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ATELIER 22

POLITIQUE DE LA VILLE ET
GESTION URBAINE

1er JUILLET 1997

COMPTE-RENDU
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POLITIQUE DE LA VILLE ET GESTION URBAINE

Et si le véritable défi des quartiers en difficulté était celui de leur gestion ?


Si la clef de l'exclusion résidait dans la conjonction d'un déficit territorial d'aménités urbaines et
de la concentration de populations en fragilité économique ou sociale ?
Si les acquis de la politique de la Ville depuis 20 ans sur la conception, la conduite et l'évaluation
du projet urbain n'étaient que les préliminaires (sans doute indispensables) d'un questionnement
en profondeur sur le statut social et urbain des quartiers en crise ?
Que signifie concrètement, et en particulier, en terme de gestion urbaine, l'objectif d'en faire des
"quartiers comme les autres" ?
Ces quartiers ne seraient-ils pas des lieux de prospective sociale, nous interpellant aussi bien sur
la nature, le niveau, le mode de délivrance des services publics ou privés, liés à l'habitat, à la vie
sociale, à la culture ou à l'emploi ?
Faut-il les contenir dans un mode connu (si oui lequel ?) ou inventer de nouveaux modes de gestion
urbaine adaptés à leur spécificité ?
L'Atelier se propose de retenir cette grille d'interrogations pour être aussi celle de la lecture des
témoignages réunis pour cette journée. Partant d'une réflexion générale, il s'agira de tenter de
croiser l'approche territoriale et celle des opérateurs, puis d'esquisser une synthèse prospective.

Les étapes de l'atelier Les intervenants

Ouvert par Philippe OLIVIERO, animateur de la • Philippe OLIVIERO, Directeur de l'Association


journée, l'Atelier propose un programme en Régionale des Organismes HLM PACA et Corse
quatre temps : •Pierre SARAGOUSSI, Conseiller technique
❖ Le cadrage de la réflexion auprès du Directeur Général de la CDC
- Introduction sur la problématique de la gestion •Roger DESCHAUX, Directeur de l'équipe du
urbaine GPU de Marseille
❖ La gestion urbaine : approche territoriale • Patrice FRONTOU, EUROGEM
- Le Grand Projet Urbain de Marseille • Michel TEULE, CERFISE
- Diagnostic et point de vue des habitants, l'exem- • Jean-Pierre PARET, Directeur Général de la SA
ple de Saint Barthélémy HLM LOGIREM
❖ La gestion urbaine : approche par les services et le •Jacques WATTECAMPS, Directeur du Syndicat
rôle des opérateurs Intercommunal des Transports Urbains de la
- Le point de vue d'un directeur d'organisme Région Avignonnaise
HLM • Philippe MEJEAN, Centre de Ressources sur la
- Du diagnostic social à une nouvelle gestion des politique de la Ville de la Région PACA
tranports urbains • Patrice DUNOYER de SEGONZAC, GIE Villes
❖ Table ronde : la gestion urbaine des espaces et et Quartiers
services publics

Politique de la Ville et gestion urbaine -1er Juillet 1997

Politique de la Ville et gestion urbaine - 1er Juillet 1997


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I NTRODUCTION SUR LA PROBLÉMATIQUE DE LA GESTION URBAINE

Pierre Saragoussi brosse ici un cadre général et, à travers son point de vue, fournit des éléments de discussion,
plus que des idées définitives, ayant forgé sa réflexion à partir des expériences menées au long de son parcours
professionnel dont, pour la période la plus récente, un séjour à la SCIC en Ile-de-France et la présidence d'un
groupe de travail interne à la CDC sur la gestion urbaine des quartiers.

On fera en préalable le constat que la gestion • les équipements apportant un service (souvent
urbaine est sans doute encore une idée neuve présents en nombre et diversifiés),
dans la politique de la ville, y compris dans les • les services de la Poste et la distribution du
évolutions de cette dernière ; elle n'a pas encore courrier,
fait suffisamment l'objet de réflexion, d'autant • l'ensemble des services financiers,
qu'il est difficile de quitter le terrain mieux maî- • le stationnement au sol ou en sous-sol (souvent
trisé de l'investissement (amélioration de l'habi- organisé en sous-sol, mais pas au sol, y compris
tat, aménagement urbain, etc) pour aborder "au en terme de sécurité)
fond" la question de la gestion quotidienne de nos • la sécurité sous toutes ses formes (du gardien
quartiers. d'immeuble jusqu'au vigile en passant par la
police municipale, nationale... et l'on voit que
De quoi parle t-on ? dans cette "chaîne de la sécurité" interviennent
parfois cinq, six ou sept instances)
Il s'agit ici des services pris en compte et de la • le service éducatif,
façon dont ils sont assurés. Quels sont-ils ? • le service emploi (qu'est-ce que l'ANPE, les
• des services proposés à l'ensemble des habitants, Assedic, l'AFPA, etc, apportent ?)
• dont l'exploitation est assurée par des instances • les services attachés au logement.
publiques mixtes ou privées,
• dont le financement est pris en charge principale- L'éventail se veut illustré ici à différents niveaux
ment par les usagers, que ce soit directement à (ex. la distribution du courrier) car il importe de
travers le paiement d'une prestation, ou indirec- prendre compte toutes ces questions "du point de vue
tement par le biais des impôts. Il faut insister sur de l'habitant". Par ailleurs, s'il ne s'agit pas de
ce dernier aspect, pour souligner la place particu- vouloir mettre dans les quartiers qui nous occu-
lière "d'agents économiques" des habitants, et pent toutes les instances qui président à la déli-
pas seulement citoyens ou partenaires ; traiter de vrance de ces services, on doit au moins s'attacher
la question de la gestion urbaine implique de à la visibilité de leur existence.
prendre en compte cet élément essentiel.
Au delà de l'approche large nécessaire qu'évoque
La liste des services est très large ; on indiquera, la liste ci-dessus, vouloir traiter de la gestion
de façon non exhaustive et sans les hiérarchiser, urbaine impose de regarder comment ces services
• la propreté des espaces collectifs, sont assurés ou non, qu'ils soient présents ou pas dans
• l'enlèvement des déchets, des encombrants et les quartiers, comment les habitants peuvent y accé-
des épaves (des instances différentes en sont en der, comment ils leur sont adaptés ou non. De ce
charge dans la "chaîne de propreté", avec les dernier point de vue, il y a à faire un véritable
implications évoquées plus loin), travail d'adaptation du service aux habitants,
• la conception et l'entretien des espaces publics d'ailleurs souvent mené par les organismes HLM,
• l'éclairage, mais l'ensemble des institutions a-t-il réfléchi à
• le mobilier urbain, cette question et fait cet effort ?

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Des services, des prestataires territoire dont ils ont en partie la charge. Il y a là
une véritable réflexion à avoir.
On rappellera quelques éléments de caractérisa-
tion importants : De l'importance de la gestion urbaine
• Ce sont des services qui pour la majorité sont
obligatoires (pas tous, il y a ceux que l'on peut Le propos est illustré ici à travers le cas des
rejeter, que l'on ne peut pas prendre,...) ; et de fait, organismes HLM :
il y a pour nombre d'entre eux une obligation de La valeur économique et financière du patri-
paiement (compris dans l'impôt, etc). moine des organismes dépend beaucoup de la
• Ils sont assurés par des prestataires non choisis qualité des services à disposition. L'attractivité
par les habitants mais payés par eux. commerciale des immeubles ne dépend plus seu-
• D'autre part ils sont rarement individualisés (des lement de la localisation, la qualité technique, etc,
efforts sont faits, mais il reste difficile pour l'usa- mais aussi du maillage de services dans lequel ces
ger de faire la part entre ce qui est payé par la immeubles sont pris.
collectivité locale, la collectivité nationale, lui- D'autre part, les réhabilitations techniques opé-
même, etc...) rées ne valent en réalité et ne durent que si il y a
services, si il y a gestion urbaine ; et l'on voit que
Ces services sont mis en oeuvre par une multipli- l'on est réintervenu sans -ou faute de- s'être pré-
cité de prestataires ; des prestataires qui se coordon- occupé du fonctionnement général des quartiers
nent rarement, au niveau des dirigeants comme à et plus globalement des territoires où ils sont
celui des personnels de terrain qui agissent côte à installés.
côte pour rendre ces différents services. On ne Et pour aller plus loin, à savoir si l'on se met dans
saurait cependant occulter les tentatives qui sont la perspective à 5,10 ou 15 ans de "fermer" cer-
mises en place sur certains sites. On reconnaîtra tains sites, il est impératif durant la phase inter-
aussi que nombre d'expériences menées ont été, médiaire de renforcer la qualité des services ; les
en dépit d'une réelle efficacité, abandonnées. habitants ne doivent pas se sentir abandonnés,
Toujours est-il qu'il y a derrière le constat d'ab- comme cela a pu être le cas à l'occasion de des-
sence de coordination de lourdes conséquences ; tructions partielles.
on peut en effet arriver à la conviction que les Par ailleurs, il faut souligner un point important,
problèmes des habitants tiennent aux caractéris- trop souvent oublié par les bailleurs, qui con-
tiques qui les y conduisent mais peuvent aussi cerne les clients qui sont là aujourd'hui : la popu-
être coproduits par les institutions et par l'ab- lation des jeunes qui doit être fidélisée pour qu'elle
sence de réflexion et de volonté de coordination. fasse le choix de rester et non de fuir le parc social.

On soulignera aussi que ces services sont souvent Ainsi ce sont à la fois des raisons économiques et
mis en oeuvre par les personnels situés au bas de financières qui fondent l'importance de la gestion
la hiérarchie de l'organisation à laquelle ils ap- urbaine. Il ne s'agit pas d'un lieu commun, tant il
partiennent, aux salaires bas. Ce n'est pas anodin est peu sûr que l'on ait totalement intégré l'idée
: ils sont peu pris en considération, peu formés à que, de fait, le coeur de l'équilibre économique
la diversité et à la complexité des situations à des organismes tient de l'extérieur et pas seule-
gérer, peu mobiles, ils s'usent au contact de la ment de l'intérieur, conduisant nécessairement à
difficulté ; malgré tout ils font face et parviennent s'ouvrir, modifier son approche du métier, s'arti-
à faire fonctionner les choses de manière un peu culer à d'autres partenaires.... Ceci vaut pour à
"miraculeuse", en "inventant" leur présence sur le peu près tous les prestataires de services.

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Les conditions d'une plus grande efficience ❖ créer les conditions d'un partenariat entre les pres-
tataires et les usagers, y compris, on l'a vu plus
Plusieurs éléments fondamentaux sont propo- haut, sur un plan économique ; même pour les
sées à la réflexion : services si l'on peut dire "les plus publics" comme
❖ affirmer qu'il revient à la Municipalité, dans sa police, éducation, il faut reconnaître aux habi-
dimension politique et technique, d'assumer la fonc- tants le fait qu'ils paient.
tion d'instance organisatrice. Bien sûr il y a un noyau dur entre la municipalité,
Cette "exigence" (que peut avoir l'ensemble des l'Etat, organisme prestataire et associations d'usa-
prestataires) se justifie car on ne peut pas penser gers pour déterminer une vision partagée du
la gestion urbaine indépendamment d'un certain territoire, organiser une coopération technique.
nombre de points. Ainsi : quel devenir pour tel
quartier, quelle place dans le territoire commu- S'agissant de cette dernière, il importe de réflé-
nal, quelle perception a-t-on des habitants, à quel chir sur le chaînage de services ; en reprenant l'exem-
niveau de service ont-ils droit, quelle décentrali- ple de la propreté, on doit concevoir que, pour
sation infra communale cela nécessite-t-il pour l'habitant, la chaine de propreté est indivisible :
améliorer la qualité du service, quel découpage s'il y a des ruptures dans la qualité (un palier
territorial et quelle coopération entre les service propre mais une rue sale) un chaînon manquant
municipaux et les autres ?,.... dans le système, il y a problème. Aussi faut-il
s'interroger sur le chaînage entre éléments d'un
A titre illustratif, on citera le cas de Saint-Denis, même service. Il en va de même pour les trans-
où la Ville s'est organisée au plan politique, tech- ports, la sécurité, etc.
nique et partenarial. Par exemple, l'Adjoint à la Se pose également le problème de la synergie entre
voirie responsable d'un quartier x a autorité sur différents services : entre le transport, la propreté,
l'ensemble de ses pairs : une volonté de direction la sécurité, il existe à l'évidence des liens à créer.
territorialisée d'un point de vue politique. De la
même façon, le responsable du Service technique On doit aussi travailler sur la coopération sur site :
voirie a autorité sur ses pairs s'il est en charge de on peut citer l'exemple de la Gare St Charles avec
ce quartier. D'autre part, une organisation terri- la nomination d'un "Monsieur site"devant obser-
toriale intègre les quartiers HLM dans un terri- ver comment, du point de vue des prestataires et
toire plus large car il y a bien sûr porosité et de l'usager, fonctionne ce site et user d'un "droit
nécessité de penser la gestion pour l'ensemble d'interpellation" (par exemple si à côté du service
des populations. De plus, des "conseils d'usa- transport apporté par l'un, le service d'éclairage
gers" plus que "de quartiers" ont été prévus, public apporté par un autre est défaillant).
intégrant l'ensemble des prestataires (HLM, Poste,
EDF, RATP, etc). On peut regretter que du côté de Enfin, l'on peut avancer l'idée de la "syndication"
l'Etat, cette approche qui permettrait une "unité des prestataires : peut-on imaginer l'installation
de commandement" de ses services en fonction de syndics de quartier pour coordonner l'ensem-
du territoire, ne soit pas adoptée... ble de la gestion urbaine. Cela demande réflexion,
peut-on à tout le moins envisager des délégations
❖ imposer la territorialisation des services aux presta- permettant d'agir pour le compte d'autres ?.
taires ; ainsi le secteur HLM a développé la décen-
tralisation ; dans le cas de la RATP, s'il y avait des Parmi les nombreuses questions plus générales
responsables de lignes, on trouve aujourd'hui qui méritent encore réflexion et débat, on peut
des responsables au niveau de la station et c'est rappeler :
ainsi la station qui est l'élément de commande- • la reconnaissance des métiers de l'exploitation (pro-
ment et plus seulement la ligne. motion, salaires, formation, mobilité,..)

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• l'ingénierie financière de la discrimination positive; Enfin, on ne saurait oublier que la gestion urbaine
comment financer davantage du fonctionnement recouvre aussi des notions d'importance :
dans un contexte de rareté de l'argent ; comment c'est un rempart à la dualisation de la société, un
mieux faire les diagnostics, être plus pertinent rempart à la ghettoisation des territoires, un rempart
dans les propositions, dans l'évaluation ?, toutes aux conflits externes et internes entre ces quartiers
choses que l'on ne sait pas financer,... d'habitat social et le reste du territoire.
- l'acquisition d'une culture de l'usage par rapport à C'est aussi l'occasion d'un apprentissage de la
la culture technologique, responsabilité (sur des sujets importants comme
- la gouvernance territoriale et la nécessité de lui très modestes l'on peut créer par exemple des
donner corps : comment imaginer cette coopéra- comités d'usagers, y compris des comités de jeu-
tion sous l'autorité de la municipalité, quel sens nes -ainsi la RATP l'a-t-elle bien compris en réflé-
lui donner,... chissant avec eux sur la tarification , sur les horai-
Ajoutons que l'on ne peut aborder la question de res adaptés aux jeunes à Mantes-la-Jolie-).
la gestion urbaine sans se poser le problème de Et l'on peut affirmer que c'est aussi un élément
l'emploi car il y a là urgence ; il lui faut aussi être servant à l'exercice de la citoyenneté.
génératrice d'emplois.

LA GESTION URBAINE : APPROCHE TERRITORIALE

LE GRAND PROJET URBAIN DE MARSEILLE

Un dispositif, un territoire et un projet,ainsi peut- urbaine et sociale sans créer une osmose entre les
on définir, en une formule, un Grand Projet Urbain. périmètres des ensembles HLM et des quartiers
avoisinants.
Un dispositif, un territoire...
☛ C'est un dispositif qui s’applique sur un territoire
;
☛ C'est un dispositif qui se veut exceptionnel*, exor- couvrant le 16e arrondt et la majeure partie du
bitant du droit commun, partenarial et 15e et concernant 70 000 habitants, le GPU de
contractualisé entre l'Etat, la Ville et, à Marseille, Marseille s’intéresse à un territoire plus vaste que
la Région. Il vise à une réinsertion urbaine et la plupart des GPU (territoires essentiellement
sociale par des actions d’aménagement urbain, constitués de grands ensembles), soit 2600 ha (10
de développement local et de transformation fois la superficie d'Euroméditerrannée) ;
d’usage. un territoire également plus hétérogène, à l'image
Ce dispositif à la fois financier et organisationnel de l’urbanisation marseillaise qui s’est réalisée
a été mis en place à Marseille en juillet 1993 par dans les interstices des noyaux villageois : on y
une décision du CIV. Déjà, la mission Masson, trouve un ensemble composé de villages (9), de
chargée d'examiner la faisabilité du Projet cités HLM (13) et de zones d'activités.
Euroméditerrannée, avait indiqué dans son rap- * 12 GPU en France
port qu’il était impératif de mener, parallèlement
à la conduite dudit Projet, une vaste opération de Quel constat dans la zone d’application du GPU?
reconquête des territoires nords de la ville. Elle • 47 % de la population n’a pas de qualification,
avait commencé à réfléchir sur les cités Plan • Le taux de chômage est de plus de 32% (24%
d’Aou, la Bricarde, la Castellane, et considéré que dans le "quartier moyen défavorisé de France")
l’on ne pouvait engager une action de réinsertion • La part des ménages dont la première source de

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revenu est un salaire est de 44,3% (contre 57,8%). d’entreprises adaptés, soutenir les produits filiè-
Parmi les autres indicateurs, on trouve : res, optimiser les retombées sur l’emploi local.
•de nombreux logements sociaux : 40% des RP Les finalités des actions ne sont pas seulement
•30% de la population ont moins de 20 ans : les d'ordre fonctionnel mais visent bien à satisfaire
futurs marseillais se situent aussi dans ces quar- diverses attentes. Ainsi, en matière de développe-
tiers là et l'on voit l'impérieuse nécessité de s’oc- ment économique, il ne s’agit pas seulement d’ur-
cuper de leur avenir et de leurs habitants. baniser des terrains, de construire de l’immobi-
Cette proportion de jeunes peut être considérée lier d’entreprise mais de faire en sorte que l’ins-
comme un atout à terme, venant s’ajouter à ceux tallation d’entreprises bénéficie prioritairement
que connaît le territoire du GPU : aux habitants du site.
• le secteur nord semble être le seul, en tout cas le Le dispositif du Pacte de Relance pour la Ville à
plus apte, géographiquement, à pouvoir accueillir travers les Zones de Redynamisation Urbaine et
le développement urbain de Marseille ; de plus, il la Zone Franche Urbaine (située au coeur du
possède encore des potentialités foncières, GPU), va sans doute favoriser l’atteinte de ces
• il est en charnière avec le Pays d’Aix, avec objectifs, en particulier celui de l'emploi local déjà
l’Etang de Berre, la zone de Vitrolles et Mari- affiché dans les GPU (qui ont été les premiers
gnane. Il est très bien desservi par deux autorou- dispositifs de la politique de la ville abordant la
tes, des voies ferrées ; il se situe à 10 mn du centre notion de développement économique).
ville, à 15 mn de l’aéroport, etc.
◗ la mobilité et les déplacements,
Le GPU s’est fixé deux objectifs majeurs :
▼ réduire les handicaps sociaux, économiques, ◗ la restructuration urbaine,
urbains rencontrés sur ces territoires, visant à poursuivre la réhabilitation des grands
▼ les préparer à devenir des secteurs privilégiés ensembles, à développer les villages, à aménager
du développement futur de l’agglomération mar- des liaisons et des transitions entre les noyaux
seillaise. Ce dernier élément constitue la spécifi- urbains. Poursuivre la réhabilitation signifie aussi
cité du GPU de Marseille. mettre en place des modes de gestion particuliè-
rement adaptés et permettant de pérenniser l'amé-
...un territoire pour un projet lioration apportée au niveau du bâti. A cet égard,
il est souhaité que puisse être adoptée sur chaque
Un projet défini en 1996, issu de la réflexion de grand ensemble une sorte de charte d’objectifs
trois groupes de travail associant les partenaires portant à la fois sur les améliorations techniques
Ville, Etat, Région et ayant abordé les probléma- à apporter et les aspects de gestion et de fonction-
tiques urbaine, sociale, économique. Approuvées nement (intégrant le problème de peuplement). Il
par le comité de pilotage du GPU, les orientations apparaît essentiel d'aborder globalement les pro-
ont fait l'objet d'une redéfinition synthétique en blèmes et de parvenir aussi à ce que les crédits
vue de les hiérarchiser. consacrés aujourd’hui à la réhabilitation techni-
La stratégie qu'entend développer le GPU s'arti- que puissent être redistribués : le dispositif GPU
cule autour de trois thèmes directeurs : "développe- permet la mobilisation exceptionnelle de finan-
ment économique et emploi", "habitat et aménage- cements de telle sorte que l’on ait une approche
ment urbain" et "déplacements" à décliner sur le renouvelée des problèmes qui se posent sur ces
vaste territoire hétérogène évoqué plus haut. territoires là.
S'agissant des villages, deux aspects sont à rele-
Les trois grandes options arrêtées : ver : le GPU est conçu sur un territoire habité qui
◗ la valorisation des atouts économiques, a une histoire, et il est nécessaire de respecter ses
avec trois axes essentiels : aménager des espaces habitants et son histoire. Les villages sont des

Politique de la Ville et gestion urbaine - 1er Juillet 1997


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éléments forts de maillage de l’urbanisation mar- pements. Ensuite viendra notamment s'ajouter
seillaise, et sont sans doute des lieux dont l'échelle une intervention sur le village à travers l’OPAH
est propice à l’implantation d’activités et de loge- à lancer sur l’ensemble des 15-16e arrondts .
ments nouveaux, concourant ainsi à la diversifi- Au delà de ces projets à court terme, d'autres,
cation de l’habitat que l’on recherche. plus lointains, concernent notamment le massif
Par ailleurs, si les interventions fondamentales de la Nerte (grand espace naturel libre) et sa place
qui vont modifier le paysage urbain et les condi- dans le développement marseillais.
tions de vie des habitants sont menées de façon
conjointe avec celles préconisées sur ces villages, ❒ Le parc urbain de Séon
cela peut créer une dynamique favorable à un Il s’agit d’un espace public de 3 km de long, qui
changement assez radical de ces espaces. Des pourrait être consacré à des espaces ludiques, ou
actions portant à la fois sur la restructuration des de promenade, ou de parcs d’attraction, de la
commerces, le soutien aux activités commercia- falaise du Plan d’Aou à la Calade. Il constituerait
les, l’aménagement urbain, places etc, la circula- l'un des grands parcs publics marseillais aux
tion et le stationnement, la réhabilitation du pa- côtés de celui prévu au Prado.
trimoine bâti des logements privés mais aussi des
opérations d'accession à la propriété, notamment La gestion de la complexité
en limite des villages, favorisant la couture avec
les zones avoisinantes,.... Au delà de son caractère d'opération d'aménage-
ment, d'équipement, la finalité du projet est bien
Trois projets majeurs du GPU : celle de recomposition sociale, au travers de la
❒ Le projet Plan d’Aou St.Antoine La Viste diversification de l’habitat, au travers du déve-
A partir du constat que la démolition intégrale de loppement de l'accès à l’emploi,... Les options
la cité Plan d’Aou s’imposait, s'offrait une dispo- affichées s’interfèrent et sont complémentaires.
nibilité foncière nouvelle. Plutôt qu' une recons- Ainsi, si le développement économique attendu
truction dans le périmètre de la cité pour le relo- ne peut satisfaire à lui seul la demande d'emploi
gement des habitants et l'accueil de nouveaux sur le secteur, l’amélioration de dessertes en trans-
demandeurs, il a été imaginé que ce territoire ports collectifs peut faciliter l'accès à des zones
permettrait une urbanisation en prolongement d’emploi, vers Aix, Vitrolles ou le centre ville,...
naturel du village de St.Antoine qui reste un pôle De la même manière, notamment dans la ZFU, si
animé et dispose d'un équipement commercial l'organisme HLM est amené à pratiquer le chan-
qui mérite d'être renforcé. La finalité du projet est gement d'usage permettant une offre nouvelle en
d’urbaniser des terrains qui seront libérés, tout en locaux d'activité, des entreprises candidates peu-
développant les deux villages de St. Antoine et de vent créer des emplois ; l'arrivée d'entreprises
La Viste pour rééquilibrer l’ensemble de ce site. peut aussi être l'occasion d'envisager avec le
bailleur la création de nouveaux services débou-
❒ Le projet de l’Estaque chant sur des emplois, tels que des agents d’am-
Le site est culturellement particulier ; il bénéficie biance en mesure d'assurer la médiation entre les
encore d'une image très positive. habitants du quartier et ceux qui le pratiquent
Il s'agit dans un premier temps de permettre occasionnellement....
l’aménagement du littoral entre la limite nord Egalement, s'agissant du stationnement dans les
communale et le noyau villageois de l’Estaque et villages, l'on voit que la seule offre d'espace ne
répondre ainsi au souhait des habitants d'accéder suffit pas et qu'elle doit dans certains cas, pour
à la mer. L' objectif d’accès public à la mer s’ac- être utilisée, s'accompagner d'un service, en terme
compagne d’un certain nombre d’aménagements de sécurité par exemple (c'est le cas à St Antoine
publics, de modifications d’implantation d'équi- par le biais d'emplois de ville sur certains sites).

Politique de la Ville et gestion urbaine - 1er Juillet 1997


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Ceci illustre l’approche que l’on souhaite avoir Ces opérateurs doivent être mobilisés autour de
sur des projets qui s’appliquent à un territoire où programmes qui ne sont certes pas courants et
les logiques habituelles ne peuvent suffire à résoudre qui demandent de s'interroger sur la spécificité
ses problèmes, où les seuls financements dont on peut du site, la demande particulière des populations,
disposer ne sont pas à la mesure des enjeux sans une les services adaptés à offrir, en prenant garde de
exigence nouvelle. ne pas aggraver la différence de traitement entre
Cette recherche de croiser les divers objectifs que ces quartiers et le reste de la ville. De plus lors-
poursuit le GPU, doit être appropriée par tous les qu’est mis en place un service particulier, il faut
opérateurs ; la Ville, qui ici, en terme d'investisse- s'interroger sur son caractère transitoire ou non,
ment, assure la maîtrise d’ouvrage d’un tiers des sur sa capacité à être développé dans d’autres
opérations, les logeurs (pour un tiers), et les opé- conditions et dans d’autres secteurs. De la même
rateurs divers comme les SEM, ou des opérateurs manière,en terme de services publics, on a peut-
privés agissant dans le domaine de l’immobilier être à penser des modes de fonctionnement qui
d’entreprise, du logement, le milieu associatif,.... seraient au besoin adaptés sur d’autres sites, etc...

D IAGNOSTIC ET POINT DE VUE DES HABITANTS , l'exemple de Saint Barthélémy

Sont décrits ici les principaux éléments de la mission d'étude menée sur le champ de la gestion des espaces
communs à Saint Barthélémy, vaste quartier d'ensembles HLM situé dans le 14e arrdt de Marseille, sur lequel
a été élaboré un projet de quartier.

A l'initiative du Service Politique et programma- Aux 3 bailleurs présents, LOGIREM, Habitat


tion de l'habitat de la Ville, la mission a été confiée Marseille Provence, Marseille Habitat, s'ajoutent
à un groupement d'étude associant différentes les services techniques de la Ville intervenant sur
compétences techniques et sociales, à savoir le domaine voiries publiques (particulièrement
EUROGEM, société du groupe CDC, le Cabinet réduit dans ce secteur).Tous les acteurs ont été
Paysage Architecture et le CERFISE. Ce parti pris entendus, aux différents niveaux d'intervention.
réside dans l'idée d'allier à l’approche technique A cette mise à plat, s'est ajoutée la détection des
et financière, indispensable, les dimensions so- zones d'ombre "interface" entre les propriétés,
ciale et politique, dans la mesure où sur l’évolu- puisl'analyse des conditions de maintenance
tion des modes de gestion se joue aussi l’évolu- existantes ; l'objectif étant de faire ressortir les
tion des rapports "politiques" entre les groupes incohérences de terrain et de recenser les moyens
d’habitants, entre les gestionnaires, et bien sûr techniques et financiers mis en oeuvre par les
entre les gestionnaires et leurs personnels de acteurs, débouchant sur 2 types d'état des lieux :
terrain, entre les habitants et ces derniers. un rendu technique de terrain et l'organisation de
la gestion.
Les étapes de la mission ❒ Dans une deuxième phase, il s'est agi de définir
les tâches techniques à accomplir sur l’ensemble des
❒ La mission passait dans un premier temps par postes concernés, à mettre en perspective avec ce
une analyse préalable de la fonctionnalité des espaces qui était réalisé et de manière à déboucher sur la
communs ; de fait, il s'est agi d'un audit appro- construction d'un principe sur l’amélioration de
fondi du quartier, en commençant par la limite des la gestion par rapport à ces tâches. Des postes
territoires : qui possède quoi et qui va jusqu'où ? s'appliquant aux aspects aussi divers que les

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espaces verts, le mobilier extérieur, les clôtures, • sensibiliser à la fois les locataires et le personnel
les jeux d’enfants, les halls d’entrée, les cages d’entretien aux attendus de l’étude, et permettre
d’escaliers, les ascenseurs, les voiries, le ramas- l’émergence d’un groupe “expert” d’habitants
sage des encombrants, les éclairages extérieurs, pouvant s’intégrer au dispositif d’élaboration des so-
les vide ordures... etc. lutions, de leur mise en oeuvre et de leur suivi.
❒ Une fois validé l'ensemble des tâches à accom- On peut espérer que cette participation sera ren-
plir, ont été déterminés les montants nécessaires, due effective ; elle n’a pu l'être lors de l’élabora-
confrontés au constat des sommes dépensées à ce tion des solutions du fait du besoin de construire
jour, de façon à construire un scénario évolutif et préalablement un accord entre les décideurs des
voir comment coordonner et améliorer les prestations, quatre entités gestionnaires : elle ne s'est opérée
en évitant les charges supplémentaires pour les que par la médiation du groupe d’étude. Toute-
habitants. fois les résultats de l’enquête et leur analyse on
❒ La mission s'est achevée sur la proposition de fait l’objet d’une restitution, d’un débat, et c’est
validation par les hiérarchies des 4 entités ges- en fait l’ensemble, enquête, analyse et débat, qui
tionnaires en vue d'entériner le concept d’une a été intégré au diagnostic.
réflexion sur la mise en place d'une entité qui gérerait
l’ensemble du site avec une vision globale et de Les éléments de diagnostic
façon plus maîtrisée.
▲ approche fonctionnelle des espace communs :
La démarche il ressort que les limites de propriétés ne sont pas
repérables sur le terrain, créant une forte confusion ;
Les commanditaires (la Ville, mais aussi les sur les trois groupes de logements, les espaces à
bailleurs, alors représentés au sein de l’équipe du vocation privative ne sont pas individualisés, et
projet urbain de St. Barthélémy) ont voulu que les l’ensemble des espaces extérieurs de ces groupes
habitants et les agents de terrain des organismes soient semble décliné comme un unique espace public.
associés à la démarche de réflexion.Une position qui Paradoxalement, toute personne venant de l’ex-
reconnaît la légitimité des usagers et des parties térieur a l’impression d'un espace unique privé
prenantes au processus de maintenance, à porter du fait de son absence de rattachement à la trame
un jugement sur l'état de celle-ci. urbaine...
Il convenait de faire émerger les points de vue de ▲ approche technique : elle laisse apparaître une
chaque groupe présent, de façon à ce qu’ils soient vision générale d’entretien médiocre et aléatoire, et
discutés, mis face à face, pour faire évoluer les une situation où des espaces non entretenus et
représentations réciproques et dans la perspective des réparations non faites déqualifient les tra-
de mise en place d’un outil de gestion auquel pour- vaux qui sont pourtant effectués chaque jour.
raient participer les personnels sans se sentir C’est toute la question des "entre deux", mais
laisés et dans lequel pourraient se sentir impli- aussi d’espaces laissés pour compte, parce que
qués les habitants. "cul-de-sac", ou résiduels d'opérations de réhabi-
La méthode utilisée s’est appuyée sur une en- litation , etc.
quête par questionnaire, réalisée avec la partici- ▲ approche habitants : Des habitants qui sont
pation de membres d’associations et du person- fortement attachés à leur quartier, y ont des ré-
nel de terrain. La méthode visait 2 objectifs : seaux amicaux et familiaux, et lorsque s'exprime
• recueillir l'information sur les pratiques des une volonté de partir, c’est souvent avec du re-
espaces communs et sur l’appréciation des servi- gret "parce que ça se dégrade trop, au niveau des
ces rendus, sur les problèmes générés par l’usage relations de voisinage, au niveau de l’entretien" :
collectif ou les modes de gestion, plus de problèmes de gestion quotidienne que de
mal vivre au sein du quartier.

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Sur l’entretien, le sentiment des habitants est moyens à inscrire en regard. Chaque maître
plutôt paradoxal : à la fois de gaspillage et de manque d'ouvrage a ses contrats, sa façon de fonctionner,
de moyens, qui traduit une perception peu claire ses équipes de terrain, on voit aussi une qualité
des moyens et méthodes mis en oeuvre ; on re- dans le rendu assez diversifiée selon les bailleurs,
lève aussi l’insuffisance du respect des règles collec- selon la qualité des contrats passés, selon la qua-
tives. Sur la base d'observations simples (par exem- lité des gestes techniques exécutés (des presta-
ple les pratiques de nettoyage des intervenants tions qui sont faites, payées, mais mal conduites),
respectifs), les habitants pointent assez souvent offrant ainsi un caractère disparate. L'étude
le manque de gestion commune des trois bailleurs sur technico-économique a mis en évidence l'impor-
l’ensemble du quartier. Quant au personnel de ter- tance des sommes engagées et la nécessité de
rain, s'il pointe l'importance de la communica- porter la réflexion sur une plus juste répartition et
tion interne et la relation de proximité avec les une meilleure organisation qui viserait l'effica-
habitants dans leur métier, il souligne aussi l'ab- cité de la dépense.
sence de concertation entre maîtres d'ouvrage.
La réflexion globale à conduire devra aborder
De cette démarche de diagnostic, il ressort une l'opportunité d'une entité qui ait une unicité de
inadéquation entre les moyens (financiers et hu- potentiel d'intervention sur l'ensemble, la néces-
mains) mobilisés effectivement par les bailleurs sité d'une implication plus importante des servi-
comme par la Ville et la qualité des résultats obtenus. ces de la Ville (notamment s'il est envisagé la
De fait, l'un des dysfonctionnements majeurs rétrocession de voiries privées), etc...
revélés sur le plan technique est le manque de A l'issue du diagnostic, il a été convenu de procé-
coordination dans la délivrance des services, lié à la der à des opérations-tests sur divers niveaux
multiplicité des intervenants. La solution ne peut d'intervention, notamment sur le nettoiement,
être trouvée tant qu'il n'y a pas une coordination sur la voirie, tests mettant en oeuvre le principe
globale aussi bien sur la vision de politique de de coordination et conduits de manière à assurer
maintenance à mettre en oeuvre que sur les le concours des habitants à la démarche.

A l'issue des exposés, émergent des points de vue, vue émis par certains d'une "déresponsabilisation"
Questions-déba t

partagés ou à nuancer, tels que : chez les habitants est ici réfuté par d'autres.
• de tels diagnostics ont déjà été posés, des solutions • Par rapport aux lenteurs évoquées, qui ne doivent
proposées depuis de nombreuses années, qu'attend- pas occulter ce qui se fait, il faut ajouter à l'insuffisance
on pour passer à l'acte ? dans la région, où les capacités de portage politique, le manque de détermination des
d'analyse, les compétences, les projets, sont de qualité, partenaires au niveau le plus élevé, à définir un niveau
les blocages seraient-ils liés au handicap local à faire en d'exigence et des enjeux clairs qui soient partagés,
sorte que ce que nous croyons vrai passe dans la pour entraîner une dynamique de projet ; ceci sachant
réalité? que le partenariat n'est pas l'accumulation de volontés
• il faut sortir de l'idée véhiculée d'une incompétence mais leur mise en commun.
de la part des bailleurs dans ces quartiers : le travail de • pour avancer, il faut accentuer le débat (quelle place
gestion y est exceptionnellement complexe, pointu ; ce veut-on donner à ces quartiers, etc), en ne craignant
n'est pas un travail qui trouverait solution -idée encore pas les conflits. D'autre part, il faut se convaincre que
répandue- simplement en appliquant des méthodes les problèmes de gestion posent celui de l'organisation
éprouvées ailleurs (par ex. le nettoyage tel qu'il est interne, du "coeur" du système de toutes les institu-
réalisé dans les bureaux du tertiaire !). Par ailleurs, les tions ; or celles-ci "cachent leur coeur" ! il faut aussi
habitants ne sont toujours pas constitués comme une combattre l'absence de considération vis-à-vis des per-
clientèle qui a des exigences, mais comme se sentant sonnels qui délivrent des services à ces habitants qui en
assistés, maltraités, ne pouvant se poser en interlocu- manquent eux-mêmes ; et l'absence des dirigeants qui
teurs par rappport à des services : un système qui ne ne considèrent pas les questions de gestion comme
facilite pas la progression. Il est à noter que le point de vitales...

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LA GESTION URBAINE : APPROCHE PAR LES SERVICES ET LE RÔLE DES OPÉRATEURS

LE POINT DE VUE D ' UN ORGANISME HLM

Directeur Général d'une SA d'HLM, la LOGIREM, JP. Paret livre des éléments de réflexion sur un certain
nombre de thèmes, à partir de la réalité concrète dans laquelle s'inscrit la notion de gestion urbaine.
Qu'est-ce que la gestion urbaine ? bénéficier du 1% oeuvre d'art. Dans les quartiers
Depuis 20 ans, les qualificatifs accolés au mot nord, il sera fruste... Les habitants du Prado ne
gestion ont beaucoup varié : "de proximité", "adap- prennent pas en charge le nettoyage de leurs
tée", "technique", "commerciale, "de quartier", trottoirs... On ne pensera pas à l'implantation
"expérimentale", aujourd'hui "urbaine", demain d'un "vrai" bistrot, mais à un système associatif
peut-être "citoyenne". Une réalité demeure : qu'est- pour l'assurer, à côté de son activité, etc...
ce que la gestion urbaine à la Savine, cité du 15e
arrdt de Marseille, 980 logements, 3000 habitants, Modes de gestion et conflits de pouvoir
ou à Peyrolles, village de population équivalente. Manifestement, dans ces quartiers comme dans
On dit de la Savine qu'elle est "enclavée" alors que les autres, la Ville est en charge d'un pouvoir à
ses habitants accèdent plus facilement au centre exercer en matière d'espaces publics ; en lieu et
de Marseille que ceux de Peyrolles à Aix. En place, chacun se demande qui fait quoi, se ren-
revanche, on ne trouve à la Savine ni mairie, ni voie la balle, etc : en clair, il convient de remettre
banque, ni notaire, ni bistrot,... un peu de verticalité dans notre transversalité !
On aurait pu espérer que le GPU, doté d'un
La présence sur le terrain pouvoir de décision, de moyens financiers, puisse
Les cartes des équipements publics de Marseille arrêter des orientations et agir, non sans rendre
mettent en évidence le déséquilibre de leur répar- des comptes ; or, toute action relève du parcours
tition sur le territoire. Et en certains points, ex- du combattant entre Etat, Ville, Région...
cepté l'enseignement et quelques services sociaux, Les organismes sociaux eux-mêmes sont divisés
les bailleurs restent seuls sur le terrain. Les postu- sur les conduites à tenir. Les modes de gestion
lants aux commerces de proximité sont souvent des bailleurs varient en fonction de l'histoire de
dissuadés, y compris par les Chambres de com- leur organisme, du mode de peuplement, de la
merce ou des métiers, de s'installer dans les cités concurrence, etc. Par ailleurs, à force de s'occuper
comme la Savine (où la Logirem est de son côté de tout, le bailleur ne fait plus son métier qui est
prête à favoriser cette implantation en consentant d'abord, prosaïquement, de ramasser les papiers,
la gratuité des locaux) et on aboutit à la situation de nettoyer les cages d'escalier, d'entretenir les
paradoxale où le bailleur -trop souvent qualifié ascenseurs, d'assurer la sécurité des personnes...
de "logeur"- est le seul interlocuteur... Quand elle
n'est pas absente, la Ville fait comme les organis- Choix techniques et normes
mes HLM, qui sont invités à "mettre de la Les choix techniques varient d'un organisme à
transversalité dans le pyramidal"... cela suppo- l'autre. Le chauffage en est une bonne illustra-
sant d'ailleurs la présence d'un "patron". tion. Les effets pervers des choix sont nombreux
(chauffage électrique, chauffage individuel au
Le traitement différencié gaz, chauffage collectif au gaz, les options sont
Les acteurs publics ne traitent pas de la même controversées...). Les normes et leur application
façon les problèmes urbains rencontrés dans des sans nuances peut conduire à des absurdités
quartiers ou résidences de types différents. Le (l'isolation phonique désormais requise entre
rond-point réalisé dans le sud de la ville peut parties jour et nuit obligeant à un sas, voir deux,

Politique de la Ville et gestion urbaine - 1er Juillet 1997


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les jeux d'enfants progressivement démontés, les rappelé qu'il n'est pas si rare que lorsqu'une
normes de sécurité à respecter étant trop draco- association est en difficulté (moyens attendus
niennes, etc). S'agissant encore de choix, on ne mais non reçus, etc) elle se tourne vers l'orga-
sautait occulter le débat nécessaire sur la ques- nisme HLM... S'il est vrai aussi qu'elles connais-
tion de la démolition, avec toutes ses implica- sent des problèmes qualifiés de "professionna-
tions. Quoi qu'il en soit, au plan technique et lisme", c'est que les associations se débattent dans
urbain, il semble inéluctable d'avoir à démolir 20 le maquis des dispositifs (droit commun, politi-
à 30% des constructions des années 50-60 dans les que de la ville,...) et qu'on leur demande des
10 ans qui viennent. compétences de juriste, chefs d'entreprise, etc.
Sans compter qu'en face d'elles, le manque de
Image cohérence est patent. Dans le même temps, elles
Trop de choses fausses sont colportées par tout sont fortement sollicitées pour palier les faibles-
un chacun, y compris par nous-mêmes qui tra- ses de services publics ou privés.
vaillons sur ces quartiers, y compris par la police, ◆ Sur le thème "à chacun son métier", il faut
les médias, et ces images négatives font beaucoup rétablir un équilibre des rôles et des responsabi-
de mal à beaucoup. lités :
Quelques exemples : à la Savine : on avance 5 à 6 ❖ souvenons-nous du fonctionnement très secto-
personnes/logement (y compris dans des docu- risé, très segmenté d'où l'on vient. Il ne s'agit pas
ments officiels). Faux : la moyenne d'occupation de revenir 20 ans en arrière. En admettant il est
est de 3,5 .Les comoriens, (dit la police ou disent vrai que chacun s'occupe de tout, on est sans
les agents de l'organisme parce que la police le doute allé trop loin, jusqu'à dissoudre la respon-
dit, etc) y ont tous 2 femmes et 14 enfants. Faux : sabilité. N'agissons pas pour autant comme s'il
après avoir visité 100 appartements, il s'avère que n'y avait pas un véritable enjeu dans la production
s'il y a 2 femmes, il y a deux appartements, que collective et notamment dans la production de
l'hébergement est rarissime, que les logements qualité dans ces quartiers.
sont bien tenus (à 7 ou 8 près). Aux Créneaux, on ❖ le bon sens attaché à la notion de "chacun son
dit : + 7 personnes/logt. Faux : moyenne 4,5. métier" ne doit pas faire oublier celle d'un métier
Il faut véritablement se préoccuper tous du ren- à plusieurs cercles, avec les responsabilités
voi d'une image qui soit conforme à la réalité et correspondantes.(en référence à la "verticalité").
combattre "la rumeur". Le bailleur s'occupe du premier cercle, qui con-
cerne la qualité du logement et des services qui
Conclusion - discussion s'y attachent. Il partage le deuxième cercle, qui a
trait au locataire qui peut se trouver en difficulté
JP Paret insiste en conclusion sur l'idée centrale (financière, d'emploi,...) et réclamer une assis-
de son propos : un bailleur qui puisse se consacrer tance pour laquelle il entre dans son métier d'agir,
d'abord à son travail de bailleur, un pouvoir aux côtés d'autres, responsables de domaines. Le
politique qui prenne sa place, la revendique : une troisième cercle est celui de la gestion urbaine,
nécessité de remettre du "vertical" dans le sys- dont la Municipalité est responsable, où le bailleur
tème de gestion urbaine pour ces quartiers, sa- co-propriétaire, co-gestionnaire d'un territoire,
voir où l'on va, ne pas se disperser, assumer ses travaille avec d'autres, en participation.
responsabilités. Le débat donnera lieu à plusieurs Si cette définition de cercles est certes pertinente,
développements : il reste aux yeux de certains à pouvoir accorder à
◆ pour montrer à la fois le rôle "pluriel" qu'est chacun l'attention qu'il mérite : pour être clair,
amené à jouer le bailleur et la nécessité de prise de que le bailleur ne se retrouve pas en position de
responsabilités par les pouvoirs publics, il est ne pouvoir gérer le premier pour assurer le troi-
sième....

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DU DIAGNOSTIC SOCIAL À UNE NOUVELLE GESTION DES TRANSPORTS URBAINS

Le SITURA*, Syndicat intercommunautaire, est direct de quartier à quartier. L'espace public a été
l'autorité organisatrice des transports urbains sur libéré, l'accès aux commerces amélioré, l'intégra-
un ensemble de 8 communes, 6 appartenant au tion sociale facilitée par une offre adaptée aux
Vaucluse, 2 au Gard et donc à cheval sur deux habitants des quartiers en difficulté.
régions, PACA et LR. Il concerne 138 000 habi-
tants, dont ceux d'Avignon (89 000 h), Le Pontet Une réponse adaptée aux besoins recensés
(16 000 h) Villeneuve les Avignon (11 000 h) et des
communes de 2 000 à 5 000 hts. Cette organisation est issue deplusieurs démar-
Son Conseil d'Administration est composé es- ches et études successives : un contrat de déve-
sentiellement d'élus (2 par commune), chacun loppement avec l'Etat datant de 1987-90 ayant
comptant pour une voix. L'organisation des trans- abouti à la restructuration du réseau ; une étude
ports publics est bâtie partout sur le même prin- déplacements sur l'ensemble de l'agglomération
cipe : l'autorité organisatrice décide et finance, (12 communes) ; celle intitulée "Mieux vivre et se
l'exploitant fait fonctionner le réseau au quoti- déplacer en ville" qui a permis de simplifier le
dien et joue aussi un rôle de conseil. réseau ; une étude sur la mobilité dans les quar-
L'activité du SITURA se chiffre à 6 500 000 voya- tiers en difficulté menée par le Laboratoire d'éco-
ges par an, le situant en taille dans la moyenne nomie des transports de Lyon en 1994.
des réseaux en France : 60 voyages/habitant, ce Cette dernière a permis d'engranger des données
qui est loin du chiffre de 200 voyages/h. rencon- qualitatives sur les modes et motifs de déplace-
tré dans le nord de l'Europe. La France connaît un ment en fonction de la composition sociale des
fort taux de motorisation. La part de marché des quartiers ; sur l'image des transports en commun,
transports urbains : 10 % des déplacements. sur la perception que les gens ont de leur quartier,
* Syndicat Intercommunal des Transports Urbains de la façon dont ils le vivent et sur tous les facteurs
la Région Avignonnaise de mobilité. L'étude montre que l'insécurité res-
sentie induit 2 comportements : l'immobilité et le
Une organisation ciblée désir d'évasion ailleurs". On constate aussi une
baisse de motivation pour sortir, liée à différents
Les résultats de lignes reflètent les efforts faits facteurs, le mode de vie (télévision, etc), mais
dans les choix de desserte particulièrement tour- aussi le sentiment d'exclusion : sortir du quartier,
nés vers des quartiers en difficulté et aux besoins c'est passer une frontière, se confronter avec l'ex-
importants, le renforcement des lignes, des fré- térieur, et de surcroît pour aller où, compte tenu
quences, etc. La meilleure ligne, soit la plus fré- des moyens financiers ? le phénomène de soli-
quentée (140 000 voyages/mois) dessert à Avi- tude constitue aussi un frein. Par ailleurs, le bon
gnon nombre de ces quartiers, outre le centre équipement des quartiers influe sur la mobilité.
commercial Cap Sud et le centre ville.
Les recettes tarifaires ne couvrent que 35 à 40 % Des opérations de valorisation et de promotion
des dépenses du réseau. Si on ne peut donc parler
de rentabilité économique, on peut par contre L'amélioration des transports contribue à réinté-
parler de rentabilité sociale, tant le réseau a eu grer chacun dans la ville ; encore faut-il travailler
d'incidences sur le fonctionnement de l'agglomé- dans le détail : développer l'information des ha-
ration. Le centre ville d'Avignon bénéficie cha- bitants à l'usage du transport en commun et
que jour de 8 à 9 000 personnes transportées par réduire les difficultés de compréhension, clarifier
le réseau. Les quartiers en difficulté sont tous la tarification, lancer des actions de promotion.
desservis. Le réseau a été très simplifié avec une Le partenariat établi avec les organismes HLM
seule ligne au départ de chaque quartier et échange (Office municipal, SA Vaucluse Logement, Office

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départemental) s'est notamment opéré dans le CIE) en vue d'informer la clientèle, renforcer le
but de nouer contact avec les habitants des cités. sentiment de sécurité, agir en médiateur et facili-
Dans cet esprit, est remis à chaque nouveau loca- ter la compréhension du réseau. Le partenariat a
taire un dossier et un bulletin-réponse très simple mobilisé dans cette affaire l'Etat, la CDC, la Ré-
à retourner à l'exploitant, offrant la possibilité de gion PACA, le Département du Vaucluse, etc, et
recevoir une information complète sur le réseau cette année le Fonds Social Européen dans le
et des tickets de promotion gratuits pour le dé- cadre du Plan local d'insertion d'Avignon.

Questions-débat
couvrir. Sur 600 dossiers remis/an, le tiers fait
l'objet de réponses positives. - L'approche des problèmes des cités en difficulté par
Le partenariat SITURA-bailleurs a initié des opé- le biais des politiques urbaines permet de mobiliser
rations particulières comme celle intitulée "Un beaucoup de monde. C'est d'autant plus intéressant
bus-un soir-un quartier-un spectacle" organisée qu'il est de plus en plus difficile de progresser dans la
réintégration des quartiers dans la ville en abordant les
avec des associations de quartier et des groupes
problèmes de façon spécifique, cité par cité (la Savine
de locataires, permettant l'accès à un spectacle en : 51ème réunion, 65ème pour Plan d'Aou...).
soirée pour 25 F transport compris. Ce type d'opé- - Les transports urbains sont un facteur important de
ration s'est avéré un moyen efficace de réinsertion car la mobilité c'est la vie, tout simplement.
sociabilisation en réunissant les différentes caté- Les dossiers de contrats d'insertion liés au RMI témoi-
gories de personnes, dont les jeunes. Il a reçu le gnent constamment des difficultés des bénéficiaires.
concours des producteurs de spectacles comme D'où la mesure prise de gratuité des transports pour les
les cinémas, mais aussi, selon les occasions, de RMIstes en contrat d'insertion et les chômeurs.
l'opéra d'Avignon et même du Festival. - Le SITURA sur Avignon s'est avéré être un des
moteurs de l'intercommunalité. Le syndicat a réalisé
D'autres expériences ont été menées, telles la
quelque chose de "visible", qui a entraîné une percep-
mise en place d'agents d'accueil dans les bus tion positive de la part des communes, même lorsqu'el-
(actuellement 9 chômeurs de longue durée en les connaissaient des problématiques moindres.

TABLE RONDE : LA GESTION URBAINE DES ESPACES ET SERVICES PUBLICS


Le débat final de l'Atelier est instauré à partir des réflexions de Philippe Méjean et de Patrice Dunoyer de
Segonzac, tant d'un point de vue général qu'à propos des idées émises au cours de la journée.

Philippe Méjean souhaite insister sur le c'est s'employer à reconnaître les quartiers tels qu'ils
fait que les raisons d'optimisme existent et que la sont, à entrer dans le détail de leur fonctionne-
créativité doit s'exprimer : ment, du contenu de la demande sociale, etc.
Il s'est fait énormément de choses. Le manque Cette démarche représente un pas considérable.
d'instruments ne peut nous en donner la mesure. Elle permet aussi considérer l'habitant autrement,
Les quartiers d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'il comme un usager, un parent d'élève, un consom-
y a 15 ans, ceci dans un contexte économique qui mateur,..., avec qui entretenir une attitude de
n'a cessé de se dégrader. Reconnaissons aussi concertation, de coproduction.
qu'il existe un vrai milieu professionnel dans le Ayant reconnu les quartiers pour ce qu'ils sont,
domaine, au sein duquel s'exprime une identité s'ouvre une autre façon de penser leur devenir : c'est
de vues ; la question étant désormais de savoir reconnaître ce qu'ils comportent de créativité, ce
comment en jouer. qu'ils apportent à la collectivité, le rôle qu'ils
L'idée de "gestion urbaine" est assez neuve et jouent dans le fonctionnement de la ville, etc.
tout à fait prometteuse. S'interroger par ce biais, C'est donc se poser, de manière renouvelée, la

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question de ce que l'on veut en faire, s'étant à la fois des certitudes complètes et une mécon-
débarrassé du maximum de représentations. N'in- naissance des problèmes réels, annihilant le be-
ventons pas pour eux une espèce d'avenir impos- soin d'écouter, d'étudier : ils savent. De cette
sible, hors d'atteinte. Sortons aussi du simple attitude naissent des mots d'ordre derrière les-
slogan "en faire des quartiers comme les autres" . quels s'abriter qui, faute d'être dotés de sens, sont
Ce peut être également une façon d'interroger la laissés sans réponse.
recherche par rapport à la notion de quartiers Pour faire avancer l'idée de la gestion urbaine,
populaires dans cette fin de siècle. qui s'avère déterminante au fur et à mesure que
La question de la gestion ouvre aussi trois pistes l'on évalue l'insuffisance de ce qui a été fait jus-
de réflexion : qu'ici (investissement) il faut enfin se demander
• elle interpelle la maîtrise d'ouvrage ; qui va comment faire mieux fonctionner "ce qui est là". Cela
décider, commander le projet collectif d'amélio- paraît évident, mais de fait on ne pose pas le
ration de la gestion au quotidien d'un territoire ? problème, on reste dans le constat sans remonter
Sont-ce nos comités de pilotage des contrats de aux causes des dysfonctionnements. Si bien qu'on
ville ? Certes, le Maire reste aux commandes, s'engage dans des processus qui ne peuvent porter
mais ne peut seul conduire le projet. Ne faut-il remède à ce qui n'a pas été énoncé. Plus grave, on va
pas revisiter la notion de maîtrise d'ouvrage ? faire comme si l'essentiel des problèmes prove-
• elle interroge aussi les différents métiers de la naient de ceux qui ont travaillé dans ces quar-
MOUS ; quels sont les professionnels qui vont, tiers.
aux côtés de la maîtrise d'ouvrage, faire des pro- Cela conduit à la question de la conduite d'opéra-
positions, de l'aide à la décision, du suivi de mise tion : on a pensé pouvoir traiter des opérations
en oeuvre ; sont-ce les chefs de projet et équipes aussi complexes comme on a su traiter des pro-
existantes ou d'autres ? blèmes d'aménagement. Or il s'agit de quartiers
• elle permet encore de réinterroger la notion de où, depuis longtemps, des choses souvent impor-
projet. Et elle demande à pousser la réflexion, tantes et positives ont été réalisées. Tout en ne
s'agissant de méthodes et de dispositifs de travail procédant pas à l'analyse de la situation, on nie le
liés à l'élaboration et à la conduite d'un projet qui travail des acteurs. Il n'est pas possible de pro-
intéresserait majoritairement la gestion du territoire gresser sur de telles bases. Alors qu'il y a des
et pas seulement la requalification. marges de progression pour peu qu'on s'orga-
On est sans doute condamné, en dépit des diffi- nise.
cultés, à inventer des modes de gestion collective de on met en place depuis longtemps des dispositifs
territoires, même si chacun doit rester opérationnels fortement "chronophages", peu per-
prioritairement dans son métier. formants. Dès l'origine a été monté un schéma
vertueux : tandem Préfet-Maire au sommet, s'ap-
Patrice Dunoyer de Segonzac poursuit la puyant sur dispositif de pilotage, l'ensemble cons-
réflexion sur le thème de la maîtrise d'ouvrage, en tituant la maîtrise d'ouvrage; vient ensuite un
faisant part au préalable d'un constat : vaste éventail de partenaires. Une action cohé-
au delà des apparences (on a vu les procédures rente et organisée a peu de chances d'émerger.
reconduites, développées, musclées), il n'y a pas On sait aussi que le Maire et le Préfet conduisent
de consensus sur ce que l'on appelle "politique de des systèmes complexes, aux multiples centres
la ville". La perception qu'a l'opinion publique de de décision qui leur échappent de fait. C'est au
ce qui se passe réellement dans ces quartiers est prix d'efforts considérables que les dispositifs
une construction de l'esprit ou relève du fan- fonctionnent. Il y a quelque chose à revoir, sans
tasme et ne peut donc évoluer. Plus grave, ce peut parler des méthodes de gestion des tâches et du
être aussi le cas pour un certain nombre d'acteurs: temps...

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Le débat qui suit ces deux exposés met l'accent, cercles de responsabilité évoqués, le rôle des
une fois de plus, sur la difficulté d'agir concrète- habitants n'est pas mentionné. Mettre leur droit
ment en présence de conflits de prérogatives, en valeur peut constituer un levier à ne pas négli-
propose de ne pas baisser les bras pour encoura- ger pour améliorer la gestion urbaine.
ger la mixité sociale dans les quartiers et s'inter- Il reste cependant à se garder du risque de la
roge sur la question de la réglementation éven- pensée unique du "tout gestionnaire" (opposée
tuelle s'agissant de la gestion. Sur ce dernier au "tout investissement") et de la résolution des
point, il est fait remarquer que si la somme de problèmes des problèmes de la fracture sociale
règlements sur la construction HLM est impres- par la modernisation de l'action publique. Poser
sionnante, il y a peu s'agissant des normes de la question de la gestion ne dispense pas de
gestion. Par ailleurs, peut-on statuer sur les servi- continuer à se poser celle des phénomènes qui
ces minimaux auxquels a droit un citoyen ? lui sont à l'oeuvre dans la ville et qui concentrent les
donner ainsi des moyens de recours (comme c'est populations en difficulté dans certains quartiers,
la cas en matière d'environnement)? Les déficits chacun l'aura compris.
de gestion ne sont pas sanctionnés. Dans les trois

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Politique de la Ville et gestion urbaine - 1er Juillet 1997

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