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Introduction
L'allaitement maternel présente des avantages évidents et au niveau de la santé et sur le plan
socio-économique [Hansen, K. 2016]. Les nouveau-nés allaités souffrent moins souvent de
maladies infectieuses et non-infectieuses, de fortes diarrhées, d'infections des voies respiratoires et
d'otites [Ball TM, et al., 1999]. Comparée à celle d'enfants non allaités, la réponse immunitaire aux
vaccins est meilleure. Aussi sont-ils mieux protégés contre le VRS (virus respiratoire syncytial). Les
mères qui allaitent ont moins d'hémorragies du postpartum, reprennent plus vite leur poids d'avant
la grossesse et risquent moins d'avoir un cancer des ovaires et du sein durant la pré-ménopause
[Weiss HA, et al. 1997]. Il a été prouvé que l'allaitement permet de diminuer de 50% le risque de
développer un syndrome métabolique après 20 ans. [Gunderson EP, et al. 2010]
Dans le lait maternel se trouvent les apports nutritifs en quantité idéale pour l'alimentation et la
croissance. Le lait maternel contient moins de protéines et de caséine que le lait de vache et se
digère mieux. Il contient aussi des facteurs anti-inflammatoires et d'autres composantes qui
modulent la réponse immunitaire. Des maladies chroniques comme l'asthme, le diabète ou
l'hypertension artérielle sont moins fréquentes à l'adolescence.
L'allaitement maternel revient moins cher, même en considérant les frais pour un tire-lait et les
besoins nutritifs accrus de la mère. En plus, les frais médicaux sont moins élevés car les enfants
nourris au sein sont moins souvent malades et nécessitent moins de médicaments. Il en résulte
aussi que les mères manquent moins souvent au travail à cause d'enfants malades.
Tableau 1
10 conditions en faveur d'un allaitement réussi
Les maternités peuvent encourager l'allaitement maternel par les mesures suivantes:
2. Donner à tous les personnels soignants les compétences nécessaires pour mettre en
œuvre cette politique.
4. Aider les mères à commencer d'allaiter leur enfant dans l'heure suivant la naissance.
5.a. Indiquer aux mères comment pratiquer l’allaitement au sein et comment entretenir la
lactation même si elles se trouvent séparées de leur nourrisson.
6. Ne donner aux nouveau-nés aucun aliment ni aucune boisson autres que le lait
maternel, sauf indication médicale.
9. Ne donner aux enfants nourris au sein aucune tétine artificielle ou sucette pendant les
premiers jours suivant l’accouchement, et ultérieurement qu’en cas de besoin.
Explication
L’établissement devra établir par écrit une politique d’allaitement maternel comprenant les 10
conditions et soutenant l’allaitement maternel. La politique devra être accessible afin que tout le
personnel s’occupant de mères et de leur(s) enfant(s) puisse s’y référer. Elle devra être affichée de
manière visible dans toutes les parties de l’établissement qui procurent des soins aux mères, aux
nouveau-nés et/ou aux nourrissons.
Données de base
Une politique insuffisante ou inexistante peut avoir une influence négative aussi bien sur le début
de l’allaitement maternel que sur la poursuite de ce dernier. L’effet d’une politique d’allaitement
écrite, appliquée minutieusement, a été examiné et a démontré une amélioration du taux et de la
durée de l’allaitement maternel. [Kramer MS, et al. 2001]
La politique de l'allaitement maternel doit être délibérément formulée de manière stricte. Elle
exprime les règles et la philosophie de la clinique et correspond aux conditions locales. Voilà
pourquoi la politique et la charte doivent être élaborées par les cliniques respectives. Il est
souhaitable que ce processus ait lieu en concertation avec le personnel soignant et les usagers.
Les lignes directrices écrites, qui sont communiquées à tout le personnel, sont extrêmement
importantes pour l'organisation et le soutien d'un entourage favorable à la lactation.
Données de base
Le personnel soignant et les médecins formés il y a plusieurs décennies en particulier – mais aussi
de plus jeunes collaborateurs – n’ont reçu que peu d’informations sur l’allaitement durant leur
formation. En outre, les obstétriciens et pédiatres ne suivent que rarement des formations
continues à ce sujet. Les médecins encouragent les mères plus souvent à l’allaitement s’ils sont au
courant des propriétés immunologiques du lait maternel et conscients de leur propre influence
auprès des mères lors des consultations.
L’OMS suggère que les programmes de formation concernant l’allaitement maternel soient adaptés
aux différents groupes professionnels et aient une durée de 18 heures. Les programmes doivent
contenir au moins 3 heures de pratique clinique supervisée et couvrir au moins 8 des 10
conditions. L'OMS exige une formation de tout le personnel. Le personnel soignant s'occupant des
mères de nouveau-nés et/ou de nourrissons nécessite un programme de formation complet. Les
autres groupes professionnels peuvent suivre un programme de formation abrégé afin de prendre
conscience de leur responsabilité dans la promotion de l'allaitement. Les instructions du personnel
ne sont effectives que lorsqu'elles sont obligatoires et attractives dans leur forme (participation
active). Une formation qui dure 18 heures ne portant que sur le même sujet de l'allaitement peut
être fastidieuse. Ce ne sont pas toutes les administrations de cliniques qui permettent de suivre
suffisamment d'heures de formation durant le temps de travail. Cependant la formation du
personnel est indispensable lorsqu'une nouvelle politique doit être introduite. Aussitôt que les
changements sont établis dans une clinique, il est préférable de créer un programme de formation
plus court soulevant le thème des obstacles à l'allaitement maternel spécifiques à la clinique.
Certaines études ont pu démontrer la corrélation entre le degré de connaissances du personnel et
l'augmentation en fréquence et durée de l'allaitement. Les modalités de formation peuvent être
variées : formation continue, cercles de discussion, staffs, affiches, conférences, lectures.
Explication
La surveillante de la maternité devra déclarer que les femmes enceintes suivies dans son
établissement reçoivent les informations concernant l'allaitement. Il devra exister une description
qui inclue les connaissances de base permettant un allaitement au sein avec succès après la sortie
de l'hôpital. Sera soulignée en particulier l'importance de l'allaitement exclusif pendant les 6
premiers mois.
Données de base
L'évidence de cette démarche est nettement moindre. Les études faites à ce propos ont été
menées en grande partie par l'OMS. D'autres études sont de caractère descriptif auprès des
conseillères laïques. Le point faible de ces études est avant tout le manque de description du
contenu de formation. L'OMS a déterminé qu'en plus de l'information théorique sur l'allaitement
maternel, il fallait aussi informer sur sa pratique. Un programme de soutien devrait être créé de
préférence par le personnel soignant ayant de bonnes aptitudes à l'enseignement ; le contenu du
programme devra être enseigné dans un contexte plus large de formation parentale (p.ex. cours
de préparation à l'accouchement). Les mères devraient avoir la possibilité de participer de manière
active au processus d'apprentissage afin de retenir le plus d'informations possibles. Les questions
doivent être posées de façon ouverte et non fermée (réponse oui/non). L'enseignement peut
aussi bien avoir lieu en groupe qu'individuellement. Dans tous les cas, il est important que les
mères ne se sentent pas démasquées et que les discussions se déroulent sans dérangements. Les
langues étrangères et un manque d'habileté en lecture peuvent représenter de grands obstacles.
La plupart des mères a déjà pris sa décision concernant l'allaitement au préalable. Il est important
que durant la grossesse une information claire, valide et pertinente soit encore et encore répétée,
sans pour autant que la femme se sente obligée de se justifier. Les mères devraient être capables
de prendre une décision active par rapport à l'alimentation de leur nouveau-né. Il serait préférable
que cette décision soit fondée sur des informations scientifiques.
Il faudrait rectifier les « contes bleus » et les propos négatifs sur l'allaitement maternel racontés
par des membres de la famille ou par des amis. Faire savoir aux femmes enceintes qu'elles
peuvent à tout moment poser des questions concernant la lactation et les problèmes s'y
rapportant, et bénéficier de soutien. Les mères ont souvent des idées peu réalistes sur l'allaitement
maternel. Il est important qu'elles puissent parler de la façon dont elles imaginent l'allaitement afin
de s'en faire une idée plus réaliste. Des contacts avec des femmes ayant allaité au sein avec plaisir
et succès peuvent être très favorables.
Explication
A ce jour, lors d'accouchements par voie basse non problématiques, l'enfant est en règle générale
aussitôt posé dans les bras – respectivement sur le ventre de la maman. Lors de césariennes, une
procédure semblable est souvent praticable. Ces enfants-là devront être placés peau à peau avec
leur maman et mis au sein le plus vite possible.
Les mères doivent bénéficier de toute aide et de tout soutien souhaités afin de pouvoir commencer
l'allaitement au sein dès la naissance respectivement pendant la première phase d'éveil sans perte
de temps.
Parmi les mères ayant accouché par voie basse, choisies au hasard pour une interview, 80 %
devront confirmer que, dans les 2 heures suivant la naissance, on leur a offert de les aider à
mettre le bébé au sein. Les mères ayant subi une césarienne devront confirmer avoir pu tenir leur
enfant au contact de leur peau et avoir bénéficié d'aide pour commencer l'allaitement aussitôt
qu'elles en étaient capables.
Données de base
Dans le texte original de l'OMS, le temps maximal entre la naissance et la première tétée ne devait
pas dépasser 30 minutes. Des études ultérieures [Widstrom AM et al., 1990] ont démontré que
l'intérêt maximal de l'enfant pour téter était atteint après une heure. Ceci correspond aussi à la
période de réactivité connue des premières heures de vie. Le contact précoce avec la mère mène
plus souvent à une lactation correcte qu'un contact plus tardif. De façon controversée, une
tendance à un allaitement de plus longue durée lorsque l'enfant est mis au sein de manière
précoce, est en discussion. La stimulation du mamelon et la montée de lait qui en suit constituent
un autre avantage. Les mères qui allaitent dès la naissance souffrent moins souvent d'hémorragies
du postpartum. D'autres avantages sont dus à la propriété laxative du colostrum. Celle-ci entraine
une élimination accrue de la bilirubine et une diminution du risque d'ictère néonatal. La
température corporelle du nouveau-né peut être mieux réglée par le contact peau à peau, et des
taux sanguins en glucose plus élevés sont mesurés après 90 minutes. Lors d'un excès en bases, la
régression vers zéro se fait plus rapidement.
Dans une étude actuelle, une équipe française a fait des recherches sur les effets de séparations
survenues lors des deux premières heures. Même de courtes interruptions du contact direct avec la
peau s’avèrent être perturbantes pour les débuts de l’allaitement; particulièrement lorsque ces
interruptions ont eu lieu avant la première prise de contact avec le sein. Le groupe de recherche
préconise de remettre en question chaque examen de routine ainsi que d'autres mesures de soins,
et recommande en outre de pratiquer les mesures médicales nécessaires tout en maintenant le
contact maternel lorsque cela est possible. [Robiquet P., et al. 2016]
Explication
Les mères doivent être autonomes aussi vite que possible en ce qui concerne l'allaitement. On leur
offre l'information et l'instruction nécessaires pour qu'elles placent et tiennent correctement leur
bébé au sein. Il faut apprendre aux mères comment s'y prendre manuellement pour obtenir du lait
et stimuler ainsi la lactation. Donner des informations précises sur l'endroit où demander de l'aide
en cas de besoin après la sortie de l'hôpital.
Sur les mères choisies au hasard (y compris deux mères après césarienne si possible), au moins
80% doivent déclarer que le personnel soignant a offert de les aider à allaiter pendant la durée de
leur séjour. Deux mères choisies au hasard, dont le bébé nécessite des soins spéciaux, doivent
déclarer qu'on les a aidées à faire démarrer la lactation (de manière manuelle répétée
fréquemment ou à l’aide d’un tire-lait).
Explication
Les nouveau-nés en bonne santé (après 37 SA accomplies, poids de naissance > 2500g,
adaptation sans problème, pas de maladies) ne nécessitent en règle générale aucun autre aliment
ou boisson que le lait maternel. Le fait que l'enfant soit laissé 24 heures par jour avec sa maman
permet un allaitement aussitôt que l'enfant est réveillé et attentif.
Données de base
On a supposé pendant des années que le colostrum était insuffisant ou inapproprié. De ce fait on
administrait de l'eau ou un autre liquide avant la première tétée. L’alimentation précédant la
lactation est associée à un allaitement plus rare.
Une déshydratation est peu probable chez un nourrisson en bonne santé, sauf en cas
d'empêchement de la production de lait et de la lactation. En général il n'y a pas besoin d'eau
supplémentaire. Même l’hyperbilirubinémie du nouveau-né ne peut pas être corrigée par une
alimentation supplémentaire. Les compléments précoces empêchent un allaitement réussi en
créant un déséquilibre entre l'offre et la demande. La majorité des études faites à ce propos
montrent que cela influence négativement l'allaitement continu.
Dans la nouvelle revue Cochrane sur ce thème il a été démontré que l’administration de liquide
(eau, thé, maltodextrine, …) n'apporte aucun avantage et aurait même des effets négatifs sur la
durée de l'allaitement [Becker GE et al. , 2011]. C’est pourquoi il est conseillé d’allaiter uniquement
avec le lait maternel sans adjonction liquidien ou d’aliment pendant les 6 premiers mois
Explication
Pendant les premiers temps, le nouveau-né doit être avec sa mère 24 heures par jour. Chaque
séparation inutile entre mère et enfant doit être évitée. Cela est aussi valable pour les nourrissons
avec des maladies ou dysfonctionnements légers. La mère (et le père) doit comprendre ce que
signifie le sentiment de sécurité pour l'enfant. Aussi faut-il informer les mères voulant allaiter que
le fait d’être 24 heures par jour avec l'enfant (rooming-in) ou en chambre familiale (bedding-in)
mène à une augmentation de la fréquence des tétées et par conséquent de la lactation.
Sur les mères choisies au hasard dont le bébé se porte bien (y compris 2 mères ayant accouché
par césarienne), au moins 80% déclarent que depuis qu'elles sont dans leur chambre (ou depuis
que celles ayant eu une césarienne sont en état de réagir), leur bébé est resté avec elles dans la
même chambre jour et nuit.
Au service post-natal, on peut observer que toutes les mamans ont leur bébé auprès d'elles dans
un berceau près de leur lit. Les exceptions doivent être justifiables. Le personnel soignant explique
aux mères les raisons du «rooming-in» et les motive à le mettre en œuvre.
Le « rooming-in » ne doit pas être imposé aux mères. En particulier après un accouchement
épuisant, il peut s'avérer utile que le personnel prenne en charge les soins et la surveillance du
nouveau-né pendant un certain temps.
En principe, l'offre de « rooming-in » à la carte favorise également l'entité mère-enfant. Toutefois
on tient compte de la demande prononcée par la mère de sorte que le personnel soignant s'occupe
de l'enfant pour un temps limité. Ce mode de soins doit pourtant rester une exception.
Des statistiques exactes sur le « rooming-in » entier ou le « rooming-in » à la carte doivent être
menées. Il faut prouver par ce moyen que cette mesure très importante et favorisant l'allaitement
maternel est prise au sérieux, et qu'on obtient des progrès.
Données de base
Le « rooming-in » a été analysé dans un nombre limité d'études quant à son effet. Certaines
indications montrent que la durée de lactation bénéficie d’une influence positive aussi bien chez les
primipares que chez les multipares. Une des études a démontré que parmi les enfants du groupe «
rooming-in », on a moins souvent diagnostiqué une jaunisse que dans le groupe de la chambre
pour enfants.
Grâce aux tétées plus fréquentes, la prise de poids immédiatement après la naissance est plus
importante. D'autre part, les enfants étant chez leur mère 24 heures par jour ont un meilleur type
sommeil que ceux en chambre pour enfants.
Une étude d’observation de l’université de Zürich a pu démontrer les effets positifs d’un contact
précoce er du « rooming-in » sur le succès de l’allaitement au sein pendant le post-partum.
[Gubler T, et al. 2013]
Il est important d'aborder le sujet du « rooming-in » déjà au cours de la grossesse. Laisser l'enfant
24 heures par jour avec sa maman offre aux deux parties la possibilité d'apprendre à se connaître.
Explication
Les besoins du nouveau-né sont au centre de la règle numéro 8. Ceux-ci sont souvent à l'opposé
de l'activité hospitalière avec ses déroulements fixes du travail. On peut mettre en œuvre la règle
numéro 8 en la combinant notamment à la règle numéro 7 (rooming-in). Si la mère et l'enfant sont
ensemble 24 heures par jour, la mère peut calmer l'enfant en l'allaitant de façon apaisante avant
même qu''il ne pleure. Le rythme de sommeil respectivement d'éveil ne doit pourtant pas
empêcher de réveiller un enfant très somnolent. Dans les deux premiers jours après 5, au
maximum 6 heures, un nourrisson doit être réveillé doucement et amené à boire. Un trop long
intervalle peut provoquer une fièvre due à la soif. Lors de la montée de lait, 10 ou même plus de
tétées sont recommandées par 24 heures. Il faut indiquer aux mères d'allaiter à chaque fois que
l'enfant se montre enclin à boire. A la maison aussi la règle est d'allaiter 5 à 6 fois par 24 heures.
Dans les premiers jours de vie, un nourrisson connaît à peine la différence entre le jour et la nuit.
Les mères doivent en être informées pour ne pas attendre trop tôt que leur enfant fasse ses nuits.
Des pauses d'allaitement de plus de 6 heures devraient être évitées, si possible.
Données de base
La première étude portant sur « l'allaitement maternel à la demande de l'enfant » a été menée
au début des années 50 et a montré que les nouveau-nés prenaient plus de poids s'ils n'étaient
pas allaités à des heures fixées au préalable. L'allaitement au sein bénéficiait aussi d'une plus
longue durée de cette façon. Lorsque l'enfant est allaité à sa demande, il reçoit entre 10 et 15
repas par 24 heures le premier mois. Le second mois, ce seront entre 5 et 11 repas. La fréquence
et la durée des tétées sont plus élevées chez les bébés allaités à leur demande que chez ceux qui
le sont selon des heures fixes. Un avantage supplémentaire est la diminution plus rapide des taux
de bilirubine chez les enfants allaités plus de 8 fois par jour.
On a pu démontrer aussi qu'un allaitement sans restriction permet la production d'une quantité de
lait suffisante. Le sein gonfle dans les premiers jours après l'accouchement, et de ce fait le
mamelon se raccourcit. Ce processus peut conduire à des crevasses. Si la quantité de lait est plus
vite suffisante grâce à une lactation non restreinte, celle-ci devient plus facile. Une étude a même
établi un lien entre un allaitement fortement restreint et la manifestation d'écorchures de
mamelons, d'enflures des glandes mammaires, et la nécessité d'avoir recours aux compléments
[Renfrew MJ, et al. 2000]. Une lactation sans restriction dans le premier mois est en relation avec
un sevrage plus tardif. Le « rooming-in » est très utile pour ne pas manquer les signes de faim du
bébé et pour percevoir ses besoins. Allaiter l'enfant tant qu'il manifeste sa faim. En général, le
personnel soignant devrait fixer des horaires. Il ne faut surtout pas demander combien de temps a
duré la lactation afin de ne pas déranger le rythme de la mère et de l’enfant.
Explication
Sur les mères choisies au hasard avec un enfant en bonne santé (y compris deux mères ayant
accouché par césarienne), au moins 80% de celles qui allaitent doivent déclarer qu’à leur
connaissance, on n'a pas alimenté leur nouveau-né à l'aide d'un biberon et qu'on n'a pas donné
de sucette. D'après les statistiques d'allaitement, au maximum 20% des enfants allaités ont le droit
d'avoir le biberon ou la sucette. Pour autant que la mère souhaite se servir de biberons ou de
sucettes, il est important que le personnel soignant motive la mère à renoncer à l'emploi de ceux-
ci. Finalement la décision appartient à la mère.
Données de base
L'utilisation de sucettes ou de tétines artificielles est – comme aux temps passés – considérée de
façon controversée. Il existe des indices montrant que l'utilisation précoce a pour effet une
lactation plus difficile et un sevrage plus rapide. Les recommandations de l'OMS de renoncer à ces
« moyens calmants » étaient encore récemment basées sur des observations et études de faible
évidence. Une étude brésilienne montre que les enfants recevant tôt une sucette sont sevrés plus
tôt [Parizoto GM, et al. 2009]. Dans cette étude la sucette était la valeur prédictive la plus
importante du sevrage. Il est possible que la sucette soit utilisée comme moyen tranquillisant
alors que des signes de faim ne sont pas perçus comme tels. Comme l'enfant n'est donc pas allaité
et la production de lait non stimulée, une diminution de lait en résulte. On pourra plus facilement
passer au lait artificiel. Dans d'autres études, on a pu établir la corrélation entre la durée
d'utilisation de sucettes et le sevrage de lactation précoce. D'autres problèmes plus fréquents en
cas d'utilisation de sucettes sont les otites (jusqu’à 5 fois plus souvent) et la mycose buccale.
Dans toutes ces observations et études, on mentionne toujours que l’utilisation de sucettes est
plus fréquente chez les enfants exposés à des facteurs socio-économiques non favorables. Ces
facteurs-là peuvent tout à fait influencer aussi le comportement face au sevrage, et peuvent
difficilement être jugés indépendamment de l'utilisation de sucettes.
Explication
On doit motiver les mères à exclusivement allaiter pendant 6 mois. Voilà pourquoi une consultation
d'allaitement étendue est aussi importante après la sortie de l’hôpital. La mère doit savoir vers qui
se tourner en cas de problèmes ou de questions. Il faut donc encourager la constitution
d’associations de soutien à l'allaitement maternel. En font surtout partie les conseillères
d'allaitement, les services de consultation pour les mères et les pères, les sages-femmes et les
pédiatres. L'hôpital lui-même offre souvent un soutien personnalisé après la sortie de l’hôpital.
Sur les mères choisies au hasard avec des bébés se portant bien (y compris deux mères ayant
accouché par césarienne, si possible), au moins 80% doivent pouvoir mentionner une suggestion
qu'on leur a faite de personne à contacter au cas où des questions ou des problèmes concernant
l'allaitement surgiraient.
Données de base
Les programmes de soutien à l'allaitement maternel, offerts par le personnel spécialisé, ont une
influence positive sur la durée de lactation. Dans une étude prospective faite au Canada, on a pu
expliquer les avantages concernant la durée de lactation grâce au soutien par le personnel laïque.
70% des mères suivies par des conseillères laïques parlent d'allaitement exclusif au sein après 3
mois contrairement à 10% des mères non suivies. En Suisse, un tel soutien est offert par « la
leche liga ». Cette association, fondée en 1956 par 7 mères aux Etats Unis, parraine actuellement
plus de 3000 groupes de soutien à l'allaitement. Les mères participant à des groupes d'entraide de
mère-à-mère reçoivent des informations sûres, de l'encouragement et un soutien personnalisé.
Une revue Cochrane a aussi montré qu’un soutien par un personnel spécialisé augmente la durée
d’allaitement. Lors de soutien par un personnel laïque seul un accroissement de la période
d'allaitement exclusif a pu être montré. [Britton, C, et al., 2010]
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