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L'Humanité est un bien commun


Plaçons-la sous protection populaire !


Le tribunal de commerce de Bobigny doit se prononcer ce mercredi sur l’avenir
de la SNJH, la société éditrice de l'Humanité, l'Humanité Dimanche, humanite.fr
et Pif, également organisatrice de la Fête de l'Humanité. Comme vont le plaider
le représentant de la direction et celui des salariés, nous défendons, évidemment,
la voie de la continuation de l’activité. Loin de sonner le glas de nos titres, cette
audience résonne, pour nous, comme un appel à un sursaut collectif qui permette
de construire un modèle économique et éditorial innovant pour l’Humanité et
tous ses titres.
Parce que nous croyons plus que jamais en la nécessité et en l'avenir de nos
journaux dans un paysage médiatique dominé par les patrons de presse
milliardaires, nous portons l'ambition de sortir l'Humanité d'une logique de
survie permanente, pour enfin la faire vivre de manière pérenne. Force est de
constater que les plans stratégiques accumulés ces dernières années par la
direction du journal n'ont pas trouvé les débouchés escomptés. Suspension de
publication pour certains de nos titres (La Terre, les Lettres françaises), passage
au numérique inachevé, développement de projets mal conçus ou avortés (La
Cerise, Partage social club, Humagora), relances stoppées net de Pif Gadget,
échec des tentatives de recapitalisation auprès des banques ou d’investisseurs…
A ceci s’ajoute la baisse continue de la masse salariale et des moyens alloués
aux reportages ou aux piges. Les recettes maintes fois éprouvées par la direction
de l'Humanité n'ont jusqu’ici abouti qu'à une contraction de nos titres, de leurs
contenus, de nos effectifs et de notre lectorat.
A l'inverse de cette logique mortifère, nous pensons que c'est par l'ambition d'un
enrichissement de nos titres, par l'amélioration de nos contenus et de notre
diffusion que nous pourrons rendre l'Humanité plus indispensable encore au
débat démocratique. Autant de chantiers qui ne peuvent se passer d'une réflexion
commune à l'ensemble des équipes de l'Huma, trop peu consultées jusqu'ici,
mais qui doit aussi s'ouvrir aux énergies extérieures. Ce travail essentiel, les
journalistes et tous les salariés sont en train de l’engager collectivement au sein
de l’Humanité.
Nous savons le prix de l'indépendance d'un quotidien et d'un hebdomadaire
papier à diffusion nationale. Il est élevé, peut-être, mais nous pensons qu’il est
absolument nécessaire. Sans rien renier de leur ligne éditoriale progressiste et
humaniste, ni dédouaner l’Etat de sa responsabilité de garantir le pluralisme de
la presse, nos titres pourraient bénéficier d'une réelle recapitalisation populaire,
qui dépasse le simple appel aux dons. Nous l'avions déjà constaté il y a trois ans,
lorsqu'une première alerte avait été sonnée par le directeur du journal, et nous
l'observons encore aujourd'hui à travers l'afflux de témoignages de soutien ces
derniers jours : l'Humanité jouit d'une sympathie et d'un engagement à nuls
autres pareils de la part de ses lecteurs, qu'ils soient militants politiques,
syndicaux, associatifs, intellectuels, artistes ou simples citoyens attachés au
pluralisme des médias.
A travers le statut d'entreprise solidaire de presse que le journal a adopté depuis
2016 ou via d’autres canaux à inventer, ces amis et ces soutiens de l'Humanité
auraient toute leur place comme actionnaires du journal, afin de mettre enfin
réellement et durablement nos titres sous protection populaire. La société des
lecteurs, la société des Amis de l'Huma et la Société des personnels – déjà
actionnaires de la SNJH – pourraient aussi jouer un rôle plus important au
niveau capitalistique comme dans la gestion de l'entreprise.
Nous invitons évidemment le plus grand nombre à participer à la souscription et
à prendre des abonnements à nos titres. Nous relayons également l’appel à
participer massivement aux « 6 heures pour l’Humanité » organisées le vendredi
22 février à la Bellevilloise (19-21, rue Boyer, Paris 20e), à Paris. Mais au-delà
de ces initiatives ponctuelles, nous entendons intervenir, aux côtés des
journalistes et de tous les salariés de nos titres, avec tous les amis et tous les
soutiens de l’Humanité, afin d’aiguiser notre offre éditoriale sur le papier et sur
le web, d’améliorer notre diffusion, de générer une dynamique collective
permettant d’apporter les fonds nécessaires à la survie de l’Humanité, et de
garantir un meilleur partage du pouvoir entre les propriétaires d’un titre qui,
dans les faits, n’appartient à personne, ou mieux : il appartient à tous ceux qui
veulent croire toujours à l’émancipation collective, à la justice sociale et à la
paix dans le monde.
Fondée par Jean Jaurès en 1904, l’Humanité n’est pas qu’un monument en péril
du patrimoine de la presse française et mondiale. C’est un bien commun, au
présent et pour l’avenir, que nous sommes déterminés à sauver et faire vivre,
tous ensemble !
Section syndicale SNJ

de l’Humanité

Saint-Denis, le 30 janvier 2019

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