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MANIOC.

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Médiathèque Michel-Crépeau
Communauté d'agglomération de La Rochelle
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TRIOMPHE
DU

THOMISME,
ParÉloges
les & les Approba-
tions des Souverains Pontifes
dans ce dernier siécle.

A AVIGNON,
Chez JOSEPH GIROUD, Imprimeur de
Sa Sainteté.

M. DCC. LXII.

MANIOC.org
Médiathèque Michel-Crépeau
Communauté d'agglomération de La Rochelle
TRIOMPHE
DU

THOMISME,
Par les Éloges & les Approbations des Souverains
Pontifes dans ce dernier siécle.

I les vœux du Souverain Pontife Benoît XIII. étoient A la fin du Bref


accomplis, la Doctrine de Saint Thomas d'Aquin Demissas preces,
& de la Bulle
seroit celle de toute l'Eglise, & ce Docteur seroit Pretionsus, ci-
après.
en effet ( comme il est appellé ) l'Ange de l'Ecole ;
tous les esprits réunis n'en formant qu'une seule sous
son nom & sous ses étendarts.
Par cet heureux accord , la Jeunesse conduite dans la route
du vrai, sans crainte de s'en écarter, en suivant les maximes
dont elle seroit instruite , ne manqueroit pas de fournir , selon
l'expression de Clément XII. de bons Ministres à l'Eglise , & à Au commence-
l'Etat des citoyens fidéles & respectables par la pureté de leurs ment de la Bulle
Verbo Dei , ci-
mœurs vraiment chrétiennes ; & ceux, auxquels l'enseignement se- après.

roit confié , feroient regner une fcience dont Innocent VI.


faisoit en 1360 un portrait si charmant, dans un discours qu'il
prononça à l'honneur de S. Thomas :
Hujus Doctoris sapientia prœ La sagesse de ce Docteur, Innocent VI.

cœteris ( exceptâ canonicâ ) ha- qui paroît dans ses ouvrages, a


bet proprietatem verborum , plus que toute autre ( excepté En suivant la
Doctrine de 5.
modum dicendorum , VERI- la canonique) la propriété de Thomas on est
sûr de la vérité ;
TATEM sententiarum , ita ut l'expression, l'arrangement des & en s'en écac.
A ij
4
tant bu la com- matières, & la vérité des princi- NUNQUAM, qui eam tenuit,
battant , on ris-
que toujours d'ê- pes ; ensorte que celui qui s'at- inveniatur à VERITATIS
tre dans l'erreur.
tache fidélement à fa Doctrine , TRAMITE DEVIASSE ,
ne s'écarte jamais du sentier de & qui eam IMPUGNAVE-
la vérité ; tandis que celui qui RIT, SEMPER fuerit de VE-
ose la combattre , fut toujours TITATE SUSPECTUS.
soupçonné d'abandonner la vérité même.
Telle est la Doctrine de S. Thomas, dans l'école duquel les
Sociétés Ecclésiastiques les plus distinguées , & les plus illustres
Universités fe firent autrefois gloire d'entrer, en s'obligeant par
des engagemens folemnels à fuivre les fentimens d'un si grand
Maître.
L'Ami de la vérité & de la paix, qui donne au public ce
recueil d'Approbations en faveur du Thomisme, se propose de
On ne veut pas
donner aux Bul- faire respecter les oracles du S. Siège & craindre ses anathémes,
les qu'on citera sans cependant s'écarter des usages de la France -, ne
une authorité
prétendant
qu'elles n'au- point faire valoir des privilèges qui n'ont de vigueur que dans
roient point en
France. On ne l'état Ecclésiastique. Son intention est seulement d'exposer les sen-
s'en servira que
pour montrer où timens des Souverains Pontises ( contre l'abus qu'on a souvent
les Papes ont pen- fait de leur autorité pour flétrir des Auteurs & des opinions qu'on
sé que résidoit la
vérité indépen- ne peut condamner sans témérité ) en produisant les beaux titres
dante de tout
usage. qui devroient mettre à l'abri de toute insulte l'Ecole de Saint
Thomas. C'est de la bouche même des successeurs de S. Pierre
qu'il veut qu'on sçache où réside le dépôt de la Doctrine Angé-
lique , cette Doctrine si pure & qu'on apprenne à distinguer les
vrais Disciples de S. Thomas de ceux qui se vanteroient faus-
sement d'être Thomistes.
Le moyen paroît sûr pour dissiper les préjugés ; pour faire re-
venir des esprits écartés par une terreur panique, dont on les
avoit effrayés, en supposant une distinction entre la Doctrine de
S. Thomas & celle des Thomistes ; pour éclairer les ignorans ;
pour rassurer les foibles que de vagues imputations peuvent avoir
allarmés, & pour entretenir la paix parmi les hommes de bonne
volonté. Ceux même qui croyoient faire grâce aux Thomistes,
en disant que leurs sentimens étoient tolérés 7 trouveront de quoi
se désabuser.

Clément XI. Clément XI, dans fes lettres du 27 août 1718, se plaint que
1718. ceux qui ne vouloient point recevoir la Constitutian Unigenitus,
5
qu'il avoit publiée le 8 septemhre 1713, assuroient hardiment
que ce qui les en empêchoit, c'est qu'ils soupçonnoient qu'elle
condamnoit des opinions exemptes jusqu'ici de toute censure, &
enfeignées par les plus célébrés Ecoles Catholiques : qubd fuf
picentur per illam damnari sententias atque doctrinas quas infignes
Catholicorum Scholœ absque ullâ censurâ hactenùs tenuerunt ac
tradiderunt.
Quand on voudroit l'ignorer, Benoît XIII. & Clement XII. preces Let. Demissas
: Bulle Pre-
persuaderont bientôt que la Doctrine, que l'on confondoit avec les tiosus ; Bref A-
postolicœ Provi-
erreurs proscrites, étoit celle de ceux qui, se déclarant Disciples demiœ, ci-après.
de S. Augustin & de S. Thomas , soutenoient la Grace efficace
par elle-même ; la Prédestination gratuite à la gloire, &c. Tout
l'Univers a retenti du cri de Jansenisme contre ces opinions ;
Benoît XIV. l'attelle dans son Bref au fujet de Noris, ci-après.
Clement XI , qui sçavoit mieux que tout autre le fens de
fon Décret, allure dans les fufdites Lettres, que cette imputation
est calomnieuse , & l'effet de la malice de ceux qui aiment mieux
les ténébres que la lumiere : In hoc ipso prœpostero judicio consue-
tum calumniandi morem non derelinquunt. . . . Excœcat eos mali-
tia , diligunt magis tenebras quàm lucem. Il parle enfuite ainsi
des Calomniateurs :
Ignorare non deberent fenten- Ils ne devroient pas ignorer
tias illas ac doctrinas , quas ipsi qu'on enseigne & on sondentpubli- Rome On enseigne à
, sous les
cum erroribus per Nos damnatis quement & sous nos yeux dans les yeux du Pape ,
la Constitu-
confundunt, palàm & liberè in Ecoles Catholiques la Doctrine après tion , les mêmes
Catholicis scholis, etiam post edi- & les opinions qu'ils confondent ravant
opinions qu'aupa-
, les opi-
tam à Nobis Constitutionem ,sub avec les erreurs proscrites , même nions même ca-
lomniées»
oculis nostris doceri atque defendi, depuis la publication de notre
illasque proptereà minimè fuisse Constitution, & par conséquent
proscriptas• ces opinions ne sont pas condam-
nées.
Le Thomiste , après cette Déclaration authentique, paroissoit
devoir jouir en paix de la liberté des Ecoles fous la protection
du S. Siége, appuyée dans la fuite de l'autorité du Roi Très- feilArrêt du Con-
du 29 avril
Chrétien en France ; les Edits multipliés, les Arrêts du Conseil 1752 qui renou-
velle les
& ceux des Parlemens, renouvellés dans ces derniers tems , fai- tions du Déclara- Roi de
1720 &1730, &c.
fant expresse défenfe , au fujet de la susdite Conflitution , de s'atta- Arrêt du Parle-
quer & provoquer par des termes injurieux de Novateurs, Héréti- ment de Paris du
18 avril 1752.
ques , Schismatiques , Janfenifles , Semi-Pélagiens, &c.
6
Rome néanmoins s'est vue obligée d'élever avec plus de force
sa voix, & de s'expliquer plus clairement pour venger & faire
respecter l'Ecole de S. Thomas. Elle va désigner les principaux
sentimens qui la caractérisent -, elle nous apprendra quels sont les
vrais Disciples de ce Saint Docteur, afin qu'on ne puisse s'y
tromper. Les successeurs de Clement XI. nous diront que la ca-
lomnie , dont il se plaignoit, est injurieuse aux Freres Prêcheurs
& autres vrais Thomistes ; attaque S. Augustin & S. Thomas ,
& insulte même à l'autorité du S. Siège.
Benoît XIII.
Dans une Lettre adressée aux Dominicains, en forme de Bref,
1724. du 6 novembre 1724, qui commence par ces mots : Demissas
preces : Benoît XIII, après s'être fait gloire du respect filial dont
il faisoit profession depuis long-tems pour l'Ordre des Freres Prê-
La calomnie qui cheurs : Nostra quam dudùm professi sumus erga Ordinem Prœdi-
confond la Doctri-
ne des Thomistes catorum observantia fdialis : répond au Général dudit Ordre en
avec les erreurs
proscrites , atta- le louant de fa sensibilité à Youtrage que font à la Doctrine de
que la Doctrine S. Augujlin & de S. Thomas ceux qui ofent la confondre avec
même de S. Au-
gustin & de S. les erreurs profcrites : Erroribus rejectis damnatisque, Augustinia-
Thomas avec l'au-
thorité du S. Sié- nœ & Angelicœ doctrinœ nomen obtendi : pour faire voir que la
ge ; en flétrissant
la réputation &
Doctrine des Freres Prêcheurs & autres vrais Thomifles efl celle
les principaux de ces deux Ss. Docteurs , il ajoute que les calomniateurs pren-
fentimens des Do-
minicains, vrais nent de là occafion de donner atteinte à l' autorité du S. Siege &
Difciples de S.
Thomas. à la réputation des Dominicains , en foutenant calomnieusement
que les cenfures tombent fur les principaux fentimens de leur
Ecole. Votre douleur efl juste, dit-il aux Freres Prêcheurs, &
prouve que vous êtes les vrais Difciples de S. Thomas: Indèque
audere nullos Apostolicœ authoritati ac vestrœ. existimationi detra-
here, quòd ipfa vestrarum sententiarum CAPITA inusta esse ca-
lumnientur. .. Vos GERMANOS S. Thomœ Discipulos maxi-
me probastis.
Il les félicite ensuite de ce que, dans cette occafion , comme
dans toutes les autres, leurs intérêts n'ont pu être féparés de
ceux ' du S. Siége : Gratulamur , quòd hac etiam in parte caufa
vestra ab hujus sanctœ Sedis rationibus sejuncta esse non potuerit.
Enfin, après les avoir rassuré contre l'indocilité de ceux qui at-
Le Souverain
Pontife nomme taquent leur Doctrine qui efl celle de S. Thomas : Eadem conte-
indifféremment la tionis
Doctrine des Fre-
pervicaciœque licentia Angelicam. Doctrinam attentare non
res Prêcheurs, ou dubitaverit : il commence à faire, avec fes prédécesseurs , l'éloge
la Doctrine An-
gélique, du Docteur Angélique, en difant qu'il a refuté toutes les hérésies.
7
Quandoquidem Omnipoten- Par un effet singulier de la
tis Dei P rovidentiâ faclum efi Providence du Tout-Puissant,
( 1 ) ut Angelici Doctoris vi ac la solidité & la vérité des senti-
veritate doctrince , non solùm in- mens du Docteur Angélique
numerœ, quœ vel ipsius œtate , ont confondus & dissipés, non-
vel anteà grassatœ sunt, sed mlu- feulement les hérésies fans nom-
tez etiam quœ deinceps exortœ bre qui avoient paru avant fa
funt hœreses confusœ & convictœ naiffance , ou qui subsistoient
dissiparentur. encore de fon tems, mais même
celles qui ont paru depuis fa
mort.
Magno igitur animo contemni- Méprifez donc généreusement,
te , dilecti filii, CALUMNIAS Nos chers fils , toutes les calom- Opinions ca-
lomniées qui sont
intentas fententiis vefiris , de nies qu'on a voulu répandre con- les principaux
sentimens des FF.
GRATIA PRÆSERTIM tre vos sentimens, & surtout con- Prêcheurs & les
PER SE ET AB INTRIN- tre la Doctrine de la GRACE principaux carac-
tères du vrai Tho-
SECO EFFICACI, AC DE EFFICACE PAR ELLE-MÊ- misme. On ne
doit avoir que
GRATUITA PRÆDESTI- ME ET DE SA NATURE, ET du mépris pour
cette calomnie.
NATIONEAD GLORIA AI DE LA PREDESTINATION
SINE ULLA PRÆVISIO- GRATUITE A LA GLOIRE
NE MERITORUM , quas SANS AUCUNE PREVISION
Sans distinction
laudabiliter HACTENUS do- DES MERITES : sentimensque d'anciens & de
nouveaux Tho-
cuistis , & quas ab ipsis Ss. Doc- vous vous êtes toujours fait hon- mistes , l'Ecole

(1) S. Pie V. dans fa Bulle Mirabilis .Deus, 11 Avril 1567. s'exprime ainfi au S. Pie V.
sujet de la Doctrine de S. Thomas.
CERTISSIMA Christianœ REGULA La Dodrine de S. Thomas eft la Regle
Doctrinœ quâ S. Doclor Apostolicam Ec- très - Jure de la vérité chrétienne , par
clesiam infinitis confutatis erroribus illus- laquelle ce S. Dodeur a éclairé l'Eglife ,
stravit en détruisant une infinité d'héréfies. Au Concile de
Sed quoniam omnipotentis Dei provi- Par un effet de la Providence de Dieu Trente, la Som-
dentiâ factum est , ut Angelici Doctoris vi Tout-puissant, plufieurs héréfies qui fe me de S. Thomas
veritate doctrinœ, ex eo tempore quo font élevées depuis la mort de ce S. Doc- étoit sur une mê-
me table à côté
cœlestibus civibus adscriptus fuit, multœ teur, ont été confondues & dissipées par de la Sainte Bible,
quœ deinceps exortœ sunt hœreses, confusœ la force & la vérité de fa Dodrine ; ce pour regler les
& convictœ dissiparentur, quod & anteà qu'on a vu fouvent par le paffé & de- décisions ; & il ne
fe décidoit rien
sœpè, & liquidò nuper in sacris Concilii puis peu dans les décrets du Concile de qui ne fût confor-
Tridentini decretis apparuit , ejufdem me- Trente. Nous ordonnons que la fête de ce me à sa Doctrine.
moriam .... colendam statuimus . . . S. Dodeur foit célébrée à l'avenir de la
S. Thomas au
quemadmodum quatuor Ecclesiœ Docto- même maniere qu'on célébre les fêtes des rang des quatre
rum festivitates. quatre Ss. Dodeurs de l'Eglife. grands Docteurs.
Scriptoris Angelici Doclrina Salvatoris La Dodrine du Dodeur Angelique , se-
crucifixi ore, sicut piè testatur historia , mi- lon le pieux Auteur de fa vie , a été mi-
rabiliter probata fuit. raculeusement approuvée par la bouche Sa Doctrine ap-
prouvée par J. C.
de J. C. attaché à la Croix. crucifié.
8
des FF.Prêcheurs neur d'enseigner, & que votre toribus Augustino & Thomâ Je
a toujours ensei-
gné ( hactenùs , Ecole, par un zèle digne de louan- hausisse , & VERBO DEI ,
jusqu'ici ) cette
Doctrine qui est ge , seglorifie d'avoir puifé dans summorumque Pontificum &
celle de S. Au-
gustin & de Saint
les Ecrits des Ss. Docteurs Au- Conciliorum decretis , & Patrum
Thomas , dont gustin & Thomas , & de soutenir diclis consonas esse schola vestra.
l'Antiquité re-
monte jusqu'à comme conformes à la PARO- commendabili studio gloriatur.
l'Ecriture Sainte,
ou la parole de
LE DE DIEU , aux décrets des Souverains Pontifes, & au lan-
Dieu, gage des Peres.
Puisqu'il est donc confiant à Cúm igitur bonis & rectis cor-
tous les gens de bien, & qui ont le de satis constet, ipsique calumnia-
Il ne faut que
de la droiture
cœur droit, que les sentimens très- tores , nisi dolum loqui velint ,
pour ne pas ca- sûrs & inébranlables de S. Augus- fatis perspiciant, Ss. Augustini
lomnier les dog-
mes de S. Augus- tin & de S. Thomas , n'ont reçu & Thomæ ( 2) inconcussa tu-
tin & de S. Tho-
mas , qui sont aucune atteinte par les censures tissimaque dogmata nullis pror-
ceux de l'Ecole
Thomistique, se-
portées dans la Constitution, & sùs Constitutionis cenfuris esse
lon ce Souverain que les calomniateurs même perstricta , ne quis in posterùm eo
Pontife.
sont forcés de le reconnoître, à nomine calumnias Jlruere , &
moins qu'ils ne veuillent parler dissentiones ferere audeat SUB
autrement qu'ils ne penfent : CANONICIS PŒNIS dis-
Nous défendons très-étroitement trictè inhibemus.
Anathème con-
tre les calomnia-
SOUS LES PEINES CANONIQUES, à toute forte de person-
teurs. nes, d'oser à l'avenir fous ce prétexte inventer des calomnies
& semer des divisions.
Le Pape ex-
horte les FF.Prê-
Continuez donc & ne cessez Pergite porrò Doctoris vestri
cheurs à conti- jamais de vous appliquer à l' étu- opera sole clariora, fine ullo
nuer d'enseigner,
comme ils ont de des ouvrages de votre Doc- prorsùs ( 3 ) errore conscripta ,
Alexandre VII. (2) Alexandre VII. dans fon Bref, Litteras, aux Docteurs de Louvain, le 7 Août
1660, les exhorte à suivre toujours une saine & orthodoxe Dodrine , & les sentimens
inébranlables & très-sur s des Docteurs de l'Eglise, S. Augustin & S. Thomas : prœ-
ciarissimorum Ecclesiœ Catholicœ Doclorum Augustini & Thomœ Aquinatis INCON-
ÇUSS A TUTISSIMAQUE DOGMATA.
Clement VIII (3) Clement VIII. dans son Bref, Sicut Angeli, du 22 Novembre 1603.
Une preuve éclatante de l'admirable Admirabilis Doctrinœ D. Thomas testis
Doctrine de S. Thomas, est le nombre est ingens librorum numerus, quos ille bre-
immense de livres qu'il a composé sur vissimo temporein omni disciplinarum ge-
presque toute sorte de matieres, en très néré singulari ordine , ac mirâ perspicui-
peu de tems, avec un ordre singulier , tate SINE ULLO PRORSUS ER RORE
& une clarté admirable, sans aucune er- conscripsit, in quibus conscribendis inter-
reur. En les composant les Apôtres S. dùm SS. Apostolos Petrum & Paulum col-
Pierre & S. Paul lui ont quelquefois ap- loquentes, locosque illi quosdam, Dei jussu ,
paru , & lui ont expliqué par l'ordre de enarrantes habuit ; & quos deindè cons-
Dieu des endroits difficiles; & ensuite il scriptos, expressâ Christi Domini voce,
a entendu la voix distincte de Notre Sei- comprobalos audivit.
gneur J. C. qui les approuvoit.
quibus
9
quibus Ecclesiam Dei mirâ eru- teur, sans craindre de faire un toujours fait, la
lumineuse Doc-'
ditione clarificavit ( 4 ) inossen- faux pas , puisqu'ils font exempts trine & l'incorru-
so pede decurrere ; ac per certis- de toute forte d'erreur, & que , ptible & très-pu-
re Morale de S.
simam illam ( 5 ) Christianæ plus brillans que le soleil , ils ré- Thomas leur Do-
cteur & leur Maî-
Doctrinæ regulam S acro-sanctœ pandent dans l'Eglise de J. C. les tre ; & à la ven-
de ses enne-
Religionis veritatem , incorrup- vives lumieres d'une érudition ad- germis,, c'est- à-dire,
tseque disciplinœ sanclitatem tue- mirable. Soutenez & vengez de tous ceux qui la
calomnient.
ri , ac vindicare. constamment cette regle très-su-
re de la Doctrine Chrétienne qui renferme les vérités faintes de la
Religion , & la pureté de la faine Morale.
Hœc sunt , dilecti filii , quœ. Voila, nos chers fils , ce que
prœdecessores nostri de sancti Tho- nos prédécesseurs ont penfé de la Il ne fait que
répéterce que ses
mœ doctrina senserunt & prœdica- Doctrine de S. Thomas & ce prédecesseurs ont
runt y quœque nos non modò ob qu'ils en ont publié : Nous ap- pensé de la Doc-
trine dont il par-
curarum vestrarum lenimentum , plaudissons avec plaisir à leurs le , & il confirme
les éloges
fed ad animi quoque nostri sola- expressions ;& Nous les relevons en ont fait. qu'ils
tium libentissimè usurpamus , & par les éloges de notre voix Apos-
prœconio Apostolicœ vocis efferi- tolique , non - seulement pour
mus. adoucir vos peines, mais aussi
pour notre propre consolation.
Inclytus enim ordo iste, cui Car c'est cet Ordre célébre C'est chez les
Freres Prêcheurs
nomen dedimus , & quem expre- ( des Prêcheurs ) que Nous a- qu'il est devenu
, c'est-
sè, Domino miserante , professi vons embrassé, & dans lequel, Thomiste à-dire, qu'il a ap-
fumus , eodem Anpelicœ doc- par la miséricorde de Dieu Nous pris la même Doc-
trine , & les mé-
trinœ lacte nos a luit ; ac li- avons fait profession , qui Nous mes vérités sur la
Grâce & la Pré-
cèt impari intsitutionis fructu a nourris du même lait de la Doc- destination , dont
ad gerendam Ecclesiarum solli- trine Angélique ; & , quoique il a parlé.
citudinem eduxit ; ut privato Nous n'ayons pas recueilli tout
etiam diuturnoque colendarum le fruit de l'éducation que Nous
artium experimento ediscere po- y avons reçue , elle Nous a ce-
tuerimus , quod ex Apostolatûs pendant mis en état de Nous
speculâ per hasce litteras annun- charger du Gouvernement de L'étude parti-
ciamus. toute l'Eglise, & elle a fait que rience
culiere & l'expé-
lui ont fait
par une étude particuliere, Nous nous sommes remplis de ces mê- découvrir cesDoc- vé-
rités dans la
mes vérités que par ces préfentes Nous vous annonçons de la trine Angélique
de S. Thomas.
sublimité de la chaire Apoftolique.

(4) Ces expressions sont dans l'oraison ou collecte du jour de la fête de S. Thomas.

(5) S. Pie V. dans sa bulle, Mirabilis, rapporté ci - dessus n. 1. S. Pie V.


B
10
Ses vœux,pour Suppliez le Dieu qui nous Deum intereà, qui pacem &
que toute l'Eglise
soit Thomiste en commande d'aimer la paix & la veritatem diliejendam prœcipit ,
soutenant les vé-
rités, dont il vient vérité, qu'il imprime à TOUS supplices rogate, ut sincero Ange-
de parler , ensei-
gnées par S. Tho-
un sincere attachement à l'Angé- lici Doctoris studio OMNES in
mas , afin que la lique, Docteur , afin que, dans la simplicitate cordis nitantur, quœ.
paix regne sous
l'empire de la vé- simplicité de leur cœur, ils s'ef- ille docuit, intelleclu confpicere ,
rité , dans une
union de charité, forcent de pénétrer les vérités atque in unitate spiritûs & chari--
qu'il a enfeignées, & que, dans tate fraternitatis, quœ ille egit ,
l'unité d'un même esprit, & imitatione complere.
dans le lien de la charité de J. C. ils tâchent de pratiquer les
vertus dont fa vie a été un parfait modele.
C'est ainsi que s'exprime un Pape versé dans l'étude de Saint
Thomas & des Auteurs Thomiftes ; Thomiste lui-même par état
& par conviction. Ceux qui auraient été détournés de la lecture
des Auteurs Thomiftes par une frayeur qu'aurait pu occaftonner
la calomnie , ou qui ignorent même ce que S. Thomas a dit
avant eux, peuvent s'appuyer avec assurance fur cette autorité
Apostolique, qui les rapelle à la paix & à la vérité, & qui leur
apprend que des sentimens, qu'ils ont peut-être méprisés dans la
bouche des Thomistes, font ceux de Saint Thomas même.
Mais un Bref seulement, que de fades railleurs nommerent
Le même Pape Epure confolatoire à des Freres défolés , ne fuftifoit
se plaint dans sa
pas au zèle du
Bulle Pretiosus, Souverain Pontife. Une Bulle ou Constitution vient le confir-
qu'on a abusé de
ce Bref. mer , lui donner un nouveau poids & un nouvel éclat au Tho
misme.
1727* EXTRAIT de la Bulle Pretiofus. § XLI. Tous les vrais
Thomiftes lifent avec plaisir ces expressions si glorieufes aux
Dominicains, par lefquelles commence cette Bulle de Benoît
XIII. donnée le 16 août 1727.
Il est précieux aux yeux de Pretiosus in conspectu Domini
Brillant éloge Dieu l'Ordre illustre des Freres Fratrum Prœdicatorum inclytus
de l'Ordre des
Dominicains. Le Prêcheurs, dans lequel Nous Ordo, quem divinus sponsus ad
Souverain Ponti-
se qui en parle avons fait profession dès nos cumulandos dilectœ sponsœ suœ Sa-
y avoit fait profes-
sion ; il en con- plus
tendres années , & que le cro-sanctœ Ecclesiœ in terris mili-
noissoit mieux les divin Epoux a fait naître fur la
avantages comme
tanti cœlestes triumphos excita-
il le dit lui-même terre pour multiplier les céles- vit, & quem Nos ab ineunte œtate
ci-après.
tes triomphes de son Epouse bien nostrâ exprefsè professisumus,
aimée Ï'Eglife militante.
Dans le Paragraphe XLL. ce Souverain Pontife atteste à tout
11
l'univers & non plus seulement à ses Freres les Dominicains, de-
venus ses chers Fils, qu'il va parler, non par préjugé, mais
avec une parfaite connoissance de cause acquise par une
longue & continuelle expérience : Nos diuturnis atque assiduis
ferè experimentis noscentes : dans la convicton qu'apporte une
profonde étude de la Doclrine Thomistique, il assure que l'Ordre
des Freres Prêcheurs est fidélement attaché à la Doctrine de Saint
Thomas, Ainsi les louanges & les approbations qu'il va renouvel-
1er, de même que les calomnies qu'il va confondre de nouveau,
sont communes au Docteur Angélique & à tous les vrais Thomistes
qui forment son Ecole.
§.41. Quùm autem silere nos Il ne nous convient pas de La Doctrine
des Dominicains
minimè deceat de doctrina Ange- garder le silence sur la doctrine est celle de S.
lici Doctoris S, Thomœ Aqui- du Docteur Angélique S. Thomas dans Thomas. Tout
cette Bulle ,
natis , cui ipsemet Ordo ( prœdi- d'Aquin , à laquelle l'Ordre des comme dans le
Bref précédent ,
catorum ) salubriter institit ; igno- Freres Prêcheurs s'attache avec prouve qu'il n'y
ramus planè quibus illam laudibus fidélité & succès. Nous ne sça- action point de distin-
entre la Do-
pro magnis fuis in Ecclesiam me- vons toutefois de quelles expres- mas ctrine de S. Tho-
& celle des
ritis extollamus, Satiùs ergò ad sions nous servir , pour lui don- FF. Prêcheurs &
autres vrais Tho-
absolutum illius prœconium puta- ner des louanges proportionnées mistes , même
dans les princi-
mus commemorare , ipsam ex aux grands services qu'elle rend paux sentimens
Salvatoris crucifixi ore ,sicuti piè à l'Eglise. Nous croyons donc qui caractérisent
l'Ecole Thomis-
te statur historia, fuisse probatam, que pour en faire un éloge ac- tique.
& constanti summorum Pontifi- compli , il est plus à propos de
cum testimonio orthodoxis com- rapporter ici qu'elle a été ap-
mendatam populis. prouvée par la bouche même
du Sauveur attaché à la croix ( selon le pieux témoignage de
l'histoire ) & qu'elle eft devenue recommandable à toutes les
nations catholiques par les approbations réitérées des Souverains
Pontifes. Tradition con-
stante des Souve-
Hoc potissimùm fuis Constitu-- C'est ce qu'ont fait principa- rains Pontises qui
tiombus & Litteris prœstitere lement par leurs Constitutions & Doctrinefont l'éloge de la
de S.
Joannes vulgò XXII. Clemens par leurs Lettres Apostoliques , expressions
Thomas. Leurs
sont
VL Urbanus V. S. Pius V. les Papes Jean XXII, Clement au bas de la page.
Sixtus F. Clemens VIII, Pau- VI. Urbain V. S. Pie V. Sixte
lus V.Alexander VII. ( 6 ) V. Clement VIII. Paul V. Ale-
xandre VIL
(6) Jean XXII. dans sa constiturion, Redemptionern , du 18 Juillet 132?. JEan XXII.
Divus Thomas plurima opéra in Dei S. Thomas à composé beaucoup d'ou-
12
II étoit juste en effet que la Æ quum verò erat, ut Angeli-
doctrine Angélique d'un si grand ca doctrina tanti Doctoris non
Docteur qui, semblable au soleil, vulgaribus efferretur encomiis ,quœ
vrages pour la gloire de Dieu, la dilata- laudem , fideique dilatationem , eruditio-
La Doctrine de tion de la Foi, & l'instruction des Etu- nernque Studentium, clara ,famosa, NON
S. Thomas pro- dians ; ces écrits clairs & célébres n'ont ABSQUE SPECIALI DEI INFUSIO-
pre à instruire la été faits que par une infusion particuliere NE perfecit.
jeunesse.
de Dieu.
Clement VI. dans fa Constitution, In ordine, du 6 Février 1544. après avoir dit
Clement VI. qu'il y a dans l'Ordre des Freres Prêcheurs une lumiere éclatante d'érudition, qui fem-
blable aux rayons du Soleil, éclaire les Fideles dans la pratique de la vertu, & repousse
les erreurs, &c. Il ajoute que le même Ordre a produit une plante très fertile, S.
Thomas d'Aquin , dont les écrits remplis de fagesse & de fcience, ont procuré toute
forte de fruits fpirituels dans l'Eglise universelle : Thomas de Aquino, ex cujus sa-
pientiœ ac Doctrinœ scriptis universalis Ecclesia multiplicem ubertatis fructum recolligit.
Urbain V. dans fa Bulle, Copiosus, du 22 juin 1368, dit que S. Thomas , com-
Urbain V.
me un excellent Docteur a éclairé toute l'Eglise par fes Ecrits lumineux pleins d'une
faine Doctrine : per sua perlucida ac falutifera documenta univerfalem illustravit Ec-
clesiam.
Le Souverain Le même dans la Bulle, Laudabilis, a tous Fideles de Toulouse, du qi Août 1368.
pontifeveutqu'on Nous, faisant attention que Saint Tho- Nos attendentes quanta à Deo scientiœ
s'efforce d'éten-
dre la Doctrine de mas a illustré l'Eglise entiere &
l'Ordre Doctrinâ Ordinem FF. Prœdicatorum ac
S. Thomas, qui a des Freres Prêcheurs , par la science émi- universalem Ecclesiam illustravit , ac B.
suivi S. Augustin; nente qu'il a reçue de Dieu, & qu'en sui- Augustini veftigia insequens , Ecclesiam
de sorte que les vant la Doctrine de S. Augustin , il a en- tandem doctrinis & scientiis quàmpluri-
Disciples de S.
Thomas le sont richi cetce même Eglise d'un grand nom- mùm adornavit .... volumus . .. ut
de S. Augustin. bre d'Ecrits remplis d'une profonde éru- dicti B. Thomœ Doctrinam veridicam &
On ne peut mieux dition ; voulons que vous suiviez la véri- catholicam sectemini, eamquestudeatis totis
l'étendre qu'en table & Catholique Doctrine de S. Tho- viribus ampliare.
en instruisant la
mas , & que vous vous appliquiez de toutes vos forces à l'érendre.
jeunette.
S. Pie V. S. Pie dans fa Bulle, Mirabilis, citée ci-deftus, n. 1.
Sixte V. Sixte V. dans fa Bulle, Triumphantis, du 14 Mai 1588. appelle S. Thomas l'or-
nement de l'Eglife Catholique : Ecclesiœ Catholicœ ornamentum,& renouvelle ce qu'a-
voit fait Pie V. en le mettant au nombre des quatre Docteurs.
Clement VIII. Clement VIII. dont on a déjà cité un Bref ci-dessus n. 3. dans fonBref, in quo nos,
également du 22 Novembre 1603, appelle S. Thomas l'interpréte Angélique de la
volonté Divine : Divinœ voluntatis Angelico interprete •
Dont la Doctrine a eu l'avantage de Cujus Doctrinœ tantùm fuit tributum ,
recevoir ce divin témoignage de fon éru- ut christianœ eruditionis suœ divirium etiam
dition chrétienne : Thomas vous avez bien illud habeat teftimonium : benè de me, Tho-
écrit de moi. ma, scripsisti.
Le même dans son Bref, Quantùm prodesse, de même date :
La Doctrine de S. Thomas d'Aquin re- Thomas Aquinas , cujus divino eloquio
commandable parmi les nations les plus & cœlesti, doctrina, miraculisque illa qui-
éloignées par l'approbation célefte qu'el- dem illustris , meritò apud remotissimas
le a eu de Dieu, & par les miracles qui nationes summâ Christiani nominis cum
l'ont illustrée, à la gloire du nom Chré- laude, atque Ecclesiœ utilitate celebratur.
tien & à l'avantage de l'Eglife.
Paul V. Paul V. dans son Bref, Splendimssimi, du 17 décembre 1607, appelle S. Thomas
un généreux Défenseur de la Foi Catholique, dont les Ecrits fervent à l'Eglife mi-
litante de Bouclier pour repousser les traits des hérétiques : cujus scriptorum clypeo
militans Ecclesia hœreticorum tela feliciter elidit.
Alexandre VII Alexandre VII. eft déja cité ci-dessus, n. 2.
solis
13
folis insltar mundum univerium dont la lumiere éclaire tout le mon-
illustrans uberrima Chrislianœ de, a procuré à l'Eglife des
Ecclesiœ bona peperit, paritque biens immenses, & ne ceffe de lui
in dies singulos multiplici fruct, en procurer tous les jours en tant
supremo Apostolicœ Sedis Ma- de maniéres, reçut des éloges fi
gisterio , adversùs quofcumque folemnels de la bouche des Sou- deLaS. Thomas Doctrine
est
veteres ac recentes errores quos verains Pontifes : elle qui fournit leSiége
bouclier du S.
contre tou-
revincit fidissimè famulans. à la Souveraine autorité du Sié- tes les hérésies.
ge Apostolique des armes victorieuses pour détruire toutes les
anciennes & nouvelles héréfies.
Eadem nos quoque diuturnis , C'est après avoir connu par le Le Pape rapel-
à son précédent
atque assiduis ferè experimentis nous-mêmes tous ces grands avan- B ref demissas pre-
ces , qu'il avoit
probè noscentes, per alias pecu- tages , & après en avoir fait une donné avec une
parfaite connois-
Liares nostras Litteras incipient. très-longue & presque continuelle sance de la Doc-
Demissas preces, dat. 6. No- expérience que nous donnâmes trine qu'il y ap-
prouve , & après
vembris 1724 , calumnias ejus- notre Bref du 6 novembre 1724 une longue ex-
périence.
dem Angelici Doctoris & S. Au- demissas preces, pour reprimer
gustini Doctrinœ temerè irrogatas les calomnies répandues avec Il a ditBref dans le
que
même
retudimus , & prout rei gravitas tant de témérité contre la doc- ces calomnies at-
exposcebat, authoritatis nostrœ. trine du Docteur Angélique & de taquoient la doc-
trine des Freres
prœsidio eliminavimus. S. Augustin , & nous emploïâ- Prêcheurs.
mes notre souveraine autorité contre ces fauffes accufations ,
ainfi que l'exigeoit de nous une affaire de cette importance.
Luculentiùs verò œstimationis Notre intention étant présen-
argumentum in ipfiam S. Thomœ tement de donner un témoigna-
doclrinam nunc edituri, quo ma- ge plus éclatant de notre esti- Il renouvelle &
confirme le susdit
gis magisque Prœdicatorum Or- me pour la Doctrine de S. Tho- Bref demissas pre-
do , cœterique Orthodoxi , ac mas , afin d'animer de plus en ces , & tous les
éloges de ses pré-
décesseurs , en
veri ipfius sectatores ad illius plus l' Ordre des Freres Prêcheurs déclarant que les
finceram & tutam professionem & tous les autres Catholiques & Freres Prêcheurs
& les autres qui
inflammentur, prœdictas omnes véritables Difciples de ce S. Doc- sont unis avec
& fingulas decessorum nostrorum teur, à la soutenir avec une exac- sonteux de sentimens,
les vraisDis-
Constitutiones , Litteras , feu ut te fidélité & une entiere affuran- mas
ciples de S. Tho-
; sans doute
vocant, Brevia , nec-non omnia ce, Nous confirmons par notre dans les opinions
dont il a déja par-
& singula in eis contenta , su- fouveraine autorité, de notre lé , & qu'il va
désigner encore ;
premâ quâ fungimur authoritate, propre mouvement , avec con- ils soutiennent sa
motu, seientiâ & deliberatione noissance, & après une mûre dé- lité. doctrine avec fidé-

prœmissis comprobamus , & rur- libération , toutes & chacune


sùs quatenùs opus fuerit, cum des susdites Constitutions, Lettres
C
14
ou Brefs de nos prédécesseurs, ipsismet editis nuper à nobis Lit-
& tout ce qui y est contenu, teris inovamus;
& Nous les renouvellons, autant qu'il est besoin, evec le Bref
que Nous avons donné depuis peu.
Le Pape conti-
nue toujours de
Mais, pour arrêter certains Ut autem turbulenti, ac per-
dire que la calom- efprits inquiets Se opiniâtres tinaces tranquillitatis Ecclesiœ
nie attaque Saint
Thomas, en atta- perturbateurs de la paix de l'E- perturbatores desinant orthodo-
quant les Freres
Prêcheurs & ses glise Catholique, qui répandent xam Sancti Thomæ doctrinam
autres vrais Dis-
ciples.
leurs calomnies contre la doctrine calumniari, ac ne deinceps prœ-
orthodoxe de S. Thomas, pour posteris , & à veritate alienis in-
empêcher aussi qu'ils n'aient dé- terpretationibus Apofiolicas ipsas
formais la témérité d'attaquer, Litteras nostras , non sine aper-
soit nos Lettres Apofloliques , tâ, ut accepimus, verbis nof-
soit l' Ordre des Freres Prêcheurs, tris , ac etiam decejforum nof-
foit les autres véritables Disci- trorum irrogatâ violentiâ , tam
ples de S. Thomas, en donnant Prædicatorum Ordinem quàm
( comme nous sçavons qu'ils ont alios veros illius asseclas & sec-
Il se plaint qu'on
a abusé de son
fait ) des interprétations évi- tatores incessere audeant.....
Bref. demment forcées & fausses, tant Sub divini interminatione judi-
à nos paroles qu'à celles de nos cii , iterùmque SUB CANO-
prédécesseurs Nous défen- NICIS PŒNIS omnibus ,
dons à tous les Fidéles de J. C. & singulis Christi sidelibus man-
fous peine de fubir le jugement darins , ne doctrinam memorati
de Dieu, Se SOUS LES autres S. Doctoris, ejufque insignem
Nouveaux ana-
thèmes contre les PEINES CANONIQUES,d'at- in Ecclesiâ fcholam , prœsertim
calomniateurs ,
qui attaquant les
taquer outrageusement, foit par ubi in eâdem scholâ de DIVI-
sentimens de la paroles, foit par écrit, ou de NAGRATIA PER SE ET
Grace efficace par
elle-même , & de quelqu'autre maniere que ce AB INTRINSECO EFFI-
la Prédestination
gratuite à la gloi-
foit, la doctrine de ce S, Docteur LA CI , ac DE GRATUIT A
re , attaquent la Se fon Ecole célébre , furtout par PRÆDESTINATIONE
Doctrine de S.
Thomas, & de rapport aux fentimens qu'elle en- AD GLORIAM SINE UL-
son Ecole , dans
ses principaux sen- feigne de la GRACE EFFICA- LA MERITORUM PRÆ-
timens , comme
on, l'a dit ci-dess.
CE PAR ELLE-MÊME ET VISIONE, agitur, ullatenùs
PAR SA VERTU INTRINSE- dicto , vel scripto contumeliosè
QUE , ET DE LA PREDES- impetant , ac veluti consentien-
TINATION GRATUITE A tem cum damnatis ab Apostolicâ
LA GLOIRE SANS AUCU- Sede, & signanter à Constitu-
NE PREVISION DES ME- tione LXIV. d. felicis recorda-
RITES : Nous faifons sembla- tionis Clementis XI. incipien-
15
tis Unigenitus , Jansenii, Ques- ble défenfe d'accuser cette Ecole de Défense d'ac-
cuser les Thomis-
nelli , & aliorum erroribus y tra- quelque conformité avec les tes de conformité
ducant : à quibus S. Thomas & erreurs de Janfenius, de Quef- avec aucune er-
reur condamnée.
vera schola Thomistica quàm lon-- nel, & des autres qui ont été Belle leçon pour
ceux qui respec-
gissimè abest & abfuit, univer- condamnées par le Saint Siége tent le S. Siége
& qui craignent
fis tam antiquis , quam nunc Apostolique, & particulière- ses anathèmes.
Chrifli Ecclesiam vexantibus hœ- ment par la Constitution 64.
resibus , & perniciofis assertis ad- de Clément XI. d'heureufe
versans. mémoire , qui commence :
Unigenitus : Erreurs pour lefquelles Saint Thomas & fa véritable
Ecole ont toujours eu , & ont encore aujourd'hui un si grand éloi- vrais Tho-
mistes ont tou-
gnement, n'ayant jamais cessé de combattre les hérésies foit jours été éloignés
de ces erreurs
anciennes , foit nouvelles, & généralement tous les fentimens les ont toutes
pernicieux qui affligent de nos jours l'Eglise de J. C. combattues.

Damnamus itèm Folia , The- Nous condamnons de plus


ses & Libros antehac typis im- toutes les Feuilles, toutes les
pressos , vel etiam , quod Deus Théfes & tous les Livres qui ont
avertat, imprimendos , in qui- été imprimés jusqu'à préfent ,
bus ad procreandam , feu so- ou , ce qu'à Dieu ne plaise, qui
vendam doclrince Sancti Thomce pourroient s'imprimer à l'avenir, Le Pape par-
Prœdicatorum Ordini , aliisque dans lefquels on s'efforce de dé- lant de Doctrine,
unit toujours à S.
genuinœ Thomisticœ doclrince af crier la doctrine de S. Thomas , Thomas les FF.
Prêcheurs, & les
seclis invidiam , designatœ atque l' Ordre des FF. Prêcheurs & les met toujours à la
damnatœ à nobis calumnice affer- autres défenseurs de ses véritables têre des autres
défenseurs de ses
tivè renovantur , vel in aliam à fentimens , en renouvellant au- véritables senti-
mens.
germanâ prœdictarum nostrarum dacieufement les calomnies que
Litterarum sententiâ, sive decejfo- nous avons déja nous-mêmecon-
rum nostrorum mente, honorifica damnées , & en employant de
atque faventia doclrince Thomis- mauvaise foi des interprétations
ticce verha fallacissimè detorquen- contraires à la teneur de nos Il se plaint en-
core de l'abus de
tur. Brefs , ou aux intentions de nos son Bref demissas
preces.
prédécesseurs, pour détourner ainsi en un mauvais fens tout ce
qui a été dit de plus honorable & de plus avantageux à la Doc-
trine Thomistique.
Deum veritatis & pacis enixè Nous prions instamment le Il renouvelle
ses vœux au Dieu
rogantes , ut ad majora gloriœ Dieu de vérité & de paix que , de vérité & de
suœ incrementa creditus Nobis pour fa plus grande gloire , le paix pour que
tout son peuple
populus , non minus traditâ à peuple qui Nous a été confié ne suive la doctrine
de S. Thomas.
tanto Magistro falutari doctrinâ , fasse pas moins de progrès dans
16
la perfection par son attache à quàm ipsius innocentium morutn
la saine doctrine d'un si grand & illustrium virtutum imitatione
Maître, que par son application proficiat.
à imiter l'innocence de ses mœurs, & la sainteté de ses vertus
héroïques.
On comprend présentement que le Thomisme est la doctrine de
Saint Thomas d'Aquin , enseignée dans son Ecole qui est celle
des Thomistes ; on connoît les sentimens qui la caractérisent en
quelque sorte essentiellement. On a vu que cette célébre Ecole
n'est pas exclusivement concentrée dans l'Ordre des Freres Prê-
Urbain VIII. cheurs qu'un grand Pape a nommé le Bras droit de l'Eglise, &
Louis de Bavie- un grand Empereur l'Ordre de la vérité, mais qu'elle renferme
re.
tous ceux qui sont unis de sentiment avec eux, & qui recon-
noissent S. Augustin & S. Thomas pour leurs Maîtres.
Un seul titre de cette nature , où la doctrine désignée par fes
principaux caractéres est si magnifiquement approuvée 8c mise à
l'abri des insultes, est bien glorieux pour une Ecole. Bien des gens
s'en contenteroient : on en a néanmoins bien d'autres à produire.
Pendant le regne de Benoît XIII. il parut à Rome une cenfure
Censure de en date du 22 août 1722, fous le nom de l'Université de
Douai flétrie à
Rome. Douai, fabriquée par quelques-uns de fes Docteurs , contre les
Estius , Sylvius, Contenson , Massoulié (7 ) , & contre S. Tho-
Auteurs Tho- mas même ; puifque parmi les fentimens trop durs 8c dignes de
mistes vengés à
Rome. correction, duriora & emendatione digna , qu'on impute à Syl-
vius fur la troifiéme Partie de la Somme du Docteur Angélique
à l'égard de la Priere de Jesus-Christ pour fes bourreaux, on
ofe ajoûter, qu'il n'a fait que fuivre Saint Thomas : Illi quoad
hoc prœivit S. Thomas,

(7 ) Massoulié a dedié son ouvrage, de la Motion de Dieu, au Pape Innocent XII.


Il a été approuvé par le Saint Office, le Maître du Sacré Palais & un grand nombre
de Dodeurs. Les 100 Evêques de France, dans le corps de Doctrine de 1720. A.
Les Evêques 3. le citent avec éloge : Ce seroit une témérité, disent-ils, de traiter d'erreur l'opinion
de France citent
avec éloge Mas-
de plusieurs sçavans Théologiens ( au bas de la page Massoulié, Tom. 1.dissert. 1. de
soulié. Div. Mot. Qu. 8. A. 9. &. ) qui enseignent que la Grace suffisante n'est pas donnée
aux aveuglés & aux endurcis , & qui ne croyent pas qu'elle soit accordée à tous
les Infidéles. Ce Sçavant Thomiste combat même Janfenius , & malgré cela il est
taxé d'erreur : un Dodeur françois allez nouveau, fans respecter ces autorités , tom.
1. de Gratia Christi, q. 3. pag. 475 , le met au nombre des Jansenistes ; il en fait
autant de Contenfon, pag. 615. Comment cette imputation ne fe multiplieroit - elle
pas , quand un Dodeur en vogue , en qui on doit croire des lumieres & de la sin-
cérité , en devient le fauteur ? Les Jeunes gens, qui le liront, s'en tiendront là ,
tandis qu'ils ignoreront que Rome a pris la défenfe de ceux qu'il veut flétrir.
Le
17
Le Pape Benoît XIII. par un Décret du 18 juillet 1729 , con-
damna cette cenfure ; Tes auteurs, à l'exception d'un seul, la
défavouerent : quelqu'un ayant voulu la faire revivre en la
corrigeant, on répondit de Rome qu'il falloit en effacer tout
le parallèle dont il est fait mention dans l'avertissement au
Lecteur & dans la Préface, & tout ce qu'elle a dit contre Saint
Thomas , & contre les Peres Massoulié & Contenson, &c. Ensuite
la renvoyer pour être approuvée ou reprouvée. L'affaire en resta
là , & il ne fut plus question de la cenfure. L'Université de Lou-
vain en avoit été fi choquée, qu'elle en prit occasion de renou-
veller le 23 juin 1733 fon ancienne cenfure de 1587.
EXTRAIT de la Bulle Verbo Dei, donnée par Clément Clement XII.

XII. le 28 août. jour de la fête de S. Augustin 1733. 1733.


Plus on avance , plus le lustre de l'Ecole Thomistique devient
brillant. Le successeur de Benoît XIII. par une Constitution don- Ce Souverain
Pontise n'étoit
née exprès, confirme les oracles de fon prédécesseur, & tous pas Dominicain:
mais il n'en étoit
les éloges de S. Thomas & de fon Ecole prononcés avant lui par pas moins Tho-
les Souverains Pontifes , & apprend derechef à ceux qui l'igno- miste par convic-
tion.
rent , ou affectent de l'ignorer , où on doit chercher le vrai Tho-
misme. Il commence par remonter jusqu'à l'ancienne origine de
la doctrine dont il va parler.
Verbo Dei scripto & tradito Si jamais il a été de notre de- Antiquité de la
doctrine de Saint
innixam scientiam , res divinas voir de rendre recommandable Thomas ( ensei-
gnée dans les E-
& mores Chrifiiano homine di- la fcience fondée sur l'Ecriture coles des FF. Prê-
gnes , ad reclam Ecclesiœ Mi- Sainte & fur la Tradition , & cheurs) elle re-
monte , comme
nistrorum infiitutionem , & salu-- qui traite des divins Myfleres & l'avoit dit Benoît
XIII. jusqu'à la
tem animarum solidè pertraclan- des Mœurs vraiment Chrétien- parole de Dieu ,
ou l'Ecriture
tem, ejusque Doctores ac Ma- nes d'une maniere solide, & pro- Sainte.
gifiros , pietate venerahiles , pre à bien instruire les Minifires Beaux caractè-
res de cette doc-
commendari tunc maximè conve- de l'Eglise, & à procurer le fa- trine fi propre à
instruire la jeu-
nu , quùm ingruente falforum lut des ames ; & si jamais il a été nesse pour former
dogmatum illuvie , Fides Catho- nécessaire de faire estimer les de bons Ministres
de l'Eglise , & à
lica & Christiani Mores , fupre- Docteurs & les Maîtres de cette entretenir les
mœurs
bonnes
mœ Curœ notrœ permijfi pericli- fcience , qui font resppectables dans l'Etat.
Le Souverain
taniur : quo loco deceffores nof- par leur piété : c'est furtout dans Pontife fait enten-
dre par les motifs
tri Romani Pontifices S. Chris- le tems où la corruption des qu'il allégue, que
ti Confessorem THOMAM faux dogmes , fe répandant de la doctrine, dont
il va parler , est
Aquinatem Ordinis Prœdicato- toutes parts, met en péril la propre à combat-
tre les faux dog-
rum & Ecclefiœ Doclorem , ho- Foi Catholique , & les mœurs mes & les opi-
D
18
nions relâchées des Chrétiens qui sont confiés à noris causa Angelici cognomento
qui mettent la
Foi & les mœurs notre suprême vigilance. Les appellatum semper habuerunt,eum
en péril.
Souverains Pontifes nos prédé- proptere à justis laudibus in suis di-
cesseurs ont toujours mis au nom- plomatibus profequuti , & prœser-
bre de ces Docteurs , & de ces tim Alexander IV. qui Thomam
respectables Maîtres S. Thomas adhuc viventem , per Dei gratiam,
d'Aquin , de l'Ordre des Freres thefaurum litteralis scientiœ adep-
Prêcheurs, saint Confesseur de tum pronunciavit ; inque ejus vesti-
Jesus-Christ & Docteur de l'E- gia subindè incurrentes alii Roma-
glise , qui a la gloire d'être ap- ni Pontificessubsequuti , Joannes
pellé le Docteur Angelique : & XXII. Clemens VI. Urbanus V.
même ils l'ont comblés de justes Nicolaus V. Pius IV. & B.
éloges dans leurs Bulles, Brefs, Pius V. Xistus V. Clemens VIII.
&c. Alexandre IV. entr'autres a Paulus V. Alexander VII. In-
Tradition con-
déclaré , du vivant même de S. nocentius XII. & Benediclus
tante des Souve- Thomas, que par la grace de XIII. ( 8 ) qui omnes uno eum

le an XXII. (8) Jean XXII. outre fa Constitution, que nous avons citée ci-dessus, n. 6. avoit
déja dit en 1323 , au rapport de Gerfon, que S. Thomas avoit fait autant de mi-
racles, qu'il avoit décidé de questions : tot secit miracula, quot fecit articulos , 8c
Bollandus rapporte encore que le même Souverain Pontife assuroit que fa Doctrine
étoit véritablement miraculeuse : Doctrinâ ejus non potuit esse fine miraculo : qu'il
avoit répandu plus de lumiere dans l'Eglise, que tous les autres Docteurs, 8c qu'on
faifoit plus de progrès dans une année d'étude de fes ouvrages , que dans tout le
cours de la vie par la lecture des autres auteurs : Ipse S. Thomas plut illuminavit
Ecclesiam quàm omnes alii Doctores, in cujus libris plus profilât homo uno anno ,
quàm in aliorum doctrinâ, toto tempore vitre suœ
Clement VI. 8c Urbain V. ont été cités ci-dessus, n. 6.
Nicolas V. Nicolas V. dans un Bref adressé en 1451 aux FF. Prêcheurs de Toulouse , repéte
les expressions d'Urbain V. en disant que la Doctrine de Saint Thomas a éclairé
PEglife Universelle : ex cujus doclrinâ tota universalis illuminatur Ecclefia.
Pie IV. Pie IV. dans fa Bulle Salvatoris, à l'Université de Salamanque 1564 , souhaite
que les peuples fe portent avec toujours plus de zéle à étudier 8c à fuivre la doc-
trine de S. Thomas : ad assequendam doclrinam avidiùs accendantur. Il n'est prefque
perfonne, dit-il, qui ignore combien précieux font les fruits, que l'Eglife de Dieu
a retirés , 8c qu'elle retire encore tous les jours de la Doctrine céleste d'un fi grand
Docteur : Ex tanti Doctoris sacrâ doclrinâ quanti fruclus Ecclesiœ pervenerint , &
quotidie perveniant, nullus est ferè qui nesciat.
S. Pie V. ci-dessus, n. 1. Sixte V. n.6. Clement VIII. n. 3. & 6. Paul V. n. 6.
Alexandres VII. Alexandre VII. outre fon Bref cité ci-dessus, n. 6. avoit déja donné des preuves
de fon zèle pour la faine Doctrine de S. Thomas, 8c il étoit fi perfuadé qu'elle étoit
Il confie aux
enfeignée par les FF. Prêcheurs, qu'il voulut fe fervir d'eux pour-combattre la Mo-
Freres Prêcheurs rale relâchée dont il avoit condamné plusieurs propositions ; dans cette vue, par un
le soin de com- Bref qu'il adressa à leur Chapitre général assemblé à Rome au mois de Juin 1656. il
battre la Morale leur ordonna de composer des Traités de Morale selon les strictes, ou plus severes,
relâchée.
8c toujours sûrs principes de la Doctrine de S. Thomas ; ex SEVERIORI ET TUT A
S. Thomœ Doctrina.
19
ore approbantes , in sacris Ec- Dieu , ce Docteur possédoit le rains Pontifes.
Clement XII. en
clesiœ fastis juxtà ac magnos trésor de La fcience & de la Doc- cite 13 avant lui,
& met du nombre
Ecclesiœ Doctores Gregorium , trine. Les autres Pontifes Ro- Benoît XIII. dont
Ambrosium , Augustinum & Hie- mains , qui lui ont fuccédé , ont il renouvelle 1er
Bref demissas pre-
ronymum, Thomam quoque , ut suivi fes traces. Tels font Jean ces & la Bulle
Pretiosus, quant
vitœ. probitate & sanctioris Theo- XXII. Clement VI. Urbain V. au point de doc-
logiœ scientiâ venerabilem , mirâ-- Nicolas V. Pie IV. & le Bien- trine , puisque ce
dernier Pape n'a
que eruditione Ecclesiam Dei cla- heureux Pie V. Sixte V. Clement donné aucun au-
tre monument
rificantem , ac fanââ operatione VIII. Paul V. Alexandre VII. en faveur de
Saint Thomas &
fœcundantem, coli voluerunt. Innocent XII. & Benoît XIII. de son Ecole.
qui tous unanimement ont donné à S. Thomas la même appro- S. Thomas au
rang des 4 grands
bation, & ont ordonné qu'on le mît dans les facrés faites de l'E- Docteurs de l'E-
glife, au rang de fes grands Docteurs, Gregoire, Ambroise , glise , parce qu'il
enseigne la plus
Augustin & Jerôme, comme étant recommandables par la saine doctrine.

pureté de fes mœurs & par la fublime connoissance de la plus


faine doctrine, éclairant l'Eglise par fa fcience admirable , & la
rendant féconde par la fainteté de fes actions.
Italique tanti Viri doctrinam, A l'exemple de nos prédéces- C'est pour le
bien public de l'E-
in Consiliis œcumenicis celebra- seur, & pour l'utilité publique
glise que le Pape
entreprend, après
tam debitis prœconiis, Rei-publi- de l'Eglise, Nous voulons don-
ses présécesseurs,
cœcausâ, Nos quoque ornare ner aussi à la doctrine de ce grand l'éloge de la doc-
trine Thomisstique.
cupiens , quùm dilectus nostre Homme les justes éloges qu'elle La bonne instruc-
Innocent XII. dans son Bref Tradidit, aux Théologiens de Louvain , 6 Fevrier Innocent XII.
1604.
Apostolicâ vos primùm autoritate mo- Nous vous exhortons, par notre auto-
nemus, ut sublatis contentionibus , sapien- rité Apostolique , de vous éloigner de
tiœ, quœ desursùm atque pacifica est va- toute difpute , & de vous appliquer à l'é-
Il exhorte par
cetis, prositentes.. . Doclrinam prœclaris- tude de la sagesse , qui vient d'en-haut & son Autorité A-
simorum Doclorum Augufiini & Thomœ : qui aime la paix , faisant toujours profef- postolique à sui-
quorum ille tantœ scientiœ fuit, UT inter sion de soutenir la doctrine de ces excel- vre la doctrine de
Magistros optimos etiam à nostris prœde- lens Docteurs S. Augustin & S. Thomas, S. Augustin & de
cessoribus haberetur ; & cujus doctrinam , dont le premier a été recommandable par S.Thomas, par
laquelle on est
secundùm eorumdem prœdecessorum fiatu- une fi vaste érudition , que nos prédécef- toujours sûr de
ta , Romana fequitur & fervat \Ecclesia. feurs l'ont toujours mis au rang des pre- vaincre les Enne-
Alter vero tandem Dei Ecclefiam clarifi- miers Maîtres, & que l'Eglife Romaine, mis de l'Eglise.
cat , & fanclâ operatione fœcundat fuivant les décrets des Souverains Ponti-
Hos dum Universitas vestra doctrinœ du- fes , fait prosession de s'en tenir religieuse-
ces secuta fuerit , fecurè pugnabit contra ment à fa Doctrine : le second ne cesse d'é-
hofies orthodoxœ Fidei in. Ecclefice glo- clairer la même Eglife de Dieu, & de lui
riam & œdificationem. procurer une heureusefécondité. Tant que
votre Université aura pour guides ces Maître de la Doctrine, elle fera assurée de
combattre toujours avec succès, pour la gloire & l'édification de l'Eglife contre les
ennemis de la Foi.
Benoît XIII. Bref Demijfas preces, & Bulle Pretiosus, dont, on a donné des extraits
ci-dessus.
20
tion de la jeunesse mérite , & qu'elle a reçu dans in Christo . . . Nereus S. R. E...
intéresse sans dou-
te toute l'Eglise. les Conciles même œcuméni- Cardinalis, . .. Corfinus . . . sub-
ques. C'eft pourquoi Notre cher missas preces Nobis obtulerit, ut
Fils en Jesus-Christ, Nérée Car- prœcipuo quodam & fpeciali mo-
dinal de Corsin, Nous ayant sup- do ejufdem sancti viri doclrinam ,
Il dira bientôt plié humblement de donner , IN GYMNASIIS ORDI-
que cette priere
est fondée sur la par un effet de notre vénération NIS eorumdem FRATRUM
piété& la justice.
pour S. Thomas , & de notre PRÆDICATORUM , non
bienveillance pour tout un Or- unis regularibus , fed etiam ex-
dre qui a rendu à l'Eglise des fer- ternis sœcularibus alumnis, illuc
vices signalés, quelque marque ad eam perdifcendam confluenti-
Question im- particuliere & éclatante de no- bus TRADI SOLITAM ,
portante décidée
clairement. Où tre estime pour la doctrine de
ce pro nostra ergà Beatum Thomam
enseigne-t-on la
doctrine de Saint
grand Saint qu on est en posses- devotione, totumque Ordinem ,
Thomas ? c'est sion d'enseigner DANS LES de Ecclesiâ prceclarè meritum ,
constamment chez
les Freres Prê- ECOLES DES FRERES PRÊ- singulari benevolentiâ, ornaredi-
cheurs. Il n'y a de
vrais Thomistes CHEURS, non-seulement aux gnaremur, ut adolescentes, ali-
que ceux qui leur
Religieux, mais même aussi aux quo veluti prœmio animati ad
sont unis de sen-
timent, comme Séculiers qui y viennent en foule beati Thomœ doclrinam cum Dei
on l'a prouvé par
l'Autorité de Be- pour s'en instruire , afin que les gratiâ intelleclu confpiciendam
noît XIII.
Sous les yeux Jeunes Gens, etant animes par alacrius incumberent... .
du Pape les Sécu-
liers vont en foule
quelque efpéce de recompenfe , & fécourus de la grace de Dieu ,
s'en instruire dans fe portent avec plus d'ardeur à étudier & pénétrer la doctrine de
leurs Ecoles.
Saint Thomas.
Nous, ayant égard à ces prié- Nos hujusmodi precibus pie-
res fondées fur la piété & la justi- tate ac justitiâ subnixis , an-
Il encourage ce , en vue d'accroître fous un si nuere volentes , ad amplifican-
par des récompen-
ses les jeunes gens grand Maître
l'amour & l'étude dum fub tanto Magistro probœ
à puiser dans ces de la pure & faine doctrine parmi
Ecoles cette saine
incorruptœque doctrines studium
doctrine dans tou- les jeunes gens, Nous voulons inter juvenes... In quibufeumque
te sa pureté, com-
me elle y est en- & ordonnons que dans toutes les Gymnasiis, Scholis, Studiis &
seignée. Voilà la
plus sure métho- Académies,
Ecoles, Etudes & Collegiis Ordinis Fratrum Prœ-
de d'étude qu'il Collége de l'Ordre des Freres
propose pour ac-
dicatorum ... Volumus ac decer-
croître & éten- Prêcheurs, on confére librement nimus pro externis quibufeumque
dre la bonne doc-
trine , c'est celle & licitement les grades ordinai- sœcularibus , in iisdem Gymnafiis
de Rome, la Ca-
pitale de tout l'u- res en Théologie
aux Séculiers Theologicœ Facultati toto triennio
nivers Chrétien. qui, pendant trois ans révolus, abfolutam operam dantibus ut.. .
On observera étudieront la Théologie dans les gradus consueti in facrâ Theolo-
derechef, qu'on
ne rapporte ces Académies du même Ordre, . . giâ liberè & Licite conferantur. ..
Proptereà
21
Proptereà derogantes Constitu- Dérogeant pour cela à notre priviléges , qui
sont en usage dans
tioni nostrœ, pridem editœ , précédente Constitution , qui l'Etat Ecclésiasti-
que , & non en
quœ incipit : Romanus Pon- commence par ces mots : Ro- France, qu'à cau-
se du motif qui
tifex. manus Pontifex. est le bon ensei-
gnement de la
Jeunesse.
Ces dernieres paroles diffipent une objection faite contre l'au- Note.

torité de la Bulle Pretiosus de Benoît XIII. mentionnée ci-dessus,


qu'on difoit avoir été pleinement révoquée par la Bulle Romanus
Pontifex , de son successeur, donnée le 2 avril 1732. Cependant
il ne s'agissoit que de priviléges supprimés, & le point doctrinal
restoit en son entier. La difficulté est tranchée. Clément XII.
rappelle dans le nombre des Souverains Pontifes Benoît XIII. ,
dont on n'a pour la doctrine que le Bref Demissas preces , & la
Bulle Pretiosus. Ces deux piéces revivent donc dans toute leur
vigueur par rapport à la doctrine, avec l'autorité de Clément XII.
de furplus. Et enfin ce dernier Pape déroge en tant que befoin
à la Bulle Romanus Pontifex. Déformais on ne peut plus difpu-
ter de la validité des Eloges & Approbations accordées par Be-
noît XIII à la Doctrine Thomistique.
Quand on n'auroit plus rien à ajouter à des autorités fi clai-
res , fi décifives , quelqu'un pourroit-il douter de L'excellence de
la fcience de Saint Thomas, dont quatorze Souverains Pontifes ,
qu'on vient de citer, font un éloge fi complet ? Et pourroit-on ,
fans craindre de méprifer des oracles fi précis , disputer aux
Dominicains la gloire d'enfeigner la doctrine de ce S. Docteur
fur la Grace, &c. ? On fentit fi bien que l'Ecole de S. Thomas
recevoit, par la Bulle Verbo Dei, un lustre inaltérable , & que
fes fentimens fur la Grace & la Prédestination étoient déclarés
faire partie de la véritable Doctrine de ce grand Maître , qu'on
craignit pour les opinions oppofées jufqu'à en porter des plaintes
aux pieds du Souverain Pontife , dont voici la réponfe fi digne
d'attention & fi glorieufe à l' Ecole Thomistique.
EXTRAIT du Bref Apostolicœ P rovidentiœ, donné par
Clément XII. le 2 octobre 1733.
Apotsolicœ Providentiœ offi- Nos Prédécesseurs Clement C'est, comme
on l'a dit d'abord,
cio à Prœdecessoribus nojlris fe- XI. & Benoît XIII. d'heureufe la Doctrine des
Thomistes sur la
licis recordationis Clemente XI. mémoire, ayant donné tous les Grâce, &c. que
& Benedicta XIII. sapienter im- foins que la sagesse & une pré- Clement XI. di-
soit être confon.
E
22
due avec les er-
reurs proscrites , voyance Apostolique peuvent penso ad dissipandas Novatorum
& dont il prenoit
la défense, & Be-
infpirer pour détruire les calom- calumnias & artes
noît XIII, après nies & les artifices des novateurs.
lui.
Nous sommes pénétrés d'u- Magnoperè dolemus tenebras
Le Souverain
ne très-vive douleur , voyant à dissensionis filiis offusas non-
Pontife commen-
ce par mettre à
que les ténébres répandues par dam ex quorumdam mentibus esse
l'abri des calom- les enfans de dissension ne font discussas , Jed plerosque etiam
nies la doctrine
des Thomistes , pas encore assez dissipées de nunc intolerabili pertinaciâ con-
après Clément
XI & BenoîtXIII. l'esprit de quelques perfonnes ; tendere, censuris laudatœ Consti-
mais que plusieurs foutiennent tutionis (Unigenitus ) doctrinam
même présentement par une SS. Augustini & Thomæ de di-
opiniâtreté intolérable, que la vinæ Gratiæ efficaciâ esse per-
Il déclare que
la doctrine calom-
'doctrine de S. Augustin & de S. strictam.
niée qui , selon Thomas far l'efficacité de la Grace a reçu quelque atteinte par les
Benoît XIII. est
celle des Freres cenfures contenues dans la susdite Constitution Unigenitus.
Prêcheurs & au-
tres vrais Tho- Voulant donc satisfaire à tous Ut igitur nullas charitatis
mistes sur la Gra-
ce , &c. es celle
les devoirs de la charité , pour partes ad revocandos errantes
de S. Augustin & rappeller ceux qui font dans nobis reliquias faciamus , uni-
de S. Thomas,
l'erreur , Nous ordonnons en ver sis & singulis Christi Fidelibus
vertu de la sainte obéissance, & quâcunque dignitate , etiam Epis-
Nouveaux ana-
thèmes contre les
commandons, fous les PEINES copali & majori fulgentibus , in
calomniateurs, ils CANONIQUES , à tous & à virtute sanctœ obedientiœ districtè
ne peuvent plus
se cacher sous des chacun des Fidéles de Jefus- prœcipimus, & fub CANONI-
distinétions ou é-
quivoques , c'est
Christ, de quelque dignité qu'ils CIS PŒNIS mandamus, ne
de la Grace effica-
ce par elle-même
foient revêtus, même de l'Epif- difputantes aut docentes , sive in
& de la Prédesti- copale, ou d'un rang plus élevé, Scholis , five in Concionibus ,
nation gratuite à
la gloire, ensei- de ne point défendre, ou en- five in Scriptis editis, five aliter,
gnées dans les éco-
les des FF. Prê-
feigner , foit dans les Ecoles , propofitiones defendant autenun-
cheurs , dont le foit dans les Sermons, foit dans tient, quœ antedictas Novatorum
Pape fait men-
tion. les Ecrits imprimés, foit autre- calumnias firmare ac promovere
Il condamne
tout écrit , tout ment , des propositions qui puis- possint.
discours même
qui pourroit fa-
fent fortifier & étendre les fufdi-
voriser la calom- tes calomnies des Novateurs.
nie.
Etant néanmoins parfaite- Mentem tamen eorumdemprœ--
ment instruits du fentiment de decessorum nofirorum compertam
Bien loin de re- nos fufdits prédécesseurs, Nous habentes , Nolumus aut per
voquer , il con-
firme derechef ses ne voulons point que, par nos nostras, aut per ipsorum laudes
éloges & ceux de
ses Prédécesseurs
éloges , ou les leurs donnés à THOMISTICÆ SCHOLÆ
en faveur de l'E-
cole des Thomistes
L'ÉCOLE DES THOMIS- delatas , quas ITERATO
23
NOSTRO JUDICIO COM- TES, lesquels nous APPROU- par conséquenc
en faveur des
PROBAMUS ET CON- VONS ET CONFIRMONS principaux senti-
mens qui caracte-
FIRMAMES , quidquam esse DE NOUVEAU par notre pré- risent cette Eco-
le , qui sont les
detractum cœteris catholicis scho- fent Décret , il foit ôté quelque sentimens de S.
lis diversa ab eâdem in explican- chose aux autres Ecoles catholi- Augnstin & de S.
Thomas , selon
dâ divinæ gratiæ efficaciâ sen- ques qui ont des fentimens dissé- les propres ter-
mes de Benoît
tientibus..... rens sur la maniere d'expliquer XIII.de sorte que
ceux qui pensent
l'efficacité de la Grace. différemment de
Quamobrem felicis recordatio- C'est pourquoi, fuivant l' e- cette Ecole sur
l'efficacité de la
nis Pauli V. & aliorum prœde- xemple de Paul V. d'heureuse Grâce , ne pen-
sent pas comme
cessorum nostrorum .... vefiigia mémoire, & de nos autres pré- ces Ss. Dorcteurs.
prosequentes , &saluberrima man- décesseurs, & renouvellant leurs
data renovantes , authoritate quo- ordres très salutaires, de notre
que nostrâ omnibus &singulis ju- autorité Nous interdifons aussi &
perius expressis , interdicimus & Nous défendons fous les mêmes
prohibemus fub iifdem pœnis , peines, à tous & à chacun de
ne .. . notam aut cenfuram ullam ceux qui font exprimés ci-dessus,
Theologicam iifdem scholis diver- d'ofer noter ou cenfurer ces mê- sentimens
Il s'agit des
sur la
sa sentientibus inurere , aut ea- mes Ecoles qui ont des fentimens Grace.
rum sententias convitiis & contu- différens , ou attaquer leurs opi-
melüs incessere audeantDO- nions par des injures ou des pa-
NEC de üsdem controversüs hœc roles outrageuses, JUSQU'A Le Souverain
Pontife suit l'e-
sancta Sedes aliquiddefimendum , CE QUE le S. Siége ait jugé à xemple de Paul
aut pronuntiandum cenfuerit. Pa- propos de prononcer quelque monde V. dont tout le
connoît le
cem siquidem , quam cum veri- jugement définitif fur ces con- recrit du 31 août
Le Lecteur
tate diligendam Dominus prœce- troverfes. Car il eû de notre de- a1607.
une belle matie-
pit inter Catholicœ Ecclesiœ fi- voir de travailler à maintenir & lesre à réflexion sur
expressions de
lios , fovere & communire debe- conferver parmi les enfans de l'E- Clément XII.(do-
nec jusqu'à ce
mus & curamus. glise Catholique cette paix que !que) qui veut en-
t

la paix
le Seigneur a commandé d'ai- !tretenir
avec la vérité.
mer avec la vérité (9).

( 9 ) Pendant le Pontificat de Clement XII. la Faculté de Théologie de Poitiers se


crut obligée de donner le 1 septembre 1738 un Avertissement ( Moniium ) au sujet de
deux Theses soutenues , l'une le 21 juillet ; l'autre le 11 août de la même année.
L'Université assemblée s'exprime ainsi , au sujet de la première : l'Auteur parle im-
prudemment, quoique catholiquement , au sujet de la distribution de la Grâce suffi-
sante ; & même à l'égard dés secours généraux que Dieu prépare & offre à tous les
hommes , Infidèles négatifs, endurcis & aveuglés, &c. : Quartâ appendice primœ.
Theseos Author, et si catholicè... cautè parùm.... mentem suam aperit, rum circà dis-
iributionem Gratiœ sufficientis, tum etiam auxilia generalia quœ Deus omnobus
24
Avoit-on tort, & cherchoit-on à tromper le public quand on
lui promettoit de nobles titres en faveur du Thomisme, où ses
sentimens sont nommément désignés, loués, approuvés ? Le Tho-
miste docile à la voix des Souverains Pontifes, obéissant en France
aux ordres de fon Roi, ne notera point , ne cenfurera point des
opinions qui n'auront que de la contrariété avec les siennes & qui
n'auront point été condamnées. Les principaux fentimens qui
caractérisent fon Ecole font fous la protection du S. Siége contre
les calomniateurs ; il s'applaudit, il est tranquille ; il eft sûr d'avoir
pour lui S. Thomas, c'est tout dire, & cela lui suffit. Mais Rome
n'a pas celle de parler en fa faveur , le successeur de Clément XII.
veut marcher fur les traces de fes predécesseurs.
Benoit XIV.
Les monumens fe multiplient fous le regne de Benoît XIV. On

omniò hominibus , Infidelibus negativis, obduratis & excœcatis PRÆPARAT ET


OFFERT.
Au fujet de la seconde Thefe, voici ce que dit cette Université ;
L'Auteur de la seconde Thefe eft repré- x. œ vero Thefeos Author, Appendice
hensible , en ce qu'il préfume de préférer 8.â in eo reprehensibilis habetur, quòd
fon sentiment particulier , malgré les De- SCHOLÆ THOMISTICÆ sententiam to-
crets & les Bulles des Souverains Pontifes, ties à summis Pontificibus non vulgaribus
à la doctrine qu'on appelle Angélique ; s'ef- encomiis exceptam & magnificè celebra-
forçant, selon fon pouvoir, de détruire tam , de GRATIA PRÆSERTIM PER
l'opinion de l'Ecole Thomifique fur la SE ET AB INTRINSECO EFFICA-
Grace efficace par elle-même '{g par fa ver- CI, fuo modo evertere pertentet ; & non-
tu intrinséque, que les Papes ont rendue obftantibus Decretis & Constitutionibus
célébre par des éloges magnifiques & non Apostolicis doctrinam, quant vocant An-
communs. gelicam, privato fuo fenfui postponereprœ--
sumat....
Que les jeunes Théologiens prennent Caveant Theologi Alumni ne nimiùm
garde de fe livrer trop à leur propre ef- proprio spiritui credentes , doclrinam SS.
prit, & de préferer les autres doctrines à PP. Auguftini sigillatim & Thomœ cœteris
celle de S. Auguftin & de S. Thomas car docirinis poftponant.... Constanti namque
Alexandre IV. & les autres Souverains judicio summi Pontifices Alexander IV.
Pontifes, & furtout de nos jours Benoît & ...alii Romani Pontifices....sed im-
XIII. & Clement XII. par un jugement primis hâc noftrâ œtate Benediclus XIII.
confiant, & par leurs Approbations una- & Clemens XII. unâ voce approbantes ,
nimes , déclarent que l'opinion de l'Ecole declarant SCHOLÆ THOMISTICJE fen-
Thomifiique fur la Grace efficace par elle- tentiam DE GRATIA prœsertim PER
même, & par fa vertu intrinséque, qu'elle SE ET AB INTRINSECO EFFICA-
a toujours enseignée avec un zèle digne de CE ... quam laudabiliter hactenùs docuit
louange, & qu'elle fe glorifie d'avoir pui- (g quam ab ipsis SS. Docloribus Augufti-
sée dans les SS. Docteurs Augustin & Tho- no (g Thomâ se hausisse fchola Thomiftica
mas , est conforme à la parole de Dieu, commendabili ftudio gloriatur, verbo Dei,
aux Décrets des Souverains Pontifes & summorumque Pontificum (g Conciliorum
des Conciles, & au langage des Peres. Les decretis (g Patrum diclis consonam esse.
Bacheliers , &c. doivent donc faire atten- Videant igitur (g fub fancitis pœnis ca-
tion aux peines dont les Souverains Pon- veant Bacchalaurei, &.
tifes menacent, & prendre garde, &c.
25
va commencer par le sage avis qu'il donne à un grand Evêque de 1742.
France dans un Bref du 5 avril 1742.
Ergà illos quorum sensa ab A l'égard de ceux dont les fen-
Janfenianis insitutionibus non timens vous paroissent se confon-
discrepare arbitraris , maximâ dre avec les opinions des Janfe- deIl circonspection
faut une gran-

circumspectione ac maturitatepro- nistes , Nous penfons que vous pour accuser de


Jansenisme. L'af-
cedendum censemus, . . Summo- devez marcher avec une grande faire demande du
perè cavendum ne cum zizanüs réferve , Se après une mure déli- discernement afin
de ne pas arracher
triticum indifcretè projiciatur , ne- bération. Il faut furtout prendre le bon grain, sous
un faux prétexte.
que tanquam hœreticœ improben- garde d'arracher indiscrétement
turopiniones , de quibus inutram- le bon grain avec la zizanie, &
que partem Catholicis licèt dif- de taxer d'hérésie des opinions
ceptare. . . labes. .. inferri non que les Catholiquespeuvent fou-
potest. . .. Theologis quos , cum tenir de part Se d'autre. Dès
apertè se se novitatibus adversari que des Théologiens font une pro-
profiteantur, de fide rectè sentire fession ouverte de combattre les Ce n'est ni par
des préjugés, ni
minimè ambigere debemus , nouveautés, on ne peut les noir- sur de vaines cla-
dummodo in eorum. operibus er- cir , ni former le moindre doute meurs , ni sur de
vagues imputa-
ror aliquis certus non deprehen- Jur leur foi, pourvu que dans douter tions qu'on doit
de la Foi
datur, nec exindè colligatur : Je- leurs ouvrages une erreur certaine d'un Théologien,
mais sur la certi-
cùs enim non tam oborta incom- ne s'y découvre pas, ou n'en tude du fait, après
moda ac dissidia averterentur , puisse être déduite. Une condui- une mûre délihé-
ration,
quam nova alia , fortasse etiam te contraire, bien loin d'écarter
graviori Religionis & unitatis les maux naissans Se les dissen-
Ecclesiœ detrimento , excitaren- sions, feroit naître de nouveaux
tur. troubles, peut-être plus dange-
reux à la Religion & à l'unité de
l'Eglise.
Combien de Théologiens, fur la foi de leurs adversaires, ont
été reputés Jansenistes , parce qu'on n'a pas mis en ufage la leçon
précédente ! Le même Souverain Pontife va nous citer un exemple
des plus frappans de l'entêtement des Anti-Thomistes à faire des
Jansenistes malgré eux, Se en dépit de Rome même.

EXTRAIT du Bref, Dum prœterito, de Benoît XIV. du


31 juillet 1748, au grand Inquisiteur d'Efpagne , au fujet du 1748.
Cardinal Noris.
L'Histoi Pélagienne & ba Dissertation surle 5. e Concile
Œcuménique , composées par le Cardinal Noris, furent mises à
F
2 6
l'Index de l'Inquisition d'Espagne , malgré les approbations réi-
térées de Rome, dont on croyoit peut-être la mémoire éteinte ;
le Souverain Pontife , en étant instruit, adressa un Bref au grand
Inquisiteur où il lui parle ainsi :
Etant amplement informés de Cùm... nobis abundè constet
la vérité du fait, & bien assurés factum . .. nobis expofitum veri-
que les ouvrages du Cardinal tate inniti, & inter libros prof-
Noris fe trouvent dans l'Index criptos , in Expurgatorio Hispa-
expurgatoire de l' Inquisition d'Es- no , recensita Cardinalis Norisü
pagne , Nous sommes forcés , opera reperiri ; cogimur ... te ,
vénérable Frere, de vous parler venerabilis Frater , fraternè inter-
,
charitablement , & de vous pellare & paterne admonere , ut
avertir paternellement de cher- aquam prœpares quœ vastum in-
cher les moyens d'éteindre un cendium jam prœparatum extin-
feu qui est fur le point de caufer guat.
un vaste incendie.
Après avoir dit que l'Auteur de la Bibliothéque Janseniste a eu
tort de foupçonner les ouvrages du Cardinal Noris de quelque
erreur : Norisü opera aliquid Baianismi aut Jansenismi redolere,
AUTHOR BIBLIQTHECÆ JANSENISTICÆ IMMERITO
AUTUMAVIT : il rapporte quelques raifons de convenance qui
auroient dû retenir l'Inquisiteur ; & enfuite il ajoûte :
Il assure dere- Mais que dira-t-on puisqu'ils Quid autem dicendum erit ,
chef que dans les font fans reproche ,
ouvrages de No-
& qu'il est cum ea Baïanismi aut Janfenifmi
ris rien n'y ressent confiant qu ils font exempts de tou- notâ careant, & carere constet,
le Baïanisme ou
le Jansenisme. te tache de Baïanisme & de Janfe- post multiplicatum fuper eis exa-
Combien cepen-
dant d'Auteurs , nifme , par les examens réitérés men in hâc supremâ Inqu fitione
qui parlent com-
me lui, en ont
qu'en a fait le Souverain Tribu- Romanâ , cui Summi Pontifices
été taxés ! nal de l'Inquifition Romaine au- pro tempore exifientes prœsunt,
quel préfident les Souverains quique mox recenfita examina
Pontifes qui les ont confirmés fuo calculo comprobarunt.
par leur approbation.
Benoît XIV. retrace ici l'histoire des contradictions qu'ont
L'Inquisition essuyé les ouvrages du Cardinal Noris : deux fois examinés & ap-
d'Espagne , &
l'Auteur de la prouvés
avant l'impression , font-ils fortis de fous la presse ? Les
Bibliothéque Jan- accufateurs fe raniment. Noris, qui étoit à Florence, fe justifie.
senienne , crient
encore au Janse- Innocent XII. l'appelle à Rome ; on foupçonne qu'il est destiné
nisme au sujet de
Noris, après trois au Cardinalat, il est dénoncé comme ayant une mauvaife doc-
approbations
lemnelles. trine, malœ doctrinœ. Le Pape fait examiner de nouveau ses
27
ouvrages Se souscrit au jugement, qui décide qu'on n'y a rien
trouvé digne de censure : nihil cenfurâ dignum in operibus fuit ad-
inventum. Cette décision ne ferme pas la bouche aux calomnia-
teurs , ils veulent qu'il foit Janseniste , les Libelles accompagnent
les clameurs, Noris fe défend par un écrit fait exprès, Se le Pape
le met au-dessus de fes ennemis en le faifant Cardinal, à la gran-
de satisfaction du public. Après cet étonnant récit, Benoît XIV.
continue de parler au grand Inquisiteur :

,
Ex his quœ fuse tibi , venera-
bilis F rater expofuimus , colli-
gere poteris Baianismi aut Jan-
De ce long détail, que nous
venons de faire , vous pouvez
conclure , vénérable Frere ,
fenifmi notam Norisio unposi- que l'accufation de Baïanifme
tam novam non effe , eam re- Se de Janfenifme contre Noris
pentis folemnibus R omanis ju- n'est pas nouvelle , Se qu'elle a Il y a long-tems
diciis suisse penitùs eliminatam, été pleinement dissipée par plu- que la calomnie
attaque les Tho-
nec licuiffe Hifpance Inquisitioni sieurs jugemens folemnels ren- mistes , rientai- ne
peut la faire
eam iterùm in controversiam vo- dus à Rome ; qu'ainsi il n'étoit re. Belle leçon
pour les gens
care. a a & a a a pas permis à l'Inquisition d'Es- trop crédules.
pagne de renouveller une pareil-
le accusation.. . Sec...
Tu scis in celeberrimis quœstio- Vous sçavez qu'il y a diffé-
nibus de Prcedestinatione & Gra- rentes opinions dans les Ecoles
tiâ, & de modo conciliandi hu- touchant les célébres queftions
manam libertatem cum omnipo- de la Prédestination & de la Gra-
tentia Dei, multiplices efje in ce , Se sur la maniere d'accorder
Scholis opiniones. la liberté de l'homme avec la Tou-
te-Puissance de Dieu.
THOMISTÆ traducunturut On reproche aux Thomifles On a vu ci-des-
destructores humanœ libertatis , sus que ce repro-
de détruire la liberté humaine , che est déclaré
& uti sectatores nedum Jansenü, Se de fuivre la doctrine de Jan- calomnieux.
même Clément
C'est

fed Calvini : fed cum ipsis objec- senius, Se même de Calvin. XI. qui le dit le
tis APPRIMÈ satisfaciant ,
premier.
Mais comme ils satisfont parfai- Il est à remar-
nec eorum sententia fuerit un- tement aux objections, Se que quer que les Tho-
mistes réfutent
quam à Sede Apostolicâ reproba- le S. Siége n'a jamais improuvé parfaitement
calomnie , & ce-
la

ta in eâ Thomistœ impunè ver- leurs sentimens, les Thomifles y de genscombien


pendant
, sans
fantur , nec fas est ulli Superiori persistent fans craindre aucune avoir aucune con-
Ecclesiastico , in prœsenti statu , censure, Se il n'eft permis à au- noissance de leurs
raisons, sans a-
cos à fuâ sententiâ removere. cun Supérieur Ecclésiastique , teurs, traitent
voir lû leurs Au-
28
dlabsurde , &c.
leur sentiment ?
tandis que le Pa-
dans l'état où sont les choses, de les détourner de leur sentiment.
pe ne veut pas On accule les Augustiniens AUGUSTINIANI tradu-
même qu'on les
en détourne. d'être sectateurs de Baïus & de cuntur tanquam feclatores Baü &
Les Augusti-
niens,qu'on pour-
Jansenius. Ils répondent qu'ils & Jansenü : reponunt ipsi se hu-
roit regarder
comme une bran-
reconnoissent que l'homme est manœ libertatis ejfe fautores, &
che des Thomis- libre, & repoussent de toutes oppositiones pro viribus elimi-
tes,repoussent a-
vec force les atta- leurs forces les attaques ; & com- nant ; cùmque eorum fententia
ques. C'est le Pa-
pe qui l'assure & me jufqu'à préfent leur fentiment usque adhuc à Sede Apostolicâ
qui étoit instruit,
en sont-ils moins
n'a pas été condamné par le S. damnata non sit, nemo est qui
décriés par des Siége ; tout le monde voit que non videat à nullo prcetendi
gens souvenr qui
ne sçavent pas perfonne n'est en droit de les obli- posse ut à suâsententiâ discedant.
pourquoi on les
accuse ?
ger à l'abandonner.
Les Sectateurs de Molina & de Sectatores MOLINÆ &
Suarès font profcrits par leurs SUARESII à suis adverfariis
adversaires comme s'ils étoient proscribuntur , perindè ac si essent
Sans dire com- de vrais Semi-Pélagiens ; juf- veri Semi-Pelagiani ; Romani
ment les Molinis-
tes répondent aux qu'à préfent les Souverains Pon- Pontifices de hoc Moliniano sys-
objections , le
Pape assure qu'il
tifes n' ont point porté leur juge- temate usque adhuc judicium
n'y a rien de dé-
cidé sur leur sys-
ment fur le systême Molinien ; non tulerunt ; & idcirco in ejus
tème. ainsi ses partifans continuent & tuitione ipfi liberè prosequuntur,
peuvent continuer librement & prosequi pojfunt. Uno verbo
d'en prendre la désetise. En un Epifcopi , Inquisitores , non no-
mot les Evêques, les Inquisiteurs tas quas Doclores inter fe di-
ne doivent pas faire attention gladiantes sibi invicem opponunt,
aux notes que fe donnent réci- attendere debent, sed an notœ in-
proquement les Docteurs dans vicem oppositœ sint à Sede Apos-
leurs disputes, mais ils doivent tolicâ approbatœ.
examiner si ces notes oppofées
sont approuvées du S. Siège.
Le Siége Apostolique n'a juf- Hœc nullum ex propositis mo-
qu'à préfent reprouvé aucune de dis conciliandi libertatem huma-
ces trois manieres d'accorder la nam cum Divinâ Omnipotentid
liberté humaine avec la Toute- ufque adhuc reprobavit. Epifcopi
Puissance de Dieu. Que les Evê- ergo & lnquifitores , cùm fe dat
ques donc & les Inquisiteurs tien- occasio , eodem modo se gerant ,
nent la même conduite lorfque etiamsi uti privatœ personœ unius
l'occasion s'en préfente , quand potiùs quàm alterius sententiœ
même, comme Docteurs parti- fint feclatores. Nos ipsi, & fi uti
culiers , ils feroient plus portes privati Doclores in Theologicis
rébus
29
rebus uni faveamus opinioni , pour un fentiment que pour un
uti Summi Pontifices tamen op- autre. Nous - mêmes , comme
positam non reprobamus , nec si- Docteurs particuliers, quoique Un peu d'at-
tention sur la sa-
nimus ab alüs reprobari. nous favorisions une opinion çon dont le Pape
vient de parler
Théologique plutôt qu'une au- des trois différens
tre , néanmoins, comme Souverains Pontifes, nous ne reprou- sentimens, fera
bientôt juger le-
vons point l'oppofée , & nous ne souffrons pas qu'on la re- quel il favorisoit.

prouve.
DECRET de la Sacrée Congrégation , du 20 septem-
bre 1749 , au fujet de la Bibliothéque Janseniste. 1749.

Sacrœ Indicis Congregationis La sacrée Congrégation de


Decreto damnatus & prohibitus l' Index condamne & interdit par
fuit, ubicùnque & quocùnque ce Décret un Livre qui a pour
idiomate impressus Liber , cui titre : Bibliothéque Janseniste , ou Quand cet ou-
vrage fut condam-
titulus : Bibliothéque Janseniste, Catalogue Alphabétique des Li- né il n'étoit qu'en
volumes in-
ou Catalogue Alphabétique des vres Jansénistes, Quênelistes , deux 12 ; on a changé
Livres Jansenistes, Quênelistes, Baïanistes , ou fufpecls de ces er- frontispice mot
le premier
, au
du

Baïanistes, ou suspects de ces reurs , &c. A Bruxelles , 1744, lieu de Bibliothé-


que, &c. on a mis
erreurs, &c. A Bruxelles, 1744. en quelque païs & en quelque Dictionnaire Jan-
seniste , &c.
& alibi , tanquàm plura continens langue qu'il ait été imprimé ou quatre volumes.en
respeclivè falsa , temeraria, Scho-qu'il puisse l'être , comme con-
lis & Scriptoribus Catholicis , tenant plusieurs chofes respect-
etiam Ecclesiasticâ dignitate emi- vement fausses, téméraires , in-
nentibus injuriosa & Apostolicœ jurieuses aux Ecoles & Ecri-
Sedis decretis adversantia vains Catholiques, même à ceux
qui font distingués par quelque
dignité * Ecclésiastique , & contraires aux Decrets Apostoliques... Noris * Le Cardinal
y étoit in-
Quibus. . . . Sanctissimo Do- Le rapport de ce que dessus séré malgré les
ci-
mino Nostro Benediclo Papœ ayant été fait à N. S. P. le Pape approbationsdessus mention-
XIV. relatis , sanctitas fua de- Benoît XIV. Sa Sainteté a ap- nées.
cretum sacrœ Congregationis ap- prouvé le Decret de la facrée
probavit & publicari jussit. Congrégation, & en a ordonné
la publication.
Cette piéce ( qu'on donne au public pour le défabufer fur le
compte de plusieurs bons Livres que l'Auteur de la Bibliothéque
Janseniste, de f©n propre mouvement ofe noircir ) fut fuivie d'u- Cette Lettre
de Paris 21
ne Lettre d'un Docteur ( anonime ) de Sorbonne à un de ses amis datée novembre 1749.
en Flandres, où le faifeur de Libelle iniulte à toute outrance au été l'Index. condamnée
par
G
30
Decret & aux Auteurs qu'il pense que le Souverain Pontife a voulu
justifier : si le Cardinal Noris , dit-il, si le P. Serry , &c. n'entrent
pas dans la liste des Auteurs suspectés de Jansenifsme , pourquoi ,
diront d'autres, S. Cyran , Arnauld, Nicole, Paschal, Juenin, &c.
y trouveront-ils leur place ? & pour braver le jugement de l'In-
quisition au sujet de femblables ouvrages, il ose dire d'après Me-
nage : On les flétrira à Rome, on les lira donc : Notabitur Romœ,
legetur ergò.
Le R. P. Ricchini, Secrétaire alors du Saint Office , présente-
ment Maître du Sacré Palais, se crut obligé de refuter cet écrit,
par un autre sous le titre de Lettre d'un Théologien Romain
amateur de la vérité, à un Théologien de Louvain, touchant la juste
condamnation de la Bibliothèque Janseniste A Rome, 14 Mars
1750. Dans cette Lettre écrite fous les yeux du Pape, on justifie
pleinement Noris, Genet & plusieurs autres Auteurs. Mais , fans
entrer dans ce détail, on rapportera un seul trait qui efl: remar-
quable & intéreflant. Voici ce qu'on y lit :

Il met dans son livre un grand Multos ille scriptores Catholi-


nombre d'Auteurs Catholiques, cos vestrœ prœsertim Academiœ
On rapporte
cette Lettre du
principalement de votre Univer- Lovaniensis, Baü Jansenüque
R. P. Ricchini , sité de Louvain, au nombre des discipulis adnumeravit, proptere à
pour faire voir
qu'à Rome on Difciples de Baïus & de Janse- solùm quod opiniones defenderent,
soutient sans
crainte des opi-
nius, pour cette seule raison , aut de viclrici minimèque necessi-
nions qu'on s'est qu'ils soutiennent les opinions ou tante delectatione, aut de actio-
efforcé de flétrir
ailleurs par igno- de la délectation victorieuse & non nibus deliberatis in Deum cum
rance du Tho-
misme , ou par nécessitante ; ou de la nécessité de aliquo amoris initio (10) re-
antipathie pour
lui ; & on ne pré-
rapporter ses actions à Dieu avec ferendis ; aut de eodem charitatis
tend pas lui don- quelque commencement d'amour ; amore cum attritione supernatu-
ner plus d'auto-
rité. ou enfin de la nécessité de joindre le rali in Sacramento Pœnitentiœ

(10) Au sujet du rapport des actions à Dieu, voici ce qu'en avoient déjà dit cent
Evêques de France dans le Corps de Doctrine, où les Explications de 1720. A. 4,
en parlant de la Charité: l'obligation de rapporter à Dieu toutes les actions, renfer-
mée dans le premier Précepte ( qui est ; celui de la Charité ) fait partie du culte que
nous devons au Souverain. Etre, & de la gloire que nous sommes obliges de lui
rendre. La Doctrine, qui enseigne cette obligation , a de trop grands fondemens dans
l'Ecriture & la Tradition, pour souffrir que des Auteurs téméraires osent la com-
battre, ou qu'ils renouvellent différentes Propositions, condamnées par les Papes
* Propositions Alexandre VII Innocent XI. & par le Clergé de France assemblé en 1700. * comme
16. 17. 18. 19. 20 autant d'erreurs qui renversent le premier & le plus grand des Commandemens ,
& 21. & qui éteignent l'esprit de la loi Evangélique,
31
conjungendo : quas opiniones , même amour de charité dans le
cùm nunquam Sedes Apostolica Sacrement de Pénitence avec une
reprobarity certumque sit ab omni attrition surnaturelle. Ces opi-
distare periculo , magna insolen- nions n'ayant jamais été condam-
tia est privatum audere notare , nées par le Siège Apostolique ,
& Hœreticis , qui defendunt , & d'ailleurs étant constamment
accensere, multò major , quod à l'abri de tout danger, qu'elle
Romani Pontifices , id ne fieret, insolence n'est-ce pas à un parti-
vetarunt. culier d'oser les censurer , & de
mettre au nombre des Héréti-
ques ceux qui les foutiennent, furtout les Souverains Pontifes
l'ayant défendu ?
Le R. P. Ricchini, qui a avoué cette Lettre, la finit en priant
le Seigneur que du moins tous les Catholiques se foumettent à
l'autorité du Saint Siége, que tous reçoivent fies décrets avec
* Il cite les ex-
respect , & surtout les Ecrivains * qui publient hautement qu'ils pressions de l'Au-
ont une obéissance aveugle pour tout ce qui vient de Rome. teur qu'il refute.

EXTRAIT de la Bulle de Benoît XIV. S aluberrimam ,


du 21 août 1752 , en faveur du Collège de Saint Denis l'Aréo- 1752.
pagite près Grenade en Espagne, par laquelle Sa Sainteté or-
donne entr'autres choses que la doctrine de Saint Thomas fera
seule enseignée dans ce Collège.
Les Abbé & Chanoines del'Eglise Collégiale de l'Affomption
de la Sainte Vierge, Supérieurs dudit Collége , fondé en 1609
par un Archevêque de Grenade , dont la volonté étoit que
la doctrine de S. Thomas d'Aquin y fût seule enseignée , ayant
observé que depuis peu différentes perfonnes imbues des prin-
cipes & de la doctrine d'autres écoles, avoient introduit la
coutume d'enseigner d'autres opinions & maximes étrangeres à
cette doctrine , firent le 9 juin 1752 un statut, qu'ils envoy-
rent au Souverain Pontife , afin qu'il le confirmât. Voici ce qu'il
en dit dans fa Bulle :
Exponentes. . . Statutum per- Les Supplians ont fait un sta-
petuum & indelebile ediderunt , tut perpétuel & irrévocable , por-
quo Angelici Doctoris Doctri- tant que la Doctrine du Docteur
na , eo modo quo A MAGIS- Angélique soit désormais expli-
TRIS THOMISTICIS com- quée, enseignée & entendue dans
muniter explicatur, traditur & les écoles & chaires dudit Collége
32
Ces expressions de S. Denis, précisement de la mê- intelligitur , deinceps in scholis &
sont clairet & sup-
posent que les me maniere que l'expliquent, l'en- cathedris dicti Collegii Dyoni-
seuls Docteurs
Thomistes enten. seignent & l'entendent communé- siani prœcisè explicetur, tradatur
dent bien Saint ment LES DOCTEURS atque intelligatur.. .
Thomas.
THOMISTES.
Ce Statut , qui a été si sage- Statutum, quod, ut invectis abu-
Le Pape dit que ment fait pour apporter un remé- sibus, alias scilicet tradendi, do-
ce Statut est sage-
mentfait&propre de convenable à l'abus qui s'étoit cendi & explicandi à doctrinâ
à faire revivre la
Doctrine de Saint introduit d'enfeigner & d'expli- sententiâque Angelici Doctoris
Thomas. Il lui a
causé beaucoup
quer dans les écoles ou chaires S. Thomce Aquinatis ab ipso
de joie. dudit Collége des opinions & des Fundatore intentâ , ac diu tra-
sentimens contraires à la doctrine ditâ & explicatâ , aliénas opi-
du Docteur Angélique S. Thomas niones, sententiasque in scholis ,
d'Aquin, qui avoit été enseignée cathedrisve ejusdem Colleüi Dyo-
& expliquée pendant long-tems nisiani opportunum remedium
fuivant l'intention du Fondateur , afferretur consultissimè conditum
nous a causé beaucoup de joie, & fuit , paternœ charitati nostrœ
notre charité paternelle en a été pergratum ac perjucundum acci-
Benoît XIV. très satisfaite. En effet la doctrine dit. Doctrinœ enim S. Thomœ
renouvelle tous
les éloges des Pa- de S. Thomas, ce fidéle inter- Aquinatis , divinœ voluntatis in-
pes cités ci-dessus
en faveur de S. préte de la volonté Divine aussi terpretis , vitœ sanctitate & mi-
Thomas & de sa
Doctrine.
recommandable par la fainteté raculis clari tantùm fuit tribu-
de fa vie que par ses miracles, tum, ut Christiance erudidonis
a été tellement autorisée, que suœ divinum etiam illud habeat
fuivant le rapport du pieux au- testimonium , sicut piè testatur
teur de sa vie, son érudition, dans historia : bene de me, Thoma ,
tout ce qui concerne la Religion scripsisti : atque ejusdem quidem
Chrétienne, a reçu de Dieu mê- doctrinœ testis est ingens librorum
me ce glorieux témoignage ; numerus , quos ille brevissimo
Thomas , tu as bien écrit de moi. tempore in omni ferè disciplina-
Il ne faut même d'autres témoins rum genere , singulari ordine ,
de l'érudition de ce faint Doc- mirâ perspicuitate , sine ullo pror-
teur que le nombre infini d'ou- sus errore conscripsit, in quibus
vrages exempts de toute erreur, conscribendis interdùm S s. Apos-
qu'il a écrits en tout genre de tolos Petrum & Paulum collo-
doctrine, en très-peu de tems, quentes, locosque illi quosdam
avec un ordre & une netteté ad- enarrantes habuit, & quos dein-
mirable. Aussi est-ce une opinion de conscriptos expressâ Christi
commune qu'en les composant, voce comprobatos audivit. Quandò-
quidem
33
quidem Ommpotentis Dei pro- il a eu quelquefois des entretiens
videntiâ factum est, ut Angelici avec S. Pierre & S. Paul, qui
Doctoris vi ac veritate doctrinœ lui expliquoient par l'ordre de
non solùm innumerœ quœ vel ip- Dieu certains endroits de l'Ecri-
sius œtate, vel anteà grassatœ ture , qu'il a écrit enfuite , &
sunt, seb multœ etiam quœ dein- dont il a reçu l'approbation de
ceps exortœs sunt hœreses confusœ J. C. même. Par un effet de la
& convictœ disssiparentur: ea prop- divine Providence , la force & la
ter cum tanti Doctoris opera sole vérité de la doctrine du Docteur
clariora, sine ullo prorsus errore Angélique ont confondu , con-
conscripta , quibus Ecclesiam vaincu & dissipé les hérésies sans
Christi mirâ eruditione clarifica- nombre qui fe font élevées non
vit, inossenso pede decurri pos- feulement de fon tems ou avant
sint : Nos qui peculiari pietate ac lui, mais même depuis. C'est
veneratione eumdem Angelicum pourquoi comme les ouvrages
Doctorem semper prosecuti su- d'un si grand Docteur, qui, par
mus , quemadmodum Romani l' érudition dont ils font pleins,
Pontifces prœdecessores nostri ont fi admirablement éclairé
magno etiam in honore ipsius l'Eglife de J. C. & qui répandent
doctrinam habentes , meritis quo- d'eux-mêmes une lumiere plus
que laudibus cumularunt , Nos- brillante que celle du soleil, fans
tris itidem Apostolicis vocibus aucun nuage d'erreur , peuvent
collaudantes , STATUTUM être parcourus fans aucun dan-
ejusmodi APPROBAMUS ger : Nous qui avons toujours eu
ET CONFIRMAMUS, nec- pour ce Docteur Angélique un
non Apostolici prœsidü munimi- amour & une vénération singu-
ne roboramus, ita ut deinceps liere, saisissant avec plaisir cette
nemo ex Magistris sive Lectori- occasion de donner à sa doctrine Il ajoute ses élo
ges à ceux de ses
bus ejusdem Collegü Dyonisani nos éloges Apostioliques à l'exem- Prédécesseurs.
aliam doctrinam , ac prœsertim in ple de nos Prédécesseurs, qui
rebus Theologicis, prœter UNI- ont témoignés par de semblables
CAMS. THOMÆ AQUI- éloges l'estime qu'ils en faisoient,
NATIS DOCTRINAM in NOUS APPROUVONS ET Il confirme un
Statut qui lui a
scholis & cathedris dicti Collegü CONFIRMONS LE STA- été fort agréable,
& lui donne une
auditoribus legere , tradere & ex- TUT dont il s'agit, & le revê- force Apostoli-
que.
plicare unquàm possit. Prœtereà tons de toute la force de notre Au-
üsdem Magistris & Lectoribus in torité Apostolique , enforte que
virtute S. obedientiœ & SUB jamais aucun Docteur ou Fro-
PŒNIS & CENSURIS EC- fefléur dudit Collége de S. De-
H
34
nis ne puisse dans la fuite ensei- CLESIASTICIS nobis, & Ro-
gner ou expliquer dans les écoles mano Pontifici pro tempore exis-
ou chaires dudit Collége, sur- tenti reservatis, à quibus à ne-
tout en matiere Théologique, mine , prœterquam in mortis ar-
d'autre Doctrine que celle de S. ticula , absolvi quisquam valeat ;
Thomas, & Nous enjoignons disirictè prœcipimus & manda-
expressément auxdits Docteurs mus , ut omnes & singulas opi-
& Professeurs, en vertu de la niones in rebus prœsertim Theo-
Il défend sous sainte obéissance & sous les peines logicis à commendatissimâ Sancti
peine d'Anathême
d'enseigner une
& censures Ecclésiastiques réser- Thomœ doctrinâ alienas legere,
autre Doctrine vées à Nous, & à celui de nos docere , tradere & explicare om-
que celle de Saint
Thomas, selon le successeurs qui fe trouvera dans ninò abstineant.
Statut ; c'est-à-
dire que celle des le tems , sans que nul autre puis-
vrais Thomistes. es en absoudre, si ce n'est à l'article de la mort, qu'ils aient à
Voilà sa méthode
d'enseigner lajeu- s'abfienir d'enseigner ou d'expliquer, principalement en matiere

Théologique , toutes & chacune des opinions qui feroient


étrangeres à la doctrine fi recommandable de Saint Thomas, (11)

Sous le Pontificat de Benoît XIV. la Faculté de Théologie de


Touloufe porta un Jugement doctrinal le 8 août 1752 contre une
Thefe foutenue à Montpellier le 27 juillet. En voici la teneur :

La Faculté de Théologie de Rogatâ Facultate Theologicâ


l'Univerfité de Toulouse, ayant Academiœ Tholosanœ ut suam
été priée de dire son sentiment de Thesi sequenti dicat senten-
fur la Thefe fuivante : tiam :
La Prédétermination physique Prædeterminatio phyfica efi:
estinutile tant du côté de Dieu que inutilis, tum ex parte Dei, tum
du cóté de la créature. Elle ne peut ex parte craaturæ. Non potest
s'accorder avec la liberté de l'hom- conciliari cum libertate homi-
me , & elle est injurieuse à Dieu nis , & est Deo injuriofa quem
quelle fait auteur du péché. facit authorem peccati.
A la lecture de cette propofi- Ad hujus lectionem obstupuit
tion , ladite Faculté a été saisie sacra Facultas , nec sine dolore

(11) Les Souverains Pontises Innocent X. Innocent XI. Alexandre VIII. ont sou-
vent donné des Lettres Apostoliques, pour établir dans l'Europe & dans l'Améri-
que des Universités, ou de nouvelles Chaires de Théologie, 6c pour y faire en-
seigner la Doctrine de Saint Thomas.
35
audivit VULGATAM adeò d'étonnement ; Se elle n'a pu en-
apud Doctores Catholicos DOC- tendre fans douleur , qu'une
TRINAM, qualis est Præde- doctrine aufli célébre que l'est par-
terminationis physicas senten- mi les Docteurs Catholiques le
tia , his deturpari notis , quibus fentiment de la Prédetermination
acerbiores vix ullœ contra Mani- physique, fut flétrie par des qua-
chœos & Calvinistas adhiberi lifications fi odieuses, qu'à pei-
possent. ne en pourroit-on employer de
plus dures, s'il s'agissoit de ca-
ractérifer les erreurs des Mani-
chéens & des Calvinistes.
Quapropter censuit sacra Fa- C'est pourquoi la Sacrée Fa-
cultas, hanc Thesim temerè culté a jugé que cette assertion
prorsùs appositam suisse ; floren- a été fort témérairement avancée ;
tissimæ in Ecclesiâ scholæ inju- qu'elle blesse contre toute justice
riam inferre iniquiflimam ; Pon- les droits d 'une Ecole très-célébre
tificüs ac Regüs sianctionibus de dans l'Eglise ; & qu'elle emporte
pace in scholis Catholicis ser- une grave désobéissance aux Condamner les
sentimens des
vandâ , fugiendisque censuris ac loix de l'Eglise & de l'Etat, qui Thomistes , c'est
désobéir aux Loix
convicüs, quibus ossendi utrinque ont pour objet de maintenir la de l'Eglise & de
l'Etat.
possent, plurimùm adversari. paix dans les Ecoles Catholi-
ques , Se d'empêcher qu'elles ne
s'ossensent mutuellement par des cenfures Se des qualifications in-
jurieuses.
Un seul Docteur fit des reproches de cette censure au Doyen :
celui-ci la fit préfenter au Souverain Pontife , qui envoya la ré-
ponfe suivante:
EXTRAIT du Bref, A fielicis recordationis , de Benoît XIV.
du 16 mai 1753, au Doyen Se autres Profefleurs de la Faculté *7523
de Théologie de Touloufe.
Après avoir rapporté la défenfe faite par Clement XII. Se an-
técédemment par Paul V. Se ses autres prédécesseurs de s'inju-
rier dans les Ecoles : voici ce qu'il dit au fujet de la fufdite cen-
fure:
Nemo est qui non videat sa- Il n'est : personne qui ne voie Le Pape ne se
contente pas de
crœ vestrœ Theologicœ Facultatis que votre Sacrée Faculté a fait louer la justice de
ceux qui pren-
SAPIENTIAM , SANAM paroître SA SAGESSE, LA nent parti pour la
DOCTRINAM atque JUS- PURETÉ DE SA DOCTRI- prédetermination
Physique, il assure
36
qu'il font éclater NE, ET SA JUSTICE, lors- TITIAM, dum die 8 augusti
leur sagesse & la
pureté de leur qu'elle a délibéré le 8 août 1752 anni 1752 proscribendam cen-
Doctrine.
de proscrire une These conçue en suit Thesim sequentibus verbis
ces termes: La Prédétermination conceptam : Prædeterminatio
physique, &c. comme ci-dessus. physica, &c. ut suprà.

La Faculté, en écrivant au Souverain Pontife pour le remer-


cier, afin d'éviter des tracasseries qu'elle appréhendoit, lui envoya
un extrait de la cenfure revêtu de toutes les formalités qui peuvent
donner à une acte la plus grande authorité. Sa Sainteté fit donner
une réponfe du 27 feptembre 1753 , par laquelle elle faisoit dire,
qu'elle étoit bien aise d'avoir l'Acte enforme , quelle étoit contente du
On reconnoît zéle qu'on avoit fait paroître dans les assemblées pour défendre & sou-
au nom du Pape
que le sentiment
tenir la Doctrine de S. Thomas ; qu'on n'avoit rien à craindre au-
de la Prédetermi- près d'elle de la part de ceux qui étoient opposés de sentiment ; qu'en
nation phisique, est
celui de S. Tho- un mot, c'étoit chose finie : causa finita. (12)
mas.

(12) Monsieur Bossuer, cet Oracle de l'Eglise de France, dans son Traité du
libre Arbitre composé pour l'instrustion de Monseigneur le Dauphin, Aïeul de
Sa Majesté, Chap. 8. prouve que la Prémotion & Prédetermination Physique est
l'unique moyen qui sauve parfaitement notre liberté & notre dépendance de Dieu.
Ceux auxquels de puissantes Authorités n'ont pu faire avouer que Noris n'étoit
pas Janseniste , se laisseront-ils persuader présentement que S. Thomas est Tho-
mille en admettant la Prémotion ou Prédetermination Phisique ? On ne prétend point
faire ici une dissertation, on renvoyé aux Auteurs multipliés qui ont poussé la dé-
monstration jusqu'à l'évidence en ce point, & qui ont fait voir que Eannès n'étoit
pas l'Auteur de ce sentiment. Celui qui n'a pas lu S. Thomas, doit se taire. Mais
on demandera à celui qui se vantera de l'avoir étudié, pourquoi il ne parle pas
comme ce S. Docteur ? Craint-il d'être appellé Janseniste ? Mais Jansénius est d'ac-
cord avec ceux qui raillent la Prédétermination Physique. N'est-il pas étonnant en
effet que certains Théologiens veuillent passer pour Thomistes, & qu'ils n'osent
cependant exposer leurs opinions par les propres termes de S. Thomas, dont on
va rapporter quelques expressions !
Dieu, dit le Docteur Angélique , est cause de Vaction de la créature agissante,
On ne met point
les citations. Ceux
parce qu'il influe l'Agir. Comme cause 1re. il donne à la cause 2e. qu'elle influe
qui ont étudié S. sur son effet. Dieu est la cause de ce qu'on appelle agir, comme la motion de celui
Thomas les sça- qui met en mouvement une chose mobile , est cause de ce mouvement : or, cette
vent , & le Tho- motion précédé comme cause ( Physique ) par une priorité de raison, ledit mouve-
miste les appren-
dra à ceux qui les
ment Dieu opere ( non-seulement dans l'Acie ou l'effet, non-seulement avec la na-
ignorent On peut ture & la volonté ) mais dans la nature même Se dans la volonté lorsqu'elles
voir Lemos , Pa- agissent ; de sorte que l'influence de la cause 1re. se communique à la cause 2e. au-
cop. 1. 3. p. 1. paravant de parvenir jusqu'à l'effet que produit cette cause qui agit par la vertu
Tr. 1 c.6. &c. Tr.
2. c. 18. &c. 1. 4.
de la cause ire. laquelle vertu joint la cause 2e. à son effet, & agit plus fortement
p. 2. Tr. 4. c. 30. & même antécédemrnent ( priàs & vehementiùs ) sur l'effet. Dieu remue la volonté
&c. Massoulié immutable ment à cause de l'efficacité de sa vertu qui ne peut manquer ; ( S. Augustin
diss. I. q. 2. A. dit, que la volonté est agitée insuperablement & indéclinablernent : indeclinnbiliter &
3. &c. insuperabiliter ageretur ). Dieu , dit toujours S. Thomas, connoît nos volontés parce
Prémotion Phy-
37
EXTRAIT du Discours de Benoît XIV. prononcé dans
l'Assemblée générale de l'Ordre des Freres Prêcheurs tenue à
Rome le 3 juillet 1756, pour l'élection d'un Général.
Quod si fortè reliqua familiœ S'il nous étoit possible d'ou- 1756.
vestrœ ornamenta & in Eccle- blier quelqu'un de ces grands
siam CathoLicam promerita ex hommes qui ont illustré votre
animo nostro excidere unquàm Ordre , ou les services impor-
potuissent, hoc tamen prositemur tans qu'ils ont rendus à l'Eglise, On ne donne
ce trait
nullo unquàm tempore evenire po- oublierions-nous jamais ce chef cours duduPape Dis-
,
tuisse ut è memoriâ nostrà dilabe- des Théologiens , cet Ange de présence
qui honoroit de sa
ce Cha-
retur Theologorum princeps , l'Ecole, ce Docteur de l'Eglise, pitre général en
y présidant, que
scholarum Angelus 5 Ecclesiœ ce principal ornement de votre pour faire voir
ce qu'il
Doctor, prœclarum Ordinis ves- Ordre , SAINT THOMAS derechef pensoit de Saint
tri sidus, S. THOMAS D'AQUIN ? Perfonne n'ignore Thomas, & com-
bien il se faisoit
AQUINAS , cujus doctrinœ le grand nombre de Papes qui gloire d'être Tho-
miste.
complures Romani Pontifices de concert ont célébré fa doc-

qu'il est en nous la cause de notre vouloir. Il est cause de toute action, en appliquant sique n'est autre
la vertu d'agir à l'action. Enfin, Dieu prédétermine ( car ce mot se trouve neuf ou chose qu'une mo-
tion qui est la cau-
dix fois dans les Ouvrages de S. Thomas) par sa volonté comme cause ( sans se Physique d'une
doute Physique ) de toutes choses , jusqu'à la maniéré ( c'est-à-dire, le mode libre action , ou d'un
ou nécessaire ) donc elles sont produites. mouvement.
Ce sont là, sans parler d'une infinité d'autres, les expressions dont il faut se Une cause Phy-
servir quand on veut se faire gloire de suivre S. Thomas. Lorsqu'on parleroit de sique qui agit ,
le fait physique-
la forte , le Thomiste seroit prêt de céder le nom pour la chose, puisque de l'aveu ment ; si elle pré-
même de quelques Dominicains on peut soutenir l'essence du Thomisme en ne détermine , agis-
regardant l'expssion de prémotion ou prédétermination Physique, que comme on sant comme cau-
fait les questions de nom ou purement philosophiques : néanmoins après un peu d'at- se , c'est physique-
ment.
tention on sera bien-tôt rangé du côté des Prédéterminans, avec le Thomiste aussi
bon Philosophe que Théologien, & suivanc le fil des principes du Docteur An-
gélique , on sera forcé d'avouer que la prédétermination Thomistique ne nuit point à
ta liberté & ne fait point Dieu Auteur du péché : & c'est cette Doctrine dont les Pa-
pes sont l'éloge & qu'ils ont approuvée dans les Thomistes ; voilà le sentiment de
Bannès d'après S. Thomas.
Mais tandis que pour sauver une opinion contraire on amollira, pour ainsi dire, les
authorités ; tandis qu'on craindra de dire que Dieu agite la créature pour qu'elle
agiffe , & comme dit S. Augustin, non pas pour qu'elle ne sasse rien : tandis qu'on
rendra ce mot latin agi, par conduire, comme on l'afait dans un Traité François de
l'efficacité de la Grace : tandis qu'on soutiendra, avec un Docteur frasçois, qu'on
est agité par l'esprit de Dieu, sans agir : le Thomiste rira de pareils efforts, parce
qu'il aura pour lui S. Augustin qui assure, 1°. que l'Ecriture Sainte ne dit pas seu-
lement conduire ou régir ; mais qu'elle parle plus fortement en disant que le
Saint Esprit agite : non ait duxerit : plus est agi quàrn Régi. 2Q. qu'on agit quand
on est agité par cet esprit : agis si agaris. Son fidele Disciple S. Thomas ne veut
pas même que celui qui est agite par le Saint Esprit retarde, bien loin de resister : qui
agitur, non resistit vel tardat.
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trine , & les témoignages les prœdecessores nostri perhonorifica
plus honorables qu'ils lui ont dederunt testimonia ; quemadmo-
donné. Nous avons fuivi leurs dum etiam nos ipsi in Libris ,
traces dans les différens ouvra- quos de varüs argumentis con-
ges que nous avons donnés au scripsimus , postquàm Angelici
public ; car dès qu'après un fe- Doctoris sententiam diligenter
rieux examen nous avons recon- scrutando percepimus atque sus-
nu le fentiment du Docteur An- peximus, admirabundi semper at-
gélique fur toutes les matieres que lubentes eidem adhœsimus
que nous traitions, Nous l'a- atque subscripsimus ; candidè pro-
vons embrassé, & Nous y avons sitentes , si quid boni in üsdem
foufcrit avec autant d'admira- libris reperitur, id minimè nobis ,
tion que de joie. Auffi confef- sed tanto prœceptori totum esse
fons-nous ingénuement que s'il adscribendum. . .
y a quelque chofe de bon dans
nos écrits, ce n'est pas à nous que la gloire en est due mais à
ce grand Maître....
Il ne nous reste plus qu'à vous Nihil aliud nobis dicendum
recommander de rendre votre superest, nisi ut id agatis , quod
conduite conforme aux leçons vos prœceptor ille vester agendum
de ce Docteur votre Maître, dans docuit , &c.
l'election pour laquelle vous êtes
assemblés.
Ne peut-on pas appeller avec raison ces éloges & ces approba-
tions le Triomphe du Thomisme ?
Clement XIII. Demandons, en finissant, à Dieu par des gémissemens inef-
1758. fables , qu'il répande les plus abondans fecours de fa Grace très-
efficace , efficacissimœ Gratiœ ( comme parle Clement XIII. dans
fa Bulle Venimus, pour le Jubilé de 175 8 , ) afin que la calomnie
cessant, la paix regne avec la vérité dans les Ecoles jusqu'à la fin
des siécles. Ainsi soit-il.

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