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Dans ce chapitre, on aborde exclusivement les calculs de primitives ou d’intégrales comme le prévoit le programme officiel.
La théorie de l’intégration est repoussée au deuxième semestre.
Plan du chapitre
1 Primitives et intégrales : rappels de Terminale et compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1.1 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1.2 Formulaires de primitives usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1.3 Intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
1.4 Intégrale fonction de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7
2 La formule d’intégration par parties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9
3 Changements de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11
3.1 La formule de changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11
3.2 Quelques applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13
4 Quelques situations usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14
1
4.1 Primitives de , a 6= 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14
ax2 + bx + c
4.2 Primitives de fonctions transcendantes dont la dérivée est algébrique (ln, Arcsin, Arctan, . . .) . . . . . . . . . . . . page 15
4.3 Produit d’une exponentielle et d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 15
4.4 Produit d’une exponentielle et d’un sinus ou d’un cosinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 16
4.5 Polynômes trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 16
4.6 Fractions rationnelles en sin x, cos x et tan x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 17
4.7 Fractions rationnelles en ex , ch x, sh x et th x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 18
b
1
1
0 si 0 6 x < 1
Pour tout x de [0, 1], on a f(x) = . Supposons par l’absurde que la fonction f admette une primitive F sur [0, 1]. F
1 si x = 1
est une fonction dérivable sur [0, 1], de dérivée nulle sur [0, 1[. Donc, F est constante sur [0, 1[. Mais F étant dérivable sur [0, 1], F est
en particulier continue sur [0, 1]. Puisque F est constante sur [0, 1[ et continue sur [0, 1], F est constante sur [0, 1]. Mais alors, puisque
F est constante sur [0, 1], sa dérivée F ′ est nulle sur [0, 1] ou encore f est nulle sur [0, 1] ce qui n’est pas. La fonction f n’admet donc
pas de primitive sur [0, 1].
xn+1
xn R n∈N
n+1
1
ln(x) ]0, +∞[
x
1
ln(|x|) ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[
x
1 1
− R+∗ ou R−∗ n ∈ N \ {0, 1}
xn (n − 1)xn−1
1 √
√ 2 x ]0, +∞[
x
xα+1
xα ]0, +∞[ α ∈ R \ {−1}
α+1
ex ex R
1 zx
ezx e R z ∈ C∗
z
ax
ax R a > 0 et a 6= 1
ln a
sh x ch x R
ch x sh x R
1
= 1 − th2 x th x R
ch2 x
th x ln(ch x) R
cos x sin x R
sin x − cos x R
1 i π π h
= 1 + tan2 x tan x − + kπ, + kπ k∈Z
cos2 x 2 2
1
− = −1 − cotan2 x cotan x ]kπ, (k + 1)π[ k∈Z
sin2 x
i π π h
tan x − ln | cos x| − + kπ, + kπ k∈Z
2 2
1 x
ln tan ]kπ, (k + 1)π[ k∈Z
sin x 2
1 x π i π π h
ln tan + − + kπ, + kπ k∈Z
cos x 2 4 2 2
Les deux dernières formules méritent un commentaire. Nous décrirons plus loin différentes manières de les établir. Pour
l’instant, le plus simple est de les vérifier :
x
x ′ 1 1 + tan2 1 1
ln tan
= ×
x 2 = x = .
2 2 2 x sin x
tan 2 tan / 1 + tan
2 2 2
Cette formule est valable sur tout intervalle sur lequel la fonction sinus ne s’annule pas. Ensuite,
x π ′ ′
x + (π/2) 1 1
ln tan + = ln tan = = .
2 4 2
π cos x
sin x +
2
Le quatrième formulaire concerne les fonctions trigonométriques réciproques.
1 1 1 1−x+1+x 1 1−x 1+x
= = = +
1 − x2 (1 − x)(1 + x) 2 (1 − x)(1 + x) 2 (1 − x)(1 + x) (1 − x)(1 + x)
1 1 1 1 1 −1
= + = −
2 1+x 1−x 2 1+x 1−x
1 1 1 − x
et donc une primitive de f sur I est la fonction F : x 7→ (ln |1 + x| − ln |1 − x|) = ln (on rappelle que
2 2 1 + x
′
u
(ln |u|) ′ = ).
u
1 √
• Une primitive sur R de la fonction f : x 7→ √ est la fonction x 7→ ln x + x2 + 1 (alors qu’une primitive
1 + x2
1
de la fonction x 7→ √ sur ] − 1, 1[ est la fonction x 7→ Arcsin x). En effet, pour tout x de I,
1 − x2
√
x + x2 + 1
′ 2x 1 1
F (x) = 1 + √ × √ = √ × √
2 x +12 x+ x +12 2
x +1 x + x2 + 1
1
=√ .
2
x +1
Sinon, il y a des formules plus générales : si F et G sont des primitives de f et g sur I (intervalle donné de R), alors une
primitive de f + g sur I est F + G et une primitive de λf (λ ∈ C) sur I est λF. D’autre part, si f est dérivable sur I et g est
dérivable sur f(I), une primitive de f ′ × (g ′ ◦ f) sur I est g ◦ f. Cette dernière formule fournit le formulaire non exhaustif
suivant :
Fonction Primitive Commentaire
α+1
f
f ′ fα α ∈ R \ {−1}
α+1
f′
ln |f|
f
f′ 1
− n ∈ N \ {0, 1}
fn (n − 1)fn−1
f′ √
√ 2 f
f
′ f
fe ef
f ′ sin f − cos f
f ′ cos f sin f
′
f sh f ch f
′
f ch f sh f
′ f′
(ln ◦|f|) = (ln ◦f) ′ = ,
f
et si I est un intervalle sur lequel f est strictement négative, alors
′ −f ′ f′
(ln ◦|f|) = (ln ◦(−f)) ′ = = .
−f f
f ′ (x)
Donc, si I est un intervalle sur lequel f est de signe contant et ne s’annule pas, une primitive de la fonction x 7→ est
f(x)
la fonction x 7→ ln(|f(x)|).
Exercice 1. Déterminer une primitive de chacune des fonctions suivantes sur l’intervalle I considéré (on admettra que
les fonctions considérées sont définies et continues sur I).
x
1) f1 : x 7→ 3
, I = R.
2
(x + 1)
x
2) f2 : x 7→ 2 , I = R.
x +1
x
2 sin2
3) f3 : x 7→ 2 , I =]0, +∞[.
x − sin x
1
4) f4 : x 7→ 2 , I = R.
x + 2x + 2
√
5) f5 : x 7→ (x + 1) x2 + 2x + 5, I = R.
6) f6 : x 7→ (1 + ln x)xx , I =]0, +∞[.
ex
7) f7 : x 7→ , I = R.
1 + e2x
1
8) f8 : x 7→ √ , I =]0, 2[.
2x − x2
1
9) f9 : x 7→ , I =] − ∞, 0[.
x
Solution 1.
x 1 2x ′
1) Pour tout réel x, f1 (x) = 3
= × 3
(avec x2 + 1 = 2x). Donc, une primitive de la fonction f1 sur
(x2+ 1) 2 2
(x + 1)
1 1 1
R est la fonction F1 : x 7→ × − 2
=− 2
.
2 2 (x2 + 1) 4 (x2 + 1)
x 1 2x ′
2) Pour tout réel x, f2 (x) = 2 = × 2 (avec x2 + 1 = 2x). Donc, une primitive de la fonction f2 sur R est
x +1 2 x +1
1 2 1
la fonction F2 : x 7→ ln x + 1 = ln x2 + 1 .
2 2
x
2 sin2
3) Pour tout réel x > 0, f3 (x) = 2 = 1 − cos x (avec (x − sin x) ′ = 1 − cos x). Donc, une primitive de la fonction
x − sin x x − sin x
f3 sur ]0, +∞[ est la fonction F3 : x 7→ ln(x − sin x) (car pour tout x > 0, x − sin x > 0).
1.3 Intégrales
Nous redisons que l’étude de la théorie de l’intégration est repoussée au deuxième semestre. En particulier, la définition
correcte de l’intégrale attendra. Aujourd’hui, nous nous contenterons d’une définition « intuitive ».
On se donne f une fonction définie sur un segment [a, b] de R à valeurs dans R. On suppose de plus que f est continue sur
[a, b]. Pour x ∈ [a, b], « l’aire algébrique infinitésimale du trait » de mesure algébrique f(x) (c’est-à-dire de longueur |f(x)|
et affecté du signe de f(x)) et d’épaisseur infinitésimale dx (pour « différence infinitésimale de valeurs x ») est f(x) × dx.
dx
dx
aire algébrique= f (x2 ) × dx
Zb
R
L’intégrale de a à b de f, notée f(x) dx ( est la lettre S, initiale du mot somme), est la somme de ces aires algébriques
a
quand x varie de a à b.
Zb
aire algébrique= f (x) dx
a
b
a
Ensuite, si f est une fonction continue sur le segment [a, b] à valeurs dans C, on adopte la définition suivante :
Une première conséquence de la « définition » de l’intégrale d’une fonction continue sur un segment à valeurs dans R ou
C est
Zb
∀λ ∈ C, λ dx = λ(b − a).
a
➱ Commentaire .
⋄ Le résultat ne dépend pas du choix d’une primitive puisque si G est une autre primitive de f sur [a, b], il existe une constante C
telle que pour tout x de [a, b], G(x) = F(x) + C. On a alors
Les propriétés usuelles de l’intégrale qui seront établies au second semestre sont les suivantes :
• Linéarité. Soient f deux fonctions continues sur un segment [a, b] à valeurs dans R ou C et λ et µ deux nombres
réels ou même complexes. Alors
Zb Zb Zb
(λf(x) + µg(x)) dx = λ f(x) dx + µ g(x) dx.
a a a
b b b
On note à ce sujet que l’on a donc aussi la « linéarité du crochet » : [λF(x) + µG(x)]a = λ [F(x)]a + µ [G(x)]a .
• Positivité, croissance. Si f est une fonction continue sur [a, b] et positive sur [a, b] (ou encore à valeurs dans R+ ),
Zb
alors f(x) dx > 0.
a
Si f et g sont deux fonctions continues sur [a, b] à valeurs dans R telles que pour tout x de [a, b], f(x) 6 g(x) (ou
Zb Zb
encore telles que f 6 g), alors f(x) dx 6 g(x) dx.
a a Zb Zc Zb
• Relation de Chasles. Pour tout réel c de ]a, b[, f(x) dx = f(x) dx + f(x) dx.
a Z a cZ
b b
• Pour toute fonction f continue sur [a, b] à valeurs dans R ou C, f(x) dx 6 |f(x)| dx.
a a
(expression de la primitive de f sur I qui prend la valeur Zy0 en x0 ). En particulier, pour tout x0 de I, la primitive de
x
la fonction f sur I qui s’annule en x0 est la fonction x 7→ f(t) dt.
x0
Zx
1
Par exemple, pour tout réel x, Arctan(x) = dt.
0 1 + t2
➱ Commentaire
Z .
x
⋄ La notation f(x) dx ne veut rien dire : comment x pourrait-il varier de a à x (comment 2 pourrait-il varier de 1 à 2) ? On a
a
besoin de deux lettres différentes. Un réel x de I est donné dans I puis un réel t varie de a à x (ou de x à a).
Zx Zx
⋄ Dans la notation f(t) dt, la variable t est muette. f(t) dt est une fonction de x mais pas de t. Pour cette raison, une phrase
Zx a a
Zx
dt
Exercice 2. Pour x ∈ R, on pose F(x) = √ . On note C la courbe représentative de F dans le plan rapporté
0 1 + t4
→ − −→
à un repère orthonormé O, i , j .
1) Pour tout réel x, x4 + 1 > 0. Donc, la fonction f est continue sur R. On en déduit que la fonction F est définie sur R.
2) Puisque f est continue sur R, F est dérivable sur R et F ′ = f. Puisque
1
∀x ∈ R, F ′ (x) = √
1 + x4
′
la fonction F est strictement positive sur R et donc la fonction F est strictement croissante sur R.
1
3) Une équation de la tangente à C en son point d’abscisse 0 est y = F(0)+F ′ (0)(x−0) avec F(0) = 0 et F ′ (0) = √ = 1.
1 + 04
Une équation de la tangente à C en son point d’abscisse 0 est y = x.
4) La fonction f est paire. Pour x ∈ R, posons ϕ(x) = F(x) + F(−x). La fonction ϕ est dérivable sur R et pour tout réel x,
Z1 Zx
1 1
F(x) = √ dt + √ dt
1 + t 4 1 + t4
0 1
Z1 Zx
1 1
6 √ dt + √ dt (car x > 1)
1+0 4 0 + t4
0 1
Zx x
1 1 1
=1+ 2
dt = 1 + − =1+ − +1
1 t t 1 x
1
=2−
x
< 2.
1
➱ Commentaire . La fonction f : x 7→ √ est continue sur R et à ce tire, admet des primitives sur R. La primitive
1 + x4 Z
x
1
de f sur R qui s’annule en 0 est la fonction F : x 7→ √ dt. On n’a pas d’écriture plus simple de F car F ne s’exprime
0 1 + t4
pas à l’aide des fonctions usuelles. Ne cherchez pas de fonction obtenue en combinant des polynômes, des racines carrées, des
exponentielles, des cosinus, des arcsinus . . . , vous n’en trouverez pas.
Zx
2
C’est aussi le cas de la fonction f : x 7→ e ( x2 )
. La primitive de f sur R qui s’annule en 0 est la fonction F : x 7→ e(t ) dt. Les
0
2
primitives de f sur R ne s’expriment pas à l’aide des fonctions usuelles à la différence des primitives de la fonction x 7→ 2xe(x ) qui
2
sont les fonctions de la forme x 7→ e( ) + C, C ∈ R.
x
➱ Commentaire . Nous définirons plus tard la notion de fonctions de classe Ck , k ∈ N. Les fonctions de classe C0 seront les
fonctions continues, les fonctions de classe C1 sont les fonctions dérivables dont la dérivée est continue, les fonctions de classe C2
seront les fonctions deux fois dérivables dont la dérivée seconde est continue . . .
Démonstration . Par hypothèse, les fonctions u et v sont dérivables sur [a, b]. Il en est de même de la fonction uv :
(uv) ′ = u ′ v + uv ′ .
Par hypothèse, les fonctions u et v sont de classe C1 sur le segment [a, b]. Donc, les fonctions u ′ v et uv ′ sont continues sur le
segment [a, b]. On intègre les deux membres sur le segment [a, b] et on obtient par linéarité de l’intégrale :
Zb Zb Zb
u ′ (x)v(x) dx + u(x)v ′ (x) dx = (uv) ′ (x) dx = [u(x)v(x)]ba ,
a a a
d’où le résultat.
❏
Z1
Exemple 1. Calculons I = xex dx. Pour cela, pour x ∈ [0, 1], posons
0
u(x) = ex v(x) = x
u ′ (x) = ex v ′ (x) = 1
Les deux fonctions u et v sont de classe C1 sur le segment [0, 1]. On peut donc effectuer une intégration par parties qui
fournit :
Z1 Z1 Z1
xex dx = u ′ (x)v(x) dx = [u(x)v(x)]10 − u(x)v ′ (x) dx
0 0 0
Z1 Z1
1
= [xex ]0 − x
1 × e dx = e − x
e dx
0 0
1
= e − [ex ]0 = e − (e − 1)
= 1.
Z1
Donc, xex dx = 1. Pendant le calcul, on a remplacé le problème du calcul de l’intégrale sur [0, 1] de la fonction x 7→ xex
0
(dont on ne devinait pas une primitive) par le problème du calcul de l’intégrale sur [0, 1] de la fonction x 7→ ex qui s’achève
aisément. L’intégration par parties a eu pour effet de faire disparaître x en le dérivant.
❏
ZX
Exemple 2. En terminale, l’espérance de la loi exponentielle de paramètre λ (λ > 0) est lim x × λe−λx dx.
X→+∞ 0
ZX
Soit X > 0. Calculons I = x × λe−λx dx. Pour cela, pour x ∈ [0, X], posons
0
ZX ZX Z1
X
x × λe−λx dx = x −e−λx 0 − 1 × −e−λx dx = −Xe−λX + e−λx dx
0 0 0
X
e−λx e−λX
−λX 1
= −Xe + = −Xe−λX − +
−λ 0 λ λ
1 e−λX
= − Xe−λX − .
λ λ
e−λX 1 1 Y
Ensuite, lim − = 0 (car λ > 0) et d’autre part, lim −Xe−λX = lim (−λX)e−λX = lim Ye = 0 d’après
X→+∞ λ X→+∞ X→+∞ λ Y→−∞ λ
un théorème de croissances comparées.
e−λX
1 1
Par suite, l’espérance de la loi exponentielle de paramètre λ est lim − Xe−λX − = .
X→+∞ λ λ λ
❏
La formule d’integration par parties donnée dans le théorème 4 est bien sûr valable dans le cas où a > b (avec u et v de
classeZC1 sur [b, a]) car on peut toujours intégrer de a à b l’égalité (uv) ′ = u ′ v + uv ′ . Cette formule est donc aussi valable
x
pour u ′ (t)v(t) dt où a est un réel fixé d’un intervalle I, x un réel variable de I et u et v deux fonctions de classe C1
a
sur I. On a obtenu
Théorème 4 bis. Soient u et v deux fonctions de classe C1 sur un intervalle I de R à valeurs dans R ou C.
Z Z
u ′ v = uv − uv ′ .
Exemple. Calculons les primitives de la fonction x 7→ ln(x) sur ]0, +∞[. Les deux fonctions u : x 7→ x et v : x 7→ ln(x)
sont de classe C1 sur ]0, +∞[. On peut donc effectuer une intégration par parties qui fournit :
Z Z Z
1
ln x dx = x ln x − x × dx = x ln x − 1 dx
x
= x ln x − x + C
Ainsi, une primitive de la fonction x 7→ ln x sur ]0, +∞[ est la fonction x 7→ x ln x − x. On doit mémoriser cette formule.
3 Changements de variable
3.1 La formule de changement de variable
On va apprendre à changer de variable dans une intégrale. La mentalité générale est la même que pour une intégration
par parties : transformer le problème du calcul d’une intégrale en le problème du calcul d’une autre intégrale plus simple.
Théorème 5. Soit ϕ une application de classe C1 sur un intervalle I à valeurs dans R (ϕ « est » le changement de
variables). Soit f une fonction continue sur ϕ(I) à valeurs dans R ou C. Alors, pour tout (a, b) ∈ I2 ,
Z ϕ(b) Zb
f(x) dx = f(ϕ(t))ϕ ′ (t) dt.
ϕ(a) a
dx = ϕ ′ (t) dt.
ZX Z ϕ(X)
Démonstration . Soit (a, b) ∈ I2 . Pour X ∈ I, posons F(X) = f(ϕ(t))ϕ ′ (t) dt et G(X) = f(x) dx.
a ϕ(a)
• La fonction ϕ est continue sur I et la fonction f est continue sur ϕ(I). Donc, la fonction f ◦ ϕ est continue sur I. D’autre part, la
fonction ϕ est de classe C1 sur I et en particulier, la fonction ϕ ′ est définie et continue sur I. Finalement, la fonction f ◦ ϕ × ϕ ′ est
continue sur I.
On en déduit que la fonction F est dérivable sur I et que, pour tout x de I, F ′ (X) = f(ϕ(X)) × ϕ ′ (X).
➱ Commentaire . Dans les deux exemples précédents, nous avons effectué un changement de variables qui nous a permis de
conclure mais qui était donné. La section 4 de ce chapitre décrira un certain nombre de situations usuelles à connaître avec un
changement de variables adapté à chaque situation.
Théorème 6. Soit f une fonction continue sur un intervalle I de R symétrique par rapport à 0, à valeurs dans R ou
C.
Za Za
Si f est paire, alors ∀a ∈ I, f(x) dx = 2 f(x) dx.
−a 0
Za
Si f est impaire, alors ∀a ∈ I, f(x) dx = 0.
−a
Z0 Z0 Za
f(x) dx = f(−t) × (−dt) = f(−t) dt,
−a a 0
Z0 Za
et, puisque la variable d’intégration est muette, une fois le changement de variable effectué, on peut écrire f(x) dx = f(−x) dx.
−a 0
• Si f est paire, on a
Za Z0 Za Za Za Za Za Za
f(x) dx = f(x) dx + f(x) dx = f(−x) dx + f(x) dx = f(x) dx + f(x) dx = 2 f(x) dx.
−a −a 0 0 0 0 0 0
• Si f est impaire, on a
Za Z0 Za Za Za Za Za
f(x) dx = f(x) dx + f(x) dx = f(−x) dx + f(x) dx = − f(x) dx + f(x) dx = 0.
−a −a 0 0 0 0 0
❏
Z π2 ZX ZX
x2 x2
Par exemple, sin x dx = 0 et pour tout réel X, e− 2 dx = 2 e− 2 dx.
−π
2 −X 0
Démonstration .
1ère démonstration. Soit F une primitive de la fonction f sur R (F existe puisque f est continue sur R). Pour a ∈ R, posons
Z a+T
G(a) = f(x) dx = F(a + T ) − F(a). G est dérivable sur R et pour tout réel a,
a
Le théorème signifie que quand on intègre une fonction T -périodique sur un intervalle de longueur une période, on peut
choisir cet intervalle. Par exemple,
Z 5π
2
Zπ
sin x dx = sin x dx = 0.
π
2 −π
1 1 1 (x − x2 ) − (x − x1 )
= = ×
ax2 + bx + c a (x − x1 ) (x − x2 ) x1 − x2 a (x − x1 ) (x − x2 )
1 1 1
= − .
a (x1 − x2 ) x − x1 x − x2
Sur tout intervalle ne contenant pas x1 et x2 , les primitives de f sont les fonctions de la forme
1 1 x − x1
x 7→ (ln |x − x1 | − ln |x − x2 |) + C = ln + C, C ∈ R.
a (x1 − x2 ) a (x1 − x2 ) x − x2
Exercice 3. Déterminer les primitives de chacune des fonctions suivantes sur l’intervalle I considéré :
1
1) f1 : x 7→ , I = R.
x2 + x + 1
1 1
2) f2 : x 7→ 2 , − , +∞ .
4x + 4x + 1 2
1
3) f3 : x 7→ 2 , ]2, 5[.
x − 7x + 10
Solution 3.
2 2 2 √ !2
2 1 1 1 3 1 3
1) Pour tout réel x, x + x + 1 = x + − +1= x+ + = x+ + > 0. Donc f1 est continue
2 4 2 4 2 2
sur R et de plus,
Z Z 1
x + 2
dx 1 2 2x + 1
f1 (x) dx = √ !2 = √ Arctan √ + C = √ Arctan √ + C.
1
2
3 3/2 3 3 3
x+ + 2
2 2
4.2 Primitives de fonctions transcendantes dont la dérivée est algébrique (ln, Arcsin,
Arctan, . . .)
Une intégration par parties où on dérive la fonction transcendante est souvent la solution au problème.
Z Z Z Z
1
Exemple 1. ln x dx = 1 × ln x dx = x ln x − x × dx = x ln x − 1 dx = x ln x − x + C.
x
Z Z Z
1 1 2x 1
dx = x Arctan x − ln 1 + x2 + C.
Exemple 2. Arctan x dx = x Arctan x − x × 2
dx = x Arctan x − 2
1+x 2 1+x 2
Z Z
x p
Exemple 3. Arcsin x dx = x Arcsin x − √ dx = x Arcsin x + 1 − x2 + C.
1 − x2
Exemple 4.
Z Z Z
x2 1 x2 x2 1 x2 + 1 − 1
x Arctan x dx = Arctan x − dx = Arctan x − dx
2 2 1 + x2 2 2 1 + x2
Z
x2
1 1
= Arctan x − 1− dx
2 2 1 + x2
x2 x 1 1
x2 + 1 Arctan x − x + C.
= Arctan x − + Arctan x + C =
2 2 2 2
Z1
Exemple 2. On veut calculer x2 e−x/2 dx. Une double intégration par parties fournit :
0
Z1 h i1 Z 1 Z1
2 −x/2 −x/2 −x/2 −1/2
x e 2
dx = x −2e − 2x −2e dx = −2e + 4 xe−x/2 dx
0 0 0 0
i1 Z 1 Z1
!
h
= −2e−1/2 + 4 x −2e−x/2 − −2e−x/2 dx = −2e−1/2 − 8e−1/2 + 8 e−x/2 dx
0 0 0
h i1
= −10e−1/2 + 8 −2e−x/2 = −10e−1/2 − 16 e−1/2 − 1
0
= 16 − 26e−1/2 .
Z π2 Z π2 Z π2 ! Z π2 !
x x ix x ix (1+i)x
I= e cos x dx = e Re e dx = Re e e dx = Re e dx
0 0 0 0
π2 ! π π
!
e(1+i)x e(1+i) 2 − 1 −1 + ie 2 (1 − i)
= Re = Re = Re
1+i 0 1+i 2
π
e2 − 1
= .
2
Z π2 Z π2 Z π2
π
I= ex cos x dx = [ex cos x]02 − ex (− sin x) dx = −1 + ex sin x dx
0 0 0
Z π2
π π
= −1 + [ex sin x]02 − ex cos x dx = e 2 − 1 − I
0
π
π e −12
et donc 2I = e 2 − 1 puis I = .
2
2 1 ix 4
1 ix
cos2 x sin4 x = e + e−ix e − e−ix
2 2i
1 2ix
e + 2 + e−2ix e4ix − 4e2ix + 6 − 4e−2ix + e−4ix
=
64
1 6ix
e − 2e4ix − e2ix + 4 − e−2ix − 2e−4ix + e−6ix
=
64
1
= (cos(6x) − 2 cos(4x) + cos(2x) + 2)
32
et donc
Z
2 41 sin(6x) sin(4x) sin(2x)
cos x sin x dx = − + + 2x + C
32 6 2 2
1 x
= (sin(6x) − 3 sin(4x) + 3 sin(2x)) + + C.
192 16
Néanmoins, si l’un des exposants est impair, on peut se passer de linéariser. Par exemple,
Z Z Z Z
3 4 2 4
sin x cos x dx − sin6 x cos x dx
4
cos x sin x dx = 1 − sin x sin x cos x dx =
sin5 x sin7 x
= − + C.
5 7
x
1
1 − cos x
1
2 sin2
1 x
ln ln = 2x = ln tan2
2 1 + cos x
2 2 cos2 2 2
x 2
= ln tan .
2
x
Sur ce premier exemple, le changement de variable général t = tan a mieux fonctionné que le changement de variable
2
t = cos x suggéré par les règles de Bioche. La plupart du temps, c’est l’inverse qui se produit. Etudions un deuxième
exemple.
Z Z Z
dx 2dx du
= = (en posant u = 2x)
cos x + sin4 x
4 1 + cos2 (2x) 1 + cos2 u
Z Z
du 1 du
= = (suggéré par les règles de Bioche)
1 + cos2 u 1 cos2 u
+ 1
Z cos2 u Z
1 1
= 2
d(tan u) = dt (en posant t = tan u = tan(2x))
2 + tan u 2 + t2
1 t
= √ Arctan √ +C
2 2
1 tan(2x)
= √ Arctan √ +C
2 2
Z Z Z
1 ch x ch x
dx = 2
dx = dx
ch x
Z ch x 1 + sh2 x
1
= dt (en posant t = sh x)
1 + t2
= Arctan(t) + C
= Arctan (sh x) + C.
Ainsi, les deux fonctions F1 : x 7→ 2 Arctan (ex ) et F2 : x 7→ Arctan(sh x) sont deux primitives sur R de la fonction
1 π
f : x 7→ . Les fonctions F1 et F2 n’ont aucune raison d’être égales. De fait, F1 (0) = 2 Arctan(1) = et F2 (0) =
ch x 2
Arctan(0) = 0. Donc F1 6= F2 .
Par contre, en tant que primitives d’une même fonction sur l’intervalle R, les deux fonctions F1 et F2 diffèrent d’une
constante. On en déduit que pour tout réel x,
π
F1 (x) − F2 (x) = F1 (0) − F2 (0) =
2
ou encore
π
∀x ∈ R, 2 Arctan (ex ) = Arctan(sh x) + .
2