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Les accidents du travail sont synonymes de drames humains qui ont des conséquences

graves aussi bien sur la capacité physique et l’environnement familiale du salarie que
sur la productivité de l’entreprise .d’après les statistiques fournies en 2009 par
l’organisation internationale du travail OIT à l’occasion de son 90e anniversaire, ce
sont environ 2,3 millions de personnes qui meurent chaque année dans le monde du
travail dont 15% décède a cause des accidents du travail , ce nombre massif des
accidents et leur coût socioéconomique élevé, évalué par l’OIT en 2009 à 1250
milliards de dollars par an (coûts directs et indirects), soit plus de 2% du PIB mondial
annuel justifie l’importance de ce sujet « les accidents du travail » et les mesures
législatives ; réglementaires et judicaires qui ont été prises au fil du temps dans le
domaine du travail notamment avec le développement industriel.
Au Maroc, le Dahir du 27 juin 1927 constitue le texte de base qui définit la
responsabilité relative aux accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail.
Les dispositions de ce Dahir ont été modifiées par Le dahir du 6 février 1963.Depuis
le début des années 90, les instances du Ministère de l’emploi ont initié une démarche
de modernisation du régime de réparation des risques professionnels qui a abouti à
l’adoption de la loi n 18-01 et la loi n 06-03.
Et, en 2002, le législateur marocain a introduit des modifications sur le dahir du 6
février 1963 en vertu du dahir du 23 juillet 2002, en adoptant le principe de
l’assurance obligatoire sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, en
obligeant les employeurs de souscrire un contrat d’assurance garantissant les
indemnités relatives aux accidents du travail, en particulier ceux qui sont affiliés à la
caisse de la sécurité sociale, et les établissements publics ne relevant de la fonction
publique ou dudit régime de la sécurité sociale. Cependant, il serait question de savoir
est ce que ces réglementations qui ont pour objectif de maintenir un équilibre entre
les intérêts des employeurs et des salaries victimes des accidents du travail considère
comme la partie la plus faible en droit social s’appliquent d’une manière a garantir a
ces salaries leurs droits ?
Pour répondre a cette question il nous parait utile d’aborder dans la première partie le
champ d’application du dahir de 6 Février 1963 modifie par le dahir de23 Juillet 2002
et les procédures d’indemnisation tandis que la deuxième partie sera réservée aux
indemnités , rentes et garanties de leurs paiements
PREMIERE PARTIE : LE CHAMP D’APPLICATION DU DAHIR DE 1963 ET LES
PROCEDURES D’INDEMNISATION

CHAPITRE I : LE CHAMP D’APPLICATION DU DAHIR

L’article 3 du Dahir du 6 février 1963, définit l’accident du travail de la manière


suivante : « Est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause,
l’accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou
travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs des
employeurs ou chefs d’entreprises, même si l’employeur n’exerçait pas sa profession
dans un but lucratif ».
Ainsi, pour retenir la qualification d’accident, il fallait la réunion de quatre éléments :
l’extériorité du fait dommageable, sa violence, sa soudaineté (cet élément permettait
de distinguer l’accident, de la maladie qui est un processus pathologique à évolution
lente dont l’origine ne peut être située dans le temps avec la même précision), et une
lésion ou un préjudice corporel qui porte atteinte à l’intégrité physique de la victime
(c’est-à-dire une atteinte portée au corps de la victime).
Bien entendu, pour que la réparation de base s’applique, il faut que l’accident soit lié
au travail : en effet, le dahir du 6 février 1963 exige que l’accident soit survenu par le
fait ou à l’occasion du travail. Cette causalité donnera à l’accident son caractère
professionnel.
Mais, la jurisprudence considère depuis longtemps que constitue un accident de travail
tout accident survenu à un travailleur alors qu’il est soumis à l’autorité de son
employeur. En effet, un salarié en mission (voyage professionnel, rendez-vous chez un
client, par exemple) est soumis à l’autorité de son employeur. Il en est de même des
taches réalisées sur les lieux et pendant le travail, la victime n’a donc pas à apporter de
preuve du lien de causalité entre le travail et la lésion. Pour détruire cette
«présomption d’imputabilité » dont bénéficie la victime, l’employeur doit démontrer
que la victime se livrait lors de l’accident de travail à une activité totalement étrangère
au travail.
. CHAPITRE II : LA PROCEDURE D’INDEMNISATION EN MATIERE
D’ACCIDENTS DU TRAVAIL :
Si le législateur marocain confère au salarié victime d’un accident de travail un
ensemble d’indemnités et de rentes, qui sont garanties par le Dahir de 6 Février 1963,
et pour que la victime ou ses ayants droit en cas de son décès puissent acquérir leurs
droits, ils doivent poursuivre une procédure administrative de déclaration d’accident
de travail avant déclencher la procédure judiciaire, et de renvoyer le dossier de
l’accident devant le tribunal compétent.

Section I : la procédure administrative :

On entend par cette phase les mesures entreprises par le salarié victime d’un accident
de travail, en vue de bénéficier des indemnités et des rentes, ou par ses ayants droit en
cas de décès. Et ce avant de recourir au tribunal.
Les règles qui régissent la procédure administrative des accidents de travail sont
prévues par les articles 14 à 28 du Dahir de 6 février 1963.

Sous-section 1 : la déclaration de l’accident de travail et son contenu :


Paragraphe 1 : la déclaration de l’accident de travail :

La phase administrative d’un accident de travail doit être commencée par la première
mesure à savoir la déclaration de l’accident de travail devant les autorités
compétentes. C’est une mesure légale par laquelle on déclare que le salarié est victime
d’un accident de travail ; régie par les dispositions du Dahir de 6 février
1963.
A- la déclaration de l’accident :
Dans son sens large ; la déclaration de l’accident de travail se fait selon les
dispositions des articles 14 et 15 : soit par le salarié victime lui-même ou ses
représentants, soit par l’employeur ou ses préposés.

1. la déclaration faite par la victime ou son représentant ou ses ayants droit

Avant de déclarer de l’accident dont il est victime, le législateur oblige le salarié


victime d’en informer ou d’en faire informer son employeur ou l’un de ses proposés ;
verbalement ou par écrit, dés le premier jour de l’accident ou au maximum dans les 24
heures sauf en cas de force majeur, l’impossibilité absolue ou l’existence de motifs
légitimes.
Bien entendu qu’une sanction à proprement parler n’ait été prévue par la loi, la non
déclaration ou le simple retard de la déclaration de l’accident par la victime a pour
effet de faire tomber la présomption d’imputabilité dont elle bénéficie normalement ;
elle est tenue alors de prouver non seulement la matérialité de l’accident, mais aussi
l’existence de lien de causalité entre l’accident et les lésions qu’elle présente.
Si la victime doit informer son employeur ou l’un de ses préposés de l’accident, est ce
qu’elle a droit de déclarer directement devant l’autorité compétente ?
Les dispositions de l’article 15 du Dahir de 6 février 1963 confère à la victime ou ses
représentants le droit de déclarer de l’accident à l’autorité compétente jusqu’à la fin du
2éme année de sa date. Le législateur a fait attention donc au cas ou l’employeur ou
ses préposés ne déclare pas de l’accident dont la victime lui a informé pour tel ou tel
raison, il énonce clairement de la possibilité de déclarer par la victime elle même ou
par son représentant.
2. la déclaration faite par l’employeur ou l’un de ses préposés :
Selon les dispositions de l’article 14 du Dahir du 6 Février 1963, l’employeur ou ses
préposés doivent déclarer de tout accident dont il a eu connaissance conformément au
premier alinéa du même article, et ce même si la victime de l’accident continue son
travail. Cette déclaration doit être faite dans un délai de 48 heures non compris les
dimanches et les jours fériés. Mais à quel point l’employeur ou l’un de ses préposés
sont obligés de faire la déclaration de l’accident dont ils ont eu connaissance selon le
premier alinéa de l’article 174 du Dahir ? et quel est l’intérêt de la déclaration faite
après l’expiration de délai de 48 heures suivant la date d’information de l’employeur
ou l’un de ses préposés ?
On constate que le défaut d’information de l’employeur de l’accident de travail ; ou
l’un de ses préposés ; selon les dispositions de l’article 14 du Dahir, n’exonère jamais
l’employeur de l’obligation d’en déclarer, en considérant que le législateur même s’il
oblige la victime d’informer l’employeur ou l’un de ses préposés de l’accident le
même jour ou au maximum dans un délai de 24 heures ; il ne fixe aucune pénalité du
non respect de ce délai.
Encore, si l’employeur ou l’un de ses préposés ne déclare pas de l’accident dans le
délai légal, ça ne fait pas tomber le droit de la victime de demander les indemnités,
tant que sa demande ne tombe pas dans la prescription, et qu’elle était faite dans un
délai de 5 ans selon l’article 271 du Dahir de 6 Février 1963.

Paragraphe 2 : le contenu de la déclaration

Selon les dispositions de l’article 17 du Dahir de 6 Février 1963, la déclaration faite


par l’employeur ou l’un de ses préposés ; selon Le deuxième alinéa de l’article 14 ;
doit contenir les mentions suivantes :
 le nom de l’employeur, sa personne, son adresse, et sa nationalité ;

 si la déclaration est faite par l’un des préposés, elle doit contenir la mission de la
personne des représentants si ceux-ci qui ont déclaré ;

 le lieu ; la nature, l’heure ; et les conditions de l’accident

 la nature des blessures résultantes de l’accident,

 le décès s’il y en a, avec l’attestation de décès

 les noms des témoins s’ils existent, et leurs adresses,

 et enfin le nom de la compagnie d’assurance.

Sous-section 2 : la forme et les délais de la déclaration :

Paragraphe 1 : la forme de la déclaration de l’accident de travail :

La déclaration de l’accident de travail peut être faite soit par l’employeur ou l’un de
ses préposés, soit par la victime elle-même ; son représentant ; ou un des ses ayants
droit.
1- la forme de la déclaration faite par l’employeur ou l’un de ses préposés :
On a vu déjà que le législateur Marocain oblige l’employeur ou ses préposés dans la
deuxième alinéa de l’article 14 de faire la déclaration de n’importe quel accident
survenu dans le lieu pendant le temps du travail, et la forme ne se diffère pas selon la
personne du déclarant.
Alors si c’est l’employeur ou l’un de ses préposés qui a déclaré, la déclaration se fait
sous forme d’une fiche spéciale faite selon les exigences d’un arrêt rendu dans ce
sujet, et contenant le nom et le prénom de l’employeur ; sa nationalité ; son adresse ;
et l’autorité à qui la déclaration sera adressée ; la nature de l’accident ; sa date, son
heure ; avec toutes les informations concernant la victime, les témoins s’ils y en ont.
Cette fiche est adressée à l’autorité compétente par lettre recommandée avec accuse de
réception
2- la forme de la déclaration faite par la victime :
La forme de la déclaration faite par la victime ou son représentant ou l’un des ses
ayants droit ne se diffère pas beaucoup de celle faite par l’employeur ou l’un de ses
préposés. Elle se fait aussi sous forme d’une fiche spéciale contenant :
 Le nom et prénom de déclarant, sa nationalité, son métier, et son adresse

 le nom du président de l’établissement

 l’heure et la date de l’accident ;

 le nom de la victime si ce n’est pas lui le déclarant, sa date de naissance, sa


nationalité, son sexe, son métier, et son adresse

 les conditions de l’accident et la nature de la blessures en précisant la période


probable de l’incapacité ; et si la victime a arrêté de travailler ou non,

 les témoins et leurs informations

Cette fiche doit être adressée par lettre recommandée à l’autorité compétente qui doit
rédiger un rapport ajouté à la déclaration, et qui seront envoyés dans le délai légal au
tribunal compétent après délivrer un reçu de réception.
Mais la déclaration peut être faite dans une simple feuille contenant toutes les
mentions cités par l‘article 17 du Dahir de 6 Février 1963.

Paragraphe 2 : les délais de la déclaration :

Si le législateur oblige l’employeur ou ses préposés de faire la déclaration de tout


accident dont il a eu connaissance selon les formalités légales, et que ce législateur
confère à la victime le droit de déclarer de l’accident dans un délai précis ; on constate
que ces délais se différent selon la personne du déclarant.

A- le délai de la déclaration faite par l’employeur :


Dés qu’il a eu connaissance de l’accident, l’employeur ou l’un de ses préposés doit en
informer l’autorité compétente même si la victime continu son travail. Cette
déclaration doit être faite dans un délai de 48 heures non compris les dimanches et les
jours fériés, sans oublier qu’au cas ou l’employeur ou l’un de ses préposés ne
déclarent pas de l’accident dans le délai déterminé par le deuxième alinéa de l’article
14, la victime ne perd pas son droit à l’indemnisation tant que le délai de prescription
n’a pas expiré (article 271).

B- le délai de la déclaration faite par la victime :

D’après les dispositions de l’article 15 du Dahir de 6 Février 1963, la victime d’un


accident de travail ou celui qui la représente doit déposer la déclaration à l’autorité
compétente avant la fin de la deuxième année suivant la date de l’accident. On
constate alors qu’il n y a pas de relation entre l’information précité par l’article 14 et
la déclaration énoncée dans l’article 15. Contrairement pour certaine jurisprudence qui
considère que la première est une simple obligation de formation envers l’employeur,
et la deuxième est la déclaration objet de premier chapitre de deuxième partie de Dahir
de 6 Février 1963.

Sous section 3 : l’autorité susceptible de recevoir la déclaration, et ses


obligations :

Si les dispositions légales obligent ou permet, selon la personne du déclarant ; la


déclaration de l’accident de travail, la question qui se pose est : quelle est l’autorité ou
les autorités susceptibles de recevoir cette déclaration ? Et quelles sont ses
obligations?

Paragraphe 1: l’autorité susceptible de recevoir la déclaration:

La déclaration de l’accident de travail prononcée par les articles 14 et 15 doit être


délivrée ou envoyée par lettre recommandée; même si la victime continue son travail;
à l’autorité communale ou locale, ou en cas de défaut de ces deux autorités au chef de
gendarmerie ou au directeur du centre de police.
Pour les accidents de travail dans les forestiers; la déclaration doit être déposée plus
aux autorités citées, au responsable des eaux et forets au lieu de l’accident. Pour les
accidents de travail dont les victimes sont les salariés marins, la déclaration doit être
déposé aussi plus aux autorités; au président ou vice président du port.

Paragraphe 2 : les obligations de l’autorité réceptrice de la déclaration :

D’après les dispositions légales, l’autorité administrative qui reçoit la déclaration de


l’accident de travail doit d’abord rédiger un rapport de déclaration qui contient les
détails de l’accident, et délivre un reçu au déclarant.
Ensuite l’autorité doit informer l’huissier chargé d’inspection de travail dans
l’établissement ou la victime exerce sont travail, comme elle doit lui informer des
causes définitives de l’accident dans les 24 heures suivant la date de délivrance de
certificat de guérison médical.
Pour les accidents de travail dont les victimes sont les salariés marins, le président ou
le vice président du port qui a reçu la déclaration doit dans les 15 jours suivants faire
un enquête sur les conditions de l’accident ; l’identité de la victime ou les victimes
s’elles sont plusieurs ; et il doit inscrire toutes les informations dans un rapport et
l’envoyer au tribunal compétent. Les autres autorités administratives qui reçoivent la
déclaration doivent l’envoyer avec le certificat médical, ou mentionner que la
victime n’a pas déposé aucun certificat médical. Les deux documents doivent être
envoyés au tribunal compétent dans un délai de 24 heures suivant la date de dépôt de
premier certificat médical et au maximum dans les 15 jours suivant la date de la
déclaration de l’accident. Au cas nécessaire les certificats autres que le premier
certificat doivent être envoyés au tribunal compétent dans un délai de 24 heures
suivant son dépôt.

Sous- section 4 : la sanction de la non déclaration de l’accident de travail

Si les disposions légales confère à la victime ou à ses ayants droit le droit de faire la
déclaration de l’accident, elles obligent l’employeur ou ses préposés de respecter le
délai de la déclaration. Si l’employeur ne réponds pas à ses obligations en général
quelque soit la déclaration, ou s’il ne dépose pas le certificat médical, il risque d’être
sanctionné avec ses préposés d’une amende de 1 DH à 18 DH, comme ils seront punis
en cas de récidive dans les 365 jours suivant le prononcé de la peine d’une amende de
20 DH à 360 DH.
Le législateur ne s’arrête pas à sanctionner la non déclaration mais aussi il sanctionne
toute fausse déclaration visant à faire naître des indemnités non méritées, d’une
amende de 240 DH à 480 DH.
Le problème qui se pose reste ce des conséquences de la non déclaration en ce qui
concerne les droits de la victime précités par les dispositions du Dahir de 6 février
1963, est ce que son action pour indemnisation sera acceptée par le tribunal, ou la
procédure administrative contenant la déclaration est une condition nécessaire pour
faire une action en justice?
Selon la jurisprudence il y a deux sortes:
Une jurisprudence qui n’accepte pas l’action en indemnisation si cette action se fait
par une requête devant le tribunal compétent sans recourir à la procédure
administrative régies par les dispositions de l’article 14 du Dahir de 6 Février 1963, en
considérant que ces règles sont d’ordre public. (Arrêt de la cour d’appel de Rabat en
19 novembre 1991, Dossier n° 570/91).
Une autre jurisprudence qui accepte l’action selon la loi, en considérant que la
procédure administrative est une simple mesure pour arriver au procès à fin que la
victime aura ses droits. (Jugement du tribunal de première instance de Marrakech en
29 juillet 1987, Dossier n° 12/87).

SECTION II : La phase judiciaire

Sous-section 1 : La compétence et l’assistance judiciaire en matière d’accidents


du travail

Paragraphe 1 : La compétence judiciaire en matière d’accidents du travail

A- La compétence d’attribution
En vertu des dispositions de l’article 20 al 2 du Code de procédure civile marocain, les
tribunaux de première instance sont compétents en matière sociale pour connaitre les
affaires de la réparation des demandes résultant des accidents du travail et des
maladies professionnelles conformément à la réglementation en vigueur.
Et selon les dispositions de l’article 24 du Code de procédure civile, les Cours d’appel
connaissent des appels des jugements des tribunaux de première instance, ainsi que
des appels des ordonnances rendues par leurs présidents, sauf dispositions légales
contraires.

B- La compétence territoriale

En vertu des dispositions de l’article 28 du Code de procédure civile, la compétence


territoriale en matière d’accidents de travail appartient au tribunal dans le ressort
duquel s’est produit l’accident.
Toutefois, lorsque l’accident s’est produit dans le ressort d’un tribunal autre que celui
dans lequel réside la victime, celle-ci ou ses ayants droit peuvent opter pour le tribunal
de leur résidence.

Paragraphe 2 : L’assistance judiciaire en matière d’accidents du travail :

Le législateur marocain a attribué au salarié et ses ayants droit en matière d’accidents


du travail une protection spéciale et a il a considéré que le salarié victime d’accidents
du travail est la partie la plus faible dans l’action sociale, et la partie qui a un grand
besoin de l’assistance judiciaire.
C’est ce qui prévoit l’article 273 du Code de procédure civile : « le bénéfice de
l’assistance judiciaire est accordé de plein droit au travailleur, demandeur ou
défendeur ou à ses ayants droit, pour toute procédure jusque et y compris l’appel. Il
s’étend de plein droit à tous les actes d’exécution des décisions judiciaires ».

Sous-section 2 : L’enquête en matière d’accidents du travail


Paragraphe 1 : L’enquête en matière d’accidents du travail et ses finalités

A- Conditions de l’enquête

Après le renvoi du dossier de l’accident du travail par l’autorité administrative qui a


reçu la déclaration au tribunal compétent, le juge doit procéder à une enquête en
présence des parties régulièrement convoquées. Et ce pour permettre au tribunal de
recueillir, tous les renseignements relatifs tant à l’accident qu’à ses conséquences et à
la situation de la victime, en vue d’apprécier en toute équité les droits de celle-ci ou de
ses ayants droit.
L’enquête menée par le tribunal est obligatoire s’il se présente l’un des deux cas
suivants:
 Le premier cas : lorsque la victime est décédée.

 Le deuxième cas : Lorsque, au vu, soit du certificat médical initial ou de


consolidation de la blessure, soit d’un certificat médical produit ultérieurement au
tribunal de paix par la victime ou ses ayants droit, la blessure paraît devoir
entraîner la mort ou une incapacité permanente totale ou partielle de travail.

B- Les finalités de l’enquête


Il est bien connu que les accidents de travail peuvent être soit des accidents simples et
légers, qui n’engendrent qu’une incapacité temporaire après laquelle le salarié peut
reprendre son travail, bien entendu après avoir reçu les soins nécessaires, soit des
accidents dangereux qui peuvent engendrer une incapacité permanente partielle ou
totale, et pourraient même engendrer le décès de la victime. Et dans cette dernière, le
tribunal est obligé de procéder à une enquête qui a pour but de rechercher les éléments
suivants :
1- La cause, la nature, les circonstances de temps et de lieu de l’accident,
éventuellement l’existence d’une faute intentionnelle provoquée par la victime de
l’accident.
Dans le cas d’accident du trajet, ces éléments doivent être recherchés et notés avec
soin, en vue d’établir éventuellement les motifs qui auraient déterminé la victime à
interrompre ou à détourner son parcours;
2 - L’identité de la victime: nom, prénom, nationalité, lieu et date de naissance et
adresse habituelle; si elle était en état de minorité, nom, prénom et adresse de son
représentant légal; le lieu où se trouve la victime;
3 - La nature des lésions; lés modifications apparentes survenus dans l’état de la
victime depuis l’envoi du dernier certificat médical;
4 - La catégorie professionnelle dans laquelle se trouvait classé la victime au moment
de l’arrêt du travail et, d’une manière générale, tous les éléments de nature à permettre
la détermination du salaire servant respectivement de base à l’indemnité journalière et
à la rente conformément aux dispositions de la législation en vigueur.
5 - Le cas échéant, les accidents du travail antérieurs (date de l’accident et date de la
guérison ou de la consolidation de blessures; s’il y a lieu, taux de l’incapacité
permanente montant annuel de la rente et des majorations et rajustements de
majoration.
6 - L’identité de l’employeur et l’organisme d’assurances contre les accidents du
travail par lequel il était garanti;
7 - L’existence d’ayants droit en cas de décès de la victime, l’identité, la nationalité et
la résidence de chacun d’eux.

Paragraphe 2 : Les règles de l’enquête en matière d’accidents du travail

A- Le délai d’ouverture de l’enquête

Selon l’article 30 du dahir du 6 février 1963, l’enquête menée par le tribunal est
ouverte dans les cinq jours de la réception du dossier de l’accident du travail.
Il est à noter que ce délai reste pratiquement court et insuffisant pour plusieurs raisons
à savoir : les difficultés de la notification des convocations de comparution aux parties
dans le délai prévu par la loi ; la non présentation des ayants droit en cas de décès de
la victime des pièces justifiant leur qualité ; en raison de l’attente des résultats de
l’autopsie lorsqu’elle est demandée ; ou en raison de l’accumulation des dossiers dans
les tribunaux.. , etc.
Il est à noter aussi que l’enquête n’est déclenchée pratiquement qu’après l’expiration
de plusieurs semaines de la réception du dossier de l’accident de travail par le tribunal
compétent.

B- Le principe du contradictoire en matière d’enquête

Conformément aux dispositions de l’article 31 du dahir du 6 février 1963, L’enquête


a lieu contradictoirement dans les formes prescrites par les articles 71 et suivants du
dahir sur la procédure civile en présence des parties intéressées ou celles-ci convoquée
d’urgence soit par lettre recommandée, soit par notification transmise et dans les
conditions fixées par les articles 37, 38,39 du dahir sur la procédure civile.
La victime a le droit de se faire assister par un ouvrier ou employé de la même
profession, par ses pères, mère ou conjoint ou par un délégué de son organisation
syndicale ou de son association de mutilés ou invalides du travail. Le même droit
appartient aux ayants droit de la victime en cas d’accident mortel.
Il faut signaler également que le juge doit se transporter auprès de la victime de
l’accident lorsque ce dernier se trouve dans l’impossibilité d’assister à l’enquête, Et il
n’a pas le droit de déléguer cette mission à l’un des auxiliaires de justice comme les
experts ou les secrétaires greffiers, parce qu’il s’agit ici d’une question juridique, mais
cela n’empêche pas le juge de se faire assister par un expert au cours de l’enquête dans
les questions techniques.

C- L’expertise et l’autopsie

Lorsqu’il s’avère au juge chargé de l’enquête que quelques points du dossier de


l’accident de travail dépassent les limites de la connaissance juridique, il peut désigner
des experts pour demander leur avis sur les questions techniques ou médicales.

1- L’expertise technique

Lorsqu’il apparaît des difficultés au cours de l’enquête, par exemple, dans la


détermination des circonstances exactes de l’accident, ou de ses conséquences, ou
pour toute autre raison, le juge peut procéder à la désignation d’un expert technique
pour l’assister dans l’enquête.
Toutefois, il n’y a pas lieu à telle nomination lorsque l’accident s’est produit dans des
établissements ou entreprises administrativement surveillées ou dans les entreprises de
l’Etat placées sous le contrôle d’un service distinct du service de gestion. Dans ce cas,
les fonctionnaires chargés de la surveillance ou du contrôle de ces établissements ou
entreprises et, en ce qui concerne les exploitations minières, les ingénieurs des mines,
transmettent au : juge de paix, pour être joint au procès-verbal d’enquête, un
exemplaire de leur rapport.
Ainsi, au cours de l’enquête, le juge peut prendre connaissance de la nature des
machines utilisées par l’employeur, leur utilisation est dangereuse ou non, sont-elles
dotées de moyens de protection ou non, sont-elles réparées ou non, et également, la
nature des dangers qui résultent du défaut de réparation et d’entretien desdites
machines.

2- L’expertise médicale

Toute contestation relative à l’état de la victime, notamment, en ce qui concerne la


date de consolidation, donnent lieu à une procédure d’expertise médicale.
En pratique, il y a lieu de procéder à l’expertise dans deux cas :
 Lorsque le certificat médical ne lui paraît pas suffisant, le juge de paix peut
désigner un médecin pour examiner le blessé. Et celui-ci a le droit de se faire
assister par le médecin de son choix.

 Lorsque la victime en fait la demande, l’expertise médicale dans ce cas devra avoir
lieu dans les huit jours.
Dans les deux cas précédents, l’expert doit avoir connaissance du certificat médical
établi par le médecin traitant.
Toutefois, dans le cas d’expertise médicale ordonnée soit par le juge de paix en
conformité des articles 33 et 216 du dahir du 6 février 1963 , soit par le tribunal de
première instance ou par la cour d’appel, l’expert ne peut, sauf accord formel de la
victime, être ni le médecin qui a soigné le blessé, ni le médecin de l’employeur, ni le
médecin attaché à l’établissement ou à la société d’assurances à laquelle l’employeur
est affilié.
A l’instar de l’expertise technique, l’expertise médicale doit également, respecter les
dispositions de l’article 63 du Code de procédure civile, notamment, en ce qui
concerne le principe du contradictoire, l’expert doit convoquer les parties et leurs
conseils pour assister à l’expertise, et il ne peut procéder à sa mission qu’en présence
des parties et de leurs conseils ou qu’après s’être assuré qu’ils étaient dûment
convoqués, sauf si le tribunal en décide autrement lorsqu’il a constaté qu’il y a
urgence.

3- L’autopsie :

En matière d’accidents du travail, l’autopsie médico-légale a un double objet :

 D’une part, elle doit déterminer les causes exactes de la mort.

 Et d’autre part, elle doit établir si le décès est la conséquence de l’accident, ou s’il
n’a aucun rapport avec celui-ci.

En règle générale, l’autopsie demandée par l’employeur a pour but de faire tomber la
présomption d’imputabilité qui existe en faveur de la victime. Il en est ainsi,
notamment, lorsque le travailleur a été découvert mort sur les lieux de son travail, sans
qu’il soit possible de mettre en évidence un fait matériel établissant la réalité d’un
accident.
Inversement, l’autopsie demandée par les ayants droit de la victime vise à démontrer
que le décès est la conséquence du travail, alors qu’il n’existait aucune présomption
d’imputabilité.
Dans tous les cas, le juge de paix doit ordonner l’autopsie de la victime, dans les deux
cas suivants :
 Lorsque les ayants droit de celle-ci le demandent, afin de prouver le lien de
causalité entre le décès et l’accident du travail.

 Lorsque après accord avec eux, les autres parties ou le juge lui-même estiment
l’opération utile à la manifestation de la vérité.
Dans ce dernier cas, les ayants droit ont la faculté de désigner un médecin de leur
choix pour assister à l’autopsie. Si les ayants droit de la victime refusent de donner
leur accord à cette mesure, il leur incombe d’apporter la preuve du lien de causalité
entre l’accident et le décès.
4- La clôture de l’enquête :
L’enquête doit être close dans le plus bref délai et, au plus tard, dans les vingt jours de
la réception de la déclaration et des autres pièces y annexées, à condition que la
victime ou ses ayants droit aient produit toutes pièces justifiant de leur état civil et,
pour les ayants droit, de leur qualité.
Ce délai ne peut être prolongé, Sauf dans le cas d’impossibilité matérielle dûment
constaté dans le procès-verbal.
Bien que le juge soit tenu, dans toute la mesure du possible, de respecter le délai qui
lui imparti, il existe des cas où le juge ne peut déposer son rapport en temps utile, en
raison des difficultés de la notification des convocations aux parties dans le délai
précité, et par devoir attendre les résultats de l’expertise technique ou médicale, ou les
résultats de l’autopsie lorsqu’elle est ordonnée, et aussi en raison de la non
présentation des ayants droit en cas de décès de la victime des pièces justifiant leur
qualité.
Mais le législateur a remédié à cette question dans l’article 37 du dahir du 6 février
1963 qui prévoit que : « Si, dans les trois mois de la demande qui leur en aura été faite
par le juge de paix, les intéressés n’ont pas fourni les pièces justificatives prévues par
l’article 36, ce magistrat les réclame à l’autorité qualifiée pour les établir et, si
satisfaction ne lui est pas donnée dans les soixante jours, il peut clore l’enquête »

Sous -section 3 : La phase de conciliation et la phase de jugement

Paragraphe 1 : La phase de conciliation :

Après avoir clore l’enquête, et avisé les parties de cette clôture conformément aux
dispositions légales, le juge commence une autre phase, c’est la phase de conciliation,
en se basant sur les éléments du dossier de l’affaire qui comprend le taux d’incapacité,
le salaire annuel de la victime, la durée du travail, l’âge de la victime, et la qualité des
ayants droit en cas de son décès.
La tentative de conciliation entre les parties faite par le juge doit avoir lieu au début de
l’audience et avant la phase de jugement, sous peine de nullité du jugement rendu
dans l’affaire, même si les parties ont comparu en personne au début de l’audience ou
par leurs représentants, et même s’il s’agissait de conflits de travail ou de sécurité
sociale, ou des accidents du travail.
Ainsi, si le juge a réussi de concilier les parties, l’indemnité est définitivement fixée
par ordonnance qui donne acte de l’accord des parties en indiquant, sous peine de
nullité, la date de l’accident, le salaire annuel effectif, le salaire de base, le taux
d’incapacité dans les conditions prévues par la loi, le montant de la rente, la date à
partir de laquelle cette rente doit commencer à être servie.
Mais, Lorsqu’ il y a désaccord entre les parties ou en cas de non comparution de l’une
ou de plusieurs d’entre elles, le juge de paix transmet le dossier au tribunal de
première instance qui se trouvera alors saisi de plein droit.
Il est à signaler que la procédure de conciliation est obligatoire seulement devant le
tribunal de première instance, et non devant la Cour d’appel.

Paragraphe 2 : la phase de jugement :

Si, la conciliation n’a pu avoir lieu en raison de désaccord des parties ou de l’absence
de l’une d’elles ou de son représentant, le juge chargé de l’affaire établit un procès-
verbal de non-conciliation et statue immédiatement ou renvoie l’affaire à une
prochaine audience, le cas échéant.
Et, si le demandeur ne s’est pas présenté, et qu’il n’a pas formulé aucune excuse
valable, l’affaire est purement et simplement radiée. Mais, si c’est le défendeur, le
juge ou la formation de jugement statue par défaut ou par jugement contradictoire
selon le cas.
Lors de l’examen de l’affaire, le juge peut mettre les parties en demeure par une
ordonnance non susceptible de recours, de produire dans un délai qu’il détermine,
toutes pièces, tous documents, conclusions ou justifications de nature à lui fournir des
éclaircissements. Il peut même convoquer et entendre tous témoins, et également
prescrire toutes mesures d’instruction et notamment des expertises.
Enfin, il est à signaler que les jugements rendus en matière d’accidents du travail sont
susceptibles d’opposition, d’appel, ou de pourvoi en cassation conformément au droit
commun.

DEUXIEME PARTIE : LES INDEMNITES, RENTES ET GARANTIES EN


MATIERE D’ACCIDENTS U TRAVIL

Le régime de la responsabilité de l’employeur en matière d’accident de travail ne


nécessite pas la faute de ce dernier,
Le droit comparé crée une sorte d’équilibre entre les parties d’une relation de travail
en soumettant les indemnités découlant des accidents de travail à un régime spécifique
diffèrent de celui du droit civil car ce dernier couvre tout le dommage subit par la
victime.
Alors que l’indemnisation selon le dahir du 6 février 1963, n’est pas une
indemnisation totale qui couvre tous les dommages, c’est une indemnisation partielle,
le tribunal prend en considération lors de sa détermination plusieurs facteurs à savoir
le montant du salaire le degré de l’invalidité, ainsi que l’âge des ayants droits en cas
du décès du préposé. L’indemnité est ordre public ; le législateur marocain a tenu à
protéger le préposé et ses ayants droit en cas de décès, ainsi on ne peut y dérogé par
convention ou transaction.
Les indemnités selon le dahir du 6 février 1963 sont divisées en 2 catégories à savoir
les frais médicaux et hospitaliers, ainsi que indemnités en cas d’invalidité temporaire,
et les rentes en cas d’invalidité permanente ou décès.
Le législateur marocain est intervenu en termes du dahir du 23 juillet 2002 pour
consacrer le principe de l’assurance obligatoire sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles.

CHAPITRE I : LES INDEMNITES, RENTES EN MATIERE D’ACCIDENTS


DU TRAVAIL

Section I : L’indemnisation en cas d’incapacité temporaire

Sous section 1 : Le droit aux frais médicaux, chirurgicaux, et pharmaceutiques,


et les frais funéraires

Paragraphe 1 : Le droit aux frais médicaux, chirurgicaux, et pharmaceutiques :

Le législateur marocain confère au salarié victime d’un accident de travail le droit de


bénéficier des soins médicaux adéquat avec son état de santé et ce à partir du moment
de la survenance de l’accident jusqu’au moment de son rétablissement inclus, et même
lorsqu’une incapacité permanente se constate et qui ne peut être guérie que ça soit
une incapacité totale ou partielle.
Le droit aux soins médicaux couvre l’ensemble des accidents de travail qu’ils soient
simples ou graves, que le salarié ait continué son travail ou qu’il a été dans
l’obligation de l’arrêter, de Plus ce droit aux soins s’applique de façon égale entre tous
les salariés abstraction faite à leur salaires ; à leur état de santé ou à leur degré
d’incapacité.
Selon l’article 41 du dahir de 1963, l’employeur ou son assureur couvre l’ensemble
des pensions suivantes :

A- Soins et prise en charge médicale

Le législateur marocain dispose, dans son article 41 du dahir de 1963 que l’employeur
ou son assureur prend en charge tous les frais médicaux et chirurgicaux incluant les
frais des analyses et autres frais (voir l’article 41) que ces frais ont été facturés auprès
d’un établissement public ou privé.
L’objectif du législateur est de pouvoir faire bénéficier le salarié victime de l’accident
de travail des soins médicaux nécessaires et en réparation intégrale de cet accident.
Cependant en contrepartie de cette obligation de prise en charge du salarié victime
d’un accident de travail et qui pèse sur l’employeur ou son assureur, ce même salarié
n’aura pas une liberté absolue de dépenser puisque le législateur précise que le taux
des frais médicaux et pharmaceutiques et aussi les frais des analyses et tous les frais
que l’employeur s’oblige à les prendre en charge est déterminé par arrêté ministériel.

B- Le choix du médecin traitant

Le dahir de 1963 a octroyé au salarié victime d’un accident de travail le droit de


choisir son médecin traitant à condition que le médecin choisi soit parmi les
spécialistes autorisés légalement à exercer au Maroc sinon les droits octroyés au
salarié se verront déchus ; là encore la liberté du salarié à choisir son médecin traitant
est limitée par le taux légal imposé par le législateur ( article 207 du dahir de 1963) ,
cependant si l’état de santé du salarié a un caractère d’urgence nécessitant
l’hospitalisation du salarié dans un établissement dont les frais dépassent le taux
imposé par le législateur dans ce cas abstraction faite à l’application de ce taux.

Paragraphe 2 : Les frais de déplacement et funéraires en cas de décès

A- Frais de déplacement
Selon le 3eme alinéa de l’article 41 du dahir de 1963 l’employeur ou son assureur
s’obligent à prendre en charge les frais de déplacement du salarié victime d’un
accident de travail et ce tant que son état de santé nécessite ces déplacements auprès
du médecin traitant.

B- Frais funéraires en cas de décès

En cas de décès, l’employeur prend en charge tous les dépens du funéraire en priorité
les frais du transport de la dépouille au cimetière se trouvant dans le lieu de résidence
du défunt.
Là également on applique les taux imposés par l’arrêté ministériel concernant les frais
du funéraire (voir article 49 du dahir de 1963).

Sous -Section 2 : Droit aux prothèses médicales et ses conditions

Paragraphe 1 : Droit aux prothèses médicales


L’article 53 du dahir de 1963 confère au salarié victime d’un accident de travail le
droit de se procurer de réparer et de changer les prothèses que l’accident a cause au
salarie victime
Le législateur marocain donne le droit aux changements et aux réparations des
prothèses médical même si cela résulte d’un autre accident et non d’un accident de
travail.
Ainsi lorsqu’un accident de travail se produit l’employeur ou bien son assureur
support les frais engendré par l’accident.

Paragraphe 2 : Les conditions pour bénéficier des prothèses médicales

Le salarie victime d’accident de travail, qui veux bénéficier des prothèses médicales
doit avant toutes choses s’inscrire au centre de prothèse de Casablanca, et faire une
demande au centre en indiquant le genre de prothèse dont il souhaite bénéficier, des
que l’ordonnance judiciaire devient définitive, le centre aide le salarie à trouver la
prothèse le plus adéquat à son handicape. L’employeur ou l’assureur prend en charge
toutes des dépenses liées à la prothèse.
Il faut souligner que l’employeur est exonéré selon les dispositions de l’article 81 du
dahir du 6 Février 1963 du paiement des frais d’hospitalisation et autres, si il a
contracté une assurance qui couvre ces frais en cas d’accident.

Sous -section 3 : L’indemnisation d’incapacité temporaire

L’indemnisation que mérite le salarié victime d’un accident de travail ou d’un


accident de trajet diffère selon le degré d’incapacité à exercer son travail, et la
législation marocaine impose au profit du salarié victime d’accident de circulation et
qui a du interrompre son travail, une indemnité journalière dont il bénéficie tout au
long de la durée de l’incapacité temporaire et ce selon des règles précises qui prennent
en considération la durée de l’indemnité journalière et son montant, la méthode de son
appréciation et de son calcul ainsi que le mode de son paiement

Paragraphe 1 : Durée et montant de l’indemnité journalière

A- Durée de l’indemnité journalière:

Dans le cas où le salarié est victime d’un accident estimé de faible importance et n’a
pas interrompu son travail, il n’aura droit qu’aux soins médicaux et la prise en charge.
Cependant si l’accident lui a causé une incapacité temporaire le salarié aura droit à
une indemnité journalière que va percevoir à partir du jour suivant de l’accident et tout
au long de la durée de l’incapacité temporaire et sans qu’il y ait une différence entre
les jours ouvrables, et les jours de repos hebdomadaire et les jours fériés (article 59 du
dahir de 1963).
Le salarié victime d’un accident de travail continue de bénéficier de l’indemnité
journalière tout au long de son arrêt de travail causé par l’accident et jusqu’à ce que
son état de santé se stabilise soit pas la guérison soit par l’incapacité permanente soit
par le décès (article 64).de plus l’employeur prend en charge même le jour de la
survenance de l’accident.

B- Montant de l’indemnité journalière

Si le préjudice causé au salarié victime d’un accident de travail est de faible


importance ou qualifié de simple, dans ce cas le salarié continue à exercer son travail
comme d’habitude en se contentant des soins et en méritant le salaire convenu entre
lui et son employeur.
Mais si le préjudice subi est qualifié « grave » en obligeant le salarié à arrêter son
travail dans ce cas cette interruption lui fait perdre son droit au salaire. conformément
au dahir du 23 juillet 2002 le législateur a intervenu en modifiant l’article 61 du dahir
du 6 février 1963 en confirmant que l’indemnité journalière sur l’incapacité
temporaire est égale aux deux tiers de la rémunération et ce à partir du 1 er jour qui suit
l’accident sans prendre en compte le jour de survenance du préjudice pendant lequel le
salarié mérite de toucher son salaire en totalité (article 60 du dahir de 1963), aussi le
salarié mérite son salaire en totalité si son absence est justifiée par les soins ou par le
suivi du préjudice causé par l’accident pourvu que cette absence ne dépasse pas une
heure par jour mais si elle dépasse cette durée, le salarié n’aura droit qu’à la moitié de
la rémunération sauf accord entre les parties au profit du salarié.
Il est à signaler que si l’indemnité journalière n’est due au profit du salarié que s’il est
en arrêt de travail à cause de l’accident, il aura droit cependant à la totalité de
l’indemnité journalière ou une partie de cette indemnité si le salarié exerce une tâche
légère autorisée par le médecin traitant et si le médecin conseil de l’employeur ou
celui de l’assureur sont du même avis pourvu que la reprise de travail aide le salarié à
guérir mais dans ce cas le salarié ne doit pas s’enrichir et toucher plus qu’il ne mérite.

Paragraphe 2 : Appréciation et calcul de l’indemnité journalière

La rémunération journalière perçue par le salarié victime est considérée comme un des
éléments de fond nécessaires à l’appréciation de l’indemnité journalière qui est
déterminée par le législateur marocain par différentes méthodes.
A- Méthode d’appréciation de l’indemnité journalière

La rémunération quotidienne comprend selon l’article 66 d’une part la rémunération


de la journée elle même et d’autre part le salaire journalier des dépenses
supplémentaires en nature telles que le logement, la nourriture ou les indemnités
d’ancienneté ou sur les heures supplémentaires (article 66).
Pour ce genre d’indemnités sus visées, si l’employeur continue à les verser en totalité
tout au long de la durée de l’incapacité temporaire, elle ne sera pas par la suite être
prise en considération pour apprécier l’indemnité journalière mais si l’employeur
continue à les verser mais partiellement alors dans ce cas elles vont être prises en
considération mais seulement pour la partie des avantages dont la victime ne continue
pas à bénéficier, (article 76).
Pour l’appréciation de l’indemnité journalière sur l’incapacité temporaire les
avantages tels que les dépenses prises en charge par la victime comme les indemnités
de transport, les allocations familiales si elles sont versées par la caisse nationale de
sécurité sociale (dernier alinéa de l’article 66), ou si l’employeur est exonéré de verser
la part patronale à la caisse.

B- Calcul de la rémunération journalière

Si la rémunération journalière réelle est une rémunération fixe, elle est égale à la
rémunération de la semaine divisée par 6 jours ou à la rémunération mensuelle divisée
par 24 jours si le salarié est payé par mois.
Mais si la rémunération journalière réelle varie, ou si le travail accompli par le salarié
n’est pas continu, la rémunération journalière alors est égale à la moyenne de la
rémunération journalière touchée par le salarié victime d’un accident de travail sur les
24 jours du travail effectif préalable à la survenance de l’accident ce qu’on obtient est
divisé par 24 jours pour avoir la rémunération journalière.
D’un autre côté, si le travail est discontinu et si le salarié victime est rémunéré à
l’heure, la rémunération journalière est égale alors au 1/6ème de la rémunération à la
semaine déterminée sur la base d’un minimum qui atteint 48 heures de travail et que le
salarié a touché tout au long des 6 jours de travail effectif préalable à la survenance de
l’accident (article 69- alinéa 2).
Mais si le salarié est rémunéré à la pièce et si le salarié victime n’a travaillé que
pendant une partie de l’année tout en restant à la disposition de son employeur pour le
reste de l’année, la rémunération journalière est égale à la moyenne journalière de la
rémunération touchée sur le travail effectif tout au long des 365 jours qui précèdent la
survenance de l’accident ( article 71).
Pour les établissements qui se trouvent dans l’obligation de diminuer leur activité, la
rémunération journalière est calculée sur la base des 48heures par semaine à
condition qu’elle ne dépasse pas le SMIG (article 73).
C- Le calcul de la rémunération journalière
la réforme qui a été introduite par le législateur marocain par le dahir du 23 juillet
2002 dispose que l’indemnité journalière est égale au 2/3 de la rémunération
journalière à partir du jour qui suit l’accident et jusqu’à ce que son droit à l’indemnité
journalière prend fin par la stabilité de son état de santé soit par la guérison soit par
l’incapacité permanente partielle ou totale, soit par le décès, cependant pour ce qui est
du jour de la survenance de l’accident le salariée victime aura droit à la totalité de son
salaire même s’il n’a effectué aucune tâche.
Cependant, si le tribunal compétant en la matière tient entre ses mains une liste des
salaires annuels du salarié victime, dans ce cas le calcul de l’indemnité journalière se
fait sous cette formule :
Le salaire annuel divisé par 12 pour obtenir le salaire mensuel, ce dernier est divisé
par 24 pour obtenir la rémunération journalière, laquelle rémunération se multiplie par
2 est divisée par 3 c’est-à-dire 3/2.
Donc si le salaire annuel du salarié victime est de 60000est son incapacité
temporaire est de 20 jours, l’indemnité journalière se calculera comme suite :

60000/12=5000/24=208,33  rémunération journalière

208,33*20*2/3=2777,73 est l’indemnité que doit mériter le salarié pour 20 jours


d’incapacité temporaire.
Paragraphe 3 : Le paiement des indemnités journalières, la cessation et
l’exonération du paiement d’indemnité journalière.
Des qu’il y a accident de travail et le salarié se trouve en arrêt de travail le
législateur lui confère le droit bénéficier d’une indemnité journalière alors comment
procède t ont au paiement de cette dernière quel est son mode calcule cette indemnité
et est ce que l’employeur peut il t être exonéré du paiement de l’indemnité journalière.

1 /Les modalités de paiement de l’indemnité journalière

Selon l’article 77 du dahir du 6 février 1963, l’indemnité journalière est réglée dans la
même période et les lieux que l’employeur utilise habituellement sans que le retard de
paiement ne dépasse 16 jours, tout retard non justifié confère au bénéficiaire de
l’indemnité journalière le droit à une amande journalière égale à 1% des sommes
impayé (article 79), cette amande est justifié par le seul retard de paiement, en d’autre
terme même si le paiement intervient avant le prononcé de l’amande de retard, le
tribunal de 1ere instance demeure compétant pour l’application des amandes de retard
et de leurs montants, le tribunal tranche en premier et dernier ressort quelque soit le
montant réclamé, à moins que la demande reconventionnelle ne soit susceptible de
recours en appel, la cour suprême confirme ce cas d’espèce dans arrêt de la chambre
sociale en date du 4 février 1997 .
Il faut signaler également que l’indemnité journalière est susceptible de conversion et
de saisie au même titre que le salaire (article 78), l’indemnité journalière est une
créance un rang supérieure selon l’article 1248 du DOC.

2 / La cessation de paiement de l’indemnité journalière

La cessation du paiement de l’indemnité journalière commence à partir :


Du jour ou la victime de l’accident de travail refus de recevoir les soins médicaux ou
cesse d’en recevoir suite à la guérison.
Du jour ou le salarié a repris le travail avant la guérison de la blessure, soit chez son
employeur initial soit chez un nouvel employeur.
Du jour déterminer par le certificat de médicale pour la reprise du travail.

3 / L’exonération de l’employeur du paiement de l’indemnité journalière

L’employeur ou son assureur se trouve exonéré par la loi du paiement de l’indemnité


journalière d’invalidité au salarié victime d’accident de travail dans les 30 ou 60 ou
90 jours qui suivent le jour de l’accident s’ils prouvent :
Qu’ils ont mis leurs salaries sous le régime d’un organisme agrée par le ministre du
travail et le ministre des finances, en conformité avec les réglementations en
vigueurs ils ont à leurs charge une part égale ou supérieure tiers de la cotisation.
Que les dits organisme garantissent à leurs adhérents le soin les médicaments ainsi
que le paiement de l’indemnité journalière en cas d’arrêt de travail.

Section II : Les rentes d’incapacité permanente ou en cas de décès

Sous -Section 1 : Les rentes d’incapacité permanente

L’incapacité est, dans tous les cas, la réduction de capacité professionnelle produite
par l’accident exprimée par rapport à la capacité que possédait la victime au moment
où s’est produit cet accident.
L’incapacité permanente subie par le travailleur peut être soit partielle, soit totale..

Paragraphe 1 : Les règles de détermination du taux d’incapacité

A- la personne habilitée à déterminer le taux d’incapacité, et le moment ?

L’incapacité permanente partielle ou totale résultant d’un accident de travail est


déterminée par le médecin traitant, ou par le médecin expert désigné par le tribunal en
cas de contestation, suivant un barème indicatif d’invalidité fixé par l’arrêté du
directeur des communications, de la production industrielle et du travail en date du 21
mai 1943; ce barème comprend les types d’infirmités, et les taux d’invalidité
correspondant à la nature de l’infirmité.
Cette incapacité permanente résultant d’un accident de travail est déterminée à la fin
des soins médicaux et chirurgicaux, la guérison et la cicatrisation des plaies, et la
stabilité définitive de l’état de santé de la victime.
Les indications mentionnées par le médecin traitant sur le certificat médical final
(CMF) précise s’il s’agit d’une guérison ou d’une consolidation

B- Les modalités de détermination du taux d’incapacité :

Les règles de détermination du taux d’incapacité permanente diffèrent selon qu’il


s’agisse d’une seule infirmité ou de plusieurs infirmités, résultant d’un même accident
ou de plusieurs accidents.

1- L’infirmité unique

En cas d’infirmité unique, Le taux de l’incapacité permanente est déterminé d’après


la nature de l’infirmité, l’état général, l’âge, les facultés physiques et mentales de la
victime, ainsi que d’après ses aptitudes et sa qualification professionnelle, suivant un
barème indicatif d’invalidité établi par un arrêté du ministre délégué au travail et aux
affaires sociales, suivant un barème indicatif d’invalidité fixé par l’arrêté directeur du
21 mai 1943.
2- Infirmités multiples :
Dans le cas où il existe plusieurs infirmités, il y a lieu de distinction entre deux
hypothèses :
 D’une part, celle des lésions multiples simultanées, c’est-à-dire des lésions
résultant d’un même accident.

 D’autre part, celle des lésions multiples successives, c’est-à-dire résultant de deux
accidents non contemporains.

a) Infirmités multiples résultant d’un même accident (infirmités multiples


simultanées) :
Les choses se présentent différemment selon que les lésions intéressent des appareils
fonctionnels différents, ou selon qu’elles touchent le même appareil fonctionnel.
 Lésions affectant des appareils fonctionnels différents :
Les infirmités étant classées dans un ordre quelconque, on fixe le taux d’incapacité
correspondant à la première proportionnellement à une incapacité entière, le taux
d’incapacité correspondant à la deuxième proportionnellement à la capacité restante,
et ainsi de suite. Le taux d’incapacité global est égal à la somme des résultats partiels
ainsi obtenus. L’ordre dans lequel l’opération est effectuée est sans influence sur le
résultat final.
Cette méthode d’évaluation est tout à fait logique. S’agissant d’infirmités affectant des
appareils fonctionnels différents. Les conséquences de l’une sont, en principe, sans
influence sur les conséquences de l’autre ; il est donc rationnel d’admettre qu’une
lésion ou mutilation donnée, réduit une capacité restante dans la proportion où elle
réduirait une capacité entière si elle avait été la seule blessure causée par l’accident..
 Lésions affectant le même appareil fonctionnel :
Dans ce cas, contrairement à l’hypothèse précédente, les effets des lésions ne sont pas
indépendants les uns des autres, mais se combinent entre eux, le plus souvent dans le
sens de l’aggravation. Il en est ainsi, par exemple, pour la perte des deux yeux, qui
anéantit la fonction visuelle ; pour la perte de deux ou de plusieurs doits de la même
main, qui compromet gravement la fonction de préhension pour la main intéressée ;
pour les lésions affectant les deux oreilles, les deux membres inférieurs, etc. Il
convient ici d’évaluer directement le taux global d’incapacité, sans avoir à considérer
séparément chaque infirmité.
b) Infirmités multiples résultant d’accidents successifs (infirmités multiples
successives) :
Lorsque la victime de l’accident se trouve atteinte d’une infirmité antérieurement à
celui-ci, qu’elle soit la conséquence d’un autre accident du travail, d’un accident de
droit commun ou d’une maladie non traumatique, il ya lieu, pour calculer le taux
d’incapacité imputable au dernier accident, de déterminer d’autre part la capacité de
travail antérieure à celui-ci (soit C1) de déterminer d’autre part la capacité restante
exprimée en fonction d’une capacité entière (soit C2), de faire leur différence, et de
rapporter cette différence à la capacité antérieure. Ce que l’on peut exprimer
simplement par la formule suivante, dite formule de « Gabrieli » :

Taux d’incapacité = C1 - C2 /C1

Il y a lieu de distinguer deux hypothèses, selon que les lésions consécutives à


l’accident intéressant un appareil fonctionnel atteint antérieurement, ou des appareils
fonctionnels différents.
 Lésions occasionnées par l’accident intéressant un appareil fonctionnel déjà
atteint par une lésion antérieure :
En fait, on utilise la formule Gabrieli seulement dans le cas où les blessures causées
par l’accident intéressant un appareil fonctionnel déjà atteint antérieurement.
Exemple : Il s’agit d’un blessé qui avait perdu un doit du pied droit antérieurement à
l’accident, ce qui lui avait valu un taux d’incapacité de 20 %, ce qui signifie que la
capacité restante est de 80% (C1), ensuite, il a subi un accident du travail dans le
même pied, et qui a lui engendré une incapacité permanente. L’évaluation de la
capacité restante (C2) devant se faire en fonction d’une capacité entière, et le taux
d’incapacité correspondant à la deuxième infirmité jointe à la première étant de 60%,
(C2) est donc égale à 40% de la capacité d’un homme valide. De telle sorte que l’on
peut écrire :
 C1 = capacité antérieure = 80% de la capacité d’un homme valide.

 C2 = capacité restante = 40% de la capacité d’un homme valide.


 C1 – C2 /C1 = 80% – 40% /40 % = 50% OU 40 x 100/80 =
50%

 Lésions occasionnées par l’accident intéressent des appareils fonctionnels


différents :
L’utilisation de la formule Gabrieli est écartée lorsque les lésions causées par
l’accident affectent des appareils fonctionnels différents. Il conviendrait, dans cette
hypothèse, de faire usage de la méthode en vigueur pour l’évaluation du taux
d’incapacité dans le cas des infirmités multiples résultant d’un même accident, c’est-à-
dire qu’il y aurait lieu, les infirmités étant classées dans un ordre quelconque, de fixer
le taux d’incapacité correspondant à la première proportionnellement à une capacité
entière, le taux d’incapacité correspondant à la deuxième proportionnellement à la
capacité restante, et ainsi de suite, et d’additionner les résultats ainsi obtenus.
Cette manière de procéder se justifie, nous l’avons vu, par le fait que les lésions
intéressant des appareils fonctionnels différents, sont en principe sans influence
réciproque les unes sur les autres ; le fait qu’il s’agisse de lésions survenant à des
époques différentes ne change rien à cela.
Exemple : Il s’agit d’un salarié atteint d’une infirmité antérieure à l’accident, qu’elle
soit la conséquence d’un autre accident du travail, d’une maladie professionnelle, ou
d’une maladie génétique, ce qui lui avait valu un taux d’incapacité de 20 %, ensuite il
a subi un accident de travail dont le taux d’incapacité est évalué à 30%, ensuite il a
subi un accident de trajet dont le taux d’incapacité est évalué à 15%. De telle sorte
que l’on peut écrire :

Paragraphe 2 : le calcul de la rente annuelle en cas d’incapacité permanente :

Selon l’article 83 du dahir du 6 février 1963 modifié par le dahir n° 1-03-167 du 19


Juin 2003 portant promulgation de la loi n° 06-03, « La rente allouée à la victime
atteinte d’une incapacité permanente de travail est égale à la rémunération annuelle,
telle que déterminée par les dispositions de la section III du chapitre III du titre IV du
présent dahir, multipliée par les taux d’incapacité calculés comme suit:
 La moitié du taux d’incapacité permanente de travail, lorsque ce taux est inférieur
ou égal à 30%;
 15% plus la partie qui excède 30% augmentée de moitié pour une incapacité
permanente de travail comprise entre 30% et 50%.

 45% plus la partie qui excède 50% pour une incapacité permanente de travail
supérieure à 50%. »

Exemple 1: il s’agit d’un salarié qui touche un salaire annuel de 30.000 DHS, et le
taux de son incapacité est de 40% ; Donc, la rente annuelle sera calculée de la manière
suivante :

(Salaire annuel) 30.000 x 40/100 (Taux d’incapacité) = 12.000 DHS

Exemple 2 : lorsque le taux d’incapacité est supérieure à 50%, supposons que ce taux
est évalué à 70%, et le salaire annuel est fixé à 30.000 DHS, la rente annuelle sera
calculée de la même manière :
30.000 x 70/100 = 21.000 DHS

Et, lorsque la victime de l’accident se trouve atteinte des Infirmités multiples résultant
d’accidents successifs, on applique les dispositions de l’article 83, mais, après
réduction de chacun d’eux proportionnellement à la capacité de travail de la victime
après chaque accident.
Exemple : supposons qu’un salarié est blessé dans le premier accident du travail, ce
qui lui avait valu un taux d’incapacité de 20 %, la capacité restante est de 80% ;
ensuite s’il a subi un deuxième accident du travail dont le taux d’incapacité est évalué
à 30%, le taux d’incapacité est :80% x 30 /100 = 24 %
Le taux d’incapacité global est donc de : 20% + 24 % = 44% On applique les mêmes
règles lorsque le taux d’incapacité global excède 50%.

Sous -Section 2 : Les rentes en cas de décès (les rentes des ayants droit) :

Lorsque la victime meurt des suites de l’accident, ses ayants droit, qu’il s’agisse de
son conjoint, de ses enfants ou de ses descendants, ont droit sous certaines conditions
à l’attribution d’une rente, de durée limitée ou viagère selon les cas.
Les rentes allouées aux ayants droit peuvent être multiples, mais en cas leur taux
global ne peut excéder 85 % du montant du salaire annuel de la victime. Lorsque cette
quotité se trouve dépassée, la rente de chacun des ayants droit est réduite
proportionnellement.
Paragraphe 1 : Rente du conjoint survivant :
Lorsque l’accident est suivi de mort, une pension est servie au conjoint survivant, à
partir du décès, mais sous certaines conditions :

A- Conditions d’attribution :
Pour pouvoir prétendre à l’attribution d’une rente au décès de son conjoint, le
survivant doit n’avoir pas été divorcé, et à condition que le mariage ait été contracté
antérieurement à l’accident.
Mais, si la victime était tenue judiciairement de servir une pension alimentaire à un ou
plusieurs conjoints survivants dont elle était divorcée, la rente est due à ce ou à ces
conjoints, mais elle est ramenée au montant de cette pension, sans pouvoir dépasser au
maximum, quel que soit le nombre des pensions alimentaires, 20% du salaire annuel
de base de la victime.
Si l’un des conjoints survivants vient à décéder, sa part de rente accroît celle de l’autre
ou des autres conjoints, sans que leur nouvelle rente puisse être supérieure au montant
de la pension alimentaire.
Cependant, Le conjoint condamné pour abandon de famille ou qui aurait abandonné le
domicile conjugal sans motif légitime depuis plus de trois ans est privé des avantages
prévus en sa faveur par la loi.

B- Le taux de la rente allouée au conjoint survivant :

Le législateur marocain a fixé le taux de la rente annuelle attribuée au conjoint


survivant en se basant sur la nature de la relation entre celui-ci et la victime, c’est-à-
dire, s’agit il d’une relation du mariage ou du divorce.
1- Le cas d’une relation du mariage :
Le taux de la rente est fixé à 30% du salaire annuel de la victime, lorsque l’âge du
conjoint survivant est inférieur à soixante ans, et il est fixé ou porté à 50% lorsque le
conjoint survivant est âgé d’au moins soixante ans, le jour de l’accident, ou lorsqu’il
atteint cet âge.
Et, dans le cas où la victime, dont le statut personnel admet la polygamie, laisse
plusieurs veuves, la rente viagère de 30% prévue ci-dessus est partagée également et
définitivement entre elles, quel que soit leur nombre. Si l’une ou plusieurs d’entre
elles sont âgées d’au moins soixante ans, elles bénéficient d’une rente viagère de 50%
dans la proportion où elles auraient pu, en raison du nombre de veuves, prétendre à
une rente de 30%.
2- Le cas du conjoint divorcé ou séparé de corps :
Si la victime était tenue judiciairement de servir une pension alimentaire à un ou
plusieurs conjoints survivants dont elle était divorcée ou séparée de corps, la rente est
due à ce ou à ces conjoints, mais elle est ramenée au montant de cette pension, sans
pouvoir dépasser au maximum, quel que soit le nombre des pensions alimentaires,
20% du salaire annuel de base de la victime
3- La durée de la rente allouée au conjoint survivant :
Le conjoint survivant remarié cesse d’avoir droit à la rente s’il n’a pas d’enfants ;
Dans ce cas, il lui est alloué, à titre d’indemnité définitive, une somme égale à trois
fois le montant de sa rente annuelle.
Mais, S’il a des enfants, le service de la pension lui est maintenu tant que l’un de ses
enfants perçoit une rente en conformité des prescriptions des articles 102 à 112 du
dahir du 6 février 1963, le rachat de la rente étant différé jusqu’à ce que le dernier des
enfants percevant une rente cesse d’y avoir droit.

Paragraphe 2 : Rente des enfants et descendants :

A- Rente des descendants :

1- Rente des enfants orphelins légitimes :


Il est alloué aux enfants orphelins de père ou de mère âgés de moins de seize ans, une
rente calculée sur la rémunération annuelle de la victime, à raison de 15% de cette
rémunération, s’il n’y a qu’un enfant, 30% s’il y en a deux, 40% s’il y en a trois, et
ainsi de suite, la rente étant majorée de 10% par enfant de moins de seize ans. La rente
est portée à 20% du salaire pour chacun des enfants devenus orphelins de père et de
mère par suite de l’accident ou qui le deviennent postérieurement avant d’avoir atteint
la limite d’âge à partir de laquelle ils cessent de bénéficier de la rente.
2- Rente des enfants orphelins naturels :
Selon l’article 104 du dahir du 6 février 1963 : « Est assimilé à l’orphelin de père et de
mère, l’enfant naturel reconnu avant l’accident par un seul de ses parents, lorsque
celui-ci est victime d’un accident mortel du travail ».Mais pour bénéficier de la rente,
il faut que l’enfant naturel réunisse les conditions suivantes :
 Il doit faire l’objet d’une reconnaissance judiciaire avant l’accident.

 Et avoir été conçu antérieurement à l’accident.

B- Durée de la rente allouée aux enfants orphelins :


Les descendants qu’il soit orphelins légitimes ou naturels, cessent de bénéficier des
rentes, lorsque l’orphelin atteint l’âge de seize ans ou vient à décéder avant d’avoir
atteint cet âge.
Toutefois, la limite d’âge de seize ans est portée à dix-sept ans, si l’enfant est placé en
apprentissage, soit à vingt et un ans s’il poursuit ses études ou si, par suite d’infirmités
ou de maladies incurables, il est dans l’impossibilité permanente de se livrer à un
travail salarié. Dans tous les cas, l’enfant qui contracte un mariage cesse d’avoir droit
à la rente.
Paragraphe 3 : Rente des ascendants :
A- Conditions d’attribution :
Chacun des ascendants qui, au moment de l’accident, était à la charge de la victime,
reçoit une rente viagère égale à 10% du salaire annuel de la victime, même si cette
dernière a un conjoint ou descendant.
La même rente est attribuée à chacun des ascendants qui prouve qu’il aurait pu obtenir
une pension alimentaire de la victime lorsque celle-ci n’a ni conjoint, ni descendant
Mais, la rente ne peut être accordé à l’ascendant qui a été reconnu coupable
d’abandon de famille ou qui a été privé de la puissance paternelle.
Cependant, il bénéficie de cette rente à compter de la date à laquelle il fera connaître
au débirentier, par lettre recommandée, qu’il a été restitué dans la puissance
paternelle.
B- Le taux de la rente :
Chacun des ascendants reçoit une rente viagère égale à 10% du salaire annuel de la
victime, mais le total des rentes ainsi allouées ne doit pas dépasser 30% du salaire
annuel de la victime. Si cette quotité était dépassée, la rente de chacun des ascendants
est réduite proportionnellement.

SECTION II : LES GARANTIES EN MATIERE DES ACCIDENTS DU


TRAVAIL

Le législateur, soucieux de préserver les droits des victimes, a instauré un fonds de


garantie des victimes d’accidents du travail doté de la personnalité civile.

C’est ce qui résulte du chapitre 2 sixième titre du Dahir du 6.2.1963. Mais, ce fonds
existe depuis la promulgation du Dahir du 25.06.1927 dont les dispositions ont été
reprises et partiellement modifiées par le nouveau Dahir du 6.2.1963.

L’article 316 stipule ce qui suit : « Faute par les employeurs débiteurs ou les
organismes d’assurances de s’acquitter au moment de leur exigibilité, de l’indemnité
journalière, des provisions à valoir d’accidents ayant entraîné la mort ou une
incapacité permanente de travail ou des frais d’appareillage prévus par l’article 53, le
paiement en sera assuré aux intéressés par les soins du fonds de garantie prévu par
l’article 317.

Cet article précise que la gestion administrative de ce fonds est assurée par le
Ministère du Travail et des Affaires Sociales et la gestion financière par la Caisse de
Dépôt et de Gestion, dans les conditions déterminées par le Décret du 13.05.1958. »
Ce Fonds de Garantie est alimenté par le produit des contributions ci-après :
1. Une contribution des employeurs assurés,
2. Une contribution des employeurs non assurés autres que l’état ;

La contribution des employeurs assurés est perçue sur toutes les primes d’assurances
acquittées et est recouvrée en même temps que les primes par les organismes
d’Assurances et la Caisse Nationale d’Assurance.
En ce qui concerne les employeurs non assurés, leur contribution est perçue sur les
capitaux constitutifs des rentes mises à leur charge et calculées d’après un barème et
dans les conditions fixées par le décret du 3.12.1957.
Cette contribution, définitivement exigible ou acquise au Fonds de Garantie, est
liquidée lors de l’enregistrement des ordonnances, jugements et arrêts allouant les
rentes et recouvrés comme en matière d’assistance judiciaire, pour le compte dudit
fonds, par le service d’enregistrement.
Si au cours d’une année, les ressources du fonds se révèlent inférieures aux charges,
des avances sans intérêt sont faites par le Trésor au Fonds de Garantie. Ces avances
sans intérêts sont remboursées au Trésor sur les premiers excédents des recettes.
Le Fonds de Garantie exerce un recours contre les employeurs débiteurs, pour le
compte desquels les sommes ont été payées par cet organisme en conformité des
dispositions qui précèdent.
Les jugements qui interviennent et qui déterminent les sommes dues aux victimes
doivent conférer au Fonds de Garantie pour sûreté du paiement une hypothèque sur les
biens immatriculés ou en cours d’immatriculation du redevable.

. Conclusion

Malgré les modifications introduites par le législateur marocain sur le Dahir du 6


février 1963, elles restent toujours insuffisantes, en effet, le législateur doit intervenir
pour introduire des réformes globales sur ce dahir pour répondre aux besoins du
développement et de l’évolution de notre pays.
.

BIBLIOGRAPHIE

23 ‫ حىادث الشغل و األمراض المهنية ( دراسة نظرية و تطبيقية في ضىء تعديالت ظهير‬،‫ـ عبد اللطيف خالفي‬
.2003 ،‫ الطبعة األولى‬،‫ المطبعة و الىراقة الىطنية‬،) 2002 ‫يىليىز‬
Textes législatifs :
 Dahir n° 1- 60 -223 du 12 ramadan 1382 (6 février 1963) portant modification en
la forme du dahir du 25 hija 1345 (25 juin 1927) relatif à la réparation des
accidents du travail.

 Dahir n° 1-02-179 du 12 Joumada I 1423 (23 Juillet 2002) portant promulgation de


la loi n° 18-01 modifiant et complétant le dahir n° 1-60-223 du 12 ramadan 1382 (6
février 1963) portant modification en la forme du dahir du 25 hija 1345 (25 juin
1927) relatif à la réparation des accidents du travail.

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