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REGLES D'ASSIETTE

Le montant de la taxe à verser par un assujetti est déterminé à partir de


règles bien précises. Ces règles sont dites "règles d'assiette". Elles reposent sur
quatre fondements :
- Le fait générateur;
- La détermination de la base imposable ;
- Les taux applicables ;
- Les déductions autorisées.

SECTION I.- FAIT GENERATEUR

Le fait générateur d'un impôt est l'événement qui donne naissance à la dette
du redevable envers le Trésor. Autrement dit, c'est le moment d'exigibilité de cet
impôt. Pour la TVA, le fait générateur est défini pour l'intérieur à l'article 95 du C.G.I.
et pour l'importation à l'article 121 du même code.

L'article 95 précité prévoit que: "le fait générateur de la TVA est constitué
par l'encaissement total ou partiel du prix des marchandises, des travaux ou des
services.

Toutefois, les contribuables qui en font la déclaration avant le 1er janvier ou


dans les 30 jours qui suivent la date du début de leur activité, sont autorisés à
acquitter la taxe d'après le débit, lequel coïncide avec la facturation ou l'inscription
en comptabilité de la créance. Cependant, les encaissements partiels et les livraisons
effectués avant l'établissement du débit sont taxables.

Les contribuables placés sous le régime de l'encaissement et qui optent dans


les conditions visées à l'alinéa précédent, pour le régime des débits, sont tenus de
joindre à leur déclaration la liste des clients débiteurs éventuels et d'acquitter la taxe
y afférente dans les 30 jours qui suivent la date d'envoi de ladite déclaration au
service local d'assiette dont ils relèvent.

Lorsque le règlement des marchandises, des travaux ou des services a lieu


par voie de compensation ou d'échange ou lorsqu'il s'agit de livraison à soi-même
visées à l'article 89 du C.G.I., le fait générateur se situe au moment de la livraison
des marchandises, de l'achèvement des travaux ou de l'exécution du service.

Des dispositions susvisées, il résulte que le régime de droit commun en


matière de fait générateur est l'encaissement. Toutefois, pour des raisons de
commodité de gestion, les contribuables qui le désirent peuvent opter pour le régime
dit "des débits".

A/- Régime de droit commun


Le fait générateur est constitué par l'encaissement partiel ou total du prix
des marchandises, des services ou des travaux.
Cependant, dans les cas d'opérations taxables où n'intervient pas une
contrepartie monétaire, en particulier, lorsqu'il s'agit d'échange, de compensation ou
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de livraison à soi–même, le fait générateur se situe au moment de la livraison des
marchandises ou de l'exécution des services ou de l'achèvement des travaux.
1) Ventes en numéraire
Par encaissement taxable, il faut entendre toutes les sommes perçues à
quelque titre que ce soit (prix de la marchandise, avances, acomptes, arrhes
règlement pour solde, règlement de la retenue de garantie ...).
a) L'encaissement du prix : il est constitué pour les opérations au comptant,
par la remise d'espèces au vendeur, de numéraires, en règlement du prix des
marchandises, des services ou des travaux.
b) Les avances, acomptes et arrhes : lorsqu'ils sont reçus par le vendeur, ils
sont au même titre que l'encaissement total, générateurs de la TVA, dans la mesure
où ils constituent des sommes représentant une fraction du prix que l'acquéreur
remet au revendeur dès la conclusion du contrat.

Il ne faut cependant pas perdre de vue que ces termes s'appliquent à des
actes de nature juridique distincte. En effet, l'avance ou l'acompte constituent un
versement à valoir sur le prix et qui du point de vue juridique, marque la conclusion
définitive du contrat et n'autorise aucune des parties à se désister.

Au contraire, les arrhes ne sont qu'un moyen pour accréditer l'engagement


des protagonistes et sont donc par essence abandonnés en cas de rupture
unilatérale du contrat. Ainsi en cas d'abandon, les arrhes perdent leur caractère
imposable pour revêtir celui de dommages intérêts non taxables.

c) Paiement par chèque barré non endossable, effet de commerce, moyen


magnétique de paiement, virement bancaire, procédé électronique ou par
compensation.

Le fait générateur de la TVA coïncide avec la date de l'encaissement effectif


par l’assujetti, par les moyens de paiement susvisés.

2) Echanges et règlements par compensation

Dans le cas de règlement par compensation ou par voie d'échange, le fait


générateur de la TVA coïncide avec la livraison des marchandises, l'exécution des
services ou des travaux. L'exigibilité de la TVA se situe au moment desdites livraisons
ou exécutions.

Toutefois, lorsqu’il s’agit d’une créance éteinte suite à la réception de


marchandises en contrepartie, le fait générateur se situe à la date de la
compensation matérialisée par l’extinction de la dette.

3) Opérations réalisées en compte courant

L'inscription de la dette au débit du compte client constitue en principe le


débit.

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S'il s'agit d'un compte courant, ce débit vaut encaissement. En effet, le
compte courant qui est un véritable contrat d'un genre particulier, n'existe que
lorsque deux commerçants en relation d'affaires conviennent que les opérations
intervenues entre eux perdront leur individualité et formeront les éléments d'un
compte unique, réglé à une date donnée par la balance des crédits et des débits de
chacun, cette balance formant un solde, seul exigible.
Ces opérations doivent en outre, émaner alternativement de l'une et de
l'autre partie.

Il n'existera donc pas de compte courant lorsque les opérations sont à sens
unique ou lorsqu'elles sont considérées comme distinctes et indépendantes les unes
des autres et sont réglées séparément (cas du compte client).

Il convient, également de préciser, qu'habituellement le compte courant est


productif d'intérêts. Il est arrêté périodiquement et les intérêts sont capitalisés.

Ces intérêts sont passibles de la TVA.

En définitive, les opérations réalisées en compte courant, doivent être


analysées comme des règlements par compensation dont le fait générateur se situe à
la date d'inscription de la dette au débit de ce compte.

4) Travaux immobiliers

Pour la détermination du fait générateur de la TVA pour les opérations de


travaux immobiliers, il faut entendre par encaissements taxables toutes les sommes
perçues au titre d'un marché de travaux à quelque titre que ce soit (avances,
acomptes, règlements pour soldes) et quelle que soit leur destination (achats de
matières premières ou paiements des sous-traitants par exemple). En cas de
règlement par mandat administratif et s'il y a contestation sur la date de
l'encaissement, l'examen du relevé bancaire ou du compte courant postal du
contribuables en cause doit permettre de vérifier la date exacte dudit encaissement.

5) Livraisons à soi-même

Chaque fois qu'un assujetti utilise pour son propre usage un produit qu'il a
fabriqué, on dira qu'il effectue une livraison à soi-même. Une telle opération doit être
soumise à taxation afin de sauvegarder le principe de la neutralité de la TVA. Celle-ci
peut donc concerner soit des biens meubles soit des biens immeubles.

- Livraisons à soi-même de biens meubles : pour les livraisons à soi-même de


biens meubles taxables, le fait générateur se situe à la date de ladite livraison,
laquelle ne peut être postérieure à celle de l'utilisation desdits biens.

- Livraisons à soi-même de biens immeubles : lorsqu'il s'agit de biens


d'équipement (unité industrielle, construction de hangar… etc.), le fait générateur se
situe au moment de l'achèvement des travaux c'est-à-dire au moment de la réunion
des conditions d'utilisation du bien ou encore de son inscription à un compte
d'immobilisation.
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Pour les immeubles à usage d'habitation, le fait générateur de la TVA
coïncide avec la date d'achèvement des travaux. Un immeuble est considéré comme
achevé lorsque les conditions d'habitabilité ou d'utilisation sont réunies et, au plus
tard, lors de la délivrance du permis d'habiter ou du certificat de conformité.
Toutefois, quand il s'agit d'une consommation intermédiaire de produits ou
de services s'inscrivant dans le prolongement de l'activité taxable du contribuable, il
n'y pas lieu de soumettre de telles livraisons à la TVA.

Exemples

* Livraisons à soi-même taxables


- Un fabricant de meubles prélève de ses ateliers des fauteuils pour meubler
son domicile ou ses bureaux. Les fauteuils en question doivent faire l'objet d'une
facturation à soi-même, mentionnant la taxe qui doit figurer sur sa déclaration.

- Un promoteur édifie un immeuble destiné à la location, il s'agit là aussi


d'une livraison à soi-même à soumettre à la TVA

- Une société de production d'aliments de bétail, construit elle-même un


hangar pour l'élevage des poussins, cette livraison à soi-même est taxable.

* Livraisons à soi-même non taxables


- Une entreprise assujettie à la TVA produit à partir d'un groupe électrogène
l'électricité qu'elle utilise pour le fonctionnement de ses machines ou pour les besoins
d'exploitation, il s'agit d'une livraison à soi-même d'une consommation intermédiaire
qui n’est pas soumise à la TVA

- Les prestations effectuées par l'atelier d'une entreprise, pour la réparation


de son propre matériel sont des opérations qui ne doivent pas être soumises à la
TVA

B/- Régime de l'option

Bien que le régime de l'encaissement soit le droit commun, l'article 95 du


C.G.I en son 2ème alinéa, donne la possibilité aux contribuables d'opter pour le
régime des débits.

1) Modalités de l'option

a) Déclaration : les contribuables qui désirent opter pour le régime des débits
sont tenus d'en faire la déclaration écrite avant le 1er janvier ou, pour les nouveaux
contribuables dans les 30 jours qui suivent la date de leur début d'activité.

En règle générale, la déclaration ne doit pas être refusée. Mais les assujettis
doivent être informés qu'ils ne peuvent changer le mode d'imposition en cours
d'année et qu'il leur appartient de procéder aux réajustements utiles.

b) Liste des clients débiteurs : les assujettis qui veulent être placés sous le
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régime des débits sont tenus également de joindre à la déclaration d'option, la liste
de leurs clients débiteurs et d'acquitter la TVA y afférente dans les 30 jours qui
suivent la date d'envoi de ladite déclaration au service local des Impôts dont ils
relèvent. Cette dernière obligation a pour effet d'éviter que les débits établis
antérieurement à la date d'option n'échappent à taxation (voir paragraphe C sur le
changement de régime).

2) Effet de l'option

Les assujettis ayant opté pour le régime des débits peuvent acquitter la TVA
d'après les débits lesquels coïncident en principe avec la facturation. Ils doivent
néanmoins être informés que les encaissements antérieurs aux débits sont
générateurs d'impôts.

C'est ainsi que pour ces contribuables, le fait générateur de la taxe se situe à
la date de l'inscription du montant de la créance en comptabilité au débit du compte
client, sans toutefois, que cette date puisse être postérieure à celle de la facturation
ou de l'encaissement (cas des avances perçues par les entrepreneurs).

3) Créances irrécouvrables

La comptabilité étant le mode de preuve de droit commun des commerçants,


il y a lieu d'admettre que les créances sont irrécouvrables lorsqu'elles sont passées
pièces à l'appui au débit du compte charges non courantes.

4) Compte d'attente

Un encaissement non identifié inscrit à un compte d'attente (autre qu'un


compte collectif ou individuel des clients) ne peut être considéré ni comme un débit
ni comme un encaissement surtout s'il n'est pas établi de facture ou note de débit.

Le débit est constitué par l'inscription à l'actif du compte client du montant


de la facture qui, généralement, est établie en même temps.

Bien entendu, si le créancier est un établissement bancaire, ou d'une


manière générale, si la dette du client est portée au débit d'un compte courant
ouvert en son nom, le débit vaut encaissement.

C/- Changement de régime

Deux cas sont à envisager :

1) L'assujetti placé sous le régime de droit commun opte pour le


régime des débits

Dans ce cas, il y a lieu de régulariser la situation de l'assujetti dans la mesure


où n'ont été déclarées que les sommes effectivement encaissées au 31 décembre de
l'année précédant le changement de régime, alors que ne seront déclarées que les
facturations établies à partir du 1er janvier suivant. Aussi, en l'absence de
régularisation, les facturations antérieures au 1er janvier de l'année de changement

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de régime, qui n'avaient pas été encore encaissées à cette date, échapperaient à
taxation. C'est la raison pour laquelle le législateur a prévu l'obligation d'établir la
liste des clients débiteurs et de payer la taxe correspondante en cas d'option pour le
régime des débits.
2) L'assujetti ayant opté pour "les débits" revient au régime de droit
commun des encaissements"

Dans ce cas la situation est inversée, le contribuable aura déclaré jusqu'au 31


décembre de l'année précédant son retour au régime des encaissements, l'ensemble
de ses facturations sans s'être soucié de leurs encaissements ou non. Aussi pour ne
pas imposer deux fois une même opération, la première fois lors de la facturation et
la seconde au moment de l'encaissement intervenu après le retour au droit commun,
le contribuable concerné devra être invité à fournir un état de ses clients débiteurs,
et à ne pas déclarer lors de leur encaissement les sommes correspondantes.

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