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Médiathèque Michel-Crépeau
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TRIOMPHE
DU
THOMISME,
ParÉloges
les & les Approba-
tions des Souverains Pontifes
dans ce dernier siécle.
A AVIGNON,
Chez JOSEPH GIROUD, Imprimeur de
Sa Sainteté.
M. DCC. LXII.
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TRIOMPHE
DU
THOMISME,
Par les Éloges & les Approbations des Souverains
Pontifes dans ce dernier siécle.
Clément XI. Clément XI, dans fes lettres du 27 août 1718, se plaint que
1718. ceux qui ne vouloient point recevoir la Constitutian Unigenitus,
5
qu'il avoit publiée le 8 septemhre 1713, assuroient hardiment
que ce qui les en empêchoit, c'est qu'ils soupçonnoient qu'elle
condamnoit des opinions exemptes jusqu'ici de toute censure, &
enfeignées par les plus célébrés Ecoles Catholiques : qubd fuf
picentur per illam damnari sententias atque doctrinas quas infignes
Catholicorum Scholœ absque ullâ censurâ hactenùs tenuerunt ac
tradiderunt.
Quand on voudroit l'ignorer, Benoît XIII. & Clement XII. preces Let. Demissas
: Bulle Pre-
persuaderont bientôt que la Doctrine, que l'on confondoit avec les tiosus ; Bref A-
postolicœ Provi-
erreurs proscrites, étoit celle de ceux qui, se déclarant Disciples demiœ, ci-après.
de S. Augustin & de S. Thomas , soutenoient la Grace efficace
par elle-même ; la Prédestination gratuite à la gloire, &c. Tout
l'Univers a retenti du cri de Jansenisme contre ces opinions ;
Benoît XIV. l'attelle dans son Bref au fujet de Noris, ci-après.
Clement XI , qui sçavoit mieux que tout autre le fens de
fon Décret, allure dans les fufdites Lettres, que cette imputation
est calomnieuse , & l'effet de la malice de ceux qui aiment mieux
les ténébres que la lumiere : In hoc ipso prœpostero judicio consue-
tum calumniandi morem non derelinquunt. . . . Excœcat eos mali-
tia , diligunt magis tenebras quàm lucem. Il parle enfuite ainsi
des Calomniateurs :
Ignorare non deberent fenten- Ils ne devroient pas ignorer
tias illas ac doctrinas , quas ipsi qu'on enseigne & on sondentpubli- Rome On enseigne à
, sous les
cum erroribus per Nos damnatis quement & sous nos yeux dans les yeux du Pape ,
la Constitu-
confundunt, palàm & liberè in Ecoles Catholiques la Doctrine après tion , les mêmes
Catholicis scholis, etiam post edi- & les opinions qu'ils confondent ravant
opinions qu'aupa-
, les opi-
tam à Nobis Constitutionem ,sub avec les erreurs proscrites , même nions même ca-
lomniées»
oculis nostris doceri atque defendi, depuis la publication de notre
illasque proptereà minimè fuisse Constitution, & par conséquent
proscriptas• ces opinions ne sont pas condam-
nées.
Le Thomiste , après cette Déclaration authentique, paroissoit
devoir jouir en paix de la liberté des Ecoles fous la protection
du S. Siége, appuyée dans la fuite de l'autorité du Roi Très- feilArrêt du Con-
du 29 avril
Chrétien en France ; les Edits multipliés, les Arrêts du Conseil 1752 qui renou-
velle les
& ceux des Parlemens, renouvellés dans ces derniers tems , fai- tions du Déclara- Roi de
1720 &1730, &c.
fant expresse défenfe , au fujet de la susdite Conflitution , de s'atta- Arrêt du Parle-
quer & provoquer par des termes injurieux de Novateurs, Héréti- ment de Paris du
18 avril 1752.
ques , Schismatiques , Janfenifles , Semi-Pélagiens, &c.
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Rome néanmoins s'est vue obligée d'élever avec plus de force
sa voix, & de s'expliquer plus clairement pour venger & faire
respecter l'Ecole de S. Thomas. Elle va désigner les principaux
sentimens qui la caractérisent -, elle nous apprendra quels sont les
vrais Disciples de ce Saint Docteur, afin qu'on ne puisse s'y
tromper. Les successeurs de Clement XI. nous diront que la ca-
lomnie , dont il se plaignoit, est injurieuse aux Freres Prêcheurs
& autres vrais Thomistes ; attaque S. Augustin & S. Thomas ,
& insulte même à l'autorité du S. Siège.
Benoît XIII.
Dans une Lettre adressée aux Dominicains, en forme de Bref,
1724. du 6 novembre 1724, qui commence par ces mots : Demissas
preces : Benoît XIII, après s'être fait gloire du respect filial dont
il faisoit profession depuis long-tems pour l'Ordre des Freres Prê-
La calomnie qui cheurs : Nostra quam dudùm professi sumus erga Ordinem Prœdi-
confond la Doctri-
ne des Thomistes catorum observantia fdialis : répond au Général dudit Ordre en
avec les erreurs
proscrites , atta- le louant de fa sensibilité à Youtrage que font à la Doctrine de
que la Doctrine S. Augujlin & de S. Thomas ceux qui ofent la confondre avec
même de S. Au-
gustin & de S. les erreurs profcrites : Erroribus rejectis damnatisque, Augustinia-
Thomas avec l'au-
thorité du S. Sié- nœ & Angelicœ doctrinœ nomen obtendi : pour faire voir que la
ge ; en flétrissant
la réputation &
Doctrine des Freres Prêcheurs & autres vrais Thomifles efl celle
les principaux de ces deux Ss. Docteurs , il ajoute que les calomniateurs pren-
fentimens des Do-
minicains, vrais nent de là occafion de donner atteinte à l' autorité du S. Siege &
Difciples de S.
Thomas. à la réputation des Dominicains , en foutenant calomnieusement
que les cenfures tombent fur les principaux fentimens de leur
Ecole. Votre douleur efl juste, dit-il aux Freres Prêcheurs, &
prouve que vous êtes les vrais Difciples de S. Thomas: Indèque
audere nullos Apostolicœ authoritati ac vestrœ. existimationi detra-
here, quòd ipfa vestrarum sententiarum CAPITA inusta esse ca-
lumnientur. .. Vos GERMANOS S. Thomœ Discipulos maxi-
me probastis.
Il les félicite ensuite de ce que, dans cette occafion , comme
dans toutes les autres, leurs intérêts n'ont pu être féparés de
ceux ' du S. Siége : Gratulamur , quòd hac etiam in parte caufa
vestra ab hujus sanctœ Sedis rationibus sejuncta esse non potuerit.
Enfin, après les avoir rassuré contre l'indocilité de ceux qui at-
Le Souverain
Pontife nomme taquent leur Doctrine qui efl celle de S. Thomas : Eadem conte-
indifféremment la tionis
Doctrine des Fre-
pervicaciœque licentia Angelicam. Doctrinam attentare non
res Prêcheurs, ou dubitaverit : il commence à faire, avec fes prédécesseurs , l'éloge
la Doctrine An-
gélique, du Docteur Angélique, en difant qu'il a refuté toutes les hérésies.
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Quandoquidem Omnipoten- Par un effet singulier de la
tis Dei P rovidentiâ faclum efi Providence du Tout-Puissant,
( 1 ) ut Angelici Doctoris vi ac la solidité & la vérité des senti-
veritate doctrince , non solùm in- mens du Docteur Angélique
numerœ, quœ vel ipsius œtate , ont confondus & dissipés, non-
vel anteà grassatœ sunt, sed mlu- feulement les hérésies fans nom-
tez etiam quœ deinceps exortœ bre qui avoient paru avant fa
funt hœreses confusœ & convictœ naiffance , ou qui subsistoient
dissiparentur. encore de fon tems, mais même
celles qui ont paru depuis fa
mort.
Magno igitur animo contemni- Méprifez donc généreusement,
te , dilecti filii, CALUMNIAS Nos chers fils , toutes les calom- Opinions ca-
lomniées qui sont
intentas fententiis vefiris , de nies qu'on a voulu répandre con- les principaux
sentimens des FF.
GRATIA PRÆSERTIM tre vos sentimens, & surtout con- Prêcheurs & les
PER SE ET AB INTRIN- tre la Doctrine de la GRACE principaux carac-
tères du vrai Tho-
SECO EFFICACI, AC DE EFFICACE PAR ELLE-MÊ- misme. On ne
doit avoir que
GRATUITA PRÆDESTI- ME ET DE SA NATURE, ET du mépris pour
cette calomnie.
NATIONEAD GLORIA AI DE LA PREDESTINATION
SINE ULLA PRÆVISIO- GRATUITE A LA GLOIRE
NE MERITORUM , quas SANS AUCUNE PREVISION
Sans distinction
laudabiliter HACTENUS do- DES MERITES : sentimensque d'anciens & de
nouveaux Tho-
cuistis , & quas ab ipsis Ss. Doc- vous vous êtes toujours fait hon- mistes , l'Ecole
(1) S. Pie V. dans fa Bulle Mirabilis .Deus, 11 Avril 1567. s'exprime ainfi au S. Pie V.
sujet de la Doctrine de S. Thomas.
CERTISSIMA Christianœ REGULA La Dodrine de S. Thomas eft la Regle
Doctrinœ quâ S. Doclor Apostolicam Ec- très - Jure de la vérité chrétienne , par
clesiam infinitis confutatis erroribus illus- laquelle ce S. Dodeur a éclairé l'Eglife ,
stravit en détruisant une infinité d'héréfies. Au Concile de
Sed quoniam omnipotentis Dei provi- Par un effet de la Providence de Dieu Trente, la Som-
dentiâ factum est , ut Angelici Doctoris vi Tout-puissant, plufieurs héréfies qui fe me de S. Thomas
veritate doctrinœ, ex eo tempore quo font élevées depuis la mort de ce S. Doc- étoit sur une mê-
me table à côté
cœlestibus civibus adscriptus fuit, multœ teur, ont été confondues & dissipées par de la Sainte Bible,
quœ deinceps exortœ sunt hœreses, confusœ la force & la vérité de fa Dodrine ; ce pour regler les
& convictœ dissiparentur, quod & anteà qu'on a vu fouvent par le paffé & de- décisions ; & il ne
fe décidoit rien
sœpè, & liquidò nuper in sacris Concilii puis peu dans les décrets du Concile de qui ne fût confor-
Tridentini decretis apparuit , ejufdem me- Trente. Nous ordonnons que la fête de ce me à sa Doctrine.
moriam .... colendam statuimus . . . S. Dodeur foit célébrée à l'avenir de la
S. Thomas au
quemadmodum quatuor Ecclesiœ Docto- même maniere qu'on célébre les fêtes des rang des quatre
rum festivitates. quatre Ss. Dodeurs de l'Eglife. grands Docteurs.
Scriptoris Angelici Doclrina Salvatoris La Dodrine du Dodeur Angelique , se-
crucifixi ore, sicut piè testatur historia , mi- lon le pieux Auteur de fa vie , a été mi-
rabiliter probata fuit. raculeusement approuvée par la bouche Sa Doctrine ap-
prouvée par J. C.
de J. C. attaché à la Croix. crucifié.
8
des FF.Prêcheurs neur d'enseigner, & que votre toribus Augustino & Thomâ Je
a toujours ensei-
gné ( hactenùs , Ecole, par un zèle digne de louan- hausisse , & VERBO DEI ,
jusqu'ici ) cette
Doctrine qui est ge , seglorifie d'avoir puifé dans summorumque Pontificum &
celle de S. Au-
gustin & de Saint
les Ecrits des Ss. Docteurs Au- Conciliorum decretis , & Patrum
Thomas , dont gustin & Thomas , & de soutenir diclis consonas esse schola vestra.
l'Antiquité re-
monte jusqu'à comme conformes à la PARO- commendabili studio gloriatur.
l'Ecriture Sainte,
ou la parole de
LE DE DIEU , aux décrets des Souverains Pontifes, & au lan-
Dieu, gage des Peres.
Puisqu'il est donc confiant à Cúm igitur bonis & rectis cor-
tous les gens de bien, & qui ont le de satis constet, ipsique calumnia-
Il ne faut que
de la droiture
cœur droit, que les sentimens très- tores , nisi dolum loqui velint ,
pour ne pas ca- sûrs & inébranlables de S. Augus- fatis perspiciant, Ss. Augustini
lomnier les dog-
mes de S. Augus- tin & de S. Thomas , n'ont reçu & Thomæ ( 2) inconcussa tu-
tin & de S. Tho-
mas , qui sont aucune atteinte par les censures tissimaque dogmata nullis pror-
ceux de l'Ecole
Thomistique, se-
portées dans la Constitution, & sùs Constitutionis cenfuris esse
lon ce Souverain que les calomniateurs même perstricta , ne quis in posterùm eo
Pontife.
sont forcés de le reconnoître, à nomine calumnias Jlruere , &
moins qu'ils ne veuillent parler dissentiones ferere audeat SUB
autrement qu'ils ne penfent : CANONICIS PŒNIS dis-
Nous défendons très-étroitement trictè inhibemus.
Anathème con-
tre les calomnia-
SOUS LES PEINES CANONIQUES, à toute forte de person-
teurs. nes, d'oser à l'avenir fous ce prétexte inventer des calomnies
& semer des divisions.
Le Pape ex-
horte les FF.Prê-
Continuez donc & ne cessez Pergite porrò Doctoris vestri
cheurs à conti- jamais de vous appliquer à l' étu- opera sole clariora, fine ullo
nuer d'enseigner,
comme ils ont de des ouvrages de votre Doc- prorsùs ( 3 ) errore conscripta ,
Alexandre VII. (2) Alexandre VII. dans fon Bref, Litteras, aux Docteurs de Louvain, le 7 Août
1660, les exhorte à suivre toujours une saine & orthodoxe Dodrine , & les sentimens
inébranlables & très-sur s des Docteurs de l'Eglise, S. Augustin & S. Thomas : prœ-
ciarissimorum Ecclesiœ Catholicœ Doclorum Augustini & Thomœ Aquinatis INCON-
ÇUSS A TUTISSIMAQUE DOGMATA.
Clement VIII (3) Clement VIII. dans son Bref, Sicut Angeli, du 22 Novembre 1603.
Une preuve éclatante de l'admirable Admirabilis Doctrinœ D. Thomas testis
Doctrine de S. Thomas, est le nombre est ingens librorum numerus, quos ille bre-
immense de livres qu'il a composé sur vissimo temporein omni disciplinarum ge-
presque toute sorte de matieres, en très néré singulari ordine , ac mirâ perspicui-
peu de tems, avec un ordre singulier , tate SINE ULLO PRORSUS ER RORE
& une clarté admirable, sans aucune er- conscripsit, in quibus conscribendis inter-
reur. En les composant les Apôtres S. dùm SS. Apostolos Petrum & Paulum col-
Pierre & S. Paul lui ont quelquefois ap- loquentes, locosque illi quosdam, Dei jussu ,
paru , & lui ont expliqué par l'ordre de enarrantes habuit ; & quos deindè cons-
Dieu des endroits difficiles; & ensuite il scriptos, expressâ Christi Domini voce,
a entendu la voix distincte de Notre Sei- comprobalos audivit.
gneur J. C. qui les approuvoit.
quibus
9
quibus Ecclesiam Dei mirâ eru- teur, sans craindre de faire un toujours fait, la
lumineuse Doc-'
ditione clarificavit ( 4 ) inossen- faux pas , puisqu'ils font exempts trine & l'incorru-
so pede decurrere ; ac per certis- de toute forte d'erreur, & que , ptible & très-pu-
re Morale de S.
simam illam ( 5 ) Christianæ plus brillans que le soleil , ils ré- Thomas leur Do-
cteur & leur Maî-
Doctrinæ regulam S acro-sanctœ pandent dans l'Eglise de J. C. les tre ; & à la ven-
de ses enne-
Religionis veritatem , incorrup- vives lumieres d'une érudition ad- germis,, c'est- à-dire,
tseque disciplinœ sanclitatem tue- mirable. Soutenez & vengez de tous ceux qui la
calomnient.
ri , ac vindicare. constamment cette regle très-su-
re de la Doctrine Chrétienne qui renferme les vérités faintes de la
Religion , & la pureté de la faine Morale.
Hœc sunt , dilecti filii , quœ. Voila, nos chers fils , ce que
prœdecessores nostri de sancti Tho- nos prédécesseurs ont penfé de la Il ne fait que
répéterce que ses
mœ doctrina senserunt & prœdica- Doctrine de S. Thomas & ce prédecesseurs ont
runt y quœque nos non modò ob qu'ils en ont publié : Nous ap- pensé de la Doc-
trine dont il par-
curarum vestrarum lenimentum , plaudissons avec plaisir à leurs le , & il confirme
les éloges
fed ad animi quoque nostri sola- expressions ;& Nous les relevons en ont fait. qu'ils
tium libentissimè usurpamus , & par les éloges de notre voix Apos-
prœconio Apostolicœ vocis efferi- tolique , non - seulement pour
mus. adoucir vos peines, mais aussi
pour notre propre consolation.
Inclytus enim ordo iste, cui Car c'est cet Ordre célébre C'est chez les
Freres Prêcheurs
nomen dedimus , & quem expre- ( des Prêcheurs ) que Nous a- qu'il est devenu
, c'est-
sè, Domino miserante , professi vons embrassé, & dans lequel, Thomiste à-dire, qu'il a ap-
fumus , eodem Anpelicœ doc- par la miséricorde de Dieu Nous pris la même Doc-
trine , & les mé-
trinœ lacte nos a luit ; ac li- avons fait profession , qui Nous mes vérités sur la
Grâce & la Pré-
cèt impari intsitutionis fructu a nourris du même lait de la Doc- destination , dont
ad gerendam Ecclesiarum solli- trine Angélique ; & , quoique il a parlé.
citudinem eduxit ; ut privato Nous n'ayons pas recueilli tout
etiam diuturnoque colendarum le fruit de l'éducation que Nous
artium experimento ediscere po- y avons reçue , elle Nous a ce-
tuerimus , quod ex Apostolatûs pendant mis en état de Nous
speculâ per hasce litteras annun- charger du Gouvernement de L'étude parti-
ciamus. toute l'Eglise, & elle a fait que rience
culiere & l'expé-
lui ont fait
par une étude particuliere, Nous nous sommes remplis de ces mê- découvrir cesDoc- vé-
rités dans la
mes vérités que par ces préfentes Nous vous annonçons de la trine Angélique
de S. Thomas.
sublimité de la chaire Apoftolique.
(4) Ces expressions sont dans l'oraison ou collecte du jour de la fête de S. Thomas.
le an XXII. (8) Jean XXII. outre fa Constitution, que nous avons citée ci-dessus, n. 6. avoit
déja dit en 1323 , au rapport de Gerfon, que S. Thomas avoit fait autant de mi-
racles, qu'il avoit décidé de questions : tot secit miracula, quot fecit articulos , 8c
Bollandus rapporte encore que le même Souverain Pontife assuroit que fa Doctrine
étoit véritablement miraculeuse : Doctrinâ ejus non potuit esse fine miraculo : qu'il
avoit répandu plus de lumiere dans l'Eglise, que tous les autres Docteurs, 8c qu'on
faifoit plus de progrès dans une année d'étude de fes ouvrages , que dans tout le
cours de la vie par la lecture des autres auteurs : Ipse S. Thomas plut illuminavit
Ecclesiam quàm omnes alii Doctores, in cujus libris plus profilât homo uno anno ,
quàm in aliorum doctrinâ, toto tempore vitre suœ
Clement VI. 8c Urbain V. ont été cités ci-dessus, n. 6.
Nicolas V. Nicolas V. dans un Bref adressé en 1451 aux FF. Prêcheurs de Toulouse , repéte
les expressions d'Urbain V. en disant que la Doctrine de Saint Thomas a éclairé
PEglife Universelle : ex cujus doclrinâ tota universalis illuminatur Ecclefia.
Pie IV. Pie IV. dans fa Bulle Salvatoris, à l'Université de Salamanque 1564 , souhaite
que les peuples fe portent avec toujours plus de zéle à étudier 8c à fuivre la doc-
trine de S. Thomas : ad assequendam doclrinam avidiùs accendantur. Il n'est prefque
perfonne, dit-il, qui ignore combien précieux font les fruits, que l'Eglife de Dieu
a retirés , 8c qu'elle retire encore tous les jours de la Doctrine céleste d'un fi grand
Docteur : Ex tanti Doctoris sacrâ doclrinâ quanti fruclus Ecclesiœ pervenerint , &
quotidie perveniant, nullus est ferè qui nesciat.
S. Pie V. ci-dessus, n. 1. Sixte V. n.6. Clement VIII. n. 3. & 6. Paul V. n. 6.
Alexandres VII. Alexandre VII. outre fon Bref cité ci-dessus, n. 6. avoit déja donné des preuves
de fon zèle pour la faine Doctrine de S. Thomas, 8c il étoit fi perfuadé qu'elle étoit
Il confie aux
enfeignée par les FF. Prêcheurs, qu'il voulut fe fervir d'eux pour-combattre la Mo-
Freres Prêcheurs rale relâchée dont il avoit condamné plusieurs propositions ; dans cette vue, par un
le soin de com- Bref qu'il adressa à leur Chapitre général assemblé à Rome au mois de Juin 1656. il
battre la Morale leur ordonna de composer des Traités de Morale selon les strictes, ou plus severes,
relâchée.
8c toujours sûrs principes de la Doctrine de S. Thomas ; ex SEVERIORI ET TUT A
S. Thomœ Doctrina.
19
ore approbantes , in sacris Ec- Dieu , ce Docteur possédoit le rains Pontifes.
Clement XII. en
clesiœ fastis juxtà ac magnos trésor de La fcience & de la Doc- cite 13 avant lui,
& met du nombre
Ecclesiœ Doctores Gregorium , trine. Les autres Pontifes Ro- Benoît XIII. dont
Ambrosium , Augustinum & Hie- mains , qui lui ont fuccédé , ont il renouvelle 1er
Bref demissas pre-
ronymum, Thomam quoque , ut suivi fes traces. Tels font Jean ces & la Bulle
Pretiosus, quant
vitœ. probitate & sanctioris Theo- XXII. Clement VI. Urbain V. au point de doc-
logiœ scientiâ venerabilem , mirâ-- Nicolas V. Pie IV. & le Bien- trine , puisque ce
dernier Pape n'a
que eruditione Ecclesiam Dei cla- heureux Pie V. Sixte V. Clement donné aucun au-
tre monument
rificantem , ac fanââ operatione VIII. Paul V. Alexandre VII. en faveur de
Saint Thomas &
fœcundantem, coli voluerunt. Innocent XII. & Benoît XIII. de son Ecole.
qui tous unanimement ont donné à S. Thomas la même appro- S. Thomas au
rang des 4 grands
bation, & ont ordonné qu'on le mît dans les facrés faites de l'E- Docteurs de l'E-
glife, au rang de fes grands Docteurs, Gregoire, Ambroise , glise , parce qu'il
enseigne la plus
Augustin & Jerôme, comme étant recommandables par la saine doctrine.
la paix
le Seigneur a commandé d'ai- !tretenir
avec la vérité.
mer avec la vérité (9).
,
Ex his quœ fuse tibi , venera-
bilis F rater expofuimus , colli-
gere poteris Baianismi aut Jan-
De ce long détail, que nous
venons de faire , vous pouvez
conclure , vénérable Frere ,
fenifmi notam Norisio unposi- que l'accufation de Baïanifme
tam novam non effe , eam re- Se de Janfenifme contre Noris
pentis folemnibus R omanis ju- n'est pas nouvelle , Se qu'elle a Il y a long-tems
diciis suisse penitùs eliminatam, été pleinement dissipée par plu- que la calomnie
attaque les Tho-
nec licuiffe Hifpance Inquisitioni sieurs jugemens folemnels ren- mistes , rientai- ne
peut la faire
eam iterùm in controversiam vo- dus à Rome ; qu'ainsi il n'étoit re. Belle leçon
pour les gens
care. a a & a a a pas permis à l'Inquisition d'Es- trop crédules.
pagne de renouveller une pareil-
le accusation.. . Sec...
Tu scis in celeberrimis quœstio- Vous sçavez qu'il y a diffé-
nibus de Prcedestinatione & Gra- rentes opinions dans les Ecoles
tiâ, & de modo conciliandi hu- touchant les célébres queftions
manam libertatem cum omnipo- de la Prédestination & de la Gra-
tentia Dei, multiplices efje in ce , Se sur la maniere d'accorder
Scholis opiniones. la liberté de l'homme avec la Tou-
te-Puissance de Dieu.
THOMISTÆ traducunturut On reproche aux Thomifles On a vu ci-des-
destructores humanœ libertatis , sus que ce repro-
de détruire la liberté humaine , che est déclaré
& uti sectatores nedum Jansenü, Se de fuivre la doctrine de Jan- calomnieux.
même Clément
C'est
fed Calvini : fed cum ipsis objec- senius, Se même de Calvin. XI. qui le dit le
tis APPRIMÈ satisfaciant ,
premier.
Mais comme ils satisfont parfai- Il est à remar-
nec eorum sententia fuerit un- tement aux objections, Se que quer que les Tho-
mistes réfutent
quam à Sede Apostolicâ reproba- le S. Siége n'a jamais improuvé parfaitement
calomnie , & ce-
la
prouve.
DECRET de la Sacrée Congrégation , du 20 septem-
bre 1749 , au fujet de la Bibliothéque Janseniste. 1749.
(10) Au sujet du rapport des actions à Dieu, voici ce qu'en avoient déjà dit cent
Evêques de France dans le Corps de Doctrine, où les Explications de 1720. A. 4,
en parlant de la Charité: l'obligation de rapporter à Dieu toutes les actions, renfer-
mée dans le premier Précepte ( qui est ; celui de la Charité ) fait partie du culte que
nous devons au Souverain. Etre, & de la gloire que nous sommes obliges de lui
rendre. La Doctrine, qui enseigne cette obligation , a de trop grands fondemens dans
l'Ecriture & la Tradition, pour souffrir que des Auteurs téméraires osent la com-
battre, ou qu'ils renouvellent différentes Propositions, condamnées par les Papes
* Propositions Alexandre VII Innocent XI. & par le Clergé de France assemblé en 1700. * comme
16. 17. 18. 19. 20 autant d'erreurs qui renversent le premier & le plus grand des Commandemens ,
& 21. & qui éteignent l'esprit de la loi Evangélique,
31
conjungendo : quas opiniones , même amour de charité dans le
cùm nunquam Sedes Apostolica Sacrement de Pénitence avec une
reprobarity certumque sit ab omni attrition surnaturelle. Ces opi-
distare periculo , magna insolen- nions n'ayant jamais été condam-
tia est privatum audere notare , nées par le Siège Apostolique ,
& Hœreticis , qui defendunt , & d'ailleurs étant constamment
accensere, multò major , quod à l'abri de tout danger, qu'elle
Romani Pontifices , id ne fieret, insolence n'est-ce pas à un parti-
vetarunt. culier d'oser les censurer , & de
mettre au nombre des Héréti-
ques ceux qui les foutiennent, furtout les Souverains Pontifes
l'ayant défendu ?
Le R. P. Ricchini, qui a avoué cette Lettre, la finit en priant
le Seigneur que du moins tous les Catholiques se foumettent à
l'autorité du Saint Siége, que tous reçoivent fies décrets avec
* Il cite les ex-
respect , & surtout les Ecrivains * qui publient hautement qu'ils pressions de l'Au-
ont une obéissance aveugle pour tout ce qui vient de Rome. teur qu'il refute.
(11) Les Souverains Pontises Innocent X. Innocent XI. Alexandre VIII. ont sou-
vent donné des Lettres Apostoliques, pour établir dans l'Europe & dans l'Améri-
que des Universités, ou de nouvelles Chaires de Théologie, 6c pour y faire en-
seigner la Doctrine de Saint Thomas.
35
audivit VULGATAM adeò d'étonnement ; Se elle n'a pu en-
apud Doctores Catholicos DOC- tendre fans douleur , qu'une
TRINAM, qualis est Præde- doctrine aufli célébre que l'est par-
terminationis physicas senten- mi les Docteurs Catholiques le
tia , his deturpari notis , quibus fentiment de la Prédetermination
acerbiores vix ullœ contra Mani- physique, fut flétrie par des qua-
chœos & Calvinistas adhiberi lifications fi odieuses, qu'à pei-
possent. ne en pourroit-on employer de
plus dures, s'il s'agissoit de ca-
ractérifer les erreurs des Mani-
chéens & des Calvinistes.
Quapropter censuit sacra Fa- C'est pourquoi la Sacrée Fa-
cultas, hanc Thesim temerè culté a jugé que cette assertion
prorsùs appositam suisse ; floren- a été fort témérairement avancée ;
tissimæ in Ecclesiâ scholæ inju- qu'elle blesse contre toute justice
riam inferre iniquiflimam ; Pon- les droits d 'une Ecole très-célébre
tificüs ac Regüs sianctionibus de dans l'Eglise ; & qu'elle emporte
pace in scholis Catholicis ser- une grave désobéissance aux Condamner les
sentimens des
vandâ , fugiendisque censuris ac loix de l'Eglise & de l'Etat, qui Thomistes , c'est
désobéir aux Loix
convicüs, quibus ossendi utrinque ont pour objet de maintenir la de l'Eglise & de
l'Etat.
possent, plurimùm adversari. paix dans les Ecoles Catholi-
ques , Se d'empêcher qu'elles ne
s'ossensent mutuellement par des cenfures Se des qualifications in-
jurieuses.
Un seul Docteur fit des reproches de cette censure au Doyen :
celui-ci la fit préfenter au Souverain Pontife , qui envoya la ré-
ponfe suivante:
EXTRAIT du Bref, A fielicis recordationis , de Benoît XIV.
du 16 mai 1753, au Doyen Se autres Profefleurs de la Faculté *7523
de Théologie de Touloufe.
Après avoir rapporté la défenfe faite par Clement XII. Se an-
técédemment par Paul V. Se ses autres prédécesseurs de s'inju-
rier dans les Ecoles : voici ce qu'il dit au fujet de la fufdite cen-
fure:
Nemo est qui non videat sa- Il n'est : personne qui ne voie Le Pape ne se
contente pas de
crœ vestrœ Theologicœ Facultatis que votre Sacrée Faculté a fait louer la justice de
ceux qui pren-
SAPIENTIAM , SANAM paroître SA SAGESSE, LA nent parti pour la
DOCTRINAM atque JUS- PURETÉ DE SA DOCTRI- prédetermination
Physique, il assure
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qu'il font éclater NE, ET SA JUSTICE, lors- TITIAM, dum die 8 augusti
leur sagesse & la
pureté de leur qu'elle a délibéré le 8 août 1752 anni 1752 proscribendam cen-
Doctrine.
de proscrire une These conçue en suit Thesim sequentibus verbis
ces termes: La Prédétermination conceptam : Prædeterminatio
physique, &c. comme ci-dessus. physica, &c. ut suprà.
(12) Monsieur Bossuer, cet Oracle de l'Eglise de France, dans son Traité du
libre Arbitre composé pour l'instrustion de Monseigneur le Dauphin, Aïeul de
Sa Majesté, Chap. 8. prouve que la Prémotion & Prédetermination Physique est
l'unique moyen qui sauve parfaitement notre liberté & notre dépendance de Dieu.
Ceux auxquels de puissantes Authorités n'ont pu faire avouer que Noris n'étoit
pas Janseniste , se laisseront-ils persuader présentement que S. Thomas est Tho-
mille en admettant la Prémotion ou Prédetermination Phisique ? On ne prétend point
faire ici une dissertation, on renvoyé aux Auteurs multipliés qui ont poussé la dé-
monstration jusqu'à l'évidence en ce point, & qui ont fait voir que Eannès n'étoit
pas l'Auteur de ce sentiment. Celui qui n'a pas lu S. Thomas, doit se taire. Mais
on demandera à celui qui se vantera de l'avoir étudié, pourquoi il ne parle pas
comme ce S. Docteur ? Craint-il d'être appellé Janseniste ? Mais Jansénius est d'ac-
cord avec ceux qui raillent la Prédétermination Physique. N'est-il pas étonnant en
effet que certains Théologiens veuillent passer pour Thomistes, & qu'ils n'osent
cependant exposer leurs opinions par les propres termes de S. Thomas, dont on
va rapporter quelques expressions !
Dieu, dit le Docteur Angélique , est cause de Vaction de la créature agissante,
On ne met point
les citations. Ceux
parce qu'il influe l'Agir. Comme cause 1re. il donne à la cause 2e. qu'elle influe
qui ont étudié S. sur son effet. Dieu est la cause de ce qu'on appelle agir, comme la motion de celui
Thomas les sça- qui met en mouvement une chose mobile , est cause de ce mouvement : or, cette
vent , & le Tho- motion précédé comme cause ( Physique ) par une priorité de raison, ledit mouve-
miste les appren-
dra à ceux qui les
ment Dieu opere ( non-seulement dans l'Acie ou l'effet, non-seulement avec la na-
ignorent On peut ture & la volonté ) mais dans la nature même Se dans la volonté lorsqu'elles
voir Lemos , Pa- agissent ; de sorte que l'influence de la cause 1re. se communique à la cause 2e. au-
cop. 1. 3. p. 1. paravant de parvenir jusqu'à l'effet que produit cette cause qui agit par la vertu
Tr. 1 c.6. &c. Tr.
2. c. 18. &c. 1. 4.
de la cause ire. laquelle vertu joint la cause 2e. à son effet, & agit plus fortement
p. 2. Tr. 4. c. 30. & même antécédemrnent ( priàs & vehementiùs ) sur l'effet. Dieu remue la volonté
&c. Massoulié immutable ment à cause de l'efficacité de sa vertu qui ne peut manquer ; ( S. Augustin
diss. I. q. 2. A. dit, que la volonté est agitée insuperablement & indéclinablernent : indeclinnbiliter &
3. &c. insuperabiliter ageretur ). Dieu , dit toujours S. Thomas, connoît nos volontés parce
Prémotion Phy-
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EXTRAIT du Discours de Benoît XIV. prononcé dans
l'Assemblée générale de l'Ordre des Freres Prêcheurs tenue à
Rome le 3 juillet 1756, pour l'élection d'un Général.
Quod si fortè reliqua familiœ S'il nous étoit possible d'ou- 1756.
vestrœ ornamenta & in Eccle- blier quelqu'un de ces grands
siam CathoLicam promerita ex hommes qui ont illustré votre
animo nostro excidere unquàm Ordre , ou les services impor-
potuissent, hoc tamen prositemur tans qu'ils ont rendus à l'Eglise, On ne donne
ce trait
nullo unquàm tempore evenire po- oublierions-nous jamais ce chef cours duduPape Dis-
,
tuisse ut è memoriâ nostrà dilabe- des Théologiens , cet Ange de présence
qui honoroit de sa
ce Cha-
retur Theologorum princeps , l'Ecole, ce Docteur de l'Eglise, pitre général en
y présidant, que
scholarum Angelus 5 Ecclesiœ ce principal ornement de votre pour faire voir
ce qu'il
Doctor, prœclarum Ordinis ves- Ordre , SAINT THOMAS derechef pensoit de Saint
tri sidus, S. THOMAS D'AQUIN ? Perfonne n'ignore Thomas, & com-
bien il se faisoit
AQUINAS , cujus doctrinœ le grand nombre de Papes qui gloire d'être Tho-
miste.
complures Romani Pontifices de concert ont célébré fa doc-
qu'il est en nous la cause de notre vouloir. Il est cause de toute action, en appliquant sique n'est autre
la vertu d'agir à l'action. Enfin, Dieu prédétermine ( car ce mot se trouve neuf ou chose qu'une mo-
tion qui est la cau-
dix fois dans les Ouvrages de S. Thomas) par sa volonté comme cause ( sans se Physique d'une
doute Physique ) de toutes choses , jusqu'à la maniéré ( c'est-à-dire, le mode libre action , ou d'un
ou nécessaire ) donc elles sont produites. mouvement.
Ce sont là, sans parler d'une infinité d'autres, les expressions dont il faut se Une cause Phy-
servir quand on veut se faire gloire de suivre S. Thomas. Lorsqu'on parleroit de sique qui agit ,
le fait physique-
la forte , le Thomiste seroit prêt de céder le nom pour la chose, puisque de l'aveu ment ; si elle pré-
même de quelques Dominicains on peut soutenir l'essence du Thomisme en ne détermine , agis-
regardant l'expssion de prémotion ou prédétermination Physique, que comme on sant comme cau-
fait les questions de nom ou purement philosophiques : néanmoins après un peu d'at- se , c'est physique-
ment.
tention on sera bien-tôt rangé du côté des Prédéterminans, avec le Thomiste aussi
bon Philosophe que Théologien, & suivanc le fil des principes du Docteur An-
gélique , on sera forcé d'avouer que la prédétermination Thomistique ne nuit point à
ta liberté & ne fait point Dieu Auteur du péché : & c'est cette Doctrine dont les Pa-
pes sont l'éloge & qu'ils ont approuvée dans les Thomistes ; voilà le sentiment de
Bannès d'après S. Thomas.
Mais tandis que pour sauver une opinion contraire on amollira, pour ainsi dire, les
authorités ; tandis qu'on craindra de dire que Dieu agite la créature pour qu'elle
agiffe , & comme dit S. Augustin, non pas pour qu'elle ne sasse rien : tandis qu'on
rendra ce mot latin agi, par conduire, comme on l'afait dans un Traité François de
l'efficacité de la Grace : tandis qu'on soutiendra, avec un Docteur frasçois, qu'on
est agité par l'esprit de Dieu, sans agir : le Thomiste rira de pareils efforts, parce
qu'il aura pour lui S. Augustin qui assure, 1°. que l'Ecriture Sainte ne dit pas seu-
lement conduire ou régir ; mais qu'elle parle plus fortement en disant que le
Saint Esprit agite : non ait duxerit : plus est agi quàrn Régi. 2Q. qu'on agit quand
on est agité par cet esprit : agis si agaris. Son fidele Disciple S. Thomas ne veut
pas même que celui qui est agite par le Saint Esprit retarde, bien loin de resister : qui
agitur, non resistit vel tardat.
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trine , & les témoignages les prœdecessores nostri perhonorifica
plus honorables qu'ils lui ont dederunt testimonia ; quemadmo-
donné. Nous avons fuivi leurs dum etiam nos ipsi in Libris ,
traces dans les différens ouvra- quos de varüs argumentis con-
ges que nous avons donnés au scripsimus , postquàm Angelici
public ; car dès qu'après un fe- Doctoris sententiam diligenter
rieux examen nous avons recon- scrutando percepimus atque sus-
nu le fentiment du Docteur An- peximus, admirabundi semper at-
gélique fur toutes les matieres que lubentes eidem adhœsimus
que nous traitions, Nous l'a- atque subscripsimus ; candidè pro-
vons embrassé, & Nous y avons sitentes , si quid boni in üsdem
foufcrit avec autant d'admira- libris reperitur, id minimè nobis ,
tion que de joie. Auffi confef- sed tanto prœceptori totum esse
fons-nous ingénuement que s'il adscribendum. . .
y a quelque chofe de bon dans
nos écrits, ce n'est pas à nous que la gloire en est due mais à
ce grand Maître....
Il ne nous reste plus qu'à vous Nihil aliud nobis dicendum
recommander de rendre votre superest, nisi ut id agatis , quod
conduite conforme aux leçons vos prœceptor ille vester agendum
de ce Docteur votre Maître, dans docuit , &c.
l'election pour laquelle vous êtes
assemblés.
Ne peut-on pas appeller avec raison ces éloges & ces approba-
tions le Triomphe du Thomisme ?
Clement XIII. Demandons, en finissant, à Dieu par des gémissemens inef-
1758. fables , qu'il répande les plus abondans fecours de fa Grace très-
efficace , efficacissimœ Gratiœ ( comme parle Clement XIII. dans
fa Bulle Venimus, pour le Jubilé de 175 8 , ) afin que la calomnie
cessant, la paix regne avec la vérité dans les Ecoles jusqu'à la fin
des siécles. Ainsi soit-il.