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MANUEL DE
TRAITEMENT
Benjamin Schoendorff,
Schoendorff, B. Grand, J., & Bolduc, M-‐F. (in press). Guide Clinique de Thérapie d’Acceptation et
Hayes, S. C. Strosahl, K. D., & Wilson, K. G. (1999). Acceptance and Commitment Therapy: An
experiential
approach
to
behavior
change.
New
York:
Guilford
Press
(Le
livre
de
l’ACT).
Manuel ACT pour le TOC
SEANCE
1
7
AGENDA
DE
LA
SEANCE
:
7
1.
INTRODUCTION
8
2.
LES
LIMITES
DE
LA
CONFIDENTIALITE
8
3.
CONSENTEMENT
INFORME
8
4.
ENGAGEMENT
POUR
LA
DUREE
DU
TRAITEMENT
10
5.
CONSTRUIRE
L’ALLIANCE
THERAPEUTIQUE.
11
LA
METAPHORE
DES
DEUX
MONTAGNES
12
6.
ÉVALUATION
GENERALE
DU
TOC
12
7.
LA
DIFFERENCE
ENTRE
L’OBSESSION
ET
LA
COMPULSION:
13
8.
EXERCICES
ENTRE
DEUX
SEANCES
15
SEANCE
2
19
AGENDA
DE
LA
SEANCE
:
19
1.
ÉVALUATION
FONCTIONNELLE.
19
2.
REVUE
DES
REACTIONS
A
LA
SEANCE
PRECEDENTE.
20
3.
REVUE
DES
EXERCICES
(REMARQUES
GENERALES)
20
4.
INTRODUCTION
DE
LA
MATRICE
21
5.
LA
PREMIERE
DISCRIMINATION
:
DISCRIMINER
L’EXPERIENCE
22
6.
LA
DEUXIEME
DISCRIMINATION
:
DISCRIMINER
L’ACTION
24
7.
CHOIX/PAS
LE
CHOIX
(PREMIER
EXERCICE
DE
DESESPOIR
CREATIF)
26
8.
EXERCICES
D’OBSERVATION
ENTRE
DEUX
CONSULTATIONS
27
SEANCE
3
29
AGENDA
DE
LA
SEANCE
:
30
1.
ÉVALUATION
FONCTIONNELLE.
30
2.
REVUE
DES
REACTIONS
A
LA
SEANCE
PRECEDENTE.
31
3.
REVUE
DES
EXERCICES
31
4.
PRATIQUER
L’ANALYSE
FONCTIONNELLE
AVEC
LA
MATRICE
(DESESPOIR
CREATIF)
32
5.
EFFICACITE
A
COURT
TERME
33
6.
EFFICACITE
A
LONG
TERME
34
7.
EFFICACITE
DES
STRATEGIES
POUR
S’APPROCHER
DE
L’IMPORTANT
35
METAPHORE
DE
LA
PERSONNE
DANS
LE
TROU
:
39
REACTIONS
POSSIBLES
40
METAPHORE
SUPPLEMENTAIRE
:
TIR-‐A-‐LA-‐CORDE
AVEC
UN
MONSTRE
44
8.
EXERCICES
ENTRE
DEUX
CONSULTATIONS
46
SEANCE
4
47
AGENDA
DE
LA
SEANCE
:
47
1.
ÉVALUATION
FONCTIONNELLE
47
2.
REVUE
DES
REACTIONS
A
LA
SEANCE
PRECEDENTE
47
3.
REVUE
DES
EXERCICES
48
4.
INTRODUIRE
LA
LUTTE
VERSUS
L’ALTERNATIVE
48
5.
PASSER
COTE
VALEURS
DE
LA
MATRICE,
PREMIERE
EVALUATION
DES
VALEURS
49
6.
EXERCICES
ENTRE
DEUX
CONSULTATIONS
52
SEANCES
11
A
13.
SOI
OBSERVATEUR
ET
COMPASSION
POUR
SOI
103
AGENDA
DE
CES
SEANCES
:
103
1.
ÉVALUATION
FONCTIONNELLE
104
2.
REVUE
DES
REACTIONS
A
LA
SEANCE
PRECEDENTE
104
3.
REVUE
DES
EXERCICES
104
4.
INTRODUIRE
LE
SOI
OBSERVATEUR
104
METAPHORE
DU
JEU
D'ECHEC
105
5.
EXERCICES
EXPERIENTIELS
♦
EXERCICE
DE
LA
POSITION
D'OBSERVATEUR
108
6.
INTRODUCTION
DE
LA
COMPASSION
POUR
SOI
114
EMBRASSER
LE
MAUVAIS
ET
OFFRIR
LE
BON
114
EXERCICES
EXPERIENTIELS
DE
PRISE
DE
PERSPECTIVE
:
LE
CADEAU
A
L’ENFANT
116
7.
ENGAGEMENTS
COMPORTEMENTAUX
118
8.
EXERCICES
ENTRE
DEUX
CONSULTATIONS
119
SEANCES
20
A
22.
ACTION
ENGAGEE
ET
PREVENTION
DE
LA
RECHUTE
137
AGENDA
DES
SEANCES
:
138
1.
ÉVALUATION
FONCTIONNELLE
138
2.
REVUE
DES
REACTIONS
A
LA
SEANCE
PRECEDENTE
138
3.
REVUE
DES
EXERCICES
138
4.
PROMOUVOIR
L’ACTION
ENGAGEE
ET
PREVENIR
LA
RECHUTE
139
5.
AUGMENTER
LES
ENGAGEMENTS
COMPORTEMENTAUX.
140
6.
EXERCICES
DE
VIE
140
INTRODUCTION
Orientation du thérapeute
thérapeutes venant d’orientations plus centrées sur le contrôle. Ces différences sont
exposées dans le Guide Clinique (Schoendorff et al., in press) et le ACT Book (Hayes et
al., 1999) et doivent être bien appréciées et comprises. Il est en effet possible de faire
faire tous les exercices et présenter toutes les métaphores contenues dans ce manuel sans
pour autant faire de l’ACT. Au cœur de cette approche thérapeutique se trouve le postulat
que le client n’est en rien déficient. Le client n’est pas « cassé » et ne vient pas voir le
thérapeute pour que celui-ci le répare. Le thérapeute garde à l’esprit que client et
thérapeute sont soumis aux même processus langagiers qui les incitent tous deux à
chercher à contrôler leurs émotions. Si le thérapeute arrive à ressentir que le client lutte et
à partager son ressenti de cette lutte, cela rendra le thérapeute plus efficace. Le thérapeute
lutter contre des doutes sur sa compétence, le sentiment de ne pas être aimé, ou encore
sur lesquelles se base l’ACT un traitement manuelisé. Donc, restez flexible. Si le client
ateliers se tiennent.
SEANCE 1
À lire: Guide Clinique ACT — chapitre 4: Prise en charge. ACT Book -- Chapter 4:
Agenda de la séance :
1. Introduction
2. Discussion
des
limites
de
la
confidentialité
3. Établir
l’alliance
thérapeutique
4. Consentement
informé
5. Engagement
pour
la
durée
du
traitement
6. Évaluation
générale
du
TOC
7. Différence
Obsession/Compulsion
8. Exercices
entre
deux
séances
:
Auto
observation
du
TOC,
Engagement
et
coûts
des
TOCs.
NOTE:
stratégies de traitement additionnelles qui seront listées à la fin de chaque section. Du fait
que ce manuel ne correspondra pas aux besoins de chaque client, il peut être adapté à
bien par l’ajout de matériel pour soutenir les composants indiqués dans ce manuel. Seul
Évaluation 1 7
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
1. Introduction
semaine, habituellement le même jour à la même heure. Le client est supposé participer à
toutes les séances et contacter le thérapeute ou le secrétariat s’il ne peut être présent.
client manque une séance. Au terme des 22 séances, le client est supposé prendre part à
Offrez de répondre à toutes les questions que les participants pourraient avoir sur
l’étude.
Expliquez que tout ce qui se passera pendant les séances restera confidentiel. Les
seules exceptions seront que des chercheurs participants à l’étude regarderont un nombre
donné de cassettes vidéo et les noteront pour s’assurer que le traitement est bien délivré
selon les règles. Par ailleurs, la confidentialité peut être rompue selon les règles légales :
si le client exprime l’intention de se faire du mal ou d’en faire à une autre personne.
3. Consentement informé
client devrait être informé de ce que le traitement implique. Cela présente certaines
Évaluation 1 8
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
difficultés dans la mesure où l’ACT est une thérapie expérientielle. La description qui
— Je crois qu’il est important d’informer les clients sur ce qui va se passer au
cours de la thérapie. Il y a deux façons de faire ça. Une option serait de travailler avec
vous afin de tenter de changer se que vous pensez et ce que vous ressentez. C’est une
approche que vous avez certainement déjà essayée. Il y a une deuxième manière. C’est
plus difficile et parfois ça pourra vous rendre perplexe. Je ne peux pas tout vous expliquer
peux vous dire que c’est basé sur l’idée que plutôt que vous aider à gagner le combat
dans lequel vous vous trouvé plongé, il pourrait être plus efficace de vous aider à vous
extraire de ce combat. La thérapie se centre sur les choses qui vous poussent à continuer
le combat et va chercher à modifier ces choses là. Il s’agit d’un travail assez fondamental
qui aborde la relation entre vous et vos expériences intérieures – vos émotions, pensées,
souvenirs, etc. Ce n’est pas une approche dans laquelle on entre légèrement, mais elle
s’est montrée efficace pour certaines personnes souffrant de problèmes similaires aux
vôtres.
— Comme je vous l’ai dit, nous allons aborder des questions assez
expérience avec cette approche c’est qu’elle donne parfois une impression de montagnes
un verre sale avec de la boue déposée au fond, la seule manière de le faire c’est de remuer
les trucs collés au fond. Des choses peuvent être remuées, ce qui peut pour un temps
donner l’impression que les choses empirent avant qu’elles ne deviennent plus claires. Ça
n’en arrivera pas au point où vous risquerez d’être submergé, c’est juste pour vous dire
Pour certains clients, le traitement du TOC peut être difficile et effrayant. Parfois
aussi, les résultats de l’ACT ne s’observent que plus tard dans le traitement Donc il faut
prévenir le client de cette possibilité et qu’il soit d’accord pour participer à l’intégralité
aménage un peu de place afin qu’il puisse faire effet. Si on se retrouve à remuer de vieux
problèmes, ça pourra parfois donner l’impression que l’on recule alors qu’en réalité on
avance. C’est comme l’exercice physique, parfois ce qui fait du bien fait un peu mal dans
un premier temps. Je pense cependant que les clients doivent être en mesure de juger
vous le saurez et nous le verrons tous les deux dans votre vie. C’est seulement qu’on ne
peut pas s’en assurer d’une semaine sur l’autre. Donc ce que je vous demande, c’est de
vous engager pour une période de 12 séances, quoi qu’il arrive – même si vous avez
vraiment envie de tout arrêter. Une des raisons pour lesquelles je pense que ceci est
important, c’est que si vous ne vous engagez pas pour ces 12 séances, vous ne pourrez
Évaluation 1 10
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
est important que client et thérapeute partagent confiance et respect mutuels avant de
Avant d’arriver devant nous, nos clients ont souvent essayé de très nombreuses
choses pour essayer de contrôler leurs obsessions. Il y a aussi de grandes chances qu’ils
se trouvent dans une souffrance significative. Il est utile que le thérapeute cherche à se
faire une idée de ce que le client vit « de l’intérieur ». Vous pouvez dire au client quelque
chose comme :
— Bien sûr je n’ai pas eu les mêmes expériences que vous, mais si cela était
une idée de votre lutte, pour ainsi dire de l’intérieur – de ressentir comment est votre
monde de l’intérieur. Je ne vais bien entendu pas prétendre que je connais tout ce qu’il y
a à connaître sur les choses spécifiques contre lesquelles vous luttez, car vous seul faites
l’expérience de ce que vous vivez. Mais nous partageons quelque chose de plus
fondamental. Nous sommes tous deux humains et, en tant qu’humains, nous avons tous
deux accès à la difficulté d’être humain. Mon expertise c’est d’aider les gens qui se
retrouvent coincés et qui ont essayé beaucoup de choses pour se débloquer, à pouvoir de
nouveau avancer. Votre job sera d’être l’expert de vos problèmes. Ma job sera de voir
Évaluation 1 11
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
— C’est comme si vous étiez en train de faire l’ascension d’une haute montagne,
pleine de passages dangereux. Ma job c’est de faire attention à votre itinéraire et, si je
vois des endroits où vous risquez de glisser et vous blesser, vous crier des indications sur
le chemin à suivre. Mais ce n’est pas en vous observant depuis le sommet de votre
montagne que je peux faire cela. Si je peux vous assister dans votre ascension, c’est parce
que je me trouve sur ma propre montagne de l’autre côté de la vallée. Il n’est pas
nécessaire que je sache en détail ce que cela fait de faire l’ascension de votre montagne
pour pouvoir voir où vous allez poser les pieds et quel serait le meilleur sentier à prendre.
Le manuel est adapté quel que soit les obsessions et compulsions particulières du client.
Il demeure utile de savoir ce que ces obsessions et compulsions sont afin d’appliquer
correctement le manuel.
principale(s). Demandez depuis combien de temps ses TOCs sont un problème. Quels
autres traitements le client a-t-il essayé ? Il y a-t-il eu des périodes où ils ne souffraient
Évaluation 1 12
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
questions concernant les obsessions et les différents moyens que le client utilise pour
d’évitement tels que des compulsions cachées, neutraliser, des pensées magiques, des
s’assurer qu’ils ne leur soit rien arrivé, rationaliser, et éviter les situations qui déclenchent
les obsessions.
Essayez de vous faire une idée des différentes choses que le client fait pour se
les différentes choses qu’ils font pour contrôler la compulsion et non l’obsession. L’idée
que l’obsession et la compulsion n’arrivent pas toujours en même temps est réellement
difficile à comprendre pour les clients. En un sens, c’est une des principales choses que
l’on cherche à aider le client à comprendre, le fait que l’obsession n’est pas
l’expérience.
Évaluation 1 13
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
Thérapeute : Vous vous occupez afin que la compulsion de vérifier ne se présente pas,
Thérapeute : Ce que je cherche à comprendre c’est dans quelle mesure vous êtes
pouvez pas vérifier. Je pourrais par exemple venir chez vous et vous
ficelant sur une chaise. Vous pourrez ainsi ne pas vérifier. Mais ce que je
voudrais savoir c’est dans quelle mesure vous pourriez être capable de
Thérapeute : Les deux arrivent ensemble tellement souvent que l’on oublie que l’un
habituellement.
Évaluation 1 14
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
Thérapeute : Imaginons à présent que je vous dise que vous venez de faire tomber vos
ma poche.
Thérapeute : Allez-y, vérifiez (le client vérifie). Notez que vous avez vérifié quand le
dire que c’est moi, par mes paroles, qui ai fait apparaître ce besoin.
différence entre la résistance au TOC, qui consiste à se battre pour ne pas faire la
compulsion, et qui implique la lutte contre les pensées obsessives et les émotions
d’anxiété ; et le contrôle qui implique la capacité à ne pas faire le TOC sans chercher à se
client. Il propose dans un premier temps la mesure sur toute une journée, mais en prenant
le temps de vérifier que cela est adapté pour son client. Il peut également proposer une
mesure sur une période plus courte, par exemple une plage horaire donnée ou une activité
Évaluation 1 15
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
Les exercices et les Il faut. Il n’est pas rare que les clients vivant avec un TOC vivent
sous la contrainte des ‘il faut’. Tout ce que perçoit l’intelligence du client, elle va en faire
une règle verbale aversive. Il est très probable que les exercices à la maison aient la
chercher à miner cette fonction en adressant la question des ‘il faut, directement.
Thérapeute : J’ai l’impression qu’une partie ce vos difficultés viennent du fait que votre
Thérapeute : Vous pensez que ça se compte plutôt en grammes, kilos ou tonnes de ‘il
faut’ ?
Client : En tonnes !
Thérapeute : Ça pèse vraiment lourd. Et vous pensez qu’il faudrait qu’on y rajoute
combien de kilos ou de tonnes de ‘il faut’ pour que ça devienne plus facile
pour vous d’avancer ? Si les ‘il faut’ ça marchait, vous n’auriez pas eu à
retrouver le choix alors ici, nous allons créer un espace libre de ‘il faut’.
de ce que je vais dire et de ce que vous allez dire. Notre job, ça sera de les
choisir que de se soumettre à des ‘il faut’. Alors pour les exercices à la
maison, nous savons que la thérapie progresse mieux et plus vite quand on
les fait, mais mettons nous d’accord pour dire qu’il ne faut pas les faire.
Évaluation 1 16
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
passe. De plus, tous les exercices que nous allons faire sont des exercices
travail, vous allez observer : par exemple observer quand vous faites un
Cet exercice invite le client à noter chaque jour le nombre d’obsessions et le nombre de
croyance dans les pensées obsessionnelles, le degré auquel le client se sent obligé de faire
compulsion sont aussi noté. Ces mesures, vont permettre, outre de mesurer l’évolution du
TOC, de mesurer dans quelle mesure la défusion est associée à l’amélioration du TOC.
Cet exercice invite le client à s’engager à observer, qu’il fasse ou non les exercices. Cet
engagement établit un contexte de choix pour le client et est associé à la discussion sur
Évaluation 1 17
Manuel ACT pour le TOC Première Consultation (Évaluation 1)
Exercice 2. Ce que les TOCs m’ont coûté (optionnel mais recommandé)
Cet exercice prépare le terrain de l’analyse fonctionnelle et permet de mettre le cap sur
L’exercice vise également à orienter d’emblée le client en direction des actions valorisées
Évaluation 1 18
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
SEANCE 2
perspective de l’observateur.
Agenda de la séance :
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
4. Introduction
de
la
matrice
5. Pratiquer
la
première
discrimination
6. Reconnaître
et
pratiquer
la
deuxième
discrimination
7. Exercices
à
la
maison,
auto-‐observation
du
TOC
et
pratique
des
discriminations
1. Évaluation fonctionnelle.
domaines, qui ne sont pas des cibles directes du traitement, sont utiles car ils peuvent
Évaluation 2 19
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
compulsions. En général, évaluez comment les choses se passent en dehors des séances.
Demandez au client s’il a des réactions à la dernière séance. Cela lui donne une
opportunité de poser des questions ou de partager ses réactions. Quelles que soient ses
réactions, elles sont bonnes. Parfois le matériel va être très clair pour le client et parfois
les choses vont lui sembler bien plus confuses. N’essayez pas d’argumenter ou de
pressurer le client pour qu’il croie à ce qui a été dit à la dernière séance. Laissez
réactions permet au thérapeute de voir où en est le client et quels points ont besoin d’un
peu plus d’attention. Le thérapeute doit faire preuve de compassion, car s’engager dans
qu’il a observé autour de ne pas les faire. L’objectif est de l’aider à identifier les variables
qui l’empêchent de s’engager dans les exercices car il est probable que se soient les
mêmes qui empêchent le client de faire l’expérience de ses pensées obsessives sans agir
par compulsion. Essayez d’aider le client à identifier ces variables. Cela va être
grandement facilité suite à l’introduction de la matrice dans cette séance. Par exemple, le
client peut n’avoir pas fait les exercices car ils étaient émotionnellement trop difficiles,
qu’il n’a pas pu trouver le temps, ou qu’il n’a pas voulu. Tous ces éléments présentent
une dimension d’évitement. Aidez le client à voir qu’une partie de ce qui l’a empêché de
Évaluation 2 20
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
faire ses exercices était le fait qu’il avait à faire quelque chose de difficile qui lui causait
des émotions désagréables. Dans cette mesure, cela ressemble à la lutte du client quand
ou non. Ce travail ne doit pas donner l’impression au client qu’il est blâmable. Le but est
de l’aider à voir qu’une large part de nos comportements est guidée par l’évitement des
activités déplaisantes. Si les exercices n’ont pas été terminés, ils peuvent soit être
terminés en séance avec le thérapeute, soit être réassignés pour la prochaine séance.
comment cela s’est passé puis lui présente le calepin quotidien (avec un jour de relâche).
Le thérapeute adopte une durée de mesure adaptée au client, par exemple par tranche
horaire ou type d’activité, en gardant à l’esprit que la période mesurée se doit d’être
Le thérapeute explique au client que tous les humains souffrent, mais que chacun
souffre à sa façon. Il propose au client de regarder avec lui comment il souffre, et surtout
ce que sa souffrance lui fait faire, comment les choses fonctionnent pour lui. Pour
pouvoir l’aider à entrainer une relation différente avec ses obsessions, son anxiété et plus
direction de ce qui est important pour lui, il va être utile d’établir un point de vue
commun pour regarder comment tout cela fonctionne. Ce point de vue n’a pas de
prétention à être plus vrai qu’un autre point de vue, ni même le seul point de vue que l’on
pourrait adopter. Ce point de vue a été choisi pour fonctionner dans le contexte du client,
et fonctionner dans son contexte, c’est pouvoir lutter moins et avancer plus, ce que l’on
Évaluation 2 21
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
discuter avec le client ce que le terme de flexibilité psychologique évoque pour lui. Le
thérapeute vérifie avec le client qu’il est intéressé par l’entrainement de cette flexibilité
stretching.
sens en haut et expérience mentale en bas. Il explique que, comme bien d’autres animaux,
les humains peuvent percevoir le monde avec leurs sens : vision, toucher, ouïe, odorat,
goût. De fait, à notre naissance, nos premières expériences sont des expériences
sensorielles. Puis, à mesure que nous apprenons à parler, nous devenons capables de faire
d’avoir été patient avec toute cette théorie, à présent seriez-vous d’accord pour faire
l’expérience directe de cette différence entre expérience des cinq sens et expérience
sensorielle du stylo, en passant chaque sens en revue. Puis, après l’avoir invité à poser le
stylo, il guide le client à travers l’expérience mentale du stylo. Le client vient de réussir
son premier exercice de flexibilité psychologique. Puis le thérapeute lui demande s’il a pu
client répond oui, le thérapeute lui demande qui a observé cette différence (réponse
‘moi’’, c’est à dire le moi observateur). S’il répond non, le thérapeute valide et lui
demande s’il serait prêt à faire l’expérience dans l’autre sens : expérience mentale puis
Évaluation 2 22
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
la main, tourner la semelle en direction de son visage puis tirer la langue, rapprocher la
chaussure et lécher la semelle sur toute la longueur. Une fois l’expérience mentale faite
avec succès, le thérapeute invite le client à faire l’expérience de lécher sa semelle avec
ces cinq sens… Le client va refuser et le thérapeute lui demande alors s’il aperçoit qu’il y
Le thérapeute explique alors qu’il y a une différence entre les stylos et les
histoires de stylo que raconte notre tête et qu’en observant cette différence on entraine
notre flexibilité. Cette différence est différente de la différence entre vrai et faux. Même
une histoire sur un vrai stylo est une histoire, et est différente de l’expérience des cinq
sens du stylo.
Une fois cette différence faite, le thérapeute va faire pratiquer l’exercice de tri. Le
client est invité à imaginer que ses expériences se présentent à lui comme les cartes d’un
jeu. Certaines de ces cartes sont des expériences des cinq sens, certaines des expériences
mentales. Le thérapeute peut donner deux cartes portant la mention S et M (voir ci-
dessous) et se munir lui même de deux cartes et inviter le client à lever la carte du type
d’expérience sur lequel il observe que son attention se pose. Une fois l’exercice fait, le
thérapeute valide le client et le félicite d’avoir réussi son premier exercice de flexibilité
rencontre.
Évaluation 2 23
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
Puis le thérapeute dit que c’est bien intéressant de regarder les différentes
manières de percevoir le monde, mais que bien souvent le plus important est ce que l’on
fait de cette perception. Il tire alors une ligne horizontale qui coupe la ligne verticale en
deux en disant : ‘Et, de notre point de vue, on peut faire deux choses avec ce que l’on
perçoit : s’en éloigner ou s’en approcher. Et nous allons en particulier regarder ce que
nous faisons et qui peut être perçu avec les cinq sens pour s’éloigner de ce que l’on
Évaluation 2 24
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
perçoit à travers notre expérience mentale et que l’on ne veut pas, et ce que nous faisons
et qui peut être perçu avec nos cinq sens pour nous approcher de ce que nous pouvons
observer, à travers notre expérience mentale, est important pour nous’. Le thérapeute
invite alors le client à identifier une situation récente où il a fait une action qu’on aurait
pu le voir faire pour s’approcher de quelque d’important pour lui. Le thérapeute précise
bien que cette action aurait pu être observable par une caméra vidéo. Une fois une action
identifiée, le thérapeute invite simplement le client à identifier ce que cela faisait de faire
cette action, en se concentrant sur le ressenti d’engager l’action plutôt que sur ses
conséquences. Puis le thérapeute invite le client à identifier une action faite au service de
s’éloigner de quelque chose à l’intérieur qu’il ne voulait pas avoir ou ressentir. Une fois
une action identifiée, le thérapeute invite simplement le client à identifier ce que cela
faisait de faire cette action, en se concentrant sur le ressenti d’engager l’action plutôt que
sur ses conséquences. Une fois cette deuxième action identifiée, le thérapeute demande
simplement au client s’il a observé une différence entre agir pour s’éloigner et agir pour
s’approcher puis lui demande qui a observé cette différence (réponse moi). Le thérapeute
dit alors que le but du traitement va être de redonner au client la possibilité de choisir des
actions pour s’approcher de ce qui est important pour lui plutôt que continuer à agir pour
réactions à ce qu’il pense et ressent et choisir d’agir pour avancer. En particulier, le client
Évaluation 2 25
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
apprendra des stratégies pour se distancer de ses pensées obsessionnelles qui lui
sons avec en essayant de ne pas les entendre. Puis il l’invite à faire la même chose avec
son expérience mentale du stylo. Le client va faire l’expérience qu’il ne peut pas ne pas
choix’) sur la ligne verticale. Puis le thérapeute invite le client à imaginer s’il aurait pu
choisir faire ou ne pas faire l’action pour s’éloigner et l’action pour s’approcher. Puis le
thérapeute inscrit ‘Choix’ sur la ligne horizontale. Le thérapeute peut alors conclure en
disant que le but du traitement va être d’apprendre à reconnaître que le client a le choix
de faire ou ne pas faire et ce qu’il n’a pas le choix de ressentir ou penser. La thérapie va
viser à augmenter le choix des actions importantes et apprendre à accueillir les choses
qu’on ne peut choisir afin qu’elles n’empêchent plus de faire les choses importantes.
Évaluation 2 26
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
Cet exercice invite le client à noter chaque jour le nombre d’obsessions et le nombre de
croyance dans les pensées obsessionnelles, le degré auquel le client se sent obligé de faire
compulsion sont aussi noté. Ces mesures, vont permettre, outre de mesurer l’évolution du
TOC, de mesurer dans quelle mesure la défusion est associée à l’amélioration du TOC.
Évaluation 2 27
Manuel ACT pour le TOC Deuxième Consultation (Évaluation 2)
différence 5 sens/mental (exercice de tri) ainsi que l’observation d’au moins une action
pensée inconfortable. Le thérapeute remet la fiche de pratique au client et les cartes de tri.
Puis la fiche de mesure des TOCS qui cette fois vont être mesurés quotidiennement, avec
Évaluation 2 28
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
SEANCE 3
À lire: Guide Clinique ACT — Chapitre 7 : la lutte. ACT Book — Chapter 4 : Creative
Hopelessness.
La troisième séance va focaliser sur l’analyse du TOC et des stratégies de lutte contre
son expérience intérieure. Le but de cette séance est d’aider le client à contacter que ses
stratégies de lutte sont le plus souvent efficaces (sur le court terme), le plus souvent inefficaces
(sur le long terme) et ont le plus souvent un impact négatif sur la capacité à avancer en
direction de ce qui est important. Cette consultation est la première autour de la matrice
Cette section commence par mettre au jour la classe de comportements dans le répertoire
du client qui a pour fonction de fuir ou d’éviter les obsessions ou les sensations d’anxiété
associées avec l’obsession. Le thérapeute vise à aider le client à se rendre compte des
différentes choses qu’il fait pour faire baisser ou éviter l’obsession et à évaluer l’efficacité et la
méthodes qui vont se montrer efficaces à long terme. En fait, nombre des méthodes d’évitement
qu’utilise le client font baisser l’obsession et l’anxiété sur le court terme, mais ne sont pas
produits psychoactifs (licites ou illicites), et une variété d’autres comportements. Le but de cette
phase est d’aider le client à se rendre compte de l’efficacité de ce qu’il a fait pour faire baisser
Évaluation 3 29
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
ou contrôler l’obsession. Il est très probable que tous ses comportements de fuite ou d’évitement
ne soient pas efficaces pour le débarrasser de l’obsession à long terme. S’ils l’avaient été, le
Le thérapeute doit faire attention dans cette phase à ne pas donner l’impression au client
qu’il le blâme pour ce qu’il a fait. Le thérapeute doit au contraire aider le client à voir que lutter
c’est ce que font la plupart des humains face aux expériences intérieures inconfortables.
C’est une phase très importante dans le traitement des TOCs et il est important d’y
passer le temps nécessaire. Le thérapeute ne devrait pas passer à la phase suivante avant que le
client ne voie et surtout ne ressente la futilité et les effets paradoxaux de la quête du contrôle.
Tout au long du traitement, les clients peuvent rechuter en direction de leur programme de
contrôle et le thérapeute devra alors aider le client à vérifier la fonction de ses comportements.
Agenda de la séance :
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
4. Introduction
de
l’analyse
fonctionnelle
avec
la
matrice
5. Impact
de
la
lutte
à
court
terme
6. Impact
de
la
lutte
à
long
terme
7. Impact
de
la
lutte
sur
les
actions
en
direction
de
ce
qui
est
important
8. Exercices
d’observation
entre
deux
consultations
1. Évaluation fonctionnelle.
extérieurs par exemple des difficultés professionnelles ou familiales. Ces domaines, qui ne sont
Évaluation 3 30
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
pas des cibles directes du traitement, sont utiles car ils peuvent potentiellement affecter le
Demandez au client s’il a des réactions à la dernière séance. Cela donne au client une
opportunité de poser des questions ou de partager ses réactions à la dernière séance. Quelles que
soient les réactions du client, elles sont bonnes. Parfois le matériel va être très clair pour le
client et parfois les choses vont lui sembler bien plus confuses. N’essayez pas d’argumenter ou
de pressurer le client pour qu’il croie à ce qui a fait à la dernière séance. Laissez l’expérience du
client guider son comportement. Permettre au client de présenter ses réactions permet au
thérapeute de voir où en est le client et quels points ont besoin d’un peu plus d’attention. Le
client peut parfois avoir comme réaction que l’observation ne le fait pas avancer avec le TOC.
progresser dans l’utilisation de la matrice et voir comment elle s’applique plus directement aux
TOCs.
Le thérapeute va s’assurer que le client a pu pratiquer l’exercice de tri. Quelle que soit la
réponse du client, le thérapeute va lui proposer un exercice de tri et s’en servir pour évaluer la
capacité du client à réaliser la première discrimination, qu’il prend en note (entre 0 et 10). Le
thérapeute demande ensuite au client de revenir sur une action d’éloignement et une action
et 10) la capacité du client à faire cette discrimination au moyen de ses ressentis plutôt que de
Évaluation 3 31
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
ses pensées1. Si le client n’a rien noté, le thérapeute fait l’exercice avec le client et l’invite à
noter. Là aussi il est probable que les variables qui empêchent le client de faire l’expérience de
ses pensées obsessives sans agir par compulsion sont les mêmes que celles qui l’ont empêché de
faire les exercices. Essayez d’aider le client à identifier ces variables. Par exemple, le client peut
n’avoir pas fait les exercices car ils étaient émotionnellement trop difficiles, qu’il n’a pas pu
trouver le temps, ou qu’il n’a pas voulu. Tous ces éléments présentent une dimension
d’évitement. Aidez le client à voir qu’une partie de ce qui l’a empêché de faire ses exercices
était le fait qu’il avait à faire quelque chose de difficile qui lui causait des émotions
désagréables. Dans cette mesure, cela ressemble à la lutte du client quand l’obsession se
présente et qu’il doit décider de céder à sa compulsion et d’émettre le rituel ou non. Une fois
encore, ce travail ne doit pas donner l’impression au client qu’il est blâmable. Le but est de
l’aider à voir qu’une large part de nos comportements est guidée par l’évitement des activités
déplaisantes. Si les exercices n’ont pas été terminés, ils peuvent soit être terminés en séance
Les stratégies que le client a inscrites sur sa fiche d’exercice vont être passées en revue
avec le thérapeute au moyen de la matrice. Le thérapeute peut dire au client que le but est de
trouver des stratégies qui marchent et lui permettent d’avancer vers l’important. Si le client n’a
1
Au terme de cette séance, le thérapeute peut conceptualiser le cas du client avec la Fiche de
Conceptualisation, le verso de laquelle permet de suivre l’évolution du client au regard des processus ACT (voir
Évaluation 3 32
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
pas fait l’exercice, le thérapeute l’invite à énumérer les choses qu’il fait pour s’éloigner de ce
haut est ce qui peut s’observer avec les cinq sens ou une caméra vidéo, le bas, l’expérience que
stratégies de lutte (rituels et autres). Le thérapeute expose au client que, face à quelque chose de
menaçant perçu avec nos cinq sens, nous avons, comme les animaux, tendance à répondre soit
par la fuite, soit par le combat, soit en nous immobilisant. Le thérapeute invite le client à
identifier d’autres stratégies de lutte qu’il pourrait avoir et les inscrire elles aussi en haut à
gauche. Puis le thérapeute va inviter le client à évaluer l’efficacité de ses stratégies sur trois
dimensions.
Les stratégies du client sont notées (entre -3 et +3) pour ce qui est de leur efficacité à
éloigner les pensées obsessionnelles ou les émotions, sur le court terme. Le court terme est
défini comme durant entre quelques secondes et quelques semaines. Une fois les stratégies
évaluées, le thérapeute marque un moment d’arrêt pour dire : « Finalement, bon nombre2 des
2
Pour des stratégies comme la rumination, les clients ont souvent l’impression que la stratégie est
inefficace à court terme, le thérapeute ne discute pas la perception du client et inscrit l’évaluation du client. De
même le thérapeute peut hésiter à inscrire des stratégies de lutte intérieures en haut ou en bas. La réponse la encore
Évaluation 3 33
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
stratégies que vous utilisez ne sont pas stupides. Elles marchent. » À ce point le client
interrompt souvent le thérapeute pour préciser lui-même « À court terme », sinon le thérapeute
le dit lui-même.
Puis le client est invité à évaluer l’efficacité de ses stratégies sur le long terme. Le
thérapeute prend le temps de définir le long terme comme voulant dire l’effet de la stratégie sur
est au client : si on peut l’observer avec une caméra vidéo ruminer ou faire un rituel mental, on l’inscrit en haut, si
Évaluation 3 34
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
les expériences intérieures. Une stratégie efficace à long terme, c’est comme jeter quelque chose
aux vidanges, ça ne revient plus jamais (+3). S’il en revient moins, c’est un peu efficace à long
terme (entre +1 et +2), s’il en revient pareil, ça n’a pas d’effet et s’il en revient plus ou plus
souvent, c’est inefficace (entre -1 et -3). Une fois cette évaluation faite, il apparaît que les
stratégies sont plus efficaces à court terme qu’à long terme. Le thérapeute peut alors dire : « Au
fond, vos stratégies de lutte marchent… et elles ne marchent pas. Pas étonnant que vous vous
Le client a déjà été invité à identifier les couts de ses Tocs à la séance 1. À présent, le
thérapeute va l’inviter à évaluer chacune de ses stratégies de lutte au regard de son efficacité à
lui permettre de s’approcher de ce qui est important pour lui de pouvoir faire dans la vie. Une
fois cette évaluation faite, le thérapeute laisse le client tirer ses propres conclusions, tout au plus
Thérapeute : Donc vous avez essayé de nombreuses choses pour contrôler l’obsession.
Client : J’ai eu l’impression que ça rendait les choses un peu plus faciles.
Thérapeute : Mais on dirait que l’obsession était toujours là, c’est bien ça?
Client : Oui.
Évaluation 3 35
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
Client : J’ai essayé d’attendre que ça passe. J’ai fait d’autres choses, je me suis distrait,
Thérapeute : Vous m’avez exposé de nombreuses choses que vous avez essayées de faire et il
me semble que vous avez essayé à peu près tout ce qu’on peut logiquement
penser à faire. Vous avez essayé toutes les solutions évidentes et raisonnables.
Vous y avez pensé sérieusement et avez travaillé dur pour régler votre problème.
Vous avez cherché à le considérer sous tous ses angles. Et vous voilà de nouveau
en thérapie… à essayer encore. Mais cette fois vous êtes venu me voir. Je
travaille pour vous. Donc il est de mon devoir de souligner une chose : tout ces
Client : Je n’ai pas encore trouvé ce qu’il faut faire, c’est vrai.
Thérapeute : Une autre manière de reformuler ce que vous venez de dire serait: « Même
essayer de chercher ce qu’il faut faire n’a pas marché jusqu’à présent ».
Thérapeute : Pas encore. Et même dans ce « pas encore » je crois entendre : « Mais je vais y
Thérapeute : Vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose de bizarre dans tout ça? Vous êtes
problème. Parfois vous avez même eu l’impression que les choses s’amélioraient,
Évaluation 3 36
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
expérience, même si ça ne devrait pas être ainsi, vous n’avez pas l’impression
que plus vous avez lutté contre vos obsessions et vos compulsions — plus vous
qu’elles ne sont pas gérables au moyen du contrôle conscient. Plus vous avez
couru, plus vous avez évité, plus vous avez fuit, plus vos obsessions sont
Client : Je ne sais pas comment m’en débarrasser. J’espérais que vous pourriez m’aider.
Thérapeute : Ces questions sont importantes parce qu’elles montrent ce qui s’est passé, mais
commençons par considérer ce que vous ressentez directement. Vous vous sentez
coincé.
Client : Exact.
Thérapeute : Ça n’est pas évident de voir ce qu’il faut faire à présent, mais on ne dirait pas
Client : Exactement.
Thérapeute : Donc je suis là pour dire : « Vous êtes coincé, il n’y a pas d’issue… » — à
l’intérieur du système dans lequel vous avez opéré, là à gauche de votre matrice.
C’est comme une spirale. De ce côté, il n’y qu’une sorte de chose qui puisse
arriver — les choses qui sont déjà arrivées. Je vous demande simplement de bien
vouloir considérer cette possibilité. Regardez bien, peut-être qu’au fond de vous,
vous savez que ça n’a pas marché. Considérez un instant la possibilité que ça ne
puisse tout simplement pas marcher comme ça. Le problème n’est pas que vous
Évaluation 3 37
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
n’êtes pas assez malin ou que vous ne vous soyez pas donné assez de mal. Les
Client : Alors je n’ai plus d’espoir. Vous voulez dire que je devrai abandonner. Pourquoi
Thérapeute : Je ne sais pas3. Mais, là tout de suite, on va essayer de voir ce qui n’a pas marché.
Et surtout je n’ai pas dit que vous n’aviez aucun espoir, j’ai dit que ça c’était sans
espoir — tout ce qui s’est passé, cette lutte du côté gauche de votre matrice. Cette
lutte, qui vous a pratiquement laissé sur le carreau, est sans espoir. Et il est vrai
que si une lutte est sans espoir, le moment est peut-être venu d’abandonner ce
combat. C’est une situation sans espoir, mais c’est une forme de désespoir qui
peut être créatif. Si on abandonne ce qui n’a pas marché, ça peut peut-être ouvrir
Thérapeute : Je vous propose de partir de là où nous en sommes. Si toute cette lutte est un
piège, il faut d’abord le reconnaître afin de faire de la place pour que quelque
chose de différent puisse arriver. Vous êtes venu ici avec l’espoir que j’aurai une
3
Le thérapeute se doit d’utiliser la plus grande prudence quand il fait des interventions de type
paradoxales ou qui sortent de la manière normale de parler. Ces interventions peuvent être puissantes quand elles
aident le client à se décoller des règles habituelles du langage qui l’emprisonnent, mais pour fonctionner elle
doivent être délivré d’une position de sincère bienveillance, d’égalité et de compassion pour le client — jamais sur
un ton confrontant. Le thérapeute est toujours attentif à l’effet de ses interventions sur le client et la relation
thérapeutique.
Évaluation 3 38
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
espèce de truc, quelque chose que vous puissiez faire, une solution que j’aurai.
Mais peut-être que ces soi-disant solutions font elles aussi partie du problème.
Vérifiez si, dans votre expérience personnelle – peut-être est-ce différent pour
vous – mais essayez quand même de voir si, au fond, votre expérience ne vous
dit pas qu’il n’y a pas de truc et qu’en fait vous ne croyez pas vraiment qu’il
puisse y en avoir un. Si, en tant que thérapeute, je vous présentais une idée
géniale de plus, une partie de votre intelligence se dirait : « Oui oui, c’est ça,
cause toujours… » Votre expérience directe vous dit que cette situation est sans
issue. Mais d’un autre côté votre intelligence vous dit qu’il doit bien y avoir une
Imaginez que la vie c’est comme ca : On vous bande les yeux, on vous met en bandoulière un
sac contenant un outil et on vous dit «Va ma fille, c’est ta vie». Vous apprenez à faire votre
chemin, à reconnaître le bruit de la rivière pour éviter de vous mouiller les pieds, à mettre les
bras devant vous pour repérer les arbres avant de vous taper la tête contre eux. Ce qu’on ne vous
a pas dit c’est que, çà et là, il y a des trous dans le terrain. De la même manière que certains
gagnent des millions à la loterie, il est bien possible que l’un ou l’autre chanceux fasse toute la
route en évitant par simple hasard les trous qu’il ne peut pas voir. Mais tôt ou tard la plupart
d’entre nous faisons l’expérience de la chute dans un trou et c’est ce qui vous arrive. Que faites-
vous alors ? Vous enlevez le bandeau ? Pourquoi pas. Vous déballez l’outil ? C’est l’occasion
de réaliser que c’est une pelle. Que faites-vous à ce moment là ? La plupart des clients donnent
des réponses très intelligentes comme de façonner des marches d’escalier ou de creuser un
tunnel pour rejoindre la surface en diagonale. C’est intelligent mais est-ce que ca marche ?
Évaluation 3 39
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
Quelle est votre expérience, depuis le temps que vous essayez de sortir du trou avec des
méthodes intelligentes ? Pendant qu’on taille des marches ou qu’on creuse un tunnel, on a des
ampoules aux mains, mal au dos et de la sueur dégoulinant sur le visage mais au moins on a
l’impression de faire quelque chose. Mais est-ce que tous vos efforts vous ont permis de sortir
du trou ? Est-ce que vous n’avez pas dû constater en fin de compte que le terrain était friable un
véritable fromage gruyère, et qu’il y a toujours ce coup de pelle de trop qui ouvre un nouveau
vide sous vos pieds, vous précipitant dans un trou toujours plus grand, selon la logique voulant
qu’avec une pelle, en fin de compte, on ne peut que creuser. Comme la plupart des gens qui
viennent me voir, vous pensez sans doute que je possède un outil meilleur que le vôtre, une
pelle à lame de titane, avec micro-processeur intégré. Je dois vous décevoir : Même en
admettant que ma pelle soit meilleure que la vôtre, on ne peut aussi l’utiliser que pour creuser. Il
nous faudra trouver autre chose. Lâcher la pelle peut vous donner l’impression que vous vous
condamnez à rester pour toujours dans le trou. Je ne suis pas vraiment en mesure de vous
rassurer là dessus. Rien de ce que je pourrai dire ne pourrait alléger la difficulté de ce qu’il vous
faut faire. Votre meilleure alliée c’est votre souffrance, et le fait que vous savez que rien n’a
marché. Avez-vous assez souffert ? Êtes-vous prêt à abandonner ces « solutions » et à essayer
autre chose ?
Réactions possibles
À ce point du traitement, le client devrait être un peu moins attaché à l’idée qu’il a
sens. Ci-dessous vous trouverez des exemples de réponse à donner à des questions
régulièrement posées sur la métaphore. Notez bien que toutes ces réponses utilisent une manière
Évaluation 3 40
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
de parler qui se démarque de manière importante des usages normaux du langage. De ce fait, le
thérapeute se doit d’être particulièrement prudent, doux et soutenant dans sa manière de parler
la lutte et constate que telle ou telle issue semble mener au même endroit, nourrir la même
Client : Oh, je vois ce que vous voulez dire, vous dites que je dois accepter mon
obsession.
Thérapeute : Vous êtes vous déjà dit des choses comme ça dans le passé ? Il faut que je
Client : Très souvent, j’essaye de rester ouvert et de juste ressentir ce que je ressens.
Thérapeute : Bon alors si c’était ça la solution, ça aurait déjà résolu le problème, non ?
Autre exemple :
Client : Donc vous voudriez que je me mette à creuser des marches avec la pelle ?
Thérapeute : Bon et bien ce n’est pas ça. Les parois doivent être trop molles pour qu’on puisse
Autre exemple :
Client : Ça c’est fort! Ça me fait penser au bouddhisme Zen. J’ai toujours cru à la sagesse
des traditions de l’Orient. On dirait que c’est là que vous voulez en venir.
Évaluation 3 41
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
Thérapeute : Regardez si vous pouvez juste noter cette pensée que votre intelligence vient de
vous apporter. Et je veux vous dire quelque chose à présent dont je suis
absolument sûr, à 100%. Ce que vous m’entendez dire maintenant, ce que vous
pensez m’entendre suggérer comme moyen d’en sortir… quoi que cela puisse
Thérapeute : Pour vous aider à voir de quoi il ne s’agit pas. Regardez encore les pensées qui
vont se présenter à vous. Et cette pensée là ? Celle qui est juste en train de se
Client : Donc je ne suis même pas supposé me sentir mal. Dans le fond, j’ai fait une
Thérapeute : C’est une pensée intéressante. Notez bien que je n’ai pas dit cela. Je n’ai
absolument pas dit « vous vous faites une montagne d’une souris ». Ce que j’ai
Évaluation 3 42
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
dit c’est plutôt : « Ne croyez pas un mot de ce que je vous dit, regardez votre
expérience » ?
Client : Vous voulez dire que si je prends un nouveau départ ici je peux laisser le passé
derrière moi?
Client : On dirait vraiment que quoi que je puisse dire ce soit faux.
Thérapeute : Super ! Et cette pensée là elle n’est carrément pas nouvelle, pas vrai ? Celle là
elle remonte à loin. Vous avez l’impression d’avoir quel âge là maintenant ?
Thérapeute : Et vous avez l’impression que quoi que vous fassiez ça sera mal fait.
Thérapeute : Et bien en fait, nous sommes deux à avoir une intelligence dans ce bureau. Donc
en fait on pourrait dire que nous sommes quatre ici. Vous, moi et nos deux
intelligences. Bien sur, il n’y a aucun problème que votre intelligence reste ici
avec nous – en fait c’est ce que les intelligences ont tendance à faire — et je ne
crois pas non plus que la mienne quitte la pièce. Mais j’aimerai réussir à parler
directement avec l’être humain qui est assis ici dans la pièce avec moi, et plus
Évaluation 3 43
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
que nos intelligences nous disent sans pour autant nous laisser avaler par leurs
nouvelle philosophie —vous en avez déjà assez. C’est juste apprendre à observer
ce que nous disent nos intelligence sans se laisser avaler et observer ce que nous
faisons.
Client : [longue pause] Je ne sais plus quoi dire. Dès que je commence à penser ou à dire
quelque chose, je me dis : « et voilà que je m’y remets » et puis encore une autre
pensée arrive…
Thérapeute : Bien observé. Seriez-vous d’accord pour juste rester présent à cette expérience
pendant un instant.
La situation ressemble à une partie de tir à la corde avec un horrible monstre. Il est énorme, très
vilain et d’une force peu commune. Entre vous et le monstre il y a un ravin qu’on dirait bien
sans fond. Si vous perdez cette partie de tir-à-la-corde, vous allez tomber dans ce ravin et y
disparaitre. Alors vous tirez tant et plus ; mais plus vous tirez fort, plus il vous semble que, de
son côté, l’horrible monstre tire plus fort lui aussi. En fait, il vous semble bien que vous vous
4
Cette métaphore peut également être utilisée ou réactivée dans le travail sur l’acceptation (voir séances 5
à 7)
Évaluation 3 44
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
réaliser c’est que votre tâche n’est pas de gagner au tir-à-la-corde avec ce monstre. Votre tâche,
c’est de lâcher la corde. Cette métaphore est plus puissante quand elle est jouée.
Parfois le client demandera : « Et comment est-ce que je fais cela ? » Il est préférable de
ne pas donner de réponse ferme à ce point de la thérapie. Le thérapeute peut dire quelque chose
du style : « Et bien je ne sais pas. Mais le premier pas c’est de réaliser que cette partie de tir-à-
Il peut parfois être utile de donner au client un cadre plus large pour l’habileté à laquelle
vous faites allusion et de lui donner les raisons pour lesquelles vous pouvez sembler être évasif.
La thérapie vise à entrainer une nouvelle habileté, la flexibilité psychologique. L’habileté dont il
s’agit est un peu comme apprendre à reconnaître les vagues de la mer pour un surfeur qui aurait
passé sa vie à essayer de les retenir. Dans un premier temps, apprendre à observer quand il
cherche à les retenir va s’avérer essentiel afin de lui permettre d’apprendre à reconnaître et
observer les vagues telles qu’elles sont et d’apprendre à monter sur la planche afin de pouvoir
trouver son équilibre et se mouvoir dans ses directions choisies même en présence de vagues.
Apprendre à reconnaître les tentatives de retenir les vagues qui l’empêchent d’apprendre à
NOTE :
Le client peut encore avoir l’impression de devoir avoir une stratégie pour contrôler l’obsession
ou la compulsion. Le client peut demander « alors qu’est-ce que je dois faire cette semaine ? ».
Le thérapeute doit bien prendre soin de ne pas laisser le client utiliser ces nouvelles
informations dans le cadre d’une stratégie de contrôle. On répondra alors plutôt au client qu’il
n’y a rien de nouveau à faire à l’instant. Qu’il peut essayer de travailler à lâcher la pelle ou la
Évaluation 3 45
Manuel ACT pour le TOC Troisième Consultation (Évaluation 3)
corde et à observer les différentes façons dont il creuse habituellement. L’exercice 6 « Observer
5 sens/mental (exercice de tri) ainsi que l’observation d’au moins une action d’approche de
quelque chose d’important et une action d’éloignement d’une sensation ou pensée inconfortable.
Le thérapeute remet la fiche de pratique au client et les cartes de tri. Puis la fiche de mesure des
TOCS qui cette fois vont être mesurés quotidiennement, avec un jour de congé de mesure par
semaine.
5 sens/mental (exercice de tri) ainsi que l’observation d’au moins une action d’approche de
quelque chose d’important et une action d’éloignement d’une sensation ou pensée inconfortable.
Le thérapeute remet la fiche de pratique au client et les cartes de tri. Puis la fiche de mesure des
TOCS qui cette fois vont être mesurés quotidiennement, avec un jour de congé de mesure par
semaine.
Évaluation 3 46
Manuel ACT pour le TOC Quatrième Consultation (Évaluation 4)
SEANCE 4
À Lire: Guide Clinique ACT : les valeurs. ACT Book — Chapter 8 : Valuing.
La fonction des séances 1 à 3 était de permettre au client d’observer les effets de sa lutte
et d’ainsi remettre de remettre en cause le projet de contrôle. Sur la matrice, les trois premières
Benjamin Schoendorff 6/9/11 14:51
Comment [1]: Introduire cela plus haut
séances entrainait l’observation de la gauche. Cette dernière séance d’évaluation va inviter le
client à passer à droite de sa matrice en lui permettant de contacter et d’évaluer ses valeurs, et de
Agenda de la séance :
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
4. Introduire
la
lutte
versus
l’alternative
5. Passer
côté
valeurs
de
la
matrice,
première
évaluation
des
valeurs
6. Exercices
entre
deux
consultations
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
Évaluation 4 47
Manuel ACT pour le TOC Quatrième Consultation (Évaluation 4)
Passez en revue la fiche « Observation de la lutte » et faites le point sur toutes les façons
dont le client cherche à contrôler son obsession. Cela fait office de revue de la phase d’analyse
mesure dans laquelle le client est attaché à l’idée de contrôler ses obsessions. Si le client se
montre encore très attaché à son projet de contrôle, refaites le travail de désespoir créatif.
des piquants. Face à ses piquants ressentis, la tendance naturelle est de vouloir se contracter
pour ne pas les ressentir, et c’est la lutte qui elle même fait ressortir des piquants. Le thérapeute
présente alors l’image de ‘spiky’, le personnage représentant la lutte et suggère qu’il est
vulnérable aux piquants de la vie et aux piquants des autres. Il se peut même qu’en étant piquant
importante et prendre toute la place. Cela peut l’empêcher de ressentir ce qui est vraiment
important pour lui dans ce qui est important, et qui est situé en bas à droite de sa matrice.
droite de la matrice. Faire de la place, non seulement à ce que l’on aime pas penser et ressentir,
mais aussi pour faire plus de place à ce qui est important dans la vie et pouvoir rebondir et de
Évaluation 4 48
Manuel ACT pour le TOC Quatrième Consultation (Évaluation 4)
À ce point le client peut demander : « oui bien sur, mais comment fait on ? ». Le
thérapeute peut répondre que c’est là le cœur de la thérapie et que c’est ce qu’il va entrainer le
5. Passer côté valeurs de la matrice, première évaluation des valeurs
droite de sa matrice et lui propose de prendre le reste de cette session pour faire de la place à ce
Évaluation 4 49
Manuel ACT pour le TOC Quatrième Consultation (Évaluation 4)
qui est vraiment important pour lui. Cela va permettre au client de pouvoir commencer à
Le thérapeute va inviter le client à entamer une conversation sur les choses qui sont
importantes pour lui dans la vie. Il va introduire la distinction entre objectifs et directions et dire
que ce qui est important dans la vie, c’est souvent plus les directions que les objectifs, que les
objectifs sont le plus utile parce qu’ils permettent d’avancer dans une direction. Par exemple, si
le client atteignait son objectif de se débarrasser des ses obsessions et de son anxiété, dans
quelles direction choisirait-il d’avancer ? À mesure que le client donne des réponses, le
thérapeute vérifie avec lui si celles-ci sont représentent des objectifs ou des directions et les
inscrit en bas à droite de la matrice. Les valeurs sont ainsi plus comme des qualités que le client
voudrait pouvoir donner à ses actions et qui les orienteraient dans la direction importante pour
lui.
Le thérapeute aide aussi le client à identifier si ses valeurs sont plus en lien avec son
projet d’éradication de la souffrance qu’avec son choix libre. Il invite le client à considérer que
par un coup de baguette magique sa souffrance est à jamais effacée, que son souvenir même a
beaucoup de gens, et qu’il peut en être de même pour lui mais que tout le monde ne choisit pas
de donner la même importance à tous les domaines, et que c’est très bien ainsi. Parfois, notre
tête ou ce que nous avons appris de nos parents et de nos proches peut nous faire déclarer
comme étant important pour nous des domaines ou des qualités que nous ne choisirions pas, si
nous pouvions choisir librement. Le thérapeute encourage le client à considérer que le choix de
Évaluation 4 50
Manuel ACT pour le TOC Quatrième Consultation (Évaluation 4)
ses valeurs ne regarde que lui, qu’il peut les choisir en imaginant que personne d’autre que lui
1. Relations intimes
2. Relations familiales
3. Rôle de parent/d’accompagnateur
5. Travail
6. Formation/Culture
7. Soin personnel
8. Citoyenneté
9. Soin personnel
10. Spiritualité/philosophie
Tout au long de cette conversation, le thérapeute prête une attention particulière au non-
verbal du client. Le contact avec les valeurs librement choisies s’accompagne souvent d’un sens
de vitalité chez le client qui va se refléter dans le ton et le débit de la voix, ou encore la posture
physique du client. Parler de ses valeurs peut aussi créer de la tristesse et un sens de
vulnérabilité accrue chez le client, particulièrement quand il va contacter le fait qu’il n’agit pas
Évaluation 4 51
Manuel ACT pour le TOC Quatrième Consultation (Évaluation 4)
Les exercices de cette consultation, outre la tenue du calepin, aident à mettre le cap sur
les valeurs en invitant (exercice 2) le client à écrire sur ses valeurs et ses obstacles (partie
l’action de lutte (partie supérieure de la matrice). À cet effet, le thérapeute encourage le client à
identifier au moins une action qu’il serait prêt à faire et qui le fasse avancer dans un des
domaines de vie importants pour lui. Le thérapeute invite le client à choisir une action qui le
ferait sortir de sa zone de confort, tout en l’encourageant à choisir une action qui soit
suffisamment facile qu’il considère la possibilité de la faire comme étant supérieure à 75%.
5 sens/mental (exercice de tri) ainsi que l’observation d’au moins une action d’approche de
quelque chose d’important et une action d’éloignement d’une sensation ou pensée inconfortable.
Le thérapeute remet la fiche de pratique au client et les cartes de tri. Puis la fiche de mesure des
TOCS qui cette fois vont être mesurés quotidiennement, avec un jour de congé de mesure par
semaine.
Évaluation 4 52
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
À Lire: Guide Clinique ACT — Chapitre 10 : Acceptation. ACT book — Chapter 5 : Control is
client et de l’aider à remettre en cause son projet de contrôle de son expérience intérieure. Le
client suivait probablement une règle verbale selon laquelle il ne peut faire l’expérience d’une
qu’expérientiellement.
l’expérience intérieure, notamment en mettre au jour les effets paradoxaux des tentatives de
l’obsession plus forte plutôt que de l’affaiblir, et il est possible que la façon la plus utile de gérer
5
Il est tout aussi possible de commencer le traitement par la défusion (présentée ici comme séances 8 à
10) ou même encore avec le soi contexte/compassion (séances 11 à 13), l’observation (séances 14 à 16) ou même
encore des valeurs (séances 17 à 19) selon la conceptualisation ayant émergé des quatre premières séances. Pour
des détails sur la conceptualisation du cas, voir le Guide Clinique d’ACT — chapitre 6 : Analyse fonctionnelle et
conceptualisation de cas. Dans tous les cas de figure, il est essentiel d’intégrer dès cette phase du traitement ou la
suivante les exercices d’engagements comportementaux (section 7) présentés à la fin de cette section.
Thérapie 1 à 3 53
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
4. Introduire
«
le
contrôle,
voilà
le
problème
»
5. Introduire
l’acceptation/consentir
6. Pratiquer
les
discriminations
et
l’observation
avec
la
matrice
7. Engagements
comportementaux
8. Exercices
entre
deux
consultations
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
Passez en revue la fiche « Identification des valeurs » puis refaites le point avec le client
sur les façons dont il cherche à contrôler son obsession. Pendant la 6ème séance, le thérapeute
peuvent aisément être intégrés quand on discute la lutte du client avec son obsession.
Thérapie 1 à 3 54
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
des effets paradoxaux de ses tentatives pour contrôler les obsessions. Dans la plupart des cas
non seulement ces tentatives ne fonctionnent pas, mais elles augmentent l’importance des
obsessions. Elles les font grandir plutôt que les réduire. Si l’on arrive à faire sentir cela au
client, alors il y plus de chance qu’il abandonne ses tentatives de contrôle et essaye quelque
chose de différent. En essence, cela revient à faire ressentir que la compulsion n’est pas si utile
Client : Et bien, au moment d’entrer dans la réunion de service, j’ai remarqué que je
vérifiais plusieurs fois pour voir si j’avais bien mon portefeuille. Je savais qu’il
était à sa place – il y est toujours – mais j’avais ces peurs que j’aurais bien pu le
faire tomber.
Thérapeute : Et vous pensez que cette vérification était au service de quoi et se plaçait où dans
votre matrice?
Client : À droite, c’était pour faire partir cette émotion désagréable qui m’envahit.
clarifier et de le formuler en termes du sens commun, et puis on le laisse pour plus tard. Mais
c’est important, parce que le but immédiat de cette phase suivante est de réunir cet ensemble
d’évènements dans une classe unique, le contrôle délibéré et conscient orienté vers un but. Le
nom du monstre, c’est le contrôle (de son expérience intérieure). Ses manifestations sont la
fuite et l’évitement.
Thérapie 1 à 3 55
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Thérapeute : OK. Je pense que je comprends ce que vous avez fait. D’autres choses que vous
avez remarquées ?
apparaître au fur et à mesure que nous avancerons, mais il n’est pas essentiel
pour l’instant que nous les connaissions toutes. Nous avons juste besoin d’en
savoir assez pour nous faire une idée de l’étendue des choses impliquées. Ce que
je voudrais faire aujourd’hui c’est essayer de saisir plus clairement cet ensemble
de choses – j’aimerai que nous puissions voir ce que lutter est vraiment. Et je
intellectuellement mais seulement que nous puissions avoir une façon d’en parler
entre nous.
Thérapeute : C’est ça. Il y a 15 jours je disais que la plupart des choses que vous avez essayées
mais vraiment il me semble que vous avez vraiment réagi normalement. Et toutes
ces façons de lutter que vous avez listé. C’est bien les choses que font les gens
non ?
Client : Peut-être pas les gens normaux, mais les gens comme moi en tous cas. Vous
savez le groupe de soutien où je vais tous les mois ? C’est presque risible. Tout le
monde là bas raconte la même histoire. Vous pouvez dire ce qu’ils vont raconter
Thérapie 1 à 3 56
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
suivante. C’est similaire parce que ce que vous faites, c’est ce que nous sommes
tous entrainés à faire. C’est juste que pour ce genre de choses ça ne marche pas.
nous permet de réduire les choses en leurs parties, à formuler des plans, à prévoir
bien. Pour ce qui concerne ce qui se passe à l’extérieur de notre corps, ça marche
vraiment bien. Regardez les problèmes auxquels font face les autres créatures et
vous verrez que nous nous en sortons bien. Regardez ici dans cette pièce. Presque
tout ce qu’il y a ici ne serait pas ici s’il n’y avait le langage et l’intelligence
humains. Les fauteuils, le chauffage, nos vêtements, cet ordinateur. Etc. Donc
qui est des problèmes avec lesquelles les autres espèces luttent, nous avons
abri, à manger, des stimulations sociales – et ils sont aussi heureux que possible.
Thérapeute : Et bien, je dis juste que les choses vraiment importantes, importantes pour nous
en tant qu’espèce en compétition avec les autres créatures de cette planète – ont
été obtenues grâce au langage humain, à tout ce qui se passe en abs de la matrice.
Il existe une règle opératoire : si quelque chose vous déplait, trouvez la façon de
corps. Ces derniers 5%. C’est 5% qui sont assez importants car c’est là que se
Thérapie 1 à 3 57
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
trouve souvent la satisfaction intérieure, mais cela ne forme qu’une petite portion
de notre vie totale. Mais supposez que cette règle qui s’applique si bien à
et regardez si ça n’est pas le cas que dans le monde qui se trouve à l’intérieur de
notre peau, la règle ne serait pas plutôt : Si vous n’êtes pas disposé à l’avoir,
vous l’aurez !
Thérapeute : Bizarre non? En fait, pour ce qui est du monde à l’extérieur, le contrôle
pour ce qui concerne notre conscience, notre histoire, notre moi, nos émotions,
nos pensées, nos sensations, nos prédispositions à agir de telle ou telle manière,
nos souvenirs, nos attitudes, nos envies, nos sensations corporelles, etc. — la
plupart du temps ça n’aide pas. Dans ces situations, la solution n’est pas le
Thérapeute : Remarquez bien qu’il y a un paradoxe là-dessous. Supposez que ce soit vraiment
vrai que « Si vous n’êtes pas disposé à l’avoir, vous l’aurez », que pourriez-vous
Thérapie 1 à 3 58
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
faire avec un tel savoir ? Voyons voir… : « Et bien je veux m’en débarrasser,
mais si je ne suis pas disposé à l’avoir, je l’aurai. Donc, si je suis prêt à l’avoir, je
suis pas vraiment prêt à l’avoir et alors voilà que je l’ai de nouveau ! » Vous ne
pouvez tout simplement pas vous tromper vous-même. « Si vous n’êtes pas
disposé à l’avoir, vous l’aurez » n’est pas une règle que vous pouvez utiliser pour
ça… Ou du moins, si vous vous mettez à creuser avec, il n’en résultera rien de
positif ou de différent.
Il est en général utile de faire référence au combat du client avec ses obsessions. Par
exemple, vous pourriez dire quelque chose comme : « Quand votre obsession se montre, qu’en
faites-vous ? Essayez-vous de vous en débarrasser ? Est-il possible que lutter pour vous
débarrasser de votre obsession puisse être un vecteur de malaise ? Pour finir, la pensée disparaît
temporairement et il peut en effet sembler que la raison pour laquelle vous vous en êtes sorti est
que vous avez lutté, mais franchement vous ne trouvez pas ça un peu bizarre ? Si ça marchait
pour faire disparaître pensée et malaise, pourquoi ce malaise serait-il toujours là ? On dirait que
lutter n’élimine pas la confusion. » Essayez de lier ces efforts de contrôles aux thèmes
personnels du client.
Thérapie 1 à 3 59
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Thérapeute : Les avez-vous jamais emmenées au supermarché quand elles étaient jeunes ?
Client : Oui.
Thérapeute : Et qu’est-ce qui se passait quand on passait devant les rayons bonbons ou jouets ?
Thérapeute : Oui, tous les enfants sont comme ça. Et généralement ils disent quelque chose
décision. Céder ou pas. Si vous ne cédez pas, vous savez ce qui va se passer.
Votre fille va demander un peu plus fort. Et si vous refusez toujours, elle va
Thérapeute : Exactement. Et vous pouvez soit céder et laisser l’enfant avoir le bonbon ou
laisser l’enfant pleurer et laisser tout le monde vous regarder. Mais c’est quoi le
Client : ça apprend à la gamine qu’elle peut avoir tout ce qu’elle veut en pleurant.
Thérapeute : Exactement ! Et en plus ça apprend au gamin à quel niveau de volume vous allez
céder. Est-ce que votre lutte avec votre obsession ne vous donne pas l’impression
d’être un peu comme ça ? Elle arrive et vous décidez de ne pas céder mais elle se
Client : Complètement.
Thérapeute : Et si votre obsession était comme votre fille et que vous soyez en fait en train de
lui apprendre quel niveau d’intensité il lui faut atteindre pour que vous luis
Thérapie 1 à 3 60
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Cela peut permettre au client d’atteindre une compréhension littérale de la façon dont ils
en sont venus à apprendre le contrôle conscient et l’évitement de leurs évènements privés, sans
les faire se sentir stupides d’avoir adopté le projet de les contrôler, projet qui, après tout
Introduisez la façon dont le contrôle émotionnel est établi. Ces quatre facteurs incitent à
1. On vous a dit et répété que ça devrait marcher ici aussi (exemple « n’aies pas peur… »)
2. Ça avait l’air de marcher pour les autres autour de vous (exemple : « papa n’a pas peur lui »)
4. Ces moyens d’établir le projet du contrôle amènent souvent les gens à se présenter de
monde se promène en se donnant l’air invincible comme un héros de film d’action. Il peut
être utile de rappeler au client que, parmi tous les clients que vous avez vus, vous n’avez
on découvre que les gens qui ont l’air fort ont autant peur que le reste d’entre nous. Va-t-on
m’apprécier ? Saurais-je trouver ma place ? Serai-je à la hauteur ? Soulignez le fait que les
acteurs ne sont pas eux-mêmes les personnages de leurs films. Renforcez par l’empathie le
client s’il se montre capable de reconnaître le poids de toujours chercher à prétendre garder
Thérapie 1 à 3 61
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Thérapeute : C’est une manière inhabituelle de considérer le problème, vous ne trouvez pas ?
Je ne pense pas que ce que vous avez essayé de faire soit bizarre. C’est ce que
nous faisons tous. Quand nous n’aimons pas quelque chose, nous le changeons.
Comme on l’a vu, ça marche, très bien sur le monde extérieur, c’est ce qu’on
nous a appris à faire, et ça marche parfois à court terme, mais pas sur le long
terme. Vous êtes à présent dans la position inhabituelle de pouvoir voir comment
les choses fonctionnent. Il est possible que les stratégies de contrôle conscient et
délibéré appliquées à votre obsession ne soient pas très efficaces. J’ai quelques
Les exercices qui suivent peuvent aider le client à faire l’expérience de la futilité du
contrôle.
Imaginez que vous êtes connecté au meilleur détecteur de mensonge qui n’ait jamais été
inventé. Cette machine est parfaite, c’est la plus sensible jamais mise sur le marché. Une fois
que vous y êtes connecté, il n’y a pas moyen que vous puissiez ressentir la moindre anxiété sans
que la machine ne le détecte immédiatement. Alors voilà, votre tâche est très simple. Tout ce
qu’il vous faut faire c’est rester relaxé. Si vous vous mettez à ressentir la moindre anxiété,
évidemment, je le saurai tout de suite. Je sais que vous allez faire de votre mieux, mais juste
pour vous y aider un peu, je vais prendre ce pistolet chargé et vous le braquer sur la tempe. Si
vous restez relaxé, pas de souci, mais si vous devenez anxieux (et je le saurai tout de suite car la
machine est d’une sensibilité parfaite) j’appuie sur la gâchette et votre cervelle ira s’écraser sur
Thérapie 1 à 3 62
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
le mur. Donc relaxe !... Que pensez-vous qu’il arriverait ? Devinez ce qu’il vous arriverait? Pan!
Comment pourrait-il en être autrement ? Le plus petit soupçon d’anxiété deviendrait terrifiant!
Vous vous diriez: “Oh mon Dieu! Voila que je commence à avoir peur! Ça y est il va tirer!
Cette métaphore peut servir à faire apparaître plusieurs aspects paradoxaux du contrôle
« repeint la maison ou j’appuie sur la gâchette », vous repeindriez la maison. C’est comme ça
que le monde fonctionne à l’extérieur de notre peau. Mais si je disais simplement, « Relaxe ou
je tire ! » non seulement ça ne marchera pas, mais en plus ça va provoquer exactement l’inverse.
Thérapeute : Et bien vous avez êtes déjà connecté au meilleur détecteur de mensonges : votre
système nerveux. Il est encore plus sensible qu’aucune machine que les humains
n’aient jamais construite. Vous ne pouvez rien ressentir sans que votre système
braqué sur vous plus menaçant que tous les revolvers – votre propre estime, votre
sens de valeur personnelle, le fait que votre vie marche ou non. Ce qui fait que
Thérapie 1 à 3 63
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
vous vous trouvez dans une situation très similaire. Vous pointez le revolver sur
D’autres métaphores peuvent aussi être utiles pour adresser les émotions positives. Il est
important d’aborder les émotions positives car le client a souvent dans l’idée que si les émotions
négatives ne peuvent être contrôlées, il est possible de contrôler les émotions positives et donc
que peut-être si on introduit des émotions positives dans la situation, les émotions négatives
disparaîtront.
“Imaginez le test suivant: Je viens vous voir et je vous montre une personne qui passe dans la
rue et je dis: “vous voyez cette personne? Si vous tombez amoureux de cette personne dans les
que deux jours plus tard vous reveniez me dire : « j’ai réussi, j’ai vraiment eu le coup de foudre
pour cette personne ! » et que je vous dise alors : « désolé c’était une juste blague. Je n’ai pas 1
million de dollars » que feriez vous ? Arriveriez-vous facilement à détomber en amour ? Il n’y
pas que les émotions négatives qui sont difficiles. Il est tout aussi difficile de créer toute
émotion, même les plus positives d’une manière tant soit peut prévisible, systématique ou
contrôlable.
appliqué aux évènements privés. Selon ce contre quoi le client lutte, il peut être utile
d’appliquer cela aux souvenirs, pensées ou autres évènements psychologiques. En voici une
pour les pensées par exemple, qui est souvent utile tout spécialement si le client fait face à des
Thérapie 1 à 3 64
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Et ça ne s’applique pas qu’aux émotions. Regardons un peu les pensées. Imaginons que je ne
veuille pas que vous pensiez à… Vous voyez, je ne peux même pas vous dire à quoi ne pas
penser car je sais d’avance que vous y penseriez. Bon d’accord voyons voir. Ne pensez pas à…
un beigne à la confiture de framboise. N’y pensez pas. Ne pensez pas à son odeur, quand il sort
du four. N’y pensez pas ! Ne pensez pas à comment la confiture coule dans la bouche quand
vous croquez le beigne. N’y pensez pas. Et à la confiture qui coule sur les doigts, n’y pensez
Pour les clients TOC, ceci devrait être relié à leur lutte contre leurs obsessions. Ce que
leur intelligence leur dit c’est que s’ils n’arrivent pas à faire partir ou à tout le moins diminuer
leur obsession, ils auront toujours leur TOC. Toujours demander au client si sa stratégie a
marché. Ils répondront généralement que ça a marché dans un sens limité. Toutefois, ça n’a pas
pu fonctionner de manière viable et durable sinon le client ne consulterait pas. Il est important
de valider les efforts énormes que le client a mis dans le contrôle de ses compulsions.
tentative de suppression des obsessions, afin de voir s’il n’y a pas une possibilité qu’au lieu de
les supprimer il ne les augmenterait pas plutôt. Le thérapeute ne devrait surtout pas insister qu’il
ne peut qu’en être qu’ainsi. Simplement suggérer génère moins de résistance. On peut dire par
exemple : « Est-il possible que ça ce passe comme ça ? » On peut aussi souligner que dans les
autres domaines de leur vie où ils ont investi autant d’effort, ils observent généralement des
changements fondamentaux. On peut alors demander si ça ne leur semble pas un peu bizarre
que ça n’ait pas fonctionné dans ce seul domaine. Une autre manière d’introduire cette
Thérapie 1 à 3 65
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
possibilité c’est de demander au client : « dans votre expérience, vos compulsions ont-elles
augmenté ou bien diminué au cours des 5 dernières années ? Est-ce plus facile ou pire qu’il y a
5 ou 10 ans ? »
Thérapeute : Est-ce que vous avez l’impression que votre lutte contre vos obsessions est
Les clients aussi sévères que ceux qui participeront à cette étude auront certainement,
dans leur expérience, fait l’expérience de ce fait. Il est important qu’ils arrivent à toucher du
doigt le paradoxe des efforts de contrôle depuis leur propre expérience, plutôt que sous la
forme d’un argument logique imparable. Les clients savent très bien que le contrôle émotionnel
et l’évitement n’ont pas fonctionné. Par contre ils n’ont habituellement pas fait face au fait que
ces tentatives ne peuvent pas fonctionner. Ces différentes métaphores permettent au client de
Thérapie 1 à 3 66
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
À ce point, il peut être utile de connecter la variabilité entre le degré auquel le client est
prêt à faire l’expérience de ses obsessions, émotions et sensations et le degré de contrôle avec
l’impression traumatisante que les clients ressentent quand ils essayent de contrôler ou
d’éliminer les expériences déplaisantes, pour finir par découvrir qu’elles n’ont fait qu’être
amplifiées et semblent à présent être devenues « incontrôlables ». Le monologue qui suit illustre
va et vient du simple fait que nous vivons notre vie — l’inconfort « propre ».
Parfois cet inconfort peut être important, parfois il n’y en aura pas, du simple fait
puis il y a l’inconfort « sale » qui est une souffrance émotionnelle et des pensées
dérangeantes qui sont la conséquence de votre lutte pour contrôler vos émotions
et sensations. Le résultat d’avoir cherché à les fuir, c’est que tout un tas d’autres
pour cela que vous êtes ici. Cet inconfort supplémentaire — cette gêne de la gêne
— nous pouvons l’appeler l’inconfort « sale ». Une fois que vous consentirez à
ressentir l’inconfort ‘propre’ et que votre niveau de contrôle sera bas, l’inconfort
restera dans une situation donnée une fois qu’il ne restera plus que l’inconfort
« propre ». Je ne suis pas en train de vous dire que votre gêne va baisser. Ce que
Thérapie 1 à 3 67
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
je dis c’est que si vous abandonnez vos efforts pour manipuler votre gêne, au
bout du compte, son niveau se stabilisera au niveau que dicte votre histoire
L’essence de l’ACT est contenue dans son nom. L’acceptation et l’engagement. C’est
une autre manière de dire « revenir au présent et avancer » ou bien de « démarrer de là où vous
êtes et d’avancer en direction d’où vous voulez aller ». Jusqu’à ce point la thérapie s’est
concentrée sur un travail de sape du projet de contrôle qui fait croire aux clients qu’ils ne
pourront avancer que quand ils seront en mesure de partir d’un autre point de départ. Le
thérapeute devrait commencer à utiliser les expressions « consentir», « faire de la place », « être
d’accord » parce que « l’acceptation » est souvent comprise par le client comme voulant dire
« tolérance » ce qui est une chose entièrement différente ou encore « résignation » ce que le
C’est une métaphore centrale de l’ACT et dont le but est d’introduire le concept de
“Imaginez que ce soit comme un appareil, un poste de radio avec deux indicateurs. L’un se
trouve sur la face avant et il indique « anxiété ». [Utilisez une étiquette correspondant à la
situation du client, si ça n’est pas l’anxiété, ce peut être « colère, culpabilité, pensées intrusives,
souci, etc. ». Il est souvent très utile de mimer la course des potentiomètres à l’aide de
mouvements des mains]. Il est gradué de 1 à 10. Dans votre situation actuelle, ce qui vous a
Thérapie 1 à 3 68
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
amené ici, le problème c’est que: « cette anxiété est trop importante ». Ce que vous me dites
c’est : « le potentiomètre est coincé au maximum et moi je voudrais pouvoir le remettre à zéro
et je veux que ce soit vous, mon thérapeute, qui m’aidiez à faire cela, s’il vous plait ». En
d’autres termes, vous avez essayé de faire baisser l’anxiété indiquée sur ce cadran. [Le
thérapeute peut mimer avec l’autre main des efforts vains pour faire baisser l’indicateur du
cadran figuré par l’autre main.] Impossible, cet indicateur n’est pas contrôlé par l’utilisateur !...
Mais en fait, ce dont nous commençons à nous rendre compte, c’est qu’il existe un autre cadran
caché à l’arrière de l’appareil muni d’un potentiomètre, lui aussi gradué de 1 à 10. [Faire tourner
les mains pour figurer l’arrière de l’appareil.]. Ce que nous avons fait depuis le début de notre
nous enfin commencer à voir cet autre potentiomètre qui était caché derrière. En fait, ce
potentiomètre, c’est le plus important des deux, parce que c’est celui-ci qui fait toute la
différence et puis c’est le seul que nous puissions nous-mêmes contrôler. [Faire tourner la main
place’)». Il fait référence au fait que vous soyez plus ou moins d’accord faire l’expérience de
votre propre expérience au moment même ou elle se présente à vous et où vous en faites
l’anxiété [ou l’inconfort, la dépression, les souvenirs déplaisants, les pensées obsessionnelles,
etc. – bien utiliser le nom qui correspond au problème que présente le client] est bloquée sur le
10 et vous essayez de toutes vos forces de faire disparaître cette anxiété, de faire baisser son
volume, vous n’êtes pas disposé à ressentir cette anxiété, pas disposé à en faire l’expérience.
C’est une très mauvaise combinaison. Ça fonctionne un peu comme ces clés à cliquet. Vous
savez comment ces clés fonctionnent? Quand vous avez mis le cliquet dans une direction, vous
Thérapie 1 à 3 69
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
ne pouvez plus que serrer le boulon. Quelle que soit la direction dans laquelle vous tournez le
manche, ça ne peut que resserrer le boulon. Ça se passe exactement comme ça, non ? Quand
l’anxiété est tout en haut du cadran, et que le consentement est bas, le cliquet est engagé et
l’anxiété ne peut plus baisser. Ça se passe comme ça parce que si vous n’êtes absolument pas
disposé à faire de la place et ressentir votre anxiété, alors la moindre anxiété vous cause de
l’anxiété. Le cliquet est en place. Tout se passe comme si quand l’anxiété est haute et le
consentement bas, l’anxiété se bloque à cette hauteur. Vous essayez de tourner la clé dans
l’autre direction, mais quoi que vous fassiez avec cet outil, ça ne fait que la faire monter. Donc,
ce qu’il nous faut faire dans cette thérapie, c’est de nous focaliser sur le potentiomètre de
consentement, sur faire de la place, plutôt que sur celui d’anxiété. Ça fait déjà longtemps que
vous essayez de calmer Monsieur Anxiété et rien ne marche vraiment, pas vrai ? Ça n’est pas
parce que vous n’êtes pas assez malin, mais parce que ça ne marche tout simplement pas. Au
lieu de continuer dans cette voie, nous allons nous focaliser sur le cadran du consentement, sur
faire de la place. À la différence du cadran de l’anxiété que nous ne pouvons contrôler, vous
pouvez régler à loisir le potentiomètre de consentement. Ça n’est pas une réaction – pas une
sensation ou une émotion – pas une pensée non plus – c’est un choix. Jusqu’ici, vous l’aviez
réglé très bas. Vous êtes arrivé ici avec ce potentiomètre réglé sur la position basse – il se peut
même que vous soyez arrivé ici du fait qu’il était calé en position basse. Ce que nous allons
faire ensemble, c’est le tourner en direction de la position haute. Si vous faites cela, si vous
réglez votre consentement en position haute, je peux vous garantir ce qui va arriver à votre
anxiété. Je peux même vous en faire la promesse. Si vous arrêtez d’essayer de contrôler votre
anxiété, si vous lui faites de la place, votre anxiété sera basse… [pause] ou bien… votre anxiété
sera haute. Et quand elle sera basse, elle sera basse — jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus ; et
Thérapie 1 à 3 70
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
quand elle sera haute, elle sera haute — jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus. Et ensuite elle sera de
nouveau basse. Je ne cherche pas à vous taquiner. C’est simplement que nous n’avons pas les
bons mots pour vraiment décrire comment c’est que de régler son potentiomètre de
consentement en position haute, autre que consentir ou ‘faire de la place’ — ces paroles un peu
paradoxales sont le plus près que je puisse m’approcher avec des mots. Une chose est certaine
cela dit, et votre expérience vous dit la même chose : si vous voulez être certain de l’endroit sur
le cadran où se fixera votre niveau d’anxiété, il y a une chose que vous pouvez faire. Réglez
votre consentement au minimum, le plus bas possible, et tôt ou tard, quand l’anxiété apparaitra,
le cliquet se bloquera en position basse et votre anxiété se fixera en position haute. Son niveau
deviendra alors très prévisible. Et tout ça au nom de la faire baisser ! Par contre, si vous réglez
le niveau de consentement vers le haut, si vous lui faites de la place, alors l’anxiété sera libre de
se déplacer. Parfois elle sera basse, et parfois haute. Mais dans les deux cas vous vous
préserverez d’un combat inutile et traumatisant qui ne peut vous conduire que dans une seule
direction.
À ce point, le client ne saura pas encore exactement ce qu’est consentir. Quand bien
même le thérapeute aura très clairement souligné que ça n’est ni une émotion, ni une pensée, le
d’être d’accord, la croyance que consentir va l’aider. Le client peut aussi croire que le
thérapeute lui propose d’ignorer ou encore de tolérer la gêne et l’inconfort. Il est essentiel que le
thérapeute soit à l’affut et puisse détecter de telles confusions, comme le démontre le dialogue
suivant :
Client : Je ne suis pas sûr de savoir ce que consentir (ou faire de la place) veuille
vraiment dire.
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Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Thérapeute : Cela ne pose pas de problème pour l’instant. Pour l’instant, tout ce que je fais
c’est de poser une alternative sur la table, mais je ne vous demande pas de rentrer
chez vous et de gagner le match, juste parce que nous avons un peu discuté. Pour
ça il faudra faire l’expérience de le faire réellement. Ça n’est pas une habileté qui
Thérapeute : Et c’est là précisément un effet de la colle verbale que votre intelligence vous a
fourni, qui vous bloque à gauche de votre matrice et qui a fait que votre
c’est d’imaginer que si votre consentement reste à zéro, si vous refusez de lui
faire de la place, l’anxiété va baisser. Que si vous exigez qu’elle s’en aille, elle
partira. C’est ce que votre esprit et votre intelligence vous disent, et ils continuent
à s’attendre observer un jour ce résultat. Et pourtant, ce n’est pas ce que vous dit
votre expérience, pas vrai ? Ça n’est tout simplement pas comme ça que ça
marche. Votre expérience vous montre ce qu’il en est exactement, non ? En fait
c’est comme si vous vous trouviez persécuté par vos sensations et vos émotions.
Client : C’est bien comme ça que je me sens. C’est presque une tradition dans ma famille.
Ma mère disait toujours : « Pour nous, c’est toujours pareil. On se fait toujours
avoir à la fin. » Elle se posait toujours en victime. Je pense que j’ai tôt été à
bonne école.
Thérapie 1 à 3 72
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
quelconque effet positif. Mais tout ce que ça fait c’est de faire de vos émotions et
sensations des ennemis et de vous rendre la vie invivable. Parce que quelque soit
l’énergie que vous mettiez à jouer la victime, votre anxiété s’en fiche. Vous avez
cette capacité de choisir comment répondre à la situation – c’est juste que cette
contrôler l’anxiété, vous auriez déjà réglé son niveau à zéro et vous ne seriez pas
là, pas vrai ? Tout le monde en ferait de même. Si cela ne tenait qu’à nous, nous
vivrions tous dans le confort intérieur total et permanent. Mais supposez que la
vie vous donne le choix suivant : vous pouvez choisir d’essayer de contrôler ce
que vous ressentez, mais vous perdrez le contrôle de votre vie ou bien, accepter
Client : Je préférerai contrôler ma vie – mais j’ai toujours pensé que cela me serait
Thérapeute : Exactement ! C’est bien comme ça que nos intelligences sont entraînées à penser.
contrôle marche, et ce pour quoi il ne fonctionne pas. Mais quand ce que vous dit
expérience vous dit que ça ne fonctionne pas quand il s’agit du bouton de gêne
Client : Moi.
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Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Thérapeute : En effet, vous. Et vous seul pouvez le régler. Je peux vous faire ressentir ou
penser des choses, sans que vous ayez le choix. Mais je ne peux pas vous forcer à
que de vous. C’est la seule chose qui ne dépende jamais que de vous.
d’expliquer au client que le consentement n’est pas quelque chose qui puisse être fait
directement :
à faire l’expérience de toutes les choses douloureuses contre lesquelles vous avez
lutté sans mettre d’abord quelque chose à leur place. Ce qu’il nous faut trouver,
c’est un endroit d’où vous puissiez en toute sécurité choisir de faire l’expérience
car en fait, nous somme quatre dans cette pièce. Vous, moi, votre intelligence et
nouveau contexte dans lequel être prêt à faire l’expérience des choses
Thérapie 1 à 3 74
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Thérapeute : Refuser de faire de la place, c’est rester coincé dans la lutte à gauche de la
mais ça rend la vie plus piquante et ça peut faire fuir les autres. Consentir et faire
Le thérapeute invite le client à serrer les poings Cet exercice n’est engagé que si le client
pour lui-même la durée de la partie où le client va âtre invité à faire de la place à son
expérience.
Le thérapeute invite le client à s’asseoir bien confortablement puis l’invite à fermer les
yeux. Pendant quelques instants le thérapeute invite le client à laisser son attention se poser sur
sa respiration, puis à trier entre expérience des cinq sens et expérience mentale. Puis il invite le
qu’il faisait. Puis à prendre quelques instants pour observer ce qui lui venait avec sa pensée :
autres pensées, souvenirs, émotions, sensations. Puis le thérapeute va proposer au client de faire
de la place à son expérience autour de la pensée obsessionnelle en inspirant toutes les pensées
difficiles et les émotions et sensations inconfortables et en expirant toutes les pensées apaisantes
Thérapie 1 à 3 75
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
passe. En particulier il invite le client à observer s’il consent à inhaler les expériences
à la tenir dans ses poings fermés, comme s’il ne voulait plus l’avoir. Dans un deuxième temps,
le thérapeute invite son client à poser ses deux paumes sur son cœur et à y tenir là sa souffrance,
comme s’il lui ouvrait son cœur. Au débriefing, il invite son client à décrire ce qu’il a pu
Imaginez que vous venez d’acheter une nouvelle maison et que vous avez décidé de pendre la
crémaillère en famille. Au dessus du porche de votre nouvelle maison vous avez accroché un
signe : « Bienvenue à tous ! » Dans votre famille, tout le monde est sympa et bien élevé. Tout le
monde, sauf tante Irma. Irma c’est le mouton noir, le cauchemar de toute la famille. Elle. Pour
tout dire elle sent mauvais, est sale, grossière, goinfre, mal fagotée, parle trop fort, prend la
mouche pour un rien et, vraiment, vous ne pouvez pas la voir. En fait, vous n’avez jamais pu la
supporter. La plupart des gens qui la connaissent sont d’accord pour dire qu’elle est répugnante.
Donc vous avez invité toute la famille. Sauf elle. Vos invités arrivent. Tout se passe bien et
bientôt la fête bât son plein. Tout le monde s’amuse. Soudain, on sonne à la porte. Vous
regardez par le judas et qui voyez-vous ? Tante Irma qui s’impatiente et commence même à
tambouriner à la porte. Mon Dieu mais qu’est-ce qu’elle fait là ? Comment a-t-elle su pour la
fête? Quelles sont vos options ? Ne pas ouvrir et alors elle va s’entêter et faire un scandale dans
la rue. La fête risque alors de s’arrêter et tout le monde va se préoccuper d’Irma. Ouvrir et
Thérapie 1 à 3 76
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
raisonner? Même pas la peine, vous le savez bien. Elle va simplement pointer vers le signe
“bienvenue à tous” et se mettre à vous hurler dans les oreilles. Une autre possibilité, c’est de lui
ouvrir grand la porte, lui souhaiter la bienvenue, vous excuser d’avoir oublié de l’inviter et lui
indiquer où se trouve le buffet. Vous pouvez faire cela sans pour autant avoir à l’aimer ou
l’apprécier, sans avoir à être d’accord avec ses opinions ridicules, sans avoir à apprécier sa
goinfrerie, sa saleté, ni ses mauvaises manières. Votre opinion est entièrement distincte du fait
que vous puissiez être disposé à la recevoir dans votre maison. Si vous choisissez une des autres
options, votre fête va changer de nature et se centrer entièrement sur Irma. Que vous essayez de
l’empêcher de rentrer ou que vous cherchiez à surveiller son comportement une fois qu’elle sera
rentrée, le résultat sera le même pour vous. Au lieu d’une fête de famille au milieu des gens que
vous aimez, vous vous retrouverez entièrement accaparé par Irma et ses défauts. Si vous
l’accueillez sans sincèrement lui souhaitez la bienvenue, c’est ce qui va se passer, vous allez
plus ne penser qu’à elle et la surveiller du coin de l’œil. Ça ne sera plus vraiment une fête mais
plutôt une véritable corvée. Dans cette métaphore, Irma c’est bien sûr les émotions et les
pensées que vous n’aimez pas et qui apparaissent dans votre esprit sans crier gare comme Irma à
la porte. La question c’est l’attitude que vous adoptez par rapport à vos pensées et émotions.
Sont-elles les bienvenues ? Pouvez-vous choisir de les accueillir, même si vous n’aimez pas le
fait qu’elles soient venues ? Et si vous refusez de les accueillir, comment pensez-vous que va se
passer votre fête ? L’illusion c’est qu’en n’étant pas disposé à les accueillir, on a plus de chance
d’avoir l’esprit tranquille. La réalité est exactement le contraire. En fait la plupart des clients
remarque que quand on fait tout pour empêcher une réaction de se joindre à la fête, d’autres
Thérapie 1 à 3 77
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
réactions indésirables font leur entrée sur ses talons, ce qu’un thérapeute a appelé « les potes
d’Irma ».
7. Engagements comportementaux
À ce stade, le client sera probablement intéressé par l’option d’essayer quelque chose de
obsessions. Les exercices de consentement dans le traitement du TOC ne devraient pas être
limités par les émotions du client. Par exemple le client peut accepter de ne pas céder à sa
compulsion de 8 :00 à 9 :00, ou de ne pas y céder plus de 20 fois par jour, si c’est un rituel qui
peut facilement être compté. Les exercices de consentement ne devraient pas donner lieu à des
engagements imprécis comme par exemple consentir plus cette semaine. Ce que l’on
recherchera, c’est des engagements de bonne qualité plutôt que des engagements trop
importants que le client risque de ne pas pouvoir tenir. Il est aussi important d’aider le client à
remplacer sa compulsion par une action engagée. En effet, en thérapie comportementale ne pas
faire un comportement n’est pas un but. À minima, le thérapeute aide le client à contacter ce
que la personne qu’il veut être fait dans cette situation et l’invite à le faire. Dans tous les cas, le
thérapeute invite le client à identifier les actions qu’il voudrait faire avec sa matrice, en les liant
Un exercice de pratique du consentement devrait être donné après chaque séance pour le
restant des séances. Ces exercices sont différents des exercices d’exposition dans les traitements
de TCC habituels. Dans la TCC leur but est de faire baisser les obsessions. Dans l’ACT leur but
déplaisantes. Ces exercices de consentement devraient être augmentés chaque semaine au fur et
Thérapie 1 à 3 78
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
sans céder à la compulsion. C’est une partie très importante du traitement car elle donne au
client l’opportunité directe dans la vie de tous les jours de faire l’expérience du matériel qui lui
est présenté en séance. Le client va très probablement faire l’expérience de difficultés avec ses
obsessions entre les séances qui pourront être utilisé comme matériel pour le traitement.
Dites au client qu’il y a quelque chose qui sous tend la question du consentement et cette
chose c’est :
possible de dire : « ça marcherait pour moi dans ma vie de faire cela, et donc je
vais le faire », c’est à dire de choisir d’agir à droite de votre matrice au service de
nouvelle fois.
Est-ce que l’engagement, qui est un choix, est une possibilité, non seulement dans le
domaine de la gêne émotionnelle et des pensées dérangeantes, mais également dans d’autres
domaines de la vie ? Dites au client qu’il ne s’agit pas de vivre selon les critères de quelqu’un
d’autre (par exemple église, mère, mari, thérapeute, etc.) mais que cela s’applique à tous les
choix de vie que l’on puisse faire. À chaque instant on peut choisir d’agir à droite ou à gauche
de sa matrice. Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas non plus de quelque chose qui va
nécessairement le faire se sentir bien. Si les émotions et les sensations sont vues comme des
raisons de prendre des décisions, alors tenir des engagements devient impossible, parce qu’on
Thérapie 1 à 3 79
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
ne peut pas contrôler ses pensées et ses sensations. L’action engagée, c’est une action dans
laquelle on emporte avec soi tout ce qui se trouve en bas à gauche de sa matrice. Évoquez la
lesquelles l’engagement s’appliquera, et quand une exception comportementale sera faite (par
exemple un engagement de ne pas manger de dessert pendant les prochains six mois peut
inclure l’exception que quand je serai chez ma mère pour mon anniversaire, je pourrai manger
du gâteau). Soulignez aussi le fait que l’on ne doit pas prendre d’engagement à moins d’être
100% sûr que l’on est prêt à le tenir, et qu’il peut arriver que l’on ne soit pas en mesure de
toujours le tenir.
Thérapeute : La question c’est : Êtes vous prêt à prendre un engagement, en sachant que vous
n’arriverez pas toujours à être à la hauteur ; êtes vous prêt à ressentir ce que vous
allez ressentir quand vous n’arriverez pas à vous y tenir et quand même prendre
cet engagement ?
semaine, on assignera au client les exercices suivants qui aident le client à garder le contact avec
Thérapie 1 à 3 80
Manuel ACT pour le TOC L’Acceptation — Consultations 5 à 7
Cet exercice entraine l’acceptation en invitant le client à simplement observer ces obsessions et
ce qu’il fait ensuite. Il prépare également la défusion et notamment les exercices d’identification
Exercice 8. Journal de l’inconfort propre et de l’inconfort sale (optionnel)
Cet exercice peut aider le client à reconnaître la quantité de souffrance crée par sa résistance à
Thérapie 1 à 3 81
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
À lire: Guide Clinique ACT — Chapitre 8 : Déminer les pièges du langage, la défusion
comportement du client. Chez les personnes vivant avec un TOC, la fusion cognitive est
particulièrement présente et le client prend ses pensées littéralement et interagit avec elles sans
la moindre distance. Dans ce contexte, les pensées apparaissent comme ayant un pouvoir causal
de son intelligence en apprenant à reconnaître le processus qui produit les pensées et à faire
Il est souvent préférable d’entamer cette phase du traitement après avoir créé un peu
d’espace au moyen de l’acceptation car les personnes vivant avec un TOC ont dans un premier
temps tellement fusionnées qu’aborder de prime abord la défusion peur créer un résistance
en amont, par exemple en employant des tournures de phrase comme ‘acheter ses pensées’ ou
encore en tenant sa main plus ou moins loin de son visage pour mimer la distance des pensées
Thérapie 4 à 7 82
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
et
des
engagements
comportementaux
4. Introduire
la
défusion
5. Engagements
comportementaux
6. Exercices
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
présenté en séance en vue de contrôler ses obsessions. Ces informations donneront des
Passez en revue les expériences du client associées aux exercices. Les expériences du
obsession. Quand le client rencontre son obsession, la seule ressource dans son répertoire c’est
Thérapie 4 à 7 83
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
de la fuir. Il en va de même avec les situations qui déclenchent l’obsession, la seule ressource
étant alors l’évitement. Ces deux comportements sont utiles, mais ils peuvent devenir
problématiques s’ils sont la seule manière que les clients ont de répondre à la situation. Les
manières, la croyance dans ce qu’elle dit diminue. Donc, l’obsession peut se présenter avec une
fréquence inchangée, mais se présenter comme quelque chose d’enfin différent. Et elle n’est
Le thérapeute, s’il ne l’a déjà fait, va introduire la défusion en proposant de regarder les
pensées comme des représentants de commerce. Il invite le client à considérer ses pensées
comme des représentants de commerce qui cherchent à lui vendre (c’est a dire lui faire croire à)
différentes pensées. Ce ne sont pas toujours les représentants des meilleurs produits qui sont les
meilleurs vendeurs. Et ce ne sont pas les vendeurs qui payent. Quand le client achète telle ou
Cette métaphore est souvent efficace. Elle permet également de faire ressortir les
fonctions comportementales d’acheter (de croire) ses pensées en invitant le client à observer ce
qu’il fait quand il achète telle ou telle pensée. Les pensées obsessionnelles sont-elles de bonnes
Les pensées avec lesquelles on se retrouve fusionné fonctionnent un peu comme des
hameçons. On aperçoit devant soi une pensée qui semble particulièrement ‘appétissante’. Si l’on
Thérapie 4 à 7 84
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
mord, on se retrouve hameçonné et on se fait entrainer du côté de la lutte. Les actions que l’on
fait ensuite sont le plus souvent des actions à gauche de sa matrice. Par exemple, la pensée
qu’elle ne doit pas être triste fonctionne comme un hameçon pour Sonia. Quand elle mord, elle
se met à cacher ses ressentis et s’éloigne des personnes dont elle voudrait se rapprocher. Pour
Michel, la pensée que s’il mange en public, il risque de vomir, fonctionne aussi comme un
hameçon. Quand il mord, il est hameçonné par son expérience mentale qui lui conseille
l’évitement et l’invite à s’isoler. Quand à Elodie, elle reconnaît que son plus gros hameçon est le
jugement qu’elle a sur elle même : ‘Je suis stupide’. Quand elle mord, elle ne voit plus qu’une
chose — vite se cacher, se rendre invisible aux yeux des autres — alors même qu’elle aimerait
pouvoir avoir une vie sociale riche. Les différents aspects et niveaux de fusion exposés plus
personnel :
T : Nous avons tous des pensées ou des histoires qui viennent nous chercher. C’est un peu
comme des hameçons qui se balancent devant nous et il peut être vraiment difficile de ne pas
y mordre. Par exemple, un hameçon pour moi est quand je commence à m’inquiéter du
résultat de l’étude clinique dont vous faites partie6. Ça me rend nerveux. Je sens que je me
crispe et je me retrouve soudain à discuter dans ma tête avec moi-même. Et c’est comme si je
6
Nous vous conseillons d’employer ici un exemple qui vous soit propre, et de doser le niveau de
souffrance à celui de votre client. Un exemple ‘bénin’ comme celui donné ci-dessus sera adapté à une intervention
auprès d’une population sub-clinique. Mais le thérapeute pourra tout aussi bien utiliser un exemple plus difficile,
Thérapie 4 à 7 85
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
n’étais plus là, et plus en face d’une vraie personne. Cette pensée là fonctionne comme un
hameçon pour moi. Cette étude est très importante pour moi et quand je mors à l’hameçon,
c’est comme si je ne pouvais pas accepter la situation et que je devais réagir pour changer
Notre intelligence produit en permanence des hameçons qui nous accrochent lorsque les
choses ne sont pas comme elles ‘devraient’ être ou pour nous ‘protéger’ d’une menace
quelconque. Pour ce faire elle compare — Est-ce que cette personne est meilleure que moi ?
Est-ce que je ne suis pas plus effrayé que la dernière fois ? — et évalue tout ce qui se présente à
nous — Est-ce que cela est bon ? Est que je suis une mauvaise personne ?
Il peut être tentant d’essayer d’arrêter son esprit afin de ne plus mordre aux hameçons, et
pourtant parfois ceux-ci sont utiles et vont effectivement nous tirer du danger. Comment
reconnaître les hameçons qui nous tirent hors du moment présent dans notre vie ? Pour cela, on
peut apprendre à observer les hameçons quand ils se présentent — et observer ce que l’on fait
ensuite. La mauvaise nouvelle est que nous ne pouvons empêcher notre tête de produire des
hameçons. La bonne nouvelle est qu’en apprenant à observer et reconnaître nos hameçons et ce
que nous faisons ensuite, il devient peu à peu possible de choisir de mordre ou non.
Le thérapeute invitera le client à identifier ses hameçons, à la fois ceux qui se présentent
dans sa vie extérieure, et ceux qui se présentent au cours des consultations. Certains de ces
hameçons sont-ils les mêmes en séance et à l’extérieur? Le thérapeute invitera le client à ne pas
se limiter à l’identification de ses pensées obsessives, mais d’identifier les pensées qui
apparaissent avec les pensées obsessives et qui fonctionnent comme des hameçons pour le
client. Ces pensées seront souvent de type : ‘Je ne peux avoir cette pensée’ ou encore ‘Il faut
que je m’en débarrasse’ ou encore ‘si j’ai cette pensée je dois faire [ma compulsion], etc. Puis le
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
thérapeute invitera le client à simplement observer ce qu’il fait une fois que l’hameçon apparait.
De nombreux clients souffrant de TOC font état de très nombreuses situations pouvant
déclencher l’obsession. C’est souvent une difficulté pour le client car ils ne sont pas en mesure
de contrôler ces situations. L’exercice suivant aide le client à toucher du doigt la futilité du
contrôle et l’aide à reconnaître par l’expérience qu’il n’est pas responsable pour ses pensées. Un
hameçon courant est la pensée qu’il devrait pouvoir contrôler ses pensées ou que l’on doit
Thérapeute : Seriez-vous d’accord pour faire un exercice au terme duquel vous ne serez plus
Thérapeute : Dans la première étape de notre exercice, je vais vous poser une question. Vous
allez bien sûr essayer d'y répondre. Mais je vous demanderai aussi, en même
sont les pensées, les images et les sensations physiques qui vont venir quand je
vous poserai cette question. Vous êtes prêt(e) ? Voilà la question : (Monsieur X
ou Madame Y) : Est-ce que vous connaissez les trois chiffres ? Quelles sont les
pensées, les images et les sensations physiques qui vous sont venues ?
Client : Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Où veut-il en venir ? Comment, je devrais
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
Quant aux sensations physiques, ce sont souvent celles qui accompagnent l'étonnement,
la surprise. Quand il y a des images, ce sont souvent des images de... chiffres.
Thérapeute : Est-ce que vous voulez bien prendre note de la réaction que vous venez d'avoir et
heures 30 quand je vous ai posé cette question pour pouvoir vous en rappeler plus
que je suis Bill Gates. Vous savez qu'il est très riche et qu'il a essayé divers
moyens de faire œuvre utile et charitable. Après bien des tâtonnements, il a fini
par comprendre que le plus simple, c'était de descendre dans la rue, de trouver
une personne qui lui paraissait sympathique et de lui offrir un million de dollars.
Alors voilà, c'est tombé sur vous. Voici le chèque. Il va être à vous. Bon, pas tout
de suite, il y a quand même une petite tâche à accomplir. Je vais vous dire trois
chiffres et si vous vous en souvenez encore dans trois ans, le chèque sera à vous.
Vous êtes d'accord ? Alors, écoutez bien, il y a beaucoup d'argent en jeu, c'est
important que vous vous rappeliez bien. Les trois chiffres c'est…1... 2... et 3.
Vous les avez enregistrés ? Est-ce que vous vous en souviendrez encore la
semaine prochaine? Et dans 3 mois ? Dans une année ? Dans 3 ans, vous les
petit interlude. On va voir si vous pouvez avoir les mêmes réactions que tout à
exactement dans la même position, je prends le même ton, j'utilise les mêmes
mots. (Monsieur X ou Madame Y) : Est-ce que vous connaissez les trois chiffres?
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
Est-ce que vous arrivez à avoir les mêmes expériences intérieures qu'il y a 5
que nous allons faire maintenant est moins sympa. Heureusement, c'est virtuel
aussi. Imaginez que votre fauteuil est une chaise électrique. Et que c'est moi qui
ai le levier pour vous envoyer le 220 Volts. Oh, pas longtemps, un quart de
seconde. Ça risque juste d'être désagréable. Mais je vais vous donner les moyens
répondre très vite. Si vous me donnez une réponse dans les trois secondes, je
n'abaisserai pas le levier. Et vous devez faire attention à une chose : Dans votre
réponse, vous pouvez me donner n'importe quels chiffres. Ils n'ont pas besoin
d'être «justes». Mais il faut absolument éviter qu'il y ait 1, 2 ou 3 dans votre
réponse si vous ne voulez pas recevoir de décharge. Alors, quels sont les 3
chiffres ?
Client : 4, 5, 6.
Thérapeute : Mais si maintenant je vous demande (j'ai débranché tous les fils, vous ne risquez
plus rien), quels sont les premiers chiffres qui vous sont venus à l'esprit quand je
Client : 1, 2, 3.
avais demandé de ne pas faire ça ! Réessayons encore une fois pensez à tout ce
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
que vous voudrez mais pas à 1, 2, 3, d’accord ? Assurez vous que quoi qu’il
Thérapeute : Moi non plus je n’y arrive pas. Le système nerveux ne fonctionne qu’en
Supposez que vous ayez 80 ans et que je vous aborde dans la rue et vous
demande : « quels sont les chiffres ? » il y a des chances pour que vous répondiez
40 ans plus tôt ! Mais ce n’est pas qu’1, 2, 3. Toutes sortes de gens vous
racontent toutes sortent de choses tous les jours. Votre esprit et votre intelligence
ont été programmés par toutes sortes d’expériences [faire ici référence aux items
du client]. Est-ce que vous ne remarquez pas parfois que ces pensées apparaissent
avec la voix de vos parents ou connectées avec des choses que des gens vous ont
dit ? Du coup, si vous n’êtes rien de plus que vos réactions à tout ça, vous avez
un problème. Comme vous n’avez pas pu choisir ces choses qui se sont
imprimées, vous ne pouvez pas contrôler ce qui va apparaître, du coup vous avez
dégoutantes, effrayantes, etc. C’est un jeu que vous ne pourriez jamais gagner.
Voir que les réactions sont programmées mine les perspectives d’une lutte efficace
contre les expériences intérieures indésirables (parce que ces réactions sont des réponses
conditionnées automatiques) tout autant que le besoin d’engager la lutte (du fait qu’ils ne
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
veulent pas dire ce qu’ils disent qu’ils veulent dire). « Je suis mauvais » n’a pas plus de sens ou
Exercices expérientiels
L’exercice qui suit est souvent une expérience puissante pour les clients. Ils font souvent
état d’un sens de paix intérieure. Il est important de souligner que l’exercice n’est pas une
méthode pour faire partir les « mauvaises » pensées et émotions. En revanche, s’il est bien fait,
l’exercice permet au client d’accepter pleinement leurs pensées, leurs émotions et leurs
sensations : toute expérience de paix est un sous-produit de ce processus. Le but c’est de rentrer
compulsions, n’ont plus besoin d’être fuites, évitées, etc. On fera noter au client différents
aspects de l’expérience tels que : absence de combat, leur propre expérience viscérale, et toute
Il existe des conventions langagières spécifiques qui semblent maintenir le pouvoir que
les obsessions ont sur les gens souffrant de TOC. Dites au client que s’il est disposé à
expérimenter avec quelques petites conventions verbales, vous allez essayer de nouvelles choses
qui pourront aider à affaiblir la tendance que les mots ont à nous entraîner dans la lutte.
Thérapeute : Il existe des choses qui font partie intégrante du langage et qui contribuent à
nous entraîner dans la zone des combats, des choses qui nous amènent à prendre
nos pensées littéralement, à penser qu’elles sont ce qu’elles nous disent qu’elles
sont. Alors, ici, pendant les séances, je vais vous proposer d’adopter certaines
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
vraiment et ce que nous voulons vraiment dire lorsque nous disons ces choses.
Ces conventions pourront vous sembler un peu étranges, mais je ne vous propose
pas de les adopter pour toujours. La première est la suivante : nommez le type de
voir ce que c’est vraiment, plutôt que ce que ça dit que c’est.
souvenirs.
Faire ou avoir, et non être. Il y a ici une subtilité que l’on n’enseigne pas délibérément ni
directement aux clients mais qui cependant finit généralement par être apprise. Le
comportement de réponse est généralement considéré comme quelque chose que l’on a. Il est
utile de considérer le comportement opérant comme une action que l’on choisit. Dans les deux
cas cependant ces actions et ces réactions ne sont pas ce que l’on est. Il s’agit de faire ou
d’avoir, pas d’être. Donc la construction « Je suis anxieux » est pratiquement toujours néfaste.
Cela place l’émotion comme un prédicat, une qualité de l’être. « Je ressens de l’anxiété » ou
bien même « J’ai une sensation/émotion d’anxiété » sont plus sûrs car ils font la distinction
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
« Cette relation est vraiment trop pourrie. C’est vraiment triste. Il n’y a plus moyen de la
réparer. »
Reformulation : « J’ai le jugement que cette relation est pourrie. J’ai une émotion de
tristesse associée avec cette pensée et puis j’ai la pensée qu’il n’y a plus moyen de la réparer
« Personne ne pourrait vivre comme je vis. Je suis trop anxieux. C’est insupportable »
Reformulation : « J’ai la pensée que personne ne pourrait vivre comme je vis. J’ai des
émotions d’anxiété et j’ai la pensée que j’en ai trop. Je juge que c’est insupportable » »
le thérapeute persiste, la plupart des clients arrivent — en moins d’1/2 heure – à s’y mettre. Le
plus souvent il n’y pas besoin d’insister sur l’application de ces conventions pendant longtemps.
Une heure ou deux de pratique les établit fermement et elles demeurent ensuite disponibles en
cas de besoin. On peut ensuite y faire appel à chaque fois que le client se retrouve ficelé dans le
contenu de ses évènements privés. Ces conventions aident à créer suffisamment de distance
entre la personne et ses propres réactions afin que ces réactions puissent être perçues comme
étant des réactions, plutôt que comme le monde vu au travers de ces réactions.
Thérapeute : La deuxième convention que je vais vous proposer d’adopter concerne notre
usage des mots « mais » et « et ». Ce que « mais » veut dire littéralement c’est
que ce qui le suit annule ce qui le précédait. Donc les deux choses dites dans la
l’autre. En fait, ce qui est vraiment le cas, comme l’illustre leur statut de
connecteurs identiques en logique formelle, c’est que l’on a les deux ce qui
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
« et ». Si vous l’essayez, vous verrez d’ailleurs que c’est souvent plus en phase
avec votre expérience. Par exemple, si je veux aller au travail et que pourtant je
ressens que je n’en ai pas envie, plutôt que dire « Je veux y aller, mais je n’en ai
pas envie », je vais dire « Je veux y aller et je n’en ai pas envie ». Les due chose
sont vraies, le vouloir aller au travail, et le sentiment de ne pas avoir envie d’y
aller. En attirant l’attention sur ce que nous disons grâce à l’emploi de cette petite
convention, cela vous rendra plus sensible à une des façons dont les gens se
laissent attirer vers le niveau des pièces – le niveau de la lutte avec leur propre
histoire.
La métaphore des passagers dans le bus est une des interventions centrales de l’ACT qui
C’est une stratégie particulièrement efficace pour les clients souffrant de TOC parce qu’elle les
aide à regarder leur obsession d’une manière moins menaçante et plus facile et gratifiante à
accepter.
Imaginez que votre vie est un bus. C'est vous qui tenez le volant dans vos mains. Les passagers,
ce sont tous vos souvenirs, toute votre programmation, vos pensées, vos émotions, vos
sensations physiques. Vous rappelez-vous du nom de votre institutrice durant la première année
d'école ? Eh bien, Madame Campiche fait le voyage avec vous. Est-ce qu'elle vient souvent
vous déranger ? Le plus souvent il s'agit d'un souvenir neutre et on peut dire qu'elle est assise
quelque part au milieu du bus près d'une fenêtre, tranquille, regardant le paysage. A la
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Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
différence du bus que nous prenons pour aller travailler dont le nombre de places est limité et
dont les passagers montent et redescendent, celui de notre vie ne fait que s'allonger avec les
années parce que les passagers qui sont montés ne redescendent jamais. En fait, ceux qui
semblent être descendus ne sont jamais vraiment montés. Nous avons peut-être oublié le nom
du camarade qui était notre voisin de pupitre dans la classe de Madame Campiche. Mais il y a
dans le bus un certain nombre de passagers qui ont une sale tête. Balafrés, menaçants, jouant
avec un couteau à cran d'arrêt ou un coup de poing américain, ils boivent de la bière vautrés sur
la banquette au fond du véhicule. Tant qu'ils y restent et ne se manifestent pas trop, nous
pouvons nous sentir plus ou moins à l'aise si bien que nous sommes prêts à faire avec eux le
compromis nécessaire pour qu'ils se tiennent tranquilles : renoncer à conduire le bus là où ils ne
veulent pas aller. Ça ne pose pas trop de problèmes tant que la route est droite. Mais quand
survient un carrefour, la question du choix de la direction se pose. Avec le temps, on finit par
bien connaître les passagers menaçants et par savoir que, si on fait mine de s'engager dans telle
ou telle direction, ils vont se précipiter dans le couloir et venir jusqu'à nous, tout près, nous
menacer de leurs armes pour exiger que nous allions là où ils le veulent. Probablement que vous
avez, comme moi, tout essayé : le plus logique est de tenter d'expulser les passagers du bus.
Mais pour ça, il faut lâcher le volant. Là, notre vie n'avance plus. Et on finit toujours par
constater qu'ils ont trouvé moyen de revenir par la porte de derrière quand on croyait s'en être
débarrassé par devant. La seule manière d'être tranquille c'est finalement d'aller où ils veulent.
Avec le temps, on peut les connaître si bien qu'on renonce même à actionner le clignoteur ou à
toute autre velléité de s'écarter de la route tracée et on peut même finir par (presque) oublier la
présence des importuns désormais calmés. Le prix à payer c'est que notre vie ne va plus dans la
direction qui nous est chère. Est-ce que votre vie vous appartient ou est-ce que c'est celle de vos
Thérapie 4 à 7 95
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
passagers, de la programmation dont votre passé vous a fait le dépositaire ? De quel métal les
Thérapeute : Le truc dans tout ça c’est que le pouvoir que les passagers ont sur vous est
entièrement base sur la menace suivante : « Si tu ne fais pas ce que l’on te dit de
C’est vrai que quand ils déboulent du fond du bus on dirait qu’ils sont prêt à en
faire bien plus. Ils ont des couteaux à cran d’arrêt, des chaînes à vélo, etc. Ils
passez avec eux c’est de faire ce qu’ils vous disent de faire de façon à ce qu’ils
ne viennent pas se tenir à côté de vous le conducteur et que vous n’ayez pas à les
prochaine, en fait ça n’est jamais réellement arrivé. Ces passagers ne peuvent rien
Le thérapeute peut continuer à faire référence à la métaphore des passagers dans le bus
tout au long du travail de délittéralisation. Des questions comme « et quel passager vous
menace là tout de suite ? » peuvent aider à réorienter le client qui pratique l’évitement
émotionnel en séance.
Thérapie 4 à 7 96
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
L’exercice qui suit est une des interventions pour promouvoir la défusion les plus
couramment utilisée. Quand on la fait avec des clients souffrant de TOC, il est plus utile de le
faire avec l’obsession du client. Si l’obsession est une longue phrase, raccourcissez-la pour
Thérapeute : Faisons un petit exercice. Je vais vous demander de me dire votre obsession la
plus courante.
Client : Et bien…
Thérapeute : Et que vous est-il venu à l’esprit quand vous m’avez dit cette phrase?
Thérapeute : D’accord, et quoi d’autre encore ? Qu’est ce qui apparaît quand on dit
« contaminé » ?
Client : Peur
Client : Facilement.
Thérapie 4 à 7 97
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
Thérapeute : D’accord alors voyons voir si ça marche. Ce qui vous a traversé l’esprit c’était
imaginée de cette contamination. Tout ce qui s’est passé, c’est que nous avons
Remarquez bien qu’il n’y a pas de contamination dans la pièce. Pas la moindre.
la sentions – et pourtant seul le mot était présent ici. À présent voici un petit
exercice si vous êtes prêt à l’essayer. Cet exercice est un peu idiot et il est
possible que vous vous sentiez embarrassé de le faire. Je le vais faire avec vous,
comme ça nous nous sentirons idiot tous les deux. Ce que je vais vous demander
fois et puis nous allons regarder ce qui se passe. Êtes-vous disposé à essayer ?
Client : Après environ 30 répétitions ils ont disparu. Tout ce que je pouvais entendre était
Thérapie 4 à 7 98
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
étrange que je ne connaissais même pas ce mot que je répétais. On aurait plus dit
disparaît. La première fois que vous l’avez dit, c’était comme si la contamination
était réellement ici dans la pièce. Mais tout ce qui s’était vraiment passé c’est que
vous aviez prononcé un mot. La première fois que vous l’avez dit, il était
vraiment chargé de sens, vraiment dense et lourd. Mais quand vous vous êtes mis
Thérapeute : Et bien quand vous vous dites des choses, en plus du sens derrière ces mots, est-
ce qu’il n’est pas vrai que ces mots sont juste des mots ? Les mots ne sont que de
Cet exercice démontre assez rapidement que, alors que le sens littéral domine le langage,
il n’est pas difficile d’établir des contextes dans lesquels le sens littéral s’affaiblit rapidement
Cet exercice montre combien rapidement les pensées nous font dévier de l’expérience
quand nous les « achetons ». Tout ce que je vais vous demander, ce de penser ce que vous
voudrez et de laisser les pensées couler, les unes après les autres. Le but de cet exercice, c’est
au travers de vos pensées. Comme avec des lunettes, vous pouvez regarder les lunettes quand
Thérapie 4 à 7 99
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
vous les tenez à la main et regarder à travers vos lunettes, et vous oubliez bientôt que vous les
portez. Vous saurez à quel moment le glissement c’est produit, à quel moment vous aurez enfilé
les lunettes de vos pensées, quand le défilé des pensées se sera arrêtée, où quand vous vous
retrouverez entrainé dans cette parade ou bien tout simplement quand l’exercice aura disparu !
Je vais vous demander d’imaginer qu’il ya des petits personnages, des petits soldats qui
sortent de votre oreille gauche, forment une parade et se mettent à marcher devant vous. Chaque
soldat porte une pancarte et chaque pensée que vous avez est une phrase écrite sur une de ces
pancartes. Certaines personnes n’aiment pas l’image des petits soldats, alors il y a une autre
image que j’utilise aussi : des feuilles dans un ruisseau. Choisissez l’image qui vous convient le
Focalisez-vous et commencez à laisser vos pensées, écrites sur les pancartes que portent
les petits soldats rejoindre le défilé [adapter en « écrites sur des feuilles qui tombent dans le
ruisseau » le cas échéant]. À présent voici votre tâche. Votre tâche est de simplement observer
le défilé passer sans chercher à intervenir pour l’arrêter ni sans sauter pour la rejoindre. Vous
êtes seulement supposé la laisser passer. Il est cependant très improbable que vous arriviez à
faire cela sans interruption, et c’est là un point clé de l’exercice. À un moment ou à un autre,
vous aurez la sensation que le défilé s’est arrêtée ou que vous avez perdu le fil de l’exercice, ou
que vous avez rejoint le défilé plutôt que d’être resté sur les gradins à observer. Quand cela
arrivera, je vais vous demander de revenir en arrière quelques instants et de voir si vous arrivez
à saisir ce que vous faisiez juste avant que le défilé ne s’arrête. Puis, de nouveau, inscrivez vos
pensées sur les pancartes et reprenez l’exercice jusqu’à ce que le défilé s’arrête de nouveau, et
ainsi de suite. Le plus important c’est remarquer quand ça s’arrête pour quelque raison que ce
soit et essayer de voir ce qui s’est passé juste avant qu’elle ne s’arrête.
Thérapie 4 à 7 100
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
Une dernière chose. Si le défilé ne démarre même pas, si vous commencez à vous dire
“ça ne marche pas” ou bien “je ne fais pas l’exercice correctement”, inscrivez simplement ces
semaine, on assignera au client les exercices suivants qui aident le client à garder le contact avec
le matériel présenté en séance. Pour ce qui est des engagements comportementaux, le thérapeute
Cet exercice entraine le client à reconnaître quelles sont les pensées qui l’accrochent le plus. Le
thérapeute encourage le client à ne pas se contenter de noter ses pensées obsessionnelles, mais
surtout celles de ses pensées autour des pensées obsessionnelles qui fonctionnent comme des
Exercice : Pratiquer la convention de langage j’ai la pensée (optionnel)
Le client est invité à pratiquer l’utilisation de la convention de langage aussi souvent que
Exercice : Pratiquer la convention de langage remplacer Mais par Et (optionnel)
Le client est invité à pratiquer l’utilisation de la convention de langage aussi souvent que
Thérapie 4 à 7 101
Manuel ACT pour le TOC La Défusion Cognitive — Consultations 8 à 10
Le client est invité à observer les passagers qui viennent à l’avant de son bus quand il veut le
diriger dans des directions importantes et à observer ce qui se passe pour lui. Cet exercice est
Thérapie 4 à 7 102
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
Le but de cette phase du traitement est d’aider le client à contacter un sens de soi stable
depuis lequel aucune expérience ne le menace. Ce sens de soi, appelle soi observateur ou soi
contexte, est la perspective depuis laquelle toute expérience est faite. Du point de vue de la
Depuis la perspective de ce sens de soi observateur, une réconciliation du client avec son
expérience, ses pensées et lui-même devient possible, une relation plus bienveillante, douce et
compassionnée envers lui-même. Le contact avec le soi comme contexte permet également
d’approfondir la défusion, et notamment la défusion d’avec ses rôles, son histoire personnelle et
un sens de soi conceptualisé réduit à ses expériences, ses rôles ou encore son histoire.
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
et
des
engagements
comportementaux
4. Introduire
«
le
soi
comme
contexte
»
5. Introduire
la
compassion
pour
soi
6. Engagements
comportementaux
7. Exercices
Thérapie 7 à 9 103
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
présenté en séance en vue de contrôler ses obsessions. Ces informations donneront des
Passez en revue les expériences du client associées aux exercices. Les expériences du
Contacter le soi observateur (ou soi comme contexte) dans le traitement du TOC
implique arriver à traiter ses évènements privés comme rien de plus que n’importe quel
évènement quotidien, de traiter une pensée comme une pensée, une émotion comme une
émotion, une sensation comme une sensation, rien de plus. Les individus souffrant de TOC ont
le plus grand mal du monde à ne pas céder à leurs obsessions parce qu’ils les ressentent comme
étant des évènements réels. Le client a pu rencontrer cela quand il s’est engagé dans les
exercices des phases précédentes. Si le client avait du mal à créer une disponibilité à faire
l’expérience de son obsession sans y répondre, utilisez cela comme un point d’entrée pour
introduire le soi observateur. Le soi observateur n’est pas quelque chose que l’on puisse décrire
Thérapie 7 à 9 104
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
verbalement, c’est une posture psychologique qui s’apprend le mieux à travers la pratique et
l’expérience.
Pour ce faire, pratiquer l’observation de son expérience à l’aide de la matrice est une
manière idéale d’entrainer le contact avec le soi observateur. En effet, l’observation au moyen
de la matrice se fait toujours du point de vue du soi observateur. À compter de cette phase du
traitement, le thérapeute va donc inviter le client à trier toutes ses expériences avec la matrice.
La métaphore du jeu d’échec est une intervention centrale de l’ACT et représente une
autre manière de connecter le client avec la distinction entre contenu et le soi en tant
qu’observateur
Imaginez le plateau d'un jeu d'échecs qui ne serait pas limité à 8 cases sur 8 mais qui s'étendrait
à l'infini dans toutes les directions. Et sur ce plateau, comme les pièces du jeu d'échecs, vos
les classer en deux équipes. Il y a les blancs : en général, les bonnes pensées ne sont pas très
loin des images sympa et des sensations physiques agréables. Et puis les noirs. Les mauvaises
pensées font équipe avec les pensées et les émotions qu'on préfère ne pas regarder et les
sensations physiques désagréables. Comme dans le jeu d'échecs, les deux équipes luttent pour
contrôler le terrain. (On peut choisir n'importe quel autre jeu opposant deux équipes, en fonction
des intérêts du client et des siens propres. Je propose souvent l'exemple d'un match de football.)
Les pièces de chaque couleur se tiennent souvent les unes près des autres, comme les pensées
obsédantes et les « bonnes » pensées. On met les « bonnes » pièces d’un côte (comme les
pensées d’arriver à contrôler, d’avoir confiance en soir, etc.) face aux « mauvaises pièces » de
Thérapie 7 à 9 105
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
l’autre (les obsessions, les pensées intrusives). Est-ce que vous avez remarqué en vous une lutte
de ce genre ? Depuis combien de temps dure-t-elle ? Est-ce que vous soutenez une des deux
équipes ? C’est comme une guerre, non ? Mais il y a un petit problème logique dans tout ça. Le
fait que vu comme ça, de grandes parties de vous-même deviennent votre propre ennemi. Si
vous êtes obligé de mener cette guerre, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas en
vous. Et puisque vous voilà au même niveau que les pièces du jeu, celles-ci peuvent être aussi
grosse ou même plus grosses que vous, mai ces pièces sont en vous. Alors, plus vous combattez,
plus grosses elles deviennent. S’il est vrai que “si vous n’êtes pas dispose à l’avoir, vous
l’aurez”, alors plus vous les combattez, plus elles prennent une place centrale dans votre vie,
de plus en plus liées à tous les domaines de votre vie. Bien sûr l’idée logique c’est de penser que
si vous arriviez à supprimer assez de pièces noires du plateau, vous finirez par réussir à les
dominer – sauf que votre expérience vous dit que c’est exactement le contraire qui arrive. Il
semblerait qu’il ne soit pas possible de faire sortir les pièces noires du plateau. Alors la guerre
continue. Vous perdez graduellement tout espoir, vous avez l’impression que vous ne pouvez
pas gagner et pourtant vous n’arrivez pas à cesser le combat. Si vous restez juché sur le cavalier
blanc, vous battre restera votre seule option parce que les pièces noires vous sembleront
menacer votre vie. Mais, franchement, vivre dans une zone de guerre, c’est pas une manière de
vivre.
Une fois que le client se reconnaît dans cette métaphore, on peut la tourner vers la
question du soi.
Thérapeute : à présent laissez-moi vous poser cette question : si, dans cette métaphore, vous
Thérapie 7 à 9 106
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
Client : Le joueur ?
Thérapeute : Le joueur, c’est exactement ce que vous avez essayé d’être, ça c’est la vieille
idée. Le joueur est vraiment investi dans le résultat de la guerre. Et puis contre
qui joueriez-vous ? Un autre joueur? Donc disons que ça n’est pas ça non plus.
Thérapeute : ça peut être utile de regarder les choses comme ça. Sans plateau, il n’y aurait rien
où poser les pièces. Le plateau les tient. Qu’arriverait-il à vos pensées si vous
n’étiez pas là pour en être conscient ? Les pièces ont besoin de vous . Elles
ne pourraient pas exister sans vous, mais si vous qui les contenez, pas elles qui
vous contiennent. Remarquez bien que si vous êtes les pièces, le résultat du jeu
prend une importance vitale. Mais si vous êtes le plateau, ça n’a pas
d’importance que la guerre s’arrête ou pas. La partie peut bien continuer mais ça
ne fait aucune différence pour le plateau. En tant que plateau, vous pouvez-voir
toutes les pièces, vous pouvez les tenir, vous êtes en contact intime avec elles, et
vous pouvez regarder cette guerre qui se déroule avec votre conscience, mais cela
On peut même mimer la métaphore du jeu d’échec en thérapie. Par exemple on peut
poser une feuille de carton sur le sol et y disposer des choses plus ou moins jolies (des photos,
des petits détritus, etc.) On peut demander au client de remarquer que le plateau ne fait aucun
effort pour tenir les pièces (une métaphore pour l’absence d’effort que demande la disponibilité,
l’action physique que le plateau exerce pour tenir les pièces étant la métaphore de la
disponibilité). On peut faire remarquer au client qu’au niveau du plateau, seulement deux
Thérapie 7 à 9 107
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
choses sont possibles : soutenir les pièces et les faire toutes se déplacer dans la même direction.
Il n’est pas possible de bouger des pièces particulières sans changer de niveau d’intervention.
Remarquez aussi que le plateau est en contact direct avec toutes les pièces alors que toutes les
pièces ne sont pas en contact les unes avec les autres – donc la disponibilité ça n’est pas le
détachement ou la dissociation. En fait, quand on « achète » une pensée, ou que l’on lutte avec
une émotion, on passe du niveau du plateau au niveau des pièces et à ce niveau, les autres
pièces, bien qu’elles soient effrayantes, ne sont pas même réellement touchées.
Une fois que cette métaphore a été présentée au client, il est utile de la réactiver
du plateau ? » Tous les arguments, raisons, etc. que le client produit sont tous des exemples de
« pièces » et donc cette métaphore peut aider à défusionner le client de telles réactions. Le
concept de « niveau du plateau » peut être utilisé fréquemment pour connoter une position dans
psychologique. Le point central c’est que les pensées, émotions, sensations, images, souvenirs
etc. sont des pièces, elles ne sont pas vous. On peut faire l’expérience de cela à tout instant mais
la fusion avec les contenus psychologiques peut submerger cette conscience. Les métaphores
telles que la métaphore du jeu d’échec aident à rendre ce point plus concret.
5. Exercices expérientiels
Ces deux exercices sont expérientiels. Ils devraient donc être pratiqués une fois en
séance afin que le client sache comment les faire à la maison pendant la semaine. Ils prennent
environ 10 minutes chacun. Le thérapeute peut vérifier avec le client pendant ces exercices pour
s’assurer que le client suit. Mais avant ces exercices, le thérapeute devrait demander au client de
ne pas lui parler pendant le déroulement de l’exercice. Le client devrait donner les réponses les
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Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
plus brèves possibles à toute question et attendre la fin de l’exercice pour reprendre la
conversation.
Nous avons besoin de donner au client l’expérience de lui-même en tant que contexte
plutôt que contenu. L’exercice de la position d’observateur (une variante de l’exercice d’auto
identification développé par Assagioli, 1971, pp.212-217) est destiné à commencer à établir un
Installez vous bien confortablement dans votre chaise. Fermez les yeux. Suivez ma voix.
Si au cours de cet exercice vous vous apercevez que votre esprit dérive, ramenez simplement
votre attention au son de ma voix [pause]. Observez la façon dont vous êtes assis sur votre
chaise. Observez les parties de votre corps qui sont en contact avec la chaise et les sensations
qui s’y trouvent. A mesure que vous apercevez ces sensations, notez simplement la sensation,
puis portez votre attention sur une autre partie de votre corps [pause]. Portez votre attention sur
ce que vous vous dites…ce qui vous passe par la tête, vos pensées et observez-les
Pendant que vous observiez tout cela, une partie de vous apercevait tout ça. Cette partie
de vous qui observait cela, c’est votre “moi observateur”. Il y a une personne là, derrière ces
yeux, et qui est consciente de ce que je suis en train de dire. Et cette personne, c’est la même
personne que vous avez été toute votre vie. Dans un sens profond, cet observateur, c’est le vous
Souvenez-vous à présent d’un moment de l’été dernier. Prenez n’importe quel souvenir
[pause]. Regardez autour de vous. Souvenez-vous de toutes les choses qui se passaient alors. Ce
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Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
que vous pouviez voir… les sons que vous entendiez… les odeurs, vos sensations, vos pensées,
vos émotions… [pause]. Pouvez-vous apercevoir que c’était vous qui aperceviez tout ce que
vous observiez ? Pouvez-vous apercevoir la personne qui voyait ce que vous voyiez, qui
entendait ce que vous entendiez, qui ressentait ce que vous ressentiez ? Cette personne c’était
vous, et c’est encore vous qui êtes là aujourd’hui. Je ne vous demande pas d’y croire, mais
simplement d’observer — et voyiez si ce « vous » qui était présent là-bas est le même « vous »
qui est ici, maintenant. La personne qui est consciente de ce dont vous étiez conscient l’été
dernier est ici, maintenant. Pouvez-vous apercevoir la continuité profonde de votre expérience,
et le fait que vous avez été vous toute au long de votre vie ? [pause].
Souvenez-vous à présent de quelque chose qui vous est arrivé quand vous étiez
toutes les choses qui se passaient alors. Regardez ce que vous pouviez voir, écoutez ce que vous
pouviez entendre, sentez les odeurs, observez vos sensations, vos émotions [pause]. Regardez si
vous arrivez à voir qu’il y avait là, derrière vos yeux, une personne qui voyait, entendait et
ressentait tout cela. Vous y étiez. Observez qu’il existe une continuité entre la personne
consciente de ce dont vous êtes conscient aujourd’hui et l’adolescent(e) qui était conscient(e) de
ce dont vous étiez conscient(e) alors. Vous avez été vous toute votre vie [pause].
Souvenez-vous à présent quelque chose qui s’est passé quand vous étiez très jeune,
disons 6 ou 7 ans. Prenez n’importe quel souvenir qui se présente. Regardez autour de vous.
Souvenez-vous de ce qui se passait. Regardez ce que vous pouviez voir, ce que vous entendiez,
les odeurs, vos sensations, vos émotions. C’était vous qui voyait, entendait et ressentait toutes
ces choses. Vous étiez déjà là-bas, et vous êtes ici maintenant. Pouvez-vous apercevoir que,
dans un sens profond, le « vous » qui était présent là-bas est aussi présent ici, maintenant ? Vous
Thérapie 7 à 9 110
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
avez été vous toute votre vie. Partout où vous êtes allé, vous étiez présent et observiez votre
Depuis cette perspective, je vais à présent vous proposer de considérer quelques aspects
et domaines de l’existence. Commençons par votre corps. Remarquez comment votre corps
change sans cesse. Parfois il est malade, parfois en bonne santé. Parfois reposé, parfois fatigué.
Parfois plus fort, parfois plus faible. Il fut un temps où vous étiez un bébé minuscule, et puis
votre corps a grandi. Peut-être avez-vous perdu certaines parties de votre corps, comme à
l’occasion d’une opération. Vos cellules sont mortes. Les cellules vivantes de votre corps
n’étaient vraisemblablement pas présentes quand vous étiez adolescent(e). Vos sensations
corporelles vont et viennent également. Elles ont peut-être changé plusieurs fois depuis le début
de cet exercice. Si tout cela change sans cesse et que pourtant le vous que vous appelez « moi »
a été présent toute votre vie, cela veut dire que vous n’êtes pas votre corps, ni vos sensations.
Observez votre corps pendant quelques instants et pendant que vous faites cela, regardez si, de
Considérons un autre domaine : vos rôles. Remarquez combien de rôles vous avez ou
compétent », à d’autres moments vous êtes un(e) « leader » à d’autres un(e) « suiveur(euse) »…
Vous remplissez à chaque instant un rôle ou un autre. Et pendant tout ce temps, la partie de vous
qui est « vous » regarde et est consciente de ce dont vous êtes conscient. Ce « vous » ne change
pas. Vos rôles changent, et pourtant vous avez été présent(e) toute votre vie. C’est donc que,
bien que vous ayez des rôles, vous n’êtes pas vos rôles [pause].
Thérapie 7 à 9 111
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
Prenons un autre domaine : les émotions. Remarquez la manière dont vos émotions
changent. Parfois vous ressentez de l’amour, parfois de la colère, parfois du calme, puis de la
tension, parfois de la joie, puis de la tristesse. À l’instant présent, vous faites peut-être
l’expérience de certaines émotions : intérêt, agitation, ennui, relaxation. Pensez à ces choses que
vous avez aimées et que vous n’aimez plus ; à ces peurs que vous aviez et que vous n’avez plus.
La seule chose dont on peut être sûr avec les émotions, c’est qu’elles changent constamment.
Une vague d’émotion vient, et elle passe comme les vagues sur l’océan. Pourtant, bien que ces
émotions fluctuent, observez comment, profondément, « vous » ne changez pas. C’est parce
que, bien que vous ayez des émotions, vous n’êtes pas que vos émotions. Il y a quelque chose
de constant en vous. Vous restez vous à travers tous ces changements. Prenez quelques instants
pour observer vos émotions et, pendant que vous les observez, essayez d’apercevoir que c’est
Considérons à présent un domaine plus complexe, vos pensées. Votre activité mentale
génère continuellement des pensées et toutes les choses que vous vous dites. Les pensées sont
complexes car elles sont parfois collantes et ont tendance à nous attraper et à nous aspirer. Si
cela arrive, revenez simplement au son de ma voix. Remarquez la manière dont vos pensées
changent constamment. Tout(e) petit(e), avant d’apprendre à parler, vous n’aviez pas encore de
mots, puis les pensées ont commencé à se former dans votre esprit. Plus tard vous êtes allé à
l’école et avez appris de nouvelles pensées. Vous y avez acquis de nouvelles idées, de nouveaux
savoirs. Parfois vous voyez les choses d’une certaine manière, parfois d’une autre manière. Vos
pensées peuvent parfois vous sembler déraisonnables. Parfois elles semblent arriver
automatiquement, d’on ne sait où. Elles changent constamment. Observez vos pensées depuis le
début de cette journée. Combien de pensées différentes avez-vous eu ? Malgré cela, ce « vous »
Thérapie 7 à 9 112
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
qui aperçoit ce que vous pensez ne change pas. Cela veut dire que vous n’êtes pas que vos
pensées. Il ne s’agit pas d’y croire parce que je le dis, mais simplement d’observer votre
expérience. Le flot de vos pensées va continuer. Et vous pourrez être emporté(e) par ce flot.
Pourtant, dans l’instant même où vous réalisez que vous êtes emporté(e), vous réalisez aussi
qu’une partie de vous se tient un peu en retrait de tout ça — et qu’elle observe. Prenez quelques
instants pour observer vos pensées et, pendant que vous faites cela, regardez si vous pouvez
Au niveau de votre expérience — pas au niveau de vos croyances — vous n’êtes pas
simplement votre histoire, pas uniquement votre corps… pas juste vos rôles… pas seulement
vos émotions… pas plus que vous n’êtes vos seules pensées. Toutes ces choses sont le contenu
de votre vie. Vous êtes le contenant, le terrain qui les contient et sur lequel elles se déroulent.
Pendant que vous réalisez cela, remarquez que ces choses contre lesquelles vous avez lutté et
que vous avez essayé de changer ne sont pas non plus vous. Quel que soit le résultat de cette
lutte, vous resterez, vous-même, inchangé(e). Voyez si vous pouvez, à la faveur de cette
connexion avec votre moi observateur, lâcher un peu prise, sachant que vous avez traversé tout
cela et qu’il ne vous est pas nécessaire de rester attaché(e) aux contenus de votre expérience —
que ces contenus ne sont pas la mesure de votre vie. Observez simplement les expériences qui
se présentent dans ces différents domaines et, observez également que vous êtes toujours ici —
et que c’est vous qui êtes conscient de tout ce dont vous êtes conscient [pause].
À présent, vous pouvez ramener votre attention à la pièce, à la chaise sur laquelle vous
êtes assis(e). Respirez doucement. Et quand vous vous sentirez prêt(e), ouvrez les yeux.
On peut donner cet exercice au client à faire chez lui. On lui conseillera alors de choisir
Thérapie 7 à 9 113
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
sur CD de l’exercice.
La fusion avec les contenus de son expérience et avec l’histoire que lui raconte son
intelligence a souvent pour effet de faire que le client se traite avec la plus grande dureté. La
observateur permet d’entrainer une réconciliation graduelle avec son expérience intérieure, son
pour soi.
Le thérapeute va explorer avec le client s’il a plutôt tendance à interagir avec lui-même
et à se parler et se juger avec dureté ou avec douceur. Si avec dureté, ce qui est pratiquement
toujours le cas, le thérapeute invite le client à considérer comment cela a fonctionné pour lui, si
ça l’a aidé à avancer. Puis il lui demande si se traiter avec plus de douceur pourrait faire une
Dans cet exercice méditatif visant à cultiver la compassion pour soi, le thérapeute invite
le client à s’asseoir et à fermer les yeux comme pour exercice d’observation guidé.
instants pour laisser votre attention se poser sur votre respiration et les mouvements dans votre
Laissez venir à votre esprit le souvenir d’une situation douloureuse récente. Prenez
quelques instants pour bien visualiser la situation : l’endroit où vous vous trouviez. La lumière,
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Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
la température — ce que vous pouviez voir autour de vous. S’il y avait quelqu’un avec vous,
prenez quelques instants pour regarder cette personne, la façon dont elle était habillée, ce
qu’elle faisait, l’expression de son visage, et ce qu’elle disait. Puis laissez venir à votre esprit ce
Sur une prochaine inspiration, inspirez votre inconfort et votre souffrance en vous
ouvrant au fait que ce que vous ressentiez alors et ressentez en cet instant, des milliers et des
milliers d’autres que vous l’ont ressenti depuis que le monde est monde et que des milliers et
des milliers de personnes ressentent en cet instant ce que vous ressentez. Vous n’êtes pas seul.
[pause] Prenez quelques instants pour vous connecter avec ces personnes qui souffrent comme
vous souffrez, ces personnes qui ressentent ce que vous ressentez. Et voyez si vous pouvez
former l’intention que ces personnes soient libérées de la souffrance, de la lutte, de la honte,
d’avoir tort, d’être fautives, et de toutes ces choses qui peuvent survenir avec la souffrance.
[pause] Et, avec chaque expiration, dirigez cette intention de voir s’apaiser la souffrance en
direction de toutes ces personnes qui souffrent comme vous souffrez. Inspirez la souffrance, et
Si vous trouvez que ça devient trop difficile, essayez d’imaginer que votre cœur
s’agrandit à chaque expiration de votre intention bienveillante et que, petit à petit, il devient
assez grand pour contenir toute votre souffrance, tous vos soucis, toutes vos difficultés. À
chaque respiration, vous ouvrez votre cœur un peu plus grand, si bien que vous n’avez plus
Si vous observez que votre esprit vous éloigne de l’exercice, félicitez-vous de l’avoir
Thérapie 7 à 9 115
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
À présent vous pouvez ramener votre attention à la pièce et à nous deux qui sommes ici
Le thérapeute peut mettre à profit les propriétés de la prise de perspective pour aider le
client à se distancer de son sens de soi conceptualisé et cultiver sa compassion pour lui. Pour ce
faire, il prendra soin de proposer à son client des exercices expérientiels, l’induisant à faire
le client à observer une situation de son enfance à travers les yeux de l’enfant qui a vécu cette
situation.
C : C’était toujours pareil quand j’étais petite, il n’y avait jamais de place pour moi.
C : Oui
T : Je voudrais vous inviter à fermer les yeux, puis à choisir une situation de votre enfance où
C : Ça y est.
T : Bien. À présent prenez quelques instants pour identifier ce que vous pouvez observer autour
de vous. Où vous étiez, la lumière ambiante, les odeurs, les sons [pause]. Observez comment
vous étiez habillée, coiffée, ce que vous faisiez [pause]. S’il y avait d’autres personnes avec
Thérapie 7 à 9 116
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
vous, prenez quelques instants pour les observer, observez leur posture, l’expression de leur
C : Je suis avec ma mère. J’ai été battue par des camarades à l’école et je viens la voir pour
qu’elle me réconforte. Mais elle me rejette. Elle me parle durement. Elle dit qu’elle n’a pas
le temps. Elle ne m’écoute même pas et dit que j’ai du le chercher. Il n’y a qu’à voir
C : [Pleure] Je me sens honteuse, coupable, seule. En colère aussi. J’ai peur d’elle. [Sanglote.]
Je me sens toute seule, sans défense. Comme s’il y avait quelque chose de mauvais en moi.
T : C’est vraiment douloureux pour cette petite Juliette. Continuez à regarder à travers ses
yeux, à ressentir ce qu’elle ressent. De quoi a-t-elle besoin, là, tout de suite ? [Pause.] À
présent imaginez que la Juliette adulte que vous êtes devenue puisse aller à la rencontre de
cette petite Juliette de neuf ans. Il y a-t-il quelque chose dont elle ait besoin que vous
aimeriez pouvoir faire pour elle, lui donner ou lui dire ? [Pause.] Que faites-vous ?
C : [Sanglote.] Je la prends dans mes bras et je la serre. Et je lui dis que ce n’est pas de sa faute
[pleure].
Thérapie 7 à 9 117
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
T : C’est bien [pause]. À présent imaginez que cette petite fille puisse à son tour s’adresser à
vous telle que vous êtes aujourd’hui, imaginez qu’elle sache tout ce que vous avez vécu
depuis ce jour. Et qu’elle puisse à son tour vous dire ou vous offrir quelque chose [pause].
Que fait-elle ?
C : [Sanglote] Elle me prend dans ses bras elle aussi. Elle me dit qu’elle m’aime et que je vais
m’en sortir, que je peux continuer à avancer, et qu’elle est avec moi.
T : Merci, Je me suis senti touché par cette rencontre entre vous et la petite fille de neuf ans. Je
Dans cet exercice, la clé est d’entrainer la flexibilité dans la prise de perspective : de
contact expérientiel avec la continuité de l’être entre les deux moments et permet de créer un
Dans ce type d’exercice, il peut aussi arriver que le client ne soit pas encore prêt à offrir
thérapeute soulignera alors la capacité à prendre perspective et pourra identifier cette difficulté
du client à se donner ce dont il a besoin comme une cible du traitement. Il peut également
revenir à la matrice et identifier avec le client les obstacles et les hameçons l’ayant empêché de
se faire ce cadeau.
7. Engagements comportementaux
pratiquer être disposé à faire l’expérience de la compulsion sans y céder. Ces exercices de
disponibilité devraient continuer pendant le reste du traitement afin que le client fasse
Thérapie 7 à 9 118
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
des durées spécifiques ou des quantités spécifiques. Le client devrait augmenter ses
engagements tout au long du traitement. Le client ne doit pas être poussé à s’engager au delà de
ses capacités ; en même temps le client devrait choisir des engagements qui représentent des pas
répertoire de disponibilité.
semaine, on assignera au client les exercices suivants qui aident le client à garder le contact avec
le matériel présenté en séance. Pour ce qui est des engagements comportementaux, le thérapeute
Cet exercice entraine le client à pratiquer le tri avec la matrice dans diverses situations de vie.
Le client est invité à pratiquer l’exercice de l’observateur à l’aide d’un CD préenregistré ou d’un
Le client est invité à pratiquer cet exercice d’entrainement de la compassion pour soi.
Thérapie 7 à 9 119
Manuel ACT pour le TOC — Soi Observateur et la Compassion pour Soi — Consultations 11 à 13
Le client est invité à observer les passagers qui viennent à l’avant de son bus quand il veut le
diriger dans des directions importantes et à observer ce qui se passe pour lui. Dans cette phase,
le client est invité à observer la manière dont il parle à ses passagers et encouragé à explorer des
manières plus douces de leur parler. Cet exercice est très puissant et pourra être assigné à
Thérapie 7 à 9 120
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
Une fois en contact avec la position d’observateur, le client est plus à même d’observer
matrice.
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
et
des
engagements
comportementaux
4. Approfondir
l’observation
5. Introduire
l’apprentissage
des
discriminations
en
temps
réel
6. Augmenter
la
focalisation
sur
les
engagements
comportementaux
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
présenté en séance en vue de contrôler ses obsessions. Ces informations donneront des
Thérapie 10 à 12 121
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
Passez en revue les expériences du client associées aux exercices. Les expériences du
4. Approfondir l’observation
Selon les progrès du client, le but de cette phase est d’approfondir les capacités
La carte SIM7
expérience des cinq sens. Nous le présentons ici sous forme d’un dialogue suivi de son
débriefing commenté afin d’illustrer la manière dont les exercices d’observation peuvent être
débriefés.
T : Cet exercice s’appelle la carte SIM, S comme sensations, I comme intelligence, M comme
monde. Je vais vous inviter à observer successivement vos sensations corporelles à travers
votre expérience intérieure, votre intelligence à travers votre activité mentale et le monde à
travers l’expérience de vos cinq sens. Posez les pieds bien à plat sur le sol, jambes
décroisées. Posez les mains sur vos genoux. Décollez le dos de la chaise si cela ne vous est
pas trop inconfortable et prenez une position qui vous permettra de ne plus bouger votre
7
Cet exercice provient de Schoendorff (2009). Faire face à la souffrance, choisir la vie plutôt que la lutte
avec la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement. Paris : Retz. Une version audio en format mp3 est téléchargeable
Thérapie 10 à 12 122
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
corps ou votre visage pendant les quelques minutes que durera notre exercice. Laissez vos
[Sensations] A présent, laissez votre attention se porter sur les sensations là où vos pieds
sont en contact avec le sol et observez ces sensations de contact [pause]. Puis laissez votre
attention se porter là où vos cuisses sont en contact avec la chaise et observez ces sensations
de contact [pause]. Puis observez les sensations de contact là vous mains et vos cuisses sont
en contact [pause]. Maintenant laissez votre attention se porter sur les sensations de
mouvement dans votre poitrine et votre ventre quand vous inspirez ... [pause], puis quand
vous expirez [pause plus longue]. Si vous apercevez des sensations d’inconfort, de tension, ou
même des douleurs en quelque endroit de votre corps, prenez quelques instants pour observer
Thérapie 10 à 12 123
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
[Intelligence] Maintenant, laissez votre attention se tourner vers ce que vous vous dites, les
choses qui vous passent par la tête. Pensées, mots, images, souvenirs. Et observez simplement
toutes ces choses qui vont et qui viennent dans votre tête [pause]. Peut-être apercevrez-vous
que vous essayez d’éviter certaines pensées ou images, de les chasser, ou même de les
retenir. Peut-être même vous apercevrez-vous que certaines pensées ou images vous
accrochent et vous emportent. C’est tout à fait normal [pause plus longue]. C’est ce que fait
l’intelligence.
[Monde] A présent, laissez votre attention se porter sur les choses que vous pouvez percevoir
dans le monde autour de vous au moyen de vos cinq sens. Observez les bruits que vous
pouvez entendre au premier plan… [pause] puis en arrière plan [pause]. Pouvez vous
percevoir les variations subtiles du bruit de fond ? [pause] Peut-être pouvez-vous apercevoir
des odeurs dans la pièce [pause]. Pouvez-vous apercevoir que c’est vous qui observez vos
sensations, vos pensées et, à travers vos cinq sens, ce qui se passe dans le monde ? [pause] À
présent vous pouvez ramener votre attention à la pièce… [pause] À la chaise sur laquelle
vous êtes assis… [pause] Et quand vous vous sentirez prêt, vous pourrez laisser vos yeux se
rouvrir doucement.
évaluations (exemple : ‘Ça c’est mal passé, j’ai pu bien le faire, c’était mieux/moins bien que la
Parfois l’activité d’évaluation est tellement proéminente qu’elle ne laisse que peu de
place à la simple description de l’expérience. Dans ce cas, il peut être utile de noter ce que le
Thérapie 10 à 12 124
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
client dit sur une feuille ou au tableau. Le thérapeute pose des questions sous la forme :
‘Qu’avez-vous observé ?’ et note en haut les descriptions et en bas les évaluations, en utilisant
les mots du client. Puis il demande au client s’il a remarqué qu’il avait écrit certaines choses en
haut et certaines choses en bas et s’il peut identifier une différence entre les deux. Il présente
différence tant dans les exercices que dans ce qu’il dit. Il peut ensuite proposer un nouvel
Le classement
Dans cet exercice, le thérapeute — avec l’autorisation du client — ‘classe’ les énoncés
du client dans différente catégories : description, jugement, émotion, pensée, etc… afin de
l’aider à mieux reconnaitre ses différents contenus et ainsi pouvoir s’en distancer.
La souffrance, c’est parfois comme un monstre énorme qui ferait un bruit épouvantable
et serait hérissé de pointes acérées brillant de mille feux. Quand on le voit ou qu’on l’entend
s’approcher, on n’a qu’une seule envie, prendre ses jambes à son cou. Et pourtant, si on le
laissait s’approcher, on s’apercevrait que ce monstre est en fait composé de milliers de boites de
individuellement, aucune de ces boites n’est terrifiante. La souffrance aussi est composée de
boites de conserves : une pensée, un image, une émotion, une sensation corporelle, une autre
Le thérapeute invite le client à évoquer une de ses souffrances ou une situation difficile
Thérapie 10 à 12 125
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
invite le client à décrire les différentes ‘boites’ qui composent sa souffrance. Une fois chaque
‘boite’ identifiée, il peut proposer au client d’identifier de quoi chaque boite est composée.
Cet exercice peut aussi se pratiquer sur les difficultés qui se présentent dans le
déroulement de la thérapie.
Le thérapeute garde une matrice sortie et invite le client à trier son expérience sur la
matrice au cours de la conversation. Le thérapeute peut lui-même modéliser ce tri sur une
devrait être en mesure de répondre à la question ‘Et ça c’est où sur votre matrice ?’ de manière
flexible et rapide. Un des buts centraux du traitement est de permettre au client d’opérer cette
d’exemplaires multiples dans des contextes variés. Parmi ces contextes : discours sur le passé ;
discours sur le présent ; discours sur le futur ; discours sur le cours de la thérapie ; discours sur
les TOCS (obsessions et/ou compulsions) ; discours sur ce qui est important ; discours sur les
actions engagées.
Cet apprentissage plus intensif peut être présenté au client à l’aide de la métaphore du
GPS. La matrice est comme un système GPS. Il est important d’y introduire une direction, puis
de consulter régulièrement l’appareil pour voir où l’on se trouve et si les actions que l’on a
Thérapie 10 à 12 126
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
comportementaux. Le thérapeute invite le client à observer à l’aide de sa matrice son vécu lores
de ces exercices. Il l’invite à identifier ceux des exercices déjà pratiqués qui l’aident à avancer
en présence de.
semaine, on assignera au client les exercices suivants qui aident le client à garder le contact avec
le matériel présenté en séance. Pour ce qui est des engagements comportementaux, le thérapeute
Cet exercice entraine le client à pratiquer le tri avec la matrice dans diverses situations de vie.
Le client est invité à pratiquer cet exercice seul ou à l’aide d’un fichier mp2 téléchargeable.
Le client est invité à observer de quoi sa souffrance est composée quand elle se présente et à
Thérapie 10 à 12 127
Manuel ACT pour le TOC L’Observation — Consultations 14 à 16
Le client est invité à observer les passagers qui viennent à l’avant de son bus quand il veut le
diriger dans des directions importantes et à observer ce qui se passe pour lui. Dans cette phase,
le client est invité à observer la manière dont il parle à ses passagers et encouragé à explorer des
manières plus douces de leur parler. Cet exercice est très puissant et pourra être assigné à
Thérapie 10 à 12 128
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
À lire: Guide Clinique ACT — Chapitre 9 : Les valeurs. ACT Book — Chapter 8 : Valuing.
Une première évaluation des valeurs avait été réalisée à la séance 4. De plus, depuis
l’introduction des engagement comportementaux, le client a été encouragé à dériver des actions
en phase avec ce qui est important pour lui dans la vie. Cette phase du traitement vise à
approfondir plus avant le travail sur les valeurs afin de permettre au client de contacter des
renforçateurs verbaux intrinsèques qui sur la durée seront en mesure de contrer le pouvoir de
Dans cette phase, le thérapeute travaille à aider le client à choisir et clarifier librement,
pour lui-même, les qualités qu’il veut pouvoir incarner dans sa vie.
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
et
des
engagements
comportementaux
4. Clarification
des
valeurs
5. Augmenter
la
focalisation
sur
les
engagements
comportementaux
6. Exercices
Thérapie 13 à 15 129
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
présenté en séance en vue de contrôler ses obsessions. Ces informations donneront des
Passez en revue les expériences du client associées aux exercices. Les expériences du
s’impliquer dans la lutte avec ses obsessions. En contactant les contingences naturelles le client
devrait commencer à entrer en contact avec les résultats appétitifs de ne pas céder aux
compulsions. Si le client passe moins de temps à lutter avec ses compulsions, plus de temps sera
C’est le moment d’aider le client à clarifier plus avant ses valeurs. Le thérapeute pourra
inviter le client à faire l’exercice 12 ‘Identifiez vos valeurs’. Clarifier les valeurs du client
aidera à maintenir les résultats à long terme du traitement car cela aide donner un cap au client
Thérapie 13 à 15 130
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
dans les situations difficiles. De plus, augmenter le temps passé à des activités ayant de la valeur
pour le client aidera à maintenir les comportements dirigés par les valeurs au dépends des
Suite à cet exercice, thérapeute et client peuvent ensemble produire un narratif des
valeurs (Exercice 13) résumant les valeurs du client sous une forme narrative. Lors de cet
exercice, le thérapeute prête attention au danger de pliance de la part du client, c’est à dire
Le thérapeute invitera le client à imaginer qu’il est parti en voyage et que suite à une
avarie électronique et mécanique, son avion a perdu tout contact et a dû atterrir d’urgence sur
une ile déserte. On le croit mort. Des funérailles sont organisées auxquelles viennent assister des
personnes l’ayant côtoyé dans les différents domaines de sa vie et à qui l’on demande de parler
du défunt. Dans ces funérailles d’un type particulier, chacun s’est engagé à dire sa vérité et à
laisser de côté les conventions sociales qui veulent que l’on ne mentionne que les qualités des
défunts. Chacun va parler en toute franchise de la personne qu’il a connue. Ce qu’elle faisait,
comment elle était avec les autres. Que disent-ils ? Puis voilà qu’un jour un navire croisant au
large de l’île aperçoit une fumée et les passagers de l’avion sont retrouvés et rendu à leur vie. Le
client vit encore plusieurs décennies, puis arrive le jour du grand départ. Que voudrait-il que les
personnes qui étaient présentes à ses premières funérailles puissent, en toute sincérité, dire à
présent ?
Thérapie 13 à 15 131
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
Un exercice similaire, peut-être moins difficile pour certains clients qu’imaginer leur
décès, peut être fait autour d’un diner de célébration de la vie du client.
T : Imaginez que dans dix ans on organise un diner en votre honneur. Des personnes vous ayant
côtoyé dans les différents domaines de votre vie qui sont importants pour vous sont présentes
et vont faire des discours vous célébrant. Que voudriez-vous qu’elles puissent dire en toute
sincérité ?
Dans cet exercice, le client est invité à identifier une valeur importante pour lui dans un
domaine de vie important. Le thérapeute l’encourage à choisir un domaine dans lequel il se sent
particulièrement coincé, ou qu’il a négligé. Il invite son client à identifier les qualités dont il
voudrait pouvoir faire preuve et les actions qu’il lui tiendrait à cœur de faire dans ce domaine.
Puis le thérapeute invite le client à fermer les yeux et à se figurer le plus complètement
possible plusieurs situations dans lesquelles il agirait enfin en phase avec ses valeurs dans ce
domaine. Avec douceur, le thérapeute invitera le client à visualiser chaque situation en détail, à
se voir faire l’action, et à imaginer l’impact que cette action ou ces actions auraient sur lui et
d’autres personnes. Le thérapeute invite le client à observer son ressenti intérieur et à s’y ouvrir
aussi complètement que possible. S’il est d’accord, le client peut décrire à voix haute les
différents aspects de son expérience visualisée et ressentie. Après avoir évoqué plusieurs
situations, le thérapeute ramène le client à la pièce et propose que le travail de la thérapie soit au
service lui permettre faire ces actions. Il peut aussi suggérer au client de se connecter avec son
Thérapie 13 à 15 132
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
Conflits de valeurs
Les valeurs impliquent des choix. En choisissant de faire certaines actions, on renonce
nécessairement à faire d’autres actions qui pourraient elles aussi être importantes. Les valeurs
personnelles peuvent entrer en conflit les unes avec les autres et cela peut être une source de
souffrance significative. Les différents rôles valorisés que l’on a dans la vie peuvent eux aussi
entrer en conflit les uns avec les autres. En présence d’un conflit de valeurs, on peut être tenté
d’agir en direction de la valeur la plus facile à appliquer dans l’instant, ou encore en direction de
Suivre les valeurs les plus faciles à suivre, celles sur le chemin desquelles se présentent
le moins d’obstacles, ou celles qui font le moins souffrir, peut graduellement faire que la vie se
rétrécit et se vide de vitalité. Même les valeurs vécues peuvent alors en venir à perdre leur goût.
En cas de conflits de valeurs il est souvent utile de ralentir. Le thérapeute pourra inviter son
client à prendre le temps d’entrer en contact avec la totalité de son expérience, les pensées,
ressentis et souvenirs se présentant à lui quand il considère tour à tour chacun des choix qui se
présentent à lui. Puis, une fois pris le temps de faire de la place à tout ce que le choix évoque
comme émotions, y compris celles associées au renoncement et au fait de choisir avec son cœur,
il pourra agir en cohérence avec les valeurs qu’il aura choisi d’incarner à cet instant de sa vie.
Le thérapeute invite le client à considérer les valeurs sous l’angle d’un cube sur lequel
différentes valeurs sont inscrites. En tenant le cube de face près de son visage, une seule valeur
est visible, mais en éloignant un peu le cube et en le faisant quelque peu pivoter, il devient
possible d’en voir trois faces. De la même manière, il est parfois possible de choisir des actions
qui permettent d’incarner plus d’une valeur, par exemple, authenticité, ouverture et
disponibilité. Ou encore de combiner, par exemple, les domaines de la famille, des loisirs et des
Thérapie 13 à 15 133
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
soins personnels en engageant une activité de plein air avec toute sa famille. Forsyth et
collègues suggèrent de vivre les conflits de valeurs comme une danse flexible, comme un de ces
tapis de danse lumineux où l’on peut, à son propre rythme, choisir de faire des pas en direction
Après que les valeurs ont été clarifiées, il est temps d’assister le client à se focaliser sur
directement sur l’engagement dans ces activités qui le font avancer en direction de ses valeurs.
Les exercices qui suivent vont assister le client à s’engager dans des activités qui ont de la
À ce point de la thérapie il est utile d’expliquer au client que le besoin de disponibilité émerge
C’est comme s’il y avait un marais devant vous. L’acceptation c’est ce qui se passe quand vous
êtes disposé à avancer au travers de ce marais. Mais remarquez que tout cela a un but. Ce n’est
pas que nous ayons besoin de nous rouler dans la vase des marais. Mais quand nous voulons
allons quelque part, nous trouvons parfois un marais sur notre chemin et nous avons alors le
choix soit de changer de direction, soit d’être disposé à traverser ce marais. Avoir des valeurs et
des buts, c’est comme si on pouvait jeter une corde jusqu’à l’autre rive du marais, dans la
direction où nous voulons aller. Ensuite, quand vous vous retrouvez avec de la vase jusqu’au
Thérapie 13 à 15 134
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
ventre, vous pouvez toujours vous référer à la ligne que trace cette corde et voir si vous avancez
dans la direction que vous vous êtes fixée. Vous êtes la seule personne qui puisse lancer cette
Demandez au client d’imaginer qu’on lui donne le choix entre deux sortes de boissons
gazeuses : du coca ou de la limonade (ça peut aussi être fait avec des jus de fruit, des parfums
de glace, etc. Choisissez plutôt deux parfums entre lesquels le client n’a pas de péréférence
marqué). Demandez au client de choisir. Quoi que le client choisisse, demandez-lui pourquoi ?
S’il donne une raison, attaquez la raison. Soulignez le fait que le choix aurait pu être différent
même avec cette raison, et demandez au client de choisir à nouveau. Et puis la question c’est
quel boisson vous choisissez, pas quelle boisson vos raisons choisissent. Continuez jusqu’à ce
qu’il soit clair que toute raison que donne le client peut être discutée et rejetée et que les raisons,
en tant que telles, ne sont pas nécessaires. Dites au client que la question n’est même pas de
faire les choses parce que vous voulez les faire, parce qu’il y a beaucoup de choses dans la vie
que l’on choisit de faire qu’on les veuille ou non. Dites : « Vous avez la capacité de vous
engager dans des actions pour aucune autre raison que vous choisissez de le faire ». Il n’est pas
Thérapie 13 à 15 135
Manuel ACT pour le TOC Les Valeurs — Consultations 17 à 19
Cet exercice entraine le client à pratiquer le tri avec la matrice dans diverses situations de vie.
Exercices 12 & 13 : Clarification écrite des valeurs (optionnel mais recommandé)
Le client est invité à écrire sur ses valeurs entre deux consultations. Puis thérapeute et client
reprennent ensemble l’exercice pour produire une description des valeurs du client.
Thérapie 13 à 15 136
Manuel ACT pour le TOC Action Engagée — Consultations 20 à 22
RECHUTE
À lire: Guide Clinique ACT — chapitre 12 : L’Action engagée. ACT Book. Chapter 9 :
Cette dernière phase du traitement met l’accent sur l’action engagée et la prévention de
la rechute. Le thérapeute attire systématiquement l’attention du client sur les qualités des actions
engagées telles qu’il peut les discriminer dans son ressenti intérieur. Le client est encouragé à
réduire au maximum ses compulsions et les remplacer soit par des actions engagées, soit à s’en
lutte peut toujours revenir, qu’elle est certaine de revenir au gré des évènements de vie. Il
encourage le client à identifier des stratégies qu’il pourrait engager si la lutte et les compulsions
revenaient.
Enfin le thérapeute invite le client à faire un point détaillé sur les progrès et avancées
effectuées au cours de la thérapie, ainsi que les difficultés rencontrées. Le thérapeute invite le
client à identifier des stratégies pour continuer à progresser dans les processus du traitement.
Thérapie 16 à 18 137
Manuel ACT pour le TOC Action Engagée — Consultations 20 à 22
1. Évaluation
fonctionnelle
2. Revue
des
réactions
à
la
séance
précédente
3. Revue
des
exercices
et
des
engagements
comportementaux
4. Renforcer
l’action
engagée
et
Prévenir
la
rechute
5. Augmenter
la
focalisation
sur
les
engagements
comportementaux
6. Exercices
de
vie
1. Évaluation fonctionnelle
changements dans les TOCs du client en termes de fréquence, intensité et gêne. Évaluez si le
Donnez au client une opportunité de réagir au travail des séances précédentes. Faites
tout particulièrement attention aux commentaires indiquant que le client utilise le matériel
présenté en séance en vue de contrôler ses obsessions. Ces informations donneront des
Passez en revue les expériences du client associées aux exercices. Les expériences du
Thérapie 16 à 18 138
Manuel ACT pour le TOC Action Engagée — Consultations 20 à 22
Cette phase vise surtout à aider le client à identifier des stratégies diversifiées lui
permettant de faire face à ses obstacles quand ceux-ci vont se présenter. Le thérapeute invite le
client à choisir parmi celles des stratégies apprises au cours des phases précédentes du
traitement celles qui sont les plus adaptées. Si besoin est, le thérapeute invite le client à
expérimenter des exercices déjà pratiqués ou encore des exercices optionnels des phases
chemin. Tomber fait partie d’apprendre à marcher, comme d’apprendre à surfer. Le thérapeute
invite le client à décrire les progrès qu’il a fait au long du traitement et les apprentissages qu’il a
pu réaliser. Il l’invite à imaginer les situations qui pourraient lui poser des difficultés
imaginer quelles stratégies il pourrait utiliser pour faire face à ces situations et continuer à
avancer.
l’observation avec sa matrice et s’en sert comme d’un système GPS, non seulement il sera en
mesure, ici et maintenant d’avancer dans les directions importantes pour lui, mais également
Thérapie 16 à 18 139
Manuel ACT pour le TOC Action Engagée — Consultations 20 à 22
d’identifier ce qui marche ou non pour lui dans un contexte donné, au regard de ses choix et de
ses buts.
actions valorisées en présence de ses obsessions et à ne plus céder à ses compulsions. Même si
aucune action engagée n’apparaît au client, considérer ce que ferait la personne qu’il veut être
Cet exercice entraine le client à pratiquer le tri avec la matrice dans diverses situations de vie.
Le client est invité à observer les passagers qui viennent à l’avant de son bus quand il veut le
diriger dans des directions importantes et à observer ce qui se passe pour lui. Dans cette phase,
le client est invité à observer la manière dont il parle à ses passagers et encouragé à explorer des
Thérapie 16 à 18 140