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Droit au logement

Le journal de l’ASLOCA No 195 / juin 2010


www.asloca.ch

Le dossier
Guélat Koller

Gestion dES
DéCHETS
Toujours plus
d’ordures!
L’arrivée des Molok

1006 LAUSANNE
POSTCODE 1

JAB
Tiré à 92 600 exemplaires
No 195 / juin 2010
JOURNAL DE L’ASLOCA
DROIT AU LOGEMENT
1006 Lausanne
Rue jean-jacques-cart 8
FéDéRATION ROMANDE
ASLOCA

TRANSJURA
RéSILIATIONs SANS MOTIF

Dix locataires congédiés


VAUD
POLITIQUE DU LOGEMENT

LE CANTON DOIT PRENDRE


LE TAUREAU PAR LES CORNES
Droit au logement
Le journal de l’ASLOCA

Sommaire l’éDito
n 195 / Juin 2010
o

le meSSage De l’aSloca p.03 Dépôts sauvages, bennes ouvertes à l’air


libre pas très salubres, la gestion des
l’inVité déchets (lire le dossier pages 7-11) est loin
Le droit au logement p.04 d’être une sinécure.

VoS DroitS Contraints par la loi fédérale, les cantons


Héberger n’est pas sous-louer p.05 comme les communes s’y attèlent pourtant
au mieux et nul ne peut s’en plaindre
tranSJura tant la problématique du ramassage et de
Résiliations sans motif: p.06 l’élimination de nos ordures demeure complexe. D’autant
Dix locataires congédiés! que malgré toutes les campagnes de sensibilisation, nous ne
cessons d’en augmenter la production. Et ni les taxes au sac, ni
DoSSier les factures annuelles ne semblent avoir le pouvoir de contrer
Gestion des déchets: p.07-10 cette course folle. Et puis un jour, il n’y a pas si longtemps,
Toujours plus d’ordures apparaissent dans le paysage les Molok. Sans résoudre la
gestion de nos déchets, ces gros containers semi-enterrés ont
VauD l’immense avantage de nous les rendre moins visibles. Et ça
Politique du logement: p.11 fait du bien.
Le canton doit prendre
le taureau par les cornes Plus discrets qu’un alignement de containers à roulettes, ils
conservent nos ordures au frais, évitent les mauvaises odeurs,
ValaiS ne suscitent plus aucun intérêt de la part des renards et autres
Valais mythique, Valais mité p.12 bestioles et réduisent considérablement les transports des
voiries.
neucHÂtel
Privés de chauffage en plein hiver p. 13 Le revers de la médaille? On peut y mettre n’importe quoi et
quand on y verse par exemple des cendres brûlantes, ça fait
genèVe fondre le sac intérieur. Et ce sac-là, il coûte cher!
Pour une gestion efficace p.14
des logements sociaux
PermanenceS aSloca p.15 Claire-Lise Genoud
Rédactrice en chef
international
La terre des paysans colombiens p.16

(photo de couverture) Les locataires de cet immeuble à Delémont ont reçu


leur résiliation de bail sans motif. L’ASLOCA a pu intervenir.

DROIT AU LOGEMENT
Journal de l’ASLOCA
Rédactrice en chef: Diffusion: Ont contibué à ce numéro:
Claire-Lise Genoud Membres des sections de
Case postale 17 l’ASLOCA Romande et abonnés Anne Baehler Bech, Caro,
3963 Crans-Montana 1 Christian Dandrès, Christophe Golay,
Graphisme:
claire-lise.genoud@asloca.ch Christelle Guélat Koller, Marie-
Madame Paris/Alexandra Ruiz
Claire Jeanprêtre Pittet, Pellet, Pascal
Correction: Perraudin, Pierre Reymond, Carlo
Editeur: Seda Enhas Sommaruga, François Zutter
ASLOCA
Paraît cinq fois par année rue Jean-Jacques-Cart 8 Impression:
Abonnement 13 francs/an 1006 Lausanne Imprimerie St Paul, Fribourg

2 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


le meSSage
De l’aSloca par Carlo Sommaruga
Secrétaire général, ASLOCA Romande

IRRESPONSABLE!
Lors de la ré- Pire, l’aide indirecte au logement, à savoir le
vision de la soutien financier à l’activité des organisations
Constitution oeuvrant à la construction de logements d’uti-
fédérale, le lité publique entre à son tour dans la mou-
Parlement suisse linette à économies du Conseil fédéral. En
a refusé d’y faire 2009, dans le cadre du programme conjonc-
figurer le droit turel de soutien à l’économie, 45 millions de
au logement, un francs supplémentaires avaient été mis à dis-
droit social pour- position de ces organisations. Destinés à des
tant reconnu au niveau international. En prêts à taux préférentiel, ces 45 millions de
contrepartie, il y inscrivait l’encouragement francs devaient permettre de réduire les coûts
fédéral à la construction de logements. Dix ans des rénovations visant l’amélioration énergé-
après l’entrée en vigueur de la nouvelle consti- tique des logements d’utilité publique. Mais
tution, les locataires ne peuvent que se sentir pour le Conseil fédéral ce «cadeau» est inad-
trahis par la majorité politique de ce pays. La missible. Il veut le récupérer au plus vite. C’est
politique de promotion de la construction de ce qu’il fait dans le programme de consolida-
logements a été progressivement sabordée et tion budgétaire en compensant les sommes
le sera encore avec le programme de consoli- promises pour ces prochaines années avec ces
dation budgétaire 2011-2013 actuellement en 45 millions de francs.
consultation.
Durant ce temps la crise du logement sévit.
Que s’est-il donc passé? En 2003, tirant L’accès à un nouveau logement en dehors de
leçon des difficultés surgies de l’explosion de logement d’utilité publique devient impossi-
la bulle spéculative immobilière, le Parlement ble pour les jeunes ménages, les personnes di-
réforme le dispositif légal fédéral d’encoura- vorcées, voire les personnes âgées qui souhai-
gement à la construction de logements. Mais teraient un chez-soi plus petit et moins cher.
tout en adoptant la loi fédérale encourageant Hans-Rudolf Merz, le ministre des finances
le logement à loyer ou à prix modéré, il bloque et Doris Leuthard en charge de la politique
toute aide directe à la construction de loge- du logement n’en ont cure! Les dégâts sociaux
ment par le truchement du programme d’al- et le coût de l’aide sociale liée à la pénurie du
lègement budgétaire 2003. Lorsque la loi logement et à l’explosion des loyers vont être
entre en vigueur, le 1er janvier 2004, le prin- supportés par les communes et les cantons!
cipal instrument d’action – les prêts directs à Quelle irresponsabilité!
la construction de logements locatifs et ceux
destinés à la construction de logement en pro-
priété – est gelé. La ligne de crédit devait être
réactivée ultérieurement. Elle ne l’a jamais
été. L’aide directe n’est aujourd’hui plus qu’un
concept légal sans aucun contenu financier.

Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 3


l’INVITé
LE DROIT AU LOGEMENT

Un droit universel
et fondamental
Chargé de recherche clamé pour la première fois, été défini et des experts ont d’être protégées. Ce principe
à l’Académie de avec le droit à la vie, le droit de été nommés pour contrôler de l’universalité et de l’indi-
ne pas être victime de torture, son respect, sa protection et visibilité des droits consacrés
droit international le droit à l’alimentation ou sa réalisation. Dans le monde dans la Déclaration universel-
humanitaire et de le droit aux soins médicaux, entier, des victimes de viola- le de 1948 a été accepté depuis
droits humains à dans la Déclaration univer- tions du droit au logement – des décennies aux Nations
Genève et chargé selle des droits de l’homme de expulsées de façon arbitraire Unies… dans les salles du
d’enseignement invité 1948. Il a été proposé pendant ou vivant dans la misère, sans Palais des Nations à Genève.
la Seconde guerre mondiale aide de l’Etat pour se loger Au cours des dernières dé-
à l’IHEID, Christophe par le président des Etats-Unis – sont défendues quotidien- cennies, le droit au logement a
Golay rappelle les F.D. Roosevelt, dans son dis- nement au nom de la dignité été consacré dans un nombre
origines du droit au cours sur l’état de l’Union du humaine. croissant de Constitutions.
logement. Un droit 11 janvier 1944, avec d’autres En A f rique du sud, pa r
qui a été prononcé droits économiques et sociaux, Toujours les exclus exemple, son insertion dans
pour la première pour protéger la dignité Les victimes de violations la Constitution de 1996, avec
humaine, la paix, la sécurité des droits fondamentaux sont plusieurs autres droits consa-
fois en 1948 dans la et la prospérité. Depuis 1948, quasiment toujours des per- crés dans un catalogue de
Déclaration universelle la Déclaration universelle a sonnes socialement, politi- droits fondamentaux, a été
des droits de l’homme. inspiré de nombreux traités quement, économiquement et souhaitée pour exprimer la
internationaux et régionaux et culturellement exclues, et très volonté de la nation sud-afri-
Christophe Golay les droits qui y sont proclamés souvent discriminées. Ce sont caine d’en finir avec les iné-
Docteur en droit ont été consacrés dans de très les victimes de tortures et les galités et la discrimination qui
international nombreuses Constitutions, personnes tuées arbitraire- ont prévalu pendant le régime
à travers des catalogues de ment par l’Etat, mais aussi les de l’apartheid. Dans ce pays
Au moment où les prises de droits fondamentaux. victimes d’expulsions forcées comme dans plusieurs autres,
position sur le droit au loge- Dans les trois dernières et ceux et celles qui meurent l’inscription du droit au lo-
ment vont dans tous les sens, décennies, le droit au loge- de faim parce que l’Etat n’a gement dans la Constitution
il semble opportun de donner ment a fait l’objet d’un déve- pas créé de programmes d’as- a été souhaitée pour protéger
quelques informations sur son loppement considérable aux sistance alimentaire. Ces per- les membres les plus vulnéra-
origine et son développement. Nations Unies. Il a été consacré sonnes ont leur dignité qui est bles de la société.
Le droit au logement a été pro- dans des traités, son contenu a bafouée et elles ont le droit
Aussi à Genève
ONU/Jean-M arc Ferré

La consécration du droit au
logement dans la Constitution
genevoise, grâce à un vote du
peuple en 1992, a donc été
une avancée qui allait dans le
sens de l’histoire de la protec-
tion des droits fondamentaux.
Et si elle n’a pas été suivie de
suffisamment d’effets, c’est
peut-être à cause du conser-
vatisme des juges, peu enclins
à le protéger judiciairement.
Ce n’est en tout cas pas à
cause d’une inutilité de prin-
cipe. L’élimination du droit
au logement dans la future
Constitution constituerait une
régression certaine.
Pour en savoir plus (même auteur):
«Le droit au logement» www.cetim.ch
«Le droit à la propriété sous l’angle
Le droit au logement a fait l’objet d’un développement considérable aux Nations Unies. des droits humains» www.dd-rd.ca

4 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


VoS DroitS
Pour la Famille et leS ProcHeS

HéBerger ne SigniFie
PaS SouS-louer
Le Tribunal fédéral
vient d’annuler un arrêt
de la Chambre d’appel
en matière de baux
et loyers du canton
de Genève qui avait
validé un congé notifié
à un locataire et l’avait
condamné à évacuer
immédiatement les
locaux de tous ses
biens et tous tiers dont
il serait responsable.
François Zutter
Avocat répondant
ASLOCA Genève

Tout com mence en 1997


lorsqu’un locataire prend pos-
session d’un appartement de 3
pièces à Versoix (GE). Pour
des raisons professionnelles, il
loue et s’installe en 2003 dans Versoix à disposition de son le Tribu n a l des bau x et cataire doit y habiter person-
un deuxième appartement à frère qui était alors en ins- loyers constate l’inefficaci- nellement en tout temps.
Cheseaux-sur-Lausanne (VD) tance de divorce et confronté té du congé, mais la Chambre Par ailleurs, dans la mesure
et annonce son changement de à une situation financière dif- d’appel annule ce jugement où l’hébergement était opéré
domicile auprès des autorités ficile et d’un ami qui est sans et déclare valable le congé li- à titre gratuit, il s’agit d’un
compétentes. Dans le courant emploi depuis de nombreuses tigieux. Le locataire recourt contrat de prêt à usage (art.
de l’année qui suit, il met gra- années. Dès lors que son frère alors au Tribunal fédéral qui 305 du Code des obligations)
tuitement son appartement de rejoint tous les week-ends sa annule l’arrêt de la Chambre et non pas une sous-location
fille et ses parents en France, d’appel et prononce à nouveau (art. 262 du CO). Cependant,
raPPel JuriDiQue le locataire retourne en fin de l’inefficacité du congé. comme le locataire occupe
En vertu de la jurisprudence du semaine dans son apparte- Le Tribunal fédéral a en l’appartement de Versoix en
Tribunal fédéral (arrêt du 6 avril ment de Versoix. effet retenu qu’un locataire fin de semaine, il est clair qu’il
2010), un locataire a droit de de locaux d’habitation n’est n’a pas perdu l’usage de son
sous-louer son appartement Congé inefficace pas tenu d’occuper lui-même logement, qu’il ne se prévaut
tant et aussi longtemps qu’il En date du 13 juillet 2006, la chose louée, sauf stipula- pas de son droit de sous-louer
n’a pas perdu toute idée d’y le bailleur écrit au locatai- tion contraire, et que l’usage d’une manière contraire à la
revenir, son absence devant être re pour le mettre en demeure normal des locaux autorise bonne foi et n’a pas procédé à
provisoire mais pas forcément de mettre immédiatement fin l’hébergement de membres de un transfert de bail.
d’une durée déterminée. Sauf à cette prétendue sous-loca- sa famille et de proches. Il est
dans le canton de Vaud, où les tion non autorisée et d’occu- intéressant aussi de savoir que
RULV (Dispositions paritaires per à nouveau son apparte- lorsque la loi stipule que les Cette décision est ré-
romandes et règles et usages ment personnellement dans locaux doivent servir «à l’ha- jou iss a nte d a ns l a
locatifs du canton de Vaud) les 10 jours, faute de quoi le bitation exclusivement» cela mesure où les bailleurs
prévoient qu’un locataire ne bail serait résilié pour juste signifie que l’appartement sont prompts à dénoncer toute
peut pas sous-louer l’entier motif. Le locataire n’ayant pas doit servir uniquement de lo- occupation d’appartement qui
de la chose pour une durée répondu à ce courrier, le pro- gement pour y vivre et non pas sort de l’ordinaire et à assimi-
indéterminée, sauf accord écrit priétaire résilie le contrat par de local commercial pour y ler toutes sortes de situations à
du bailleur. courrier du 24 juillet 2006. développer des affaires. Mais des sous-locations non autori-
Dans un premier temps, cela ne signifie pas que le lo- sées ou non autorisables.

Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 5


tranSJura
réSiliationS SanS motiF

Dix locataireS
congéDiéS
Après avoir reçu une tion de bail. Aucun motif, ni mystère... Tout laisse à penser rement à traiter d’une requête
résiliation de bail non lettre d’accompagnement... que les congés ont été donnés groupée de dix locataires.
Les habitants sont sous le choc uniquement dans l’intention Entretemps, sept des dix re-
motivée, dix locataires d’autant que certains occupent d’augmenter les loyers avec quérants ont retrouvé un ap-
d’un immeuble de les lieux depuis plusieurs di- de nouveaux occupants. Sur partement. Logiquement, ils
Delémont vont devoir zaines d’années. les conseils de l’Asloca, les dix retirent donc leur demande.
faire leurs valises. Immosuisse, la gérance locataires concernés sont bien Reste à trouver une solution
Sept ont retrouvé immobilière qui s’occupe du décidés à entreprendre des pour les trois autres.
un appartement, bâtiment, propriété de B. démarches pour que chacun La gérance se déclare prête
Wolodarsky, F. Schmerler et puisse retrouver un logement à entrer en matière sur un ar-
les trois autres J. Breisch, trois hommes do- adapté à son budget et à sa si- rangement. Après discussion
bénéficieront d’une miciliés à l’étranger, leur si- tuation. Une dame âgée et de chaque cas, une convention
prolongation de bail. gnifie qu’ils doivent quitter les handicapée fait notamment est signée. Pour deux locatai-
lieux au 30 juin. L’immeuble partie des délogés. Solidaire, res, elle prévoit une prolonga-
Christelle Guélat Koller construit au milieu des années le groupe de locataires réclame tion de bail avec possibilité de
Co-présidente 60 fait partie d’un groupe de une annulation de congé ou partir pour la fin d’un mois.
Asloca TransJura trois. Il compte une vingtaine une prolongation de bail. Le troisième locataire, lui,
d’appartements dont la plupart La requête est examinée devait dans un premier temps
« On ne s’attendait pas à ont été rénovés ces dernières à la mi-mai par la commis- rester dans l’appartement qu’il
grand-chose d’autre». Le ton années. Rénovation qui s’est sion de conciliation en matière occupe actuellement. Après
de Roland Folly est résigné. accompagnée d’une hausse si- de bail à loyer. Si les séances discussion, sa résiliation de
Le 9 mars, cet habitant de la gnificative des loyers. pour résiliation de bail sont bail avait en effet été annulée
rue de la Golatte à Delémont monnaie courante, le cas de la car son appartement avait été
reçoit comme neuf autres lo- Augmenter les loyers Golatte est un peu particulier rénové il y a quatre ans. Mais
cataires un avis de résilia- Pour les locataires, pas de pour la commission qui a ra- aux dernières nouvelles, tout
laisse à penser que les proprié-
c Hristelle Guélat Koller

taires ne veulent plus non plus


de ce locataire-là.

Contre ce genre de procédés


Globalement l’arrange-
ment trouvé s’avère donc sa-
tisfaisant pour les locataires.
Leur porte-parole Roland
Folly ne cache toutefois pas
son amertume. « Même si le
propriétaire est dans son droit,
c’est la manière qui est déplo-
rable ». Il s’attend d’ailleurs à
ce que d’autres en fasse la dou-
loureuse expérience. Dans le
groupe des trois immeubles
de la Golatte, de nouveaux ap-
partements pourraient être
rénovés prochainement.

D’autres locataires
pourraient de la même
manière se voir signi-
fier de façon aussi brutale leur
résiliation de bail. La seule
réponse est de faire valoir
leurs droits en contestant ces
Les locataires de cet immeuble à Delémont ont reçu la résiliation de leur bail sans aucun motif! congés. L’ASLOCA y veillera.

6 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


LE DOSSIER
gestion des déchets

TOUJOURS PLUS
D’ORDURES!
En 2008 plus de
3 millions de tonnes
d’ordures ménagères
ont été incinérées en
Suisse. Et ce chiffre
ne tient pas compte
des déchets acheminés
vers les déchetteries
pour être recyclés.
Pour répondre à
la loi fédérale sur
la protection de
l’environnement
entrée en vigueur
en 1983, les cantons
et les communes
cherchent toutes
sortes de solutions.
Tour d’horizon des
cantons romands.

Claire-Lise Genoud
Rédactrice en chef
Droit au logement cette course folle. Les déchets ge des encombrants gérés au taxe poubelle, ni facture de
chimiques sont ceux qui aug- niveau communal, les usines la voirie n’est envoyée aux
Les chiffres parlent d’eux-mê- mentent le plus, mais derrière d’incinération sont à la charge ménages. En revanche, le
mes. Malgré des campagnes eux suivent les déchets médi- des cantons. Certains n’en principe du pollueur payeur
intensives de sensibilisation au caux, les déchets métalliques possèdent qu’une seule, alors s’applique pleinement pour les
tri des déchets, nous remplis- et même les déchets miné- que d’autres en gèrent plu- entreprises.
sons toujours plus nos poubel- raux. Seuls les déchets pro- sieurs. Etant donné que plus Container. Aucune régle-
les. Selon les dernières statis- venant des machines, des vé- une usine est petite, plus elle mentation. Chaque commune
tiques publiées par l’Office hicules et autres accessoires revient cher à la collectivité, reste libre d’acheter les contai-
fédéral de l’environnement, sont restés stables durant cette la tendance consiste à les re- ners qu’elle souhaite mais
en quatre ans, soit de 2004 à année-là. grouper sur un lieu toujours étant donné les performances
2008, le poids des ordures mé- Face à ces montagnes de rebuts plus centralisé. de tri très élevées observées
nagères en Suisse a augmenté que nous laissons derrière nous, dans les containers enterrés,
de 18 kilos par habitant. Ce les autorités tentent de régula- GENèVE un grand nombre d’entre-elles
qui signifie que durant l’année riser au mieux. La loi fédéra- Population. 457 000 habi- ont choisi de les installer sur
20 08 nous avons produit le sur la Protection de l’envi- tants, soit 1620 habitants/km2 leur territoire. «Les perfor-
3 millions de tonnes d’ordu- ronnement de 1983 charge les mances de tri sont très élevées
res ménagères! Et dans ces cantons d’établir un plan de Usine d’incinération. Une particulièrement lorsque plu-
3 millions de tonnes, on ne gestion des déchets. Entre la seule. Les Cheneviers sur la sieurs containers sont présents
compte pas les déchets spé- théorie légale et l’application commune d’Aire-la-ville. au même endroit, souligne
ciaux, ni les déchets provenant effective, la réalité varie consi- Taxe poubelle. La loi genevoi- Sophie Meisser. Il faut donc
des industries. Ces derniers dérablement. Système fédéral se, explique Sophie Meisser, pouvoir prévoir de la place et
ne sont d’ailleurs pas en reste oblige, chaque canton, comme cheffe du secteur déchets du cela fonctionne très bien dans
puisqu’ils ont augmenté de chaque commune, met en place canton, prévoit que la collec- des zones rurales, voire semi-
140 000 tonnes en comparant le système qui lui convient le te, le transport et l’élimination urbaines. En ville de Genève,
les chiffres de 2007 à ceux de mieux. Contrairement aux des déchets se fasse sans taxe il n’y a tout simplement pas
2008 ! Aucun bon élève dans déchetteries et au ramassa- pour les ménages. Aucune de place pour généraliser ce

Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 7


Le dossier (suite)
gestion des déchets

genre de containers à tous les communes ont par ailleurs les containers qui lui convien- NEUCHÂTEL
types de déchets. Dans cer- constitué des sociétés anony- nent et qui correspondent à Population. 170 300 habitants,
tains immeubles anciens, il mes chargées de gérer leurs ses moyens financiers. Les soit 212 habitants/km2
n’y a même pas de place pour déchets.» containers semi-enterrés sont
entreposer de simples contai- Taxe poubelle. Véritable ser- à la mode, mais ils coûtent Usine d’incinération. Une
ners à roulettes et le concier- pent de mer, le débat sur la beaucoup plus chers qu’un seule, Vadec SA sur deux sites
ge doit encore déposer les sacs taxe poubelle dans le canton container à roulettes. à Colombier et à La Chaux-
à ordures directement sur le n’est pas au bout de ses peines. Une commune très touris- de-Fonds
trottoir. Un texte avait été adopté par le tique fera plus facilement l’ef- Taxe poubelle. Une modifi-
Encombrants. Depuis une Grand Conseil en 2002, mais fort de s’en munir. cation de la loi cantonale est en
dizaine d’années, la ville de il a fait l’objet d’un référen- E n c o mb r a nt s . Por te - à- cours. Selon Yves Lehmann,
Genève a opté pour des ra- dum que le peuple a refusé. porte ou ramassage sur appel, chef du service de l’énergie
massages gratuits sur appel. La loi cantonale actuel- tout existe dans le canton de et de l’environnement, «il est
D’autres communes font du le ne contient pas de disposi- Vaud. prévu d’introduire une taxe
porte-à-porte une fois par tion d’application particulière A Lausanne cependant, au sac dans l’ensemble du ter-
mois ou tous les 15 jours ou du droit fédéral en la matière. depuis le 1er janvier 2010, la ritoire tout en conservant une
proposent encore des bennes Plusieurs interventions ont été ville a pris une option origi- taxe de base modeste et le fi-
à date fixe. La commune déposées mais à chaque fois nale. «La notion d’encom- nancement par les impôts de
d’Onex par exemple organi- rejetées par le Grand Conseil. brants n’existe plus chez 25% des coûts globaux. Un
se tous les samedis matin une Cet hiver une motion parle- nous», explique Fadi Kadri, même modèle de sac sera mis
déchetterie mobile dans l’un mentaire a demandé aux auto- chef du service d’assainisse- à disposition de la population
de ses différents quartiers rités de plancher sur une pro- ment. Dorénavant, le citoyen par le biais des grands dis-
avec un ramassage sur appel position pour faire payer au s’interroge pour savoir si son tributeurs à 2 francs le sac de
pour les personnes à mobili- moins une partie des frais de objet peut être recyclé ou pas. 35 litres. La gestion de cette
té réduite. gestion des déchets par une S’il peut l’être, il doit l’amener taxe au sac sera confiée à une
taxe poubelle (au volume ou au à une déchetterie où ses com- seule entreprise qui assurera
VAUD poids). La commune d’Aven- posants pourront être valori- la production et la distribution
Population. 700 000 habi- ches par exemple a déjà intro- sés, sinon il peut le déposer à des sacs, l’encaissement de la
tants, soit 217 habitants/km2 duit une taxe au poids. Avant côté de ses sacs poubelles. Les taxe, le paiement des coûts
de jeter son sac de poubel- tournées de ramassage ne col- d’incinération et en cas de re-
Usine d’incinération. Une le dans le container, chaque lectent désormais plus que le cettes plus importantes que
seule, TRIDEL à Lausanne. citoyen doit introduire sa verre, le papier, les végétaux et ces derniers, la rétrocession
Mais selon Marc Andlauer, carte de paiement. Le sac est les incinérables (ordures mé- des recettes aux communes en
responsable du service du ensuite pesé et la carte débitée nagères). «Le ramassage dif- proportion aux quantités de
secteur gestion des déchets du prix calculé en fonction du férencié des encombrants né- déchets qu’elles auront livrées
au niveau cantonal, «certai- poids des ordures. cessiterait une infrastructure aux usines d’incinération». La
nes régions comme La Broye, Container. Entre une grande trop lourde et l’augmentation commune de Travers fera ex-
le Chablais, La Côte vau- ville comme Lausanne et des des ordures ménagères induite ception avec un projet pilote
doise ou le Nord vaudois ont toutes petites communes, il est par le nouveau mode de faire de taxe au poids. La mise en
des accords avec les usines difficile d’appliquer un même s’avère tout à fait supportable application de ce nouveau
des cantons voisins». Depuis système. dans la gestion des camions de système dépend de la décision
une vingtaine d’années, les Chaque commune adopte la voirie, poursuit le respon- du Grand Conseil mais elle est
sable. Si nous avons pris cette envisagée pour 2012.
décision, c’est parce que nous Container. De plus en plus
A lexandra Ruiz

avons constaté que seule une de communes s’équipent de


très petite partie des encom- conteneurs semi-enterrés ou
brants était incinérable, tout enterrés (en milieu urbain). A
le reste était constitué d’objets moyen terme, toutes les com-
hétéroclites tout à fait recycla- munes seront vraisemblable-
bles et qui malheureusement ment dotées de conteneurs
n’étaient pas valorisés.» semi-enterrés.
Un film d’animation sur Encombrants. La mise en
www.lausanne.ch explique ce place de déchetteries commu-
nouveau fonctionnement. Au nales ou régionales entraîne
niveau des déchetteries, il en souvent la suppression de la
existe des fixes avec des horai- collecte en porte-à-porte des
res confortables et des mobiles encombrants dans les com-
à des emplacements prédéfi- munes concernées.
nis. Fadi Kadri insiste sur le
fait que les électroménagers, FRIBOURG
les luminaires, les bouteilles Population. 263 300 habi-
en PET, les piles, l’aluminium tants, soit 157 habitants/km2
ou encore les médicaments
peuvent être rapportés dans le Usine d’incinération. Une
Chaque commune choisit son mode de ramassage des ordures. magasin où on les a achetés. seule à Fribourg, l’Usine d’in-

8 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


LE DOSSIER (SUITE)
gestion des déchets

cinération des déchets de

Ville de Lausanne
Fribourg.
Taxe poubelle. La population
du canton de Fribourg est déjà
assujettie à la taxe poubel-
le (poids ou volume) dont le
principe a été fixé dans la loi
cantonale en 1996. Selon Marc
Chardonnens, chef du service
de l’environnement du canton
«70% du prix de l’élimination
des déchets doit être couvert
par des taxes dont en tous cas
la moitié, soit 35%, doit être
prélevée sur la quantité de
déchets produits».
De plus, pour que les
communes puissent perce-
voir des taxes, être financées
et prendre des sanctions s’il y
a des contrevenants, le canton
doit adopter formellement le
règlement pour la gestion des
déchets. Le financement qui
n’est pas assuré par le biais de
la taxe, se fait par le ménage
En ville de Lausanne, comme ici à la rue Jurigoz, les containers à roulettes sont de mise.
communal, donc l’impôt.
Container. Le choix des
containers est laissé aux com- janvier 2011 pour l’ensem- dont les modalités financières l’exportation des poubelles
munes. «Il existe aussi bien ble du district de Porrentruy seraient encore à définir. vers une autre commune.
des containers enterrés que (Ajoie) . Depuis plusieurs Container. Chaque commune
des bennes compacteuses, des années, elle existe déjà dans la VALAIS est libre d’utiliser les contai-
systèmes de pesée des ordures vallée de Delémont. Population. 300 000 habi- ners de son choix. Pour instal-
ou du ramassage porte-à-por- Container. La plupart des tants, soit 57 habitants/km2 ler un container semi-enterré,
te, explique Loïc Constantin, communes préfèrent le porte- elle a cependant l’obligation
chef de la section déchets et à-porte, mais Les Franches- Usine d’incinération. «Ac- d’obtenir de la part du canton
sites pollués. Mais plusieurs Montagnes ont décidé récem- tuellement il existe trois un permis de construire.
communes se sont depuis ment d’installer dans toutes usi nes d’i nci nération en Encombrants. Les déchette-
longtemps regroupées pour leurs communes des contai- Valais», explique Isabelle de ries ont fait leur apparition il y
diminuer et rentabiliser au ners semi-enterrés. Riedmatten, responsable de a 10-15 ans avec pour but d’op-
maximum la gestion de leurs Faciles à vider, ces derniers ré- la gestion des déchets pour timaliser le tri des déchets.
déchets.» duisent les frais de transports, le canton. L’usine de traite- Dans certaines communes, il
Encombrants. Pas de tendan- permettent de se défaire en ment des ordures du Valais existe des Ecopoints, ce sont
ce particulière. tout temps de ses ordures et central (UTO) à Uvrier, la des centre de collecte à proxi-
d’éviter les mauvaises odeurs société anonyme pour le trai- mité des citoyens qui leur per-
JURA ainsi que les visites des renards tement des ordures ménagères mettent de prendre conscien-
Population. 69 600 habitants, et autres animaux intéressés. (SATOM) à Monthey et KVA ce de l’importance du tri des
soit 83 habitants/km2 Encombrants. Il existe une sy- (Kehrichtverbrennunsanlage) déchets et de leur possibilité
nergie cantonale pour gérer de à Gamsen. Elles ont toutes été de recyclage.
Usine d’incinération. Au- futures déchetteries au niveau construites dans les années A Sion, bien que les citoyens
cu ne. M a is selon A nd ré régional. D’ici deux ans, une septante, suite à la loi obligeant ont à leur disposition deux dé-
Gaudreau, responsable can- uniformisation du système de les cantons à renoncer aux dé- chetteries, la ville organise
tonal de la gestion des déchets collecte devrait avoir lieu sur charges, du genre «tout dans le au printemps et en automne
«toutes les communes juras- tout le canton. Il pourrait ne talus». Ces usines ont été ré- dans les quartiers, des collec-
siennes sont actionnaires de la plus y avoir de ramassage por- gulièrement adaptées pour sa- tes itinérantes sous forme de
société Vadec SA à la Chaux- te-à-porte systématique. Les tisfaire les conditions légales bennes ouvertes. «Cela fonc-
de-Fonds et sont dans l’obli- encombrants pourraient être qui deviennent toujours plus tionne extrêmement bien, ex-
gation d’acheminer leurs acheminés personnellement sévères. plique Raphaël Berthod, ins-
déchets par voie ferrée, sauf jusqu’à la déchetterie régio- Taxe poubelle. Aucune régle- pecteur de l’assainissement
Les Franches-Montagnes qui nale qui remplacera les diffé- mentation n’existe au niveau urbain, le tonnage ne cesse
peuvent le faire par camion rentes déchetteries communa- cantonal. La ville de Sion a, d’augmenter d’année en année
car elles sont tout proches». les et répondra à des critères par exemple, opté pour une mais ce système est particuliè-
Taxe poubelle. La taxe au sac précis. Il y aurait aussi une facture annuelle. Comme la re onéreux en raison des frais
(environ 2 francs le sac de 35 prestation personnalisée pour taxe au sac n’est pas généra- de transport et de manoeuvre
litres) sera généralisée au 1er un ramassage gratuit sur appel lisée, ce système décourage pour trier les bennes.»

Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 9


le DoSSier
geStion DeS DécHetS

comment leS moloK


Sont arriVéS en SuiSSe
Plus hygiéniques parce
MoloK

que les sacs d’ordures


sont détenus à une
température régulée
par le sol et plus
esthétiques parce qu’un
Molok de 5000 litres
représente le volume
de sept containers à
roulettes, ces enterrés
ou semi enterrés ont
révolutionné la gestion
des déchets. Récit.
Un jour, il était là. Au coin de
la rue. Immobile, silencieux
et sans plus aucune odeur.
Le Molok. Dans certaines
régions, ces containers à pou-
belle ronds et profonds ont
carrément chassé leurs sem-
blables à roulettes. À l’ori-
gine de leur apparition chez
nous, un président, celui de la Aujourd’hui, plus de 40 000 Molok sont exploités dans le monde, dont 6000 rien qu’en Suisse.
commune de Venthône. Louis-
Fred Tonossi. Aujourd’hui à la Tonossi, de jours fériés comme hôtel en Finlande. Soucieux La suite, on la connaît. Le
retraite, il raconte que tout a celui de la Fête-Dieu. Nous d’accueillir ses clients dans un succès aussi. Et lorsqu’on lui
commencé par une lignée de ne devions pas oublier de les lieu soigné, Veikko Salli avait demande de poursuivre l’im-
containers à roulettes qu’il évacuer pour le passage du vite été dérangé par l’aspect plantation en dehors de son
fallait attacher les uns aux cortège et les remettre à leur peu reluisant de l’amoncelle- canton, le Valaisan préfère
autres au milieu du village place en fin de journée.» Sans ment des poubelles à l’arrière céder sa place pour ne pas
parce que la route était en parler des sacs régulièrement de l’hôtel et par le bruit lors du devoir ne faire plus que ça.
pente. Bien sûr, il aurait été éventrés par les chats ou les ramassage. «Le Valais c’était bien assez!».
possible de construire des renards et les odeurs qui s’en Ingénieur de formation, il
petits murets pour caler les dégageaient sous le soleil de se met à imaginer le produit Toutes sortes
roulettes, mais le Valaisan qui plomb que l’on peut connaître idéal avec pour but d’entre- de revêtements
possédait à l’époque une quin- en Valais. poser les déchets en profon- Aujourd’hui, selon Nicole
caillerie à Sierre était persua- deur plutôt qu’à l’horizonta- Zenhäusern, directrice de la
dé qu’un système plus per- Un ingénieur finlandais le. Après trois ans de travaux, société qui a repris en 2007
formant devait exister sur le C’est alors qu’il entend il dépose en 1988 le brevet de l’exploitation des Molok en
marché. parler d’un Finlandais établi à son invention puis cherche à Valais, plus de 40 000 Molok
Savièse qui détenait la licence l’exporter. Il s’adresse alors à sont exploités dans une ving-
Fini les sacs éventrés d’exploitation des Molok pour un compatriote pour s’occuper taine de pays dans le monde,
Il était d’autant plus motivé la Suisse et en avait déjà vendu du marché suisse. «Comme ce dont 6000 en Suisse et 2600
à trouver une autre solution quelques-uns à la ville de Sion. dernier ne parlait pas très bien rien qu’en Valais. Ils ont
qu’à l’époque, au milieu des «J’ai tout de suite sauté sur l’oc- le français, poursuit Louis- inspiré la concurrence, ont fait
années nonante, le camion casion. Ces containers avaient Fred Tonossi, il m’a cédé sans des petits et se déclinent doré-
de ramassage des ordures ne déjà leur place au village.» Par hésitation la licence d’exploita- navant dans différentes tailles
passait qu’une fois par semaine la suite il apprend que celui tion pour le district de Sierre, avec toutes sortes de revête-
et les containers avaient ten- qui a eu l’idée de ces espaces puis le Valais central jusqu’au ments qui les font passer de
dance à déborder. «Je me sou- enterrés voire semi enterrés jour où j’ai carrément racheté plus en plus inaperçus, même
viens, raconte Louis-Fred s’occupait de la gestion d’un l’entreprise suisse.» en milieu très urbain.

10 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


VauD
PolitiQue Du logement

le canton Doit PrenDre


le taureau Par leS corneS
Lors des deuxièmes
Assises du logement
du canton de Vaud,
vendredi 21 mai 2010,
il a été constaté que
l’évolution du taux de
logement vacant est
des plus inquiétantes.
La pénurie augmente
et rien n’indique
une inversion de la
tendance, avec pour
résultat: presque pas
d’appartements à louer,
des loyers qui flambent
et des logements peu
ou mal entretenus.
Anne Baehler Bech
Secrétaire générale
Asloca Vaud

Une bonne nouvelle a émergé


de ces deuxièmes Assises du peut devenir un frein majeur tiative privée, doivent veiller il attendre pour que le Conseil
logement: L’Etat de Vaud est au développement durable et aux besoins en la matière des d’Etat, pourtant garant de
conscient de la gravité de la harmonieux du canton.» On habitants. La loi sur le loge- l’application des lois, réagis-
situation du logement dans peut cependant déplorer que ment de 1975 donne aux com- se en rappelant les commu-
le canton et souhaite que des cette prise de conscience soit munes un rôle central, no- nes à leurs devoirs, au besoin
mesures soient prises. Pour si tardive. tamment en assurant sur leur en prenant des sanctions si
ses membres, «la pénurie Quant à la mauvaise nou- territoire un marché du loge- elles ne passent pas à l’action?
aiguë de logements constitue velle, elle provient du fait que ment équilibré. Le problème? On dit toujours que l’exemple
un enjeu d’intérêt général qui le Conseil d’Etat n’a pas varié La majorité des communes n’a devrait venir d’en haut. Alors,
appelle des interventions ren- d’un iota dans sa position et pas de politique du logement, que penser de cet Etat qui se
forcées de la part des pou- entend poursuivre la même – la loi de 1975 sur le logement contente d’un rôle de spec-
voirs publics. Cette pénurie ou presque – politique du lo- n’est pas appliquée et le canton tateur? Les mesures cadres
gement qui a donné les résul- laisse faire. qu’il propose sont à l’évidence
aPPel D’aSSeSSeurS tats que l’on sait. Le canton insuffisantes.
L’ASLOCA Vaud cherche veut juste «inciter les commu- Le rôle des communes
des assesseurs représentant nes à développer des politiques Les Assises nous ont donné
les locataires pour les com- du logement plus actives et les un message clair. Les commu- La pénurie de loge-
missions de conciliation. Elle soutenir en mettant à leur dis- nes ne se sentent pas encore ments pourra être ré-
cherche également des juges position des moyens adaptés». concernées au premier chef sorbée à la condition
assesseurs pour le Tribunal En un mot comme en cent, par cette problématique. Peu expresse que canton et com-
des baux. Dans les deux le canton édite une belle bro- de municipaux y ont partici- munes entrent dans la danse
cas, il s’agit d’une activité chure pour les communes, les pé. Combien de temps fau- et ne laissent pas la production
accessoire indemnisée. Mais incite, les conseille, voire leur dra-t-il attendre pour que de logements à la seule initia-
une certaine connaissance prête de l’argent à un taux pré- toutes les communes pren- tive privée. C’est seulement à
du droit du bail est né- férentiel, mais il s’en tient là. nent conscience des enjeux ce prix que le canton de Vaud
cessaire. Si vous êtes intéres- Notre Constitution prévoit et se dotent d’une politi- pourra lutter contre la pénurie
sé(e), n’hésitez pas à contac- pourtant que canton et com- que active dans ce domaine? et tendre vers un marché du
ter votre section ASLOCA! munes, en complément de l’ini- Combien de temps faudra-t- logement – enfin – équilibré.

Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 11


ValaiS
ProliFération DeS ZoneS à BÂtir

ValaiS mytHiQue,
ValaiS mité!
C’est sous ce titre nes en manquent.
volontairement • L es petits i m meubles
provocateur que coûtent moins cher à la col-
l’association «Altitude lectivité. Favorisé par la po-
1400» présente litique de l’aménagement du
actuellement une territoire actuelle, l’habitat in-
exposition itinérante dividuel génère des frais im-
destinée à sensibiliser portants pour la collectivité
le grand public aux publique. Les infrastructu-
conséquences du res à développer (routes-amé-
nagements des terrains, etc.)
mitage du sol.
coûtent très cher pour des-
Pascal Perraudin servir un nombre d’usagers
Avocat relativement limité. Lucien
Asloca Valais Barras et Philippe Venetz ré-
vèlent un chiffre choc: «Les
Fondée en 2007 par des pro- maisons individuelles repré-
fessionnels de l’aménagement sentent 40% des logements
du territoire et du tourisme, en Valais mais elles mangent
des politiciens et des citoyens 80% de la surface dévouée à
soucieux de leur cadre de vie, l’habitat. De plus, une maison Détail de l’exposition «Altitude 1400»
«Altitude 1400» milite pour individuelle coûterait deux fois
une urbanisation des Alpes plus à la collectivité en termes souvent inférieures à celles d’il d’en bénéficier. Le coût très
valorisant des espaces natu- d’infrastructures qu’un petit y a quelques dizaines d’an- élevé des loyers, induit no-
rels et construits au service immeuble de 4 étages.» De là nées. L’avenir est donc cer- tamment par le prix soutenu
d’un développement écono- à affirmer que les habitants tainement à l’habitat groupé, des terrains, achève souvent
mique et touristique de qualité de dissuader l’éventuel can-


et durable. didat locataire d’un logement
Le mitage, un mot peu
Les maisons individuelles situé en station. Il en résulte
courant, signifie la construc- mangent 80% de la surface dès lors un exode vers les
tion désordonnée générée
par la multiplication des
zones à bâtir surdimension-
nées. Pour Philippe Venetz et
habitable en Valais

d’immeubles subventionnent

nettement moins gourmand
zones de plaine, où la pénurie
de logements locatifs est déjà
sévère (lire à ce propos l’ar-
ticle paru dans le DAL 193,
Lucien Barras, deux architec- les propriétaires de logements en surface constructible. février 2010). Tout espoir n’est
tes sédunois, chevilles ouvriè- individuels, il n’y a qu’un pas, cependant pas vain. Les col-
res de ce collectif engagé, «les relativement facile à franchir. Surdimentionnement lectivités publiques écoutent
conséquences de cette politi- Les stations de moyenne de plus en plus les membres
que du mitage deviennent de • L’habitat «groupé» favorise altitude (du type Crans- d’«Altitude 1400» et certai-
plus en plus préoccupantes» les liens sociaux. Une autre Montana ou Verbier) sont les nes commencent même à faire
mais il existe quelques pistes conséquence, assurément né- premières victimes du surdi- appel à leurs services pour des
pour tenter de rectifier le tir: gative, du mitage consiste en la mentionnement des zones à conseils et des projets d’amé-
perte du lien social, entraînée bâtir. Dans ces stations, la nagement du territoire.
• Les zones à bâtir devraient par l’individualisme et l’isole- prolifération de résidences se- L’ASLOCA, quant à
être mieux réparties sur le ment du logement individuel condaires, génératrices le plus elle, suit attentivement
territoire cantonal. En effet, et extra-urbain. On constate souvent de lits froids, tout cette problématique
les régions périphériques et également que le coût de l’ha- en utilisant le sol à bâtir, ne afin de soutenir toute initiati-
montagneuses en possèdent bitat individuel ne cesse d’aug- permet pas à tout un chacun ve visant à améliorer la situa-
trop alors que les zones urbai- menter, pour des prestations (principalement les locataires) tion des locataires valaisans.

12 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


neucHÂtel
locataireS PriS en otage

PriVéS De cHauFFage
en Plein HiVer...
Les locataires de
plusieurs immeubles
situés au Locle et à
La Chaux-de-Fonds
risquent à tout moment
de se retrouver sans
chauffage. Comme
leurs propriétaires
ne paient pas les
factures au fournisseur
Viteos, ce dernier a
pris des mesures…
surprenantes.

M.-C. Jeanprêtre Pittet


Cheffe service juridique
Asloca Neuchâtel

Les locataires de plusieurs im-


meubles situés au Locle et à
La Chaux-de-Fonds risquent
à tout moment de se retrou-
ver sans chauffage. En effet,
les différents propriétaires ne
paient pas les factures au four-
nisseur Viteos. L’entreprise a contact avec l’ASLOCA, qui tement versés à Viteos par les la base de cette promesse, le
ainsi décidé de réagir après leur a conseillé d’attaquer di- locataires. fournisseur de gaz, qui avait
avoir accumulé des arriérés rectement leurs débiteurs, les effectivement coupé le gaz la
considérables. Mais plutôt que responsables de Viteos ont Cependant, pour y parvenir, il veille du week-end de Pâques,
de s’en prendre aux mauvais entamé des poursuites. Ces fallait que les conditions sui- l’a rétabli en fin de journée.
payeurs (il paraît que ce n’est dernières ayant été frappées vantes soient remplies:
pas dans l’esprit de la maison), d’opposition, le fournisseur 1. Que tous les locataires
les responsables ont eu une de gaz en est alors revenu à sa s’engagent dans la procédure, Aujou rd’hui, des
«meilleure» idée: couper l’ar- première idée: couper le gaz sans quoi les sommes versées conventions ont été
rivée du gaz dans les immeu- aux locataires. par une partie seulement des signées entre parties
bles concernés, si possible en Une missive leur a été locataires ne permettaient sur le règlement du courant et
plein hiver, afin de marquer adressée selon laquelle l’éner- pas de couvrir les coûts de des arriérés. Les locataires ont
un grand coup. gie serait coupée le 15 mars tout l’énergie été invités à déconsigner leurs
en leur conseillant de s’adres- 2. Que Viteos s’engage à loyers, afin que le propriétai-
Les hostilités ser à l’ASLOCA. Ce qu’ils ont établir des décomptes re ait de quoi acquitter son
ont déjà commencé fait. Notre service juridique a 3. Que le propriétaire accep- dû. Le risque persiste que ce
Évidemment, les malheu- ainsi réussi à faire repousser le te cette solution genre de situation se reprodui-
reux locataires concernés n’en délai à la fin du mois de mars, se. Auquel cas, il ne sera pas
peuvent rien, car ils paient ré- de manière à donner le temps Or, les locataires ne se sont admissible de s’en prendre aux
gulièrement leurs loyers et aux locataires d’aller consi- pas tous mobilisés, malgré la locataires comme instrument
leurs acomptes de charges à gner leur loyer et d’entamer gravité de la menace, et seule de pression, et à l’ASLOCA
leurs propriétaires. Pourtant une procédure devant l’auto- une partie des loyers a été comme intermédiaire béné-
les hostilités ont déjà com- rité de conciliation. L’idée consignée. Cela a suffi néan- vole. Et si, comme il est pro-
mencé dans un immeuble était de trouver un arrange- moins pour faire réagir le pro- bable, les arriérés ne sont pas
situé à la rue des Jeannerets ment selon lequel les acomp- priétaire qui a promis de faire payés, qui sinon le consomma-
au Locle. Après avoir pris tes des charges seraient direc- un versement à Viteos. Sur teur paiera les factures?

Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 13


genèVe
FonDationS immoBilièreS De Droit PuBlic (FiDP)

Pour une geStion eFFicace


DeS logementS Sociaux!
A Genève, le Conseil
a lexaNdra ruiz

d’Etat cherche à
imposer une réforme
des fondations
immobilières de droit
public (FIDP) chargées
de la gestion du parc
locatif subventionné.
Ce projet mettrait un
terme à une gestion
de proximité qui a
fait ses preuves.
Christian Dandrès
Avocat
Asloca Genève

L’Etat genevoi s possède


env i ron 650 0 logements Ce projet de réforme consacrerait le règne de la technocratie des régisseurs privés.
sociaux destinés aux locatai-
res que les prix pratiqués par des conseils sont choisis par étroite collaboration avec prévoit que les futurs admi-
les bailleurs privés empêchent le Grand Conseil et le Conseil les services sociaux munici- nistrateurs ne seraient désor-
de se loger. Quatre fondations d’Etat, en fonction de leurs paux et les écoles (médiation mais nommés que par le seul
immobilières de droit public compétences (architectes, as- entre les locataires, soutien gouvernement. Par ailleurs,
(FIDP) sont chargées de la sistants sociaux, etc.), en ga- aux concierges, travail d’in- une armée de régisseurs
gestion et de l’attribution de rantissant une représentation tégration, etc). Il offre aussi privés investiraient les lieux
ces logements. des forces politiques du canton l’avantage de limiter les coûts et imposeraient leurs métho-
C h aque fond ation est ainsi que des milieux concer- de fonctionnement des fonda- des expéditives à grands ren-
dirigée par un conseil dont nés. Le Rassemblement pour tions qui peuvent bénéficier forts d’honoraires de gérance.
les membres sont répar- une politique sociale du lo- de certaines compétences de
tis dans deux commissions: gement (RPSL), dont l’AS- leurs membres, notamment L’ASLOCA s’oppose à
l’une chargée de la construc- LOCA est membre, dispose des architectes ou des assis- ce projet de loi qui en-
tion et de l’entretien des bâti- de représentants au sein des tants sociaux. traverait la défense in-
ments, l’autre de l’attribution conseils. dividuelle des locataires de lo-
des logements et de la gestion Fini le contact gements subventionnés en
des locataires. Les membres Une gestion optimale avec les locataires mettant fin à la bonne collabo-
Cette organisation mi- Le projet de réforme, ration qui existe avec les mili-
remerciementS licienne assure une grande sous couvert de «rationaliser ciens actifs au sein des conseils.
L’ASLOCA Genève remercie proximité avec les locataires la gestion», consacrerait au Cette collaboration efficace
chaleureusement tous ses et les communes sur lesquel- contraire le règne de la techno- privilégie la conciliation qui
membres qui lui ont versé un les se situent les logements. La cratie en confiant à un conseil permet de trouver des solu-
don à l’occasion du paiement composition des conseils favo- centralisé d’administrateurs tions plus favorables aux loca-
de la cotisation annuelle. Ces rise ce contact puisque ces mi- professionnels, la gestion des taires que ne le serait une dé-
dons permettront à l’ASLOCA
liciens, en prise direct avec le 6500 appartements. Fini le cision de justice.
de continuer à défendre les
intérêts individuels et collectifs terrain, mettent leurs compé- contact avec les locataires. En Bon nombre de ceux-ci
des locataires genevois. tences et leurs réseaux à dis- effet, on peut aisément deviner ont ainsi pu conserver leur
Arlette Ducimetière position des fondations. Ce le sort du modèle d’organisa- logement dans des situations
Présidente ASLOCA Genève système permet ainsi de régler tion actuel des fondations, ce où un accord avec une régie
de nombreux problèmes, en d’autant que le projet de loi aurait été impossible.

14 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195


PermanenceS aSloca — HoraireS & lieux

FriBourg neucHÂtel VauD VauD (Suite)


ASLOCA FRIBOURG ASLOCA NEUCHÂTEL ASLOCA BROYE VAUDOISE ASLOCA LA CÔTE
CASE POSTALE 18 RUE DES TERREAUX 1 AVENUE DE LA GARE 9 LES PLANTAZ 13A
1774 COUSSET 2000 NEUCHÂTEL CASE POSTALE 16 1260 NYON
T: 0848 818 800 T: 032 724 54 24 / F: 032 724 37 26 1522 LUCENS T: 022 361 32 42
aslocane@bluewin.ch T: 021 906 60 45 / F: 021 906 60 45
Permanence téléphonique Permanence téléphonique
lundi, mardi et jeudi: Consultations Permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi: 8h15 – 10h15
8h30 – 11h15 Neuchâtel lundi, mercredi: 8h – 11h mardi et jeudi:15h – 17h
lundi et jeudi: 13h15 – 16h15 sur rendez-vous ou par téléphone Consultations sur rendez-vous
Consultation sur rendez-vous Consultations sur rendez-vous
La Chaux-de-Fonds Nyon
Permanence sans rendez-vous sur rendez-vous ASLOCA INTERSECTIONS Les Plantaz 13a (Gais-Logis)
Fribourg Rue Jardinière 71, Case postale 35 LAUSANNE
Hôpital des Bourgeois 2301 La Chaux-de-Fonds MORGES Rolle
rue de l’Hôpital 2 T: 032 913 46 86 / F: 032 914 16 26 RENENS Avenue du Général Guisan 32
(côté rue du Criblet) RUE JEAN-JACQUES CART 8 lundi après-midi
mercredi: 19h – 20h CASE POSTALE 56
1001 LAUSANNE
Bulle ValaiS T: 021 617 10 07 / F: 021 617 11 48 ASLOCA MONTREUX
Réseau Santé et Social de la Gruyère ASLOCA VALAIS EST VAUDOIS
rue de la Lécheretta 24/ au rez RUE DE L’INDUSTRIE 10 CASE POSTALE 1024
1er et 3e lundi du mois: dès 20h CASE POSTALE 15 Permanence téléphonique 1820 MONTREUX
1951 SION lundi à jeudi: T: 021 963 34 87 / F: 021 963 34 88
Romont 9h – 12h / 13h30 – 16h30
Café-Restaurant de l’Ange, Permanence téléphonique vendredi: Consultations sur rendez-vous
Chavannes-sous-Romont lundi: 9h – 11h 9h – 12h et 15h – 16h30 Aigle, Hôtel de Ville
1er et 3e jeudi du mois: 19h – 20h jeudi: 9h – 11h et 14h – 17h jeudi: 8h30 – 11h
T: 027 322 92 49 Consultations sur rendez-vous
Permanence en allemand mardi: 9h-11h (T: 079 782 88 51) Lausanne Montreux
sans rendez-vous Rue Jean-Jacques Cart 8 Avenue des Alpes 5
Fribourg Consultations sur rendez-vous lundi à vendredi lundi, mardi, mercredi et vendredi:
avenue Beauregard 13 Sion mercredi soir 8h30 – 12h
3e étage Rue de l’Industrie 10 ainsi que le 1er mardi de chaque
1er et 3e jeudi du mois: 18h – 19h (pavillon parking Swisscom) Morges mois: 18h30 – 19h30
lundi:14h – 18h Rue de la Gare 3
mercredi:18h – 20h mardi matin et mardi soir
jeudi matin ASLOCA NORD VAUDOIS
genèVe Martigny RUE DES PÊCHEURS 8
ASLOCA GENÈVE Rue des Finettes 22 (bâtiment SCIV) Renens CASE POSTALE 92
RUE DU LAC 12 mercredi: 18h – 19h30 Rue de Lausanne 31B 1401 YVERDON-LES-BAINS
1207 GENÈVE T: 027 322 92 49 lundi soir T: 024 426 10 66 / F: 024 423 69 03
T: 022 716 18 00 / F: 022 716 18 05 mardi après-midi
asloca.geneve@asloca.ch Monthey jeudi après-midi Permanence téléphonique
Café du Valais jeudi et vendredi: 14h-17h
Permanence sans rendez-vous Avenue de la Gare 63
lundi-jeudi: 17h – 18h mardi: dès 18h Consultations sur rendez-vous
vendredi: 12h30 – 13h30 T: 024 471 17 01 / 024 471 37 48 (entrée: Centre social St-Roch)
lundi: 8h – 12h / 14h – 18h /
Consultations Viège 19h30 – 21h
Les avocats reçoivent également sur Me David Gruber
rendez-vous en dehors de ces heures Überbielstrasse 10
2e et 4e mercredi du mois: dès18h ASLOCA VEVEY
T: 027 946 25 16 LA TOUR-DE-PEILZ
CASE POSTALE 38
Jura & 1800 VEVEY
Jura BernoiS «le Bail à loyer» de DaViD lacHat T: 021 922 79 62 / F: 021 922 53 62
ASLOCA TRANSJURA
CASE POSTALE 46
nouvelle version du livre Consultations sans rendez-vous
2800 DELÉMONT 1 Vevey, rue du Simplon 40
T: 032 422 74 58 Je commande ___ exemplaire(s) de l’ouvrage «LE BAIL À LOYER», lundi: 18h – 20h
jeudi: 17h – 19h
réédition complète 2008 au prix de 75 francs l’exemplaire
Permanence téléphonique Les avocats reçoivent également
(frais de port en sus) sur rendez-vous
jeudi: 17h – 19h
vendredi: 13h30 – 15h
ASLOCA VAUD
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Droit au logement • Juin 2010 - n° 195 — 15


INTERNATIONAL
colombie: accès à la terre et au logement

le combat des paysans


pour la dignité
Malgré le fait qu’en fisantes notamment en raison militaires. C’est d’ailleurs en tionales de la paix (PBI) et
Colombie la majorité de l’extension des latifundios. Colombie que l’on compte le Swissaid, ont développé deux
Dans certaines régions les mo- plus grand nombre d’assassi- voies pour résister aux pres-
de la population vit en nocultures comme la canne à nats de syndicalistes, lesquels sions du grand propriétai-
zone urbaine, l’enjeu de sucre ou la palme africaine incluent dans ce pays aussi les re terrien voisin narcotrafi-
la maîtrise du sol est destinés à la production des dirigeants paysans. Pour ces quant notoire. D’une part, ils
au cœur de la violence agrocarburants ont fait leur paysans souhaitant vivre, se se sont mis à planter des ca-
qui ravage ce pays. apparition. Cette tendance loger et cultiver leurs cultures caotiers pour améliorer leurs
déloge les petits paysans au vivrières en paix, le plus grave ressources, mais surtout pour
Le cas des familles profit de nouveaux titulaires c’est l’absence de protection de montrer que la volonté de s’en-
paysannes du Garzal de la terre. l’Etat. En effet, les paramili- raciner sur les terres qu’ils tra-
est exemplaire. taires sont structurellement vaillent depuis des décennies
Le règne liés à l’Etat, comme le procès n’est pas un simple slogan.
Carlo Sommaruga des narcotrafiquants de Jorge Noguera, ancien di- D’autre part, ils s’engagent
Secrétaire général L’accès à la terre est aussi recteur du DAS, le service de dans la bataille juridique avec
Asloca Romande indispensable aux narcotrafi- renseignements colombien, le soutien d’avocats coura-
quant pour la production de actuellement pendant devant geux, notamment ceux du
El Garzal. Province de Bolivar, la feuille de coca, mais aussi la Cour suprême colombienne, Collectivo de abogados Javier
Nord de la Colombie. Un pour y cacher les laboratoi- le fait apparaître au grand jour. Alvear Restrepo (CAJAR) qui
point invisible sur une carte res clandestins de transfor- Menaces et stratégies d’assas- affrontent devant les tribu-
mondiale. Un point minuscu- mation et les pistes d’avia- sinats politiques étaient prépa- naux les barons locaux, l’ad-
le sur la carte de la Colombie. tion. C’est donc une guerre rées dans les officines du DAS, ministration, souvent corrom-
Et pourtant. Il s’agit d’une sans merci qu’ont livrée ces communiquées aux paramili- pue, et dans la rue les menaces
communauté confrontée à narcotrafiquant aux commu- taires, eux-mêmes en contact de mort.
sa survie, comme des mil- nautés paysannes qu’ils accu- avec les narcotrafiquants et
liers d’autres communau- saient d’être liés aux groupes de très nombreux politiques Faux espoirs
tés en Colombie. Ce sont 250 de résistance armée comme de tout niveau du fonction- Ce combat juridique pour
paysans qui luttent pour le les FARC ou l’ELN. Derrière nement de l’Etat, parmi les- la terre avait abouti à la distri-
droit à la terre et des condi- l’apparence de légitimité et de quels les parlementaires, dont bution des titres de propriété
tions de vie dignes. Ce droit à légalité d’accession à la terre, plus d’une centaine sont sous par l’Institut national colom-
la terre qui leur donnera fina- la titularisation de la propriété enquête pénale. bien de développement rural
lement la possibilité d’accéder était – elle l’est encore – quasi De manière non-violen- (INCODER).
à un logement décent pour y systématiquement précé- te, ces paysans du Garzal, Finalement, les paysans
loger leur famille. Car jusqu’à dée de menaces et d’assassi- appuyés par diverses ONG, pensaient avoir gagné la ba-
la régularisation définitive du nats perpétrés par les para- comme les Brigades interna- taille et avoir acquis le droit de
statut de la terre, il n’est pas construire un logement digne
Swissaid

envisageable de procéder aux et vivre en paix. C’était trop


importants investissements beau pour être vrai. Deux
pour la construction d’habi- jours plus tard, une fonction-
tations en dur. La régularisa- naire de l’INCODER revenait
tion pourrait cependant s’avé- sur place reprendre les docu-
rer impossible. ments ! Corruption, menaces,
Le cas des familles paysan- influences politiques de haut
nes du Garzal est exemplaire. niveau. Personne ne sait ce qui
Ces familles sont arrivées sur a motivé le revirement de l’ad-
place il y a 20, 30 ou 40 ans. ministration. Une seule chose
Elles y ont été poussées par le est sûre: dans la violence po-
gouvernement dans le cadre litique, chevillée au corps des
de la politique de colonisation plus hautes sphères de l’Etat
de nouvelles terres. Nombre colombien, une communauté
de personnes ont ainsi quitté de 250 paysans, au fin fond du
les quartiers pauvres des villes Magadalena Medio, se bat tou-
et les régions du pays où les jours pour son droit à la terre
terres étaient devenues insuf- Une poignée de paysans colombiens se battent pour leur terre. et son droit au logement!

16 — Droit au logement • Juin 2010 n° 195

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