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1989 : La chute du Mur

Le Mur de Berlin tombe dans la nuit du


jeudi 9 novembre 1989.
L’empire soviétique n’y survivra pas.
92 c’est notre histoire !

1989, année des peuples  


et des nations
Dans le nouvel environnement international Dernière a rejoindre le mouvement, la Roumanie
marqué par la perestroïka de Gorbatchev et le vit en décembre un mouvement révolutionnaire
retrait de l’armée soviétique de l’Afghanistan, le visant à abolir la dictature de Ceausescu qui, le 25,
pouvoir communiste en Pologne commence, en est arrêté et exécuté avec sa femme. Un Front de
février 1989, les négociations avec Solidarnosc salut national prend le pouvoir. Mais le chemin
devenue une vraie opposition politique. Elles vers la démocratie sera ici plus long qu’ailleurs.
aboutissent à la légalisation de Solidarnosc en
avril, à son triomphe aux premières élections
semi-libres en juin et à la formation d’un gouver-
nement où ses représentants occupent plusieurs
postes clés y compris celui de premier ministre
La fin de l’URSS
et qui prend ses fonctions en septembre. La tran- L’URSS s’écroule parce qu’elle a perdu et la guer-
sition vers la démocratie estlancée. re et la paix.

Après les funérailles solennelles d’Imre Nagy, pre- En 1985, l’arrivée au pouvoir en URSS de Mikhaïl
mier ministre et martyr de la Révolution de 1956, Gorbatchev, qui prend conscience de la défaite
en juin, la Hongrie ouvre en septembre sa fron- imminente de l’armée Rouge en Afghanistan,
tière avec l’Autriche, ce qui permet aux habitants marque la fin de la guerre froide. Quatre ans plus
de la RDA autorisés à passer les vacances dans tard, les troupes soviétiques se retirent de l’Afgha-
les « pays frères », de fuir vers l’Ouest. En octobre, nistan et Moscou se résigne au démantèlement
elle se proclame République de Hongrie, an aban- de son empire : pendant l’été et l’automne 1989,
donnant l’épithète « populaire ». Les premières les pays satellites accèdent à la démocratie, l’Al-
élections libres ont lieu en avril 1990. lemagne retrouve son unité l’année suivante, et
l’Union soviétique elle-même se transforme en
à partir de septembre, une vague de manifesta-
décembre 1991 en une Communauté des États
tions commence à secouer la RDA . Le 18 octobre,
indépendants.
Erich Honecker, à la tête du pouvoir communiste
depuis 1971, est obligé de démissionner. Les ma- Mais l’URSS s’écroule aussi parce qu’elle a perdu
nifestations deviennent encore plus puissantes. la paix. Elle en est restée à une économie de la
Elles provoquent d’abord la démission du gou- pénurie et elle maintient son empire et sa cohé-
vernement tout entier, puis, le 9 novembre, la sion interne par la peur de l’intervention armée.
chute du Mur. La RDA ne lui survivra pas long- Une fois les réformes entamées et la peur dis-
temps. Le 27 novembre, à Leipzig, 250 000 mani- parue, il devenait impossible de résister au dé-
festants exigent la réunification de l’Allemagne. sir des peuples de recouvrer leur indépendance.
Elle deviendra effective le 3 octobre 1990. Ce que Gorbatchev a commencé, Eltsine l’a porté
à son terme.
En novembre, les manifestations commencent
aussi en Tchécoslovaquie où les choses vont vite :
début décembre, le gouvernement communiste
démissionne suivi par le président de la Républi-
que. Alexandre Dubcek, héros du Printemps de
Prague, devient président du Parlement et le 29
décembre Vaclav Havel est élu par celui-ci à la
présidence de la République.
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La chaîne humaine
Une chaîne d’un million de personnes aboutit à
l’indépendance des pays Baltes.

Le 23 août 1939, le pacte Ribbentrop-Molotov fai-


sait tomber les pays Baltes dans l’escarcelle de
Staline. Occupés par les Allemands pendant la
guerre, ils furent de nouveau annexés par l’URSS
en 1944.

Cinquante ans après, le 23 août 1989, en signe de


protestation contre la collusion des deux impé-
rialismes totalitaires et de revendication d’une in-
dépendance toujours refusée, un million de per-
sonnes forment une chaîne humaine de 560 km
entre Vilnius (Lituanie) et Tallin (Estonie), en
passant par Riga (Lettonie).

Des référendums suivent dans chacun des trois


pays Baltes, qui donnent une écrasante majorité
aux partisans de l’indépendance. À l’automne
1991, la désintégration de l’URSS devait enfin
leur donner satisfaction. Ce n’est qu’alors que
la Seconde Guerre mondiale prend fin pour les
pays Baltes.

La désintégration de 
l’Union soviétique
En août 1991, une tentative de putsch contre Gor-
batchev est organisée par les hauts apparatchiks
communistes pour qui les réformes en cours sont
inacceptables. Elle échoue grâce à la mobilisation
populaire, en particulier à Moscou où Boris Elt-
sine dirige la résistance. Le 8 décembre, les prési-
dents de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorus-
sie constatent à l’issue d’une réunion que l’URSS
a cessé d’exister, décision confirmée le 25 par la
démission de Gorbatchev de la présidence.
94 La chute du Mur
1989 : c’est notre histoire94!

Unies, la rudesse afghane et la sophistication


technologique américaine mettent l’URSS à terre.
Moudjahiddine afghans sur la carcasse d’un hélicoptère
soviétique abattu par un missile Stinger, Afghanistan,
le 10 janvier 1986 .
© Alain DeJean / Sygma / Corbis

Le prophète et le savant : deux visages de la dissidence soviétique.

Alexander Soljenitsyne, Andrei Sakharov, Moscou, le 9 octobre 1975


Maine, USA, le 30 octobre 1983 ©Bettman/Corbis
©Sophie Bassouls/Corbis Sygma
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Sous le regard du ciel


Premier voyage pontifical en Pologne du 2 au 10 juin 1979.
Messe en plein air, le 6 juin, à Cracovie.
©Christian Simonpietri/Sygma/Corbis

Urbi et orbi
Le nouveau pape, Jean Paul II, Rome, le 12 novembre 1979.
©Christian Simonpietri/Sygma/Corbis
96 c’est notre histoire !

Solidarnosc a gagné le droit d’exister.


Pas pour longtemps.
Lech Walesa accompagné de Tadeusz Mazowiecki à la
sortie du tribunal après le dépôt de la demande d’enregis-
trement et des statuts du syndicat Solidarnosc, Varsovie,
le 24 septembre 1980 .
© AlainKeler/ Sygma Corbis

Il a la police en face. Et le pays derrière lui.


Manifestation organisée par Solidarnosc pendant l’état de
siège ; dans le fond, la police anti-émeutes. Le négatif de la
photo fut confisqué par les services de sécurité au cours
d’une perquisition. Gdansk, le 3 mai 1982 .
© Boguslaw Nieznalski, / Karta
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France et Allemagne réconciliées dans le souve-


nir de leurs tueries.
François Mitterrand et Helmut Kohl commémorent à
Verdun les victimes des deux guerres franco-allemandes
– guerres mondiales.
©Bettman/Corbis

Ils se regardent encore en chiens de faïence…


Premier jour de la première rencontre entre Mikhaïl Gorbat-
chev et Ronald Reagan, Genève, 21 novembre 1985.
©Bettman/Corbis
98 c’est notre histoire !

Un couple européen à la tête de l’Union soviétique.


Raïssa et Mikhaïl Gorbatchev à leur arrivée à l’aéroport de
Reykjavik pour une rencontre avec Ronald Reagan
le 10 octobre 1986 .
©Bettman/Corbis

Un condamné à mort de Tchernobyl.


Moscou, clinique n° 6, examen post-opératoire, dans une chambre
stérile, d’un intervenant sur le site de Tchernobyl, janvier 1987.
© Igor Kostin/Sygma/Corbis
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Adieu, Kaboul !
Cérémonie de départ des derniers soldats soviétiques
d’Afghanistan, le 13 février 1989 .
©Patrick Robert/Corbis/Sygma

Tout change autour, mais ils tuent encore.


Monument à la dernière victime du mur, Berlin, 1989 .
©Alain Nogues/Corbis/Sygma
100 c’est notre histoire !

Le martyr de 1956 revient sur la place publique.


250 000 personnes assistent aux funérailles nationales
d’Imre Nagy, premier ministre et martyr de la révolution
de 1956, supplicié à Budapest en 1958 , Square des Héros,
Budapest , 16 juin 1989 .
©Thierry Orban/Corbis Sygma

Le chef du premier gouvernement non


communiste d’un pays du Pacte de Varsovie
sacré par le chef de Solidarnosc.
Tadeusz Mazowiecki après sa désignation au poste de
premier ministre, avec Lech Walesa, Gdansk, 20 août 1989 .
© Thierry Orban/Sygma/Corbis
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Les Hongrois ont déchiré le rideau de fer, les Allemands de


l’Est en profitent.
Des Allemands de la RDA passent à l’Ouest grâce à l’ouverture de la
frontière entre la Hongrie et l’Autriche, le 11 septembre 1989 .
©Patrick Robert/Sygma/Corbis

Pour effacer le pacte Hitler-Staline !


Le 23 août 1989 , les citoyens des pays baltes forment une
chaîne humaine de Vilnius à Tallin, en passant par Riga,
pour dénoncer le pacte Hitler-Staline signé 50 ans plus tôt
et protester contre l’occupation soviétique de leurs pays.
© Algirdas Kayirys, Fondation Karta, Varsovie
Le Mur tombe dans l’explosion de joie.
Un morceau du mur est tombé. Berlin, le 12 novembre 1989 .
©Alain Nogues/Corbis Sygma

Cédric Dambrain
Dans l’exposition, la chute du mur est évoquée Ceaucescu
par une composition musicale de Cédric Dam- Dernier discours public le 21 décembre 1989
brain. Elle a été conçue pour recréer l’impression Marius Müller Westernhagen
d’euphorie mais aussi de surprise et de précipita- Freiheit
tion suscitée par la chute du mur de Berlin.
... et des Berlinois enregistrés cette nuit là.
Les fragments sonores se déploient comme
Cédric Dambrain est né en 1979 à Bruxelles.
autant de souvenirs épars, autour desquels gra-
Compositeur et musicien électronique, il a créé
vitent les enregistrements de foules berlinoises
plusieurs pièces jouées en Belgique (Concerts-
la nuit du 9 au 10 novembre 1989.
gebouw de Bruges, De Singel, Stuk, Palais des
Les principaux fragments utilisés Beaux-Arts …) et à l’étranger (Lille, Strasbourg,
sont les suivants : Tel-Aviv). Il compose également pour la danse et
le théâtre musical. Cédric Dambrain est diplômé
Plastic People of the Universe
du Conservatoire de musique de Mons en ana-
Nepotrebujeme krale
lyse et en composition électro-acoustique. Il col-
Rostropovitch – JS Bach labore à l’ensemble Ictus depuis septembre 2005.
Suite pour violoncelle No.3 en Do Majeur BWV 1009 L’an dernier, il a réalisé l’espace Voix de l’exposi-
tion Dieu(x), modes d’emploi.
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Les habitants de Tallin contre l’occupation soviétique,


1989
© Peter Turnley/Corbis

Victoire d’une défaite : la République de Hongrie naît


le jour anniversaire de la révolution de 1956.
Proclamation de la République de Hongrie le 23 octobre 1989 .
© Bernard Bisson/Corbis/Sygma
104 c’est notre histoire !

Prague : le printemps en automne.


Révolution de velours, Prague le 25 novembre 1989 .
©Peter Turnley/Corbis

Réunir les Allemands !


Suite à la chute du mur, plus de 100 000 personnes ma-
nifestent chaque lundi à Leipzig pour la réunification de
l’Allemagne ; ici, le 11 décembre 1989 .
©Bernard Bisson/Corbis Sygma
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Il attend l’exécution de la dictature.


Un garde armé révolutionnaire pendant la retransmission à la
télévision du procès des époux Ceausescu, le 25 décembre 1989 .
©Peter Turnley/Corbis

De la dissidence à la présidence.
Les Tchèques saluent l’élection de Vaclav Havel à la présidence
de la Tchécoslovaquie, Prague, le 30 décembre 1989 .
©Owen Franken/ Corbis
106 c’est notre histoire !

La fin ultime de la deuxième guerre mondiale.


Démontage de Checkpoint Charlie, principal point de passage
entre les deux Berlin à l’époque du Mur, le 22 juin 1990 .
©Régis Bossu/Sygma Corbis

L’Allemagne réunifiée autour de la porte de Brande-


bourg, Berlin le 30 octobre 1990.
©Bernard Bisson/Corbis Sygma
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Leur venue était justifiée. Mais leur séjour n’a que


trop duré.
Préparatifs au départ d’un régiment blindé soviétique stationné
en RDA , Altes Lager, 1989 .
©Leif Skoogfors/Corbis

Vive la Lituanie libre !


Les défenseurs du Parlement lituanien contre une éventuelle in-
tervention soviétique après la proclamation de l’indépendance
de la Lituanie, Vilnius, le 13 janvier 1991.
©Pascal Le Segretain/Corbis
108 c’est notre histoire !

La Russie répudie le soviétisme.


Boris Eltsine, président de la Russie encore soviétique, à
la tête des opposants au coup d’état qui visait à annuler la
perestroïka, Moscou le 22 août 1991.
© Peter Turnley/Corbis

Vers les poubelles de l’histoire ?


Deux soldats enlèvent le buste de Lénine de l’école mili-
taire, Moscou le 24 août 1991.
©Patrick Robert/Corbis/Sygma
1989 : La chute du Mur 109

Q
&
uestions
Comment comprendre le mur de Berlin ?

D
En fait, l’érection, en août 1961, du « mur de protection antifasciste » – un
formidable ouvrage de fortifications courant sur 155 kilomètres autour
ébat de Berlin-Ouest, protégé par des barbelés, surveillé par des miradors et
balayé par de puissants projecteurs – arrangeait tout le monde. Sauf les
citoyens de l’Allemagne de l’Est, dont des milliers allaient risquer leur vie
pour le franchir. Elle arrangeait le régime de Pankow, qui voyait le pays
se vider rapidement de ses habitants : près de 4 millions de 1945 à 1961 ; à
ce rythme, ironisait un diplomate occidental, ils n’auront bientôt plus per-
sonne à gouverner. Elle arrangeait Moscou, qu’il libérait d’un casse-tête
idéologique, politique et militaire de taille. Et elle arrangeait les Occiden-
taux, auxquels le mur, fût-il « de la honte », promettait une stabilisation
certes peu glorieuse, mais rassurante tout de même.
On comprend que les réactions des Alliés aient été étonnamment mo-
dérées, voire complaisantes. Le Premier ministre britannique, Harold
Macmillan, est allé jusqu’à déclarer que « les Allemands de l’Est mettent
un terme au flot d’émigration, et se retranchent derrière un mur de fer encore
plus épais. Rien d’illégal à cela ». Et Kennedy, en visite officielle à Berlin-
Ouest – celle-là même au cours de laquelle il a lancé son célèbre « Ich bin
ein Berliner » –, a inspecté le mur en compagnie du chancelier et a expli-
qué que l’ouvrage était « une solution peu élégante, mais mille fois préférable
à la guerre ». En effet, que pouvait-on faire, sinon la guerre ?

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