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EDITORIAL
Cette réunion fera le point sur les recherches en cours dans le La neuvième conférence ICOBTE (International conference on
domaine des inclusions fluides. Les thèmes suivants sont pro- the biogeochemistry of trace elements) sera consacrée aux
posés : interactions entre la biosphère et les réactions physiques et
- progrès dans les techniques d’analyse, études expérimen- chimiques du milieu environnant. Les thèmes suggérés sont :
tales ; - méthodes analytiques avancées : spéciation et biodisponi-
- études théoriques (relations en phase fluide, équations bilité ;
d’état) ; - déficiences en éléments traces dans la nourriture et chez
- fluides diagénétiques, fluides pétroliers, systèmes géother- l’être humain ;
maux ; - contamination par les minéraux lourds et effets anthropiques ;
- fluides du manteau et de la croûte profonde ; - aspects réglementaires et politiques de la contamination par
- dépôts minéraux, processus ignés, inclusions de produits de les métaux ;
fusion ; - réhabilitation des sites pollués ;
- fluides et tectonique ; - écotoxicologie des métaux et études de risques.
- fluides extraterrestres ; Des symposiums spécialisés traiteront :
- sujets divers : inclusions et paléoclimats, stockage des - des éléments rares dans l’environnement ;
déchets radioactifs, domaines nouveaux. - de l’influence des éléments traces dans les systèmes agri-
Avant la réunion, une excursion d’une journée permettra coles intensifs périurbains,
de visiter au col de Grimsel les métagranites et les mylo- - des méthodes de réhabilitation par cultures spécialisées ;
nites du massif de l’Aar, à minéraux hydrothermaux rares, - des applications du synchrotron en étude des éléments
et le laboratoire souterrain de Nagra (stockage des traces ;
déchets radioactifs). - des nouvelles techniques physiques d’étude ;
Après la conférence, une traversée des Alpes occidentales ita- - des produits contaminateurs dérivant du charbon et de sa
liennes (trois jours dans le val d’Aoste, le val Saint-Marcel et combustion ;
le val d’Ayas) donnera l’occasion de voir les minéralisations - de la présence de mercure naturel ou d’origine anthropique
de manganèse en faciès éclogite de Praborna, la minéralisa- dans l’environnement ;
tion orogénique à or de Brusson, et le dépôt sulfuré massif vol- - du transport et du devenir des radionucléides dans l’envi-
canogène en faciès éclogite de Servette. ronnement.
ETNA, DES ABIMES À L‘ESPACE : UNE EXPOSITION AU MUSÉE DE MINÉRALOGIE DE L’ÉCOLE DES MINES
Depuis cet été, le musée de Minéralogie de l'École des À cette occasion, un livre de 112 pages, luxueusement illus-
mines, situé dans le cadre prestigieux de l'Hôtel de tré et imprimé vient de paraître, en vente (uniquement au
Vendôme (60, Bd Saint Michel, 75006 Paris) abrite une musée), au prix de 19 euros ( + port). (contact : jacques.tou-
exposition sur l'Etna, réalisée par le personnel du musée en ret@ensmp.fr). Pour plus de renseignements, voir le site du
partenariat avec l'Observatoire de l'espace (CNES) et le Musée sur celui de l'École des mines (www.ensmp.fr).
soutien de multiples associations ou organismes (IPGP, asso-
ciation Lave, etc... ). Les aspects les plus modernes de la
recherche volcanologique sont mis en valeur, notamment les
techniques satellitaires de surveillance du risque éruptif,
mais une part importante est aussi dévolue à l'histoire. En
particulier, on montre le rôle essentiel que l'Etna a joué dans
la conception du “réseau pentagonal” d'Élie de Beaumont,
avec la présentation d'instruments ou objets de l'époque
(plan-relief, globes de Béguyer de Chancourtois), dont
beaucoup sont exposés pour la première fois. L'exposition
est prévue jusqu'à fin décembre 2006, mais (en raison de
son succès) des discussions sont actuellement en cours pour
la prolonger de quelques mois.
Dans le cadre du programme inter- on a utilisé des capteurs de pression se développant dans ces milieux
national “Momar” coordonné par repérés avec précision au fond de la extrêmes. L’étude de cet écosystème
l’IFREMER et l’INSU, deux cam- mer. Les informations obtenues ont a nécessité la réalisation d’une carto-
pagnes ont été organisées en Août été couplées avec des mesures alti- graphie 3 D autour de Lucky Strike.
2006 au sud de l’archipel des métriques par satellite de la surface En outre, des enceintes sous pression
Açores, au large du Portugal. océanique. La campagne a été com- ont été construites pour remonter en
plétée par une vingtaine de plongées surface des échantillons de cette
L’objectif de la première campagne, à bord du submersible “Nautile” en faune sans lui faire subir un change-
baptisée “Graviluck”, était la com- vue de diverses mesures (par ment brutal de pression. Les scienti-
préhension des relations existant exemple le champ de pesanteur). fiques pourront ainsi poursuivre au
entre les failles et le volcanisme. La laboratoire leurs études sur le com-
cible choisie était le volcan sous- La seconde campagne, “Momareto”, portement de ces organismes.
marin “Lucky Strike”, qui culmine à avait pour objectif de mieux
1700 m de profondeur, avec pour connaître les conditions de vie de la M. MILLET
but la mesure des mouvements verti- faune abondante (crabes, pieuvres, (Source : M. Ravaud, journal du
caux du fond océanique. Pour cela poissons, vers, gastéropodes, etc…) CNRS, n° 200, Septembre 2006)
La seconde édition du colloque “The Messinian salinity crisis revisited” qui s’est tenue à Parme (Italie) du 7 au 9 sep-
tembre 2006, a été organisée sous l’égide du RCMNS (Regional committee on mediterranean neogene stratigraphy),
de GeoSed (Italian association for sedimentary geology) et de l’université de Parme, par nos collègues des universités
de Parme et de Modène, S. Iaccarino, S. Lugli, V. Manzi et M. Roveri. Le principe d’un colloque tous les deux ans pour
faire le point de l’avancement des recherches sur la crise de salinité avait été retenu lors de la première édition qui avait
eu lieu à Corte, en 2004.
Les séances ont été suivies par plus de 80 personnes venues de nombreux pays (Allemagne, Angleterre, Espagne,
France, Hollande, Hongrie, Israël, Italie, Pologne, Russie, Suisse, USA) et 62 communications, orales ou sous forme de
posters, ont été présentées pendant ces trois journées. Les sessions étaient organisées autour de cinq thèmes principaux :
“la stratigraphie du Messinien pré-évaporitique”, “le Messinien et ses analogues récents ou anciens”, “le Lago-Mare mes-
sinien et la limite Miocène/Pliocène” et “la réponse tectonique et géodynamique à la crise de salinité messinienne” et
enfin “les scénarios de la crise de salinité messinienne”. Plusieurs conférences invitées (W.B.F. Ryan, W. Krijgsman et co-
auteurs, C.B. Schreiber, J.M. Rouchy, M. Roveri et co-auteurs) ont dressé un panorama assez complet de la question et
de l’avancement des idées. Une large place a été consacrée aux discussions qui, comme il est de coutume à propos du
Messinien, ont donné lieu à des discussions très vives, mais toujours constructives, notamment à propos des principaux
modèles interprétatifs de la crise et de la signification paléoenvironnementale de l’épisode terminal dit du Lago-Mare.
Le colloque a été précédé par une excursion de trois jours dans les bassins messiniens des Apennins septentrionaux, en
Romagne, qui a permis aux participants de prendre connaissance de l’importance des études que nos collègues italiens
mènent dans ces bassins et de voir les points-clés de la géologie du Messinien, comme la célèbre série gypseuse de
Vena del Gesso ou les dépôts gypseux resédimentés dans les bassins profonds. Les présentations ont ouvert la voie à
d’intéressantes discussions sur les similitudes et différences existant avec les séries des autres bassins messiniens, et sur
l’usage que l’on pouvait en faire pour l’interprétation de la crise à l’échelle de la Méditerranée. L’organisation de l’ex-
cursion était tout simplement remarquable et la présentation des faits, comme celle des interprétations, toujours très didac-
tique et ouvrant sur des discussions d’ordre général. Une excursion post-congrès, avait été initialement prévue en Sicile,
mais a dû être malheureusement annulée faute d’un nombre suffisant de participants.
L’ensemble des congressistes a salué la haute tenue de ce colloque que ce soit pour la qualité de l’organisation ou pour
le niveau élevé des présentations et des débats scientifiques qui ont en outre mis en évidence le dynamisme de la com-
munauté scientifique oeuvrant sur ce thème.
J.-M. ROUCHY
L’ensemble des participants à l’excursion de terrain devant l’entrée du Musée historique de l’activité minière de Perticara, au sud de la ville de Cesena
qui propose une remarquable reconstitution d’une mine de soufre, la présentation des machines, outils et équipements utilisés depuis le début de l’activité
minière, ainsi qu’un intéressant musée minéralogique.
L’atelier Subduction s’est tenu à la Société géologique de France le 26 septembre 2006 et a consisté en 3 exposés de
40 minutes suivis chacun d’une heure de débat. Marc-André Gutscher a joué le rôle de modérateur pendant la journée.
Benoît Ildefonse (coordinateur IODP-France) est intervenu en fin de matinée pour rappeler les objectifs poursuivis dans
les projets IODP, notamment ceux qui concernent les marges actives. Environ 50 participants issus des communautés de
géologues/géophysiciens marins, de modélisateurs et de géologues des chaînes.
Le premier thème, abordé par Pierre Henry, était la déformation sismique vs asismique dans les zones de subduction.
Parmi les points essentiels qui concentrent l’attention des chercheurs, on note :
- la caractérisation des processus physico-chimiques contrôlant les limites supérieure et inférieure de la zone source des
ondes sismiques pendant les séismes ;
- la compréhension des glissements “silencieux” affectant périodiquement les parties asismiques (supérieure et inférieu-
re) du plan de subduction et associées à des émissions d'ondes sismiques de faible énergie (trémeurs des subductions
chaudes et séismes trés basse fréquence des prismes d'accrétion) ;
- l’identification des processus dynamiques et de couplage fluide-mécanique et leurs conséquences à différentes échelles
de temps au cours du cycle sismique ;
- l’instrumentation sur le fond ou dans les puits de forage permettant d’observer des séries temporelles avant, pendant et
après un épisode de déformation sismique ou asismique.
Le second thème, introduit par Serge Lallemand, concernait l’apport des modèles physiques dans la compréhension de
la géodynamique des zones de subduction océanique. Les points marquants de l’exposé étaient :
- la dépendance complexe entre les processus pétrologiques (T°, P, chimie) et les processus mécaniques à l’œuvre dans
la déformation des lithosphères en convergence ;
- l’importance du couplage plaque/manteau et le développement des modèles analogiques ou numériques 3D permet-
tant de rendre compte de cette interaction ;
- l’identification des facteurs agissant dans le couplage, ou la transmission des contraintes, à l’interface entre les plaques
convergentes ;
- la caractérisation des forces de premier ordre motrices des plaques et responsables de la dynamique des interactions
dans les zones de subduction.
Le troisième thème, présenté par Jacques Malavieille, faisait le point sur les processus tectoniques qui interviennent dans
la déformation de la lithosphère lors de la subduction continentale. Parmi les points abordés, on retient :
- la caractérisation des principaux mécanismes de déformation qui interviennent dans la formation d’un prisme orogé-
nique lors du passage subduction océanique-continentale ;
- le rôle déterminant joué par les interactions tectonique-processus de surface dans la dynamique des prismes orogé-
niques (notamment pour l’exhumation des roches métamorphiques et la formation des bassins d’avant pays) ;
- la mise en évidence du rôle complémentaire du chenal de subduction (hérité de l’histoire océanique) dans l’exhumation
synconvergence des roches de ultra-haute-pression qui montrent souvent une histoire tectono-métamorphique biphasée ;
- et enfin, l’importance de l’héritage structural de la marge continentale subduite et du contexte géodynamique initial
sur les mécanismes évoqués ci-dessus.
S. LALLEMAND
Y. TAMBAREAU
Les journées d’étude d’automne de l’AGBP se sont déroulées les 21 et 22 octobre sur le thème des calcaires lutétiens,
de leur conservation en carrières souterraines et de leur mise en œuvre dans les constructions et les restaurations des
monuments, de Château-Thierry à Meaux. Ces journées faisaient suite, sur le thème de l’approche des roches dans les
monuments, aux journées de printemps (Géochronique n° 99).
La première visite fut consacrée au laboratoire de recherche des Monuments historiques, dédié aux études sur la conser-
vation et la restauration des monuments, bâtiments et objets mobiliers. Ce laboratoire, qui regroupe des chercheurs de
différentes disciplines, en particulier des géologues, est situé dans les communs du château de Champs-sur-Marne.
À Château-Thierry, l’ancien château-fort dominant la ville et ses enceintes sont construits, pour l’essentiel, en calcaire à
Ditrupa strangulata du Lutétien inférieur, meulière, calcaire lacustre et grès. Les formations lutétiennes sont visibles dans
des carrières souterraines et en particulier dans les caves Pannier, société commercialisant des vins de Champagne. La
partie visitable de ces carrières met en valeur l’aspect géologique, paléogéographique et paléontologique du Lutétien
ainsi que les méthodes d’exploitation. On peut y observer, entre les calcaires à Ditrupa de l’étage inférieur et les lam-
bourdes formant l’étage supérieur (non ouvert aux visites) des empreintes de Campanilopa (Cerithium giganteum) du
banc à verrins.
La seconde journée débuta par la visite de l’impressionnante forteresse de Fère-en-Tardenois construite pour sa partie
médiévale par Robert II, comte de Dreux et de Braine, compagnon de Philippe-Auguste et participant à la bataille de
Bouvines en 1214. Après divers avatars le château fut donné par François 1er au grand connétable Anne de
Montmorency qui fera détruire vers 1530, le logis, l’intérieur des sept tours et des courtines pour concevoir un nouveau
logis intérieur en l’honneur de la visite du roi et faire édifier une magnifique galerie enjambant le fossé et préfigurant
Chenonceaux. Ultérieurement l’ensemble fut partiellement détruit, notamment sous la Révolution pour la récupération de
matériaux de construction. Depuis 1971 une restauration est en cours sous la direction de la conservation régionale des
Monuments historiques de Picardie. Les soubassements des tours sont constitués de moellons de Grès de Beauchamp de
l’Auversien insérés entre des dalles de meulières de Brie ; les tours utilisaient les calcaires à Ditrupa ; dans les parties
édifiées par Anne de Montmorency on observe des calcaires lacustres du Marinésien, des calcaires du Banc royal et
des Bancs francs du Lutétien.
Une halte à la “hottée du Diable” près de Coincy a permis une plongée dans un paysage bellifontain : sables et grès
miroitants, chaos, enduits quartzitiques et figures d’altération. Toutefois les nombreuses traces de racines, les restes de
paléosols ont rappelé que ces formations appartiennent au niveau de Beauchamp avec le faciès de Fleurines et sont
donc d’âge bartonien.
L’examen des matériaux de construction de la cathédrale de Meaux a permis de reconnaître leurs diverses origines : cal-
caire à Ditrupa, Liais de Paris, calcaire tendre de Vareddes. De nombreuses restaurations ont été effectuées en calcaire
de diverses provenances : calcaire de Saint-Maximin et même calcaires à entroques de Savonnières (Meuse). Au cours
de la dernière visite au sanctuaire païen de la Bauve, à Meaux, fut soulignée l’importante quantité de marbres blancs
et colorés d'origines lointaines.
J. TABORIN
La revue Photo-Interprétation sous l’égide d’un comité Le volume sera remis à Jean Chorowicz au cours d’une
scientifique constitué de Jean-Paul Deroin, Claude journée scientifique organisée à Paris en janvier
Kergomard et André Simonin, publie en 2006 dix-neuf prochain. Plusieurs conférenciers seront invités à cette
articles consacrés aux applications de la télédétection occasion (renseignements concernant l’organisation de
en géomorphologie et géologie. Ces articles seront la journée : jean-paul.deroin@univ-mlv.fr ou Jean-Paul
réunis prochainement dans un volume unique proposé Deroin Université de Marne-la-Vallée, Institut Francilien
en souscription (renseignements, demande de des Sciences Appliquées, OTIG, 5 boulevard Descartes,
formulaire : catherine.duval@eska.fr ou Editions ESKA Champs-sur-Marne, 77454 Marne-la-Vallée cedex 2).
12 rue du Quatre-Septembre 75002 Paris).
Bon voyage !
Jacques-Marie Bardintzeff, Nicolas Mangold, Pierre Soléty
planète, avec une concentration plus la surface de Vénus a été soumise à sphère. L’ensemble de ces cratères
élevée le long d’Aphrodite Terra et d’importants mouvements verticaux d’impact se distribue uniformément
préférentiellement à des altitudes de et, plus localement, à des sur la surface avec une densité
2 km. Ces structures ne montrent pas mouvements horizontaux d’ampleur moyenne de 2 cratères par million de
de corrélation avec le géoïde limitée. Tout ceci semble indiquer que km2. Comme la densité de cratères
vénusien, surface équipotentielle de Vénus se caractérise comme une est faible et que leur population se
pesanteur. Plusieurs modèles sont planète mono-plaque régie par une distribue de façon homogène sur
proposés pour expliquer leur dynamique mantellique de type point l’ensemble de la surface, seul l’âge
formation, allant d’une remontée chaud avec un recyclage global absolu moyen de la surface globale
mantellique (type point chaud) à un produit de façon catastrophique pour de la planète peut être estimé à une
enfouissement annulaire des terrains expliquer la préservation de la valeur comprise entre 200 et
périphériques sous les terrains situés densité homogène de cratères 600 millions d’années, ce qui est
au centre de la corona (type d’impact sur l’ensemble de la relativement jeune. Les causes de ce
subduction). Actuellement, un modèle surface. Ce type de dynamique rajeunissement brutal restent très
évolutif semble être privilégié : pourrait être une conséquence débattues tandis qu’aucune éruption
- la déformation radiale et concen- majeure de l’absence d’eau liquide volcanique n’a été observée lors des
trique proviendrait de la remontée sur la planète. En effet, sur Terre, différentes missions spatiales, lais-
d’un diapir mantellique ; l’eau liquide est réinjectée au niveau sant planer le doute sur la continuité
- les fractures concentriques des frontières de plaques en d’une activité volcanique jusqu’à nos
résulteraient de l’expansion latérale subduction, permettant, notamment, jours. La mission européenne Venus
du diapir ; de diminuer la viscosité du manteau Express, qui a quitté la Terre le
- le fossé périphérique témoignerait terrestre. 9 novembre 2005, pourra peut-être y
de la subsidence thermique de la Environ mille cratères d’impact répondre indirectement par les
corona. météoritique sont recensés avec des mesures de teneur en composés sou-
La présence de structures diamètres s’échelonnant entre 2 et frés dans l’atmosphère vénusienne.
tectoniques, associées à des 280 km, l’absence de plus petits cra-
structures volcaniques, indique que tères étant due à l’effet de l’atmo- V. ANSAN
de volcanisme effusif semble être le plus Un cycle s’achève et une nouvelle zone Io dégage une puissance thermique de
répandu sur Io et génère des champs de active apparaît. L’alimentation en 1014 W, des centaines de fois plus intense
laves parmi les plus étendus du Système magma d’un lac de lave aussi colossal que notre Lune, un corps à la taille et à la
solaire (jusqu’à 300 km de longueur). demeure inexpliquée. densité comparable ! Une telle déperdition
d’énergie à l’intérieur du satellite est due
Enfin, certains grands volcans n’ont pas Le volcanisme est aussi responsable du aux forces de marée considérables
développé de champs de laves mais se renouvellement permanent de la surface : qu’exerce Jupiter sur Io et qui l’échauffent
distinguent par des auréoles très éten- 1 cm d’épaisseur de matériaux frais par par déformation mécanique répétée.
dues. Loki, le plus puissant volcan du sys- année, soit 10 km en un million L’étude de Io constitue un véritable moyen
tème solaire, se présente comme une d’années ! Des blocs de croûte de de remonter dans le passé des planètes tel-
gigantesque caldeira plus de deux fois quelques centaines de km2 de surface et luriques comme Vénus ou la Terre. En effet,
plus vaste que la région Île-de-France. d’une dizaine de kilomètres d’épaisseur au tout début de l’histoire de notre planè-
Entre 1979 et 2001, Loki s’est distingué se soulèvent et basculent pour former des te, la chaleur libérée par l’accrétion gravi-
par une activité volcanique d’intensité montagnes. Ces dernières, au nombre de tationnelle et par la désintégration des élé-
très variable et remarquablement pério- 115 environ, se présentent sous forme de ments radioactifs était, par mètre cube de
dique. Au maximum de ses éruptions, massifs isolés et occupent seulement 3 % matériel, comparable à celle qui prévaut
Loki dégage plus de 25 % de l’énergie des terres ioniennes. Leur hauteur varie sur Io actuellement. Par conséquent, la
thermique totale émanant de Io. Son entre 1 et 17 km avec une moyenne de Terre archaïque (de –4,0 à –3,0 milliards
plancher sombre est une croûte solide 6 km. Ces montagnes se montrent assez d’années) devait présenter certains carac-
recouvrant un gigantesque lac de lave. fragiles car, une fois dressées, elles tères ioniens comme, spécialement, le vol-
Tous les 540 jours en moyenne, une zone semblent s’affaisser très vite en se canisme à très haute température.
limitée de la croûte se fracture laissant désagrégeant. S. DOUTÉ
remonter le magma en surface. Alors que
les laves en fusion se solidifient rapide-
ment, cette zone de fracture s’est déjà
propagée un peu plus loin à la vitesse de
1 km par jour. Elle balaye et renouvelle
entièrement la caldeira en 230 jours, lais-
sant derrière elle une traînée de maté-
riaux récemment exposés à divers stades
de refroidissement. Suit une période
d’apaisement de 150 jours en moyenne
pendant laquelle la croûte s’épaissit
avant de devenir instable à cause de son
poids croissant qui l’entraîne vers le fond.
provoqué sa fissuration en surface ; nières années concernant ces structures Les structures compressives sont compo-
cette activité magmatique est peut-être ont porté sur leur géométrie, leurs sées de trois éléments principaux :
associée à une tectonique locale expul- moteurs et leurs âges. - des arches de 30 à 50 km de largeur
sant de grandes quantités d’eau en L’extension se manifeste soit par des et d’altitude inférieure à 50 m ;
parallèle à de grandes quantités de failles normales délimitant des grabens - des rides de 4 à 7 km de largeur et de
laves. Si ces terrains ne sont datés que étroits (inférieurs à 5 km) et segmentés 200 à 300 m d’altitude, généralement
de quelques dizaines de millions d’an- (100 km) soit par des rifts à structure asymétriques et segmentées en tron-
nées (1 % de l’âge de la planète), complexe d’une largeur pouvant çons de 50 à 100 km ;
c’est bien que Mars ne peut pas être atteindre 100 km pour des profondeurs - des crénulations se superposant aux
considéré comme un corps géologi- de l’ordre de quelques kilomètres. Le rides dans leur partie la plus élevée.
quement mort. déplacement horizontal produit par ces Les données topographiques et les
failles peut être estimé : images à haute résolution ont permis
Cette conclusion est renforcée par les - à partir du dénivelé en postulant un de démontrer que ces rides sont des
datations des volcans géants Olympus pendage de 60° ; plis sur rampe et que les crénulations,
Mons et Arsia dont les caldeiras mon- - ou bien, plus directement, à partir de parfois associées à des grabens
trent des âges relativement jeunes (100 la géométrie des cratères d’impact d’extrados, sont produites par du
à 200 millions d’années) à partir des affectés par ces failles. glissement flexural de matériel lité. Le
images HRSC (High Resolution Stereo Les deux types de mesures sont géné- niveau de décollement encaissant le
Camera). Ces grands volcans ont pro- ralement en désaccord. Les valeurs de déplacement en profondeur pourrait
bablement commencé à se former il y a déplacement estimées par la topogra- alors être la transition fragile ductile
un ou deux milliards d’années mais phie sont de 30 à 50 % inférieures aux médio-crustale, un toit de pergélisol en
leurs caldeiras et les derniers épisodes valeurs mesurées à partir de la défor- profondeur ou un niveau évaporitique.
d’effusion de laves semblent bien plus mation des cratères. Ceci pourrait indi- La quantité de raccourcissement pour
récents. Ainsi, même si ces activités vol- quer la présence de structures non per- une ride étant estimée comprise entre
caniques ne sont que des phénomènes ceptibles sur les données actuelles. 50 et 400 m, la déformation en
très localisés dans l’espace et le temps,
on ne peut exclure que d’autres épan-
chements volcaniques puissent se pro-
duire dans le futur. Il est également pos-
sible que la présence de molécules de
méthane dans l’atmosphère puisse être
la conséquence d’échappement de
gaz volcaniques actuels.
N. MANGOLD
La surface d’Europe se caractérise par sont des candidats possibles mais de Ganymède présente une surface très
l’aspect très pur de la glace, un faible nombreuses autres interprétations peu- contrastée avec un mélange de ter-
nombre de cratères d’impact, une vent être envisagées (glace altérée, rains jeunes et plus anciens qu’il est
quasi-absence de relief et de très nom- argiles, etc.). Enfin, Europe possède impossible de dater précisément. Les
breuses figures tectoniques complexes une atmosphère extrêmement ténue figures tectoniques observées sont
qui suggèrent une intense activité pas- principalement constituée d’oxygène, franchement différentes de celles
sée ou présente. Ces observations per- issue du bombardement de la surface découvertes sur Europe. On retrouve
mettent d’affirmer que la surface glacée par les particules gravitant dans des structures proches de ce que l’on
d’Europe est jeune. Il est aussi généra- le système jovien. connaît sur Terre (boucliers glacés
lement admis que cette surface a été issus d’anciens volcans, canyons,
formée sur une durée très courte, suite rides, figures d’élongation et de
à un événement tectonique majeur. compression associées à un dépla-
Néanmoins, il n’est toujours pas pos- cement de plaques). Ganymède pré-
sible d’en donner un âge précis : les sente de plus la particularité de pos-
interprétations vont de quelques cen- séder une atmosphère et un champ
taines de milliers à plusieurs millions magnétique propres. L’atmosphère,
d’années. La composition de la surface très ténue, est due au bombardement
est aussi controversée : s’il est vrai que de la surface glacée par les parti-
la majeure partie est constituée de cules du champ magnétique de
glace d’eau, de nombreuses zones Jupiter ce qui dissocie les molécules
paraissent être de nature différente. d’eau en surface en hydrogène et
Ces régions non glacées sont principa- oxygène. Ces éléments sont alors
lement trouvées dans les zones de frac- ionisés rapidement par le rayonne-
ture et les cratères d’impact, ce qui sug- ment UV du soleil et les particules
gère un matériau profond remonté par Le satellite Europe vu en image fausses chargées arrivant vers la surface du
les processus tectoniques ou volca- couleurs. Les zones bleutées correspondent satellite. Le champ magnétique de
niques. L’epsomite (sulfate de magné- à de la glace pure tandis que les zones Ganymède piège ces ions autour de
sium hydraté), le natron (carbonate de rougeâtres indiquent un matériau silicaté. la surface formant alors une atmo-
sodium hydraté) et l’acide sulfurique (NASA/Galileo) sphère riche en ozone.
Structure interne des satellites de glaces : les couches liquides de Ganymède et Callisto reposent sur un épais manteau de glace de hautes pressions
et non sur un manteau silicaté. Bien que représenté sur la figure, le noyau métallique d’Europe n’est pas certain. (NASA/Galileo)
Callisto possède une surface très vieille d’ions dans une couche d’eau liquide obtenues par Galileo suggèrent forte-
et très cratérisée qui est recouverte par sous la surface. Les contraintes appor- ment la présence de couches liquides,
des poussières. La glace n’est visible tées sur Ganymède sont du même type. ce ne sont pas des preuves. Démontrer
que dans les cratères d’impact les plus L’épaisseur de la couche d’eau est d’au l’existence de l’océan d’Europe est un
jeunes. A haute résolution, la surface moins 800 kilomètres. L’existence d’un objectif prioritaire des futures missions
présente des terrains disséqués par un champ magnétique propre suggère que vers Jupiter.
processus d’érosion qui correspond Ganymède possède un noyau de fer
probablement à la sublimation de la mais sa taille reste mal définie (entre Enfin, il convient de bien distinguer
glace. La densité des cratères suggère 400 et 1 300 km). Quant à Callisto, le Europe des deux autres lunes. L’océan
que cette croûte est vieille de plusieurs manteau d’eau est similaire à celui de d’Europe serait directement en contact
milliards d’années, ce qui fait de Ganymède. Son moment d’inertie élevé avec les silicates. Si l’on suppose
Callisto un satellite d’âge lunaire. Parmi suggère que le noyau est encore mal qu’une activité volcanique y est possible
ces cratères, un énorme impact multi- différencié. Cette caractéristique éton- (comme sur Io), alors la base de l’océan
ring, Valhalla, découpé en plus de nante reste pour le moment inexpliquée. présente toutes les caractéristiques des
20 anneaux sur 3 000 km de dia- zones de dorsale terrestre où de la vie
mètre, est le plus gros impact connu du Le principal attrait des lunes de Jupiter a été détectée. C’est ce qui rend Europe
système solaire. est la possible existence d’eau liquide ! si attractive. Sur Ganymède et Callisto,
Bien que la température de surface soit l’océan ne peut pas être en contact
Des océans sous la glace très froide, il n’en est pas de même à avec les silicates parce que l’eau se
Connaître la structure interne d’une pla- quelques kilomètres de profondeur. Le transforme obligatoirement en glace de
nète ou d’un satellite est un exercice dif- chauffage radioactif des silicates, haute pression en profondeur : aucune
ficile. Sur Terre, de considérables avan- auquel s’ajoute le chauffage dissipatif comparaison avec la Terre n’est conce-
cées ont été faites grâce à la sismologie dû aux forces de marée (très important vable dans ce cas.
mais cette technique n’a jamais été utili- pour Europe) fait que la température
sée ailleurs excepté pour la Lune. sous la couche glacée peut approcher La mission Galileo a apporté une quan-
Galileo a cependant apporté des 0°C. De plus, la glace voit sa tempéra- tité extraordinaire d’informations qui
contraintes sur les lunes joviennes grâce ture de fusion diminuer avec la pression permettent aujourd’hui d’avoir une très
aux mesures des moments d’inertie et (cette particularité est à l’origine des bonne connaissance de la surface des
des champs magnétiques. Europe est lacs antarctiques terrestres enfouis sous lunes de Jupiter mais aussi une certaine
un corps bien différencié : en dessous la glace tel le lac Vostok). Enfin, la com- idée de leur structure interne. Beaucoup
d’une épaisse couche d’eau de 60 à position des glaces cométaires et des de questions restent cependant en sus-
100 kilomètres d’épaisseur, le noyau éléments non glacés trouvés à la surfa- pens telles la composition précise des
peut être constitué de silicates riches en ce des lunes suggère que les glaces zones non glacées d’Europe, les carac-
fer ; ou alors il existe une différenciation incorporent des constituants qui dimi- téristiques et les sources des champs
en un manteau de silicates et un noyau nuent la température de fusion. La magnétiques sur Europe et Ganymède
de fer ; il n’est pas possible à ce jour de conjugaison des ces trois facteurs rend et surtout l’existence des couches
savoir quel modèle est le plus probable. probable la présence de couches liquides. L’océan profond d’Europe, s’il
Le champ magnétique induit mesuré liquides. Il n’existe cependant aucune existe, présente des analogies frap-
autour d’Europe ne permet pas de tran- preuve tangible de l’existence de ces pantes avec certaines zones des
cher car il peut être généré, soit par un “océans profonds” : si les données océans de la Terre.
noyau de fer, soit par les circulations magnétiques et les images de surface O. GRASSET
Géochronique n°100, 2006 33
Dossier
Titan : un monde à part
Les découvertes de Cassini-Huygens
Avec ses 2 575 km de rayon, Titan est
la plus grosse lune de Saturne. Situé à
1,22 million de kilomètres de Saturne,
Titan y tourne en orbite synchrone avec
une excentricité de 2,9 % et effectue
une révolution en un peu moins de
16 jours. Mais sa caractéristique prin-
cipale est la présence d’une atmosphè-
re d’une densité proche de celle de la
Terre, composée principalement de di-
azote (N2). La seconde molécule la plus
abondante est le méthane (CH4) qui a
la particularité d’être photo-dissocié et
transformé de façon irréversible en
éthane et autres composés. Il devrait
donc disparaître en 10 millions d’an-
nées environ de l’atmosphère de Titan.
Dans cette atmosphère, de nombreuses
réactions entre les différents consti-
tuants issus de la photo-dissociation du
méthane conduisent à la formation
d’aérosols. La présence de ce gaz, qui
absorbe la plus grande partie du flux
solaire et des aérosols qui diffusent les
photons non captés par le méthane, Reprojection des observations de la surface de Titan obtenue par la caméra hyperspectrale VIMS
masque la surface solide de Titan dans obtenues entre le 26 Octobre 2004 et le 31 Janvier 2006.
les longueurs d’onde de la lumière
visible. Parmi les objectifs de la mission
Cassini-Huygens figurent la découverte tion de 350 m/pixel, et surtout d’un coup moins diffuser la lumière. Le
de la surface de Titan, l’étude géolo- atterrisseur (le module européen meilleur compromis est obtenu à
gique et la compréhension des méca- Huygens s’est posé à la surface de 2,03 µm. Mais d’autres fenêtres d’ob-
nismes physico-chimiques d’approvi- Titan le 14 janvier 2005) qui a fourni servation existent à 2,7 µm et à 5 µm
sionnement en méthane de son atmo- une vérité terrain tant par les mesures en particulier. A partir de 20 000 km
sphère. effectuées durant la descente dans l’at- de la surface, le spectro-imageur VIMS
mosphère que par les images prises sur permet d’obtenir des images de
Pour parvenir à ces objectifs, la mission le lieu d’atterrissage. Les images de la meilleure résolution, pouvant atteindre
NASA/ESA Cassini-Huygens est équi- surface de Titan peuvent être obtenues en théorie une précision de 250 m par
pée de plusieurs instruments qui son- par trois instruments : la caméra ISS, pixel lorsque Cassini passe au plus
dent l’atmosphère dans différentes l’imageur hyperspectral VIMS et le proche de Titan (à 1 000 km de sa sur-
gammes de longueurs d’ondes, d’un radar. La caméra ISS a une excellente face).
imageur radar, pour qui l’atmosphère résolution spatiale mais ne peut obser-
est transparente et qui peut obtenir des ver la surface de Titan que dans son Observations
images de la surface avec une résolu- canal infrarouge à 0,93 µm. A cette Cassini a montré que la surface de Titan
longueur d’onde, la diffu- est constituée de terrains clairs et
sion atmosphérique est sombres dont la réponse spectrale est
encore très importante, ce quasi-identique à l’amplitude près. Sur
qui réduit la taille minimale la zone équatoriale sombre, la
des détails que peut première image haute-résolution
résoudre cette caméra à obtenue par VIMS suggère la présence
environ 10 km. Par contre, d’un dôme avec des extensions vers
l’imageur hyperspectral l’ouest qui pourraient être liées à une
VIMS, qui a une résolution activité cryovolcanique. Les différentes
intrinsèque moins bonne, régions ne sont pas vues de la même
permet d’observer la surfa- manière par le radar et VIMS. Ceci a
Spectre de réflectance caractéristique de la surface de Titan ce dans les quelques été notamment démontré dans la zone
(rouge). Le spectre en bleu est un spectre de glace d’eau pure, fenêtres infrarouges où le d’atterrissage de Huygens. En effet,
illustrant le fait que la surface de Titan doit être recouverte méthane est transparent et VIMS est sensible principalement aux
d’un composé qui n’est pas de la glace d’eau pure mais la taille des aérosols suffi- variations de composition et de taille de
probablement un mélange de plusieurs composés samment petite pour beau- grains, alors que le radar est surtout
34 Géochronique n°100, 2006
Dossier
sensible aux variations de rugosité et méthane dans l’atmosphère de Titan.
de la constante diélectrique des L’absence d’océans et la découverte
terrains. Il est également probable des rivières asséchées et de dômes
que la différence entre les images soit qui pourraient être d’origine
liée au fait que VIMS apporte une volcanique font penser que le
information sur les premiers microns méthane pourrait sortir lors
de la surface alors que le radar d’éruptions cryovolcaniques, engen-
pénètre de plusieurs centimètres. Par drant un excès de ce gaz dans
comparaison avec les spectres de l’atmosphère, phénomène à l’origine
glace d’eau, on peut dire que les de pluies de méthane et de formation
quelques premières dizaines de de rivières. La courte durée de vie du Réseaux de vallées d’apparence fluviatiles
microns de surface ne sont pas méthane dans l’atmosphère de Titan révélés lors de la descente de la sonde
composées de la molécule H2O pure, expliquerait le rapide assèchement Huygens dans l’atmosphère.(ESA/NASA)
mais qu’on est plutôt en présence d’un des rivières formées. Des modèles
mélange entre différents composés. récents de l’évolution de la
dynamique interne de Titan suggèrent
Les trois instruments ont montré que ce satellite aurait eu 3 phases au
l’existence de cratères d’impact, mais cours desquelles les clathrates de
leur densité est faible, ce qui prouve méthane (molécules de méthane obtiendra d’ici la fin de la mission
que la surface de Titan a été remaniée piégées dans des cages constituées en 2008 (ou en 2010 si elle est
par des processus volcaniques et/ou par des molécules d’eau) auraient été prolongée).
tectoniques depuis sa formation. Il déstabilisés et auraient permis
existe aussi sur Titan des processus de l’extraction du méthane de l’intérieur Avant l’arrivée de la sonde Cassini-
transport et d’érosion. La sonde vers l’atmosphère. La première phase Huygens dans l’environnement de
Huygens a montré que les terrains est consécutive à l’accrétion et à la Saturne, il était admis qu’un océan
clairs étaient entaillés par ce qui est différenciation de Titan. La deuxième d’hydrocarbures recouvrait la surface
interprété comme des lits de rivières phase correspond à l’initiation de la de Titan. Les images obtenues par le
asséchées. Il est très probable que le convection dans le noyau de silicates, radar, la caméra ISS, la caméra
liquide à l’origine de ces rivières soit qui engendre une augmentation du hyperspectrale VIMS et les
le méthane qui a dû recouvrir à une flux de chaleur déstabilisant les informations rapportées par la sonde
certaine période les terrains sombres. clathrates contenus dans la croûte de Huygens ont prouvé qu’il n’y avait
Quelques zones sombres découvertes glace externe. Cette deuxième phase pas de très grands océans. Par
lors du survol 18 ont cependant été se serait déroulée il y a 2 milliards contre, ces premières données
interprétées comme des possibles d’années environ. La troisième phase montrent qu’un liquide, sans doute
petits lacs de méthane encore remplis serait encore active actuellement et des hydrocarbures, s’est écoulé dans
de liquide. D’autre part, le radar a mis est liée au refroidissement de Titan, à le passé. La très faible densité de
en évidence des structures allongées l’épaississement de la croûte de glace cratères d’impact suggère que la
sombres qui sont interprétées comme et aux processus de convection dans surface de Titan est jeune. De plus,
des dunes, par analogie avec des cette croûte de glace. Ce modèle sera les premières images ont montré des
structures terrestres. Le matériel qui confirmé (ou infirmé) par les futures structures géologiques indiquant une
compose ces dunes n’est pas observations que la sonde Cassini activité de surface importante. Les
déterminé. On peut penser à des dômes, dont l’origine cryo-
grains de glace d’eau. Il est volcanique est encore à démontrer,
intéressant de remarquer que Mars et nous suggèrent que le méthane
Titan présentent des similarités au s’échappe de l’intérieur de Titan où il
niveau de l’altération de surface : sur est piégé sous forme de clathrates.
ces deux planètes, des rivières ont Les premières analyses permettent de
existé dans le passé et des dunes mieux cibler les futures observations
recouvrent une partie de la surface. Si afin de mieux comprendre l’évolution
les processus physiques sont de Titan. Avec seulement 18 survols
similaires, les matériaux sont eux très effectués (en date de septembre
différents : le méthane sur Titan joue le 2006) sur un total de 44 planifiés,
rôle de l’eau sur Mars et la glace Titan devrait bientôt nous dévoiler
d’eau sur Titan (où il fait –180°C en une partie de ses nombreux mystères,
surface) joue le rôle des silicates sur dont celui de lacs d’hydrocarbures
Mars. découverts récemment par le radar
de la sonde Cassini à proximité du
Modélisation pôle Nord.
Avant la mission Cassini, on Dôme de glace sur Titan pouvant être
supposait qu’un océan l’expression d’un cryovolcan Ch. SOTIN,
d’hydrocarbures était à l’origine du (Sotin et al., 2005). S. LE MOUÉLIC, S. RODRIGUEZ
La surface de Titan révélée par Huygens Fraction molaire du méthane en fonction de l’altitude, mesurée par le GCMS de la sonde Huygens.
(ESA/NASA/JPL) (Niemann et al., 2005, Nature, 438, 779)
Image THEMIS de nuit montrant des réseaux de Image MOC du delta présumé de NW Holden crater. Le gros plan montre des chenaux inversés
vallées recoupées par les canyons de Valles avec une structure de méandre. (MOC/MSSS/NASA)
Marineris. (THEMIS/ASU/NASA)
LE MERCURE REMONTE
La planète Mercure possède deux de 4 milliards d’années en raison de une pierre angulaire de son pro-
particularités uniques dans le systè- la saturation des terrains anciens en gramme d’exploration du système
me solaire : une synchronisation de cratères, que certains interprètent solaire à travers la mission Bepi-
son orbite avec une journée mercu- comme l’effet d’un épisode de bom- Colombo. Cette mission est en effet
rienne qui représente les 2/3 d’une bardement météoritique terminal, très dense, avec deux sondes munies
année, soit trois rotations en deux mais dont l’existence est très débat- d’instruments d’imagerie (en visible,
révolutions, et de fortes variations tue. Mercure est donc un terrain IR, UV, X, Neutron et Gamma), d’un
entre les températures de surface idéal pour comprendre l’environne- altimètre laser et d’une batterie d’ins-
diurne, de 420°C, et nocturne, de ment planétaire du premier milliard truments pour les mesures magné-
–170°C. Mercure est une planète d’années. tiques et de plasmas. Après pas mal
intéressante également par sa proxi- La surface de Mercure est déformée de déboires programmatiques,
mité avec le soleil (entre 46 et 70 par des structures ridées qui la tra- “Bepi” est annoncé pour un décolla-
millions de kilomètres), ce qui en fait versent et qui recoupent les cratères ge en 2014 et une arrivée en 2019,
un laboratoire idéal pour les interac- à la manière de failles chevau- soit près de 50 ans après Mariner.
tions entre corps solides et vent solai- chantes (voir figure p. 43). Ces struc- Ce lancement tardif a pour consé-
re. Mercure a été survolé, en 1974, tures seraient, pour les uns, les quence que la mission concurrente
par la sonde Mariner 10 peu de témoins d’une contraction thermique de la NASA (Messenger) arrivera
temps après que cette dernière ait globale, pour les autres, un effet col- autour de Mercure bien avant l’euro-
survolé Vénus. Les images de cette latéral de l’énorme bassin d’impact péenne (2010), tout en ayant été
sonde montrent une surface forte- Caloris. Cette question, comme conçue postérieurement… La NASA
ment cratérisée témoignant de l’ab- beaucoup d’autres, est restée sans devrait donc doubler l’ESA pour la
sence d’activité géologique depuis réponse car Mariner 10 n’a pu ima- cartographie de la face inconnue,
plus de 3 milliard d’années. Ceci en ger que 45 % de la surface. mais Bepi-Colombo aura une orbite
fait un terrain d’exploration idéal Longtemps oubliée au fond des pla- plus basse et un transfert de données
pour les mesures de flux d’impacts et cards des agences spatiales au pro- bien meilleurs que Messenger, ce
les théories du bombardement primi- fit de Mars ou Vénus, la planète qui lui promet une belle moisson de
tif. En effet, l’interprétation des don- Mercure est revenue dans la course découvertes.
nées lunaires est ambiguë au delà spatiale depuis que l’ESA en a fait N. MANGOLD
G. DROMART
Les résultats ont été dans la moyenne des années précédentes, ce qui prouve
que la planétologie a bien trouvé sa place.
J.-M. BARDINTZEFF
Grâce au logiciel libre World Wind, repérez-vous sur la Lune, Mars ou Vénus
Quand vous lirez les articles de ce numéro de Géochronique sur les planètes, vous tomberez souvent sur des citations
de lieux identifiés par des noms étranges : si la mer des Tempêtes ou la mer de la Tranquillité sont depuis longtemps
connues sur la Lune, on sait moins où se trouvent sur Mars Valles Marineris ou le dôme de Tharsis ; quant à Aphrodite
Terra ou Beta Regio, il faut être un être observateur initié ou un esprit curieux pour les placer sur Vénus.
Il vous est possible, depuis le mois de mai 2006, de situer tous les lieux décrits et toutes les photographies présentées
sur un planisphère de la Lune, de Mars ou de Vénus : la NASA diffuse en effet par Internet un logiciel libre qui vous
permet de visualiser les globes de notre satellite et de nos deux planètes sœurs ; ce logiciel vous permet aussi d’obser-
ver la planète Jupiter et -cela en vaut aussi la peine! -notre propre monde, la Terre.
World Wind vous offre de nombreuses possibilités interactives : zoom avant et arrière, déplacement sur la surface et
rotation du globe pour centrer le lieu recherché, zones d’atterrissage et noms des différentes sondes planétaires, vues
colorisées et mises en relief selon les données fournies par leurs instruments, options cartographiques, telles que grilles
de coordonnées…
World Wind est aisément téléchargeable depuis plusieurs adresses Internet, dont celle de la NASA: http://world-
wind.arc.nasa.gov/. Il est également plutôt simple à utiliser à partir de la barre d’outils et des icônes : comme le note
le site de la NASA dans la présentation du logiciel : “Particular focus was put into the ease of usability so people of aIl
ages can enjoy World Wind” ! Alors, n’hésitez pas à lire Géochronique tout en jouant avec World Wind.
On peut aussi survoler la surface de la Lune et celle de Mars à l’aide des logiciels libres de Google :
http://moon.google.com/ et http://www.google.com/mars/. Cela en vaut aussi la peine !
P. SOLÉTY
Pascal Allemand, Gilles Dromart, Cathy Quantin, Pierre Thomas, LST (Laboratoire Sciences de la Terre),
ENS-Lyon, CNRS et UCB Lyon, UMR 5570 69622 Villeurbanne ou 69364 LYON Cedex 07
Véronique Ansan, François Costard, Nicolas Mangold, Laboratoire IDES (Interactions et Dynamique des
Environnements de Surface), Université Paris Sud et CNRS UMR 8148, Bat. 509, 91405 ORSAY cedex.
A la même adresse : Photothèque Planétaire d’Orsay (facilité NASA) contact : Philippe Masson
Laurent Daumas
David Baratoux, LDTP (Laboratoire Dynamique Terrestre et Planétaire), Observatoire Midi Pyrénées UMR 5562,
CNRS, 14 av. Edouard Belin, 31000 Toulouse
Vincent Chevrier, W.M. Keck, Laboratory for Space Simulations, Arkansas Center for Space and Planetary
Sciences, 202 Old Museum Building, University of Arkansas, Fayetteville, AR 72701, USA
Sylvain Douté, LPG (Laboratoire de Planétologie de Grenoble), CNRS et Université Joseph Fourier, 38041 St-Martin
d’Hères
Thierry Fouchet, Emmanuel Lelouch, LESIA (Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique),
CNRS-UMR 8109, Observatoire de Paris, 5 place Jules Janssen, 92195 Meudon Cedex, France, Laboratoire PI du
spectromètre VIRTIS (Venus Express) : Contact Pierre Drossart
Olivier Grasset, Benoît Langlais, Stéphane Le Mouélic, Sébastien Rodriguez, Christophe Sotin, LPGN
(Laboratoire de Planétologie et Géodynamique), Université de Nantes et CNRS UMR6112, 2, rue de la Houssinière,
BP92208, 44322 Nantes Cedex 03
François Poulet, IAS (Institut Astrophysique Spatial), UMR8617 Université Paris Sud et CNRS, Bat 121, 91405
ORSAY, Laboratoire PI du spectromètre OMEGA (Mars Express) : Contact J-P Bibring
L’administration des Postes vient d’émettre, sous le label Réunion, des îles Saint-Paul et
des Terres australes et antarctiques françaises, un timbre Amsterdam (1878). Nommé en 1877
à l’effigie de Charles Vélain (1845-1925) dont une maître de conférences à la Sorbonne,
montagne porte le nom sur l’île principale de l’archipel il fut promu professeur suppléant en
des Kerguelen. 1888, avant d’obtenir finalement en
Natif de Château-Thierry, Charles Vélain, qui était alors 1897 la création d’une chaire de
préparateur de géologie à la Sorbonne, s’était en effet Géographie physique dont il fut le
rendu en 1874-75 aux îles Saint-Paul et Nouvelle- premier titulaire. Il a publié plusieurs
Amsterdam, dans le sud de l’océan Indien, en ouvrages tirés de ses enseignements : Les volcans
accompagnant une mission astronomique chargée (1884), Les tremblements de terre (1887), Cours de
d’observer le passage de Vénus devant le Soleil, qui géologie stratigraphique (1887) qui fut plusieurs fois
l’avait d’abord conduit à Aden puis à la Réunion. Il en réédité, et Conférences de Pétrographie (1889).
tira la matière d’un volume intitulé Description
géologique de la presqu’île d’Aden, de l’île de la J. GAUDANT
Les lézards, comme L’auteur y propose une est la base du travail seignements sur tous ces
d’autres petits reptiles ou étude systématique très paléontologique, Marc aspects, avec des conclu-
amphibiens, sont un peu les détaillée d’un abondant Augé aborde des ques- sions qui peuvent se distin-
mal-aimés de la paléontolo- matériel provenant de tions plus générales, sur guer sensiblement de
gie des vertébrés : dans le nombreux gisements s’éta- les taux d’évolution et la celles obtenues par la
Mésozoïque les dinosaures lant dans le temps, du durée de vie des taxons, paléomammalogie. La
occupent le devant de la Paléocène à la fin de les fluctuations de la diver- “Grande Coupure” de la
scène et, au Cénozoïque ce l’Oligocène, et ayant pour sité et les extinctions, et les limite Eocène-Oligocène,
sont les mammifères. Même la plupart livré des élé- possibles causes environ- par exemple, a des effets
si les restes de lézards peu- ments désarticulés (c’est le nementales de ces chan- différents sur les lézards et
vent être nombreux et divers cas notamment des sites gements. L’évolution des sur les mammifères. C’est
dans les sites fossilifères de l’est du bassin de Paris faunes continentales euro- dire que l’ouvrage de
(surtout lorsqu’on y pratique et des phosphorites du péennes au Paléogène a Marc Augé mérite d’être
le tamisage des sédiments), Quercy). La diversité ainsi depuis longtemps attiré consulté par tous ceux qui
ils n’attirent pas toujours révélée est impressionnan- l’attention des paléonto- s’intéressent aux événe-
l’attention qu’ils méritent. te ; on rencontre aussi logues, du fait de la com- ments biologiques du
Fort heureusement, il existe bien des orvets et des gec- plexité des interactions Paléocène, et pas seule-
en France une solide tradi- kos que des iguanes, des causales qui impliquent ment par les experts en
tion d’étude de tels fossiles, hélodermes ou des aussi bien le climat et la paléoherpétologie.
illustrée notamment par amphisbènes. Cette partie paléographie que les inter-
Robert Hoffstetter, puis par descriptive et systématique actions entre espèces. Par E. BUFFETAUT
Jean-Claude Rage. Marc est une contribution très le passé, l’accent a été mis
Augé s’inscrit dans cette importante à la paléonto- largement sur les mammi- * Publications scientifiques
lignée, comme l’illustre bien logie des lézards, qui sans fères, mais Marc Augé du MNHN,
ce mémoire (dont la version aucun doute fera référen- nous montre combien l’his- Case postale 39,
papier est accompagnée ce chez les spécialistes. toire évolutive des lézards 57 rue Cuvier,
d’une version sur CD-rom). Au-delà de cet aspect qui peut aussi être riche d’en- 75231 Paris cedex 05
Du Gévaudan aux rivages nienne, alpine et méditerra- le géologue pour parvenir France, rédigée avec beau-
de la Méditerranée et du néenne), comme le rappel- à les retracer. La dernière coup de pédagogie. De
delta du Rhône aux le Jean-Claude Bousquet. partie de l’ouvrage, consa- nombreux diagrammes
Pyrénées, le Languedoc- Avant d’aborder ces his- crée à la géomorphologie, éclairent le texte, et les très
Roussillon offre au géo- toires, ponctuées de forma- explique la genèse des belles photos de Gabriel
logue les témoins très tions et de destructions de paysages, souvent somp- Vignard donnent vraiment
variés d’une histoire géolo- montagnes et d’allées et tueux, de la région. Le envie d’aller voir sur
gique longue et compli- venues des mers, l’auteur résultat est une très belle place !
quée – ou plutôt de trois présente les éléments, introduction à la géologie
histoires successives (hercy- roches et fossiles, qu’utilise de cette partie du sud de la E. BUFFETAUT
A propos du DVD analysé dans le n°96 de Géochronique Bernard Poyer, 1 La Vigne au chat, 01220 Sauverny
ce produit est également distribué en France : Tél : 04 50 41 17 95, fax : 04 50 42 75 15,
e-mail : poyer.bernard@wanadoo.fr
Ce livre rassemble les résultats d’études multidisciplinaires tigraphes italiens. De même, la limite Pléistocène
effectuées par de nombreux chercheurs sur les sédiments moyen/supérieur doit coïncider avec le stade isotopique 5e.
pléistocènes marins et continentaux. Sont considérés la théo- Jahn et al. illustrent les variations du contenu en fer et en car-
rie de Milankovitch, la paléocéanographie (via les isotopes bone organique total dans les sédiments marins profonds
et les microfossiles), la géochimie organique des sédiments (ODP Site 1077) des derniers 1,7 Ma. Ces données ont été
marins, la téphrochronologie, les loess et paléosols, les comparées, en utilisant leur signature orbitale et la suscepti-
changements de végétation terrestre, et la migration/évolu- bilité magnétique, à celles du site ODP 1075. Cet article
tion des hominidés et des mammifères. démontre que les variations climatiques, induites par les
Il est démontré que la terre a subi au Pléistocène des chan- cycles de Milankovitch en particulier les variations de l’inso-
gements climatiques globaux qui ont produit, à différentes lation produites par l’excentricité de l’orbite terrestre, sem-
latitudes, des variations au sein des sédiments et de leurs blent influencer le système de mousson de l’Afrique centrale
assemblages fossiles, marins ou continentaux (faune et favorisant la sédimentation du fer et du carbone organique
flore). C’est ainsi que l’obliquité terrestre (41 ka) contrôle dans les sédiments marins du golfe de Guinée (ODP site
directement l’enregistrement climatique entre la base du 1077) à partir du fleuve Congo.
Pléistocène (1,8 Ma) et 1,2 Ma. Mais, entre 1,2 et 0,9 Ma, Hayward et al. ont étudié les assemblages de foraminifères
la variation cyclique de l’excentricité (100 ky) commence à benthiques de trois carottes profondes de l’océan Pacifique
interférer avec les variations de l’obliquité de la Terre. De à l’est de la Nouvelle-Zélande. Les auteurs démontrent que
fait, à partir de 0,9 Ma, les changements climatiques sont la transition Pléistocène moyen est la période la plus impor-
dominés par les variations de l’excentricité, des périodes tante pour les changements climatiques globaux en particu-
sèches glaciaires alternent avec des périodes chaudes et lier entre les stades isotopiques 25 et 15. Dans cet interval-
humides. le, les cycles d’excentricité sont dominants par rapport à
Les réponses biologiques et physiques à la transition ceux de l’obliquité. Ces changements produisent des varia-
Pléistocène inférieur - Pléistocène moyen (vers 1,2 à 0,5 Ma) tions dans les assemblages de foraminifères benthiques qui
sont ici examinées, permettant d’explorer la nature du chan- indiquent des changements dans la circulation océanogra-
gement climatique au Quaternaire. phique profonde entre la Nouvelle-Zélande et la zone
Head et Gibbard, dans un article introductif, proposent une Antarctique.
excellente présentation et révision des connaissances rela- Reale et Monechi montrent que les associations de coccoli-
tives à l’étage pléistocène, avec un schéma simplifié de tous thophoridés changent durant le Pléistocène. L’abondance de
les événements climatiques, paléomagnétiques et biostrati- Reticulofenestra asanoi peut ainsi permettre de reconnaître
graphiques, comme, par exemple, l’apparition et la dispari- la limite Pléistocène inférieur/moyen dans les sédiments
tion de diverses espèces d’hominidés, de mammifères et marins.
d’organismes marins (benthiques et planctoniques). Les L’article multidisciplinaire (foraminifères, pollen, géochimie
auteurs, en utilisant les données publiées par différentes isotopique, magnétostratigraphie) publié par Capraro et al.
équipes de recherche, proposent une corrélation de tous les illustre remarquablement la coupe de San Mauro (Calabre,
événements avec la courbe isotopique obtenue à partir des Italie). Cette coupe pourrait être le stratotype de la limite
sédiments marins (sites ODP 677 et 846). Par ailleurs, cet Pléistocène inférieur/moyen : l’intervalle stratigraphique
article indique les grandes lignes pour subdiviser le 1,15 à 0,3 Ma montre une cyclicité sédimentaire directe-
Pléistocène en trois étages (inférieur, moyen, supérieur), la ment liée aux cycles glacio-eustatiques ce qui permet de pro-
partition du Pléistocène en trois devant faciliter la corrélation poser une bonne corrélation entre les cycles et la courbe iso-
des sédiments marins avec ceux du domaine continental. En topique.
fait, les auteurs comparent les étages proposés sur différents En conclusion, un très bon livre pour tout géologue étudiant
continents par différentes équipes; en particulier ils compa- le Quaternaire, et en particulier son climat qui aura sa place
rent les étages proposés dans les sédiments marins de la dans toutes les bibliothèques.
Méditerranée par les stratigraphes italiens de cette zone, A. CARUSO
avec ceux d’Europe du nord, de Russie et d’Amérique du
nord. En particulier, selon Head et Gibbard, la limite * Geological Society Publishing House,
Pléistocène inférieur/moyen coïncide avec la limite Unit 7 Brassmill Enterprise Centre Brassmill Lane,
Brunhes/Matuyama à 0,78 Ma, qui coïncide avec le stade Bath BA1 3JN,
isotopique 19 et non avec le stade 22 proposé par les stra- Royaume-Uni
Pour les habitants de d’une amusante méprise des guides touristiques Clermont-Ferrand, et qui,
Clermont-Ferrand, Henri due à l’homonymie) à exer- avant la lettre). Lors de la après de nombreuses péri-
Lecoq (1802-1871) est cer les fonctions de respon- création de l’université de péties racontées par Pierre
sans doute surtout connu sable du jardin botanique Clermont-Ferrand, il y Pénicaud, constitue aujour-
pour avoir laissé son nom, et du cabinet d’histoire obtient tout naturellement la d’hui un bien beau monu-
après en avoir conçu les naturelle et à donner des chaire d’histoire naturelle. ment à sa mémoire. Ce
plans, au plus beau jardin cours publics d’histoire Mais les fortunes de Lecoq, livre retrace donc la vie
public de la ville. Pour les naturelle. Pharmacien de évoquées dans le titre, ne d’un de ces naturalistes
géologues, il est l’auteur de formation, il va se lancer sont pas seulement scienti- presque universels, tels qu’il
nombreux travaux sur les avec ardeur dans l’étude fiques : c’est aussi un en existait encore au milieu
terrains du Massif Central, des richesses naturelles de homme d’affaires avisé, qui du XIXe siècle, et il nous
dont un monumental ouvra- sa province d’adoption, saura notamment faire fruc- éclaire d’une façon remar-
ge en cinq volumes sur les avec une prédilection pour tifier certains produits quable sur le contexte intel-
Epoques géologiques de la botanique et la géologie, conçus par lui à partir de lectuel, administratif et éco-
l’Auvergne. Mais ce ne sont animant les sociétés ses connaissances scienti- nomique dans lequel les
là que deux facettes d’une savantes locales, entrepre- fiques et pharmaceutiques, sciences naturelles pou-
vie et d’une carrière excep- nant avec quelques amis, comme un ersatz de café à vaient se développer à
tionnelles, que retrace de longues excursions à tra- base de glands, ou encore cette époque dans une
Pierre Pénicaud dans ce vers le Massif central, un chocolat contenant des grande ville de province. A
livre aussi bien documenté amassant des collections extraits d’eau de Vichy ! La la lecture du récit très vivant
qu’agréable à lire (et de considérables et publiant fortune considérable ainsi de Pierre Pénicaud, on se
surcroît bien illustré). Né en abondance sur les sujets amassée lui servira entre prend parfois d’ailleurs à
dans le Nord, Henri Lecoq les plus divers, de l’hybri- autres à édifier et enrichir regretter un temps où la
arrive à Clermont-Ferrand dation des plantes aux un magnifique musée d’his- science suscitait encore un
en 1827, appelé par la anciens volcans et aux gla- toire naturelle privé, qu’il tel enthousiasme !
municipalité (à la suite ciations (on lui doit même léguera à la ville de E. BUFFETAUT
L’ouvrage d’Alfred Wegener sur la genèse des continents et tant des feuilles blanches intercalées entre les pages impri-
des océans (pour utiliser le titre de sa traduction française) mées. Il les utilisa pour recevoir des notes, citations, réfé-
est devenu pour les géologues un “livre-culte”, comme le dit rences bibliographiques et schémas destinés à compléter le
la quatrième de couverture de cette nouvelle édition. texte initial en vue d’une édition suivante augmentée. Toutes
Traduit dans de nombreuses langues, ce texte fondateur de ces annotations sont reproduites ici en fac-simile à la place
la géologie moderne est régulièrement réédité en où Wegener les inséra dans le texte imprimé de 1915. Une
Allemagne, comme en témoigne ce fac-simile qui reproduit transcription en est disponible sur le site internet de l’Alfred-
à la fois la première édition, de 1915, et la dernière, Wegener-Institut, mais l’écriture de Wegener est si claire et
publiée en 1929, un an avant la mort de son auteur sur l’in- lisible qu’il n’est guère nécessaire d’y avoir recours pour
landsis du Groenland. Cette nouvelle édition est accompa- déchiffrer ces textes, qui sont parfois de courtes phrases,
gnées d’une introduction biographique et de nouveaux mais peuvent aussi couvrir des pages entières. Grâce à
index. Par rapport à de précédentes rééditions, celle-ci, cette heureuse initiative éditoriale, le lecteur intéressé par
réalisée sous les auspices de l’Alfred-Wegener-Institut für l’histoire des sciences de la Terre peut ainsi suivre, non sans
Polar- und Meeresforschung de Bremerhaven, contient une une certaine émotion, le travail créateur d’un génie.
surprise : Alfred Wegener avait fait réaliser pour son usage
personnel un tirage spécial de la première édition compor- E. BUFFETAUT
CONGRÈS
Proceedings of the first colloquium on the Jurassic of Morocco
2003-2004 Maroc