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Les bâtiments existants peuvent-ils être verts ?

Christian Ouellet, O.A.Q.


M.Sc. Building Engineering
ECCO gestion
29 Chemin Howard RR#3
Ville de Lac Brome J2K 3G8
tél.: (450) 266-4111
eccogestion@virtuel.qc.ca

Présenté dans le cadre du colloque de l’AGPI

28 octobre 1998
Les bâtiments existants peuvent-ils être verts ?

Qu’est-ce qu’un bâtiment vert ?


C’est un bâtiment qui tient en ligne de compte tant dans sa conception, sa réalisation, dans sa
gestion et tant dans le cadre environnemental le supportant les éléments d’un développement
durable de la planète. Ceci a donc trait au type et à la quantité d’énergie utilisée dans absolument
toutes les phases de vie d’un bâtiment. Sont aussi considérés l’épuisement, le recyclage et la
réutilisation possible des matières de construction et d’entretien. Enfin, mais non pas la moindre
donnée, un bâtiment vert doit favoriser la bonne santé physique et psychologique de ses usagers,
de son équipe d’entretien et de l’ensemble des personnes vivant dans l’environnement ou pouvant
être atteint par ricochet d’une condition liée au concept d’un bâtiment donné comme la pollution
du transport parce que le bâtiment a été implanté loin des populations.

Tenir en ligne de compte le développement durable et la santé des usagers devrait devenir
l’incontournable référence pour chaque gestionnaire de bâtiment dans sa prise de décision
touchant autant les concepts, l’entretien, les réparations et les rénovations.

Historique
Nous sommes ici en face d’un changement fondamental d’orientation dans le bâtiment et dans sa
gestion. Les bâtiments sont passés d’un processus de construction Soft-Track avant la 2e grande
guerre mondiale au processus Fast-Track des années 50 à nos jours. Le résultat était un bâtiment
vite fait, de rentabilité immédiate sans préoccupation du long terme, d’atmosphère artificielle
donc tout mécanisé où les effets sur l’environnement et ses occupants ne comptaient guère.

Nous passerions maintenant au processus Green-Track. Le résultat serait un bâtiment plus


rentable pour les propriétaires d’immeubles à moyen et à long terme. De plus, il serait très
rentable en coupant d’une façon draconienne l’absentéisme au travail. Aussi le bâtiment vert
aurait un impact positif sur les coûts actuellement reportés à la population à cause du peu de
responsabilité face à l’environnement. Ces derniers coûts sont actuellement peu évalués car nous
les refilons sans vergogne aux générations qui nous suivent.

Rentabilité
Le moment que des projets démonstrateurs comme il en existe en Europe et aux États-Unis, nous
démonterons en chiffre les économies uniquement faites avec les taux d’absentéisme à la baisse,
alors les bâtiments verts deviendront la norme des promoteurs et des gestionnaires. Car le coût
d’un bâtiment et de son entretien sur une courte période de quarante ans ne représente que de 1 à
6% du coût total des salaires. Et comme dans certains cas de bâtiments verts, l’absentéisme a été
réduit jusqu’à 16%, vous aurez en tant que gestionnaires vite fait vos économies qui vous
permettront d’en investir une part dans le bâtiment.

Et ce d’autant plus que la plupart des choix à faire pour réaliser un bâtiment vert et économe ne
coûte pas plus cher pour plusieurs éléments.

Obstacles en rénovation
Alors vous allez me dire, si c’est le cas, pourquoi on ne le fait pas depuis longtemps ? On ne le
fait pas, entre autre, parce qu’avec la montée en force du tout engineering du Fast-Track où plus
on met de mécanique plus l’on se sent sécurisé dans l’esprit technique qui a court et plus la
mécanique grossit plus importants deviennent les honoraires basés sur le coût des travaux tant en
rénovation qu’en neuf.

Toute mesure simple (bioclimatique est le mot) qui peut être suggérée par un architecte
(orientation du bâtiment, emplacement des entrées par rapport aux vents, grandeurs et protection
des fenêtres de trop de soleil, ventilation naturelle, éclairage naturel etc.) et qui pourrait réduire
les équipements mécaniques substantiellement ainsi que le coût énergétique de fonctionnement
est vu comme une mesure aléatoire insécurisante et non rationnelle par l’ingénieur du projet,
l’ingénieur-conseil, l’ingénieur qui s’appelle souvent administrateur ou gestionnaire.

Les obstacles majeurs à l’implantation des bâtiments verts actuellement ne sont pas la rentabilité
mais bien le contexte culturel actuel, les honoraires professionnels, les politique de courte vue
des autorités et le manque d’information du gestionnaire.

Dans le sens de l’histoire


C’est un changement inévitable car c’est un changement rentable pour les investisseurs et pour
l’ensemble de la société. Quand suivrons--nous le mouvement des bâtiments verts d’Europe et
des États-Unis ?

Ce n’est pas un retour en arrière comme certains vont tenter de discréditer ce mouvement, non
c’est un pas en avant qui n’est possiblement efficace grâce et à cause de l’immotique et des
nombreux senseurs qui ont été développés pour rendre un bâtiment réellement intelligent.

Tant qu’il n’y aura pas de consensus politique et social, il n’y aura pas d’impact majeur. Il est
cependant possible pour des gestionnaires conscients de leurs responsabilités sociales d’expliquer
la rentabilité d’un tel projet aux autorités.

Réalisation
Pour réaliser un bâtiment vert ou une rénovation verte les aspects suivants doivent être pris en
ligne de compte dans le choix et la gestion des énergies.
• Démarche d’autonomie énergétique pas uniquement par la mécanique mais aussi par un design
architectural propice.
• Intégration éventuelle de la production d’énergie renouvelable au concept de bâtiment neuf ou
existant.
• Le choix de l’énergie, le moins possible polluante devrait être le choix de l’ensemble de
l’équipe en évaluant la réalité à court, moyen et long terme.
• Le retour sur l’investissement doit être pris dans un contexte que nous serons encore là à payer
dans quelques années et que dans l’ensemble nous ferons de vraies économies. Pour ce faire,
les comptables doivent refaire leurs devoirs et inclure dans leurs calculs les coûts
environnementaux que l’on paie collectivement et singulièrement avec de l’argent après impôt.

Démarche
Les bâtiments verts sont balisés comme suit :
• Le design (en neuf ou en rénovation) doit favoriser la démarche d’autonomie.
• La prévision de l’intégration au bâtiment immédiate ou plus tard d’éléments pouvant générer
de l’énergie renouvelable.
• Le choix de l’énergie alimentant le bâtiment doit être fait en équipe afin d’évaluer l’ensemble
des aspects environnementaux, économiques et sociaux du choix.
• En rétablissant les stratégies d’efficacité énergétique architecturale permettant des économies
d’énergie importantes et à long terme.

Comment définir un bâtiment vert?


Aux Etats-Unis, un organisme, le Green Building Council a établi des critères d’encadrement
d’un projet vert. Au Canada, le BEPAC en fait autant.

Le Green Building Council, par exemple, établit des pré-requis de qualification. Sans
nécessairement les suivre à la lettre, ils sont un guide qui peut permettre une planification.

Les matériaux à bannir :


Amiante
Solution : Enlèvement de l’amiante
Cas non scellés comme isolant apparent au-dessus d’un plafond suspendu, gaines
autour des tuyaux, carreaux acoustiques, etc.
Action : Établir un programme d’identification, d’enlèvement sécuritaire et de
remplacement par des matériaux sains.
Fibre de verre en contact avec l’air dans les conduits de ventilations ou encore apparent dans les
plafonds servant de plénum.
Solution : Enlèvement de la fibre de verre
Action : Établir un programme d’identification, de remplacement par des matériaux sains,
ex. gaines de fibre minérales scellées au moyen d’une membrane étanche.

Conservation des ressources


Efficacité énergétique : rendre le bâtiment conforme au code et à la norme ASHRAE 90.1.1992
Ceci n’est pas toujours possible, à cause de l’âge du bâtiment, de ses composantes et de
l’équilibre du système. Il faut souvent attendre la fin du cycle de vie des composantes pour
amortir les coûts de remise aux normes.
Entretien et opération : Établir un code de procédures et d’entretien pour chaque bâtiment,
tenant compte des aspects environnementaux et de la santé des occupants.
Exemples :
Maintenir les émanations d’émission de chauffage au plus performant des appareils en
place.
Voir à prolonger la durée de vie des éléments en place : maçonnerie, fenêtres, toiture,
planchers, etc.
Utiliser des produits de nettoyage et d’entretien, à faible teneur en composé organique
volatile COV.
Vérifier la présence de plomb dans la peinture, lors des travaux de réfection
Entreposage et collecte des déchets recyclables : créer et maintenir des espaces de collecte et
d’entreposage de tous les produits à recycler.
Déchets toxiques : Établir une politique sur tous les déchets toxiques autant ceux de construction
que ceux qu’utilisent les usagers.
Rejet d’eau grise : Établir une politique d’utilisation du tout à l’égout. Prévoir la disposition des
matières polluantes. Exemples : solutions dans le développement de photos,
peinture, etc.
Conservation de l’eau : Réparer diligemment les fuites d’eau. Remplacer les éléments
irréparables par des systèmes économiseurs d’eau. Sensibiliser les plombiers à
votre politique.
Santé : vérifier la qualité de l’eau et sa teneur en plomb.
Confort thermique : Éliminer les infiltrations d’air non contrôlé, Contrôler l’ensoleillement
Prévoir le bien être des utilisateurs dans les salles d’informatiques au moyen de
ventilation hybride et /ou par l’air climatisé.
Qualité de l’air intérieur : Établir une politique d’amélioration progressive et être exigeant au
moment de tout remplacement : système de ventilation, tapis, isolation, peinture,
etc.
Cigarette : Application et contrôles des politiques d’interdiction de fumer.

Autres critères
Les critères pour les bâtiments devraient inclure le plus d’éléments suivants :
• Utiliser des matériaux non-toxiques, limitation des C.O.V.
• Utiliser des matériaux à bas coût énergétique : énergie intrinsèque et cycle de vie ; le meilleur
ratio énergie intrinsèque et cycle de vie.
• Prévoir de l’air neuf en quantité suffisante, pour obtenir une qualité d’air parfaite.
• Prévoir les économies d’eau neuve et utiliser si possible les eaux de pluie.
• Réduire la mécanique du bâtiment en utilisant le plus possible des éléments robotisés,
maximisant l’éclairage naturel, la ventilation naturelle, le free-cooling et le confort par la
ventilation locale par temps chaud.
• Réduire les gains solaires par des éléments extérieurs de protection.
• Réduire les pertes thermiques en tenant compte des gains énergétiques internes sur toute la
longueur de vie utile du bâtiment. Cette réduction de chaleur perdue peut venir des cuisines,
de la machinerie tant du bâtiment que celles des locataires, des eaux usées, etc.
• Canaliser et utiliser, sans causer d’inconfort aux usagers, les gains solaires d’hiver.
• Incorporer par le design, l’éclairage naturel (Prévoir l’utilisation de l’éclairage artificiel que
pour compenser le manque temporel d’éclairage naturel).
• Prévoir l’élimination de matières toxiques sur le site : radon, plomb, amiante, etc.
• Prévoir les mouvements d’air avant d’établir toute ouverture dans l’enveloppe afin d’éviter
l’engouffrement des vents et /ou la contamination entre les rejets d’air vicié et les ouvertures
ou les sources d’air extérieur.
• Prévoir le remplacement éventuel (lorsque nécessaires) des verres et vitrages par ceux les plus
efficaces selon l’orientation et la hauteur de l’édifice.
• Établir l’entretien et le cycle de vie pour les matériaux apparents, les luminaires et appareils de
mécanique.
• Prévoir le recyclage de tous les matériaux de rénovation et déchet pendant l’utilisation du
bâtiment afin d’obtenir un bâtiment à déchet zéro.
• Les matériaux auront un contenu de matériaux recyclés dans la mesure où ils sont durables.

Établir les critères de gestion du bâtiment vert :


• Établir un programme de formation continu aux usagers et personnel d’entretien pour les tenir
au courant de la charte du bâtiment.
• Établir un mode de gestion pour maintenir le bâtiment sain au moindre coût.
• Prévoir une grille d’entretien sain et préventif.
• Établir un programme de gestion d’eau incluant l’eau chaude domestique, pour chaque groupe
d’usagers.
• Établir un programme incitant les usagers au transport en commun, au covoiturage, au
cyclisme, lorsque possible.

L’aménagement des abords du bâtiment devrait tenir compte des critères suivant :
• Le lieu devrait être psychologiquement accueillant et physiquement sécuritaire et accessible.
• L’aménagement paysager devrait permettre de disposer une partie ou l’ensemble des eaux
grises générées par le bâtiment (contrôle possible de la quantité de l’eau grise généré par le
locataire).
• L’aménagement paysager lui-même devrait être fait à partir de plantes locales, ne demandant
qu’un entretien minime comme arrosage ( autre qu’eau grises) d’insecticide, et d’engrais.
• Prévoir la rétention des eaux d’orage et de grosses pluies sur place

Conclusion
À partir des prémices énoncées, il est possible d’amener graduellement nos bâtiments existants
vers le concept de bâtiment vert. Pour cela, il faut vouloir réparer au maximum plutôt que de
remplacer et il faut réparer ou rénover avec des procédures et des matériaux sains. Nous sommes
donc devant un changement de mentalité, de poste budgétaire, de responsabilités nouvelles à
accepter, à promouvoir et à défendre de la part des gestionnaires de bâtiments. Vous avez donc
un rôle clé à jouer dans le développement durable de notre société.

Nos gouvernements ont pris des engagements importants de réduction des gaz à effet de serre.
En réduisant les déchets, en entretenant adéquatement nos systèmes de chauffage, en limitant
l’utilisation de la climatisation, en conservant plus longtemps les composantes du bâtiment ce qui
réduit la consommation d’énergie intrinsèque, en favorisant le transport de groupe, nous
réduisons la production de gaz. Le bâtiment vert devrait donc prendre une place importante dans
les stratégies de réduction des gaz à effet de serre.

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