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7
GROSSESSES MULTIPLES
Date:
12.10.2016
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chapitre?
Auteurs: B. MosimannBern, D. SurbekBern
Traduction: M. Adé-DamilanoGrafenried
Montreux
H. Stamm
La chorionicité, plutôt que la zygocité, exerce un effet important sur la prise en charge, l’issue et
l’accouchement des grossesses gémellaires, principalement en raison de complications
particulières attribuables à des anastomoses placentaires (par ex. syndrome transfuseur-
transfusé). Ainsi les grossesses monochoriales demandent une surveillance beaucoup plus
importante.
Toutes les grossesses monochoriales sont monozygotes, mais toutes les grossesses bichoriales
ne sont pas dizygotes.
En cas de séparation après le neuvième jour (post conceptionem), les deux embryons
partagent la même poche des eaux (grossesse monochoriale monoamniotique).
Après le 13ème jour (post conceptionem), les embryons ne peuvent plus se séparer
entièrement. On appelle ces enfants des jumeaux siamois (env. 1:100'000).
En fonction de la partie du corps en commun, on distingue les craniopages (réunis par la
tête), les pygopages (réunis par le sacrum), les ischiopages (réunis dans la région du bassin),
les omphalopages (réunis par l’abdomen) et les thoracopages (réunis par le thorax). La
forme thoracopage est la plus fréquente (70%) dans cette pathologie rare.
©www.embryology.ch ©www.embryology.ch
Jumeaux monozygotes Jumeaux monozygotes
Fécondation par un seul Fécondation par un seul
spermatozoïde. Séparation au stade de spermatozoïde. Séparation au stade
blastocyste. didermique.
Vers les 12ème à 14ème semaines, la cloison est composée de 2 couches d’amnion. Le
chorion ne se prolonge pas entre les membranes amniotiques. Vers la 12ème SA, en regard du
placenta, les deux sacs amniotiques sans chorion frondosum sont encore la plus part du
temps bien délimités. L’amnion va fusionner avec le chorion jusqu’à la 16ème SA. Dès que la
fusion complète a lieu, le signe du T est visible.
Lors d’absence de
cloison, la mise en
évidence de „cord
entanglement“,
(emmêlement des
cordons) prouve la
présence certaine d’une
monoamniocité. Grossesse monochoriale monoamniotique
Les cordons sont emmêlés (corda entanglement)
Les valeurs sériques de β-hCG libre et PAPP-A (protéine plasmatique placentaire A) lors
de grossesse bichoriale sont approximativement deux fois plus élevées (de 11 à 14 SA) que
lors de grossesse monofoetale. L’ascension de PAPP-A est plus lente lors de grossesse
monochoriale que lors de jumeaux DCDA et la valeur finale (entre 11 et 14 SA) est
significativement plus basse. Pour cette raison, le screening doit être ajusté d’après la
chorionicité. Les valeurs sériques de β-HCG sont plus basses à 8 SA dans les grossesses
MCDA. Jusqu’à 12 SA ces valeurs sont pour des jumeaux MC et DC environ 2x plus haut que
dans une grossesse monofoetale.
Toutes ces différences sont prises en compte dans les algorithmes des programmes de
dépistage validés (par ex. Fetal Medicine Foundation (FMF) London).
Le taux de détection lors de jumeaux dichoriaux est le même que lors de grossesse
monofoetale. Dans les grossesses monochoriales le taux de faux positif est plus élevé
(environ 8% avec une sensitivité de 90%). Cela est dû au fait qu’une clarté nucale épaisse
peut aussi constituer une manifestation précoce d’un syndrome transfuseur-transfusé (STT).
Il est recommandé que ce soit un spécialiste qui procède au screening car - à côté de la clarté
nucale - il déterminera d'autres marqueurs tels que l’os nasal fœtal, une insuffisance
tricuspidienne et le flux dans le Ductus venosus (DV). Ces autres marqueurs permettent une
augmentation de la sensitivité et la spécificité du dépistage.
Le test prénatal non invasif (TPNI) à l’aide d’ADN fœtal libre est disponible aussi pour les
grossesses gémellaires et permet un dépistage. Le problème se situe - lors de grossesse
dizygote - qu'après un résultat suspect, il est impossible d'identifier quel fœtus est atteint.
Dans ce cas, il importe de le confirmer ou de l’infirmer par une méthode invasive sur les deux
fœtus.
Bien que lors de grossesse monofoetale - lors de risque de >1:1‘000 pour la trisomie 21 -
l'OSFP prévoit la prise en charge du TPNI, celui-ci n'est pas remboursé par les caisses
maladies lors de grossesse gémellaire.
COMPLICATIONS MATERNELLES
Presque toutes les complications maternelles pouvant apparaître lors d’une grossesse unique
(singleton) sont plus fréquentes lors d’une grossesse multiple.
Le taux de complications est en relation directe avec le nombre de fœtus. Les complications
sont d’autant plus fréquentes et sévères que la grossesse est de haut rang [Luke B et al.,
2008].
Emesis et hyperémèse
Du fait que les niveaux hormonaux sont beaucoup plus élevés lors de grossesse gémellaire, le
taux d’hyperémèse augmente. Selon différentes études, l’incidence se situe entre 7.5 à 15%
[Basso O et al.; 2001, Chowdhury S et al.; 2001]. Lors de grossesse unique l’incidence est de 0.5
à 2%.
La zygocité a aussi été analysée. Il semblerait que l’incidence de développer une prééclampsie
lors de gémellité n’est pas clairement augmentée [Maxwell CV et al.; 2001]. Les facteurs de
risques de développer une PE sont la parité, l’ethnie et l’âge maternel [Krotz S et al.; 2002]. Le
risque relatif pour une patiente porteuse d’une grossesse gémellaire de développer une
prééclampsie est augmenté et la prééclampsie semble apparaître plus précocement durant la
grossesse [Krotz S et al.; 2002].
Mortalité maternelle
Le risque de mortalité maternelle lors de grossesse gémellaire double par rapport à une grossesse
unique.
COMPLICATIONS FOETALES
Gross. DCDA MCDA
Monofoetale
Avortement précoce 10-14 SA 2% 4%
Avortement tardif avant 24 SA 1% 2% 10%
Mortalité périnatale 0.5% 2% 4%
Trouble de la croissance <5 ‰ 5% 20% 30%
Accouchement prématuré entre 24 à 1% 5% 10%
32 SA
Malformations graves 1% 1% par jumeau 4% par jumeau
Mort in utero d'un jumeau 2-6%
Paralysie cérébrale 8x supérieur
(Protocol Kings)
L’avortement précoce d’un jumeau est souvent associé à un saignement vaginal. Les
données relatives à la fréquence de ce symptôme clinique montrent cependant une grande
variation (7.5 à 75 %).
Après la mort in utero d'un des deux jumeaux, il existe, selon les publications, différentes
opinions concernant les risques pour le survivant. Certaines études montrent aucune perturbation
pour la suite de la grossesse, d’autres une augmentation des complications telles que prématurité
et problème de croissance [Almog B et al.; 2010].
Avec la prématurité le risque de paralysie cérébrale augmente lors de grossesse multiple. Lors de
grossesse unique ce risque est de 2‰, il sera chez les jumeaux de 1.3%, triplé de 4.4% et
quadruplé de 11.1%.
Il n'existe pas encore d'étude montrant qu'une mesure sérielle de la longueur du col aiderait à
déterminer le meilleur timing pour l'induction d'une maturation pulmonaire fœtale et ainsi
améliorer l'issue néonatale.
Chez les patientes asymptomatiques il a été démontré que le traitement des vaginoses
bactériennes, le test de la fibronectine fœtale ou d'autres tests avec marqueurs biologiques ne
présentent aucun avantage pour le dépistage de prématurité.
Finalement, l'utilisation du cerclage chez les patientes asymptomatiques ou celles ayant un col
court a été étudié. Des études majeures manquent, mais à travers des petites méta-analyses il
ressort que le cerclage ne permet pas une prolongation significative de la durée de gestation
[Fuchs F et al. 2016].
Dans les grossesses gémellaires, une discordance de croissance ou inégalité de croissance est
souvent observée entre les deux jumeaux. On parle de jumeaux discordants s’il existe une
différence de poids estimée de plus de 20%.
Cette valeur se calcule avec la formule suivante:
Etiologie
Les causes de mort unique peuvent être les mêmes qu'en cas de grossesse monofoetale
(anomalies chromosomiques, maladies génétiques, malformations congénitales, décollement
ou insuffisance placentaire, anomalie d'insertion vélamenteuse du cordon, infections ou
maladies maternelles).
En cas de grossesse monochoriale, il existe en plus une cause spécifique pour une mort in
utéro d’un jumeau => le syndrome transfuseur-transfusé (STT). Lors du syndrome
transfuseur-transfusé, le donneur est celui qui est le plus exposé mais le receveur peut aussi
mourir.
Après la mort in utero d'un jumeau, les risques pour le survivant ne sont pas négligeables
quand il s'agit de jumeaux monochoriaux. Dans ce cas, le risque de mort in utero du
survivant ainsi que le risque d’atteinte neurologique sont sensiblement augmentés.
o 15% des MCDA Co-Gemini meurent versus seulement 3% lors de DCDA
o le risque d’atteinte neurologique est de 26% lors MCDA versus 2% lors de DCDA
Chez les jumeaux MCDA dont la circulation sanguine est reliée ensemble par des
anastomoses, la pression sanguine chute à zéro au moment de la mort d’un fœtus. Cela
implique une transfusion aigue du fœtus vivant vers son jumeau mort. Il en résulte une
hypotonie et une anémie chez le survivant. Celles-ci seront responsables pour les altérations
cérébrales. En échographie, on observera une encéphalomalacie multikystique.
L’apparition des altérations n’est cependant pas immédiate mais elles surviennent en
quelques semaines. La destruction de certaines zones du cerveau avec porencéphalie peut
être mise en évidence plus facilement par IRM que par échographie. Il est conseillé de faire
une neuro-IRM au plus tôt 2-3 semaines après la mort du premier fœtus.
Comme ces lésions sont censées se passer directement lors de la mort du jumeau, un
accouchement immédiat dès la mort du fœtus n’est pas indiqué. La plupart des auteurs
s'accordent pour l'expectative. Lors d’atteinte cérébrale importante du jumeau restant un
fœticide est à discuter [Hillman SC et al. ; 2011].
Ces anastomoses sont responsables pour les complications typiques des jumeaux
monochoriaux (par ex. le syndrome transfuseur-transfusé (STT)). Une conséquence
supplémentaire d’une circulation « commune » est que le bien être d’un des fœtus est dépendant
de celui de son jumeau.
Le jumeau transfuseur (donneur) « perd » du sang. On notera donc, chez le donneur, une
hypovolémie, causant une oligurie et un oligoamnios (mesure de la plus grande citerne < 2
cm). Lors de développement d’un anhydramnion (anamnios) on parlera de jumeau coincé („Stuck
Twin“) ce qui signifie que cet enfant n’a pas assez de liquide amniotique et par conséquence, la
membrane est collée à la surface de l’utérus.
Le jumeau transfusé (receveur) aura une surcharge volémique et développera une polyurie
et un hydramnios (la mesure de la plus grande citerne > 8 cm).
TTTS
à gauche => donneur avec oligoamnios
oligo-anurique
à droite => receveur avec hydramnios
polyurique
Chez la femme enceinte, le STT se caractérise cliniquement par une augmentation rapide du
périmètre abdominal due à l’hydramnios du receveur
Un système de classification des STT a été développé par Quintero. Bien que cette classification
soit celle la plus souvent utilisée pour le diagnostic, l’intérêt de cette classification comme facteur
pronostic n’a pas été démontré. Le stade ne reflète que peu l’issue et l’évolution de la maladie.
Bien que les anastomoses vasculaires soient une condition préalable pour le développement d’une
STT, d’autres mécanismes pathophysiologiques sont certainement impliqués.
75% des STT présentent une différence en hémoglobine de < 15%.
Les taux d’IFG-II, leptine, endothéline-1, ANP et rénine sont différents chez le donneur et le
receveur.
Le système rénine-angiotensine-aldostérone joue très certainement un rôle.
L’image clinique est probablement donc d'origine multifactorielle.
Une STT peut déjà s’ébaucher en début de grossesse. Au premier trimestre, le signe
échographique chez le receveur sera une augmentation de la clarté nucale.
Sans traitement, une STT est responsable d’une mortalité et morbidité élevées.
Dans le passé, la mortalité avoisinait 100%. Aujourd’hui grâce à la prise en charge néonatale, le
taux de survie est d’environ 33%.
Non seulement les donneurs mais aussi les receveurs présentent un grand risque d’altérations
neurologiques (10 à 50%).
Le receveur présente un risque de 8% de développer une sténose pulmonaire
indépendamment d’un traitement.
Environ 50% des nouveau-nés (donneur et receveur) présenteront une insuffisance rénale
postnatale transitoire.
Chez le receveur, l’hyperviscosité pourra être responsable d’infarctus dans divers organes.
Traitement
Depuis l’étude Eurofetus, il est clair que le meilleur traitement est la photocoagulation laser
des anastomoses de la plaque choriale par fœtoscopie. L’amniodrainage ne devrait se faire
que chez les parturientes ou aucun accès à la plaque choriale n’est possible (risque de
saignement intraamniotique ou décollement des membranes).
Une coagulation complète de toutes les anastomoses permet un rétablissement. Le but de la
coagulation foetoscopique est de corriger de façon définitive les mécanismes
physiopathologiques à l’origine du STT en interrompant les connexions vasculaires
placentaires. Dans l’idéal, chaque anastomose devrait être coagulée de manière sélective.
Tous les points de coagulation devraient pouvoir être reliés entre eux par une ligne, ainsi
aucune petite anastomose ne sera manquée. Cette méthode permet de réduire le risque de
récidive de STT ou de développer un syndrome d’anémie polycythémie (TAPS) durant la suite
de la grossesse [voir ci-dessous].
Du point de vue pronostic, la survie globale après traitement par photocoagulation laser a été
évaluée dans l’essai clinique Eurofoetus. Dans 76% des cas au moins un jumeau a survécu
(40% pour un; 36% pour deux). Dans 24%, les deux fœtus sont morts. Peu d’étude
randomisée n’ont été faite pour le stade I d’une STT. Un management expectatif semble donc
justifié. L’atteinte neurologique est cependant, malgré le traitement, importante. Des
séquelles neurologiques majeures à court et/ou à long terme sont à craindre. Environ 18%
des enfants survivants présentent des altérations à l’âge de deux ans.
Le syndrome d’anémie polycythémie est dû, comme les STT, à un déséquilibre circulatoire dans
les anastomoses foetoplacentaires et résulte en une différence d’Hb chronique sans différence de
volume de liquide amniotique typique d’un STT.
Définitions
Elles varient selon les auteurs. La définition la plus pratique est celle de Lewi: en postnatal, le
donneur à une valeur de Hb ≤ 11g/dl avec une réticulocytose (donneur/receveur > 1.7) et le
receveur une valeur de Hb > 20g/dl.
La mesure de la vitesse maximale dans l’artère cérébrale moyenne (PSV-ACM, peak systolic
velocity middle cerebral artery) est un outil de dépistage/diagnostic anténatal très efficace
donneur => PSV-ACM > 1.5 MoM
receveur => PSV-ACM < 1 MoM
Dans le passé, un diagnostic de TAPS était posé lorsque la valeur du PSV-ACM chez le receveur
était inférieure à 0.8 MoM. Cette définition a été responsable d’une sous-estimation de quelque
cas de TAPS. La valeur utilisée aujourd’hui est PSV-ACM ≤ 1 MoM.
La prise en charge dépend de l’âge gestationnel et des comorbidités. Les traitements possibles
sont l’accouchement, une transfusion intra-utérine, une bi-coagulation foetoscopique du cordon
ou un traitement par laser foetoscopique [Slaghekke F et al.; 2010].
Le plus souvent il existe une différence de croissance significative entre les deux jumeaux mais,
selon Gratacos, celle-ci n’est pas indispensable pour le diagnostic [Valsky DV et al.; 2010]. Cette
différence de croissance est due à une inégalité de la répartition du placenta. Les anastomoses
influencent l’évolution. En règle générale, ces anastomoses protègent le jumeau le plus petit car
la transfusion sanguine depuis le jumeau le plus gros vers le plus petit compense partiellement
l’insuffisance placentaire.
Classification
La meilleure classification se fait par étude doppler ombilical du plus petit (fœtus hypotrophe)
Ces stades sont nommés stades de Gratacos. Ils apparaissent tôt dans la grossesse,
normalement avant la 20ème SA et restent constant durant toute la grossesse.
L’accouchement est souvent indiqué avant la 30ème SA. Une détérioration clinique se traduit
par un doppler DV anormal ou un profil biophysique (PBP) anormal.
Sans mesure thérapeutique, le risque de MIU est d’environ 30% chez le fœtus en RCIU et
20% chez le plus gros fœtus.
Le risque d’atteinte neurologique (environ 15%) est présent principalement chez le jumeau le
plus petit. En cas de détérioration avant la 28ème SA, l’occlusion du cordon par bicoagulation
foetoscopique du jumeau hypotrophe est une option et permet un taux de survie de 80 à 90 %
chez son jumeau.
Lors de coagulation par laser des anastomoses, le risque de MIU chez le jumeau hypotrophe est
augmenté tandis que ce risque est diminué chez son jumeau. Cette intervention est
techniquement beaucoup plus difficile que lors de STT car le placenta n’est pas aminci par un
hydramnios et le sac vitellin du petit jumeau peut masquer la visibilité.
flux diastolique
négatif intermittent
Souvent, des hémorragies aigues des grosses anastomoses peuvent être responsables pour une
MIU subite du jumeau hypotrophe et des lésions cérébrales chez le plus gros jumeau.
Chez le plus gros jumeau, le risque de MIU imprévu est de 15% et le risque de développer des
lésions cérébrales est de 20 à 40% (indépendamment de la survie du jumeaux hypotrophe).
Les options pour la prise en charge sont l’accouchement électif à la 32 à 34ème SA, une
occlusion funiculaire ou une coagulation au laser des anastomoses. Lors de coagulation au laser,
le risque de MIU du jumeau hypotrophe augmente (environ 75%), mais le développement
neurologique du plus gros jumeau semble s’améliorer [Lewi L et al.; 2013, Valsky DV et al.; 2010,
Valsky DV et al.; 2010].
Un TRAP découle probablement de la mort d’un des jumeaux (le fœtus acardiaque présente
souvent des anomalies chromosomiques). Lorsque le fœtus acardiaque meurt, il continue à
grandir grâce à la perfusion à contre-courant par l’anastomose artério-artérielle.
Si le sang désoxygéné du fœtus acardiaque retourne dans la circulation du jumeau normal par
des anastomoses veino-veineuses, le risque pour le jumeau pompe sera une insuffisance
cardiaque et une hypoxie chronique.
Il n'existe que peu d'étude de suivi de grossesse TRAP.
Ci-dessous gauche:
image doppler couleur d’un
enchevêtrement chez des
jumeaux monoamniotiques.
Ci-dessous droit:
corrélation macroscopique
Le moment le plus approprié pour une réduction embryonnaire se situe juste après
l’échographie du premier trimestre. A ce moment, le risque d’aneuploïdie pour chaque fœtus aura
pu être déterminé et les anomalies létales (par ex. anencéphalie) auront pu être exclues.
Avant de procéder à la réduction, la chorionicité doit être définie.
Si tous les fœtus semblent normaux, il faudra se poser la question combien d’embryons devront
être réduits.
Lors de fœtus « singulier » dans une grossesse multiple, c.à.d. lorsque les fœtus ne sont pas
en situation monochoriale, la réduction se fait par injection intrathoracique de chlorure de
potassium (KCl). Idéalement le choix du/des fœtus cibles seront celui/ceux situés près du fond
utérin. Le risque d’une infection ascendante reste ainsi faible.
La réduction d’un seul embryon lors de grossesse monochoriale est plus compliquée et
expose au risque d’un retentissement sur le survivant. En raison des anastomoses vasculaires
(circulation sanguine commune), le fœticide sélectif au sein d’une grossesse monochoriale par
injection de KCL est problématique. En effet, il existe alors un risque de passage du produit du
fœtus cible vers le fœtus sain et une hémorragie foeto-foetale péri-mortem n’est pas contrôlée.
Par injection de KCL, on pourra observer soit une réduction d’un fœtus « singulier » ou la perte
complète de la grossesse des deux jumeaux monochoriaux. Une nouvelle approche a été décrite
qui consiste en une ablation des vaisseaux pelviens du fœtus cible sous guidage échographique.
Lors de triplé bichoriaux triamniotique, une première étude a pu montrer que 50% des jumeau
dichoriaux survivent et que dans 50% des cas les deux jumeaux monochoriaux avortent
[Chaveeva P et al.; 2013].
Du fait des différents risques détaillés précédemment, la date idéale pour le déclenchement de
l’accouchement dépend de la chorionicité et de l’amniocité.
Lors de grossesse dichoriale non compliquée la mortalité est la plus basse (mort foetale in utero
et décès néonatal) vers la 38ème SA.
Il est donc recommandé de programmer l’accouchement des grossesses bichoriales
biamniotiques à la 38ème SA [Scher AI et al.; 2002].
L'utilisation de progestérone pas voie vaginale n'a pas non plus réduit le pourcentage
d'accouchements prématurés. Cependant il a été observé un outcome néonatal meilleurs dans le
groupe ayant une longueur cervicale <25mm.
Finalement, l'utilisation du cerclage chez les patientes asymptomatiques ou celles ayant un col
court a été étudié. Des études majeures manquent, mais à travers des petites méta-analyses il
ressort que le cerclage ne permet pas une prolongation significative de la durée de gestation
[Fuchs F et al. 2016, Zork N et al.; 2013].
Pour les grossesses multiples de rang supérieur, les données de la littérature ne sont pas
claires. L’application de progestérone ne semble pas être bénéfique et le cerclage n’a pas été
assez étudié. Ainsi, une prise de décision au cas par cas s’impose.
Une voie basse peut être visée si le premier jumeau est en céphalique.
Une césarienne élective est indiquée si le premier jumeau est en siège ou en présentation
transverse, ou si le premier jumeau en présentation céphalique a un poids estimé nettement
inférieur à celui du deuxième jumeau en siège. Lors de grossesse problématique telle que
RCIU ou anomalies fœtales la décision est individuelle mais une césarienne est recommandée.
Le mode d’accouchement dépend fortement de la position des deux fœtus in utero l’un par
rapport à l’autre.
Dans l’étude „Twin Birth Study“ randomisée sur l’accouchement gémellaire de 2800 grossesses
monochoriales biamniotiques et bichoriales biamniotiques, il a pu être démontré, comme par le
passé, que le risque d’une issue défavorable pour le 2ème jumeau est toujours augmenté quelque
soit le mode d’accouchement planifié (césarienne versus par voie basse).
Il n’a pas pu être mis en évidence que le taux de complications que ce soit chez la mère ou
l’enfant soit augmenté lors d’accouchement planifié par voie basse [Barrett JF et al.; 2013].
Une étude de suivi après deux ans n'a pas montré de différence dans le développement
neurologique de l'enfant selon le choix du mode d'accouchement.
Pour le counselling doit être prise en compte une étude rétrospective importante sur plus de
5'500 grossesses gémellaires entre la 34ème et 40ème SA qui montre un taux significativement
augmenté de césariennes secondaires chez les primipares par rapport aux multipares, avec en
parallèle, un taux de complications plus important attribuable à la césarienne secondaire
(effectuée pendant le travail) [Hartley RS, et al; 2016]
Pour les accouchements très prématurés, il n'existe pas d'étude randomisée concernant le mode
d'accouchement.
Lors de grossesse monochoriale biamniotique, il existe un petit risque (2.5 à 5%) qu’une STT
aigue se développe durant l’accouchement. Cette complication semble être plus fréquente lors
d’accouchement par voie basse [Lopriore E et al.; 2014, Skupski DW et al.; 2012]. Lors de CTG
anormal, il faut donc toujours penser à cette complication, cependant il n’y a pas de
contrindication pour un accouchement par voie basse.
Lors de grossesse sans complication, une voie basse peut être envisagée si le premier jumeau est
en céphalique. Ceci est le cas dans environ 80% des grossesses.
Dans toutes les autres situations, une césarienne élective aux dates susmentionnées est indiquée.
Ces naissances étant à risque, il est absolument indispensable de prévenir l’anesthésiste ainsi que
le service de néonatologie au moment ou la parturiente commence le travail.
ANNEXE
Dépistage prénatal de la trisomie [Office fédéral de la santé publique OFSP]
Ce schéma de dépistage entré en fonction le 7 juillet 2015 sera réévalué d’ici deux ans.
LITTERATURE
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