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CONTACT PRESSE :
D ORIANE H UART H ÉLÈNE B ERGÈS
responsable de la communication assistante relations presse
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dhuart@cudl-lille.fr hberges@cudl-lille.fr
3 Présentation générale
5 Ensembles monographiques
15 Ensembles thématiques
21 Biographies
26 Projet d’extension
37 Activités culturelles et pédagogiques
30 Bibliographie succinte
31 Informations générales
JOSUÉ VIRGILI
Sans titre (Visage-Soleil
emblêmatique de L’Aracine),
n. d.
Donation L’Aracine
Musée d’art moderne Lille
Métropole, Villeneuve d’Ascq
© t.d.r.
Pour cette deuxième édition des Chemins de l’art brut, le Musée d’art
moderne confirme sa volonté de présenter régulièrement des artistes
majeurs de l’art brut dans le cadre d’ensembles monographiques (Aloïse
Corbaz, A.C.M. et Theo) et thématiques (André Breton et l’art brut ; les Naïfs,
primitifs du XXe siècle?).
Acquises en 2002[2], les peintures, des artistes naïfs CAMILLE BOMBOIS et SÉRAPHINE
LOUIS font l’objet, après restauration, d’une première présentation. Elles complètent
l’ensemble d’œuvres naïves conservées dans la donation MASUREL, toutes accrochées
[1]
Les œuvres et documents ont été préemptés par l’État lors de la vente. La Communauté Urbaine de Lille les a
acquis avec l’aide du Fonds du patrimoine (Ministère de la culture et de la communication) et du Fonds régional
d’acquisition pour les musées (État / Conseil Régional du Nord-Pas de Calais).
[2]
Œuvres acquises par la Communauté Urbaine de Lille avec l’aide du Fonds régional d’acquisition pour les
musées (État / Conseil Régional du Nord-Pas de Calais).
ALOÏSE CORBAZ
et le Cloisonné de théâtre
monde mouvant dont elle est la source, installant ici son processus créatif.
À la fin du deuxième acte, une grande figure féminine à la chevelure rousse et au corps
fardé de blanc renverse une coupe au-dessus de la tête de l’amant qu’elle domine ; entre
eux, dans un médaillon, l’asile de la Rosière, symbole de la folie. ALOÏSE évoque dans
ses écrits cette coupe de vie destinée à « réveiller une terre endormie ». Cette scène
peut évoquer aussi les fêtes déguisées des étudiants qui se tenaient place de la
Riponne à Lausanne. La transition vers le troisième acte se fait par trois « scènes
hiéroglyphiques » sur le thème du transport amoureux ; une gondole fleurie avec
l’inscription C’est si simple d’aimer transporte les deux amants ; puis lui succède
un cheval, qui est aussi véhicule de l’amour, scène titrée Vierge nue et doge de
Venise. Enfin, baigné de soleil, le temple de l’amour apparaît entre ALOÏSE et CHAMOREL
qui lui offre sa tiare. Le passage d’ALOÏSE dans la vie immatérielle peut maintenant
s’accomplir Gloria in eccelsis (Gloire au plus haut des cieux).
Nous entrons dans le troisième acte. Devenue JULIETTE RÉCAMIER dans les bras de
dieu, l’héroïne apparaît dans toute sa nudité. Son sexe devient un motif en forme de
4]
Ce livre est à paraître en octobre aux Éditions Zoé, Genève.
5]
Cité dans Aloïse, Rochechouart, Musée départemental, 1989, p. 92.
6]
Aloïse qualifiait ainsi sa vie d’avant l’internement.
7]
C’est à Bad-Ischl que Sissi rencontre l’empereur François-Joseph ; ils tombent éperdument amoureux. La
référence à Sissi est une constante chez ALOÏSE.
8]
Cf. J. PORRET-FOREL, Aloïse et le théâtre de l’univers, p. 133.
A.C.M.
une fabrique du sensible
Mots clefs : acide, A.C.M., animaux, Aracine,
archéologie, art brut, asocial, atelier, blanc,
blessures, classification, colère, cosmos,
craie, destruction, effritement, engrenages,
érosion, fabrique, Facteur Cheval, famille,
fausse classification, inachevé, isolement,
A.C.M. jardin, labyrinthe, lumière, machine à écrire,
Ensemble d’Architectures
(détail), Technique mixte machines, maison, microcosme, musée,
Donation A.C.M., Musée
d’art moderne Lille Métropole ombres, patience, pauvreté, peinture,
© t.d.r.
personnages, pièces détachées, piège, pinces,
quotidien, régularité, repentir, reprise, sensible, site, social, solitude, temple, temps.
En mars 1996, un couple visite le musée d’art brut de L’Aracine, au Château Guérin
à Neuilly-sur-Marne ; ils y rencontrent MADELEINE LOMMEL, présidente de L’Aracine. En
septembre, cette dernière rend visite à ce couple qui a choisi, derrière les initiales
A.C.M., l’anonymat et achète deux sculptures.
Disons simplement que l’homme se prénomme Alfred et qu’il est l’auteur des
œuvres et que le prénom de la femme est Corinne et qu’elle est l’ange gardien et
le relais entre Alfred et le monde extérieur. Quelques temps plus tard, ils décident
d’offrir leur maison et ce qu’elle contient à L’Aracine qui refuse, mais encourage
le travail d’A.C.M. ; le contact avec L’Aracine et MADELEINE LOMMEL, en particulier,
a été primordial. Après la donation de la collection de L’Aracine au Musée d’art
moderne, Alfred et Corinne se tournent vers celui-ci pour faire don du cœur de leur
œuvre qu’ils ne souhaitent ni vendre ni démembrer. La donation acceptée, le musée
présente aujourd’hui au public cette œuvre étonnante d’Alfred, cet homme qui,
après une remise en question radicale de sa vie et de son rapport à l’art, choisit l’art
brut comme terre d’adoption.
son œuvre. Après deux années d’errance, ils retournent dans leur village d’enfance
aux confins de l’Aisne et de la Somme. Il y a là la maison familiale d’Alfred et la
manufacture de tissage attenante qui sont alors vides et à l’état d’abandon : « Il n’y
avait même plus de porte sur la rue, tous les plafonds étaient effondrés, la maison
était totalement en ruine. » Ce sera, dans l’isolement, une longue et harassante
reconquête du site ; les travaux ne finissent pas, l’argent manque, d’autant que
l’économie du couple est proche d’une économie de survie.
Délaissant les pièces d’horlogerie, A.C.M. s’intéresse aux machines à écrire qu’il brise,
ne sachant pas les démonter. L’expérience aidant, il réussit à en extraire les carcasses
qu’il isole et stocke verticalement dans l’atelier. Certains petits éléments de machines
sont retenus, triés, passés à l’acide puis classés. Les étagères et les planches de pièces
détachées se multiplient. Il a trouvé dans ces carcasses redressées quelque chose
d’architectural, « une élévation ». Nous sommes en 1994. La figure du temple va
apparaître et, dès lors, la matériologie des craies, le corps dépecé puis ré-assemblé des
machines vont fusionner dans ce qu’il nomme « les architectures ». Il va les peupler
de bêtes et de figures humaines, autant de reflets d’un palais idéal. Le travail est
long, six mois pour une architecture ; il ne vend rien car il les souhaite autour de
lui. Les architectures sont de puissantes sentinelles sur lesquelles A.C.M. intervient
constamment, peuplant les vides, recloisonnant chaque interstice. Lentement,
certaines s’ouvrent, se défont partiellement sous l’action de l’acide qui intervient à
tous les stades de la construction, dévorant les pièces. Les conglomérats de limaille
et d’enduit, mêlés d’acide, forment une chair corrosive qui inscrit au sein même de la
construction les germes de sa destruction et accélèrent par là même le travail naturel
du temps.
Tout aussi lentement et sûrement, cet ensemble de miniatures se ramifie, quitte la
fabrique pour peupler la maison, répond au jardin composé de bassins, de parterres
de fleurs et d’une centaine d’espèces qui y sont cultivées. Autant de surfaces
de projections, de moyens d’immersion dans un monde hors de notre échelle,
comme un enchevêtrement de micro-théâtres de l’univers. C’est peut-être par cette
construction d’un monde refuge qu’A.C.M. touche l’art brut, une accumulation et
transformation d’éléments fonctionnels en un capital de protection qui enserre sa
personne. Peu bavard sur son travail, il l’évoque néanmoins comme « une sorte de
géologie... la recherche d’un temps pétrifié.»
L’essentiel est dit, car c’est dans cette lutte entre destruction et stabilité qu’A.C.M.
se situe. Cette lente édification, strate après strate, serait aussi une écriture de la
disparition, ou plutôt l’élaboration d’un langage maintenant libre, ayant acquis son
autonomie, développant ses propres lois.
Comme nous le rappelle Corinne : « construire dans le sens d’édifier, d’élever, est
un paradoxe dans son travail où seuls renversement, démolition, destruction lui
permettent de composer, d’organiser et cela selon un ordre, des règles qui sont
celles de son langage. »
THEO, de son vrai nom THEODOR WAGEMANN, a 59 ans lorsqu’il intègre Petrusheim,
un établissement spécialisé qui se trouve à Weeze, dans la région du Rhin inférieur,
en Allemagne. THEO vient alors de perdre sa sœur qui l’avait pris en charge à la mort
de leurs parents. Suite à un choc psychique qu’il a subi à 14 ans et dont il ne se remet
pas, THEO a en effet presque toujours vécu en famille. Bien accepté par son village,
il effectue les mille petits travaux à sa portée : garder les vaches de ses parents,
balayer la rue, etc. Livré à lui-même en 1977, considéré comme schizophrène par le
milieu médical, il rejoint donc les rangs des vieillards, marginaux et malades atteints
de troubles mentaux en résidence à Petrusheim. C’est à cette époque qu’il inaugure
son activité de dessinateur.
Sa première tâche, avant de dessiner, consiste à collecter des feuilles de papier
sulfurisé dans les cuisines. De manière générale, la « collecte » constituait pour lui une
activité d’importance : objets de dévotion, faire-part de décès, etc., s’accumulaient
dans sa chambre, voire étaient disséminés dans les campagnes environnantes, à
l’intérieur de souches ou de « cachettes » improvisées, dans lesquelles il enfouissait
ses trouvailles.
Une fois terminés, ses dessins subissaient d’ailleurs le même sort : THEO les dissimulait,
soigneusement pliés en huit, dans le secret de sa table de nuit.
THEO utilise pour dessiner des crayons de couleur et des stylos-feutres. En général, il
construit un motif central au milieu de sa feuille : personnage historique, scène tirée
de la vie de Jésus, portrait d’un saint ou épisode d’un conte populaire, etc. Ce motif
est la plupart du temps bordé de quatre bandes de couleur émaillées de mots, de
chiffres et de phrases courtes, faisant office de cadre. Lorsqu’il s’agit d’un portrait,
d’autres inscriptions autonomes viennent entourer le dessin central ou même se
poser sur lui.
Cette même graphie se retrouve sur le verso, que THEO couvre d’un texte dense,
mâtiné de chiffres et de motifs divers : pièces de monnaie, sigles, insignes religieux,
etc. Le tout forme un ensemble confus, quasiment illisible, qui, par un jeu de
transparences et de superpositions induit par la texture du papier sulfurisé, vient se
mêler au dessin du recto, lequel transparaît sous sa forme inversée.
Cette imbrication s’accentue lorsque de l’eau est venue accidentellement diluer le
tracé. Texte et image se fondent alors encore plus intimement.
Disses Bilt Beteucbet, « Cette image signifie » : presque toujours, cette expression
ouvre le commentaire qui vient s’articuler autour de l’image.
Mais si le texte est bien là pour mettre en exergue la signification du dessin,
l’orthographe peu orthodoxe de THEO fournit matière à des glissements sémantiques.
Gott mit uns (« Dieu avec nous ») devient ainsi Gott Mimt uns (« Dieu nous imite »),
ou le slogan Für Frieden und Freiheit (« Pour la paix et la liberté ») devient Für Fritten
und Freiheit, « Pour les frites et la liberté ». La polysémie envahit le dessin, et avec
elle se multiplient les possibilités de lecture.
En fait, par sa phrase introductive mais aussi par la date, indiquée sous la forme
de l’année en cours, et sa signature « TW », THEO se réapproprie pour faire siennes
les multiples histoires qui lui sont parvenues, sous forme éclatée. Histoire nationale
apprise dans les manuels de l’école, histoire de Jésus lue à la messe, histoires pour
enfants racontées au village ou à la maison, histoire religieuse vue sur les peintures et
vitraux de l’église, histoire politique diffusée à travers des affiches de propagande...
toutes ces histoires se fondent à travers des modalités de traitement communes que
THEO leur inflige. Elles forment les fragments d’une seule et même histoire, que THEO
va unifier dans et par ses dessins.
La SainTTe FamiLLe, Hänsel ET Gretel, le PaPPe Léon XIII, un Vieux RéVeil ou encore le
Fürrer ATToLF HitLer sont en effet soumis à la fois à un traitement pictural commun
et à un remaniement personnalisé de leur dénomination. Non plus arrimés à leur
histoire d’origine, ils entrent dans l’histoire personnelle de THEO, basculant dès lors
vers une temporalité autre ou plus précisément vers une atemporalité. Dans le
double langage de THEO, écrit et dessiné, la cacophonie des personnages fait place
à l’harmonie : toutes ces histoires tendent à un mode d’existence nouveau, à une
coexistence possible.
[1]
Vers 1910, MAX ERNST, étudiant en philologie à Bonn, voit des dessins de malades mentaux qui l’impressionnent
fortement.
[2]
ROBERT DESNOS participe aux premières séances de sommeil hypnotique en 1922. Pour illustrer un texte de PAUL
ÉLUARD « Le génie sans miroir » publié dans Les Feuilles libres, en 1924, il réalisera dix dessins légendés comme
dessins de fous. Dans le n°3, 15 avril 1925, de La Révolution surréaliste est publiée la « Lettre aux médecins chefs
des asiles de fous » attribuée à ANTONIN ARTAUD et probablement écrite par DESNOS : « Sans insister sur le caractère
parfaitement génial des manifestations de certains fous, dans la mesure où nous sommes aptes à les apprécier,
nous affirmons la légitimité absolue de leur conception de la réalité, et de tous les actes qui en découlent. »
[3]
Dans sa collection, ÉLUARD possède plusieurs dessins de malades mentaux.
[4]
L’exposition, présentée du 31 mai au 16 juin 1929, était accompagnée du « Catalogue des œuvres d’art
morbide » qui figurait dans la bibliothèque de Breton ; il a été préempté par l’État pour la Communauté Urbaine
de Lille, lors de la vente de la collection Breton en avril 2003.
Dossier de presse Les Chemins de l’art brut (2) -15
septembre 2003
Musée d’art moderne Lille Métropole, Villeneuve d’ascq
ENSEMBLE THÉMATIQUE
Depuis 1947, les échanges entre BRETON et DUBUFFET sont nombreux à propos des
projets de DUBUFFET de créer une société autour de l’art brut ; les documents et
[5]
ANDRÉ BRETON, « La beauté sera convulsive », Minotaure, n°5, mai 1934, p. 10.
[6]
Préemptée lors de la vente de la collection BRETON, cette œuvre vient de rejoindre la collection d’art brut de
L’Aracine au Musée d’art moderne.
[7]
Acquis lors de la vente de la collection BRETON, ces documents viennent enrichir le futur Centre de recherche
sur l’art brut qui s’ouvrira en 2006 au musée. Datant de 1948, des lettres de DUBUFFET adressées à BRETON sont
conservées dans la chemise.
[8]
Le manuscrit a été acquis par le musée lors de la vente de la collection BRETON.
[9]
Cité par JEAN DUBUFFET dans Prospectus et tous écrits suivants, t. 1, p. 493-494.
les correspondances réunis par BRETON dans une chemise titrée «L’art brut » en
témoignent[7]. BRETON visite les expositions organisées par le Foyer de l’art brut, qui
sont présentées, à partir de novembre 1947, dans le sous-sol de la galerie RENÉ
DROUIN, puis dans un pavillon prêté par GASTON GALLIMARD, rue de l’Université à Paris.
C’est là qu’il découvre, entre autres, les dessins d’ALOÏSE CORBAZ, d’ADOLF WÖLFLI, les
peintures de FLEURY JOSEPH CRÉPIN, et qu’il achètera plusieurs œuvres pour sa collection.
En 1948, BRETON fait partie, aux côtés de DUBUFFET, JEAN PAULHAN, CHARLES RATTON, HENRI-
PIERRE ROCHÉ et MICHEL TAPIÉ, des fondateurs de la Compagnie de l’art brut. DUBUFFET
demande à BRETON des textes pour le projet d’Almanach de l’art brut : un texte sur
« le sujet de la folie » et un texte sur CRÉPIN. L’Almanach ne sera jamais édité, mais
le texte[8] sur CRÉPIN sera publié en 1954 dans Combat-Art et le texte sur la folie
intitulé L’Art des fous, la clé des champs le sera par JEAN PAULHAN dans les Cahiers de
la Pléiade, n°6, illustré de dessins d’ALOÏSE CORBAZ.
Les relations entre DUBUFFET et BRETON
commencent à se dégrader en 1951,
quand DUBUFFET projette de dissoudre la
Compagnie et de transférer la collection
d’art brut aux États-Unis. BRETON s’en
inquiète et critique la « manière
dictatoriale » de DUBUFFET ; plus loin,
Le mur de l’atelier de B
RETON le concept même de l’art brut a pris
© t.d.r.
un caractère de plus en plus trouble
et vacillant. La soudure organique qu’il prétendait opérer entre l’art de certains
autodidactes et celui de malades mentaux s’est avérée inconsistante, illusoire. »[9]
De son côté, DUBUFFET lui reproche de vouloir intégrer l’art brut au surréalisme. La
rupture est inévitable dès la dissolution de la Compagnie et le départ des collections
à New York. BRETON ne participera plus aux recherches de DUBUFFET, mais continuera
à écrire, à découvrir, à exposer des artistes d’art brut dans le cadre d’expositions
surréalistes ou non, comme par exemple l’exposition Pérennité de l’art gaulois, en
1955, qui rapproche des objets gaulois, des œuvres d’art moderne, contemporain
et d’art brut de SCOTTIE WILSON, CRÉPIN ou SÉRAPHINE LOUIS. Et tout au long de sa vie, les
œuvres de CRÉPIN, d’ALOÏSE, de WÖLFLI, de SCOTTIE l’ont accompagné et sont restées
accrochées sur les murs de l’atelier.
[7]
Acquis lors de la vente de la collection BRETON, ces documents viennent enrichir le futur Centre de recherche
sur l’art brut qui s’ouvrira en 2006 au musée. Datant de 1948, des lettres de DUBUFFET adressées à BRETON sont
conservées dans la chemise.
[8]
Le manuscrit a été acquis par le musée lors de la vente de la collection BRETON.
[9]
Cité par JEAN DUBUFFET dans Prospectus et tous écrits suivants, t. 1, p. 493-494.
Raillés d’un côté par ceux qui les appellent « Peintres du dimanche », défendus de
l’autre par des artistes et des critiques de renom (MAX JACOB et PABLO PICASSO pour le
DOUANIER ROUSSEAU, puis WILHELM UHDE et LE CORBUSIER pour ANDRÉ BAUCHANT), les « Naïfs »,
puisque c’est l’appellation problématique que l’histoire a retenue, continuent de
questionner les historiens d’art. C’est d’abord le « gentil Rousseau » (1844-1910)
et ses étranges peintures que l’on appelle « naïves », puis viendront LOUIS VIVIN
(1861-1936), ANDRÉ BAUCHANT (1873-1958), CAMILLE BOMBOIS (1883-1970) ou encore
l’énigmatique SÉRAPHINE LOUIS (1864 -1942) qui seront bientôt réunis dans l’ouvrage
du marchand et critique WILHELM UHDE Cinq Maîtres Primitifs (Paris, 1949). Mais qu’y
a-t-il de commun entre ces peintres qui ne se connaissent pas ? Pas grand-chose si ce
n’est qu’ils n’ont jamais appris la peinture et qu’ils la pratiquent parallèlement à un
métier qui les fait vivre ; en d’autres termes ils ne sont pas « artistes à plein temps »,
et ne le deviennent qu’une fois leur travail fini (souvent le dimanche, la nuit ou au
moment de la retraite). Toutefois, ils n’en sont pas moins artistes à part entière et
leur prétendue naïveté ne saurait être confondue avec une quelconque gaucherie.
D’ailleurs, ROGER DUTILLEUL (1873-1956) et à sa suite son neveu JEAN MASUREL (1908-
1991) ne s’y trompent pas lorsqu’ils achètent leurs peintures en même temps que les
grandes figures de la modernité (PICASSO, BRAQUE, DERAIN, MODIGLIANI, etc.). La donation
MASUREL (1979), récemment enrichie de nouvelles acquisitions dans le domaine de
l’art naïf, offre ainsi au visiteur du Musée d’art moderne un regard sur ces artistes
mal connus et longtemps dénigrés. La grande donation de l’association L’Aracine en
1999, autre pilier des collections, permet de réfléchir à une confrontation entre l’art
naïf et l’art brut.
Pourquoi l’art naïf n’est pas l’art brut ?
Lorsque l’on regarde côte à côte un paysage urbain minutieusement détaillé, pierre
à pierre, par LOUIS VIVIN et un pan du Cloisonné de théâtre d’ALOÏSE CORBAZ, il semble
rigoureusement impossible de confondre ces deux types de production. Toutefois
les rapprochements, voire les assimilations entre les artistes de l’art naïf et de l’art
brut sont fréquents ; il convient donc de rappeler les spécificités de chacune de ces
formes de création.
Les différences fondamentales portent sur trois points : le statut du créateur,
les moyens utilisés et enfin le regard porté sur les œuvres.
En premier lieu, si l’artiste naïf est peut-être un « peintre du dimanche », il n’en
est pas moins conscient de son statut d’artiste. On se souvient de la phrase du
DOUANIER ROUSSEAU à PICASSO : « Nous sommes les deux plus grands peintres de notre
temps, toi dans le genre égyptien, moi dans le genre moderne ». Ainsi, les « Maîtres
Primitifs », même lorsqu’ils exercent en secret, ont tous le sentiment de « faire
œuvre » (« Je fais de la peinture mais c’est terriblement difficile » dit SÉRAPHINE
LOUIS à UHDE) au point d’avoir recours aux mêmes « circuits » que les artistes non
naïfs. Ainsi, s’ils montrent leurs œuvres chez des voisins, des brocanteurs ou sur les
trottoirs de Montmartre (comme BOMBOIS), on les verra aussi figurer dans les salons,
les galeries, la presse spécialisée... et parfois prendre conscience pour certains de
la valeur marchande de leur travail (c’est le cas de BAUCHANT par exemple).
Cette démarche est tout à fait étrangère à celle du créateur d’art brut qui est
poussé par une nécessité intérieure tout autre : il est anonyme et ne cherche pas à
se faire connaître, c’est un inventeur qui réalise des objets « à [son] propre usage et
enchantement, sans compter pour eux sur une destination bien grandiose, poussé
par le seul besoin d’extérioriser les fêtes dont [son] esprit est le lieu[1]. »
Ensuite, les œuvres dont il est question ont peu en commun. Les Naïfs, s’ils
s’éloignent certes de la façon classique par leur style littéral aux accents enfantins,
ne renoncent pour autant ni aux sujets traditionnels (paysages pour VIVIN, natures
mortes pour SÉRAPHINE LOUIS, scènes historiques pour BAUCHANT) et encore moins aux
techniques académiques (peinture de chevalet et dessin). Tandis que les artistes de
l’art brut, eux, mettent en œuvre des techniques inédites, utilisant tout ce qu’ils ont
à portée de main (du papier hygiénique pour GEORGINE HU, des os de boucherie pour
AUGUSTE FORESTIER, de la mie de pain pour le PRISONNIER DE BÂLE...)
Enfin, le regard sur ces deux types d’œuvre est radicalement différent. Si
l’art naïf ne peut se résumer « aux petites merceries qui vendent du sucre d’orge et
des cartes postales à deux sous » évoquées par GERTRUDE O’BRADY (1901-1983) (c’est
d’autant plus vrai quand on sait que O’BRADY, artiste naïve, est l’auteur d’une œuvre
beaucoup plus grave pendant son internement au camp de Vittel durant la guerre),
on ne peut nier que ces tableaux restent « sans risque » pour le spectateur qui peut
les appréhender sans crainte. Alors que la vision de pièces d’art brut demeure pour
le spectateur, que son regard soit médical, artistique ou simplement curieux, « une
expérience éprouvante, dont on ne saurait revenir indemne [2]. »
Origine des confusions, artificialité des appellations. En dépit de ces
spécificités, l’art naïf et l’art brut sont-ils si strictement circonscrits ? Sans
revenir sur les caractéristiques énoncées, on peut s’interroger sur l’origine des
confusions entre les deux, puisque confusion il y a.
En premier lieu, on remarque que ces deux domaines souffrent dans leur étude
d’un recours systématique et excessif à l’anecdote. En effet, les peintres naïfs,
de même que les artistes de l’art brut sont souvent des individus mal connus et
dont l’œuvre reste largement mystérieuse. À défaut d’une analyse des œuvres, les
[1]
JEAN DUBUFFET, « Les Barbus Müller et autres pièces de la statuaire provinciale », L’Art Brut, fascicule I,
Gallimard, Paris, 1947, non paginé.
[2]
Remarque de MICHEL THÉVOZ à propos de la Collection d’Art Brut de Lausanne, L’Art Brut, p. 93.
[3]
« Formuler ce qu’il est cet Art Brut, sûr que ce n’est pas mon affaire. Définir une chose dors et déjà l’isoler
c’est l’abîmer beaucoup. C’est la tuer presque. » JEAN DUBUFFET, op. cit.
[4]
Lettre de JEAN DUBUFFET à CHARLES LADAME, Paris, 9 août 1945, citée par LUCIENNE PEIRY, L’Art Brut, p. 11.
[5]
ROBERT THILMANY, Critériologie de l’Art Naïf, 1984, p. 13.
Dossier de presse Les Chemins de l’art brut (2) -20
septembre 2003
Musée d’art moderne Lille Métropole, Villeneuve d’ascq
BIOGRAPHIES
A.C.M.
ALOÏSE CORBAZ
Lausanne (Suisse), 1886 – Gimel (Suisse), 1964
Aloïse Corbaz est l’une des figures emblématiques de l’art brut. Issue
d’un milieu simple, elle poursuit ses études jusqu’au baccalauréat,
puis, à la suite d’une déception amoureuse, elle s’expatrie en 1911
en Allemagne, à Potsdam, pour travailler en qualité de gouvernante
à la cour de l’Empereur Guillaume II. En 1914, à la déclaration de
A
LOÏSE CORBAZ
Pour Chopin Berger Corses
guerre, elle doit retourner en Suisse ; elle manifeste, alors, des troubles
(recto), n. d.
59 x 42 cm
du comportement qui conduisent sa famille à l’interner en 1918 à
Donation L’Aracine l’hôpital de Céry.
Musée d’art moderne Lille
Métropole, Villeneuve d’Ascq Exilée du monde, Aloïse crée dans ses dessins, tout un univers aux codes
© t.d.r.
et aux lois propres. Elle fonde notamment sa conception cosmogonique
sur deux grands principes : le Ricochet solaire et la Trinité en consubstantialité alternative.
Par le Ricochet, Aloïse devient un Créateur qui peut donner naissance à n’importe quel
être, n’importe quel élément. Les échos du monde qu’elle a perdu réapparaissent tout au
long de son œuvre : les souvenirs des fastes de la cour de Guillaume II, les couples royaux,
les carrosses, les scènes de théâtre ; il ne s’agit pas pour elle de reproduire fidèlement
ces images de l’ancien monde, mais de les déplacer et de les réorganiser dans un monde
mouvant, d’une étonnante variété. Dans sa tentative de créer un nouveau monde sans
toutefois renoncer à l’ancien, Aloïse cristallise les préoccupations de nombreux créateurs
d’art brut.
ANDRÉ BAUCHANT
Château-Renault (Indre et Loire) 1873 – Montoire-sur-le Loire (Loir et Cher) 1958
CAMILLE BOMBOIS
Venarey-les-Laumes (Côte d’Or) 1883 – Paris, 1970
FLEURY-JOSEPH CRÉPIN
Hénin-Liétard (Pas-de-Calais) 1875 – Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais) 1948
PASCAL-DÉSIR MAISONNEUVE
Bordeaux, 1863 – Bordeaux, 1934
GERTRUDE O’BRADY
Chicago, 1901 – Chicago, 1983
LOUIS VIVIN
Hadol 1861 – Paris 1936
Le projet d’extension du Musée, rendu nécessaire par l’arrivée des collections d’art
brut, comprend la réalisation d’une extension de quelques 2.000 m² utiles et la
modernisation du bâtiment existant (5.600 m² utiles).
Le nouveau corps de bâtiment, conçu principalement pour abriter la collection d’art brut
de L’Aracine, offrira également de nouveaux espaces d’expositions temporaires afin de
renforcer la programmation des expositions du musée et ses activités culturelles. Ainsi
agrandi et reconfiguré par MANUELLE GAUTRAND, architecte lauréate du concours européen
pour son extension et sa modernisation, le Musée de Lille Métropole sera le seul au plan
international à proposer à ses publics, dans une même institution, des collections d’art
moderne, d’art contemporain et d’art brut.
CONFÉRENCES
Cycle organisé par l’ association des Amis du Musée d’art moderne, en liaison avec
l’exposition Les Chemins de l’art brut (2)
Le premier dimanche de chaque mois entrée gratuite jusqu’à 14 h, avec visite commentée
à 11 h
JOURNÉE DU PATRIMOINE
Dimanche 21 septembre
Visites commentées gratuites de l’architecture du musée à 11 h, 14 h, et 15 h
Visite commentée gratuite de l’exposition Les Chemins de l’art brut (2) à 16 h 30
V ISITES
L’organisation de parcours commentés est l’objectif prioritaire du Service éducatif et
culturel. La visite se déroule sous la conduite d’un guide conférencier et sous la forme d’un
cheminement actif, d’un échange entre le guide conférencier et les enfants.
TRANCHE DE VIE
À partir de 4 ans
À l’image d’ Aloïse Corbaz et de Theo, de nombreuses personnalités de l’art brut ont débuté
leurs œuvres à partir de faits marquants de leur vie. De même, dans l’atelier, il est proposé
aux enfants d’expérimenter une autobiographie.
Sur un long ruban de papier, chaque enfant entame un journal à rebours, consignant par le
dessin, l’écriture ou la couleur, les événements secrets ou importants qu’il souhaite dégager
de sa vie. L’autre face du ruban reste réservée au journal à venir. Plié en accordéon ou
enroulé, ce ruban peut se glisser dans sa poche, à l’abri des regards et pourra être poursuivi
ultérieurement, dans l’intimité ou à l’école.
FÉERIES
À partir de 6 ans
Au cours de l’atelier et après avoir découvert les œuvres de A.C.M. et de Maisonneuve, les
enfants se « transformeront » en de mystérieux fabulateurs et bricoleurs de petits mondes
imaginaires. Ils dessineront une histoire : les personnages, les objets, et les lieux où ils
vivent. Avec des mots de leur propre invention, ils désigneront ces différents éléments. Le
tout sera compilé sous la forme d’un livre. Puis, à l’aide de matériaux de construction et de
récupération, les enfants réaliseront les éléments significatifs de leur histoire.
CONDITIONS D’ACCUEIL :
Le Musée accueille les groupes scolaires n’excédant pas trente personnes, de tous niveaux,
en visite libre ou commentée ou en ateliers d’expression plastique. Tout enseignant
souhaitant organiser la visite de l’exposition doit en informer le service réservation du
musée, et acquitter un droit d’entrée forfaitaire qui inclut la possibilité de suivre une visite
commentée par un guide conférencier.
TARIFS :
36 euros pour une visite d’une heure
51 euros pour une visite d’une heure trente
62 euros pour un atelier d’expression plastique, matériel fourni, pour un groupe de 25 élèves
Possibilités de visites en anglais, allemand, italien, néerlandais et espagnol
Pour les visites, libres ou commentées, comme pour les ateliers d’expression plastique :
Réservation obligatoire auprès de CLAUDINE TOMCZAK.
Chaque réservation doit faire l’objet d’une confirmation écrite par courrier ou télécopie au
plus tard 4 jours avant la venue du groupe. En cas d’annulation, il convient de prévenir le
Service éducatif et culturel du musée 48 heures avant la date prévue par téléphone et par
courrier ou télécopie. Dans le cas contraire, la visite sera facturée. L’utilisation de crayon de
bois dans les salles du musée est admise sous réserve d’une demande écrite préalable.
Se présenter à l’accueil 10 minutes avant l’heure indiquée ; un dossier d’aide à la visite sera
remis à l’issue de la présentation.
L’équipe des professeurs mise à disposition par le Rectorat de l’Académie de Lille accueille
les enseignants qui le désirent le mercredi, sur rendez-vous.
L’équipe propose aux enseignants de mettre en place des séquences pédagogiques, à
partir des expositions, ou à partir de certaines œuvres exposées dans les salles du musée.
INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS
CLAUDINE TOMCZAK, tél : +33 (0) 20 19 68 69 télécopie : +33 (0)3 20 19 68 62
E-mail : ctomczak@cudl-lille.fr
MONOGRAPHIES
EDELMANN (MICHÈLE), « Les Coquilles de Maisonneuve », in L’Art Brut, n°3, publication de la Compagnie
de l’Art Brut, Paris, 1965.
PORRET-FOREL (JACQUELINE), Aloïse et Le Théâtre de l’Univers, Skira, 1993.
Fleury Joseph Crépin 1875-1948, textes et doc. réunis par DIDIER DEROEUX, Idée’Art, Paris, 1999.
CHEMAMA-STEINER (BÉATRICE), « A.C.M. : architecte du vide », et LANOUX (JEAN-LOUIS), « Les Citadelles d’une
âme », in Création Franche, n°17, juin 1999.
CATALOGUES D’EXPOSITIONS
DUBUFFET (JEAN), Catalogue de la Collection de l’art brut, Lausanne, Collection de l’art brut, 1971.
Le Monde merveilleux des Naïfs, hommage à Wilhelm Uhde, Galerie Dina Vierny, Paris, 1974.
André Breton, la beauté convulsive, Paris, Musée national d’art moderne, 1991.
Art brut, collection de L’Aracine, Villeneuve d’Ascq, Musée d’art moderne de la Communauté
Urbaine de Lille, 1997.
L’Art Brut. Collection de L’Aracine, Musée d’art moderne Lille Métropole, Karuizawa (Japon), Musée
d’art Mercian, 2000.
Folies de la beauté, L’Isle-sur-la-Sorgue, Musée Campredon, 2000.
La Planète exilée, art brut et visions du monde, journal de l’exposition, Villeneuve d’Ascq, Musée d’art
moderne Lille Métropole, 2001.
Eternity has no door of escape (Collection Eternod-Mermod), Lugano, Galleria Gottardo, 2001-
2002.
Les Chemins de l’art brut (1), Villeneuve d’Ascq, Musée d’art moderne Lille Métropole, 2002.
Theo, Bedburg-Hau, Museum Schloss Moyland ; Kartause Ittingen, Museum des Kantons Thurgau ;
Villeneuve d’Ascq, Musée d’art moderne Lille Métropole (catalogue en allemand accompagné d’un
livret de traduction en français), 2003.
La Clé des champs, Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, 2003.
FILMOGRAPHIE
Aloïse, réalisateur : LILIANE DE KERMADEC, durée : 115 min., 1975.
Theo, réalisateur : ROBERT KÜPPERS, production : Bavaria, durée : 19 min., 1992.
L’œil à l’état sauvage : l’atelier Breton, réalisateur : FABRICE MAZE, production : Seven Doc, 1994.
Sans souci, l’art d’Aloïse, réalisateur : MURIEL EDELSTEIN, production : Long par Court, durée : 54 min.,
2002.
1, allée du Musée
F- 59650 Villeneuve d’Ascq
Téléphone : +33 (0)3 20 19 68 68 BIBLIOTHÈQUE DOMINIQUE
Télécopie +33 (0)3 20 19 68 99
BOZO
mam@nordnet.fr
La bibliothèque Dominique Bozo est
http://www.nordnet.fr/mam
provisoirement fermée pour restructuration
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h
CAFÉ DU MUSÉE
Café et restaurant dans un cadre agréable
ouvert sur le parc.
Ouvert tous les jours de 10 h à 17 h 30 sauf
le mardi.
Tél. +33 (0)3 20 19 68 44 ou +33 (0)3 20
02 51 93
FILMS :
Muriel Edelstein a découvert des archives inédites dans lesquelles on voit Aloïse
Corbaz travailler à l’asile psychiatrique. Dans le documentaire, elle mêle ces images
aux témoignages de Jacqueline Porret-Forel lors d’un voyage en train de Lausanne
à Postdam (où doit se trouver la clé de la folie créatrice d’Aloïse) et aux tableaux et
dessins d’Aloïse. On y découvre l’extraordinaire présence de l’artiste, son langage
improbable, ses élans de créativité. Jacqueline Porret-Forel étudie les détails de son
œuvre colorée et naïve, se penche sur ses rouleaux gigantesques disposés à terre et
les analyse à la loupe. Le plus grand est une fresque de quatorze mètres de long et
raconte l’histoire d’amour malheureuse d’Aloïse, qui l’a probablement conduite à la
folie.
Informations générales :
Films ? :
C’est l’ensemble de ces éléments, ainsi disposés, qui constitue l’Atelier de Taïra. Taïra désigne un
haut dignitaire japonais du XIIème siècle, lié à la famille du peintre Takanobu, auquel Gasiorowski fait
allusion dans une peinture de 1984. L’œuvre restitue par ses dimensions et son mode de présentation
l’atelier de l’artiste. Cet environnement de peinture consacre l’abandon par Gasiorowski des formats
uniques à référence iconique de 1984-1985, dont l’autoportrait est une des dernières traces. Il peint
désormais des ensembles monumentaux largement brossés, à la palette sourde, dans lesquels il
renoue avec une tradition de peinture abstraite gestuelle (Fertilité, 1986).
L’œuvre est issue, par ailleurs, du cycle de «Kiga» (1976-1983) dans lequel GASIOROWSKI, enchevêtrant
récit et objets, construit la fiction d’un personnage d’indienne, Kiga, qui personnifie la peinture la
disposition des bâtons, parures, et boucliers, portant la trace d’une civilisation primitive, évoquent un
campement nomade. L’ATELIER DE TAÏRA occupe la place d’une véritable somme ; elle témoigne, dans sa
complexité, de la singularité de la position de GÉRARD GASIOROWSKI, artiste de comportement et peintre
à la fois, en quête d’une vérité, touchant, au-delà de l’écran illusionniste de la surface peinte, aux
fondements de la vie et de l’art.
histoire, une part de notre vie. Elle fixe leur spectre.Lorsqu’elle montre ses tirages cibachromes en
dyptiques ou triptyques, ce sont des images sans liens explicites qui sont juxtaposées. Leur choix et
leur association peuvent sembler, à première vue, aléatoires. Il n’en est rien, car ce travail repose
sur des correspondances qui trouvent leurs racines dans une sorte de psychanalyse sans discours.
Les métaphores qui naissent des juxtapositions formelles ou sémantiques ne sont toutefois jamais
énoncées. La profonde originalité du travail de Seton Smith repose sur ce mutisme, résultat, peut-
être d’un antagonisme culturel et social, celui de l’Amérique de son enfance et de l’Europe où elle vit
depuis des années. (...) Toute l’œuvre de Seton Smith, à travers sa subtile analyse d’un monde intime,
apparemment vide, nous confronte à l’extrême fugacité du présent entre passé et futur. » (Jonas
Storsve, extrait du catalogue Seton Smith, la salle blanche, Musée des Beaux-Arts, Nantes, 1994).
C’est ainsi qu’il imprègne ses papiers, non seulement de peinture acrylique mais aussi de miel, de sel,
et de citron.. Ce traitement donne à ces œuvres une apparence ambiguë, à la fois stable, fugitive et
évolutive, où transparaissent ses préoccupations concernant la mutation des matières.
Il introduit dans son œuvre les lois de la physique et de la chimie, ainsi qu’une dimension spirituelle,
réflexion sur l’espace et le temps. Le dessin suggère, quant à lui, la gestualité de la peinture.