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Veille &

Analyses

Regards
croisés sur
la qualité en
éducation et
formation

Compte-rendu du Séminaire du 22 & 23


llll

novembre 2011
Service Veille & Analyses AQÉ Institut Français
de l’Education - ENS – Lyon
Sommaire
l page 3 : Introduction

l page 4 : II - Les attentes des partenaires de l’éducation en matière


de qualité.
l page 4 : A) Conférence de Marc Demeuse
l page 6 : B) Contrepoints (K.Rodet, B. Meyrand & F.Mongenot)

l page 8 : III - La qualité dans la formation des adultes


l page 8 : A) Conférence de Jean Clenet
l page 9 : B) Contrepoints (S. Safi, O.Grange)

l page 9 : IV - La qualité dans les organisations éducatives


l page 9 : A) Conférence de Alain Bouvier
l page 11 : B) Contrepoint (L. Evans)

l page 12 : V - L’approche qualité dans l’enseignement superieur


l page 12 : A) Conférence de Andrée Sursock
l page 14 : B) Contrepoint (L. Evans)

l page 15 : VI - La pedagogie universitaire


l page 15 : A) Conférence de Jacques Barrier : « La démarche
qualité de la CIDMEF »
l page 18 : B) Conférence de Vincent Wertz : Une pédagogie active
pour renforcer la qualité : expérience de l’École polytechnique de
Louvain (EPL)

l page 21 : VII - Savoir, savoir-faire, compétence : que peut-on


attendre d’un dispositif éducatif de qualité ?
l page 21 : A) Conférence de Xavier Roegiers
l page 24 : B) Contrepoint (A.Grimand)

l page 25 : VIII - Conclusion

l page 27 : IX - Bibliographie

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
i - Introduction Pourtant, là aussi, de nombreux experts et acteurs de
l’éducation dénoncent le simplisme et la grossièreté des
Par Olivier Rey, Responsable du Service Veille et indicateurs utilisés qui, en outre, ne permettent pas de cor-
Analyse, IFÉ riger les diagnostics qu’ils permettent parfois de dresser.
Évaluer n’est pas nécessairement former.
Matthis Behrens devait initialement être des nôtres avant
de devoir se désister du fait d’obligations liées à sa fonc- Dans tous les cas, on voit bien qu’il faudrait passer d’une
tion institutionnelle de directeur de l’IRDP. Je voudrais approche externe de la qualité à une appréciation de ce
quand même lui faire une place dans ces journées en qui pourrait constituer la qualité au cœur même du proces-
citant ce qu’il écrivait en introduction de l’ouvrage sur la sus d’apprentissage et de l’acte professionnel d’éducation.
qualité en éducation, qu’il a dirigé en 2007.
Vaste défi, car on est ici généralement dans des interac-
« Le terme de qualité revêt des significations tout à fait tions qui se laissent difficilement objectiver dans quelques
différentes en fonction des intérêts des acteurs concer- données quantifiables. Le ministère vient récemment de
nés. Il désigne à la fois le produit ou les services ainsi nous demander de préparer une note sur la créativité et
que le fonctionnement d’une institution, dans un contexte l’innovation dans l’éducation. C’est assurément de qualité
sociétal », écrivait-il. « S’agit-il par exemple de la qualité qu’il s’agit, mais combien éloignée d’une approche qu’on
d’un service ou d’une prestation ou de la qualité de l’insti- pourrait résumer en quelques consignes !
tution ? Existe-t-il une qualité intrinsèque à une prestation
donnée ? ». C’est une autre façon de dire qu’on ne saurait sans doute
approcher la qualité en éducation et formation sans l’enga-
Dans le monde de l’éducation, la qualité a été longtemps gement des professionnels de l’éducation et de la forma-
définie par les moyens que l’on donnait aux dispositifs tion eux-mêmes, qui sont sans doute les seuls à pouvoir
éducatifs. Moyens en termes de ressources pédago- éventuellement, mais ce n’est pas simple, mettre en mots
giques, mais aussi en terme de temps d’enseignement ce qui constitue la richesse d’une action de formation.
ou de formation, de niveau de formation des enseignants,
etc. C’est ce à quoi ces journées entendent modestement
contribuer en confrontant quelques réflexions de cher-
Dans d’autres domaines professionnels, les normes de cheurs, d’acteurs et de praticiens de l’éducation à tous
qualité se déclinent également en terme de procédures les niveaux pour voir, au delà de nos univers évidemment
et de moyens mis en œuvre, même s’il est souvent prévu différents s’il y a quand même quelques lignes de force
une phase d’évaluation a posteriori, toujours délicate à communes qui pourraient se dégager en terme de qua-
apprécier. lité, avec la conviction que nous avons encore beaucoup à
apprendre en la matière.
Dans tous les cas, l’idée que l’on ne juge de la qualité de
l’éducation qu’à l’aune d’une obligation de moyens reste Je vous remercie encore une fois d’avoir accepté de faire
frustrante et ne satisfait pas grand monde, à commencer ce bout de chemin avec nous.
par les partenaires de l’éducation qui sont tous, à un titre
ou un autre, des commanditaires de prestations éduca- Nous allons maintenant avoir le plaisir d’accueillir Marc
tives. Demeuse, qui ouvre la première partie de ces rencontres,
en introduisant le thème des attentes des partenaires de
Depuis une quinzaine d’années, en revanche, la tendance l’éducation en matière de qualité.
dominante est de passer d’une régulation par les moyens
à une régulation par les résultats, d’une appréciation par Il nous a semblé important d’avoir des témoignages des
les inputs à une appréciation par les outputs. collectivités locales et du monde socio-économique, qui
attendent un certain nombre de choses de l’éducation,
La qualité d’une séquence de formation, d’un dispositif mais aussi auparavant d’écouter un chercheur, qui est
d’éducation, d’un établissement voire d’un système édu- directement impliqué depuis de nombreuses années dans
catif s’apprécierait en fonction des performances de ceux de nombreux projets avec divers partenaires et qui peut
qu’ils forment. donc avoir un regard théorique et réflexif, sur cette ques-
tion de la qualité, avec une solide expérience au niveau
En clair, la qualité d’un établissement voire d’un ensei- local, national et même international.
gnant se jugerait à l’aune des performances de ses élèves
à un examen ou une lors d’autres procédures d’évalua- llll
tion comparables.

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II - Les attentes Le concept de dispositif prend aussi le sens proposé
par Vanderdorpe (cité par Lenoir et al., 2003, p. 46)
des partenaires de « d’un environnement aménagé de manière à offrir à
l’éducation en matiÈre de certaines actions ou certains événements des condi-
tions de réalisations optimales ».
qualité
2) Une modélisation utile (mais
A) Conférence de Marc Demeuse simplificatrice)

Marc Demeuse est psychologue et statisticien. Il est Ces éléments de définition permettent d’aborder dans
professeur à l’université de Mons (Belgique), en faculté un deuxième temps la question du modèle à construire
de psychologie et des sciences de l’éducation. Direc- pour évaluer la qualité d’un dispositif. L’intérêt d’une
teur de l’Institut d’administration scolaire, impliqué telle modélisation réside dans l’organisation générée à
dans plusieurs projets et réseaux de chercheurs au l’aide de critères qui permettent à la fois de simplifier et
niveau européen. d’expliquer les données.

1) Quelques éléments de définition Dans cette perspective, le modèle de Bouchard &


Plante (2002) constitue une tentative utile. Il est consti-
tué de neuf grandes dimensions qui interrogent d’abord
La qualité est aux frontières de plusieurs concepts les besoins en terme de pertinence et les contraintes
qu’il convient de distinguer. Le terme « changement » en termes d’à-propos, qui s’intéressent à la cohé-
s’entend comme la modification d’une situation initiale ; rence des liens entre l’organisme, le service et le pro-
avec le terme « innovation », la modification introduite gramme. L’examen des résultats fait émerger d’autres
comporte des éléments nouveaux ou rend la situation dimensions que sont l’efficacité au regard des objec-
nouvelle ; quand cette modification génère une « amé- tifs poursuivis, l’efficience des moyens mis en œuvre,
lioration », elle implique le changement d’une situation la synergie développée entre les intervenants et la
initiale inadéquate dans la perspective d’un modèle at- durabilité. Les deux dernières dimensions concernent
tendu et l’évaluation des progrès réalisés, et elle s’inscrit l’impact du dispositif sur l’environnement et la flexibi-
dans une logique d’émancipation sociale. lité de l’organisme qui démontre une capacité plus ou
moins forte à ajuster le dispositif.
Le terme “évaluation” rapporté à la qualité des dispositifs
d’éducation et de formation peut être appréhendé avec 3) Une démarche globale, la
la définition fournie par Stufflebeam et ses collègues en référentialisation
1980, comme un « processus par lequel on délimite,
obtient et fournit des informations utiles permettant de S’appuyer sur une telle modélisation permet de dispo-
juger des décisions possibles ». ser d’un canevas formel pour évaluer la qualité, mais
une démarche qualité rationnelle et construite ne peut
Cette évaluation implique à la fois le commanditaire et faire l’économie d’une appréhension plus globale, ni
des intervenants extérieurs dans la définition de l’objet en particulier du recours à la référentialisation, comme
d’évaluation et de ses objectifs, mais aussi dans sa le montrent les travaux de Figari & Tourmen (2006).
mise en œuvre. Il ne s’agit donc ni d’évaluation complè- Évaluer, ce n’est pas uniquement mesurer, c’est aussi
tement externe, ni d’évaluation complètement interne, (et surtout) définir l’objet à évaluer, le situer dans un
mais d’un dispositif formel mixte et négocié. Elle requiert contexte et en repérer les acteurs, en fixer les réfé-
la délimitation préalable de ce qui constitue son objet, à rents, élaborer des critères et des indicateurs d’éva-
partir par exemple de la définition proposée par Beckers luation, renseigner les indicateurs avec les données
et al. (2003) : correspondantes et enfin interpréter et restituer les
résultats. Dans cette démarche, la construction d’un
«  Les dispositifs de formation (ou pédagogiques) référent, comme un ensemble de repères permettant
consistent le plus souvent en un agencement de res- de mettre en perspective ce qui est fait par l’école avec
sources matérielles (locaux, matériel, didactique, ...), in- ce qui devrait être fait et ce qui est prétendument fait,
formatives (documents, médias…) et humaines (les for- en sollicitant des sources externes telles que les lois
mateurs, les apprenants…), de méthodes et de procé- et décrets, des sources internes telles que les projets
dés (des techniques de formation)… le tout étant struc- et des sources expertes assimilées aux « bonnes pra-
turé dans le temps selon les options stratégiques […] ». tiques ».

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L’évaluation doit permettre de dépasser le constat À la fin des années 1990, est mise en place, en Bel-
et d’aller au diagnostic : il s’agit d’aller plus loin que gique francophone, une nouvelle politique d’éduca-
la description d’un problème et de ses causes en tion prioritaire (discriminations positives) [1998]. Les
identifiant d’une part les exigences et les objec- chercheurs de plusieurs universités sont sollicités
tifs par rapport auxquels on évalue et d’autre part pour apporter leur soutien technique sur la base
les indicateurs qui témoignent de la réussite ou de de connaissances scientifiques (encore rares) pour
la non-réussite : le référentiel ne préexiste jamais mettre en place de manière pratique ce qui a été
complètement, certains éléments sont propres à la décidé au niveau politique. Marc Demeuse consacre
situation. Le diagnostic, orienté vers l’action, doit à ces travaux sa thèse de doctorat, en 2002, et
ensuite permettre de faire évoluer le système. coordonne les actualisations successives de l’indice
socio-économique de référence permettant encore
4) la place des chercheurs et des aujourd’hui la répartition des moyens aux établisse-
commanditaires ments scolaires.

L’articulation entre les commanditaires (dans le Au niveau européen, la qualité devient aussi une
domaine de l’éducation) et les chercheurs n’a rien préoccupation et naissent en 2000 les premiers
d’évident. En Belgique francophone, les demandes « indicateurs européens de la qualité » [2000]. De
exprimées par les commanditaires ont évolué pour nombreux indicateurs n’en sont pas vraiment, mais
aller plus explicitement vers une aide à la décision. il importe alors d’indiquer l’importance de certains
Autrement dit, on est passé d’un questionnement domaines pour lesquels aucune donnée n’est en-
descriptif (comment ça marche et pourquoi ?), à core disponible, notamment dans le domaine de
un questionnement régulateur (comment faire pour l’apprentissage des langues ou, plus largement, de
que ça marche ?), à une approche plus prospective l’apprentissage tout au long de la vie. L’assurance
(comment faire pour que ça marche mieux ?). qualité préoccupe d’autres organismes, comme par
exemple la Chambre de Commerce et d’Industrie
5) quelques illustrations à travers un de Paris qui a développe, d’abord pour son usage
parcours personnel interne, un test de français langue étrangère (TEF
de la CCIP). Il s’agit de concilier de nombreuses pré-
Cette analyse s’appuie sur une expérience de plus occupations : pédagogie, psychométrie, politique,
de 20 ans, en Belgique et à l’international. L’auteur sécurité et… marketing [2000 à ce jour].
évoque ainsi l’évolution des demandes et des tra-
vaux auxquels il a pu participer. Si les indicateurs européens de la qualité étaient
nés des préoccupations de la Commission euro-
Au début des années 1990, c’est principalement péenne, c’est à l’initiative de chercheurs que les
l’approche descriptive qui était privilégiée, comme indicateurs européens d’équité [1998-2006] ont vu
dans le cas de l’évaluation de la qualité de l’ensei- le jour. Cette initiative, initiée au sein d’un groupe
gnement en sciences en Communauté française de ad hoc de l’OCDE, a ensuite pu être «  vendue  » à
Belgique. Il s’agissait alors surtout d’analyser des la Commission européenne et financée par le pro-
données à l’issue d’enquêtes et de les interpréter gramme Socrates.
[1990] sans pour autant observer un véritable im-
pact sur le système, ni même sur la manière dont il A côté de la production d’indicateurs, il importe de
était pensé. réfléchir à leur utilisation. C’est ce qui a été deman-
dé par le Haut Conseil de l’Évaluation de l’École en
C’est peut-être avec l’enquête IEA Reading Litte- 2005. Un document intitulé « Lecture des indica-
racy [1991] qu’un premier changement s’est opéré. teurs internationaux en France » (HCEE) a permis à
Face aux résultats peu satisfaisants et surtout à l’auteur et à Jean-Richard Cytermann de présenter
leur publication, on assiste à une première réaction une synthèse des indicateurs disponibles et de leur
du politique qui… limite les subsides de recherche (més)usages. Dans la même veine, à la demande
dans le domaine de l’évaluation. du Parlement européen cette fois [2007], un travail
critique a été entrepris à partir d’une communication
Parallèlement à cela, l’auteur participe à une vaste de la Commission européenne au Conseil des Mi-
entreprise : exploiter le recensement décennal dans nistres et au Parlement lui-même. Ce texte, portant
le domaine de l‘éducation et de la formation [1998], sur l’équité et l’efficacité des systèmes éducatifs, s’il
mais aucune application pratique n’en tire profit. permettait de mettre en évidence les relations pos-
sibles entre ces deux dimensions, n’était pas exempt

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de considérations idéologiquement marquées. B) Contrepoints (K.Rodet, B.
Le développement des demandes liées à la prospec-
Meyrand & F.Mongenot)
tive s’accentue à partir des années 2000, sans doute
1) Kareen Rodet, responsable du service
à la suite de la publication des premiers résultats
« Structuration de l’offre de formation »
de PISA, bien peu favorables au système éducatif
à la Direction formation continue de la
belge francophone. Un « Contrat pour l’Ecole » voit
Région Rhône-Alpes
le jour sous la plume du Gouvernement et prévoit
explicitement de commander une étude de faisabi- Le rôle de la Région et ses modalités d’action
lité relative à création de bassins scolaires [2005].
Celle-ci impliquera de nombreux chercheurs de plu- Le rôle de la Région, sa volonté en matière de forma-
sieurs universités, mais ne connaîtra pas vraiment tion professionnelle continue et ses attentes sont de
de mise en œuvre, notamment parce que l’idée fon- plusieurs ordres. Il s’agit :
damentale (mise en place de structures spatiales − de structurer une véritable offre de formation en se
de proximité) contredit l’organisation en piliers verti- posant les questions liées aux niveaux de qualification
caux des réseaux d’enseignement. Une autre étude nécessaires et au public visé ;
est aussi commandée à propos de la révision de la − de proposer une offre qui répond aux besoins identi-
politique d’éducation prioritaire. Il s’agit de prépa- fiés des individus et des entreprises, ce qui n’est pas
rer la mise en œuvre d’un système d’encadrement facile ;
différencié [2007]  qui, lui, verra le jour en 2009. − de s’assurer de la collaboration des réseaux prescrip-
Durant la même période, le projet EuroPEP voit le teurs (le pôle emploi par exemple), des organismes de
jour. C’est un projet européen, financé lui-aussi par formation et des différents financeurs.
le programme Socrates. Une douzaine d’équipes de
recherche s’attache à analyser les politiques d’édu- Quelle est l’approche de la Région en matière de
cation prioritaire ciblées en Europe. Ces travaux qualité ?
donnent lieu à deux ouvrages en français (Demeuse,
Frandji, Greger et Rochex, 2008, 2012) publiés par Afin de réduire les interruptions des parcours de for-
l’INRP puis l’IFE et de nombreuses autres publica- mations et d’améliorer la politique de la Région, il a été
tions. décidé d’agir au niveau des actions de formations et
de travailler en concertation avec les réseaux en éta-
D’autres travaux, consistant à soutenir un réseau blissant une charte qualité permettant d’élaborer une
d’enseignement particulier sont aussi menés depuis démarche qualité expérimentée sur trois ans avec la
2009, s’intéressant à la fois au pilotage du système création d’un référentiel.
à travers la mise au point d’outils d’aide à la décision La Région intègre quatre « axes qualité » dans ses cahiers
et à l’amélioration des programmes d’enseignement des charges pour acheter de la formation :
en sciences. Ces recherches, impliquant un travail − assurer la personnalisation des parcours de formation
« rapproché » avec le système d’enseignement et (personnaliser la formation) ;
ses structures, constituent une voie privilégiée per- − accompagner le stagiaire pendant la période de mise
mettant aux chercheurs de disposer d’informations en activité ;
et de tester directement leurs hypothèses en vraie − ajuster et renforcer les partenariats sur les territoires
grandeur, ce que ne permettrait naturellement pas (travailler notamment avec les prescripteurs et les
une recherche exclusivement fondamentale. Ces autres organismes de formation) ;
travaux sont facilités par l’implication des chercheurs − mettre en place un dispositif d’évaluation (mesure et
dans la gestion même du système, par exemple à analyse des résultats et prise en compte pour améliorer
travers leur participation à la Commission de Pilo- l’offre de formation).
tage du Système éducatif ou à la mise en place de
la formation continue des enseignants. Les attentes de la Région au travers du cahier des
charges
D’autres travaux plus ponctuels, mais très proches
de ceux entrepris dans le monde scolaire, viennent • Assurer la personnalisation des parcours de forma-
compléter les préoccupations en matière de qua- tion :
lité. Ainsi, la Police fédérale sollicite-t-elle en 2011 − proposer une formation adaptable à chaque apprenant ;
les chercheurs pour procéder à une évaluation des − mettre en œuvre la formation de façon personnalisée ;
écoles de police. − mobiliser les ressources nécessaires à l’atteinte des
objectifs de la formation par les stagiaires.

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• Accompagner le stagiaire dans la période de mise proposer une démarche atypique : un « projet éducatif
en activité : local » dont l’objectif est de former des citoyens dans
− organiser la recherche des lieux de stage ; la société. Malheureusement, nos ambitions sont plus
− définir clairement les objectifs de formation de chaque avancées que les outils disponibles. Par ailleurs, les
période en entreprise ; moyens de la ville ne sont pas à la hauteur en terme
− assurer un suivi des différentes périodes de stage. d’évaluation des actions mises en place.

• Ajuster et renforcer les partenariats sur le territoire : La mairie souhaite observer les pratiques efficaces
− établir des relations partenariales avec les dans l’éducation nationale et faire des comparaisons
prescripteurs ; avec les actions de collectivités mais les dispositifs ac-
− développer des relations partenariales avec les tuels ne permettent pas d’analyse opérationnelle.
autres organismes dans l’organisation de forma-
tions ; La ville de Lyon a, plus que d’autres municipalités,
− développer des relations partenariales avec les la main sur la distribution des moyens financiers (20
autres acteurs externes en vue de contribuer à la millions d’euros dont 2/3 pour les ressources édu-
politique de formation/insertion professionnelle. catives) mais les difficultés résident dans l’ana-
lyse des résultats et l’impossibilité d’en mesurer
• Mettre en place un dispositif d’évaluation : l’efficacité faute de temps, malgré des partenariats
− mesurer et analyser les résultats des actions de for- forts entre les structures éducatives et les collecti-
mation ; vités territoriales.
− apprécier l’impact des formations ;
− piloter la dynamique d’amélioration en continu. Il manque un point de vue d’ensemble sur les in-
dicateurs qui permettrait de mieux normaliser les
Ces attentes sont traduites dans les critères de jugement actions et leur efficacité.
des offres : moyens engagés pour personnaliser les par-
cours stagiaires, qualité de l’organisation de l’alternance, À ce jour, l’ANDEV milite pour la création
existence et efficacité d’un dispositif d’évaluation de la d’un véritable observatoire des actions et des
formation, partenariat avec les acteurs économiques, les formations.
acteurs de l’orientation, l’appareil de formation.

Problématique pour la Région : veiller à une 3) Frédérique Mongenot, directrice pé-


mise en œuvre de l’offre de formation conforme dagogique de l’école Rockefeller
aux attentes
L’École Rockefeller est une école de formation
− déconcentration des services au bénéfice d’un pilo- professionnelle pour les carrières sanitaires et so-
tage opérationnel ; ciales qui propose des formations en alternance.
− réalisation de contrôles (que deviennent les sta- C’est un centre de formation très ancien, qui a
giaires ? emplois ?) ; connu beaucoup de transformations et une diver-
− réalisation et partage des données de suivi (typologie sification des pistes d’entrée vers les métiers du
des publics et bilans des programmations. sanitaire et social.

2) Bernard Meyrand, responsable de l’ac- L’École a des valeurs professionnelles, la dimen-


tion éducative pour la mairie de Lyon et sion humaine est importante, avec la conviction
association ANDEV (Association nationale de faire de la qualité mais il est aussi nécessaire
des directeurs d’éducation des villes) de pouvoir vérifier cette conviction. Le résultat des
formations est l’obtention de diplômes mais aussi
Quel est l’apport des collectivités territoriales dans l’édu- l’implication dans l’emploi. De nombreuses inter-
cation et la formation ? rogations ponctuent donc le développement d’une
labellisation qualité pour les formations de l’école :
Les systèmes de formation étant décentralisés dans les
régions, la diversité d’approches proposées empêche Il est important de maintenir un projet cohérent :
toute comparaison et confrontation des actions mises en − capacité à travailler sur la médiation ;
place. − capacité à analyser les besoins et les résultats ;
− capacité à innover dans un contexte de concur-
La réaction de la mairie à cette problématique est de rence entre organismes de formation ;

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− capacité à s’adapter aux différents commandi- souhaitée. La conception collective est une
taires (ministère, région, employeurs, etc.). nécessité pour réussir ;
− Conduire : la mobilisation des personnes pour
Globalement, se pose le problème de l’évalua- une action collective qui engage tout un cha-
tion et de l’écart entre le déclaratif et le résultat cun ;
constaté. Par ailleurs, quelle est la légitimité de − Il s’agit toujours d’une déconstruction plus ou
l’évaluateur sur des champs aussi variés (médi- moins réfléchie dans des contextes particuliers
cal, financier, pédagogique, technique, etc.) : et singuliers.
peut-on faire évaluer par une commission d’éva-
luation ou bien par un seul évaluateur ? La qualité est multidimensionnelle et complexe
(cf. Aristote), cette complexité la rend ni décou-
Quelle exploitation des résultats, comment s’en pable ni prévisible. Complexité ne veut pas dire
ré-emparer notamment avec une telle transversa- compliqué : la complication génère de la contre-
lité des partenaires et prescripteurs ? productivité alors que la complexification relève
de l’humain (E. Morin).
Comment vivre la démarche qualité : la qualité
doit être une dynamique interne, comment s’arti- Clénet distingue trois types de qualités :
cule t-elle avec une évaluation externe pour ne − la qualité prescrite  : elle est plutôt formelle,
pas être uniquement sur de la démonstration ? prévisible et calculable ;
− la qualité représentée : elle est davantage
Enfin, dans le cadre d’une approche par compé- subjective, idéalisée et s’inscrit dans une
tences : comment garantir une formation de pointe temporalité ;
tout en gardant un sens global ? − la qualité conçue, à concevoir : elle est com-
prise, négociée et « convenable » et offre
llll beaucoup d’incertitudes.

La question de la qualité concernant la formation


des adultes peut se résumer à savoir « comment
partager le pouvoir de former ? », en renouvelant
III - La qualité dans la les conceptions des formations, en en repensant
les finalités et en adaptant les stratégies de for-
formation des adultes mation. Il convient de passer de modèles stan-
dard fermés à des modèles inventifs ouverts de
A) Conférence de Jean Clenet pilotage et de stratégie. Autrement dit, d’un sys-
tème compliqué à un système complexe, souple
Jean Clenet est professeur en sciences de et productif.
l’éducation, directeur de l’équipe Trigone-CIREL,
université Lille 1. La démarche traditionnelle (cadrage, transmis-
sion de l’information, application, contrôle) tient
Jean Clénet n’est pas un spécialiste de la qualité peu compte des facteurs humains et favorise une
mais il base ses réflexions sur un certain nombre organisation rigide et excluante. Le contrôle en
d’expériences. Il se positionne donc davantage est le mode de gestion principal. Ce système est
comme « citoyen averti » que comme chercheur. Il au final contre-productif.
s’intéresse à la formation des adultes dans le cas
de l’alternance dans l’enseignement supérieur. La La démarche “inventive” (dynamique de ré-
qualité en formation des adultes s’articule autour seaux, apprentissages situés, choix des res-
des trois « con » auxquels fait référence le titre sources pertinentes, etc.) permet une meilleure
de son intervention « Concevoir - construire - compréhension des acteurs et des situations en
conduire la qualité en formation des adultes » : choisissant des moyens en adéquation avec les
− Concevoir : la conception implique les acteurs buts recherchés. La démarche est davantage col-
et les actions pour des finalités à penser, les lective (co-construction des problèmes, co-éva-
finalités sont multiples ; luations, régulations...).
− Construire : la construction d’artefacts qui
conviennent doit s’appréhender en lien avec le
type d’organisation (top-down ? bottom-up ?)

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
B) Contrepoints (S. Safi, formation et sur l’individualisation des parcours. Il
souligne toutefois les difficultés concrètes liées à
O.Grange) l’accueil de publics très hétérogènes et celles liées
à la sous-mobilisation des publics internes à l’uni-
1) Susana Safi, du CEFI Formation Emploi
versité : les 50 licences professionnelles recrutent
dans d’autres écoles, dans d’autres formations (BTS
CEFI Formation Emploi est une association d’éco- notamment), chez les demandeurs d’emploi, via les
nomie sociale et solidaire qui contribue depuis 1987 employeurs, etc.
à l’accès à l’emploi et au développement des com-
pétences des chercheurs d’emploi. Les domaines
d’intervention du CEFI concernent notamment l’al-
phabétisation, la lutte contre l’illettrisme, le français llll
langue étrangère.

L’expérience dont nous fait part Susana Safi porte


sur la question des normes qualité qui ont longue-
ment interrogé les membres de l’association lors de IV - La qualité dans les
leur publication. La position du CEFI aujourd’hui est
de s’appuyer sur les normes comme s’il s’agissait organisations éducatives
d’un horizon vers lequel il convient d’avancer sans
pour autant rentrer dans une démarche de certifica-
A) Conférence de Alain Bouvier
tion. Il s’agit de préserver une certaine souplesse
et de miser aussi sur l’intelligence pédagogique des Alain Bouvier a été Membre du Haut Conseil de
acteurs. Pour expliquer cette position, elle insiste sur l’Éducation (HCE) de 2005 à 2011. Son intervention
l’importance de pouvoir réajuster en permanence les propose de réfléchir à la qualité du système éducatif
interventions et sur le fait que ces réajustements ne français à travers une généalogie des missions et tra-
sont pas nécessairement compatibles avec la tem- vaux réalisés par le HCE pendant les 6 années où il a
poralité moins élastique à laquelle un organisme cer- exercé son mandat.
tifié est contraint. Elle met en évidence également
la vulnérabilité conjointe des professionnels et des
1) Le Haut Conseil de l’Éducation : une
publics accueillis, et en particulier les inquiétudes
autorité administrative indépendante
des salariés de l’association vis-à-vis de la généra-
pour éclairer les débats publics
lisation des normes. Elle souligne enfin la difficulté
à dépasser la satisfaction immédiate des publics Le HCE était une autorité administrative indépendante,
dans l’évaluation pour mesurer plus finement la créée en novembre 2005 par le Parlement à la suite
« réussite ». des travaux de la Commission Thélot et de la promul-
gation conséquente de la Loi d’orientation et de pro-
2) Olivier Grange, directeur de FOCAl, gramme pour l’avenir de l’école du 23 avril 2005. Elle
service de formation continue de est composée de neuf membres nommés pour 6 ans,
l’Université Lyon 1 leur mandat est non révocable. Sur les neuf membres
en question, trois sont désignés par le Président de la
FOCAL est le service de formation continue de République, deux par le Président de la chambre des
l’université Claude Bernard Lyon 1, dont la mission députés, deux par le Président du Sénat et deux par le
générale est de favoriser le développement des Président du CES. Le premier Haut Conseil de l’Éduca-
activités de formation continue et d’éducation per- tion a été présidé par Bruno Racine.
manente que toutes les composantes de l’Université
sont en mesure de proposer à des partenaires des Bien que le HCE ne soit pas la seule autorité adminis-
secteurs industriels ou de services ainsi qu’à des trative indépendante, cette forme d’externalisation de-
demandeurs individuels. meure relativement méconnue dans la culture française
et reste en tout état de cause singulière. Le HCE joue
Pour Olivier Grange aussi, il convient de rester prag- un rôle exclusivement consultatif, il est chargé d’éclai-
matique et de privilégier un référentiel évolutif par rer les débats publics. Ses travaux doivent donner lieu à
rapport à une norme. Le service Focal a conçu dans trois types de livrables : un rapport annuel au Président
cette perspective une charte qualité qui porte à la de la République (ex. Les résultats de l’école), un avis
fois sur le pilotage, sur la satisfaction perçue de la sur les expérimentations (article 34 de la loi 2005) et un

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 9/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
avis à la demande du ministre (ex. sur le socle com- accentue au contraire les différences. Trois éléments
mun ou la formation des enseignants). Le travail est marquants viennent soutenir cette analyse d’une école
organisé autour de séances hebdomadaires en pré- en panne :
sentiel, complétées par des lectures individuelles et − le flux des 150 000 élèves d’une classe d’âge qui
des échanges à distance, via internet. Les membres sortent chaque année du système sans qualification
réalisent également de nombreuses auditions et des ni diplôme ;
visites sur le terrain. − les résultats PISA, qui ne semblent pas trouver
d’écho auprès des enseignants, mais qui montrent
Les principaux travaux du HCE depuis 2005 sont les très clairement que les écarts entre les jeunes Fran-
suivants : « Avis sur le socle commun », « Avis sur la çais sont de plus en plus importants.
formation des enseignants », « Rapport sur l’ensei- − les rapports des Inspections générales qui montrent
gnement primaire », « Avis sur les programmes du qu’on ne sait à peu près rien des acquis des élèves
primaire », « Rapport sur l’orientation », « Rapport sur français, ni des stratégies de compensation entre
l’enseignement professionnel », « Avis sur la réforme les disciplines (cf. RIES n°43, 2006).
des lycées », « Avis sur l’usage des nouvelles tech-
nologies », « Rapport sur le collège », « Rapport sur 3) Bilan des résultats de l’école 2007 -
les indicateurs », « Rapport sur la mise en œuvre du L’enseignement primaire
socle commun », « Bilan sur les expérimentations
(article 34) ». Ce premier rapport annuel sur l’enseignement primaire,
échelon jusque là négligé des différents travaux sur la
scolarité obligatoire, a aussi été l’occasion de définir le
2) le Socle commun de connaissances
rôle même du HCE et de déterminer le format de livrai-
et de compétences : un formidable
son du rapport. L’objectif retenu a été de rédiger un rap-
révélateur du système éducatif
port lisible par tous les Français, présentant clairement
La mise en œuvre du Socle commun, largement ac- et succinctement les résultats des analyses effectuées.
compagnée par le HCE, est un exemple révélateur Les conclusions, en 2007, font ainsi état de constats
des contradictions qui nourrissent le système éducatif douloureux :
français et consécutivement de sa difficulté à produire − les résultats sont très contrastés à l’issue du pri-
de la qualité de façon durable. maire : 60 % obtiennent des résultats acceptables
ou satisfaisants ; 25 % ont des acquis fragiles ; 15 %
Inscrit dans la loi du 23 avril 2005, le Socle commun connaissent des difficultés sévères ou très sévères ;
de connaissances et de compétences a vocation à − les difficultés identifiées en début de scolarité s’ag-
constituer un pacte entre la Nation et l’École autour gravent avec le temps ;
de ce qui peut être garanti à tous les élèves ; il fait − le redoublement précoce est inefficace ;
entrer l’école de plain pied dans une nécessaire − les cycles ne sont pas vraiment mis en œuvre ;
obligation de résultats. − les outils d’évaluation restent peu utilisés ;
− les premiers apprentissages à l’école maternelle
Le décret d’application paru en juillet 2006 au BOEN sont déterminants mais insuffisamment pris en
tient compte de l’avis préalable formulé par le HCE compte ;
et en traduit l’esprit. Les 7 piliers finalement retenus − le pilotage est défaillant à plusieurs niveaux : pas de
traduisent en effet assez bien les registres « fonda- pilotage national du premier degré ni de pilotage de
mentaux » proposés par le HCE : langue française ; proximité, pas de formation des maîtres, etc.
mathématiques ; langue vivante étrangère ; technolo-
gie de l’information et de la communication ; culture 4) La poursuite des travaux du HCE
humaniste et scientifique pour le libre exercice de la
citoyenneté. Il s’agit ainsi de déterminer ce que nul Deux écueils du système éducatif français ressortent
n’est censé ignorer à la fin de la scolarité obligatoire de tous les travaux réalisés par le HCE depuis sa créa-
sous peine de se trouver marginalisé. tion :
− le poids du diplôme dans l’accès au premier emploi
Si, comme dans le cas de l’enseignement supérieur, et consécutivement la marginalisation quasi défini-
les travaux du HCE permettent de croire à une cer- tive des non diplômés ;
taine réussite du système éducatif français en terme de − le fait que les résultats des élèves ne sont pas uni-
« massification », ils montrent que la démocratisation quement corrélés au niveau socio-économique des
scolaire est défaillante depuis plus de 15 ans : l’école familles : autrement dit, les enfants d’enseignants
ne permet pas en effet de réduire les inégalités, elle réussissent mieux que les enfants de cadres.

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
Bilan des résultats de l’école 2008 - Bilan des résultats de l’école 2011 - Mise en
L’orientation scolaire œuvre du Socle commun

L’orientation est un sujet complexe qui touche Le bilan réalisé par le HCE sur la mise en œuvre
chaque année 1,2 millions d’élèves. Les travaux du du Socle commun, six ans après le vote de la loi,
HCE mettent en évidence la pluralité des acteurs est mitigé. Le déploiement reste en effet partiel, plus
publics et privés concernés, et en particulier le marqué dans les écoles primaires que dans les col-
rôle des régions, des employeurs, et des différents lèges, caractérisé par une résistance passive de la
réseaux professionnels. En Rhône Alpes par part des inspecteurs généraux et des IPR de cer-
exemple, une vingtaine de réseaux interviennent taines disciplines (dont les programmes n’ont pas
sur ce sujet, un quart relèvent de l’éducation été revus) et un laisser-faire du ministère.
nationale.
D’importants besoins ont été mis au jour, en parti-
Les recommandations émises par le HCE sont al- culier dans les domaines suivants : outils pédago-
lées dans le sens d’un traitement interministériel giques, formation des enseignants, formation des
de l’orientation. Trois délégués interministériels à cadres, explication aux parents.
l’orientation se sont succédés depuis.
Travaux sur les expérimentations (article 34)
Bilan des résultats de l’école 2009 -
L’enseignement professionnel L’évaluation par le HCE de la mise en œuvre de l’ar-
ticle 34 de la loi Fillon de 2005 ne donne là encore
L’enseignement professionnel en France concentre pas lieu à satisfaction. Cet article, autorisant les éta-
de graves difficultés  ; ce n’est par exemple pas blissements à contourner la loi pour mener des ex-
le cas en Suisse. Les publics sont vulnérables périmentations, est très peu utilisé six ans après son
(absentéisme, décrochage,...), les sorties sans vote : 0,5% des écoles primaires et 8% des EPLE.
diplôme sont trop nombreuses, les jeunes sans La mobilisation s’avère très variable d’une académie
emploi en sortant de la voie professionnelle sont à l’autre  ; les évaluations, au delà de la simple sa-
aussi trop nombreux. tisfaction des équipes éducatives impliquées, sont
rares et ne présentent quasiment jamais un carac-
tère scientifique.
Bilan des résultats de l’école 2010 - Le
collège
5) En guise de conclusion
Le collège unique n’est pas véritablement en Ces six années de travail pour la première manda-
place. Malgré des acquis majeurs, il est en panne. ture du HCE ont convaincu ses membres que deux
À la question de savoir s’il convient de rétablir des mesures prioritaires pouvaient promouvoir un sys-
filières et une orientation précoce, toutes les com- tème éducatif plus efficace et plus équitable :
paraisons internationales fournissent clairement − créer l’école du Socle commun, pour limiter la
une réponse négative. coupure entre le primaire et le secondaire et aug-
menter la cohérence de l’ensemble ;
− créer une agence indépendante pour éclairer la
Bilan des résultats de l’école 2011 - Les société, les élus et les décideurs.
indicateurs relatifs aux acquis

Les travaux du HCE montrent que les indicateurs B) Contrepoint (L. Evans)
LOLF fournis au Parlement par le Ministère de
l’éducation nationale sont partiels et peu exigeants Linda Evans est PhD, Professeure à l’université de
et que leur fiabilité est sujette à caution, essentiel- Leeds.
lement pour des raisons de méthode. D’autres indi-
cateurs existent toutefois : les indicateurs Cèdre Linda Evans axe son intervention sur la question
réalisés par la DEPP s’avèrent plus rigoureux de la qualité dans les organisations éducatives en
et gagneraient à être rapprochés des enquêtes Angleterre. Le contrôle de cette qualité passe prin-
PIRLS et PISA. cipalement par les inspections : il s’agit d’inspec-
tions d’établissements effectuées par un service

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 11/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
centralisé (Ofsted). Les inspections sont régu- L’EUA regroupe 850 membres, dont les établisse-
lières et les rapports sont rendus publics. Suite ments universitaires et les conférences de prési-
au White paper de novembre 2010 intitulé « The dents d’université.
importance of teaching », les inspecteurs devront
se concentrer principalement sur l’enseignement A. Sursock a commencé à travailler à l’EUA en
et les apprentissages selon quatre catégories 2001 sur le thème de la qualité. L’idée de départ
(contre 27 jusqu’alors) : niveau des élèves ; qualité était la suivante : la problématique de l’évaluation
de l’enseignement  ; leadership et administration  ; avait été prise à l’envers dans la plupart des pays
comportement et sécurité des élèves. La fréquence européens, en créant des agences nationales alors
des inspections dépendra de la qualité de qu’il fallait d’abord que les universités se respon-
l’éducation qui y est dispensée. sabilisent. Le groupe de suivi du processus de Bo-
logne, en 2003, a repris cette idée dans le commu-
Le contrôle de la qualité de l’éducation passe aussi niqué de la conférence de Berlin et a reconnu sur
par : cette base le rôle des institutions universitaires en
matière de qualité.
-- le contrôle sur les enseignants ;
-- le leadership (les chefs d’établissement ont L’EUA a également beaucoup œuvré pour créer un
plus de pouvoirs qu’en France) ; cadre européen en matière de qualité, c’est-à-dire
-- le contrôle sur les chefs d’établissements et le un référentiel européen qui constitue en quelque
contrôle sur le curriculum. sorte une charte qualité et un registre européen qui
liste les agences d’évaluation, qui ont été évaluées
sur la base des standard européens de l’évalua-
tion. (cf. les « guidelines »).
llll
Andrée Sursock a présenté à l’automne 2011 un
rapport de l’EUA dans le cadre de l’étude « exa-
ming quality culture », qui fournit l’armature de son
V - L’approche qualité intervention.

dans l’enseignement Un des objectifs de cette étude était d’identifier dans


supérieur quelle mesure les démarches qualité débouchent
sur une culture de l’évaluation ou si, au contraire,
Laure Endrizzi (IFÉ) introduit la deuxième journée elles s’étiolent dans des procédures bureaucra-
en remarquant que si la première tournait autour tiques (ex. : quel espace laissé à la créativité ?).
des thèmes de l’enseignement scolaire et de la
formation professionnelle, la tonalité de cette deu- Cette étude a été menée en deux phases. D’abord
xième journée sera dominée par l’enseignement un questionnaire auprès des universités (222 uni-
supérieur, au niveau européen. versités dans 36 pays européens ont répondu)
avec un rapport téléchargeable sur le site de l’EUA,
A) Conférence de Andrée qui se concentre sur les instruments utilisés pour la
mise en œuvre du référentiel européen.
Sursock
Ensuite une deuxième partie menée par A. Sur-
André Sursok est expert auprès de nombreux sock, plus qualitative, consistant à interviewer 59
organismes nationaux et transnationaux sur l’éva- personnes dans 10 universités sélectionnées parmi
luation de la qualité de l’enseignement supérieur, les répondantes. Son mandat consistait à détermi-
Senior Advisor à l’EUA (Association des universités ner ce qui favorisait la culture de la qualité, s’il y en
européennes). avait une, et quel lien avec les instruments pouvait
alors exister.
Outre ses responsabilités au sein de l’association
des universités européennes (EUA), Andrée Sur- La première difficulté consistait à identifier les per-
sock siège au sein de l’agence d’évaluation en sonnes qui s’occupent vraiment de la qualité dans
Belgique francophone, occupe les mêmes fonc- les universités, en touchant «la base» pour ne pas
tions en Suisse et a des responsabilités compa- se contenter de la parole officielle des présidents.
rables au Portugal.

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
A la fin de chaque entretien, il était demandé à chaque tôt que voulue, avec le sentiment que l’on n’a pas
personne de définir sa propre conception de la quali- besoin de faire un effort pour être visible et attractif
té et les réponses ont été assez transparentes. Ainsi, au niveau international.
si dans un établissement, la plupart des enseignants,
convaincus de la qualité de leurs prestations péda- Cette frilosité française concernant la qualité se tra-
gogiques, expliquaient qu’il n’était pas nécessaire de duit également dans les réponses détaillées dans
faire évaluer leur enseignement par les étudiants, on l’enquête Trends 2010. Ainsi, 49% des répondants
pouvait en déduire qu’il n’y avait pas de culture de français déclarent utiliser régulièrement les éva-
la qualité dans l’université ! Certains enseignants du luations des étudiants contre 81% en moyenne en
supérieur considèrent qu’ils n’ont pas à tenir compte Europe, 13% pratiquent une évaluation interne obli-
de la pédagogie dans leur enseignement, ce dernier gatoire des enseignants-chercheurs contre 63% en
étant jugé forcément de qualité. En tout état de cause Europe, etc.
ils récusent aux étudiants le droit ou la capacité à
porter un jugement sur l’enseignement dispensé. Quels sont les grands enseignements de l’étude
« Examining Quality Culture » ?
Les universités sélectionnées pour l’étude quali-
tative étaient originaires de 10 pays : Autriche, Es-
1) Quelle introduction d’une démarche
pagne, Finlande, France, Royaume-Uni (Angleterre
qualité ?
et Écosse), Hongrie, Irlande, Lituanie, Portugal et
Suède. Pour réussir l’introduction d’une démarche qualité,
on peut distinguer deux façons de procéder.
L’EUA avait réalisé un bilan des dix ans de réformes
en Europe (rapport Trends 2010) et avait constaté Une démarche « bottom up » d’une part, avec impli-
que les 10 pays qui ont fait l’objet de l’étude quali- cation limitée de l’équipe présidentielle, à partir d’un
tative avaient affiché des priorités cohérentes avec noyau de promoteurs de la qualité au sein de la com-
leurs réponses dans l’enquête Trends, avec notam- munauté universitaire. C’est la démarche qui semble
ment beaucoup de réformes en matière de qualité. la plus efficace, même dans un grand établissement.
Depuis, les effets de la crise économique et les pro-
blèmes de financement sont allés de pair avec de Une démarche « top down» d’autre part, avec un
nombreux changements au niveau de la gouver- aspect formel collé de l’extérieur et qui apparaît
nance et du management. comme une corvée pour les acteurs, sans s’intégrer
dans le quotidien et peut même se heurter à des
Cette métamorphose de l’enseignement supérieur en blocages de la part des enseignants-chercheurs.
Europe peut être caractérisée par un glissement vers
une gouvernance externe ; une plus grande autono- Ici se pose la question du rôle de l’agence d’éva-
mie et une demande d’« accountability  » (exigence luation nationale, dans la définition des démarches
de reddition des comptes), une diversification des internes de l’évaluation. Dans la mesure où la moitié
sources de financement, une plus grande exigence des universités semble se conforme aux exigences
pour les postes administratifs de haut niveau, moins de leur agence d’évaluation nationale, il apparaît im-
de collégialité et une importance croissante des portant de mieux adapter les normes des agences à
équipes présidentielles. la réalité des établissements, afin que les universités
s’en saisissent avec réussite.
60% des établissements répondants à Trends 2010
ont affirmé que l’amélioration des processus de qua- Le danger à éviter est d’amener les universités à
lité interne était le résultat plus important parmi l’en- mettre en œuvre une démarche qualité avec le seul
semble des réformes qui ont marqué les dernières objectif d’afficher une démarche qualité formelle pour
années. respecter les normes de l’agence nationale !

En revanche, seuls 28% des réponses françaises ont Pour contourner ce danger, certaines institutions dis-
placé la qualité en tête des changements ressentis tinguent la notion de « quality assurance » de celle
(contre 55% pour les questions liées au rapproche- de « quality enhancement ». La première désigne
ment ou aux relations avec le monde économique). le seul processus de mise en conformité avec les
Dans la plupart des pays, l’approche qualité semble exigences des agences nationales, alors que la
corrélée avec un intérêt pour l’international. Or, en deuxième recouvre plutôt ce que les établissements
France, l’internationalisation semble être subie plu- mettent en œuvre pour leur propre développement.

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 13/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
2) La nécessité d’impliquer tous les
La démarche doit également s’appuyer sur des res-
acteurs
ponsabilités et des liens hiérarchiques clairs, tout en
permettant l’engagement de la communauté universi-
Une des grandes leçons du projet est que la réussite taire, avec des marges de contestation et de discus-
d’une démarche qualité est très dépendante d’une sion pour permettre une certaine flexibilité d’adapta-
base démocratique. Sans démocratie, au niveau du tion.
pays et de l’établissement, la réussite est compromise
faute d’appropriation de la démarche par les acteurs Les démarches qualité qui réussissent le mieux sont
de l’université. celles qui ne se limitent pas au respect formel des
exigences nationales des agences qualité.
Lors de la fusion de deux universités par exemple,
ceux qui avaient l’expérience de la qualité ont échan- Il faut qu’elles s’appuient sur les valeurs académiques
gé avec ceux qui n’en avaient pas et ont convenu de et n’apparaissent pas comme une démarche adminis-
ne pas aller trop vite afin que l’ensemble des acteurs trative qui s’oppose à la créativité et l’initiative.
concernés puissent s’intégrer de concert dans la dé-
marche. B) Contrepoint (L. Evans)
3) La complexité du rôle du service Quelques mots sur l’approche qualité dans
qualité l’enseignement supérieur au Royaume-Uni
C’est un des résultats les plus intéressants de l’en-
quête. Il s’avère que les « bons » responsables qua- Qu’est-ce que la qualité dans l’enseignement supé-
lité ont des compétences assez complexes. Ceux qui rieur ? Cela concerne-t-il l’université, les enseignants,
avaient réussi étaient souvent ceux qui continuaient la recherche, les étudiants, tout l’ensemble ? L. Evans
à faire autre chose que de la qualité. Autrement dit, il préfère parler d’une micro-perspective et considérer
convient d’éviter le modèle du technicien de la qualité. l’implication de tous les acteurs, dans le cadre du tra-
vail par exemple. 
Parmi les compétences exigées du responsable quali-
té, il faut être à même de remplir les tâches suivantes : Le système d’évaluation de la qualité, au Royaume-
− interpréter les normes nationales en matière de Uni, est basé sur le Research Assessment Exercise
qualité pour les adapter à son institution ; (RAE), réalisé tous les 5 à 6 ans, le prochain devant
− les expliquer au sein de l’institution et de les faire avoir lieu en 2014. Ce dispositif a changé de nom
accepter par diverses catégories de personnes : et s’appelle The Research Excellence Framework
l’équipe dirigeante, les personnels académiques, (REF).
techniques et administratifs et les étudiants ;
− surveiller et identifier les problèmes ; Son fonctionnement est le suivant : chaque univer-
− collecter les résultats ; sité qui souhaite être évaluée dépose un dossier qui
− assurer la qualité des instruments. comprend :

L’évaluation des enseignants, souvent par question- -- une description/un compte rendu de l’environne-
naires, est le point le plus répandu sauf en France. Ils ment (dans le département universitaire) de la
méritent d’être largement améliorés et accompagnés recherche ;
par d’autres outils d’évaluation. -- les quatre articles ou livres des universitaires pu-
bliés pendant la période du recensement (2008-
Les indicateurs de performance sont un grand sujet de 2013) et considérés comme les meilleurs
discorde. Ils doivent être flexibles et adaptables aux -- Les niveaux de qualité sont représentés par une
différences disciplinaires. échelle, comportant jusqu’à quatre étoiles, sans
que l’on sache exactement ce que signifient ces
niveaux (il n’y a pas de critères précis) :
4) Les caractéristiques d’une bonne
-- quatre étoiles : la recherche est « world-lea-
démarche qualité
ding »,
Une démarche réussie repose la plupart du temps sur -- trois étoiles : la recherche démontre une certaine
la combinaison de plusieurs bons instruments : il ne excellence au niveau international, mais qui ne
suffit pas de faire un questionnaire d’évaluation des mérite néanmoins pas d’être considérée comme
enseignements pour avoir une démarche qualité. « world leading ».

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
C’est chaque université qui décide ce que sont les niveaux théorie que sur les expériences pratiques ;
acceptables de son point de vue, et donc quels sont les dos- − réfléchit souvent sur la façon dont il exerce son métier et
siers des universitaires qu’elle va présenter à l’évaluation (c.- l’analyse ;
à-d. estimer ses chances d’être bien reconnue pour avoir les − démontre de l’intellectualisme concernant l’exercice de
subventions correspondantes). son métier ;
− expérimente des nouvelles idées.
Par exemple, l’université de Warwick a décidé de n’inclure
dans son dossier que les universitaires qui ont publié au C’est un continuum qui pourrait être utilisé pour les cher-
moins quatre articles de niveau 3 étoiles. cheurs ainsi que pour les enseignants. Il existe parmi tous
les chercheurs et chez chacun d’entre eux selon les sujets.
Qui décide de la qualité ? Un jury de pairs, pour chaque Le trajet du développement professionnel est celui qui va de
matière, est chargé de lire les ouvrages publiés dans la pé- la professionnalité restreinte à la professionnalité étendue.
riode précédant le dépôt des dossiers (c’est à dire la période Le développement professionnel est multidimensionnel.
écoulée depuis l’évaluation précédente). Bien entendu les
membres du jury appartenant à l’université étudiée sont
exclus du jury.
llll
En théorie, on juge la qualité de l’article, sans prendre en
compte la revue dans laquelle il a été publié.
VI - La pédagogie
Chaque université est classée dans chaque champ discipli-
naire : universitaire
Pour les sciences de l’éducation par exemple, voici le clas-
A) Conférence de Jacques Barrier :
sement 2008 des quatre premières universités : « La démarche qualité de la
1) London Institute of Education
2) Oxford CIDMEF »
3) Cambridge
4) Leeds et Bristol, ex æquo
Premier médecin à faire un DEA de sciences de
La question qui se pose ensuite est « comment améliorer la l’éducation à Nantes avec Marguerite Altet, Jacques
recherche et les chercheurs ? » Barrier est favorable à une grande coopération avec les
organisations internationales.
Le champ du développement professionnel des chercheurs
devient un nouveau champ d’étude et d’action. Une nou- 1) Qu’est-ce ce que la CIDMEF ?
velle revue a même été créée : The international journal for
researcher development. Il s’agit d’un réseau médical, 120 facultés de médecine
(40 pays), avec des conseils pédagogique, d’évaluation et
On considère la professionnalité des chercheurs sous scientifique. La CIDMEF met en place une démarche qualité
l’angle de la professionnalité restreinte ou de la profession- pour la formation médicale dans l’espace francophone.
nalité étendue (Hoyle, 1975).
La CIDMEF, c’est 30 ans d’existence avec une démarche
• Professionnalité restreinte : l’enseignant … qualité implicite au démarrage pour nos formations (sponta-
− exerce son métier de façon intuitive ; néité de la démarche qualité basée sur le consensus).
− utilise des compétences fondées sur des expériences
pratiques ; Les points à améliorer ont conduit à des opérations concrètes
− ne réfléchit pas sur la façon dont il exerce son métier pas de la CIDMEF :
plus qu’il ne l’analyse ; − élaboration des référentiels et des répertoires en
-- n’est pas en intelligence avec ses propres perspectives éducation en santé (pédagogie et organisation) ;
et attitudes ; − aide à la formation pédagogique des formateurs (sémi-
-- est conservateur (trice), évite les changements. naires) ;
− structuration pédagogique des facultés de médecine
• Professionnalité étendue : l’enseignant … (bureaux de pédagogie) ;
− exerce son métier rationnellement ; − organisation de congrès de formation et recherche en
− utilise des compétences qui sont fondées tant sur la éducation dans les sciences de la santé.

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 15/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
2) Le constat dans les facultés
du raisonnement. L’enseignant doit également hié-
francophones
rarchiser et valider les connaissances des appre-
nants.
Parmi les facultés du Nord, il y a une démarche qualité
inégale : le Canada est très actif ainsi que la Belgique, L’enjeu de l’engagement professionnel : l’ensei-
et la France mais dans une moindre part. Parmi les gnant doit susciter une vocation professionnelle
facultés du sud, au Vietnam, au Cambodge, en Afrique et la développer chez les étudiants (cf. CanMEDS
du Nord et subsaharienne ou à Haïti, on constate peu 2000) et doit développer des compétences qui
de démarches explicites. vont en faire un médecin fournisseur de soins,
mais aussi un décideur, un gestionnaire, un com-
Un constat préoccupant et problématique : des pro- municateur, un leader au sein de sa communauté.
blèmes d’organisation facultaire, un mauvais recru- Par ailleurs, le professeur clinicien a un double rôle :
tement des enseignants, une formation pédagogique soins aux patients et apprentissage des étudiants.
insuffisantequi génère une insatisfaction des étudiants. Nous reconnaissons que ce rôle n’est pas équilibré
car les médecins délaissent l’enseignement au pro-
Cette situation nous place dans une impasse curricu- fit du rôle de clinicien.
laire face à l’explosion des connaissances, et tend à
privilégier les contenus par rapport aux compétences. − Le deuxième enjeu : les objectifs de formation.

Nous constatons également une explosion de facultés L’approche par compétences est une donnée nou-
privées parfois commerciales (ex. Cameroun) avec des velle et difficile à mettre en œuvre en médecine.
effets délétères sur la qualité des médecins formés. C’est une révolution pour le responsable d’ensei-
gnement : ne plus travailler tout seul dans sa ma-
tière et tenir compte des compétence attendues
Le cadre global de référence par la communauté. Il doit également travailler à
rebours pour trouver les éléments qui vont lui per-
Quels sont les enjeux ? mettre d’aboutir au résultat attendu au lieu d’empiler
les connaissances à partir de la première année.
En médecine, les universitaires sont très conscients
de l’importance des résultats et on entend beaucoup Les référentiels mis en place par la CIDMEF et
parler de performance, d’impact, de résultat et de cer- le plan d’action
tification (Evidence based medical education, S. Peter-
sen MMJ, 1999  ; Outcome-based medical education, Quels sont les standards de qualité ?
Harden 1998)
Les normes de base (« must ») et les normes optimales
Que souhaitons nous obtenir ? Un processus ou un (« should ») existaient déjà mais il fallait les appliquer
résultat ? Une opération peut réussir mais le malade aux normes pédagogiques malgré les difficultés.
peut mourir.
Les standards de base
Quelle qualité pour les médecins ? Niveaux de compétence (groupe de Charamande,
1990) conçus et évalués par la CIDMEF :
L’assurance qualité des médecins formés et l’imputabi- − niveau 1 : compétence pédagogique minimale,
lité sociale des facultés des sciences de la santé sont prendre en charge des étudiants, tenir compte des
aujourd’hui débattues par les associations de patients instructions des responsables ;
qui font irruption dans les hôpitaux. − niveau 2 : compétence pédagogique des titulaires
(enseignants généralistes) ;
Nous sommes face à deux grands enjeux actuels : − niveau 3 : compétence pédagogique approfondie
− Premier enjeu : L’enseignant doit tenir compte des dans un domaine particulier (par ex : TICE).
données de psychologie de l’apprentissage.
Le paradigme de psychologie cognitive : l’étu- La formation au professionnalisme a été à l’origine de
diant doit être actif et l’enseignant doit activer recommandations : en effet, le rôle professionnel reste
les connaissances antérieures de l’étudiant. Les à développer afin d’offrir des véritables formations pro-
apprentissages doivent être contextualisés et favo- fessionnalisantes aux futurs médecins.
riser la structuration des connaissances d’action et

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
Exemple de recommandation : éviter des personnes l’évaluation des programmes sont de contrôler la qualité
ressources extérieures. Chaque enseignant doit inté- et d’aider les facultés à s’améliorer. Il n’y a pas d’agence
grer des principes de qualité qui en font un modèle de d’évaluation dans tous les pays (ex. : en Afrique).
rôle.
Évaluer un programme, c’est porter un jugement sur
Nous avons cependant observé de nombreux freins au sa valeur ou son mérite, ses structure et résultats. La
processus de la démarche qualité : la notion de curri- CIDMEF propose une démarche volontaire de l’évaluation
culum caché et les conflits d’opinions professionnelles. formative (non sanctionnant) avec une rétroaction donnée
au président de l’université et au doyen. Il ne s’agit pas de
Pour faire face à ces problèmes, l’institution doit chan- comparer avec les autres universités car il n’existe pas de
ger et imposer des principes de révision des organi- référentiel absolu.
grammes de faculté.
Les étudiants font leur rapport de leur côté qui est envoyé
Actuellement, il existe un organigramme des structures. aux évaluateurs, pas à leurs professeurs ni à leur doyen.
Le doyen a dans son exécutif des comités d’évalua- La norme est un besoin prioritaire de la société dans le
tion des programmes et des recherches, eux-mêmes domaine de la santé.
entourés de secteurs pédagogiques et des structures
d’évaluation interne. 37 facultés sont actuellement évaluées par la CIDMEF
mais on constate une utilisation inégale des recomman-
Comme il n’existe pas de référence dans la littérature, les dations. Dans certaines facultés le rapport reste dans le
modèles restent à inventer. tiroir du doyen mais parfois, les résultats sont excellents
grâce à la mise en œuvre du processus.
Ce qui existe (rarement) :
− un comité des programmes opérationnel ;
− une structure pédagogique ; Quel est l’impact véritable ?
− un bureau pédagogique ;
− une structure d’évaluation interne (à Montréal, par Notre système d’évaluation des programmes fait bouger
exemple, chaque heure de cours est évaluée). les facultés et les normes ont évolué avec le concept de
responsabilité sociale des facultés (voir le travail de l’OMS
La CIDMEF a créé un groupe d’études sur l’évaluation qui parle d’accountability).
de l’enseignement, dénommé EVALENS. Il travaille sur
l’évaluation des interventions pédagogiques et des étu- Un autre concept novateur a consisté à élaborer une
diants. C’est un conseil pédagogique qui évalue des en- charte d’éthique pour les facultés des sciences de la
seignements et des apprentissages. santé (conférences internationales des doyens de méde-
cine, de pharmacie et d’odontologie) par l’intermédiaire
Si on veut obtenir une notion d’efficacité, il faut évaluer d’un groupe de travail composé de 50 référents interna-
pour décider et pour changer les situations. Il faut aussi tionaux chargés de rédiger cette charte (il s’agit plus d’un
responsabiliser les étudiants dans leurs taches d’évalua- engagement moral des facultés que d’un texte légal ; elle
teur (nécessité d’être formés). Il faut par contre éviter de est disponible sur le site de la CIDMEF). Cette charte est
faire remplir des questionnaires pour remplir des ques- actuellement peu utilisée mais elle est reconnue.
tionnaires, sans rétroaction sur l’enseignement.
3) Résultats et discussions
Est-ce qu’on n’évalue pas un peu trop les facultés Un groupe de travail s’est mis en place sur la lutte anti-
par les étudiants qui risquent de se lasser et de ne fraude et anti-plagiat chez les étudiants (quid des ensei-
plus vouloir participer ? gnants chercheurs ?) car il s’agit d’un véritable problème
pédagogique et de société pour la recherche.
La création d’une grille d’évaluation validée par les étu-
diants a permis d’élaborer des recommandations pour La faculté doit être une organisation apprenante qui pla-
une mise en application pratique (2007). nifie son évolution et ses propres apprentissages au fil de
l’eau avec un conseil de gouvernance. Cela doit conduire
Une dernière opération est l’évaluation des programmes à une gouvernance collaborative plutôt que hiérarchique
des facultés, à la demande de la direction de celles-ci par en utilisant la notion de leadership.
un groupe d’évaluateurs externes international. Ce n’est
pas un système d’accréditation. Les deux objectifs de Site : http://www.sante.univ-nantes.fr/med/ethique/

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 17/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
B) Conférence de Vincent Wertz : − de la non mobilisation, dans les dernières années de
formation, des connaissances supposées acquises en
une pédagogie active pour première année ;
renforcer la qualité : expérience − du manque de compétences de niveau plus élevé, se-
lon la taxonomie de Bloom (réflexivité, esprit critique,
de l’École polytechnique de rigueur).
Louvain (EPL)
De plus, les milieux professionnels recrutant des ingé-
nieurs exprimaient le besoin d’avoir des communicateurs,
des leaders capables de travailler en équipe. Or, l’ECL ne
Vincent Wertz est professeur à l’école formaient pas suffisamment à ces compétences.
polytechnique de Louvain (UCL) et prorecteur
à l’enseignement et à la formation à l’Université On note une certaine résistance au changement. En
catholique de Louvain fait, la plupart des enseignants sont passés par un cer-
tain système avec lequel ils ont réussi. Or, ce qui a bien
Cette intervention présente un retour d’expérience sur marché pour eux, alors qu’ils faisaient partie de la tranche
la réforme pédagogique à UCL. Expérience menée à supérieure des étudiants, ne marche pas pour l’ensemble
l’École polytechnique de Louvain (UCL), au début des des étudiants. Un bon étudiant réussira quel que soit le
années 2000. système d’enseignement. Ses capacités d’auto-appren-
tissage sont telles qu’il pourra apprendre. Il a été difficile
L’ UCL (28 000 étudiants) comprend 14 facultés dont de le faire comprendre aux collègues. Car il faut imaginer
l’EPL (1800 étudiants et 68 profs, avec ce qu’on pourrait des étudiants différents de ceux qu’ils ont été eux-mêmes.
appeler des « Prépa intégrées »). Au début des années
2000, au moment où la réforme a été mise en place,
2) Que faire pour changer ?
la structure de formation était relativement proche du
système des écoles d’ingénieurs françaises : deux an- Le choix a été d’adopter une approche système, en consi-
nées de prépa (1er cycle) puis trois années de formation dérant qu’un système d’éducation comprend plusieurs
d’ingénieurs. Contrairement aux écoles d’ingénieurs composantes :
françaises, l’EPL est passé au système LMD ou plus − en entrée : étudiants, professeurs, de la matière à
exactement BMD : bachelor, master, doctorat. malaxer ;
− en sortie : l’objectif d’avoir des ingénieurs compétents ;
− au milieu : un processus et là il faut un modèle pour
1) Comment s’est fait le changement,
piloter le système le mieux possible.
quel impact et quel lien avec la
S’il est difficile de changer les individus (professeurs, étu-
démarche qualité de l’ensemble de
diants), on peut changer le modèle d’apprentissage. Le
l’université ? Pourquoi changer ?
plan de travail a été défini sur quatre temps :
L’ EPL a longtemps été dans un processus de ques- − définir les objectifs et les contraintes : Qu’est-ce qu’un
tionnements réguliers, tous les cinq ans, pour s’adapter ingénieur compétent ? Quel doit être le taux d’enca-
à des situations changeantes, mais il s’agissait plutôt drement, quelle est l’offre de locaux, etc. ;
de micro adaptations, de quelques changements ponc- − avoir une idée plus claire de ce qui se passe dans le
tuels : remplacement d’un cours par un autre, intro- processus d’apprentissage ;
duction d’un chapitre dans un cours, glissement d’un − définir un dispositif-type qui soit bien dans la ligne du
semestre à l’autre. modèle d’apprentissage fixé préalablement ;
− cela ne se passe pas sans un nécessaire changement
A la fin des années 1990, plutôt que de faire à nouveau de mentalités. Il fallait donc prévoir une formation des
une micro-modification, l’équipe d’enseignants prépa- enseignants pour la mise en œuvre de cette nouvelle
rant les programmes s’est interrogée sur la qualité de méthode.
la formation, et s’est finalement décidée à tout mettre
sur la table et à envisager l’éventualité d’une réforme Les objectifs ainsi définis ont été envisagés selon cinq
plus profonde. dimensions :
• Méthodologique
Malgré la conviction d’être de bons enseignants, − des stratégies effectives de résolution de problèmes
l’équipe ressentait un sentiment d’insatisfaction relative- sont appliquées ;
ment important, devant le constat : − les étudiants sont capables de s’auto-évaluer.
− du manque de motivation des étudiants ;

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
• En terme de contenus pairs et en étant confrontés à des situations qui font
− des modèles sont construits et exploités ; sens.
− la rigueur mathématique est maîtrisée.
Le dispositif type adopté est donc l’apprentissage actif
• Socio-relationnelle (constructivisme), en groupes (socioconstructivisme),
− les étudiants sont devenus acteurs de leur éduca- par problèmes et par projets (contextualisé), autrement
tion ; appelé l’APP. Ce fut la ligne directrice pour l’enseigne-
− les étudiants sont heureux d’apprendre. ment des deux premières années.

• Éthique
4) L’A.P.P.
− les étudiants sont conscients du rôle et de la res-
ponsabilité des ingénieurs dans la société.
• En général Le dispositif comporte quatre phases :
− la qualité de la réussite est améliorée ; − cappropriation : on lit un contexte et on cherche à
− le recrutement est amélioré ; en extraire les éléments importants (motivation et
− la motivation des étudiants a augmenté. engagement des étudiants) ;
− analyse des problèmes sous toutes leurs formes,
Ces objectifs doivent être opérationnalisés : identification des enjeux, notamment ceux d’ap-
− compétences ou acquis d’apprentissage ? prentissage ;
− objectifs intermédiaires en fin de première année, − résolution du problème, formulation, pour mise en
en fin de premier cycle ; œuvre, acquisition des apprentissages ;
− cette opérationnalisation doit se faire pour chaque − retour sur les apprentissages par la réalisation :
matière. l’important c’est l’apprentissage qui a été mobilisé
pour résoudre le problème plutôt que le résultat lui-
Il convient d’être conscient des contraintes existantes : même.
− ne pas consommer plus de ressources (d’encadre-
ment) que précédemment ; On est dans un modèle d’apprentissage actif, l’essen-
− durée du travail étudiant : quel nombre d’heures tiel étant d’apprendre à apprendre plutôt que la trans-
de travail imposable aux étudiants compte-tenu du mission du savoir ou l’acquisition des connaissances.
temps légal de travail (35 ou 40 heures) : on s’est Les connaissances étant en pleine évolution, ça ne sert
calé sur cette durée légale ; à rien d’accumuler des connaissances qui seront ob-
− problèmes de locaux. solètes dans quelques années, il faut savoir comment
acquérir des nouvelles connaissances. Le travail en
3) La question suivante étant de savoir groupe permet d’atteindre un niveau de maîtrise qu’on
comment fonctionne l’apprentissage ? n’atteindrait pas seul : émulation entre pairs, appro-
priation des connaissances par explicitation à l’autre,
Malgré quelques propos du type : « l’enseignant a le meilleure maîtrise de la communication, coopération,
savoir et le transmet par rayonnement », « on évite les leadership.
réformes » et autres résistances au changement, il fal-
lait se mettre d’accord sur un modèle - sans dire que Cependant, ce n’est pas parce qu’on travaille en groupe
c’était le meilleur (pas de modèle plus pertinent qu’un qu’on est évalué en groupe. Il est nécessaire de bien
autre). expliquer que chacun devra rendre compte individuel-
lement de l’acquisition des apprentissages, tout en évi-
Le choix s’est porté sur un modèle socioconstructi- tant l’écueil suivant (les étudiants se leurrent souvent) :
viste contextualisé, dont la philosophie générale est la la résolution du projet n’est pas le but ultime.
suivante : les méthodes pédagogiques sont ancrées
dans un contexte qui vise à se rapprocher du réel, des
situations professionnelles. Elles mobilisent des com- La mise en œuvre du dispositif
pétences visant des objectifs de haut niveau ; elles re-
posent sur des interactions entre les divers partenaires Pour chaque activité, il a fallu définir des objectifs spé-
de la relation pédagogique qui conduisent à la pro- cifiques, trouver un bon projet, un bon problème per-
duction de « quelque chose » de personnel (nouvelles mettant d’atteindre ces objectifs : « un bon problème
connaissances, rapports, présentations, prototype, est un problème qui a été travaillé en équipe d’ensei-
etc.). Ainsi, les étudiants construisent leurs savoirs à gnants ». On apprend à collaborer entre enseignants.
partir des savoirs existants, en interaction avec leurs On a aussi bien des interactions qui peuvent s’étaler

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 19/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
6) Est-ce que cela marche ?
sur un semestre, comme des actions qui viennent se
greffer à tel ou tel moment stratégique du projet, per-
mettant une cohérence globale des apprentissages, Une étude d’impact
sur le semestre.
L’idée a été de s’inspirer des études d’impact, et pour
Au niveau de l’équipe d’enseignants, il est nécessaire : ce faire, un groupe a été constitué avec pour tâche de
− de formuler des objectifs en termes d’acquis plutôt réaliser cette étude d’impact et voir si ce projet était
que de contenus (ce fut une révolution en 2000, positif.
mais cela devient un standard un peu partout) ;
− de se concerter à l’intérieur d’une même matière ; Le groupe a conçu une série d’outils et indicateurs :
de se coordonner entre plusieurs matières (les acti- questionnaires, épreuves test aux étudiants de troi-
vités proposées aux étudiants doivent faire sens) ; sième année pour mesurer la rétention des connais-
− de discuter d’enseignement entre collègues (même sances acquis en première année, dans les années qui
discipline ou autre), ce fut une nouveauté. ont suivi la réforme (avant et après la réforme).

Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre d’un Sur les 80 compétences spécifiques, le constat fut le
tel projet : suivant :
− collectiviser les expériences (bonnes ou moins − pour 50 compétences : pas de changement du ni-
bonnes) ; veau des étudiants après la réforme ;
− éviter le morcellement des activités (coordination − pour 25 compétences : on note un changement si-
d’autant plus importante) ; gnificatif et positif ;
− étaler ces activités dans le temps pour équilibrer la − pour 5 compétences, on constate un changement
charge de travail pour les étudiants. négatif.

5) Le métier d’enseignant s’en trouve-t-il L’équipe du projet en a déduit une modeste améliora-
changé ? tion pour le ¼ des compétences, mais l’intérêt porte
surtout sur l’amélioration de compétences qui n’avaient
Cela change fondamentalement le métier d’enseignant, pas été travaillées jusque là.
qui devient « concepteur d’occasions d’apprendre ».
L’enseignant devient un scénariste et les élèves sont Un élément négatif ressort de cette étude d’impact :
acteurs de la pièce. Cela suppose que l’enseignant l’effet d’entraînement généré n’a pas été aussi large
abandonne son rôle d’acteur principal, renonce au qu’espéré. L’équipe porteuse de la réforme s’est énor-
cours magistral. Il change de fonction, devient tuteur, mément investie dans la mise en œuvre, mais n’a pas
« facilitateur », travaillant sur du diagnostic. Cela de- pris le temps de communiquer hors de l’équipe. Cer-
mande sans doute une formation, pour aider à ce chan- tains collègues n’ont donc pas suivi.
gement.
Pour les enseignants, les aspects positifs ont été
Par le travail avec de petits groupes, on voit mieux les d’avoir consacré du temps pour se mettre d’accord sur
problèmes que peuvent avoir les étudiants. Dans le les vrais enjeux, pour se former, pour se coordonner;
même temps, les cours qui sont maintenus deviennent d’avoir amélioré l’intégration entre les disciplines.
des cours de restructuration, qui viennent après les ap-
prentissages pour aider à refaire les liens entre appren- Enfin, il faut noter l’intégration du projet dans le cadre
tissages. Cette façon d’envisager le cours est beaucoup d’une démarche qualité à l’Université catholique de
plus épanouissante ; l’essentiel des apprentissages est Louvain et dans une démarche « acquis d’apprentis-
fait, les étudiants peuvent comprendre, discuter. sage » (intended learning outcomes).

Une des grosses difficultés de l’APP, c’est l’évaluation :


il faut concevoir des dispositifs corrects pour évaluer Des critères pour une formation de qualité à
les compétences transversales, transdisciplinaires, l’UCL
comportementales, peu compatibles avec un examen
en salle, un travail écrit. • Huit critères de pertinence : une formation de qua-
lité a pour objectif(s) de favoriser…
− l’engagement et autonomie de l’étudiant dans sa
formation ;
− l’acquisition de compétences disciplinaires et tech-

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
niques, en lien avec des savoirs et des démarches La recherche de cohérence est un gage de qualité : les
issus notamment de la recherche ; enseignants alignent leurs activités d’enseignement et
− l’ouverture à l’interdisciplinarité ; les méthodes d’évaluation sur les intentions pédago-
− le développement d’une démarche d’analyse et de giques qu’ils visent (acquis d’apprentissage visés).
jugement critique ;
− le développement de compétences sociales, rela-
tionnelles et communicationnelles (y inclus l’appren-
tissage des langues) ; llll
− le développement de la capacité à entreprendre ;
− l’ouverture sur le monde ;
− la préparation à l’insertion socio-professionnelle.

• Sept critères relatifs aux moyens mis en œuvre : VII - Savoir, savoir-faire,
une formation de qualité prend appui sur…
− les ressources didactiques (y inclus les TIC et les compétence : que peut-on
bibliothèques) favorisant un apprentissage en pro- attendre d’un dispositif
fondeur ;
− la diversité de situations d’apprentissage (en et hors éducatif de qualité ?
présentiel) ;
− la cohérence du dispositif pédagogique (objectifs, A) Conférence de Xavier Roegiers
méthode, évaluation) ; Xavier Roegiers est président du BIEF, à Louvain-
− la valorisation de l’engagement pédagogique des la-Neuve et professeur à l’Université catholique de
enseignants ; Louvain-la-Neuve.
− le soutien aux innovations pédagogiques ;
− le développement pédagogique des enseignants ;
− l’évaluation de la qualité des enseignements et des Le domaine d’intervention auquel j’appartiens est
programmes. encore peu connu : architecte des approches curricu-
laires, depuis la construction d’un projet d’éducation
• Deux critères d’équité : Une formation de qualité jusqu’aux pratiques d’enseignement-apprentissage et
propose… d’évaluation. « Mon travail consiste à aider les sys-
− Des dispositifs d’aide et d’entraide : information, tèmes éducatifs à formuler un projet d’école et à traduire
orientation, préparation, diagnostic, entraînement, ce projet en actions concrètes », pour que l’innovation
soutien social ou financier, remédiation ; se traduise en pratiques de classe, et pour toutes les
− Une offre de formation et des ressources adaptées classes, pas uniquement les classes privilégiées, pour
aux besoins spécifiques des différents publics aux- garantir l’accès à l’innovation pour tous comme c’est
quels la formation s’adresse. trop rarement le cas dans les réformes.

La démarche « acquis d’apprentissage » : un On peut observer deux types de situations :


changement de paradigme − les pays avancés sur le plan pédagogique et cur-
riculaire, mais qui ont de nouveaux défis  ; il s’agit
Cette démarche suppose le passage d’un enseigne- de réfléchir à des issues réalistes et « politiquement
ment centré sur la maîtrise du processus vers un en- acceptables » car ils sont souvent embourbés dans
seignement centré sur l’atteinte des résultats. Dans le un système de contraintes de toutes sortes qui rend
premier cas, l’enseignant choisit les contenus, dans le toute innovation difficile ;
second les objectifs sont fixés par l’équipe. Il s’agit de − les pays dont le système éducatif est en difficulté ;
déterminer les acquis d’apprentissage. plus grand chose ne semble fonctionner correcte-
ment  ; il s’agit alors de proposer des stratégies et
Pour cela, il y a des priorités : Quelles sont les connais- des dispositifs qui permettent de repenser le sys-
sances qui valent la peine d’être apprises? Quelles tème en profondeur, tout en se basant sur les ac-
sont les connaissances et attitudes qu’il est important quis.
de maîtriser? Existe-t-il ou faut-il hiérarchiser les ac-
quis? Comment définir les informations importantes  ; Certains concepts qui font apparemment consensus
comment mesurer l’acquisition des apprentissages? sont en réalité des facteurs de blocage, comme l’inter-
Comment entraîner les étudiants à réussir cette éva- disciplinarité, la qualité, l’autonomie. Ils sont à remettre
luation? en question pour ce que l’on en fait dans les curricula.

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 21/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
Alors qu’ils devraient être porteurs de valeurs nou- On n’a pas besoin d’élèves qui savent restituer le
velles, ces concepts sont récupérés par le système savoir : il est déjà transmis, nous dit Michel Serres.
de la marchandisation, et sont donc devenus alié- « Transmettre le savoir n’a plus de sens ». Il faut
nants. dépasser le stade de la compréhension et articu-
ler réflexion et action dans nos sociétés post-mo-
Les défenseurs de valeurs humanistes n’ont pas dernes. Trop peu d’action ne fait pas avancer les
réussi à mettre en place des dispositifs adéquats choses. Mais s’il y a trop de réflexion, ça ne marche
pour servir l’école publique. Il s’agit maintenant de pas non plus...
mettre ces concepts et ces belles idées au service
de ceux à qui en ont le plus besoin.
Quelques questions clés pour arriver à une
Un premier problème se pose d’emblée à celui qui bonne articulation réflexion/action 
réfléchit à l’architecture curriculaire : pour expliquer
les facteurs de progrès ou de régression des sys- Au plan philosophique, épistémologique
tèmes éducatifs, il faut tenir compte de trois dimen-
sions : la pertinence, l’efficacité, l’équité. C’est ce qui − Ce qui est développé à l’école est au service de
rend la notion de qualité et l’existence « d’agences de quel projet de société ?
qualité » peu adéquates comme telles dans les sys- − Ce qui est développé à l’école est au service de
tèmes publics d’enseignement car elles ne prennent qui ?
pas en compte la pertinence et l’équité. S’il existe − Matières scolaires et Bien commun ;
des agence qualité ou d’efficacité, existe-t-il une − Matières scolaires et générations futures ;
agence de pertinence ou d’équité ? − Aujourd’hui, il s’agit de voir loin et puissant (le ré-
alisme doit venir, mais dans un deuxième temps).
Pour ce qui est de la pertinence, l’enseignement
de ces 20 dernières années a montré la nécessité Au plan politique
de se préoccuper des valeurs de l’école (voir par
exemple les mouvements des indignés). On ne peut − Redéfinir les valeurs : quelle pertinence (et
pas concevoir de revoir un système éducatif en fai- qu’est-ce que cela veut dire ?), quelle efficacité,
sant l’impasse d’une discussion sur les valeurs. Et au service de quoi ? quelle équité ? Traduire ces
suite à cette discussion, il faut mettre l’approche valeurs en termes d’approche curriculaire ;
curriculaire en cohérence avec les valeurs. Pour les − Avoir une approche curriculaire clairement éta-
pays qui dont le système éducatif est en souffrance, blie, mais sur le plan des pratiques de classe au
il faut travailler sur une vision globale du système : quotidien de la classe, ne pas tomber dans un
formation des enseignants, curriculum, évaluation... dogmatisme étroit en termes de méthodes péda-
gogiques ;
Les réponses récentes, comme l’interdisciplina- − Travailler en parallèle avec l’enseignement supé-
rité, la différenciation, les capacités transversales rieur : enrichissement mutuel des curricula.
agissent rarement sur les trois plans à la fois, celui
de la pertinence (du sens), celui de l’efficacité (de Au plan curriculaire
la qualité) et celui de l’équité. Or les trois facteurs
doivent être concomitants. − Déterminer un profil de sortie en termes de si-
tuations complexes d’intégration, ce qui néces-
En ce qui concerne l’équité, y a-t-il, à grande échelle, site une réflexion épistémologique triangulaire :
une amélioration (efficacité ET équité) ? PISA « contenus, école et société » ;
montre une diminution de l’équité, alors que toutes − S’assurer en premier lieu qu’on puisse faire bou-
les chartes et discours d’orientation proclament le ger le système d’évaluation : sinon, on risque fort
contraire. Il faut donc changer le plan de l’archi- de ne brasser que du vent ;
tecte, et prendre d’autres mesures pour prendre en − Développer différents types de ressources (sa-
compte les trois facteurs. En éducation, ne travailler voirs, savoir-faire, capacités méthodologiques,
que sur la qualité, au détriment de la pertinence et mise en projet …) et les mettre au service du trai-
de l’équité est tout aussi aberrant, dans le domaine tement de situations d’intégration ;
de la mobilité, que de ne travailler qu’à améliorer les − Penser avant tout l’évaluation en termes de situa-
routes, sans se préoccuper de l’état des véhicules et tions complexes ;
des compétences des conducteurs. − Interdisciplinarité : richesse et limites ;
− Différenciation : richesse et limites.

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
Les approches curriculaires sont liées aux valeurs. Si des ressources (savoirs, savoir-faire…) et des phases
on considère que ces valeurs devraient être standardi- de résolution individuelle de problèmes.
sées, ces approches se feront plutôt par les standards;
s’il s’agit de développer des savoirs et la culture, on Si, chronologiquement parlant, on commence les ap-
aura plutôt une approche par les contenus ; si les va- prentissages par les situations d’apprentissage des
leurs sont contextualisées, l’approche curriculaire sera ressources, le responsable des curricula démarre la
basée sur un profil de sortie qui privilégie des situations réflexion par les situations d’intégration, parce que ce
complexes contextualisées que l’élève va être amené sont elles qui conditionnent le reste des apprentissages
à résoudre. en proposant un cadre d’action.

Il faut effectuer un recentrage vers des approches cur- Quant aux situations d’apprentissage des ressources,
riculaires contextualisées, surtout dans nos sociétés elles peuvent faire l’objet de travaux en petits groupes ;
francophones et latines. L’approche par les contenus l’idée est que les enseignants développent les res-
a montré ses limites. Plus on avance dans la standar- sources spécifiques à partir des meilleures méthodes
disation, plus on se rend compte à quel point elle est pédagogiques à leur disposition (ce peut être un cours
peu adaptée aux valeurs de nos sociétés francophones magistral s’il n’y a rien d’autre) ; la première innovation
et latines. L’école a besoin de contextualisation, elle a qu’on introduit dans le système éducatif est la pratique
besoin de vie. des situations d’intégration. Ensuite, dans un deu-
xième temps, on fait évoluer les pratiques de classe
En termes curriculaires, on pourrait dire qu’on a besoin en suggérant par exemple au prof de cours magistral
de combiner du complexe et du concret. Peu d’ap- de proposer aux élèves de mener une enquête ou de
proches curriculaires ont réussi à articuler ces deux résoudre une situation-problème, qui vont être le point
éléments. La Pédagogie Par Objectifs (PPO) mettait de départ de l’apprentissage.
l’accent sur le concret, sur le caractère évaluable, alors
que l’approche par compétences transversales ne vi- Un changement de pratiques pédagogiques met 5,
sait que sur le côté complexe des apprentissages, sans 10, 15 ans à s’implanter  ; il faut donc accepter que
proposer de pistes crédibles pour l’évaluation. cette deuxième innovation, relative aux pratiques
quotidiennes de classe, s’inscrive dans le temps. En
Comme piste pour travailler conjointement sur le com- revanche, l’expérience a montré que l’introduction de
plexe et le concret, on peut citer l’approche par inté- la pratique des situations d’intégration peut s’installer
gration des acquis, qui consiste à développer différents assez rapidement.
types de ressources (savoirs, savoir-faire, capacités
méthodologiques, mise en projet, etc.) et les mettre au
service de situations d’intégration, que l’élève est invité Au plan organisationnel
à résoudre individuellement. Ces situations sont aussi − Partir de ce que sont les enseignants, plutôt que de
une base pour l’évaluation : il s’agit de penser l’évalua- ce qu’on voudrait qu’ils soient. Il faut partir du ter-
tion au départ de la réflexion curriculaire. rain, avec des échantillons représentatifs d’écoles,
de tous niveaux et de tous milieux, plutôt que des
Dans une optique d’intégration des acquis, quelles si- laboratoires de recherche ou des écoles pilotes en-
tuations complexes l’élève doit-il pouvoir résoudre à tel gagés dans des « innovations », qui risquent alors
ou tel moment de l’apprentissage ? de ne pas être reproductibles dans des écoles de
moindre niveau.
Il s’agit de deux types de situations complexes : (1) des − Avoir confiance dans le potentiel d’évolution des
situations d’apprentissage (situations de recherche par enseignants ;
groupes par exemple) dans les périodes de dévelop- − Les outiller et les encadrer.
pement de ressources, qui sont en général de 5 ou 6
semaines (2) des situations d’intégration à résoudre Au plan didactique
individuellement dans les périodes réservées à l’inté-
gration des acquis. On y consacre par exemple une − Accepter la pluralité des démarches didactiques,
période de deux semaines, exclusivement consacrées mais en même temps rester très critique, et ne pas
à la résolution de problèmes et de situations complexes tout accepter ; toujours revenir aux trois valeurs pour
qui amènent l’élève à mobiliser ce qu’il a appris pendant évaluer la didactique (pertinence, efficacité, équité) ;
les 5 ou 6 semaines d’apprentissage de ressources. − Nourrir les contenus par le complexe et par les
contextes, dans le sens de la démarche d’investiga-
Il y a donc alternance entre des phases d’acquisition tion ;

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 23/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
− Amener les élèves à problématiser, plutôt qu’en faire les collecteurs agrées, font partie du PRAO.
spectateurs d’expériences : l’expérience est au service
d’un questionnement ; en faire le déclencheur à partir du- Le PRAO travaille sur le plan de professionnalisation en
quel on dégage une loi ne fait qu’illustrer une loi (dérive de formation et en insertion en plus de problématiques d’orien-
l’utilisation du matériel en labo) ; tations. Il a trois missions :
− Se méfier de toute activité dans laquelle chaque élève ne − Développement de statistiques sur des sujets ayant un
mobilise pas sa réflexion ; rapport avec l’emploi formation comme par exemple
− Utiliser les ressources d’Internet pour les connaissances « les sorties du système scolaire, des contrats d’ap-
et pour les démonstrations, et recentrer les cours sur la prentissage, la mobilité et sur toutes études portant sur
problématisation d’une part, et sur l’intégration d’autre part. le marché du travail » ;
− Développement d’informations par le biais de deux
Ce sont les élèves qui doivent problématiser les contenus, sites : Un pour les professionnels www.prao.org et
pas l’enseignant. Il y a des dérives, par exemples les démons- un pour le public www.rhonealpes-orientation.org  ;
trations en labo de physique, et dont l’aspect de démonstra- programme annuel de professionnalisation pour les
tion peut être en contradiction avec la démarche de problé- professionnels de l’orientation et pour les formateurs ;
matisation. L’enjeu reste ici encore d’amener chaque élève à − Soutien et développement de projets et dispositifs favo-
mobiliser sa réflexion. risant la coopération et l’innovation entre les réseaux
ainsi que porteur de la cellule ressource VAE en région.
Et l’enseignement supérieur ? Un grand principe : ne jamais travailler avec un seul des ré-
seaux. Même si un réseau fait appel au PRAO, le principe
Apparition d’un nouveau modèle ? « L’humanisme en projet » sera de mobiliser sur chaque projet au moins trois réseaux.
vs l’attente d’employabilité et les bonnes pratiques ? On part
du principe que la politique est bonne et que la pratique qui en Les structures AIO sont aussi adhérentes au PRAO et ré-
découle est donc bonne aussi (rôle grandissant des politiciens alisent environ 400 « journées industrie » par an dans le
et désormais des technocrates). cadre des missions du PRAO (journées de travail fournies
par les réseaux dans un esprit de coopération, de participa-
Il est nécessaire de retrouver chez l’élève un potentiel de tion à la recherche sur l’orientation).
réflexion critique qui relève de notre rôle de citoyen. « Mais
l’humanisme tourne à vide s’il n’est pas mis en projet ». Dans
ce sens, il existe des excès dans des filières académiques Présentation d’un projet : la mise en place d’une
mais aussi, à l’inverse, des filières adossées excessivement démarche de progrès en plusieurs étapes.
à l’emploi.
Projet européen pour améliorer l’orientation.
En ce qui concerne les formations professionnalisantes : il faut
dépasser le concept de professionnalisation. L’étudiant ne • Objectif :
doit plus être acteur mais auteur de sa formation, l’enseignant
chercheur ne descend pas sur le terrain, il y monte. L’enjeu Viser une amélioration globale du système d’orientation,
didactique : s’appuyer sur des principes de didactique profes- démarche partagée et contextualisée au niveau européen.
sionnelle et les transformer en pratiques d’enseignement et
d’évaluation. Le travail a démarré en 2003 autour des « quatre moteurs
pour l’Europe » (Bade Wurtemberg, Lombardie, Rhône-
B) Contrepoint (A.Grimand) Alpes et Catalogne) à partir d’un constat : les gens ont du
mal à se repérer devant le nombre sans doute trop impor-
Aline Grimand est chargée de mission ingénierie tant d’acteurs de l’orientation sur les territoires. Il s’agissait
de l’orientation, GIP PRaO, Pôle Rhône-Alpes de alors de développer la coopération au sein des réseaux
l’orientation. d’Orientation ; accroître la lisibilité des dispositifs d’orienta-
tion (DO) ; améliorer l’accessibilité des usagers.
Présentation du PRAO
• Première phase, le projet DROA (Développement des
GIP créé en 2004 par l’État (dont l’éducation nationale-rec- Réseaux pour l’Orientation Active » (de 2003 à 2006) :
torat), la région et des partenaires sociaux. Il fédère 20 ré- − Plusieurs travaux par enquêtes : état des lieux sur et
seaux de l’orientation au niveau national et développe des avec quelques territoires régionaux (connaissance de
actions dans le domaine de l’orientation et de la formation l’existant : quels organismes, quels professionnels,
tout au long de la vie. Les OPCA, organismes paritaires quels publics, etc.) ;

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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
− Travail sur les pratiques : réalisation d’une enquête pour Quelle utilisation de la démarche qualité ?
connaître la formation initiale et continue des professionnels − Mise en place de sessions de professionnalisation
et les compétences jugées nécessaires par eux pour tenir (qualité en orientation) régulières en Rhône-Alpes;
leur poste de conseillers, personnels ; − Utilisation des indicateurs dans la mise en place du
− Grande enquête (menée notamment avec l’INRP) sur les SPFR et SPO par la Région et l’Etat;
usagers des DO : leur premier besoin est de trouver du tra- − Diffusion européenne dans le cadre du projet DAQOR
vail, ensuite de faire une formation, alors que les profession- (Développement pour l’Amélioration de la Qualité en
nels s’attendaient à des besoins d’écoute, sur des aspects ORientation) et rédaction d’un manuel d’accompagne-
psychologiques ; ment à l’appropriation de la démarche.
− Recommandations communes entre les quatre régions eu-
ropéennes pour l’amélioration des dispositifs d’orientation.

• Dans un second temps, le projet AQOR (Amélioration llll


pour la Qualité en ORientation (de 2007 à 2009) :
− Dépôt d’un projet appelé “transfert d’innovation” (également
projet Leonardo da Vinci) poursuite du projet avec glisse- VIII - Conclusion
ment de territoires: Vénétie, Pologne, université Bretagne
sud, Cité des Métiers de PACA (Marseille). En Rhône-
Alpes, les réseaux locaux de Bourg en Bresse et Lyon ont
Éric Guillot, responsable du Service ingénierie de
été territoires expérimentaux. formations innovantes, IFÉ
− Mettre en pratique les recommandations, dans la dyna-
mique d’une très bonne évaluation de l’agence Leonardo
da Vinci ; La qualité appliquée au domaine de l’éducation provoque
− Diffuser les résultats : faire prendre conscience aux nou- au moins deux types de réactions, celle des pro, armés
veaux partenaires de la nécessité d’améliorer le système d’indicateurs, sous la bannière de l’évaluation des poli-
d’orientation ; tiques publiques ou des investissements, thuriféraires de
− Etablir une liste d’indicateurs : 42 indicateurs élaborés et la mesurabilité de toute action dans tout secteur et de sa
retravaillés quant à leur pertinence pour améliorer la qualité mercantilisation, et celle des antis, abrités derrière le bou-
dans le domaine d’orientation ; clier de la pédagogie des bons sentiments, drapés dans
− Vérifier la validité de ces indicateurs : tests auprès des struc- l’école de la république, survivants du manque de moyens.
tures, des professionnels de l’orientation (PO) ;
− Rechercher des preuves tangibles démontrant la validité de Ces deux approches fondées sur une idéologie ou un juge-
la qualité annoncée, car il y a une demande des profession- ment moral, caricaturées à plaisir, enveniment un débat qui
nels. comme le prouve les interventions recensées ici pourrait
permettre aux acteurs de l’éducation de prévenir certains
• Utilisation obstacles, de remédier à certaines situations et en tous cas
Les indicateurs représentent une base pour réaliser une auto- de tenter de percevoir de manière objective le processus
évaluation du système d’orientation (utilisation d’une grille d’au- en cours dont on sait la difficultés tant les facteurs et les ac-
to évaluation créée dans ce cadre). teurs sont nombreux dans la génération de connaissance.
Quatre catégories d’indicateurs ont été déterminées :
− Grands principes ; La qualité ce peut-être d’abord évaluer, considérer un dis-
− Politiques et planification ; positif éducatif comme un objet en soi, une mécanique pro-
− Services rendus au public ; duisant des interactions dont il faudrait optimiser les diffé-
− Vie des réseaux. rents éléments. Cela peut s’avérer nécessaire mais reste
insuffisant sans la prise en compte de l’environnement, de
20 indicateurs prioritaires ont été identifiés. la contingence, dans une approche globale qui permette
de passer du constat au diagnostic. La régulation est une
Pour mettre en œuvre une auto évaluation, il faut : réponse insuffisante à résoudre certains dysfonctionne-
− Choisir les indicateurs en fonction des objectifs de dévelop- ments et pauvre en innovation surtout quand l’évaluation
pement que l’on se fixe, se questionner pour savoir où en fait partie des outils de l’aide à la décision. L’évaluation
est la structure par rapport à cet indicateur et trouver ensuite doit donc s’utiliser dans une dynamique qui prennent en
les preuves correspondant à sa mise en œuvres. compte non seulement les remédiations mais aussi et sur-
− Chercher à améliorer, corriger, certains aspects, comme tout permette une approche plus prospective et donc plus
la mise en place d’un bureau fermé pour les entretiens par préventive de l’enseignement et de ses difficultés.
exemple.

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 25/32


Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
La qualité est aussi et sans doute avant tout la sa- sités françaises même après le passage aux compé-
tisfaction d’un besoin identifié, d’où l’importance des tences élargies font pâle figure quand on leur demande
objectifs, du cahier des charges et l’individualisation de répondre aux indicateurs « d’accountability » chers
du parcours de l’apprenant. Toutefois la formation aux universités du nord de l’Europe. Ce mouvement
professionnelle ne peut se contenter d’une approche décrété comme inéluctable pose la question
centré sur le salarié elle doit aussi prendre en compte essentielle des missions confiées à l’enseignement
les attentes de l’entreprise, ce qui ne peut se faire que supérieur face à la massification des ses activités de
dans le cadre d’une co-construction, d’échanges entre formation. Conséquence de ces démarches à base
l’immédiateté du besoin de compétences, la durabilité d’indicateurs l’évaluation de l’enseignement supérieur
des savoirs enseignés et l’évolutivité des savoir faire au Royaume-Uni s’exerce au travers du « publish or
acquis. perish » et du questionnement de la professionnalité
de l’universitaire qui tend à intégrer une approche plus
Ce triptyque professionnel répond de manière incom- réflexive du travail d’enseignant-chercheurs.
plète à des attentes plus générales comme celle de
« former des citoyens ». Comment évaluer les résul- Le salut nous viendra-t-il du secteur médical, particu-
tats d’une telle ambition pourtant ancrée au cœur du lièrement exposé puisque l’évaluation tend à devenir
projet de l’Ecole en France. En l’absence de pres- non sans raison le monopole des patients. La prise en
criptions claires c’est aux acteurs de concevoir des compte des modalités d’apprentissage, l’implication
normes conformes à leurs valeurs et en adéquation de chacun des acteurs, la définition interdisciplinaire
avec leur environnement. Complétées par l’évaluation des objectifs de formation, la reconnaissance de savoir
elle doivent permettre d’approcher tout en acceptant faire dans le domaine de la pédagogie, l’évaluation
de ne jamais l’atteindre totalement une mesure objec- tant par les pairs que par les étudiants dans un souci
tive des résultats. de propositions d’innovations propres à résoudre les
difficultés rencontrées offrent un cadre à la fois rassu-
La qualité est aussi à concevoir comme une dyna- rant et motivant au « quality enhancement » réclamé
mique centrée sur le résultat, un agencement des par les standards du New Public Management.
moyens et des méthodes qui tienne compte à la fois
de leur mesure mais aussi du contexte et de la dura- Autre secteur sensible à la qualité car confronté à la
bilité hors contexte des compétences acquises. La concurrence, les écoles d’ingénieurs. L’expérience
prescription taylorienne de la norme s’inscrit à l’op- menée à Louvain est celle d’un reengeneering des for-
posé dans l’obligation de moyens dont on va mesurer mations qui prend en compte les attentes des élèves
les effets de manière mécaniste et donc sans prendre comme celles de jeunes professionnels autonomes et
en compte les facteurs qualitatifs externes et internes non plus comme des sujets à éduquer. Cette refonda-
qui peuvent peser ou faciliter le processus d’appren- tion est complétée par des modalités d’évaluation par-
tissage. tagées par tous et une étude d’impact dont les critères
font sens pour l’ensemble des acteurs.
C’est pour cette raison que le cadre commun de
connaissances et de compétences est un excellent La qualité comme outil de contrôle et de prescription
outil de mesure de ce qui se passe. Les 15% de décro- fondé sur des batteries d’indicateurs qui ne font sens
cheurs, les difficultés récurrentes de la filière profes- qu’auprès des décideurs semblent avoir encore de
sionnelle, l’accroissement des inégalités sont autant l’avenir malgré les démonstrations sur les limites de
d’éléments qui deviennent incontestables. Pourtant l’exercice. En revanche une approche concertée et
les réponses apportées demeurent dans l’ordre de la dynamique qui prenne en compte les acteurs et leur
régulation et non de l’amélioration. environnement afin de faire sens devrait permettre
de concevoir la qualité comme un outil souple de dia-
La Qualité est inséparable de son corollaire le contrôle, gnostic et d’amélioration durable de l’acte éducatif.
qui au Royaume-Uni porte principalement sur les en- L’enjeu est de s’éloigner du jugement moral ou de
seignants, le leadership, les chefs d’établissement et l’opinion pour parvenir à une compréhension objec-
le curriculum. La qualité à l’anglo-saxonne passe par tive des besoins, des moyens, des capacités en jeu au
la responsabilisation des établissements seule ca- bénéfice du plus grand nombre.
pable de garantir une progression des résultats. Cette
idéologie de la responsabilité de la qualité se retrouve llll
bien évidemment dans la conception de la qualité de
l’enseignement supérieur. Reléguées en fin de classe-
ment par les sondages évaluatifs de l’EUA les univer-

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n° 172, p. 43-61. En ligne : http://rfp.revues.org/2217

l l l l Compte-rendu du séminaire du 22 et 23 novembre 2011 - IFÉ -ENSL 29/32


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Regards croisés sur la qualité en éducation et formation
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