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ECHO FRANCOPHONE
L'actualité économique et politique francophone
et internationale
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depuis l’étalon-or pour ainsi dire jusqu'aux régimes de flottement actuels. Et puis, le monde de
la finance ne manque pas de perversion pour engendrer et faire propager probablement des
désastres économiques avec n'importe quel régime dès-lors que le cadre institutionnel se
montre faillible ou que la rigueur réglementaire fait défaut. Pour les illustrations, je laisse le
soin au lecteur de faire un petit flash-back quant aux évènements marquants de la finance
internationale depuis les années vingt du siècle dernier.
Tous les régimes sont donc vulnérables et aucune politique de change ne saurait être
considérée en elle-même comme garantie contre les fragilités financières. Partant de l’idée que
la réforme de change en question serait le prolongement normal de la stratégie globale de
développement économique du Maroc, laquelle ne date pas d’aujourd’hui, on peut du moins
suivant cette logique interne, soulever les questions suivantes : dans quelle mesure l’économie
marocaine est-elle prédisposée aujourd’hui à recevoir et réagir favorablement à ce nouveau
traitement du dirham ? Comment les pouvoirs publics sauraient-ils mener cette réforme en
phase avec les exigences d’une croissance durable ?
C’est à ces questions principales que cet article s’efforcera de répondre à travers un certain
nombre de points
.
1- Notions et mécanismes de base sur le régime de change
Le taux de change indique le prix auquel s'échangent les monnaies sur le marché des
changes. Ce prix correspond à la quantité de devises que permet d'obtenir une unité de
monnaie nationale. En principe, il existe deux types de taux de change :
- Le taux de change fixe suivant lequel la monnaie nationale est liée de manière discrétionnaire
à une devise, généralement une monnaie forte telle que le dollar ou l’euro. Ou alors cette
monnaie nationale est rattachée à un panier de devises comme c’est le cas pour le Dirham qui
est ancré à l’euro et au dollar respectivement pour 60% et 40%.
- Le taux de change flottant qui correspond à une situation où ce sont les règles du marché qui
déterminent les mouvements du taux de change et la convertibilité de la monnaie nationale
dans le cadre des échanges extérieurs. Le rôle des autorités monétaires étant de veiller
notamment à ce que le taux ne s’écarte pas trop d’une certaine valeur.En d’autres termes, dans
le premier cas, la banque centrale est constamment mobilisée pour acheter et vendre les
quantités de devises nécessaires au maintien du taux de change d’équilibre qu’elle souhaite.
Dans le deuxième cas, le taux de change est déterminé par le marché sans intervention de la
banque centrale.De fait, entre l’un et l’autre il existe des régimes intermédiaires tels que le
rattachement à l’intérieur de bandes de fluctuations mobiles, le système de parités mobiles ou
le flottement dirigé. A l’aide de la politique monétaire, on tente d’ajuster périodiquement la
monnaie nationale dans des faibles proportions, compte tenu de différentiels d’inflation par
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2- Différence de régimes et implications sur la politique conjoncturelle
En acceptant de fixer la parité de référence en régime de change fixe, la banque centrale
s’engage donc à l’appliquer pour échanger sa monnaie et à détenir aussi les quantités de
devises nécessaires pour répondre aux demandes des opérateurs. Il en résulte de sa part, des
interventions actives et répétées, consistant en l’achat et la vente de la monnaie nationale pour
la maintenir à sa valeur nominale. Par conséquent la politique monétaire est axée
fondamentalement sur la modulation des réserves de change, si bien qu’une certaine stabilité
économique est assurée même artificiellement. Cependant le manque de réserves risque de
déséquilibrer complètement l’économie au point de mettre en cause le maintien même de ce
régime.
En change flexible, les autorités monétaires n’ayant pas d’engagement direct, le taux de
change fluctue librement et se détermine dans le marché des changes selon la loi de l’offre et
de la demande. Ainsi, aussi bien le manque que le surplus de réserves sont susceptibles d’être
régulés spontanément, et si les mécanismes jouent sainement, ils peuvent amener à un cours de
la monnaie nationale correspondant à la valeur réelle de l’économie. En revanche, vue l’étroite
intégration commerciale et financière entre pays, la transmission des effets récessifs à l’échelle
mondiale ainsi que l’impact des politiques monétaires des pays partenaires sont plus rapides et
plus accentués dans le cas du régime flexible que dans celui du change fixe.
Le contrôle des autorités monétaires peut prendre d’autres formes notamment en ce qui
concerne les variations des taux d’intérêts. Quand on a un taux de change fixe, l’équilibre
externe peut être réalisé à l’aide des mouvements de taux d’intérêts lorsque les déséquilibres
internes sont susceptibles d’être corrigés par les variations des prix intérieurs. En revanche, en
régime flottant, l’équilibre externe est en principe obtenu automatiquement par les variations
du taux de change pendant que le contrôle des taux d’intérêt sert à remédier aux déséquilibres
internes. Sauf qu’en cas de déséquilibre important de paiements courants et de conflits
concomitants entre l’offre et la demande de devises, la banque centrale en régime fixe n’a autre
solution que d’intervenir pour modifier le volume de réserves de change. A défaut toutes les
variables économiques y compris les taux d’intérêts sont déterminés par les mécanismes
pervers du choc externe.
Par contre en régime flottant, elle n’a plus à intervenir en l’occurrence dans la mesure où
l’ajustement sur le marché des changes est effectué par des mouvements de capitaux induisant
des variations du taux de change et partant des modifications des conditions de l’échange.
En théorie monétaire, on se réfère parfois à ce qu’on appelle le triangle d’incompatibilités. Il
s’agit d’une représentation dans laquelle il n’est pas possible d’obtenir simultanément les trois
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objectifs suivants : la stabilité des cours de change, la liberté des mouvements des capitaux et
l’autonomie de la politique monétaire.
Selon l’économiste Timbergen, l’adéquation entre les moyens et les objectifs en matière de
politique économique présuppose que le nombre d’instruments utilisés doit être au moins égal
à celui des objectifs poursuivis. Dans ces conditions, les banques centrales ne peuvent atteindre
que deux des trois objectifs précités. De fait, Il a été observé que généralement dans les pays
industrialisés, on privilégie de recourir aux deux derniers objectifs en cherchant plus de
latitude de l’outil monétaire dans le cadre de stratégies de flexibilité de change et de mobilité
du capital.
Il en découle que la politique monétaire dispose d’une certaine marge de liberté avec les
régimes de la flexibilité des taux de change. Surtout que les autorités monétaires ne sont plus
obligées de détenir des quantités importantes de réserves et qu’elles ne doivent pas lier
systématiquement l’accroissement de la masse monétaire aux variations des devises, (tel serait
le cas d’une augmentation de la masse monétaire qui répond à une importante entrée de
devises, liée à des excédents de la balance des paiements.)
Par ailleurs, bien que la relation entre l’inflation et le taux de change ne soit pas toujours facile
à cerner, il est admis que ses liens de causalité jouent dans les deux sens. En effet d’une part,
certains économistes considèrent que l’écart entre les taux d’inflation de deux espaces
économiques est la principale source de l’évolution constatée de leur taux de change. D’autre
part, il a été soutenu qu’une variation du change, qu’il soit fixe ou flexible, peut influer sur le
taux de l’inflation. Dans ce cas, la décision des autorités monétaires (dévaluation) ou le jeu des
mécanismes du marché (dépréciation) engendre une hausse du prix en monnaie nationale des
importations et une baisse du prix en devises étrangères des exportations. Dans l’immédiat ceci
provoque une dégradation de la balance commerciale. Mais après un certain temps, les effets-
quantités l’emportent sur les effets-prix pervers associés au renchérissement des importations.
Bien entendu les délais des réactions varient dans le temps et dans l’espace. De même,
l’importance relative de l’amélioration du solde commercial, dépend de la structure des biens
et services échangés par pays.
Dans le contexte du régime de change flottant, on peut donc bien admettre que la politique
monétaire retrouve des marges de liberté plus importantes lui permettant de cibler d’autres
objectifs internes de la politique économique. Et c’est justement dans cette optique qu’on
pourrait juger certaines orientations stratégiques de la politique économique du Maroc
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notamment par le truchement de ses nouveaux instruments financiers. A cet effet, voyons
d’bord comment se présentent les prédispositions du Maroc à la veille de cette importante
réforme de change.
L’un des prérequis majeurs souvent évoqués concerne la situation des finances publiques
généralement mesurée par le niveau des déficits budgétaires. De ce point de vue la situation au
Maroc est jugée favorable tant par le FMI que par le gouvernement. On estime qu’une certaine
discipline budgétaire a été observée et que le solde budgétaire a été amélioré et ramené
désormais à un niveau non critique quant à son impact sur l’inflation et l’équilibre
macroéconomique (soit un déficit de 3,9% en 2016 contre 4,2% en 2015 et un déficit prévu
pour 2017 de 3,5%).
Quoi qu’il en soit, il me semble que le niveau de l’endettement public atteint à l’heure actuelle
et l’importance qu’il requiert, ne sont pas franchement pris en compte dans ces constats. Il peut
s’agir là d’« une fausse note » puisque le volume de la dette sans précédent (786 milliards de
DH en 2015 soit 80% du PIB) est susceptible de durcir la contrainte financière du trésor et
réduire la marge de manœuvre de l’Etat quant à l’arbitrage entre l’équilibre des finances
publiques et la nécessité d’engager certaines dépenses publiques, sans oublier les conséquences
fiscales néfastes sur les générations futures.
La gestion des réserves de change représente également un prérequis pour la transition vers
plus de flexibilité. Il a été enregistré que les premières phases du passage au nouveau régime
de change flottant sont sujettes à des fluctuations excessives et à certaines « attaques
spéculatives. » il en découlerait des déséquilibres externes et des amenuisements des réserves
de devises aboutissant naturellement à leur pénurie totale. D’où l’intérêt de constituer, à titre
de dispositif prudentiel, un stock de réserves suffisant pour protéger la parité de la monnaie
nationale et éviter une fragilisation du système financier et une accentuation des déséquilibres
macroéconomiques.
Le Maroc dispose aujourd’hui d’environ six mois de réserves de change (soit 252 milliards de
dirhams). De surcroît ce montant est consolidé par une « ligne de précaution et de liquidité »
du FMI de l’ordre de 3,5 milliards de dollars, que le Maroc peut utiliser en cas de crise aiguë
déséquilibrant la balance des paiements. Là encore on considère que cette prédisposition est
confortante eu égard à l’éventualité des perturbations conjoncturelles. Mais il va de soi que la
maîtrise relative des chocs externes dépend de leur intensité et leur récurrence. Ajouter à cela
les « attaques spéculatives » susceptibles d’exacerber la situation.
D’ailleurs à l’heure où j’écris ces lignes, le gouverneur de Bank Al-Maghrib dénonce l’abus
des banques commerciales en ce qui concerne certaines opérations de couverture de change
proposées à leurs clients propageant ainsi la rumeur selon laquelle le dirham pourrait être
dévalué.
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Quand on évoque le système bancaire justement, il est important de connaître son degré et
sa nature d’intégration au système financier dans sa globalité. L’existence d’un marché
financier solide et développé est également un prérequis considérable surtout qu’on en est venu
à l’idée qu’il existe une relation étroite entre les comportements et les mécanismes de ce
système d’une part et l’éclatement des crises de change d’autre part. Tel a été le cas par
exemple dans les pays latino-américains (Mexique : 1994 ; Argentine : 1999 ; Brésil : 2001) et
lespays du sud-est asiatique (1997). Le système financier marocain qui est dominé par les
activités bancaires présente des risques liés au mobile problématique de la maximisation du
profit dans un cadre vulnérable dépendant en partie de la volatilité des financements extérieurs,
avec généralement des taux d’intérêts inadaptés à la gestion des liquidités en plus de
dysfonctionnements des méthodes de la gestion des risques.
Les nouvelles réformes introduites récemment (marché de capitaux, bourse, finance
participative, etc.) doivent être conduites dans le sens de l’instauration de nouvelles disciplines
consolidant le système actuel et le prémunissant contre les risques et aléas internes et externes.
4- A propos des perspectives à court et à moyen terme
Au vu de ce qui vient de ce qui vient d’être dit jusqu’ici, il importe de formuler
certainesremarques quant à l’orientation de cette nouvelle politique de change et son impact
sur la croissance à court et à long terme.
Partant des convictions des pouvoirs publics, du FMI et de la Banque mondiale au sujet de la
nécessité de cette réforme, du choix du moment de son introduction et de ses perspectives
prometteuses, il ne serait fécond d’apprécier la situation suivant l’approche logique qui leur est
propre.
S’agissant de nécessité de modifier le régime de change marocain le principal argument
avancé est centré autour de l’idée que la parité du dirham telle qu’est est délibérément
soutenue, est artificiellement forte par rapport à l’économie marocaine et son ouverture sur
l’extérieur. Ceci est de nature à susciter une attractivité des biens d’importation et partant une
détérioration du solde courant de la balance des paiements. Tout se passe comme si les
importations bénéficiaient d’une « subvention déguisée » au détriment de la production
nationale. D’ailleurs, même l’amélioration relative de la balance commerciale, récemment, est
imputable à la baisse des produits énergétiques si bien qu’en 2015, les parts relatives de l’euro
et du dollar dans le panier des devises ont été ajustées (respectivement à 60% et 40% au lieu de
80% et 20% auparavant).
Il est tout à fait légitime donc de s’attendre à ce que la flexibilité de change offre de réelles
opportunités pour atténuer relativement les effets concurrentiels des produits étrangers,
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de salaires bas, c’était aussi pour combattre complètement le chômage. Ultérieurement, les
salaires étaient revalorisés progressivement parce que les gains de productivité se répartissaient
raisonnablement et s’utilisaient rationnellement. Les salariés soutenaient la consommation et
les entreprises réinjectaient la plus grande part de ce qui leur revenait, dans les circuits
productifs. Autrement dit le « surplus » n’était pas prélevé pour financer in fine des dépenses
somptuaires et inutiles, qu’elles soient privées ou publiques.
Les dimensions économiques et sociales étant imbriquées, la combinaison des divers
instruments de la politique à court et à long terme, doit être économiquement rationnelle et
socialement responsable.
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