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UNIVERSITE BENYOYCEF BENKHEDDA ALGER1

FACULTE DE MEDECINE

Enseignement du Module d’Anatomie Pathologique Générale

Introduction à l’anatomie pathologique

N.CHAHER
Plan

1. Définition
2. Buts de l’Anatomie pathologique
3. Historique
4. Matériel étudié
5.Méthodes
5.1. Technique standard
5.2. Histochimie
5.3. ImmunoHistoChimie (IHC)
5.4. Immunofluorescence (IMF)
5.5. Microscopie électronique (ME)
5.6. Techniques de biologie moléculaire
6. Déontologie
7. Conclusion
1. Définition de l’anatomie pathologique

L’anatomie pathologique (ou anatomo-pathologie): Discipline médicale qui


permet la reconnaissance des anomalies des cellules et des tissus d’un
organisme, appelées lésions.
L’anatomie pathologique:
S’appuie sur des techniques essentiellement morphologiques ( Analyse de la forme et
de l’aspect) :
- Examen macroscopique (à l’œil nu)
- Examen microscopique optique et électronique
- Techniques (histochimique , immunohistochimie, biologie moléculaire: hybridation in
situ, expression génique, PCR).
Elle nécessite une collaboration étroite entre l’anatomo-pathologiste, le biologiste, le
radiologue et le clinicien (corrélation anatomo-clinique).
2. But de l’anatomie pathologique:

- Etablir le diagnostic des maladies


- Evaluer le pronostic
- Comprendre les causes et les mécanismes des lésions.
3. Historique

• 1ères autopsies réalisées dès l’Antiquité


• Rarement pratiquées au Moyen-âge
• Renouveau à la renaissance (XVI-XVIIème siècle): Tornius, Benivieni, Malpighi,…
• Essor au XVIII-XIXème siècle (Morgagni, Boerhaave, Bichat, Laennec, Corvisart,
Rokitansky, Virchow...)
• Milieu du XIXème siècle: avènement de l’anapath microscopique: Premier
microscope mis au point par Leevenhoeck fin XVIIème siècle
• Essor industrie allemande (fixation formol, rasoir,
inclusion en paraffine) permet une étude microscopique valable dés 1850-1880
4. Matériel étudié

Les techniques anatomo-pathologiques s’appliquent à des prélèvements


de tissus (histopathologie) ou de cellules (cytopathologie)
- Durant la vie: (Prélèvement cytologique, biopsie , pièce opératoire...),
- Après la mort (autopsie, aussi appelée nécropsie).
4.1. Cytopathologie (aussi appelée cytologie pathologique)

La cytopathologie étudie les cellules isolées obtenues soit par:


- Frottis de l’organe à étudier (par exemple le frottis de dépistage du cancer du col),
- Apposition d’un prélèvement (ganglion)
- Aspiration par un orifice naturel (aspiration bronchique)
- Ponction d’un liquide (pleural, péritonéal, liquide céphalo-rachidien...)
ou d’une tumeur.
Fixation et colorations

– Giemsa (fixation par simple séchage à l’air)


– Harris-Shorr (fixation dans l’alcool-éther)
– Papanicolaou (fixation dans l’alcool-éther)
– Possibilité de réaliser IHC sur lame
(marquage pas toujours fiable)
• Examen cytologique doit être réalisé
rapidement après le prélèvement (risque
d’altération des cellules)
• Si impossibilité, stockage provisoire
du liquide dans un réfrigérateur à 4°C.

Frottis cervical coloré par la 4°C.


Coloration de Papanicolaou.
• Ponction d’un épanchement pour
rechercher des cellules atypiques,
appartenant à une prolifération
tumorale maligne.

• Diagnostic différentiel est parfois difficile


les atypies peuvent être induites par des
remaniements inflammatoires ou
régénératifs+++.

Amas de cellules carcinomateuses


dans un liquide pleural
4.2. Biopsie
La biopsie est le prélèvement d’un fragment de tissu effectué sur un être
vivant. Il peut être réalisé:

Au bistouri, à l’aiguille, à la griffe ou à l’emporte pièce.

La biopsie peut être effectuée à ciel ouvert, ou sous endoscopie


ou sous contrôle radiologique.
Prélèvements biopsiques
Ponction biopsie

Prélèvement biopsique «partiel » réalisé sous contrôle radiologique


Lorsque l’ensemble de la lésion est prélevé, on parle de biopsie-exérèse.

Nodule cutané
Ganglion
Nécessité d’une laparoscopie dans l’exploration: ganglion ou masse profonde.
4.3. Examen extemporané

Examen histologique per-opératoire, rapide (réalisé en quelques minutes).

Il a pour but de donner un diagnostic immédiat, qui peut modifier le geste chirurgical
en cours (vérifier la malignité, élargir une exérèse …).

Il s'effectue sur des coupes de fragments tissulaires congelés.

Son interprétation peut être difficile et la réponse doit être différée (nécessité
d’attendre l’inclusion en paraffine).
4.4. Pièce opératoire
Pièce de gastrectomie Pièce de résection grêlique

Robbins. Basic pathology. 8ème Edition. Robbins. Basic pathology. 8ème Edition.
4.5. Autopsie
Autopsie (« voir par soi-même »), ou nécropsie (« voir après la mort »).
Examen macroscopique méthodique de toutes les parties et de tous les organes d'un
cadavre. Elle comprend une description externe du corps, un examen des viscères en
place, puis une étude macroscopique détaillée des organes éviscérés.
L'autopsie est suivie d'un examen microscopique des différents viscères.
Elle doit être pratiquée le plus tôt possible après la mort afin d'éviter au maximum
l' autolyse cadavérique.
L’autopsie peut être réalisée dans un but:
• Judiciaire (ou médico-légal): Apporter des éléments utiles à l’enquête (causes,
circonstances, date de la mort...).
• Scientifique (ou médico-scientifique):
- Enseignement: pour l'étudiant qui pourra observer des faits concrets
- Etudier les effets des traitements
- Effectuer des recherches scientifiques
• De santé publique dans l'établissement de statistiques exactes de mortalité dans
une population
5.1. Technique standard

- Les différents prélèvements (cytologies, biopsies, pièces opératoires) provenant des


services cliniques (radiologie, bloc opératoire doivent être acheminés sans délai dans
le service d'anatomie pathologique s'ils sont à l'état frais.
- Fixés, l'acheminement peut être moins rapide
• Récipient de grande taille
• Pour que le fixateur puisse pénétrer dans les
tissus et pour fixer correctement la pièce: il faut
– Ouvrir les organes creux (tube
digestif, utérus,…) et les vider de
leur contenu
– Réaliser des tranches dans les organes pleins
volumineux (foie, rate,…)
– Insuffler du formol dans les
poumons
– Os: doit être scié, puis fixé au
formol, puis placé dans une solution acide
décalcifiante avant d’être prélevé
• Durée de fixation: 4 à 6H pour une biopsie,
24H à 48H pour les pièces

Geste à éviter !!
Pièce fixée dans une quantité
insuffisante de formol.
Mise en cassette

Chaque prélèvement est mis dans une cassette numérotée (Numéro


d’identification unique qui ne peut concerner qu’un seul malade)
Déshydratation
Cette étape prépare les tissus à l'inclusion en paraffine (automate)
Déshydratation des prélèvements dans des bains d’alcool, puis
passage dans des bains de toluène
Inclusion en paraffine
Enrobage des prélèvements dans de la paraffine liquide à 56°C, imprégnant
les tissus, puis refroidie
Coupe au microtome
Le bloc refroidi, confère une rigidité au prélèvement permettant de le couper au
microtome (coupes de 3 à 4 μm)
Coloration standard
Analyse des coupes au
microscope photonique

La coloration de base (HE) permet le


diagnostic de la grande majorité des
lésions.
Dans certains cas , des analyses
spécialisées (colorations spéciales,
immunohistochimie, hybridation in situ...)
sont requises.
5.2. Histochimie
5.3. ImmunoHistoChimie (IHC)

• Technique permettant sur coupe, la détection d’antigène spécifique


à l’aide d’un anticorps spécifique.
• Révélation par un agent coloré .
• Réaction immunologique de type ANTIGENE-ANTICORPS
• ANTIGENE Substance à détecter
• ANTICORPS immunoglobuline spécifique de la cible recherchée
• Réaction Anti-gèneg-Anti-corps non visible au MO d’où nécessité de
lier l’Anti-corps à un marqueur qui révélera le complexe Anti-gène-
Anti-corps
Marquage
Nucléaire Cytoplasmique Membranaire
Intérêt de l’immunohistochimie
• Typage des tumeurs malignes peu différenciées (primitive ou métastatique),
des lymphomes et des sarcomes
• Orientation sur l’origine primitive d’un carcinome
• Détection de micrométastases
• Recherche de marqueurs pronostiques et thérapeutiques
• Micrométastase ganglionnaire
• Détection d’agents infectieux

Marquage para-golgien des cellules Marquage nucléaire des cellules d’un carcinome
tumorales dans un lymphome Hodgkinen mammaire par un anticorps anti-récepteurs aux
par un anticorps anti-CD30. oestrogènes.
5.4. Immunofluorescence

• Technique permettant sur coupe, la détection d’antigène spécifique à l’aide


d’un anticorps spécifique.
• Révélation par un agent fluorescent

Dépôt linéaire de complément dans une pemphigoïde bulleuse


5.5. Microscopie électronique

La Microscopie électronique (ME) repère certains micro-organismes et les


détails de l’architecture cellulaire et tissulaire.
Elle nécessite une fixation rapide et particulière (glutaraldéhyde), suivie d’une
inclusion en résine et de coupes semi-fines et ultrafines .
Elle est moins utilisée (en raison du développement de l’IHC et de biologie
moléculaire comme l’hybridation in situ).

LIPOFUSCHINES
5.6. Techniques de biologie moléculaire

• C’est un ensemble de technique dont le recours n’est nécessaire que dans


des cas particuliers.
• En raison du matériel onéreux qu’elle requiert, ces techniques ne peuvent
être réalisées que dans des laboratoires spécialisés.
• Certaines de ces techniques sont réalisées dans un but de recherche.
Hybridation In Situ: Exemple de technique FISH
Permet la détection de séquences d’ADN spécifiques,
à l’aide d’une sonde ADN double brin détectés grâce à un marqueur
Fluorescent

FISH

Amplification du gène Her2: spots rouges+++


Gene expression
Expression arraysen Microarray
génique

Permet de classer un ensemble de


tumeurs selon leur gravité et leur
pronostic en fonction des gènes
qu’elles expriment

Classification moléculaire des


LMNH B diffus à grandes
cellules
Culture cellulaire
Permet d’étudier le développement des cellules, leurs modifications
morphologiques et fonctionnelles in vitro
Les prélèvements doivent être faits rapidement et stérilement.

Autres techniques
Cytogénétique, PCR, WestenBlot etc...
6. La déontologie
L’anatomo-pathologiste (et l’ensemble du personnel de son service) est tenu au secret
médical.
Il ne communique les résultats d’un examen qu’au médecin prescripteur (demandeur
de l’examen)
Références bibliographiques

- Collège français des pathologistes (copath). Enseignement


d’anatomie pathologique. polycopié 2011-2012.
- Collectif. anatomie pathologique. Polycopié faculté de médecine
Pierre et Marie Curie 2002-2003.
- Kermarec J. anatomie pathologique générale. la signification
biologique des lésions. Edition 1994.
- Chomette G., Brocheriou G, Lauriol M. Anatomie pathologique
générale (cours et travaux pratiques). (2ème édition).
- Stevens A. Anatomie pathologique générale et spéciale. Paris: De
Boeck, 1997.
- Wheater, P.R. Anatomie pathologique générale et spéciale: Manuel et
atlas. Paris: Arnette, 1992.
- Robbins. Basic pathology. 8ème Edition.

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