mais aussi dans les plaques elles-mêmes qui subissent des contraintes
et des déformations dues aux poussées opposées.
Le schéma ci-dessous distingue les différents « domaines » sismogènes.
Localiser ces domaines et leur associer des magnitudes et des cycles de
récurrence permet d’adopter une politique de prévention adaptée à la réalité.
Zone de
0
concentration B
A C
des foyers
PLAQUE CARAIBE PLAQUE AMERIQUE
peu profonds
Zone de D
concentration
100 des foyers
profonds
200
A : Sources intraplaques caraïbe en faille normale
- Les ondes P (Primaires) qui progressent en animant les particules des sols traversés en
compression/dilatation comme les mouvements des spires d’un ressort. Elles secouent les
bâtiments de haut en bas.
- Les ondes S (Secondaires) qui progressent en cisaillant le sol perpendiculairement à leur
sens de cheminement. Elles secouent les bâtiments horizontalement dans tous les sens.
Figure 11 – Représentation
schématique du mouvement des
ondes P et des ondes S (Document
Université de Laval – Québec)
Elles sont générées par l’arrivée des ondes de volume à la surface du globe. Plus le séisme
est profond, moins elles sont puissantes. Elles concernent les couches superficielles des
sols. Les ondes de surface (de Love et de Rayleigh) ont un contenu fréquentiel qui
concerne certaines structures, mais leur influence sur les constructions courantes est
négligeable.
= + +
Nécessité d’identifier le signal possible d ’un séisme sur un site avant le séisme
La concordance entre les périodes de grande amplitude des oscillations pour un sol donné
sous l’effet d’un séisme donné et les périodes propres d’oscillation d’une construction
créent des phénomènes de résonance qui peuvent multiplier les accélérations que subit la
structure par 2 ou plus. C’est un des principaux facteurs de ruine s’il n’est pas pris en
considération par le concepteur et le bureau d’études.
L’un des objets de la sismologie appliquée est d’associer à chaque site un
« outil de travail », appelé « spectre de réponse » (voir § 4.3 et 7.2), qui permet
à l’architecte et à l’ingénieur d’évaluer la possible amplification des ondes
arrivant sur le site par le bâtiment, en raison d’une mise en résonance de la
structure.
La première étape pour y parvenir est d’enregistrer les séismes des différents types de site
pour en décomposer le signal.Enregistrement des séismes
La convention internationale est d’enregistrer les mouvements dans les trois directions :
N-S, E-O et verticale.
Figure 12 - Principes schématiques des enregistrements dans les plans horizontaux et verticaux
avec des appareils « mécaniques ». (Document EOST)
On mesure les accélérations du sol dans les trois directions en fonction du temps.
La recherche des pics d’accélération possibles sur une région donnée est le premier
élément de l’évaluation du mouvement sismique pour l’application des règles de calcul
réglementaire. (En anglais PGA : Pic Ground Acceleration).
Chaque système (défini par ses matériaux et sa géométrie) a une « période propre
d’oscillation » : c’est celle de ses oscillations libres, jusqu’à arrêt du mouvement, après
une action unique le déplaçant (déformant) de sa position d’origine (exemple des
oscillations du punching-ball après une poussée unique). La durée de cette période,
propre au système, dépend de sa raideur, de sa masse et de la nature des liaisons entre
ses éléments et avec le « sol d’implantation ».
Lorsque ce système est mis en mouvement par une action dynamique répétée du
« sol d’implantation », si la période de cette action correspond à la période propre
d’oscillation du système, l’amplitude du mouvement du système augmente rapidement par
mise en résonance. (Exemple de la balançoire qui reçoit de petites impulsions « en
cadence » avec sa période propre d’oscillation, ce qui fait croître l’amplitude du
mouvement avec un faible apport énergétique, alors que des impulsions plus fortes, mais
de période aléatoire seraient susceptibles de la ralentir et réduire l’amplitude de ses
oscillations. N-B : L’analogie avec un oscillateur élastique déformé par les forces d’inertie
n’est pas exacte, mais l’illustration du phénomène de mise en résonance est valable)
Or, chaque site, caractérisé par ses données physiques (matériaux, géométrie des
accidents topographiques et/ou géométrie des couches de sol meuble sur le substratum),
est lui-même un système qui va amplifier (ou atténuer) les différentes périodes qui
composent le signal sismique qui lui parvient depuis la source, en le « filtrant ». Chaque
site aura donc un signal sismique propre en réponse à un séisme donné.
De même, chaque structure est un système qui possède une (ou plusieurs) période propre
d’oscillation et qui va amplifier (ou atténuer) les différentes composantes du signal propre
au site.
Les études de sismologie visent donc la production, entre autres outils d’aide à la
conception, de spectres de réponse, graphiques permettant à l’architecte et à
l’ingénieur qui savent les lire de prendre en considération le phénomène d’amplification
possible des secousses par la construction projetée.
Exemple de spectres de réponse réglementaires
En France, les règles PS-92 (qui concernent tous les bâtiments courants situés en zone
sismique) classent les sites selon quatre types S0, S1, S2 et S3 (du plus raide –rocher
ou assimilé- au plus meuble) qui sont censés représenter tous les cas de figures.
La méthode de calcul des « ouvrages à risque normal » concernés par les règles PS-92, le
cul modal spectral, utilise le spectre de réponse en accélération du mouvement
sismique.
Figure 16 - Propagation des ondes sismiques aux limites des strates de sol (document Milan
Zacek).
Ce phénomène explique les modifications sur signal sur les différents sites, dont les effets de site sur sol
meuble.
Figure 17 - Enregistrements d'un même séisme en des points différents (Document USGS)
Ce document met en évidence les différences de niveau des accélérations et de durée du séisme
indépendamment de la distance. Ce phénomène, appelé « effet de site » est décrit sommairement au § 7.2.
Les politiques de prévention nécessitent l’identification des sites de comportements différents et leur
caractérisation par des spectres de réponse spécifiques.
5.4. L’intensité locale
Mercalli a établi une échelle de mesure des effets locaux d’un séisme en 1902. Elle a été
modifiée en 1931. Elle évalue l'intensité d'un séisme sur une échelle de 12 degrés écrits en
chiffres romains (de I à XII). L’échelle de Mercalli a été précisée par la suite notamment
par Medvedev, Sponheuer et Karnik en 1964 (Echelle MSK), puis par l’European
Macroseismic Scale (EMS), actuellement utilisée en Europe. Ne pas confondre avec
l’échelle des magnitudes.
Intensité de
Effets ressentis
l'échelle de Mercalli
I Aucun mouvement n'est perçu.
II Quelques personnes peuvent sentir un mouvement si elles sont au repos et/ou
dans les étages élevés de grands immeubles.
III A l'intérieur de bâtisses, beaucoup de gens sentent un léger mouvement. Les
objets suspendus bougent. En revanche, à l'extérieur, rien est ressenti.
IV A l'intérieur, la plupart des gens ressentent un mouvement. Les objets suspendus
bougent, mais aussi les fenêtres, plats, assiettes, loquets de porte.
V La plupart des gens ressentent le mouvement. Les personnes sommeillant sont
réveillées. Les portes claquent, la vaisselle se casse, les tableaux bougent, les
petits objets se déplacent, les arbres oscillent, les liquides peuvent déborder de
récipients ouverts.
VI Tout le monde sent le tremblement de terre. Les gens ont la marche troublée, les
objets, tableaux, tombent, le plâtre des murs peut se fendre, les arbres et les
buissons sont secoués. Des dommages légers peuvent se produire dans des
bâtiments mal construits, mais aucun dommage structural.
VII Les gens ont du mal à tenir debout. Les conducteurs sentent leur voiture secouée.
Quelques meubles peuvent se briser. Des briques peuvent tomber des immeubles.
Les dommages sont modérés dans les bâtiments bien construits, mais peuvent être
considérable dans les autres.
VIII Les chauffeurs ont du mal à conduire. Les maisons avec de faibles fondations
bougent. De grandes structures telles que des cheminées ou des immeubles,
peuvent se tordent et se briser. Les bâtiments bien construits subissent de légers
dommages, contrairement aux autres qui en subissent de sévères. Les branches
des arbres se cassent. Les collines peuvent se fissurer si la terre est humide. Le
niveau de l'eau dans les puits peut changer.
IX Tous les immeubles subissent de gros dommages. Les maisons sans fondations se
déplacent. Quelques conduits souterrains se brisent. La terre se fissure.
X La plupart des bâtiments et leurs fondations sont détruits. Il en est de même pour
quelques ponts. Des barrages sont sérieusement endommagés. Des éboulements
se produisent. L'eau est détournée de son lit. De larges fissurent apparaissent sur
le sol. Les rails de chemin de fer se courbent.
XI La plupart des constructions s'effondrent. Des pont sont détruits. Les conduits
souterrains sont détruits.
XII Presque tout est détruit. Le sol bouge en ondulant. De grands pans de roches
peuvent se déplacer.
En présence d’appareils de mesure sur les sites on peut évaluer l’impact local du séisme
de façon plus objective en termes d’accélérations du sol.
Ce type d’observations post-sismiques a toujours un intérêt. Elle permet, sur les sites non
équipé d’appareils d’enregistrement, d’évaluer les accélérations par corrélations, et
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 20
d’établir à rebours la magnitude d’un séisme passé bien décrit à partir des isoséistes (voir
§ 5.6.3) et des lois d’atténuation.
5.4.2. Isoséistes
Après la collecte des données locales suite à un séisme on établit les courbes isoséistes :
courbes d’égale intensité (ou égale accélération si on a des enregistrements).
La localisation et la géométrie de la source sont des facteurs déterminants des isoséistes.
Mais ce ne sont pas les seuls. Les conditions de site sont également très importantes.
Exemple :
Figures 18 - Il n'y a pas de corrélation absolue entre la distance épicentrale et les isoséistes
(documents USGS) A gauche le segment de faille rompu, à droite les isoséistes.
Pour un séisme donné, ici Taiwan en 1999, les courbes isoséistes (égale intensité locale) décroissantes
montrent que l’atténuation de l’énergie sismique ne dépend pas que de la distance, mais aussi de la source
et des sites (topographie et nature des sols). Ainsi à Taiwan les courbes isoséistes ont tout autant été
conditionnées par l’orientation du massif montagneux que par l’orientation de la faille qui a rompu.
Figures 19 - Cartographie du zonage sismique déterministe en France métropolitaine et aux Antilles (Documents
BRGM)
6.3. Évaluation probabiliste de l’aléa sismique régional
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 22
Pour les ouvrages à risque normal (ORN) dont les budgets sont moins élevés que ceux des
ouvrages à risque spécial (ORS), on ne peut pas demander aux populations de se protéger
contre un événement qui ne surviendra que tous les 5000 ans, même si l’événement est
susceptible de se produire « demain ». L’arbitrage économique est une règle pour tous les
risques. Par l’étude des cycles sismiques des différents domaines sismotectoniques (Lois
de fréquence-magnitude) on peut identifier la valeur de la magnitude maximum
pouvant être associée à un laps de temps choisi.
Figure 20 - Carte de l'aléa sismique régional probabiliste de la France métropolitaine pour une
période de retour de 475 ans (Document BRGM) Ce document ne ressemble pas du tout à la carte de
l’aléa déterministe, ce qui indique que les séismes violents possibles dans la région de Nice, de la Durance,
des Pyrénées orientales et de la région de Bâle, connus dans le passé, ont une période de retour très
longue. Ainsi, les valeurs des « accélérations nominales » (mouvement sismique « au rocher ») retenues
pour chaque région sont-elles beaucoup plus faibles, puisque les « grands séismes » plus rares ne sont pas
retenus.
6.4. Zonage de l’aléa régional: Echelle d’étude 1/1 000 000
Figure 21 - Carte de l’aléa régional probabiliste des petites Antilles (Document BRGM)
L’étude de l’aléa sismique régional donne la carte d’aléa probabiliste ci-contre. On y observe bien que les
zones les plus proches de la zone de subduction ont les accélérations nominales les plus élevées. On
constate également que l’aléa est plus élevé au large de la Guadeloupe, c’est dû aux variations du pendage
de la subduction.
C’est bien sur les terres émergées (zones construites) que les valeurs estimées nous intéressent.
Pour les ouvrages à risque spécial (arrêté du 10 mai 1993) on retient pour déterminer l’aléa
régional la méthode déterministe.
Pour les ouvrages à risque normal (arrêté du 27 mai 1997) on retient pour déterminer
l’aléa régional des valeurs forfaitaires de l’accélération au rocher dépendant du zonage
réglementaire (voir § 8.21) et de la classe des bâtiments : l’accélération nominale aN. (Voir
§ 8.31)
Figure 22 - Localisation schématique des effets possibles d’un séisme (Document Géo-Ter)
Les effets du séisme peuvent être plus ou moins destructeurs d’un lieu à l’autre, pour une
même construction, parfois à quelques mètres près. L’étude de l’aléa local permet ainsi
de préciser la part du risque liée au site d’implantation.
S’il peut être envisagé de répondre à l’action de type oscillatoire par des dispositions
architecturales et constructives appropriées, il faut éviter absolument les conséquences
des effets induits (agir sur le phénomène avant le séisme, ou implanter le bâtiment hors
zone d’effet induit).
De même, il convient de vérifier l’adéquation entre le programme et le site:
Le site lui-même peut ne pas aggraver la vulnérabilité potentielle d’un bâtiment, mais ses
voies d’accès ou ses viabilités peuvent être très vulnérables. Ce qui n’est pas acceptable
pour certaines classes de bâtiments qui ont une nécessité vitale de pérennité des viabilités
et circulations, comme les hôpitaux ou les centres de secours par exemple.
Certains problèmes de sol d’implantation ne peuvent être identifiés qu’à la suite d’études
géotechniques. D’autres peuvent être détectés par une simple observation du site sur
place et/ou la lecture des cartes géologiques régionales. Il faut néanmoins prendre l’avis
de spécialistes compétents afin de préciser l’aléa sismique local.
Heureusement assez rares, ces effets directs du séisme ne se produisent qu’en cas de
séisme superficiel de magnitude très élevée. Les variations de niveau entre les
« compartiments » situés de part et d’autre de la rupture ont atteint plusieurs mètres lors
du séisme d’Alaska (1964).
Le problème se pose pour les grandes agglomérations et ouvrages importants situés sur
des sites tectoniques associés à ce type de conditions.
Figure 25 - Séisme de Taiwan, 1999, rejet de faille de près de trois mètres de haut dans un bâtiment (Document
USGS)
1
Actuellement Plans de Prévention des Risques (un PER approuvé vaut un PPR)
La réflexion des ondes sismiques « prisonnières » à l’intérieur d’une couche de sol meuble
entre la surface et le substratum rocheux a pour conséquence d’amplifier les oscillations
de période longue. Ainsi, les constructions de période propre plutôt élevée sur les sols
meubles peuvent subir une action sismique beaucoup plus importante que sur le sol
rocheux: éventuelle mise en résonance …
S’il n’est pas envisageable de changer d’implantation, il convient d’éviter absolument la
mise en résonance du bâtiment par concordance entre la fréquence propre du site et celle
du bâtiment (ou de disposer un système amortisseur pour éviter l’amplification), et de
prendre toutes les dispositions constructives liées à ce site sensible, notamment des
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 29
fondations descendues au bon sol. Il faut noter que les spectres réglementaires ne
permettent pas toujours de prendre en compte un effet de site important sur sol meuble
et que l’ingénieur devra vérifier les hypothèses locales.
7.3. Effets induits par les secousses sismiques sur les sites
Site en pente
De la même manière, le risque est représenté par le glissement du sol vers les
constructions aval, mais également par la « régression » (progression vers l’amont de la
zone d’éboulement) vers les biens situés en amont de la zone instable. Indépendamment
de la détermination du risque de glissement des sols, il faut absolument, sur les sites
en pente, veiller à implanter les fondations sur un sol homogène (attention aux
déblais-remblais).
Pour les mêmes raisons de purge potentielle de la falaise ou du versant dominant un site,
il convient d’éviter l’implantation des constructions sur les zones aval concernées par le
risque (avalanches de pierres ou coulées de boues…), dont l’étendue doit être déterminée
avec soin… Ce qui n’est pas facile.
Le phénomène
Sous l’action des ondes P, la pression d’eau interstitielle des sols granulaires augmente et
leur fait perdre leur cohésion. Des jets d’eau et de sable remontent à la surface sous l’effet
de cette pression et sont projetés en l’air avant de retomber sous forme de cônes de
sable. Des affaissements localisés par tassement de la couche de sable, dont les grains se
« réorganisent », se produisent.
Les études géotechniques permettent d’identifier les critères de susceptibilité de
liquéfaction des sols et de détecter les zones où le phénomène pourrait se produire en cas
de séisme majeur.
A cet égard, âge du dépôt, granulométrie, saturation d’eau, et taux de contrainte cyclique
des sols sont déterminants et bien précisés par les règles PS-92.
7.3.4. Tsunamis
Le raz de marée (qu'on appelle du nom japonais "tsunami" dans le Pacifique) constitue un
phénomène particulièrement destructeur consécutif à un séisme. Il peut survenir plusieurs
heures après le séisme, et à des milliers de kilomètres de l’épicentre. Les Tsunamis qui
traversent le pacifique sont observés par satellite par les japonais qui lancent le cas
échéant une alerte d’évacuation des rivages.
D’autres effets induits par la secousse sismique sont susceptibles de provoquer la ruine
des bâtiments : propagation des incendies post-sismiques, inondations par rupture d’une
retenue d’eau, action de remblais lourds sur sols instables, purge des terrassements sans
soutènement …
Il est difficile de prétendre maîtriser tous les facteurs d’effets induits de ce type.
Cependant une discipline d’observation du site, d’investigations sur documents, et
d’études géologiques ou géotechniques en rapport avec les enjeux de la construction en
projet … et la prise de décisions politiques permettent de réduire sensiblement l’aléa lié
aux effets induits anthropiques.
Outre la problématique de l’aléa local pour un bâtiment à construire en zone urbanisée,
c’est toute la politique d’aménagement du territoire qui doit être envisagée en fonction de
l’aléa sismique : VRD, grands équipements, transports, etc.
Ainsi, bien que le sujet soit complexe, et dépasse l’objet strict de la sismologie appliquée à
la construction, avec des incidences éventuellement lourdes sur la programmation et le
budget, il est souhaitable, pour une véritable démarche parasismique, de prendre en
considération l’environnement construit et sa vulnérabilité.
TITRE VI
PREVENTION DES RISQUES NATURELS
Chapitre Ier
Mesures de sauvegarde des populations menacées par certains risques naturels majeurs
Chapitre II
Plans de prévention des risques naturels prévisibles
Chapitre III
Autres mesures de prévention
Art. L. 563-1. - Dans les zones particulièrement exposées à un risque sismique ou cyclonique,
des règles particulières de construction parasismique ou paracyclonique peuvent être imposées
aux équipements, bâtiments et installations.
Si un plan de prévention des risques naturels prévisibles est approuvé dans l'une des zones
mentionnées au premier alinéa, il peut éventuellement fixer, en application de l'article L. 562-1,
des règles plus sévères.
Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités d'application du présent article.
8.2. Décrets
Ce décret définit :
- Le contexte de prise en compte du risque sismique
- Le zonage sismique de la France en 5 zones
Il prévoit le cadre des deux 2 futurs arrêtés pour:
- Les Ouvrages à Risque Normal (dont la ruine ne provoque que des atteintes de proximité
immédiate). (Voir 8.231)
- Les Ouvrages à Risque Spécial (dont la ruine provoque des atteintes à l’environnement
sur des étendues importantes). (Voir 8.232)
Définit les modalités relatives aux PPR en application de la Loi Barnier - 1995 (intégrée au
code de l’environnement).
Art. 1er. - Le décret du 14 mai 1991 susvisé est modifié ainsi qu'il suit :
Art. 2. - Il est créé, au chapitre II du titre Ier du livre Ier du code de la construction et de
l'habitation, une section première intitulée « Dispositions spéciales relatives à la prévention du
risque sismique », comprenant un article R. 112-1 ainsi rédigé :
« Art. R. 112-1. - Dans les zones particulièrement exposées à un risque sismique, les règles
concernant la nature et les caractéristiques des bâtiments, des équipements et des installations
et les mesures techniques préventives doivent respecter les dispositions du décret no 91-461
du 14 mai 1991 modifié relatif à la prévention du risque sismique, sans préjudice de
l'application des règles plus sévères fixées par un plan de prévention des risques naturels
prévisibles, lorsqu'il existe. »
8.3. Arrêtés
En application du décret du 14 mai 1991 il précise la règle pour les ouvrages à risque
normal. Abroge et remplace l’arrêté du 16 juillet 1992 qui avait le même objet, mais dont
le niveau d’exigence demandait à être revu, par exemple remplacement des règles PS-
69/82 par les règles PS-92, clarification de l’applicabilité à l’existant, etc.). Ainsi, il :
- Redéfinit les classes A, B, C et D
- Redéfinit les constructions auxquelles s’appliquent les règles
- Rend applicables les règles PS 92 et définit les niveaux d’accélération à retenir pour
les classes B, C, D selon chaque zone.
Art. 1er - Le présent arrêté définit les règles de classification et de construction parasismique pour les
bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" en vue de l’application de l’article 5 du décret du
14 Mai 1991 susvisé mentionnant que des mesures préventives sont appliquées aux bâtiments, équipements
et installations de cette catégorie, et vise notamment l’application des règles aux bâtiments nouveaux ainsi
que, dans les conditions définies à l’article 3 du présent arrêté, à certains bâtiments existants faisant l’objet
de certains travaux de construction.
Art. 4. - I. - Les règles de construction applicables aux bâtiments mentionnés à l’article 3 du présent
arrêté sont celles de la norme NF P 06-013, référence DTU Règles PS 92 "Règles de construction
parasismique, règles applicables aux bâtiments, dites règles PS 92".
Ces règles doivent être appliquées avec une valeur de l’accélération nominale aN résultant de la
situation du bâtiment par rapport à la zone sismique, telle que définie par l’article 4 du décret du
14 Mai 1991 susvisé et son annexe, et de la classe, telle que définie à l’article 2 du présent arrêté, à laquelle
appartient le bâtiment.
Les valeurs minimales de ces accélérations, exprimées en mètres par seconde au carré, sont
données par le tableau suivant :
ZONES CLASSE B CLASSE C CLASSE D
II. - Pour les bâtiments appartenant à la classe B définis au paragraphe 1.1 (domaine d’application) de la
norme NF P 06-014 "construction parasismique des maisons individuelles ou des bâtiments assimilés,
règles PS-MI 89 révisées 92" et qui sont situés dans l’une des zones de sismicité I a, I b ou II, l’application
des dispositions définies dans cette même norme dispense de l’application des règles indiquées au I du
présent article.
Art. 5 - L’arrêté du 16 Juillet 1992 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique
applicables aux bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" telle que définie par le décret du
14 Mai 1991 relatif à la prévention du risque sismique est abrogé aux dates d’entrée en application du
présent arrêté telles que précisées à l’article 6 ci-dessous.
Art. 6. - Les dispositions du présent arrêté sont applicables, au plus tard, le premier jour du septième mois
suivant sa publication, aux bâtiments faisant l’objet d’une demande de permis de construire, ou d’une
demande d’autorisation au sens de l’article R. 123-23 du code de la construction et de l’habitation ou, en
dehors des cas indiqués précédemment, d’un début de travaux, à l’exception des bâtiments d’habitation
collective dont la hauteur est inférieure ou égale à 28 mètres, pour lesquels l’application des dispositions du
présent arrêté est reportée, au plus tard, au premier jour du treizième mois suivant la publication.
8.4. Et l’existant ?
Commentaire de Philippe Bisch2, Président de l’Association Européenne de Génie
Parasismique, membre du GEP.
« Le GEP (Groupe d’Etude et de Propositions pour la prévention du risque sismique en
France), formé sur l’initiative de l’Administration, a pour mission de déterminer et de
proposer ce qu’il est possible de faire en matière de réglementation sismique, sur la base
des connaissances scientifiques acquises, avec pour souci de faire en sorte que les textes
réglementaires soient réellement applicables. Il a donc participé d’une manière décisive à
l’élaboration des Arrêtés visés ci-dessus.
Un problème très important, qui est un défi au GEP sur le plan technique, et à la
Puissance Publique sur le plan des décisions à prendre et actions à engager, est
l’extension du cadre réglementaire administratif et technique aux bâtiments existants,
comme le souhaite implicitement la loi Barnier.
Ceci peut être considéré sur le plan politique comme une action nécessaire pour établir
l’égalité des citoyens devant le risque. Mais une telle extension se heurte à des difficultés
techniques et économiques très importantes. La seule norme pouvant faire référence
aujourd’hui est l’ENV EUROCODE 8 partie 1.4, mais ce texte est très critiqué par de
nombreux pays (dont la France), et il est peu probable qu’il peut faire l’objet d’un DAN
applicable à court terme, et qui plus est qu’il puisse être converti en EN sans modifications
profondes, ce qui demandera quelques années. En l’absence de texte technique de
référence, on voit mal comment la volonté fort louable du Législateur pourra être mise en
pratique dans un court délai. »
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Conférence annuelle des Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau, Lyon, novembre 1998
Eléments de sismologie appliquée à l’usage des techniciens du bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 43
contenu
2. Détermination de la sécurité
actions et situations sismiques
objectifs de comportement
vérifications de sécurité
3. Niveau minimal réglementaire de protection - valeurs de an
zones de sismicité
classes de protection des ouvrages
valeurs de an
surclassement des ouvrages
4. Règles générales de conception
choix du site
reconnaissances et études de sol
fondations
structures
5. Définition du séisme de calcul
modélisation du mouvement du sol
définition de l'action sismique
déplacement du sol
6. Actions sismiques d'ensemble
modélisation du mouvement sismique et nature des actions à considérer
modélisation des structures
prise en compte des comportements non linéaires
combinaison des effets des composantes du mouvement sismique
notations
méthodes de calcul
7. Actions locales
éléments passibles d'un calcul forfaitaire
structures secondaires et sous-systèmes
8. Règles de vérification
combinaisons d’actions
sécurité vis-à-vis des états limites ultimes
sécurité vis-à-vis des déformations
9. Fondations
liquéfaction des sols
stabilité des pentes
dispositions techniques concernant les ouvrages de fondation
calcul des fondations profondes
vérification de la force portante
fondations sur sols substitués compactés
prise en compte de l'interaction sol-structure
10. Parois d'infrastructure et ouvrages de soutènement
règles générales
méthode de calcul simplifiée
vérifications de stabilité
vérifications de résistance
murs de soutènement isolés
11. Béton armé et béton précontraint
généralités
spécifications concernant les matériaux
dispositions constructives des éléments principaux des ossatures
dispositions propres aux murs et voiles de contreventement
dispositions propres aux dalles et diaphragmes
dispositions propres aux éléments précontraints
coefficient de comportement
vérification de sécurité des éléments principaux
dispositions propres aux éléments secondaires
12. Structures en maçonnerie