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L ’utilisation d’articles de journaux dans le cadre d’un panorama de presse diffusé en ligne sur

l’intranet d’une entreprise ou d’une collectivité publique est soumise aux dispositions du code de
la propriété intellectuelle. Pour exploiter licitement un panorama de presse sur un intranet, il faut
avoir identifié tous les titulaires de droits. La chaîne des droits, qui part du journaliste pour
aboutir à l’entreprise utilisatrice, passe par l’éditeur de presse et le fournisseur du panorama et
relève de mécanismes contractuels qui se mettent peu à peu en place et où se sont glissés
quelques organismes collectifs.

I - LES TITULAIRES DE DROITS

A. Les droits des journalistes


2Les articles L. 761-8 et 9 du code du travail précisent que le droit de faire paraître dans plus
d’un journal ou périodique les articles et autres œuvres littéraires ou artistiques dont les
journalistes sont auteurs, est subordonné à une convention expresse indiquant les conditions dans
lesquelles la reproduction est autorisée. De plus, il est précisé que tout travail non prévu dans les
accords constituant le contrat de louage de services entre une entreprise de presse et un
journaliste doit recevoir une rémunération spéciale.

3L’article L. 121-8 du CPI dispose par ailleurs que « pour toutes les œuvres publiées ainsi dans
un journal ou recueil périodique, l’auteur conserve, sauf stipulation contraire, le droit de les
faire reproduire et de les exploiter, sous quelque forme que ce soit, pourvu que cette
reproduction ou cette exploitation ne soit pas de nature à faire concurrence à ce journal ou à ce
recueil périodique ». Ces articles, tout en reconnaissant la qualité d’auteur aux journalistes,
consacrent la nécessité du respect de leurs droits patrimoniaux et moraux.

4Depuis quelques années, des exploitations litigieuses sur le réseau internet ont permis de
fondamentalement clarifier le régime des droits d’auteur des journalistes  [1][1]E. Derieux,
« Journaliste-internaute ? De la possibilité pour… sur les publications de presse. Les
affaires Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Figaro en sont les principales illustrations  [2][2]C.
Caron, « Le journaliste face à l’exploitation de son article….
5La numérisation et la communication au public de contributions réalisées par des journalistes
professionnels sont donc subordonnées à la demande préalable d’une autorisation expresse,
précisant les conditions de la cession des droits de propriété intellectuelle sur les œuvres. Toute
publication supplémentaire des articles, notamment par la voie de l’internet, en l’absence de
convention expresse particulière est donc constitutive de contrefaçon. La jurisprudence,
désormais affirmée, considère qu’« à défaut de convention expresse avec les journalistes, la
cession des droits sur leurs articles étant limitée à une première publication, l’éditeur titulaire
des droits sur le journal ne peut autoriser la communication de l’œuvre sur internet [3][3]CA
Colmar, 15 septembre 1999 décision Dernières Nouvelles… ». La presse s’est peu à peu
conformée à ces exigences, mais certains accords conclus entre les entreprises de presse et les
représentants des auteurs restent très fragiles, alors que leur influence économique sur la suite de
la chaîne de cession est majeure. Enfin, l’entreprise utilisatrice du panorama doit être en mesure
de respecter le droit moral des auteurs (respect de l’œuvre et respect du nom essentiellement) et
s’y conformer.

B. Les droits de l’entreprise de presse et des brokers


6En second lieu, il existe d’autres droits au profit des éditeurs de presse et des brokers
d’informations assimilables, à certains égards, à des producteurs de bases de données.

7C’est avec la directive européenne du 11 mars 1998 que les autorités communautaires ont créé
un véritable droit des bases de données. Cette directive a été transposée et ses principes sont
intégrés aux articles L. 341-1 à L. 343-4 du code de la propriété intellectuelle.

8Le titulaire des droits est le producteur de la base, c’est-à-dire celui qui prend l’initiative et
assume le risque d’effectuer l’investissement financier, matériel ou humain substantiel nécessaire
à la constitution, à la vérification ou à la présentation du contenu d’une base de données (article
L. 341-1 CPI).

9Les éditeurs de presse, mais aussi les brokers (c’est-à-dire les fournisseurs ou prestataires de
service qui sélectionnent et rediffusent l’information et proposent directement aux entreprises
l’accès à des panoramas de presse en les adaptant aux besoins spécifiques de chaque client,
peuvent être apparentés à ces producteurs. Le journal constitue une première base, le panorama
de presse produit par le broker est une seconde base qui emprunte elle-même à celle de l’éditeur.

10Ces acteurs peuvent en outre toujours revendiquer un droit d’auteur pour celles de leurs bases
de données « qui, par le choix ou la disposition des matières, constituent une création
intellectuelle ». Le droit sui generis permet d’interdire l’extraction et la réutilisation du contenu
d’une base de données et la transmission en ligne d’une base de données n’épuise pas le droit du
producteur de cette base d’en contrôler la revente. Les droits du producteur peuvent cependant
être cédés ou faire l’objet d’une licence (article L. 342-1 du CPI). En matière de droit des bases
de données, il y a absence de dévolution automatique des droits de l’employé au profit de
l’employeur, comme cela a pu être prévu initialement dans le projet de nouvelle législation à la
suite notamment des demandes pressantes émanant d’organisations professionnelles. Les contrats
de travail conclus par les producteurs de bases de données doivent donc immanquablement
comporter une clause de cession des droits visant aussi bien la propriété littéraire et artistique
proprement dite que le droit sui generis.

II - LA MISE EN PLACE D’UN SCHÉMA CONTRACTUEL

A. La Charte du GESTE
11Le GESTE ou Groupement des éditeurs de services en ligne est une association loi 1901,
créée le 14 avril 1987. Ses objectifs principaux sont de favoriser le développement des services
en ligne tout en orientant et en représentant les intérêts des éditeurs de ces services. Le
Groupement s’est imposé comme un acteur incontournable dans les relations entre les éditeurs et
tout utilisateur d’articles diffusés en ligne. Cette association se pose en défense des intérêts des
éditeurs face à l’utilisation abusive et non-autorisée de publications sur le réseau internet. Le
GESTE fédère aujourd’hui une part substantielle de la presse quotidienne, généraliste ou
économique : Le Monde, Les Échos, Libération, L’Humanité, Les dernières Nouvelles d’Alsace,
l’Agefi, etc. Il est composé de sept commissions en charge de prérogatives spécifiques. La
commission juridique traite tout particulièrement de la propriété intellectuelle et des droits
d’auteur.

12Le GESTE est intervenu pour rappeler que les utilisateurs se devaient de mettre un terme à la
pratique économique et rapide, qui consiste à “aspirer” quotidiennement le contenu des sites des
entreprises de presse et à diffuser les articles au sein des intranets sans aucune autorisation. En
réaction à cette pratique le GESTE a donc rédigé sa “Charte d’édition électronique”. Cette charte
établit les bases d’une utilisation licite d’œuvres éditées en ligne. Dès 1999, la charte, en faisant
prendre conscience aux acteurs directement visés (éditeurs, intermédiaires et utilisateurs) de leurs
obligations, a pour principal objet de s’opposer à la reproduction sans accord des journaux sur
internet. Elle précise les engagements, d’une part, des éditeurs et, d’autre part, des utilisateurs en
énonçant ce qui est permis légalement et ce qui est interdit sans autorisation préalable…

13La charte stipule que l’édition d’information en ligne obéit aux mêmes règles que l’édition
traditionnelle. L’éditeur s’engage à disposer des droits relatifs à la diffusion d’articles sur le
réseau, ainsi qu’à autoriser le lecteur internaute à imprimer tout ou partie du contenu proposé sur
le site pour son usage strictement personnel. Ce dernier point est fondé sur les exceptions de
copie privée de citation, d’analyse et de revue de presse prévues par le CPI. Il convient ici de
rappeler que les panoramas de presse ne sont pas des revues de presse au sens de l’article L. 122-
5 3°b du code de la propriété intellectuelle qui dispose la revue de presse « suppose
nécessairement la présentation conjointe et par voie comparative de divers commentaires
émanant de journalistes différents et concernant un même événement [4][4]C. cass. (ch. crim.),
30 janvier 1978, Dalloz, 1979, p. 583,… ». Les panoramas de presse dont l’objet est beaucoup
plus large ne rentrent pas dans cette catégorie et ne peuvent, comme certains l’ont d’abord
avancé ou espéré, profiter de l’exception aux droits d’auteur accordée par le CPI (voir dans ce
numéro l’article du Professeur Ch. Alleaume).
14En contrepartie de la consultation d’un article en ligne, l’utilisateur du site s’engage à
respecter les règles de propriété intellectuelle. Ceci implique de ne pas reproduire, sans
autorisation préalable de l’éditeur, les articles publiés sur ce site, de ne pas transférer tout ou
partie du site sur un autre site ou un réseau interne d’entreprise.

15La charte indique également que l’abonné, l’acheteur et l’utilisateur d’une publication ou d’un
article sur support papier ou numérique n’acquièrent qu’un droit d’usage de cette publication.
Clairement cela signifie que l’utilisation est limitée à une consultation pure et simple de l’article.
Le droit de reproduction est limité à la copie unique destinée à un usage strictement personnel
(ou dans le cercle de famille). La charte rappelle que toute utilisation effectuée sans
l’autorisation de l’éditeur constitue un délit de contrefaçon.

16Il ressort de ce texte et de la pratique que la solution à ces exigences légales passe par
l’organisation de relations contractuelles entre les différents intervenants.
B. Les contrats relatifs aux panoramas de presse
17Dans un premier temps faute d’un cadre légal précisément défini, c’est par le biais de contrats
que les différents acteurs concernés ont pu aboutir à un consensus, lorsqu’ils se sont
rencontrés… Plusieurs types d’accords  [5][5]Par exemple celui du 11 décembre 2001 entre cinq
éditeurs de… conclus entre les éditeurs et les fournisseurs de panoramas de presse mettent en
place les conditions d’utilisation et de tarification de cette diffusion.
18Par ailleurs, le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) qui ne possède
l’agrément qu’en ce qui concerne la reprographie sur support papier, conformément aux articles
L. 122-10 à L. 122- 12 du CPI, s’était abstenu de représenter les éditeurs de presse concernant la
diffusion en ligne de leurs articles. Toutefois, une impression papier de ces panoramas de presse
donne droit au CFC de percevoir des utilisateurs une rémunération à destination des auteurs.

1. Les relations contractuelles entre les utilisateurs finaux et les brokers


19Les brokers tentent très souvent de se décharger de toute responsabilité en énonçant plus ou
moins maladroitement que, quel que soit le choix effectué par le client, celui-ci se doit de
respecter le droit. De même, ils se dégagent généralement de toute responsabilité pour
l’utilisation faite par le client des photocopies numériques qui lui sont remises, voire précisent
qu’il est de la responsabilité du client de contacter les éditeurs ou le Centre français
d’exploitation du droit de copie pour la diffusion des articles et/ou la constitution de panoramas
de presse papier à partir du service en ligne.

20Pour trouver les solutions à ce pillage de l’information, le GESTE et le CFC ont mis en place
des comités de réflexion. C’est naturellement de la conclusion de contrats entre les différentes
parties que viendra la solution.

21Ce n’est cependant que très récemment, en juin 2002, que de nouveaux accords et
propositions de contrats ont été faits par le GESTE et le CFC, afin de résoudre au plus vite la
problématique des panoramas de presse dans les réseaux intranets d’entreprises.

22Par un communiqué de presse en date du 6 juin, le Geste a annoncé sa volonté de confier les
droits numériques de ses membres au CFC en ce qui concerne les panoramas de presse diffusés
sur les intranets d’entreprises. Habilitée par la loi pour délivrer des autorisations pour la
reproduction sur support papier, cette société de gestion collective peut néanmoins représenter
les éditeurs de presse individuellement et exclusivement dans le cas où ils lui donnent mandat.
Pour ce faire, le CFC a proposé, comme il sera vu ci-après, un contrat d’apport en gérance de
droits volontaire non exclusif de la part de ces éditeurs de presse.

23La mission du CFC est de prendre contact avec les entreprises et les administrations (les plus
importantes consommatrices d’information étant les banques, l’industrie pharmaceutique, du
luxe, de l’informatique, les assurances, l’administration d’État, les collectivités territoriales…)
qui ne se présentent pas spontanément afin de les inviter à régulariser leur situation.
2. Les contrats proposés par le CFC
24Le GESTE et le CFC ont tenté de mettre un terme aux utilisations non autorisées des articles
de presse publiés sur l’internet. Dans le cadre des panoramas de presse papier, le CFC entre en
contact avec les utilisateurs et les fournisseurs d’informations. Aujourd’hui fort des nouveaux
mandats confiés par les éditeurs de presse et s’appuyant sur de nouvelles propositions
contractuelles, le CFC entend se présenter comme l’intermédiaire obligé dans la diffusion de
panoramas de presse dans les intranets d’entreprises.

25À la suite d’une étude lancée en janvier 2001, le CFC a tout récemment mis en œuvre un
système particulier de tarification de la copie électronique. Le Centre se place désormais au cœur
des relations éditeur / fournisseur / utilisateur.

26Le CFC propose donc trois types de contrats. Néanmoins, il paraît important de préciser que
pour le moment ces contrats ne sont que des propositions qui demandent sans doute à évoluer.

• Objet des contrats CFC

27Désormais, les éditeurs de presse peuvent confier mandat au CFC. Cela se matérialise par un
contrat d’apport en gérance de droits volontaire non exclusif. L‘éditeur en signant ce contrat
confie donc la gestion de ses droits d’auteur sur les articles publiés à une société de perception et
de répartition des droits. Les deux autres contrats concernent, d’une part, les relations entre le
CFC et les brokers et, d’autre part, celles du CFC avec l’utilisateur final. Ces trois contrats sont,
bien entendu, les corollaires d’un même ensemble, dont la lecture conjointe permet de mieux
préciser les limites de cette chaîne de droits.

28Le premier contrat est relatif à l’apport en gérance de droits volontaires non exclusif qui met
en relation un éditeur confiant mandat au CFC. Plusieurs éditeurs sont en effet, d’ores et déjà
entrés en contact avec le CFC, ce contrat est donc déjà utilisé dans la pratique, il devra
néanmoins dans le futur évoluer vers plus de souplesse. Il est tout particulièrement intéressant
d’insister sur différents points de ce document qui pour certains, apparaissent très limitatifs du
droit des entreprises souhaitant utiliser des panoramas de presse.

29L’article 2 relatif à l’objet du contrat précise que l’éditeur apporte en gérance au CFC le droit
d’autoriser ou d’interdire la reproduction et la représentation d’articles parus dans les
publications en vue de la réalisation et de la mise à disposition de panoramas de presse sur
intranet. Ce même article mentionne encore que ce contrat concerne les seuls articles de texte, les
infographies et les photographies pouvant être visées à la demande de l’éditeur. Il y a ici une
large déperdition puisque les entreprises consomment également les informations sous leur
forme iconographique.

30L’article 3 doit retenir toute l’attention, car il se rapporte aux limites et conditions
d’autorisation. Il stipule que le nombre d’articles pouvant être issus d’un même numéro d’une
publication […] figure pour chaque publication en annexe. Cette disposition se révèle très
limitative pour les utilisateurs.
31Il en est de même pour les articles 3.2.1 et 3.2.2 relatifs au stockage d’articles reproduits sous
forme de panoramas de presse diffusés sur l’intranet. Ces articles pourront être stockés seulement
pendant la durée d’application des contrats conclus entre le CFC et les utilisateurs. Les
reproductions d’articles ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’un autre type d’indexation que
celui prévu par les panoramas de presse. Cela signifie que le stockage et l’utilisation des
panoramas de presse sont strictement encadrés par la relation contractuelle qui lie le CFC aux
utilisateurs.

• Tarification

32Pour ce qui concerne les redevances, l’article 10 stipule en son alinéa 2 que les principes et
modalités de tarification des redevances dues par les utilisateurs figurent à l’annexe 4 du contrat
d’apport. Cette annexe tente, en effet, de mettre en place une tarification dégressive par rapport
au nombre de postes. À titre d’exemple l’abattement pour un poste est de 0 % (plein tarif),
de 70 % de deux à 100 postes… au-delà de 10000 postes l’abattement est de 98 %. Le taux est
certes élevé, mais il n’existe plus de pallier au-delà de 10000 postes : or, de nombreux gros
consommateurs de panoramas disposent de bien plus que 10000 postes.

33De surcroît, aux termes de cette annexe 4, l’éditeur choisit une redevance de référence. Il y a
donc cinq catégories de tarifs à l’article allant de 0,04 à 1,28 euros, ce qui laisse, encore une fois,
un large pouvoir pour les éditeurs qui fixent eux-mêmes le prix à l’article, avec une latitude
souvent dirimante économiquement.

• Retrait et garanties

34Le retrait ou la résiliation de son apport par l’éditeur est possible, par lettre recommandée avec
un préavis de deux mois sur l’année civile en cours. Faute de quoi, si le retrait intervient en
novembre ou en décembre, il ne sera effectif que le 31 décembre de l’année suivante.

35Par l’article 12, l’éditeur garantit le CFC contre toute action que pourrait exercer un tiers se
prétendant titulaire de droits sur tout ou partie des œuvres. Cet article oblige les éditeurs de
presse à se prévaloir des droits sur les œuvres mis en gérance faute de quoi leur responsabilité
pourra être engagée.

36Une clause additive du contrat, mentionnée à l’annexe 5, concernera les utilisateurs et


prestataires de services utilisant des panoramas de presse avant le 1er janvier 2002. Cela signifie
clairement que ce contrat sera applicable rétroactivement et donc que les utilisateurs devront
financer leur utilisation précédente de panoramas de presse. Cela aura un coût financier certain et
parfois lourd pour certaines entreprises.

• Étendue des autorisations

37Dans le cadre des deux contrats d’autorisation de reproduction et de représentation d’œuvres


protégées relatifs aux panoramas de presse électronique diffusés sur intranet, le CFC entre en
contact avec, d’une part, les prestataires de service ou brokers et, d’autre part, les utilisateurs
finaux.
38L’article 2 relatif aux autorisations s’appuie sur l’article L. 122-4 du code de la propriété
intellectuelle. Le CFC autorise le cocontractant, c’est-à-dire l’utilisateur, dans les limites et
conditions définies par le contrat. Ces autorisations se rapportent à la numérisation et au stockage
technique et temporaire des articles sur un support informatique, à la transmission vers les postes
autorisés, à la représentation sur écran informatique et à l’impression limitée à un exemplaire
papier par poste.

39La suspension des autorisations est reprise à l’article 2.3, rédigé pour les deux contrats en ces
termes : « Dans l’hypothèse où les accords entre l’éditeur et les journalistes/auteurs d’une
publication visée à l’annexe 1 du présent contrat seraient suspendus ou interrompus, les
autorisations prévues par le présent contrat pourront être suspendues à tout moment à la
demande de l’éditeur concerné ». Cet article est d’une grande insécurité juridique pour les
entreprises utilisatrices.

40L’article 3.1 relatif au droit moral précise en son troisième alinéa que les informations
contenues dans les articles utilisés pour la réalisation du panorama de presse, objet du contrat, ne
doivent en aucun cas être modifiées, supprimées ou altérées.

41L’article 3.5 relatif au stockage individuel précise que l’autorisation ne permet pas de
télécharger ou d’exporter tout ou partie d’un panorama de presse et de le stocker sur un poste
informatique en vue d’utilisations hors connexion. Il est clair que l’utilisation est strictement
encadrée ; elle ne peut s’effectuer que sur un quota d’articles, sans possibilité de redistribuer
commercialement ou gratuitement sous quelque forme que ce soit (reprographie, téléchargement,
exportation) tout ou partie d’un panorama de presse en vue d’une utilisation hors connexion. De
même, le stockage est contractuellement délimité pour la durée du contrat, ce qui empêche les
entreprises utilisatrices d’archiver les informations fournies.

42La redevance due au titre de l’utilisation de panoramas de presse est déterminée pour chacun
d’eux. Cela signifie que des forfaits englobant plusieurs panoramas (à la semaine, au mois…) ne
sont pas prévus.

43L’article 8 concerne les déclarations qui doivent être effectuées en contrepartie des
autorisations prévues par le contrat, le cocontractant s’engageant à communiquer au CFC, dans
les conditions prévues ci-après, des relevés d’utilisation des œuvres. Ce système met à la charge
de l’utilisateur un coût éventuel supplémentaire d’administration et de gestion des droits sur les
panoramas.

44Finalement, toujours dans le même sens, l’article 9 engage le cocontractant à permettre aux
agents assermentés du CFC d’accéder au (x) panorama (s) de presse, de vérifier l’exactitude des
déclarations en mettant à disposition tout document ou appareil permettant la vérification. Cela
signifie concrètement la possible visite impromptue de la part du CFC au sein d’une entreprise
aux activités parfois sensibles.

45Il faut tout de même retenir que les contrats proposés donnent un large pouvoir aux éditeurs et
au CFC. Mais il ne s’agit pour l’heure que de propositions de contrats, qui devront donc être
fermement négociées. Le caractère non exclusif des liens entre le CFC et les éditeurs permettra à
ceux-ci d’amorcer des relations contractuelles directes avec les entreprises qui consomment le
plus d’informations. Cette optique hybride permettrait à court terme de satisfaire une plus large
partie des acteurs tout en autorisant un meilleur respect des dispositions du code de la propriété
intellectuelle.

46E.P.

Notes

 [1]

E. Derieux, « Journaliste-internaute ? De la possibilité pour un internaute de se prévaloir de la


qualité de journaliste ? », Les Petites Affiches, 19 mars 1997, n° 34, p. 8 ; F. Gras, « Journalisme
et nouvelles technologies de l’information », Légicom, n° 21/22, 2000, p. 47 ; P. Trudel, « Quel
droit pour la cyber-presse ? », Légipresse, mars 1996, n° 129, II-10 ; T. Verbiest, « La Presse
multimédia : vers un cadre juridique propre ? », Légipresse, n° 168, janvier-février 2000, II-1.

 [2]

C. Caron, « Le journaliste face à l’exploitation de son article sur le réseau internet », CCE,
mars 2000, p. 17 et s.

 [3]

CA Colmar, 15 septembre 1999 décision Dernières Nouvelles d’Alsace, Légipresse, n° 157, III-
172, note E. Derieux ; TGI Paris, 14 avril 1999, décision Le Figaro, Légipresse, juin 1999, n° 162,
III-81, commentaire P.- Y. Gautier ; TGI Lyon, 21 juillet 1999, et Cour d’appel de Lyon,
9 décembre 1999, Groupe Progrès, L. Thoumyre, « Les tribulations juridiques de la presse sur
internet », Juriscom.net, octobre 1999, http://www.juriscom.net/espace1/chrojur12.htm.

 [4]

C. cass. (ch. crim.), 30 janvier 1978, Dalloz, 1979, p. 583, note J. Le Calvez. CA Paris,
25 mars 1982, RIDA, 4/1982, p. 170.

 [5]

Par exemple celui du 11 décembre 2001 entre cinq éditeurs de presse en ligne et des
prestataires de service.

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