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Mesdames et Messieurs,
Il est cependant important de préciser que les solutions à la crise doivent être
coordonnées dans un cadre international, afin d’éviter que les mesures
adoptées individuellement par les Etats ne s’opposent et n’annulent les
résultats escomptés.
C’est dans cette optique que le Maroc adhère également aux mesures
adoptées par la Commission Européenne visant à « promouvoir la bonne
gouvernance dans le domaine fiscal »[1] en d’autres termes pour instaurer plus
de transparence et d’échanges d’informations et de nouveaux progrès sur la
voie de la concurrence loyale en matière fiscale.
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Pour reprendre les propos de Monsieur Eric WOERTH, « il faut d’abord sortir de
la crise, c’est la première nécessité. Mais il ne faut en aucun cas perdre de
vue ce que l’on veut obtenir : un capitalisme plus juste, plus équilibré, plus
soutenable ».[2]
Dans notre pays, les enjeux de la politique fiscale ont été clairement identifiés
au début de la présente décennie et traduisent les choix opérés en matière
de politique publique.
Il est important de noter que les pouvoirs publics considérant l’effet que
produisent les taux d’imposition sur les contribuables, aussi bien en matière
d’impôt sur les sociétés qu’en matière d’impôt sur le revenu, ont agi par cette
voie en vue de rapprocher les taux effectifs des taux nominaux (faciaux).
Dans cette perspective, les mesures prises ont concilié une baisse des taux
d’imposition avec un élargissement de l’assiette. Cela a permis également
d’obtenir une meilleure répartition de la charge fiscale.
Ainsi, pour la première fois en 2007, le produit de l’impôt sur les sociétés a
dépassé celui de l’impôt sur les revenus. Il est clair que la structure fiscale
traduit la prépondérance d’une forme d’imposition par rapport à une autre
et permet d’afficher l’objectif poursuivi. Cette nouvelle structure est le résultat
d’un rééquilibrage du poids de l’impôt entre les ménages et les entreprises et
traduit la volonté de consacrer le principe d’équité.
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1 1
Désignation 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008*
998 999
Impôt sur
38,4% 45,1% 42,4% 39,7% 43,2% 44,3% 43,9% 45,3% 49,3% 51,4% 58,3%
les sociétés
Impôt sur le
56,6% 51,9% 54,2% 57,6% 54,7% 53,8% 54,6% 53,5% 49,8% 47,9% 41,2%
revenu
Autres
impôts 5,0% 3,0% 3,4% 2,6% 2,1% 1,9% 1,5% 1,2% 0,9% 0,7% 0,5%
directs
Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
La part de ces recettes dans les recettes fiscales totales (y compris la TVA des
Collectivités Locales) est passée de 47,5% en 1998 à 63,4% en 2008. Cette
évolution s’est traduite, au niveau des finances publiques, par la réalisation
d’un excédent budgétaire de 0,7% du PIB en 2007 et de 0,4% du PIB en 2008.
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doivent être associés à la prise de décision et bénéficier d’un partage plus
équitable du profit qu’ils contribuent à réaliser.
Sur un autre plan, il est utile d’ajouter que l’augmentation constante des
recettes fiscales a permis au budget de l’Etat de supporter des dépenses à
caractère social, notamment celles résultant de la caisse de compensation
qui constitue un filet social indispensable à la cohésion sociale.
En effet, à fin juillet 2009, les recettes de l’I.S s’élèvent à 27 934 millions de DH
contre 31 798 millions en 2008, pour la même période. Quant à la recette de
l’I.R, elle s’établit à 16 330 millions de DH à fin juillet 2009 contre 20 399 millions
de DH pour la même période en 2008.
Par ailleurs, on peut ajouter que le manque à gagner pour le budget de l’Etat
du fait de la baisse des recettes fiscales, résultant des effets de la crise, a
été tempéré par la baisse du prix des produits pétroliers et des matières
premières.
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Anticipant les conséquences de la crise, le Gouvernement avait pris des
mesures dans le cadre de la loi de finances pour l’année 2009.
Ainsi, en vue de relancer la demande, l’impôt sur le revenu a été révisé pour
favoriser la consommation en donnant du pouvoir d’achat aux classes
défavorisées et moyennes. Cette mesure a permis :
Cette disposition s’ajoute à la réduction des taux de l’impôt sur les sociétés
décidée en 2008. Le taux de cet impôt, pour le secteur financier a baissé à
37% au lieu de 39.6% ; celui applicable aux autres activités a été réduit de
35 % à 30 %.
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donne le poids du prélèvement fiscal par nature d’impôt et catégorie de
contribuables.
2007
Catégorie d'impôt Montant (en millions dhs) Part
TVA 11 088 47%
IS 4 600 19%
IR 2 998 13%
D.E. 2 745 12%
TIC 1 314 5%
Droits de douane 867 4%
Dans les pays industrialisés, les plans de relance adoptés ont été à l’origine
d’une dépense publique supplémentaire avec des conséquences
immédiates et futures en termes d’endettement public. Pour y faire face les
instruments choisis par ces pays sont divergents mais se résument à deux
voies : celle de la rigueur ou celle de la relance.
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Dans le premier cas, le parti au pouvoir, en Allemagne, envisage une
augmentation de la TVA sur les produits alimentaires de 7% à 19%. En Grande-
Bretagne, c’est l’impôt sur le revenu qui est visé puisque dès 2010, le taux
d’imposition des contribuables situés dans la tranche marginale du barème
va passer de 40% à 50%. En même temps, il est prévu d’augmenter les taxes
sur le tabac, l’alcool et les carburants jusqu’à 2%.
Entre ces deux options, l’Italie promet une baisse d’impôt et envisage une
amnistie fiscale pour encourager le rapatriement des capitaux exportés
illégalement.
Ainsi, « la forte dégradation des finances publiques devrait créer une pression
croissante pour améliorer le rendement des systèmes fiscaux dans la plupart
des pays. Or les contraintes sont fortes (maintien de la compétitivité des
entreprises, protéger le pouvoir d’achat des ménages, etc.) ».[4]
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régulateur dans l’application de la loi fiscale et la garantie de la
transparence, favorisant le civisme et une concurrence fiscale loyale et
saine.
Il est certain que « la part considérable prise par l’activité des groupes dans
l’activité économique mondiale fait des bénéfices qu’ils dégagent un enjeu
déterminant dans l’alimentation de l’impôt des budgets publics ».[5]
C’est en fait une atteinte à la souveraineté fiscale des Etats qui voient leurs
ressources se rétrécir face à des besoins en biens et services publics de plus
en plus importants.
Ainsi, sur le plan fiscal, les ajustements consistent à apporter les correctifs
nécessaires à la politique fiscale en cours pour mieux appréhender les
contraintes tant internes qu’externes amplifiées par les répercussions de la
crise actuelle.
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Dans la situation actuelle, seule une gouvernance fiscale fondée sur la
transparence et la contribution de tous les acteurs à la prise de décision
pourra redonner une légitimité aux prélèvements fiscaux et contribuer à la
préservation de la paix sociale, condition indispensable à la promotion de
l’investissement, à la création d’emplois et au partage équitable des gains
de la croissance.
page 105.
[6] Pervenche BERES, Présidente de la commission économique et monétaire