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Chapitre III : La couverture du risque de change

La variabilité du taux de change imposée par l’adoption des changes flottants en 1976, la
couverture du risque de change est devenu l’un des problèmes de la finance internationale.
Les taux de change ne sont pas stables et leurs fluctuations peuvent entrainer des gains ou des
pertes, qui sont des risques dont il faut se protéger. La globalisation financière à améliorer les
techniques de couverture afin de se protéger contre les risques de changes. Dans ce chapitre,
nous présenterons la problématique de la gestion de risque et les techniques de couverture du
risque de change.

Section 1 : La problématique de la gestion du risque de change


Les opérations commerciale ou financières d’une entreprise en devise est susceptible
d’induire un risque de change. L’entreprise peut s’en protéger en le gérant. Elle peut
également reporter les conséquences financières de ce risque au moment où il se réalise. Un
coût modeste est supporté chaque année par l’entreprise si le risque est géré. Si le risque n’est
pas géré, il y’a de forte chance que l’entreprise enregistre tôt ou tard une perte susceptible de
déséquilibrer sa structure financière. La gestion de risque de change a pour objectif de
minimiser les pertes qui pourraient affecter le patrimoine ou le revenu de l’entreprise.

1.1. Les étapes de la gestion des risques

Le processus de gestion du risque de change comporte cinq étapes :

1.1.1. La définition de la position de change.

La position de change d’un opérateur économique résulte de la présence dans son patrimoine
d’avoir et d’engagements libellés en différentes devises, autre que la monnaie de cet
opérateur. Pour une entreprise cotée en bourse, la monnaie de cotation des actions est la
monnaie de référence. Lorsque, l’entreprise négocie sur plusieurs marchés, la monnaie de
référence recommandée en général est celle du marché où s’effectue la majorité des
transactions. On peut également retenir la devise des actionnaires contrôlant l’entreprise, si
cette dernière ne correspond pas à celle du principal marché. Si la société n’est pas cotée en
bourse, la monnaie de référence est celle du pays dans lequel est implantée l’entreprise ou
alors la société mère lorsqu’il s’agit d’un groupe multinational. On peut aussi choisir la
monnaie du bilan consolidé du groupe dans le cas où la devise dans laquelle, il a été établit, si
le bilan est différent de celui du pays où est implantée la société mère.
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D’une manière générale, la position de change (PC) est = Avoirs – engagements en devises

1.1.2. La surveillance en temps réel de la position.

Un tableau de la position de change permet de surveiller en temps réel la position de change


d’une entreprise. Dans ce tableau sont enregistrées toutes les opérations qui peuvent
influencer la PC. Par convention, une dette est affectée du signe - et une créance du signe +.
Le tableau se présente comme suit. En colonne les devises. Les marques déposées sont
évaluées en brevets.

USD JPY GBP EURO BATH AUTRE


Transaction commerciale
-Clients (+)
-Fournisseurs (-)
Opérations financières
-Prêts (+)
-Emprunts (-)
Autres transactions commerciales et
financières
-Brevets (-) ou (+)
-Appels d’offre (+)
-Ventes sur catalogue (+)
-Versement ou perception des intérêts (+) ou (-)
-Activités de négoce (-) ou (+)
Position de change de transaction
Commandes en carnets non encore facturées
-Ventes (+)
-Achats (-)
-Autres éléments intervenants dans la position
de changes économique (+) ou (-)
-Position de change économique

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1.1.3. L’évaluation de la probabilité de variation du taux de change.

Elle consiste dans un 1er temps à l’estimation de la variation probable du cours de change des
devises constituant la position de change. Dans un 2ème temps, elle se poursuit par l’estimation
des probabilités que la variation du cours de la devise se produit dans un délai déterminé.

1.1.4. Le calcul des coefficients de risque.

L’évaluation de risques de change se termine par la détermination des coefficients de risques


spécifiques à chaque devise et à chaque horizon temporel. Pour chaque devise, ce coefficient
est égal au produit de la probabilité pour que cette devise varie dans un délai donné de la
variation probable du cours de cette devise.

1.1.5. La mise en œuvre des techniques adéquates.

Elles ne sont effectivement mises en œuvre que si cela parait justifié (coefficient de risque >
1). Le coût de protection doit être comparé au risque avant toute décision (le coût de
protection est inférieur au risque) de mettre en œuvre les techniques adéquates.

1.2. La gestion de risque

La gestion de risque consiste à réduire l’exposition de l’entreprise au risque de change. La


section 2 présentera les différentes techniques de couverture de risque. Ce paragraphe
présente les techniques qui permettent de réduire l’exposition de l’entreprise au risque de
change.

Le choix de la monnaie de facturation : En excluant toutes ces transactions, en monnaie


nationale, l’entreprise évite le risque de change. Le recours aux clauses monétaires qui
permettent d’adapter le prix d’achat ou le prix de vente des biens et services à l’évolution du
cours des devises. Ce qui permet à l’importateur et à l’exportateur de réduire leur exposition
au risque de taux de change. D’une manière générale, ces clauses reposent sur une monnaie.
Mais il est aussi possible de retenir un panier de devises afin d’atténuer les fluctuations de
grandes ampleurs de certaines devises.

Le termaillage : c’est une méthode qui consiste à modifier les délais des règlements des
exportations et importations.

Le netting : le principe du netting est de procéder à une compensation des positions de


change réciproques que possèdent deux entités appartenant au même groupe multinationales.
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La compensation consiste à rapprocher les positions réciproques de manière à les annuler et à
faire apparaitre la position nette de l’une sur l’autre.

Section 2 : Les techniques de couverture du risque de change


Une opération de couverture vise à annuler les conséquences des variations du taux de change
et non pas à réaliser un profit. C’est en quelque sorte une assurance contre le risque de
change. L’utilisation des services spécialisés des organismes qui offrent aux opérateurs une
garantie de change. Exemple : les Compagnie d’Assurances qui protège contre les variations
du taux de change, comme la Compagnie Française pour l’Assurance du Commerce Extérieur
(COFACE) pour la France. L’avance en devise : elle est à la fois une technique de
financement du commerce international, et de couverture contre le risque de change, par
exemple l’exportateur emprunte auprès d’une banque ou bien auprès d’un organisme
spécialisé, le montant des devises correspondant à la créance qu’il possède sur son client
étranger. Cette section présentera les techniques traditionnelles de couverture et la gestion de
risque par les produits dérivés.

1.1. Les techniques traditionnels de couverture

Nous présenterons la couverture par le taux de change à terme sec (forward) et l’utilisation
des swaps.

1.1.1. La couverture par le taux de change à terme.

La couverture du taux de change à terme, implique une opération à terme sec. L’ordre du
client vers la banque, et un ensemble d’opération interbancaire induites pour la Banque.
Opération à terme sec : la relation client /banque : c’est l’ordre du client vers la banque.
Pour l’illustrer, prenons le cas d’un exportateur camerounais qui doit recevoir dans 3 mois 1
million de dollars. Sa position de change est ainsi longue en devises. Il donne alors l’ordre à
sa banque de vendre ce million de dollars en euros. La banque fixe alors le prix, le taux de
change à terme de façon définitive et immédiate pour les deux parties. L’exportateur vient
ainsi de se couvrir contre les risque de change en l’évacuant vers sa banque (on dira qu’il a
couvert sa position ouverte longue).
La banque se trouve ainsi en situation de change ouverte. Pour évacuer à son tour le risque de
change la banque peut à travers une simple opération de prêt ou emprunt en monnaie
nationale et devise se couvrir.

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L’utilisation des swaps cambistes : une opération de prêt ou emprunt engendre les couts de
transactions, renforce le risque de défaut et alourdissent le bilan de la banque. La banque peut
alors opter pour un swap cambiste. Un swap cambiste est une opération de change simultanée
au comptant et à terme portant sur la même devise avec la même contrepartie. Reprenant
notre exemple plus haut, la banque peut s’adresser à une autre banque pour acheter du dollar
au comptant et simultanément vendre à terme (contre euros à chaque fois).

1.1.2. Les swaps de devises


Il existe généralement 3 types de swaps swap de taux ; swap de crédit et swap de change.
Parmi les swaps de change, le swap de devise est différent du swap cambiste et permet
également d’échanger les dettes aux taux différents.
Il s’agit ici de l’échange entre deux agents économiques de dettes libellés dans des devises
différentes. L’objectif de l’agent économique est d’améliorer ces conditions d’endettement sur
les marchés étrangers et d’évacuer plus ou moins le risque de change.
Le swap de devise s’analyse dans une optique de long terme, il est utilisé pour couvrir les
opérations d’investissement à l’étranger plutôt des échanges commerciaux.
Le fonctionnement de swap de devise :
Illustration : Prenons une société européenne qui souhaite investir aux USA et une société
américaine qui souhaite investir en Europe. Supposant que chacun, peut avoir un meilleur
accès à son marché local qu’à l’étranger, chacun va ainsi s’endetter sur son propre marché de
capitaux national et obtiendront ainsi un meilleur taux d’intérêt qu’une dette en devise. Elles
procèderont ainsi à un échange, la société américaine recevra les euros désirés et pourra
rembourser sa dette en euros et la société européenne les dollars souhaités et remboursés sa
dette en dollars.
Les flux de trésorerie ne porteront que sur des sommes résiduelles pour un taux de change
donné. Cette opération de swap implique donc de définir :
- Le capital à échanger ;
- Le taux de change ou les modalités de capitaux appliquées ;
- Le taux d’intérêt appliqué (avec le partage des gains de taux d’intérêt)
- Les dates de règlements des intérêts et ré-échange de capital.
Si le taux de change fixe est décidé pour les conditions de change, le risque de change est
évacué, dans ce cas, le swap permet de faire un investissement à l’étranger en se couvrant

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contre le risque de change et permet ainsi un meilleur accès au marché de capitaux étrangers.

1.2. La gestion du risque par les produits dérivés

Les produits dérivés sont un des moyens de gérer le risque de change. Un produit dérivé
financier est un contrat financier négociable portant droit sur un autre actif et dont le prix
dépend intrinsèquement du prix de cet autre actif, appelé actif sous-jacent. Les contrats à
terme et options de change sont des instruments techniques de gestion de risque que nous
présenterons dans cette sous-section.
1.2.1. La gestion du risque de change par l’utilisation de futures
Le contrat à terme ou future est un contrat au terme duquel les contreparties s’engagent à
acheter ou à vendre une certaine quantité de devises à un cours et à une date fixée à l’avance.
Les contrats à terme sur devises sont très répandus, mais il est plus courant d’utiliser une
opération forward ou swap cambiste pour mieux gérer le risque de change.
Prenons un exemple de gestion de risque par un future. Soit une entreprise américaine au 1er
septembre 2019 qui s‘attend à encaisser le 1er novembre 2019, soit deux mois plus tard, une
créance de un millions libellée en euros. Deux possibilités lui sont offertes :
1. Il existe un contrat à terme de devises dont l’échéance correspond précisément au
moment où cette entreprise recevra son million d’euros, le montant standard d’un
future USD/EUR est de 125 000 EUR, l’entreprise vendra en conséquence 8 contrats
(1000 000/125 000). Dans ce cas, l’échéance et le montant du contrat coïncident
parfaitement avec les besoins de l’agent économique. Ici le contrat à terme sur devises
équivaut à vendre ou acheter des devises sur un marché au comptant.
2. Mais lorsque les échéances du contrat et les contingences de l’entreprise ne
correspondent pas. L’entreprise va se couvrir sur le marché des futures des devises en
compensant les pertes éventuelles sur le marché au comptant par des gains réalisés sur
le marché des futures (ou inversement en compensant les pertes sur les futures par les
gains réalisés sur le marché au comptant). L’entreprise doit prendre les positions
opposées, sur le marché spot (comptant) et sur celui du contrat à terme.
Exemple : en prenant l’exemple précédent, supposons que le 1er septembre 2019, le
taux de change spot est de 1,2740 dollars pour un euro. A ce moment l’entreprise
américaine craint une baisse de l’euro, réduisant la valeur en dollars de ses recettes
d’exportations vend 8 contrats pour l’échéance la plus proche (et supérieur à la date de

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réception des euros). Ce contrat à échéance décembre vaut 1,2780 USD. A la
réception des euros au 1er décembre, deux cas de figures se présentent :

A – l’euro s’est déprécié, le contrat de futures vaut 1,2740 et le spot 1,2680. L’entreprise
rachète les contrats de futures et vend les devises au comptant. Elle réalise alors une perte
au comptant compensé par un gain sur les contrats de futures :
Gain sur les futures : 1000 000*(1,2780 - 1,2740) = 4000 USD
Perte sur le comptant : 1000 000*(1,2780 - 1,2680) = 3000 USD
Le prix de vente effectif des euros sera en conséquence le prix du spot au 1er décembre 2019
plus la plus-values réalisés sur les futures (4000/1000 000+ 1,2680) soit 1,2720.

B- l’euro est apprécié, le contrat de futures vaut 1,2830 et le spot 1,2780. L’entreprise
rachète les contrats de futures et vend les devises au comptant. Elle réalise alors une perte sur
les contrats de futures compensé par un gain au comptant :
Gain sur le comptant : 1000 000*(1,2780 - 1,2710) = 7000 EUR
Perte sur les futures : 1000 000*(1,2830 - 1,2780) = 5000 EUR
Le prix de vente effectif des euros sera en conséquence le prix du spot au 1er décembre 2019
moins la perte réalisée sur les futures (1,2780- 5000/1000 000) soit 1,2730 dollars.
En compensant sa position sur le marché au comptant par celle acquise sur le marché des
contrats à terme, l’entreprise assure un prix de revente des euros à l’échéance en moyenne
plus intéressant quel que soit la valeur de l’euro à l’échéance que celle qu’elle aurait pu avoir
sans se couvrir du risque de change.

2.2.2. La gestion du risque de change par l’utilisation d’option de change

Nous savons qu’il y a quatre opérations concernant les options : l’achat d’une option d’achat,
la vente d’une option d’achat, : l’achat d’une option de vente, la vente d’une option vente.
L’acheteur d’un call cherchera à priori à se protéger dans une logique de couverture contre
une augmentation de la valeur sous-jacent alors que l’acheteur d’un put cherchera à se
protéger contre une baisse. Les vendeurs d’options tireront profit d’une non réalisation du
risque contre lequel l’acheteur de l’option s’est prémuni.

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