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Géochronique n°100

EDITORIAL

Géochronique fête sa 25e année et, avec elle, son


numéro 100. La revue, co-éditée par la SGF et le
BRGM, occupe une place unique dans l’espace des
publications françaises dédiées aux sciences de la
terre. Elle matérialise, d’abord, un quart de siècle
de coopération réussie entre monde académique et
industrie, entre le domaine de la recherche
fondamentale et celui des applications, au plus
proche de la demande sociétale. Organe
d’information, elle répertorie les événements qui
rythment la vie des sciences de la terre, en France
et à l’étranger : organisation des congrès et
colloques, comptes-rendus de ces manifestations,
analyse critique des parutions récentes. Auxiliaire des publications scientifiques,
elle s’adresse au non-spécialiste, au travers de dossiers de mise au point sur
une large variété de sujets d’actualité scientifique ou technique. Géochronique
touche ainsi un vaste public : chercheurs, universitaires, étudiants, ingénieurs et
enseignants du secondaire ; c’est donc aussi un outil de liaison et de cohésion
de notre communauté géologique. Conscients de cette réussite incontestable,
nous devrons veiller à lui conserver ce rôle de médiateur, ancré dans la diversité
des métiers de la géologie et mais aussi réactif aux innovations technologiques
et aux mutations économiques et sociales rapides. Nous saisissons donc
l’opportunité de ce numéro 100 pour formuler à
Géochronique tous nos vœux de succès dans un
monde où les sciences de la terre auront toujours
un rôle à jouer, tant dans la compréhension des
phénomènes naturels que dans la connaissance
des ressources énergétiques et minérales ou la
sécurité environnementale.

Jean-Pierre Brun Philippe Vesseron


Président Président
de la Société du BRGM
Géologique de France

Géochronique n°100, 2006 1


Géochronique n°100
GÉOCHRONIQUE : UNE HISTOIRE ININTERROMPUE
Le 1er février 1982 paraissait le premier numéro de cours des années, la présentation technique s’améliora :
Géochronique. En décembre 2006 paraît le n° 100 de passage au format 21x29,7 en 1992, introduction
Géochronique. Revue d’information d’expression française progressive de la couleur. Grâce à des méthodes
en Sciences de la Terre, co-éditée par le BRGM et la SGF, d’impression de plus en plus performantes et d’un suivi
Géochronique est née, après le Congrès géologique technique efficace géré par Nicole Aufrère et grâce
international de 1980, d’une idée de Claude Lorenz (SGF) également au développement de l’échange de fichiers
et Claude Mégnien (BRGM) fortement appuyée par Charles informatiques, on en arrive progressivement à la
Pomerol, alors président de la SGF. Cette naissance ne fut présentation claire et agréable d’aujourd’hui.
pas aisée, nombreuses furent alors les oppositions et certains Les différentes rubriques actuelles de Géochronique sont les
se souviendront d’assemblées générales houleuses de la mêmes que celles des premiers numéros. Elles sont une
SGF et, en particulier, celle de janvier 1982 au cours de source d’informations sur l’activité géologique nationale et
laquelle fut présenté l’ozalid d’un premier numéro. Le OUI internationale. Les lecteurs découvrent ce qui s’est passé
l’emporta de justesse : en effet Géochronique n’était pas une dans les réunions et les congrès, les participants ont parfois
revue scientifique, certains considéraient qu’elle n’avait pas le plaisir de se reconnaître sur les photos de groupe…
sa place dans les publications de la SGF. Mais l’entêtement La rubrique analyses d’ouvrages concernant les livres publiés
des trois initiateurs, très portés sur la communication, gagna dans le monde entier est très appréciée et permet, en outre,
la partie et aujourd’hui paraît le numéro 100. à la SGF d’enrichir gratuitement sa bibliothèque. Colette
Quelques idées retenues de l’éditorial du premier numéro Wadier (SGF) et Marie-Odile Bongrand (BRGM) ont très
justifient la création de Géochronique : “Il manquait pour les largement contribué à la diffusion de la revue à l’étranger.
sciences de la Terre une revue de langue française qui Au cours des années les dossiers, cœur de la revue, ont pris
permette de diffuser l’information croissante dans toutes les une place de plus en plus importante. Les sujets sont variés :
branches d’activité des disciplines géologiques… Le but est sciences fondamentales, histoire de la géologie, dossiers
également de mettre à la disposition des associations techniques et pédagogiques…Il faut remercier les
scientifiques et professionnelles une tribune leur permettant, coordonnateurs des dossiers, qui font appel à des
en cas de besoin, d’élargir le champ de leur diffusion spécialistes des sujets traités et consacrent beaucoup de
habituelle… Géochronique doit devenir l’outil privilégié de temps à une publication de qualité qui n’est pourtant pas de
la circulation des informations dans la communauté des rang A !!
sciences de la Terre et, par ses nombreuses rubriques, doit La définition des sujets de dossiers s’est toujours faite en
couvrir progressivement tous les domaines d’intérêt. Pour étroite collaboration entre les représentants du BRGM et
cela elle dépendra de tous les lecteurs qui lui transmettront le ceux de la SGF.
maximum d’informations”. Et il fallait bien rire un peu. En témoigne le canular paru dans
Les deux rédacteurs en chef Cl Lorenz et Cl. Mégnien, le numéro de février 1983 (voir encadré). Mais, cet article
assistés de Geneviève Faury et d’un comité de rédaction ayant fait le tour de la communauté française et
d’une vingtaine de personnes, s’attelèrent à la tâche. Un francophone, il fallut un courrier officiel expliquant, avec le
atelier de créativité se développa dans la grande salle de la tact nécessaire, aux services géologiques européens
SGF au cours des réunions du lundi. Des discussions toujours soucieux de se mettre en règle avec la nouvelle législation
animées et fructueuses ont constamment enrichi le contenu et française qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Une mise au
la présentation des informations et des articles. point parut dans le numéro suivant.
Jusqu’en 1991 Géochronique parut sous un format 21x27. Géochronique se porte bien. Nous aimerions avoir plus
Les couvertures monochromes des premiers numéros nous d’abonnés et plus de participants au comité de rédaction.
paraissent bien tristes aujourd’hui. La préparation d’une C’est à ce prix que Géochronique peut envisager de fêter,
maquette nécessitait alors découpages et collages. Puis au dans vingt cinq ans, son 200e numéro.

TAXE PARAFISCALE SUR LES MARTEAUX DE GÉOLOGUE (Texte de février 1983)


De source bien informée, nous apprenons que le Le motif du poinçon est encore aux
Ministère de l’Environnement envisage la création d’une ateliers graphiques ; il pourrait
taxe parafiscale sur les marteaux de géologue. Le pro- paraître dans un prochain numéro
duit de cet impôt sera affecté essentiellement à la sub- (01/04/83 par exemple).
vention du travail d’inventaire et de protection des trou-
vailles géologiques. Le contrôle pratique de l’acquitte- Marteaux de géologue (texte de mai 1983)
ment de la taxe serait extrêmement simple. Le montant en De nombreux géologues se sont indignés à juste titre
serait payé à l’achat du marteau. Ce dernier devra por- d’une taxe sur leur outil de travail.
ter un poinçon de l’état (voir photo). Tout géologue pro- Comme prévu dans le dernier numéro voici le motif du
fessionnel ou amateur devra, sur réquisition de le force poinçon qui a été gravé le 1er avril 1983 : c’est un
publique, être en mesure de présenter son marteau poinçon d’avril…it’s a joke !...
estampillé ainsi que la facture d’achat
Des mesures sont à l’étude pour l’organisation du poin-
çonnement des marteaux actuellement en circulation. Le
projet définitif devrait être prêt fin 83 ; les décrets d’ap-
plication étant prévus pour le 01/04/84.

2 Géochronique n°100, 2006


Prochaines manifestations
GÉO-RESSOURCES D’AFRIQUE DU NORD EGM 2007
ET DU MOYEN-ORIENT
Capri (Italie)
Le Caire (Egypte) - 24 au 28 février 2007 16 au 18 avril 2007
Cette seconde conférence internationale (GREMNA-2) consacrée aux ressources en
hydrocarbures, aux ressources en eau, aux ressources minérales et aux applications
de la télédétection est accompagnée d’une exposition de matériels, de cours de for-
mation continue et d’excursions sur le terrain. Les résumés sont déjà disponibles et
peuvent être commandés (80 $) sur le site Internet de la conférence.
Les excursions de terrain proposées sont :
- de Suez à El Quseir, le long de la côte du golfe de Suez et de la mer Rouge, puis
traversée du désert oriental d’El Quseir à Louxor (5 jours, retour par avion) ;
- la péninsule du Sinaï par la route au départ du Caire (5 jours) ;
- Siwa et la dépression de Qattara (désert occidental), par la route au départ du
Caire (5 jours) ;
- les oasis du désert occidental (Baharia, Farafra, Dakhla, Kharga) du Caire à
Louxor par la route (5 jours), avec retour en avion de Louxor. Cet atelier international est organisé
par l’EAGE (European Association of
Renseignements : voir le calendrier. Geoscientists and Engineers) pour faire
le point sur les récentes innovations
LE TUNNEL DE BASE DU BRENNER dans le domaine des méthodes électro-
magnétiques, gravimétriques et magné-
Innsbruck (Autriche) - 1 et 2 mars 2007 tiques, qui connaissent un développe-
ment rapide tant au niveau acadé-
mique qu’industriel, particulièrement
dans le domaine de la géophysique
marine.
Les nouveaux équipements fournissent
des bases de données simultanées
considérables, souvent de nature tenso-
rielle, qui demandent de nouvelles
méthodes, techniques et codes d’inter-
prétation. Les thèmes suivants seront
discutés :
- progrès dans l’instrumentation et l’ac-
Ce symposium est organisé par la Faculté de génie civil et la Faculté des sciences quisition des données ;
de la Terre et de l’atmosphère de l’Université d’Innsbruck. Les deux sessions de la - mesure et interprétation des gradients
première journée débuteront par une présentation de l’état actuel du projet par les tensoriels gravimétriques et magné-
entreprises concernées. Les autres communications traiteront des thèmes suivants : tiques ;
géologie et hydrogéologie, géotechnique, techniques de forage, leçons à retenir - inversion et imagerie des données ;
des projets comparables, modèles de contrats, financement, forages profonds, tech- - interprétation combinée des données
nologie du rail et sécurité, aspects environnementaux . électromagnétiques, gravimétriques,
La seconde journée sera consacrée à une visite à la galerie d’Unterrintal, en plein magnétiques et sismiques.
travaux, et au site du futur tunnel.
Renseignements : voir le calendrier.
Renseignements : voir le calendrier.
TUNNEL CONGRESS
Prague (République tchèque) - 5 au 10 mai 2007

Ce congrès est la principale manifestation périodique de l’ITA (International Tunnel


Association) qui a choisi comme thème principal cette année “l’espace souterrain,
quatrième dimension des métropoles” et fait appel à communications sur ce thème.
Un atelier pour les jeunes ingénieurs a été
aussi organisé sur le thème des tunnels en
zone urbaine. Ce congrès est traditionnelle-
ment accompagné d’une exposition de
matériels et de visites techniques dont le programme sera disponible sur le site
Internet de l’association au début de 2007.

Renseignements : voir le calendrier.

Géochronique n°100, 2006 3


Prochaines manifestations
TECTONIQUE CONTINENTALE ET OROGENÈSE SISMOLOGIE ET
INGENIERIE SISMIQUE
Ullapool (Ecosse, U.K.) - 12 au 20 mai 2007
Téhéran (Iran)
Cette conférence qui se déroulera en partie sur le terrain, célébrera le centenaire 13 au 16 mai 2007
de la publication du mémoire de Peach et Horne, qui ont été les premiers à éclair-
cir la structure de la ceinture charriée du Moine. Les séismes catastrophiques récents de
Le premier jour, samedi 13 mai, sera une introduction, sur les affleurements Bam, Balakut et Sumatra sont une occa-
d’Assynt, à la lithologie et à la structure des Highlands du nord, suivie les 14,16 et sion unique d’attirer l’attention de l’opi-
18 de sessions de discussion. Les 15 et 17, un choix d’excursions sur le terrain sera nion internationale sur l’importance de
proposé : la mise en place de programmes de
- Loch Eriboll et Durness : chevauchement d’Arnaboll, pour lequel Geikie a utilisé réduction des risques dans les zones
pour la première fois le terme de “thrust” ; critiques. Cette nouvelle conférence
- Scourie et Laxford : tectonique du complexe lewisien, qui a été récemment réin- internationale (SEE 5) entend donc
terprété en terme de limite majeure d'un bloc de terrain protérozoïque ; aborder les thèmes suivants : sismotec-
- Empilement de Glencoul : section clé du chevauchement du Moine. Une partie de tonique, sismologie, prévision des
la visite se fera en bateau ; séismes, ingénierie géotechnique et
- Kinlochewe et Torridon : coupe classique de l’imbrication des chevauchements ; ingénierie structurale des zones sis-
- Déformation ductile du chevauchement du Moine ; miques, gestion des risques, aspects
- Roches ignées alcalines d’Assynt, essentielles pour l’établissement de l’âge absolu socio-économiques, sensibilisation des
des chevauchements ; populations. Les langues de travail
- Assynt central, autre coupe classique du chevauchement du Moine. seront l’anglais et le farsi.

Renseignements : voir le calendrier. Renseignements : voir le calendrier.

SÉDIMENTS CÔTIERS COMPORTEMENT HIMALAYA-KARAKORAM-


MÉCANIQUE DU SEL TIBET
La Nouvelle Orléans (Louisiane)
13 au 17 mai 2007 Hanovre (Allemagne) Hong Kong (Chine)
22 au 25 mai 2007 22 au 25 mai 2007
Cette conférence, la sixième depuis sa
création, regroupe géologues, ingé- Durant ces dernières années, des don- L’atelier consacré à ce sujet réunit tous
nieurs de génie civil côtier, océano- nées nouvelles et intéressantes se sont les ans, depuis 22 ans, les chercheurs
graphes des eaux de faible profondeur accumulées en provenance de la qui se consacrent à l’étude du système
et spécialistes des sciences marines. Les recherche fondamentale et des projets de collision entre l’Inde et l’Asie. Les
contributions, tant fondamentales d’ingénierie, qui seront présentées à thèmes de discussion seront :
qu’appliquées concernent un grand cette sixième conférence internationale - l’Asie avant la collision : origine et
nombre de sujets : transport et morpho- sur le comportement mécanique du sel. évolution des blocs crustaux et des
logie des sédiments, plages, deltas Ce comportement dans les cavités, les sutures ;
côtiers, réaction des côtes aux tempêtes forages et les exploitations dépend des - impacts climatiques : effets globaux,
et aux ouragans, effets de dragage, processus thermaux, hydrauliques et érosion, soulèvement du plateau tibé-
applications de la télédétection, chimiques (THMC). Les principaux tain et effets sur la mousson ;
embouchures et estuaires, chenaux de sujets discutés seront - contraintes temporelles sur la
navigation, remontée du niveau de la - essais en laboratoire et in situ ; collision : modélisation de la position
mer, budgets sédimentaires, protection - modélisation à partir des équations de des plaques, chronologie des mouve-
de la côte. base ; ments ;
En outre, quatre cours ont été organisés - calcul numérique et prédiction du com- - néotectonique dans l’Himalaya, le
sur les sujets suivants : portement à long terme ; Tibet, le Szechuan ;
gestion régionale des sédiments et - processus THMC dans les projets - soulèvement et érosion de l’Himalaya
réhabilitation écologique ; miniers et l’utilisation des cavités ; et du Tibet : drainages et captures,
tempêtes et ouragans et leurs effets ; - études de cas : géologie, applications enregistrement des dépôts dans les bas-
îles-barrières : morphodynamisme, minières, abandon des mines. sins périphériques ;
hydraulique, processus de transport Des visites seront organisées sur des - contribution de la géochimie à l’inter-
des sédiments, modélisation ; mines actives et abandonnées de prétation ;
géologie et géomorphologie des côtes potasse et de sel et sur des cavités - contribution de la géophysique à l’in-
de Louisiane. d’emmagasinage du gaz en Saxe. terprétation.
La réunion sera suivie d’une excursion
Renseignements : voir le calendrier. Renseignements : voir le calendrier. dans le Tibet méridional le long de la
suture de Yarlung-Tsangpo.

Renseignements : voir le calendrier.

4 Géochronique n°100, 2006


Prochaines manifestations
MINÉRAUX ARGILEUX GLISSEMENTS DE TERRAIN
Santa Fe (Nouveau-Mexique, USA) Vail (Colorado, USA) - 3 au 8 juin 2007
2 au 7 juin 2007
Cette conférence veut être un forum de discussion pour les géoscientifiques, les ingé-
La Société pour l’étude des minéraux nieurs, les planificateurs et les économistes, sur les risques liés aux glissements de
argileux (Clay Minerals Society) a pour terrain, particulièrement en Amérique du Nord. Elle consistera en quatre jours de
but de stimuler la recherche et de diffu- débats et une journée de visites techniques sur les zones à risque des environs de
ser l’information sur tous les aspects de Vail.
la science et de la technologie des Le programme, qui couvre le suivi et la gestion des pentes et des zones sujettes à
argiles. Elle concerne donc minéralo- glissement, est articulé autour de cinq thèmes :
gistes, cristallographes, chimistes, géo- - glissements de terrain et société, examen des processus de glissement ;
chimistes, pédologues, agronomes, - progrès dans la cartographie et la modélisation des glisssements de terrain ;
céramistes, ingénieurs du génie civil, - progrès dans le choix des paramètres d’interprétation et de suivi ;
géologues, ingénieurs pétroliers et - évaluation de l’instabilité et du risque ;
industriels. Les thèmes de la rencontre - stratégies de réduction du risque et des dégâts.
seront : la séquestration du carbone, la
stabilisation du carbone dans les Renseignements : voir le calendrier.
argiles, la caractérisation des minéraux
argileux, les argiles dans les sols et
dans les sédiments, les processus envi-
ronnementaux, l’argile et l’archéologie,
l’argile et les céramiques, le rôle des
argiles dans la proto-vie, les argiles
comme nanomatériaux, les argiles
dans les environnements extrêmes, la
simulation moléculaire des argiles.
Des excursions de terrain sont prévues
dans le programme.
CÔNES ALLUVIAUX
Renseignements : voir le calendrier.
Banff (Alberta, Canada) - 18 au 22 juin 2007

Les cônes alluviaux anciens et modernes sont un sujet


CONGRES MINIER
d’intérêt pour des scientifiques d’horizons très diffé-
DE TURQUIE
rents : géologues, sédimentologues, géomorpho-
Ankara (Turquie) logues, hydrogéologues, ingénieurs, explorateurs
6 au 8 juin 2007 pétroliers, forestiers. La réunion se tiendra dans les
Montagnes Rocheuses, où les modèles récents de
Ce vingtième congrès, accompagné cônes postglaciaires, développés dans un environ-
d’une exposition, se veut un forum inter- nement tempéré humide et couvert de forêts, abon-
national pour les chercheurs, les univer- dent. Les thèmes de la réunion, qui alternera sessions
sitaires, les professionnels et les mana- techniques et observations sur le terrain aux environs de Banff, seront les suivants :
gers pour échanger leurs vues et leurs - enregistrement stratigraphique des cônes alluviaux : contrôle tectonique, clima-
expériences sur les problèmes tech- tique et contrôle des apports ;
niques et les innovations de l’industrie - les cônes alluviaux comme réservoirs pétroliers ;
minière. Les thèmes proposés sont très - critères de reconnaissance des séquences de dépôt dans les cônes anciens et
nombreux : modernes ;
- géologie minière, exploration, géosta- - critères de distinction entre cônes alluviaux et systèmes fluviaux ;
tistique, géophysique ; - ressources en eau et hydrologie des cônes alluviaux ;
- mécanique des roches et appli- - utilisation des sols et risques associés ;
cations ; - reconstruction des climats passés à travers l’enregistrement sédimentaire des cônes
- analyse économique et financière, alluviaux ;
planning et organisation ; - caractéristiques géomorphologiques des cônes alluviaux ;
- sécurité, problèmes environnementaux - cônes alluviaux en environnement périglaciaire..
(réhabilitation), analyse de risque ; Deux excursions de quatre jours ont été organisées avant la conférence, dans le sud
- formation professionnelle ; de la Colombie britannique et les Montagnes Rocheuses. Une excursion de neuf
- législation. jours dans le sud-ouest du Yukon prendra place après la réunion.

Renseignements : voir le calendrier. Renseignements : voir le calendrier.

Géochronique n°100, 2006 5


Prochaines manifestations
PALÉO-INONDATIONS INNOVATIONS
EN MINÉRALOGIE
Chania (Crète, Grèce) - 24 au 30 juin 2007
Cambridge (UK)
Le but de cet atelier est de réunir les chercheurs concernés par les nouvelles 26 au 28 juin 2007
méthodes, les bases de données empiriques et les développements théoriques de
l’hydrologie des paléo-inondations. Les sessions techniques alterneront avec des Sous le titre “Frontiers in mineral scien-
examens sur le terrain (gorges de Samaria et d’Anapodaris, bassins intérieurs, ce”, cette réunion traitera des progrès
cônes côtiers). Les thèmes de discussion seront : récents dans l’étude des propriétés et
- contrôle hydroclimatique des paléo-inondations dans différents cadres environne- du comportement des minéraux, tant
mentaux (tempérés, tropicaux, polaires, désertiques) ; dans les roches que dans les bio-sys-
- caractérisation des paléo-inondations en fonction de leurs mécanismes : événe- tèmes. On peut déjà noter parmi les
ments météorologiques, ruptures de digues naturelles ou artificielles, ruptures gla- sujets qui seront traités :
ciaires ; - interaction entre minéraux et molé-
- effets climatiques et anthropiques sur la magnitude et la fréquence des paléo-inon- cules organiques ;
- diagenèse et environnements contami-
dations ;
nés ;
- enregistrement sédimentaire et géomorphologique d’inondations majeures au
- simulation des minéraux : progrès et
Pléistocène et à l’Holocène ;
limitations ;
- réponses immédiates et différées des chenalisations fluviales et des captages aux
- origines structurales et microstructu-
événements extrêmes ; rales du magnétisme rémanent ;
- méthodes et techniques de reconstruction des paléo-inondations ; - relations entre structure et propriétés à
- utilisation de l’hydrologie des paléo-inondations dans l’évaluation des risques l’état vitreux ;
actuels ; - modèles minéralogiques dans le stoc-
- hydrologie des paléo-inondations et archéologie ; kage des éléments radioactifs ;
- hydrologie des paléo-inondations dans les grottes ; - développements dans l’analyse de la
- paléo-inondations dans l’histoire géologique terrestre et planétaire. texture des roches ;
- évolution des sections mantelliques
Renseignements : voir le calendrier. des ophiolites ;
- élasticité des minéraux, de la géochi-
mie des éléments à l’échelle géophy-
sique.
INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE EN PAYS SISMIQUE
Thessalonique (Grèce) - 25 au 28 juin 2007 Renseignements : voir le calendrier.

Après Tokyo, Lisbonne et Berkeley, le quatrième congrès (4 ICEGE) de la Société


internationale de mécanique des sols et d’ingénierie géotechnique (ISSMGE) consa- Insertions publicitaires
cré aux problèmes géotechniques en pays sismique réunira ingénieurs, géologues Géochronique
et sismologues pour discuter des plus récents progrès dans ce domaine.
Conférences invitées, communications des participants, ateliers et tables rondes per-
Tarifs 2006
mettront de faire le point sur les thèmes suivants : dynamique des sols (terrain et tests 1/4 de page NB 220 EHT
en laboratoire), caractérisation et modélisation des sols, méthodes numériques et 1/2 de page NB 330 EHT
analytiques, risque sismique, effets de site et microzonation, interactions entre sols 1 page NB 660 EHT
1 page couleur interne 1 100 EHT
et structures, liquéfaction des sols, structures (pentes, quais, barrages, déchetteries,
1 page couleur couverture 1 700 EHT
fondations superficielles et profondes, souterrains), évaluation de la vulnérabilité des
structures géotechniques, comportement et vulnérabilité des centres et des édifices Pour une répétition de l’annonce dans le
numéro qui suit la première insertion,
historiques, aspects pratiques (codes, règlements, assurances), études de cas,
réduction de 50%.
leçons à tirer des séismes récents et passés.
En outre, trois ateliers permettront de confronter les expériences : Les typons NB ou quadrichromie sont four-
nis par l’annonceur au format souhaité,
- sites expérimentaux pour l’étude des mouvements de forte intensité ;
21 jours avant la parution du numéro et
- ingénierie appliquée aux monuments et aux centres historiques ; accompagnés de leur règlement.
- récents progrès dans les codes de conduite à adopter.
Les typons peuvent être réalisés par l’impri-
meur sur modèle de l’annonceur et devis
Renseignements : voir le calendrier. préalable 45 jours avant la date de parution.
Renseignements : Société géologique de France
77, rue Claude Bernard - 75005 Paris
Tél. 01 43 31 77 35 - Fax 01 45 35 79 10
Le tirage de Géochronique est de 3200 exemplaires.

6 Géochronique n°100, 2006


Prochaines manifestations
ORIGINE DES GRANITES MÉCANIQUE DES ROCHES
Stellenboch (Afrique du Sud) - 2 au 6 juillet 2007 Lisbonne (Portugal)
9 au 13 juillet 2007
Le quatrième symposium sur les granites, dit “Hutton Symposium”, se tiendra en
quatre journées, chacune d’entre elles dédiée à un thème qui sera présenté par un
conférencier invité, les autres communications étant toutes présentées sous forme de
posters. Une journée d’excursion dans les granites panafricains de la région du
Cap aura lieu à mi-conférence. Les thèmes choisis sont :
- interactions croûte-manteau dans la formation des magmas granitiques ;
- processus physiques de montée et mise en place du granite (présence et stabilité
des chambres magmatiques, géométrie et contrôle des conduits ascensionnels) ;
- les chambres magmatiques comme source de diversité chimique des magmas gra- Le onzième congrès international de
nitiques (hétérogénéité des sources, différenciation sur place) ; mécanique des roches (ISRM) com-
- évolution du plutonisme granitique, de l’Archéen au Phanérozoïque, et implication prend trois volets :
dans les processus géodynamiques. - des sessions générales sur les sujets
Avant le symposium, une excursion de cinq jours permettra de visiter les granites suivants : problèmes environnementaux
panafricains de la ceinture de Damara, en Namibie. Après la réunion, seront étu- en ingénierie des roches, le parcours
diés (quatre jours) les granites méso-archéens de Barberton, en Afrique du Sud. de la caractérisation à la modélisation,
fondations et mines à ciel ouvert, tun-
Renseignements : voir le calendrier. nels, grottes et travaux souterrains,
ingénierie sismique et dynamique des
IUGG XXIV roches, ingénierie pétrolière et stocka-
ge des hydrocarbures, évaluation des
Pérouse (Italie) - 2 au 13 juillet 2007 risques et sécurité ;
- des sessions spécialisées qui traiteront
L’IUGG (International association of geodesy and geophysics), créée en 1919, s’in- des applications de la géophysique en
téresse à tous les aspects de la planète Terre : sa forme, ses champs magnétique et ingénierie des roches, des études de
gravimétrique, sa structure interne, sa dynamique et sa géotectonique ; les magmas cas, de la formation des personnels, de
et le volcanisme, les cycles hydrologiques et glaciaires, les océans et l’atmosphère, l’entretien et de la réparation des struc-
l’ionosphère et la magnétosphère, la planétologie. Elle regroupe sept associations : tures souterraines en pleine roche, de
IAG : International association of geodesy ; l’après-mines, de la préservation des
IAGA : International association of geomagnetism and aeronomy ; monuments en pierre naturelle, des
IAHS : International association of hydrological sciences ; méthodes de test et de l’environnement ;
IAMAS : International association of meteorology and atmospheric sciences ; - enfin, trois ateliers qui se tiendront
IAPSO : International asssociation for the physical science of the oceans ; avant et après le congrès :
IASPEI : International association of seismology and physics of the earth’s interior ; • à Madrid, le 6 juillet sur les travaux
IAVCEI : International association of volcanology and chemistry of the earth’s interior. souterrains en conditions spéciales
Son assemblée générale annuelle est donc un événement auquel participeront (travaux souterrains profonds avec tas-
douze conférenciers invités ; les communications n’aborderont pas moins de sements, éclatements et problèmes de
230 thèmes différents. Une exposition de matériels complétera le programme. stabilité), les problèmes d’échantillon-
nage, la modélisation, la stabilité des
Renseignements : voir le calendrier. puits de forage ;
• à Ponte Delgada (Açores), du 13 au
PALÉOBIOGÉOGRAPHIE 16 juillet, sur les roches volcaniques
(caractérisation, études de cas, ingé-
Paris (France) - 10 au 13 juillet 2007 nierie sismique, fondations, stabilité
des pentes, tunnels) ;
La paléobiogéographie traite de la contribution des données paléontologiques à la • en Espagne, du 12 au 15 juillet, sur
reconstruction de l’histoire et de l’évolution biogéographique du Phanérozoïque. La la préservation des monuments en pier-
signature biogéographique de la dislocation de la Pangée est bien connue, celle re (processus de dégradation, traite-
des événements paléozoïques est encore très débattue. L’étude des zones d’endé- ments, compatibilité des matériaux pour
misme et des zones de développement monophylétique de l’ensemble du la restauration, analyses de risques,
Phanérozoïque reste encore largement à faire. tests et suivis, modélisations, problèmes
Les thèmes proposés pour le premier symposium international consacré à ce sujet de fondations, études de cas).
couvrent la paléobiogéographie du Paléozoïque, les contraintes biogéographiques La séance de travail à Madrid sera pré-
dans les reconstructions du Paléozoïque, la paléobiogéographie mésozoïque et la cédée d’une visite aux monuments de
dislocation de la Pangée, la définition d’une biogéographie moderne, les échanges Mérida et Trujillo (où a lieu une exposi-
biotiques, les méthodes analytiques en biogéographie. tion technique) et suivie d’une visite à
Cette manifestation est patronnée par la Société géologique de France. Ségovie le 15 juillet.

Renseignements : voir le calendrier. Renseignements : voir le calendrier.

Géochronique n°100, 2006 7


Prochaines manifestations
MAGMATISME, MÉTAMORPHISME CARBONIFÈRE ET PERMIEN
ET MINÉRALISATIONS ASSOCIÉES ICCP 2007
Fès (Maroc) - 10 au 12 mai 2007 Nanjing (Chine)
21 au 24 juin 2007
La cinquième édition de ce colloque “3MA”, qui se tient depuis 1999 au Maroc,
a pour ambition de créer un espace de réflexion et de débat sur les thématiques
relatives à la pétrologie, la géochimie, la métallogénie, enrichies d’une session sur
les météorites, qui suscitent un intérêt scientifique grandissant. Il comportera, outre
les séances de communications, plusieurs conférences en rapport avec les thèmes
choisis, ainsi qu’un atelier sur les relations entre les universitaires et les industriels
publics, semi-publics et privés dans le domaine des ressources minérales. Les thèmes
proposés couvrent :
- magmatisme : pétro-géochimie des cadres géodynamiques, processus tectono-
magmatiques dans les ceintures orogéniques, dynamique mantellique et crustale,
volcanologie et géothermie ;
- métamorphisme : métamorphisme et déformation, géothermie-barométrie, méta-
morphisme et transfert de matière ; Si le seizième congrès international du
Carbonifère et du Permien se tient en
- minéralisations : genèse et exploration des systèmes minéralisateurs, ressources
Chine, c’est parce que dans ce pays,
minérales et transferts lithosphériques, interactions fluide-roche et déterminations
ces systèmes bénéficient d’excellents
P-T-X-t ; affleurements, d’une grande variété de
- météorites : pétrographie, minéralogie et classification, perspectives futures de types de dépôts, de faunes et flores
recherche et de coopération. caractéristiques et par-dessus tout de
Le programme sera complété par une excursion dans la région de Taza : massif séquences bien développées. Dans les
paléozoïque de Tazekka, volcanisme d’Ifrane-Timadhite, secteur nord-est du massif années récentes, la recherche y a
hercynien central (trois jours en rapport avec les thèmes du colloque et visites de connu des développements importants
mines). et des succès notables dans les
domaines suivants :
Renseignements : voir le calendrier. - choix d’affleurements comme strato-
types et limites de séquences stratigra-
phiques intégrées dans le Mississipien
LIMNO-GÉOLOGIE et le Permien supérieur (Lopingien) ;
Barcelone (Espagne) - 11 au 14 juillet 2007 - exploration pour le charbon et les
roches mères des hydrocarbures ;
L’Association internationale de - étude détaillée géologique et
paléontologique du Carbonifère et du
limno-géologie (IAL) s’intéresse à
Permien péri-gondwaniens du Tibet et
l’étude environnementale et
du Yunnan occidental : évolution de
paléo-environnementale des milieux lacustres la paléo-Téthys, fragmentation du
anciens et modernes. Son quatrième congrès Gondwana, accrétion de l’Asie ;
regroupera les chercheurs des différentes disci- - progrès dans la compréhension de
plines concernées par ce sujet : sédimentologie, stra- l’extinction de masse à la fin du
tigraphie, analyse de bassin et modélisation, géologie Permien.
structurale, géochimie, paléogéographie et paléoclimatologie. En fonction de ces Une vingtaine de sessions permettront
spécificités, la réunion a été divisée en une quinzaine de sessions, dont l’une sera de développer ces thèmes ; les commu-
consacrée aux lacs extraterrestres, d’Europe à Mars. nications feront l’objet d’une publica-
Huit excursions précéderont et suivront ce congrès : tion dans la revue Palaeoworld. Elles
- systèmes distaux de cônes alluviaux paléogènes (bassin de l’Ebre oriental) ; seront complétées par des ateliers por-
- évolution néogène du bassin central de l’Ebre ; tant sur :
- coupe transversale des Pyrénées au bassin de l’Ebre, du Carbonifère au - les discussions des sous-commissions
Quaternaire ; stratigraphiques du Carbonifère et du
- réservoirs modernes dans les Pyrénées méridionales (Lleida et Huesca) ; Permien ;
- paléobiotas dans les lacs de montagne du Miocène terminal en Cerdagne ; - le projet de forage de Meishan en
- potentiel pétrolier (roches mères et réservoirs) dans les systèmes lacustres peu pro- Chine du sud pour étudier la datation
fonds (zone de Maquinensa, dans le bassin de l’Ebre) ; et la géochimie des événements de la
- enregistrement sédimentaire du paléo-lac de Baza (Cordillère Bétique) ; limite Permien-Trias.
- le bassin fluvio-lacustre de Campoo (Malm-Berriasien) au Pays basque. - Enfin, neuf excursions (quatre avant le
congrès et cinq après la réunion) visite-
ront les sites majeurs.
Renseignements : voir le calendrier.
Renseignements : voir le calendrier.

8 Géochronique n°100, 2006


Prochaines manifestations
ECROFI-XIX ICOBTE ÉLÉMENTS TRACES
Berne (Suisse) - 17 au 20 juillet 2007 Beijing (Chine) - 15 au 19 juillet 2007

Cette réunion fera le point sur les recherches en cours dans le La neuvième conférence ICOBTE (International conference on
domaine des inclusions fluides. Les thèmes suivants sont pro- the biogeochemistry of trace elements) sera consacrée aux
posés : interactions entre la biosphère et les réactions physiques et
- progrès dans les techniques d’analyse, études expérimen- chimiques du milieu environnant. Les thèmes suggérés sont :
tales ; - méthodes analytiques avancées : spéciation et biodisponi-
- études théoriques (relations en phase fluide, équations bilité ;
d’état) ; - déficiences en éléments traces dans la nourriture et chez
- fluides diagénétiques, fluides pétroliers, systèmes géother- l’être humain ;
maux ; - contamination par les minéraux lourds et effets anthropiques ;
- fluides du manteau et de la croûte profonde ; - aspects réglementaires et politiques de la contamination par
- dépôts minéraux, processus ignés, inclusions de produits de les métaux ;
fusion ; - réhabilitation des sites pollués ;
- fluides et tectonique ; - écotoxicologie des métaux et études de risques.
- fluides extraterrestres ; Des symposiums spécialisés traiteront :
- sujets divers : inclusions et paléoclimats, stockage des - des éléments rares dans l’environnement ;
déchets radioactifs, domaines nouveaux. - de l’influence des éléments traces dans les systèmes agri-
Avant la réunion, une excursion d’une journée permettra coles intensifs périurbains,
de visiter au col de Grimsel les métagranites et les mylo- - des méthodes de réhabilitation par cultures spécialisées ;
nites du massif de l’Aar, à minéraux hydrothermaux rares, - des applications du synchrotron en étude des éléments
et le laboratoire souterrain de Nagra (stockage des traces ;
déchets radioactifs). - des nouvelles techniques physiques d’étude ;
Après la conférence, une traversée des Alpes occidentales ita- - des produits contaminateurs dérivant du charbon et de sa
liennes (trois jours dans le val d’Aoste, le val Saint-Marcel et combustion ;
le val d’Ayas) donnera l’occasion de voir les minéralisations - de la présence de mercure naturel ou d’origine anthropique
de manganèse en faciès éclogite de Praborna, la minéralisa- dans l’environnement ;
tion orogénique à or de Brusson, et le dépôt sulfuré massif vol- - du transport et du devenir des radionucléides dans l’envi-
canogène en faciès éclogite de Servette. ronnement.

Renseignements : voir le calendrier. Renseignements : voir le calendrier.

ETNA, DES ABIMES À L‘ESPACE : UNE EXPOSITION AU MUSÉE DE MINÉRALOGIE DE L’ÉCOLE DES MINES

Depuis cet été, le musée de Minéralogie de l'École des À cette occasion, un livre de 112 pages, luxueusement illus-
mines, situé dans le cadre prestigieux de l'Hôtel de tré et imprimé vient de paraître, en vente (uniquement au
Vendôme (60, Bd Saint Michel, 75006 Paris) abrite une musée), au prix de 19 euros ( + port). (contact : jacques.tou-
exposition sur l'Etna, réalisée par le personnel du musée en ret@ensmp.fr). Pour plus de renseignements, voir le site du
partenariat avec l'Observatoire de l'espace (CNES) et le Musée sur celui de l'École des mines (www.ensmp.fr).
soutien de multiples associations ou organismes (IPGP, asso-
ciation Lave, etc... ). Les aspects les plus modernes de la
recherche volcanologique sont mis en valeur, notamment les
techniques satellitaires de surveillance du risque éruptif,
mais une part importante est aussi dévolue à l'histoire. En
particulier, on montre le rôle essentiel que l'Etna a joué dans
la conception du “réseau pentagonal” d'Élie de Beaumont,
avec la présentation d'instruments ou objets de l'époque
(plan-relief, globes de Béguyer de Chancourtois), dont
beaucoup sont exposés pour la première fois. L'exposition
est prévue jusqu'à fin décembre 2006, mais (en raison de
son succès) des discussions sont actuellement en cours pour
la prolonger de quelques mois.

Géochronique n°100, 2006 9


Actualités
L’INSTITUT POLYTECHNIQUE LASALLE BEAUVAIS :
FUSION ENTRE L’IGAL ET L’ISAB

Les défis de l’Enseignement supé-


rieur européen ont entraîné au sein
des structures de formation des
réformes parfois profondes (LMD,
semestrialisation, ECTS, suppléments
aux diplômes,…), dans le but d’ho-
mogénéiser l’architecture des ensei-
gnements et donc de faciliter, voire
de favoriser les échanges internatio-
naux. Un des aspects de ces
réformes, qui n’est pas affiché de
manière ostensible, porte sur la taille
critique des organismes de forma-
tion et notamment des écoles d’ingé- accompagnement, apprentissage de la Terre. Il propose aux jeunes
nieurs privées, souvent limitées en par la recherche, professionnalisa- trois spécialités d’ingénieur :
nombre d’élèves et donc considérées tion et épanouissement personnel en “Agriculture”, “Alimentation et
comme peu lisibles à l’échelle euro- sont les axes majeurs. Santé” (ISAB) et “Géologie et
péenne. C’est l’une des raisons Environnement” (IGAL).
importantes de la fusion entre l’IGAL C’est pourquoi, un rapprochement
et l’ISAB. naturel s’est produit qui a abouti en Un tel projet a nécessité la fondation
juin 2006 à la fusion des deux d’infrastructures importantes : héber-
Les deux écoles ont une notoriété cer- écoles. Cette fusion, effective depuis gement des nouveaux arrivants, bâti-
taine chacune dans son domaine. le 1er septembre 2006, verra le ments pour l’enseignement et la
L’IGAL, Institut géologique Albert-de- déménagement de l’IGAL sur le cam- recherche, équipements scientifiques,
Lapparent, fut fondé en 1959 à par- pus de Beauvais à partir de la ren- … (pour environ 17 millions d’Euros).
tir des Laboratoires de géologie et de trée 2007. Il n’aurait pu voir le jour sans un sou-
minéralogie de l’Institut catholique de tien fort et actif des collectivités
Paris (ICP) qui virent le jour en 1875. Pourquoi LaSalle Beauvais ? simple- locales, Communauté d’Agglomé-
L’ISAB, Institut supérieur d’agriculture ment parce que l’ISAB fut fondé par rations du Beauvaisis, Conseil
de Beauvais, remonte à 1855, date les Frères, porteurs des préceptes Général de l’Oise et Conseil
à laquelle les Frères des écoles chré- que Jean-Baptiste de La Salle mit en Régional de Picardie, qui ont large-
tiennes créèrent la première structure œuvre au XVIIe siècle. Ensuite, parce ment contribué à sa réalisation.
d’enseignement supérieur privée en que cette dénomination inscrit de fait
France. le nouvel institut dans le réseau Remarquons que ce projet n’aurait
LaSalle Universities qui comprend pu aboutir sans l’approbation quasi
Les deux instituts ont bien des points plus de 65 sites répartis dans le unanime des principaux intéressés :
communs. Tous deux sont des écoles monde entier, offrant aux élèves des élèves, anciens élèves et personnels
d’ingénieurs à préparation intégrée, possibilités d’échanges supplémen- des écoles, parents d’élèves, et sans
habilitées par la Commission des taires dans un cadre pédagogique l’aval des ministères de tutelle.
titres (CTI). Ils appartiennent aux homogène. Gageons que, dans ce cadre nou-
mêmes réseaux : ICP, FESIC, … et veau et prometteur, l’IGAL, devenu
offrent une évidente complémentarité Avec ses 1200 élèves sur le campus “Département Géosciences” de
dans le domaine des Sciences de la beauvaisien en 2007 (dont 15 doc- LaSalle Beauvais, saura poursuivre
Vie et de la Terre. En outre, les torants), une soixantaine d’ensei- sa vocation et développer la perti-
conceptions et réalisations pédago- gnants-chercheurs, 7 laboratoires, nence de ses enseignements en
giques de chacun, basées sur des dont 3 dédiés aux géosciences, tenant un cap humaniste toujours de
expériences séculaires, sont portées LaSalle Beauvais représente le haut niveau.
par les mêmes volontés. Les élèves 1er pôle privé français de formation et
sont au cœur de la formation ; de recherche en Sciences de la Vie et Ph. OTT D’ESTEVOU

10 Géochronique n°100, 2006


Actualités
LA SORTIE DES EAUX
Coup sur coup, dans les mois qui intra-osseux appelés “lignes laté- veau fossile montre, outre l’abondan-
viennent de s’écouler, deux décou- rales”). ce et le bon état de conservation des
vertes paléontologiques importantes La découverte la plus récente, restes, des caractéristiques évolutives
ont donné lieu, suite à des publica- Gogonasus andrewsae (Nature du remarquables, malgré écailles et
tions dans Nature, à de nombreux 18 octobre 2006) vit encore de arêtes encore pisciformes. Le corps
articles de presse. Ceci n’est pas l’aveu même de ses découvreurs dans est extrêmement plat et surtout, il a
étonnant, puisqu’il s’agit de le milieu marin. Ce poisson, de petite une nuque fonctionnelle, ses épaules
recherches concernant le passage taille, a été découvert dans la forma- n’étant pas connectées au crâne, et
des poissons aux tétrapodes ter- tion Gogo, faciès basinal à sédiments une capacité thoracique proche de
restres, “nœud” capital de l’évolution fins bien daté du Frasnien par tétrapodes plus récents. L’équipe
des vertébrés, qui font depuis deux Goniatites. Pauvre en oxygène cette vient de revenir (juin 2006) d’une
décennies l’objet des investigations, formation est une roche mère à hydro- nouvelle campagne sur le site, en
souvent concurrentielles, de plusieurs carbures), développée en contrebas rapportant des matériaux addition-
équipes de paléontologistes. Si les et équivalente des calcaires récifaux nels. Tiktaalik pourrait être un bon
“vrais” tétrapodes terrestres sont déjà de la formation Pillara du bassin de candidat pour être un des chaînons
nombreux et diversifiés à partir du Canning en Australie occidentale. dans l’évolution des poissons aux
Viséen moyen, il existe une importan- Son excellent état de conservation, tétrapodes et dans la sortie des
te solution de continuité, dite qui semble exclure la possibilité d’un eaux…
“Romer’s gap” entre ces formes et les transport lointain par des courants tur- … et non pas le chaînon manquant,
fossiles encore aquacoles du biditiques, en fait une pièce impor- ou nécessairement le premier à avoir
Frasnien et du Famennien. Certains tante, la plupart des fossiles compa- mis le pied sur terre, comme le pro-
de ceux-ci montrent déjà des adapta- rables de cette partie du monde étant clament les articles de presse chaque
tions liées à leur habitat benthique, très incomplets (Metaxygnathus, fois que de tels fossiles sont décou-
quelle qu’en soit la profondeur, Sinostega). verts, ce qui donne malheureusement
comme la transformation des L’autre découverte, probablement du grain à moudre aux néo-création-
nageoires en pattes articulées (dont plus importante, baptisée Tiktaalik nistes ! On préférera le titre du
le nombre de doigts ira en décrois- roseae, a été publiée dans Nature en remarquable ouvrage de Jennifer
sant de huit à cinq), ou la position juin 2006. Cet animal, qui pouvait Clack sur l’origine et l’évolution des
dorsale des yeux. Dans l’intervalle un dépasser deux mètres, a été trouvé tétrapodes : “Gaining ground” qui
seul fossile, Pederpes (Clack, 2002), dans une formation d’estuaire datée suggère à la fois la sortie des eaux,
trouvé dans les Vieux grès rouges du Frasnien inférieur à moyen, essen- et les lents progrès de la paléontolo-
d’Ecosse, est attribué au Tournaisien. tiellement par palynologie, avec gie pour résoudre ce problème.
Mais c’est encore un animal aquaco- aussi quelques restes de poissons,
le par sa structure osseuse (tubes dans le grand nord canadien. Le nou- M. JACQUÉ

DORSALES OCÉANIQUES : DES NOUVELLES DU PROGRAMME “MOMAR”


AU SUD DE L’ARCHIPEL DES AÇORES

Dans le cadre du programme inter- on a utilisé des capteurs de pression se développant dans ces milieux
national “Momar” coordonné par repérés avec précision au fond de la extrêmes. L’étude de cet écosystème
l’IFREMER et l’INSU, deux cam- mer. Les informations obtenues ont a nécessité la réalisation d’une carto-
pagnes ont été organisées en Août été couplées avec des mesures alti- graphie 3 D autour de Lucky Strike.
2006 au sud de l’archipel des métriques par satellite de la surface En outre, des enceintes sous pression
Açores, au large du Portugal. océanique. La campagne a été com- ont été construites pour remonter en
plétée par une vingtaine de plongées surface des échantillons de cette
L’objectif de la première campagne, à bord du submersible “Nautile” en faune sans lui faire subir un change-
baptisée “Graviluck”, était la com- vue de diverses mesures (par ment brutal de pression. Les scienti-
préhension des relations existant exemple le champ de pesanteur). fiques pourront ainsi poursuivre au
entre les failles et le volcanisme. La laboratoire leurs études sur le com-
cible choisie était le volcan sous- La seconde campagne, “Momareto”, portement de ces organismes.
marin “Lucky Strike”, qui culmine à avait pour objectif de mieux
1700 m de profondeur, avec pour connaître les conditions de vie de la M. MILLET
but la mesure des mouvements verti- faune abondante (crabes, pieuvres, (Source : M. Ravaud, journal du
caux du fond océanique. Pour cela poissons, vers, gastéropodes, etc…) CNRS, n° 200, Septembre 2006)

Géochronique n°100, 2006 11


Actualités
DANS L’ARCTIQUE CANADIEN, LES PLUS VIEUX DIAMANTS DU MONDE
Des analyses isotopiques par la La nature des inclusions indique que de type subduction. Et, en consé-
méthode Re/Os de diamants prove- les diamants sont clairement d’origi- quence, que la genèse des diamants
nant de la mine Ekati, dans l’Arctique ne profonde (diamants dits péridoti- ne nécessiterait pas obligatoirement
canadien, donnent un âge de tiques), alors que la composition iso- des conditions de stabilité des pre-
3,52 Ga. Cette datation en fait les topique de l’osmium révèle l’interven- mières aires continentales. La stabili-
plus vieux diamants du monde, puis- tion de matériel superficiel recyclé en sation, dans ce cas, n’interviendrait
qu’ils dépassent de 500 millions profondeur. pas avant 2,5 Ga.
d’années les records appartenant jus- Cette apparente contradiction pour- (Source : Geotimes, novembre 2006)
qu’à présent à des diamants afri- rait signifier l’existence à cette
cains et sibériens. époque très ancienne d’un processus Ph. LAGNY

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET POLLUTION DE L’ATMOSPHÈRE PAR LE MERCURE


Les tourbières des forêts boréales l’apparition de feux de forêt de gran- 3 millions dans les années 1990. On
d’Amérique du Nord stockent depuis de extension au cours desquels la considère que ce chiffre pourrait dou-
des millénaires le mercure transporté tourbe se met à brûler. Le mercure bler à la fin du siècle, accentuant
dans l’atmosphère à partir des séquestré dans la matière organique ainsi considérablement la pollution
régions des latitudes moins élevées. est alors relâché dans l’atmosphère. de l’atmosphère par le mercure.
Le réchauffement climatique, qui a Les feux de forêt qui détruisaient (Source : Geotimes novembre 2006)
pour effet d’assécher les sols des 1,2 million d’hectares dans les
tourbières en été, favorise de ce fait années 1960, en faisaient disparaître Ph. LAGNY

NUAGES DE SABLE ET CYCLONES


Des chercheurs d’une université du constaté une moindre fréquence des sphère chargée en poussières, en fil-
Wisconsin ont mis en évidence une cyclones durant les années marquées trant une partie du rayonnement solai-
relation inverse entre l’intensité des par de forts tourbillons de poussières ; re, pourrait limiter la température et,
nuages de poussières transportées inversement, les périodes riches en par conséquent, l’activité cyclonique.
d’est en ouest depuis le Sahara et les cyclones ne montraient que peu de (Source : Notre Planète Info,
cyclones dans l’Atlantique. C’est à poussières dans l’atmosphère. 22/10/06)
l’issue d’une étude des données satel- Bien que les études n’en soient qu’à leur
lites portant sur 25 années qu’ils ont début, on peut penser qu’une atmo- Ph. LAGNY

CHAUDS LES OCÉANS ARCHÉENS !


Des chercheurs appartenant au base de résultats d’analyses à la les conclusions auxquelles des cher-
Centre de Recherche de sonde ionique des isotopes de l’oxy- cheurs américains étaient parvenus
Pétrographique et Géochimique de gène et de l’osmium dans des silex. dès 1973, à partir d’analyses isoto-
Nancy (CRPG) et au Muséum natio- Par la suite, de –3,5 à –0,5 Ga, la piques de l’oxygène dans des maté-
nal d’histoire naturelle avancent l’hy- température des océans précam- riaux similaires.
pothèse d’un océan archéen très briens se serait abaissée progressive- (Source : F. Robert et M. Chaussidon,
chaud, avec des températures de ment pour atteindre des valeurs de Nature, 26 octobre 2006)
l’ordre de 60 à 80°C à –3,5 Ga. l’ordre de 30°C à l’orée du
Cette hypothèse a été émise sur la Paléozoïque. Ces travaux confirment Ph. LAGNY

12 Géochronique n°100, 2006


Echos des manifestations
RCMNS INTERIM COLLOQUIUM
The Messinian salinity crisis revisited II

La seconde édition du colloque “The Messinian salinity crisis revisited” qui s’est tenue à Parme (Italie) du 7 au 9 sep-
tembre 2006, a été organisée sous l’égide du RCMNS (Regional committee on mediterranean neogene stratigraphy),
de GeoSed (Italian association for sedimentary geology) et de l’université de Parme, par nos collègues des universités
de Parme et de Modène, S. Iaccarino, S. Lugli, V. Manzi et M. Roveri. Le principe d’un colloque tous les deux ans pour
faire le point de l’avancement des recherches sur la crise de salinité avait été retenu lors de la première édition qui avait
eu lieu à Corte, en 2004.
Les séances ont été suivies par plus de 80 personnes venues de nombreux pays (Allemagne, Angleterre, Espagne,
France, Hollande, Hongrie, Israël, Italie, Pologne, Russie, Suisse, USA) et 62 communications, orales ou sous forme de
posters, ont été présentées pendant ces trois journées. Les sessions étaient organisées autour de cinq thèmes principaux :
“la stratigraphie du Messinien pré-évaporitique”, “le Messinien et ses analogues récents ou anciens”, “le Lago-Mare mes-
sinien et la limite Miocène/Pliocène” et “la réponse tectonique et géodynamique à la crise de salinité messinienne” et
enfin “les scénarios de la crise de salinité messinienne”. Plusieurs conférences invitées (W.B.F. Ryan, W. Krijgsman et co-
auteurs, C.B. Schreiber, J.M. Rouchy, M. Roveri et co-auteurs) ont dressé un panorama assez complet de la question et
de l’avancement des idées. Une large place a été consacrée aux discussions qui, comme il est de coutume à propos du
Messinien, ont donné lieu à des discussions très vives, mais toujours constructives, notamment à propos des principaux
modèles interprétatifs de la crise et de la signification paléoenvironnementale de l’épisode terminal dit du Lago-Mare.
Le colloque a été précédé par une excursion de trois jours dans les bassins messiniens des Apennins septentrionaux, en
Romagne, qui a permis aux participants de prendre connaissance de l’importance des études que nos collègues italiens
mènent dans ces bassins et de voir les points-clés de la géologie du Messinien, comme la célèbre série gypseuse de
Vena del Gesso ou les dépôts gypseux resédimentés dans les bassins profonds. Les présentations ont ouvert la voie à
d’intéressantes discussions sur les similitudes et différences existant avec les séries des autres bassins messiniens, et sur
l’usage que l’on pouvait en faire pour l’interprétation de la crise à l’échelle de la Méditerranée. L’organisation de l’ex-
cursion était tout simplement remarquable et la présentation des faits, comme celle des interprétations, toujours très didac-
tique et ouvrant sur des discussions d’ordre général. Une excursion post-congrès, avait été initialement prévue en Sicile,
mais a dû être malheureusement annulée faute d’un nombre suffisant de participants.
L’ensemble des congressistes a salué la haute tenue de ce colloque que ce soit pour la qualité de l’organisation ou pour
le niveau élevé des présentations et des débats scientifiques qui ont en outre mis en évidence le dynamisme de la com-
munauté scientifique oeuvrant sur ce thème.
J.-M. ROUCHY

L’ensemble des participants à l’excursion de terrain devant l’entrée du Musée historique de l’activité minière de Perticara, au sud de la ville de Cesena
qui propose une remarquable reconstitution d’une mine de soufre, la présentation des machines, outils et équipements utilisés depuis le début de l’activité
minière, ainsi qu’un intéressant musée minéralogique.

Géochronique n°100, 2006 13


Echos des manifestations
ATELIER SUBDUCTION : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES

L’atelier Subduction s’est tenu à la Société géologique de France le 26 septembre 2006 et a consisté en 3 exposés de
40 minutes suivis chacun d’une heure de débat. Marc-André Gutscher a joué le rôle de modérateur pendant la journée.
Benoît Ildefonse (coordinateur IODP-France) est intervenu en fin de matinée pour rappeler les objectifs poursuivis dans
les projets IODP, notamment ceux qui concernent les marges actives. Environ 50 participants issus des communautés de
géologues/géophysiciens marins, de modélisateurs et de géologues des chaînes.

Le premier thème, abordé par Pierre Henry, était la déformation sismique vs asismique dans les zones de subduction.
Parmi les points essentiels qui concentrent l’attention des chercheurs, on note :
- la caractérisation des processus physico-chimiques contrôlant les limites supérieure et inférieure de la zone source des
ondes sismiques pendant les séismes ;
- la compréhension des glissements “silencieux” affectant périodiquement les parties asismiques (supérieure et inférieu-
re) du plan de subduction et associées à des émissions d'ondes sismiques de faible énergie (trémeurs des subductions
chaudes et séismes trés basse fréquence des prismes d'accrétion) ;
- l’identification des processus dynamiques et de couplage fluide-mécanique et leurs conséquences à différentes échelles
de temps au cours du cycle sismique ;
- l’instrumentation sur le fond ou dans les puits de forage permettant d’observer des séries temporelles avant, pendant et
après un épisode de déformation sismique ou asismique.

Le second thème, introduit par Serge Lallemand, concernait l’apport des modèles physiques dans la compréhension de
la géodynamique des zones de subduction océanique. Les points marquants de l’exposé étaient :
- la dépendance complexe entre les processus pétrologiques (T°, P, chimie) et les processus mécaniques à l’œuvre dans
la déformation des lithosphères en convergence ;
- l’importance du couplage plaque/manteau et le développement des modèles analogiques ou numériques 3D permet-
tant de rendre compte de cette interaction ;
- l’identification des facteurs agissant dans le couplage, ou la transmission des contraintes, à l’interface entre les plaques
convergentes ;
- la caractérisation des forces de premier ordre motrices des plaques et responsables de la dynamique des interactions
dans les zones de subduction.

Le troisième thème, présenté par Jacques Malavieille, faisait le point sur les processus tectoniques qui interviennent dans
la déformation de la lithosphère lors de la subduction continentale. Parmi les points abordés, on retient :
- la caractérisation des principaux mécanismes de déformation qui interviennent dans la formation d’un prisme orogé-
nique lors du passage subduction océanique-continentale ;
- le rôle déterminant joué par les interactions tectonique-processus de surface dans la dynamique des prismes orogé-
niques (notamment pour l’exhumation des roches métamorphiques et la formation des bassins d’avant pays) ;
- la mise en évidence du rôle complémentaire du chenal de subduction (hérité de l’histoire océanique) dans l’exhumation
synconvergence des roches de ultra-haute-pression qui montrent souvent une histoire tectono-métamorphique biphasée ;
- et enfin, l’importance de l’héritage structural de la marge continentale subduite et du contexte géodynamique initial
sur les mécanismes évoqués ci-dessus.

Il ressort de cet atelier la volonté de :


- rassembler aussi souvent que possible des communautés ayant des approches complémentaires comme géologues/géo-
physiciens marins ET terrestres ET modélisateurs sur des thèmes au croisement des disciplines comme la SUBDUCTION ;
- développer l’instrumentation géophysique, géochimique et géodésique (observatoires fond de mer et en forages, répé-
tition de campagnes) de sites choisis pour leur exemplarité afin d’accéder à une vision dynamique de la déformation et
des phénomènes associés (APPEL de IODP-France à la participation aux prochains programmes Nantro-SEIZE et CRISP
à Nankai et au Costa-Rica) ;
- encourager l’imagerie sismique et sismologique des marges actives pour accéder à la structure 3D des systèmes incluant
la totalité de la zone sismogène (ex : réseaux denses d’OBS ou profil Sumatra jusqu’à 40 m de profondeur grâce à une
flûte de 12 km) ;
- poursuivre l’expérimentation et la modélisation (numérique et analogique) pour mieux comprendre les interactions flui-
de-roche, les processus de déformation du manteau et de la lithosphère en subduction en fonction des conditions P/T.
De même, il convient d’explorer les interactions entre tectonique, processus de surface et climat.

S. LALLEMAND

14 Géochronique n°100, 2006


Echos des manifestations
CLIMATE AND BIOTA OF THE EARLY PALEOGENE

Du 12 au 20 juin 2006 s’est tenue à


Bilbao la septième réunion de “Climate
and biota of the Early Paleogene”,
(CBEP). Elle était organisée par l’équipe
particulièrement dynamique du
Département de stratigraphie et paléon-
tologie du Pays basque qui avait tout mis
en œuvre pour en assurer le succès.
Aussi, les sessions scientifiques ont-elles
montré une forte hausse de la participa-
tion avec 148 scientifiques de 26 pays, accueillis par le Chef du gouvernement basque, dans le cadre somptueux du
Palais des Congrès Euskalduna. Les 64 présentations orales et les 92 posters concernaient des travaux entrepris sur tous
les continents, sous toutes les latitudes de l’Arctique à la Patagonie, dans des paléoenvironnements allant du continental
aux grandes profondeurs marines et avec des thématiques d’une grande diversité. Quel avantage pour les participants
de trouver réunis les spécialistes utilisant les outils les plus performants de l’enregistrement sédimentaire du climat ! Ils
allaient des plus classiques avec les différentes branches de la paléontologie ou de la sédimentologie jusqu’aux plus
actuels avec la bio et géochimie ou la cyclo-orbito-stratigraphie. Les sédiments du Paléogène basal sont en effet un
champ d’expérimentation remarquable pour l’étude des variations climatiques passées avec, en particulier, vers – 55
Ma, l’enregistrement d’un réchauffement global et soudain dit IETM = Initial Eocene thermal maximum (ou PETM =
Paleocene/Eocene thermal maximum) coïncidant avec une perturbation majeure du cycle du carbone (CIE : carbone iso-
tope excursion). La recherche des causes et des conséquences complexes de cet événement qui nécessite une analyse
sédimentaire haute résolution trouve
un écho dans les préoccupations
actuelles liées à l’augmentation des
émissions de CO2 et à l’élévation de
la température. C’est ce qu’ont très
bien compris les média (presse et
télévision) qui ont relaté aussi bien la
réunion que les excursions. C’est
aussi, avec le volontarisme de l’équi-
pe organisatrice, ce qui a attiré les
sponsors. De ce fait, toutes les pres-
tations étaient de grande qualité,
repas, visites, réceptions et publica-
tions avec un volume de résumés
ainsi que 3 livrets-guides d’excursion
très complets.
La session s’est terminée par la créa-
tion d’un groupe de travail qui devra
mener une étude comparative des
sections d’Egypte et de Zumaya en
vue d’établir les limites du Sélandien.
Le succès évident de la réunion de Bilbao, tant du point de vue des résultats, de plus en plus pointus, que des discus-
sions entre spécialistes, sera concrétisé par la publication de quelque 40 articles dans la revue Geologica Acta.
Trois excursions sur des affleurements paléogènes ont complété cette manifestation. Deux d’entre elles, d’une journée,
concernaient les sections classiques de la côte atlantique, candidates stratotypes, Azkorri-Gorrondatxe pour la limite
Yprésien/Lutétien et Zumaya pour les limites Danien/Sélandien et Sélandien/Thanétien. Elles nous ont permis de décou-
vrir la vie et la culture locale en dégustant le vin blanc régional, en visitant l’emblématique Guernica ou en participant
à l’inauguration du Musée Algorri. Ce centre géologique est destiné à protéger et mettre en valeur les falaises de
Zumaya, site mondialement connu et “livre ouvert pour la compréhension de 40 Ma de l’histoire de notre planète”. La
troisième excursion proposait de suivre en trois jours l’évolution des successions du Paléocène-Ilerdien basal pyrénéen,
depuis ses faciès de bas de pente en Navarre jusqu’au “Garumnien” continental de la Province de Lérida, tout en pre-
nant le temps d’admirer les falaises du Parc national d’Ordesa ou l’Eglise romane Santa Maria de Taüll.
La prochaine réunion sera organisée par Chris Hollis, en Nouvelle-Zélande, en Janvier 2009.

Y. TAMBAREAU

Géochronique n°100, 2006 15


Echos des manifestations
TROISIÈME RÉUNION DU RÉSEAU PYRÉNÉEN GÉOKIN 3D-PYR

En raison de sa taille, de sa préservation, de l’abondance de matériaux syntectoniques et de la relative qualité et acces-


sibilité des affleurements, la chaîne des Pyrénées constitue un laboratoire naturel idéal pour la réalisation d'études géo-
logiques majeures. De surcroît, des données du sous-sol tirées de profils sismiques (ECORS-Pyrenees, ECORS Arzacq,
ECORS-Golfe de Gascogne, ESCIN sur la marge cantabrique) et leur intégration avec les données de surface et les
autres types de données géophysiques constituent un enjeu majeur pour l’interprétation de la structuration de la chaîne.
Ces spécificités de la chaîne pyrénéenne ont donné lieu ces dernières années à un grand nombre de publications de
haut niveau scientifique et suscité l’intérêt de compagnies pétrolières qui recherchent des exemples naturels comme ana-
logues dans leur stratégie d’exploration. Malgré le nombre considérable de données disponibles, il existe encore de
nombreux problèmes à résoudre pour arriver à un consensus sur l'évolution géodynamique de la chaîne. Cette problé-
matique se fonde sur une hétérogénéité spatio-temporelle des données de base (géophysique, stratigraphique et struc-
turale).
En ce sens, un groupe de travail (GEOKIN 3D-PYR) constitué des équipes de recherche des universités de Barcelone, du
Pays Basque, de Saragosse et de Toulouse s'est mis en place fin 2003 grâce au financement du programme INTERREG
IIIA géré par la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP). Les objectifs principaux du GEOKIN 3D-PYR sont de favo-
riser les échanges et la diffusion des données et des idées, la mise en commun d’infrastructures de haut niveau, la mobi-
lité des chercheurs et la coordination des actions de recherche pour améliorer, homogénéiser, synthétiser et diffuser les
connaissances relatives à l’évolution (géométrique et cinématique) de la chaîne pyrénéenne. Ce réseau relie maintenant
environ 50 chercheurs qui consacrent une grande partie de leur travail aux Pyrénées.
Le développement de ce réseau pour la période 2004-2005 a conduit à la réalisation de deux réunions plénières à
Saragosse en juillet 2005 et à Morillo de Tou en octobre 2005 réunissant plus de 40 chercheurs. L'université de Pau et
des pays de l'Adour s'est jointe au projet en 2005 et a organisé la nouvelle réunion du groupe de travail qui s'est tenue
à Arudy (Pyrénées Atlantiques) les 7 et 8 octobre 2006.
Environ 30 participants se sont rencontrés le premier jour à la faveur de 17 présentations réparties en trois sessions por-
tant sur les thèmes “Structuration des Pyrénées”, “Paléomagnétisme dans les Pyrénées” et “Déformations actives dans les
Pyrénées”. La journée s'est clôturée par une table ronde portant sur le futur du réseau et les nouvelles perspectives de
recherche.
La seconde journée fut dédiée à une excursion de terrain sur le thème de la déformation active dans la zone nord-pyré-
néenne. Cette sortie a bénéficié de cinq arrêts présentant des analyses de paysages et des terrasses déformées.
En résumé, cette réunion du groupe de travail a été une nouvelle fois l'occasion de prendre connaissance des avancées
récentes des différentes équipes sur des thématiques variées toutes liées aux Pyrénées. La prochaine réunion du
GEOKIN 3D-PYR aura lieu courant 2007.
D. DHONT

Les participants du groupe GEOKIN 3D-PYR


lors de l'excursion de terrain
du 8 octobre 2006
(Photo A. Nédélec)

16 Géochronique n°100, 2006


Echos des manifestations
ASSOCIATION DES GÉOLOGUES DU BASSIN DE PARIS

Les journées d’étude d’automne de l’AGBP se sont déroulées les 21 et 22 octobre sur le thème des calcaires lutétiens,
de leur conservation en carrières souterraines et de leur mise en œuvre dans les constructions et les restaurations des
monuments, de Château-Thierry à Meaux. Ces journées faisaient suite, sur le thème de l’approche des roches dans les
monuments, aux journées de printemps (Géochronique n° 99).
La première visite fut consacrée au laboratoire de recherche des Monuments historiques, dédié aux études sur la conser-
vation et la restauration des monuments, bâtiments et objets mobiliers. Ce laboratoire, qui regroupe des chercheurs de
différentes disciplines, en particulier des géologues, est situé dans les communs du château de Champs-sur-Marne.
À Château-Thierry, l’ancien château-fort dominant la ville et ses enceintes sont construits, pour l’essentiel, en calcaire à
Ditrupa strangulata du Lutétien inférieur, meulière, calcaire lacustre et grès. Les formations lutétiennes sont visibles dans
des carrières souterraines et en particulier dans les caves Pannier, société commercialisant des vins de Champagne. La
partie visitable de ces carrières met en valeur l’aspect géologique, paléogéographique et paléontologique du Lutétien
ainsi que les méthodes d’exploitation. On peut y observer, entre les calcaires à Ditrupa de l’étage inférieur et les lam-
bourdes formant l’étage supérieur (non ouvert aux visites) des empreintes de Campanilopa (Cerithium giganteum) du
banc à verrins.
La seconde journée débuta par la visite de l’impressionnante forteresse de Fère-en-Tardenois construite pour sa partie
médiévale par Robert II, comte de Dreux et de Braine, compagnon de Philippe-Auguste et participant à la bataille de
Bouvines en 1214. Après divers avatars le château fut donné par François 1er au grand connétable Anne de
Montmorency qui fera détruire vers 1530, le logis, l’intérieur des sept tours et des courtines pour concevoir un nouveau
logis intérieur en l’honneur de la visite du roi et faire édifier une magnifique galerie enjambant le fossé et préfigurant
Chenonceaux. Ultérieurement l’ensemble fut partiellement détruit, notamment sous la Révolution pour la récupération de
matériaux de construction. Depuis 1971 une restauration est en cours sous la direction de la conservation régionale des
Monuments historiques de Picardie. Les soubassements des tours sont constitués de moellons de Grès de Beauchamp de
l’Auversien insérés entre des dalles de meulières de Brie ; les tours utilisaient les calcaires à Ditrupa ; dans les parties
édifiées par Anne de Montmorency on observe des calcaires lacustres du Marinésien, des calcaires du Banc royal et
des Bancs francs du Lutétien.
Une halte à la “hottée du Diable” près de Coincy a permis une plongée dans un paysage bellifontain : sables et grès
miroitants, chaos, enduits quartzitiques et figures d’altération. Toutefois les nombreuses traces de racines, les restes de
paléosols ont rappelé que ces formations appartiennent au niveau de Beauchamp avec le faciès de Fleurines et sont
donc d’âge bartonien.
L’examen des matériaux de construction de la cathédrale de Meaux a permis de reconnaître leurs diverses origines : cal-
caire à Ditrupa, Liais de Paris, calcaire tendre de Vareddes. De nombreuses restaurations ont été effectuées en calcaire
de diverses provenances : calcaire de Saint-Maximin et même calcaires à entroques de Savonnières (Meuse). Au cours
de la dernière visite au sanctuaire païen de la Bauve, à Meaux, fut soulignée l’importante quantité de marbres blancs
et colorés d'origines lointaines.
J. TABORIN

HOMMAGE JEAN CHOROWICZ

La revue Photo-Interprétation sous l’égide d’un comité Le volume sera remis à Jean Chorowicz au cours d’une
scientifique constitué de Jean-Paul Deroin, Claude journée scientifique organisée à Paris en janvier
Kergomard et André Simonin, publie en 2006 dix-neuf prochain. Plusieurs conférenciers seront invités à cette
articles consacrés aux applications de la télédétection occasion (renseignements concernant l’organisation de
en géomorphologie et géologie. Ces articles seront la journée : jean-paul.deroin@univ-mlv.fr ou Jean-Paul
réunis prochainement dans un volume unique proposé Deroin Université de Marne-la-Vallée, Institut Francilien
en souscription (renseignements, demande de des Sciences Appliquées, OTIG, 5 boulevard Descartes,
formulaire : catherine.duval@eska.fr ou Editions ESKA Champs-sur-Marne, 77454 Marne-la-Vallée cedex 2).
12 rue du Quatre-Septembre 75002 Paris).

Géochronique n°100, 2006 17


Dossier
Les mondes planétaires :
un voyage dans le système solaire
C’est à un voyage exceptionnel dans le système solaire que ce dossier du numéro 100 de
Géochronique convie ses lecteurs :
- exceptionnel parce que tous les mondes planétaires – les planètes et leurs satellites – les plus
intrigants sont visités ;
- exceptionnel car il “oublie” notre Terre au profit des autres corps de la banlieue solaire, l’évoquant
simplement au passage de la sonde Mariner 10 il y a plus de 30 ans comme une belle planète bleue
porteuse de vie accompagnée de son gros satellite, la Lune ;
- exceptionnel aussi car il fait le point le plus actuel possible sur les connaissances acquises par les
sondes spatiales en activité ;
- exceptionnel enfin du fait de la qualité des contributeurs, tous scientifiques français engagés dans
les programmes de recherche des grandes agences spatiales internationales, l’ESA et la NASA
principalement.

A-t-on vraiment et volontairement


oublié la Terre? Certainement non si
l’on excepte son extrême
particularité de posséder une
biosphère abritant la vie. Si, par
contre, on la regarde du point de
vue du géologue, on cherche à
mieux la comprendre en s’appuyant
sur ce que nous apprennent les
autres mondes planétaires:
- la dynamique récente ou actuelle
de Vénus et de Io, le satellite de
Jupiter le plus proche de sa planète,
nous montre la diversité de l’activité
volcanique et tectonique d’un corps
planétaire ;
- les planètes Vénus, Mars et Titan,
le gros satellite de Saturne, La Terre et la Lune vues depuis l’espace en 1974
par la sonde américaine Mariner 10 en route vers Mercure (crédit image : NASA)
possèdent une atmosphère ; elles
ouvrent des pistes pour mieux appréhender l’effet de serre ou pour tenter de comprendre
l’environnement prébiotique de la Terre primitive ;
- certains gros satellites glacés de Jupiter abritent, ou ont abrité, des océans sous l’épaisse banquise
qui les recouvre, à la manière du lac Antarctique sous glaciaire de Vostok ;
- Mercure, Mars et de nombreux satellites, à la surface criblée de cratères d’impact, nous rappellent
que la Terre a elle aussi été intensément bombardée dans sa jeunesse par des planétoïdes ;
- Mars, la cible la plus explorée par des sondes en orbite – dont la sonde européenne Mars Express –
ou par des robots mobiles – les deux rovers américains MER –, nous fournit les premiers éléments
d’une géologie planétaire comparative, depuis les formes éoliennes actuelles jusqu’aux sédiments
anciens qui sont des cibles privilégiées pour les recherches de traces de vie primitive extra-terrestre.

Bon voyage !
Jacques-Marie Bardintzeff, Nicolas Mangold, Pierre Soléty

18 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Où en était la planétologie il y a 50 ans ?
Au début des années 1950, l’ouvrage sur son diamètre, estimé entre - la mission Galileo a fait un tour
qui faisait référence parmi les géo- 0,390 fois et 0,403 fois celui de la détaillé du monde jovien et a photo-
logues et les astronomes s’intéressant Terre ; graphié en détail ses satellites ;
aux planètes – on ne les appelait pas - l’hypothèse selon laquelle les varia- - la sonde européenne Huygens s’est
encore planétologues – était le livre tions saisonnières de la couleur de la posée sur Titan le 14 janvier 2005 et
publié en 1952 par le géochimiste surface de la planète Mars seraient a brillamment confirmé la présence
Harold Urey, prix Nobel 1934 pour un indicateur de la présence de de méthane.
sa découverte du deutérium. Son livre lichens ;
fondateur, intitulé “The planets ; their - l’incertitude d’environ 10 % sur le Lors de la publication de l’ouvrage de
origin and developpement”, discutait diamètre des satellites galiléens de Urey, les seules informations dont l’on
de l’origine des objets planétaires des Jupiter ; disposait, bien que de grande quali-
points de vue de la physique, de la - la saturation en méthane de l’atmo- té, provenaient exclusivement des
chimie et de la science des matériaux. sphère de Titan qui impliquerait la observations faites depuis la Terre à
Outre son prix Nobel, Harold Urey est présence de méthane condensé à la l’aide des télescopes optiques et des
mondialement connu pour avoir obte- surface de ce satellite de Saturne. antennes radio et radar. Aucune
nu, en compagnie de son étudiant sonde spatiale n’avait encore été
Stanley Miller, la première synthèse Un peu plus de 50 ans après, toutes envoyée vers les planètes, ni même
de molécules organiques dans un ces questions - et beaucoup d’autres - vers la Lune.
environnement rappelant celui de la ont reçu réponse : Tout va s’accélérer à partir de la fin
Terre primitive et pour avoir lancé ce - la planète Mercure possède un des années 1950, grâce aux efforts
qui est devenu l’astrobiologie. noyau plus dense que ce que l’on accomplis par l’Union Soviétique puis
pensait ; par les Etats-Unis au cours de la
En ce qui concerne les corps plané- - il n’y a pas de lichens à la surface décennie 1960.
taires, Urey évoquait en particulier de Mars mais la recherche de traces
plusieurs points encore non élucidés : de vie microbienne est à la base de Spoutnik 1 (URSS), le premier satellite
- l’imprécision de 20 % sur la masse tous les programmes d’exploration artificiel en orbite terrestre, surprit le
de la planète Mercure et l’incertitude martienne en cours ou à venir ; monde entier en octobre 1957 et son

EN 2006, QU’EST CE QU’UNE PLANÈTE ?


La définition d’une planète par les anciens grecs – “un Les planètes sont : Mercure, Vénus, la Terre, Mars,
astre errant” – n’avait pas posé de problème pour faire Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.
entrer Pluton dans cette catégorie lors de sa découverte
en 1930. Certains astronomes considéraient toutefois Une planète naine est un corps céleste qui :
que sa trop petite taille (2 300 kilomètres de diamètre), - est en orbite autour du soleil ;
ne lui permettait pas vraiment d’intégrer la famille des - a une masse suffisante pour avoir une forme presque
huit planètes connues jusqu’alors et souhaitaient l’exclu- sphérique ;
re du cercle familial ; la découverte du premier “objet - n’a pas éliminé tout corps susceptible de se déplacer
transneptunien” en 1992, puis celles entre 2002 et sur une orbite proche ;
2005 de trois autres objets du même type mais d’un - n’est pas un satellite.
diamètre comparable à celui de Pluton – Quaoar Les objets reconnus aujourd’hui comme planètes naines
(1 200 km), Sedna (1 800 km), Eris, nouvellement nom- sont : Pluton, Eris et Cérès (le plus gros des astéroïdes
mée (2 800 km) – renforcèrent la vigueur du débat. tournant entre Mars et Jupiter) ; Quaoar et Sedna, ainsi
Il ne fut tranché que très récemment, par l’Union que les astéroïdes Pallas et Vesta sont en attente tant que
Astronomique Internationale (UAI), lors de son assemblée leur sphéricité ne sera pas parfaitement établie.
générale tenue à Prague le 26 août dernier. A l’issue de
discussions très animées et parfois houleuses, l’UAI adop- Tous les autres objets en orbite autour du soleil sont
ta par vote (300 voix pour, 90 voix contre) la définition appelés, faute de mieux, “petits corps du système solai-
suivante du terme “planète”, définition qui est désormais re”. L’UAI ne s’est pas prononcée sur la définition des
officielle et ouvre deux autres catégories de corps solaires. planètes extrasolaires dont les astronomes savent enco-
re trop peu de choses.
Une planète est un corps céleste qui :
- est en orbite autour du soleil ; Même si elle est critiquable et navre les admirateurs de
- a une masse suffisante pour que sa gravité l’emporte Pluton, la définition adoptée par l’UAI a comme princi-
sur les forces de cohésion du corps solide et le main- pal mérite de limiter l’inflation du nombre des planètes
tienne en équilibre hydrostatique, sous une forme qui entourent le soleil et de les restreindre à celles que
presque sphérique ; l’on peut observer à l’œil nu ou au travers d’un instru-
- a éliminé tout corps susceptible de se déplacer sur une ment d’amateur.
orbite proche.

Géochronique n°100, 2006 19


Dossier
février 1966 pour que la sonde Luna 9 d’énormes difficultés pour y rentrer et
s’y posât en douceur et envoie des pho- atterrit finalement dans la taïga sibé-
tographies à la Terre et Noël de la même rienne au milieu de la neige et des
année pour assister à une retransmission loups ! On sait encore moins que,
télévisée par la sonde Luna 13. depuis sa retraite de cosmonaute, il
s’est consacré avec talent à la peintu-
Entre temps, la sonde Mariner 2 re de l’aventure spatiale.
(Etats-Unis), lancée en août 1962, fut
la première mission réussie de la Après que le vaisseau habité
NASA et passa auprès de la planète Apollo 8 (Etats-Unis) eut tourné en
Vénus en décembre de la même orbite autour de la Lune à Noël
année ; puis la sonde Mariner 4, lan- 1968, Apollo 11 fût la première mis-
A. Leonov, le premier piéton de l’espace, en 1965 cée en novembre 1964, frôla la pla- sion humaine à se poser, le 20 juillet
(crédit Image : NASA -history.nasa.gov) nète Mars en juillet 1965 et envoya à 1969, sur un corps planétaire autre
la Terre les premières images de la que la Terre et à ramener aux géo-
frère, Spoutnik 2, emmenant la chienne surface d’une autre planète. logues des échantillons de roches
Laïka en mission suicide, le suivit un mois extraterrestres.
après. Luna 1 (URSS) fut le premier engin L’histoire ne retiendra peut-être pas
à frôler la Lune en janvier 1959 et Luna que le “premier piéton de l’espace” L’exploration spatiale était lancée…
2 le premier à s’y écraser en septembre fut le Russe Alexis Leonov qui sortit de
de la même année. Il fallut attendre son vaisseau le 18 mars 1965, eut P. SOLETY

Vénus et Io : aux portes de l’enfer


soufrés pouvant provenir d’un magma pour une surface au sol de
primitif peu évolué. 10 000 km2. En 1983, les radars
Hormis les données transmises par ces imageurs des sondes soviétiques
sondes et en raison de l’opacité de Venera-15 et 16 ont cartographié
l’atmosphère, l’observation de la environ 35 % de la surface de
surface vénusienne n’a pu être réalisée l’hémisphère nord, avec une résolution
qu’au moyen de radars terrestres ou spatiale de 1 km. De 1990 à 1994
placés à bord d’engins spatiaux. Dans l’altimètre et l’imageur radar embarqués
les années 1960, 30 % de la surface à bord de la sonde américaine
vénusienne avaient pu être observés Magellan ont acquis des données
depuis les radiotélescopes américains topométriques avec une précision
avec une résolution spatiale de 2 km. altimétrique de 50 m pour une maille de
En 1978, le radar altimètre placé à 10 km de côté et des images couvrant
bord de la sonde de la NASA Pioneer 98 % de la surface avec une résolution
Venus a imagé 93 % de la surface, spatiale variant de 120 m à l’équateur
avec une précision verticale de 200 m à 250 m aux pôles.
Vénus vue par la sonde américaine Mariner 10
en 1974 (Crédit image : Nasa/Mariner10)
Carte topographique de Vénus acquise par le radar altimètre Magellan entre 1990 et 1994.
La surface de Vénus : (Crédit image : NASA/JPL/Magellan)
des failles et des volcans
La planète Vénus est entourée d’une
épaisse atmosphère opaque,
composée de dioxyde de carbone et
de nuages d’acide sulfurique qui,
concentrant l’énergie solaire,
provoque un effet de serre. Malgré des
conditions particulièrement difficiles -
température au sol de 460°C et
pression de 95 000 hectopascals
(95 bars) -, des sondes soviétiques
Venera se sont posées (en 1983)
pendant quelques heures sur une
surface recouverte de laves
basaltiques, plus ou moins morcelées,
riches en éléments radioactifs et

20 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Les données altimétriques Magellan de Beta, Atla et Thémis. Parmi eux tures limitant des vallées linéaires,
ont permis de connaître la topogra- 167 présentent une forme conique soit suivant des réseaux de fractures ;
phie de Vénus avec une précision de 2,5 km d’altitude et de plus de elles se présentent aussi selon une
supérieure à celle de la Terre ! La 100 km de diamètre d’où divergent géométrie circulaire comme les joints
répartition des altitudes est assez des coulées de laves plus ou moins polygonaux affectant les laves des
régulière, groupée autour d’une longues, sinueuses et visqueuses. plaines.
sphère de 6 051,95 km de rayon, Certains d’entre eux se situent le long Les structures tectoniques résultant
définie arbitrairement comme l’altitu- de grandes entailles crustales, locali- d’une compression montrent plutôt
de de référence égale à 0. Cette dis- sées dans la région de Beta, compa- une géométrie linéaire arquée. Par
tribution d’altitudes unimodale rables au rift terrestre d’Ethiopie. Des exemple, des réseaux de rides (plis)
contraste avec celle de la Terre qui se dômes à la surface craquelée de peuvent déformer la surface crustale
caractérise par deux modes : le fond 25 km de diamètre et de 750 m de sur des distances supérieures à
des océans, essentiellement composé dénivelée, appelés “pancakes”, se 100 km. Il existe aussi des chaînes
de basalte, montrant une bathymétrie regroupent en essaims dans les de montagnes situées dans la région
moyenne de – 4 km et les continents, plaines vénusiennes, témoignant d’Ishtar Terra caractérisées par une
essentiellement constitués de roches d’un matériel magmatique très vis- topographie élevée (>10 km) et une
légères assimilées aux granites, à queux. Ils sont associés à des déformation tectonique compressive
une altitude moyenne de + 0,2 km. champs de petits cônes volcaniques étendue et de style régulier (plis et
Un seul mode d’altitudes suggérerait de 1 à 7 km de diamètre. De plus, chevauchements parallèles). Il faut
que la croûte de Vénus est composée des laves fluides dont la surface est ajouter à ces structures les tesserae,
d’un seul type de matériau (basalte). plus ou moins lisse recouvrent l’en- caractérisées par une morphologie
Bien que présentant en général une semble des plaines. complexe dominée par des systèmes
surface relativement plate, Vénus Toutes ces formes volcaniques se dis- de rides et de vallées se recoupant
possède quelques reliefs au niveau tribuent largement sur la surface, ce aléatoirement. Présentes sur plus de
du pôle nord : Ishtar Terra culmine à qui contraste fortement avec l’organi- 8 % de la surface vénusienne, les
plus de 11,5 km ; le long de l’équa- sation des structures volcaniques ter- tesserae se distribuent essen-
teur, Aphrodite Terra et Beta Regio restres, disposées essentiellement le tiellement sur les plateaux et les hauts
ont des altitudes s’élevant autour de long des frontières de plaques. reliefs. Leur origine est controversée :
5 km. Le point le plus bas (–2 km) se Toutefois, leur distribution n’est pas origine extensive et/ou compressive ?
situe au niveau d’une fosse, dénom- aléatoire. Il semble qu’il existe une Plusieurs modèles géophysiques ont
mée Diana Chasma, au sud de grande dépendance entre l’altitude et tenté de reproduire leur mode de
l’équateur. Ainsi, la dénivelée maxi- le type des édifices volcaniques. formation, impliquant de grands
male est de 13 km, contre 20 km sur Cette dépendance peut s’expliquer mouvements mantelliques horizon-
Terre. Sur la base de leurs altitudes par la combinaison des variations de taux, des glissements crustaux
moyennes, on distingue trois grandes la pression atmosphérique en fonc- gravitaires à la périphérie d’un
catégories d’unités morphologiques : tion de l’altitude et de la profondeur panache mantellique ou encore
les “basses terres” d’altitudes néga- du réservoir magmatique. Ainsi, dans des mouvements mantelliques
tives couvrant 27 % de la surface, les les plaines, la pression atmosphé- compressifs horizontaux à l’origine
“plaines ondulées” couvrant 65 % de rique étant plus importante, le réser- d’un plateau plissé suivis d’une
la surface et d’altitudes comprises voir magmatique se situerait à faible relaxation gravitaire de ce dernier.
entre 0 et 2 km et les “hautes terres” profondeur, produisant des laves très Aucun ne résout pleinement leur
constituant 8 % de la surface et s’éle- fluides et très chaudes. Au contraire, mode de formation.
vant à plus de 2 km. sur les reliefs, les laves émises Par ailleurs, un vif débat continue sur
Les images radar de Magellan ont seraient plus visqueuses et provien- l’origine et les processus de
montré que la surface vénusienne draient de réservoirs plus profonds. formation des coronae, structures
présentait une assez grande diversité Les structures tectoniques (failles, plis, propres à Vénus, uniques dans le
morphologique résultant à la fois etc.) se distribuent sur l’ensemble de système solaire. Elles se caractérisent
d’une histoire volcanique et tecto- la planète, en contraste avec l’orga- par une dépression circulaire, de
nique complexe. Le volcanisme s’ex- nisation des structures tectoniques ter- 100 à 2 600 km de diamètre
prime sur l’ensemble de la planète restres localisées aux frontières de (Artemis corona) avec un mode
sous des formes extrêmement variées plaques lithosphériques. Cependant, autour de 200-300 km, délimitée par
(édifices volcaniques, coulées de des régions sont plus particulière- un anneau composé de rides et de
lave, dômes magmatiques et dykes), ment affectées, comme les hauts fractures, souvent d’altitude plus
témoignant de la diversité de nature reliefs d’Ishtar Terra situés aux lati- élevée. La périphérie des grandes
et de viscosité des magmas émis. tudes septentrionales et ceux dispo- coronae est souvent soulignée par un
sés le long de la ceinture équatoria- fossé plus ou moins continu.
Plus de mille édifices volcaniques de le, sur Aphrodite Terra et Beta Regio. L’ensemble est fréquemment fracturé
plus de 20 km de diamètre sont Les structures, témoignant d’un étire- de façon radiale et concentrique et
recensés, dont les deux tiers d’entre ment crustal, s’organisent générale- associé à des structures volcaniques.
eux se concentrent sur moins de ment soit suivant une géométrie Au nombre de 175, les coronae se
30 % de la surface dans les régions linéaire comme des chaînes de frac- distribuent sur l’ensemble de la

Géochronique n°100, 2006 21


Dossier

a) Maat Mons, l’un des deux volcans de Rhea


regio entouré de coulées de laves fluides dont
l’altitude culmine à 5 km
b) dômes magmatiques (ou pancakes) de forte
viscosité de 25 km de diamètre et de 750 m
de dénivelée
c) cratère d’impact Somerville de 37 km de
diamètre situé dans la région de Beta ayant
subi un étirement horizontal de 25% grâce au
jeu des failles normales
d) Aine corona de 200 km de diamètre,
correspond à un dôme magmatique limité
par des fractures concentriques. Remarquez
le pancake de 35 km de diamètre sur le bord
nord de la corona et les fractures polygonales
affectant les laves sombres (coin supérieur droit)
e) réseaux de fractures linéaires espacées
régulièrement de 1 km
f) Artemis corona, la structure la plus évoluée du
groupe des coronae; un fossé semi-circulaire
de 120 km de large et profond de 2,5 km
circonscrit une structure volcano-tectonique
de 2600 km de diamètre
(Crédit image : NASA/JPL/Magellan)

planète, avec une concentration plus la surface de Vénus a été soumise à sphère. L’ensemble de ces cratères
élevée le long d’Aphrodite Terra et d’importants mouvements verticaux d’impact se distribue uniformément
préférentiellement à des altitudes de et, plus localement, à des sur la surface avec une densité
2 km. Ces structures ne montrent pas mouvements horizontaux d’ampleur moyenne de 2 cratères par million de
de corrélation avec le géoïde limitée. Tout ceci semble indiquer que km2. Comme la densité de cratères
vénusien, surface équipotentielle de Vénus se caractérise comme une est faible et que leur population se
pesanteur. Plusieurs modèles sont planète mono-plaque régie par une distribue de façon homogène sur
proposés pour expliquer leur dynamique mantellique de type point l’ensemble de la surface, seul l’âge
formation, allant d’une remontée chaud avec un recyclage global absolu moyen de la surface globale
mantellique (type point chaud) à un produit de façon catastrophique pour de la planète peut être estimé à une
enfouissement annulaire des terrains expliquer la préservation de la valeur comprise entre 200 et
périphériques sous les terrains situés densité homogène de cratères 600 millions d’années, ce qui est
au centre de la corona (type d’impact sur l’ensemble de la relativement jeune. Les causes de ce
subduction). Actuellement, un modèle surface. Ce type de dynamique rajeunissement brutal restent très
évolutif semble être privilégié : pourrait être une conséquence débattues tandis qu’aucune éruption
- la déformation radiale et concen- majeure de l’absence d’eau liquide volcanique n’a été observée lors des
trique proviendrait de la remontée sur la planète. En effet, sur Terre, différentes missions spatiales, lais-
d’un diapir mantellique ; l’eau liquide est réinjectée au niveau sant planer le doute sur la continuité
- les fractures concentriques des frontières de plaques en d’une activité volcanique jusqu’à nos
résulteraient de l’expansion latérale subduction, permettant, notamment, jours. La mission européenne Venus
du diapir ; de diminuer la viscosité du manteau Express, qui a quitté la Terre le
- le fossé périphérique témoignerait terrestre. 9 novembre 2005, pourra peut-être y
de la subsidence thermique de la Environ mille cratères d’impact répondre indirectement par les
corona. météoritique sont recensés avec des mesures de teneur en composés sou-
La présence de structures diamètres s’échelonnant entre 2 et frés dans l’atmosphère vénusienne.
tectoniques, associées à des 280 km, l’absence de plus petits cra-
structures volcaniques, indique que tères étant due à l’effet de l’atmo- V. ANSAN

22 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Les objectifs de la mission ondes planétaires (en particulier établi. En particulier, le rôle de la
Venus Express thermiques, générées par le chauffage vapeur d’eau n’est pas précisément
au point subsolaire) transportent le pris en compte car ses éventuelles
En dépit de sa proximité et de son moment angulaire depuis la surface variations spatiales sous les nuages ne
apparente similarité avec notre vers la haute atmosphère. Des vents sont pas documentées. L’amplitude du
planète, Vénus reste un monde méridionaux, plus faibles, sont forçage dû aux nuages, qui peut
étrangement éloigné des conditions également observés. Ils indiquent la évoluer localement et dans le temps,
terrestres et globalement méconnu. présence d’une cellule de Hadley doit également être mesuré. Cela se
Nous savons que la planète solide géante, avec mouvement ascendant à fera grâce aux spectromètres
tourne sur elle-même en 243 jours l’équateur, transport vers les pôles et infrarouge.
terrestres, dans le sens rétrograde, et subsidence (une cellule de Hadley est
en 224 jours autour du Soleil, créant un une boucle de circulation atmos- Interaction surface-atmosphère
jour solaire de 117 jours terrestres. Son phérique - atmosphère froide en La présence de nuages de H2SO4
atmosphère, essentiellement constituée altitude et chaude au sol - de l’équateur nécessite l’existence d’une source de
de CO2 et N2 (96,5 % et 3,5 % vers les hautes latitudes). Un objectif soufre. La surface pourrait y contribuer,
respectivement), impose à la surface majeur de la mission Venus Express est soit par volcanisme, soit par la
une pression de ~ 94 000 hPa de mesurer l’intensité de cette décomposition de composés soufrés de
(94 bars) et une température de circulation globale et l’origine de la la croûte, tels FeS2. Des variations
450°C. C’est l’exemple le plus super rotation. Pour ce faire, des spatiales de l’abondance en CO
éloquent d’effet de serre dans le mesures systématiques du profil de observées par les missions précédentes
système solaire. En regard de notre température seront effectuées dans sont aussi interprétées comme la
connaissance de la géologie et de la l’infrarouge et le domaine radio sur signature d’une possible activité
tectonique de Vénus, l’atmosphère l’ensemble de la planète. Les teneurs en volcanique. Enfin, les produits de
vénusienne reste très méconnue. C’est gaz traceurs à longue durée de vie, décomposition de H2SO4 pourraient
pourquoi les objectifs scientifiques de la comme le CO, seront également attaquer la surface pour former de
mission européenne Venus Express sont systématiquement mesurées dans l’anhydrite (CaSO2). Venus Express
concentrés sur l’étude de l’atmosphère, l’infrarouge. observera l’évolution des composés
depuis son interaction avec la surface chimiques à proximité de la surface
jusqu’à sa collision avec le vent solaire. Chimie et nuages afin de mieux contraindre les différents
On peut regrouper les objectifs les plus La chimie de Vénus est dominée par la mécanismes de couplage surface-
importants dans les points suivants. photolyse du SO2, puis sa réaction atmosphère.
avec l’eau qui aboutit à la formation
d’acide sulfurique (H2SO4). Celui-ci se Haute atmosphère et échappement
condense pour former la couche La haute atmosphère de Vénus
supérieure des nuages. Ce processus présente une asymétrie de température
intéresse grandement les chimistes de jour/nuit très contrastée (300°K contre
l’atmosphère terrestre car il est 100°K), qui doit induire une circulation
analogue à la fabrication de la dans la haute atmosphère
pollution acide sur notre planète. Plus particulièrement intense. Or on dispose
en profondeur, une deuxième couche de très peu de mesures des vents,
nuageuse existe, dont nous ignorons directes ou indirectes, par
complètement l’origine et la l’intermédiaire de traceurs chimiques.
composition chimique (il existe un Ce sera l’un des objectifs de Spicav.
mystérieux absorbant dans l’ultraviolet Enfin, au sommet de l’atmosphère,
Venus Express : une des premières images IR toujours non identifié). Enfin, entre l’absence d’un champ magnétique
de Venus Express montrant un vortex au pôle 30 km et la surface, l’acide sulfurique planétaire permet au vent solaire
sud (Crédits : ESA/VIRTIS/INAF-IASF/ est détruit thermiquement et recyclé en d’interagir directement avec celle-ci.
Obs. de Paris-LESIA) SO2 avec quelques intermédiaires Cette collision doit entraîner une
comme H2S et OCS (oxysulfure de érosion atmosphérique dont l’étude
carbone). Observant dans l’infrarouge intéresse notre compréhension de
Dynamique atmosphérique et l’ultraviolet, Venus Express l’évolution de la planète Vénus depuis
Au niveau des nuages, vers cartographiera verticalement et sa formation et celle de l’évolution des
60 kilomètres d’altitude, l’atmosphère horizontalement l’abondance des “Jupiter chauds”, ces planètes
de Vénus présente une super rotation molécules soufrées afin de mieux extrasolaires massives très proches en
avec des vents est-ouest de 100 m/s. comprendre le cycle atmosphérique du distance de leur étoile.
L’atmosphère effectue un tour sur elle- soufre et son couplage avec la
même en 4,2 jours contre 243 pour la dynamique. Venus Express a été lancée avec succès
planète solide. Cette super rotation le 9 novembre 2005 et depuis son
diminue sous les nuages pour s’annuler Effet de serre insertion, le 6 avril 2006, les premières
à la surface. L’origine de cet excès de Si son origine est clairement établie (le données sont en cours d’acquisition.
moment angulaire reste globalement CO2 et les nuages), un bilan complet
incompris, mais on suppose que des des forçages radiatifs doit encore être Th. FOUCHET
Géochronique n°100, 2006 23
Dossier
Io est parfois le siège d’éruptions cata-
clysmiques, aussi explosives que sou-
daines, comme sur Tvashtar Catena. La
sonde Galileo y observa un rideau de
feu émanant d’une fracture de 25 km de
long et s’élevant à une hauteur estimée à
1 km. Des scories furent aussi projetées à
grande distance et tapissèrent les alen-
tours d’un voile sombre et diffus. Au plus
fort de l’activité, le taux d’émission de
laves atteignit 20 000 à 200 000 m3.s–1,
à comparer aux 8 700 m3.s–1 du volcan
Laki (Islande, 1783), pourtant la plus
intense jamais enregistrée sur Terre. La
température des magmas (plus de
1 600°C) dépassa largement le point de
fusion de la totalité des laves terrestres.
Un panache de gaz et de fines parti-
cules, haut de 380 km, accompagna
l’éruption. Ses retombées solides dessinè-
rent en quelques mois un impressionnant
anneau de matériaux rouges se dévelop-
pant sur près de 1 200 km de diamètre.
Un volcan de même type, Pillan, a pu
être identifié de la même manière.

Au jour le jour, Io dépense son énergie


d’une façon moins soudaine et plus conti-
nue. Ainsi le volcan Prometheus a déve-
loppé en 20 ans un champ de laves à la
Vue générale de Io avec le plus grand volcan, Pelé, distinguable à son anneau rouge forme torturée et au contour lobé sur une
(Crédit image : NASA/JPL/Galileo) distance de 80 à 90 km via tout un
réseau de tubes isolés. Le flux de lave
Io, la bouillante 0,6 %. Un tel profil s’explique par la était suffisant vers février 2000 pour
très faible viscosité des laves de Io ; recouvrir la surface de Io à un rythme de
Le satellite jovien Io (1 821 km de elles sont très riches en fer et en magné- 5 à 35 m2.s–1 sur une épaisseur d’un
rayon) forme un monde à l’opposé de sium et présentent une température de mètre en moyenne. Par comparaison le
l’immobilité avec plus de 300 volcans fusion particulièrement haute. Les hypo- volcan Kilauea d’Hawaï avale en moyen-
en activité à tout moment ! De juin 1996 thèses anciennes, portant sur des laves ne 2 m2.s–1 de nouveaux territoires. Les
à octobre 2001, la sonde américaine constituées de soufre à faible tempéra- plaines équatoriales du satellite sur les-
Galileo, en orbite autour de Jupiter, a ture, ont été abandonnées en grande quelles s’épanche la lave contiennent des
régulièrement survolé le satellite et a pu partie depuis la mission Galileo et son matériaux volatils comme des produits
scruter édifices, cratères et dépôts vol- cortège de données thermiques et miné- soufrés. Ces solides sont brutalement
caniques dans leur intimité. Au total, ralogiques. Seul le complexe volca- sublimés le long du front de lave pour for-
plusieurs centaines de caldeiras, de nique Emakong présenterait des lacs de mer un panache de gaz et de particules
tailles diverses, sont uniformément soufre qui s’épancheraient épisodique- haut de 100 km. Cette matière finit par
réparties à la surface de Io. Les volcans- ment. Galileo a dévoilé une variété retomber par gravité à une distance de
boucliers ne dépassent pas 2 km de d’éruptions inattendue dont on peut 100 à 200 km environ et alimente un
hauteur pour des pentes moyennes de décrire quelques exemples. anneau de dépôt quasi circulaire. Ce type

Evolution de l’activité volcanique à


Tvashtar Catena entre octobre
(image de gauche) et novembre
(image de droite) 1999.
La lave s’échappe en un rideau
de feu successivement de deux fissures
différentes. Des scories sombres sont
projetées à grande distance.
(Crédits NASA/JPL/LPL/Galileo)

24 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Bouleversements intervenus en trois ans à la
suite de l’éruption explosive du volcan Pillan
(au nord-est de l’anneau rouge). De gauche
à droite, les images ont été obtenues en avril
1997, septembre 1997 et juillet 1999.
A noter le dépôt de scories sombres, puis
de particules de soufre jaune.
(Crédits NASA)

de volcanisme effusif semble être le plus Un cycle s’achève et une nouvelle zone Io dégage une puissance thermique de
répandu sur Io et génère des champs de active apparaît. L’alimentation en 1014 W, des centaines de fois plus intense
laves parmi les plus étendus du Système magma d’un lac de lave aussi colossal que notre Lune, un corps à la taille et à la
solaire (jusqu’à 300 km de longueur). demeure inexpliquée. densité comparable ! Une telle déperdition
d’énergie à l’intérieur du satellite est due
Enfin, certains grands volcans n’ont pas Le volcanisme est aussi responsable du aux forces de marée considérables
développé de champs de laves mais se renouvellement permanent de la surface : qu’exerce Jupiter sur Io et qui l’échauffent
distinguent par des auréoles très éten- 1 cm d’épaisseur de matériaux frais par par déformation mécanique répétée.
dues. Loki, le plus puissant volcan du sys- année, soit 10 km en un million L’étude de Io constitue un véritable moyen
tème solaire, se présente comme une d’années ! Des blocs de croûte de de remonter dans le passé des planètes tel-
gigantesque caldeira plus de deux fois quelques centaines de km2 de surface et luriques comme Vénus ou la Terre. En effet,
plus vaste que la région Île-de-France. d’une dizaine de kilomètres d’épaisseur au tout début de l’histoire de notre planè-
Entre 1979 et 2001, Loki s’est distingué se soulèvent et basculent pour former des te, la chaleur libérée par l’accrétion gravi-
par une activité volcanique d’intensité montagnes. Ces dernières, au nombre de tationnelle et par la désintégration des élé-
très variable et remarquablement pério- 115 environ, se présentent sous forme de ments radioactifs était, par mètre cube de
dique. Au maximum de ses éruptions, massifs isolés et occupent seulement 3 % matériel, comparable à celle qui prévaut
Loki dégage plus de 25 % de l’énergie des terres ioniennes. Leur hauteur varie sur Io actuellement. Par conséquent, la
thermique totale émanant de Io. Son entre 1 et 17 km avec une moyenne de Terre archaïque (de –4,0 à –3,0 milliards
plancher sombre est une croûte solide 6 km. Ces montagnes se montrent assez d’années) devait présenter certains carac-
recouvrant un gigantesque lac de lave. fragiles car, une fois dressées, elles tères ioniens comme, spécialement, le vol-
Tous les 540 jours en moyenne, une zone semblent s’affaisser très vite en se canisme à très haute température.
limitée de la croûte se fracture laissant désagrégeant. S. DOUTÉ
remonter le magma en surface. Alors que
les laves en fusion se solidifient rapide-
ment, cette zone de fracture s’est déjà
propagée un peu plus loin à la vitesse de
1 km par jour. Elle balaye et renouvelle
entièrement la caldeira en 230 jours, lais-
sant derrière elle une traînée de maté-
riaux récemment exposés à divers stades
de refroidissement. Suit une période
d’apaisement de 150 jours en moyenne
pendant laquelle la croûte s’épaissit
avant de devenir instable à cause de son
poids croissant qui l’entraîne vers le fond.

Complexe volcanique Prometheus.


A) vue d’ensemble du complexe avec le champ
de lave noire et l’anneau de matériaux brillants
déposés par le panache.
B) carte de température issue de données
NIMS superposée sur une image SSI.
C) Zoom sur le champ de laves, les zones
les plus actives étant les plus sombres.
Les stries blanches sur le pourtour du front ouest
résultent de l’interaction des laves avec
les volatils de la surface ionienne. Le gaz
ainsi produit par sublimation s’élève en
volutes bleues visibles sur l’image et viennent
se condenser au niveau de l’anneau.
(Image LPG/d’après des images NASA)

Géochronique n°100, 2006 25


Dossier
Mars aujourd’hui :
un monde glacial, mais pas inerte
Une planète active
en surface
Dans les années 1970, les sondes
Viking ont montré de la planète Mars
sa ressemblance avec la Terre ; mais
Mars n’en restait pas moins une planè-
te froide et géologiquement morte, juste Mars vue par la sonde
perturbée par quelques tempêtes de Mars Global Surveyor.
poussières. Aujourd’hui, les nouvelles On note la calotte nord
données montrent que la surface de en haut prise en été,
Mars est modifiée par un bon nombre la présence de brume
de processus géologiques et atmosphé- à l’ouest des grands
riques encore actifs, ou actifs il y a peu volcans et une petite
de temps à l’échelle géologique ; elles tempête de poussière
montrent aussi que la glace d’eau et en bas des canyons de
l’eau liquide ont joué un rôle important. Noctis Labyrinthus
(en bas à l’ouest de
Avis de tempêtes Valles Marineris).
L’atmosphère de Mars est constituée de (Crédit Image
CO2 (95,3 %), d’azote N2 (2,7 %) et NASA/JPL/MSSS)
d’argon (1,6 %), ainsi que de vapeur
d’eau et de plusieurs autres gaz à l’état
de traces. L’atmosphère est en équilibre
de vapeur saturante avec une réserve
de glace carbonique et de glace d’eau
présente dans les calottes polaires. Des
brumes de glace d’eau peuvent se for-
mer à différents endroits de la planète.
Dans l’hémisphère Nord, en été, l’éclai- En haut : Modification de la glace carbonique
rement de la calotte saisonnière par le au pôle sud.
Soleil induit la sublimation du CO2 et Au milieu : Formation de traces sombres,
de l’eau. Ces gaz sont transportés vers témoins d’une avalanche granulaire.
l’autre hémisphère, alors en hiver, et se (ImagesMOC/MSSS/NASA)
condensent. L’atmosphère martienne En bas : “Dust devils” vus par les rovers MER
est donc très dynamique et marquée de la NASA. (NASA/JPL)
par un transport global d’une partie de
la masse atmosphérique d’un pôle à
l’autre. Il est à noter que ces transferts
de masse se produisent aussi sur le que le CO2 se recondense en d’autres
long terme. Ainsi, un processus très points proches du pôle sud. Enfin, l’ac-
actif mis en évidence par le suivi orbital tivité de l’atmosphère a également des
est observé sur la calotte permanente conséquences sur la mobilisation de la
sud. A cet endroit, la température per- poussière en surface. A chaque prin-
met la condensation du CO2 de l’at- temps austral, quand Mars passe au
mosphère de manière pérenne. plus près du soleil et que l’insolation
Cependant, cette couche de glace car- est maximale, l’hémisphère sud voit
bonique est en cours de sublimation, naître de nombreuses tempêtes de
comme l’atteste l’observation de ces poussières. Certaines années, ces tem-
étonnantes figures concentriques que pêtes s’amplifient jusqu’à provoquer
les américains ont nommées “swiss réchauffement complet de la calotte, un phénomène météorologique excep-
cheese”. En effet, on observe d’une auquel cas la glace carbonique dis- tionnel et unique, une tempête plané-
année martienne sur l’autre un recul paraîtrait en quelques centaines d’an- taire, qui a la fâcheuse conséquence
de leurs parois de quelques mètres. Il nées, même s’il est plus probable que d’empêcher les sondes d’observer la
est possible que ce recul soit dû à un cette modification ne soit que locale et surface.

26 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Cette dynamique atmosphérique a des
conséquences sur la formation de nom-
breuses morphologies éoliennes. Les
“devils”, ou tornades de poussières, se
forment lors du réchauffement du sol. Ils
sont très fréquents puisque les rovers
présents à la surface ont pu en photo-
graphier plusieurs et que les images
orbitales montrent des traces de tor-
nades très nombreuses sur certaines
régions. Les “dark slope streaks” sont
des traces sombres qui parsèment les
versants des régions équatoriales. On
pense actuellement que ces traces sont
des écoulements granulaires résultant
d’instabilités sur des pentes recouvertes
de poussières, à la manière d’ava-
lanches de neige sur Terre. L’intérêt de
ces figures d’écoulement, c’est que cer-
taines se forment actuellement. Et le
plus curieux est que leur nombre est en
augmentation : les nouvelles sont plus
nombreuses que celles qui disparais-
sent par recouvrement de poussières.
Cette particularité suggère un proces-
sus climatique original agissant actuel- A gauche : Dunes claires au fond d’une vallée.
lement, sans que l’on n’en comprenne En haut à droite : Dunes sombres à moitié recouvertes de glace de CO2 au printemps.
vraiment l’origine. Enfin, de nombreux En bas à droite : Petites barkhanes près du pôle nord.
champs de dunes attestent d’une activi- (Images MOC/MSSS/NASA)
té éolienne plus classique, actuelle ou
très récente, car les directions des de dunes sombres composées de détectée par le spectromètre neutron
dunes correspondent aux directions sables volcaniques parsèment certaines (NS) de la sonde Mars Odyssey et les
actuelles des vents. Ainsi, des champs plaines, tandis que d’autres plutôt polygones sont quasiment tous dépour-
claires, plus petites et de composition vus de cratères d’impact. Ceci implique
incertaine (cendres volcaniques, feld- un âge extrêmement jeune et un pro-
spaths ?), remplissent le fond de cer- cessus probablement encore actif.
taines vallées anciennes. Il est impres- Plusieurs morphologies glaciaires ou
sionnant de constater à quel point une périglaciaires sont également visibles
atmosphère de seulement quelques dans la tranche des latitudes moyennes
hectoPascals (millibars) (un bon vide (30°± 60°). Les régions correspon-
secondaire !) suffit à créer des morpho- dantes sont parsemées de petites
logies éoliennes en grand nombre. dépressions fermées d’une dizaine de
mètres de hauteur ou de terrains fine-
La planète du périglaciaire ment disséqués par un processus d’éro-
D’autres processus impliquent cette fois sion suggérant le rôle de la sublimation
la glace d’eau mais sur des durées plus de la glace. Dans ces mêmes régions,
importantes, allant de quelques milliers des formes lobées, de quelques cen-
à quelques dizaines de millions d’an- taines de mètres d’épaisseur et typi-
nées. Ainsi, des sols polygonaux de quement de vingt à trente kilomètres de
géométrie et taille comparables aux longueur, présentent une topographie
sols polygonaux des régions polaires convexe caractéristique d’une déforma-
sur Terre sont très fréquents dans les tion visqueuse liée à la glace. La glace
hautes latitudes. Sur Terre, les sols poly- pourrait y avoir été déposée par l’at-
gonaux se forment notamment par la mosphère directement par condensa-
contraction thermique du sol gelé. Or, tion puis avoir été préservée de la subli-
sur Mars, avec typiquement 60°C de mation par une couche de poussière
variation saisonnière de température, protectrice.
En haut : Polygones dus à la contraction on a toutes les raisons de penser que le Les terrains équatoriaux sont, quant à
thermique. même mécanisme est très actif. De plus, eux, très peu modifiés par des proces-
En bas : Ravines sinueuses sur les flancs la présence de ces morphologies cor- sus glaciaires ou périglaciaires et ceci
d’une colline. respond aux zones où de la glace s’explique en raison de la non-stabilité
(Images MOC/MSSS/NASA) superficielle (<1,5 m d’épaisseur) a été de la glace à ces latitudes. Paradoxale-
Géochronique n°100, 2006 27
Dossier
DU MÉTHANE DANS L’AIR ?
La première annonce spectaculaire Plusieurs sources sont possibles : la mesure de l’abondance du méthane
d’une contribution de la sonde euro- chute d’une comète, le volcanisme, martien : des observations spectro-
péenne Mars Express à l’étude de l’altération de roches par l’eau, l’ac- scopiques au sol ont donné des rap-
l’atmosphère fut l’annonce de la tivité biologique. Le fait que l’abon- ports de mélange 10 fois plus élevés
détection du méthane par l’instru- dance en CH4 ne soit pas homogè- que ceux observés par Mars
ment PFS (Planetary Fourier ne spatialement est incompatible Express. Une autre étude à partir
Spectrometer). avec une source cométaire : en effet, d’observations sur le télescope
En fait, les auteurs de la découverte depuis l’impact, les vents martiens Canada-France-Hawaii ne donne
estiment mesurer des variations spa- auraient homogénéisé la concentra- qu’une moyenne de 10 ppm.
tiales de la quantité de méthane tion en CH4. La source volcanique Devant les contradictions entre
(CH4) : certaines régions géogra- est également rejetée par les auteurs toutes ces mesures, il est pour l’ins-
phiques présentent un rapport de car elle induirait la présence de gaz tant impossible de donner une
mélange de 35 parties par milliard soufrés (SO2) non détectés, de valeur de l’abondance du méthane
(ppm) et d’autres de seulement même que l’altération hydrique car et encore moins d’en mesurer des
10 ppm. Or, en l’absence de sour- l’eau liquide n’est que peu stable en variations spatiales. Dans ces condi-
ce, le méthane ne devrait pas exister surface. Il ne resterait donc que l’hy- tions, tout l’éventail des sources
dans l’atmosphère martienne : il est pothèse de l’activité biologique de demeure envisageable et l’hypothè-
en effet rapidement détruit en moins bactéries… hypothèse qui a été se volcanique reste une possibilité
de 600 ans par les rayons ultravio- abondamment relayée par les jour- fort intéressante en regard de l’acti-
lets solaires. Il faut donc que les nalistes. vité récente observée par la caméra
molécules détruites soient continuel- Pour l’instant, il faut plutôt signaler de Mars Express.
lement remplacées par de nouvelles. l’extrême confusion qui entoure la Th. FOUCHET

OÙ EST LA GLACE DU PERGÉLISOL ?


Une des découvertes les plus fasci- 60°) une proportion d’hydrogène Du côté des observations géolo-
nantes de l’exploration de Mars est telle que seule une quantité d’eau giques, beaucoup de modelés, tels
l’identification du rôle de l’eau et de importante peut l’expliquer. les glaciers, sont reliés à des pro-
la glace dans l’histoire de la planè- Cependant la détection Neutron ne cessus atmosphériques n’impliquant
te. Cette eau, aujourd’hui disparue fonctionne que sur environ 1,5 m pas forcément de glace dans le per-
de la surface martienne, a joué un d’épaisseur. gélisol ou, en tout cas, pas partout.
rôle déterminant dans l’histoire de La détection de ce pergélisol fait Les cratères à éjectas lobés restent
cette planète jusqu’à un passé partie des objectifs prioritaires des un argument majeur dans la
récent (moins de 10 millions d’an- prochaines missions planétaires. La recherche de matériaux volatils.
nées), comme en témoignent les mission Mars Express, actuellement Ceux-ci proviendraient de l’impact
diverses formes d’érosion (vallées, en orbite, doit détecter ce pergélisol météoritique dans un sous-sol suppo-
ravines, etc.). Cette eau serait enco- à l’aide d’un radar MARSIS. Le sé riche en tels éléments, mais leur
re présente au niveau du sol (miné- radar Marsis montre très clairement origine est très débattue car des
raux argileux - eau adsorbée) et la présence de glaces dans les deux modèles invoquent aussi une contri-
serait également enfouie dans le calottes polaires sur plusieurs kilo- bution atmosphérique. La question
sous-sol sous forme d’un pergélisol mètres d’épaisseurs. Cependant, il d’un sous-sol riche en glace reste
riche en glace qui semble avoir n’a pas pour l’instant apporté de donc posée. Cependant, des obser-
exercé une influence non négli- résultat clair en faveur de glace ou vations indirectes, comme la vallée
geable sur la morphologie de surfa- d’eau liquide en dehors des d’Athabasca, montrent que, locale-
ce. Pourtant, peu de mesures phy- calottes. A ce jour, le radar a surtout ment au moins, de l’eau, sous forme
siques directes viennent prouver sa détecté l’existence probable de liquide ou sous forme de glace, est
présence. Les calottes, certes, appa- grands cratères enfouis sous encore piégée dans le sous-sol en
raissent clairement comme compo- d’épaisses formations superficielles. région équatoriale et est susceptible
sées en majeure partie de glace La grande quantité de matériaux d’être remobilisée brutalement en
d’eau. Mais qu’en est-il du sous-sol ? basaltiques riches en fer ou d’argiles grande quantité.
En 2002, le spectromètre Neutron provoque également une forte
de la sonde américaine Mars absorption, ce qui crée une difficul- Fr. COSTARD, N. MANGOLD
Odyssey a apporté un premier élé- té supplémentaire pour identifier la
ment de réponse en détectant aux glace dans la porosité du sous-sol
latitudes polaires (supérieures à martien.

28 Géochronique n°100, 2006


Dossier
ment, il y fait en moyenne trop chaud au-dessus de 0°C pendant plusieurs Une planète active
(–50° C !) pour que le givre s’y fixe en jours autour du solstice d’été, en profondeur ?
raison de la très faible pression de permettant ainsi au sol de dégeler sur
vapeur saturante (point de givre à plusieurs dizaines de centimètres : il Un volcanisme récent
–70°C). Par contre, les modèles s’en suivrait la formation d’instabilités Athabasca Valles est une vallée
climatiques prédisent que la glace y sur les pentes les plus fortes lors de ce unique, non ramifiée, large de plus de
serait stable lors de périodes de haute dégel. 10 km et longue de plusieurs centaines
obliquité de l’orbite (40°)*. En effet, de kilomètres, probablement formée de
lors de ces périodes, paradoxalement, Ainsi, la dynamique atmosphérique manière catastrophique à la manière
la glace se dépose plus facilement à crée des processus actifs à la surface des grands chenaux anciens (outflow
l’équateur qu’aux pôles en raison de de Mars. Sur des échelles de temps channels) situés à l’est de Valles
l’augmentation de la pression de comparables à celles du Quaternaire Marineris. Athabasca Valles est très
vapeur saturante. Or, les données sur Terre, il est probable que les peu cratérisée, aurait un âge de
récentes d’imagerie ont permis la variations d’obliquité de Mars quelques dizaines de millions d’années
découverte de traces de glaciers produisent des transports de glace et émerge d’une fissure. Pourquoi
équatoriaux sous la forme de moraines entre pôles et régions de basses et autant d’eau aurait-elle surgi de cette
résiduelles. Celles-ci pourraient être les moyennes latitudes. Le remodelage par fissure ? La fracture à la source de la
témoins de périodes de haute obliquité les processus glaciaires et vallée est en fait d’origine volcanique,
et les seuls témoins récents d’une périglaciaires est de plus en plus Cerberus Fossae ; de cette fracture pro-
activité liée à la glace à l’équateur. important lorsqu’on se dirige vers les viennent également de vastes coulées
pôles. C’est toute la topographie qui est de laves d’âge comparable. Ces der-
Un autre type de morphologies transformée, car on ne trouve plus de nières dépassent plusieurs centaines de
récentes (quasiment dépourvues de pentes importantes (> 10°) aux hautes kilomètres d’extension sur des épais-
cratères d’impact), remet en question latitudes. La présence d’eau à l’état seurs de quelques dizaines de mètres.
l’idée qu’il est actuellement impossible liquide pourrait être possible de Athabasca Valles est donc le résultat
de trouver à la surface de Mars de manière brève et transitoire grâce à d’une activité magmatique ayant
l’eau à l’état liquide. Il s’agit de ravines l’ensoleillement. probablement dégelé le pergélisol et
récentes (recent gullies) sur les versants
de certains cratères et escarpements.
Ces ravines ont d’abord été
interprétées comme des coulées de
débris provoquées par des sources
souterraines. Cependant, cette
interprétation n’explique pas la
distribution des ravines restreinte
majoritairement aux versants polaires
des régions de latitude moyenne
(30°± 60°), ni celle des ravines
provenant du sommet de pics isolés.
Ces observations conduisent à une
interprétation externe de leur origine,
par la fonte de glace superficielle due
à l’ensoleillement ou à un changement
climatique. Comment expliquer que les
versants affectés se situent coté pôle et
non coté équateur si l’ensoleillement est
le facteur de déclenchement ? Les
modèles climatiques montrent qu’à des
obliquités dépassant 35°, non
seulement les versants polaires
reçoivent plus d’énergie que les
versants équatoriaux, mais aussi que
cette énergie entraîne des températures

* En effet, au cours des dernières centaines de millions


d’années, les paramètres de l’orbite de Mars En haut, à gauche : Coulées de laves émergeant de Cerberus Fossae.
(obliquité, excentricité, …) se sont modifiés de manière
importante et imprévisible (chaotique). Aujourd’hui, A droite : traces d’écoulements (chenaux en tresse) formant Athabasca Valles dans la région de Cerberus.
l’obliquité de Mars (25°) est voisine de celle de la Terre Noter que tous les gros cratères d’impact sont contournés par les coulées de laves ou par le chenal,
(23°), mais elle a pu varier de 0° à 60° dans le passé. ce qui dénote leur relative jeunesse. (Images : THEMIS/ASU/NASA)

Géochronique n°100, 2006 29


Dossier
Datations par cratères d’impacts des différentes
caldeiras (Neukum, Nature, 2004). Notez que
les caldeiras qui recreusent les plus anciennes
sont parfois plus âgées. Il s’agit là d’un biais
statistique en raison des approximations
sur les âges (facteur 3 à 4).
(Images ESA/HRSC/Neukum)

provoqué sa fissuration en surface ; nières années concernant ces structures Les structures compressives sont compo-
cette activité magmatique est peut-être ont porté sur leur géométrie, leurs sées de trois éléments principaux :
associée à une tectonique locale expul- moteurs et leurs âges. - des arches de 30 à 50 km de largeur
sant de grandes quantités d’eau en L’extension se manifeste soit par des et d’altitude inférieure à 50 m ;
parallèle à de grandes quantités de failles normales délimitant des grabens - des rides de 4 à 7 km de largeur et de
laves. Si ces terrains ne sont datés que étroits (inférieurs à 5 km) et segmentés 200 à 300 m d’altitude, généralement
de quelques dizaines de millions d’an- (100 km) soit par des rifts à structure asymétriques et segmentées en tron-
nées (1 % de l’âge de la planète), complexe d’une largeur pouvant çons de 50 à 100 km ;
c’est bien que Mars ne peut pas être atteindre 100 km pour des profondeurs - des crénulations se superposant aux
considéré comme un corps géologi- de l’ordre de quelques kilomètres. Le rides dans leur partie la plus élevée.
quement mort. déplacement horizontal produit par ces Les données topographiques et les
failles peut être estimé : images à haute résolution ont permis
Cette conclusion est renforcée par les - à partir du dénivelé en postulant un de démontrer que ces rides sont des
datations des volcans géants Olympus pendage de 60° ; plis sur rampe et que les crénulations,
Mons et Arsia dont les caldeiras mon- - ou bien, plus directement, à partir de parfois associées à des grabens
trent des âges relativement jeunes (100 la géométrie des cratères d’impact d’extrados, sont produites par du
à 200 millions d’années) à partir des affectés par ces failles. glissement flexural de matériel lité. Le
images HRSC (High Resolution Stereo Les deux types de mesures sont géné- niveau de décollement encaissant le
Camera). Ces grands volcans ont pro- ralement en désaccord. Les valeurs de déplacement en profondeur pourrait
bablement commencé à se former il y a déplacement estimées par la topogra- alors être la transition fragile ductile
un ou deux milliards d’années mais phie sont de 30 à 50 % inférieures aux médio-crustale, un toit de pergélisol en
leurs caldeiras et les derniers épisodes valeurs mesurées à partir de la défor- profondeur ou un niveau évaporitique.
d’effusion de laves semblent bien plus mation des cratères. Ceci pourrait indi- La quantité de raccourcissement pour
récents. Ainsi, même si ces activités vol- quer la présence de structures non per- une ride étant estimée comprise entre
caniques ne sont que des phénomènes ceptibles sur les données actuelles. 50 et 400 m, la déformation en
très localisés dans l’espace et le temps,
on ne peut exclure que d’autres épan-
chements volcaniques puissent se pro-
duire dans le futur. Il est également pos-
sible que la présence de molécules de
méthane dans l’atmosphère puisse être
la conséquence d’échappement de
gaz volcaniques actuels.

N. MANGOLD

Une activité tectonique


ininterrompue
La surface de Mars est affectée par de
nombreuses structures tectoniques
extensives et compressives localisées
plus particulièrement sur le dôme de Champ de failles normales dans Thaumasia, Failles normales affectant la niche
Tharsis et au niveau de la dichotomie, région Sud du dôme de Tharsis. Le diamètre d’arrachement d’un glissement de terrain
c’est à dire l’escarpement qui délimite du cratère d’impact déformé par l’extension daté à 100 Ma environ (Valles Marineris).
les plaines basses du nord et les hauts est de 80 km environ. (Image NASA/THEMIS/ASU)
plateaux du sud. Les débats de ces der- (Image NASA/THEMIS/ASU)

30 Géochronique n°100, 2006


Dossier
raccourcissement du flanc est du dôme variant entre 25 000 nT à l’équateur et rieure est plus difficile à obtenir. La seule
de Tharsis serait donc inférieure à 1 %. 60 000 nT près des pôles). En fait, le contrainte disponible est celle fournie
champ magnétique lithosphérique est par la météorite martienne ALH84001,
L’âge maximum d’une phase dominé par les termes induits, au-dessus dont l’âge est estimé à 4,5 Ga. Cette
tectonique est donné par l’âge du de la lithosphère continentale. météorite contient des minéraux qui por-
terrain le plus récent affecté par cette tent une aimantation rémanente mais
tectonique. Si les rides sont plutôt C’est pour cette raison que les mesures qui pourraient avoir un âge plus récent,
anciennes (>3 Ga), 5 phases de effectuées par la sonde Mars Global aux alentours de 4,1 Ga.
déformation extensive radiale au dôme Surveyor, satellisée depuis 1997, en
de Tharsis sont alors répertoriées avec ont surpris plus d’un ! Le champ magné- Il est donc probable que Mars ait eu un
des âges qui s’étendent de environ tique mesuré à 400 km d’altitude atteint champ magnétique actif, global, axial et
3,8 Ga à moins de 1 Ga. Le nombre 200 nT ; le maximum mesuré à 90 km dipolaire (semblable à celui qui existe
de structures a décru au cours du temps d’altitude est 1500 nT au dessus de la aujourd’hui sur Terre) durant les premiers
puisque 45 % des structures sont région très cratérisée de Terra 500 millions d’années de son histoire.
attribués à la première phase et 6 % Cimmeria. Le champ magnétique n’est L’existence de ce champ magnétique est
seulement à la dernière. Les moments pas distribué de manière homogène : très importante : cela signifie en effet que
sismiques et les taux de déformation, les anomalies sont principalement Mars était suffisamment active (géologi-
déduits des données géométriques et situées dans l’hémisphère sud de Mars. quement parlant) pour que son intérieur
temporelles des failles normales, sont Les plus grands édifices volcaniques refroidisse de manière efficace et entraî-
similaires aux valeurs terrestres des (Olympus, Elysium), ainsi que les plus ne une convection dans son noyau,
domaines intraplaques. La borne grands cratères d’impact (Hellas, créant ainsi un champ magnétique.
inférieure des vitesses d’extension est Argyre, Isidis), ne sont pas aimantés ; il
de 0,003.10–3 m par an. Au fond de est probable que des événements, dits Une conséquence directe de l’existence
Valles Marineris, des failles normales destructifs, aient effacé les traces du d’un champ magnétique global est
recoupent des glissements de terrain champ magnétique rémanent cohérent également la protection des couches
datés à moins de 100 Ma. La présence qui était présent, soit parce que les atmosphériques contre le vent solaire. Il
de ces failles récentes indique que la minéraux magnétiques sont repassés est probable que Mars ait possédé une
tectonique est certainement encore au-dessus de leur température de Curie atmosphère relativement épaisse au
active sur Mars, ce qui renforce (désaimantation thermique), soit qu’ils début de son évolution. En effet, le
d’autant plus l’intérêt des missions ont subi de fortes pressions (désaiman- champ magnétique agit comme un
d’exploration à vocation sismologique. tation de choc), ou encore parce qu’ils bouclier contre l’échappement atmo-
ont été éjectés (désaimantation par sphérique non thermique, en limitant les
P. ALLEMAND, C. QUANTIN excavation et fracturation). Ceci effets du vent solaire. Il est donc impor-
implique que le champ magnétique glo- tant de pouvoir dater de manière plus
bal et dynamique de Mars, à l’origine précise l’apparition et l’extinction de la
Le champ magnétique des anomalies enregistrées, s’est éteint dynamo sur Mars : cela apportera des
de Mars avant la mise en place de ces cratères contraintes sur l’évolution de l’atmo-
et volcans. Le fait que le bombarde- sphère et, par conséquent, des diffé-
Mars ne possède plus aujourd’hui de ment massif ait stoppé il y a environ 3,8 rents réservoirs d’éléments volatils et du
champ magnétique global et actif, Ga donne un âge minimum d’arrêt de climat dans son ensemble.
comme c’est le cas pour la Terre. Mais la dynamo martienne. Une limite infé- B. LANGLAIS
il reste dans les couches superficielles
de la planète les traces d’un champ
magnétique ancien et intense. Celui-ci a
été enregistré par des minéraux magné-
tiques, tels que la magnétite ou l’héma-
tite (des oxydes de fer) ou la pyrrhotite
(un sulfure de fer), lorsque ceux-ci se
sont refroidis sous leur température de
Curie (température au-dessus de laquel-
le un minéral magnétique perd son
aimantation rémanente, qui est égale à
580, 670 et 320°C pour les minéraux
cités). Sur la Terre, le champ magné-
tique de la lithosphère se superpose au
champ magnétique global créé dans le
noyau externe liquide. L’intensité du
champ rémanent terrestre est relative-
ment faible, de l’ordre de la dizaine de
nanoTesla à une altitude de 400 km (le Champ magnétique total prédit à une altitude constante de 200 km. Les plaines du nord, les volcans
champ global est 1000 fois plus fort, et les bassins d’impact ne sont pas aimantés.

Géochronique n°100, 2006 31


Dossier
Les mondes glacés
Les lunes géantes
de Jupiter
Des surfaces variées
A l’exception de Io, silicatée et volca-
nique, trois des quatre grands satellites
de Jupiter, Europe (1 569 km de
rayon), Ganymède (2 634 km) et
Callisto (2 403 km) se caractérisent par
de très fortes teneurs en eau (environ
45 % en masse pour Ganymède et
Callisto, 10 % pour Europe). Depuis la
mission Voyager en 1979, il était éta-
bli que les lunes géantes de Jupiter pré-
sentaient de très importantes diffé-
rences suggérant une évolution et une
activité spécifiques. La mission améri-
caine Galileo a rapporté, de 1995 à
2003, de très nombreuses images à
moyenne et à haute résolution qui ont
permis de mieux cerner les caractéris-
tiques de chaque surface. Pour explo-
rer en images ce monde des lunes de Images obtenues par la sonde Galileo pour les trois lunes.
glace, le lecteur pourra se référer au Les vues globales en haut respectent les dimensions respectives des trois lunes.
catalogue disponible sur le site très Les images au centre ont été obtenues par la caméra infrarouge.
complet de la NASA dédié à la mission La ligne du bas montre des exemples d’images à très haute résolution dans le visible
Galileo : http://www2.jpl.nasa.gov/ qui ont permis une étude poussée des processus tectoniques, volcaniques et des impacts
galileo/images/images.html qui ont modelé ces surfaces. (NASA/Galileo)

La surface d’Europe se caractérise par sont des candidats possibles mais de Ganymède présente une surface très
l’aspect très pur de la glace, un faible nombreuses autres interprétations peu- contrastée avec un mélange de ter-
nombre de cratères d’impact, une vent être envisagées (glace altérée, rains jeunes et plus anciens qu’il est
quasi-absence de relief et de très nom- argiles, etc.). Enfin, Europe possède impossible de dater précisément. Les
breuses figures tectoniques complexes une atmosphère extrêmement ténue figures tectoniques observées sont
qui suggèrent une intense activité pas- principalement constituée d’oxygène, franchement différentes de celles
sée ou présente. Ces observations per- issue du bombardement de la surface découvertes sur Europe. On retrouve
mettent d’affirmer que la surface glacée par les particules gravitant dans des structures proches de ce que l’on
d’Europe est jeune. Il est aussi généra- le système jovien. connaît sur Terre (boucliers glacés
lement admis que cette surface a été issus d’anciens volcans, canyons,
formée sur une durée très courte, suite rides, figures d’élongation et de
à un événement tectonique majeur. compression associées à un dépla-
Néanmoins, il n’est toujours pas pos- cement de plaques). Ganymède pré-
sible d’en donner un âge précis : les sente de plus la particularité de pos-
interprétations vont de quelques cen- séder une atmosphère et un champ
taines de milliers à plusieurs millions magnétique propres. L’atmosphère,
d’années. La composition de la surface très ténue, est due au bombardement
est aussi controversée : s’il est vrai que de la surface glacée par les parti-
la majeure partie est constituée de cules du champ magnétique de
glace d’eau, de nombreuses zones Jupiter ce qui dissocie les molécules
paraissent être de nature différente. d’eau en surface en hydrogène et
Ces régions non glacées sont principa- oxygène. Ces éléments sont alors
lement trouvées dans les zones de frac- ionisés rapidement par le rayonne-
ture et les cratères d’impact, ce qui sug- ment UV du soleil et les particules
gère un matériau profond remonté par Le satellite Europe vu en image fausses chargées arrivant vers la surface du
les processus tectoniques ou volca- couleurs. Les zones bleutées correspondent satellite. Le champ magnétique de
niques. L’epsomite (sulfate de magné- à de la glace pure tandis que les zones Ganymède piège ces ions autour de
sium hydraté), le natron (carbonate de rougeâtres indiquent un matériau silicaté. la surface formant alors une atmo-
sodium hydraté) et l’acide sulfurique (NASA/Galileo) sphère riche en ozone.

32 Géochronique n°100, 2006


Dossier

Structure interne des satellites de glaces : les couches liquides de Ganymède et Callisto reposent sur un épais manteau de glace de hautes pressions
et non sur un manteau silicaté. Bien que représenté sur la figure, le noyau métallique d’Europe n’est pas certain. (NASA/Galileo)

Callisto possède une surface très vieille d’ions dans une couche d’eau liquide obtenues par Galileo suggèrent forte-
et très cratérisée qui est recouverte par sous la surface. Les contraintes appor- ment la présence de couches liquides,
des poussières. La glace n’est visible tées sur Ganymède sont du même type. ce ne sont pas des preuves. Démontrer
que dans les cratères d’impact les plus L’épaisseur de la couche d’eau est d’au l’existence de l’océan d’Europe est un
jeunes. A haute résolution, la surface moins 800 kilomètres. L’existence d’un objectif prioritaire des futures missions
présente des terrains disséqués par un champ magnétique propre suggère que vers Jupiter.
processus d’érosion qui correspond Ganymède possède un noyau de fer
probablement à la sublimation de la mais sa taille reste mal définie (entre Enfin, il convient de bien distinguer
glace. La densité des cratères suggère 400 et 1 300 km). Quant à Callisto, le Europe des deux autres lunes. L’océan
que cette croûte est vieille de plusieurs manteau d’eau est similaire à celui de d’Europe serait directement en contact
milliards d’années, ce qui fait de Ganymède. Son moment d’inertie élevé avec les silicates. Si l’on suppose
Callisto un satellite d’âge lunaire. Parmi suggère que le noyau est encore mal qu’une activité volcanique y est possible
ces cratères, un énorme impact multi- différencié. Cette caractéristique éton- (comme sur Io), alors la base de l’océan
ring, Valhalla, découpé en plus de nante reste pour le moment inexpliquée. présente toutes les caractéristiques des
20 anneaux sur 3 000 km de dia- zones de dorsale terrestre où de la vie
mètre, est le plus gros impact connu du Le principal attrait des lunes de Jupiter a été détectée. C’est ce qui rend Europe
système solaire. est la possible existence d’eau liquide ! si attractive. Sur Ganymède et Callisto,
Bien que la température de surface soit l’océan ne peut pas être en contact
Des océans sous la glace très froide, il n’en est pas de même à avec les silicates parce que l’eau se
Connaître la structure interne d’une pla- quelques kilomètres de profondeur. Le transforme obligatoirement en glace de
nète ou d’un satellite est un exercice dif- chauffage radioactif des silicates, haute pression en profondeur : aucune
ficile. Sur Terre, de considérables avan- auquel s’ajoute le chauffage dissipatif comparaison avec la Terre n’est conce-
cées ont été faites grâce à la sismologie dû aux forces de marée (très important vable dans ce cas.
mais cette technique n’a jamais été utili- pour Europe) fait que la température
sée ailleurs excepté pour la Lune. sous la couche glacée peut approcher La mission Galileo a apporté une quan-
Galileo a cependant apporté des 0°C. De plus, la glace voit sa tempéra- tité extraordinaire d’informations qui
contraintes sur les lunes joviennes grâce ture de fusion diminuer avec la pression permettent aujourd’hui d’avoir une très
aux mesures des moments d’inertie et (cette particularité est à l’origine des bonne connaissance de la surface des
des champs magnétiques. Europe est lacs antarctiques terrestres enfouis sous lunes de Jupiter mais aussi une certaine
un corps bien différencié : en dessous la glace tel le lac Vostok). Enfin, la com- idée de leur structure interne. Beaucoup
d’une épaisse couche d’eau de 60 à position des glaces cométaires et des de questions restent cependant en sus-
100 kilomètres d’épaisseur, le noyau éléments non glacés trouvés à la surfa- pens telles la composition précise des
peut être constitué de silicates riches en ce des lunes suggère que les glaces zones non glacées d’Europe, les carac-
fer ; ou alors il existe une différenciation incorporent des constituants qui dimi- téristiques et les sources des champs
en un manteau de silicates et un noyau nuent la température de fusion. La magnétiques sur Europe et Ganymède
de fer ; il n’est pas possible à ce jour de conjugaison des ces trois facteurs rend et surtout l’existence des couches
savoir quel modèle est le plus probable. probable la présence de couches liquides. L’océan profond d’Europe, s’il
Le champ magnétique induit mesuré liquides. Il n’existe cependant aucune existe, présente des analogies frap-
autour d’Europe ne permet pas de tran- preuve tangible de l’existence de ces pantes avec certaines zones des
cher car il peut être généré, soit par un “océans profonds” : si les données océans de la Terre.
noyau de fer, soit par les circulations magnétiques et les images de surface O. GRASSET
Géochronique n°100, 2006 33
Dossier
Titan : un monde à part
Les découvertes de Cassini-Huygens
Avec ses 2 575 km de rayon, Titan est
la plus grosse lune de Saturne. Situé à
1,22 million de kilomètres de Saturne,
Titan y tourne en orbite synchrone avec
une excentricité de 2,9 % et effectue
une révolution en un peu moins de
16 jours. Mais sa caractéristique prin-
cipale est la présence d’une atmosphè-
re d’une densité proche de celle de la
Terre, composée principalement de di-
azote (N2). La seconde molécule la plus
abondante est le méthane (CH4) qui a
la particularité d’être photo-dissocié et
transformé de façon irréversible en
éthane et autres composés. Il devrait
donc disparaître en 10 millions d’an-
nées environ de l’atmosphère de Titan.
Dans cette atmosphère, de nombreuses
réactions entre les différents consti-
tuants issus de la photo-dissociation du
méthane conduisent à la formation
d’aérosols. La présence de ce gaz, qui
absorbe la plus grande partie du flux
solaire et des aérosols qui diffusent les
photons non captés par le méthane, Reprojection des observations de la surface de Titan obtenue par la caméra hyperspectrale VIMS
masque la surface solide de Titan dans obtenues entre le 26 Octobre 2004 et le 31 Janvier 2006.
les longueurs d’onde de la lumière
visible. Parmi les objectifs de la mission
Cassini-Huygens figurent la découverte tion de 350 m/pixel, et surtout d’un coup moins diffuser la lumière. Le
de la surface de Titan, l’étude géolo- atterrisseur (le module européen meilleur compromis est obtenu à
gique et la compréhension des méca- Huygens s’est posé à la surface de 2,03 µm. Mais d’autres fenêtres d’ob-
nismes physico-chimiques d’approvi- Titan le 14 janvier 2005) qui a fourni servation existent à 2,7 µm et à 5 µm
sionnement en méthane de son atmo- une vérité terrain tant par les mesures en particulier. A partir de 20 000 km
sphère. effectuées durant la descente dans l’at- de la surface, le spectro-imageur VIMS
mosphère que par les images prises sur permet d’obtenir des images de
Pour parvenir à ces objectifs, la mission le lieu d’atterrissage. Les images de la meilleure résolution, pouvant atteindre
NASA/ESA Cassini-Huygens est équi- surface de Titan peuvent être obtenues en théorie une précision de 250 m par
pée de plusieurs instruments qui son- par trois instruments : la caméra ISS, pixel lorsque Cassini passe au plus
dent l’atmosphère dans différentes l’imageur hyperspectral VIMS et le proche de Titan (à 1 000 km de sa sur-
gammes de longueurs d’ondes, d’un radar. La caméra ISS a une excellente face).
imageur radar, pour qui l’atmosphère résolution spatiale mais ne peut obser-
est transparente et qui peut obtenir des ver la surface de Titan que dans son Observations
images de la surface avec une résolu- canal infrarouge à 0,93 µm. A cette Cassini a montré que la surface de Titan
longueur d’onde, la diffu- est constituée de terrains clairs et
sion atmosphérique est sombres dont la réponse spectrale est
encore très importante, ce quasi-identique à l’amplitude près. Sur
qui réduit la taille minimale la zone équatoriale sombre, la
des détails que peut première image haute-résolution
résoudre cette caméra à obtenue par VIMS suggère la présence
environ 10 km. Par contre, d’un dôme avec des extensions vers
l’imageur hyperspectral l’ouest qui pourraient être liées à une
VIMS, qui a une résolution activité cryovolcanique. Les différentes
intrinsèque moins bonne, régions ne sont pas vues de la même
permet d’observer la surfa- manière par le radar et VIMS. Ceci a
Spectre de réflectance caractéristique de la surface de Titan ce dans les quelques été notamment démontré dans la zone
(rouge). Le spectre en bleu est un spectre de glace d’eau pure, fenêtres infrarouges où le d’atterrissage de Huygens. En effet,
illustrant le fait que la surface de Titan doit être recouverte méthane est transparent et VIMS est sensible principalement aux
d’un composé qui n’est pas de la glace d’eau pure mais la taille des aérosols suffi- variations de composition et de taille de
probablement un mélange de plusieurs composés samment petite pour beau- grains, alors que le radar est surtout
34 Géochronique n°100, 2006
Dossier
sensible aux variations de rugosité et méthane dans l’atmosphère de Titan.
de la constante diélectrique des L’absence d’océans et la découverte
terrains. Il est également probable des rivières asséchées et de dômes
que la différence entre les images soit qui pourraient être d’origine
liée au fait que VIMS apporte une volcanique font penser que le
information sur les premiers microns méthane pourrait sortir lors
de la surface alors que le radar d’éruptions cryovolcaniques, engen-
pénètre de plusieurs centimètres. Par drant un excès de ce gaz dans
comparaison avec les spectres de l’atmosphère, phénomène à l’origine
glace d’eau, on peut dire que les de pluies de méthane et de formation
quelques premières dizaines de de rivières. La courte durée de vie du Réseaux de vallées d’apparence fluviatiles
microns de surface ne sont pas méthane dans l’atmosphère de Titan révélés lors de la descente de la sonde
composées de la molécule H2O pure, expliquerait le rapide assèchement Huygens dans l’atmosphère.(ESA/NASA)
mais qu’on est plutôt en présence d’un des rivières formées. Des modèles
mélange entre différents composés. récents de l’évolution de la
dynamique interne de Titan suggèrent
Les trois instruments ont montré que ce satellite aurait eu 3 phases au
l’existence de cratères d’impact, mais cours desquelles les clathrates de
leur densité est faible, ce qui prouve méthane (molécules de méthane obtiendra d’ici la fin de la mission
que la surface de Titan a été remaniée piégées dans des cages constituées en 2008 (ou en 2010 si elle est
par des processus volcaniques et/ou par des molécules d’eau) auraient été prolongée).
tectoniques depuis sa formation. Il déstabilisés et auraient permis
existe aussi sur Titan des processus de l’extraction du méthane de l’intérieur Avant l’arrivée de la sonde Cassini-
transport et d’érosion. La sonde vers l’atmosphère. La première phase Huygens dans l’environnement de
Huygens a montré que les terrains est consécutive à l’accrétion et à la Saturne, il était admis qu’un océan
clairs étaient entaillés par ce qui est différenciation de Titan. La deuxième d’hydrocarbures recouvrait la surface
interprété comme des lits de rivières phase correspond à l’initiation de la de Titan. Les images obtenues par le
asséchées. Il est très probable que le convection dans le noyau de silicates, radar, la caméra ISS, la caméra
liquide à l’origine de ces rivières soit qui engendre une augmentation du hyperspectrale VIMS et les
le méthane qui a dû recouvrir à une flux de chaleur déstabilisant les informations rapportées par la sonde
certaine période les terrains sombres. clathrates contenus dans la croûte de Huygens ont prouvé qu’il n’y avait
Quelques zones sombres découvertes glace externe. Cette deuxième phase pas de très grands océans. Par
lors du survol 18 ont cependant été se serait déroulée il y a 2 milliards contre, ces premières données
interprétées comme des possibles d’années environ. La troisième phase montrent qu’un liquide, sans doute
petits lacs de méthane encore remplis serait encore active actuellement et des hydrocarbures, s’est écoulé dans
de liquide. D’autre part, le radar a mis est liée au refroidissement de Titan, à le passé. La très faible densité de
en évidence des structures allongées l’épaississement de la croûte de glace cratères d’impact suggère que la
sombres qui sont interprétées comme et aux processus de convection dans surface de Titan est jeune. De plus,
des dunes, par analogie avec des cette croûte de glace. Ce modèle sera les premières images ont montré des
structures terrestres. Le matériel qui confirmé (ou infirmé) par les futures structures géologiques indiquant une
compose ces dunes n’est pas observations que la sonde Cassini activité de surface importante. Les
déterminé. On peut penser à des dômes, dont l’origine cryo-
grains de glace d’eau. Il est volcanique est encore à démontrer,
intéressant de remarquer que Mars et nous suggèrent que le méthane
Titan présentent des similarités au s’échappe de l’intérieur de Titan où il
niveau de l’altération de surface : sur est piégé sous forme de clathrates.
ces deux planètes, des rivières ont Les premières analyses permettent de
existé dans le passé et des dunes mieux cibler les futures observations
recouvrent une partie de la surface. Si afin de mieux comprendre l’évolution
les processus physiques sont de Titan. Avec seulement 18 survols
similaires, les matériaux sont eux très effectués (en date de septembre
différents : le méthane sur Titan joue le 2006) sur un total de 44 planifiés,
rôle de l’eau sur Mars et la glace Titan devrait bientôt nous dévoiler
d’eau sur Titan (où il fait –180°C en une partie de ses nombreux mystères,
surface) joue le rôle des silicates sur dont celui de lacs d’hydrocarbures
Mars. découverts récemment par le radar
de la sonde Cassini à proximité du
Modélisation pôle Nord.
Avant la mission Cassini, on Dôme de glace sur Titan pouvant être
supposait qu’un océan l’expression d’un cryovolcan Ch. SOTIN,
d’hydrocarbures était à l’origine du (Sotin et al., 2005). S. LE MOUÉLIC, S. RODRIGUEZ

Géochronique n°100, 2006 35


Dossier
L’atmosphère de Titan analysée différente dans la haute atmosphère, saturation, qu’on avait pourtant sus-
par la sonde Huygens avec une vaste zone (500 - 1400 km) pectée après la mission Voyager. Fait
L’entrée et la descente de la sonde sans gradient global de température, remarquable, l’abondance du métha-
européenne Huygens le 14 janvier caractérisée par de nombreuses ne mesurée augmente légèrement
2005 ont fourni les premières mesures couches d’inversion à différentes après l’atterrissage, ce qu’on interprè-
in situ jamais obtenues dans échelles et probablement dominée te comme le dégazage d’une surface
l’atmosphère et à la surface de Titan, par des phénomènes dynamiques imbibée de méthane et chauffée par la
le plus gros satellite de Saturne. Si le (ondes de gravité, marées ther- sonde. Les résultats sur la composition
point culminant de cette mission fut, miques…). La mesure du profil de chimique des brumes sont un peu en-
sans nul doute, la révélation de vent en fonction de l’altitude était deçà des espérances, même si la pré-
systèmes fluviatiles asséchés au sol de initialement prévue par mesure sence de HCN et de NH3 dans les
Titan, les six instruments à bord de Doppler du mouvement de la sonde résidus de pyrolyse des aérosols est
Huygens ont également fourni des Huygens à partir de l’orbiteur observée.
données uniques sur l’atmosphère elle- américain Cassini. Malgré la
même. Ces observations couvrent défaillance du canal de transmission En revanche, la distribution verticale et
l’ensemble de l’atmosphère, depuis qui contenait ces données, la mesure les propriétés physiques des aérosols
l’entrée à 1 400 km jusqu’à l’atter- put être réalisée à partir d’un réseau sont désormais clairement établies,
rissage deux heures et demie plus tard de radio-télescopes terrestres qui se avec des particules fractales plus
et concernent très largement la substituèrent à Cassini. Les mesures grosses que prévues et s’étendant jus-
structure thermique, la vitesse des indiquent un vent zonal direct (vers qu’au sol. L’argon primordial 36Ar est
vents, la composition chimique et les l’est) dont la vitesse décroît plus ou très peu abondant (3x10–7 de N2) et
brumes de Titan. moins régulièrement de 100 m/s vers les autres gaz rares complètement
La mesure du profil pression- 140 km à quelques m/s dans les absents, ce qui suggère que l’azote de
température a révélé une structure 5-10 premiers kilomètres où la Titan a été initialement capturé sous
thermique pour l’essentiel conforme direction du vent s’inverse. Ce forme d’ammoniac (la condensation
aux prévisions en deçà de 500 km, résultat, confirmé par la mesure de la directe de N2 ou son piégeage dans la
avec des régions de température dérive de la sonde à partir des glace amorphe ou les clathrates se
alternativement décroissant et images de la surface, est la preuve serait en effet accompagnée de la cap-
croissant avec l’altitude (troposphère – définitive que Titan, comme la ture des gaz rares). Le rapport isoto-
stratosphère – mésosphère) et un planète Vénus, est le siège d’une pique 14 N/15 N, égal à 0,67 fois sa
maximum de température (strato- super-rotation atmosphérique dont valeur terrestre, indique un échappe-
pause) de 185°K vers 250 km l’origine reste à déterminer. ment atmosphérique important et une
d’altitude. Mais la situation est très Du point de vue de la composition atmosphère primitive plus massive
atmosphérique, les résultats les plus d’un facteur de peut-être 2 à 10. Une
marquants concernent le méthane, les telle anomalie isotopique n’est pas pré-
gaz rares et les rapports isotopiques. sente pour le carbone du méthane,
Le profil vertical du méthane indique dont l’abondance atmosphérique et le
une abondance de 5 % au sol et dans rapport isotopique doivent donc être
les 10 premiers kilomètres, suivie contrôlés par un processus de ré-injec-
d’une décroissance régulière jusqu’à tion continue dans l’atmosphère. Enfin,
environ 1,4 % à la tropopause et au- la détection de l’argon radiogénique
dessus, en relation avec la condensa- 40
Ar est une preuve d’une activité géo-
tion de ce gaz. En particulier, il n’y logique actuelle.
aucune indication d’une éventuelle sur- E. LELLOUCH

La surface de Titan révélée par Huygens Fraction molaire du méthane en fonction de l’altitude, mesurée par le GCMS de la sonde Huygens.
(ESA/NASA/JPL) (Niemann et al., 2005, Nature, 438, 779)

36 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Les premiers mondes :
les planètes à l’aube des temps
Mars à ses débuts : de surface, il y a 3 ou 4 milliards d’an- situées préférentiellement sur les ter-
un monde meilleur ? nées, a été différente d’aujourd’hui. rains très anciens de la période dite
Cette préservation est notamment la noachienne (> 3,8 Ga). Cependant,
De l’érosion à la sédimentation conséquence de l’absence de tecto- leur origine est toujours débattue entre
Mars a très vite été considérée comme nique des plaques qui n’a pas enfoui deux hypothèses opposées impliquant,
une planète archiviste en raison des ou recuit les terrains anciens comme soit un climat différent ayant engendré
âges anciens mais variés déduits de sa cela a été le cas de la majorité des des précipitations, soit des écoulements
cratérisation. Mars a ainsi enregistré anciennes reliques sédimentaires ter- préférentiellement souterrains provo-
les principales évolutions géologiques restres. qués par un flux thermique interne plus
sans pour autant avoir effacé les Les vallées anciennes ont constitué le élevé qu’aujourd’hui. En effet, les val-
anciens terrains. Ce sont ces terrains premier élément en faveur de l’existen- lées semblent peu organisées et faible-
anciens qui témoignent que son activité ce d’un passé différent. Elles sont ment dendritiques en comparaison de

Image THEMIS de nuit montrant des réseaux de Image MOC du delta présumé de NW Holden crater. Le gros plan montre des chenaux inversés
vallées recoupées par les canyons de Valles avec une structure de méandre. (MOC/MSSS/NASA)
Marineris. (THEMIS/ASU/NASA)

Géochronique n°100, 2006 37


Dossier
celles de la Terre. S’il est clair qu’une érodé, mal connu, avec des consé- de processus d’avulsion. A ce jour, on
partie des écoulements se fait dans le quences très différentes entre des laves, ignore tout de l’architecture profonde
sous-sol en raison de la géométrie de où l’infiltration domine, et des cendres, de cet éventail deltaïque largement
vallées typique de sapement (recul pro- où le ruissellement est plus efficace. influencé par les processus fluviaux et
gressif), plusieurs éléments laissent pen- de la nature des sédiments qui le com-
ser que les écoulements se sont produits Qui dit érosion fluviale dit dépôt de posent. La reconnaissance d’un tel édi-
pour la plupart en surface et probable- sédiments en aval. Ainsi, de nombreux fice sédimentaire a constitué une preu-
ment sous un climat différent. D’une cratères d’impact ont été pressentis ve substantielle de la persistance
part, la topographie montre que les comme potentielles dépressions ancien- durable, au cours de l’histoire précoce
réseaux de vallées fossiles s’organisent nement remplies par l’eau sans que les de Mars (>3,5 Ga), d’une pièce d’eau
en bassins de drainage avec les preuves n’en soient faites clairement. libre.
sources des vallées suivant les crêtes Désormais, les images à haute résolu-
topographiques. D’autre part, les val- tion montrent des dépôts au débouché Analyser la composition d’un tel type
lées sont très anciennes et souvent com- de certaines vallées. Si la plupart ont de matériau était l’objectif de la mission
blées de sable, donc peu décelables des formes typiques de cônes alluviaux, américaine in situ MER (Mars
par leur topographie ou l’imagerie certains dépôts semblent correspondre Exploration Rovers). Ainsi, Spirit, l’un
visible. En imagerie thermique, elles à des deltas, comme sur le bord de des deux rovers, s’est posé en janvier
sont mieux décelables car leur fond est Holden NE crater. La vue de ce com- 2004 dans un vaste cratère, dénommé
rempli de sables d’inertie thermique plexe sédimentaire exhumé (par abla- Gusev, lui aussi connecté à une très
plus faible que les alentours rocheux. tion des terrains encaissants) montre longue vallée. Mauvaise pioche, du
Ainsi, le fond des vallées est plus froid distinctement trois lobes de dépôts et basalte, encore du basalte, toujours du
la nuit que les plateaux rocheux. Ceci une surface sommitale d’abandon par- basalte, et rien que du basalte ! Sauf
permet de les identifier dans des courue par des chenaux. Ceux-ci, d’en- peut-être sur les flancs du pic central où
régions où elles sont très dendritiques. viron 100 m de large, sont en relief, des roches sulfatées ont été analysées ;
La question actuelle à leur propos est suggérant que les sédiments qui les leur origine reste toutefois très ambi-
de savoir quelle a été leur durée de remplissent ont subi une induration plus guë, brèches sédimentaires ou pyro-
fonctionnement, question importante soutenue. Ils ont un tracé sinueux clastiques. En revanche, la bonne sur-
pour les conséquences climatiques. Or incluant un spectaculaire méandre prise est venue du robot jumeau
cette question est très délicate car la (dépôt sur la rive interne d’une barre Opportunity, largué trois semaines plus
durée de l’érosion dépend du débit sableuse de type point bar) et montrent tard loin de là sur les plaines de Terra
d’eau, inconnu, et du substratum des figures de dichotomie témoignant Meridiani. Scrutant avec son appa-

LE MERCURE REMONTE
La planète Mercure possède deux de 4 milliards d’années en raison de une pierre angulaire de son pro-
particularités uniques dans le systè- la saturation des terrains anciens en gramme d’exploration du système
me solaire : une synchronisation de cratères, que certains interprètent solaire à travers la mission Bepi-
son orbite avec une journée mercu- comme l’effet d’un épisode de bom- Colombo. Cette mission est en effet
rienne qui représente les 2/3 d’une bardement météoritique terminal, très dense, avec deux sondes munies
année, soit trois rotations en deux mais dont l’existence est très débat- d’instruments d’imagerie (en visible,
révolutions, et de fortes variations tue. Mercure est donc un terrain IR, UV, X, Neutron et Gamma), d’un
entre les températures de surface idéal pour comprendre l’environne- altimètre laser et d’une batterie d’ins-
diurne, de 420°C, et nocturne, de ment planétaire du premier milliard truments pour les mesures magné-
–170°C. Mercure est une planète d’années. tiques et de plasmas. Après pas mal
intéressante également par sa proxi- La surface de Mercure est déformée de déboires programmatiques,
mité avec le soleil (entre 46 et 70 par des structures ridées qui la tra- “Bepi” est annoncé pour un décolla-
millions de kilomètres), ce qui en fait versent et qui recoupent les cratères ge en 2014 et une arrivée en 2019,
un laboratoire idéal pour les interac- à la manière de failles chevau- soit près de 50 ans après Mariner.
tions entre corps solides et vent solai- chantes (voir figure p. 43). Ces struc- Ce lancement tardif a pour consé-
re. Mercure a été survolé, en 1974, tures seraient, pour les uns, les quence que la mission concurrente
par la sonde Mariner 10 peu de témoins d’une contraction thermique de la NASA (Messenger) arrivera
temps après que cette dernière ait globale, pour les autres, un effet col- autour de Mercure bien avant l’euro-
survolé Vénus. Les images de cette latéral de l’énorme bassin d’impact péenne (2010), tout en ayant été
sonde montrent une surface forte- Caloris. Cette question, comme conçue postérieurement… La NASA
ment cratérisée témoignant de l’ab- beaucoup d’autres, est restée sans devrait donc doubler l’ESA pour la
sence d’activité géologique depuis réponse car Mariner 10 n’a pu ima- cartographie de la face inconnue,
plus de 3 milliard d’années. Ceci en ger que 45 % de la surface. mais Bepi-Colombo aura une orbite
fait un terrain d’exploration idéal Longtemps oubliée au fond des pla- plus basse et un transfert de données
pour les mesures de flux d’impacts et cards des agences spatiales au pro- bien meilleurs que Messenger, ce
les théories du bombardement primi- fit de Mars ou Vénus, la planète qui lui promet une belle moisson de
tif. En effet, l’interprétation des don- Mercure est revenue dans la course découvertes.
nées lunaires est ambiguë au delà spatiale depuis que l’ESA en a fait N. MANGOLD

38 Géochronique n°100, 2006


Dossier
reillage photographique mobile les Strates finement
affleurements rocheux bordant le cratè- laminées de Eagle
re Eagle, petite dépression d’un dia- Crater contenant
mètre d’une dizaine de mètres, des “myrtilles” rendues
Opportunity a envoyé en février 2004 bleues par les fausses
les premières images de lamines, de couleurs. En gros plan,
rides sédimentaires ou encore de fan- deux “myrtilles”
tômes de cristaux disposés en “pied et des empreintes
d’alouette” et évoquant du gypse. cristallines.
Certaines lamines entrecroisées évo- L’affleurement fait
quent des rides formées par sédimenta- environ 50 cm de haut
tion sous une fine lame d’eau. (NASA/JPL)
Opportunity s’est ensuite déplacé de
quelques centaines de mètres et est des-
cendu à l’intérieur du cratère
Endurance plus vaste, afin de “lever
une coupe” complète sur une hauteur
totale de 7 mètres (voir l’encadré Terra
Lamines entrecroisées
Meridiani) : la première formation stra-
dans Eagle Crater
tigraphique extra-terrestre (Burns
provenant
Formation) fut ainsi décrite. Actuel-
probablement de
lement, le rover aborde un troisième
dépôts subaquatiques.
cratère, encore plus vaste, Victoria,
(NASA/JPL)
duquel de nombreuses analyses seront
faites.

Composition des sédiments


et altération primitive
Les données minéralogiques et élémen-
taires d’Opportunity montrent que les
grains qui composent ces figures sédi-
mentaires sont riches en sulfates. Ceci
suggère l’existence conjointe et latérale
d’une aire de type playa à partir de
laquelle des particules de nature éva- et Terra Meridiani, près du site du rover gérant un contexte sédimentaire de
poritique ont pu être remaniées par le Opportunity, ainsi que dans des dunes type évaporitique. En plus des sulfates,
vent. Cependant, les sulfates sont pré- proches de la calotte permanente OMEGA a également détecté des
sents sous plusieurs phases : sulfates de nord ; tous ces terrains sont majoritai- argiles, principalement des smectites
magnésium, de fer (jarosite) et proba- rement d’âge hespérien, soit compris riches en fer (type nontronite), avec
blement de calcium (gypse) ; ils sont entre 3,2 et 3,8 Ga. Le site aussi quelques montmorillonites et cha-
accompagnés de sphérules centimé- d’Opportunity ne présente que peu mosites. La formation des argiles
triques riches en hématite ainsi que d’affleurements rocheux, expliquant requiert des conditions très particulières
d’une proportion faible (quelques %) ainsi pourquoi OMEGA ne détecte pas en température et cinétique de forma-
mais significative de chlore et de de sulfates directement mais un mélan- tion dont l’existence est la meilleure
brome. Cette richesse n’est pas encore ge de pyroxène et d’oxydes ferriques preuve de la présence d’eau liquide en
complètement comprise et les pre- provenant du démantèlement des abondance sur Mars dans le passé. Les
mières études prenant en compte mor- couches, démantèlement qui laisse en plus gros dépôts d’argiles ont été détec-
phologie sédimentaire et minéralogie partie subsister des sphérules en grand tés dans les régions les plus anciennes
invoquent plusieurs phases de batte- nombre à la surface du sol. Par contre, de la planète, ce qui indique clairement
ment de nappes phréatiques. les sulfates sont apparents dans des que cette période d’eau abondante ne
affleurements situés à 300 km de là qui dura que lors des premières phases de
Les sulfates ne sont pas restreints à la correspondent à des niveaux stratigra- la formation planétaire (il y a 3,8 à 4,5
zone parcourue par le rover phiquement plus bas. Dans Valles milliards d’années). Ainsi, les sulfates
Opportunity. Après presque 2 ans Marineris, les strates riches en sulfates seraient associés à une période où
d’opération, le spectromètre OMEGA correspondent à des empilements pluri- l’eau liquide était déjà en moindre
de la sonde européenne Mars Express kilométriques de couches dont les quantité en regard de la période plus
a permis de révéler une grande diver- niveaux de base sont d’épaisseur primitive riche en argiles.
sité minéralogique, mais cette fois à métrique. Ces strates sont fraîchement
l’échelle de la planète. Des terrains érodées, montrant que ces sulfates ne Les observations morphologiques et
riches en sulfates ont en effet été détec- sont pas une oxydation superficielle de minéralogiques convergent donc vers
tés dans les régions de Valles Marineris sulfures, mais bien un dépôt massif sug- l’existence d’une période primitive

Géochronique n°100, 2006 39


Dossier
laire d’une nappe phréatique. L’unité
médiane de la formation Burns est un
sable dont le litage plan, horizontal à
faible angle, est exprimé par de fines
lamines résultant de la migration laté-
rale de rides éoliennes simples sur une
surface plane horizontale. Le contact
entre les unités médiane et supérieure
est interprété comme un front de diage-
nèse pour lequel une recristallisation
dans une zone phréatique ou capillaire
a pu s’effectuer. Les faciès de l’unité
supérieure montrent un litage ondulé
(wavy bedding), de possibles petites
structures en “tepees” et des structures
entrecroisées en festons, d’échelle cen-
timétrique, qui suggèrent des écoule-
ments sous-aquatiques sous faible
tranche d’eau. Ces courants n’étaient
probablement pas chenalisés et mar-
quaient des phases d’inondations inter-
dunaires ou dans les playas.

G. DROMART

Des champs de myrtilles sur Mars


Le sol de Meridiani Planum est constitué
Gypse (bleu) et kieserite (rouge) détectés par le spectromètre OMEGA sur un dépôt stratifié clair d’un sable contenant de très
de 2 km d’épaisseur. (OMEGA/MEX et MOC/MGS/NASA) nombreuses sphérules, de 3 à 6 mm de
diamètre. Ces sphérules ont tout de suite
favorable à la présence d’eau liquide Mars reste plus que jamais un labora- été nommées “berries” (baies) ou
en surface, au moins épisodiquement, toire naturel des processus primitifs “blueberries” (myrtilles). Au niveau des
mais la complexité des assemblages existant à la surface des planètes à une affleurements rocheux, ces myrtilles sont
sédimentaires et minéralogiques période pendant laquelle les premières enchâssées dans une matrice constituée
dépasse les espérances des géolo- molécules vivantes ont peuplé la Terre. de fines lamines superposées et
gues ; d’autres missions plus ciblées constituent environ 2% de la roche. Elles
auront pour but de déchiffrer plus pré- G. DROMART, N. MANGOLD, sont plus abondantes dans le sol issu de
cisément le message des sédiments de F. POULET l’érosion (principalement éolienne) de la
Mars. Par ailleurs, les modèles clima- roche.
tiques n’expliquent pas encore com- Les observations des caméras et l’usage
ment l’atmosphère a pu être réchauf- Gros plan sur d’une micro-brosse polisseuse-foreuse
fée à une période très ancienne où on Terra Meridiani ont permis de vraies observations de
dit le soleil plus faible qu’aujourd’hui. terrain :
Ils n’expliquent pas non plus, qu’au- Le premier log de terrain - les “réflectivités spectrales” montrent
cun carbonate n’ait été détecté pour le extra-terrestre (fig. p. 3 de couverture) que ces myrtilles n’ont pas la même
moment, alors que ceux-ci étaient tant La formation Burns Cliff se compose de minéralogie que la matrice ;
attendus pour démontrer la présence trois unités qui représentent respective- - elles sont fermement attachées à leur
d’une atmosphère passée de CO2 ment une dune éolienne, un feuillet matrice et ne sont pas “déchaussées”
plus épaisse. sableux éolien et une association de par la foreuse ; elles sont plus résis-
faciès de type feuillet sableux éolien et tantes à l’érosion que la matrice ;
L’environnement primitif exact de Mars d’interdune. Dans son ensemble, cette - leur répartition est régulière ; il n’y a
reste ainsi à déterminer en regard de série exprime vers le haut une influence pas de concentration de myrtilles sur les
son champ magnétique, du fort flux croissante de l’eau du sous-sol, puis joints de stratification ; une même myr-
thermique et du volcanisme abondant finalement de l’eau de surface. L’unité tille peut recouper plusieurs lamines ;
de cette époque, voire du bombarde- basale montre un litage entrecroisé - on voit assez souvent une modification
ment météoritique ayant produit les cra- interprété comme un champ de dunes de la texture de la matrice à leur voisi-
tères d’impacts et des processus variés éoliennes. La surface qui couronne nage immédiat ; on ne voit jamais de
qui ont tous pu perturber les tempéra- cette unité est probablement une surfa- modification géométrique des lamines
tures et les circulations de fluide en sur- ce de déflation dont la position corres- suggérant la chute d’une myrtille dans
face. Avec ces nouvelles découvertes, pond à la hauteur de la frange capil- un environnement meuble ;

40 Géochronique n°100, 2006


Dossier
biologique pour ces myrtilles, rien non
plus ne l’exclut formellement. Le “web”
regorge donc d’articles plus ou moins
sérieux où les partisans inconditionnels
d’une vie martienne utilisent ces myr-
tilles comme “preuve” d’une vie extra-
terrestre. Cependant, un consensus se
dégage pour expliquer toutes ces
observations : les myrtilles résulteraient
de phénomènes de concrétionnement
in situ dans un sédiment pendant une
phase de diagénèse précoce. Une telle
formation d’hématite au sein d’une
matrice silicato-sulfatée nécessite la dis-
solution de la matrice et une circulation-
concentration de solutés, phénomènes
mettant en jeu une phase d’eau liquide
intra-sédimentaire.
P. THOMAS
“Myrtilles martiennes”
Toutes les myrtilles ont environ 4 mm de diamètre (NASA/JPL sauf b)
La chimie de Terra Meridiani
(a) Gros plan sur le sol au voisinage du site d’atterrissage du rover Opportunity ; sol constitué
Le rover Opportunity a identifié des
d’un sable fin contenant de nombreuses sphérules, les myrtilles. La myrtille en haut à gauche (flèche),
sédiments composés pour moitié de sul-
cassée en deux, ne montre aucune structuration interne visible, en particulier aucune structure
fates soit de calcium (gypse
concentrique.
CaSO4.2H2O) soit de magnésium
(b) Un équivalent terrestre possible : les pisolites d’oxyde de fer des argiles sidérolitiques oligocènes,
ou de fer (jarosite (K,Na,H3O+)Fe3+
région du Lembron, Limagne (image Pierre Thomas, Massif Central, France).
3(SO4)2(OH)6). Le soufre nécessaire
(c) Modification de la texture de la matrice périphérique d’une myrtille (en haut à droite).
aux sulfates peut venir soit du SO2
(d) Myrtilles coalescentes.
dégazé par le volcanisme soit des sul-
(e) Au centre gauche, le cercle clair correspond à une zone de 5 cm brossée par la brosse-
fures de fer présent dans les roches pri-
polisseuse-foreuse et analysée par les spectromètres d’Opportunity. Cette zone ne comprend qu’une
maires. La matrice sulfatée contient
myrtille. A droite de la zone brossée, il y a par contre une accumulation locale de myrtilles.
aussi une teneur relativement importan-
La différence entre les spectres de fluorescence X et Mössbauer de ces deux zones a permis de
te en silicates, présents notamment sous
savoir que les myrtilles contenaient au moins 50 % d’hématite.
forme de sables et probablement d’ori-
(f) Lamines mises en relief par l’érosion et contenant une myrtille.
gine basaltique. La paragénèse est
- de nombreuses sections de myrtilles pisolites terrestres, les myrtilles mar- complétée par de l’hématite Fe2O3,
ont été observées (fractures naturelles, tiennes n’ont pas de structures concen- présentant une morphologie particuliè-
polissage) : elles n’ont quasiment triques ; et les milieux sulfatés ne sont re sous la forme de sphérules millimé-
jamais de structures concentriques pas des milieux terrestres où l’on trouve triques très régulières, dénommées
visibles ; des pisolites d’hématite. Une origine “blueberries” ou “myrtilles”. Ces sphé-
- la matrice contient des cavités mor- volcanique (lapilli accrétionnés) ou rules d’hématite sont incluses dans la
phologiquement semblables à des météoritique (micro-goutte “d’impact matrice de sulfates et silicates et se sont
pseudomorphoses de sulfates. Les rela- melt”) est proposée par certains, alors donc formées lors du même processus.
tions géométriques myrtilles-cavités sug- que d’autres envisagent des oncolites Les différentes études géochimiques
gèrent que les myrtilles recoupent les formés par des bactéries. Même si montrent que l’eau est intervenue inter-
cavités, sans que leur forme ne soit aucune donnée ne suggère une origine venue dans la genèse de ces forma-
modifiée ;
- les myrtilles sont en général isolées
Diagramme pH/Eh
mais parfois regroupées par 2 ou 3.
des composés du fer
L’analyse comparative de zones inéga-
(Vincent Chevrier)
lement riches en myrtilles montre
qu’elles contiennent au moins 50 %
d’hématite.

Pour un géologue terrestre, ces myrtilles


rappellent de petits pisolites d’oxyde de
fer, que l’on retrouve dans plusieurs
environnements sédimentaires ou pédo-
logiques avec deux différences mani-
festes : contrairement à la majorité des

Géochronique n°100, 2006 41


Dossier
mations, notamment parce que les sul- ce. La Lune montre une surface couver- Ce n’est qu’au début du siècle que l’on
fates précipitent la plupart du temps à te de cratères d’impact qui témoignent comprit pourquoi ces structures sont
partir de solutions aqueuses. de cette période ou les collisions étaient essentiellement circulaires, quel que soit
Cependant, il apparaît que le rôle de bien plus fréquentes qu’aujourd’hui. Les l’angle d’impact, car la cavité est for-
l’eau est resté relativement limité au images de Mercure ont montré égale- mée par l’onde de choc produite par
cours du temps. En effet, les modèles ment une surface dominée par ce phé- l’explosion et non par la simple percus-
géochimiques indiquent qu’une eau nomène. A la différence de la Lune et sion à la manière d’un caillou jeté dans
qui a eu le temps d’altérer une roche de Mercure, l’érosion, l’activité volca- le sable à faible vitesse. En effet, les
présente un pH relativement élevé, nique, la tectonique des plaques ont mouvements relatifs des objets dans le
neutre à légèrement alcalin. La jarosi- effacé la plupart des objets formés à système solaire sont rapides. Lorsque
te se forme par contre dans une cette période à la surface de la Terre. les trajectoires d’objets se croisent, les
gamme de pH très acide (entre 2 et Cela explique que le phénomène ne fut vitesses de collision atteignent plusieurs
4). Par conséquent, l’eau ayant réagi que très tardivement étudié et reconnu kilomètres par seconde, voire plusieurs
avec le basalte pour former la jarosite comme un processus géologique. dizaines de kilomètres par seconde.
n’a pas eu le temps de s’équilibrer L’énergie cinétique est transmise sous la
avec le milieu environnant, ce qui est Après avoir reconnu son importance forme d’une onde de choc qui pro-
confirmé par l’abondance de silicates comme processus géologique, la voque une élévation brutale de la pres-
primaires au sein des affleurements. recherche de nouveaux impacts ter- sion dans les roches impactées à plu-
On en déduit que le processus ayant restres est toujours d’actualité (voir, par sieurs centaines de GPa. Au point d’im-
formé les sédiments de Meridiani exemple, la proposition de nouvelles pact, la pression est comparable aux
Planum correspond à un état incom- structures découvertes en Egypte). Un pressions qui règnent au centre des pla-
plet d’altération. Enfin, l’origine des des objectifs de cette recherche est de nètes telluriques, mais la montée en
myrtilles d’hématite reste relativement préciser l’intensité du flux d’astéroïdes pression est très brève, de sorte que la
énigmatique. L’oxyde de fer habituel- présent et passé qui ont heurté la Terre. roche ne subit cette pression que pen-
lement associé à la jarosite dans ce Mais cette recherche dépasse large- dant une durée très courte. Un solide
type de processus d’altération est la ment son objectif en offrant au physi- ne peut pas supporter des différences
goethite FeO(OH) mais l’hématite cien et minéralogiste spécialiste des de contraintes arbitrairement élevées.
peut résulter de l’altération thermale ondes de choc de nouveaux labora- Au-delà d’une certaine limite, appelée
ou de la dissolution - reprécipitation toires naturels pour lesquels les condi- limite de Hugoniot (inférieure ou voisi-
de la goethite. Par conséquent, les for- tions d’impact (vitesse, angle et nature ne du GPa pour la plupart des roches),
mations sédimentaires de Meridiani du projectile), ainsi que la nature de la la roche se déforme de manière plas-
Planum ont dû subir une phase posté- roche impactée, diffèrent. Les méca- tique, sans se fracturer. Cette déforma-
rieure de diagénèse, permettant nismes de transformation de certaines tion est irréversible. Une fois l’onde de
d’augmenter la température, accom- roches ou minéraux (par exemple choc passée, le matériel revient pro-
pagnée d’une circulation de fluides cônes de percussion, brèches pseudo- gressivement à la pression ambiante
dans des conditions thermodyna- tachylitiques) associés aux impacts et suivant une décompression adiaba-
miques différentes de celles ayant utilisés souvent comme preuves du phé- tique mais ne retrouve pas son état ther-
formé les sulfates, avec un pH plus nomène restent mal compris (voir la modynamique initial. Lors de cette
élevé, favorisant l’hématite. figure représentant la structure d’impact phase de décompression, la roche voit
de Vredefort). Documenter la présence sa température augmenter jusqu’à
V. CHEVRIER ou l’absence de ces objets et leur répar- atteindre des températures permettant
tition dans de nouvelles structures d’im- sa fusion et même sa vaporisation. La
Les cratères d’impact : pact est une étape nécessaire à la com- roche est également mise en mouve-
un processus ancien préhension de ces mécanismes. ment pendant cette phase.
et commun à toutes
les planètes
Exemple de possibles
Tous les objets du système solaire sont nouvelles structures
en mouvement les uns par rapport aux d’impact dans la région
autres. La plupart du temps, ce mouve- de Gilf Kebir, Egypte
ment se passe sans encombre, les dis- (Paillou et. al., 2006)
tances moyennes entre chaque objet
étant grandes par rapport aux dimen-
sions des objets eux-mêmes. Les colli-
sions ne sont cependant pas impos-
sibles. Elles ont joué un rôle central lors
de la formation des planètes. Il y a envi-
ron 4,5-4,3 milliards d’années, ces col-
lisions ont permis la croissance des pla-
nètes. Le bombardement intense qui a
suivi a laissé ses cicatrices à leur surfa-

42 Géochronique n°100, 2006


Dossier
un important travail expérimental pour
décrire les équations d’état des maté-
riaux géologiques soumis à des ondes
de choc. Ces bases de données expé-
rimentales sont essentielles pour la réa-
lisation de simulations numériques réa-
listes du phénomène sur Terre ou sur
d’autres planètes.
Elles permettront de mieux estimer à la
fois les volumes de fusion/vaporisation,
la géométrie d’excavation du cratère et
de mieux prédire les conséquences
environnementales d’un nouvel impact
de plus ou moins grande dimension à
la surface de la Terre. Au-delà de la
Terre, les cratères d’impact sont des
sondes naturelles qui exhument à la sur-
face des planètes des matériaux pro-
fonds et ceci pendant toute l’histoire du
Système solaire. Les données orbitales
ou in situ, permettant de discuter la
morphologie, la topographie, les pro-
priétés physiques et la minéralogie des
Le cratère d’impact de Vredefort (Afrique du Sud), 280 km de diamètre, daté à 2,023 Ga. éjectas, donnent potentiellement accès
A. Carte géologique simplifiée (Sagy et. al., J. Geophys. Res., 2004). par le biais des cratères à la lithologie
B. Vue satellite du dôme central de Vredefort (80 km de diamètre). Ce dôme correspond au soulèvement et à la minéralogie des croûtes plané-
central du cratère dont l’érosion a mis en évidence la structure circulaire. taires pour répondre à des questions
C. Cône de percussion observé dans la partie centrale du dôme (quartzite). comme celle de la structure des volcans
D. Brèches pseudotachylytique (en sombre). Cette brèche composée de verre et de fragments de roches martiens ou de l’épaisseur de la croûte
plus ou moins arrondis s’étant sur plusieurs kilomètres de long et plusieurs dizaines de mètres de large. de glace d’Europe. Enfin, les cratères
ont été un processus dominant il y a
plus de 3,5 Ga, période à laquelle la
Ce mouvement provoque l’excavation revanche, sur Terre ou sur Mars,
vie est apparue sur Terre. Comprendre
du cratère et la formation d’une cavité considérant une atmosphère statique,
les conséquences de ce processus sur
transitoire dont la croissance est limitée l’air aurait pour effet de freiner les
l’environnement de la Terre primitive est
par la résistance du matériau et par la éjectas au cours de leur trajectoire
sans doute un des objectifs majeurs des
gravité de la planète. balistique. L’atmosphère est cependant
recherches sur les cratères d’impact.
fortement modifiée par l’impact lui-
La progression de l’onde induit des même (température, densité, création
D. BARATOUX
contraintes qui deviennent d’abord de forts courants et vortex liés à
extensives dans la direction l’impact). L’interaction des éjectas avec
perpendiculaire à la propagation, puis l’atmosphère des planètes et son effet
très peu de temps après, dans la sur les morphologies résultantes reste
direction de la propagation. Le mal comprise. La diversité des
matériau se comporte de manière phénomènes physiques impliqués, ainsi
fragile et des fractures radiales et que les échelles d’énergies et de temps
concentriques se forment sous le des différents processus, représente
plancher du cratère et au-delà de la encore une difficulté majeure pour la
zone d’excavation. La roche mise en modélisation complète et la simulation
mouvement forme les éjectas, numérique d’un événement depuis la
composés d’un mélange des couches phase de contact jusqu’à la phase de
présentes en sub-surface et de produits sédimentation de ses éjectas.
de fusion de ces couches. La mise en La surface de Mercure, faille chevauchante
place des éjectas suit les lois balistiques Quels sont les progrès à réaliser pour traversant un cratère de 10 km.
sur les planètes sans atmosphère. En comprendre l’effet des impacts ? Il reste (NASA/JPL)

Géochronique n°100, 2006 43


Dossier
Et après ?
Les prochaines missions spatiales départ en 2006 a été complètement découvertes par les astronomes autour
auront pour objectif de trouver des sabordé, puisqu’on ne trouve plus d’autres étoiles grâce à des techniques
traces de vie, ou du moins des raisons maintenant que des dates autour de d’observation indirectes (transit, micro-
de son origine, dans le système solaire 2023 ! lentilles) toujours plus poussées. Jusque
(Mars, Europe, comètes), ou de pour- là, ces découvertes étaient restreintes à
suivre l’exploration de ses zones En parallèle, la NASA a décidé d’ef- des “planètes Jupiter”, c’est à dire des
d’ombres (Mercure, Pluton, objets de fectuer un retour vers la Lune, ce qui a grosses boules de gaz, mais il y a
Kuiper). En particulier, la mission euro- pour effet d’agacer beaucoup de pla- quelques mois, la première planète de
péenne Rosetta est en route pour aller nétologues américains en raison d’im- type terrestre aurait été découverte.
étudier une comète à l’autre bout du portantes restrictions budgétaires sur Gageons qu’il ne s’agit là que d’une
système solaire et s’y poser. Une mis- les autres lignes de crédits. Nul doute première sur une très longue liste et que
sion ambitieuse qui pourrait donner des que cela aura pour effet de redynami- les futurs télescopes spatiaux avec des
résultats extraordinaires sur la composi- ser encore les études lunaires, déjà en résolutions angulaires supérieures à
tion des comètes. regain de forme depuis la mission celles de Hubble pourront imager ces
Clementine. La prochaine décennie planètes directement (missions Corot et
Vers Mars, on situe l’embouteillage vers sera ainsi peut-être celle de la Lune, Darwin) et sauront en repérer bien
2014… À ce moment là nous aurons plus de 40 ans après Apollo. d’autres. Et peut-être un jour certains
peut-être cinq sondes en orbite et trois diront voir des canaux à leur surface…
au sol en même temps… Côté NASA, Enfin, chaque année et depuis environ
Phoenix en 2007, va tenter d’arriver dix ans, des dizaines de planètes sont N. MANGOLD
sur les terrains polaires puis MSL (Mars
Science Laboratory) devrait aller vers
les sédiments primitifs pour y analyser
les roches avec un rover plus gros et
mieux instrumenté que les MER. Notons
la présence de deux instruments
français, ou en partenariat franco-
américain, avec SAM (monté par M.
Cabannes du LISA à Créteil) qui
analysera la matière organique
éventuelle, et Chemcam, un laser à
ablation développé à Toulouse (S.
Maurice), qui devrait guider le rover
sur le chemin des roches intéressantes.
L’Europe ne sera pas en reste avec
ExoMars, un ambitieux programme de
rover et stations au sol, avec station de
forage et chambre d’analyse des
échantillons forés. Prévu en 2013, le
départ d’Exomars va devoir affronter
quelques déboires programmatiques
qui pourraient le voir reculer dans le
temps. Par contre, l’ambitieux Le rover MSL avec son instrument laser Chemcam qui mesurera la composition élémentaire des roches
programme de retour d’échantillons grâce à un spectromètre qui analyse à distance (jusqu’à 10 m) le plasma créé par le laser.
martiens qui avait été prévu pour un (JL Lacour, CEA Saclay)

44 Géochronique n°100, 2006


Dossier
Planétologie et enseignement
La planétologie fait partie intégrante des programmes d’enseignement dans
le cadre des Sciences de la Terre et de l’Univers (STU). Elle apparaît en
particulier dans les programmes de la classe de seconde. Et donc, bien
évidemment, on la retrouve au niveau des concours de recrutement (Capes,
agrégation). Le programme du Capes publié au Bulletin officiel (BO spécial
n°5 du 19 mai 2005, volume 2), contient un paragraphe intitulé “La Terre
dans le système solaire”. Cet ensemble se divise en trois parties :
- le fonctionnement du Soleil ;
- les différents types de corps du système solaire : planètes telluriques et non
telluriques, astéroïdes, météorites ;
- la spécificité de la Terre.
Le sujet du Capes externe de la session 2005 était intitulé “La différenciation
des planètes telluriques”. Les candidats devaient réfléchir et composer à
partir de 13 documents sur les atmosphères (Mars, Vénus, la Terre primitive
et actuelle), les surfaces (cratérisation, impact de Rochechouart en Haute-
Vienne), les météorites et la différenciation interne, les dynamiques globales
et l’originalité de la Terre (volcanisme, formation et évolution des continents).

Les résultats ont été dans la moyenne des années précédentes, ce qui prouve
que la planétologie a bien trouvé sa place.

J.-M. BARDINTZEFF

Grâce au logiciel libre World Wind, repérez-vous sur la Lune, Mars ou Vénus

Quand vous lirez les articles de ce numéro de Géochronique sur les planètes, vous tomberez souvent sur des citations
de lieux identifiés par des noms étranges : si la mer des Tempêtes ou la mer de la Tranquillité sont depuis longtemps
connues sur la Lune, on sait moins où se trouvent sur Mars Valles Marineris ou le dôme de Tharsis ; quant à Aphrodite
Terra ou Beta Regio, il faut être un être observateur initié ou un esprit curieux pour les placer sur Vénus.
Il vous est possible, depuis le mois de mai 2006, de situer tous les lieux décrits et toutes les photographies présentées
sur un planisphère de la Lune, de Mars ou de Vénus : la NASA diffuse en effet par Internet un logiciel libre qui vous
permet de visualiser les globes de notre satellite et de nos deux planètes sœurs ; ce logiciel vous permet aussi d’obser-
ver la planète Jupiter et -cela en vaut aussi la peine! -notre propre monde, la Terre.
World Wind vous offre de nombreuses possibilités interactives : zoom avant et arrière, déplacement sur la surface et
rotation du globe pour centrer le lieu recherché, zones d’atterrissage et noms des différentes sondes planétaires, vues
colorisées et mises en relief selon les données fournies par leurs instruments, options cartographiques, telles que grilles
de coordonnées…
World Wind est aisément téléchargeable depuis plusieurs adresses Internet, dont celle de la NASA: http://world-
wind.arc.nasa.gov/. Il est également plutôt simple à utiliser à partir de la barre d’outils et des icônes : comme le note
le site de la NASA dans la présentation du logiciel : “Particular focus was put into the ease of usability so people of aIl
ages can enjoy World Wind” ! Alors, n’hésitez pas à lire Géochronique tout en jouant avec World Wind.

On peut aussi survoler la surface de la Lune et celle de Mars à l’aide des logiciels libres de Google :
http://moon.google.com/ et http://www.google.com/mars/. Cela en vaut aussi la peine !
P. SOLÉTY

Géochronique n°100, 2006 45


Dossier
Ce dossier a été coordonné par Jacques-Marie Bardintzeff, Pierre Soléty, du comité de rédaction de
Géochronique et Nicolas Mangold.

Ont participé à sa rédaction :

Pascal Allemand, Gilles Dromart, Cathy Quantin, Pierre Thomas, LST (Laboratoire Sciences de la Terre),
ENS-Lyon, CNRS et UCB Lyon, UMR 5570 69622 Villeurbanne ou 69364 LYON Cedex 07

Véronique Ansan, François Costard, Nicolas Mangold, Laboratoire IDES (Interactions et Dynamique des
Environnements de Surface), Université Paris Sud et CNRS UMR 8148, Bat. 509, 91405 ORSAY cedex.
A la même adresse : Photothèque Planétaire d’Orsay (facilité NASA) contact : Philippe Masson

Laurent Daumas
David Baratoux, LDTP (Laboratoire Dynamique Terrestre et Planétaire), Observatoire Midi Pyrénées UMR 5562,
CNRS, 14 av. Edouard Belin, 31000 Toulouse

Vincent Chevrier, W.M. Keck, Laboratory for Space Simulations, Arkansas Center for Space and Planetary
Sciences, 202 Old Museum Building, University of Arkansas, Fayetteville, AR 72701, USA

Sylvain Douté, LPG (Laboratoire de Planétologie de Grenoble), CNRS et Université Joseph Fourier, 38041 St-Martin
d’Hères

Thierry Fouchet, Emmanuel Lelouch, LESIA (Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique),
CNRS-UMR 8109, Observatoire de Paris, 5 place Jules Janssen, 92195 Meudon Cedex, France, Laboratoire PI du
spectromètre VIRTIS (Venus Express) : Contact Pierre Drossart

Olivier Grasset, Benoît Langlais, Stéphane Le Mouélic, Sébastien Rodriguez, Christophe Sotin, LPGN
(Laboratoire de Planétologie et Géodynamique), Université de Nantes et CNRS UMR6112, 2, rue de la Houssinière,
BP92208, 44322 Nantes Cedex 03

François Poulet, IAS (Institut Astrophysique Spatial), UMR8617 Université Paris Sud et CNRS, Bat 121, 91405
ORSAY, Laboratoire PI du spectromètre OMEGA (Mars Express) : Contact J-P Bibring

UN TIMBRE HONORE UN GÉOLOGUE PARISIEN

L’administration des Postes vient d’émettre, sous le label Réunion, des îles Saint-Paul et
des Terres australes et antarctiques françaises, un timbre Amsterdam (1878). Nommé en 1877
à l’effigie de Charles Vélain (1845-1925) dont une maître de conférences à la Sorbonne,
montagne porte le nom sur l’île principale de l’archipel il fut promu professeur suppléant en
des Kerguelen. 1888, avant d’obtenir finalement en
Natif de Château-Thierry, Charles Vélain, qui était alors 1897 la création d’une chaire de
préparateur de géologie à la Sorbonne, s’était en effet Géographie physique dont il fut le
rendu en 1874-75 aux îles Saint-Paul et Nouvelle- premier titulaire. Il a publié plusieurs
Amsterdam, dans le sud de l’océan Indien, en ouvrages tirés de ses enseignements : Les volcans
accompagnant une mission astronomique chargée (1884), Les tremblements de terre (1887), Cours de
d’observer le passage de Vénus devant le Soleil, qui géologie stratigraphique (1887) qui fut plusieurs fois
l’avait d’abord conduit à Aden puis à la Réunion. Il en réédité, et Conférences de Pétrographie (1889).
tira la matière d’un volume intitulé Description
géologique de la presqu’île d’Aden, de l’île de la J. GAUDANT

46 Géochronique n°100, 2006


Analyses d’ouvrages
ÉVOLUTION DES LÉZARDS DU PALÉOGENE EN EUROPE
M. L. Augé
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle ;192, Publications scientifiques du Muséum, Paris, 2005, 1 vol. rel. 22 x 27,5 cm,
369 p., 213 ill., 24 tabl., 1 cd-rom, ISBN : 2-85653-588-7. Prix : 69 e.*

Les lézards, comme L’auteur y propose une est la base du travail seignements sur tous ces
d’autres petits reptiles ou étude systématique très paléontologique, Marc aspects, avec des conclu-
amphibiens, sont un peu les détaillée d’un abondant Augé aborde des ques- sions qui peuvent se distin-
mal-aimés de la paléontolo- matériel provenant de tions plus générales, sur guer sensiblement de
gie des vertébrés : dans le nombreux gisements s’éta- les taux d’évolution et la celles obtenues par la
Mésozoïque les dinosaures lant dans le temps, du durée de vie des taxons, paléomammalogie. La
occupent le devant de la Paléocène à la fin de les fluctuations de la diver- “Grande Coupure” de la
scène et, au Cénozoïque ce l’Oligocène, et ayant pour sité et les extinctions, et les limite Eocène-Oligocène,
sont les mammifères. Même la plupart livré des élé- possibles causes environ- par exemple, a des effets
si les restes de lézards peu- ments désarticulés (c’est le nementales de ces chan- différents sur les lézards et
vent être nombreux et divers cas notamment des sites gements. L’évolution des sur les mammifères. C’est
dans les sites fossilifères de l’est du bassin de Paris faunes continentales euro- dire que l’ouvrage de
(surtout lorsqu’on y pratique et des phosphorites du péennes au Paléogène a Marc Augé mérite d’être
le tamisage des sédiments), Quercy). La diversité ainsi depuis longtemps attiré consulté par tous ceux qui
ils n’attirent pas toujours révélée est impressionnan- l’attention des paléonto- s’intéressent aux événe-
l’attention qu’ils méritent. te ; on rencontre aussi logues, du fait de la com- ments biologiques du
Fort heureusement, il existe bien des orvets et des gec- plexité des interactions Paléocène, et pas seule-
en France une solide tradi- kos que des iguanes, des causales qui impliquent ment par les experts en
tion d’étude de tels fossiles, hélodermes ou des aussi bien le climat et la paléoherpétologie.
illustrée notamment par amphisbènes. Cette partie paléographie que les inter-
Robert Hoffstetter, puis par descriptive et systématique actions entre espèces. Par E. BUFFETAUT
Jean-Claude Rage. Marc est une contribution très le passé, l’accent a été mis
Augé s’inscrit dans cette importante à la paléonto- largement sur les mammi- * Publications scientifiques
lignée, comme l’illustre bien logie des lézards, qui sans fères, mais Marc Augé du MNHN,
ce mémoire (dont la version aucun doute fera référen- nous montre combien l’his- Case postale 39,
papier est accompagnée ce chez les spécialistes. toire évolutive des lézards 57 rue Cuvier,
d’une version sur CD-rom). Au-delà de cet aspect qui peut aussi être riche d’en- 75231 Paris cedex 05

GÉOLOGIE DU LANGUEDOC-ROUSSILLON (2e EDITION)


Jean-Claude Bousquet
Les Presses du Languedoc / BRGM Editions, 2006, 142 p.

Du Gévaudan aux rivages nienne, alpine et méditerra- le géologue pour parvenir France, rédigée avec beau-
de la Méditerranée et du néenne), comme le rappel- à les retracer. La dernière coup de pédagogie. De
delta du Rhône aux le Jean-Claude Bousquet. partie de l’ouvrage, consa- nombreux diagrammes
Pyrénées, le Languedoc- Avant d’aborder ces his- crée à la géomorphologie, éclairent le texte, et les très
Roussillon offre au géo- toires, ponctuées de forma- explique la genèse des belles photos de Gabriel
logue les témoins très tions et de destructions de paysages, souvent somp- Vignard donnent vraiment
variés d’une histoire géolo- montagnes et d’allées et tueux, de la région. Le envie d’aller voir sur
gique longue et compli- venues des mers, l’auteur résultat est une très belle place !
quée – ou plutôt de trois présente les éléments, introduction à la géologie
histoires successives (hercy- roches et fossiles, qu’utilise de cette partie du sud de la E. BUFFETAUT

MONTSERRAT’S ANDESITE VOLCANO

A propos du DVD analysé dans le n°96 de Géochronique Bernard Poyer, 1 La Vigne au chat, 01220 Sauverny
ce produit est également distribué en France : Tél : 04 50 41 17 95, fax : 04 50 42 75 15,
e-mail : poyer.bernard@wanadoo.fr

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Analyses d’ouvrages
EARLY-MIDDLE PLEISTOCENE TRANSITIONS: THE LAND-OCEAN EVIDENCE
M.J. Head et P.L. Gibbard (eds.)
Geological Society Special Publication ;247, Londres, 2005, 1 vol. br. 18 x 25 cm, 326 p., ill. ISBN : 1-86239-181-5. Prix : 85 £*

Ce livre rassemble les résultats d’études multidisciplinaires tigraphes italiens. De même, la limite Pléistocène
effectuées par de nombreux chercheurs sur les sédiments moyen/supérieur doit coïncider avec le stade isotopique 5e.
pléistocènes marins et continentaux. Sont considérés la théo- Jahn et al. illustrent les variations du contenu en fer et en car-
rie de Milankovitch, la paléocéanographie (via les isotopes bone organique total dans les sédiments marins profonds
et les microfossiles), la géochimie organique des sédiments (ODP Site 1077) des derniers 1,7 Ma. Ces données ont été
marins, la téphrochronologie, les loess et paléosols, les comparées, en utilisant leur signature orbitale et la suscepti-
changements de végétation terrestre, et la migration/évolu- bilité magnétique, à celles du site ODP 1075. Cet article
tion des hominidés et des mammifères. démontre que les variations climatiques, induites par les
Il est démontré que la terre a subi au Pléistocène des chan- cycles de Milankovitch en particulier les variations de l’inso-
gements climatiques globaux qui ont produit, à différentes lation produites par l’excentricité de l’orbite terrestre, sem-
latitudes, des variations au sein des sédiments et de leurs blent influencer le système de mousson de l’Afrique centrale
assemblages fossiles, marins ou continentaux (faune et favorisant la sédimentation du fer et du carbone organique
flore). C’est ainsi que l’obliquité terrestre (41 ka) contrôle dans les sédiments marins du golfe de Guinée (ODP site
directement l’enregistrement climatique entre la base du 1077) à partir du fleuve Congo.
Pléistocène (1,8 Ma) et 1,2 Ma. Mais, entre 1,2 et 0,9 Ma, Hayward et al. ont étudié les assemblages de foraminifères
la variation cyclique de l’excentricité (100 ky) commence à benthiques de trois carottes profondes de l’océan Pacifique
interférer avec les variations de l’obliquité de la Terre. De à l’est de la Nouvelle-Zélande. Les auteurs démontrent que
fait, à partir de 0,9 Ma, les changements climatiques sont la transition Pléistocène moyen est la période la plus impor-
dominés par les variations de l’excentricité, des périodes tante pour les changements climatiques globaux en particu-
sèches glaciaires alternent avec des périodes chaudes et lier entre les stades isotopiques 25 et 15. Dans cet interval-
humides. le, les cycles d’excentricité sont dominants par rapport à
Les réponses biologiques et physiques à la transition ceux de l’obliquité. Ces changements produisent des varia-
Pléistocène inférieur - Pléistocène moyen (vers 1,2 à 0,5 Ma) tions dans les assemblages de foraminifères benthiques qui
sont ici examinées, permettant d’explorer la nature du chan- indiquent des changements dans la circulation océanogra-
gement climatique au Quaternaire. phique profonde entre la Nouvelle-Zélande et la zone
Head et Gibbard, dans un article introductif, proposent une Antarctique.
excellente présentation et révision des connaissances rela- Reale et Monechi montrent que les associations de coccoli-
tives à l’étage pléistocène, avec un schéma simplifié de tous thophoridés changent durant le Pléistocène. L’abondance de
les événements climatiques, paléomagnétiques et biostrati- Reticulofenestra asanoi peut ainsi permettre de reconnaître
graphiques, comme, par exemple, l’apparition et la dispari- la limite Pléistocène inférieur/moyen dans les sédiments
tion de diverses espèces d’hominidés, de mammifères et marins.
d’organismes marins (benthiques et planctoniques). Les L’article multidisciplinaire (foraminifères, pollen, géochimie
auteurs, en utilisant les données publiées par différentes isotopique, magnétostratigraphie) publié par Capraro et al.
équipes de recherche, proposent une corrélation de tous les illustre remarquablement la coupe de San Mauro (Calabre,
événements avec la courbe isotopique obtenue à partir des Italie). Cette coupe pourrait être le stratotype de la limite
sédiments marins (sites ODP 677 et 846). Par ailleurs, cet Pléistocène inférieur/moyen : l’intervalle stratigraphique
article indique les grandes lignes pour subdiviser le 1,15 à 0,3 Ma montre une cyclicité sédimentaire directe-
Pléistocène en trois étages (inférieur, moyen, supérieur), la ment liée aux cycles glacio-eustatiques ce qui permet de pro-
partition du Pléistocène en trois devant faciliter la corrélation poser une bonne corrélation entre les cycles et la courbe iso-
des sédiments marins avec ceux du domaine continental. En topique.
fait, les auteurs comparent les étages proposés sur différents En conclusion, un très bon livre pour tout géologue étudiant
continents par différentes équipes; en particulier ils compa- le Quaternaire, et en particulier son climat qui aura sa place
rent les étages proposés dans les sédiments marins de la dans toutes les bibliothèques.
Méditerranée par les stratigraphes italiens de cette zone, A. CARUSO
avec ceux d’Europe du nord, de Russie et d’Amérique du
nord. En particulier, selon Head et Gibbard, la limite * Geological Society Publishing House,
Pléistocène inférieur/moyen coïncide avec la limite Unit 7 Brassmill Enterprise Centre Brassmill Lane,
Brunhes/Matuyama à 0,78 Ma, qui coïncide avec le stade Bath BA1 3JN,
isotopique 19 et non avec le stade 22 proposé par les stra- Royaume-Uni

48 Géochronique n°100, 2006


Analyses d’ouvrages
HENRI LECOQ, LES FORTUNES D’UN NATURALISTE À CLERMONT-FERRAND
Pierre Pénicaud
Mémoires de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, tome LIX, 2002, 269 p. 28 euros

Pour les habitants de d’une amusante méprise des guides touristiques Clermont-Ferrand, et qui,
Clermont-Ferrand, Henri due à l’homonymie) à exer- avant la lettre). Lors de la après de nombreuses péri-
Lecoq (1802-1871) est cer les fonctions de respon- création de l’université de péties racontées par Pierre
sans doute surtout connu sable du jardin botanique Clermont-Ferrand, il y Pénicaud, constitue aujour-
pour avoir laissé son nom, et du cabinet d’histoire obtient tout naturellement la d’hui un bien beau monu-
après en avoir conçu les naturelle et à donner des chaire d’histoire naturelle. ment à sa mémoire. Ce
plans, au plus beau jardin cours publics d’histoire Mais les fortunes de Lecoq, livre retrace donc la vie
public de la ville. Pour les naturelle. Pharmacien de évoquées dans le titre, ne d’un de ces naturalistes
géologues, il est l’auteur de formation, il va se lancer sont pas seulement scienti- presque universels, tels qu’il
nombreux travaux sur les avec ardeur dans l’étude fiques : c’est aussi un en existait encore au milieu
terrains du Massif Central, des richesses naturelles de homme d’affaires avisé, qui du XIXe siècle, et il nous
dont un monumental ouvra- sa province d’adoption, saura notamment faire fruc- éclaire d’une façon remar-
ge en cinq volumes sur les avec une prédilection pour tifier certains produits quable sur le contexte intel-
Epoques géologiques de la botanique et la géologie, conçus par lui à partir de lectuel, administratif et éco-
l’Auvergne. Mais ce ne sont animant les sociétés ses connaissances scienti- nomique dans lequel les
là que deux facettes d’une savantes locales, entrepre- fiques et pharmaceutiques, sciences naturelles pou-
vie et d’une carrière excep- nant avec quelques amis, comme un ersatz de café à vaient se développer à
tionnelles, que retrace de longues excursions à tra- base de glands, ou encore cette époque dans une
Pierre Pénicaud dans ce vers le Massif central, un chocolat contenant des grande ville de province. A
livre aussi bien documenté amassant des collections extraits d’eau de Vichy ! La la lecture du récit très vivant
qu’agréable à lire (et de considérables et publiant fortune considérable ainsi de Pierre Pénicaud, on se
surcroît bien illustré). Né en abondance sur les sujets amassée lui servira entre prend parfois d’ailleurs à
dans le Nord, Henri Lecoq les plus divers, de l’hybri- autres à édifier et enrichir regretter un temps où la
arrive à Clermont-Ferrand dation des plantes aux un magnifique musée d’his- science suscitait encore un
en 1827, appelé par la anciens volcans et aux gla- toire naturelle privé, qu’il tel enthousiasme !
municipalité (à la suite ciations (on lui doit même léguera à la ville de E. BUFFETAUT

DIE ENTSTEHUNG DER KONTINENTE UND OZEANE


NACHDRUCK DER ERSTEN AUFLAGE (1915) UND DER VIERTEN AUFLAGE (1929)
Alfred Wegener
Gebrüder Borntraeger Verlagsbuchhandlung, Berlin / Stuttgart, 2005, 481 p.

L’ouvrage d’Alfred Wegener sur la genèse des continents et tant des feuilles blanches intercalées entre les pages impri-
des océans (pour utiliser le titre de sa traduction française) mées. Il les utilisa pour recevoir des notes, citations, réfé-
est devenu pour les géologues un “livre-culte”, comme le dit rences bibliographiques et schémas destinés à compléter le
la quatrième de couverture de cette nouvelle édition. texte initial en vue d’une édition suivante augmentée. Toutes
Traduit dans de nombreuses langues, ce texte fondateur de ces annotations sont reproduites ici en fac-simile à la place
la géologie moderne est régulièrement réédité en où Wegener les inséra dans le texte imprimé de 1915. Une
Allemagne, comme en témoigne ce fac-simile qui reproduit transcription en est disponible sur le site internet de l’Alfred-
à la fois la première édition, de 1915, et la dernière, Wegener-Institut, mais l’écriture de Wegener est si claire et
publiée en 1929, un an avant la mort de son auteur sur l’in- lisible qu’il n’est guère nécessaire d’y avoir recours pour
landsis du Groenland. Cette nouvelle édition est accompa- déchiffrer ces textes, qui sont parfois de courtes phrases,
gnées d’une introduction biographique et de nouveaux mais peuvent aussi couvrir des pages entières. Grâce à
index. Par rapport à de précédentes rééditions, celle-ci, cette heureuse initiative éditoriale, le lecteur intéressé par
réalisée sous les auspices de l’Alfred-Wegener-Institut für l’histoire des sciences de la Terre peut ainsi suivre, non sans
Polar- und Meeresforschung de Bremerhaven, contient une une certaine émotion, le travail créateur d’un génie.
surprise : Alfred Wegener avait fait réaliser pour son usage
personnel un tirage spécial de la première édition compor- E. BUFFETAUT

Géochronique n°100, 2006 49


Analyses d’ouvrages
AUTRES OUVRAGES REÇUS

STRATIGRAPHIE, TECTONIQUE, GÉOLOGIE GISEMENTS,


GÉOLOGIE GÉOLOGIE DE L’INGÉNIEUR, ÉCONOMIE
RÉGIONALE, STRUCTURALE FORMATIONS MINIÈRE
GÉOLOGIE SUPERFICIELLES
GÉNÉRALE Deformation Mechanisms, Quand le ciel nous
Rheology and Tectonics : Guide qualité pour la bombarde. Qu'est-ce
Montagnes les grandes from minerals to the ressource en eau miné- que les rayons cos-
œuvres de la Terre lithosphere rale et thermale miques?
KLING K. et TAPPONNIER P. D. GAPAIS, J.-P. BRUN, P.R. VIGOUROUX PHILIPPE M. CROZON
Éditions de La Martinière, COBBOLD (Eds.) Collection scientifique et Vuibert ; Paris, 2005, 1 vol.
2006, 1 vol rel., 320p., Geological Society Special technique rel. 24 x 17 cm, 246 p., ill.
26 x 33cm, 49 E Publication ; 243, Londres, BRGM Éditions, Orléans ; ISBN : 2 7117 7153 9.
2005, 1 vol. rel. 17,5 x 2005, 1 vol. br. 16 x
Morvan, mémoire 25,5 cm, 320 p., ill. ISBN : 24 cm, 80 p., ill. ISBN :
d’une montagne 1-86239-176-9 2-7159-0959-4, 23 E
RAT P.
Edit. L’Armoyant. 2006, PALÉONTOLOGIE GÉNÉRALITÉS
1 vol. br., 22 x 13 cm,
79p., ill.x; ISBN : 2-84479- Les Dinosaures Les Alpes-Maritimes à
091-7, 13,50 E E. BUFFETAUT l'écoute des séismes
Collection Morvan libre Collection Idées reçues, le A. LAURENTI
espace Cavalier Bleu éditions; Serre Editeur ; 2006, 1 vol.
2006, 1 vol. br. 17,8 x br. 27 x 20,5 cm, 131 p.,
10,3 cm, 126 p., ill. ISBN : ill. ISBN : 2-86410-442-3.
2 84670 143 1

CONGRÈS
Proceedings of the first colloquium on the Jurassic of Morocco
2003-2004 Maroc

THÈSES ET MÉMOIRES D’HABILITATION À DIRIGER DES RECHERCHES

HYDROLOGIE ENVIRONNEMENT, Apports de l'hydrodynamique et de la géochimie


GÉOLOGIE DE L’INGÉNIEUR, à la caractérisation des nappes de l'Oligocène et
FORMATIONS SUPERFICIELLES de l'Éocène, et à la reconnaissance de leurs rela-
tions actuelles et passées : origine de la dégrada-
Origine des aérosols volcaniques et continentaux tion de la nappe de l'Oligocène (sud-ouest du bas-
de la carotte de glace de Vostok (Antarctique) sin de Paris)
I. BASILE V. SCHNEIDER
Th. doct., univ. Joseph Fourier, Grenoble, 1997, 1 vol. Th. doct., univ. de Paris-Sud Orsay, 2005, 1 vol. 21 x 29 cm,
21 x 29 cm, 274 p., ill. 341 p., ill.

Quantification de l'érosion et de la sédimentation Réponses climatiques marines et continentales du


dans le bassin de Sarliève (Massif central, France) sud-ouest de l'Europe lors des dernières intergla-
au Tardiglaciaire et à l'Holocène. Impact des fac- ciaires et des entrées en glaciations
teurs naturels et anthropiques S. DESPRAT
A. FOURMONT Th. doct., univ. de Bordeaux I, 2005, 1 vol. 21 x 29 cm,
Th. doct., univ. de Tours, 2005, 1 vol. 21 x 29 cm, 420 p., ill. 282 p., 10 pl.

Détermination expérimentale des propriétés ther- Contribution à la détermination expérimentale et


modynamiques et étude des nanostructures de à la modélisation des différents processus contro-
minéraux argileux lant l'évolution géochimique, structurale et hydro-
H. GAILHANOU dynamique des roches fissurées carbonatées
Th. doct., univ. d’Aix-Marseille III, 2005, 1 vol. 21 x 29 cm, C. NOIRIEL
262 p., ill. Th. doct., Ecole des Mines de Paris ; 2005,1 vol., 323 p.,
ill. X, pr. 13, 29,8 cm

50 Géochronique n°100, 2006


Analyses d’ouvrages
Evolution pluri-millenaire a pluri-annuelle du prisme TECTONIQUE, GÉOLOGIE STRUCTURALE
sedimentaire d'embouchure de la Seine. Facteurs de
contrôle naturels et d'origine anthropique Diversité et signification géodynamique des com-
N. DELSINNE plexes ultrabasiques-basiques d'âge protéro-
Th. doct., univ. de Caen ; 2005, 2 vol., 179 p., ill. X, pl. 14, zoïque supérieur du rameau oriental pharusien
pr. 14, 29,7 cm de la Chaîne pan-africaine (Hoggar, Algérie)
L. BOUKHALFA
Simulation des émissions d'aérosols désertiques à Th. Doct., univ. Nancy I, 1987, 1 vol. 21 x 29 cm, 302 p., ill.
l'échelle continentale : analyse climatologique des
émissions du nord-est de l'Asie et du nord de Étude géodynamique et métallogénique d'un sec-
l'Afrique teur de la “Faja de Plata”, Mexique : la zone de
B. LAURENT Zacatecas - Francisco i. Madero-Saucito
Th. doct., univ. Paris 12 ; 2005, 1 vol., 218 p., ill. x, pr. 12, M. YTA
30 cm Th. Doct., univ. d’Orléans, 1992, 1 vol. 21 x 29 cm,
266 p., ill.
The Aral Sea : a palaeoclimate archive
PH. SORREL Évolution géodynamique des Klamath orientales
Th. Doct., univ. de Lyon I/université Potsdam ; 2006, 1 vol., (Californie, États-unis) au Paléozoïque inférieur :
139 p., ill. x, pr. x, 1 CDrom, 29,7 cm sa place dans l'histoire de la marge occidentale
nord-américaine
Recherche multidisciplinaire pour caractériser C. CAMPOS
deux aquifères fracturés : les eaux minérales de Th. doct., univ. d’Orléans, 1995, 1 vol. 21 x 29 cm, 323 p.,
Plancoët en contexte métamorphique, et de ill., 67, tabl.
Quézac en milieu carbonaté
V. DURAND Morphotectonique et architecture sédimentaire de
Th. doct., univ. Pierre et Marie Curie ; 2005, 1 vol., 276 p., la transition océan-continent de la marge ibérique
ill. x, 29,5 cm G. PERON-PINVIDIC
Th. doct., univ. Louis Pasteur Strasbourg : 2006, 1 vol.,
La mondialisation géostatistique des milieux 298p., ill. x, pr. 17, 29.5cm
anthropisés
C. DE FOUQUET STRATIGRAPHIE, GÉOLOGIE RÉGIONALE,
Th. doct., univ. Pierre et Marie Curie ; 2006, 1 vol. 88 p., GÉOLOGIE GÉNÉRALE
ill. x., 29,5 cm
Étude géologique dans le Pentadaktylos et la
Stabilisation des matières organiques dans les Mesaoria (Chypre septentrionale)
sols : récalcitrante chimique versus interaction F. BAROZ
avec la phase minérale Th. doct., univ. Nancy I, 1979, 2 vol. 21 x 29 cm, 434 +
C. RUMPEL 365 p., ill.
Mémoires HDR, univ. Pierre et Marie Curie ; 2006, 1 vol.,
57 p., ill. x., 29,5 cm The Tangihua complex, New Zealand: implica-
tions for Cretaceous-Oligocene convergent mar-
PALÉONTOLOGIE gin processes in the SW Pacific from comparison
with the Poya Terrane, New Caledonia
Les premières phases de différenciation des pro- K.N. NICHOLSON
boscidiens (Tethytheria, Mammalia) : le rôle du Th. doct., univ. d’Auckland–université de Grenoble, 1999,
Barytherium grave de Libye 1 vol. 21 x 29 cm, 231 p., ill.
C. DELMER
Th. doct., MNHN, Paris; 2005, 1 vol., 497 p., ill. 315, tab. Stratigraphie, tectonique , métamorphisme et
6, pl. 2, pr.11, 29,7 cm ophiolites dans le Vermion septentrional
(Macédoine, Grèce)
La Région auditive des métathériens (Mammalia, J. BRAUD
Metatheria) du Tertiaire inférieur d'Amérique du Travaux du Laboratoire de géologie historique, université de
Sud. Indice sur l'origine phylogénétique et la sys- Paris-Sud, Orsay, 1967, 1 vol. 27 cm, 243 p., ill., 16 pl.
tématique des Notometatheria (métathériens
d'Australie et d'Amérique du sud) Architecture, genèse et évolution du littoral du
S. LADEVEZE Languedoc-Rousillon : impact des facteurs phy-
Th. doct., Museum National d'Histoire Naturelle, 2005, siques au cours du Quaternaire terminal
1 vol., 432 p., ill. x, pr.12, 29.5 cm C. LABAUNE
Th. doct., univ. de Perpignan ; 2005, 2 vol., 348 p, ill. x,
pr.14, 30 cm

Géochronique n°100, 2006 51


Analyses d’ouvrages
GÉOCHIMIE, MINÉRALOGIE glaciations du Néoprotérozoïque
E.C. FONT
L'hafnium dans les zones de subduction : bilan Th. doct., univ. de Toulouse III - université de Sao Paulo,
isotopique des flux entrant et sortant 2005, 1 vol. 21 x 29 cm, 203 p., ill.
J.C. MARINI
Th. doct., univ. de Grenoble, 2004, 1 vol. 21 x 29 cm, ROCHES CRISTALLINES, VOLCANISME,
142 p., 37 ill. PÉTROLOGIE
Le magmatisme permien de la Corse du nord-
Les Sulfates phosphates d'aluminium hydrates ouest. Son extension en Méditerranée occidentale
(aps) dans l'environnement des gisements d'ura- P. VELLUTINI
nium associés à une discordance protérozoïque : Th. doct., univ. Aix-Marseille III Saint-Jérôme, 1997, 1 vol.
caractérisation cristallochimique et signification 21 x 29 cm, 325 p., ill.
pétrogénétique
S. GABOREAU Assemblage ophiolitique et roches associées de la
Th. Doct., univ. de Poitiers ; 2005, 1 vol., 183 p., ill. 28, partie occidentale du massif de Pozanti- Karsanti
tab. 40 , 29.5cm (Taurus Cilicien-Turquie) mise en évidence d'un
système “bassin marginal-arc insulaire”
Caractérisation des fluides aurifères par rayonne- A.S. CATAKLI
ment synchrotron à la géodynamique archéenne : Th. doct., univ. Nancy 1, 1983, 1 vol. 21 x 29 cm, 404 p.,
étude des interactions fluides-roches dans un ill., 12 pl.
point triple de foliation archéen (le synclinal de
Warrawoona, Australie occidentale) Paléosuture à caractères ophiolitiques du
N. THEBAUD Protérozoïque supérieur dans la région de Silet,
Th.doct., univ. P. & M. Curie ; 2006, 1 vol., 280 p., ill. x, Hoggar occidental (Algérie)
pr.21, 29,5 cm H. ABED
Th. doct., univ. Nancy I, 1983, 1 vol. 21 x 29 cm, 202 p., ill.
Dynamique sédimentaire et structurale des bas-
sins perches sur les prismes de subduction Magmatisme associé à un paléo-prisme d'accré-
l'exemple du prisme Hikurangi, Nouvelle-Zélande tion. Exemple du magmatisme tertiaire de la chaî-
J. BAILLEUL ne de Shimanto (Japon Sud-Ouest)
Th.doct., univ. des Sciences et Technologies de Lille ; 2005, G. STEIN
1 vol., 291 p., ill. x, pr.11, 1cd rom, 29.5 cm Th. doct., univ. d’Orléans, 1993, 1 vol. 21 x 29 cm, 320 p.,
6 pl.
Isotopes de l'oxygène en paléoclimatologie : l'ap-
port d'un modèle de complexité intermédiaire Pétrologie du volcanisme Cénozoïque au nord et
D. ROCHE à l'est de Ngaoundere (Adamaoua-Cameroun)
Th.doct., univ. P. & M. Curie ; 2005, 1 vol., 203 p.,ill. x, O.F. NKOUANDOU
pr. 12, 29,2 cm Th.doct., univ. P. & M. Curie ; 2006, 1 vol., 170 p., ill. x,
pr. 6, 28,8 cm
O de l'apatite de vertébrés continentaux du
18

Crétacé : implications paléoclimatiques et thermo- Pétrologie, géochimie et origine des granitoïdes


physiologiques péralumineux à cordiérite (cap Bougaroun, Beni-
R. AMIOT Touffout et fil fila) Algérie nord-orientale
Th. doct., univ. de Lyon ; 2005, 1 vol., 212 p., ill. x., pr. 24, A. OUABADI
29.5 cm Th. doct., univ. de Rennes I ;1994, 1 vol, 157 p., ill. x, 29,5 cm

Géochimie organique des séries argilo-carbona- MÉTHODES ET TECHNIQUES ANALYTIQUES


tées du Callovo-Oxfordien de l'est du bassin de
Paris et d'Angleterre. Variabilités et implications Transfert complexes en milieu poreux : quelques
paléoenvironnementales approches physiques et numériques
Y. HAUTEVELLE P. MAUGIS
Th. doct., univ. de Nancy I ; 2005, 1 vol., 367 p., ill. x, pr. Th. doct., univ. Pierre et Marie Curie ; 2006, 1 vol., 272 p.,
40, 29,7 cm ill. x., 29,5 cm

Adsorption de CSNi et des lanthanides sur une PÉTROLOGIE


kaolinite et une smectite jusqu'a 150°C : étude
expérimentale et modélisation Pétrologie et géochimie des ensembles magma-
E. TERTRE tiques Pharusien I et II, dans le rameau oriental de
Th. doct., univ. Toulouse III ; 2005, 1 vol., 259 p., ill. x, tab. la Chaîne pharusienne (Hoggar, Algérie) implica-
x, pr. 18, 29,7 cm tions géodynamiques pour l'évolution d'une chaî-
ne mobile au Protérozoïque supérieur
GÉOPHYSIQUE P.L. DUPONT
Th. doct., univ. de Nancy I, 1987, 2 vol. 21 x 29 cm, 289
Paléomagnétisme des Cap carbonates du craton + 49 p., ill., 3 pl.
amazonien (Brésil) : implications pour les
52 Géochronique n°100, 2006

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