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France : l’Etat en liquidation européenne

Publié par wikistrike.com sur 30 Mars 2019, 10:03am

Catégories : #Economie, #Politique intérieure

La concurrence est le moyen et le but de cette époque néolibérale, elle est


l’instrument de désétatisation manié avec de plus en plus de fanatisme par
l’Union Européenne. Et la présidence Macron se prête avec enthousiasme à
ce jeu de déconstruction, à coup de privatisations douteuses d’éléments
stratégiques du patrimoine public. Quand le Sénat tente de bloquer dans un
dernier sursaut la privatisation cachée des Aéroports de Paris dans la loi
PACTE, le Gouvernement s’allonge avec délice aux pieds de la Commission
européenne pour offrir au privé les plus importants barrages hydo-
électriques, ouvrages stratégiques construits au lendemain de la Seconde
Guerre Mondiale, lorsque la France était un Etat et une puissance. C’est cette
France que l’UE et Macron veulent définitivement renvoyer aux manuels
d’histoire, avant de les réécrire. La France est mise en liquidation.
Les nouvelles inquiétantes s’enchaînent et se ressemblent, ce sont les
éléments stratégiques de l’Etat qui sont offerts au privé, dans la plus pure
logique néolibérale, si chère à Macron et à l’UE. Pour ce faire, le dogme du
tout-concurrenciel est répété sur toutes les gammes, comme un mantra.
Les privatisations plus ou moins officielles ne cessent de se succéder. Dans le
désordre, on a entendu parler d’Engie, dans lequel l’Etat vend au fur et à
mesure ses parts, mais comme il n’est plus majoritaire, cela n’entre pas
officiellement dans un processus de privatisation. Pourtant, le gaz est un
domaine stratégique, mais dont l’Etat se désengage au profit du privé. Le
même processus a été engagé pour Renault. Ce que le ministre de l’Economie
qualifie de « succès stratégique » (sic). Idem avec Air France, au profit de
l’Etat hollandais – on appréciera l’ironie du sort – certains Etats sont donc
plus « autorisés » que d’autres. La vente des aéroports de Nice, Toulouse et
Lyon a fait réagir la Cour des comptes (voir ici), sans que le principe ne soit
remis en cause, et le processus de revente continue s’amorce : la question
devenant de savoir qui va succéder aux Chinois pour l’aéroport de Toulouse
? En plus, ce sont des entreprises très rentables … Etc, etc, etc … C’est l’Etat
qui est en cours de privatisation, de liquidation. Et l’on continue avec
les Aéroports de Paris, que le Sénat tente de bloquer.
Maintenant, sous le coup d’une procédure d’infraction lancée par la
Commission européenne contre la France, au sujet du monopole d’EDF dans
le domaine de l’énergie hydro-électrique, le Gouvernement s’apprête à
« ouvrir à la concurrence », autrement dit à ouvrir au privé, la concession
d’une centaine des plus importants barrages hydro-électriques français.
Le principe de la privatisation avait été acté dès 2017, juste après la prise de
fonctions de Macron, alors que la France résistait depuis plus de 10 ans :
Le 7 février dernier, le gouvernement Philippe, après avoir fait savoir en
automne 2017 à l’interfédérale des salariés du secteur hydroélectrique
français qu’il ne trouvait rien à redire au principe, a donc acté la privatisation.
D’ici 2022, 150 des plus grands barrages (plus de 20 mètres de haut)
devraient être vendus, pour une puissance totale de 4,3 GW équivalant à celle
de trois réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Le reliquat du parc
public, sauf effondrement global, sera mis à l’encan avant 2050.
Un excellent article publié sur le site de France Culture résume parfaitement
le fanatisme idéologique de cette décision européenne, qui va se réaliser sous
la présidence Macron, et peut mettre en danger la sécurité nationale :
Vous avez aimé les Aéroports de Paris, les autoroutes et Engie, vous allez
adorer ce nouvel épisode de la grande série de privatisations, pour le moins
étonnantes, menée par le gouvernement français. Cette annonce fait suite à
près de dix ans de pression de la part de la Commission européenne pour
démanteler la gestion publique de l’énergie hydro-électrique.
Il faut dire que Bruxelles enrage contre la position ultra-dominante d’EDF
qui, en sa qualité d’acteur public de l’énergie, détient et gère 85% du parc
hydraulique français, soit près de 2300 barrages en France. Des années que
la Commission aimerait voir tomber ce monopole d’État aux allures
insupportables de vestige socio-marxiste en plein cœur de l’Europe de
marché.
Puisqu’il était impossible d’exiger la privatisation des centrales nucléaires,
relevant des activités d’importances vitales de la nation, la Commission s’est
donc reportée sur la deuxième source française de production d’énergie, à
savoir les barrages. (…)
On peut ainsi se demander ce que feraient des acteurs privés s’ils venaient à
détenir et à contrôler de telles infrastructures. D’autant que l’électricité
produite par les centrales hydroélectriques est aujourd’hui la moins chère de
France : 20 à 30 €/MWh contre 35 à 46 pour le nucléaire. Or, comme le relève
le média en ligne Le vent se lève, « un opérateur privé pourrait facilement
maintenir les vannes du barrage fermées et attendre qu’un pic de
consommation fasse frôler la pénurie d’électricité pour faire monter les prix.
Sur le plan juridique, rien ne les en empêcherait ».
Pour se donner une idée du type de chantage financier que peuvent exercer
des acteurs privés dans de telles conditions, il suffit de se rappeler l’épisode
qui avait opposé General Electric à EDF il y a quelques années. Après avoir
racheté Alstom énergie en 2016, l’entreprise américaine avait organisé une
grève de maintenance pour obtenir d’EDF des conditions de gestion plus
avantageuses. Après une centaine d’incidents, la direction d’EDF avait fini
céder et donner gain de cause aux Américains.
On ose à peine imaginer le pouvoir que donnerait le contrôle de ces
infrastructures, quand on sait que les barrages hydrauliques servent aussi de
réserve d’eau pour refroidir les centrales nucléaires…
Effectivement, la question se pose …
Mais surtout, chers amis, allez voter aux élections européennes, pour des
députés qui ne pourront, même si par hasard ils le voulaient, changer le cours
anti-étatique de l’UE décidé en Commission. Par principe, l’UE ne peut se
développer qu’en absorbant les Etats au profit d’une idéologie globaliste.
Idéologie, qui ne peut qu’avancer la loi du marché tout-puissant, mythe
néolibéral, pour dénier tout droit à l’intérêt national, aux intérêts
stratégiques de l’Etat. Et pendant que vous vous escrimez au niveau
européen, où les décisions sont déjà prises (ailleurs), nos charmants clones
nationaux s’appliquent à brader le pays. Et y arrivent à merveille.
Parfaitement protégé par cette farce électorale.
Karine Bechet-Golovko

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