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Après les funérailles solennelles d’Imre Nagy, pre- En 1985, l’arrivée au pouvoir en URSS de Mikhaïl
mier ministre et martyr de la Révolution de 1956, Gorbatchev, qui prend conscience de la défaite
en juin, la Hongrie ouvre en septembre sa fron- imminente de l’armée Rouge en Afghanistan,
tière avec l’Autriche, ce qui permet aux habitants marque la fin de la guerre froide. Quatre ans plus
de la RDA autorisés à passer les vacances dans tard, les troupes soviétiques se retirent de l’Afgha-
les « pays frères », de fuir vers l’Ouest. En octobre, nistan et Moscou se résigne au démantèlement
elle se proclame République de Hongrie, an aban- de son empire : pendant l’été et l’automne 1989,
donnant l’épithète « populaire ». Les premières les pays satellites accèdent à la démocratie, l’Al-
élections libres ont lieu en avril 1990. lemagne retrouve son unité l’année suivante, et
l’Union soviétique elle-même se transforme en
à partir de septembre, une vague de manifesta-
décembre 1991 en une Communauté des États
tions commence à secouer la RDA . Le 18 octobre,
indépendants.
Erich Honecker, à la tête du pouvoir communiste
depuis 1971, est obligé de démissionner. Les ma- Mais l’URSS s’écroule aussi parce qu’elle a perdu
nifestations deviennent encore plus puissantes. la paix. Elle en est restée à une économie de la
Elles provoquent d’abord la démission du gou- pénurie et elle maintient son empire et sa cohé-
vernement tout entier, puis, le 9 novembre, la sion interne par la peur de l’intervention armée.
chute du Mur. La RDA ne lui survivra pas long- Une fois les réformes entamées et la peur dis-
temps. Le 27 novembre, à Leipzig, 250 000 mani- parue, il devenait impossible de résister au dé-
festants exigent la réunification de l’Allemagne. sir des peuples de recouvrer leur indépendance.
Elle deviendra effective le 3 octobre 1990. Ce que Gorbatchev a commencé, Eltsine l’a porté
à son terme.
En novembre, les manifestations commencent
aussi en Tchécoslovaquie où les choses vont vite :
début décembre, le gouvernement communiste
démissionne suivi par le président de la Républi-
que. Alexandre Dubcek, héros du Printemps de
Prague, devient président du Parlement et le 29
décembre Vaclav Havel est élu par celui-ci à la
présidence de la République.
1989 : La chute du Mur 93
La chaîne humaine
Une chaîne d’un million de personnes aboutit à
l’indépendance des pays Baltes.
La désintégration de
l’Union soviétique
En août 1991, une tentative de putsch contre Gor-
batchev est organisée par les hauts apparatchiks
communistes pour qui les réformes en cours sont
inacceptables. Elle échoue grâce à la mobilisation
populaire, en particulier à Moscou où Boris Elt-
sine dirige la résistance. Le 8 décembre, les prési-
dents de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorus-
sie constatent à l’issue d’une réunion que l’URSS
a cessé d’exister, décision confirmée le 25 par la
démission de Gorbatchev de la présidence.
94 La chute du Mur
1989 : c’est notre histoire94!
Urbi et orbi
Le nouveau pape, Jean Paul II, Rome, le 12 novembre 1979.
©Christian Simonpietri/Sygma/Corbis
96 c’est notre histoire !
Adieu, Kaboul !
Cérémonie de départ des derniers soldats soviétiques
d’Afghanistan, le 13 février 1989 .
©Patrick Robert/Corbis/Sygma
Cédric Dambrain
Dans l’exposition, la chute du mur est évoquée Ceaucescu
par une composition musicale de Cédric Dam- Dernier discours public le 21 décembre 1989
brain. Elle a été conçue pour recréer l’impression Marius Müller Westernhagen
d’euphorie mais aussi de surprise et de précipita- Freiheit
tion suscitée par la chute du mur de Berlin.
... et des Berlinois enregistrés cette nuit là.
Les fragments sonores se déploient comme
Cédric Dambrain est né en 1979 à Bruxelles.
autant de souvenirs épars, autour desquels gra-
Compositeur et musicien électronique, il a créé
vitent les enregistrements de foules berlinoises
plusieurs pièces jouées en Belgique (Concerts-
la nuit du 9 au 10 novembre 1989.
gebouw de Bruges, De Singel, Stuk, Palais des
Les principaux fragments utilisés Beaux-Arts …) et à l’étranger (Lille, Strasbourg,
sont les suivants : Tel-Aviv). Il compose également pour la danse et
le théâtre musical. Cédric Dambrain est diplômé
Plastic People of the Universe
du Conservatoire de musique de Mons en ana-
Nepotrebujeme krale
lyse et en composition électro-acoustique. Il col-
Rostropovitch – JS Bach labore à l’ensemble Ictus depuis septembre 2005.
Suite pour violoncelle No.3 en Do Majeur BWV 1009 L’an dernier, il a réalisé l’espace Voix de l’exposi-
tion Dieu(x), modes d’emploi.
1989 : La chute du Mur 103
De la dissidence à la présidence.
Les Tchèques saluent l’élection de Vaclav Havel à la présidence
de la Tchécoslovaquie, Prague, le 30 décembre 1989 .
©Owen Franken/ Corbis
106 c’est notre histoire !
Q
&
uestions
Comment comprendre le mur de Berlin ?
D
En fait, l’érection, en août 1961, du « mur de protection antifasciste » – un
formidable ouvrage de fortifications courant sur 155 kilomètres autour
ébat de Berlin-Ouest, protégé par des barbelés, surveillé par des miradors et
balayé par de puissants projecteurs – arrangeait tout le monde. Sauf les
citoyens de l’Allemagne de l’Est, dont des milliers allaient risquer leur vie
pour le franchir. Elle arrangeait le régime de Pankow, qui voyait le pays
se vider rapidement de ses habitants : près de 4 millions de 1945 à 1961 ; à
ce rythme, ironisait un diplomate occidental, ils n’auront bientôt plus per-
sonne à gouverner. Elle arrangeait Moscou, qu’il libérait d’un casse-tête
idéologique, politique et militaire de taille. Et elle arrangeait les Occiden-
taux, auxquels le mur, fût-il « de la honte », promettait une stabilisation
certes peu glorieuse, mais rassurante tout de même.
On comprend que les réactions des Alliés aient été étonnamment mo-
dérées, voire complaisantes. Le Premier ministre britannique, Harold
Macmillan, est allé jusqu’à déclarer que « les Allemands de l’Est mettent
un terme au flot d’émigration, et se retranchent derrière un mur de fer encore
plus épais. Rien d’illégal à cela ». Et Kennedy, en visite officielle à Berlin-
Ouest – celle-là même au cours de laquelle il a lancé son célèbre « Ich bin
ein Berliner » –, a inspecté le mur en compagnie du chancelier et a expli-
qué que l’ouvrage était « une solution peu élégante, mais mille fois préférable
à la guerre ». En effet, que pouvait-on faire, sinon la guerre ?