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CHAPITRE

Design des seuils dissipateurs d’énergie

17.1 INTRODUCTION
Le dimensionnement hydraulique complet des seuils dissipateurs d’énergie nécessite la réali-
sation séquentielle de plusieurs étapes de prise de décisions et de calculs. La première section
présente ces étapes ainsi que quelques règles de base à respecter pour obtenir un fonctionne-
ment efficace de ces seuils. Chaque étape est reprise par la suite dans le cadre d’exemples.

17.2 ÉTAPES NÉCESSAIRES A LA CONCEPTION DES SEUILS

17.2.1 Caractéristiques du milieu

Le dimensionnement des seuils dissipateurs d’énergie nécessite d’abord la connaissance du


bassin versant, des caractéristiques hydrauliques du cours d’eau à aménager, de même que les
caractéristiques du sol que traverse ce cours d’eau. Ces différentes caractéristiques permet-
tront d’évaluer les paramètres suivants
1. Débit de projet, Q [m3/s] ;
2. Section du cours d’eau, b [m] et z pour une section trapézoïdale ;
3. Pente du cours d’eau avant aménagement, So [mlm] ;
4. Coefficient de rugosité de Manning, n [s/ml/3] ;
5. Hauteur normale d’écoulement, yn [m] ;
6. Vitesse d’écoulement, V [m/s] ;
7. Nombre de Froude, F (F > 1, écoulement torrentiel; F < 1, écoulement fluvial) ;
8. Hauteur critique d’écoulement, yc [m];
9. Vitesse d’écoulement maximale permise, Vmax [m/s].
230 DESIGN DES SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE

17.2.2 Aménagement du cours d’eau

L’aménagement d’un cours d’eau afin de contrôler son érosion s’avère essentiel lorsque la
vitesse d’écoulement calculée est supérieure à la vitesse maximale d’écoulement que peut
tolérer le sol, soit V > Vmax . Le cas échéant, différents aménagements sont possibles :
1. Creusage d’une nouvelle section (diminution de la vitesse d’écoulement);
2. Ensemencement des talus (augmentation de la résistance à l’érosion des talus et de la
rugosité du cours d’eau, donc diminution de la vitesse d’écoulement);
3. Enrochement du talus et/ou du fond du cours d’eau (augmentation de la résistance à
l’érosion et de la rugosité du cours d’eau, donc diminution de la vitesse d’écoulement
et augmentation de la vitesse maximale permise);
4. Aménagement de seuils (diminution de la pente effective et dissipation ponctuelle de
l’énergie hydraulique).

17.2.3 Pente maximale

Une fois le choix arrêté sur l’aménagement de seuils, la pente maximale du cours d’eau est
déterminée. Celle--ci est la pente pour laquelle la vitesse d’écoulement est égale à la vitesse
maximale (Vmax ) que le sol peut tolérer. Le calcul est effectué à l’aide de l’équation de Man-
ning en utilisant le débit de projet Q et les caractéristiques de la section (A et Rh) et de rugosité
(n) du cours d’eau déterminés à la section précédente :

Q2 n2 [17.1]
S1 =
A 2 Rh 43

17.2.4 Hauteur du seuil

Le choix de la hauteur du seuil est guidé par des considérations de différents ordres.

Efficacité hydraulique

Du point de vue de l’efficacité hydraulique la hauteur du seuil, h, devrait rencontrer les deux
exigences suivantes (figure 17.1) :
1. La hauteur du seuil devrait être supérieure à 1.2 fois la hauteur critique d’écoulement
sur la crête du déversoir yc (h > 1,2 yc ). Cette condition assure que le ressaut sera de
type direct, soit F1 > 1,7, d’où une dissipation minimale de l’énergie hydraulique.
2. La cote de la crête du seuil devrait préférablement être supérieure à la cote de l’eau en
aval du seuil (h > h’ + y3 ). Cette condition assure que le déversoir est complet et donc
que l’écoulement en amont du seuil n’est pas influencé par le niveau de l’eau en aval.
ÉTAPES NÉCESSAIRES A LA CONCEPTION DES SEUILS 231

S’il s’avérait impossible de remplir cette condition, on devra cependant s’assurer que
la cote de l’eau sur le seuil soit supérieure à la cote de l’eau en aval du seuil (h + yc >
h’ + y3 ). Si cette condition n’est pas respectée, aucun ressaut n’a lieu et donc peu
d’énergie est dissipée par le seuil.
Conditions à respecter :
1. h > 1,2 yc ; et,
2a. h > h’+ y3 (préférablement) ou
2b. h + yc > h’ + y3 (absolument)

Figure 17.1 Contraintes sur la hauteur du seuil afin de maintenir une efficacité mini-
male de la dissipation de l’énergie hydraulique.

Revanche du cours d’eau et stabilité du sol


L’aménagement d’un seuil a pour effet de diminuer la vitesse de l’écoulement par une diminu-
tion de la pente effective du cours d’eau. II en résulte donc une augmentation de la cote de la
ligne d’écoulement de l’eau en amont du seuil. On devra donc s’assurer que la revanche du
cours d’eau et la stabilité mécanique du sol sont suffisantes pour contenir l’écoulement de
l’eau dans les nouvelles conditions. Dans les cas de ravinement, cette revanche est générale-
ment suffisante. Ce qui, souvent, n’est pas le cas en terrain relativement plat où les cours d’eau
sont peu profonds et où des sorties de drains souterrains limitent cette hauteur d’eau.
Faune
Les cours d’eau dans lesquels existe une faune migratrice ou dans lesquels celle--ci est souhai-
tée, la hauteur des seuils devra être limitée. De façon plus juste, on tiendra compte de la diffé-
rence entre la cote de la crête du seuil et celle de l’eau en aval du seuil, soit h - (h’ + y3 )
(figure 17.1) et ce, au moment de la migration des poissons. I1 est à noter que celui--ci ne cor-
respond pas nécessairement à la période d’étiage alors que le poisson semble plutôt rechercher
la fraîcheur des fosses.
232 DESIGN DES SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE

Dans tous les cas, afin de déterminer la hauteur du seuil qui répondra le mieux aux exigences de
la faune existante ou souhaitée, il est conseillé de consulter des spécialistes en aménagement
de la faune aquatique.

17.2.5 Déversoir
Rôle du déversoir
Le déversoir remplit deux tâches importantes dans le fonctionnement du seuil. D’abord il
concentre l’écoulement vers le centre du cours d’eau évitant ainsi l’affouillement des berges.
Puis, s’il a été choisi judicieusement, il permet également de créer une zone de courant lent en
amont du seuil, limitant la vitesse d’écoulement à une vitesse inférieure à la vitesse maximale
permise. Le déversoir évite donc de devoir protéger cette partie du cours d’eau.
Forme du déversoir
Les matériaux utilisés pour la construction du seuil de même que le fonctionnement qu’on en
désire conditionnent le choix de la forme du déversoir (figure 17.2). Ainsi, une structure en
bois ou en gabions s’adaptera bien à un déversoir rectangulaire tandis qu’une structure en
enrochement ou en blocs de béton supportera facilement un déversoir de forme trapézoïdale.
Pour ce qui est de l’écoulement obtenu, par l’augmentation de sa longueur au miroir avec une
augmentation du débit, le déversoir trapézoïdal limite la hauteur d’eau en amont du seuil en
comparaison avec le déversoir rectangulaire. Quant au déversoir à section composée
(figure 17.2), il assure une bonne efficacité hydraulique à grand débit grâce à une hauteur
moyenne du seuil élevée tout en permettant, même à petit débit, la migration des poissons par
la section basse et étroite du déversoir.
Dimension
La dimension du déversoir rectangulaire (figure 17.3) se calcule à partir de l’équation sui-
vante :

Q = C B H s32 [17.2]

B = largeur du déversoir [m]


C = coefficient de débit du déversoir [m1/2/s]
Hs = charge hydraulique, excluant la charge de vitesse, au--dessus de la
cote du déversoir [m].
La charge Hs est mesurée en amont du déversoir où la courbure de l’écoulement ne se fait plus
sentir (figure 17.3). Quant au coefficient de débit C, il est fonction de la section transversale du
déversoir, de la charge Hs et de la vitesse d’approche. Sa valeur varie généralement de 1,6 à
2,65, la valeur la plus faible se présentant lorsque l’énergie de vitesse en amont est presque
nulle et la valeur la plus élevée, lorsque cette énergie est importante. La valeur moyenne de
1,82 est appropriée pour le design.
ÉTAPES NÉCESSAIRES A LA CONCEPTION DES SEUILS 233

a) Déversoir rectangulaire;
structure en bois

b) Déversoir trapézoïdal;
structure en enrochement

c) Déversoir à section
composée;
structure en gabions

Figure 17.2 Formes de déversoirs possibles et matériaux utilisés.

Figure 17.3 Déversoir rectangulaire dans un cours d’eau de forme trapézoïdal.

La dimension de toute autre forme de déversoir s’obtient à partir de la formation de l’état criti-
que sur la crête du déversoir. Cette méthode est moins précise que celle utilisée pour le déver-
soir rectangulaire mais elle représente la seule alternative pratique.

La cote de la crête du déversoir, le débit et le coefficient de débit étant connus, seules restent à
déterminer la hauteur de l’écoulement sur la crête et la largeur de celle--ci. Afin d’assurer que
234 DESIGN DES SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE

la vitesse d’écoulement en amont du seuil soit inféreure à la vitesse maximale permise, il est
possible d’imposer que la hauteur d’eau, juste en amont du seuil, soit supérieure d’au moins
10% à la hauteur normale d’écoulement sur la pente maximale. On fixe du même coup la lar-
geur du déversoir.

17.2.6 Chute et bassin de dissipation

La dernière étape dans la conception d’un seuil est le dimensionnement du bassin de dissipa-
tion. Celui--ci se situe directement à la suite du déversoir et permet d’amener l’écoulement à
une cote inférieure tout en dissipant localement le surplus d’énergie hydraulique. Les princi-
paux éléments fonctionnels du bassin de dissipation sont (figure 17.4) :
1. Chute, entre les sections 0 et 1;
2. Dissipation d’énergie, entre les sections 1 et 2 ; et,
3. Jonction au cours d’eau aval, entre les sections 2 et 3.
Chute

Deux types de chute sont utilisés dans les dissipateurs : la chute inclinée et la chute verticale
(figure 17.4). Pour les fins de dimensionnement, il est possible de ne pas considérer la perte
d’énergie durant cette chute : il en résultera un facteur de sécurité plus élevé dans le fonction-
nement du dissipateur. Cependant, il pourra être avantageux, économiquement ou pratique-
ment, de tenir compte de ces pertes d’énergie.

Dissipation d’énergie

La dissipation d’énergie est réalisée au moyen du ressaut hydraulique réalisé dans le bassin
(figure 17.4 a) et b)) ou par simple turbulence dans une fosse de dissipation (figure 17.4 c)).

Jonction

La jonction entre l’écoulement après le ressaut (section 2) et le cours d’eau en aval du seuil
(section 3) nécessite généralement une modification dans la structure. En effet, la hauteur
d’eau y2 nécessaire à la formation du ressaut est presque toujours différente de la hauteur d’eau
y3 , de sorte que l’on doit maintenir artificiellement cette hauteur y2 . Ceci se fait à l’aide de
structures connexes telles que le bassin en dépression et le bassin en dévers dans les cas où la
hauteur y2 est plus grande que la hauteur y3 , ce qui est généralement le cas. Le contre--épi utilisé
dans le bassin en dévers permet de plus de rendre l’écoulement à la section 2 indépendant de
l’écoulement aval à la section 3. La formation du ressaut est alors assurée à tous les débits infé-
rieurs au débit de projet.

Dimensionnement

Le dimensionnement du bassin (ou de la fosse) de dissipation signifie la détermination de la


longueur du bassin (ou de la fosse), de la hauteur du contre épi ou de la dépression du bassin et
ÉTAPES NÉCESSAIRES A LA CONCEPTION DES SEUILS 235

de la profondeur de la fosse de dissipation. La détermination de ces paramètres nécessite à


priori la connaissance des caractéristiques de l’écoulement sur le déversoir (section 0) et celles
de l’écoulement en aval du seuil (section 3). Par la suite, on déterminera les caractéristiques de
l’écoulement à la section 1, avant le ressaut. Si on ne considère aucune perte d’énergie dans la
chute, ces caractéristiques s’obtiennent par l’équation de conservation d’énergie entre les sec-
tions 0 et 1. Si on tient compte de ces pertes, les caractéristiques de l’écoulement à la section 1
s’évaluent de la façon suivante
1. Dans le cas de la chute inclinée, un calcul de la courbe de remous entre les sections 0
et 1 permettra d’évaluer la hauteur d’eau avant ressaut. Connaissant le débit et la géo-
métrie du fond, les autres caractéristiques sont alors connues.
2. Dans le cas de la chute verticale, l’équation 16.3 permet d’évaluer la hauteur d’eau y1
avant ressaut. Cette équation tient compte de la perte d’énergie lors de l’impact de la
nappe d’eau avec le fond du cours d’eau.
L’écoulement à la section 2 est déterminé à partir de l’écoulement avant ressaut (section 1) et à
l’aide des équations et graphiques reliés au ressaut (sections 15.2 et 15.3). Les caractéristiques
obtenues pour l’écoulement à la section 2 tiennent alors compte de la perte d’énergie occasion-
née par ce ressaut. Pour ce qui est de la longueur du bassin, celle--ci correspond à la longueur du
ressaut dans le cas de la chute inclinée. Dans le cas de la chute verticale, la longueur de la chute
de la nappe d’eau doit être ajoutée à cette longueur. Cette dernière est obtenue par la
figure 16.14 ou par les équations [16.5] à [16.7].

La jonction entre les sections 2 et 3 est généralement nécessaire pour que le ressaut puisse se
réaliser. Dans le cas d’un bassin en dépression (figure 17.4 a)), on supposera qu’il y a conserva-
tion d’énergie entre les sections 2 et 3. Connaissant les caractéristiques d’écoulement à ces
deux sections, la hauteur h’ sera facilement obtenue. Si, d’autre part, la jonction se fait par l’in-
termédiaire d’un contre--épi (figure 17.4 b)), sa hauteur sera déterminée en le considérant
comme un déversoir (section 17.2.5). On doit cependant noter que l’utilisation d’un contre--
épi nécessite la protection du cours d’eau en aval de celui--ci, contrairement à l’élévation du
fond du cours d’eau.

Finalement, dans le cas de la chute verticale avec fosse de dissipation, la profondeur de cel-
le--ci est évaluée à l’aide de l’équation [16.8] de Veronese ou de l’équation [16.9] Schoklitsch .
Le contre--épi n’est utilisé ici que pour diminuer la profondeur de la fosse. Une protection doit
alors être assurée en aval du contre--épi.
236

a) Chute inclinée avec bassin en dépression

b) Chute verticale avec bassin en dévers

c) Chute verticale avec fosse de dissipation

Figure 17.4 Bassins de dissipation utilisant différentes chutes et différentes structures


connexes..
CARACTÉRISTIQUES DU COURS D’EAU 237

17.3 CARACTÉRISTIQUES DU COURS D’EAU


Le cours d’eau retenu pour les fins de d’exemple cause du ravinement au travers des champs
cultivés. Aussi, la revanche est de plusieurs mètres et aucune espèce de poisson n’y est pré-
sente. Les paramètres de base concernant ce cours d’eau avant son aménagement sont les sui-
vants (figure 17.5) :
Débit (Q) : 1,5 m3/s
Section trapézoïdale
Largeur au fond (b) : 2,0 m
Fruit des talus (z) : 2,5
Pente avant aménagement (So) : 0,009 m/m
Coefficient de rugosité (n) : 0,022
Vitesse maximale permise (Vmax.) : 1,2 m/s

Figure 17.5 Caractéristiques du cours d’eau retenu avant son aménage-


ment. Ecoulement uniforme..

De ces caractéristiques et à l’aide de l’équation de Manning pour un écoulement uniforme, on


détermine les paramètres hydrauliques suivants :
Hauteur normale d’écoulement (yo ) : 0,320 m
Vitesse d’écoulement (V) : 1,67 m/s
Nombre de Froude (F) : 1,07
Hauteur critique d’écoulement (yc ) :: 0,333 m
L’écoulement est donc torrentiel et la vitesse d’écoulement est supérieure à la vitesse maxi-
male que peut tolérer le sol ( V > Vmax ). L’aménagement du cours d’eau s’avère alors néces-
saire et certaines alternatives sont possibles (voir section 17.2.2).

17.4 PENTE MAXIMALE


Dès le choix arrêté de l’utilisation de seuils, la pente maximale du cours d’eau est calculée.
Cette pente permet de faire transiter le débit de projet à une vitesse égale ou inférieure à la
vitesse maximale permise. Le calcul s’effectue ainsi.
238

Section minimale requise :

Q [17.3]
A min = = 1, 25 m 2
V max

Cette section requiert une hauteur normale d’écoulement de : yn = 0,413 m

En utilisant l’équation [17.1], la pente maximale devient (figure 17.6) :: S1 = 0,0035 m/m

Figure 17.6 Caractéristiques du cours d’eau après recreusage à la pente d’équilibre. Ecou-
lement uniforme..

II est à noter que cette pente peut s’obtenir par un nouveau creusage du cours d’eau. II s’en
suivra un cours d’eau de section régulière. Par contre, si un seuil formant une saillie sur le fond
du cours d’eau est érigé, la pente d’équilibre sera obtenue par dépôt de sédiments à l’amont du
seuil. Il en résultera un cours d’eau de forme irrégulière, la largeur au fond étant plus élevée
près du seuil (à cause du remplissage) que loin en amont de celui--ci.

17.5 HAUTEUR DU SEUIL


Dans le cas présent, aucune contrainte ne s’applique sur le choix de la hauteur du seuil : la
revanche du cours d’eau est de quelques mètres et aucune espèce de poisson n’y est présente.
Afin de limiter le nombre de structures, une hauteur de h = 1,5 m a été retenue.

Cette hauteur rencontre les exigences posées à la section 15.2.4. En effet, h > 1,2 yc (yc =
0,333 m) et h > h’ + y3 ( ≅0,80 m pour h’ ≅ h/4 et y3 = 0,413 m, hauteur normale d’écoulement
avec la pente maximale).

Dans ces conditions, la distance entre chaque seuil DS serait :

DS = h = 270 m [17.4]
So − S1
DÉVERSOIR 239

17.6 DÉVERSOIR
Dans cette section, nous étudierons et comparerons le fonctionnement de différents déversoirs
dans les deux situations suivantes :
1. Aménagement de seuils avec recreusage du cours d’eau; et
2. Aménagement de seuils dans un cours d’eau dégradé.

17.6.1 Aménagement de seuils avec recreusage du cours d’eau

Dans ce cas, le recreusage du cours d’eau se fait avec la pente maximale S1 . Le seuil constitue
alors une ”marche” dans le cours d’eau (figure 17.7) et sa crête est à la même cote que le fond
du cours d’eau.

Déversoir sans restriction

Ce type de déversoir est fréquent actuellement et sa forme correspond à la section du cours


d’eau (figure 17.7). Dans l’exemple qui nous concerne, c’est une section trapézoïdale d’une
largeur à la base b = 2 m (largeur au fond du cours d’eau) et dont le fruit est de z = 2,5.

Figure 17.7 Déversoir trapézolidal sans restriction et avec recreusage du cours d’eau.

La forme et les dimensions du déversoir, de même que le débit étant connus, seule la hauteur
d’eau sur la crête reste à déterminer pour caractériser l’écoulement en amont du seuil. Cette
hauteur s’obtient en supposant la formation de l’état critique sur la crête du seuil, soit :

V =1 [17.5]
g Al

d’où yc = 0,333 m

À partir de cette hauteur d’eau, le calcul de la courbe de remous permet de caractériser l’écou-
lement en amont du seuil, soit la hauteur d’eau (figures 17.9 et 17.11) et la vitesse de l’écoule-
ment (figure 17.10).
240

Déversoir rectangulaire
Ce déversoir impose une restriction à l’écoulement sur les côtés seulement, la crête étant à la
même cote que le fond du cours d’eau. Afin d’évaluer sa largeur, on impose que la hauteur
d’eau en amont de la crête soit supérieure à au moins 1.1 fois la hauteur normale d’écoulement
du cours d’eau à la pente aménagée. La revanche du cours d’eau étant importante, nous choisi-
rons ici que la hauteur d’eau sur la crête est égale à la hauteur normale yn = 0,413 m. D’autre
part, le coefficient de débit est presque maximum, soit C = 2,66. Par l’équation du déversoir, on
obtient la largeur du déversoir :
Q [17.6]
B= = 1, 15 m
C H s32
La hauteur hydraulique au--dessus du seuil Hs est considérée égale à l’énergie totale :
V 2 = 0, 024 m >> H = 0, 50 m
2g
Cette énergie totale est évaluée en considérant que l’écoulement est critique sur le seuil, d’où
yc = 0,333 m et Hs = 3/2 yc = 0,50 m.
Par le calcul de la courbe de remous, la hauteur d’eau (figures 17.9 et 17.11) et la vitesse
d’écoulement (figure 17.10) sont obtenues en amont du seuil.

17.6.2 Aménagement de seuils dans un cours d’eau dégradé


L’établissement de la pente maximale S1 se fait ici par sédimentation en amont du seuil.
Celui--ci forme une saillie dans le fond du cours d’eau existant et la cote de la crête est ajustée
pour obtenir la pente maximale sur la partie aménagée du cours d’eau (figure 17.8).
Afin d’établir les caractéristiques de l’écoulement, on considérera les deux situations suivan-
tes. Immédiatement après l’aménagement, le seuil forme une saillie de 1,5 m de haut sur le
fond du cours d’eau. Celui--ci conserve une pente Sn de 0,009 m/m et une largeur au fond de
b = 2 m. Puis, lorsque la sédimentation s’est réalisée, la pente devient la pente maximale
S1 = 0,0035 m/m et la largeur au fond varie de b = 2 m à b’ = 9,5 m (où b’= b + 2 z h ).
Déversoir rectangulaire
Afin d’évaluer la largeur de ce déversoir, la situation présentant le coefficient de débit le plus
élevé est retenu, soit lorsque la sédimentation a eu lieu. Le calcul est le même qu’en 5.1.2. La
largeur obtenue est donc de B =1,15 m (figure 17.8).
Avant la sédimentation, on peut évaluer le coefficient de débit à C = 1,82. La hauteur d’eau
au--dessus et en amont du seuil sera donc de :
23
H=
Q
CB
  = 0, 80 m [17.7]

soit une hauteur d’eau d’environ 0,53 m sur le seuil.


DÉVERSOIR 241

Les courbes de remous pour ces situations sont présentées aux figures 17.12 et 17.13 et la
vitesse d’écoulement au graphique 17.14.

Figure 17.8 Déversoir rectangulaire dans un cours d’eau dégradé après sédimentation.

Comparaison des déversoirs

Dans le cas de l’aménagement de seuil avec recreusage, les conclusions sont nettes. Des gra-
phiques (17.9 et 17.11), il apparaît que le déversoir trapézoïdal sans restriction procure une
hauteur d’eau inférieure à la hauteur normale d’écoulement de 0,41 m sur les premiers 50 m en
amont du seuil. Ceci se répercute au niveau de la vitesse d’écoulement (figure 17.10). La
vitesse est alors supérieure à la vitesse maximale permise sur cette portion du cours d’eau
(Vmax. = 1.2 m/s), d’où la nécessité de protéger le cours d’eau sur cette distance.

Figure 17.9 Courbes de remous obtenues par différents déversoirs dans un cours d’eau
recreusé.
242

Figure 17.10 Vitesse calculée pour différents déversoirs dans un cours d’eau recreusé.

II est possible de corriger partiellement ce problème en choisissant une pente plus faible que la
pente maximale. La distance à protéger sera moindre mais elle subsistera et, de plus, le nombre
de seuils requis pour aménager le cours d’eau augmentera.

D’autre part, les déversoirs rectangulaire et trapézoïdal permettent de maintenir une hauteur
d’eau supérieure à la hauteur normale et donc une vitesse inférieure à la vitesse maximale per-
mise. Aucune protection du cours d’eau n’est alors requise en amont du seuil.

Il faut également remarquer qu’à une distance supérieure à 100 m en amont du seuil, tous les
déversoirs procurent une hauteur d’eau égale à la hauteur normale d’écoulement.

Dans le cas de l’aménagement de seuils dans un cours d’eau dégradé, les conclusions diffèrent
si la sédimentation a eu lieu ou non (figures 17.12 à 17.14). Lorsque celle--ci s’est réalisée, la
vitesse est toujours inférieure à la vitesse maximale permise et ce, même si à cause de la largeur
variable au fond du cours d’eau, la hauteur d’eau peut être inférieure à la hauteur normale. Par
contre, avant la sédimentation, la vitesse augmente à une valeur supérieure à la vitesse maxi-
male permise à des distances de plus de 200 m en amont du seuil. II y a donc risque d’érosion
dans cette section du cours d’eau. Cette érosion s’estompera au fur et à mesure de la sédimenta-
tion.
243

Figure 17.11 Courbes de remous obtenues près du déversoir par différents déversoirs
dans un cours d’eau recreusé.

Figure 17.12 Courbes de remous obtenues par différents déversoirs dans un cours d’eau
dégradé et avant sédimentation..
244

Figure 17.13 Courbes de remous obtenues par différents déversoirs dans un cours d’eau
dégradé et après sédimentation..

Figure 17.14 Vitesses d’écoulement calculées pour différents déversoirs dans un cours
d’eau dégradé avant et après sédimentation..
245

17.6.3 Chute et bassin de dissipation

Dans cette dernière section, nous allons effectuer le dimensionnement du bassin de dissipa-
tion. Celui--ci comprend de façon plus concrète la chute, inclinée ou verticale, le bassin de dis-
sipation lui--même et la structure connexe (figures 17.15 à 17.17). Dans le but de passer en
revue les différents types de composantes, trois exemples sont donnés.

Pour dimensionner les différents bassins de dissipation, nous avons retenu ur seul déversoir,
soit le déversoir trapézoïdal aménagé après le recreusage du cours d’eau (section ). Les condi-
tions d’écoulement pour les sections 0 et 3 sont donc les suivantes

Section 0 :
Hauteur d’écoulement yo = 0,413 m
Vitesse d’écoulement Vo = 1,20 m/s
Énergie spécifique Ho = 0,555 m
Énergie totale Eo = 2,055 m
Section 3 :
Hauteur d’écoulement y3 = 0,413 m
Vitesse d’écoulement V3 = 1,20 m/s
Énergie de vitesse V 23  2 g = 0,073 m
Énergie spécifique H3 = 0,486 m
Énergie totale (p/r base de la chute) E 3 = H 3 + h

17.6.4 Chute inclinée avec bassin en dépression

Cette combinaison de composantes est illustrée à la figure 17.15. Elle représente la structure la
plus utilisée jusqu’à maintenant au Québec. La pente aval de la chute est de 1:1,5 et le coeffi-
cient de rugosité de Manning est de n = 0,04. Nous supposerons pour ce dimensionnement
qu’aucune énergie n’est dissipée dans la pente de la chute, entre les sections 0 et 1. L’écoule-
ment à la section 1 sera donc régi par l’équation de conservation d’énergie :

E1 = Eo

ou H1 = Ho + h
Q2
y1 + = 2, 055 m
2 g A 21
246

Connaissant le débit Q = 1,5 m3/s, nous trouvons les paramètres d’écoulement suivants :

Section 1 :
Hauteur d’écoulement y1 = 0,107 m
Vitesse d’écoulement V1 = 6,18 m/s
Facteur de forme (k = b/zy1) k= 7,5
Nombre de Froude modifié F1’ = 6,0
Les conditions avant le ressaut étant connues, nous déterminons la hauteur d’écoulement après
le ressaut, y2 , à partir de la figure 13.6, soit y2 / y1 = 7,0. Les paramètres de l’écoulement à la
section 2 sont donc les suivants :

Section 2 :
Hauteur d’écoulement y2 = 0,75 m
Vitesse d’écoulement V2 = 0,52 m/s
Énergie spécifique et totale H2 = E2 =0,764 m
La longueur de la fosse est donnée de façon sécuritaire par la longueur maximale du ressaut :

L = 6, 9 y 2 − y 1 = 4, 4 m

Pour déterminer la hauteur de l’élévation du lit, nous poserons que l’énergie totale de l’écoule-
ment à la section 3 doit être égale ou supérieure (ce cas n’est pas réel) à l’énergie totale à la
section 2, soit :

E 3 = H 3 + h ≥ E 2

soit h ≥ 0, 28 m

Rappelons que la dépression du bassin est essentielle car la hauteur d’eau nécessaire à la réali-
sation du ressaut (y2 ) est supérieure à la hauteur d’eau en aval du seuil (y3 ). Ce dernier paramè-
tre complète donc le dimensionnement hydraulique du seuil.

Il est à noter que si nous avions tenu compte de la dissipation d’énergie dans la chute inclinée,
les résultats auraient été sensiblement modifiés. Considérant que la chute inclinée est un canal
de pente S = 0,667 m/m et de rugosité n = 0,04, nous aurions trouvé, par le calcul de la courbe de
remous, une valeur différente pour yj et par conséquent, de tous les paramètres qui en décou-
lent. Les résultats sont les suivants :
Hauteur d’écoulement avant ressaut y1 = 0,137 m
Hauteur d’écoulement après ressaut y2 = 0,62 m
Longueur de la fosse L = 3,33 m
Élévation du lit h’ = 0,16 m
247

II est donc permis de constater qu’en considérant la conservation d’énergie entre les sections 0
et 1, nous disposons d’une sécurité. accrue quant à la longeur du bassin de dissipation et de
l’importance de l’élévation du lit.

17.6.5 Chute verticale avec bassin en dévers


Cette structure est illustrée à la figure 17.16 La chute verticale est actuellement utilisée pour les
constructions en bois et en gabions. Quant au contre--épi, il est peu utilisé à cause principale-
ment du fait qu’un faible ressaut se produit en aval de celui--ci et qu’il faut y protéger le cours
d’eau. Il pourrait être utilisé lorsque l’excavation d’une fosse présente des problèmes majeurs.
Encore ici, dans une première approche, nous supposerons qu’il y a conservation d’énergie
entre la section 0 et la section 1 : nous ne considérons donc pas la perte d’énergie qui se produit
lors de l’impact de la nappe avec le fond du cours d’eau. Pour cette raison, les paramètres
d’écoulement à la section 1 et à la section 2 sont exactement les mêmes qu’à l’exemple précé-
dent, soit
Section 1 :
Hauteur d’écoulement y1 = 0,107 m
Vitesse d’écoulement V1 = 6,18 m/s
Section 2 :
Hauteur d’écoulement y2 = 0,75 m
Vitesse d’écoulement V2 = 0,52 m/s
Énergie spécifique et totale H2 = E2 =0,764 m
Longueur du ressaut L = 4,4 m
Pour ce qui est de la longueur de la fosse, nous devons considérer en plus de la longueur du
ressaut, la distance horizontale parcourue par la nappe durant sa chute. Cette distance est obte-
nue à partir de la figure 14.14 ou des équations [14.5] à [14.7]. Par la méthode graphique, nous
trouvons avec yt = -- h + y2 = -- 0,75 m et yc = 0,413 m, soit :

y t  y c = − 1, 8 et h  y c = 3, 6

L d  y c = 3, 9

d’ou L d = 1, 6 m

La longueur de la fosse est donc Ld + L = 6,0 m, où la longueur du ressaut est de 4,4 m (section
15.6.1).
Si nous utilisons un contre--épi pour favoriser le ressaut, sa hauteur sera évaluée en le considé-
rant comme un déversoir trapézoïdal dont la base est approximativement la largeur au fond du
248

cours d’eau. Encore ici, le contre--épi est nécessaire pour la réalisation du ressaut (Y2 > Y3). II
est important de comprendre qu’une élévation du lit aurait également résolu ce problème.
Nous supposons alors la formation de l’état critique sur le contre--épi, donc

V= glA
c
c

avec b ≅ 2 m. Par résolution de cette équation, nous trouvons

Section 4 :
Hauteur d’écoulement y4 = 0,75 m
Vitesse d’écoulement V4 = 0,52 m/s
Énergie totale H4 = 0,764 m
Finalement, par conservation d’énergie entre les sections 2 et 4

E4 ≥ E2

h + H 4 ≥ H 2

donc h ≥ 0, 30 m

La hauteur minimum du contre--épi nécessaire à la réalisation du ressaut est donc de


h’ = 0,30 m. Cependant, ce déversoir n’est pas complet car y3 > h’. Ceci signifie que l’écou-
lement sur le déversoir est influencé par la hauteur d’eau y3. II y aura donc une légère submer-
sion du ressaut qui, dans le cas présent, influencera très peu le fonctionnement du seuil.

Si nous considérons la perte d’énergie lors de l’impact de la nappe avec le fond du cours d’eau,
la hauteur d’eau avant ressaut y1 est obtenue par l’équation [16.3]. Nous trouvons alors les
valeurs suivantes :
y1 = 0,176 m
V1 = 3,50 m/s
F’ = 2,7
k1 = 4,6
y2/y1 = 3,2
y2 = 0,56 m≥≥
V2 = 0.782 m
H2 = 0.59 m
Ld = 1,6 m L = 2,69 m
E 4 ≥ E2
h’ ≥ 0,59 -- 0,462 = 0,13 m
249

Encore ici, le fait de considérer la conservation d’énergie entre les sections 0 et 1 permet une
sécurité accrue dans le fonctionnement du seuil. Cette sécurité est procurée par un bassin de
dissipation plus long et par un contre--épi plus haut.

17.6.6 Chute verticale avec fosse de dissipation

Dans cette utilisation de la chute verticale, l’énergie n’est pas dissipée par un ressaut hydrauli-
que mais par la diffusion de la nappe dans la fosse de dissipation (figure 17.17). Dans ce cas, la
nappe vient en contact avec l’eau de la fosse à une distance :

x = V o t 01

= Vo  2 h − y 3
g

Vo est la vitesse initiale de l’eau sur la crête, considérée ici comme étant la vitesse critique et,
t01 est le temps de chute de la nappe entre le haut du seuil et la surface de l’eau en aval du seuil.

Nous trouvons x = 0,79 m.

La profondeur d’excavation du lit est obtenue par l’équation [14.8] de Veronese dans le cas où
les particules composant la fosse de dissipation ont un diamètre d90 inférieur à 17,5 mm et par
l’équation [14.9] de Schoklitsch dans les autres cas. Cette profondeur est donc fonction du dia-
mètre dgo des particules composant le fond de la fosse quand celui--ci est supérieur à 17,5 mm.
Ce diamètre peut être modifié par l’ajout, dans le fond de la fosse, de pierres d’un diamètre
approprié.

Le tableau 2 indique la profondeur de la fosse de dissipation pour différents diamètres de pier-


res utilisées pour les conditions d’écoulement présentées au début de cette section. Par exem-
ple, pour un enrochement de la fosse composé de pierres dont le d90 est de 100 mm, la profon-
deur de la fosse serait de 40 cm (figure 17.17).

Tableau 2 Profondeur de la fosse de dissipation en fonction du diamètre des pierres utilisées


dans le fond de cette fosse.

d90 (mm) 1 5 20 50 100

s (m) 1,0 1,0 0,9 0,6 0,4


250

Figure 17.15 Chute inclinée avec bassin en dépression.

Figure 17.16 Chute verticale avec bassin en dévers.


SEUIL EN ENROCHEMENT LIBRE 251

Figure 17.17 Chute verticale avec fosse de dissipation utilisant des pierres d’un diamètre
d90 de 100 mm.

17.7 SEUIL EN ENROCHEMENT LIBRE


Le dimensionnement d’un seuil constitué d’un enrochement libre consiste à déterminer :
1. la forme et la dimension du déversoir
2. l’angle amont et l’angle aval de l’enrochement;
3. le diamètre des pierres de l’enrochement;
4. la longueur de la crête du déversoir dans le sens de l’écoulement;
5. le diamètre des pierres de même que l’épaisseur du recouvrement du bassin de dissipa-
tion.
Les figures 17.18 et 17.19 présentent une vue en coupe longitudinale et une vue, en coupe
transversale d’un seuil en enrochement dans un cours d’eau dégradé. On y retrouve également
la représentation symbolique des différents paramètres qui s’y rattachent.

17.7.1 Déversoir

Pour les enrochements libres, la forme trapézoïdale pour le déversoir est préconisée. Cette
forme permet de calculer ses dimensions à l’aide de logiciels déjà existants et de plus, elle est
facilement réalisée sur le terrain.

La cote des ailes du seuil, de chaque côté du déversoir, devrait être supérieure de 200 à 300 mm
à la cote de l’eau en amont du seuil. Cette surélévation des ailes permettront d’assurer la pro-
tection de la structure pour des débits supérieurs au débit du projet.
252

Figure 17.18 Coupe longitudinale d’un seuil en enrochement (coupe B -- B’ de la


figure 17.19).

Figure 17.19 Coupe transversale d’un seuil en enrochement (selon coupe A -- A’ de


la figure 17.18) .

17.7.2 Angles d’enrochement

La forme de l’enrochement est caractérisée par l’angle amont (α) et par l’angle aval de celui--ci
(θ): Le côté amont de l’enrochement n’étant soumis qu’à une pression hydrostatique, sa stabi-
lité mécanique sera assurée par un angle amont d’enrochement égal à l’angle de repos des pier-
res (φ). À titre indicatif, la figure 11.1 donne l’angle de repos des pierres en fonction de leur
diamètre et de leur forme. Cette figure a été obtenue à partir d’enrochement à granulométrie
SEUIL EN ENROCHEMENT LIBRE 253

uniforme. Dans les cas d’un enrochement à granulométrie étendue, le D85e de l’enrochement
sera utilisé.

D’autre part, à cause de la pression hydrostatique exercée par l’écoulement de l’eau sur les
pierres du côté aval de l’enrochement, l’angle aval de cet enrochement doit être égal ou infé-
rieur à l’angle de repos des pierres. Cette pression est d’autant plus grande que le débit unitaire
(débit par mètre de largeur de crête) est grand. Par contre, la stabilité de l’enrochement du côté
aval augmentera avec le diamètre des pierres et l’angle de repos des pierres utilisées. Cet angle
aval d’enrochement ne peut donc être déterminé qu’en tenant compte de plusieurs paramètres.
Son évaluation est présentée à la section suivante.

17.7.3 Diamètre des pierres de l’enrochement

La détermination du diamètre des pierres requises pour la partie aval est déterminée par le
modèle développé par Stephenson (1979) (équation [11.12]) en connaissant l’angle aval de
l’enrochement, l’angle de repos des pierres et le débit unitaire.

17.7.4 Longueur de la crête

La longueur de la crête, dans le sens de l’écoulement, devrait être de 3 fois la hauteur d’eau sur
la crête du déversoir, considérée comme étant la hauteur critiqué yc, soit T = 3 yc (Stephenson,
1979). Cette longueur permet de stabiliser l’écoulement sur la crête en diminuant la turbulence
sur celle--ci.

17.7.5 Diamètre des pierres du bassin de dissipation

Le bassin de dissipation étant horizontal, le diamètre des pierres nécessaires à son recouvre-
ment pourra être plus petit que le diamètre des pierres de l’enrochement du seuil. Selon le
modèle développé par Stephenson (1979), ce diamètre est fonction de la vitesse maximale de
l’écoulement dans le bassin de dissipation et de l’angle de repos des pierres. II est donné par:

250 V 21 V 21
D 85b = ≈ 15 [17.8]
g ( γ s − 1 ) tan  tan 

D85b = diamètre pour lequel 85% des pierres du bassin de dissipation


sont plus petites (mm); et,
V1 = vitesse de l’écoulement avant le ressaut (m/s).
L’épaisseur du recouvrement du bassin (e) sera de l’ordre de 1,5 fois le diamètre D85b calculé
pour les pierres du bassin si une membrane (géotextile ou géomembrane) est utilisée entre
l’enrochement et le sol de fondation. Si aucune membrane n’est prévue, une épaisseur mini-
male de 2,0 fois le diamètre D85b devra être utilisée.
254

17.7.6 Considérations pratiques pour la construction


Afin d’obtenir une structure plus compacte, un enrochement à granulométrie étendue est pré-
férable à une granulométrie uniforme. Ce type d’enrochement diminue la porosité et augmente
la possibilité de son colmatage, rendant la structure plus stable à long terme.
La réalisation d’un remblai en amont de l’enrochement permet de mieux fixer le géotextile et
de rendre son utilisation beaucoup plus efficace. D’autre part, ce remblai contribue à stabiliser
la pente amont de l’enrochement.
Dans le cas de structures plus importantes, il est possible d’envisager l’utilisation d’un noyau
en terre (figure 4.10). Le géotextile sera alors placé entre le noyau et le recouvrement fait d’en-
rochement qui sera dimensionné comme précédemment et dont l’épaisseur devra être d’au
moins E = 1,5 D85e.

Figure 17.20 Seuil en enrochement avec un noyau..

Lorsque l’enrochement se fait sur un cours d’eau recreusé, il est possible de n’utiliser que le
recouvrement de la chute inclinée (figure 4.11). Le diamètre D85e des pierres et l’épaisseur du
recouvrement se calculent alors comme précédemment.
La clé, située à la base de l’enrochement et sous le déversoir, remplit normalement une double
fonction. D’abord elle assure la stabilité du seuil contre le glissement horizontal sous la pous-
sée hydrostatique et la poussée des terres en amont de la structure. D’autre part, lorsque les
vides entre les pierres de la clé sont comblés par des particules de sol sédimentées, cette clé
augmente la distance de percolation sous la structure et assure la stabilité du seuil contre l’af-
fouillement. Il est à noter que cette clé n’est pas toujours nécessaire. En effet, l’enrochement
libre tel que proposé est déjà stable par rapport au glissement horizontal, de sorte que dans ce
cas l’utilisation de la clé à cette fin ne peut qu’améliorer la stabilité contre des poussées plus
importantes qui pourrait être occasionnées par les glaces ou par la formation d’embâcle au
niveau du déversoir. Dans le cas de l’affouillement, le calcul de la distance minimale de perco-
lation permettra d’évaluer la pertinence de l’utilisation de cette clé de même que ses dimen-
sions.
SIPHONNEMENT 255

Figure 17.21 Seuil en enrochement dans un cours d’eau recreusé.

17.8 SIPHONNEMENT
La construction d’un seuil dissipateur d’énergie dans un cours d’eau entraîne inévitablement
une différence de charge piézométrique entre l’amont et l’aval de ce seuil. Cette différence de
charge force l’eau à percoler au travers du sol de fondation et du sol de remblai. Lorsque la
structure est perméable (enrochement, gabions, bois) cette percolation a également lieu au tra-
vers de la structure elle--même (figures 3.3 et 3.4). Les forces de percolation peuvent alors
entraîner les particules fines du sol dès que le gradient hydraulique critique est atteint, soit
ic =ρs/ρw , rapport du poids volumique immergé du sol au poids volumique de l’eau. Ce phé-
nomène peut se produire en aval ou en--dessous de la structure. Le siphonnement de ces parti-
cules procède alors de l’aval vers l’amont, réduisant ainsi la longueur de percolation de l’eau.
Il en résulte une augmentation du gradient hydraulique et une accélération de la dégradation du
sol de fondation.

Afin de prévenir le siphonnement des particules fines du sol, les distances de percolation
devront être suffisantes pour réduire le gradient hydraulique à une valeur inférieure au gra-
dient critique (ic). Cette percolation s’effectuera préférentiellement par le chemin ayant la plus
petite longueur hydraulique et donc celui qui offre le moins de résistance à l’écoulement. Ce
chemin ne correspond pas nécessairement au plus court chemin géométrique. Il se situe géné-
ralement sur la ligne de contact entre la structure et le sol de fondation (ou de remblai) lorsque
ce dernier est très argileux ou de granulométrie très étendue. Par contre, pour des sols de fonda-
tion très perméables, le chemin hydraulique le plus court correspond globalement au chemin
géométrique le plus court.

La distance de percolation nécessaire pour éviter le siphonnement sera alors fonction de la tex-
ture du sol de fondation (et/ou de remblai) et également de la différence maximale entre la
charge piézométrique en amont de la structure et celle en aval. Pour les petits ouvrages tels
256

Figure 17.22 Percolation de l’eau avec siphonnement des particules fines du sol de
remblai et du sol de fondation au travers et sous le seuil en enrochement.

Figure 17.23 Percolation de l’eau avec siphonnement des particules fines du sol de rem-
blai et du sol de fondation au travers et sous le seuil en bois.

ceux concernés par ce rapport, cette distance peut être évaluée sécuritairement en utilisant la
règle de Lane, soit :

L p = c p ∆H [17.9]

∆H = différence de charge piézométrique (m)


Lp = distance de percolation (m)
cp = coefficient de percolation (tableau 15.2).
SIPHONNEMENT 257

Tableau 15.2 Coefficient de percolation pour différentes textures de sol (Agostini et al, 1982 et
Houk, 1956).
Matériau de fondation Coefficient de
(ou de remblai) percolation (cp)
Limons et sables très fins (< 0,125 mm) 8,5
Sables fins (< 0,250 mm) 7,
Sables moyens (0,500 mm) 6,0
Sables grossiers (< 2,0 mm) 5,0
Graviers fins (< 8 mm) 4,0
Graviers moyens (<16 mm) 3,5
Graviers grossiers avec galets (<130 mm) 3,0
Gros galets avec graviers (<250 mm) 2,5
Argile plastique 3,0
Argile consistante 2,0
Argile dure 1,8
Hardpan 1,6

La distance de percolation Lp est cependant une distance pondérée. En effet, selon les observa-
tions de Lane, les distances verticales de percolation contribuent de façon plus importante que
les distances horizontales à la résistance à l’écoulement. De sorte que la distance pondérée Lp
est évaluée par :

Lh
Lp = Lv + [17.10]
3

Lv = somme des distances verticales de percolation (m);


Lh = somme des distances horizontales de percolation (m).
Si la percolation s’effectue le long d’une pente, la distance sera prise verticale si l’angle de la
pente est supérieur à 45° et horizontale si l’angle de la pente est inférieur à 45°.

Le coefficient de percolation est donné au tableau 15.2 pour différents types de sol. Ce coeffi-
cient est élevé pour des sols relativement perméables composés de particules fines car ces par-
ticules sont entraînées même à de faibles vitesses de percolation. Par contre, les sols composés
de matériaux grossiers, bien que très perméables, résistent à des vitesses de percolation éle-
vées. Quant aux argiles, les vitesses de percolation sont très faibles et leur cohésion est élevée.
Ceci explique donc que le coefficient de percolation pour ce dernier type de sol soit très petit.

Afin d’empêcher le siphonnement des éléments fins du sol de fondation vers l’aval du seuil,
deux solutions sont à considérer. La première consiste en l’installation d’une membrane syn-
258

thétique imperméable (géomembrane) entre la structure et le sol de fondation (et de remblai).


Cette membrane force l’eau à percoler sous la structure ou autour de celle--ci sur une distance
minimale déterminée par la règle de Lane. L’eau émerge donc en aval de cette structure (figure
17.24). La deuxième solution consiste en l’utilisation d’un filtre. Ce dernier peut être fait de
matériaux synthétiques tel que les géotextiles ou d’un filtre naturel inversé, c’est--à--dire un
filtre dont la granulométrie est proportionnelle au sens de l’écoulement (figure 17.25). Ce fil-

Figure 17.24 Percolation de l’eau sans siphonnement des particules fines du sol de
remblai et du sol de fondation sous le seuil en enrochement recouvert
d’une membrane imperméable..

Figure 17.25 Percolation de l’eau sans siphonnement des particules fines du sol de rem-
blai et du sol de fondation au travers et sous le seuil en bois recouvert d’un
géotextile.
SIPHONNEMENT 259

tre permet de retenir les particules fines du sol de fondation tout en permettant à l’eau de le
traverser. Il a donc pour effet d’éviter le siphonnement de la structure même en présence d’un
gradient hydraulique supérieur au gradient critique. Cependant, dans l’éventualité de son col-
matage, le filtre devra également s’étendre sur une distance évaluée à l’aide de la règle de
Lane, tout comme pour la membrane imperméable.

Pour effectuer le choix de la membrane imperméable ou du géotextile requis, il est fortement


recommandé de consulter les représentants techniques des fournisseurs. En effet, les produits
offerts sont très nombreux et variés et ils diffèrent d’un fournisseur à l’autre. De plus, chaque
fournisseur garantit la qualité de ses produits dans la mesure où ils sont utilisés selon leurs cri-
tères de dimensionnement ; ces derniers diffèrent également selon les fournisseurs.

De façon générale, pour les petites structures concernées par ce document, les principales
caractéristiques recherchées pour une géomembrane seront sa résistance à la perforation et à la
traction de même que son élasticité.

En plus des qualités requises pour une géomembrane, le géotextile utilisé à des fins de filtra-
tion devra répondre à des critères de perméabilité, de rétention de particules de sol et de com-
patibilité à long terme avec les sols de fondation et de remblai.

La dimension des pores de même que la porosité du géotextile lui confèrent une perméabilité
relativement élevée par rapport à la majorité des sols. Lorsque les pores du géotextiles ne sont
pas colmatés, cette perméabilité permet de diminuer la pression hydrostatique en amont de la
structure hydraulique. Cette diminution de la pression statique permet à son tour d’augmenter
la pression effective dans le sol de remblai et donc d’améliorer la stabilité mécanique de l’ou-
vrage. La perméabilité du géotextile devrait idéalement se rapprocher de celle du sol a filtrer
tout en lui étant supérieure. Dans les sols cohérents cependant, la perméabilité du géotextile
pourra être de deux ordres de grandeur plus élevée que celle du sol (Polyfelt, 1991), soit :

k g ≥ 100 k s (sol cohérent) [17.11]

kg = perméabilité du géotextile
ks = perméabilité du sol à filtrer
Cependant, dans les sols à faible cohésion, à cause de leur sensibilité à la mise en boulance, la
perméabilité du géotextile devra être dix fois plus grande que celle du sol à filtrer (Koerner,
1986), soit :

k g ≥ 10 k s (sol pulvérulent) [17.12]

Toutefois, à cause de sa souplesse, la perméabilité du géotextile est fonction de la charge méca-


nique qui s’exerce sur celui--ci. Cette perméabilité diminue avec une augmentation de la
charge mécanique. Les spécifications fournies par le fabricant permettra de connaître les
conditions pour lesquelles la perméabilité du géotextile a été mesurée.
260

Le deuxième rôle que remplit le géotextile est la rétention des particules de sol. À cet égard, le
géotextile ne retient pas directement les particules fines du sol, mais il encourage plutôt la for-
mation de ponts entre les particules grossières. Ces ponts favorisent la formation d’un filtre
naturel en amont du géotextile. Il s’en suit que les pores du géotextile peuvent être de dimen-
sion supérieure aux particules de sol, ceci étant particulièrement vrai pour les sols à granulo-
métrie étendue et pour les sols cohérents. Plusieurs approches ont été développées pour éva-
luer la dimension idéale des pores du géotextiles (Polyfelt, 1991; Koerner, 1986; Rollin, 1985;
Rollin et al, 1985; Rankiler, 1980). Toutes ces approches comparent la granulométrie du sol
avec la dimension des pores du géotextile (la distribution des pores du géotextile selon leur
diamètre est très rarement disponible). Les ouvrages hydrauliques concernés par ce rapport
étant en majorité à faible risque, le critère suivant est recommandé (Koerner, 1986):

O 95 < 2, 5 d 85s [17.13]

O95 = diamètre pour lequel 95 % des pores du géotextile sont plus petits
d85s = diamètre pour lequel 85 % des particules de sol sont plus petites.
Il est à noter que le diamètre des pores O95 est comparable à l’ouverture apparente (AOS) et à
l’ouverture effective des pores (EOS). Cette règle est applicable dans tous les types de sol et est
particulièrement sécuritaire pour les sols à granulométrie étendue et pour les sols cohérents.

La compatibilité à long terme du géotextile avec le sol de remblai et le sol de fondation réfèrent
au colmatage du géotextile. Ainsi, un risque élevé de colmatage se présente lorsque les condi-
tions suivantes sont réunies: a) sol sans cohésion; b) sol composé de deux ou plusieurs sols à
granulométrie étendue (gap--grandd); c) gradient hydraulique important.

Dans ces conditions, la porosité d’un géotextile non--tissé devra être supérieure à 40 % tout en
respectant les conditions déjà mentionnées pour la perméabilité et pour l’ouverture des pores
(Koerner, 1986).

Le filtre naturel inversé, à cause de la difficulté de son installation et des coûts élevés qui en
découlent, n’est pas recommandé pour les ouvrages traités dans ce document.
SIPHONNEMENT 261

Déversoirs -- Dimensions

Cette section remplace la sous--section “Dmensions” de la section 16.2.5 Déversoir.

Le débit d’un déversoir rectangulaire à seuil épais est estimé par l’équation suivante :

Q = Cd b 2
3
23g (H ) 32 [17.14]

Q = débit [m3/s]
b = largeur du déversoir [m]
Cd = coefficient de débit du déversoir
g = constante gravitationnelle [9,8 m/s2]
H = énergie spécifique au--dessus de la crête du déversoir à l’amont [m]
L’énergie spécifique est considérée pour les conditions de l’écoulement à l’amont du déversoir
et en référence à la crête du déversoir.

2
H=h+ V [17.15]
2g

h = hauteur d’eau au--dessus de la crête du déversoir à l’amont [m]


V = vitesse de l’écoulement à l’amont du déversoir [m]
L’équation [17.14] peut être réécrite :

32

Q = 1, 7 C d b h + V
2g
2
 [17.16]


Cd = 1 −
0, 006 L
b
 1 − 0, 003
h
L [17.17]

L = longueur de la crête du déversoir [m]


La longueur de la crête, dans le sens de l’écoulement, devrait être de 3 fois la hauteur d’eau sur
la crête du déversoir, considérée comme étant la hauteur critiqué yc , soit L = 3 yc (Stephenson,
1979). Cette longueur permet de stabiliser l’écoulement sur la crête en diminuant la turbulence
sur celle--ci. Dans le cas d’une section rectangulaire, yc = 2/3 H.
262

Le débit d’un déversoir trapézoïdal (figure 17.26) à seuil épais est estimé par l’équation sui-
vante :
32

Q = 1, 7 C d C s b h + V
2g
2
 [17.18]

b = largeur de la base du déversoir [m]


Cs = coefficient de forme

Cd = 1 − 0, 006 k L
b
 1 − 0, 003
h
L [17.19]

k = (1 + z 2) − z [17.20]

La figure perme d’estimer le coefficient Cs pour les déversoirs trapézoïdaux.

h 1
z 1
b
Z

L B

B b

Figure 17.26 Déversoir trapézoïdal dans un cours d’eau de forme trapézoïdal.

Pour réduire la vitesse à l’amont du déversoir et réduire la nécessité de protection, il est recom-
mandé que la hauteur d’eau à l’amont du déversoir soit d’au moins 1,1 fois la hauteur dnormale
d’écoulement dans le cours d’eau, les valeurs étant déterminées par rapport à la crête du seuil.
La vitesse est estimée pour la section à l’amont du déversoir avec cette hauteur.
SIPHONNEMENT 263

Figure 17.27 Coefficient Cs.

La largeur de déversoir (cas rectangulaire) ou de la base du déversoir (cas trapézoïdal) est faci-
lement déterminé :

Q [17.21]
b=
32
 V2
1, 7 C d C s h + 2 g 

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