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57 LES ENJEUX DE L’ÉLARGISSEMENT

DE L’UNION EUROPÉENNE
Le 1er janvier 2007, l’Union européenne est passée à vingt-sept avec l’accueil de
la Roumanie et de la Bulgarie. L’arrivée des PECO offre des perspectives écono-
miques à tous les pays membres. Il pose néanmoins le problème des institutions
européennes, ainsi que celui du coût économique et social de l’intégration.

LES MODALITÉS DE L’ÉLARGISSEMENT

q Un élargissement progressif…
L’élargissement de l’Europe s’est réalisé par étapes (voir fiche 56) et porte depuis
2000 sur l’accès des PECO (pays d’Europe centrale et orientale). Il a impliqué la réforme
des institutions et de certaines politiques de l’Union (politique agricole commune et poli-
tique structurelle). Il a été précédé de la mise en place d’aides de pré-adhésion pour l’en-
semble des pays concernés qui ont dû,
par ailleurs, adapter leurs économies et
leurs sociétés aux exigences imposées Bulgarie et Roumanie
par l’entrée dans l’Union européenne.
À ce titre, des programmes d’aide et de Sofia et Bucarest ont échappé de jus-
coopération visant à rapprocher progres- tesse au couperet de l’Union européen-
sivement les niveaux de développement ne, qui vient de décider de différer tou-
te nouvelle adhésion tant qu’elle ne se
et de fonctionnement des systèmes éco-
sera pas donné les moyens institution-
nomiques entre les candidats et les États nels et financiers de renforcer sa « ca-
membres, ont été mis en place. pacité d’intégration ». Les États de l’ex-
Yougoslavie et, bien sûr, la Turquie
q … qui marquera le pas attendront des jours meilleurs. La Bul-
garie et la Roumanie, elles, deviendront
Ce processus d’élargissement, initié lors
membres dès le 1er janvier 2007.
de la conférence intergouvernementale de Source : Le Monde, 27 décembre 2006.
2000, n’est sans doute pas arrivé à son
terme puisque des négociations se sont
ouvertes, en 2005, avec la Turquie et la Croatie. Cependant, les dirigeants européens tout
comme le Parlement européen, prônent aujourd’hui un ralentissement de l’élargissement
de l’Union, largement lié à la nécessité de réformer les institutions de l’Europe.

LES EFFETS DE L’ÉLARGISSEMENT


q Les risques économiques et sociaux liés à l’élargissement
L’élargissement pèse certes sur le budget communautaire ; le total des dépenses
d’élargissement s’est élevé à plus de 40 milliards d’euros entre 2004 et 2006.
Cependant, compte tenu des contributions des nouveaux entrants au budget commu-
nautaire, les paiements nets à destination des nouveaux membres représenteront envi-
ron 10 euros par an en moyenne pour les habitants de l’Union à 27, et cela pour aussi
longtemps que nécessaire.

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L’élargissement peut néanmoins constituer une menace sur la politique agricole
commune européenne et accentuer la concurrence dans ce secteur car certains nou-
veaux arrivants (la Pologne ou la Hongrie par exemple) sont de grands pays agricoles. Si
ces derniers peuvent être désavantagés par des gains de productivité plus faibles que
ceux dont bénéficient les agriculteurs de l’Europe de l’Ouest par exemple, cela est com-
pensé par des tarifs agricoles en général plus élevés pour les anciens pays de l’Union.
L’élargissement peut dans ces conditions rendre plus difficile la préservation d’un
« modèle agricole européen ».
L’élargissement de l’Europe en direction des pays de l’Est est aussi susceptible d’ac-
croître les inégalités économiques : en moyenne, la richesse par habitant des 12 nou-
veaux pays entrés depuis 2004 est inférieure de moitié à la moyenne européenne ;
seuls la Slovénie, la République tchèque et la Hongrie dépassent ce seuil. À titre de com-
paraison, le PIB par habitant des pays entrés entre 1981 et 1985 (Grèce, Espagne et
Portugal) n’était que 40 % inférieur à la moyenne européenne de 1986.
En outre, l’importance des écarts de niveau de vie entre les pays formant le nouvel
ensemble laisse présager des délocalisations d’entreprises importantes de l’Europe de
l’Ouest vers l’Europe de l’Est.
L’absence de construction politique de l’Europe favorise la pratique de « dumping fis-
cal et social », ce qui rend aléatoire la définition de normes sociales communes ainsi
qu’une harmonisation fiscale, même si la volonté à long terme semble se renforcer
depuis 2007.

q Un élargissement cependant à relativiser


et pouvant être bénéfique
Les nouveaux entrants dans l’Europe occupent un poids démographique marginal
dans le nouvel ensemble : ils représentent moins d’un cinquième de la population de cet
ensemble. Leur intégration à la division européenne du travail économique est un pro-
cessus qui s’est réalisé par la baisse progressive des barrières commerciales depuis
dix ans et grâce aux flux d’investissements directs étrangers.
Les pays d’Europe centrale et orientale réalisent les deux tiers de leurs échanges
avec l’Union. Ces pays sont du reste confrontés aux mêmes problèmes de vieillissement
et de chômage structurel élevé que ceux de l’ancienne Union européenne, ce qui les
conduit à mettre en place des systèmes de protection sociale similaires à ceux qui pré-
valent de manière générale dans l’Union à 15.
L’Union européenne constitue désormais un grand marché unique de 27 États
membres, représentant plus de 100 millions d’habitants, susceptible de stimuler la
consommation et l’investissement de l’ensemble de la zone. Le rattrapage économique
que connaîtront les pays nouvellement entrés pourra exercer un effet dynamisant pour
la croissance de l’Union européenne élargie. En effet, l’importance des taux d’équipe-
ment de ces pays témoigne de leur forte demande. Aussi les opportunités de gains de
parts de marché sont-elles non négligeables pour les entreprises des pays membres de
l’Union européenne à 15.
En outre, une intégration élargie permet de souder le continent européen et en fait
une zone économiquement et politiquement plus forte pouvant exercer un contrepoids
entre les espaces américain et asiatique.

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