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Andreea-Paula ENE

GROUPE II, L2
Travaux dirigés de Mme Jessica SENGELIN

Commentaire d’arrêt de Cour de Cassation, vendredi 17 novembre 2000,


affaire dite «Perruche»
En mai 1982, Josette Perruche, enceinte au quatrième mois, a constaté qu'elle
avait des symptômes de la rubéole. Être conscient des effets néfastes que son infestation
pourrait avoir sur le fœtus, Mme. Perruche a informé son médecin que, plutôt que de
donner naissance à un enfant gravement handicapé, il préférait avorter.
Sur l'avis du médecin, elle a fait deux tests - les 12 et 27 mai 1982 - qui ont eu des
résultats contradictoires; après réévaluation, le laboratoire de biologie médicale a conclu
que la mère était immunisée contre la rubéole et que l'enfant était donc hors de danger. Le
médecin du Dr Perruche a également considéré que la grossesse pouvait être effectuée.
Le 14 janvier 1983, le petit Nicolas est venu au monde souffrant du syndrome de
Gregg, un ensemble de problèmes graves et d'anomalies qui regroupent les troubles
neurologiques, la surdité, les lésions oculaires (voire la cécité), la cardiopathie et les
malformations motrices nécessitant une prise en charge permanente.

Les maris Perruche intentent une action en justice le 15 juillet 1989 contre le
médecin et le laboratoire de biologie médicale; d’un part, du préjudice occasionné par
l’erreur de diagnostic du médecin, cette erreur les ayant privés de la possibilité de
recourir à une IVG, d’autre part, du préjudice de leur enfant, né handicapé.
Le tribunal d'Evry décide le 13 Janvier 1992, qu'ils sont « responsables de la santé
» de Nicolas et sont conjointement et solidairement responsables de payer 500.000 francs
pour les dommages corporels ainsi que 1,851,128 francs au titre de prestations
d'assurance primaires payés Maison de la maladie dans l'Yonne.1
Le médecin a fait appel de cette décision, affirmant que le laboratoire est le seul
responsable de l'erreur. A 17 Décembre 1993, la Cour d'appel de Paris a jugé que le
plaignant avait fait une erreur dans « l'exécution de son obligation contractuelle de
moyens », comme il savait le désir de son patient de demander une interruption de
grossesse en cas de rubéole. Mais le tribunal a jugé que « les blessures des enfants est lié
à leurs causalement actes » que le handicap est un patrimoine génétique en soi, donc doit
retourner les 1,851,128 francs.
Les parents se sont mariés en Mars 26 1996 relative au motif que « les erreurs
médicales ont induit la croyance erronée que la mère est enfant vacciné est né normal. »
Le 5 Février 1999, la Cour d'appel d'Orléans, comme le nouveau procès de la cour,
refuser l'enfant des blessures de compensation et prononce les montants de
remboursement en question, qui détermine les maris Perruche introduire une nouvelle
action en cassation, le 14 Avril 1999, contre cette décision de "rébellion".
Jusqu'à ce point semble tout mais trivial et nous avons été tentés de croire que ce
fut un cas classique en médecine, lorsqu'une erreur professionnelle empêche la détection
précoce de maladies graves et de déterminer par défaut, le manque de guérison nécessaire
de soins; Mais ce lieu commun provoque la décision controversée car non seulement les
parents ont été indemnisés, mais à la fin de cette série judiciaire - le 17 Novembre 2000,
la Cour de cassation, siégeant en assemblée plénière, et l'enfant reconnu dans son propre
droit de nom compensation « , car les erreurs commises par les médecins et l'exécution de
laboratoire des contrats avec Mme Perruche ont empêché ce dernier d'exercer le droit à
l'avortement pour éviter la naissance d'un enfant handicapé, celui-ci peut demander une
indemnisation pour les dommages résultant d'une invalidité et causés par les erreurs
susmentionnées".

La question qui se posait en l’espèce était de savoir si un enfant né handicapé à


la suite d’une erreur de diagnostic d’un médecin pouvait obtenir réparation du fait de
sa naissance ?

La Cour de cassation reproche, en l’espèce, à la Cour d’appel d’avoir estimé qu’il


n’y avait pas de lien de causalité entre l’ereur de diagnostic du médecin et le handicap de
l’enfant.
Pour l’assemblée plénière, dès lors que les parents de l’enfant ont été « empêchés
» de recourir à une IVG, il existe un lien de causalité entre la faute du médecin et le
préjudice résultant pour l’enfant de son handicap.

Ensuite on va analyser si on a une existence d’un lien de causalité entre la faute


du médecin et le préjudice de l’enfant (I) et depuis on verra comment on procede a la
réparation du préjudice de l’enfant résultant de son handicap (II).
I. Une existence d’un lien de causalité entre la faute du médecin et le
préjudice de l’enfant

Une lecture attentive de l’attendu de principe de l’arrêt Perruche nous révèle que
l’Assemblée plénière ne s’est pas arrêtée aux constatations des juges du fond qui
attribuaient les troubles dont souffrait l’enfant à la rubéole contractée pendant sa vie
intra-utérine
Elle déduit la responsabilité des praticiens vis-à-vis de l’enfant de l’existence
d’une faute à l’égard de la mère : « dès lors que la mère a été empêchée ». La causalité
retenue est, par conséquent, indirecte et non directe, comme l’exige pourtant l’article
1382 du Code civil. De toute évidence, les juges du fond ne se sont guère expliqués, en
l’espèce, sur le lien causal, tant il leur a paru évident que les fautes constatées n’étaient
pas en corrélation avec les malformations.Ces malformations préexistaient à leur
intervention. La naissance n’a fait que les révéler, comme le thermomètre révèle la
température sans en être la cause.En clair, les échographies n’ont pas suscité de
malformations sur un enfant précédemment sain.
On a soutenu que les fautes étaient bien causales, dès lors que, sans leur
commission, le dommage aurait pu être évité. Toutefois ces fautes ont eu pour seule
conséquence de priver la mère de la possibilité de recourir à l’interruption de grossesse,
laquelle n’aurait alors pu faire obstacle qu’à la naissance. De même, on a pu invoquer
l’inexécution fautive du contrat médical qui cause un préjudice à un tiers, en l’occurrence
l’enfant, argument en trompe-l’œil, car il ne s’agit de rien d’autre que du manquement au
devoir d’information envers la mère dont celle-ci est la seule victime. D’évidence, seule
la naissance de l’enfant est en lien directe avec le handicap.
Si l’on veut découvrir un préjudice causé à l’enfant, on est contraint d’en déduire
que c’est la naissance car, même informée, la mère n’aurait pu empêcher le handicap.
Elle aurait seulement pu empêcher la naissance, ce qui, par l’absurde, aurait
empêché le handicap. Le handicap étant consubstantiel à la personne de l’enfant, la
tentation était donc forte pour la Cour de cassation d’amalgamer naissance et handicap.
C’est, en réalité, le préjudice consécutif au fait d’être né handicapé que l’Assemblée
plénière a accepté d’indemniser.
Mais, l’enfant, en l’absence de traitement connu, aurait pareillement été atteint de
malformations sans les fautes médicales.
Dans cette hypothèse, l’enfant aurait peut-être été avorté et il serait mort avec son
handicap. De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la décision rendue par la
Cour de cassation : la cause du handicap de l’enfant, ce n’est pas la faute du médecin,
mais la maladie génétique contractée par l’enfant lui-même.
Plusieurs remarques toutefois s’imposent : il faut remarquer qu’en matière de
causalité, les règles sont particulièrement souples. Il est donc un peu hypocrite de
relever dans l’arrêt en l’espèce un problème de causalité, alors que de façon générale la
jurisprudence est peu regardante sur la question.
Surtout, s’il n’y a pas de causalité entre le dommage de l’enfant – son handicap – et la
faute du médecin, il n’y en a pas plus entre le dommage des parents et la faute du
médecin, car la véritable cause du dommage c’est la maladie génétique de l’enfant.
Si, dès lors, on refuse de voir un lien de causalité entre le dommage de l’enfant et la faute
du médecin on doit également refuser de le voir entre le dommage des parents et l’erreur
de diagnostic.
La causalité n’est donc sans doute pas la principale problématique dans l’arrêt en
l’espèce.

II. La réparation du préjudice de l’enfant résultant de son handicap

La véritable question que pose l’arrêt Perruche a trait à l’association de deux mots
: « né handicapé ».
La Cour de cassation affirme dans cet arrêt que l’enfant peut obtenir réparation «
du préjudice résultant de son handicap ».Par cette formule habile, la Cour de cassation
tente ici de nier qu’elle répare la naissance.
Le raisonnement tenu par la Cour de cassation est exact, mais fait l’impasse sur
cette question de la réparation du préjudice que constitue la naissance.
En temps normal, pour savoir s’il y a préjudice, on se demande quelle serait la
situation de la victime si le fait dommageable ne s’était pas produit. On compare cette
situation à la situation actuelle : la différence entre les deux constitue le préjudice.
Du point de vue de la mère, si aucune faute du médecin n’avait été commise, alors
il y aurait probablement eu avortement. Mais comme il y a eu une faute, la conséquence
en est la naissance d’un enfant handicapé. Le préjudice serait donc, non seulement le
handicap, mais également la naissance de l’enfant.
Du point de vue de l’enfant, s’il n’y a pas eu de faute, la mère procède à l’IVG et
donc il n’existe pas. Il n’y aurait donc aucun préjudice pour lui : il ne saurait se plaindre
d’exister. Or s’il n’y a pas faute, il n’existe pas. L’argument est ici extrêmement fort. On
peut néanmoins se demander si la négation de l’existence d’un préjudice est opportune.
C’est donc là une question d’éthique qui se pose à la Cour de cassation.
Ne peut-on pas, en effet, se contenter de constater l’existence la charge financière
et matérielle que représente la vie de l’enfant né handicapé ? L’enfant né handicapé ne vit
pas comme les autres. Sa vie sera bien plus coûteuse que celle d’enfants valides.
Dans cette perspective, une définition du préjudice se fait sentir, ne serait-ce que
pour pouvoir échapper à la question posée par l’arrêt Perruche à savoir : peut-on
indemniser un enfant du fait d’être né handicapé ? Au nom de la dignité de l’enfant, faut-
il estimer qu’il est plus respectueux d’indemniser ou de ne pas indemniser ? Telle est la
question qu’il faudrait se poser. La solution à cette problématique résiderait peut-être
dans la reconnaissance de dommages et intérêts punitifs.
De tels dommages et intérêt sont alloués à la victime en considération, non pas de
l’existence d’un dommage, mais de la caractérisation d’une faute de l’auteur du fait
dommageable. Ces dommages et intérêts punitifs seraient donc une porte de sortie
intéressante dans l’affaire Perruche.
La Cour de cassation a simplement souhaité indemniser Nicolas Perruche afin de
permettre à ses parents de subvenir aux très lourdes dépenses auxquelles ils vont devoir
faire face pour l’élever et l’assister dans son quotidien.
En consacrant les dommages et intérêts punitifs, il aurait été possible de retenir la
responsabilité des médecins qui ont incontestablement commis une faute, sans pour
autant être contraint de caractériser un préjudice qui, en l’espèce, est pour le moins
difficilement caractérisable.

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