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Convertibilité libre du Dirham

➢ Définitions :
- La convertibilité en économie est « la possibilité d'échanger une monnaie nationale contre une monnaie
étrangère, contre des devises étrangères ou contre de l'or ». La convertibilité d'une monnaie est donc cette
possibilité d'échanger et d'obtenir la contre-valeur d'une monnaie en pièces, en billets ou en or à tout
moment.
- Désigne la possibilité de passer d'une monnaie à une autre, ou d'une monnaie à la marchandise-étalon
dans laquelle elle est officiellement définie. La convertibilité peut être limitée ou illimitée, à taux fixe ou à
taux variable (en fonction du marché).
- La liberté d'échanger une monnaie contre une autre monnaie sans restrictions ou contrôles
gouvernementaux.

➢ Selon le gouverneur de BAM :( Abdellatif Jouahri)

Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Maghreb – BAM, a déclaré, à Washington, que le Maroc serait prêt à
enclencher un processus historique, celui de rendre, librement convertible, sa monnaie, le Dirham.
Cette mesure inédite pour le Maroc et qui a, depuis plusieurs décennies, fait l’objet de recommandation au
royaume, de la part du FMI, aura théoriquement pour objectif stratégique, de faciliter l’intégration de l’économie
marocaine à l’économie mondiale, notamment aux marchés financiers internationaux, sur lesquels, le royaume
ambitionne d’être l’un des acteurs africains les plus en vue.

Abdellatif Jouahri a assisté à une réunion du FMI et de la Banque mondiale, à Washington, a déclaré que les
autorités financières du royaume, vont discuter avec les responsables du FMI, du calendrier et des étapes
nécessaires pour le lancement de l’abrogation de la non-convertibilité du dirham.

➢ La liberté conditionnelle du Dirham :


Bank Al-Maghreb s’apprête à prendre un tournant nécessaire mais complexe dans la politique de change. Le
Maroc va engager la transition vers un régime de change flexible dans les prochains mois. Il ne va pas y aller
totalement, car il restera des verrous: plus de marge de manœuvre, mais pas la flexibilité totale. Les modalités
et le calendrier seront arrêtés le mois prochain, a laissé entendre Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-
Maghreb à Washington lors des réunions du printemps du Fonds monétaire international et du groupe Banque
mondiale. «Si nous avons libéralisé les échanges, il est logique dans le processus des réformes économiques
de déréglementer la monnaie aussi», confie Mohamed Berrada, ancien ministre des Finances, architecte du
retour à la discipline budgétaire dans les années 80.

Des indicateurs macroéconomiques en nette amélioration, en tout cas par rapport à leur niveau de 2012, des
réserves de change assez confortables qui couvriraient 8 mois et 15 jours d’importations de biens et services à
fin 2017 et un marché financier assez mature (malgré tout) ouvrent une fenêtre favorable pour la mise en œuvre
de cette réforme. Mais c’est un chantier qui n’est pas aisé. La migration se fera graduellement, insistent les
autorités monétaires. «Il faut préparer les fondamentaux de l’économie à pouvoir supporter les conséquences
d’une libéralisation de la politique de taux de change», fait savoir Pr Berrada.
Les avantages de la transition sont nombreux. En premier lieu pour les exportations. Un taux de change plus
«agile» se traduirait par un gain de compétitivité sur les marchés extérieurs. «Un régime de change plus flexible
permettra de favoriser les échanges extérieurs, encourager les flux d’investissement et améliorer la compétitivité
de l’économie», relève un professionnel de marché.

La réforme intervient dans un contexte de ralentissement de la croissance et de difficultés dans le secteur


industriel. Après sept trimestres consécutifs de morosité, les industriels ont retrouvé un peu le sourire sur les
premiers mois de 2016. Mais les tracas persistent dans de nombreuses industries. En dehors des métiers
mondiaux du Maroc et principalement l’automobile, les autres branches d’activité peinent à émerger. La baisse
des carnets de commandes, la concurrence ou encore des délais de paiement très longs affaiblissent les
entreprises et limitent leurs investissements.

➢ Le processus de la liberté du Dirham :


Le processus que le Maroc compte lancer, se déroulera selon Abdellatif Jouahri, très graduellement et
prudemment. Il a expliqué selon Bloomberg, que cela prendrait plusieurs années. Le Maroc envisagerait
d’abord, un élargissement des bandes de fluctuation du dirham, et observera la façon dont le marché traiterait ce
changement. Puis la valeur du Dirham sera graduellement laissée à définir, par les forces du marché, avec
toutefois, une intervention limitée de l’Etat. Et en fin, le Dirham sera laissé aller complètement à sa libre
convertibilité.

➢ Atouts et risques de la convertibilité :


Théoriquement, cette libre convertibilité peut se traduire par les avantages suivants :
- amélioration de la compétitivité de l'économie nationale ;

- diversification des PTF des agents économiques à l'échelle ;

- rendement accru de l'épargne ;

- protection contre le risque de change ;

- meilleure efficacité de l'intermédiation financière nationale ;

- intégration de l'économie nationale dans l'économie mondiale.

Mais le processus comprend des risques inhérents à la convertibilité et d'autres liés à la situation concrète de
l'économie marocaine.

Volatilité de taux de change : Les variations des taux de change et des taux d'intérêt sur les marchés
financiers et les marchés des changes internationaux, amènent souvent les autorités monétaires à augmenter
les taux d'intérêt pour prévenir la fuite des capitaux, même si cette augmentation est contraire aux impératifs du
développement économique interne.

Risque de substitution des devises à la monnaie nationale : En période inflationniste, les agents
économiques préfèrent substituer les devises fortes à leur monnaie nationales.

Risques liés à la situation concrète de l'économie :

Ils proviennent notamment du déficit des comptes extérieurs :

- le taux de couverture des importations par les exportations, tourne depuis une dizaine d'années autour de
60% ;
- la fin du rééchelonnement de la dette a soumis le pays à une lourde charge des intérêts de la dette ;

- le tourisme marocain connaît de sérieux problèmes ;

- la progression des transferts des résidents marocains à l'étranger connaît les contrecoups des difficultés des
pays d'accueil ;

- dans un horizon de MT, on ne voit pas comment le déficit des comptes pourra s'améliorer ;

Par ailleurs, le Maroc enregistre des taux d'inflation supérieurs à ceux de ses principaux partenaires
commerciaux. Pour que ce projet réussisse, une politique dynamique du commerce extérieure, une stabilité de la
croissance économique, une maitrise de l'inflation et un équilibre social, une gestion appropriée du dirham, une
adaptation du tissu productif marocain est nécessaire et indispensables.

Mohamed Sabri

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