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L’histoire de l’art distingue aujourd’hui le naturalisme du réalisme.

L’observation
scientifique empruntée à l’histoire naturelle et appliquée aux faits sociaux mène au roman
naturaliste de Zola, vers 1880. L’intérêt pour l’authenticité en littérature (George Sand), l’influence
du réalisme et des techniques impressionnistes, génèrent à Paris puis en Europe le naturalisme, en
peinture et en sculpture, entre 1880 et 1900.
Son essor correspond à l’éveil des nationalités et au rejet des styles figés. Le naturalisme
marque les idéaux de la Troisième République en France (1870-1940).
Dans le même temps, entre 1890 et 1910 environ, certaines de ces artistes naturalistes,
surnommés Bande noire, peignent la rude vie en Bretagne.

Jules Bastien-Lepage Les foins (1877) le peintre relègue à l’arrière-plan la scène de la


fenaison pour insister sur le travail harassant des champs. Il décrit l’expression de la fatigue, pousse
l’authenticité en représentant les joues rouges et les ongles noirs de la jeune paysanne.
La nouvelle esthétique s’impose : le sol se dresse à la verticale dans un format carré. Les
petites taches de couleur font vibrer le vert frais de l’herbe sous le ciel clair, à la manière des
impressionnistes.

Les naturalistes s’intéressent au monde laborieux de paysan et ouvrier, et non pas, comme
les réalistes, aux faits historiques. Ils peignent sur de grandes toiles. Le paysage est accessoire.
L’espace se simplifie et le dessin conserve sa précision. La palette s’éclaircit et les peintres
renouent avec l’aspect inachevé de l’œuvre.
Les peintres de Bandes Noire sont captivés par la religiosité bretonne, les traditions
immuables, le combat de l’homme et la nature. Ils immortalisent cette vision mélancolique et
sévère.
Influencés par le réalisme de Coubert et les compositions solides de Cézanne, les figures
graves se figent dans une construction stricte. Le trait nerveux dessine les formes aux traces
picturales rugueuses. De rares taches de couleurs réchauffent les noirs et les gris dominants.

Si la mise en place du naturalisme remonte aux années 1870, son développement maximal,
et surtout sa diffusion à partir de la France vers la plupart des pays étrangers sont caractéristique
de vingt dernières années du siècle. L’immense influence de Bastien-Lepage qui, à partir de
quelques œuvres fréquemment exposées à l’étranger, fonde un naturalisme international, date de
cette époque. Au moment où le naturalisme est en train de devenir le style dominant des grandes
expositions internationales, l’idée que l’on se fait hors de France de l’impressionnisme est
beaucoup plus floue que la notion à la fois stylistique et historique que nous en avons aujourd’hui,
et peut se ramener à un pleinairism naturaliste traitant de la vie moderne, dans lequel on englobe
couramment aussi bien Bastien-Lepage que Monet. Le naturalisme international sera souvent vécu
par ses protagonistes comme une réponse à l’impressionnisme français.

Le Naturalisme, Alain Pagès, PUF, Paris, 2002, pages 76-78


L’art du XIX siècle, seconde moitié, sous la direction de Françoise Cachin, Les écoles nationales et le naturalisme, page 64

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