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IGEE-403 Chap4 2 EDavid PDF
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4.2.1 Introduction
a) b)
Figure 4.1 : a) Schéma électrique d’un câble extrudé très haute tension [1]. Typiquement
le champ électrique est compris entre 6 et 15 kV/mm. b) Schéma électrique d’un câble
extrudé moyenne tension [2]. Typiquement le champ électrique près de l’âme centrale
est compris entre 2,5 et 4 kV/mm.
1
a) b)
c) d)
Évidemment, le matériau diélectrique, en plus d’un rôle d’isolation électrique sert aussi
de support mécanique aux pièces métalliques en plus de devoir dissiper la chaleur
produite par le conducteur. Les propriétés électriques, mécaniques et thermiques de ces
matériaux doivent donc être soigneusement étudiées lors que la conception d’un système
d’isolation. Dans les sections qui suivent, nous verrons d’abord un aperçu des concepts
théoriques reliés à ces matériaux. Par la suite, les différentes applications en
électrotechnique seront abordées ainsi que les essais de maintenance et de diagnostique
utilisés dans cette industrie.
2
4.2.2 Théorie des diélectriques
Un matériau diélectrique qui ne conduit pas ou très peu, est plutôt caractérisé d’un point
de vue électrique par sa permittivité. Cette dernière reflète l’intensité des mécanismes de
polarisation dans le matériau. Le phénomène de polarisation peut être dans un premier
temps illustré en considérant l’expérience suivante. Introduisons un matériau diélectrique
entre les armatures d’un condensateur plan-plan soumis à une différence de potentiel
continue Uo qui est maintenue constante par une source. Au moment où le diélectrique
est inséré, on note la présence d’un courant circulant entre la source et le condensateur.
C’est le courant de déplacement dont il a été fait mention au paragraphe précédent. Ce
courant diminue avec le temps, plus ou moins rapidement, tout dépendamment des
mécanismes de polarisation du matériau. En effet, sous l’action du champ électrique
externe, un champ interne s’opposant au champ appliqué apparaît dans le diélectrique.
Pour combattre ce champ, de nouvelles charges doivent être amenées par la source sur les
armatures du condensateur. Le champ interne dans le diélectrique est causé par le
phénomène de polarisation. La figure 4.3 ci-dessous illustre la situation d’un diélectrique
entre deux électrodes. On distingue deux types de charges sur les électrodes du
condensateur, les charges libres reliées au maintient de la tension sous vide ainsi que les
charges fixées nécessaire pour compenser le phénomène de polarisation.
3
Figure 4.3 : Illustration de la polarisation d’un diélectrique (adaptée de [5])
+q
r
l
−q
4
de dipôles électriques augmente et conséquemment le courant de polarisation, celui relié
au mouvement des dipôles, augmente aussi. La polarisation due à ces dipôles correspond
à la somme vectorielle
r
de tous les dipôles par unité de volume. On peut donc définir la
polarisation P par
r
∑p
1 r
P= (4.2)
Ω
i
i∈Ω
r r
σp = P⋅n (4.3)
5
r
où n est un vecteur normal au plan de charge. Cette densité surfacique reliée à la
polarisation, σ p , correspond aux charges liées de la figure 4.3. Lorsqu’on a le vide entre
les armatures du condensateur, il existe aussi une densité de charge nécessaire pour le
maintient du champ électrique. Cette densité de charge, σ o , correspond aux charges
libres de la figure 4.3 et est reliée au champ appliqué par l’équation suivante :
r r
Do = ε o E (4.4)
r r
σ o = Do ⋅ n (4.5)
r
où Do est le vecteur densité de charge sous vide et ε o , la permittivité du vide
( ε o = 8,85 × 10 −12 F m ). Lorsqu’un diélectrique est introduit, une densité de charge
supplémentaire, σ p , doit contrer l’effet de la polarisation. La densité totale de charge
devient donc
r r r
D = Do + P
(4.6)
v r v
D = εo E + P
v
Sir on considère une substance diélectrique linéaire (voir figure 4.5), la relation entre P et
E est linéaire. On peut donc écrire
r r
P = εo χ E (4.7)
ε = ε o (1 + χ ) (4.8)
on obtient finalement
r r
D=ε E
(4.9)
ε
εr = 1 + χ =
εo
6
permittivité est habituellement utilisé pour désigner la permittivité relative puisque cette
valeur est d’un ordre de grandeur beaucoup plus commun que la permittivité absolue.
7
Tableau 4.2 : illustration schématique des différents mécanismes de polarisation
où Pr indique la polarisation rapide, c’est-à-dire celle qui survient très rapidement après
l’application d’un champ électrique. Ni représente le nombre de dipôles induits par unité
de volume et αr, la polarisabilité, dépend de la nature du matériau. On constate
facilement à partir de l’équation (4.10) que les unités de la polarisabilité sont les Fm2. Le
tableau 4.3 ci-dessous donne des valeurs numériques de la polarisabilité de certains
atomes.
8
Tableau 4.3 : Polarisabilité et masse molaire de certains atomes [5]
Certaines molécules de par leur géométrie ainsi que de par la nature de leurs liens
chimiques possède un moment dipolaire électrique permanent. L’eau et le PVC sont des
exemples de ce type de matériau. Ces matériaux sont des matériaux polaires. L’intensité
du ce moment dipolaire dépend de la nature du lien chimique. Le tableau 4.4 ci-dessous
donne les valeurs numériques du moment dipolaire permanent pour certains liquides. Ce
moment dipolaire est exprimé en Debye avec 1 D = 3,3 x 10-30 Cm.
Matériau ρ εr n2 μ (Debye)
(kg/m3)
Hexane (C6H14) 655 1,89 1,89 0
Heptane (C7H16) 684 1,92 1,92 0
Benzene (C6H6) 879 2,28 2,25 0
Tétrachlorure du carbone (CCl4) 1600 2,24 2,13 0
Eau (H2O) 1000 80,4 1,77 1,85
Méthanol (CH3OH) 791 33,6 1,76 1,70
Chloroforme (CHCl3) 1483 4,81 2,07 1,0
Normalement, en l’absence d’un champ électrique externe, tous les dipôles permanents
sont orientés de façon aléatoire de telle sorte que la polarisation nette résultante est zéro.
Par contre, en présence d’un champ électrique, ces dipôles vont commencer à s’orienter
dans la direction du champ et la polarisation résultante est non nulle. Pour des valeurs de
champ modérées, ce phénomène reste proportionnel avec le champ électrique. On peut
alors écrire
9
r Nd μ 2 r
Pd = E (4.11)
3kT
où μ est le moment dipolaire du dipôle permanent, Nd le nombre de ces dipôle par unité
de volume, T la température en Kelvin et k la constante de Boltzmann (k = 1,38 x 10-23
J/K). Le développement complet de l’équation ci-dessus a été fait par Paul Debye en
1945 et est disponible dans un grand nombre d’ouvrage de référence (par exemple [5, 6]).
La polarisation totale, incluant les dipôles induits et l’orientation des dipôles permanents,
peut donc être exprimé par :
r ⎛ N μ2 ⎞r
Ptot = ⎜⎜ d + N iα r ⎟⎟ E (4.12)
⎝ 3kT ⎠
En combinant cette équation avec les équations (4.7) et (4.9), on peut donc écrire pour la
permittivité relative d’un matériau :
N d μ 2 N iα r
ε r −1 = + (4.13)
3ε o kT εo
ε r − 1 N d μ 2 N iα r
= + (4.14)
ε r + 2 9ε o kT 3ε o
On note que lorsque la polarisation d’un matériau est faible (χ << 1), l’équation (4.14) se
réduit à l’équation (4.13). Pour un composé moléculaire, la polarisabilité représente la
somme des polarisabilités de chaque atome de telle sorte que Ni et Nd représentent tous
les deux le nombre de molécules par unité de volume. On peut donc écrire :
ρN A
N=
M
(4.15)
ε r −1 N ⎡ μ2 ⎤
= ⎢ +αr ⎥
ε r + 2 3ε o ⎣ 3kT ⎦
10
n 2 − 1 Nα r
= (4.16)
n 2 + 2 3ε o
Le tableau 4.4 donne des valeurs des indices de réfraction et des permittivités statiques
pour différents matériaux, polaires (μ ≠ 0) et non polaires (μ = 0). On constate la
différence important entre la permittivité à haute fréquence (n2) et la permittivité statique
pour les liquides polaires.
11
En plus des mécanismes précédemment décrits, les mesures à basses fréquences font très
souvent apparaître d’autres mécanismes moins bien définis et moins bien compris reliés à
des phénomènes de transport de charge sur des distances plus ou moins longues. Un de
ces mécanismes porte le nom de dispersion à basses fréquences. On y reviendra dans les
sections suivantes, mais il n’existe pas encore de compréhension complète de ce
phénomène.
4.2.2.2 Conductivité
r r
où σ est la conductivité (Ω ⋅ m )−1 , J la densité de courant ⎛⎜ A 2 ⎞⎟ et E le champ
⎝ m ⎠
électrique auquel le matériau est soumis. Quoique les diélectriques sont définis comme
des matériaux ne permettant pas la circulation du courant électrique, en réalité, la grande
majorité des diélectriques possède une conductivité non nulle et mesurable. De plus,
l’équation (4.17) est vérifiée dans bien des cas pour des champs électriques modestes.
+ - +
+ - +
+ - +
+ - +
+ - +
+ - +
+ - +
électrode
Q
diélectrique
12
En complétant l’intégrale de surface pour obtenir une surface fermée (le champ est nul
pour le reste de la surface fermée) et en appliquant le théorème de Gauss, on obtient
σ Q σ CU o
I = =
ε ε
(4.19)
σ Co
I = Uo
εo
εo
R = (4.20)
σ Co
2π ε o
Co =
( )
ln b
a
L
εo εo
σ = =
R Co
(U I ) ln (b ) L
2π ε o
a
10 −11 ⋅ ln (19 )
σ = 12 = 1,83 × 10 −18
(Ω ⋅ m )−1
2 π ⋅ 10 000 ⋅ 40
Les matériaux montrent une plage extrêmement large de conductivité, plus large que
n’importe quelle mesure physique. Les conducteurs métalliques ont typiquement des
conductivités de l’ordre de ≈ 108 (Ω ⋅ m )−1 , alors que les isolants ont des conductivités dans
13
la plage 10 −10 à 10 − 20 (Ω ⋅ m ) . Le tableau ci-dessous présente des valeurs de conductivité
−1
Les équations (4.4) à (4.9) sont des équations statiques et ne sont valables que lorsque le
champ électrique appliqué est constant, c’est-à-dire très longtemps (t→∞) après
l’application d’un échelon de tension. Pour un champ variable dans le temps la
polarisation varie aussi dans le temps mais avec un certain retard sur le champ appliqué.
L’équation (4.6) devient donc
14
f (t ) ≡ 0 pour t < 0 (4.23)
De plus, puisqu’il n’y a pas de polarisation permanente, on doit aussi avoir la condition
suivante :
lim f (t ) = 0 (4.24)
t →∞
La fonction f(t) est donc une fonction strictement décroissante. Un champ électrique
variant de façon arbitraire, E(t), peut être vue comme une somme d’impulsions. Par le
théorème de superposition, on peut donc faire la somme de toutes les polarisations pour
chacune de ces impulsions de telle sorte que la polarisation peut s’exprimer par la
convolution suivante :
∞
P(t ) = ε o ∫ f (τ ) E (t − τ )dτ (4.25)
0
∞
Ps = ε o E o ∫ f (τ )dτ = ε o χ s E o (4.26)
0
où χs est la susceptibilité statique donc pour une fréquence égale à 0 (donc pour une
sollicitation continue).
∂D (t )
J (t ) = σE (t ) +
∂t (4.27)
∂
J (t ) = σE (t ) + [ε o E (t ) + P (t )]
∂t
∂ ⎡ ∞
⎤
J (t ) = σE (t ) + ε o
∂t
⎢
⎣
E ( t ) + ∫
0
f (τ ) E (t − τ )dτ ⎥
⎦
(4.28)
Il est plus pratique d’exprimer (4.28) en termes du courant, I(t), et de la tension, U(t),
plutôt qu’en termes de densité de courant et de champ électrique. Considérons le cas
d’un condensateur plan-plan de surface A et de distance inter-électrodes d. Le courant et
la tension sont reliés à la densité de courant et au champ électrique par
15
I (t )
J (t ) =
A
(4.29)
U (t )
E (t ) =
d
C oσU (t ) ∂ ⎡ ∞
⎤
I (t ) =
εo
+ Co
∂t
⎢
⎣
U (t ) + ∫
0
f (τ )U (t − τ )dτ ⎥
⎦
(4.30)
⎧0 t<0
U (t ) = ⎨ (4.31)
⎩U o 0≤t
on obtient le courant suivant
Coσ
I (t ) = U o + U oCo [δ (t ) + f (t )] (4.32)
εo
C o σU * (ω )
I * (ω ) =
εo
[
+ jωC oU * (ω ) 1 + F * (ω ) ] (4.33)
16
∞
F (ω ) = ∫ f (t ) exp(− jωt )dt
*
(4.34)
0
⎡⎛ σ ⎞ ⎤
I * (ω ) = ωC o ⎢⎜⎜ + ε r ' ' (ω )⎟⎟ + jε r ' (ω )⎥U * (ω ) (4.36)
⎣⎢⎝ ωε o ⎠ ⎦⎥
On voit clairement d’après l’équation (4.36) ci-dessus que la courant est déphasé par
rapport à la tension. Pour un diélectrique parfait, σ = εr’’ = 0, le courant est évidemment
en avance de 90o. Toutefois à cause des pertes diélectriques, représentées par le terme
εr’’, et des courants de fuite reliés à la conductivité, l’angle du courant est légèrement
inférieur à 90o. Cette situation est illustrée à la figure 4.8 ci-dessous.
σ
ε r ' ' (ω ) +
ωε o
tgδ (ω ) = (4.37)
ε r ' (ω )
17
Les diélectriciens utilisent fréquemment le concept de capacité complexe pour décrire le
comportement d’un diélectrique. On peut facilement voir, à partir de (4.36), que l’on
peut écrire :
I * (ω ) = jωC * (ω )U * (ω ) (4.38)
⎡ ⎛ σ ⎞⎤
C * (ω ) = C ' (ω ) − jC ' ' (ω ) = C o ⎢ε r ' (ω ) − j ⎜⎜ ε r ' ' (ω ) + ⎟⎟⎥ (4.39)
⎣⎢ ⎝ ωε o ⎠⎦⎥
Le facteur de dissipation, en terme de capacité, est alors tout simplement donné par
C ' ' (ω )
tgδ (ω ) = (4.40)
C ' (ω )
σ
Il est à noter que l’on ne peut distinguer les pertes dues à conduction, , des pertes
ωε o
dues aux mécanismes de relaxation, ε r ' ' , à partir d’une mesure fréquentielle. Par contre,
cette distinction peut être faite à partir de mesures dans le domaine du temps, c’est-à-dire
en mesurant les courants en fonction du temps après l’application d’un échelon de tension
suivi d’un court-circuit. En effet, en utilisant la fonction suivante pour la tension
appliquée :
⎧0 t<0
⎪ (4.41)
U (t ) = ⎨U o 0 ≤ t ≤ tc
⎪0 t > tc
⎩
⎧ C oσ
⎪ U o + U o C o [δ (t ) + f (t )] 0 ≤ t ≤ tc (4.42)
I (t ) = ⎨ ε o
⎪− U C [δ (t − t ) + f (t − t ) − f (t )] t > tc
⎩ o o c c
où tc est le temps de charge. Pour t > tc, c’est-à-dire lors du court-circuit, l’équation
(4.42) exprime le courant de décharge. On peut noter que le courant de décharge est
symétrique au courant de charge mais de signe opposé tel qu’il est illustré à la figure 4.9.
L’expression représentant le courant de décharge contient un terme, f (t ) , représentant
l’effet de mémoire (voir [6]). Pour un temps de charge très long, ce terme tend vers zéro.
En négligeant l’effet de mémoire on peut réécrire (4.42) de la façon suivante :
18
⎧⎪ I ch arg e = I cd + I c (t ) + I a (t) 0 ≤ t ≤ tc
I (t ) = ⎨ (4.43)
⎪⎩ I déch arg e = − I c (t) - Ia (t) t > tc
La figure 4.10 illustre les courants de charge et de décharge (normalisés par la capacité)
pour des isolations de machines tournantes après un échelon de tension de 10 kV.
L’isolation asphalte-mica était utilisée avant l’apparition des résines thermodurcissables
dans les années 60 alors que l’isolation moderne des machines tournantes est maintenant
à base de résine époxy. Le décollement des courbes de charge et de décharge de la figure
4.10 est causé par la conduction directe.
19
10000
1000
Epoxy-mica
Epoxy-mica
100 Asphalte-mica
I/C (A/F)
Asphalte-mica
10
1
0.1 1 10 100 1000 10000
0.1
Temps (s)
20
4.5
3.5
3
Pds
Polarisation (U.A.)
2.5
1.5
1 P∞
0.5
0
-1 1 3 5 7 9 11
Temps (U.A.)
a) b)
Figure 4.11 : Mécanisme de relaxation de Debye : a) dans le domaine du temps; b) dans
le domaine des fréquences (tiré de [7]).
= [Pds − Pd (t )]
dPd (t ) 1
(4.45)
dt τ
Pd (t ) = Pds ⎛⎜1 − e τ ⎞⎟
−t
(4.46)
⎝ ⎠
P (t ) = Pd (t ) + P∞ (4.47)
t
P (t ) = (Ps − P∞ )⎛⎜1 − e τ ⎞⎟ + P = ε E f (τ )dτ
−t
o o∫ (4.48)
⎝ ⎠ ∞ 0
où Ps, la polarisation statique, est la polarisation totale à l’équilibre (Ps = Pds + P∞). La
solution de l’équation (4.48) est donnée par
21
−t
(χ s − χ ∞ )e τ
f (t ) = + χ ∞ δ (t ) (4.49)
τ
À partir des équations (4.34) et (4.49), on peut calculer la susceptibilité complexe reliée
au mécanisme de polarisation de la figure 4.11. On obtient ainsi :
(χ s − χ ∞ )
χ * (ω ) = χ ∞ + = χ ' (ω ) − jχ ' ' (ω )
1 + jωτ
(χ − χ )
χ ' (ω ) = χ ∞ + s 2 ∞2 (4.50)
1+ ω τ
(χ − χ ∞ )ωτ
χ ' ' (ω ) = s
1 + ω 2τ 2
Les équations ci-dessus sont les équations de Debye. Elles sont illustrées à la figure
4.11b. Les mêmes équations peuvent être écrites pour la permittivité complexe avec les
paramètres ε∞ et εs à la place de χ∞ et χs. La partie imaginaire de la permittivité (ou de la
susceptibilité) est appelée pertes diélectriques. En effet, cette composante se traduit par
un échauffement du diélectrique, c’est-à-dire des pertes de puissance sous forme de
chaleur. On constate que ces pertes sont maximales à une fréquence correspondant au
temps de relaxation. La puissance dissipée par unité de volume est donnée par
Q& 1
= ωε o ε ' ' E o2 (4.51)
V 2
Q&
où correspond à la puissance dissipée par unité de volume et Eo est l’amplitude du
V
champ électrique auquel est soumis le diélectrique. Il est important de mentionner que
même si les équations de Debye sont d’une grande importance dans l’étude des
diélectriques, la plupart des mécanismes de pertes diélectriques rencontrés dans les
matériaux réels ne se comportent pas tel que stipulé par les équations (4.50). D’autres
équations mathématiquement plus complexes peuvent être alors utilisées mais ces
équations ne peuvent être justifiées théoriquement comme les équations (4.50). La
présentation de ces équations dépasse le cadre du présent document et est disponible
ailleurs (par exemple [5]).
22
Figure 4.12 : Mécanismes de polarisation (tiré de [5])
1
C * (ω ) = (4.52)
jωZ (ω )
Si on considère par exemple le cas d’un condensateur idéal (pas de pertes diélectriques)
possédant une certaine valeur de courant de fuite, on peut alors représenter le diélectrique
par un condensateur Cp en parallèle avec une forte résistance Rp. Cet agencement est
illustré à la figure 4.13a. La capacité complexe est alors donnée par :
⎛ 1 ⎞
C * = C p − j⎜ ⎟ (4.53)
⎜ ωR ⎟
⎝ p ⎠
Une mesure effectuée sur une huile minérale de transformateur est illustrée à la figure
4.14 ci-dessous. On constate que le modèle simple du condensateur idéal en parallèle
avec une résistance s’applique très bien pour ce matériau. En effet, l’huile minérale étant
non polaire, elle ne présente pas de mécanisme de polarisation dans la plage de fréquence
mesurée mais possède une conductivité non nulle (quoique faible).
23
a) b)
1.00E-08
0.001 0.01 0.1 1 10 100 1000
Capacité réelle
1.00E-09
Capacité imaginaire
1.00E-10
Capacité (F)
1.00E-11
1.00E-12
1.00E-13
1.00E-14
1.00E-15
Fréquence (Hz)
Le circuit illustré à la figure 4.13b est équivalent aux équations de Debye (équations
(4.50)). En effet, on peut facilement démontrer que pour ce circuit :
Cs
C* = Cp +
1 + jωτ (4.54)
τ = Rs C s
24
4.2.2.5 Rigidité diélectrique
L’air est le matériau diélectrique le plus commun. Ses propriétés diélectriques sont d’une
importance considérable. Normalement, l’air est un isolant pratiquement parfait à des
champs modérés (σ = 0, ε’’ = 0). Lorsqu’un claquage survient, le gaz s’ionise et devient
conducteur. La tension de claquage augmente au fur et à mesure que la distance entre les
électrodes augmente. Par contre, le champ de claquage lui diminue de 3 kV/mm pour un
champ uniforme sur de petites distances à 0,6 kV/mm pour des distances inter-électrodes
de quelques mètres. Pour de très grandes distances, comme les éclairs atmosphériques, le
champ de claquage n’est plus que de 0,1 kV/mm. Certains gaz ont des propriétés
diélectriques supérieures à celles de l’air, comme par exemple le gaz carbonique (CO2) et
l’hexafluorure de soufre (SF6). Le SF6 a des propriétés supérieures à celles de l’air et du
CO2, ayant un champ de rupture 2,5 fois supérieur à celui de l’air et du CO2 à la pression
atmosphérique. Cet avantage est encore plus marqué à plus haute pression.
Les liquides utilisés dans les équipements haute tension servent à la fois comme isolant et
comme dissipateur de chaleur. Ils ont aussi l’avantage de se régénérer si une rupture
survient. Les liquides hautement purifiés ont des tenues diélectriques qui peuvent
atteindre 100 kV/mm. Toutefois, cette valeur diminue rapidement lorsque des impuretés
sont présentes. Le facteur le plus important affectant la tenue diélectrique des huiles
minérales est la présence d’eau sous forme de fines gouttelettes en suspension. Par
exemple, la présence de 100 ppm d’eau dans l’huile réduit sa tenue diélectrique à 20 %
de la valeur de l’huile sec.
25
Rupture dans les solides
Les matériaux solides isolants sont toujours présents dans les structures haute tension. Ils
servent à la fois de supports mécaniques pour les pièces conductrices et de matériaux
isolants pour séparer ces pièces les unes des autres.
La rupture diélectrique des solides est un phénomène destructif qui modifie, de façon
irréversible, la structure du matériau. Comme pour les gaz et les liquides, la rupture
diélectrique des solides dépend d’un grand nombre de paramètre, comme la géométrie
des échantillons ainsi que la procédure d’application de la tension. Plusieurs normes et
standards définissent des procédures d’essai.
La valeur intrinsèque de la tenue diélectrique des solides est la plus haute qui soit et peut
en théorie atteindre les 1 000 kV/mm. En pratique, les valeurs réelles sont beaucoup plus
faibles. Le plus souvent, la rupture va survenir le long d’une surface, ou encore être
causée par l’érosion due à des décharges partielles dans des cavités gazeuses ou encore se
propager à partir d’un défaut dans une structure arborescente appelé arbre électrique.
Nous reviendrons sur ce sujet à la section suivante. La figure ci-dessus illustre la
propagation d’un arbre électrique dans le polyéthylène.
26
Exercices
* : Exercices difficiles
Rép. : 2.03
Rép : μ = 1,07 D
Rép. : μ = 0,8 D; cette équation n’est valable que pour les substances non-polaires ou
diluées.
Rép. : La présence d’un fort moment dipolaire permanent (μ = 1.85 D) explique cette
différence
7*- Démontrez l’équation 4.42 à partir de 4.30 (en utilisant 4.41). Indice : la mise en
court-circuit à t = tc peut être représentée par la superposition d’un échelon de
tension Uo avec un échelon de tension –Uo appliqué à partir de tc.
27
8 Quelle est la forme de la fonction de réponse f(t) correspondant aux courbes de la
figure 4.10?
ε + ε∞ ⎞ ⎛ε −ε∞ ⎞
2 2
⎛
⎜ ε '− s ⎟ + ε ' '2 = ⎜ s ⎟
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2 ⎠
28
c) On veut faire chauffer une tasse d’eau au four micro-onde. Si le four micro-
onde génère un champ électrique de 1 V/mm à une fréquence de 24,2 GHz,
combien de temps sera nécessaire pour amener l’eau de 20oC à 100oC? On
présume que l’échauffement est adiabatique (pas de pertes de chaleur par
conduction) et que les données du tableau ci-dessus s’appliquent. Pour un
échauffement adiabatique on a :
dT Q&
=
dt mC p
où Cp = 4.18 kJ/(kg.K).
d) Si le volume d’eau est de 200 mL, quelle puissance doit fournir le four?
100
permittivité réelle
permittivité imaginaire
Debye réel
Debye imaginaire
Permittivité
10
1
0.1 1 10 100 1000 10000
Fréquence (GHz)
12- Quelle est la puissance dissipée par unité de volume pour un diélectrique de
permittivité égale à 4 et de facteur de dissipation (tgδ) égal à 0,001 si E = 1 kV/m
et f = 10 MHz?
29
13- Voici quelques valeurs numériques de la figure 4.14:
1 23.9
2 25.0
3 25.9
4 26.2
5 27.0
6 27.5
7 27.6
8 27.7
9 27.9
10 28.2
30
a) Pourquoi effectue-t-on les tests dans un bain d’huile diélectrique?
b) Quelle est la valeur moyenne du champ de rupture de ce matériau?
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Références
[1] J.L. Parpal, “Les câbles souterrains haute tension à isolation synthétique installé
par Électricité de France : homologation et spécification technique », Rapport
IREQ, 1989.
[3] E.A. Boulter, G.C. Stone, “Historical Development of Rotor and Stator Windings
Insulation Materials and Systems”, IEEE Mag. on Electric Ins., Vol 20, No. 3, pp.
25-39, 2004.
[5] G.G. Raju, Dielectrics in Electric Fields, Marcel Dekker Inc., 2003.
[6] A.K. Jonscher, Dielectric Relaxation in Solids, Chelsea Dielectrics Press, 1984.
[7] R. Bartnikas ed, Engineering Dielectrics, Vol II-A, ASTM special technical
publication 783, 1983.
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