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6
COMMUNICATION ET COUNSELLING
Date:
DANS LA CONSULTATION 28.04.2014
EN GYNECOLOGIE / OBSTETRIQUE Voulez-vous
évaluer ce
chapitre?
INTRODUCTION
Chaque consultation en gynécologie et obstétrique se compose de deux parties élémentaires.
Le modèle biopsychosocial
Un symptôme est l’expression d’une souffrance individuelle qui elle, est conditionnée par un
concours de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.
Les mesures diagnostiques servent à cerner cette souffrance individuelle et à en comprendre les
facteurs déclenchants [3, 4].
Les interventions thérapeutiques comprennent la prise de décision et la collaboration de la
patiente, qui est un partenaire actif dans le travail thérapeutique.
Sur le plan de l’échange émotionnel, la patiente doit pouvoir exprimer ses émotions et il faut
que le médecin non seulement les entende, mais aussi les intègre.
Sur le plan relationnel, le rôle de chacun doit être clairement compris et le partage du travail
bien défini. Ceci est la base indispensable pour une relation thérapeutique réussie.
Pour être capable d’appréhender ces deux niveaux, le médecin doit maîtriser la communication
centrée sur la maladie ainsi que la communication centrée sur la patiente. Celle-ci se
caractérise par
une écoute professionnelle
une information professionnelle
Un modèle utile pour le travail quotidien est le „modèle des 4 oreilles“ développé par le prof. Schulz
von Thun [7]). Il distingue l’oreille „factuelle “, l’oreille « relationnelle », l’oreille « de la
révélation de soi » et l’oreille « d’appel »
Schulz von Thun part de l’idée que la communication possède quatre dimensions, ce qui signifie que
chaque message a quatre facettes, qu'il contient quatre aspects. Par conséquent, lorsque quelqu'un
dit quelque chose, son message contient simultanément quatre informations, dont une est la plus
intentionnelle. Néanmoins, toutes vibrent toujours en même temps
Le médecin, dans cette écoute élargie, doit posséder des capacités spécifiques :
Aussi dans ce domaine le médecin doit acquérir des capacités communicatives allant au-delà de ses
connaissances médicales de base.
Tout d’abord, pour la bonne transmission d’une information, il s’agit pour le médecin de saisir les
besoins d’information de son interlocuteur (Elicit).
„ Quoi et combien la patiente aimerait-elle savoir ? “.
Le médecin devrait s’assurer que ses informations ont été bien comprises (Elicit) et demander s’il
existe des points qui ont été dits trop rapidement, de manière incompréhensible ou peu claire. Ce
questionnement doit aussi comporter le traitement émotionnel de l’information, comme p.ex.:
„ Comment vous sentez-vous maintenant après toutes ces informations……. ?
Est-ce que ce que je vous ai dit, vous fait peur ou au contraire vous rassure ……. ?
Est-ce que cela vous amène à me poser d’autres questions ? “
Quelques exemples:
a) Annoncer le diagnostic d’une maladie cancéreuse.
b) Annoncer une mort in utéro ou une maladie grave du fœtus.
c) Annoncer un échec de traitement (soit diagnostique soit thérapeutique) dans le cadre d’une
prise en charge pour infertilité.
d) Annoncer une complication, voire gérer une complication.
Préparation
Se donner du temps => déposer son BIP.
Savoir qui sera son interlocuteur (la patiente seule, accompagnée de son partenaire, avec sa
famille).
Ne pas discuter dans le corridor et « entre deux portes », mais dans une pièce prévue à cet
effet.
Introduction (Joining)
Etablir un contact émotionnel avec la patiente :
p.ex. donner un petit résumé de ce qui s’est passé jusqu’à présent,
questionner sur ce que la patiente a appris jusqu’à présent,
et demander avec quelles interrogations la patiente est arrivée à la consultation.
Donner de l‘espoir
Donner de l’espoir ne veut pas dire que le médecin bifurque rapidement sur toute sorte de
possibilités et propositions thérapeutiques. Donner de l’espoir signifie que le médecin transmet à la
patiente que tout sera entrepris pour pouvoir contrer sa maladie. Ceci signifie aussi que la gravité
de la maladie n’est pas tenue secrète ni embellie. Au contraire, notamment en cas de pronostic
difficile, il sera clairement explicité qu’il existe quand même des chemins thérapeutiques.
Les devoirs pour le médecin dans de telles situations sont les suivants
Comprendre et pondérer lui-même ces informations
Transmettre ces informations dans une forme compréhensible pour la patiente (informare)
Donner à la patiente une base lui permettant de prendre une décision importante pour sa santé
Eviter que la patiente renonce à se soumettre („Underuse“) à des interventions utiles (p.ex. en
raison de craintes irrationnelles)
Eviter que la patiente choisisse des interventions risquées („Overuse“) (= comportement de
risque en raison d’une désinformation voire d’une mauvaise appréciation de l’information).
Qu’est-ce qui fait que des données statistiques sont si difficiles à comprendre voire qu’est-ce qui
contribue à prendre parfois des décisions qui reposent sur une mauvaise interprétation de la
statistique ?
La problématique de l’utilisation des risques relatifs sera illustrée à l’aide de l’exemple suivant:
Le risque relatif dans les deux exemples est identique. Mais pour le patient diabétique,
l’information essentielle est de connaître le risque absolu qu’il a pour développer une
insuffisance rénale.
Quelles sont les différences entre les informations 1 (conditional probabilities) et les
informations 2 (natural frequencies) ?
Les exemples de fréquences naturelles (70 et 7) se réfèrent au même nombre de base, à savoir
1’000.
La Conditional Probability 90 % (c.à.d. la sensibilité de la mammographie) se réfère aux 8
femmes avec cancer.
La Conditional Probability 7 % (c.à.d. la spécificité de la mammographie) se réfère aux 992
femmes qui n’ont pas le cancer.
Pour ces raisons il est extrêmement important de citer les fréquences naturelles par
rapport à un nombre de référence, soit p.ex. 1'000.
Framing (cadrage)
Le framing indique l’unité de référence, c.à.d. donne le cadre dans lequel on formule l’analyse
statistique.
97 % „Chances de survie » transmet les chances de vivre et explique une issue positive.
3 % „risque de mourir“ véhicule l’idée du risque, de la mort, d’une issue négative.
=> La charge émotionnelle est complètement différente !
Pour tenir compte de ce problème, on devrait non seulement parler de risques, mais aussi de
chances. Par exemple:
o „Le risque d’avoir un enfant trisomique à votre âge se situe à 1 sur 250
(0,5 %) !“ = Risque
o „A votre âge, 249 sur 250 enfants (soit > 99 %) n’ont pas de défauts chromosomiques !“
= Chance
On doit illustrer les deux perspectives.
Des outils importants pour la bonne compréhension d’une information statistique représentent :
L’emploi d’une échelle visuelle analogique.
L’utilisation de tableaux illustrant des risques de la vie quotidienne.
Ces outils peuvent aider la patiente à chiffrer et comprendre à leur juste valeur les informations
données. Exemples:
Pour illustrer des risques, des tableaux représentant des risques de tous les jours
peuvent s’avérer un outil intéressant
( Vous trouvez toutes les illustrations avec des commentaires dans la galerie
d’images sous „appliquer““)
Les tableaux suivants montrent le risque thrombo-embolique pour les femmes entre 20 – 40 ans,
plus concrètement le risque absolu par 10'000 femmes, et ceci pour:
A) Femmes non enceintes, sans contraception orale combinée
B) Femmes sous contraception orale combinée
C) Femmes enceintes
(D’après J. Dinger, dans Contraception, 2007, basé sur l’analyse de 48'525 femmes allemandes dans
l’étude EURAS)
Situation A
Risque d’une thrombo-embolie dans une année pour 10'000 femmes, qui ne sont pas enceintes et
qui ne sont pas sous contraception hormonale: environ 4,5 sur 10’000
Situation C
Risque d’une thrombo-embolie dans une année pour 10'000 femmes enceintes:
environ 29 sur 10‘000
Dans le travail clinique, on distingue actuellement deux cas de figures : les décisions
effectives (« effective decisions ») et les décisions selon les préférences du patient
(« preference sensitive decisions »).
Selon la situation pour laquelle une solution doit être trouvée, il convient d’utiliser différentes
techniques de communication:
L’objectif en cas d’options ou de décisions effectives est de soutenir la patiente dans la
réalisation de la décision.
L’objectif en cas d’options/décisions laissant de la place aux préférences de la patiente
(preference sensitive options) est de trouver l’équilibre entre les appréciations et valeurs
personnelles de la patiente et le calcul sur les risques et bénéfices, quand il existe une
incertitude sur le pronostic.
Les décisions selon les préférences de la patiente (preference sensitive decisions) exigent qu’elles
soient trouvées par la patiente et le médecin ensemble ce qu’il convient d’appeler « prise de
décision partagée ».
Nous distinguons
Les modes de faire face émotionnels:
o révolte (regret, ressentir la situation comme injuste), résignation (fatalisme, abandonner
l’espoir), trouver un coupable et exprimer sa colère (soit eu égard au traitement ou eu
égard au passé), auto-accusation et sentiments de culpabilité,
o étouffer ses émotions, ne pas les admettre,
o soulagement émotionnel, optimisme, attitude confiante après avoir compris/accepté sa
maladie.
Dès que la patiente a pris conscience de ces modes de faire face, elle peut, avec le
médecin, évaluer quelles stratégies seraient mieux ou moins adaptées à son cas. Le
médecin, sur tous ces plans, pourra offrir un soutien ou agir en tant que thérapeute.
Sur le plan cognitif, le médecin exercera son influence en identifiant des pensées
appelées „dysfonctionnelles“ qu’il analysera avec la patiente quant à leur véracité.
Il s’agit, ensemble avec la patiente, de saisir la crise en tant que challenge et aussi, d’y reconnaître
un sens pour définir qu’est-ce qui devra changer dans la vie par la suite.
Sur le plan comportemental, le médecin peut aider à identifier des comportements utiles pour
s’en sortir
Par exemple:
„ Quand, dans les dernières 48 heures, vous êtes-vous sentie un peu mieux ? “
„ Qu’est-ce qui a été alors différent ?“.
Le médecin peut promouvoir un soutien social, élaborer quelles personnes dans le réseau de la
patiente pourraient remplir quel rôle et couvrir quels besoins. Nous médecins pouvons aider la
patiente à perfectionner son auto-contrôle et à distinguer ce que nous pouvons influencer de ce qui
relève de la fatalité, nous pouvons lui apprendre à accepter de l’aide.
Objectif
Ce modèle décrit le principe
que des personnes, qui
réussissent à changer leur
comportement avec succès,
passent à travers plusieurs
phases.
CAVE: Dans chacun de ces stades (ou phases), une rechute peut se produire – obligeant
ainsi la patiente à passer de nouveau les différents stades.
L’entretien motivationnel part du principe que chaque phase (stade) a ses particularités spécifiques
et ainsi requiert des formes de communication spécifiques. Il importe dès lors de reconnaître par
l’interview dans chaque phase la «disposition au changement » et de soutenir le processus de
changement par la bonne intervention au bon moment.
Motivation dans ce sens comporte tout ce que la patiente fait pour augmenter
l’importance et la confiance.
Cerner l’importance:
o „ Sur une échelle de 0-10, à combien estimez-vous de degré d’importance de changer votre
comportement actuellement (0 signifie pas du tout important, et 10, extrêmement
important) ? “.
Cerner la confiance:
o „ Si vous preniez, sur le champ, la décision de changer, à quel niveau jugeriez-vous votre
confiance d’atteindre votre but, sur une échelle de 0-10 (0 signifie aucune confiance, et 10,
confiance maximale en vous-même) ? “.
Cerner la disposition au changement:
o „A quel point êtes-vous prête au changement, sur une échelle de 0-10 (0 signifie pas du
tout, et 10, prête au maximum) ? “.
Par la suite, dans l’interview, le médecin peut approfondir et préciser les aspects „importance“ et
„confiance“.
Concernant l’importance, par exemple: „Que devrait-il se passer pour que vous accordiez au
changement nécessaire un point de plus, soit p.ex. 6 au lieu de 5 ?“.
Dans ce genre d’exploration on peut aussi débattre sur les « pour » et les « contre », considérer les
conséquences à court et à long terme, et même établir un listing écrit. On peut identifier des soucis
ou des doutes concernant le comportement à avoir et anticiper des changements. „Imaginons que
vous avez effectivement changé tel et tel point. Comment vous sentiriez-vous alors ? Comment se
présenterait alors votre quotidien ?“.
La discussion permet un „brainstorming“ sur de possibles solutions dont la patiente devrait identifier
la meilleure. Le médecin peut aider à se concentrer sur des petits pas réalisables dans un cadre
temporel réaliste. On peut distinguer des objectifs globaux, des stratégies et des missions
spécifiques.
Il est très important de savoir comment réagir lors de « rechutes » (dans les anciens
comportements). Ces rechutes doivent servir d’exemple. Il ne s’agit pas de formuler des
reproches, mais de tirer des leçons et d’apprendre.
« Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? », « Que puis-je apprendre de cette rechute ? »
Afin de changer un comportement, le processus de changement doit être répété en moyenne dix
fois jusqu’à ce qu’une nouvelle habitude soit prise.
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