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LA CONVERTIBILITE DU

DIRHAM MAROCAIN
Gestion de Taux de Change La Convertibilité du DIRHAM

Plan

Introduction

I. Concept et types de la convertibilité


1. Convertibilité selon les opérations réalisées
2. Convertibilité selon les opérateurs concernés

II. Champ de la convertibilité au Maroc


1. Convertibilité du dirham pour les opérations courantes
2. Convertibilité du dirham pour les opérations en capital

III. Les Atouts et les risques de la convertibilité totale


du Dirham
1. Les atouts de la convertibilité
2. Les risques de la convertibilité du Dirham

IV. Conditions d’une plus large convertibilité


1. Un niveau de réserve suffisant
2. Une situation macro-économique saine
3. Un tissu productif solide
4. Une politique économique appropriée
5. Une gestion appropriée du Dirham

Conclusion

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Gestion de Taux de Change La Convertibilité du DIRHAM

Introduction

Jusqu’aux années 80, le Maroc avait opté pour une stricte réglementation de
change, motivée par la rareté des devises. Cette réglementation a été
progressivement remise en cause. On lui a reproché d’être sur protectionniste, limite
la liberté des opérateurs économiques, elle rend vulnérable l’économie marocaine
vis-à-vis des chocs externes, et maintient artificiellement la valeur de la monnaie
nationale : les dévaluations ne se traduisent pas par des effets réels.

Mais depuis 1983, la déréglementation du contrôle de change a été progressive,


elle a évolué en trois directions : La libéralisation des opérations courantes, la
libéralisation des mouvements des capitaux et la décentralisation de la gestion des
devises.

Toujours dans ce sens, les experts de l'Office des Changes comme les banquiers
prônent la prudence pour préserver les acquis macroéconomiques encore fragiles.
La libre convertibilité de la monnaie nationale risque, dans l'état actuel des
choses, de déstabiliser le système financier et de fragiliser les équilibres extérieurs.
Pour conforter et favoriser cette acceptation, ils prévoient qu'en permettant aux
résidents d'effectuer des investissements à l'étranger et de les financer à partir du
Maroc, l'épargne nationale se déplacera vers les marchés financiers étrangers. De
plus, l'abandon de l'obligation de rapatrier les recettes d'exportations de biens et
services se traduira par un tarissement des réserves en devises, or il s'agit de l'une
des principales sources de reconstitution de ces réserves, avec les transferts des
fonds des MRE. De même, l'accès libre aux devises par les résidents accélèrera
l'érosion des réserves de change et aura un effet néfaste sur la parité du dirham
comme en Argentine qui a fini par perdre sa souveraineté monétaire.
Remarquons tout de même, qu'aujourd'hui, les opérations courantes de la
balance des paiements sont totalement convertibles (les opérations d'importations,
d'exportations, de transport international, d'assurance et de réassurance,
d'assistance technique étrangère, des revenus de travail et de capital).
Pour les opérations en capital, certaines ont été autorisées telles que le
financement en devises des investissements étrangers, les financements extérieurs
mobilisés par les entreprises marocaines, l'octroi de crédits en dirham aux non-
résidents et les placements bancaires à l'étranger.
D'autres restent soumises à autorisation comme les implantations bancaires à
l'étranger ou les investissements à l'étranger par les entreprises exportatrices. Et
d'autres encore sont strictement interdites : c'est le cas de l'ouverture de compte
par des résidents auprès de banques étrangères et leur alimentation à partir du
Maroc, de placements et de spéculation sur les marchés financiers étrangers, d'achat
de biens immeubles à l'étranger.
Dans la «Lettre d'orientations générales pour 2007 » du ministère des Finances et
de la Privatisation, on a pu retenir le lancement d'une réflexion sur un régime de
change plus flexible introduisant des mesures tendant vers la consolidation de la
convertibilité du dirham.

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Gestion de Taux de Change La Convertibilité du DIRHAM

Qu'entend-t-on par la convertibilité ? Quel est le champ de la convertibilité


marocaine ? Est ce qu'un pays comme le notre pourra adopter une convertibilité
intégrale ? Quels sont ses avantages, ses risques et ses conditions de réussite ?

I/ Concept et types de la convertibilité

La convertibilité en économie est « la possibilité d'échanger une monnaie


nationale contre une monnaie étrangère, contre des devises étrangères ou contre
de l'or ». La convertibilité d'une monnaie est donc cette possibilité d'échanger et
d'obtenir la contre-valeur d'une monnaie en pièces, en billets ou en or à tout
moment.
Généralement évoquée sous le terme de «convertibilité en devises», la
convertibilité d'une monnaie dépend de la nature de l'opération ou de l'opérateur
qui est concerné. L'on distingue de ce fait d'une part, la convertibilité de la monnaie
suivant les opérations réalisées et d'autre part, la convertibilité de la monnaie
suivant les opérateurs concernés.

1. Convertibilité selon les opérations réalisées :


Elle se décompose en deux groupes : la «convertibilité limitée» et la «convertibilité
générale».
La «convertibilité limitée» est la « conversion des monnaies entre elles, assurée
pour toutes les opérations et transactions courantes ; ce qui n'est pas le cas pour les
opérations ou les transactions en capital.
La «convertibilité générale» quant à elle permet à tout agent économique,
d'échanger une monnaie nationale contre une devise étrangère, et ce pour toutes
les opérations sans exceptions. Il peut s'agir des opérations relatives au commerce
international (importations, exportations, paiement à l'étranger ...) y compris toutes
les opérations en capital.

2. Convertibilité selon les opérateurs concernés


Elle est composée de la «convertibilité interne» et la «convertibilité externe».
La «convertibilité interne» ou «convertibilité générale» donne la possibilité à tout
citoyen, résident ou non-résident de convertir librement la monnaie nationale en
devises étrangères.
La «convertibilité externe» ou «limitée» ne donne la possibilité qu'aux non-
résidents de convertir la monnaie nationale. Ce qui veut dire que les résidents n'ont
pas cette possibilité de conversion de la monnaie nationale en devises étrangères.
Elle permet d'assurer une «multilatéralisation» des paiements, processus nécessaire
au développement des échanges internationaux et par voix de conséquence à la
croissance de tout pays.
Il faut également souligner le fait que la «convertibilité totale» de la monnaie
requiert trois conditions préalables :
- d'une part, un système monétaire stable ;
- d'autre part, une forte puissance nationale ;
- et enfin la convertibilité des opérations en capital.

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II/ Champ de la convertibilité au Maroc


1. Convertibilité du dirham pour les opérations courantes
Le Maroc a adhéré dès le 21 Janvier 1993 aux dispositions de l’article VIII des
Statuts du FMI relatives à la convertibilité des opérations courantes.et donc
affirmant par là:
- sa réelle volonté de s’ouvrir davantage sur l’extérieur
- et d’arrimer l’économie marocaine au marché international des capitaux.
Elle consiste en un libre accès aux devises directement auprès des banques pour
effectuer les règlements relatifs aux opérations d‘import/export… ainsi que toute
autre opération revêtant un caractère normal et courant.

2. Convertibilité du dirham pour les opérations en capital


La libéralisation entreprise en matière de réglementation des changes ne se limite
pas aux opérations courantes ; elle s’étend aussi aux opérations en capital dont
notamment:
- Investissements étrangers au Maroc
Ce régime garantit aux investisseurs étrangers résidents ou non-résidents ainsi
qu’aux marocains résidant à l’étranger, finançant leurs investissements par apport
de devises, l’entière liberté pour :
la réalisation de leurs investissements au Maroc ;
le transfert des revenus produits par ces investissements;
le transfert du produit de cession ou de liquidation de leurs investissements, y
compris la plus value et quel qu’en soit le montant.
- Investissements marocains à l’étranger:
Les entreprises et les banques marocaines qui souhaitent réaliser des
investissements à l’étranger bénéficient d’autorisations auprès de l’Office des
Changes surtout si l’investissement projeté est susceptible d’avoir des retombées
positives sur l’économie nationale.
Bien plus, les entreprises marocaines sont autorisées à investir librement à
l’étranger jusqu’à 50 millions de dirhams (100 millions en Afrique) par an, ses
comptes soient certifiés par un auditeur externe et l’investissement projeté en
relation directe avec son activité.
- Mobilisation de financements extérieurs:
Pour le financement de leurs activités au Maroc, les opérateurs économiques
résidents y compris les exportateurs, sont autorisés à contracter librement ou par
l’entremise d’une banque marocaine des emprunts extérieurs pour :
 le financement des opérations d’importation et d’exportation de biens et
de services;
 le financement des opérations d’investissements au Maroc;
 le refinancement d’emprunts extérieurs précédemment contractés

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III/ Les atouts et les risques de la convertibilité totale du


Dirham
Une convertibilité intégrale signifie que le dirham pourra être échangé au gré de
son porteur contre n'importe quelle autre monnaie étrangère sans aucun obstacle.

1. Les atouts de la convertibilité totale :


Le Maroc a connu depuis son indépendance des progrès non négligeables que
beaucoup d'observateurs ne mettent pas assez en exergue. Cependant, ils ne sont
pas suffisants pour parler d'un véritable décollage de l'économie marocaine qui
profiterait à l'ensemble de la population.
Théoriquement, cette libre convertibilité peut se traduire par les avantages
suivants :
- amélioration de la compétitivité de l'économie nationale ;
- diversification des PTF des agents économiques à l'échelle ;
- rendement accru de l'épargne ;
- meilleure efficacité de l'intermédiation financière nationale ;
- intégration de l'économie nationale dans l'économie mondiale.
En fait, l'économie marocaine a toujours été considérée comme étant la plus
libérale et la plus ouverte de tous les pays du Maghreb. Elle est celle dont les
structures productives, commerciales et bancaires sont les plus conduites par
l'initiative privée et les plus exposées aux marchés étrangers. Cette double vocation,
libérale et mondiale est due particulièrement à la place dominante occupée par le
Maroc dans la production et l'exportation du phosphate, au choix politique
fondamental du Maroc d'entretenir des relations étroites avec le reste du monde et
particulièrement avec l'Occident et à l'existence d'une forte bourgeoisie foncière,
industrielle, commerciale et financière.
Actuellement, pour schématiser, le dirham est ancré à 80% à l'euro et à 20% au
dollar, il subit donc les sentences des décisions européennes et américaines. Cela
revient à dire, qu'il Il est contrebalancé au gré de la volonté d'autrui, et cela depuis
plusieurs générations.
En effet, le Maroc n'a pas réellement tiré profit de ces attaches, son coefficient de
progression économique et sociale reste encore faible. Donc il est impératif de réagir
en ne comptant que sur nous mêmes.

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2. Les risques de la convertibilité du Dirham :

2-1-Les risques inhérents à la convertibilité :


 L’instabilité du taux de change :
L’instauration de la convertibilité pour opérations de capital risque d’accroître la
volatilité du taux de change et donc d’affecter sa stabilité. Ce risque diminue à fur
et à mesure que la confiance dans la monnaie rendue convertible s’installe.
 Des effets pervers sur la politique monétaire :
La variation des taux de change et des taux d’intérêts sur les marchés financiers
et les marchés des changes internationaux, amènent souvent les autorités
monétaires à augmenter les taux d’intérêts pour prévenir la fuite des capitaux,
même si cette augmentation est contraire aux impératifs du développement
économique interne.
 Le risque de substitution des devises à la monnaie nationale :
En période inflationniste, les agents économiques préfèrent substituer les devises
fortes à leur monnaie nationale.

2-2- Les risques liés à la situation concrète de l’économie marocaine :


Ils proviennent notamment du déficit des comptes extérieurs :
- le taux de couverture des importations par les exportations, tourne depuis
une dizaine d’années autour de 40% et 50%.
- la fin du rééchelonnement de la dette a soumis le Maroc à une lourde
charge des intérêts de la dette,
- le tourisme marocain connaît de sérieux problèmes,
- la progression des transferts des résidents marocains à l’étranger connaît les
contrecoups des difficultés des pays d’accueil.
Dans un horizon de moyen terme, on ne voit pas comment le déficit des comptes
extérieurs peut s’améliorer ? Le Maroc est appelé à déjouer les effets négatifs de la
spécialisation traditionnelle de son commerce extérieur et donc de la faiblesse de la
valeur ajoutée des produits exportés
Par ailleurs, le Maroc enregistre des taux d’inflation supérieurs à ceux de ses
principaux partenaires commerciaux.
En définitive, le niveau de la hausse des prix intérieurs, l’ampleur des
déséquilibres externes et les perspectives à court terme de l’évolution de l’économie
marocaine, ne plaident pas en faveur d’une instauration immédiate de la
convertibilité intégrale du Dirham.
Mais s’agissant d’instaurer une convertibilité plus large des opérations courantes,
réussie et durable, d’autres conditions préalables sont nécessaires.

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IV/ Les Conditions d’une plus large convertibilité


1. Un niveau de réserve suffisant :
Une politique dynamique du commerce extérieur est nécessaire pour faire face :
- à une demande supplémentaire de devises induite par la convertibilité,
- au remboursement de la dette.

2. Une situation macro-économique saine :


Une situation macro-économique saine ne s’apprécie pas seulement par une
maîtrise du déficit budgétaire et de la dette extérieure mais aussi par :
- la stabilité de la croissance économique,
- l’équilibre des échanges extérieurs,
-la maîtrise de l’inflation
-l’équilibre social

3. Un tissu productif solide :


Les entreprises nationales doivent non seulement s’adapter à l’environnement
extérieur mais créer entre elles des liens de complémentarité et d’interdépendance.

4. Une politique économique appropriée :


A court terme la politique monétaire doit viser la réduction des taux d’intérêts
afin de desserrer la contrainte de financement des entreprises. Elle doit également
maîtriser l’inflation afin d’améliorer la compétitivité prix et produits d’exportation.

5. Une gestion appropriée du Dirham :

L’efficacité de la manipulation du taux de change ne dépend pas seulement des


différentiels d’inflation et d’intérêts mais aussi des facteurs suivants :
- le niveau de développement atteint par le secteur industriel
- la spécialisation de l’insertion internationale

Toute manipulation du taux de change agit sur les structures, et le problème est
de savoir si la manipulation est de nature à favoriser la mutation structurelle désirée.

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Conclusion :

Pour un pays en développement ( PVD) comme le Maroc, la convertibilité peut


être un moyen d’augmenter les entrées de devises, de stimuler l’offre exportable et
les investissements étrangers et de faciliter l’intégration à l’économie mondiale. Elle
peut favoriser un rythme de croissance plus soutenu, à travers une meilleure
allocation des ressources et utilisation des facteurs de production conformément à
la rigueur et aux exigences de la concurrence mondiale.
Par la convertibilité intégrale de sa monnaie, un PVD n’aspire pas à élever sa
monnaie au rang des devises clés dans les paiements internationaux ou des
monnaies de réserves internationales. Tout au plus, il cherche à lever toute entrave à
la connexion de son économie aux circuits de l’économie mondiale et à conférer à
ses transactions avec l’étranger, une liberté de nature à valoriser ses potentialités et
ses atouts.
Il est vrai que convertibilité du Dirham est le gage que le gouvernement va
poursuivre une politique économique solide, notamment en matière budgétaire.
Cependant, la convertibilité n’est pas une sorte de formule magique qui opérerait
des miracles pour le Maroc ou un autre pays. C’est plutôt l’expression d’un objectif
souhaitable, mais qui ne peut être atteint à moins qu’un certain nombre de
conditions préalables rigoureuses soient d’abord satisfaites. La réunion de ces
dernières est de nature à permettre au Maroc d’assumer les obligations liées à la
convertibilité du dirham et donner toutes les chances de réussite et de durabilité à
cette convertibilité.
Un régime de convertibilité externe du Dirham, au niveau des opérations
courantes et du capital au profit des non résidents est déjà mis en place. De même
au niveau des résidents, l’étendu de la libéralisation des opérations courantes est
remarquable, certains plafonds et contrôles demeurant cependant nécessaires.
Toutefois, la réussite de la convertibilité intégrale du Dirham demeure liée à la
maîtrise des équilibres financiers fondamentaux et au dynamisme des exportations
et de l’économie.
Le Maroc présente politiquement des garanties de stabilité, une proximité
géographique du marché européen, et des motifs d’attraction liés à ses coûts de
fabrication. Certains observateurs étrangers n’hésitent pas à prédire que le Maroc
est en passe de devenir pour l’Europe ce qu’est le Mexique pour les Etats-Unis, que
le Maroc n’est plus un « PVD et est prêt d’accéder au rang de nouveau pays
industrialisés ».
Cependant malgré toutes les marques de confiance qu’on peut témoigner à
l’économie marocaine, seul l’avenir est en mesure de prouver sa capacité à générer
des ressources de façon structurelle, sans recours au rééchelonnement et à
l’endettement, et à assumer la responsabilité du Dirham convertible.
Une citation de Serge. L. LEYMARIE, résume parfaitement la situation du Maroc
« je considère que le Maroc possède aujourd’hui les bases nécessaires pour un
véritable décollage économique et pour être la révélation économique de cette fin
de siècle…le pays est aujourd’hui à un carrefour, sur la crête de la vague : il peut
basculer d’un côté ou d’un autre ».
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Bibliographie :

 Mounia BENJELLOUN : Rapport de recherche sur « La convertibilité du


Dirham », Université de Montréal ,18 Août 1994

 Rapport d’Attijariwafa Bank :


« Panel 2 : Cadre réglementaire et Protection des investissements »

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