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JEAN-MARIE

JEAN-MARIE ANDRE
ANDRÉ
Ancien έΙλνθ l'*cale Normale Sup&ieure
Blbve de l'Ecole Supérieure
Conférences a
Msitre de Conferences
Maitre lο Faculté
A la Faculte des Lettres de Dijon

MECENE
Essai
Essαi biographie spirituelle
de biogrαphie

ΒΕ L'UNIVERSITÉ
LI'IT~~RAIRES
ANNALES LITfERAIRES DE L'UNIVERSITE ΒΕ BESAN~ON
DE BESANÇON
Vol.
Υοl. 86

LES BELLES LETTRES


BOULEVARD
95, BOULEVABD RA~PAIL
RASPA]L

PARIS-VI·
PARIS-VIe
-
1967
1967
UXORI
UXORI CARISSIMAE
CARZSSIMAE
Introduction

Les
Les biographies de Mecene Mécène ne manquent pas depuis la fui fin du siècle
siecle
demier,
dernier, qu'elles soient autonomes, comme celles de Kappelmacher
ou de Goetz, de Fougnies, dΆνaιIοne,
de Goetz, dlAvallone, ou insérées
inserees dans un ensemble
plus νaste, comme le traνail
vaste, comme travail deja
déjà ancien de Gardthausen. Il n'est n'est
guère dΌιiνrage
guere d'ouvrage sur l'epoque augustéenne qui ne fasse surgir àiι plu-
1'Cpoque augusteenne
sieurs reprises,
sieurs reprises, en "« gros plan "» ou en transparence, la personnalité personnalite
Ctrusque ",
du "« magnat etrusque ministre de l'intérieur
n, du "a mίnistre l'interieur »,", du " protecteur
des lettres ".)I. aη
des lettres On s'efforce souνent
souvent d'emprisonner
d'emprisonner dans une formule
insaisissable et ambigu entre tous. Les exégètes
u n personnage insaisissable
un exegetes d'Ho-
dΉο­
de Virgile,
race, de Virgile, de Properce, evoquent
Cvoquent à iι chaque instant l'inventeur
l'inventeur
mécénat ",», qui tente continuellement les spécialistes
du "« mecenat specialistes du culte des
Muses et les defenseurs
Muses défenseurs de l'humanisme.
Plusieurs de nos devanciers oscillent entre les jugements jugements àa l'emporte
l'emporte
pièce et lescatalogues
piece les catalogues descriptifs. Tel qui promet de dessiner dessίner le ((" profd
profil
humain de de Mecene
Mécène "» aboutit en fait iιà une série
serie d'images, ou de tableaux
esquissés, ou
esquisses, où apparaissent les multiples aspects d'une personnalité personnalite
riche en contrastes : don de la parole, talent de négociateur,
riche negociateur, capacité
capacite
fidélité dans
politique, fidelite dans les attachements, humanitarisme
hurnanitarisme... ... On
aη aime-
rait parfois apercevoir Mecene Mécène entre tant de reflets
refiets fugitifs.
Dans les les dernieres
dernières annees,
années, RI. Boyancé et M.
Μ. Boyance Μ. Heurgon ont tracé trace
concis, mais denses,
deux portraits concis, denses, du patron des belles-lettres
belles-Iettres et du
étrusque1.
prince etrusque cherch6 la vie
1 • Ils ont chercM νie d'une âmeame par-delà
par-dela le morcel-
lement desdes faits
faits et des attitudes,
attitudes, et leur apport a enrichi cette étude, etude,
arrêtée dans
arretee dans les grandes lignes depuis plusieurs années. annees.
Il est difficile
difficile de voir Mecene,
Mécène, de pénCtrer
penetrer ses sentiments
sentirnents profonds,
fruits de l'hérkdité
fruits de I'Mredite ou signes de la personnalité ;
personnalite ; d'imaginer,
d'irnaginer, dans les

Le recent
1. Le
1. récent ouvrage J.-Ρ. BOUCHER,
ouvrage de J.-P. BOUCHER,
Études
Etudes sur Properce,
Properce, Pvoblészes
Proble1lIes
d'inspiration εΙ
d'inspirαtion et d'αrt,
d'art, Paris,
Pans, 1965,
1965, comporte
comporte un portrait de Mécene,
Mecene, qui souligne
les disparates
les disparates profondes de la personnalite
personnalité :: "ci Épicurien
Epicurien qui fut aussi homme
d'État et
d'Etat et homme
homme de plaisir ... »u (ρ.
de plaisir... (p. 35 sq.).
sq.).
10

instants cruciaux de de sa νie vie ou aux aux grandes heures du principat nais-
sant,
sant, lele cheminement de de ses
ses pensees.
pensCes. Car
Car nos
nos documents
documents sont sont en en nombre
limite,
limite, et et les tCmoignages litteraires, taηtδt
les temoignages dithyrambiques, taηtδt
tantôt dithyrambiques, tantôt
polémiques, paraissent aνoir
polemiques, avoir epuise
CpuisC leur
leur substance
substance au au fil
fil des
des exegeses.
exCgèses.
E t pourtant οη
Et on possede
possède sur Mecene MCcène autant de de temoignages ecήts Ccnts
que sur ΑgήΡΡa.
que Agrippa. Or Agrippa est plus νiνant, vivant, plus net de de contours.
contours.
Cela
Cela tient au fait fait que
que les les documents
documents litteraires
littéraires ne sont pas tout. tout.
Si Agrippa aa son
Si iconographie, νisible,
son iconographie, visible, irrecusable,
irrCcusable, le le doute
doute plane
sur
sur les
les representations
reprCsentations de de Mecene.
Mécène. Qui Qui etait-il
Ctait-il au au physique
physique ? Le Le per-
sonnage
sonnage au au front
front bombe,
bombC, au au menton legerement effac6, buήηe
1Cgèrement efface, burin6 sur le le
camCe de
camee de Dioscoride
Dioscoride1 1
Ou le
? Ou le modele
modèle du conservC a
du buste conserνe à Rome
Rome au au
Palais
Palais desdes Conserνateurs,
Conservateurs, νaste vaste front
front degarni,
dCgarni, orbites creusCes, leνres
orbites creusees, lèvres
fermees
fermCes en en uneune mouemoue imperceptiblement
imperceptiblement dedaigneuse?
dkdaigneuse ? Ou Ou encore
encore
l'un des
des figurants
figurants de de la la fήse
frise dede ΙΆΥα Pacis, -- selon
l'Ara Pacis, selon une
une hypothese
hypothèse
de Κ.
de Honne2 ?? Peut-etre
K. Ηδηη Peut-être aucune aucune de de ces
ces representations
reprCsentations n'est-elle
n'est-elle
authentique.
authentique.
Aux
Aux incertitudes
incertitudes de de l'iconographie
l'iconographie s'ajoutent
s'ajoutent les les petits
petits mysteres
mystères
de
de l'epigraphie.
llCpigraphie. Si Si une inscription dΆtheηes
une inscription d'Athènes se se rapporte manifeste-
ment a à son
son passage
passage3, 3 , οη reste perplexe deνant la c:urieuse ίηscήρtίοη
on devant la curieuse inscription
de l'Esquilin a
de ΙΈsquίΙίη à la gloire
gloire d'un Lucius Lucius Maecenas,
Maecenas, protecteur des des cantores
cantores
Graeci
Graecz. 4 • Comme
Comme NicolasNicolas de de Damas,
Damas, dansdans sa sa Vie
Vie de
de Cesar
César5,5 , attήbue
attribue le le
meme
même prenom
prCnom au au personnage
personnage qui accompagnait Octaνe
qui accompagnait Octave a à son
son retour
retour
dlApollonie, οη
d'Apollonie, inclinerait aà penser,
on inclinerait penser, ηοηnon pas
pas queque dans
dans les
les deux
deux cas cas ilil
s'agit
s'agit dudu pere,
père, mais
mais que que lesles anciens
anciens commettaient
commettaient assez assez generalement
gCnCralement
une
une confusion
confusion entre entre Lucius
Lucius Maecenas
Maecenas et et Caius
Caius Maecenas
Maecenas :: l'apolitisme
l'avolitisme
delibere
dClibCrC de de la gens, aνec
la gens, avec son son corollaίre,
corollaire, lele silence
silence desdes Fastes,
Fastes, rendrait
rendrait
l'erreur
l'erreur moinsmoins inνraisemblable.
invraisemblable. Des lors l'inscήΡtίοη
Dès 10r;:; l'inscription de de ΙΈsquilin
l'Esquilin
renforcerait
renforcerait ce ce que
aue nousnous saνons
savons du du gout
goût de de Mecene
MCcène pourpour le le chant
chant
choral
choral et et apporterait
apportérait une une presomption
pr~somptionsolide solide en en faνeur
faveu; de de l'apparte-
I'apparte-
nance
nance au sodalicium epicurien
au sodalicium Cpicuriene 6
de
de Campanie,
Campanie, qui qui cultiνait
cultivait la la musique
musique
et entretenait
et entretenait des des relations Ctroites aνec
relations etroites avec les
les rnilieux
milieux dudu spectacle.
spectacle.
L'archCologie n'a
L'archeologie n'a pas pas elucide
6lucidC tous
tous les problèmes. Οη
les problemes. On aa pu pu certes
certes
retablir
rétablir le le trace
trac6 desdes Jardins
Jardins de de Mecene
Mécène sur sur ΙΈsquίιiη.
l'Esquilin. MaisMais ίΙil n'est
n'est pas
pas
sur
sûr que
que les les statues
statues dites dites de de ΙΆuditοrium Maecenatis proνiennent
l'duditoriwm Maecenatis proviennent
toutes
toutes dede son palais. Εη
son palais. En ce ce qui
qui concerne
concerne la la νilla
villa dede Tibur, nous νerrons
Tibur, nous verrons
qu'il
qu'il faut
faut se se montrer
montrer circonspect.
circonspect.
ι.
I. Sur cette
Sur cette piece
pièce et
e t sur
sur les
les autres
autres repro!sentations
représentations de
de Mecene,
Mécène. se
se reporter
reporter
a J.J. J.J. BERNOUILL1,
BERNOUILLI, Rό"
ROm.•. Ikon., 1.Stuttgart,
Ikon., Ι, Stuttgart, 1882, Kaizerzeit, ρ.
1882,Kaizerzeit, p. 237-245.
237-245.
2. Κ.
2. HONK,
K. Η6ΝΝ, Azcgustus und
A"gustus seine ΖεόΙ,
und seine Zeit, Wien,
Wien, Seidel,
Seidel, 1953, planche 29.
1953,planche 29.
3. IG,
3. I G , ΠΙ, 600 == ΠΙ,
III,600 III. ι,1, n° 4133.ρ.
no 4133, p. 226.
226.
4. Cf.
4. Cf. lele compte
compte rendu
rendu de M. J.
de Μ. J . Heurgon
Heurgon (R. (R. AVALLONE,
AVALLONE,Mecenate, REL,
Mecenate, REL,
XLIl,
XLII,1964,1964.ρ. 574).Υοίτ
p. 574). Voir egalement
également R-E, R-E, col. 206,
col. Nr. ι,1,Maecenas
206,Nr. Maecenas D.D.f.f.
5.5 . Vie. Caes.,ΧΧΧΙ,
Vit.Caes., 133.cf.
X X X I . 133. Cf. R.
R.AVALLONE,
AVALLONE, Mecenaie, 13,n.
Mecenate, ρ. 13, n. 17.
17.
. 6 . Les
6.
LΌti"m
Lespapyri
L'Otium dans
papyri etudies
dans Ιa
6tudiéspar
la υόε
par K6rte
K6rtene nementionnent
mentionnent pas
morale εΙet intellecIuelle
uie morale intellectuelle romaine,
pasMecene,
vomaine, Paris,
cf. J,.-M.
Méc&;e, cf.
Paris, P.U.F.,
.-Μ. ANDRE,
P.U.F.. 1966,
ANDRÉ,
1966,ρ.p. 501,
501,
n.8.
n. 8. .
INTRODUCTION II
11

Une histoire de Mécène


Mecene repose forcement
forcCment sur une historicité
historicite frag-
frag-
mentaire. La biographie du ministre d'Auguste dΆuguste est remplie de lacunes
désespère de combler jamais. Pour commencer,
graves, qu'on desespere commencer, la date
de sa naissance, à iι quatre ans près,
pres, demeure une enigme.Cnigme. Sur sa for-
mation à iι Athenes,
Athknes, à iι Apollonie, οη est rCduit
Apollonie, on reduit àiι des conjectures haute-
ment vraisemblables. Mecene MCcène emerge
Cmerge de la tourmente des guerres gueπes
civiles au lendemain des Ides de mars. Il decoupe découpe son profil altier
Sαtires d'Horace
dans les Satires dΉοrace avant d'habiter, comme un dieu tutélaire, tutelaire,
les Odes,
Odes, les Georgiques
Géorgiques en finition, l'l'Énéide
Eneide en gestation et les Élégies
Elegies
Properce. Dans l'histoire comme dans la litterature,
de Properce. litthrature, Mécène
Mecene laisse
des apparitions fugitives, avant de devenir une legende 1Cgende chez Seneque
SCnèque
et chez Martial.
chronologie m'ont
Les lacunes de la chronologie dCtourn6 de faire prhcCder
m'ont detoUIne preceder
cette biographie spirituelle d'une relation biographique classique. classique.
Οη pourra se reporter à
On iι Kappelmacher
Kappe1macher et à iι Aval1one.
Avallone. Nous donnons
plus bas une biographie sommaire. Mais il ne s'agit pas dans notre
eSΡήt d'opposer
esprit d'opposer à iι la véritC 1ιistorique une vCrit6
verite historique verite morale, une ήchesse
richesse
humaine.
Εη
En etudiant
Ctudiant les grands aspects de la personnalité
personnalite morale et intel-
lectuelle de MCcène,
Mecene, nous aurons à iι cceur
cœur de souligner son evolution,
Cvolution,
de marquer l'echange
l'échange perpCtuel s'établit entre les experiences
perpetuel qui s'etablit expbriences
1ιistοήques. Ce qui frappe dans la
spirituelles et les contingences historiques.
dΆvalΙοne, c'est qu'elle juxtapose des atti-
description psychologique d'Avallone,
tudes et des traits de caractere
caractère qui ne sont contradictoires que placés places
hors du temps. Comment accorder l'eleve 1'Clève de Siron et le «n ministre de
l'inthrieur n ? Le don Juan des annees 30 et le mari jaloux de Terentia ?
l'interieur"
Le gai compagnon des poètes poetes et le surintendant de la grande poCsie poesie ?
La seule perspective valable doit etre être celle qu'apporte l'histoire d'une
âme.
ame.
Une histoire spirituelle exigerait, pour qui voudrait la suivre suiνre dans
ses mCandres,
meandres, outre les documents, une continuite de temoignages thmoipages
autobiographiques. Or l'entreprise qui se rCvèle
autobiographiques. reνele possible pour Ciceron,
CicCron,
grâce &
grace iι la Correspondance,
Correspondαnce, n'a n'a pas de sens pour Mecene.MCcène. Faute de
suiνre une continuite
suivre continuitC chronologique impossible,
impossible, nous adQpterons
adopterons une
série de rubriques « psychologiques ")) :: l'epicurien,
serie l'bpicurien, le politique, le dilet-
tante. Nous n'avons pas cru deνoir devoir utiliser le langage de certaines
« sciences
sciences humaines "» nCes nees de la psychologie :: caracterolQgie,
caractérologie, psycha-
dΆuguste comme un « emotif
nalyse ;; definir le favori d'Auguste hmotif actif ",
», parler
de ses «r complexes ", n'approfondirait pas considerablement
D, n'approfondirait considCrablement l'analyse.
Les rubriques adoptees
adoptées dans les trois chapitres rendent compte
aussi bien de la carriere
carrière que de la personnalit6 MCcène. Il eίit
personnalite de Mecene. eût ete
6th
tentant de consacrer à iι l'atavisme toscan de Mecene MCcène une etude
Ctude par-
ticuliere
ticulière ;; mais, comme la plupart des traits d'atavisme sont ambi-
valents et deviennent surtout vraisemblables par l'accumulation et
12 MECENE

la conνergence,
convergence, on οη s'est borne a à prCsenter I'hérCditC etrusque,
presenter l'Mred.ite aνec
Ctrusque, avec
ses passions et ses inquietudes,
inquibtudes, comme le second volet νolet d'un diptyque
premiereνoque
dont le premier reνelation epicurienne.
Cvoque la rCvClation Cpicurienne.
Ainsi, les trois chapitres traduisent chez MCcène
Ainsi, vocations a
Mecene des νocations à
successiνes et permanentes :: successives
fois successives
la fois successiνes quand on οη cherche a à
defi.nίr
dCfinir des etapes νisibles dans la «
Ctapes visibles « carriere r ; permanentes si l'on
carrière »; ΙΌη
considère qu'elles actualisent,
considere actualisent, au gre caΡήces,
gr6 des circonstances ou des caprices,
les tendances multiples d'un tempCrament complexe. Car MCcène
temperament complexe. Mecene
est complexe et secret. Il ne tient pas tout entier dans son rôle rόΙe histo-
ήque
rique ou dans ses professions de foi. ίοί. Pour approcher un personnage
deconcertant, il fallait accepter, dans une certaine mesure, le
aussi deconcertant,
ήsque
risque de la repetition νariation ».
rCpCtition impressionniste, de la « variation aνons
a. Nous avons
accepte
acceptC le risque toutes les foisfois que la juxtaposition
juxtaposition de touches contras-
sauνegardait la richesse
tCes sauvegardait
tees ήchesse humaine de Mecene.MCcène.
Cet ouνrage, presente a
ouvrage, présente ti ΙΌrίgiηe
l'origine comme tbese thèse complementaire
complCmentaire
pour le doctorat d'Etat,
d'État, a bCnCfici6
benefi.cie pour sa publication des remarques
formulCes par Μ.
critiques formuIees M. le Professeur Grimal,
Gήmal, rapporteur, et M. Μ. le
Jacques AndrC,
Professeur ]acques lors de ]a
Andre, ]ors la soutenance. Au moment où οΙΙ il
ίΙ
paraît, grace a
para.it, gri3.ce bienνeillance de Μ.
à. la bienveillance M. le Doyen Lerat, dans une collec-
tion qui m'est chère, et aνec
m'est chere, subνention du Centre National de
avec une subvention
Scientifique, il m'est agreable
la Recherche Scientifi.que, agrCable de tCmoigner
temoigner ma gratitude
aà tous ceux qui ont rendu possible, mateήeΙΙe­
intellectuellement et materielle-
possible, intellectuellement
ment, la prCsente
presente publication. Je n'aurais dΌublier ce que cette
n'aurais garde d'oublier
Ctude doit a
etude à. la Fondation Hardt, OU où les chapitres π πι ont ete
II et III Cté
acheνes en juin 1965. Il n'est
achevCs n'est pas fortuit que ce Mécène CtC prati-
Micene ait ete
quement termin6
termine au sein du calme des Muses, Muses, dans une institution
recréer la réalit6
qui a su recreer mCcCnat.
realίte quotidienne du mecenat.

jarινier 1967.
Dijon, janvier
sommaire de Mécène
Biographie sommalre Mecene

74 et 70
Entre 74 70 av. ].-C.
J.-C. Ι3 avril.
Mecene, un 13
Naissance de MCcène,
De 60 à 46 ?
De60a46? Formation de MCcène
Mecene en Italie, àa Rome, à
a
peut-être.
Naples peut-etre.
De 46 au ι8 aνήl44 SCjour en Grece
Sejour Grèce avec Octave :: AthBnes,
Athenes,
Apollonie.
Avril 43
Avril43 MCcène aà Modene.
Mecene Modène.
Octobre 42
Octobre 42 Batailles de Philippes.
Confiscation des biens de Favonius.
Confiscation
Mission diplomatique de MCcène
Mecene en Sicile.
NCgociations de Brindes. Manage
Negociations Μaήage d'Octave
dΌctaνe
Scribonie.
et de Scribonie.
DCbuts du Cercle de MCcène.
Debuts Mecene.
39 Première rencontre de MCcène
Premiere Mecene et d'Horace.
dΉοrace.

38 Échec de la seconde conférence


Echec Βήndes.
conference de Brindes.
Mission de conciliation de MCcène
Mecene en Grèce.
Grece.
MBcène aà la confbrence
Mecene conference de Tarente.
Allées et venues entre la Sicile et Rome.
Allees
Mdcène delegue
Mecene dΌctave à
dClCguC d'octave a Rome et en
Italie.
DCbut des travaux d'ambnagement
Debut d'amenagement de
l'Esquilin.
ΙΈsquilin.

31
2 septembre 3Ι Victoire d'Actium. MCcène
Mecene quitte Actium
Rome. OU
pour Rome, où il rCpnme
reΡήme le complot de
Lépidus.
Upidus.
MECENE

30 MCcène applaudi au thCâtre


Mecene convalescent app1audi tMatre
,de Pompee.
'de PompCe.
Automne 29 MCcène participe, a
Mecene à Atella, a la 1ecture
à 1a lecture des
Géorgiques.
GBorgiques.
Fin 29-28 ? MCcène et Virgile
Mecene Égypte ?
Virgi1e en Egypte
28-27 DCbats constitutionne1s
Debats 1Όrganίsatίοn
constitutionnels sur l'organisation
ΡήncίΡat. Action de MCcène
du principat. Mecene en faveur
d'une monarchie temp6rCe.
temperee.
26-25 Mecene dec1ine
Mécène dCcline 1a Prαefecturα Urbis.
la Praefectura Urbis.
23 Mort de Varus. Mariage de Mecene
MCcène avec
Terentia ?
Terentia?
22 Conjuration de Varro Murena, demi-frere
demi-frère
Terentia. Imprudences et indiscretions
de Terentia. indiscrdtions
de Mécène.
Mecene.
21 Mécène consultC sur 1e
Mecene consulte le remariage de Julie
Agήppa.
avec Agrippa.
19 Mort de Virgile.
Virgi1e.
18-16 Voyages d'Auguste Gaule. Infidelites
dΆuguste en Gau1e. In fidélitCs
de Terentia.
15 Disparition de Properce.
14-13 Horace compose 1e Ive livre des Odes.
le IVe Odes. Fin
du protectorat llitteraίre
i t t h i r e de Mecene.
MBcène.
12 MCcène
Mecene fletri en public lors d'un procès
pub1ic 10rs proces
d'adultère.
d'adultere.
Sept. 8 av. J.-C.
J."C. Atteint d'une grave maladie nerveuse,
MCcène meurt dans son palais
Mecene 1Έsquίlin.
pa1ais de l'Esquilin.
CHAPITREPREMIER
CHAPITRE PREMIER

L'epicurisme
L'épicurisme de Mecene,
Mécène, ou l'échec
l'echec de la sagesse

Tous les saνants


Tous les savants qui
aui ont scrute
scruté la ~ersonnalité
personnalite de Mécène
Mecene ont été.
ete
amenés a
amenes à eνoquer
évoquer superfίciellement,
superficiellement, ou à a analyser en profondeur,
profondeur,
son épicurisme ».».Les solutions proposees
son « epicurisme
qu'on ne parle pas toujours le meme
..
~ r o ~ o s Csont
e s très diνerses, d'autant
tres diverses. d'autant
même langage :: tel qui admet l'épi- l'epi-
sens moderne »1
curisme « au sens s1 et qui νoit
voit en MCcène
Mecene un jouisseur délicat,
delicat,
d'épicurien »2,
une « caricature d'epicurien n'admettrait pas qu'on parlât
9,n'admettrait parliH d'obC-
d'obe-
dience epicurienne
dience épicurienne au sens strict.
strict. Plusieurs auteurs contestent au
qualité d'epicurien
ministre la qualite d'épicurien en invoquant
inνoquant des raisons dogmatiques
faciles. Ils s'appuient sur le fait que Mécène,
un peu faciles. Mecene, dilettante et féru
feru
de liberté, n'aurait pu se plier a
de liberte, à une stricte discipline philosophique :
de citer ses
et de ses propos dans le discours de Dion Cassius, d'eνoquer la
Cassius, d'évoquer
antiphilosophique encore defendue
tradition antiphilosophique défendue par Trimalcio Maecena-
Gardthausen3
tianus. Gardthausen 3 récemment, M.
et, plus recemment, Μ. BoyancC4
Boyance 4 ont soutenu
ce point de
ce de νue, séduisant a
vue, qui peut sembler seduisant a première
preπriere vue,
νue, si onοη
i'éclectisme philosophique de blécènes
rapproche l'eclectisme Mecene· de celui d'Horace
dΉοrace
de Virgile.
ou de Virgile. Mais une discussion s'impose.
philosophie, dans le discours de Dion Cassius, doit
Le rejet de la philosophie,
être juge
etre jugé dans
dans son contexte : en 2], 27, dans le cadre d'un
d'un grave
graνe débat
debat

ι. R. AVALLONE,
1. R. AVALLO~E, Mecenale, ρ.
Mecenate, p. 90,
go, souligne la propension des modernes à a
appliquer superficiellement a à Mecene
Mécène I'etiquette
l'étiquette d' « épicurien
epicurien P.
...
2. Tel est lele cas
cas de
de G.G. GOETZ,
GOETZ,C. C. Maece?zus,
Maece,zαs, Iena, hreuenhahn,
Neuenhahn, 1902,
1902, p.ρ. 12.
12.
II refuse de
11 de voir dans
dans le fragment rapporte
rapporté par Seneque (Epist., CI) la moindre
Sénèque (Epist.,
confession ;ίl
confession; il affirme
affirme :: «a einen erheblichen Einfluss auf sein Denken und Handeln
konnen ,νir beimessen ...
wir der Philosophie nicht beinιessen II.
3. These
3. Thèse de de V. GARDTHAUSEN.
V. GARDTHAUSEN, Augustus undunά seine Zeit, 1,
Ι, 2, p.
ρ. 773-774.
773-774. OnΟη
mal le rapport qu'il peut Υ
saisit malle y avoir entTe
entre l'épitaphe
I'epitaphe anticipée
anticipee de Trimalcion
Τήmalcίοn
(Pétrone, Sat.,
(Petrone, 71 :: le parνenu
Sat.. 71 parvenu se vante de dedaigner
dédaigner la philosophie), et l'attitude
I'attitude
inteilectuelle de
intellectuelle Mécène ! C'est solliciter a
de Mecene l'extreme la notion de patronat.
à I'extreme
P. BOYANCE,
4. Ρ.
4. BOYANC*,Portrait α. Mdcdne, BAGB,
de Mecene, ΒΑ GB, IV, 3. 3, octobre 1959,
1959, p.ρ. 333-
334.
334·
5. Sur ]a
5. la multiplicite
multiplicité des influences philosophiques subies par Atécène Mecene à a
l'époque de
]'epoque de sa formation,
formation, voir R. R. AVALLONE,
AVALLONE, Educazione letteraria di Mecenate,
Euphrosyne, ι, 1, 1957,
1957, ρ.
p. 217 sq.
16 MECENE

politique'. MCcène est au faite


politique1 . l\'Iecene faîte du credit.
crCdit. Il denonce
dCnonce les dangers que
les innovations, quelles queiles qu'elles soient,
soient, peuvent faire courir 11.à un ιιη
rCgime
regime qui cherche son equilibre.Cquiiibre. Le ministre est 11.à une epoque Cpoque OU où les
enseignements du ]ardin Jardin s'effacent devant les contingences -- ce qui
est encore une attitude epicnrienneCpiciirienne dans son esprit ;; or οτ le favori de
la felicitas n'aΡerς:οίt
n'aperçoit guere
guère les misères
miseres de la condition humaine. Tout
indique qu'il pense surtout 11.à la philosophie regnante, stοϊcίsme
rCgnante, au stoïcisme
dΆthenοdοre
d'AthCnodorez, 2
, qui ne peut que lui deplaire
dCplaire par son austerite
austCrit6 rebar-
rCbar-
bative, son rigorisme stylistique, son apolitisme delibere. dCiibérC. Auguste
a puριι tronver
trouver son compte momentanCrnent
momentanement dans l'apolitisme
l'apoiitisme de son
II chapelain ",
« )), mais ηηun adininistrateur
administrateur qni qui reve
rêve de susciter des vocations
forcément, apres
actives doit forcement, après Actium, craindre les exces excès du· du repli
philosophique.
l\'Iecene n'etant pas systematiquement
MCcène n'Ctant systCmatiquement rebelierebelle 11.à la philosophie
- ila
--,- il a suivi les Ιeς:οns
lecons dΆreus
d'Areus et du cercle
cercle campanien
camDanienS 3 --., ilίΙ faudrait
definir sommairement les critères cήteres qui permettent de juger de ΙΌΜ­ l'obC-
dience eΡίcuήenne.
C~icunenne.Yus Vus de l'exterieur
lfextCrieur certains traits de caractere
caractère et
certaines attitudes paraissent epicuriens
certaines Cpicuriens :: dedain
dédain des honneurs,
honneurs, idee id6e
et sentiment de l'amitie,l'amitiC, tendance rurale, goût goiΊt des banquets, amour
de la musique,
musique, melancolie,
mClancolie, sentimentalisme
sentimentalisme4 à ce catalogue impres-
4 ;; 11.

sionniste οη on serait tente d'ajonter


d'ajouter les rubriques
rubriqnes du prCjugCprejuge commun ::
raffinement, amour physique de la vie, goiΊt goût de la paix, culte des beaux- beaux"
arts, qui ne sont ni ηί plus decisivesni
décisives ni plus fallacieuses
fallacieuses que celles ceiles de
R. Availone.
Aval1one. Cet auteur, 11.à mi-chemin entre ceux qui nient l'epicurisme 1'Cpicurisme
MCcène et ceux qui l'admettent
de Mecene dissolvant6, οη
l'admettent en le dissolvant", ou qui le « sρίή­spiri-
abusivements,
tualisent "» abusivement MCcène suivait la sagesse
6 , conclut que l\'Iecene sagesse du
]ardin deux rCserves
Jardin 11.à denx reserves près
pres :: son hCdonisme
hedonisme incoercible et son .sens sens
politique7.
politiqne'. .
cήteres positifs et vagues, ou
Qu'il s'agisse de critères οιι de criteres
critères nCgatifs
negatifs
conformes aux interdits du Maitre
conformes Maître (refus
(refus de la politique, refus de l'hedo-l'hCdo-
ι. Sur le grand diSCOUIS
I. discours de 28-27, cf.. όΗΙΥα,
28-27,cf.. ρ. 78
infra, p. 78 sq.
2. Suétone mentionne (Aug.,
2. Suetone LXXXIX, ι),
(Aug., LXXXIX, 1). parmi les maîtres
ma1tres d'octave,
dΌctave,
Apollodore
Apollodore de Pergame, et e t T. FRAPIK,
Τ. FRANK, Vergil. αa biograplzy,
V,rgil, biοgrαΡlΙΥ, p.ρ. 145,
145, insiste sur
son rôle.
rOle. Natureliement
Naturellement l'enseignement dΆΡοlΙοdοre, qui etait
l'enseignement d'Apollodore, rheteur, n'exclut
était rhéteur, n'exclut
pas celui d' Athenodore, le stoïcien
d'Athénodore, stοϊcien de Tarse, cf. P.
Tarse. cf.. Ρ. GR1MAL,
GRINAL, Seneque
SLn2que et AIMnodor"
,ι AthLnodore,
1945-1946.p.
REA, 1945-1946, ρ. 261-273
261-273et ρ. p. 62-79.
62~79.
α. R. AVALLONE,
3. Cf. Educazion, I'ΙΙΒΥαΥόα
AVALLONE, Edzccazione .... ρ.
letteraria ...• p. 219 e t 220
219 et ΜΒΙ,Ηαl"
ID..Mecenate,
220 ;; ID.,
ρ. ΙΙ5.
p. Mécène aurait suivi les le~ons
115.Le fait que Mecene dΆrίus, professeur d'Auguste,
leçons d'Arius, dΆuguste,
peut se dMuire d'Élien, Vαr.
déduire d'Elien, Var. Hist., ΧΙΙ, 25.
Hist., XII, Horlalion,s ad
25. Auteur des Hortationes αα philo-
Philo-
sophiαm (Suétone, Aug., LXXXV. ι),
sophiam (Suetone, 1). le prince ne pouvait que developper développer
chez ses familiers
famiiiers l'amour
l'amour de la philosophie.
philosophie. .
catalogue retenu par R.
4. Tel est le cata10gue R. AVALLONE,
AVALLOXE, Μ,Ι,Ηαl" p.
Mecenate, ρ. 92.
92.
5. Οη
On trouve cette attitude chez V. GARDTHAUSEN,
GARDTHAUSEK, ορ. lαud.,
Op. ρ. 773
laud., p. 773 :: «a Man
hat den Maecenas einen Epikureer genannt, und zwar im modemen modernen Sinne
Sime des
Unrecht ... nn
Wortes, nicht mit Unrecht...
"Vortes,
6. α., pour
6. Cf., ροητ m6moire.
memoire, l'article de C. C. PASCAL,
PASCAL, Il ιαΥαll,Υ, morαl, di Μ,Ι,Ηαl"
carattere morale Mecenate,
dans Epicurei e,"ιisΙici,
nzistici, Catania, 1914,
1914,2ze e Bd.,
Μ., p.
ρ. 1-12.
1-12.
7. Μ,Ι,ΗαΙ" ρ.
7. Mecenate, p. 91.
gr.
L'EPICURISll1E DE lI1ECENE 17
nΊSme debride,
nisme dCbridC, refus de l'esthetisme),
l1esthCtisme),il ίΙ faut se garder de faire jouer
coϊncidence irnpressionniste
sommairement la co'ïncidence impressionniste (on(οη sait que Catulle
fut assez legerement
1Cgèrement enrQle
enrôlC parmi les disciples
disciples du ]ardin
Jardin1),1), ou l'idee
l'idCe
dCviation »)) -- par rapport a.à une orthodoxie assez fuyante.
de « deviation fuyante. Il faut
Bviter les pièges
certes eviter l'impressionnisme, mais il convient aussi
pieges de l'irnpressionrusme,
de ne pas appliquer a.à Mecene eΡίcuήen. IlCcène
MCcène un « syllabus » Cpicunen. Mecene doit
être confronte avec l'eΡίcuήsme
etre l'Cpicurisme romain sous sa forme concrete concrète a.A la
fιη de la RCpublique.
fin Republique.
Nous croyons avoir demontre
dCmontrC qu'il y Υ a dans l'epicurisme
l'épicurisme contem-
porain de Lucrece
Lucrèce une grande part de contingencecontίngence et de liberte,IibertC, qui
romaine, -- et aussi les modes et deviations
explique sa couleur romaίne, dkviations a.à
justification Cpicurienne2.
justifιcation epicurienne 2•

Tescari 3 montre que l'eΡίcuήsme


Tescari3 a montré 1'Cpicunsme etait
&ait plus large que l'esprit l'eSΡήt de
certains epicuriens. dCferlement de la doctrine, a.à la fin
Cpicuriens. Le deferlement fιn de la RCpu-
Repu-
blique, s'explique par les bCvues
bevues complaisantes des sectateurs indignes: indignes :
aristocrates jouisseurs, dilettantes amateurs de musique ou de sculp-
aristocrates
ture, amateurs de famiente
ture, farniente rural ou collectionneurs de villas et de
jardins, -- pour qui le naturalisme epicurien Cpicurien se resume
rCsume au culte de
ΙΌmbre et de l'eau vive. Des
l'ombre Dès cette epoque
Cpoque les luxuriosi
1uxuriosz4, 4 , le troupeau

d'Épicure, ont rapetissC


d'Epicure, système qui fonde sa prédication
rapetisse un systeme predication sur un
zele austère, qui subordonne a.à la science liberatrice
zèle austere, libératrice la quete
quête sereine
sagesse, bonheur lucide et stable.
de la sagesse, stable. Mai$
Mais autre chose est la defor- dCfor-
mation caricaturale, autre chose l'assouplissement d'un enseignement.
La morale du plaisir, même meme correctement entendue, a engendre
a.à cette epoque ίnterpretations de la (i( joie ».
Cpoque deux interprktations n5 :: les disciples
disciples de
Philodème et de Siron Υy ont vu une plhitude
Philoderne plenitude heureuse, une fete fête des
sens qui peut a.A l'occasion
ΙΌccasίοη s'jnscrire
s'inscrire dans la liesse
liesse collective,
collective, alors que
Lucrece conιyue dans la perspective etroite
Lucrèce l'a conçue Ctroite de l'αponie
l'apoltie liberatrice.
libCratrice.
Οη peut, a
On A l'ίηteήeur
I'intCrieur de l'Ecole, rêver a
l'École, rever à la vie divine,
divine, ou queter
quêter hum-
blement les consolations lirnitees
limitCes de la sages$e.
sagesse. Epicure
Épicure a donne raison
aussi bien a.à ceux qui dilatent en eux les possibilitCs
possibiliMs de la Nature, et a.à
ceux qui subliment l'angoisse de la chair dans les joies autonomes de
l'ilrne.
l'âme. De cette double orientation,
orientation, optimiste ou pessimiste, procèdent procedent
ι. Cf. notre OtiU11'
1. dαns la
Otium dans Ια vie ,norαle
inorale etεΙ inIellecIuelle romαine, p.
intellectuelle romaine, ρ. 214 sq.
Οη se reportera aux etudes
2. On études de Ρ. P. G1UFFR1DA,
GIUFFRIDA, LΈΡicureismο
L ' E p i ~ ~ r e i s m"εΙΙα
o ΙεΙΙεΥα­
nella lettera-
turα latina
tura lαtinα 118Ι
ne1 ΙI sec010 αυ. Cristo,
secolo au. t. IΗ,
Cristo, t. I , Torino,
Torino, 1950, ρ. 101
1950, p. 101 sq.
sq.
3. TESCAR1, Lucretiαnα :: Lα
TESCARI,Lucretiana La poesiα Iucreziαnα, Convivium,
poesia lucrezaana, Convivium, XIV, 1935, 1935.
ρ. 64-95,
p. 64-95, notamment p. ρ. 70-73
70-73 ;; Ibid.,
Ibid., p. ρ. 238-247,
238-247, LSe$icureismo
L'epicureismo in Itαliα nell'eid
i n Italia "εΙΙ'εια
(ΕΡicuήsme et liberte
di Cicerone (Épicurisme l'eSΡήtj.
liberté de l'espnt).
4. Nous avons tenté
4. d'analyser ailleurs, LΌtium
tente d'analyser ..., p.
L'Otium ..., ρ. 218-219
7.18-219 et 254 sq.,
les polémiques
polemiques autour de la morale du plaisir, qui dominent les combats de
Cic6ron contre l'eΡicuήsme.
Ciceron l'épicurisme.
5. Il existe a
5. à I'interieur
l'intérieur de l'Ecole
l'École une antinomie de la joie. LΌtium...
joie, cf. L'Otium ...,,
ρ. 238 sq. (pour
p. (pour la tΜοήe
théorie de la f8te,
f&te,p. 257). Essentielle a
ρ. 238 et 257). à la f8te
fête aux yeux
des eΡicuήeηs,
épicuriens, la musique seduisait
s6duisait Mecene.
Mbcène. AVALLONE,
AVALLONE, Mecenαie, ρ.
Mecenate, p. 93,
93, n.
n. 140,
théories »= d'Epicure
qui rappelle les "K theories d'Épicure sur la musique, devrait deνrait préciser
preciser qu'i!
qu'il s'agit
uniquement de la competence
compétence philosophique du sage s<ιge en matiere
matière de musique.
2
18 MECENE

deux
deux styles
styles de de vie,
vie, et
et deuxdeux conceptions
conceptions de de la
la poesie
poCsiel1 :: tantot
tantôt la la Muse
Muse
se voit
se sCparCe de
voit separee de la
la Sagesse
Sagesse commecomme maitresse
maîtresse d'illusion,
d'illusion, mais
mais orientee
orientCe
assezhypocritement
assez hypocritement vers versl'inspiration licencieuse--au
l'inspiration licencieuse au nom
nom de de lala joie
joie et
et
de la
de dCtente-,
la detente -, tantot
tantôt elle elle est
est soumise
soumiseau contrôle purifιant
au controle purifiant de de la
la rai-
rai-
sonet
son et etroitement
Ctroitement subordonnee
subordonnCe aux aux fιns
fins didactiques
didactiques du du «osalut moral ».>).
salut moral
Lucrèce, comme
Lucrece, comme Philodeme,
Philodème, revient revient sur sur le
le proces intente a
procès intente à la
la Poesie
Poésie ::
tous deux
tous deux censurent
censurent les les exces
excès de de l'imag:inaire,
l'imaginaire, mais mais retablissent
rktablissent une une
PoCtique. Oiι
Poetique. Où ΙΌrthοdοxie
l'orthodoxie est floue, ilil ne
est floue, saurait Υy avoir
ne saurait avoir dede schisme
schismez. 2•

Même liberte
Meme libertC dans
dans l'interpretation
I'interprCtation du du «« message
message politique
politique »» d'Epi-
d'Épi-
cure.
cure. LeLe sage
sage n'a n'a jamais interdit interdit formellement
formellement la la politique
politique et et nie
nit
l'existence de
l'existence de lala cite
cité3.3
Il aa au
• Il au contraire
contraire admis,
admis, et et lele besoin
besoin d'activite
d'activit6
politique chez
politique chez certaines
certaines natures,
natures, et et l'existence
l'existence de de conditions
conditions politiques
politiques
minimum »>> pour
«« minimum pour la la cure
cure de de serenite.
sCrénitC. LesLes epicuriens
Cpicuriens romains
romains ont ont
exploit6 largement
exploite largement cette cette latitude
latitude ::ils ils ont
ont retabli
rCtabli la la dignite
dignité des
des vertus
vertus
sociales,--avec
sociales, avec uneune dialectique
dialectique du du plaisir
plaisir qui
qui ne
ne trompe personne --;;
trompe personne
pris parti
pris parti contre
contre la la tyrannie
tyrannie et et lele fanatisme,
fanatisme, contre
contre le le desordre
dCsordre qui qui
menace le
menace le «i( salut
salut commun
commun »; insCr6 leur
1 ) ; insere leur reve
rêve dede quietude
quiCtude dans dans un un
ordre public.
ordre public. Ils Ils n'ont
n'ont condamne
condamnC que que le le dechainement
dbchaînement des des passions
passions
politiques
politiques et et les
les chimeres
chimères de de l'ambition,
l'ambition, aussi aussi dangereuses
dangereuses que que les
les
mythes poetiques
mythes poCtiques et et relig:ieux.
religieux. Seules Seules les les diatribes
diatribes des des epicuriens
Cpicuriens de de
Campanie contre
Campanie l'apostasie dΆrίstοte,
contre l'apostasie d'Aristote, trahissant
trahissant la la sagesse
sagesse pourpour la la
rΜtοήque,
rhbtorique, ont ont pupu entamer
entamer le le credit
crCdit de de la
la rMtorique.
rhktorique. L'epicurisme
L'Cpicurisme
romain oscille
romain oscille entre
entre le le Suaue
Suaue rlIari magno ... et
nzari magno... et lala «« croisade
croisade »» de de lala
Libertas', quitte a
Libertas4, quitte à s'accommoder
s'accommoder assez assez vite
vite de la Ραχ
de la Pax Augusta,
Augusta, et et a à
ne voir
ne voir la
la tyrannie
tyrannie que que du du cote
côté d'Antoine
d'Antoine et et de
de sasa «a reine
reine ».r. Le
Le parti
parti
octavien Υy poussait
octavien poussait en en sauvant
sauvant les les apparences.
apparences.
L'Cpicurisme romain
L'eΡίcuήsme romain ne ne proposait
proposait pas pas aà ses
ses adeptes
adeptes un un catalogue
catalogue
d'interdits;
d'interdits ; ni ni avant
avant la la montee d'Octavien, a
montCe dΌctavien, à l'apogee
l'apogée de de l'ecole
l'Ccole de de
Naples, ni
Naples, ni meme
même apres,après, ilil ne ne pouvait
pouvait rebuter
rebuter αa priori
przori unun politicien
politicien
nonchalant ennemi
nonchalant ennemi des des systemes
systèmes et et ami
ami des
des Muses,
Bluses, pour
pour qui
qui lele ]ardin,
Jardin,
de surcroit,
de surcroît, nene sese confondait
confondait pas pas avec avec le le De
De Renem
Rerum Natura
Natura5. 5•

Si Ι'οη
Si l'on ecarte
Ccarte les les arguments
arguments sommaires sommaires contrecontre l'epicurisme
1'6picurisme de de
RlCcène, οη
Mecene, on sese trouve
trouve en en face
face de de portraits
portraits qui qui peignent
peignent en en Mecene
MCcène
1'6picurien «1( degenere
l'eΡicuήen dCgCnérC »6. Avallone aa tente
nG. Avallone tent6 d'en
d'en faire
faire justice, et et d'accre"
d'accrb-

I. LΌtium
ι. ...,, ρ.
L'Otium... p. 232-237
232-237 et
et 233.
233. n.
n. Ι.I .
L'idée d'un
2. L'idee
2. d'un "e schisme
schisme "i, epicurien
épicurien aa notamment ete
notamment été defendue
défendue par par Ο. 0.TES-
TES-
CARI, Lucretiana,
CARI,Lucretiana, supra.
cf. supra.
cf.
3.
3. Nous
Nous resumons
résumons ici ici les
les conclusions
conclusions dede notre étude, LΌtium
notre etude, L'Otium... ...,, ρ.
p. 269
269 sq.
sq.
4. Cf. infra,
4. cf. chapitre ΙΙ,
infra, chapitre II. ρ.
p. 75,
75, n.
n. 2.
2.
5. La
5. La doctrine
doctrine de de Lucrece
Lucrèce aa eu eu une
une diffusion
diffusion difficile les confίdences
difficile :: les confidences du du
poète contredisent
poete contredisent ce ce que
que Ciceron
Cicéron nous
nous dit
dit de
de la flambée "D epicurienne,
la «« flambee épicurienne,
cf. LΌtiun,
cf. L'Otzunz......., ρ.p. 209-210.
209-210. L'idee
L'idée que
que Mecene doit aà Lucrece
hlécène doit Lucrèce une une partie
partie de de sa
sa
formation, soutenue
formation, soutenue par par AVALLONE,
AVALLONE, Ed"cazione letteraria ...,, ρ.
Educazione letteraria... p. 223, reste une
223, reste une
hypothèse.
hypotMse.
Cf. AVALLONE,
6. cf.
6. AVALLONE. Projïlo "mano
Proftlo zlmano di Mecenate, Antiquitas,
di Mecenate, Antiquitas, ΥΠΙ, VIII, 1-2,1-2, janv.-
janv.-
juin 1935. ρ.
juin 1935, P. 9·9.
L'έΡΙCUΙΗS1νJΕ DE 1νJECENE 19
υη Mécène
diter un sérieux et même
Mecene sectateur serieux austère du ]ardin
meme austere Jardin1.1 . Telle
était l'idee
etait l'idée de Pasquali 2• Α
Pasquali2. ΙΌΡΡοse, les modernes qui utilisent l'eti-
A l'opposé, l'éti-
épicurien » comme un sarcasme commode :: Epicuri de grege
quette d' «e epicurien ))

appréciation n'aurait pas grande valeur si elle ne


porcus. Leur appreciation
s'appuyait, implicitement ou l'idée que Seneque,
ου explicitement, sur l'idee Sénèque,
le principal diffamateur de Mécène, flétri en lui l'epicurien,
Mecene, a fIetri l'épicurien, le disciple
disciple
école rivale.
d'une ecole

Scneque dίffamateur de Mécène.


Sénèque diffamateur Mceene.

Οη
On connait
connaît les elements
éléments essentiels du requisitoire
réquisitoire posthume contre
Mécène.
Mecene. Ils se trouvent dans les Lettres à α Lucilius3,
Lucilius 3 , si ΙΌη
l'on excepte, dans
Prouidentia" la critique du faux bonheur de Mecene,
le De Prouidentia4, Mécène, zioluptatibus
fIoluptatibus
i.( pourri par la jouissance » :: dans ce dialogue,
marcidum, "pourri
marcidum, dialogue, le philosophe
pllllosophe
évoque la mollesse de l'hote
evoque ΙΈsquίlin, cherchant le sommeil dans
l'hôte de l'Esquilin,
les symphonies et dans le bruissement des cascades. cascades. Le rkquisitoire
requisitoire
des Lettres est solidaire d'une croisade contre les delicati, 1uxuriosi6,
delicati, ou luxuriosi·,
qui pervertissent un otium promis à sagesse. C'est au nom du regimen
iι la sagesse. regimen
morum romain, qui dicte depuis fort longtemps le developpement développement
appelé deliciarum
appele obiurgatios, et non
deliciarzlm obiurgatio·, ηοη du préjugé
prejuge doctrinal, que SenequeSénèque
poursuit Mecene
Mécène :: son style, son costume, son ame âme sont solidaires et
gâtés par la meme
gates même mollesse ;; faute de dignite
dignité et d'energie,
d'énergie, il ίl a compro-
mis la virilite
virilitk naturelle de son tempérament,
temperament, "« chatrechâtré »)) son style --
virilité etant
la virilite étant pour Seneque
Sénèque le style classique ;; il a "« debraille
débraillé »1) son
(discingo),, qui cesse de se draper dans la rigueur de la toge
style (discingo)
romaine,
romairιe, dans la maniere manière oratoire, et « effemirιe
efféminé » son inspiration. Tel
genre de vie, tel style :: le togatus,
togatus, alte cinctus, maniere virile ;; sa
cinctus, a une manière
manière litteraire
maniere littkraire trahit son temperament,
tempérament, et les insinuations
irιsinuations des
ΧΙΧ, XCII et CI s'eclairent
lettres XIX, s'éclairent par la lettre CXIV7,
CXIV7, orchestration
griefs. Seneque
de tous les griefs. Sénèque y Υ pose en axiome que « la legerete légèreté du style
mollesse generale
est signe de mollesse générale »)) et fait de son ennemi un υη exemple de
cynique8,
luxuria cynique un delicatus
8 , υη style, ivre et incertain,
delicatus dont le style, incertairι, rappelle
écarts de conduite » de la vie (eloquentiam
les « ecarts (eloquentiam ebrii hominis
homi.nis inIιolutam
z12ztolutam
εΙ errantem)O. Suit une evocation
et errantem)". évocation caricaturale de ce « debraille débraillé »a qui
ι.. Ibid..
I Ibid., p. 9-10.
ρ. 9-10.
PASQUALI.
2. G. PASQUALI, lίγίcο, p.
ΟΥαΖίο lirico,
Omzio ρ. 635-641
635-641 :: etude
étude de rode
ΙΌde III.
ΠΙ, 29 d'Horace.
dΉοrace.
3. Epist.,
3. ΧΙΧ, 9-10 ;; XCII, 35
Epist., XIX. 35 ;; CI, 10-15
10-15 ;; CXIV, 4-9 ;; CXX,
CXX, 20.
4. De Pyou., ΠΙ,
υ. Prou., ... uotuptαtibus
IO-II :: ...
III, 10-11 uoluptatzblw mαrcidum εΙ ΙεΙίcίΙαΙε ni,niα
marcidum etfelicitate nipnia lαborαn­
laboran-
te",.
tem.
5. Cf. nos Recherches
5. Reclterches sur 1'0lium Romαin, p.
IΌtίum Romain, ρ. 65, n. 3.
6. Cαel., XI,
6. Pro Cael., ΧΙ, 27 sq.
sq. ;; Id., Mur., §5 11-14
Id.. Pro Mur., 11-14 et Pro Font., χγ, 34.
Font., XV, 34. Ciceron
Cicéron
théorie de ce requisitoire
aa fait la tMorie réquisitoire dans
dans De
υ. Inu.,
Inu., 1, 16, 2222 et De
Ι, 16, υ. Or.,
ΟΥ., II, 135.
Π, 135.
7. Epist.,
7. Epist., CXIV, 4-8.
8 . Loc. cit.
8. quαm cupierit uideri,
cil. ::quam quαn, uitia
uideri. quanz uitiα sua
suα latere
lαΙεΥε noluerit.
9. Ibid., §5 4.
9· 4·
20 MECENE

dans les
restait dans les lettres antérieures une insinuation maligne (.(...
lettres anterieures .. nisi
(ingenium)...
illud (ingeniuln) ... discinxisset)l;
d i s c i n ~ i s s e t ;) ~apres
après l'interrogation :: non oratio orat(o
aegue soluta est quam ipse discinctus
eius aeq'ue discinctus ?, la peinture du discinctus discinctus
qui usurpait l'imperiullt,
qui l'imperzuttz, emmitoufM
emmitouflk dans dans son son palliuln comme υη
fiallzu?n comme un
esclaνe
esclave fugitif
fugitif et flanque,
flanqué, en guise guise de de licteurs,
licteurs, de deux eunuques --
de deux
prétexte 11.à plaisanterie sur la « νirilite
dernier pretexte virilité » du favori
favori d' d'Auguste.
Auguste.
Même si
Meme si certains details réquisitoire peuvent νiser
détails du requisitoire l'épicufisme,
viser l'epicurisme,
l'eloquentia, le rapprochement est fortuit
corrupteur de l'eloquentia, fortuit2.2 • La date de

ces attaques et leur place dans


ces dans le cheminement de la pensee pensée de Seneque
Sénèque
déterminantes.
sont determinantes.
l'on excepte le sarcasme
Si ΙΌη sarcasme lance l a n d par le De Prouidentia
Prouidentia3, 3 , toutes les

charges νirulentes
virulentes sont posterieures
postérieures au De V-ita V i t a Beata
Beata4,, donc 11.à la reha-
4 réha-
intellectuelle de l'epicurisme
bilitation au moins intellectuel1e l'épicurisme ;; elles
elles sont contem-
évolution qui fait decouνrir
poraines d'une evolution découvrir au philosophe la dignite dignité
l'austérité de cette doctrine,
et l'austerite doctrine, et de plus, toutes les les lettres
lettres evoquees,
évoquées,
une, se situent apres
sauf une, après la recrudescence
recrudescence de la polemique polémique antihedo-
antihtdo-
niste. Seneque
niste. SCnèque fletrit les falsificateurs de l'eΡίcuήsme.
flétrit les l'épicurisme. Οη On pourrait
en deduire
déduire qu'il Υy inclut MeceneAIécène6 5 :: celui qui se decompose
décompose dans dans ΙΌtium
l'otium
voluptueux -- suiνantsuivant un clicM clichC romain -- rejoindrait Vatia? Vatia ? Οη On
diverses raisons.
en doutera pour diνerses raisons.
Il η'Υ
n'y aurait pas dΌbstacΙe,
d'obstacle, certes, 11.a concevoir que l'attaque du
De Provz'delztia
Providentia situe MCcèneMecene dans une υηε sorte de halo epicurien;
épicurien ; les
mises au point du De Vita V i t a Beata
Beαta soulignent la pureté purete d'intention de
l'eΡίcuήsme, mais relèvent
l'épicurisme, releνent -- sans contradiction -- le caractere caractère
hybride et dangereux de sa teleologie, téléologie, entacMeentachée d'Mdonisme,
d'hédonisme, et en εη
porte 11.à faux.
faux. Dans les Lettres, la confusion confusion polémique
polemique n'est n'est plus pos-
sible, puisque Seneque
Sénèque a dedaignedédaigné cette arme quand il ίΙ confondait
pratiquement epicurisme
épicurisme et Mdonisme.
hédonisme.
décisif est que Seneque,
L'argument decisif Sénèque, s'il croyait Mecene dΌbedience
Mécène d'obkdience
Cpicurienne, et non
epicurienne, ηοη pas seulement apotre apôtre des deliciae
deliciaeG,
6 , pourrait lui

objecter comme des contradictions grossieres grossières ses attitudes, en oppo- ορρο-

I. EPist" X
ι. Epist., C I I , 35.
XCII, οη retronve
35. Dans ce texte, on retrouve le motif de la prospérit6
prosperite qui
téte : ...
tourne la tete ... secundis (rebus) discinzisset, -
(rebzrs) discinxisset, - rappelant De Prou., III, ΠΙ,
[Ο-Π:: ...
10-11 ... elfelicitate
εΙ Jelicitαte nimia
nimiα Eaborantenz
lαborαnten, et Epist., XIX,
ΧΙΧ, g9 : ...
... nisi eneruassetfelz-
eneruαssetJeli-
calas,
ciJαs, immo
im,mo castuasset.
castrasset.
2. thCme de l'eloqventia
2. Le thème Ι'eloquentiα Romana
Romαnα bafouée appara!t dans Epist., XIX,
bafouee apparaît Χ!Χ, g
9
et CXIV, 6. On Οη sait que ce grief stylistique occupait une grande place dans la
polémique Cίceron contre l'épicurisme.
polemique de Cicéron I'epicurisme.
3. De Prou.,
ΡΥΟ1Ι., IΠΙ,
I I , 10-11
ΙΟ-Π : : ...
... uoluptatibus
uoluptαtibus marcidum
mαrcidum :: sauf Juste Lipse, tous
specialistes considèrent
les spécialistes Ροsteήeur à
considerent ce dialogue comme postérieur a l'année
l'annee 60 de notre
ere..
ère
4. De Vit.
Vit. Beat.,
ΒεαΙ., XIII,
ΧΠΙ, 2 a 5 : Sénèque,
2 à Seneque, dans ce dialogue de 57-58, libère
libere l'épi-
I'epi-
curisme de l'hypothèque Mdonίste.
I'hypotheque hédoniste.
5. Étudiant
Etudiant Sénèque
Seneque ditfamateur
di1Iamateur de Mécène (Mecenαte, p.
Mecene (Mecenate, ρ. 60-6g),
60-69), AvaUone
Avallone
semble expliquer ainsi aίnsi l'hostilité phίlosophe. Reste que Sénèque
I'hostilite du philosophe. Seneque attaque le
I'epicurien.
ηοη l'épicurien.
jouisseur, non
JΞΡist" CXX, 19 :; ...
6. Epist., ... Maecenatem
Mαecenαtem deliciis prouocant.
prouocαnt.
L'EPICURISME DE MECENE 21

sant le disciple
disciple et la doctrine apprêtC, contraire à
doctrine1I :: style trop apprete, 1ι l'ideal
l'idCal
σσcφηνεΙσc , inquietude morbide
de aaqqvcia2, 2
inquiétude morbides, 3, passion amoureuse·.
amoureuse4. Une preuve
ex fournie par la lettre XIX
ΒΧ silentio est foumie ΧΙΧ :: à1ι quelques lignes d'intervalle
d'intervalles,B,
l'auteur censure -- bien legerement -
1Cgèrement - sa mollesse stylistique, et cite
une maxime d'Epicure
d'Épicure sur la dignite dignit6 des festins amicaux. Belle occa-
slon ρουτ evoquer
sion pour Cvoquer un « repoussoir » :: les repas « bohèmes bohemes »i ) et fantaisistes
de MCcènes. SCnèque n'a pas plus souligne
Mecene 6 • Seneque l't~Ρicuήsme de Mecene
souligné 1'6picurisme MCcène que
étrusque. Pourquoi cette omlssion
son atavisme etrusque. omission ?
L'ι~Ρίcuήsme de Mecene
L'Cpicunsme Mécène ne peut etre être que nuanc6
nuance et partag6,
partage, et
Sénèque aime à
Seneque 1ι montrer, surtout dans les Lettres, 1a la philosophie en
action.
Avant les Lettres, Seneque
SCnèque ne croit pas Mecene Cpicurien ;; ensulte,
Mécène epicurien ensuite,
intCrêt a
il a interet 1ι ne pas approfondir 1a la question, par honneteteintellec-
honnêteté intellec-
•' tuelle, par soucl
souci du syncretisme
syncrétisme philosophique.
S'il approfondissait 1e otizcm, qu'il semb1e
le sens de son oti2tm, Ιυί envier,
semble lui envier, il
serait oblige
seralt obligé de lui decerner
décerner un titre de gloire, de renier renler ses préventions
preventlons ::
sait que Mecene
il salt MCcène a su concilier politique et sécunt6, secuήte, sans tomber dans .,
les pièges
pieges de la politique7
politique 7 ;; qu'il a pu se retirer sans froisser,
froisser, sans donner
l'impression de «« condamner ». i).
Il s'agit d'une attitude affective de refus : Seneque Sknèque ne veut pas
admettre que MeceneMbcène a pu ρυ vivre
vlvre un qzliescere, suivre les ensel-
υπ art du quiescere, ensei-
gnements du magister otii. otii. La meilleure preuνepreuve en est qu'ill'a
qu'il l'a recounu
reconnu
devant Néron,
Neron, la contre-epreuve
contre-Cpreuve le fait qu'il a omis 1es les ]ardins
Jardins de
ΙΈsquilίn
l'Esquilin dans les formes lzlxzcria.
formes de luxuria.
Donc, quand Seneque SCnèque aurait interet intCrêt 1ιà crolre Mecene epicurien,
croire nlCcène Cpicurien,
il ne le croit pas influence
influenc6 par 1e le patronus inertiae; quand i1 il pourrait
dCceler en lui
dece1er lυί des traits Cpicunens, choisit de le definir comme un
eΡίcuήens, il cholslt
hkdoniste vulgaire.
Mdoniste vulgaire, mais il ίΙ doit pressentir la verite,
véritC, meme
même si ses sources
republicaines »i ) :: 1ιà preuve le parti pris de lυί
sont «(( rCpublicaines lui denier
dénier 1a
la clemence.
clémence.

r. OnΟη sait que la polémique


polemique antiepicurienne
antiépicurienne classique (cf. Cicéron, IIn
(cf. Ciceron, n Piso-
nem) consiste a
nem) Ι'eΡίcuήeη en contradiction avec sa doctrine (Id.,
à mettre l'épicurien (Id., De
Fin.,
Fin., Π,II, pour Torquatus).
Torquatus). Ce genre de grief était monnaie courante a
gήef etait l'époque
à l'epoque
de Seneque
Sénkque : on οη se rappelle dans le De Vita ΒεaΙa, ΧΧΙ,
Vila Beata. XXI, l'exemple du suicide
de Diodote, repute
ré ut8 par certains peu orthodoxe.
2.. Epist.,
2 &IV, 6 :: ...
Epist., CXIV, ... si non 14itasset
uitasset intellegi.
intellegi.
Pro14., IΙΠ,
3. De Prou., I I , 10.
IO.
4. Ibid. et
4 . Ibid. e t Epist., CXIV :: ... ... hune
IΙ14nc esse,
esse, q14i
qui 14xorem α14ΧόΙ, c"m
I1Iillien5 duxit,
uxorem wzilliens cum 14na,n
unarn
liabuerit
lιab14eriΙ ?
5 . Epist.,
5. ΧΙΧ, 10
Epist., XIX, Vt se res lzabet,
I O ;: Vt hubet, ab Epic14ro ,ιers14ra
a b Epicuro zrersz6rafacienda Β5Ι «
jaciB1lda est a Ante,
inquit, circ14mspiciend14m
inq.tit, circumspiciendum esI, est, c14m
cum quibus
q14ibus edas etεΙ bibas.
bibas, quam
q14am quid εΙ bibas ::
q14id edas et
nam sine amico uisceratio
uiscerαtio leonis ac αc lupi
luPi uita est n.
6. Horace, Sat., 1.
6. Horace, Ι, 5, 51-69 (ses (ses parasites) ;; II,ΙΙ, 8,
8, 2211 sq. (sa presence au
(sa présence
u repas ridicule
« ήdίcuΙe ,D de Nasidienus Rufus). Rufus).
7. R. Avdone
Avallone s'est s'est contente
contenté d'esquisser cette explication par l'inzlidia Ι'όι"ιόαόa
(Mecenate, p.
(Mece1late, ρ. 61) mais il ίΙ ne souligne pas que la « dΆuguste
e chance ,n du ministre d'Auguste
est d'avoir concilie ΙΌΙό14", avec la securitas.
concilié l'otiunz sec14ritas. Le reproche fait fait aà J\1ecene (Eptst.,
illécène (EPist.,
ΧΙΧ) d'avoir voulu l'independance
XIX) l'indépendance sur le tard (. (...
.. q140d όΙΙ. sera
quod ille uoluit) est fort
sero 14ol14it) fort
peu justifié, infra, chapitre II.
cf. i1ljra,
justifie, cf. ΙΙ.
22 MECENE

artίcles majeurs de cette entreprise de diffamation posthume,


Les deux articles
corollaires, excluent MCcène
la luxuria et la nimia felicitas, et leurs corollaires, Mecene
aussi bien de la RCpublique
Republique des sages que de la Cite romaine1 .
Cité romainel.
Devant les argumentations des sceptiques et le mutisme de Seneque,
SCnèque,
MfinίΓ chez RICcène,
il faut essayer de définir ηοη pas υη
Mecene, non un epicurisme
Cpicurisme vague,
ου
ou degenere.
dCgCnCrb, mais une empreinte spirituelle, des traces d'epicurisme
d16picurisme ::
des rencontres fugitives, plutôt adhCsions.
plutot que des adhesions.

Les Georgίques »,
Les «« Géorgiques ιniroir de l'ίime
», miroir l'âme de Mecene.
Mécène.

Οη sait que les Gtorgiques


On Géorgiques sont placCes
placees sous le patronage de Mecene,
Mécène,
aà l'epoque
l'époque précisément ίΙ s'installe une campagne a
où il
precisement ou l'intérieur de
à l'interieur
la Ville. Si Virgile invoque frequemment
frCquemment l'appui de son protecteur2,
protecteur2 , '
rien n'indique que MCcène cornmandit6 un
Mecene ait commandite υη poème dont il impose
poemedont
,
9
la redaction.
rCdaction. L'expression haud mollia iussa constitue une malice de
Virgile, qui rappelle a à son ami, en termes de badinage epicurien,
épicurien, qu'il
Ιυί indique une voie peu
lui poeme didactique a
ρευ « riante », celle du poème A portCe
portee
utilitaire : cette invite a dûdίl etre
être imperative, limitée, a
impCrative, mais limitee, A l'epoque
1'Cpoque
des «u premières Géorgiques » ;; ensuite Virgile
premieres Georgiques Virgile n'aura plus lieu de flatter
et de satisfaire un commanditaire, mais de l'interesser
l'intkresser et de le gagner.
Οη sera frappe
On Ιε fait que Virgile nCglige
frappC par le dCveloppements qui
neglige des developpements
eussent servi immediatement
immédiatement le seigneur de l'Esquilin,ΙΈsquilin, comme les
prCceptes
preceptes d'horticulture et d'art topiaires. Οη lui offre en echange
topiaire3 • On échange la
peinture esquissee utilitaire!! Le desir
esquissée d'un modeste jardin utilitaire dCsir de militer
pour la rusticitas et contre le naturalisme topiaire aiι la mode est visible.
visible.
Il serait dangereux d'attribuer υηε une valeur indicative iιà des nugae
ου
ou àiι des prétCritions, η'Υ avait des elements
preteritions, s'il n'y éléments positifs. Et en premier
lieu, les messages philosophiques portCsportes par l'reuvre.
l'œuvre.
Le tableau de la vie rustique,
rustique, au chant II, dCplace dans la campagne
ΙΙ, deplace
rCelle
reelle les visions de serenite
sCrénité et de justice que les sectateurs du ]ardin Jardin
situent dans une campagne factice et abstraite,abstraite, sans sentiment reel réel
I . L'idee
1. L'idBe repetee
rBpBtBe à iι. maintes reprises que la felicilas ou les res secundae deten-
lafelicitas déten-
1'6ner~riese trouve dans la lettre XIX
dent I'energie ΧΙΧ (I... eneruasset felicilas)
... eneruassel felin'tas) apres s De
a ~ r è le
Prou., ΠΙ,
Prou., 10 (jelicilale
111.-IO (felicilale nimia laboranlen,).
labovanlent) ' Elle ~ l l efait partie du legs moral des
ancetres : Caton en avait fait le pivot
anc!\tres ~ i \ , ode dc
t son argumentation
areumentation dans le Pro Rhodien-
~ ~

sibus. Sénèque la reprend en Υ


sibus. Seneque fajoutant
ajoutant une nouvelle dimencon. I'imaginaire,
nouvelle dimension, l'imaginaire,
dans diverses Lettres
Lellres dα Lucz'lius ( 3 6 , 1I ;; 39, 4 :: Id. De Prou..
Lucilius (36, sq.) : la chance
Prou., IV, 9 sq.)
a tourne la t!\te
« t@te", fausse le jugement, exacerbe les passions dominatrices.
II, fausse dominatrices. C'est
MBcène, dans la lettre
ainsi que Mecene, Ιεll.. CXIV,
CXIV, voit explίquer lίcence morale -- et
expliquer sa licence
stylistique -- par le m@me m!\me diagnostic :: Hoc Ηοc islae
istae ambages composilionis,
compositionis, hoc
uerba transuersa, Ιιοι sensus inibi magni quidem saepe,
Iransuersa, hoc saepe, sed eneruali
eneruati dum exeunt,
du,n exeunl,
nzanifestum facient
cuiuis ."anifestum motetm illi
facient :: motum ίΙΗ felicilate
ΙεΙίcϊΙaΙ. nimia caput.
caput.
2.. Nous etudions
2 Btudions plus bas, cbapitre chapitre ΠΙ, ρ. 131
III. p. sq., le problème
1 3 1 sq., probleme des iIaudbaud
I'ίnfluence exercee
mollia iussa et de l'influence exercBe par Mecene Mécène sur la composition des Gior- Gbor-
gzques.
giques.
Cf. infra, chapitre III.
3 . cf.
3. πι.
L'EPICURISME DE MECENE 23
de la nature. La secura quies est I'antinomie embiΊches de la civili-
l'antinomie des embûches
sation, des chimeres
sation, chimères de l'ambition :: Virgile se réfugie refugie derήere
derrière le topos
pobtique,
poetique, là 11ι où
ου Horace utilise I'exhortation
l'exhortation directe,
directe, mais cauteleuse
cauteleuse1.1.

Οη a dit à
On 1ι un autre point de vue que les Georgiques leι;:οns
Géorgiques reniaient les leçons
Philodeme :: ίΙ
de Siron et de Philodème il s'agit de la :religion
religion champetre
champêtre etde
et de la
(( nekyia »
« esquiss6e dans l'episode
» esquissee dΌrΡhee et d'Eurydice2.
l'épisode d'Orphée dΈurydice2 • La pre-
mière
mie:re « apostasie » n'apparalt
>) clairement. Virgile avait aΡΡήs
n'apparaît pas si clai:rement. appris
au sein du sodalicium campanien à 1ι ne pas dedaigner lίesse des fetes
dCdaigner la liesse fêtes
religieuses : l'enseignement de Philodeme,
religieuses Philodème, dans le De Musica et dans
Ιε De Pietate,
le Pietate, prolonge d'Épicure8.
p:rolonge celui d'Epicure 3 • Les images de joie du chant II, ΙΙ,
les fetes Bacchus 4 -
fêtes de Bacchus4 - si proches de celles du symposion epicurien épicurien --,,
et surtout les dies festi ruris5,
festi de la laudatio ruris 5 , communion assez symbo-

lique avec les deos agrestis, reflètentrefletent plutôt


plutot qu'ils neηε trahissent une
th6ologie qui implique, dans les rapports avec le divin, non
theologie ηοη pas un υη
commerce an:xieux
commerce anxieux (metus omnis... inexorabile
(metus omnis... fatum .... stre$itumque
inexora bile fatum.. strepitumque
Acherudis
AcherunJis auari 6 ), mais la communion dans la joie, essence de la vie
auarie),
divine. Il est tres très net, de surcrolt,
surcroît, qu'un dionysisme diffus pénètre penet:re
épicuriens7.
les sodalicia epicuriens'.
E. Pa:ratore
Ε. Paratore a raison en revanche de signaler la seconde apostasie :
l6gende d'outre-tombe
la legende dΌutre-tοmbe du chant IV ιν ; on voudrait croire pourtant
; οη
Lucrèce avait elimine
que Lucrece 6liminC toute foi ίοϊ dans la survie d'une existence
aΡΡauvήe. L'insistance avec laquelle ίΙ
appauvrie. il s'efforce d'expliquer et de
réduire tous les messages et tous les phantasmes d'outre-tombe
reduire dΌut:re-tοmbe trahit
tramt
ηη reste d'anxiete
un d'anxi6té8. 8 • Quelle pouvait etre, être, sur ce sujet, l'attitude

Iι.. cf.
Cf. Horace, Odes, πι, 29 entre autres invitatlons
Odes, III, (ΠΙ, 8 et
champêtres (III,
invitations champetres
πι,
I I I , 1616 ;; IV, Iι Iι,, etc.). Dans πι,
III, 16,
16, 29
zg sq.
sq. (iugeru", ραιιεΟΥΙΙ", =
(iugeruwt paucorunz Géorgiques, IV,
= Gcorgiques,
127-128), οη
127-128), on discerne une leçon le~on de simpIicite
simplicité rustiqne
rnstiqiie :: noter I'insistance
l'insistance de la
moralité ... flarca
finale ...
moralite finale ραΥεα quod salis est manu.
sαlis esl mαnu.

p.
2. Cf.
177-202.
ρ. 177-202.
Ε. PARATORE,
Cf. E. PARATORE. .
. Saunti
Spunti lzrcreziani
lucreziαni nelle Georgic,,",
Georeiclte.
- . Atene e Roma. - --
1q?9.
Roma, 1939,
Cf. Α.-
3. cf.
3· A.-J. FESTUGIÈRE,
FESTUG1ERE, Épicure Epicure εΙ et ses Dieux, Paris, P.U.F.,
P.U.F.• 1946, ρ. 88-89
1946, p. 88-89
et 94 sq.
sq.
4· G6oreiaues. II.
A . Gcorgiques, Π, 380 sq. sa.
5. GCorgiques,
5· ~ k m g i ~ z c eΠ,527
II;
s ; 527 sq.
6. Ghorgiqzres, IΠ,
6 . GCorgiq"es. I , 491
491 sq. L'enseignement épicurien tendait essentieILement
L'enseignement epicurien essentiellement
aà elimlner deisidainzoltia. «a un
éliminer la deisidai"'o,,ia, υη servage
serνage- qui. pesait
pesalt
- lourdement sur les a.mes âmes "..,
cf. FESTUG1ERE,
FESTUGIÈRE, ορ. Ιαιια., p.
op. Eaud., ρ. 73-76.
73-76.
7. La convergence entre le culte du vin νίn et I'epicurisme
l'épicurisme ne se situe pas seule-
ment sur le plan du carpe dienz sodαlicia (dont
die", vulgaire de certains sodalicia (dont onοη trouve
υη reftet
un reflet dans les odes bachiques d'Horace), dΉοrace), mais surtout au niveau des promesses
spiritueILes
spirituelles d'apaisement dispensées a
d'apaisement dispensees à ]a
la iois
fois par I'epicurisme
l'épicurisme et e t par unυη diony-
sisme epure,
sisme épuré, --celui qu'étudie F.
celui qu'etudie F. CUMONT,
CUMONT, Orientales ...,, p.
Religio1>S Orie"Iales...
Les Religions ρ. 195-204·
195-204.
Entre le banquet epicurien
épicurien qui est joie présente
presente et le banquet dionysiaque.
dionysiaque, douce
ébriété qui libere
ebriete soucis, "O possession
libère des soucis, diνine et prélibation
possession divine dΌutre­
preIibation des joies d'outre-
(Ibid., p.
tombe "» (Ibid., ρ. 203).
203)~des lntederences
interférences ne pouvaient manquer de s·etabIir. s'établir. De
surcroît, I'enthousiasme
surcrolt, l'enthousiasme bachique, chez Horace (cf. Odes, ΠΙ,
(cf. Odes, I I I , 25, etc.), evolue
25, etc.), évolue
vers la religion apoILίnienne I'ίnspiration poétique,
apollinienne de l'inspiration poetique. et le poète Elcgies
pol>te des Blhgies
ιi Mhcène
à syncrétisme (vers
MCc'ne atteste ce syncretisme (vers 65
65 sq.), Ε. BICKEL,
sq.). cf. E. BICKEL, De Elegiis in Μαε­
i n Mae-
cenalem ..., Rheίn.
cenαlem...• Rhein. Mus.,
Mus., 93, 1950. ρ.
93. 1950, ιι8-ΙΙ9·
p. 118-119.
8. rer. "αΙ.,
8. De ver. nat., IV, 35 sq. sq. ;; IV, 734·
734.
24 MfCENE

de Mecene,
Mécène, et dans quelle Géorgiques recelent-elles
queile mesure les Giorgiques recèlent-elles des
allusions
ailusions ?
Mecene devait etre,
MCcène être, bien avant de tomber, sur la fιη, fin, dans l'anxiete
l'anxiCt6
morbide, partagC l'adhbsion au scientisme rassurant et l'appel
partage entre l'adhesion
du surnaturel,
surnaturel, donnee
donnCe du temperament
tempCrament et de la race1. race1• Virgile fiatte
flatte
fugitivement ce scientisme qui est une des directions de 1'Cpicurisme l'eΡίcuήsme
romain, 11.à vrai dire surtout du De Rerum Natura ::dans le Felix qui qui
potuit cognoscere causas..."
potuit rerum cognoscere causas...z ; dans l'etude,
llCtude, plus promise que rea- réa-
lisbe, des causae susceptibles d'expliquer l'epizootie
lisee, Norique s.
1'Cpizootie du Noriques.
Mecene
MCcène etait
Ctait imbu de science
science :: ce n'est pas fortuitement que Pline P1ine
ΙΆncίen l'a cite
l'Ancien cité parmi ses sources dans l'Histoire
1Ήistοire Naturelle,
Naturelle, pour les
aquatiques, les remèdes
animaux aquatiques, remedes tirestirés des betes
bêtes aquatiques et les
perles* ίl n'y
perles 4 ;; il η'Υ a pas lieu de s'etonner curiositC scientifιque
s'Ctonner si la curiosite scientifique etait
Ctait
chez lui au service de 1a la curiosite
curiosit6 baroque, de la hantise vaIetudinaire,
valbtudinaire,
de 1a luxuria. Mais Virgile ne sacrifie
la luxuria. sacrifιe que peu au « positivisme » Cpi-
)) epi-

curien. 11IL cherche plutôt,


plutόt, pour attacher son patron, les chemins secrets
âme, voue
de son ame, faiblesses, -- 11.à moins qu'il ne
voire ses hantises et ses faiblesses,
s'agisse d'une harmonie spirituelle nee nCe de l'amitie.
l'amitiC. C'est ainsi que le
ministre aux gouts goûts baroques, ami de l'insolite et du mystère, mystere, devait
apprecier Cvocations morbides du chant III,
apprCcier et vivre les evocations les sigma
ΠΙ, 1es signa
pathktiquesj,
pathetiques 5 , 1e sacrifιce divin bouleversé,
le sacrifice bouleverse, 1a la diffusion inexorab1e
inexorable du
Morbus ..;son poète lui montrait l'ordre
poete 1ui 1Όrdre naturel detr6ne adynala,
dCtrôné par les adynata,
d'kvoquer les jeux de l'esprit
qui cessent d'evoquer l'esprit alexandrin ou 1es les impossi-
bilites de raison, pour devenir la loi
bilitCs Ιοί d'un monde absurde et inquietant
inquibtant6. 6

Baroque et païen paien tourmente, Mecene trouvait dans cette evocation
tourmentC, IfCcène Cvocation
d'un univers sinistre,
sinistre, au-dela
au-delà de l'univers rassurant et quotidien, un
aliment pour son inquietude
a1imentpour inquiCtude innee.
innbe. Les secrets du monde ne se limitent
Iι.. Cf.
Cf. notre etudeétude des fragments de Mecene, Mécène, chapitre ]Ir, ΙΙΙ, et I'analyse
l'analyse de
i'atavisme etrusque
I'atavisme étrusque (p. (ρ. 55
55 sq.).
sq.).
Gbrgiques, Π,
2. Giorgiques, II, 490.
490,
Ibid., ΠΙ,
3. Ibid., III, 440 :: Movborum
Morbor,{n, quoque te Ιε causas et
εΙ signa docebo.
docebo.
4.
4. cf. infva.
Cf. i,zJra.
5. Virgile,
5. après avoir traite
Virgile, apres traité rapidement les causae (III, 478-481). evoque
(ΠΙ, 478-481), évoque
les signa les plus propres a à frapper I'imagination
l'imagination :: la victime du sacritice teπas­
sacrifice terras-
sée a
see à I'autel
l'autel (vers
(vers 486-493),
486-493). premier volet d'un diptyque dont la seconde partie
consacrée a
est consacree à la f in du zdictor
Ιίn equw (vers
,{ictor equus sq.) ;; apres
(vers 498 sq.) après le bœuf sacré. et pour
breuf sacre,
répondre imparfaitement a
repondre S la tripartition didactique adoptee adopt6e plus haut (ΠΙ, (III,
49-50 et e t 73),
73). le poète évoque le breuf
poete evoque bœuf profane teπasse
terrassé au milieu du labour
(515 sq.). Ce genre de dramatisation devait plaire a.
(515 à Mecene
Mécène d'apres
d'après ses fragments
fragments
poétiques,
poetiques, cf. infra.
cf. infra.
6. Les vers 534 et
6. e t suivants depeignent
dépeignent un monde absurde :: les dieux se sont
privés eux-mêmes des νictίmes
prives eux-memes victimes a. S sacritier (531-533) ;; l'humanite
sacrifier (531-533) l'humanité retrouve I'etat l'état
de nature.
nature, mais dans le Je chaos ((...... ipsis
@sis unguibus
unguibw infodiunt fruges ...) ...) ;; le
Je loup
renonce a férocité, les cerfs et les daims a
à la ferocite, à la crainte ;; et surtout, la separation
séparation
traditionnelle et e t theologique
théologique entre Jes les elements
éléments se trouve remise en question
dans les vers 542 a. féeriques de la Bucolique
à 547. Les adynata feeriques Bucolique V (vers
(vers 56 sq.)sq.)
deviennent des adynata αdynata sinistres.
sinistres. OnΟη en trouvera au moins un exemple chez
Mécène,
Mecene, qui, qui. comme VίrgiJe,
Virgile, est parti de l'adynaton
J'adynaton alexandrin. cf. Cf. EΕ.. DUTOIT,
DUTOIT,
Le tMn2e
thdnze de l'adynaton
l'αdynaton d a m la
dans lα poésie antique, Pans,
potfsie antiq,{e, Paris, Les Belles Lettres, 1936.1936.
L'tPICURISME DE MtCENE 25
pas pour lui aux Cnigrnes
enigmes de la connaissance. Dans l'espèce
I'espece d'apoca-
d'apoca-
lypse païenne
paienne qui couronne le chant III, πι, avec Morbi
Morbi et Metus,
Metus, onοη
trouve prBfigurBe
prefiguree l'antichambre
I'antichambre du monde infernal peinte par Ι' Eneide,
par l'Énéide,
VI, 275 οη voit se construire un enfer peupl6
275 sq. ;; on peuple d'allCgories
d'alIegories Bpi-
epi-
Pαlle1ztesque habitant
curiennes :: Pallentesque hαbitαnt Morbi
Morbi tristisque Senectus et Metus...
et Metus ...
Lαbosque1 • Tout permet de reconnaître
Letumque Labosquel. reconnaitre dans les deux pas- pas-
ΙΈηfer sur Terre de 1'orthodo.xie
sages l'Enfer ΙΌrthοdοxie Cpicurienne,
eΡicuήeηηe, et plus prCcisCment
precisement
l'empreinte du pessimisme lucretien. Plus encore que dans les 9zugae 1zugαe
dans les allusions Aιι clefs,
et dans reνeIe une complicitC
clefs, Virgile r6vèle complicite épicurienne
epicurienne
aνec
avec Mecene.
MCcène.
même conniνence
La meme apparaitra encore plus nettement dans la
connivence apparaîtra
ΙΆmοur, tyran de l'univers
peinture des tourments de l'Amour, l'uniνers :

Omne αdeo ferαrumqzee


adeo genus in terris hominumque ferarumqate
ε!
et genus αequoreum, pictαeque uolucres
aequoreum, pecudes pictueque
in furiαs ignemqzte
injurias ignemque ruont : αmor omnibus idem...2.
: amor idem... 2 •

Feu deνastateur aνeuglante, la passion peinte ici


dévastateur et hallucination aveuglante,
reproduit les traits de Lucrèce aνertissements du Jardin
Lucrece et rappelle les avertissements Jardin
contre la confusion
confusion de Venus miseres àιι la fois bio-
dΆmοr", une des misères
Venus et d'Arno+,
logiques et chimeriques Mecene avait aiι cette
chimCriques de la condition humaine. MCcène
Cpoque depasse
epoque n'aνait pas encore
dCpassC largement la quarantaine, et s'il n'avait
vCcu avec Terentia le drame de la passion brûlante
νecu brUlante et frustrCe4
frustree 4 que

ι.
1. Outre la Mort (cf. (cf. p]us
plus bas),
bas), la Crainte et la Maladie, le ]e Travail
Travai] constitue
bien,
bien, dans
dans les épicuriennes, '-
les perspectives eΡίcuήeηηes. - en liaison
]iaison avec une r" histoire n» pes- es
simiste de de ]a la civilisation - -,, une misere
misère de ]a la condition humaine : voir ~ Lucrece,
ucrsci
De γεγ.
De ver. "αΙ
na!.,.• Π,
II, ΙΙ22
1122 sq.sq.
2 . ΠΙ,
2. III. 242-285.
242-285. W. RICHTER,
W. R1CHTER, Vergil, Georgica,
Vergil, !I1ίinchen, 1957, p.
Geovgica, München, ρ. 290-291,
290-291,
aa souligne l'influence de Lucrece
souligné ]'influence Lucrèce sur ce passage.
3. Cf. LΌΙium
3. cf. L'Olium .... ..., chapitre 1ν,
IV, ρ.
p. 227.
227.
4. Sur
4. Sur Terentia,
Terentia, epousee
épousée paιpar !I1ecene
Mécène autour de la cinquantaine, plusieurs p]usieurs
fois repudiee
·fois répudiée et reΡήse reprise (au(au point que le probleme
problème de sa dot constituait un υη a«casse-
casse-
téte »juήdίque),
tι!te n juridique), ίΙ il existe une abondante litterature.
littérature, d'autant
d'autant plus
p]us fournie qu'on
qu'on
l'a identίfiee
]'a identifiée avec la Licymnia dΉοrace, Odes, II.
d'Horace, Odes, Π. 12,
12, fervente de la danse.
Cette ode,
Cette ode, compte tenu des mceurs mœurs romaines eett du discrédit attache à
discredit attaché a la sallalio
saltatio
(Salluste, Cat.,
profane (Salluste, Cat., χχν
XXV ;; Horace, Odes, III, ΠΙ, 6.6, 21
21 sq.. etc.), a posé
pose le]e pro-
blème des
bleme des οήgίηes
origines sociales
sociales et du passe
passé de Terentia. W. Festsclιrift tiSi&;
WILI, Festsclrrift
W. \V1L1, Ti~clIe,
185, croit que
ρ. 185, que LίCΥmώa
Licymnia est ]e le pseudonyme de Terentia.
Terentia. G. WILLIAMS.
\V1LL1AMS, Poetry
ΡοεΙγΥ
4; the moral
i" the moval cli,nate
l'évocation, si
I·evocation.
climate of
si elle
eue etait
of Α
Augustean
était ηη
Rome, ].RS.
ugustea" Rome.
un portrait fidele,
JRS, LII, 1962.
fidèle, desobligerait
1962, p.
désobligerait Mecene
ρ. 35-38, tient que
Mécène et Terentia
Terentίa ; ; il
ίl
postule que
postule que le le poete
poète dessίne
dessine pour ainsi dire en transparence des hétaïres Mtaires proches
de ceIles
de celles dede ]'Α l'Anthologie Palatine. !I1ais
"thologie ΡαΙαΙό"ε. Mais desdès ]'antiquite,
l'antiquité, le scoliaste d'Horace
dΉοrace
la presentait
]a présentait comme comme la co"cubi"a
concubina de de Mecene
Mécène (cf.(cf. R-E, col.
col. 215).
21 5). R. SYME.
SYME, The Tι,e
Roman Revolutio",
Roma" Revolution, ρ. p. 277.
277, η. n'hésite pas a
n. 2, n'hesite à identίfier
identifier Terentίa
Terentia avec la ]a Teren-
tίIla
tilla qui
qui aa ete maîtresse d'Auguste avant Actίum.
été la ma1tresse Actium. Si Gaιdthausen
Gardthausen (op. (ορ. cit.,
<όΙ.,
ρ.
p. 776-777
776-777 et e t Π.
II, ι,
1, ρ.
p. 440,
440, n. 45) postule le contraire ρουι
n. 45) pour l'honneur
I'honneur de i\iécène.
Mecene,
il ne
il réussit pas a
ne reussit à nous
nous convaincre totalement. N'avoue"t-il
N'avoue-t-il pas (Ibid.,
(Ibid.. p.
ρ. 776)
776)
qu'elle etait
qu'elle était d'une famillefamilie "a ruίnee
ruinée par les
les gueues civiles D ?? On
guerres ciνiles» Οη voit mal dès des lors
]ors
ce qui
ce s'opposerait a
qui s'opposerait L'hypothèse se]on
à I'hypothese selon ]aqueIle
laquelle Terentia,
Terentia, tombee
tombée dans le ]e demi-
monde de
monde de la
la galanterie,
galanterie, aa eteété distinguee
distinguée et relevee
relevée par Mecene.
Mécène. PASQUALI, ΟγαΖόο
PASQUAL1, Orazi0
26 IIfECENE

!es
les !ectures
lectures epicuriennes
épicuriennes pouvaient rendre plus p!us cérCbral,
cerebral, il
i! était
etait sans
doute
doute trestrès prompt ιιà s'enflammer dans les compagnies et dans les !es
banquets.
banquets. Les anecdotes qci qui evoquent
évoquent ses ((« coups de foudre » sont ))

contemporaines
contemporaines de sa toute-puissance, notamment celle du banquet banquet
chez
chez Ga!ba
Galba1.1 . 11 n'est pas necessaire de
Il n'est nécessaire voir dansdans!ele Lynceus de Properce,
Π,
II, 34, don Juan redoutable ιιà qui ΙΌη Ιeφηs de la sagesse,
l'on objecte les leçons
υη
un masque de Mecene Mécène :: son ami L. Vaήus Rufus, qu'on a conjecturé
L. Varius conjecture
avec
avec sagacite,
sagacité, se reclamait
réclamait aussi du JardinJardin!!
Ainsi les Georgiques
Ainsi !es Géorgiques tissent entre MCcène
Mecene et Virgile, dans le domaine
philosophique, υη
philosophique, un reseau famiΙίaήtes et de complicités.
réseau subtil de familiaritCs complicites. Qu'il
s'agisse
s'agisse dede la campagne - stylisee ου
- stylisée ou rustique-,
rustique-, des joies simples
joies simp!es de
la fete,
fête, des
des faiblesses
faiblesses humaines, des consolations de la science, science, Virgile
rappelle ιιà Mecene
Mécène leur foi insuffΊsance pratique, mais
foi de jeunesse, son insuffisance
aussi
aussi sesses promesses
promesses et ses leyonsleçons trop souvent oubliées.
oubliees.
11
Il convient de faire eΡicuήeη­
faire le bilan, par rubriques, de ces traces épicurien-
nes,
nes, en revenant aux textes anciens.
Quatre points de vue revetent capita1e (si
revêtent une importance capitale ΙΌη
(si l'on
excepte partiellement le probleme
excepte problème de la Po6tique)Z
Poetique)2 ::
-- la religion
religion de la joie et !e le sens de la vie ;;
-- l'angoisse de la mort ;;
-- le culte de l'amitie
l'amitié ;;
-- le naturalisme champetre.
champêtre.

religion de
La religion de la joie et le sens
sens de la vie.

étrusque, fils
Prince etrusque, fils d'un siec!e
siècle dissolu,
dissolu, Mécène
Mecene était
etait plus porté
porte
vers l'épicurisme campanien que vers Lucrkce,
vers l'epicurisme Lucrece, dont ili! n'est sfιr
n'est pas sûr
qu'il ait eteété νu!gaήse
vulgarisé au temps de sa formation. Malgré
Malgre les avertis-
réitérés de Demetrius Laco, le cénacle
sements reiteres cenacle campanien cultive
jusqu'à I'Mdonisme
jusqu'iL l'hédonisme l'epanouissement
1'épanouissement de la joie :: il a subi l'emprise
de l'epicurisme
de 1'6picurisme «a oriental »3.
n3. La mince frontiere
frontière entre !es
les joies permises
le «((matérialisme
et le était souvent franchie chez les sectateurs :
materialisme sordide » etait
Cicéron n'a pas tout invente
Ciceron inventé dans son portrait de Pison. ÉpicureEpicure a

lirico. ρ.
lirico, p. 398,
398, me semble ecaι·ter
Bcarter une objection décisive,
decislve, quand il i1 montre que le
domina (ode
mot domina II, 12)
(ode Π, 12) fait partie du vocabulaire de la galanterie et n'implique
n'ίmΡιique
pas une damedame de de la bonne societe
société !
I. Οη
1. On connalt
connaît I'histoire rapportée par Plutarque, Moratia,
l'histoire rapportee Moraliα, 760 ; un ηη mari
complaisant qui qui somnolait ouvre l'reil
l'œil devant un ηη larcin
larcίn d'esclave s'ecrle :
d'esclave et s'écrie
... οόκ
... oUn ο!σθ'
oloû' δτι
OTI μόνφ Mutn$va καθεύaω.
p6v9 Μαικ-ήνι;ι nuf3cSSa. A Α l'époque,
I'epoque, cette situation devait être Hre
courante, cf.
courante, cf. Ovide,
Ovide. Ars Am., II, 545. A
Am., Π, Α rapprocher du propos, passé passe en proverbe
pro"erbe
avec ηη
a"ec un sous-entendu
sous-entendu libertin, omnzbus dovmio
libertin, non om1.ibus (Ciceron, Ad
doymio (CicBron, Fαm., VII,
Ad Fam., ΥΠ,
24, ι),
24, qui semble
1). qui semble venir de Lucilius,
Lucilius. cf.
cf. ed.
éd. Marx, 1904,
1904. 1223,
1223, p.
ρ. 83.
2. Οη
2. On etudiera
étudiera plus bas,
bas. chapitre πι,
III, p. I I 4 sq.,
ρ. 114 sq., les rapports entre l'épicurisme
l'epicurisme
et la poesie
poésie du Cercle
Cercle dede Mecene.
RlBcBne.
3. Otium...,, ρ.
Cf. notre Otium...
3. cf. p. 256.
256.
L'EPICURIS~fE DE MECENE 27
parlé,
parle, avec un υη naturalisme agressif qui s'oppose aux morales CthérCes etherees
l'είιφροσίινη), des joies
(temoin la controverse sur l'eUlppooUvr)), joies du ventre, desdes«u cha-
touillements a» du plaisir1,
plaisir', et Ctabli υη catalogue complet de joies
etabli un joies et
de plaisirs qui rCpondrepond àa la solidarité
solidarite vivante du corps, de l'&me-viel'ame-νie
et de l'&me-sensibilith. Mecene, comme les disciples de Siron, a choisi
l'ame-sensibilite. MCcène,
ΡΙutόt que la cathartique austère
la joie pleine plutôt austere de Lucrèce.
Lucrece.
Horace, inspiré
inspire par une conception élevCe eIeνee de la philia, a tancC tance
MCcène
Mecene de son hédonisme,
hedonisme, pour ρουτ lequel il ίΙ n'est
n'est pas seulement le tCmoin
temoin
indiffCrent
indifferent que suggère suggere Avallonez.
Avallone". D'autant plus franc qu'il aura
conscience
conscience d'être
d'etre imparfait, Horace, dans l'épâtre Ι, 1,
l'epitre 1, ι, Cvoque
evoque maligne-
ment, parmi releνent de la guCrison
parrni les travers qui relèvent plύlosophique,
guerison philosophique,
-
- laissons de côtC l'iracundia 3 -
cόte l'iracundia3 - trois formes de Zuxurialuxuria (iners,
uinosus, amator) ; ,. ce sont celles qui consacrent l'Cchec l'eΡίcuήsme.
l'echec de 1'Cpicunsme.
Il apparaît
apparait qu'Horace, en se rangeant, condamne condarnne la joie bachique
qu'il exaltait dans l'épode ΙΧ, dans la satire II,
l'epode IX, Π, 8, dans les Odes'.
Odes4. Mais
baclύque, a
la joie bachique, a ses yeux, était
etait insCparable
inseparable d'une certaine simpli-
cité
cite de bon aloi : l'ode ΙΌde 1,Ι, 20 oppose le mileuile Sabinum au Falernum;
Falernum,. on οη
trouve la même meme allusion malicieuse aux goûts gouts de luxe de MCcène
Mecene dans
la satire II, Π, 85. LΌde III,
85. L'ode ΠΙ, 29 trahit l'intention
l'jntention manifeste de censurer
le II{( snobisme » urbain et d'exalter
d'exalter la vie frugale qui comble les désirs desirs
naturels en dissipant I'inquiCtudel'inquietude;; l'allure
l'allure sentencieuse des vers
dénonce le dogme epicurien
denonce Cpicurien ::
Plerumque gratae diuitibus uices
mundaeque
mundaeque paruo sub lare pauperum
cenae sine aulaeis et ostro
frontem ....
sollicitam explicuere frontenz..
Dans l'epitre Ι, 1,
l'épâtre 1, ι, on
οη est 10ίη
loin de l'indulgence ρουτ
pour le mol abandon que
le poète
poete affichait dans la satire 1, Ι, 5, 5 ou
ου dans l'epode χι\! (plaidoyer
l'épode XI\'
ρουτ la mollis inertia)
pour ίl censure egalement
inertia) ;; il Cgalement υη
un erotisme
Crotisme qui,
qui, dans
l'épode πι,
l'epode lυί paraissait une forme
III, lui forme d'enjouement (iocose Maecenas).
Ρυ'ίΙ s'agisse de l'amour ou
Qu'il ου de la beuverie,
beuνerie, Horace a rompu avecaνec

ι. Cf.
1. Cf. USENER,
USENER, Epict~wa, fr. 4'2
Epic"rea, fr. 412 et
e t fr. 4Ι3.
fr. 413.
2. R.
R.AVALLONE,
AYALLONE,Proftlo untano...,, ρ.
Profi10 un,ano... p. 6, présente ηη
6, presente un catalogue des des textes
textes qui
soulignent la l"xuria de hlécène (Odes,
luxuria deJ\1ecene (Odes, ΠΙ,
III, 29 Épodes. ΙΧ,
zg ;; Epodes, Satires, Ι,
IX, 3 ;; Satires, 1, 5,
5,
48, etc.). Οη
48, etc.). On s'etonnera
s'étonnera que I'auteur
l'auteur tire de de ΙΌde
l'ode ΠΙ, III, 8, 8, hymne a à I'amitie,
l'amitié, un
témoignage SUr
temo;gnage sur la mollesse
mollesse de de Mecene.
Mécène. Les vers 56-70 56-70 de la satire Ι, 1, 55 restent
tres
très peu probants. Meme Même remarque pour la satire Ι, 8, Ι3-Ι5
1, 8, 13-15 (en(en quoi le choix
des
des Esquilies prouve-t-il, a
Esquilies prouve-t.il, à I'epoque surtout, la lιιx"riα
l'bpoque surtout, luxuria ?), et pour la sαtire satire Π,
II, 6,
6,
49 (Ies exercices physiques ne sont pas ηη
(les exercices un signe
signe de de dissolution). L'auteur, dans dans
r6cent Mecenαte,
son recent Mecenate, chapitre ΙΙ (L'uomo),, notamment ρ.
I r (L'uomo) 35-40, est revenu a
p. 35-40, à
une interpretat;on
interprétation plus stricte de l'ode ΠΙ,
de I'ode III. 2828 et de la sαtiresatire Ι,1, 5.
5.
3. Οη
3. Lucrèce, I'irαc"ndiα
On sait que pour Lucrece, I'iracundia n'est po;nt point un vice vice capital (Ωε (De rer.
rer.
nαt.,
nat., ΠΙ,
III, 300
300 sq.).
sq.). cf. C. BAlLEY,
Cf. C. BAILEY, II. ρ.
t . Π,
t. p. 1044.
1044.
4. Odes ({II bachiques »II :: Ι,
4. Odes 1, ι8
18 ;; Ι, 20 ;; Ι,
1. 20 1. 27 ;; Π,I I , 33 ;; Π,
I I , Ι9
19 ;; ΠΙ,
I I I , 2Ι
21 ;; ΠΙ, 28 ;;
III. 28
ΙΥ,
IV, ΙΙ,
II, etc. .
5. Sαtires,
5. Satires, Π, 8. ι6-η.
II, 8, 16-17.
28 MECENE

YhCdonisme seJ1Suel
l'Mdonisme semuel de l'ecole
1'6cole campanienne, le vert paradis des ton-
nelles et des amours faci1esfaciles que la Copa a immortalise.
immortalisb. MCcène, Mecene, lui,1υί,
n'a pas connu la conversion ;;il ίΙ n'a pas assimile leς:ons de « tempC-
assimil6 les leçons tempe-
rance ))n que dispensent aussi bien les Socratici Socrαtici libelli
libellil,
1 , naguère
nagnere moquCs,moques,
que les Maximes Capitales'.
Capitalesa.
Le culte de la vie et de la joie, qui rCsiste Mecene a
resiste chez MCcène à toutes les
objurgations, domine son Synzposium3, Syrιtposium3 , dialogne
dialogue οΙΙ interνiennent
où interviennent
Horace et Virgile, οΙΙ Messalla se fait l'apologiste du vin.
Virgi1e, où νίη. EnΕη elle"meme,
elle-même,
la formule litteraire
littCraire du Symposium est plus p1us proche du badinage
hybride des joyeuses compagnies -- formule podtique
hΥbήde poetique des arnis amis de
Philodeme 4 -- que du dialogue
Philodème* dialogue socratique ou ου cynique. Messalla,
Messalla, dont
on connait
οη connaît les penchants bachiques, revele rCvèle une curiosite
curiositd sensib1e
sensible dans
1ε: Sym$osion
le d'Épicure55 ;; il
Symposion d'Epicure ίΙ etudie
Ctudie les effets physiques du vin, νίη, son
pouvoir magique d'alienation
d'aliknation : ... ... idem humor ministrat faciles oculos,
pulchriora reddit omnia et ε! dulcis iuuentae reducit bona...bona ...6.6 • Horace, au
temps de l'insouciance (Odes, (Odes, III,ΠΙ, 21),
ZI), considerait
considCrait le vin νiη comme une
mCdecine morale propre a
medecine guCnr l'inquietude,
à gueήr YinquiCtude, à nourrir la gaiete
iι nounir gaiet6
badine (iocos),
(iocos), en stimulant,
stimulant, il ίΙ est vrai, 1es
les passions (. (..... seu rixam et
amores ...)) :: il se souvenait qu'Epicure
insanos amores... qu'Épicure prescrivait d'eviter d'Cviter
l'amour physique dans 1a la chaleur communicative du νίη. vin. Dans son
Banquet, ouvert aux seu1s seuls philosophes -- contrairement a à 1ala doctrine
la $hilia
de 1a philia peut-être
peut-etre -, -, Epicure
Épicure etudiait
Ctudiait physiologiquement les effets
thermiques du vin νίη et 1a la nature de ses atomes specifiques
spCcifiques7. 7 • Οη
On trouve
Lucrèce un deve10ppernent
chez Lucrece dCveloppement identique consacre consacré aux mbfaits mefaits phy-
siologiques de l'ivresse, mais marquC
siologiques marque d'un morne mome pessimisme ::

... nant oculi, clamor, singultus,


... singuitus, iurgia gliscunt,
et i a m cetera de genere hoc quaecumque secuntur
ε! iam ... (III,
secuntur... sq.)
(ΠΙ, 475 sq.)

MCcène doit a
Mecene à cette peinture la curiosite
curiositC pour les mouvements « reflexes))
rCflexes a
de l'ivresse, Horace l'idee
l'idCe des desordres
désordres et de l'excitation
l'excitation erotique.
Crotique.
L'un et l'autre refletent
reflètent une civilisation des banquets et de la galan-
teήe facile
terie facile dont l'Art dΆi,ner est comme 1e
ΙΆrt d'Aimer miroir". Mecene
le miroirs. MCcène est
I. Cf. Odes.
Ι. Cf. πι, 21.9-10.
Odes, III, theme Ieνiendra
même thème
21,9-10. Le meme reviendra chez Properce, Π, 34, 27,
Properce, II, 27.
ΙΌη peut entendre au sens large la sagesse
et l'on (philosophie morale,
sagesse « socratique »u (philosophie
cοηtrδle des passions).
contrale Ρ. J.
Cf. P.
assions). cf. ΕΝΚ. Sexti
J. ENK, SeztZ' Pvopevlii ..., II,
Propertii .... Π, p.ρ. 440.
2. Μαχ. Cαp. (USENER),
Max. 8ap. (USENER),IX, ΙΧ. X,χ, XV, XXVI
χχνι et XXIX.
ΧΧΙΧ.
3.
3. Sur le Symposium Mécène, cf. infrα,
Symposium de l\1ecene, infva, chapitre πι, ρ. 105.
III, p. K. Aval10ne
105. R. Avallone
1Vlecenαte, p.
analysé. Mecenate,
l'a analyse, ρ. 250-257. Pαnιfgyrique de 1Vlessαllα
250-257, en le rapprochant du Padgyrique Messalla
(vers 37-42)
(vers 37-42) et ΙΌde III.
e t de l'ode ΠΙ. 21.
Cf. plus bas l'etude
4. cf.
4. l'étude du spoïdogeloion
spoudogeloion et de son estMtique.
esthétique.
5· Cf. USENER,
5. cf. USENER, Epicuvea, p. 115-119.
Epicureα, ρ. J15-J19.
6. Le pouvoir magique d'alienation
6. d'aliénation du vin,νίη, con9u
conçu comme une singularite
singularité
naturelle, se trouve evoque
naturel1e, ΙΌde ΠΙ,
évoqué aussi dans l'ode III, 21, 13-20
13-20 (mystique dionysiaque
sérénité)
de la serenite)
Cf. USENER,
7. cf. Epicureα, 58-60.
USENER, Epicuvea. 58-60.
8. cf.
8. Otium...., ΠΙ-
Cf. notre Otium... IIIe partie, chapitre VII.
νπ.
L'EPICURISME DE MECENE

du cote du libertin Ovidel, mis a part son gout de la singularite


physiologique.
L'amour du luxe et de la mollesse, I'erotisme sont solidaires, dans
I'epicurisme campanien, du sentiment de la fragilite de I'existence
individuelle. Les amis de Philodeme ont inflechi le cαrpe diem dans un
sens superficiel, ils ont νoulu dilater chez I'homme les possibilites de
joie offertes par la diα uoluptαs' : libations prolongees et breves
etreintes dans un cadre pare de toutes les seductions naturelles. La
Copα constitue un excellent poeme d'ambiance : elle montre que le
goiit des fleurs dans les banquets (Odes, ΠΙ, 29, ι sq.), assez repandu
au demeurant (Odes, Ι, 36, 13 sq.), est lie au naturalisme campanien3 •
Elle souligne aussi le sentiment de la fragi1ite humaine'.
11 est difficile de determiner le sens que revetait la musique aux
yeux de Mecene. Οη sait que Mecene pratiquait la νocalise avec Horace
dans les ]ardins de ΙΈsquilin·, et le poete de la Lαus Pisonis a peut-
etre songe a utiliser Mecene comme caution d'une mode peu « romaine »8.
Les E:lcgies νantent une vie harmonieuse, fondee sur un equilibre
entre les negotiα sublimes et les otiα de la Paix ; l'harmonieux ba1an-
cement trouve sa justification dans la ήche dualite de P/toebus, qui
repond bien a la mystique apollinienne du temps. Les otiα de Mecene,
ceux que Seneque enviait, sacrifiaient beaucoup au IΥήsme, a la poesie
chantee. Mais est-ce ιιι un trait dΊ~Ρicuήsme, ou une licence ? L'epi-
cuήsme n'a guere de theorie specifiee qu'au niveau de l'audition musi-
cale, et c'est ce qui autorise Avallone a rappeler la coϊncidence. Encore
faut-il distinguer. Epicure professait que le sage avait vocation pour
traiter theoriquement de la musique. et il ecrivit un De Musicα. Mais
pour lui la musique n'est point uniquement une joie frivole et gratuite.
Symbole de la satisfaction physique dans l'etat de nature, elle revet
pour l'homme ciνilise deux formes principa1es d'apres le De Musicα
de Philodeme 7 : elle a sur les ames une action pacifiante et purificatrice
- elle est liee a I'enthousiasme des fetes religieuses. La seconde fonc-
ι. Le devergondage des festins apparait dans l'anecdote de Mecene invite
chez Galba, Plutarque, Nlorαliα, 760 Λ (Amαtorius). Λυ temoignage des ele-
giaques il faut joindre celui dΉοrace, dans ΙΌde ΠΙ. 6, 25-32 (l'influence desas-
treuse des festins sur la morale des jeunes femmes). .
2. cf. LΌtium.... ρ. 241, η. 16.
3. Voir infrα, ρ. 46 sq.
4. L'evocation macabre qui termlne le poeme est tout a fait dans la note
du cαypε diem epicurien. Elle trouνe "οη repondant dans les squelettes sculptes
sur les rlches gobelets d'argent de BoscoreaLe, cf. U. Ε. PAOLI, Vitα Romαnα,
planche XLVI.
5. Cf. Ε. BICKEL. De Elegiis in Mαecenαtem.... ρ. 103-104 : De Mαece"αte
arte1n uoce cαnendi una cum Η OTatio in Esquiliis exercente.
6. Telle est l'interpretation de Ε. BICKEL. loc. cit.• ρ. 104. ]e la crols plus
vraisemblable que celle de R. VERDIERE, De Lαude Pisonis. coll. Latomus, ΧΙΧ.
qui traduit cαntus (ν. 167) par « douce musique •. Il s'agit de chant, cf. Odes, IV.
11.33 sq.
7. USENER. fr. 386 et fr. 599·
30 MECENE

tion n'est pas specifίque


spécifique dede ΙΌrthοdοxie
l'orthodoxie epicurienne
épicurienne1 1 ;; quant a à la pre-
mière, elle
miere, elle reste en conflit avec
avec une prevention
prévention selon
selon laquelle la musique
aux paroles qu'un plaisir superfίciel
n'ajoute aux superficiel de de ΙΌuϊe
l'ouïe2 2 : elle donc
: elle n'a donc
de sens
pas de sens dans
dans l'ascese
l'ascèse intellectuelle de sagesse ;;elle
de la sagesse elle ne se se justifίe
justifie
donc que
donc que dans
dans la perspective d'un naturalisme epicurienépicurien assez
assez ouvert,
ouvert,
mais vague.
Mécène cherchera
Quand Mecene cherchera la musique
musique commecomme medecine,
medecine, ce ce sera ηοη
non
pas comme dCsespoir de cause
comme une joie pleine, mais en desespoir cause3 3 ;; la
là encore,
encore, le
point de vue essentiel est celui de de l'histoire d'une ame.âme. Il demandera
aux symphonies et au bruissement lancinant de l'eau vive vive4 4 guérir
de guerir
angoisse contre laquelle la sagesse
une angoisse sagesse se sf;ra
sera revelee
révélee impuissante ::
angoisse de la mort,
angoisse mort, angoisse
angoisse de la jalousie.
Plus nettement epicurienne
épicurienne est cette especeespèce de religion
religion de la vie,
Mécène son respect, sa sollicitude pour le plus fragile
qui dicte aà Mecene fragile des
biens de fortune, sommesomme de de hasards que le Hasard peut reprendre. reprendre.
Le culte de la vie individuelle et ίrremΡΙaς:abΙe
irremplaçable explique chez Mecene Akène
un certain humanitarisme qui transparaittransparaît dansdans ses
ses attitudes poli-
tiques ; apres
tiques; après la periode
pCriode d'illegalite
d'illégalitk revolutionnaire
rdvolutionnaire qui se termine
Actium, il sera de ceux pour qui la vie humaine, meme
aà Actium, même en face face de
l'ordre, a une valeur incommensurable
ΙΌrdre, incommensurables. Telle n'est pas la perspective
5 . Telle

stοϊcίenηe
stoïcienne dans le domaine du droit pénale. penal 6 • Dans la vie individuelle,

I. Cf. P.
1. Ρ. BOYANCE,
BOYANC*, Le culte des Muses ... ...,, ρ.
p. 224-226.
224-226.
USENER,ρ.
2. USENER, 337, n.
p. 337, (résumé du De Musicα,
n. 9g (resnme ~Musica,ΙΥ). IV).
témoignage capital est celui de Seneque,
3. Le temoignage
3. Sénèque. De Prou. Prou, ΠΙ,
III, 10 Maecena-
IO :: Mαecenα­
tem ... cui,
tem... cui. amoribw
αmoribus anxio morosae uxoris cotidiana
αnxio et morosαe repudia dejienti,
cotidiαnα repudiα defdenti, somnus
per symplIoniαrum cantum
per sympkoniavum cαntum ex longinquo lene resonantium resonαntium quαeritur.
quaeritur. Dans le
contexte, ce detail indique ιιà la fois fois J'angoisse
l'angoisse malheureuse dont Je le passionne
passionné
responsable, et le rafl1nement
est 1esponsable, raiTinement (forme (forme de luxurialuxuriα « a classique », cf. infra).
», cf. infrα).
Compte tenu de Ja la chronoJogie
chronologie (les (les cruautes
cruautés de Terentia se situent surtout apres après
16
16 ay. J.-C. d'apres
av. J."C. d'après DionΌίοn Cassius,
Cassius, LIV,
LIV, 19),
19). ces insomnies se situent dans les
dernières annees
dernieres années de Mecene ΙΆncieπ, NH.
Mécène :: Pline l'Ancien, ΝΗ, νπ, VII, 51, 172,
172, dit que dans les
dernières annees
trois dernieres années de sa vie, il ίΙ n'a jamais
jamais trouvetrouvé le sommeil,
sommeil, et parle'parle'par
par
ailleurs d'une constitution febrile (... perpetuα
fébrile {... pevpetua febris).
febris}. Mais le texte de SenequeSénèque
et coïncident qu'imparfaitement :: Pline indique la phase finale
e t celui de Pline ne coincident finale
des souffrances et du reste, c'est c'est sans doute la tegende
légende d'un Mecene
Mécène mort d'insom-
Sénèque, explique le parallèle
nie qui, chez Seneque, para1lele avec Regulus.
Α
A vrai dire,
dire. Mecene
Mécène a di1 dû de tout temps etre être guetté
guette par ['insomnie,
l'insomnie, propension
propension
naturelle sans doute renforcéerenforcee par les veilles forcées forcees du ministre de l'intérieur
['interieur
(cf.
(cf. chapitre II).η). Un dΉοrace, Odes,
υπ texte d'Horace, ΠΙ, 1, 20-21,
Odes, III, ecήt peu après
20-21, écrit apres Actium,
ne peut que s'appliquer 3i. iι l'hôte ΙΈsquίlin : ...
l'hote de l'Esquilin ... non auiunz
αuiun, citharaeque cαntus /
cithαrαeque cantus
reducent....
somnum reducent..
44-. De Prou., ibid. : : ...
... et aquarurn
αquαrum fragoribus
frαgoribus auocetαuocet et mille
n,ille uoluptatibw
uoluptαtibus
mentem anxiam
αnxiαm fallut.
ΙαΙΙαΙ.
νeποns que malgré
55.. Nous verrons ma1gre les déformations
deformations malveillantes
malveillantes de SénèqueSeneque
{Epist., CXIV :: ...
(Epist., ... apparet
αppαret enim mollem mollen, fuisse, non mitem), milem}, Mécène
Mecene a conseillé
conseille
iι Auguste la clententia
à clen,entiα (cf. infrα, chapitre II).
(cf. infra, ιι). Si Sénèque
Seneque conteste à iι Mécène
Mecene la
mansuétude.
mansuetude, c'est c'est plutôt
plutot par animosité
animosite posthume que par fanatisme stoïcien stoicien :
les Lettres révèlent, par-delIι les divergences t61éologiques,
revelent, par-delà teIeoIogiques, la recherche de posi-
tions morales communes.
6. Se rappeler les arguments développés developpes par Caton .le Jeune J eune chez Salluste,
Cαt., LII, II,
Cat., ΙΙ, contre la misevicordia.
misericordiα. La même meme sévérité
severite marque la Ja pensée
pensee de
L'έΡΙCURΙSΜΕ DE MECENE 31
le cu1te
1e culte de 1a Mecene a
la vie n'aboutit pas chez Mécène à une victoire sur 1es les pas-
dévastatrices., qui
sions devastatrices,
πrinistre une sorte d'hygiene
ministre
.
aui ravinent
d'hygiène naturiste, Ie
corDs et l'ame.
raνinent le corps
le goiit
l'âme. Mais il
goût des exercices
i n s ~ i r eau
ίΙ inspire
exercices gJ1ffiniques
gymniques',1,
inauiétude Dermanente
solidaire d'une inquietude permanente pour sa sante. santé. Horace sait fort
bien en jouer quand il cherihe a
ίΙ cherche d& cures. Α
à faire des ΙΈ~Ροque de sa toute-
A l'époque
puissance, Mecene
Mécène réserve
reserve jalousement les droits de i'otium2, ΙΌtium2 , et il y Υ
cherche d'abord les bienfaits de la relaxatio, relαxαtio, suivant une tradition
typiquement nationale :: celle des ScipionsScipions3, , a différence près
à cette difference pres que,
3

d'hygiène physique, le politique, a


soucieux d'hygiene 1'Cpoque des Satires,
à l'epoque Sαtires,
nΈ~Ρrοuνe pas le besoin de se derober
n'éprouve dérober aux regards4.
regards·.
inspiré a
L'amour de la vie a inspire à Seneque
Sénèque l'une de ses diatribes les plus
violentes contre Mécène
Mecene dans la lettre turpissinzuna
Ιε#γε CI. Il qualifie de turpissi'llzum
uotum son desirdésir eperdu
éperdu de survie,
survie, meme
même au prix d'une existence muti-
lée :: «a debilem
lee debilem facito
jαcito manu, debilem pede
mαnu, debilem coxo, tuber adstrue
pede coxo, αdstrue gibberum,
gibberum,
quαte dentes
Zubricos quate
lubricos vitα dum superest,
dentes ::vita hαnc 'IItilzi,
superest, bene est ;;hanc mihi, uel αcutαacuta
si sedeam muce, sustine »5.
sedeαm cruce, Mécène s'adresse a
)P.Mecene à une puissance supreme,
suprême,
détient aussi bien le pouvoir sur le monde physique des infirmites
qui detient infirmités
juridiction sur les evenements
que la juήdictίοn événements et les retours cruels de la poli-
Fortttnα epicurienne,
tique. Il s'agit de cette Fortuna épicurienne, de cette Fortunα
Fortuna guber-
nαns·, qui est a
nanss, à la fois deterπrination et force
fois principe de détermination force obscure.
l'évoque souvent,
Horace l'evoque souvent, avec serieux
sérieux ou avec malice,
ου aνec malice, dans.les
dans les odes
dédiées a
dediees à Mécène Π, 17
Mecene : II, 17 (ου
(où elle s'appelle uolttcre Fαtum), III,
uolzccre Fatum), ΠΙ, 29, 29,

C. Ca.ssius,
C. Cassius, jurisconsulte stoïcisant, sous Néron
jurisconsulte stoicisant, (Tacite. Ann., XIV,
Neron (Tacite, ΧΙΥ. 43)43) ;; au
contraire Paetus Thra.sea. malgre sa theorie
Thrasea, malg~é repression (Ann.,
théorie de la répression ΧΥ, 20-21),
(Ann., XV, 20-ZI),
se montrera un ηη adepte de la clemence l'humanité (Αππ.,
clemence et de l'humanite (Ann., XIV,
ΧΙΥ, 48)
48).
ι.
1. 5ur
Sur I'amour
i'amour de Mécène Mecene pour la gymnastique, cf. cf. Horace, Sat.,Sut.. Ι,
1. 5, 48
et Π, 6, 49.
e t II, 49.
2. cf. FIUS bas
Cf. I;'lus ΙΈsquilίη.
donné au choix de l'Esquilin.
ba.s :: le sens donne
3. l'assouplissement du regimen
3. Apres l'assoupIissement vegimen ».orumntorum romain, Ia cοηtrόΙe
la tendance au contrôle
de i'otiunz
ΙΌtίu». des grands hommes et et aà son utilisation edifiante édifiante (theories
(théories cicero-
cicéro-
niemes) fait
niennes) f a i t place a à une sorte de cuIte relaxatio. Dans le De ΟΥαΙογε,
culte de la γεΙαχαΙίο. Ovatore, II,Π,
21 sq., Crassus plaide pour ΙΌtίum
21 sq.. i'otium naturel -- en fait contre l'olium ΙΌtίum litteratu».
litteratunz
cicéronien -- en invoquant les loisirs
ciceronien loisirs des Scipions
Scipions à iι. Gaete,
Gaète, et Yalere-Maxime
Valère-Maxime
exploitera cet exemplum au profit d'une morale princière princiere dans son De Otio, ΟΙίο,
Dict. etεΙ Fact.
Fact. Menz.. ΥΠΙ, 8. Nous etudions
Me»•. , VIII, Btudions ailleίIrs
ailleurs la constitution de cette
morde princiere de I'otiufn
morale princière ΙΌtίu,n a A I'epoque
l'époque augusteenne
augustéenne et e t au debut
début du principat
(Otium...,, ΠΙ-
(Otium... I I I &partie, νπ, VIT, 1,ι, et notre article. L'Olium chez
article, LΌtίum cΙ.εΖ Valere-Maxime
Valkre-Maxime et εΙ
Velleius Paterculus, ou la
Velleiw Paterculus, lα rdaction
rBaction morale au dLbut dBbut du principal.
principat. REL, XLIII, ΧΙ,ΠΙ,
1965,
1965, p. ρ. 294 sq.).
sq.).
4. Satires.
Satires, II, Π, 6,6, 49 :: Ies
les parties de balle au Champ de Mars. Afars, type peu romain
délassement. d'apres
de delassement, d ' a ~ r è sle Pro Archia.
Archia, VI. -
ΥΙ,. 13.7 . - comme du reste la musique.
1-. musiaue.
5 . Epist.,
5. Epist., CI, C I , 10
l o ssq.
q.
6. On verra que cette Fortuna gubernans (De rer. παΙ.,
(De rer. nat., VΥ. , 107)
107) ne peut etre être
eΡίcuήeη orthodoxe qu'un phdnomène
pour un épicurien phenomene physique, une manière maniere de parler.
.
Ε. B,GNONE,
BIGNONE, LΆrίstοteΙe perdu10
L'Aristoble ..., t.t . II.
perduto.... Π. p.
ρ. 434-442,
434-442. etudiant
étudiant la cosmologie
cosmologie de
Lucrèce
Lucrece dans le livre V. Υ, oppose I'interpretation
l'interprétation positive et I'interpretation
l'interprétation reli-
gieuse Fortuna. Un
gieuse de la Fovtuna. υη vrai epicurien
épicurien ne saurait diviniser Fortuna::USENER,
divinίser la Fortuna USENER,
fr. 469. Le determinisme
fr. déterminisme physique de la Fortune trouve sa limite dans I'ideal l'idéal
sagesse et d'independance
de sagesse d'indépendance sereine (Epicure, Epist. Μεπ.,
(Épicure, E9ist. Men., 133; fr. 380 ;; Μαχ.
133 ; fr. Max.
Cap., XVI).
Cap., ΧΥΙ).
autres. MCcène,
entre autres. guère a.à 1a
Mecene, qui ne croit guere la divination que politique',
politique1,
voudrait bien percer 1e m:γstere de l'avenir, qui 1ui
le mystère lui cache son destin,
et peut-être cède-t-il en secret a.1a
peut-etre cede-t-i1 à la tentation des horoscopes.
horoscopes. Quoi qu'il
en soit, 1ele dogme de 1a la Fortuna n'inspire pas a.à MeceneRICcène 1a
la resignation
rksignation
desinvolte
désinvolte qu'on discerne chez Horace Horaces.2 • Οη
On sent l'inquiHude patM-
l'inquietude pathé-
tique dans 1a la prière stigmatisCe par Seneque,
priere stigmatisee SCnèque, qui lit son ennemi par
bribes, et qui, anteήeure, le voyait avec plaisir
qui, dans une lettre antkrieure, p1aisir profes-
ser un noble detachement
détachement a.à l'endroit de 1a la seprilture.
sCpulture. L'attachement
L'attachement
la depouille
a.à 1a dCpouille mortelle est la formeforme 1ala plus absurde et 1a la plus deses-
peree de « l'esc1avage
pCrCe l'esclavage du corps ».1,. Mais Mecene
BICcène se contredit-i1,
contredit-il, quand,
après avoir promis a.a l'abandon sa depouil1e
apres dCpouille mortelle, i1 il mendie --
contre Lucrece,
Lucrèce, contre toutes les sagesses l'antiquitd -- que1ques
sagesses de l'antiquite quelques
dCbris d'existence ?
debris
Le viveur angoisse,
angoissC, solidaire du viveur passionné,
passionne, paraît fois
parait cette fois
dementir
dCmentir totalement 1a leçon essentielle
la 1eι;on essentielle de 1'Cpicunsme
l'eΡίcuήsme :: 1a
la conscience
de 1ala fragi1ite pro1ongee par l'acceptation sereine
fragilitC prolongCe sereίIie de la mort. N.Ν. W. de
Witt n'a vu dans cette priere rière qu'un attachement positif a.à 1a la vie,
conforme
conforme a. 1a H.
la doctrine d'Epicure
d' picure3. 3•

L'angoίsse
L'angoisse de la Mort.

L'épicurisme se vantait d'apporter une conso1ation


L'epicurisme consolation scientifique
la Mort :: la maxime II
contre 1a dCclare que ce pur phénomène
Π dec1are pMnomene objectif
ne nous concerne pas, parce qu'i1 qu'il ne saurait yΥ avoir de relation
re1ation de
sensibilité entre 1e
sensibilite le vivant actue1
actuel et 1e le cadavre futur.
futur. Logre4
Logre 4 a très
tres bien
montré
montre que « 1e le grand argument de Lucrece Lucrèce pour vaincre 1a la peur de
'au-de1iι , c'est l'existence du neant,
1l'au-delà, nCant, c'est l'idee
l'idCe de 1ala mort totale »••
)P.
Le néant
neant d'avant est chargechargé de projeter sa lumierelumière rassurante sur 1e le
nCant d'apres
neant d'après (De(De rer. I I I , 832).
nat., ΠΙ,
Ter. nat., 832). Comme si 1e le futur, parce qu'i1
qu'il
futur, n'etait
est futur, n'était pas 1ele terrain d'e1ection
d'klection de l'angoisse :: Epicure
Épicure 1ele
confesse dans 1e le fragment 204, dans 1e Au-delà de 1a
le fragment 490. Au-de1iι la
symbolique qui prend 1e
mort symbo1ique le visage de nos passions devastatrices
dkvastatrices
Varius·, au-de1iι
dans le De Morte de Varius8, au-delà des axiomes rassurants d'Epicured'Épicure

ι. Cf. plus bas :: Mecene


I. cf. Mécène et π, p.
e t la divination, chapitre II, ρ. 92.
92.
2. Voir par exemple le badinage sceptique et desinvolte
2. satire 1,
désinvolte de la sαtire Ι, 1, 2 ::
ι, 2
...
... sezr
se" ratio
ΥαΙίο dederit sezc ...
se" fors obiecerit...
obiecerit
3. N. W. DE WITT,
Ν. \'1. WITT, Epicuvus The summum bonum fallacy,
EpicurtιS :: The fαllαcy, The Classical
Classical
Weekly, vol. 44, 1950-1951,
\'1eekly, νοl. 1950-1951,p. ... Το Epicurus '' the greatest good '' was
69-71:: «n .•• To
ρ. 69-71
not pleasure but life itself. InΙη other words, to him the Summum
summum bonum was not
the telos ...
n.
4. LOGRE. L'αnxicte de Lucrèce,
LOGRE, L'anxiStS Lucrece, Paris, Janin, 1946, χπ, p.
1946,chapitre XII,ρ. 185-215,
185-215.
Lucrece el
Lucrèce οΙ laΙα mort.
mort.
5. O
5. p . Laud.,
ορ. p. 188.
lαud., ρ. 188.
6. Sur ce poème,
6. poeme. conserve par nlacrobe, Sαt., ΥΙ,
Macrobe, Sat., ι, 39
VI, r, (BAEHREICS,
39 (BAEHRENS. Poet.
Lαt. Min.,
Lat. Mi1l., ρ. νοίΤ infra,
p. 337). vou infrα. chapitre 111,
πι, p.
ρ. 116.
116.
L'EPICURISME DE MECENE 33
qui ne 1aisse subsister 1'angoisse de 1a chair que dans 1e passage, ί1 reste
que Lucrece a voulu forger des fabu1ations rassurantes : le repos, 1e
sommei1, 1a « mort immortelle », 1a bienheureuse insensibilite. Mais οη
sent « 1e secret desespoir d'uπe ame anxieuse et deprimee »1. Οη peut
admettre que 1a crainte vague de l'AcMron, nοurήe par 1es phantasmes
et 1es hallucinations du sommei1, est vaincue par l' « evangi1e scienti-
fique », - ma1gre 1e retour obsedant de ce theme; que 1a tM010gie
de 1'jnactivite a vaincu 1'apprehension des chatiments eterne1s. Mais
il subsiste une apprehension du neant au cceur de 1'aspiration au
neant.
La « 1ache Ρήere »2 de Mecene s'exp1ique moins par 1e cu1te incondi-
tionnel de 1a vie que par la peur du neant. Meceπe craignait 1e fait brut
de 1a mort, comme 1e revele 1Όde Π, 17 dΉοrace (. .. Ιε prius obire lie
iι querellis tuis) , peut-etre parce que 1e pessimisme des cons01ations
1ucretiennes allait trop 10ίη au gre de ce delicat : le dynamisme eterne1
de la vie, affirme ici et 1iι, le nihil αd nos (ΠΙ, 972), l'idee abstraite de
disparition (. .. 11eque αliquid 110stri post mortem relinqui)3, ne reussissent
pas iι masquer que 1e neant d'existence exc1ut 1e neant de matiere.
La sensibilite accepte moins bien 1'idee des metamorphoses organiques
que la mort de Ι' αnimα, et Lucrece a eu le tort de trop malmener la
depouille du mort.
Ce n'est pas chez Lucrece que Mecene a pu trouver 1'inspiration
du nec tumulum curo, qui comporte comme corollaire rassurant 1'idee
d'uπe nature maternelle : sepelit nαturα relictos (rappe1 formel peut-etre
de 1'image du De rer. nαt., ν, 260), mais plutot dans 1a predication
cynique4 • La pensee du neant 1ibere chez Mecene Ιε jeu de 1a sensibilite,
et maintient εη 1ui 1a presence ha11ucinatoire du monde des ombres,
celles qui hantent 1es festins des vivants dans un fragment qui paralt
sorti de 1'enfer etrusque 5 , ou celles qui rQdent dans 1es festins du sodα­
licium eΡίcuήen. Il est de ces nitionalistes incomplets et anxieux
peints par Lucrece, qui s'acharnent iι νίνrε (ΠΙ, 48 sq.) parce qu'i1s
ont peur des Manes.
Epicurien qui vacille devant 1a mort ? Il serait 1'antithese vivante
du Canus Ju1ius de Seneque qui semb1e avoir vou1u realiser 1es expe-
ήences physi010giques suggerees par Lucrece sur 1'agonie de 1a sen-
sibilite 6 • Οη se souνient qu'Epicure n'a pas dissocie 1'amour de 1a νίε
1. LOGRE, ρ. 186-187.
2. Epist., CI, 10 : ... illud Maecenatis turpissi",um "οΙ,,",.
3. De yey. "αΙ., IV, 43.
4. C'est parce que la maxίme fait echo aux enseignements cyniques que
Seneque, admiIateur a. cette epoque du depouillement cynique, en fait I'eloge
dans la ΙΒΙΙΥΒ XCII, 35.
5. 11 s'agit du fragment celebre... Inremediabilis ΙαcΙίο yimanIuy epulis lαgo­
naque temptant do,nos ΒΙ spe morte>n e"igunt (Seneque, Epist., CXIV, 5), etudie
plus bas dans le chapitre ΙΙΙ, ρ. 105.
6. Seneque, De Tyanq. an., XIV, 9.
3
34 MECENE

d'une sorte de naturisme tonique et d'une sorte de dignite digniM morale


mora1e :
...in
... in necessitαte
necessitate uiuere necessitαs nullα est
necessitas nulla l
est1. s'entendre de la
. Cela peut s'entendre

souffrance physique,
souffτance physique, dont le terme est voisin de l'apogke,l'apogee, et de la tor-
ture insoutenable,
insoutenable, prelude
prélude de la mort. A Α ces souffrances,
souffrances, Épicure
Epicure
oppose la joie de l'ame,
oppose l'âme, ηοη
non parce que l'essentiel, la vie, demeure,
mais parce que la mort apaisante est au bout de cet ascétisme ascetisme l'mité
limite
(fragment
(fragment 600 600 et suivants). Épicure a voulu tancer àa la fois ceux qui
suivants). Epicufe
Cfaignent
craignent la mOft mort et ceux qui la convoitent ; il ίΙ a admis le suicide dans
les
les cas-limites, mais condamne la folie folie du suicide dictédicte par la peur de
la mort
morta. 2 • Il a voulu un refus raisonnable
de la vie et une acceptation
raisonnable de la mort. Plutarque critique de l'épicurisme l'epicurisme considère
considere
comme inconsolable
inconsolable « la crainte de la mort qui nous entraîne entrame àa travers
les maux a
les à la perte des biens ,,3.
a3. Mecene
MCcène est de ces inconsolables, qui
croit a à la vie,
vie, mais qui redoute encore plus le funèbre
funebre et le morbide
dont 'ίΙil subit la fascination.
Il tombe donc sous le coup des reproches de la Nature, ce que
semblait insinuer Horace dans son ode IΙΙ, I , 174.
17%
MCcène s'accroche aà la vie merveilleusement corporelle, il ne
Si Mecene
Si
voudrait pas d'une survie spirituelle qui nourrirait ses regrets. Lucrèce Lucrece
(ΠΙ,
(III, 898-902)
898-902) a note
noté que l'avantage du néant neant est d'abolir les regrets.
Là, les avantages
La, avantages de l'epicurisme
l'bpicunsme balancent,
ba1ancent, aux yeux de Mécène, Mecene,
brutalit6 desesperante
la bruta1ite désesperante de ses certitudes. On Οη peut voir dans un autre
l'adhesion d'un hypersensible à
fragment ['adhesion a la consolante insensibilitk
insensibilite :
...ne exsequiαs
... exsequias quidem ltnusztnws inter miserrimos uiderem meas5. meαs 5 • Il Cchappe,
echappe,

Ι. USENER,
I . USENER, fr. 487.
fr. AVALLONE,
487 AVALLONE, Mecenate,
Mecenate, p. ρ. 91, a tort d'expliquer
d'expliquer cet achar-
nement a à viνre
vivre par le «r paradoxe ..2) d'Epicure
d'Épicure selon lequel le sage, dans les tour-
ments. doit se se sentίr
sentir heureux. Autre chose est d'accepterd'accepter la souffrance «« phy-
sique D,n, et de
sique de choisίr
choisir une existence mutiIee
mutilée et dégradée.
degradee.
.- 2. Sénèque. Epist., ΧΧΙΥ,
2. Seneque, XXIV, 23,23, a bien vu νη ce que le message d'Épicure ροη­
d'Epicure pou-
νait
vait avoίr
avoir d'ambigu οη ou de contingent (USENER,
(USENER,fr. fr. 497).
497).
3. Épicure aa eΧΡήme
3. Epicure ίnconsolable BD de l'anéantissement
exprimé cette crainte «a inconsolable I'aneantissement dans
certains fragments USENER,500-502. Un tel malaise, relevé
fragments :: USENER, releve cruellement
crueJlement par
Cotta dans dans le le De ΝaΙ"Υa
Natura Deor"m,
Deorum, Ι,1, 31, 86, n'était
31. 86, n'6tait pas totalement
totaJement extirpé
extirpe de
l'école eΡίcuήeηηe,
l'ecole épicurienne, comme le montrent les fragments fragments d'hom6lies
d'homIόlies de Philodème
Philodeme
contre Ι"
contre la deisidaimonia analyses
analysés par le PèrePere Festugière
Festugiere (Épicure εΙ ses Dieux,
(Epic"re et Die"x,
p. 78,
ρ. 78, n.n. ι).
1).
4. Le
4. Le debut
début de IΌde II, 17
l'ode ΙΙ, 17 contient un ηη reproche amical qui ~ui semble faire
écho aux arguments
echo arguments de la prosopopee
prosopopée de la NatureNatnre chez Lucrece. II, ΙΙ, 17,
Ι7, 9-10
9-ΙΟ
semble rappeler I'epicurisme.
semble lV6picurisme.
5. Le
5. Le fragment
fragment a εΜ été IόtndiIό
étudié par R. AVALLONE,
AVALLONE, Mecenate,
Mecenate, p. ρ. 270 sq.,
sq., qui
insiste trop, a
insiste trop, gré, sur les «a bizarreries iDi de forme.
à notre gre, forme. Après
Apres Quintilien (Inst.
(Inst.
Or., ΙΧ,
ΟΤ., IX, 4,4, 28),
28). Harder,
Harder, Lunderstedt, Kappelmacher
Kappelmacher ont voulu νοπlη voir
νoίr dans le
propos une sorte
propos sorte de de plaisanterie macabre :: «K je ne risquerais pas de voir νοί. mes
obseques... ",
obseques... II, dΌu I'indiff6rence a
d'où I'ίndifference à I'egard
l'égard des dernières
dernieres dispositions (sens(sens
sérieux »D juxtaposIό
«I serieux juxtaposé au sens plaisant par AVALLONE,AVALLONE, Mecenate,
Mecenate, p. ρ. 272, qui fait
le rapprochement avec le fragment
le fragment nec tumulum
I"mulum curo).
CUTO). II
Il est exact que la pensée
pensee
s'explique en profondeur par le dogme έΡίcuήeη épicurien de l'insensibilité
l'insensibίlit6 dans la mort,
mais Mecene,
mais Mécène, selonselon la propre foτmule
formule dΆ vallone, est à
d'Avalione, a la fois a« épicurien
eΡίcuήeη e ett
romantique, sceptique et croyant ». >,.Le propos est sérieux,
sέήeuχ, tragique m&mem~me (bien
que Seneque
que Sénèque I'ait parodiIό
parodié dans le passage de I'Apocoloquintose
Ι' Apocoloquintose qui montre Claude
L'EPICURISME DE MECENE 35
l'âme, a
par la mort de l'ame, à toutes les visions impures qui le hantent de son
vivant, avec « le retour offensif de l'angoisse religieuse nl"ι,
, et qui pour-
raient lui gacher
gâcher son nCant
neant ::
Proinde ubi se uideαs
uideas hominem indignarier ipsum
ipszlrn
Post mortem fore ut aut putescat
putescat corpore posto
Aut ... (Lucrece,
Aut flammis interjiat malisue ferarum ... (Lucrèce, IΠΙ,
I I , 870 sq.)2.
~q.)~.
A
Α cette sensibilite
sensibilitb desolante
dCsolante qui engendrerait la douleur posthume
(dans le texte de Lucrece)
(dans Lucrèce) MCcène
Mecene prCfère ηί argu-
l'insensibilité. Mais ni
prefere l'insensibilite.
mentation dialectique sur l'inexistence de l'insensible, ni ηί bravade
cynique, ni sou1agement
cynique, soulagement d'echapper
dlCchapper au morbide ne peuvent abolir
totalement un opiniatre
opiniâtre reverêve de survie. Ses familiers
familiers et ses laudateurs
le confessent pour luilui3.
3.

L'imagination de MCcène
Mecene a chercMcherch6 d'abord la surviesurνie dans les
mythes consolants de l'eternelle
l'éternelle jeunesse. On aη a vu qu'il demandait
vin, comme ΙΉοrace
au νίη, l'Horace des Odes, Odes, une metamorphose
mCtamorphose magique.
E. marqué a
Ε. Bickel a marque A propos des &égies
Elegies à α Mécène aνec
l'insistance avec
Mecene l'insistance
laudatio cornmandee
laquelle l'auteur de la laudatio commandCe declaredCclare Mecene
Mécène digne de
1'immortalitC sur terre4.
l'immortalite terre4 • Exploitant le thème
theme péripatkticien
peripateticien de l'ingra-
titude de la Nature a à l'egard
l'Cgard de l'homme
l'hommes, 5 , le poéte
poete regrette l'absence
de l'herbe fabuleuse de Colchide
Colchide et rappelle, en l'arrangeant, le mythe
de Tithon soustrait a Ιοί de la mort par l'amour de l'Aurore
à la loi ΙΆurore ;; il lui
apporte en offrande un υη Tithon eternellement
Cterneilement jeune, qu'il eut eût ete
CtC digne
de supplanter dans les faveurs de ΙΆurοrel'Aurore ::
'"...pascitur
pascitur Α urorae Τ
Aurorae Tithonus
ithonus nectare coniunx
nocet ...
ita iam tremulo nulla senecta nocet...
atque ίΙα
reνe, cornme
Ce rêve, comme celui, aνorte, de Promethee
celui, avort6, PromCthCee,6 , prend tout son sens si

ΙΌη adopte pour l'epigramme a


l'on W. Noetzel ::
à Horace la restitution de "V.
spectateur de son convoi funebre Ι). De deux choses
funèbre !). choses I'une,.
l'une, dans ηη un contexte
mutilé,
muti!e, le ne introduit, soit un ηη vœu négatif, soit une proposition fi.nale
vceu negatif, finale negative.
négative.
Dans le premier cas, cas, ίl
il s'agit d'un vœu inquiet, iι
vceu inquiet, à l'irreel,
l'irréel, avec une pointe point~ de
doute ;; dans le Ιε second, d'une consolation qui fait suite A iι l'idee
l'idée du «a sommei!
sommeil de
(cf., par ex.,
la mort »II (cf., ex., Lucrece, ΠΙ, 904-906
LucrBce. III, go4906 ou οη 919 sq.).
sq.).
Ι. LOGRE,
1. LOGRE,ορ. op. laud..
lαud., ρ.
p. 19Ι.
rgr.
2. Tout indique que Mecene
2. songe a
Mécène songe à I'evocation lucrétienne du dddoublenzent
l'évocation lucretienne dedoublen"nI
imaginaire par lequel on οη se represente, νivant, le cadavre inanime
représente, sujet vivant. inanimé (De(De rer.
yey.
nαΙ., ΠΙ,
mat., III, 870-883).
870-883). 11 11 craint une survie psychique qui rendrait réelle reelle cette
expérience imaginaire.
experience imaginaire.
3. Et
3· RlécBne luί-mι!me,
E t l\1ecene lui-m&me.dans les arguments métaphysiques
metaphysiques qu'i! qu'il developpe
développe
impérial, cf.
contre le culte imperial, ΙΙ, commentaire de Dion Cassius,
cf. chapitre II, Cassius. LII, 35.
+ ΕΙ. Μεο.,
4. El, Mec., Iιιο
I O sq.
Ibid., vers ιι5-ιι8.
5. Zbzd..
5: 115-118.cf.Cf. Ε.
E. BICKEL,
BICKEL, De Elegiis ... ...,, p.
ρ. 126 il faudrait citer
126 :: iI
aussi la source première.
aussIla premiere, la constatation amere amère d' d'Aristote rapportée par Seneque
Aristote rapportee Sénèque
Breuitαte.
début du De Breuitate.
au debut
6. Le Promdthde
6. confesse sans doute ηη
PyomelMe confesse un rIJve
r&vede puissance suivi d'une retraite
dίctee par la pmdence.
dictée prudence. cf. infyα, chapitre 11,
Cf. infra, ρ. 77,
II, p. 77, et chapitre 111. III. Id.
Id. AVALLONE.
AVALLONE,
MecenαIe,
Mecenate, p. ρ. 2Zj L'utilisation morale des mythes par Mécène
225 sq. L'utilisation écrivain se
Mecene ecrivain
MECENE

... tu tuum sodale1n Ι Tithono uideas strigos·iorem...1 . Dans la protes-


tation plaisante d'affection transparait une hantise majeure, celle
d'etre plus « efflanque » que Tithon. La crainte de la hideuse vieillesse
equilibre le desir eperdu de survie. Les poetes favoris du Cercle ont
developpe avec sympathie, et peut-etre atIssi avec une pointe de
malice, les exemples mythologiqtIes propres a souligner le caractere
inexorable de la Mort. La mythologie est ιιη langage de beaute, qui
sublime et epure l'experience humaine : scnlptee en ceuvre d'art, la
mort devient rassurante. Horace a rappele lα. NIort de Tithon dans les
odes Ι, 28 et Π, 16, Properce le destin des helΌS de la mythologie dans
ΗΙ, 182. L'auteur des Elegies a evoque aussi le mythe consolant de
Tithon choye par sa toujours jeune epouse (Π, 18, 7 sq.-II, 25, 10).
Ainsi s'expliquerait, par la hantise de l'eternelle jeunesse impossible,
l'attention que le poete Mecene attribue au pMnomene de l'auroIe
dans le fragment sole et aurorα rubent ΡΙuri1πa.3 ; il )' veIΓait une ΡΙΟ­
messe de rajeunissement par le spectacle clu monde, eternellement
recommence, et dont la decIepitude echappe en geneIal a l'humanite4 ,
parce qu'elle n'est pas dans son echelle chlΌnologique. Cette cOIlsola-
tion pantheiste, ce depassement de l'angoisse individuelle, s'inscγivent
dans le sillage de Lucrece 5 •
Ainsi, la mythologie de Tithon et de NestoI ne pouvait masquer
a Mecene la Ιοί de mort inscrite dans le vieillissement. Le ministre
ravage par la passion n'acceptait pas avec le detachement des peripa-
teticiens, dans sa prieIe a la Parque, la faiblesse physique naturelle
a l'age ; il risquait, αmator vieilli, la senectlls turpis honnie dΉΟΓace
(Odes, Ι, 31, 17-20), qui est d'abord perte de l'integrite physique et
morale ; c'est a l'ami, partie detachee de lni-meme 6 , que le poete du

rattache iι la tradition lucn!tίenne qui fait des legendes des symboles moraux
(De rer. "αΙ., ΠΙ, 978-1023). Lucrece d'autre part admet la mythologie comme
uue lίcence poetique (ΙΙ, 655-660) .
Ι. \;1/. NOETZEL, Zun, lI'faecenas-Epigran,n, ,:.". der Horazvita (ρ. 45, 3 ff
Reiff), Gymnasium, 1957, ρ. 27. L'auteur propose la leςoon T/ziIono uideas sIrigo-
siore1n, metriquement irreprochable, par rapprocl1eInent avec Horace, Odes, ΙΙ,
16, 29-30 (ίl fant evidemment faire des reser"es Slll' la sυρροsίtίοn selon laquel!e
I'epigramme marquerait le point final d'une crise entre Horace et Mecene).
Ε. B[CKEL, Zun, lV!aecenas-Epigram,n in Suetons Horazvita, Rhein. Mus., N.F.,
99, 1956, ρ. 380, adhere iι cette cοπectίοn qu'il yoit eta)'ee par les Elcgies α
Mccene, ΙΙ9-Ι28 (<<.Die ΕΙ ίη Μ. geben anerkanntermassen die intimen Gedan-
kengange des Μ. wieder »).
2. ΠΙ, 18, 27 sq.
3. Du point de vue purement esthetique, la poesie de I'aurore a Μο! inspίree
iι Mecene par Virgile, GCorg., Ι, 233-234, cf. AVALΙONE, lI'fece"aIe, ρ. 267-268.
La difficulte, c'est que les textes les plus probants se trou"ent dans Ι' E"tide,
mais le poeme en gestation a Μο! connu de Mecene, cf. chapitre 11[, ρ. 132-133.
4. Υοίτ les deveIoppements consacres iι )a decrepitude de I'uni"ers chez
Lucrece, Π, 99Ι-ΙΙ74 ; Id., V, 76 sq.
5. υ. rer. "αι., Ι, 857 : survie de la matiere; Η. 569: dynamisme eternel de
Ia "ie.
6 .. cf. Odes, Π, 17, 5 : ... Ιε meae si parIen, a"il1Iae rapiI ...
L'EPICURISME DE ~IECENE 37
Séculaire songe dans sa priere
Chant SeclIlaire prière : Di, senectuti placidae
placidae qztietem
qιeietem ..
. ..!.
.l.
vieillissement ... Un epicurien
Hantise de la mort, hantise du vieillissement... épicurien conse"
consé-
efιt deceIe,
quent eût dCcelC, sous
sous le double objet de ses craintes, une loi Ιοί de nature
unique. Mais il eût efιt trOU\'e
trouvé l'apaisement
l'apaisement dans ['ideel'idCe de la mort subjec-
sltbjec-
tive totale. Il11 ne faut pas trop en demander iιà cet individualiste.
l'idée de la mort snbjective
Mais l'idee corollaire, dans Ι'l'Cpicurisme,
subjective a pour corollaire, epicurisme,
['idee
l'idbe d'une survie objective dans la mCmoire memoire des vivants, non ηοη dans la
mémoire petrifiee des monuments -- iιà laquelle Mecene
memoire petrifiCe Mécène ne croit guere
guère2. 2•

Une telle conception est inseparable


inskparable de ['amitie
l'amitik et de la religion des
anniversaires, qui visent à
anniversaires, iι faire revivre les amis defunts
défunts par la fete fête
et par la mémoire.
memoire. Le Pere Père Festugiere
Festugière a bien marquemarquC l'importance
de cette préoccupation
preoccupation dans les dispositions testamentaires d'Epicure d'Épicures3
et souligne
souligné la maxime «(1 Portons le deuil de nos amis non ηοη pas en nous
lamentant, mais en gardant leur souvenir dans nos cceurs cœurs »4.n4. La « troi-
sième elegie
sieme isolCe par E.
ClCgie »)) isolee Ε. Bickel dans les Élégies
Eligies àιi Μ icene contient
Mécène
dernières paroles du favori
les dernieres favori5. foi, ou plutot
5 • Il dit sa foi, plutôt sa certitude de
repli,
repli, dans le souvenir qui
qtIi prolonge :
... sed nzemiwisse
... uelim. uiuam sermonibus illic,
Illem'ill'isse uelim. illic,
semper ero, semper si meminisse uoles.
selnper ero, uoles.
et decet et certe zriuam amore 6.
IIiuam tibi semper amore...
Ce vœu
vceu ultime ne paraît CtC forgé. Mecene
parait pas avoir eteforge. MCcène s'accroche deses-
dCses-
pérément
perement à iι la survie par la memoire,
memoire, jusqu'aux
jusqu'aux limites de la vraisem-
jusqu'à prêter
blance, jusqu'iι preter la mCmoire
memoire à iι sa cendre inconsistante :: ...... tunc
quoque non potero non melnor
memor esse tui.
tui. Outre que le mourant accepte
la mort en contemplant la plénitude
plenitude de sa vie d'un ceilœil serein, il prC-
pre-
tend laisser àiι Auguste un exemplum,
exemplum, une vie ordonnee,
ordonnke, et c'est liι
là une
ultime consolation : elle correspond à pobtiques de
iι l'une des flatteries poetiques
analysCe par "V.
Properce analysee W. "Vimme1
Wimme17. 7 • Un thème
theme banal de laudatio se
trouve en quelque sorte introverti pour la consolation du mourant,
et la vie exemplaire que le mourant reconstruit est coulee coulée dans un
moule eΡίcuήen
Cpicurien : exemplltm
exemplntm uixi te propter Οη doutera
beati. On
propter molle beati.
que cette stylisation Cpicurienne
eΡίcuήenne ait plu entierement
entièrement àiι Auguste, mais
témoignage de Seneque
le temoignage SCnèque8 6 confirme l'indulgence du prince pour l'epi- l'bpi-
curisme favori. pour la ratio otii de ses dernieres
cuήsme de son favori, dernières annees.
amCes. La
tolerance
tolCrance pour les joies de la vie se prdsente
presente depuis fort longtemps

Iι..Carm. saec.,
Carm. sαec., 46.
46.
2.
2. Cf.injra
Cf. infra ::le discours de Mecene
Mécène chez Dion Cassius.
Cassius
Epicure εΙ
3 . Épicire
3. 5ΒΞ Dieux, p.
et ses ρ. 30-35.
4 . Gnom.
4. Gnom. Vat.,
VαI., LXVI.
. 5.5. Les vers 145-178, cf. De Elegiis
145-178, cf. ..., p.
Elegiis..., ρ. 130 sq.
130 sq.
6. Vers 161
6. 161 sq.
Kαllimαcho5 in Rom.
7. Kallimachos 1960.ρ.
Wiesbaden, 1960,
Rom, Wiesbaden, p. 43 sq. :: Mtizenαs'
43 sq. Mdzenas' Lebensführung
Lebensjuhrung
αΙ. Recklfertigungs-Grundluge.
als RecIItjertigungs-Grundlage. .
8. Dans le discours rapporté Α n... , XIV,
rapporte par Tacite, Ann., ΧΙΥ, 53,j3, 4.
4.
MECENE

aà Rome comme
comme 1ala remuneration
rCmunCration d'une ex.istence
existence de devoir :: 1e le prince
ne saurait demander plusp1us que l'otium honestum.
1Όtium honestum.
Mecene rallie sur le tard a
MCcène s'est donc ralliC B une Fe1igion
religion du souvenir.
souvenir.
Elegies cοϊncίdent
Les Élégies coïncident avec 1ala derniere
dernière vo1onte
volonth rapportee
rapportCe par Suetone
SuCtone ::
Horαtii
Horatii Flαcci
Flacci ut mei esto memor
memorl.
1 • La survie dans 1a la memoire des
hommes, qui joue chez Mecene
MCcène un υη rôle
ro1e po1itique,
politique, se pro1onge
prolonge en une
religion du genie.
re1igion gCnie. L'auteur des Élégies le passage a
Ccrit, dans 1e
Elegies a ecrit, B 1a
la gloire
de ΙΌtium Urbe et des Jardins de ΙΈsqui1ίn
l'otium peregrinum in Urbe l'Esquilin22 ::
Viuitur ingenio, ceterα
Viuitur ingenio, erunt...
cetera mortis erunt...
LΌΡΡοsίtίοn ingenium-ceterα
L'opposition ingenium-cetera met en cause les monuments de Ρίeπe, pierre,
comme 1e
comme le suggere le rapprochement avec Properce, III,
suggère 1e ΠΙ, 2,2, qui donne
aà 1'ingenium
l'ingenium 1ala superiorite
supCrioritC sur 1es les constructions ambitieuses
ambitieusess. 3 . Mecene
MCcène
a tenu a idCe dans le choix d'un humble tertre pour sa
à appliquer cette idee
dernière demeure. Mais que reprCsente
demiere represente exactement cet ingenium ?Z
E. Bickel a vu dans le vers une conviction de Mecene
Ε. Bicke1 MCcène en même meme temps
4 • Au
thCone epicurienne
qu'une tMorie Cpicurienne4. point de depart,
dCpart, nous sommes
sommes assez
près deifιcation d'Épicure
pres des motifs de dkification d"έΡίcure dans le De Rerum Natura5, Nαturα5 ,
mais la lumiere
lumière que Mecene
MCcène a fait jaillir est celle d' ΑροlΙοη et des
d'Apollon
Muses, plus precisement
Muses, prCcisCment celle de ses creations
crCations poetiques,
poCtiques, legitimees
16gitimCes
par ses travaux po1itiques'.
politiquesB.Le laudateur, comme 1'auteur l'auteur de la LαusLaus
Pisonis, reste fi.de1e
Pisonis, fidèle a
B la morale romaine, mais a à la difference
difiCrence de son
successeur,
successeur, ilίΙ passe S0US
sous si1ence
silence 1e mecenat ».D. Peut-etre
le « mCcCnat Peut-être parce que
ΙΌtium litterαrItm du ministre retiré
l'otium litterarztm retire n'a pris une forme active et fruc-
tueuse que dans 1es les dernieFes
dernières annees de sa vie :: l'hypothese
l'hypothèse cadre
parfaitement avec 1es rCminiscences de ses poètes
les reminiscences catalogukes
poetes qu'on a cata:loguees
œuvre7, et avec 1'orientation
dans son ceuvre', l'orientation pessimiste de la plupart de ses
fragments, qui semb1ent
fragments, semblent tendus vers 1'attente
l'attente du «(i noir mysteFe
mystère ».1).

ι. Suétone. Vita
I. Suetone, Vita Horati. υ. Poetis.
Horati, De Poetis, χχνπι,
XXVIII.. o.
A .".
ρ. 45, Reifferscheid.
a i . Reifferscheid.
i.
2. ΕΙ.
El. Mec:, 35 sq.
Mec., 35
Properce, Iπι.
3. Properce, I I , 2. sq. :: Α
2, 19 sq. Att non ingenio quaesitum
guaesitum nomen ab aeuo / excidet:
i n ~ e n i stάt
ingenio o sine morte decus.
stat decus.
4. υ.
-4. De Elegiis ....
Elegiis.... p.
ρ. 109-110.
5. cf.
5. Α.-Τ. FESTUGIERE,
Cf. A.-J.. FESTUGIÈRE, 1ΞΡicure
Épicure εΙ Dieux. ρ.
et ses Dieux, p. 68-69.
68-69. Nous montrons plus
bas, chapitre II, π, ρ. 89-90, qu'il s'agit
p. 89-90. ferνente, d'une participa-
s'agit d'une exaltation fervente,
tion 11& la perfection diνine. ηοη d'une véritable
divine. et non νeήtabΙe deifιcation.
déification.
I'ingenium a ete
6. Cette religion de l'ingenium été analysee
analysée par un autre article de
Ε. BICKEL,
E. Cαesαr Augustus
BICKEL,Caesar Α ugustus als
αls Aclrilles
Ac/,illes bei Vergil Horaz Properz, Nαc/,trαg
Properz. Ein Nachtrag
zu BBd. 97.Ζ09 Politische Sibylleneklogen 93·97
d . 97.209 93.97 De υ. Elegiis in Mαecenatem, Rhein.
i n Maecenatem, Rhein.
Mus., 99.
Mus,. 19j6, ρ.
99, 1956. p. 342-364·
342-364. Les libelli minei (11) ( ? ? ) ou !Wi(m)ne(rm)i
Mi(m)ne(rm)i du vers 37. 37,
qui surclassent les monuments de marbre. peuvent representer. représenter. ηοη Eligies
non les Élkgies
(Mirnnemos selon Κ.
(Mimnermos K . BiicHNER.
BÜCHNER, R-E, 2. Reihe. Reihe. VIII,νπι, 1,ι, 1955. col. 1163
1955, col. 1163 sq.,
n'etant pas elegiaque),
n'&tant élégiaque), mais le legs poetique de Mecene.
legs po6tique Mécène, voire Ιε MicInat dans
le Mkcknat
son esprit (ρ.
(p. 347).
347). le culte de la poésie poèmes-souvenirs (ρ.
poesie qui suscite des poemes-souvenirs (p. 348 ::
uiuitur ingenio ... ... imite
imité de Properce, III, ΠΙ, 2. sq.). Il reste donc deux interpre-
15 sq.).
2 . 15 interpré-
tations. s'excluent pas : οη
tations, qui ne s'excluent surνit par son talent,
on survit talent. et on par Ιε
οη survit par le tαlenI
talent
de ses poétes.
poetes.
πι.
Cf. infra, chapitre III.
7. cf.
L'EPICURISME DE MECENE 39
Dès 10rs
Des lors il est possible de delimiter
dClirniter l'epicurisme
1'Cpicurisme de Mecene
MCcène place
probleme de la vie et de la mort. Il Υ
en face du problème y a trouve un art de
vivre plus qu'une discipline morale, et il a entendu chanter dans sa
memoire, a
mémoire, à l'heure des tourments, 1es les promesses d'apaisement pour
la vieillesse
1a vleillesse et l'outre-tombe.
1Όutre-tοmbe. A Phiodème et a
Α Philodeme B son cercle,
cercle, Mecene
Blécène a
demande un genre de vie allègre, exemplum molle beati; a
vle allegre, à Lucrece,
Lucrèce,
eût vou1u
il eut voulu demander l'art de mourir,
mοuήr, mais il ί1 n'a pas trouve chez lul
lui
le «a nCant
neant de bonne composition » qu'appelaient ses vœux. vceux. Il s'est
rέfugie
réfugie dans une mystique du Souvenir50uνenir et du Genie,
GCnie, qul,
qui, comme son
inquiktude, est un trait «(( romantique ».a.
inquietude,
même tendance à
La meme côtoyer 1e
iι cόtΟΥer le ]ardin
Jardin apparait
apparaît dans son culte
de l'amitie
1'amitiC et dans son gout ΙΌtium champetre.
goût de l'otium champêtre.

L'illuminatίon de l'amitié.
L'illumination l'aιnitίtS.

Les textes qul


qui montrent chez MCcène
Mecene l'ami fidele
fidèle ont ete CtC souvent
btudiés. Si
etudies. 5ί l'on réfère aux textes antiques, on
1Όη se rέfere porte a
οη serait porté croire
à crolre
seules grandes amities
que les seules Mecene furent Auguste et Horace ;;
amitiCs de MCcène
οη
on pourrait infCrer des textes de Virgile
poucrait inferer liens avec Mecene
Virgi1e que ses 1iens MCcène ont
Ηε
CtC des liens de sympathie marques d'une nuance de condescendance,
condescendance,
-- meme
même slsi la discretlon
discretion de Virgile contribue a
Virgi1e cοntήbue à renforcer cette conclu-
slon. allusions a
sion. Les alluslons Mecène dans les Bucoliques1
à Mecene Bucoliques l sont postulCes
postu1ees par la
vraisemblance,
vralsemblance, et non tclatantes. Les invocations des Georgiques,
ηοη ec1atantes. Géorgiques,
exception faite pour une pointe de badinage moildain, mondain, ne supposent
pas une familiarite très Ctroite. Le vers O
tres etroite. Ο decus,
decus, Oο famae merito pars pars
maxima nostrae, dΉοrace2 , ec1aire
nostrae, rapproche d'Horace2, Cclaire bien les rapports avec
un patron tout-puissant, qul qui cherche des vocations epiques Cpiques et qul
qui
s'interesse peu aux leuium s$ectacula MCcène et Properce
3 • Entre Mecene
rerum3.
spectacula rerum
il
ί1 Υy aura plus
p1us de froideur et de distance.
Mais dans 1'amitie MCcène Biι Auguste et à
llamitiC qui lie Mecene iι Horace se retrou-
vent 1es
les caracteres
caractères des grandes amlties
amiti6s romaines fidelitέ qul
romalnes :: fidClit6 qui survit
aux dissentiments et aux refroidissements, au polnt point de se prolonger
pr010nger
meme posthumes4 -- familiarite
même en regrets posthumes' familiarite capab1e
capable d'abolir 1es les dis-
tances sociales qul,qui, dans 1e dΉοrace, nous vaut de prkcieuses
le cas d'Horace, precleuses
confidences sur la vle
confidences vie privee ministre5 -- liberte
prlvee du ministre5 liberté dans 1es les propos,
Σ.
1. Cf. plus bas la discussion
cf. discussion des hypothèses de L.
des hypotheses L. Herrmann.
Herrmann.
2.
2. Horace,
Horace, Odes, 1. 1,
Odes, 1, 2 et II,
ι, 2 Π, 17, expressions, dans
17. 4 :: ces expressions, dans Iesquel1es l'idέe
lesquelles l'idée
associée a.
de gloire est associee & celle de protection (praesidium ... coIumen..
(prαesidium... columen ...),
.), ne se ren-
ren-
contrent pas chez Horace avant les Odes,
contrent Odes. cf.
cf. chapitre πι.
chapitre III.
3· GhÔvg., IV,
3. GBorg., 3.
ιν, 3·
4. Οη se rappelle
4. On rappelle I'exclamation
l'exclamation d'Auguste
d'Auguste rapportee
rapportée par le De Ben., νι, 32
Ben., VI, 32 ::
Horum mihi αccidisset, si au1
miJ,i nihil accidisset, αut Agrippa
Agrippα αut Mαecenαs uixissent !! Cf.
aut Maecenas Cf. Dion
Cassius, LV,
Cassius, LY, 7.7.
Ε. FRANKEL.
5. E. FRANKEL, op. ορ. lαud., ρ. 142-143,
lard., p. 142-143,aa montré
montre que la frequentation
frkquentation quoti-
dienne entre Mécène
Mecene et Horace occupe une grande
des Salires.
romains des Sαlires.
-
mande place dansdans Ies
les tableaux
tableaux
40 MECENE

qui νa
qul badinage aà la franchise
va du badlnage franchise brutale, du badinage lmage image entre
MCcène et le
Mecene le fιls
fils de
de l'affranchi
l'affranchi11 aux aux polntes fescennines »a decocMes
pointes ((II fescennines dCcochCes
son faνοή -- enfιn
2
par Auguste aà son favori2 enfin melange
melange de de desinteressement
dCsintCressement et
d'utilitarisme aνoue
d'utilitarlsme avouC qul
qui porte la marque de de la morale
morale sociale
sociale romaine.
romaine.
Dans les les rapports de Mécène et dΉοτace,
de Mecene d'Horace, la morale soclalesociale (benejiciα,
(beneficia,
oflcia) et l'αmicitiα
ojficiα) I'amicitia politique
politique3 3 moins d'importance que
ont mOlns que l'election
1'Clection
personnelle.
personnelle.
Dans l'attachement de de Mecene
MCcène aà Auguste, la solidaritesolidarité politique
et lafidcs' joué un rδΙe
l a p e s 4ont joue déterminant. La Correspondαnce
rôle determinant. Correspondance de Ciceron,
CicCron,
vraie que les
plus ντaie les homelies
homClies sur l'amitiel'amitiC desinteressee,
désintéressCe, notamment
Cchange de lettres aνec
certain echange avec Matius
Matius6, prouve qu'il η'Υ
5 , prouνe n'y a guere
guère de
place aà Rome pour une amitie amitic5 soustraite
soustraite aux facteurs
facteurs soclaux
sociaux et aux
contingences politiques. Certes l'amitié, συ
Certes l'amltle, moins la confιance
ou tout au mOlns confiance
politique, s'estomperont quelque peu apres
politique, après 23, quand Mecene Mécène aura
commis, lors de la conspiration de Murena",
commls, MurCnaa, une gτaνe grave Indiscretion,
indiscrCtion,
mais le refroidissement, purement politique, n'empechera n'empêchera pas le faνσή favori
lCguer ses
de leguer ses biens aà l'empereur, sensible sensible aà la douceur des Esquilies ::
ση
on le νerra
verra mememême confιer l'amicale protection dΆuguste.
confier Horace aà l'amlcale d'Auguste.
Le mlnlstre conscience de conserνer
ministre aura donc consclence conserver un creditcrédit d'affection
reconnaissance que les
et de reconnalssance les Elegies,
Élégies, tout comme
comme Seneque
SCnèque7, laissent
7 , lalssent

subsister intact. La lialson


subslster liaison dΆuguste
d'Auguste et de Terentla,Terentia, passee
passCe sous
sous
silence par le poete
silence poète des Élégies, νoyage des amants en Gaule,
Elegies, le voyage Gaule, n'abo-
liront pas totalement l'amitie 1'amitiC et la confιance.
confiance. Et E t pourtant ση on a pu
supposer une lialsonliaison anterleure
antCrieure au mariage,
marIage, sl si Terentia faisait partie
du ((« demi-monde » !
Ces rapports de familiaήte
familiant6 expliquent les libertes libertés de Mecene
MCcène dans
ssaa conνersation
conversation aνec avec le Ρήηce,
prince, la franchise du conseiller
conseiller qui tire cyni-
quement la leyon l'eIeνation dΆgτίΡΡa
leçon de l'é1Cvation d'Agrippa (<< ίΙ ne reste plus qu'a
(« il qu'à en
faire ton gendre QU ou aà le tuer »8),
na), le droit au persiflage qu'il salt sait fort bien
prendre a à l'occasion.
ΙΌccasίση. Un invite Latro a
υη jour il inνite abrCger une controνerse
à abreger controverse
dans laquelle ση on soulignait que l'adoption peut effacer ΙΌbscurίte 1'obscuritC de
la naissance ;; cette ((« majice
ma).ice », II, a
à quelques jours de l'adoption des fιls fils
ι.
I. Nous etudierons pIus bas les pointes badines de ΙΊρΙιτε
Btudierons plus l'd$itre ι,
1, 7.
2.
2. Cf.
cf. le billet
biIIet cite ailleurs
aiIIeurs (Macrobe, Sat., II,
(Macrobe, Sut., Π, 4, 12). ου le prince traite son
12), où
favori de u« matelas des dévergondées
devergondees n. D.
3. cf. infra,
3. Cf. ρ. 45. Horace.
infra, p. poIitiquement a. cause de son Bquipée
Horace, suspect politiquement equipee
republicaίne, a dCi
républicaine, dίI faire oublier rδΙe de '«
oubIier son rBle 1 soldat de Brutus n, J. PERRET,
», cf. J. PERRET,
Hoταcε, p.
Horace, ρ. 21-30.
21-30. Dans
Daus la première
premiere Bpode,
epode, vers 23-24,
23-24, Horace affiche un υη desir
de rachat politique militabitur 1Ι belluns
poIitique (... omne militabitur bellun, iin
n luae
tuae spem gvatiae ...),
gratiae... ), mais
la pièce
piece est de 32 32 !
4. Sur cette fides politique, voir Properce, II. Π, I,ι, 36 et El.
ΕΙ. Mec.,
Μεο., 12.
12.
cf. Ad
5. Cf. Fam., XI.
Ad Fam., ΧΙ 27.
27.
6. Date probable
6. proDable : en 22 22 avant notre ère.
ere. Cf. SVME, 09.
cf. R. SYME, ορ. laud., ρ. 333-334
laud., p. 333-334
et M.
Μ. A. Α. LEVI, ορ. laud.,
LEvr, op. ρ. 169.
laud., p. 169. NOUS
Nous soulignons
souliguons plus bas l'importance
I'importance de cet
Bpisode ροηι la canière
episode pour carriere politique de MBcène.
Mecene.
7. SBnèque,
Seneque, De Ben.,
Ben., VI, 32.
32.
88.. Dion Cassius, LIV, 6, 5.
L'EPICURISME DE MECENE 41
dΆgrίΡΡa et de ]ulie,
d'Agrippa Julie, ne passa
pa.ssa pas dΆuguste, qui ne se
inaperçue d'Auguste,
pas, inaper<;ue
fâcha pas1.
facha SCnèque le Rheteur
pa.s1 . Seneque RhCteur invoque pour explication la libertas libertαs ::
il faut aussi faire faire intervenir la franchise de l'arnitie,
I'amitiC, qui seuleseule explique
la brutalit6
brutalite de certaines objurgations publiques et de certains rappels
11. la pondération (anecdote de Dion Ca.ssius,
ponderation (anecdote Cassius, LV, 7). 7). Auguste le lui Ιυί
rendait bien, d'apres d'après le billet truculent rapport6
rapporte par Macrobe (Sαtur­
Alacrobe (Satur-
nαles, 11,
nales, II, 4, 12) ;; apres
après l'avoir brocard6 gCnCalogie etrusque,
brocarde sur sa genealogie Ctrusque,
-- une de ses faiblessesfaiblesses probablement -, l'empereur termine en grec
-, l'empereur
et le traite de pM3:ypaμOCλ~γμ<x moechαrum.
moecharum.
L'arnitie dΉοrace et de Mecene,
L'amitiC d'Horace MCcène, malgre
malgr6 quelques nuances distantes
chez le grand seigneur et quelques « complexes »s chez l'obligC, ΙΌblige, impli-
quait la meme même familiarite
familiante :: c'est 11.à cette familiarite
familiant6 que nous devons
de connaitre
connaître le MCcèneMecene quotidien, celui qui laisse tomber le ma.sque masque
officiel. Il n'est pas
officiel. pa.s le grande decus colurlIenque
grαnde decus colunzenque rerum,le
rerum, le doctus
doctus 1\1
~Maecenas,
αecenαs,
mais le iocosus Mαecenαs, le gai compagnon de l'epode
iocosus Maecenas, l'épode 111, ΙΙ. Il aime
III, II.
certes la variete,
vanCtC, s'encanaille volontiers avec la « Boheme» Bohème )) de l'epoque,
l'kpoque,
frkquente
frequente les mimes, qui
mimes, qni en abusent ; οη
; on le trouve de fa<;on impreνue
façon imprCvue
au repas de Nasidienus Rufus, ou où Horace est loin lοίη de Ιώ lui donner la
vedette -- peut-êtrepeut-etre parce qu'il est un peu etonne CtonnC de l'y trouver. Il
traîne ases
traine à ses trousses une armee armCe de parasites,
para.sites, onοη le voit par les SatiresSαtires
(1, II, 8). Auguste n'hCsite
(Ι, 5 et 11,8). n'Msite pas 11. à qualifier en bloc ses familiers
'de pαrαsiticα mensaz,
de parasitica mensα', trait caricatural qui,qui, avec l'accoutrement denonce dCnoncC
SCnèque, fait de Ιυί
par Seneque, lui υη
un personnage de comedie
comCdie3. 3 . Horace se permet

de luiΙυί faire la leçon


Ιeφn sur ses exces
excès de desinvolture.
désinvolture. S'il ne craint pas la
franchise 11. à l'occasion, s'il relève par personne interposee
ΙΌcca.sίοn, s'ilreleve interposbe son sans-
gêne amical (l'invitation tardive de Sat.,
gene II, 7),
Sat., 11, ίΙ n'Msite
7), il n'hésite pas, des dès les
Épodes, 11.à relever les defauts
1!.podes, dCfauts criants de son arni. spαdones evoques
ami. Les spadones Cvoquks
dans l'ipode
l'épode IX, ΙΚ, comme par hasard apres après le couplet sur l'indignite
l'indignitC
d'Antoine, rappellent les duo duo spadones SCnèque4
spadones de Seneque 4 ;; le badinage cruel

Ι' epode κιν


de l'épode n'introdnit pas par hasard
XIV n'introduit ha.sard les amours d'Anacreond'AnacrCon et
Sarnien Bathylle, apres
du Samien après l'attaque brutale du debut Μollis inertia...6.
dCbut : Mollis inertiα ... O•

ι. Contv., IΠ,
I . Contr., I , 4, 13
13 : Cum diceret partem adulescentis Latvo
Cum dicevet Latro etεΙ tractaret
tvactaret adop-
tionis locum,
locum, dixit ::iam iste εχ imo per
isle ex αdoplionem nobililati
per adoplioncm inserifur :;(ει)
nobiliIaei i,<seriIur (el) alia
in
i n laanc summam. Μ
IIanc summam. festi,ιαre CaesarenI
aecenas innuit Latroni festinure
Maecenas Caesavem :;finivet
fin;ret iam decla-
mationem. Quidα,n
mationem. putabant hanc malignitatem Maecenatis
Quidam putabant Maecenαtis esse ..;effecisse enim
illum non ne audiret quαe dicta erant
audivef quae evant Caesar,
Caesav. sed ut "Ι notavel.
noIaret.
Vitα Horati
2.. Vita
2 ΗΟΥαΙ; de Suetone Poetis, XXVIII.
Suétone :: De Poetis.
3. Seneque, Epist., CXIV :: οη
Stnèque, Epist., on voit Mécène
Mecene en public la t&tet"te voilee
voilée d'un ραΙ­
d'un pal-
lium qui rappelle le ricinium de comedie, comédie. avec les deux oreilles oreilles qui depassent,
dépassent.
comme ['esclave
l'esclave fugitif du mime.ιnime. Un des procedes de la censure
des procéd6s censure morale romaine.
morale romaine,
c'est de ravaler le personnage indigne indigne a 31 υη
un type d'humanite
d'humanit6 inferieure
inférieure caricature
caricaturk
thefιtre :: parasite,
au théâtre danseur, mari-leno,
parasite, danseur, mari-leno. etc.etc.
L'Bpode ΙΧ,
4. L'kpode I I sq.
I X , 11 sq. suggere
suggère leLe rapprochement avec avec Ia
la Lettre CXIV.
CXIV.
5. Epod..
Epod., XIV, 9-10.ΙΙ
XIV, 9-10. Il est dif!icile
difficile de considerer
considérer ['aI1usion
l'allusion comme
comme un υη simple
effet
effet du hasard.
hasard. On Οη se rappellera la La passion de Mécène
M6cene pour Bathylle (Tacite,
(Tacite,
Ann., Ι, 1, 54. ... MαεcεnαΙί
54, 3 :: ... Maecenati ...... effuso
effwo in i n amorem Bathylli ..; Seneque
amovem Bathylli Sénèque Ie Pere,
le Père,
Contr.,
Contv., X, Χ, Pvaef., ... pro
PyαeI., 8 :: ... ρ.ο Bathyllo Maecenatis).
Mαecenαtis).
42 l\!ECENE

rappel1e les allusions a


Rien qui rappelle clefs, le badinage sinueux de Properce
à clefs,
l'C1Cgie a
dans l'elegie A Verturnnel.
Vertumne1 . Dans l'έρηΥε
l'épitre Ι, ι, Horace, qui met sans doute
1, 1,
quelque malice dans le rappel incessant des quartiers de noblesse
Ctrusques, a peut-être
etrusques, vis6 son ami avec le ...
peut"etre vise ... laudis
lαudis amore
αmore tumes
tumes2 2 qui

se veut un exemple anodin. 11 Il ne craint pas de le rappeler a 3. l'ordre,


quand la morgue princière Ρήncίere remet en cause le pacte d'egalite dlCgalitC de la
sαtire 1,6.
satire 1, 6. Temoin
TCmoin la petite epigrarnme
Cpigrarnme inseree
insCrCe dans l'tipitre 1, Iι (v.
l'épitre Ι, (ν. 94
aA 10S);
105) ; Horace evoque Cvoque d'un ton apparemment neutre un acces accès de
«(( puritanisme vestimentaire » du patron, mais ίΙ
)) il termine avec une
pointe : ... ... de te Ιε pendentis, te respicientis amici,
respicientis αmici, le « client »
« )) est aussi

·υη
un « ami ». )1.
L'amitiC de Mecene
L'amitie MCcène pour Horace a ete CtC renforcee
renforcCe par des liens de
reconnaissance, la bontC bonte du ministre a enrichi le poète. MCcène a
poete. Mecene
comblC les vœux
comble dΉοrace en lui donnant la vilia
vceux d'Horace Sabine, cadre
villa de Sabine,
de son ot'iumotium champêtre3.
champέ!tre 3 • La munificence
munifi.cence de Mecene Mdcène s'est exercee
exercCe
Cgalement avec Virgile, mais dans le cas d'Horace,
.egalement dΉοrace, el1e elle paralt
parait la conse"
consC-
quence d'une amitie amitiC lucidement accordee.
accordCe. Horace naturel1ement
naturellement
s'acquitte volontiers du devoir de gratitude, profondCrnent profondement inscrit
dans la morale romaine de la bienfaisance (Satires, (Sαtires, II,Π, 6, I"S
1-5 ;; 'Epodes,
Épodes,
1,31-34; Odes, Π,
1, 31-34 ; Odes, 11-14 et ΠΙ,
II, 18, 11-14 33-44), mais ίΙ
III, 16, 33-44), il refuse la position
infbrieur, astreint a
d'ami inferieur, ΙΌjficium, dans l'tipitre
à l'oficium, l'épâtre Ι, 7. 11
1, 7. Il existe dans
sociCtC romaine des amis inferieurs,
la societe supérieursP;;
infCrieurs, qui sont des clients superieurs'
1'Cpicurisme se force,
l'epicurisme force, quand il ramène l1amitiCa
ramene l'amitie intCressCs,
à des calculs interesses,
mais il ίΙ exige dans l'amitie
llamitiC un echange.
Cchange. Horace temoigne tCmoigne pour la deli- dCli-
catesse de l'amitie έρηΥε 1,
l'amitié dans l'l'épâtre Ι, 7 en affinant, peut-être suscep-
peut-etre par suscep-
tibilite, la morale de la bienfaisance. Mais les acces
tibilitC, accès de « grandeur »n
MCcène n'ont
chez Mecene n'ont pas provoquC
provoque de refroidissement entre les deux
amis55 ;; ils n'ont pas distendu des liens de familiarite qui s'affichent
amis
aussi bien dans les repas privCs prives que dans les aΡΡaήtίοns
apparitions officiel1es
officielles de
MCcène, et que consacre pour l'eternite
Mecene, l'&ternit4 la touchante juxtaposition
tertresa. Εη
des deux tertres·. En jugeant
jugeant la valeur du bienfait d'apres d'après le mCrite
merite
du bienfaiteur.
bienfaiteur, Horace introduit un paradoxe qui souligne la profon-
deur et la qualite qualit6 d'une grande amitie. amitiC.
Le moment est venu d'explorer le sens philosophique de cette
amitit? qui a il1umine
amitie illumin6 la vie de Mecene.MCcène. Certains rites exterieursextCrieurs de
llamitiC et certains caracteres
l'amitie caractères moraux qui marquent les attachements
MCcène invitent a
de Mecene à reposer le problème 1'6picurisme.
probleme de l'epicurisme.

ι.
I.Properce, ΙΥ, 22 :: cf.
Properce. IV, cf. infra, ρ. 98.
p. 98.
2.
2.Epist., 1,
Epist., Ι. 1
ι,, 36.
36.
3. cf.
3. Cf.infra, p. 00,
infra, ρ. 00, n. o.
Ώ. Ο.
Cf.J.
4. cf.
4- ΗΕLLΕGΟUΑRcΉ, Le vocabulaire latin des relations et
J . HELLEGOUARC'H, εΙ des partis
partis ροlί­
poli-
tiques sous Ια
la Rbpublique, Paris, Les Belles Lettres,
Republique, Paris, 1963, ρ.
Lettres, 1963, p. 54-56.
54-56,
5. Υοίι sur ce point R.
5. Voir R. AVALLON·E,
AVALLONE, Mecenate, ρ.
Mecenale, p. 30.
30.
6. E.
6. Ε. BICKEL,
BICKEL, ...,, p.
De Elegiis ... ρ. 105,
105, rappelle les temoignages
témoignages antiques
antiques sur la
proximite
proximit.4 des
des deux tombes.
tombes.
-- L'EPICURISME DE MECENE 43
MCcène avait le culte des anniversaires, qui resserrent
Mecene l'amitié et
resserrerit l'arnitie
caractère spiritue1.
qui lui donnent son caractere spirituel. Il ne manquait jamais d'offrir dΌffrir
aB Auguste une coupe comme don d'anniversaire d'anniversaire1. Gardthausen a pu
1 • Gal'dthausen

supposer qu'il s'agissait d'un geste symbolique d1obCdience dΌbedieηce politique


rappelant le cadeau de l'esclaveaffranchi
l'esclave affranchi : interprete
interprète des sentiments
sentiments
de gratitude de RΌme, Rome, le ministl'e
ministre aurait ainsi remercie
remerciC le patron
patl'on du
romain, le uindex libertatis, qui l'a libere
peuple l'omain, libCrC de l'esclavage poli-
2 • Mais il Υ a aussi les cadeaux des Saturnales, qui scellent l'ephe-
tiquea.
_tique y 1'CphC-
mère CgalitC de la fete.
mere egalite fête. Le Père
Pere Festugière
Festugiere a bien marquemarquC l'importance
des anniversaires aux yeux des sectateurs d'Epicure, d'Épicure, des banquets
en memoire des disparus, au jour anniversaire de leur nαissance,
jour anniversaire naissance, OUoù
ΙΌη se doit tout a
l'on B la fois
fois de « rire et philosopher »3. caractère philo-
9.Ce caractere
sophique est plus marquC marque dans les rapports de Mécène Mecene avec Horace,
comme le montre le Symposion
comme Syq5osion ..;on οη en trouve egalement
Cgalement la l:ι preuve
ΙΌde IV, II,
dans l'ode RICcène a
ΙΙ, qui invite Mecene ti venir celebrer
cClCbrer entre arnis
amis son
anniversaire aux Ides d'avril d'avril4. LΌde, qui reproduit certains traits de
4 • L'ode,

l'Cpigamme d'invitation, semble


l'epigramme semble indiquer que la reunion rCunion se placera
sous le signe sodαlicium epicurien
signe du sodalicium Cpicurien : Frankel n'a n'a pas suffisamment
marquC
marque que la reunionréunion se place sous la protection de VCnus Marine,
Venus Marine,
dCesse de Pompei,
la deesse PompCi, celle qui sort des flots apaises apaisés chers au Jardin5.
Jardin6.
Εη meme
En même temps que des promesses erotiques, dCesse, patronne du
Crotiques, la deesse,
ministre, evoque
Cvoque une morale naturaliste qui rapproche les arnis amis ;:
Aeneadum genetrix, hominum diuomque uoluptas ...
uoluptαs ...
L'amitiC est communion spirituelle, si on
L'arnitie οη laisse cÔtC les liaisons
laίsse de cOte
(( bohèmes
« bohemes » d'un prince nonchalant,
)) nonchalant, prompt a B se commettre par
curiosit6. Mais on
curiosite. οη ne dedaigne
dCdaigne pas, dans ses manifestations tangibles,
faire appel a
de faire l'intérêt, d'utiliser I'appat
à l'interet, l'appât de la joie et cet appat appât
suprême que constitue, pour un epicurien
supreme Cpicurien au pouvoir, la seductionséduction de
ΙΌtium -- encore que dans ce domaine Horace soit soucieux de prC-
I'otiztm pre-
server la grandeur des tâches taches politiques. L' ode III,
L'ode ΠΙ, 8 fait entendre
cet hymne a ΙΌtium :: Sume,
à l'otium Mαecenas, cyathos amici
Sume, Maecenas, ... Mitte ciuilis
αmici ...
curαs ... Parce ~riualuse
super urbe curas priuatus 6 nimium cauere et dona praesentis
cape laetus horae... L'ode
lαetus horαe LΌde ΠΙ,III, 16 contient un avertissement sur les

ι. C, 6.
Plutarque, Moral. 207 C.
I . Plutarque. 6.
2 ορ. laud.,
2.. Op. laud., ρ.
p. 767-768
767-768 et n. 15.
n. 15.
Α.-]" FESTUG1ERE,
3. A.-J. FESTUGIBRE, Epicure et ses Dieux, p.
Épicure ρ. 31-35.
31-35.
Meceηe était
44.. Mécène etaίt néηe aux Ides d'avril.
d'aνrίΙ. une
uηe année
aηηee qui se situe
sίtue probablement
probablement
entre 74 et 70,
entre 70, cf. R. AVALLoNE,
cf. R. AVALLONE, Mecenate, p. ~ r L'étude
ρ. Η. .
L'etude ΙΌde IV,
de l'ode IV, IΙΙI par
Η. OPPERMANN,
H. OPPERMANN. Maecenas' Geburtstag, GΥmnasίum, 1957,
Geburtslag, Gymnasium, 1957, ρ. 102-1ΙΙ, n'apporte
p. 102-III. n'apporte
aucune donnee
aucune donnée nouvelle,
nouvelle.
5. E.
5. Ε. FRXNKEL,
FRAWKEL, ορ. laud.,
op. laud.. ρ. 417. L'acceηt mίs
4 1 7 L'accent Veηus Marine
mis sur la Vénus Μarίηe (v.
(ν. 15-16)
15-16)
rappelle ΙΌde III,
rappelle l'ode ΠΙ, 26 :: les pieces ΙΆ nthologie Palatine. s9uvent
pisces de l'Anthologie souvent composees
composées
par des sectateurs d'ΕΡίcure,
des sectateurs d'Épicure, comme P PΊSoη ΡhίΙοdeme, témoignent
i o n et Philodème. d'une
temoignent d'une
dévotion a
certaine devotion A ]a
la deesse.
déesse.
6. Le mot (v.
6. (ν. 26)
26) fait evidemment
évidemment entendre
entendre un echo
écho epicurien, cf. la Ιίη
kpicurien, cf. fin de
la satire 1, ... priualusque
Ι, 3 :: ... priuatusque inagis
,nagis uiuam te rege beaIus.
beatus.
44 !lίECENE

(uertex)'. Mécène,
dangers de la grandeur (uertex)1. Mecene, dans sa solitude, ami sans
credit
crédit politique, saura s'en souvenit souvenir :: Ilpsα αltitudo adtonat
e s a enim altitudo αdtonαt
ssummα
~ m m ...
a 2 • Epicure,
...2. Épicure, independamment
indépendamment de la communion dans la joie,
voulait que l'amitie fît une part a
I'amitié fit l'intérêt3. Elle est refuge contre les
à l'interet".
maux de la vie, et c'est ce refuge delassant quΉοrace offre a
délassant qu'Horace Mécène.
à Mecene.
Elie ouvre υη
Elle un royaume ου où seules
seules comptent les qualites morales, puis-
qu'eue est «« communaute
qu'elle communauté de vie parmi ceux qui ont atteint la plenitude plénitude
du bonheur »4. n4.
l'éphtre 1
Horace, dans l'ipitre Ι, propose a
Ι,, 1, à Mécène
Mecene la médecine
medecine salutaire
dicté a
d'un livre dicte à certains egards l'amitié ((...
égards par l'amitie certα piacula
... sunt certa piαculα
quae te / ter pure
quαe poter2Int recreαre
pure lecto poterztnt recreare libello).
libella). Epicure
Épicure a souligne
souligné que
la vraie amitie
amitié est conseil,
conseil, objurgation visant au bonheur de l'autre.
Mecene,
Mécène, comme Horace,
Horace, croyait que les emportements inspirent des
regrets et font le malheur du passionné ministre tançait
passionne : le rninistre Auguste,
tan<;ait Auguste,
comme le poètepoete tançait
tan<;ait Mécène,
Mecene, avec de moins en moins d'indulgence,
d'indulgence,
au fur et a à mesure qu'il retranchait davantage sur les joies jojes de la vie.
épicurien,
Le pessimisme epicurien, le besoin éperdu sécurité de confιance,
eperdu de securite et confiance,
avec en plus, chez Mécène,
Mecene, la hantise du neant, néant, expliquent le caractere
caractère
passionne de certaines protestations d'amitie,
passionné d'amitié, qu;
qui se répondent,
tepondent, entre
Mécène ;; aux images de la solidarite
Horace et Mecene viscérale des odes 1,
solidarité viscerale Ι, 3
et II, 17 fait echo
ΙΙ, 17 écho le fragment bien Mécène :
bjen connu de Mecene
... ni te uisceribus meis, Horati,
... Horαti,
iαn2 diligo
plus ianz diligo...
. . . 55.•

Affection viscérale fondée sur un


viscerale fondee υη choix (ditigo),
(diligo), l'amitie
l'amitié est pure
election qualités, ηοη
élection de qualites, non engouement frivole.
frivole. La spiritualite fιns
spiritualité des fins
eclaire
éclaire la rigueur des crjteres.
critères. D'abord l'absence de prCjugéprejuge social,
social,
le refus d'etiquette,
d'étiquette, qui apparait
apparaît aussi bien dans la familiarite
familiarité de
Mécène avec le prince -- si evidente
Mecene quΌη ne comprend guere
évidente qu'on guère les réti-
reti-
cences aà propos du billet a Octavie66 -- que dans les rapports d'Horace
à Octavie dΉοrace
Mécène. Les Sαtires
et de Mecene. dΉοrace soulignent a
Satires d'Horace A la fois
fois l'absence de
préjugés
prejuges nobilaires de Mecene
Mécène (1,(Ι, 6,
6 , Ι-Π),
1-11), la pureté
purete de ce commerce
commerce

ι.
I. Odes, III, 16,
Odes, ΠΙ, 16. 18-19:
18-19 : Iuve
Iu.e perlbovrui
perJIo.,ui
ΙαΙο conspicuu,n
laie Ιοllο•• uerlicem.
conspicuuwz tollere uerlicem.
2. Seneque, Episl., ΧΙΧ,
Sénèque, Episl., XIX, 9g : Iragment Promelhέe.
fragment du PrmLlhhe.
3.
3. Gnom.
G n m . Vat., ΧΧΧΙΧ.
Vat., XXXIX.
4. Vita
4. Vila Epicuri,
Epicu.i, 120.
120.
5 . Cette epigramme
. 5. épigramme celebre Vila ΗorαΙ;
trouve dans la Vila
célèbre se trouve Suétone, §g 4.
Hwafi de Suetone, 4.
haut, ρ.
Voir plus haut, p. 36. Même
M<!me s'il subsiste
subsiste dans cette piece
pièce quelques traces d'affec-
quelques traces
tation alexandrine
alexandrine ·(cf.
,(cf. Catulle, ΧΙΥ, 1-3),
Catulle. XIV, οη notera
1-3). on notera surtont
surtout I'expression
l'expression visce-
viscé-
l'amitié :: de mι!me
rale de I'amitie m&meI'apostrophe uifa. dans le billet conserνe
l'apostrophe mea uita, conservé par Isi-
dore de Seville.
Séville.
6. Perisli
6. naturue mune.ibus
Pe"isli capillum natu.ae muneribus gratum. réticences de ceux qui
g.atum. Sur les reticences
compliment a
écartent le compliment
ecartent à I'adresse dΌctavίe, voir AVALLONE,
l'adresse d'Octavie, AVALLONE, Mecenab, ρ. 263-
Mecenate, p.
264.
264·
LΊ1;ΡΙCURΙSΜΕ DE MtCENE 45
(1,
(1, 9)
g) qui ne s'explique pas entierement entièrement par la la. complicitC
complicite littCraire
1itteraire
et poetique.
poCtique. La culture n'a pas joué joue plus que
qtle la richesse ou ου les autres
dons
dons de fortune ;; la pura uoluptas de l'amitiC
de fortune cοϊηcide pas avec les
l'amitie ne coïncide
joies de Calliope, requies hominum diuomque uoluptas. L'amitiC
de Calliope, L'amitie est
avant tout une comrnunaute communauté etroite Ctroite fondee
fondée sur la sagesse.
sagesse. MCcène
Mecene sera
l'homme « de de peu d'amis ))
)I et «
« d'amis raisonnables » (paucorum homi-
)) (paucorum
num et
num mentzs mentis bene sa1Iae
sa?zael).
' ). Comme Epicure
Épicure admettait les courtisanes,
mais evinιyait
mais Cvinçait « ceux qui gemissent gCmissent dans le trouble de l'âme l'fιme 9,
))', MCcène
Mecene
savait negliger
nCgliger la condition sociale considerer que la valeur
sociale pour ne considkrer
3
morale
morale3. . Horace a bien montre montrC avec quelle prudence le ministre l'a l'a
admis
admis dansdans le cercle cercle de son amitie.amitiC. La so1idite
solidit6 de son affection, souli-
gnCe par la satire ΙΙ,
gnee II, 6,6, 40 sq. sq. (Septimus octauo propior propior iiama m fugerit
fugerit
annus...),
annus.. .), trouve son exp1icationexplication dans la satire 1, Ι, 6. Les debuts de la
amitiC ont ete
grande amitie 6tC laborieux.
laborieux. Le hasard n'y η'Υ joue aucun rôle r:Qle : elle
donc pas a
n'est donc à inscrire au chapitre de la felicitas (v. (ν. 52-54), et cette
mise au point a son importance si l'on ΙΌη songe aux antkcédents
antecedents Cpicuriens
epicuriens
Mécène et dΉοrace.
de Mecene
de d'Horace. Pour le JJardin, ardin, la sagesse consiste àa faire
reculer la Τίιχη TU%? dans la conduite de la vie. E. Ε. Bignone l'a marque àa
l'a marquC
propos de de la Fortuna gubernans de Lucrece Lucrèce4. 4 • Si MCcène
Mecene a accepte
politiquement, ce fut sur 'le
Horace, suspect po1itiquement, le rapport de Virgile et de
Varius qui
Varius qui vantaient son caractere, caractère, ce fut après
apres une sorte d'examen
probatoire :: ... ... sed quod eram narro. Le Leministre,
ministre, pourtant enclin par-
fois aux
fois aux liaisons
liaisons superficielles,
superficielles, attendit huit mois pleins pour accueillir accueil1ir
Horace (. (..... iubesque esse in in amicorum numero). Le poète poete se targue
d'avoir fai·tfait admettre ses ses qualites,
qualitCs, nonηοη sa personne.
Tant de de circonspection nous etonnera Ctonnera pour une Cpoque epoque où ου l'ami-
l' ami-
citia, galvaudee,
citia, galvaudee, se se separe
sCpare mal de sa gangue impure, l'arrivisme l'arrlvisme ou ου
l'intérêt5.
l'interet Ce gout
5 • Ce goût de l'amitie Cpurée, a
l'amitiC epuree, à peine transparent chez Lucrèce Lucrece
(1, 140),
(1, I ~ o ) ne , saurait s'exp1iquer
s'expliquer que par les prCceptes preceptes Cpicuriens.
epicuriens. Le
Maître a ecrit
Maitre prCcipitation ou trop de lenteur àa nouer une
Ccrit :: «rc Trop de precipitation
amitiC est egalement
amitie également blamable,
blâmable, mais il faut être etre prêt,
ρτΗ, pour sauver
I'amitiC, a
l'amitie, à courir meme même des risques ))n (Usener,
(Usener, fr.
fr. 546).
546). Une conception

1.
1. Sat., 1. 9.
Sal., Ι. g. 44-
44.
2.
2. Cf. Α.-
cf. J. FESTUGIERE,
A.-J. FESTUGIÈRE. laud.. p.
op. laud.,
ορ. ρ. 33.
3. Les
3. Les termes purior dans la satire 1.
termes sanae et purior Ι. 9 sont relatifs àa. l'émulation
l'emulation
' dans la
dans la sagesse.
sagesse, puisque meme même l'erudition
l'érudition (doctior,
(dodior, plus bas) n'est pas retenue
critère. Le facheux
comme critere. fâcheux de la satire ne croit qu'à l'amitib ambitieuse. Certains
qu'a.l'amitie
ont voulu νοίΓ voir dans
dans le Cercle de Mecene Rlécéne une coterie politique,
politique. par exemple
R. SEALEY.
R. SEALEY,TI.e T/ze political
fiolitical attaclIments
attaclrments ο/ of L. Aelius
Aelius Seianus. Phoenix, X V , 1961.
XV, 1961.
P. 97-114·
ρ. 97-114.
E.BIGNONE.
4. Ε.
4. BIGNONE, op. laud.,
ορ. laud., ρ.p. 435 sq. Il
435 sq. II faut bien distinguer entre l'existence
l'existence
de la
de la Τόχη nécessité d'y soustraire la vie du sage : cet idbal
Th27 et la necessit6 ideal est exprimé
exprime
par la celebre
par célébre maxime
maxime XVI.XVI.
5. C'est ce
5. ce que
que montrent, outre les propos du fâcheux, facheux, les interventions
interventions des
dans la satire ΙΙ,
solliciteurs dans II, 6G :: vers 34 et 38 -sans
- sans parler du jaloux
jaloux des vers 29-
29-
peut-être un republicain
31,peut-etre
31, républicain qui reprouve
réprouve la vassalisation de l'ancien commensal
de Brutus.
de Brutus.
MECENE .

herοϊque de l'amitie
hCroïque l'amitiC transparait
transparaît dans la deliberation pathetique de
dClibCration pathbtique
la première Cpodel1 ;; a
premiere epode à cote
côtC des dangers physiques de l'amitie,l'amitiC, les epi-Cpi-
mCconnaissent pas les risques moraux de la franchise !
curiens ne meconnaissent
Ainsi, MCcène
Mecene avait sa theorie l'amitit, qui satisfaisait a
thCorie de l'amitie, à la fois
fois
chez lui le besoin de joie partagke
partagee et le besoin d'appui moral. Avec
son monde interieur dCfiance devant la Fortuna,
tourmente, sa defiance
intérieur tourmentC, Fortuna, qui
dement lCgende de sa nimia felicitasz,
dCment la Iegende Ctait υn
felicitas 2 , le ministre etait un homme
seul. ΝυΙ
Nul n'a
n'a plus que lui medite
médit6 sur l'isolement tragique de la grandeur.
Incapable sans doute de dompter son temperament, tempkrament, de controler
contrôler sa
sensualité, sa religiositC
sensualite, dΌrgueiΙ princier,
inquiète, ses restes d'orgueil
religiosite inquiete, Ρήncier, il trouvait
dans le sodalicim,
sodalicium, des
dès l'epoque
1'6poque de sa toute-puissance de fait, fait, la mesure
reconfort : a
de la joie et le rCconfort à plus forte raison apres,
après, quand les exces excès
eurent entame
entamC sa sante
sant6 et renforcC
renforce son culte eperduCperdu de la vie
vies.
3
• L'amitie
L'arnitiC
épicurienne pouvait seule lui apporter la solution de son enigme
epicurienne énigme per-
sonnelie : le sens de Venus,
sonnelle VCnus, principe de joie et source de tourment,
dont il pouvait contempler dans ses ]ardins Jardins la forme ambigue
ambiguë4. 4
Il
• 11
aurait ρυ
pu dire avec Epicure
Épicure :: «(1 Ce qui nous aide dans l'amitie
l'amitié n'est pas
tant l'aide que nous donnent les arnis amis que notre confiance dans cette
(Gn. V., XXXIX).
aide s (Gn.
aide» ΧΧΧΙΧ).
Dans la quete
quête de rCconforts apaisants, la familiarite
reconforts apaisants, familiaritg avec la nature
a jouC υn grand rQle.
joue un rôle. Nous avons relevC
releve la trace d'un certain panthCisrne
pantl1eisme
Cpicurien. Peut-on parler chez MCcène
epicurien. Mecene d'un naturalisme d'origine dΌrigine
épicurienne ?
epicurienne

Le naturalisme
naturalisme champetre.
champêtre.

Mecene possCdait
Mécène ΙΈsquilin des]ardins
possedait sur l'Esquilin des Jardins importants, plus grands
discrhte des Élégies,
que la mention discrete destinée a
Elegies, destinee à faire ressortir la simplicite
simpliciti
du ministre :: pazlca izlgera certa -- stylisation epicurienne
pauca iugera Cpicurienne manifeste
manifeste5.5•

1. L'epode Ι1 montre.
I. L'dpode montre, s'jJs'il en etait (cf. Odes,
Btait besoin (cf. Π, 7),
Odes, II, 7). qu'Horace n'a pas
la vocation militaire (malgre Epist., Ι,
(malgré Epist., 20, 23, equivoque),
1. 20, équivoque). et qu'au moment
dΆctium
d'Actium l'amitie
l'amitié lutte furieusement
furieusement avec le confort (opposition- -
des vers 15-16
15-16
et des vers 23-24).
23-24),
2. Sur lafelicitαs
2. lafelicitas de Mécène. νοί. Seneque,
Mecene, voir Prou., ΠΙ,
Sénèque, De Prou., IO ; Epist.,
III. 10; ΧΙΧ. 9 ;;
Epist., XIX,
-"
XCII., 35 /secundisJ
?=, (secundis)
, CXIV. 8.
, ...:CXIV,
AVALLONE, Profilo urnano
Cf. R. AVALLONE.
3. Cf.
3. ..., p.
umαno .... ρ. 6-7.
6-7.
4. Les jardins de Mécène
4. Mecene recelaient sans doute deux statues révélatrices revelatrices
parmi celles
celles conservees Conservateurs a
conservées au Palais des Conserνateurs Rome. Une statue e<;ιuί­
à Rome. &qui-
voque d'Eros-Thanatos,
d'Éros-~hanatos,d'apres d'aprbs un original de la première
premiere moitie
moitié du IV ivee siecle
av. ].-C. Il faut se rappeler que pour les epicuriens,
J.-C. IJ épicuriens, Eros
Éros est passion devorante.
dévorante.
Les jardins ont aussi livré Ηνι" une statue acephale dΆΡhrοdίte d'apres
ac6phale d'Aphrodite d'après un original
du dernier tiers du ν ve• siecle
siècle (Callimaque
(Callimaque ?). ?). Sur ces statues,
statues. ci.
cf. C.
C. P,ETRANGEL"
PIETRANGELI,
Cαpitolini, Guida
Musei Capilolini, Guidα Breve, Roma, 1960, 1960, p.ρ. 107-108. Sala degli Orti
107-108, Sαlα Orli Mece-
nαziαni. La confrontation avec D. MUSTILLI.
naziani. MUSTILLI, Il Mme0 Mussolini,
IlMuseo Mussolini. Roma, 1939, 1939.
doit induire a à la plus grande circonspection pour la provenance.
5. E.
5. Ε. BICKEL,
BICKEL. ..., p.
De Elegiis .... 105, §5 22..
ρ. 105.
L'EPICURISME DE MECENE 47
Α ses jard.ίns primitifs Mecene avait ajoute tres t6t, bien avant 31,
les puticuli, l'ancien cimetiere situe au-de1a du mur servien, qui
donnait au quartier sa sinistre reputation. « Nous savons par Horace
qu'il constituait une bande longue de 300 metres environ et large
d'une centaine »1. Les Horti Novi se situaient a l'angle nord-ouest de
la Piazza Vittorio-Emanuele ΙΙ, tout le long du mur servien « sur une
terrasse artifi.cielle allant des environs de l'ε~glise Saint-Eusebe actuelle
au moins jusqu'a la hauteur de ΙΆuditοrium, a. l'angle de la Via Leo-
pardi et de la Via Merulana »2 ; ils se trouvaient forcement bornes a la
Porte Esquiline a. cause du nreud routier qui occupait le nord du
quartier. Si ΙΌη considere que les jardins primitifs correspondaient
a la region des Sette Sale et des futurs Thermes de Trajan, l'empla-
cement « se trouve defi.ni a l'interieur d'un polygone dessine par : la
rue qui a l'exterieur du mur servien, joignait la Porta Caelimontana
et la Porte Esquίline, le Clivus Suburranus et le trοnφn commun des
Viae Praenestina-Labicana-Tiburtina, jusqu'au Ροrtίque de Lίvie,
une ligne, assez peu precise pour nous, traversant le site des futurs
Thermes de Trajan, et, au Sud, les pentes de ΙΌΡΡίus »3. La lοcalίsatίοη
de Μ. Grimal n'a pas Με remise en cause, nί precisee, par la publication
des Fontes ad Topographiam Veteris Urbis Romae pertinentes, due a
G. Lugli 4 • Tous les textes anciens insistent, meme apres l'amenagement
des ]ardins et l'urbanisation du quartier, sur son caractere de solitude,
la richesse de ses plantations arboricoles. Le Priape mentionne par
le Pseudo-Acron 5 accentuait le caractere rural, et les vautours, les
Esquilinae alites 6 , durent disparaitre avec les puticuli pour faire place
a une faune ornithologique moins sinistre 7 • Les evocations consacrees
a la Ve region augusteenne lui pretent a la fois la fraicheur et la purete
de l'air, et le privilege du soleίl :

Nunc licet Esquiliis habitare salttbribus atque


aggere in aprico spatiari... 8.

ι. Ρ. GR1MAL, Les Jαrdins Ron'αins...• ρ. 153.


2. Ibid.
3. Ρ. GR1MAL, ibid.• ρ. 155.
4. G. LUGL1, Fontes αd Topogrαp/Iiαm Veteris Urbis Romαe, IV. Ιίbή ΧΙΙ.
χιν, Romae. 1952 : ρ. 19-27 : ι. Regionis Quintαe Nomen, Sit,ιs αtque compen-
diαriαe Descriptiones. ρ. ΙΙ2-ΙΙ5 : Horti jV1αecenαtis et Auditorium.
5. Pseudoacro. In Hor. Sαt., ι, 8, Ι : " Olim truncus erαm ». Inducit Priαpu,n,
a
qui ,ΙαΙ in horNs Esquilinis, dicentem ... Cette statue de Priape repondait une
a
mode du naturalisme champetre : νοίι le Priape de la Copα, la fois epouvantail
et rappellicencieux. Le Priape de ΙΈsquίιίn n'a pas ete retrouve. cf. V. GARDT-
HAUSEN, ρ. 771.
6. Evocation de l'epode ν, 100: les vautours sont expliques par les commen-
tateurs antiques, qui les rattachent au caractere funebre du quartier, cf.G. LUGL1,
ορ. Iαud., ρ. 25.
7. cf. ΕΙ. 111ec.• infrα.
8. Horace, Sαt., ι, 8, 14-16.
MECENE

Du haut de de son palais, construit avant Actium, Mécène Mecene pouvait aper-
cevoir
cevoir les coteaux de Tibur 1 , si tant est que la terrasse artificielle
Tibur1,
nΌffraίt
n'offrait pas le ,meme
même panorama.
Ε.
E. Bickel a eu raison de souligner les traits épicuriens
epicuriens de la descrip-
tion contenue dans les Elegies
Élégies : : outre le rapetissement jardίns, il a
des jardins,
souligne
souligné l'expression mollibus hortis.
hortis. Nous avons souvent remarque 2
remarquC2
que
que cet adjectif d'ambiance s'applique, dans le lyrisme de teinte épi- epi-
curisante,
curisante, aà un paysage reposant et rassurant et au genre de vie cham-
petre
pêtre et naturel qu'il sollicite.
sollicite. Reprenons l'évocation
l'evocation de la première
premiere
élégie, qui,
elegie, qui oppose
oppose au cursus ciassique, eclat astreignant
classique, avec son Cclat
(idée dΉοrace),
(idee d'Horace), ΙΌtium
l'otium des Esquilies ::
maluit umbrosam
umbrosam qzeercum nymphasque cadentes
quercum nymphasqzle
paucaque pomosi i1tgera
$aucaque pomosi iz~geracerta soli :
:
Pieridas Phoebumque colens in mollibus hortis
sederat argutas garrulus inter aues3.
aues 3 •
LΌmbre
L'ombre de de l'yeuse, la chute d'eau -- ou l'eau vive en généralgeneral-- cons-
.cons-
tituent des
des «(t classiques » du naturalisme poétique
)) poetique àa Rome : la poésie
poesie
constitue aà la fois
fois le modele
modèle ideal
idéal de l'art topiaire et le miroir du Jar-
]ar-
din Romain'.
Romain4. Parmi les elements peίnture romaine,
ClCments figuratifs de la peinture
chargée d'elargir
chargee d'élargir le reve au-dela du mur de piristyle,
rêve naturaliste au-delà peristyle,
figurent pumina,
figurent flumina, fontes,
fontes, euripi, fana, luci, montes 5 • Sentiment authen-
Zuci, montes"
tique de nature, ou simple recherche d'une ambiance ?? Les points
de la nature,
de diffèrent souvent. Οη
de vue different On sera frappe
frappé par le fait que MCcène
Mecene avait
sur ΙΈsquiιiη
l'Esquilin des vergers et qu'il appreciait
apprCciait la voix des oiseaux chan-
teurs. Α
teurs. A l'epoque
l'époque de son ministere,
ministère, où
ου son otium se prCsente
presente comme
délassement bien merite,
un delassement mérité, conquis sur la partie la plus stérile
sterile de
l'ambition, ίΙ il se contente du chant des oiseaux : !'audition
l'audition de sympho-
nies apaisantes pour vaincre les tourments de l'insomnie correspond
nies
aux demieres
aux dernières annees,
annCes, aà ΙΌtium définitif. Les fruits des vergers et le
i'otium definitif.
chant desdes oiseaux imposent evidemment
évidemment le rapprochement avec la
peinture de Porta". Si ce n'est
de la villa de Livie 11.à Prima PortaB. n'est pas le chef-
d'œuvre pictural qui a dicte
d'ceuvre dicté au poète
poete ces détails,
details, une telle forme
originale. La meilleure preuve en est qu'elle ne se trouve
d'otium est originale.
dΌtium
dans le canevas classique de la laudatio
pas dans laudatio romaine, dans celle de
exemple17 ;; le canon du genre consiste àa équilibrer
Pison par exemple equilibrer en un

ι.
I. Odes, III. 29,
Odes. ΠΙ, 29, 5-ΙΟ.
5-10.
2.
2. Cf. notre
cf. Otium...,, et plus bas,
notre Otium... bas, chapitre
chapitre III.
πι, p.
ρ. 124-126.
Ι24-Ι26.
El.Mec.,
3. ΕΙ.
3· Mec., 33-36.
33-36.
4 . cf.
~. P. GRIMAL,
Cf. Ρ. GRIMAL, Les Jardins
]ardins Romains ..., p.
Romains..., ρ. 407.
Vitruve, De
5. Vitru"e,
5. De αΥΟ!Ι.,
arch., νπ,
VII, 5,
5 , 2.
2.
K. SCHEFOLD,
6. Κ.
6. SCHEFOLD, Prmapejanische Malerei.
Pompejanische Ideengesc!Iichw, Basel,
Malerei, Sinn und Ideengesckichte,
Ι952, planche ιι.
1952, planche II.
7. La Lαus
7. Laus Pisonis,
Pisonis, vers ι69 sq., montre
169 sq., montre lSint6gration
l'integration de la musique et du
lyrisme a
lyήsme l'olium h01uιstun
à ΙΌtiu,n holtestunz.
•.
L'EPICURIS~1E DE MECENE 49
diptyque les negotianegotiα politiques, caution du dClassement
delassement mCritC,
merite, et lesles
otiα
otia nobles :: le culte des Muses - - qui englobe après apres Auguste le chant
choral
choral1. '.
Mais le sentiment de la nature n'est n'est épicurien
epicurien que dans la mesure mesure
ou
où les objets inanimCs
inanimes sont des moyens de pacification, où ou le paysage
paysage
immobile des campagnes, par opposition a la trCpidation trepidation incessante
des villes, reflète
reflete un Ctat
etat idCa1 l'fιme. Il ne doit s'y
ideal de l'âme. s'y mêler
meler aucune
contemplation, aucune admiration enthousiaste2. preuve se trou-
enthousiaste2 • La preuve trou-
vera dans le fait qu'Epicure recherche une nature finie,
qu'Épicure a recherchC finie, enserrCe
enserree
dans
dans les limites de la ville, quelques arbres, un peu d'eau, de quoi
festoyer entre amis -le -le cadre de la Copa. Copα. Or les Jardins ΙΈsquilin
]ardins de l'Esquilin
ne repondent
rCpondent pas seulement a une « nouvelle mode n3, ]ardin
»3, celle du Jardin
Romain avec l'onde, les arbres, (lΆuditοrium devait en être
arbres, les serres (l'Auditorium etre
une 4 ), les statues qui symbolisent souvent les nuances insaisissables
uned), statues
du naturalisme individuel. Bickel a relevC releve a juste
juste titre que le dessein
de Mecene,
MCcène, vu de l'exterieur, eΡίcuήen. Le favori aurait pu choisir
l'extCrieur, est Cpicurien.
le Pincio, le collis hortorum,
hortorum, comme tout le monde. Qu'on Qu'on n'objecte
n'objecte
pas que le desirdCsir d'originalite, Mecene, suffit a expliquer
indeniable chez Mécène,
d'originalité, indCniable expliquer
le choix du site. site. Pline l'Ancien, si bien informé informe sur l'artl'art topiaire, a
songé aa Mecene
songe BICcène lorsqu'il a évoqu6evoque (Histoire
(Histoire Naturelle,
Nαturelle, XIX,
ΧΙΧ, 50) la
nouvelle mode epicurienne
Cpicurieme :: IamIαm quidem
ψιidem Izortorum
hortorum nomine in ipsa ipsα wurbe
be
deliciαs,
delicias, αgros
agros uillαsque possident....primus lzoc
zlillasque possident.. ltoc instituit
instituit Athenis Epicurus
olii mαgister
otii magister ;;usque αd ad eunI fuerαt in oppidis habitari
eunz moris non fuerat hαbitαri rura.
rurα.
Le texte appelle le rapprochement avec la mention des CepouricaS
Le Cepouricα5 ; ;
ίΙ
il souligne
souligne certains
certains traits rustiques, prCsents
presents dans la description des
Élégiesa,
Elegies 6
, et la naissance d'une mode de « (deliciαe). Voilà
« plaisance i» (deliciae). Voila
MCcène, limite
pourquoi Mecene, limitC pourtant par le mur servien, a choisi un espace
intrα
intrapomoerium. Original, ίl
pomoerium. Original, il avait conscience du fait que le naturalisme
Cpicurien etait
epicurien Ctait οήginal,
original, par comparaison avec l'otzum ΙΌtium romain, le
rusticari.
rusticαri.
Sénèque apporte sur ce point un tkmoignage
Seneque temoignage capital qui concerneconceme
aussi bien l'aspect urbain que l'aspect
aussi l'aspect politique d'un tel otium. otium. Dans
le discours reconstruit par Tacite, Seneque
le SCnèque rappelle avec envie qu'Au- qu'Au-
guste a accorde aa Mecene
guste MCcène urbe in ipsα Ρήvilege
otiunI. Privilège
ipsa uelut peregrinum otizmz.

ι. Se reporter
I . Se reporter auau De Byeu.
Breu. ViI. de Seneque.
Vit. de Sénéque. ΧΙΙ, 4.
X I I , 4.
2. dans notre
Cf. dans
2. Cf. Otium..., ρ.
notre OIium.... p. 240,
240. l'etude
l'étude du sentίment
sentiment de la nature chez les
épicuriens.
eΡίcurίens.
GARDTHAUSEN,
V. GARDTHAUSEN,
3. V.
3. op. laud.,
ορ. p. 770.
laud., ρ. 770.
4. V.
4. GARDTEAUSEN,
V. GARDTHAUSEN, p. 771.
ibid., ρ.
ibid., 771. Cf.
Cf. aussί
aussi W. KROLL.Maecenatis
W. KROLL, Maecenaiis audito-
R-E, Col.
rium, R-E,
Yium, col. 229-Ζ30.
229-2jo.
La dέdίcace
5. La
5. dédicace dede ΙΌuvrage
l'ouvrage de de Sabίnus
Sabinus Tiro
Tiro mentίοnnee
mentionnée par Pline, NH, ΝΗ,
ΧΙΧ,
XIX, 57,57. 177·
177.
El. Mec.,
6 . ΕΙ.
6. ...paucaque porι,osi
Mec., 34 :: ... pontosi iugeya
iugera 'ΒΥΙa
cevta soli. L'auteur de la laudatio
soli. L'auteur
aa manifestement
manifestement entendu
entendu chanter
chanter dans
dans sa memoire GJorgiques, IV,
mémoire les vers des GBorgiques,
127-128 ...cui
127-128 :: ... cui pauca yelicIi
relicti iugera YUYis
ruris erant, décelé chez Vigile
erant, et decele Virgile une leçon
leyon
de simplicite
de simplicité lustique.
rustique.
4
50 MECENE

semi-dίsgrace, qui reste un ami, et qui par


exorbitant, le ministre en semi-disgrâce,
cercle demeure une puissance, n'a pas eu iιà s'exiler iιà Mit)'lene
son cercle ου
Mitylène ou
iι Rhodes pour ne pas porter ombrage au prince1
à princel :: on
οη sait qu'il etait
Ctait
populaire. Autre réussite,
reussite, ilίl a su goiΊter
goûter «(( en pleine ville » les joies de
l'otiztm, sans avoir à
ΙΌti~ιm, faire oublier, comme L. Pison sous Tibere,
iι se faire Tibère,
i n aliquo abdito et longinquo rure (Annales,
in II, 34).
(Annales, 11, 34). A Α une epoque οΙΙ
Cpoque où
dίsgrace rend l'otium
la disgrâce ΙΌtium périlleux,
perilleux, Seneque
SCnèque a le sentiment d'une rCus- reus-
site exceptionnelle. On Οη comprend mieux des dès lors les eloges
Cloges de la «« vraie »)r
s'inscrivent dans la tradition romaine, au cceur
campagne, qui s'inscrivent cœur des
Géorgiques de Virgile,
Georgiques Virgile, et les sollicitations insistantes de certains billets
dΉοrace. Bornons-nous aux pièces
d'invitation d'Horace. pieces qui sont des billets
adressés iιà Mecene,
adresses MCcène, à iι l'exclusion
Ι' exclusion des autres Odes (Ι, (1, ιI ;; 11,
II, 3) ου Ép£tres
3) ou Epitres
(Ι, 14;
(1, 14 ; Ι,
1, 17, etc.). cL'ode
17,etc.). III, 8 est une invitation rustique du « sage de
o d e 111,
la Sabine ». )). Plus caracteristique
caractéristique encore l'ode III, 29 qui invite Mécène
ΙΌde 111, Mecene
iι quitter son « gratte-ciel »
à l'Esquilin et les «I( bruits » de la Ville,
r de ΙΈsquilin
iι vrai dire fort attenues
à atténuCs ::
Fastidiosam
F astidiosam desere copiam et
molem
mclem fwofiinquam
propinquαm nubibus arduis,
omitte mirari beatae
fumum et opes strepitumque Romae.
Horace sait que Rome fait le bonheur de son ami (beatae (beatae a ce sens
precis). Il accumule les tableaux champetres,
précis). champêtres, comme celui du patre pâtre
nonchalant des vers 21-24,
21-24> qui s'oppose aux tracas politiques. Dans
ΙΌde IV,
l'ode ΙΙ, on
IV, II, οη devine une invitation indirecte
indίrecte àiι Mecene
AfCcène :: le cadre est
celui d'un jardin rustique2.
rustique2 • Le prince, qu'Ayallone presente comme
qu'Avallone présente
« un
υη amant solitaire de la nature »3, n'aimait que la nature stylisee
9,n'aimait stylisCe de
la villa ίl préfCrait
villa;; il preferait laisser son regard errer sur udum Tibur, Tibur, Aefulae
decliue aruom et Telegoni iuga.
iuga. Gardthausell
Gardthausen se montre sceptique sur
l'existence de villas rustiques appartenant à
I'existence iι Mecene
lfCcène4.4•

Mais dans toutes ces odes,


odes, est-ce seulement le goûtgoiΊt pour les soli-

1. Tibère a
Σ. Exil de Tibere à Rhodes, dΆgήΡΡa a
Rhodes, d'Agrippa Mitylène :: ces retraites, qui coues-
à Mity1ene corres-
pondent a à un effacement momentanB.
momentane, sont presentBes
presentees comme le sa1airesalaire du
labeur par la tradition officielle, cf. Velleius
Velleius Paterculus, II,Π, 99.
99, et Néron
Neron chez
Tacite, Ann., XIV,
Tacite, XIV. 55,
55, 22..
2. Dans ces conditions, la « pa-storale
2. ΙΌde suivante,
pa.stora1e "» de l'ode suivante, IV, 12, n'a
12, 9g sq., n'a
ήen
rien de gratuit ποη plus.
matuit non
3. RT
R. AVALLONE;
AVALLONE. P Pyofilo wmano
I O ~ ~ Eumano
O ...., p.
... ρ. 7·
7.
4. V. Gardthausen, tout en supposant l'existence de villas rustiques (p.
4. (ρ. 772),
772).
très sceptique sur les ruines de la ViUa
se montre tres Mecene a
Villa de Mécène à Tibur (n.(π. 35).
35).
Mais le problkme &té.repris naguère
probleme a ete naguere par G. G.ZORGI,
ZORGI,LLaa « Villa αό Mecenate "
Villa di e e όl
il
αό Ercole vincitore
tempio di vincitove αa Tivoli nei disegni
dzsegni di Andrea Palladio, Palladio, VII, νπ,
1957. p.
1957, 149-171.Or rien ne prouve que la Villa de Mecene
ρ. 149-171. corresponde a
MBcène couesponde à la
partie inferieure dΉercuΙe Victor (p.
inférieure du temple d'Hercule (ρ. 150 thèse de Canina) ;; les
150 :: these
textes anciens produits par l'auteur. ρ. p. 154,
154. ne prouvent pas que MeceneM&cèneait
accueilli a
à Tivoli Auguste, qui aimait rendre la justice i n porlicibr6s
justice in porticibtts Herculis
HercuIis
(Suétone, Aug., LXXII).
(Suetone, LXXII).
L'EPICURISME DE MECENE 51
tudes urbaines qui exp1ique explique 1esles résistances
resistances de Mecene RfCcène ? L'epicurisme
L'épicurisme
superficie1
superficiel 1ui lui permettait en realiteréalité de tenir une gageure, de concilier
le deνoir
1e devoir et 1Όtiunl. préfet de Rome,
l'otzunz. Le prefet Rome, 1e le minΪstre
ministre de 1a la po1ice,
police, qui
apprecie
apprécie d'etre
d'être promptement renseigne,renseigné, craignait 1es les intrigues et 1es les
comp1ots.
complots. Il se devait, deνait, par fidelite,
fidCLité, d'etre soupι;onneux et
d'être toujours soupçonneux
tendu, de se defierdCfier de 1a la fa<;ade
façade trompeuse de 1a Ραχ ;;c'est ce qu'on
la Pax quΌη
traνers 1e
lit 30à travers dΉοraceι, soucieux aνant
le badinage d'Horace1, avant tout de humer l'air
de 1ala Ραχ Augustα, et peu comprehensif
Pax Augusta, compréhensif 30à l'egard
l'égard des responsabilites
responsabilitCs
de son puissant arni. ami. Il 1υίlui conseille 1e cαrpe diem,
le carpe diem, quand Mecene Rfécène
considere
considère 1a la crainte comme
comme 1e le commencement de 1a la prudence.
Une telle
teiie explication est d'autant p1us plus seduisante
sCduisante que 1es les fragments
de prose trahissent, sinon un sentiment profond de la nature, tout au
curiosité pour sa νie
moins une curiosite vie secrete,
secrète, pour 1es mouνements de l'onde
les mouvements ΙΌnde
particulierz.
en particulier 2 • Il yΥ a 130
là p1us
plus que 1e le corollaire
corollaire d'un naturalisme facile. facile.
Mécène chante l'1' «a onde sacree
Mecene sacrée », demeure d'une nymphe, qui se meut
entre 1esles frenes,
frênes, dans un υη νers impreνu que 1e
vers aussi imprCvu le bondissement de
la source :: inter sαcrα
1a mouit αquα
sacra mozzit frαxinos; l'aurore qui, suiνant
aqua fraxznos; suivant 1e le
solei1
soleil au lieu de 1e proνoque un rougeoiement cosmique.
preceder, provoque
le précéder, cosmique.
Rappelons 1es
Rappe10ns eνocations impressionnistes citees
les deux évocations citées par Seneque
SCnèque
comme exemples de mauνais
comme des exemp1es mauvais goutgoût dans 1a la lettre CXIV : « 1e fieuνe
le fleuve
cheνelure des forets
la chevelure
et 1a forêts sur 1a riνe » (amne
la rive (αmne siluisque rzpa ripα comantibus)
comαntibus)
-- « νois
vois 1esles sillonner le fleuve leurs esquifs
fleuνe de 1eurs esquifs et 30à contre-courant
faire
faire recu1er
reculer 1esles jardins ». Exp1icab1es
Explicables par 1a rerniniscence et l'imita-
la réminiscence l'imita-
tions, poussant p1us
tion", plus lοίη
loin encore l'audace des mode1es, modèles, ces deux frag-
ments attestent p1us plus que 1esles audaces syntaxiques reprochees reprochées au pre-
dissolution des perceptions objectiνes,
mier : une disso1ution objectives, une transmutation
magique, ou hallucinatoire, de 1a la realite
réalité naturelle. Le fleuve fieuνe ou où se
rnirent
mirent les forets deνient chevelure
forêts devient cheνe1ure ;; 1es les esquifs se muent en araires
qui repoussent 1e le riνage
rivage comme 1e le soc repousse 1a la terre souleνee.
soulevée. Et Et
par-dessus tout, cette plongée p10ngee dans le mythique, contraire 30à 1a la Poe-
Poé-
épicurienne, s'accompagne d'une rupture de 1a
tique epicurienne, la c1arte
clarté logique,
logique,
d'une liberation
libération impressionniste des évocations. eνocations. L3o, Là, comme dans 1es les
mCtaphysique, on
fragments d'angoisse metaphysique, οη sent 1e ρήs de préserver
le parti pris preserνer
la part du mystere l'uniνers. Α
mystère dans l'univers. A partir d'une attitude exterieure
extérieure
qui semb1e
semble epicurienne deνe1oppe, dans 1es
épicurienne se développe, les deux cas, υη un esprit pro-
fondement
fondément incompatible avec aνec 1ala discipline rationaliste du Jardin. La
religiosité priνee
religiosite privée dΌbjet
d'objet se reporte tantot tantôt sur les Manes,Mânes, tantot
tantôt sur
1a νie uniνersel1e,
la vie universelle, tantot
tantôt sur 1esles « puissances du monde », au premier
chef sur 1a Fortunα.
la Fortuna.
IΣ.. Odes, ΠΙ, 29, 9
Odes, III, g sq. fyontem ,.;26 :: 501licitus.
sq. :: sollicitam frontem sollicitus. Id., ΠΙ, 8,
Id., III, 8, 28 ::
li1lque seuera. Horace taquine
li?zque seuera. taquine Mecene
Mécène en le présentant
presentant comme une sorte de
e bougon Dn qui gache
« gâche sa vie.
vie, cf.
cf. le grincheux moque par la Copa.
grincheux moqué Copa.
fragments du De Cultu Suo.
2. Ces fragments conserνes par la Lettre CXIV de Seneque,
Suo. conservés Sénèque.
sont etudies
étudiés plus bas, chapitre πι,
bas, chapitre III, ρ.
p. 104 sq.
sq.
3. Cf.
Cf. AVALLONE,
AVALLONE, M ~ G ~ Rρ.
Mece1.ate, P.u230-239·
230-239.
~ ,
52

La religion
La religion de la «« Fortuna
de la Fortuna ».
n.

Dans le
Dans le commerce
commerce d'idees d'idCes qui qui s'etablit
s'établit entre
entre Mecene
MCcène et et Horace,
Horace,
ίΙ est souνent
il est souvent question de
question de la Fortuna et,
la Fortunα et, d'une
d'une maniere
manière plus plus large,
large, dede
l'jnterνention
l'intervention de de νolontes
volontés transcendantes
transcendantes dans dans lesles affaires
affaires humaines.
humaines.
Inquiet deνant
Inquiet devant la la mort
mort et et le
le neant,
néant, hantehanté parpar lele monde
monde des des ombres,
ombres,
MCcène etait
Mecene Ctait plus
plus encore prCoccupC par
encore preoccupe par l'enigme
l'knigme de de lala condition
condition
humaine. Et
humaineo E t ρουτ
pour Ιυί lui l'enigme
1'6nigme etait Ctait lourde
lourde d'angoisseo
d'angoisse. Il Il etait
était tres
très
profondCrnent υη
profondement un curieux,
curieux, et et a.à cote des cuήοsίtes
côté des curiosités friνoles
frivoles et et mate-
maté-
rielles (innoνations
rie11es (innovations gastronomiques',
gastronomiques1, perfectionnement
perfectionnement de de la la steno-
stCno-
typie?,
typie poétique reνolutionnaire
Z, poetique rCvolutionnaire3), 3
), la
la curiosite
curiositCmetaphysique
mCtaphysiquetenait tenait uneune
place importanteo
place importante. Homme Homme de de la la liberte,
libertC, Mecene
BICcène sentait
sentait sa sa liberte
liberté
bornée par
bomee par une
une serie
serie dede fatalites naturelles ;;ίΙil ellt
fatalitésnature11es eût νoulu
voulu lesles explicitero
expliciter.
L'Cpicurisme Ιυί
L'epicurisme lui aνait
avait en en νain
vain apporte
apport6 une une conception
conception rassurante
rassurante
de la
de Fortzlna. Elle
la Fortunαo Eile regit
rCgit lele monde,
monde, ίΙil faut faut s'y
s'y plier,
plier, νiνre
vivre dans
dans l'jnstant
l'instant
et dans
et dans lala contingenceo
contingence. Tel Tel etait
Ctait l'aspect
l'aspect le le plus
plus superficiel
superficiel des des dogmes
dogmes
Cpicuriens. Horace,
epicurienso Horace, dans dans la la sαtire
satire Ι,1, ι,1, badine
badine aνec
avec Mecene
MCcène sur sur ΙΌrdre
l'ordre
monde :: 00...ο qιtαm
du monde
du qttam sibi sortem // seu
sibi sortem sezt rαtio
ratio dederit
dederit seu obiecerit...;
seu fors obiecerito.o;
ilil ne
ne retient
retient que
que le le dilernme
dilemme de de l'epicurisme
1'Cpicurisme et et du
du stoicismeo
stoïcisme. IlIl s'agit
s'agit
liι
là de de deux
deux interpretations
interprétations scientifiques
scientifiques des des evenements
Cvénements :: la la tycM
tychC
Cpicurienne est
epicurienne est unun mecanisme
mécanisme (Usener, (Usener, fr. 380) impreνisible,
fr. 380) imprbvisible, mais mais
positif. Un
positif. Un mecanisme
mCcanisme sans sans arήere-mοnde.
arrière-monde. Pour Pour νiνre,
vivre, ilil faut
faut nier
nier lele
mystere, l'intrusion affectiνe
mystère, l'intrusion affective du du futur
futur dans
dans notre
notre present.
prCsent. Le Le present
prCsent
est le
est le temps
temps de de l'equilibre
l'équilibre et et de
de la la serenite (Odes, Π,
sérdnité (Odes, 16, 25
II, 16, 25 ;; ΠΙ,
III, 29,
29,
32-33, etco)o
32-33, etc.). Il
Il ne
ne faut
faut pas chercher aà percer,
pas chercher pour νiνre,
percer, pour vivre, υηun determi-
dCtermi-
nisme qui
nisme qui nousechappeo
nous Cchappe. Il Il faut
faut au contraire eνiter
au contraire Cviter d'eήger
d'Criger en en deter-
déter-
minisme fa:tidique
minisme fatidique (tout(tout determinisme
dCterminisme est fatum pour
est fαtum pour υη un Romain)
Romain)
υη
un simple
simple mecanismeo
mbcanisme. C'est C'est pourquoi
pourquoi EpicureÉpicure aa prispris soin
soin de
de rappeler,
rappeler,
dans la
dans Lettre αà Menecee4,
la Lettre Ménécéeo, que que la la Fortune
Fortune n'estn'est pas
pas la la directrice
directrice du du
monde, qu'elle
monde, qu'elle ne ne saurait faire ΙΌbjet
saurait faire l'objet d'une
d'une interpretation
interprktation supersti-
supersti-
tieuse. Les
tieuseo Les concessions littkraires aà l'allegorie
concessions litteraires l'allCgorie ne ne sont
sont paspas des
des conces-
conces-
sions philosophiqueso
sions philosophiques. La La νraie
vraie sagesse
sagesse est est negation
négation de de la Fortuna,
la Fortunα,
accession a
accession à ΙΌrdre
l'ordre de de lala liberte
libertCs.5•

Mais l'entourage
Mais l'entourage habituel
habituel de de Mecene
Mécène s'embauassait
s'embarrassait peu peu de de dis-
dis-
tinctions orthodoxes. Οη
tinctions orthodoxeso On professe
professe dans dans les Satires une
les Sαtires une deνotion
dévotion super-super-
ficielle et
ficielle et desinνolte
désinvolte envers
envers la Fortuna. Nomentanus,
la Fortunα. Nomentanus, dans dans le le repas
repas de de
satire Π,
la sαtire
la 8, --OU
II, 8, où figure
figure Mecene
Mécène -, -, s'ecήe Heu, Fortunα,
s'Ccrie ::«« Heu, Fortuna, quis quis est
est

Σο Épode ΙΙΙ
1. Epode I I I ::le
le plat a
plat à l'ailo Pline, ΝΗ,
I'aii. Pline, VIII, 43,
N H . VlII, 43, 167 le rόti
167 ::Ie d'âne.
r8tid'ane,
2.
20 Dion Cassius, LV,
Dion Cassius, LV, 7,
7, 60 Voir la
6. Voir mise au
la mise au point
point de R. AVALLONE,
de Ro AVALLONE, Mecenate,
Mecenate,
p. 196-200.
Ρο 196-200.
3. νοίι
30 infra, chapitre
Voir infra, chapitre ΠΙο
III.
Epist. Menec.,
4. Epist.
40 Menec.. 133-1340
133-134,
5. Μα",ο
50 Max. Cap.,
Cap., XVIo
XVI.
L'tPICURISJlfE DE MtcENE 53
crudelior in nos /Ι teΙε deus ? ut semper gaudes gαudes inludere rebus /Ι humanis humαnis ! ! nl.
»1.
L'homelie dΌfeΙΙus (sαt., Π,2)
L'homélie d'ofellus (sut., II, 2) termine se teπnine par une allusion au jeu
jeu cruel
de la Fortune :: ... Saeuiat
Sαeuiαt atqzle
0.0 αtque nouos moueatmoueαt Fortuna
Fortunα tumultus
tumultus......2, , -
2 -

religion qu'Horace lui-meme


lui-même professe dans ΙΌde ΠΙ,
l'ode III, 29 : Fortunα
Fortuna saeuosαeuo
ΙαεΙα negotio 3 Qui dira
laeta negotio... o d.ira la part de convention littéraire litteraire et de pathos
pathos
elegiaque pessirnisme profond
élégiaque et la part du pessimisme representations ??
profond dans ces représentations
Horace semble en tout cas, dans l'ode ΙΌde 1Ι,, 35, franchir la mince frontièrefrontiere
qui separe
sépare la convention poétique poetique et le mysticisme Fortzenα. La
m)'sticisme de la Forta6na. La
preuve, c'est que la Fortunα gubernαns de l'ode,
Fortuna gubernans assirnilee àa la Fortune
ΙΌde, assimilée
romaine dΆηtium,
d'Antium, traine
traîne dans son cortège Necessitαs4 (eue
cortege la Necessitas4 (elle est donc
mecanisme
mécanisme naturel sublime subiimé en mécanisme mecanisme transcendant, uolucre
fαtum,
fatum, ρουτ
pour reprendre une autre formule révélatrice revelatrice du poète) poete) ;; en
elle a ρουτ
outre, elle pour suivante Spes5, Spes 5 , l'une des puissances imaginaires qui
sΌΡΡοseηt,
s'opposent, pour un epicurien consequent, au carpe
épicurien conséquent, cαrpe diem philosophique ;
jusqu'au
jusqu'au 1netus
metus deorum
deorume, 6
deisidαimoniα honnie, qui se détache
, la deisidaimonia detache àa
la fin
fm du poeme.
poème. Mecene
Mécène etait precisement hanté
était précisément hante par l'existence
l'existence d'une
d'une
force
force qui regit
régit et bouleverse les valeurs et les grandeurs de ce monde,
et la plus precieuse,
précieuse, la Vie :: ... ... praesens
prαesens thel
Ζιε! inzo tollere de gradugrαdu /Ι mortale
superbos Ι/ uertere funeribus triumphos...'.
corpus uel superbos
corpus Οη perçoit
.. !. On per<;oit l'écho
l'echo
de cette croyance dans la priére priere à a la Fortuna,
Fortunα, dans le fragment du
Prométhée.
Promethee.
Mais Horace restait en profondeur garanti de l'inquiétude
Mais l'inquietude par son
rationalisme. Il ne croit ηί
rationalisme. ni a.à la manifestation sensible de l'invisible,
ηί
ni aux Ρήeres
prières superstitieuses
superstitieusesa. 8 • Il avait assimilé
assimile en esprit la doctrine
qui fait
qui fait de
de la sagesse
sagesse une conquete ΙΌrdre fragile, extérieur,
conquête sur l'ordre caΡή­
exterieur, capri-
cieux et temporel de la Fortunα. Fortuna. Les leçonsΙeς:οηs d'aeqzlitas"e
d' αequitas" de son œuvre ceuvre
démontrent. Α
le demontrent.
le A ceux qui cherchent la paix dans un monde rassurant
et amical, il prouve que la paix est en nous : l'ode ΙΌde II, Π, 16 sur l'otiatm
ΙΌtiΖιm
intérieur10
ίnteήeur lΟ
inséparable de ΙΌde
est inseparable l'ode Π,II, 17, où poete conseille àaMécène
ου le poète Mecene
d'interrompre ses
d'intenompre récriminations. Il est vain de chercher à
ses recrίminations. a modifier
mod.ifier
ΙΌrdre
l'ordre du monde par la magie des desirs, désirs, des plaintes ou ου des prières.
prieres.
Il faut
faut nier l'emΡήse
l'emprise que le monde prend sur nous par les objets exté- exte-

ι. Sat., Π,
I . Sαt., II. 8, 61-63.
8, 61-63.
2. Sut.. Π,
2. Sαt., II. 2,
2 . 126.
126.
3. Odes,
3. I I I 29,
ode;, ΠΙ, , ' ~ 49.
~ , Sur
49. Sur cette piece
pièce et sur ΙΌde
l'ode ΠΙ.
III, 8, cf. notre Otizmw ...,
Oti"",....•
p. 488-489.
Ρ·4 88 '4 8 9.
Odes, Ι,
4. Odes,
4· 1, 35.
3 5 , 17·
. Consulter
17. PASQUALI,
Consulter le commentaire de G. PAsQuALr, Orazio
Orαzio livico,
lirico,
ρ.637·
P. 637.
5. Ibid.,
5. Zbid., vers
vers 21.
21.
6. Ι,
6. 1. 35, 37.
35, 37.
7. Ι,
7. 1. 35,
35. 22 sq.
sq.
8. On aa releve
8. Οη relevé chez
chez Horace des
des attitudes
attitudes qui sont celles d'un esprit fort ::
indifférence aux signes inquietants
indifference aux signes inquiétants (Odes,
(Odes, ΠΙ,
III, 27.
27. 1-7 Epist., II.
1-7;; Epist., 2, 208-209) -
Π. 2, -
mépris des
mepris des Ρήeres
prières superstitieuses (Sαt.,
(Sut., Π,
II. 6. Epist., 1,
6,8-13 ;; Epist., 18, 106-112).
Ι, 18, ιο6-ΙΙ2).
g. Voir
9. Voir les
les pieces
pibces qui
qui vantent l'αeq"α
l'aequa mens,
mens, par exemple II, ι sq.
Π. 3, I sq.
Cf. notre
IO. cf.
10. Otium...,
notre Otium... IIIe partie, chapitre rx,
, ΠΙ- IX, ι.
1.
54 MtCENE

rieurs, par les biens de fottune, nαturae1 . 11


fortune, par les munera naturae1. Il est vrai
que chez Horace la sagesse sagesse humaine aspire a à devenir caelestis sαpientiα,
sapientia,
aà chercher une caution dans une ratio supreme suprême -- d'où dΌiι sa « conver-
sion » - -,, a
à rendre au ciel, dans les odes triomphales, une vertu qui en
procède.
procMe. La sagesse de l'ode
sagesse ΙΌde ΠΙ,
III, 29, directement dedieedCdiCe a à Mecene;
Mécène,
est placée
placee sous le patronage d'un dieu prudens ffuturi comme la pronoia
~ t u r icomme pronoia
stoïcienne, mais hostile, comme Epicure,
stoicienne, Épicure, aux investigations anxieuses
sur l'avenir :: ... exilum // caliginosa nocte $remit
... exitum deus / ridetque,
premit dezts ridetque, si mor-
tαlis
talis ultra fus trepidat2.
fas trepidat 2 • Somme attribuait a un dieu actif et
Somme toute, il attήbuait
inspirateur les Ιeι;:οns
leçons essentielles
essentielles du ]ardin.
Jardin.
Mécène ne pouvait se rCsoudre
Mecene resoudre a
à se convertir, a à modifier sa nature.
Atavisme etrusque?
Ctrusque ? Complaisance
Complaisance egoiste?
Cgoïste ? Individualisme forcene forcenC
pour qui «a l'etre
l'être vrai est le commencement d'une grande sagesse » ?
Il voulait changer le monde, ou le desarmer,
11 désarmer, ηοηnon pas changer ses
dCsirs. Οη
desirs. On aurait tort de voir vοίτ dans ses passions afficMes,
affichbes, avec Seneque,
SCnèque,
des vices cyniquement cultives. cultivés. Horace a pu lui montrer les abimes abîmes
côtoie la grandeur,
que cotoie grandeur, il n'a pas pu lui révCler
reveler le nCant luxuriα,
neant de la luxuria,
- l'enfer terrestre des asotoi
-l'enfer Cpicuriens. 11
asôtoi epicuriens. Il n'a pas su lui prouver que
la Fortune cruelle et les dieux jaloux sont des chimeres chimères torturantes
enfantCes par l'esclavage du corps, par le refus d'etre
enfantees d'être un accident du
MCcène etait
monde. Mecene confusCment que les pas-
Ctait de ceux qui pensent confusement
sions sont le luxe de l'existence, le superflu indispensable. C'est la
même insatisfaction, la même
meme inquies, qui le pousse a
naturα inquies,
meme natura à chercher
d'hypertrophie du moi,
dans la luxuria une sorte d'hypertrophie moi, une sorte d'epanouis-
dlCpanouis-
sement indefini,
indéfini, c'est la meme même insatisfaction mbtaphysique,
metaphysique, la meme même
revolte finitude, qui le poussent a
révolte contre la finitude, derrière
à chercher les dieux derriere
la Fortune et la Mort.
L'echec
L'Cchec de la serenite,
sCrCnitC, la survie de l'angoisse ont entraine,
entraîne, dans le
MCcène, ηοη
cas de Mecene, non pas le retour a à la religion traditionnelle, mais la
religiositb. Son ame
persistance de la religiosite. âme mobile est retombCe
retombee dans la
surnaturel. Οη
crainte vague du sumaturel. On rapprochera son drame de celui d'un
épicurien imparfait, qui partage avec lui certaines idees
autre epicurien idCes touchant
la survie, qui comme lui, et plus que lui, cherche a dkchiffrer son destin,
à dechiffrer
Tibères.
l'empereur Tibere 3.

I . Un fragment de Mecene
Ι. ilf6cène range les cheνeux
cheveux dΌctaνίe
d'Octavie parmi les n'U1>era nzu?zera
fortunae (KEIL, Gr.
jortunae (KEIL, Lat., IΠ,
Gr. Lat.. I , 536, 6-7). L'expressioη
536, 6-7). L'expression ne ηe serait pas reνelatrice
révélatrice
daηs
dans tout autre contexte philosophique : les historieηs, historiens, de Salluste à iι Tacite,
Tacite.
consideIeηt aνaηtages naturels comme des fortuita.
considèrent les avantages jortuita. Meceηe
Mécène deνait,
devait. iι
à I'epoque
l'époque
de sa toute-puissance, infléchir dans le sens d'une tuteIle
toute-puissance, inflechir tutelle et d'une election
élection I'idee
l'idée
de Fortuna. Témoin la flatterie de la satire Π,
Fortuna. Temoin II. 6, Fortu1>ae filius
6. 49 :: « Fortunae filius ",
», omnes.
omnes.
Sa nimia felicitas
jelicitas consistait peut-~tre
peut-&treà iι apporter des justifications épicuriennes
jnstifications epicuriennes
faciles. dans un
faciles, υη sens providentialiste doctrine, iι
proνidentialiste exclu par la doctrine, l'idée de graηdeur
à I'idee grandeur
bonheur. A
et de bonheur. Α I'heure I'epreuνe et de I'angoisse,
l'heure de l'épreuve L'angoisse, Mecene
illécène n'a pas su separer
séparer
la uita beata de la lafelicitas païenne.
jelicitas paienne.
2 . Odes,
2. I I I . 29, 29
Odes, ΠΙ, sq.
2 9 sq.
3. Voir dans le chapitre II ΙΙ la rencontre
reηcontre de Tibere
Tibère ete t de Mecene
Rlécène sur le probleme
problème
de la religion imperiale,
impériale, ρ. p. 91.
gr.
L'E:PICURISME DE ME:CENE 55
Mecene
MCcène n'est pas seu1ement
seulement l'homme des contrastes, il ί1 est aussi
l'homme des compromis. Α
des compromis. A ses yeux il ί1 existe une thCologie ciνi1e I),)),
theo1ogie ii« civile
capab1e
capable dede resoudre
rCsoudre 1esles prob1emes
problèmes qui se posent à a 1a
la religion politique.
Mais
Mais elle
elle n'exc1ut
n'exclut pas une sorte de thkologie tMo1ogie i( « naturelle »)) esquissCe,
esquissee,
qui implique υη
qui un proνidentialisme
providentialisme de pis-aller construit sur les 1es ruines
du quietismE:
quiCtisme epicurien.
Cpicurien. EtE t surtout, 1es les fragments i«i religieux 1))) du poètepoete
manque reνe1ent
manquC révèlent une theo1ogie
thkologie ii « mythique ))
)) qui diνin
associe le divin aux
associe 1e
demarches
demarches mysterieuses
mystCrieuses de 1a la sensibilite
sensibilitC1. l.

Il reste donc fort peu de chose, chose, aνec l'experience de la


avec l'expkrience νieillesse
1a vieillesse
et de
de 1a
la fragilite
fragilit6 humaine, d'une initiation qui promettait promettait à a l'homme
1a sCcuritC diνine
la securite divine -- securum αgere αeuum2 -
agere aeuum2 -, , qui le1e libCrait
1iberait de ses
dCsirs et de
desirs de ses
ses passions
passions3.3
bilan negatif
• Ce bi1an négatif appelle une explication.
Nous aνons
avons entreνu
entrevu ici et 111 là des tendances fondamentalement
fondamenta1ement
. rebelles leçons du JJardin
rebelles aux 1eς:ons ardin :: passion politique4,
po1itique4 , angoisse doublCedoub1ee
religiositC νague,
d'une re1igiosite vague, lztxuriα
lz~xuriaimpenitente.
impbnitente.
Une h:γΡοthese
hypothèse seduisante
sCduisante se presente,
présente, pourρουτ expliquer les 1es ressorts
de 1a
de la personnalite
personnalit6 de Mecene,
MCcène, son ingenium. On Οη serait tent6
tente de faire
interνenir
intervenir une source profonde, irrationnelle, d'où dΌiJ. jaillissent
jai1lissent les
1es certi-
tudes et 1esles refus,
refus, 1es
les besoins et 1es les impuissances de l'homme. On Οη ne
éluder 1e
saurait e1uder problème de l'ataνisme
le prob1eme l'atavisme etrusque.
Ctrusque.

EpicurΊSme
Épicurisme et ataVΊSme
atavisme etrusque.
étrusque.

Nous ne tenterons pas de refaire, apresaprès tant d'auteurs


d'auteurs anciens ouου
modernes, 1a
modernes, la genea10gie Mécène. M.
gCnCalogie toscane de Mecene. Μ. Heurgon l'a l'a prCsentCe
presentee
récemment moins
recemment moins comme une donnee
donnée litteraire
littéraire ext6rieure"ue
exterieure 5 que comme
un enracinement νiνant,
υη vivant, susceptib1e
susceptible d'ec1airer
d'éclairer 1es
les profondeurs d'une
d'une
Arne6.
ame 6 Horace, les Sαtires
• Horace, dans 1es Satires comme dans 1es les Odes,
Odes, s'est
s'est complu
comp1u 11
rappeler a
rappe1er MCcène ses
à Mecene ses grands ancetres,
ancêtres, 1esles Lucumons de Toscane7.
Toscane 7 •
qu'il l'eût fait aνec
Croira-t-on qu'i11'eut avec 1a
la meme
même insistance, lui,1ui, l'esprit
l'esprit libre,
aimable des Sαtires,
l'anarchiste aimab1e n'avait discerné
Satires, s'il n'aνait discerne chez son ami et
ι. Voir I'etnde
I . νοίΧ l'étude des
des fragments religienx
religieux de Mécène
Mecene (chapitre πι).
(chapitre III).
épicurien (DB
2. Enseignement epicnrien
2. (De 'Β'.
ver. nαI.,
nul., VI, 58),
58), qui
qni se trouve
tronve précisément
precisement
dans la Sαti'B
dans 1, 5,
salive Ι, 5, 1Ο!, toute pleine de la presence
101, tonte Mecene. Horace y
présence de Mécène. Υ évoque
evoqne
L'inaction bienhenrense
I'inaction bienheureuse des dieux et son corollaire,
corollaire. le
lB sens
SBns purement
pU'BmBnl nalurel
nαIu'Bl des
dBS
phdnomdnes. Ce
phέnom~nBs. Ce positivisme intellectnel,
intellectuel, qne
que Blécbne
Mecene ne suit
snit que
qne par éclipses
eclipses (cf.
(cf. sa
pensée politiqne),
pensee a
politique), est essentiel à qniqui vent
veut mener «u sur
snr terre
teue la vie d'un
d'nn dieu
dien W»..
3. Promesse de
3. de la maxime XLV de la CnomologiB
Gnomologie Vaticane.
VαticαnB.
Voir notre denxieme
4 . νοίΧ
4. deuxième chapitre.
j. J.
5. J. HEURGON,
HEURGON, Lα
L a ViB quotidienne CΙΙΒΖ
vie quoIidiBnnB chez les
lBs Étrusques,
Et'USqUBS, p. ρ. 318-319.
318-319. OΟηn se
également a
reportera egalement l'article de J.
A I'article EBERLE,
J. EBERLE, Macenas
ΜiicBnαs der Etruskev,
Et,uskB', Altertum.
Altertnm,
IV, 1958,
IV, 1gj8,ρ.p. 14-24.
14-24.
G.DUMEZIL,
6. G.
6. DUMEZIL, C,αndBUY
G~andeuvΒΙ et decαdBncB
décadence dBS
des Étvusques
Et,usquBS chez ChBZ lespodtes αugusιeBns,
lBs poetBS augusltfens.
Latomus. Χ,
Latomns,
tions
X, 1951,
1951,ρ.
tions genealogiqnes
cru devoir f1atter
ont crn
p. 293-296,
généalogiques :: tons
293-296.montre bien qn'il qu'il ne suffit
tous les chantres de l'Italie
flatter I'etrnscomanie
l'étruscomanie de lenr
snffit pas de relever les men-
L'Italie primitive,
Ρήmitίνe, -
leur protecteur.
protectenr.
- sauf -.
sanf Ovide - ,
7. Sαt.,
7. Sat., ι, sq. ;; OdBS,
6, ιI sq.
1. 6, Odes. πι,
III, 29. (après 1,
29. ιI sq. (apres ι, Iι,, Iι sq.).
sq.).
MECENE

le goiιt
1e imαgines 1 et 1a
goût des imagines1 la sourde pression du fonds ancestra:1 ancestral ?? Α A cote
côtC
des rappels explicites, que de mentions alluslves,
rappe1s exp1icites, allusives, des p1us plus c1aires
claires aux
Cquivoques, -- du $sternum
p1us equlvoques,
plus pαternum &men flumen de 1Όde l'ode 1,Ι, 202
zoZ iJ.à 1a
la mollis
inertiα qul
inertia qui se detache,
dCtache, commecomme une attaque d'epigramme, d'Cpigramme, dans
l'tpode XIV ! Horace est tellement convalncu
l'épode XIV! convaincu de 1'atavisme
l'atavisme etrusque
Ctrusque
de Mecene
MCcène qu'i1
qu'il croit devolr,
devoir, des dès 1a sαtire Ι,
la satire 1, 6, mettre 1'accent
l'accent sur 1e le
matriarcata donnCe positive a 10ngtemps
matriarcat 3 :: cette donnee longtemps obscurclobscurci 1e le probléme
prob1eme
le plus
1e ClCmentaire, ce1ul
p1us eIementaire, celui du nomηοω mêmememe de Mecene MCcène4. 4•

Les traits exterieurs


extérieurs de lwxuria affichCs par Mecene
luxuriα affiches MCcène dominent,
dominent, on οη
1e
le sait,
sait, 1e requisitoire de Seneque.
le rkquisitoire SCnèque.
Plutarque a souligne
P1utarque souligné chez 1e le ministre 1e le goiιt
goût du mobi1ier
mobilier de 1uxe.luxe.
Il rapporte une anecdote piquante6 piquante 5 qul qui donne iJ.à penser que Mecene MCcène
tenait iJ.à passer sur ce chapitre pour un αrbiter arbiter elegαntiαe
elegantiae ;;1e le favori
possCdait
possedalt dans sa salle iJ.à manger une superbe tab1e table rectangulalre,
rectangulaire, que
les invites
1es invitCs 10ualent
louaient iJ.à 1'envi;
l'envi ; un parasite, Iortios, voulut lnnover innover et
fit remarquer aux convlves convives qu'elle etait Ctait « epouvantab1ement
Cpouvantablement ronde
et circulaire ».». Fantalsie
Fantaisie gratuite, raffinement de :flatterie flatterie ? L'exp1ica-
L'explica-
tion ne suffit pas. Le meublemeub1e avait que1quequelque chose d'inso1ite.
d'insolite. Je croirais
vo1ontlers
volontiers qu'il s'agissait d'une de ces tab1es tables etrusques
Ctrusques dont nous par1e parle
M.
Μ. Heurgon
Heurgono, qui, avec 1eurs
B, qui, leurs trols
trois pieds, et 1eur leur fonne
forme rectangu1aire,
rectangulaire,
offraient un aspect hybride et pouvaient justifier 1es les varlations
variations fan-
gCnCralement 1es
taisistes : ce sont generalement les tab1es
tables rondes, dans l'antiquite l'antiquité
classique, qui ont trols
c1assique, trois pieds. MemeNême somptuosite
somptuosité dans 1e le cholx
choix des
vehicules. Virgile, dans 1es
véhicules. Géorgiques, ΠΙ,
les Gtorgiques, III, semb1e
semble avolravoir vou1u
voulu rap-
peler,
pe1er, avant Properce, II, Π, ι,1, que 1e le minlstre
ministre almaltaimait 1es les chars de 1uxe,luxe,
1es be1ges', -- même
les chars belges7, meme Si si 1e
le detail
détail n'a rien de specifiquement
spCcifiquement
Ctrusque. Quant au goiιt
etrusque. goût de Mecene
MCcène pour 1es les festins, ί1 il ne s'exp1ique
s'explique
pas forcement par 1a la proverbia1e
proverbiale τρυφή
~ ~ u c pdes
i j Toscans. L'amour des repas
prolongCs,
pro1onges, 1a la gounnandise,
gourmandise, 1e goiιt des vins fins
le goût fins ne sont p1us,plus, iJ.à 1a
la ffin
in
de 1ala Republique
RCpublique romaine, 1'apanage l'apanage des famillesfamilles d'origine Ctrusque.
dΌrίgine etrusque.
Οη
On sait que 1e Sym#osion, avec son e10ge
le Symposion, Cloge du νίn, vin, denote
dCnote aussl
aussi bien
influences eΡίcuήennes
des in:fluences Cpicuriennes que des influences
influences dionysiaques. La mode
libations prolongCes
des 1ibations pro1ongees constitue un trait d'epoque, d'Cpoque, qul n'est ηί
qui n'est ni
Ctrusque ni eΡίcuήen.
etrusque Cpicurien. Seneque
SCnèque a considere
considCr6 que 1e le uoluptαtibftS
uolu$tatibzts marcidus
mαrcidus
Ctait avant tout fils
etait fils de son slec1e
siècles.B•

1,
I, J. HEURGON,
HEURGON, op. laud., ρ.
ορ. lαud., p. 317-318.
317-318.
L'ode 1.
2 . LΌde
2. Ι, 20,
20.
l'atavisme etrusque.
et I'atavisme &usGe.
5-8 associe
5-8 associe tres
très nettement chez Mecene
Mbcéne I'amour .
l'amour de la gloire
eloire
...nec quod
33..... q w d auus maternus fuit
αuus tibi mαternus fuit atque ... Sur les aspects matriar-
paternw ...
αtque pαternus matriar-
Caus dans
caux dans la genealogie
gbnealogie de Mecene,
Mbcène, cf.cf. J. HEURGON,
HEURGON, ibid., p.
ibid., ρ. 108.
108.
R. SYME,
4. R.
4. SYME,ορ.op. lαud., p. 129,
laud., ρ. n. 4.
129, n.
5. Plutarque, Movalia, Fragmenta
Plutarque, Morαliα, Incerta, 14',
Frαgmentα Incertα, p. 168.
141, ρ. 168.
6. J.
6. HEURGON.
1. HEURGON, ibid.. o.
ibid., ρ. 20ό.
200.
7. Georg., III,
7. b'ovg., ΠΙ, 204, Properce, II,
etk'roperce,
;04, et Π, 1, 76.
1, 76.
8. De Prou.,
8. III, 10-11
Prou., ΠΙ, ... "oluptαtibus
lO-π : ... zroluptatibus mαrcid""t
marcidzlwz et felicitate nimia lαborαn-
felicitαte nimiα labovan-
L'EPICURISME DE MECENE 57
Certes Mecene, dans l'age mur, liait le festin, ou ΙΌrgίe amicale,
au libertinage amoureux. Mais οη decouvre aussi cette tendance dans
le lyrisme erotique qui fleurit a la fin de la Republique : elle apparalt
dans mainte epigramme composee par les maitres de l'epicurisme
campanien, - sans nul souci dΌrthοdοxiel • Le ministre tout-puissant
ne cultivait pas la temperance des Socratici libelli 2 ? Son intemperance
n'etait ηί epicurienne ηί etrusque. Il considerait les banquets comme
le cadre ideal de la galanterie, au mepris des preceptes d'hygiene
amoureuse prodigues par le ]ardin3 ? Il ne faisait qu'appliquer la
strategie du libertinage qu'Ovide, dans ΙΆrt dΆimer, a eu pour seul
merite de codifier'.
Dans le domaine de la luxuria, une polemique antietrusque facile,
fondee sur les «romans » de l'historiographie hellenistique, fait des Tos-
cans le peuple de ΙΌrgie et reproche aux femmes etrusques, reines des
banquets, la legerete et la polyandrie 5 • Α l'epoque de Caton deja, Plaute
avait colporte un grief qui occupe une place centrale chez Theopompe 6 •
Les Romains assignaient une origine asiatique commune (luxuria asia-
tica) a la mollesse grecque, a la mollesse campanienne, a la mollesse
toscane 7 • Horace lui-meme a sacrifie a la tMse de l'heredite lydienne du
peuple etrusque B ; ηοη sans.malice, il a rappe1e a Mecene, semble-t-il,
que ses compatriotes n'etaient pas particulierement farouches : le billet

tem. Seneque explique ce trait de caractere par une Ιοί generale de la nature
humaine et de I'epoque, cf. Epist., CXIV, 8 : .., ".oIum illi Jelicitate nimia cap"I.
Qιιod uieium /.ominis esse inIerdum, inIerdun, ten,poris soIeI (Id., § 9 : Vbi Ιιιχιι­
ria", ΙαΙΒ jelicitas judit... ). Sur Mecene fils de son siecle, voir R. AVALLONE,
ProfiIo umano ...• ρ. 8-9 et 10.
ι. Cf. notre Otiu'n...• ρ. 218-221.
2. Odes. ΠΙ, 21. 9-10 (ίΙ s'agit de Messalla Corvinus) :

Non ille, quamquam SocraIicis madeI


Sermonibus, ΙΒ negleget ',orridus ...
Pour les Socratici libelli, cf. Properce. Π, 34. 27.
3. Οη se rappelle I'anecdote deja citee du banquet chez Galba, Plutarque,
Moralia. Amat.• 760. Ce genre d'erotisme trahit la sagesse epicurienne des ban-
quets. cf. USENER. Epicurea. ρ. ΙΙ5-ιι8.
4. Ars Α"•.• Ι. 229 sq. et 523 sq.
5. J. HEURGON. La vie q"otidienne ... , chapitre 11, ρ. 46 sq. Μ. Heurgon
considere comme equitable le jugement de Posidonius, fr. ΙΙ9 (= Diodore.
V, 40) ; I'historiographe stοϊcίeη explique la grandeur des Etrllsques par l'ιΧν8ρεΙ",
et lellr decadence par deux vices. τρηφή et ιI~ΘUμΙ",.
6. Plaute, Cisι., 562-563. Id. TMopompe, Histoire, livre XLIII = AtMnee,
ΧΠ, 517 d sq.
7. Οη consultera sur ce point le catalogue de la Ι"χιιγία dresse par Valere-
Maxime. qui reflete les idees morales du Haut-Empire : l"x"ria can,pana, dans
Π. 4. 6; νπ, 6, 2 ; ΙΧ, ι, ΒΧΙ. ι. Dans ΙΧ, ι, ΒΧΙ. 2, le compilateur explique par
la l"xuria la decadence de Vulsinies.
La luxuria asiaIica est ηη theme topique. cf. Valere-Maxime, π, 6. ι ; le
grand discours consulaire de Caton ΙΆncίeη, Liv. XXXIV. 4, souligne la confu-
sion habituelle entre Ι"χιιγία graeca et luxuria asiatica.
8. Sat., Ι, 6, ι : ... Lydor"m quicquid Etrιιscos Ι incol"it finis ...
MECENE


à une certaine Lyce,
Lycé, qui le dit eloquemment,
Cloquemment, s'adresse un υη peu à 1ι lui1.
Le favori dΆuguste s'est vu aussi reprocher comme un
favori d'Auguste υη trait de
excentricité vestimentaire. Seneque
luxuria son excentriciM ÇCnèque a trace
tracé la caricature
dCambulant en public affubIe
du ministre deambulant affublé du pallium, la tete tête emmi-
touflée
toufIee dans un capuchon qui ne laissait passer que les oreilles oreilles2.2 • Peint

comme un υπ discinctus de son vivant -- voir νοίτ les Élégies


Elegies àα Mécène3
Μ ecene3 - -,,
figure d'allogene.
il devait faire figure d'allogène. On Οη rapprochait sa nonchalance (dis-
cinctus animo quoque) et ses tunicαe tunicae solutae. Or rien dans sa mise
n'indique qu'il ait voulu conserver une tradition vestimentaire d'ori-
n'indique dΌri­
Ctrusque. L'élément
gine etrusque. L'element caricatural recueilli et stylise stylisC par Seneque
Sénèque
s'explique par les polCmiques antigrecques. Mecene
polemiques antigrecques. Mécène rejoint les Graeci
flalliati Curculio, -- evocation
palliati du C1Irculio, évocation qui s'acheve
s'achève en un υπ sarcasme, dra-
petae (« esclaves
petae (<< esclaves fugitifs 1)4) οη aura reconnu la source de la pointe
a4) ;; on
épigrammatique decocMe
epigrammatique décochée par SenequeSCnèque (. (...
.. non aliter quam in mimo
jugitiui solent). M
prodeuntes fugitiui Μ.. Heurgon a judicieusement fait remar-
quer que les detracteurs
dCtracteurs de Mecene πΌnt jamais ramene sa luxuria
MCcène n'ont
aà la τρυφη étrusque5.
~pup-i)etrusque 6 Rien
• ne prouve que les manteaux somptueux
relfιcMes des descriptions antiques aient un
et les tuniques relâchCes υη rapport
quelconque avec 1a la tebenna toscane.
toscane, «(i manteau ou ου chlamyde que
portent les Etrusques
Étrusques »6. On Οη a conjecture
conjecturé que les Lucumons avaient
emprunt6 à
emprunte iι 1'Ionie
lΊonie ses chlainai ου ou lacernae aux riches brοdeήes
broderies (celles
(celles
qu'évoque Posidonius dans υπ
qu'evoque un fragment celebre)7.
célèbre)'. Pour les traditiona-
romains, le vêtement
listes romains. vetement rCvèlerevele l'homme. Auguste etait était très
tres strict
sur 1e
le port de la toge. Le discinct1Is p1ace en dehors de la «« romanite sΙ) :
discinctzts se place :

1'Énéide
l' Eneide applique 1e dΆfrique8 • Les contemporains
le terme aux nomades d'Afriques.
Mécène attachaient l'image des qualites
de Mecene qualités les plus viriles a à la toge
drapCe ou à
impeccablement drapee sanglée ;; les manteaux flottants
iι la tunique sanglee
décadence :: ...
sentaient la decadence ... accinctos industrios dicimus
dicimus...... sicut contra
neglegentes discinctos uocamus'.
uocamusg. Les poèmes dΉοrace opposent la
poemes d'Horace
tenue relâchée délassement, des fetes
re1fιchee du delassement, fêtes amicales ou ébats amou-
ου des ebats
ClCgance imposee
reux, et la stricte elegance imposée par les negotiapublicalO.
negotia publica10 • La tunique

ι. Odes.
I. ΠΙ. 10.
Odes, III, ΙΙ-12. G. PASQUALI,
IO, 11-12. ρ. 419-440, etudie
liyico, p.
PASQUALI. Orazio lirieo, étudie cette
ode du point de vue du canevas-type fourni πιχριχκ).ιχυσ(θυρον alexandrin,
fourni par le napax).auaiOupov
mais ilίΙ n'a pas releve
relevé la malice.
malice.
2. CXIV, 6.
2. Epist., CXIY, 6.
3. Eleg. Mec.,
3. Mee., vers 25-26.
25-26. Il a pu paraître Mécène
paraitre seduisant d'identifier avec Mecene
le Maltinus de la satire 1, Ι, 2, 25.
25.
4. Cure,elio.
Curcz~lio,280 sq.
5. quotidienne ..., p.
5. La vie quotidienne.... ρ. 322.
322.
6. Lexique de Pollux, cité par J. HEURGOR,
Pollux. cite HEURGON, ibid.• p. 219.
ibid., ρ.
7 . Ibid..
7. ρ. 218.
Ibid.• o. 218.
En.. VIII,
8. Én.,
8. ΥΠΙ, 724.
9.
9. Servius, Λα Aen.,
Servius, Ad Aen.• 1,Ι. 210
210 :: le commentateur se réfèrerefere a.
à une tradition
morale qui est celle de la Republique
République et du Haut-Empire.
Sat., 1,
IO. Sut.,
10. 2. 132
Ι, 2, 132 et 11, ι, 73.
II, 1, Οπ n'a pas assez remarqué.
73. On remarque, semble-t_il,
semble-t-il, que
Seneque
SBnéque trouve l'accoutrement Mecene scandaleux uniquement a.
I'accoutrenιent de MBcéne à cause de
I'exhibition
l'exhibition publique.
L'EPICURISME DE MECENE 59
denouee avait aux yeux du Ρήηce un caractere infamant : il en a
meme fait le symbole de la degradation militairel • Le grief vestimen-
taire articu1e contre Mecene s'eclaire profondement par le mos mαio­
rum, par la reaction morale de l'epoque augusteenne; il se pare de
nuances fugitives empruntees aux charges antihelleniques de la
Pαlliαtα.
Le gout de Mecene pour les parasites, atteste par les Sαtires dΉοrace
et releve mechamment par Auguste, situe egalement le ministre dans
le registre bouffon du pergraecari2 • Οη ne voit pas qu'une telle tendance
prouve l'atavisme etrusque. Les Romains avaient un sens aussi pro-
fond de la clientele que les Toscans3 , et le parasitisme est un trait de
civilisation des l'epoque de Plaute. Ici comme ailleurs, le grand tort
de Mecene consiste a etaler dans la vie publique des gouts, ou une
faiblesse, que les nobles romains confinent habilement dans la vie
privee. La morale romaine attache au cultus (ou a l'habitus) une sorte
de religion. Le forum et la militia ont leurs ήtes et leurs rythmes pro-
pres. Mecene l'insolite, le desinvolte, bouleverse sans cesse les conven-
tions de la cite. Si ΙΌη ecarte l'h)'pothese specieuse qui ferait de
l'excentricite un paravent', οη oscille entre deux interpretations : la
rebellion contre la romanite, ou l'impuissance atavique a s'integrer.
Seneque a cru trancher le debat en invoquant la desinvolture superbe
d'un ministre tout-puissant et cynique : ... uitiα sua ΙαΙεΤΒ noluit. Voila
qui ecarterait, en apparence, le mythe du « boheme » impenitent, de
l'al1ogene inassimilable. Or les choses ne sont pas si simples. Mecene
avait du etre dresse par l'epicurisme a s'examiner, a sonder ses fai-
blesses. Il etait fort capable d'eήger ses tendances en ethique. Outre
son gout imperceptible pour le scandale, outre sa propension a jouer
le roί de la mode 5 , ίΙ a peut-etre voulu tres lucidement abolir les aspects
surannes du mos maiorum : arracher le costume a la tγrannie de la vie
sociale. Il n'etait pas l'h)'pocrite que Seneque a voulu deceler dans le
De Beneficiis 6 , au ήsque de se contredire. Le De Cultu Suo devait etre
plus qu'une ,apologie personnelle doublee d'une profession de confor-
misme ; ίΙ avait sans doute l'allure d'un manifeste.
La passion du mobilier, des chars belges, des festins, l'elegance
desinvolte ou tapageuse, l'amour des contructions panoramiques
reveιent une luxuria tres consciente, - cette esthetique de l'existence
que les Romains appellent elegantia7 • Il sera toujours seduisant de

ι. Suetone, Aug., XXIV, 5.


2. Cf. ."prα. Sur le pergrαecαri comique, cf. notre Oti"m... , ρ. 74 sq.
3. J. HEURGON, Lα vie q,totidienne... , ρ. 93-94.
4. Hypothese de Ν. v.'. DE \'VITT, cf. infrα, ρ. 70.
5. Voir V. GARDTHAUSEN, ορ. lαud., ρ. 775·
6. De Ben., VI, 32, 4.
7. L'elegαntiα n'a pas toujours ete une quaΙίte morale dΌrίgίηe estlletique,
- sens de la notion pour les cοηtemΡοraίns de Ciceron, cf. Ρ. MONTEIL, Βεα ..
60 ΜέCΕΝΕ

montrer, par
montrer, par une
une serie
série de
de convergences
convergences frappantes,
frappantes, l'heredite
llhCrCditCtoscane
toscane
pesant sur
pesant sur Mecene
Mécène comme
comme un un destin.
destin. Mais
Mais 1ele sens
sens de
de 1a
la grandeur
grandeur poli-
poli-
tique ou
tique ou 1a
la re1igiosite
religiositk inquiete
inquiète constituent
constituent sans
sans doute
doute desdes tendances
tendances
plus irrationnelles,
plus irrationnelles, p1us
plus ataviques,
ataviques, qu'une
qu'une luxuria
luxuria qui
qui reflete
reflète la
la mode
mode
tout autant
tout autant que l'ingenium. Si
que l'ingenium. Si le ministre dΆuguste
le ministre d'Auguste se se laisse
laisse peindre
peindre
de l'extdrieur comme
de l'exterieur comme le le dernier
dernier des
des Lucumons,
Lucumons, c'est
c'est surtout
surtout parce
parce
qu'il est,
qu'il est, au
au p1us
plus profond
profond de de 1ui-meme,
lui-même, un un epicurien
épicurien manque.
manqué.

CONCLUSION
CONCLUSION

Ainsi, 1a
Ainsi, la luxuria,
luxuria, qui qui avait
avait fait soupçonner a
fait sοuΡς:οnner à p1usieurs
plusieurs auteurs
auteurs
modernes l'epicurisme
modemes l'épicurisme de de Mecene,
MCcène, represente
représente un un desdes e1ements
ClCments les les p1us
plus
rebelles aux
rebelles aux leς:ons
leçons pacifiantes
pacifiantes du du JJardin. Si Mecene
arclin. Si Mécène doit doit aà 1a
la doctrine
doctrine
de sa
de sa jeunesse
jeunesse un un naturalisme
naturalisme positif - l'amour de
positif -l'amour de 1ala vie,
vie, le
le sens
sens de de 1a
la
joie -,
joie -, c'est
c'est qu'il
qu'il aa choisi,
choisi, dans
dans l'jvresse
l'ivresse de de son
son temperament,
tempérament, dans dans 1a la
plCnitude de
p1enitude de sesses facu1tes,
facultés, 1a la forme donnée aà la
forme donnee la dia
dia uoluptas
uoluptas par par lesles
maîtres campaniens.
maitres campaniens. Mais Mais leur
leur naturalisme
naturalisme euphorique,
euphorique, fort fort eloigne
Cloigné
du naturalisme
du naturalisme ascetique
ascCtique d'un d'un Lucrece,
Lucrèce, s'est s'est identifie
identifiC pour
pour 1ui lui avec
avec
l'hédonisme.
l'Mdonisme.
Faute d'avoir
Faute d'avoir assimiIe
assimil6 1esles Ιeς:οns
leçons d'und'un Demetrius
DémCtrius Lacon, Lacon, ί1il aa faitfait
du plaisir,
du plaisir, dede la
la joie physique,
physique, de de lala vie,
vie, des absolus. Ι1
des abso1us. cCdé aà une
Il aa cede une
sorte de
sorte de fureur
fureur de vivre, a
de vivre, A un désir ~xacerbe
un desir exacerbé d'epanouissement.
d'épanouissement. Lors- Lors-
qu'il aa decouvert
qu'il dCcouvert 1a la re1ativite
relativit6 de de ses
ses forces
forces etet de
de ses
ses joies, 1a la recurrence
rdcurrence
Cternellement decevante
etemellement décevante du du «« p1aisir
plaisir en mouvement Ι),)I, ilil etait
en mouvement Ctait troptrop
tard pour 1ιiί
tard pour l;i ;;ί1il ne
ne pouvait
pouvait p1us
plus trouver
trouver 1a la sante
sant6 mora1e
morale dans
dans 1a la 1imi-
limi-
tation sereine
tation sereine et et vo1ontaire.
volontaire. PourPour cece sensue1
sensuel au au temperament impCrieux,
tempérament imperieux,
la «I( vie
1a vie clivine
divine sursur terre consiste a
terre »» consiste à, cli1ater l'humanité, ηΟΩ
dilater l'humanite, non a à 1a
la limiter
limiter
intelligemment. Bien
intelligemment. Bien que
que Mecene
Mécène donnedonne parfois
parfois l'impression
l'impression de de rallier
raiiier
les positions
1es positions de de Lucrece,
Lucrèce, l'l'aponie
aponie des des dernieres
dernières annees
annCes represente
reprCsente pour pour
lui une
1ui une sagesse
sagesse de pis-aller. Ι1
de pis-al1er. Il demandera
demandera a10rs alors aà1a la musique
musique 1ancinante
lancinante
1Όub1ί
l'oubli de de 1a
la souffrance,
souffrance, 1e le remede
remède contre
contre l'jnsomnie Lucrèce faisait
l'insomnie :: Lucrece faisait
de 1a
de la musique
musique 1a la symphonie
symphonie de de l'etat
l'6tat dede nature
nature et le chant
et 1e chant de de 1a
la sagesse.
sagesse.
Le clivorce
Le divorce tragiquement vecu vCcu entre
entre 1es les exigences
exigences de de 1ala passion,
passion, pas-
sion de
sion de vivre
vivre et et passion
passion de de survivre,
survivre, et et 1es
les normes
normes de de 1a
la Nature,
Nature, ne ne
pouvait se se resoudre
résoudre en en une
une cathartique
cathartique austere.
austère. Mecene
MCcène ne ne recherchait
llanesthCsie musica1e
l'anestMsie musicale qu'autant qu'elle apportait apportait un apaisement a la
à 1a
souffrance passagère. Ι1
souffrance passagere. Il n'en etait
Ctait pas de de meme
même de de cette
cette anesthesie
anesthksie
dCfmitive que
definitive que 1e le Jarclin
Jardin promettait,
promettait, dans dans 1ala mort,
mort, avecavec p1us
plus ouou moins
moins

et laid
et laid en
en Iatin,
latin, Etude
Étude de
de vocabulaire,
vocabulaire, Paris,
Paris, KIincksieck, 1964, ρ.
Klincksieck, 1964, 193-220.Οη
p. 193-220. On
sait que
sait que pour
pour Caton, Carnzen de
Caton, Carn,en de Moribus,
Moribus, ed.
Bd. Baehrens, p. 57.
Baehrens, ρ. eue constίtuait
57. elle constituait
le resume
Ie résumé dede tous
tous Jes
les νices.
vices. Avant
Avant Petrone,
Pétrone, Mecene
MBcène aa joue
joué lele rδΙe d'avbiter
r6le d'arbiter
ebgantiae.
eIegantiae.
L'EPICURISME DE MECENE 61
de
de bonheur, aux adeptes de la sagesse. Le ministre d'Auguste ne pou-
vait admettre la souffrance
souffrance physique comme une joie annonciatrice
de
de la grande insensibilite
insensibilité finale :: le neant etait à
néant était a ses yeux pire que la
souffrance
souffrance et la mort. Les consolations de la philosophie n'englobent n'englobent
pas pour lui la supreme
suprême consolation. Sans illusion sur la vie "ie inauthen-
tique,
tique, qui est une mort "i"ante vivante -- celle des passionnés
passionnes peints par
Lucrece
Lucrèce -, Mécène persiste a croire que la mort est un mal, non
-, Mecene ηοη par
rapport au cada"recadavre futur,
futur, mais par rapport au vivant "i"ant disparu. Il
choisit la mort vivante contre la « mort immortelle 1).».
Οτ luxuria, -- le carpe
Or la luxuria, détaché de son sens spirituel -
carfie diem detacM ,
-,
ne fait
fait qu'exacerber une anxieteanxiCté qui croit avec l'âge Π.ge et les infirmitCs.
infirmites.
Epicure
Épicure a dit un jour que la sensualite
sensualité serait irréprochable
irreprochable si elie elle pou-
"ait
vait apporter la paix. L'experience
L'expCrience spirituelle de Mécène Mecene souligne
l'invraisemblance de cette supposition.
l'invraisemb1ance supposition.
Οη
On a parfois Mécène un uα romantique ))» de l'antiquité.
parfois fait de Mecene l'antiquite.
ΑA l'anachronisme
l'anachronisme pres, près, l'intuition est juste.
juste. Cette âmeame blessée
b1essee porte
elle, comme
en elle, comme un tounnent,
tourment, le sentiment de 1a la finitude humaine. Tel Te1
sera
sera lele sens
sens profond de 1a la luxuria chez Mecene.
MCcène. OnΟη ne saurait la 1a réduire
reduire
aà une somme
somme de goutsgoûts amo1lis
amollis et dispendieux. Le culte cu1te extérieur
exterieur de
l'elegantia constitue une mise en scene
1'elegan#a scène de grand seigneur, un effort
pour masquer aux autres et a soi-même 1a
a soi-meme la tristesse du libertinage.
Mécène a cultive
Mecene cultivé l'excentricite
l'excentricité "estimentaire
vestimentaire et l'excentricitk
l'excentricite gastro-
nomique ? Il a chercM cherché a à raviver son appCtit
appetit défaillant
defaillant par des plats
CpicCs ? Ι1
epices Il a 1ance
lancé 1a la mode du rdti rôti d'<lne Ι1 a demandé
d'âne ?? Il demande le sommeil
aux symphonies ? Οη
aux On aurait tort de definir
définir sa luxuria, comme Sénèque,Seneque,
d'un point de "ue
d'un normatif et abstrait, d'y "oir
vue nonnatif voir l'art
l'art chimérique
chimerique de
dilater ou d'inventer 1es les besoins, de manger sans faim, de dormir
sans sommeil.
sans sommeil. Tout en pretantprêtant a MCcène quelques illusions sur l'effi-
à Mecene 1'effi-
cacité des
cacite des raffinements,
rafiements, Horace, dans l'ode ΙΌde III,
ΠΙ, 1, ι, a bien compris
cοmΡήs le
drame de
drame de son ami :: la perte de ces biens naturels nature1s que sont l'appétit
l'appetit
et lele sommeil,
sommeil, et 1e le desir
désir eperdu
éperdu de les recréer.
recreer.
curiosité, ΙΌrίginalite,
La curiosite, l'originalite, l'excentricite
l'excentricit6 constituent chez Mécène Mecene
l'envers d'une insatisfaction pessirnistepessimiste qui l'envahit
l'en"ahit gradueliement,
graduellement,
surtout apresaprès l'echec
l'échec des compromis entre la liberté liberte et la 1a politique.
L'épicurisme n'a pas de1ivre
L'epicurisme délivré Mecene
Mécène de son tempérament.
temperament. S'il l'a liber6
S'i11'a libere
de politique, -- nous 1e
de l'ambition po1itique, -.
le verrons -, il i1 a 1aisse
laissé intacte son
nobiliaire. L'epicurisme
ambition nobiliaire. pennis à
L'épicurisme a permis a Mécène
Mecene de circonscrire
circοnscήre
ses passions,
ses passions, ηοηnon de 1esles guerir.
guCrir. Revelation
RCvélation sans effet, il lui a montré
il1ui montre
la misere
1a misère de de 1'homme sagesse, mais ne lui a pas ouvert les
l'homme sans la sagesse, 1es edzta
edita
doctrina sapientum telnpιa
doctrina templa serena.
CHAPITREII
CHAPITRE ΙΙ

pensée politique chez Mecene


Action et pensee Mécène

Mécène est I'un


Mecene l'un des représentants
representants Ies pIus typiques de l'eΡicuήsme
les plus l'épicurisme
politique. La continuite
continuitC et I'importance
l'importance de ses missions politiques se
concilient peut-être
peut-etre assez mal avec une definition
dbfinition sommaire de I'epi-
l'épi-
cuήsme, mais elles
curisme, eues reflètent ΙΌrientatiοn originale
refletent l'orientation οήginale des adeptes romains
du Jardin. Un paradoxe etonnant
Ctonnant dans Ia la vie de Mecene,
Mécène, c'est Ie
le divorce
entre l'importance politique et la dignitas,dignitas, c'est la repugnance
répugnance qu'il
qu'il
manifeste a à I'egard
l'kgard du curS1ts honor~mcIassique
curszts honorum classique et en particulier
particuIier de Ia
la
~Cnatoriale'.R. Syme a montre
promotion senatοήale1. montré ce que cette repugnance
rCpugnance
devait aà I'ideal
l'idCal equestre
équestre2.2 • Entre 44 et Iala remise en ordre constitution-
neile de 28-27,
nelle 28-27, une période d'iilkgalité revolutionnaire
periode d'illegalite rkvolutionnaire permet aux
noui33 des municipes de combler les vides de l'aristocratie
homines noui
s6natoriale.
senatoriale.
heroϊsme militaire, par sa subtilite
Par son action politique, par son hkroisme subtilitk
diplomatique, BICcène
Mecene est un des artisans Ies les plus efficaces du principat
pIus efficaces
augustéen.
augusteen.

Odes, Ι,
r. Horace, Odes,
I. 5 ; ΠΙ,
1, 20, 5; III, r6,
16, 20 (appartenance
(appartenance equestre) Properce, ΠΙ,
équestre) ;; Properce, III,
g, 21-30 et
9, e t Velleius, Π,II, 88, cοποbοre par Tacite, Annales, ΠΙ,
88. corroboré III, 30, soulignent
honneurs. Id. ΕΙ.
le refus des honneurs. El. Mec.,
Mec., 1,Ι, 31-36. Dion Cassius,
Cassius, XLIX.
XLIX, 16, 16, 2 ;; LI, 3,
5 ;: LV, 7, Ir,. ne manque pas de rappeler le rang equestre, équestre, ainsi que Martial,
Epigr., VIII,
νπι, 55,55, 9g ;; X,
Χ, 73, 4 et e t ΧΠ,
XII, 4.4, 2 :: dans ce dernier passage, Martial
insiste sur le paradoxe avec I'expression ... aIauis
l'expression ... alauas regibus
regibw ortusorlus eques.
eques.
2. R. SYME,
2 . R. S Y M E , Tl,e
The Rorι,an
Roman Revolulion,
Revolution, p. ρ. 359 sq. l'otium équestre
sq. Cette analyse de ΙΌtiumequestre
Ηι! magistralement conduite par C.
a été NICOLET, dans LΌγdγe
C. WICOLET, L'o~dreeq,ιestre
kqzwslre à l'hpoqrce
ά l'epoqzιe
rkpublicaine,
repzιblicaine, t. 1, Ι, Paris, 1966,
1966, p.ρ. 70r
701 sq. Il est incontestable que le refus des
honneurs, qui n'estn'est point le signe d'une indifference
indifférence politique (ibid.,(ibid., ρ.
p. 704),
704).
procede, depuis l'epoque
procède, Liνius Drusus, d'une «
l'époque de Livius u ideologie
idéologie "a, d'une « conscience
conscience
nette de la condition de chevalier '. L'attitude de Mecene.
r. L'attitude Mécène. telle que nous I'expli-l'expli-
quons plus bas, s'eclairera
s'éclairera en partie par le soucisouci de Ι'1' «N immunite
immunité •. ».
3. Le meme
3. même auteur, etudiant
étudiant le «u parti d'Auguste
dΆugnste », n. présente
presente un catalogue
homines, cf.
de ces noui homines, cf. notamment
notamrnent p. ρ. 350 et 360-364.
MECENE

La carriere polίtique de !\Iecene.


carrière politique Rlécène.

Il serait fastidieux de retracer, apresaprès tant de specialistes


spécialistes du princi-
pat, les diverses etapes
étapes de la carriere
carrière politique de Mécène.Mecene. Bornons-
nous 11.à un
υη bilan sommaire.
Mecene a ete
Mécène jusqu'a une date qu'il est delicat
été jusqu'à délicat de préciser
preciser une sorte
de mandataire politique d'Octave.d'octave. Cette totale confi.ance
confiance du prince,
rbcompense
recompense de sa $des1, fidesI, s'est traduite par l'attribution
l'attribution de pouvoirs
discrétionnaires a
discretionnaires iι Rome et en· en.Italie2
Italie2 :: de pouvoirs qui tiennent de
l'im$erium et de la iurisdictio, cornme
l'imperium comme l'a note Vigneaux
Vigneauxg. 3 . 'C'est en 36,
C'est
pendant la guerre de Sicile Sicile et apres
après une tempête
tempete catastrophique que
Mécène reς:ut
Mecene reçut ρουτ
pour la première fois le gouvernement de Rome et de
premiere fois
l'Italie4,
1'Italie" avec des attributions de police qui prefi.gurent,
préfigurent, sans le titre,
manière frappante,
mais d'une maniere frappante, celles
ceiies du futur praefectus
praejectus urbi. Appien
mentionne pour l'anneel'année 365 deux operations
opCrations de police menées menees avec
celerite énergie :: il s'agissait de mater un
célerité et energie uπ soulevement
soulèvement pompéien pompeien
l'uπ des cas, et dans l'autre un mouvement subversif. Qu'il s'agit,
dans l'un s'agît,
dans un climat revolutionnaire,
rCvolutionnaire, d'assurer la paix publique, la quies
citée par le Digestee,
citee dbpister les incendίes
Digeste 6 , de depister incendies crirninels',
criminels7, d'assurer la
disciplina spectaculorum~,
spectaculorum8 , ce pouvoir exorbitant souligne souligné par Gardt-
hausen
hausen03 et par les modernes (Honn, (Ηδηη, Reckford)lo,
Reckford}10, rendu necessaire
nkcessaire par
l'extension de l' 1'Urbs s'inscrit en marge du cursus
Urbs et les circonstances, s'jnscrit
honorum. Il est une delegation
h01zorum. délégation de pouvoir monarchique,
monarchique, fondee fondée sur
l'allégeance, -- cornme
l'allegeance, comme au temps des rois, rois, suivant l'archeologie
l'archéologie pro-
posée
posee par Tacite pour la Praefectura
Praejectura Urbis. Dion Cassius, Cassius, dans les
consacrbes 11.à la « prbfecture
trois mentions consacrees (livres 49, 51
prefecture »II (livres 55), parle
51 et 55),
administration », mais ne manque pas de relever l'entorse
seulement d' «« administration»,
faite au mos majorum,
majorum, et sou1igne
souligne qu'apres
qu'après Actium, Auguste a depe- dépê-
ché Agrippa en renfort, de crainte qu'un « simple chevalier »II ne fllt
che fût
οΜί. Le meme
pas obéi. historien indίque
même histoIien indique que ces pouvoirs, conferes εη
conférés en
l'absence d'Octave au lendemain d'Actium, dΆctίum, ont survecu conνu1­
s u r v ~ c uaux convul-
sions declencMes
dbclenchées par la conjuration de Lepidus Lepidusll ll
:: Mecene
Mécène a dll dû les
ι.
1. Sur cette notion au sens sens politique.
politique, cf.cf. J. HELLEGOUARC'H,
ΗΕLLΕGΟUΑRcΉ, op. ορ. laud.,
lαud., p.
ρ. 23.
23.
2.
2. Cf. R.
cf. AVALLONE, Projilo
R. AVALLONE, Proftlo umano,
umαno, ρ. p. 4.
4.
3. P.
3. Ρ. E.
Ε. V1GNEAUX,
VIGNEAUX, Essαi sur ΙΉistοire
Essai l'Histoire de laΙα Praefectura
Prαefecturα Urbis
Urbis dα Rome,
Ρaήs,
Pans, 1896,
1896, chapitre IV, 1ν, p.ρ. 49-59,
49-59, notamment ρ. p. 51.
51.
4.
4. Dion Cassius,
Cassius, XLIX,XLIX. 16, 16, 22,, conobore
corroboré par Appien.
Appien.
Appien, H
5. Appien,
5. ist.Rom., II,
Hist. ΙΙ, 5, gg et II,
5, 99 ΙΙ, 5. 1Ι2.
5, 112.
6. Corplrs Juris
6. Corpus Civilis, Krueger.
]uris Civilis, Krueger, Berlin, 1954,1,
BerIίn, 1954, XII, §8 12-13.
Ι, ΧΙΙ, 12-13,p.
ρ. 41.
41.
7. Ibid.,
7. XV, 5,
Ibid., ΧΥ, 5, KΚ, Ι, p.
. , 1, ρ. 42 (Ulpianus).
42 (Ulpianus).
8. Dizeste.
8. Digeste, Ι, X I I , 12-13.
1,ΧΙΙ, 12-13,Sur Ia spectacles 11.à l'epoque
la police des spectacles l'époque augustéenne,
- - augusteenne,
-
ναυ
voir notrë Otium...,
notre Otium. ρ. 392-393.
", p. 392-393.
9. ορ. lαuιi., ρ. 765-766.
9. Op. l a d . , p. 765-766.
1α.
IO. cf. Κ J.
Cf. K. RECKFORD.
J. RECKFORD, Horαcε
Horace and αΜ Ma6cenas,
Mαecena.s, Tapha, XC, 1959, 1959. p.ρ. 197,
197,
n. 5.
n·5·
1Ι.
I I . LV,7, ... h
LV, 7, ιI :: ... /:ΠΙ πoΛUν xp6vov
l xohbv χρόνον......
ACTION ΕΤ PENStE POLITIQUE

assumer jusqu'en
jusqu'en 29, 29, -- date νers laquelle «« il aurait, dit-on, conseil16
vers laquelle' conseille
aà Octaνe de conνertir
Octave de convertir ces lieutenances temporaires magistratures
en magistratures
permanentes »'. »'.Α A cet egard,
égard, Mecene, νolontairement n'a
MCcène, qui volontairement n'a pas par-
par-
ticipé a
ticipe à la distribution de Brindes, se révèle reνele pleinement logique avec aνec
1ui-meme.
lui-même. 11 Il est certain que Mecene MCcène «« avait présenté
presente le νeritable exem-
1e véritable
plaire dede la nouνelle
nouvelle magistrature »2, )12, quΌη croit instituCe
qu'on instituee entre 27
et 2525 avant notre ere 3
ères. • 11
Il est tout aussi évident eνident que MCcène
Mecene a refuse
une magistrature que Messalla Messaila Corνinus
Corvinus accepta pour la déposer deposer peu
apres,
après, mais pour des raisons differentes'différentes4 :: Messaila
Messalla Btait
etait gênC,
gene, d'après
d'apres
1es Chroniques dΈusebe
les Chroniques d'Eusèbe (ΟΙ, (OZ.,ι88,
188,3), repub1icanisme (inciuilem
3), par son républicanisme
esse
esse contestans)
con lest an^)^,5, qui explique en profondeur son « incompétence incompetence n»
(quasi
(quasi nescius
nescius exercendi).
exercendi). Mecene n'aνait pas les mêmes
Mécène n'avait memes scrupules
constitutionnels : c'est par un libre choix moral qu'il aspirait àa passer
main. η
la main. Il croyait close l'ere l'ère des tyrannies,
tyrannies, jugeait ineνitable une
jugeait inévitable
expérience monarchique aνec
experience avec des structures neuves, mais ne désirait desirait
s'y engager offιciellement.
pas s')' officiellement. Οη inνoquer la
saurait, en 27-25, invoquer
On ne saurait, 1a
semi-disgrâce politique qui justifia,
semi-disgrace justifia, en 16, ι6, 10rs
lors du rétablissement
retablissement de
donnée a
préférence donnee
l'institution, la preference à Statilius Taurus : MCcène Mecene était a
etait à
cette date en froid aνec avec 1e le prince a à cause de la liaison de ce dernier
aνec
avec Terentia
Terentiae. 6
Il aνait
• 11 avait de plus, en 22, 22, par légèretk
legerete ouου par dCvotion
deνotion
aà sa femme,
femme, trahi le secret des mesures prises contre Murena : àal'époque, l'epoque,
MCcène faisait
Mecene faisait encore sans doute de la police à a temps perdu, et l'on ΙΌη
sait qu'il disposait de « chaInes chaînes de renseignements » très tres utiles7.
utiles 7 • Donc,
en 27-25, Mecene n'était pas candidat a
MCcène n'etait à la «« PrCfecture gout;;
Prefecture )J,», par goût
Messalla
Messalla fut fut un pis-aller.
pis-aller. Dans la νacance
vacance qui s'étend
s'etend de la retraite
de Corvinus a
de Corvinus à l'accession de Statilius, MCcène Mecene a dû du faire de la police
occulte8
occulte les attributions
8 ::les attributions offιcielles
officielles (puissance
(puissance proconsulaire, CO-rbgence
co-regence
de fait
de fait avec puissance tribunicienne
tribunicienneD) reνiennent durant toute cette
D) reviennent

Ι. VIGNEAUX,
1. VIGNEAUX, P. 51.
ρ. 51.
Ibid.. ρ.
2. Ibid.,
2. p. 54.
54.
ALBERTINI,
3. ALBERTINI,
3· L'Empire
LΈmΡire Romain, indique la date de 27. 27. Vigneaux, qui voit
dans le
dans le grand discours de Mecene, prophetίe ex
MBcBne, avec une part de prophétie ΒΧ eventu,
evenIu, a« l'exposé
l'expose
des motίfs
des motifs de de l'ίnstitution (p. 52),
l'institution ..D (Ρ. indique la date de 25
52). indiquc 25 av.
ay. J.-C.
Tacite. Ann.,
4. Tacite,
4· Ann., VI,
VI. ΙΙ.
II.
D'après saint Jerδme.
S . D'apres
5. Chron. A
TérBme. Chron. bv.
Abr.
Cf. supra,
6 . cf.
6. Supra, ρ.p. 25, n. 4.
zj. η. 4..
Cf. Ch.
7. cf.
7. Ch. G.G.5TARR.
STARR. Civilization and the
Civilizalion Caesars.. D.
Ι/ιο Caesars, - 773.
ρ. 7.
," . .
8. Ρ.
8. P. GRENADE,
GRENADE, infra, ορ.
cf.'infra,
cf. op. laud., ρ. 464,
laud., p. 464, admet qu'après demlssιon de
qu'apres la démission
Messalla «II les
Messalla les responsabίlites
responsabilités de la future
future préfecture
prefecture de la Ville reposaient
reposalent sur
le devouement
le conjugud de Mecene
dévouement conjugue Mécbne et e t dΆgήΡΡa
d'Agrippa D.... Nous sommes en 26 av. J.-C.
pendant la gueπe guerre des
des Cantabres, qui inspίre
inspire ιι Horace des accents épiques
eplques (Odes,
(Odes,
Π,
II. ΙΙ
I I ;;ΠΙ. 8. Μι!me
III, 8. tonalité. de Π,
Meme tonalite II. 12).
12). Horace plaisantant
pIaisantant Mécbne,
Mecene, cf. FRANKEL,
FRANKEL,
op. laud.,
ορ. laud.. ρ. 223, joue du fait qu'ίl
p. 223. qu'il jouit d'un statut très
jouit d'un tres ambigu, entre la uita uIla
priuala et les
priuata les negotia
negofia publica.
Sur la caπίere
9. 5ur
9. carrière dΆgήΡΡa,
d'Agrippa, presentee
pr6senté.e dans l'ordre
ΙΌrdre chronologique, on οη pourra
Ρο~πa
l'article de
consulter l'article Real-Encyclopadie, M.
de la Real-Encyctopadie. Μ. Vipsanius
Vipsanius Agrippa, 2. 2. Reihe.
Reihe,
Halbband, col.
17.Halbband.
17. col. 1226-1275
1226-1275:: sur le rappel d'Agrippa
dΆgήΡΡa en 21, 21, col. 1253
1253 (l'auteur
(I'auteur
aa tort d'affirmer sans sans nuances que MeceneMécène etait poίnt « de ne plus
était suspect au point
5
66 MECENE

pCriode a
Ρeήοde Agrippa. Mais ίΙ
A Agrippa. il ne faut pas, meme
même apres
après la conjuration de
Murena, exagerer
exagCrer la «(( disgrace»
disgrâce » de Mecene
MCcènel. Compα­
1 . Plutarque, dans sa Compa-

raison
rαison de Démosthène Cicéron, a fait de lui
Dcmosthene et Ciccron, dCtenteur des secrets
Ιυί le detenteur
d'État du regime
d'Etat rCgime2.2
Celui a
• Celui aurait, selon R. Syme, dedie
à qui Auguste aurait, dedi6
son autobiographie
autobiographie3, possedait, aux yeux du prince, les qualites
3 , possCdait, qualitCs de
lucidite et de rapidité
rapidiM qui rendent la puissance efficace. efficace. Fouche
FouchC avant
épiait et machinait dans l'ombre. C'est ainsi qu'en 31,
la lettre, il epiait 31, le
urbis44 avait dejoue
custos urbis dCjouC le complot de Lepidus : Hic speculαtus speculatus est
per
per summum
summαm quietem αc ac dissimulαtionem
dissimulationem praecipitis iuuenis ...
consilia iuuenis...
prαecipitis consiliα
Velleius loue sa mirα mira celeritαs
celeritas en cette circonstance, en meme même temps
célèbre, a
qu'il celebre, à propos de cette custodia ~ r b i s des
custodiα urbis, , qua1ites
qualitCs qui, prises
dans leur acception premiere, première, suggerent
suggèrent le rapprochement avec la
future prefecture
future νigiles. C'est a
prkfecture des vigiles. gCnie de la police que songe
à ce genie songe
cœur gros de regrets, dans la confidence du De Benejciis,
Auguste, le cεευΓ Benejiciis,
VI, 32.
32. Mecene
Mécène n'aurait pas eu le ρουνοίΓ, pouvoir, ηίni la vocation, de maintenir
JJulie
ulie dans la vertu. Mais il ίΙ eut
eût ete
été capable, par ses agents et sa sagacite,
sagacité,
dCcouvrir le complot politique qui se dissimulait sous
de decouvrir sous les eχceηtή­
excentri-
citCs libertines et sous les reunions
cites réunions galantes du Forum. Cet aveu de
confiance posthume attenue
confiance conclusions qu'on a νοulυ
attCnue toutes les conclusions voulu
tirer des mesures interimaires
intbrimaires de 21-20. 21-20. Α
A cette epoque,
Cpoque, Auguste avait
aà ce point besoin des avis de Mecene MCcène qu'il dut le consulter sur le rema-
ήage de Julie;
nage Julie ; le confident repondit qu'apres qu'après le rappel d'Orient
dΆgrίΡΡa, il fallait,
d'Agrippa, fallait, soit en faire son gendre, soit le supprimer'.
supprimerj. AΑ νrai
vrai
dire, le propos illustre tout autant la cynique liberte
dire, libertC de langage du
ιninistre que l'attachement du prince. Prive
ministre potentiα, ίΙ
Privé de potentia, il reste pour
auctoritas. C'est ce qui permettra de conclure sur ce point
Auguste une αuctoritαs. poίnt
MCcène a refusé,
que Mecene refuse, et sans doute une fois fois pour toutes, de prendre
une place actiνe
active et νisible
visible dans le nouνeau
nouveau regime
régime qui s'instaure en 28,
comme ίΙ il avait refuse de participer a
aνait refusé A la distribution Brindess. Mais
dίstήbutίοη de Βήηdes·.

entrer en lίgne
ligne de compte pour des taches tâches polίtiques
politiques de quelque ίmportance
importance ,,)r)
-- sur les titres d'Agrippa?
dΆgrίΡΡa, qui n'a pas ete été en 2121 praefectus urbi, col.
praefectus urbi, 1254 --
col. 1254
sur I'imperium
I'imperiu", extraordinaire prorogeprorogé de cinq ans en 18 av. JJ.-C.
eu 18 l'attribution
.-C. et I'attribution
de la puissance tήbunicienne,
tribunicienne, col.col. 1258.
1258.
ι.
I. Tendance de R. SYME,SYME.op. ορ. laud., p. 409. Contra.
Eaud.. ρ. R. AVALLONE,
Contra. R. AVALLONE, Mecenate,
ρ. 77. La date de 23,
p. 23, proposee
proposée par R. R. Syme pour le debut déclin polίtique,
début du declin politique.
parait contestable.
paraît
2 . Comp.
2. Comp. Denz. cum Cic., III, πι, I ι..
3. R. SYME,
SYME,The Roman Reuolz+tion,
RevoI"tion, p. ρ. 332. Sur ces mémoires
memoires dΆuguste,
d'Auguste,
distincts des Res Gestαe,
distincts Gestue, cf.
cf. SCHANZ-HoSIUS,
SCHANZ-Hosrus, ROm. Lit., π,
Rom. II, νπι,
VIII, 2, 2, ρ.
p. ΙΙ, π Ο 1.
II, no I.
4. Formule des Élbggies,
4. Eligies, 1, ι, 27 :: Nunz min"s Vrbis _ΥαΙ
minus Vrbis erat custos _ι el Cαesaris
Caesams
opses ? La notion de custodia
Odes. Ι,
Odes, 1. 12, 49. P. GRENADE,
Ρ. GRENADE,
"t"
op. la"d.,
ορ. laud., ρ.
applίquee a
cwtodia a d'abord été appliqu6e à Auguste, -- par Horace,
p. 465. a montré
Horace.
montre qu'elle sort du passe passé
romain et iI il en a suivi la trace dans les documents epigraphiques
épigraphiques du deuxieme
deuxième
décennat dΆuguste
decennat ( C I L == IILS,
d'Auguste (CIL 1956, ι,
L S , Dessau, 1956, 1, 140, ι, 10).
140. 1. IO).
Le terme marque ηπ progrès par rapport a "igil
un progres uigil Vrbis
Vrbis (ΕΙ.,
(El.. Ι,
1, 14).
14).
5 . Dion Cassius,
5. LIV,6,
Cassius. LIV, 6. 5.
6. Les praemia
6. 6voqués par Seneque
praemia evoques Sénèque (Tacite,
(Tacite, Ann., XIV, 53, 53, 4)
4) designent
désignent
les honneurs dd'Agrippa richesses de Mecene.
'Agrippa et les richesses Mécène.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE

il n'a
n'a pas pour autant renonce aux prCoccupations preoccupations constitutionnelles
et aux soucis policiers evoques Cvoqués par Horace dans l'ode ΙΌde III,
ΠΙ, 29. Mecene
MCcène
ne pouvait accepter l'astreinte du pouvoir ;; ce qui interessait cet ama-
gCnial de politique, c'etait
teur genial clCtait la variCtC
variete et l'aventure.
C'est pourquoi il ίΙ représente
represente dans les annees annCes d'illegalite
d'illCgalit6 rCvolution-
revolution-
naire une sorte de potentiel d'intervention toujours disponible. disponible. 11 Il
combine harmonieusement la vie militaire opCrations de police.
rnilitaire et les operations police.
Appien donne 30à entendre qu'en 36, il revint 30à l'armee I'armCe apres
après sa première
prerniere
mission 30à Rome
rnission Rome1. même, il quitte d'urgence Actium, en 31,
1 . De meme, 3Ι, pour
rCprimer le complot de Lepidus. 11
reprimer Il a participe 30à la bataille decisive,
decisive,
même s'il n'y
meme η'Υ a pas fait preuve de competences compCtences straMgiques
strategiques par-
ticul.ieres
ticulières22 :: il se peut que le laudateur des Élégies Elegies ait grossi son rôle. rQle.
Νί Appien, ni
Ni ηί Dion Cassius,
Cassius, ni Velleius Paterculus surtout, n'impliquentn'impliquent
Mécène ait ete
que Mecene CtC 30à Rome pendant I'engagement.
l'engagement. Apres Après Pasquali
Pasquali3, 3,

Bicke14,
Bicke1 4 Reckford5 et en accord avec Avallonee,
, Reckford 5 Avallone , nous avons tout lieu
6

de croire que le ministre a fait 30à Rome un retour-éclair, -- comme


υη retour-eclair,
Auguste fit un υη voyage-eclair
voyage-Cclair 30à Brindes pour calmer une mutinerie mutίηeήe
au lendemain de la victoire7. E. Frankel tente en vain de récuser
victoire 7 • Ε. recuser le
thmoipage historique des "« deux epodes
temoignage Cpodes dΆctium
d'Actium »8, résistent
na, qui resistent
mieux 30à l'examen critiqne
mienx critique qne que les dithyrambes conventionnels des
deux Élégies.
Elegies. OnΟη a souvent notC note que les poètes Cercle de Mécène
poetes du Cercle Mecene
associent constamment leur patron iιà la gloire d'Auguste. Properce
(11, ι,, 25-26 et suiv.),
(II, I suiv.), avant la semonce
semonce indirecte de III,9, ΙΠ,9, met l'accent-
l'accent.
sur cette solidarite militaire. Si Ι'l'élégie III, 9 invite ironiqnement
elegie ΠΙ, ironiquement
MCcène, dans le
Mecene, lε Te duce
duce..., iι emboucher le premier la trompette epique,
..., à Cpique,
elle ne conteste pas ces titres :: an contraire, elle oppose à
au contraire, iι l'Mroisme
l'héroisme
Ctrusques (eques Etrusco
du rejeton des rois etrusques EtrusCQ de sanguine
sangztine regum) son
accès de paresse et sa crise d'apolitisme. Properce pense, très
acces tres positi-
vement, que le Mmointémoin de tant de batailles, de Philippes 30à Actinm, Actium, est
comme chantre. 11
désigné comme
tout designe Il yΥ a 130
là υπ
un article essentiel du mos maio-
littCrature :: l'acteur
rum en litterature l'acteur est le meilleur auteur.auteur. Horace, qui parle
seriensement
sérieusement et sans aigrenr aigreur dans l'ode ΙΌde II, rz, eclaire
Π, Ι2, dzlce...,,
Cclaire le Te duce...

ι.
r. Rom., II.
Hist. Rom., ΙΙ2 ((<<δθις).
ΙΙ, 112 a39~~).
2.
2. l'aspect le plus conventionnel des Élhgies
C'est I'aspect Elιlgies ci
α Mhdne,
Mιlcene, vers 39 sq.sq.
Ε. BICKEL.
BICKEL, op. ορ. Laud.,
lαud., p.
ρ. 110-116,
I 10-116, surtout ρ. 113-116
surtout p. (Strαlegemαtα Maecenatis
113-116 (Strategemata Ivlαecenatis
pugna Actiaca), fait preuve
in pugnα preuve d'uned'une confiance exagérée βυτ
confiance exageree sur ce point.
pojnt.
3. Orαzio lirico, p.
3. Orazio ρ. 39·
39.
4. Op.
4. ορ. Laud.,
lαud., p. ρ. 111-112.
ΙΙI-1Ι2.
5 . Art. cit.,
5. cil.. D. 196. n.
ρ. 196, η. 3.
7.
5. ~Mecenαte,
6. e c e n a t e p.
: 16-'7.
ρ. ;6:r7.-
7. Cassius. LI.
7 . Dion Cassius, LI, 4,
A. 2 5 . Id.
2,. 5. Suétone. A
Id. Suetone, Aug., χνιι, 5·
u e . . XVII. 5
8 . Horace,
8. Ηογαcε, p. ;I-72: 0;
ρ. 71-72. Οη adherera di5cuité. a l'interprétation
adhérera sans difficulte J'interpretation de
M.
Μ. L. PALADINI,
L. PALADINI, Α proposito
A dellα tradizione
proposito della trαdizione sullα battαglia di Azio, coll.
sulla battaglia coll. Latomus,
Latomus.
νοl. χχχν,
vol. BruxeJles, 1958,
XXXV, Bruxelles, 1958, p. ρ. 13-14
13-14 ;: I'auteur
I'auteur souligne, ρ. 13-14,
souligne, p. 13-14. la valeur
documentaire de l'dpode
documentaire I'ιlpode IX,
ΙΧ, ecrite
écrite apres
après la bataille
bata;lle navale ίΙ considere
navaJe ;; il ρτέ­
considère la pré-
sence dΉοrace a
sence d'Horace Actium, εη
ii Actium, en compagnie Mecene, conιme
compagnie de Mécène, comme un υπ fait evident
Bvident
(οη s'etonnera
(on s'6tonnera que cet article nιeme pas les Élkggies
n'evoque m&me
article n'évoque Elιlgies α
à Mιlcene).
Mdcéne).
68 MECENE

dans lequel on οη decele


dCcèle seulement le grief d'avoir
d'avoir trahi une vocation
et de chercher des suppIeants
supp16ants1. d'Horace : Pedeslribus /
1 . L'invite dΉοrace : tuque pedestribus

Caesaris, /Ι Afaecenas,
dices historiis proelia Caesaris, meliusque ducta per
Maecenas, meliusque per uias [/
regum colla
regum ,οΙΙα minacium prend tout son sens, non ηοη d'une rCcusation
recusation hypo-
crite, mais, comme l'a montrC nagp.ere K.
montre nagpère Κ. Eckert, d'une foi ίοί quasi
religίeuse dans le clarus Maecenasa.
religieuse Maecenas 2 • MCcène
Mecene a certes reculé
recule devant les
emblemes
emblèmes et les servitudes de l'imperium militaire, mais il ίΙ a satisfait
loyalement a militia. Croira-t-on qu'il aurait rapporte
à la militia. rapporté l'anecdote
dΌctave tapi dans un
d'octave marecage a
υη marCcage à Philippes
Philippes33 si sa conduite n'avait n'avait
ete
6th irreprochable
irrkprochable ?? Croira-t-on surtout qu'il aurait ecoute CcoutC avec autant
de dilection l'eloge
l'éloge des condottieri etrusques ancêtres, a
Btrusques ses ancetres, à la tete
tête de
leurs puissants bataillons, olim qui magnis legionibus legionibus imperitarenf:l,
imperitarent4,
s'il avait cru y Υ deceler
déceler une comparaison desobligeante ? Les imagines
litthraires, comme les imagines de cire, sont a
litteraires, à Rome une incitation a à
uirtus5,
la uirtus et, quoi qu'on ait dit et ecrit,
5 , et, Ccrit, Mecene
Mécène etait
Ctait assez romanise
romanisé
pour considCrer que la gloire etait
ρουτ considerer Ctait l'optima hereditase.
ΙΌΡtima hereditas".
Mais cet hCritage
Mritage mystérieux
mysterieux et atavique des Lucumons de Toscane,
les « fauves »a du champ de bataille (G. Dumezil'),
DumCzil'), se combine, dans le
creuset d'un riche temperament,
tempérament, avec une tradition de prudence cau-
teleuse qui caracterise
caractCrise l'ordre equestre.
équestre. Nous l'avons analysee
analysCe ailleurs.
L'ideal Cquestre a
L'idCal de l'ordre equestre à la fin
fin de la Republique,
RCpublique, c'est la tranquillite
tranquillitb
publique et priv6e
privee qui permet les fructueuses
fructueuses affaires
affairesa.
3 . Les chevaliers

multiplient leurs efforts en faveur de la negociation. ndgociation. Leurs efforts


rejoignent ceux des epicuriens
Cpicuriens politiques, et MCcène
Mecene se trouve ainsi
place a
placé à une sorte de confluent. Plus que par les armes, il ίΙ a tente
tent6
d'assurer par la diplomatie et le compromis la Pax Ραχ a à laquelle aspire
toute une generation.
gBnCration. ΝυΙ
Nul doute qu'il
qu'il n'ait inflechi
inflkchi dans le sens de la
modCration le triumvir intransigeant,
moderation intransigeant, son maitre,
maître, par idealidCa1 et par
tempkrament. Quand on
temperament. civiles de 44 a
οη suit l'histoire des guerres ciνiles à 31,
31.
οη y
on Υ disceme
discerne une serie
sCrie de rebondissements tragiques separes séparCs par des
pauses. Ces pauses s'appellent le pacte de Brindes, le trait6 traite de Misène,
Misene,
respectivement en 40 et 39, 39, le laborieux compromis de Tarente, au
printemps 37. 37. Mecene
Mécène a jouC
joue dans toutes les tractations un υη rôle
rόΙe d'arran-
d'arran-

Cf. plus bas chapitre


ι.. Cf.
I chapitre III.
πι.
Leyon retenue avec
2. Leçon
2. avec quelque
quelque vraisemblance lieu de οαγε
vraisemblance au 1ieu κι ECKERT,
cave par K1. ECKERT,
O
Ο εΙ prαesidium et
et praesidium εΙ dulce decus meum (Horazens Freundschaft mit ΙνΙaecenαs
n,it Maecenas
Seite seinεr
als eine 5eite Religiositiίt), Wiener Studien,
seiner Relifiositdt), LXXII,
Studien, LXXII, 1959, ρ. 70 et
1959, p.
n.. rg.
n Ι9.
ΙΆηcίen, ΝΗ,
3. Pline l'Ancien,
3· NH.VII,νπ, 43,43, 167.
167.
Satires. ι,
a. 5atires,
4· 1. 6,
6.A4.. cf. Odes.. 1.
Cf. Odes, Ι, ι,. 1I et πι,
. , I. III.. 20. I.
29, 1.
5. ~allust'e,j&:,
5· Salluste, ]ug., IV. 5-6. 5-6.
~~ <,

6.
6. Cet ideal Oficiis, 1,
idéal du De Officiis, ι, 33, 121, semble partagé
33, 121, Meceηe, cf.
partage par Mécène, cf. Horace,
Horace,
Epist., ι, 1,36
Epist., 1, sq. ;: Laudis amore tumes
1, 36 sq. turnes = aliusion
allusioη de l'ode
Ι'οαε 1,
ι, 20.
20, 5.
5.
7. G.
- 7. G . DUMtZIL,
D Ü M É ~ ~ Properliana,
ProperIiana,
L, Latomus.
Latomus, X Χ,, 1951, Π, Grandeur
1951,II, εΙ dkcadence
Granifeur et dιlcadence
Etrusquεs chez
des Etrusques οΙιεΖ les podks
po~tes augustkens,
augustιlens, p. ρ. 293 sq.
293 sq.
Cf. LΌΙiun,
8. cf. ...,, p.
L'Otiunz ... sq.
286 sq.
ρ. 286
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 69
geur. Present aBrindes, en 401, Mfcene a vu Ia meme annfe triompher
Ia combinaison matrimoniale qu'il avait fchafaudfe des 4Ι pour neu-
traliser Sextus Pompfe : Ie mariage dΌctave avec Scribonia', sceur
de Scribonius Libo, beau-pere de Sextus. Mfcene a certainement
compris quΌctave espfrait seulement un rfpit du cotf de Sextus
Pompfe et voulait fviter une collusion de ses deux adversaires, mais
ίl a sans doute cru a Ia nfcessite d'un comprornis entre Ie maitre de
ΙΌrίent et Ie maitre de ΙΌccίdent3 • Il assiste iι I'fchec de Ia conffrence
prfvue aBrindes au printemps 38 : par suite d'un maIentendu, Antoine
repart pour ΙΌrίeηt, et c'est Mfcene qui va renouer Ie dialogue jus-
qu'en Grece 4 • Il nfgocie Ie principe d'une aide a Octave dans Ies hos-
tilitfs qu'il avait imprudemment reprises contre Pompfe, et en tout
cas, il « manceuvre » assez bien Antoine puisqu'il obtient de Iui, en 38,
des renforts maritimes contre des promesses de Ievfes en Italie; il
rfussit I'annfe suivante a Tarente, - malgrf Ies prfrnices peu enga-
geantes de Ia rencontre -, a Iui faire admettre que son intervention
contre Pompfe ftait inutile5 : meme si l' οη accorde un roIe dfterminant
a Ia mfdiation dΌctavie6 , c'est un succes assez remarquabIe. La vic-
toire de Nauloque se profiIe a I'horiwn, et avec elle, I'flimίnation de
Lfpide 7 • Et pourtant οη sera bien ftonne de lire chez Horace, dans Ia

Ι. 5ur les activites diplomatiques de Mecene en general. voir Κ. J. RECK-


FORD, Horαce and Maecenas, Trans. and Proc. Am. Phil. Ass., XC, 1959, ρ. 195-
196. Cet article a parfois tendance a supposer deductivement la preseiιce de
Mecene a certaines tractations (cf. η. 2, ρ. 195). Voir aussi J. BUCHAN, Augus-
Ius, London, 1937, ρ. 90 sq.
2. Appien, ν, 6, 53 (cf. BUCHAN, ρ. 86). Dion Cassius, XLVIII, 16, 3, ne
mentionne pas Mecene. Οη sait qu'Octave, faute de fiotte, etait desarme devant
5extus Pompee (Appien, BC, ν, 6, 53). Le mariage dΆuguste avec 5cribonia,
son alnee, fait partie des preliιninaires de la paix de Misene (R. HOLMES, The
Ayc1IitecI ΟΙ ΙΙιε RonIan Empire, Oxford, 1928, Ι, ρ, 1'07) - que J. Carcopino
appelte la paix de Pouzzoles (La paix de Misene εΙ lα peinture de Bellori, Rev.
Arch., ΧΧΠΙ, 1914, ρ. 253 sq.). 5ur la question, voir aussi Ca11Ibridge Ancienl
Hisiory, Χ, ρ. 43-46.
3. 11 Υ a υη parti " pacifiste D qui- de plus pese sur les deux rivaux, cf. le rδΙe
de mέdiateur de L. Cocceius, Appien, BC, ν, 7, 7 sq. Les soldats ont exerce
aussi leur pression, cf. Appien, ν, 7, 64. Meme episode dans ν, 6, 59 (Α l'epoque
de la paix de Brindes).
4. La conference manquee de 38 a ete relatee par Appien, ν, 9, 79. Antoine
est reparti pour ΙΌrίeηt en ίnvoquant le probleme parthe (Dion Cassius, XLνπι,
46, 2-3)· Le rδΙe de Mecene, qui rattrape la negociation (BUCHAN, ρ. 96 ; R. HOL-
MES, Ι, ρ. ΙΙ 1 ; RECKFORD, l0c. cil., etc.), est atteste par Appien, ν, 1'0, 92
et 93.
5. Κ. J. RECKFORD, ρ. 196. 5ur ['entrevue de Tarente, cf. Appien, BC, ν,
10, 93 : Antoine νient " assister .. Octave avec 300 naνires. Mecene et Agrippa
rencontrent (Plutarque, Anl., χχχν, 2) Octaνie envoyee en eclaireur, qui se
presente comme une victίnIe du dechirement politique. Dans Appien, BC, ν, 10,
93, Octaνie tente d'apaiser le ressentirnent dΌctaνe qui se plaίnt de l'abandon
dΆηtοίne dans la guerre de 5icile : el1e invoque la mission reussie de Mecene
et donne des demarcbes de Caltias en Afrique une interpretation matrimoniale.
6. cf. 5VME, The Roman Revolution, ρ. 225.
7. Appien, ν, 10, 95.
70 MECENE

satire 1,Ι, 5,
5 , la relation du voyage de Tarente, qui ressemble plus aà une
partie de campagne qu'a qu'à une austere
austère mission diplomatique. Desinvol- DCsinvol-
ture rCelle
reelle ou jouCejouee ?? Nonchalance hypocrite d'un parfait comedien, comCdien,
mClange etonnant
ou melange Ctonnant de serieux et de frivolite? Οη opterait Ρlutδt
frivolitC? On plutôt pour
interprέtation,qιii
cette interprktation, qui correspond aà une donnee donnCe de caractere.
caractère. Mecene
BfCcène
est un
υη paresseux contrarie
contrari6 et differe,
diffCr6, plutôt comédien de la non-
ΡΙutδt qu'un comedien ηοη­
chalance. CompIaisant
Complaisant aà sa faiblesse
faiblesse native, le besoin d'otium,dΌtium, i1 il excelle
excelle
aà donner a à son action le masque de la paresse desinvo1te. désinvolte. Son cortegecortège
carnavalesque fietri flétri par Seneque
SCnèque n'estn'est pas non ηοη plus, comme le croyait
N.
Ν. de Witt1,
\~Tittl, une mise en scene scène : i1il s'explique par la même meme instinctive
horreur de ce qui, qui, dans l'action politique, sent l'astreinte l'astreinte et la repré-
repre-
sentation. Mecene peut pratiquer toutes les vertus de l'action, i1
sentation. MCcène il en
rejette violemment le decorum. dkcorum.
Mecene
MCcène l'effemine,
llefféminC, le decadent,
dCcadent, a donc ete 6th un homme d'action
Cnergique, et l'on
energique, Ι'ση ne doit mememême pas prendre trop au serieux sérieux l'σΡΡοsί­
l'opposi-
systCmatique έtablie
tion systematique Ctablie par les modernes entre Agrippa le soldat
et MCcène
Mecene le « politique »2. Οη trouvera qu'elle vient de Tacite,
))2. On Tacite, qui
l'attribue a
l'attribue à Seneque:
SCnèque : ... ... alter bellorum socius, alter Romae pluribus pluribus
iactatus... Tout en rendant hommage a
laboribus iactatus... activité debor-
à son activite dCbor-
SCnèque de Tacite ne précise
dante, le Seneque guère les « taches
precise guere tâches » de MCcène,
Mecene,
-- ce qui prouve le caractere caractère i1legal
illCgal de ses pouvoirs.
Or le « ministre » s'est complu dans une position honorifique ίηfέ­
)) infC-
rieure :: i1
il n'a pas reçureιyu de praemia
praemia politiques ;; l'allusion aux praemia,
dans les Annales,
A1lnales, XIV, 53, 53, reste vague a divers& de car-
à cause de la diversite
rières
rieres qui oppose Agrippa et MCcène. s'Cclaire par les Annales,
Mecene. Elle s'eclaire
ΠΙ, 30, où
III, ου l'on
Ι'ση voit que Mecene
MCcène a fait ecole école en montrant au nouveau
favori, Sallustius Crispus,
favori, le chevalier Sa1lustius Crispus, la voie d'un pouvoir de fait
autoritέ lCgale,
sans autorit6 lέgale, la potentia sine dignitate.
dignitate. Cette nouvelle «ii eminence
Cminence
esercC une influence
grise » a exerce
>) supCrieure a
jnfiuence superjeure dignitaires. Le
à celle des dignitajres.
parallèle avec Mecene
paraUele MCcène indique que ce dernier a choisi l'σbscurίte, l'obscurit6,
comme le soulignent Properce et Velleius Paterculus : ... ... minus hono-
ratus, -- quippe uixit angusti claui plene
ratus, plene contentus -, -, nec minora conse-
qui potuzt,
potuit, sed non ttαm a m concupiuit
concupiuit3. frappante
3 • La correspondance frappante des

termes d'un portrait mora1 moral aà l'autre pourrait faire faire supposer qu'il yΥ a
de la part de Tacite, sinon imitation, tout au moins utilisation d'un
canevas-type ; celui du portrait de chef a
canevas-type; 1'Cpoque du Haut-Empire,
à l'epoque
qui repose sur le partage otium-negotium, sur l'idee l'idCe d'une emancipa-
Cmancipa-
tion de l'otium
ΙΌtium mCrit6,
meήte, et sur l'opposition
l'σΡΡοsίtίοη entre la nonchalance visible
l'Cnergie latente
latente4. 4 • Ce dernier trait caracteήse
caractbrise bien la naissance d'une
et l'energie

I. N.
1. WlTT, avt.
\V.. DE WITT,
Ν. W ~ i t .ρ.
αγΙ. ciI., , 71,
p. 71, voit dans I'excentricite
l'excentricité exterieure,de
extérieure.de Mecene
Mécene
destiné a
un «a camouflage ..2, destine à luί
lui eviter l'envie, -- selon un précepte
éviter I'envie, dΈΡίcure !
precepte d'Epicure Ι
Cambridge Ancient History, t.
2.. Ca'nbridge
2 Χ,, p.
t. X ρ. 592.
592.
3. Hisl.
3. Rom., Π,
HisI. Rom., II, 88.
88.
Cf. II.
4. cf. Π, 98, (L.Pison)
98, 3 (L. Pison) ;; II,Π, 105, Saturninus) et surtout Π,
(Sentius Saturninus)
105,22 (Sentius II. 127
127
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 7Ι

cίvilίsatίοn
civilisation nouvelle :: celle
ceile des princes et des grands commis', commisI , mais
au-deliι
au-delà du theme thème banal d'apologie, on οη discerne
disceme certainement de la
part dede Sallustius le desir
désir d'irniter
d'imiter Mecene,
Mécène, qui, là liι encore, a llance
a n d une
mode. Ceile du ρουνοίτ
mode. Celle pouvoir occulte qui emancipeémancipe la vie privée privee des puis-
sants, rkconcilie la dignitαs
sants, qui reconcilie elegαntiα. Sallustius était
dignitas et l'l'elegantia. υη raf-
etait un
fine,
finé, comme Mécène, et ίΙ
comme Mecene, il n'avait
n'avait sans doute pas assez de cynisme
ρουτ
pour parodier les les rites politiques :: il préférait
preferait les ignorer. D'autant
D'autant
que
que se prCcise une Ροιitίque
se precise politique admίnίstratίve
administrative qui va convertir l'ordre ΙΌrdre
équestre en υη
equestre un corps de fonctionnaires
fonctionnaires2. 2 • Sallustius, d'apres
Sailustius, d'après Tacite,
est encore
encore dansdans une position intermediaire
intermédiaire entre celle cel1e du favori et
celle commis, ροsίtίοn
celle du commis, position ηοη precaire, difficile àiι jauger
non officielle et précaire, jauger
en tout cas ;; le texte de Tacite indique indirectement que Mécène Mecene n'a n'a
jamais ete été totalement elimine imperia13 :: ...
éliminé du conseil impérials Mαece­
... incolumi Maece-

nαte
nate proximus, mox prαecipuus,
praecipuus, cui secretasecretα imperatorum
imperαtorum inniterentur.
Οη
On sera plus sceptique en revanche sur les explications eΧΡΙίcatίοns proposées,
proposees,
« metaΡhΥsίques
métaphysiques » υαΙο ))(fato potentiαe
potentiae raroΥαΥΟ sempiternae)
sempiternαe) ou ου «« psycholo-
giques »s (αn
giques (an sαtiαs
satias cαpit MCcène n'avait «« plus rien iι dhsirer
capit ...) ::Mecene desίrer D, ηοη
», non
par degoίlt,
dégoût, mais par indifference
indifférence naturelle aux honneurs.
Ce non-conformisme cοnstίtuaίt
Ce non-conformisme constituait une gageure :: MCckne Mecene a eu des
difficultCs a.à gouvemer
difficultes gouverner sans poteslas.
potestas. Outre les craintes d'Auguste
signalées plus haut,
signalees haut, οηon decouvre
découvre en 30, d'aprèsd'apres la Vie Vie d'Antoine
dΆntQine de
(LXXIII, 3),
Plutarque (LXXIII, 3), des embarras politiques qui requièrent requierent la
présence du prince. Tacite, Ann., VI,
presence νι, 17,
Ι7, corroborant Dion Cassius,
LI, 3,
LI, 5,montre qu'Auguste
3, S, qu'Auguste a reflechi
rCfléchi au déséquilibre dignitαs
desequilibre entre la dignitas
potentia, et adopte
et la potentiα, adoptC le critere
critère du consulat pour le premier prernier préfetd.
prefet 4 •
MCcène a dίl
Mecene dû refuser, plus encore que la Préfecture, eΧίgeηces poli-
Prefecture, les exigences
tiques formulees,
formulées, et Properce, πι, III, 9g (en 23-22) pourrait indiquer qu'il qu'il
réitéré son refus
a souvent reitere refus5. Mais, meme
5 • Mais, même sans désirer
desirer un titre adminis-
admίnίs­
tratif nouveau independant
tratίf indépendant du cursus, cursus, Mécène
Mecene ne ήe pouvait que ressentir
ressentir
profondCrnent cette inferiorite
profondement infCriorité de l'ordre
ΙΌrdre équestre.
equestre. 11 Il a sans doute,
durant ces ces demίeres
dernières annees
années d'illegalite
d'illégalité qui précèdent
precedent la remise
remίse en
ordre de 28, con((u
de 28, conçu le projet qu'il expose dans des entretiens privés, prives,
sinon dans
sinon dans le cadre d'une bel1e belle controverse constitutionnelle, de trans-
l'ordre equestre
former ΙΌrdre équestre en ΡeΡίnίere
pépinière d'administrateurs
d'adlllinistrateurs (discours-

(portrait de
(portrait de Sejan).
SQjan).cf. Cf. notre
notre artίcΙε!,
article, LΌιium
L'Otium chez
clΙΟΖ Valére-Maxime
Vαlere-Mαxime et οΙ Velleius
PαIerculus,
Paterculus, ou Ια
ou la rιIαcIion
rkaction morαle
morale αu au dιIbuI principαt, REL, XLIII.
dkbuf du pvincipaf, XLIII, 1966,
ρ. 3 ΙΙ11-315.
-3 1 5·
dans la these
Voir dans
1ι.. νοίτ thèse de Ρ.P. Grenade I'etude
l'étude des adiutores in,perii, p.
αdiuIores impevii, ρ. 444 sq.
2. Cf.
2. L. ΗΟΜΟ.
Cf. L. HOMO. Auguste
Α el Ια
uguste οΙ la crιIαtion
crkalion des grands municipαux d
grαnds services municipaux α Rome,
MQlangesGIotz,
Melanges Glotz, Ι,1, 439-45Ι
439-451 ;;R.R. SVME. op.
S Y A ~ Eορ.
. Iaud.,
lαud., p.
ρ. 355 sq.
3. Οη
3. On sait qu'Auguste
qu'Auguste aa institue
institué desdes consilia
consiliα semenstria
semensIriα (Suétone,
(Suetone, Aug.,
Α ug.,
XXXV ; Dion
χχχν; Dion Cassius, LIII, 21,3).
Cassius, LIII, 21, 3).
4 . ... sumpsit e consulαribus
4.... wnsularibus qui CΟΟΥCΟΥΟΙ seruitiα...
coercevef seruitia ...
5. Les
5. Les vers
vers 21 suivants. a.A I'irreel
2 1 et suivants. l'irréel du prQsent,
present, semblent indiquer qu'en
23-22 (sur
23-22 (sur la datation,
datation, cf. cf. plus bas)
bas),, Auguste a a tenté
tente de rappeler MQcène
Mecene au
service actif ]).
αo serνice n.
72 MECENE

programme,
programme, Dion Casslus, LII, 20-2Ι
Cassius, LII, 20-21 ;;25, 6). Le problème
25,6). prob1eme de la 1a forma-
tion desdes nouveaux cadres administratifs prCoccupait preoccupait MCcène Mecene (LII, 26,
I-5), d'autant p1us
1-5), plus qu'il vou1ait
voulait se derober
dCrober à 11. 1a seruitus onerosal
la seruitzls onerosa1 :: il a
CtC entendu par Auguste, d'apres
ete, d'après Suetone,
SuCtone, comme il ί1 a Ct
ete
C entendu
ρουτ
pour 1a la prefecture
prCfecture de 1a la Ville.
Ville. Si Mecene propose de crCer
MCcène a proposé creer un cursus
purement administratif,
administratif, c'est parce qu'il a subi 1'empreinte l'empreinte de l'apo-1'apo-
litisme equestre.
Cquestre. Mais son origine equestre n'exp1ique qu'imparfai-
Cquestre n'explique
tement 1e le recu1
recul devant 1e le ρουνοΙτ.
pouvoir. Οη On dira qu'il Ctaitetait assez lucide
1ucide pour
juger sa reformerCforme utopique et prCmaturCe,
prematuree, et que ses dCmêlCs demeles avec
1'aristocratie
l'aristocratie traditionnelle 1'avaient instruit 2 • 11
l'avaient instruitB. ηε voulait
Il ne vou1ait pas conti-
nuer 1a la gageure, ηί
ni passer sous 1e
le joug du czlrsus
cursus honorum.
honorum. Il 11 choisissait,
aA quarante ans environ,
quarante ans environ, un υη otium C1tm
cztm dignitate sans expérience de la
experience 1a
1Όtium
dignitas :l'otium
dignitas: peregrinum in Urbe
Urbe que 1ui
lui envie Seneque.
SCnèque. Un υη ministre
disparaissait, un conseiller
conseiller restait. Le cas est assez singulier singu1ier pour que,
dépassant 1es
depassant les scMmas
schCmas commodes de Tacite, on οη se pose le 1e problème
prob1eme
du point de de vue de 1'histoire
l'histoire d'une ame. âme.
Une premiere
première hypotMse
hypothèse c'est que Rlécène Mecene reprCsente
represente une sorte
d'C1Cment allogene
d'e1ement allogène inassimi1a:ble.
inassimilable. Tenney Frank, Ctudiant etudiant le 1ε goût
gout et
le sty1e
1e style de de 1'ecrivain,
l'Ccrivain, a generalise
gCnéralis6 son jugement
jugement jusqu'àjusqu'a decouvrir
l'homme un "i( temperament
chez 1'homme tempkrament fondamentalement antiromain )P. »3.
Il etait
Π incapable de se plier a
Ctait incapab1e à 1ala discipline romaine du costume,
d'adopter meme même pour un temps 1a la livree
livrCe du pouvoir
P01JVOir et de la 1a grandeur :
toge. Toute sa vie, ίΙil resta "« boMme
la toge. bohème ». S'il Ctait etait capable
capab1e d'Cnergie
d'energie
et dede vigilance,
vigilance, comme 1'ont l'ont sou1igne
soulignC Gardthausen et Avalione4, Avallone4 , s'il
s'i1
possCdait une etoffe
possedait Ctoffe de chef, ingenizlm grande et airiles,
chef, un ingenium uirile 5, son tempé-
tempe-
rament etait en conflit avec 1es
Ctait eη les dons de son esprit. On Οη le voit dans sa
poesie personnelle, οη
poCsie personnelle, on 1ele voit dans sa vie individuelle. Il 11 était
etait peu
dCsireux de
desireux de gerere personam ciuitatis, d'accepter d'accepter dans le 1ε pouvoir
ρουνοίτ ce
halo de de grandeur visib1evisible qui en irnposeimpose aux foules.fou1es. Auguste a certes
l'accent, dans
mis 1'accent, dans 1ala 1ettre
lettre rapportee
rapportde par Macrobe, sur les 1es aspects allo-
al1o-
gènes de
genes de cette personnalite
personnalit6 excentrique ;: « ivoire d'Étrurie, d'Etrurie, silphium
d'Arezzo ... emeraude
d'Arezzo... Cilnii...
Cmeraude des Ci1ηii. .. bCryl
bery1 de Porsenna »6, »6, mais il raillait
rail1ait
plutôt, semble-t-il,
plutόt, semble-t-il, l'affectation Ctmsque que l'enracinement toscan.
l'affectation etrusque
Les traits de
Les de luxuria qu'on note en,1ui en lui dHInissent
dCfinissent une υηε dpoque,
epoque, nonηοη unυη
peuple. Μ.
peup1e. Af. Heurgon a raison d'ecrlre d'Ccrire que Mécène
Mecene est un υη pur produit
produit
de l'aristocratie etrusque
de « 1'aristocratie Ctrusque au moment où 0\1 disparaissant en εη tant que

Ι. Pour cette expression, cf. Suetone.


I. Ροηι Tzb..
Suétone, Tib ΧΧΙΥ. 3.
.• XXIT',
G. STARR,
Ch. G.
2. Ch.
2. STARR, op. lαud.,
ορ. p. 70
laud., ρ. (Diflculties with
70 {Difficulties tke Aristocvacy).
witk the Aristocrαcy}.
3. Τ.
3. FRANK.
T . FRANK, Vergil,
Vergil. αa biogrαPky.
biography, Oxford.
Oxford, 1922,
J922. p.
ρ. 144.
J44.
4. GARDTHAUSEN,
V. GARDTHAUSEN.
4. Υ. op. lαud.,
ορ. laud., ρ. 766 ;; R. AVALLONB,
p. 766 AVALLONE, Profilo umαno...,
Proftlo umano .... p.
ρ. 3
5.
et 5.
5. Seneque.
5. Epist., XCII.
SBnèque, Epist., XCII, 35. Il I l faut donner à a ingenium le
Ie sens que lui
Ιηί prête
pr(jte
la psychoIogie
Ia psychologie de
de Seneque
Sénèque (et stoïciens) : 11« donnees de naissance nD - qui se
(et des stοϊcίens) -
réalisent pIus
realisent plus Οη
ou moins en caractere.
caractère.
6. Macrobe.
6. II, 4. J2.
Saturn., ΙΙ.
Macrobe, Sαturn., 12.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 73
telle, elle se fondait dans la nouvelle cΙassediήgeaηte italienne »1.
Reste la tradition equestre d'independance politique, qui se revele
etroitement liee au desir d'enrichissement, selon Ch. G. Stan 2 • Pour-
tant la richesse de Mecene ne proνient pas des activites equestres
traditionnelles, mais des guenes ciνiles3 • Il avait accepte entre autres
des biens confisques de Favonius4 • Le temoignage de Seneque ne saurait
etre dicte par la malveillance systematique : le developpement sur les
richesses « morales », dans le De Vitα Beαtα 5 , interνient apres l'accep-
tation des depouilles de Βήtannicus, mais il η'Υ a pas liι de restήctίοn
de conscience, car le De Beneficiis, vers la meme epoque, fournissait
au philosophe une excuse absolutoire, le loyalisme 6 • Aussi bien le
Seneque de Tacite, pas plus que le philosophe lui-meme, ne censurent-ils
pas ΙΌήgine de la richesse de Mecene. Le tenain des Esquilies avait
ete acquis pendant les guenes ciνiles selon Gardthausen'. Α cote des
Horti, Mecene possedait des domaines en Egypte, attestes par les
decouvertes papyrologiques, et ΙΌη presume qu'ils etaient geres par
des regisseurs affranchis 6 • Ces domaines lui sont echus apres la cam-
pagne dΆΙeχandήe et ΙΌη a naguere emis l'hypothese selon laquelle
le ministre aurait fait un voyage en Egypte avec Virgile, entre sep-
tembre 29 et janνier-fevrier 289. 115 auraient vu la crue et l'etiage du
ΝίΙ deux annees consecutives, Virgile en aurait rapporte pour les
Georgiques inachevees des tableaux egyptiens pris sur le νif, et Mecene,
en voyage d'affaires, l'intention de favoriser les investissements
romains en Egypte. L'argurnent selon lequel la paresse politique de
Mecene s'expliquerait par les valeurs politiques et economiques de
ΙΌrdre equestre, que Μ. Heurgonadmet partiellement, appelle quelques
reserves.
Sur le plan politique, Mecene a pris ses risques et, paradoxalement,
accepte de la νie publique, entre 44 et 31, les orages et les risques,

Ι. J. HEURGON, La vie quotidienne chez les Etrusques, ρ. 319.


2. ορ. laud., ρ. 70. Cf. surtout Μ. Α. LEV1, Il tempo di Augusto, VI. La vita
economica ε sociale, ρ. 299 sq.
3. V. GARDTHAUSEN, ρ. 768 et notes.
4. Cet ami de Caton d'Utique (P!utarque, Brut., XJI, 3) professait pourtant
que !a monarchie etait un pis-al!er par rapport a !a gueae ciνi!e ! Le scoliaste
de Juyena! (Υ, 3) atteste !a confiscation des biens de Faνonius au profit de
Mecene.
5. De Vita ΒεαΙα, ΧΧΠΙ, 1-3·
6. Οη trouνe cette theorie dans !e De Βεπ., Π, 18, 7.
7. ορ. laud., ρ. 769 : « Noch wahrend der Btirgerkriege, wahrscheinlich zu
einer Zeit, da Maecenas a!s Stadtpraefect im taglichen Verkehr stand mit den
stadtischen Behorden, d.ie νielfach auf den guten WiIlen des einflussreichen
Mannes angewiesen waren, hatte sich Maecenas ein umfangreiches heaenloses
Teaain auf dem esquilinischen Htige! ... "'
8. Cf. Α. KAPPELMACHER, R-E, col. 216. R. AYALLONE, Mecenate, ρ. 44-45,
reste tres allusif sur le probleme de la richesse de Mecene.
9. Voir Α. TOMSIN, Virgiie εΙ i' Egypte, L'Antiquite CΙassique, ΧΧΠ, 1953,
Ρ·4 12 -4 18 .
74 MECENE

alors qu'il en decline p1us tard 1es recompenses honorifiques. Penseur


po1itique, ίΙ annonce la Inetamorphose administrative de son ordre.
Son grand discours (Dion Cassius, LII, 20) precomse 1e retour des che-
valiers a 1a vie judiciaire, dont Syl1a 1es avait jadis exclus et ου i!s
etai~nt revenus sans conviction a la fin de 1a Repub1ique1 .
Sur 1e plan economique, Mecene a pu etre tente de gerer en homme
prive, donc en « oisif », ses richesses, en oubliant 1eur origine politique
et 1es conditions po1itiques de 1eur maintien. Mais aurait-i! vraiment
cru incompatib1es 1a dignite senatoriale et 1e negoce lie a l'agriculture
coloniale ? Ce po1itique eut ete bien naif de prendre a la 1ettre 1es inter-
dits de 1a Lex Clαudiα, de 1es juger renforces par 1es c1oisonnements
sociaux du nouveau regime. Οη ne voit pas que les declamations
contemporaines contre 1e negoce aient pu 1ui faire impression.
Ces motivations ataviques et ces ca1culs n'auraient pas ete deter-
minants sans une experience νivante de 1a politique et de ses peti-
tesses. υη certain pessimisme a base d'experience et d'ideal b1esse
a detoume Salluste de Cesar. Parmi les griefs que l'historien formule
contre son ancienne idole figure le reproche d'avoir eleve des parvenus
grossiers et meprisables. Avec quelle force Mecene ne devait-il pas
eprouver cette impression devant les homines noui sortis de rien a 1a
faveur de la revolution romaine 2 • Nous notons ailleurs la survie chez
Mecene de 1a morgue nobiliaire : prince en Etrurie, il devait souffrir
de coudoyer des gens qu'il n'avait pas choisis; independamment de
la morgue, le mepris des parvenus suffisait a lui inspirer le degout des
honneurs senatoriaux: ίΙ pouvait s'y ajouter le dedain d'entrer en
competition avec l'aristocratie de souche, et 1e refus hautain de jouer
1a comedie electora1e pour briguer 1a faveur « venteuse » de 1a fou1e 3 •
Ces repugnances sont d'autant plus naturel1es que le po1itique entend
souvent Horace lui rappeler 1a cantilene du Jardin, rail1er, avec mena~
gement, son engagement po1itique4 •
Au moment ου 1e regime nouveau arrive a un toumant decisif,
Mecene dut faire un bilan, faire la somme de ses repugnances, de ses
aspirations positives, et 1es confronter avec une analyse lucide de 1a
conjoncture. Sans cultiver le drame et le debat interieur, οη peut dire
que Mecene a longtemps hesite : de 29 a 22 approximativement, i!
entend tantDt Horace lui precher l'apolitisme (Odes, 111, 8 et 111, 29),
ι. Cf. plus bas. L'ouvrage de C. Nicolet a montre l'importance que rev~t
la judicature dans la definition du statut de l'ordre equestre. ορ. laud., ρ. 573-630,
notamment : rMormes syllaniennes et reaction equestre a. partir de 70 av. J .-C.
2. L'epuration des parvenus de la guerre ciνile n'interνiendraque plus tard :
il s'agit des « senateurs d'outre-tombe »de Suetone. Aug.. XXXV, ι. Il est νrai
qu' Auguste en 28 (mais aussi en 18, quoi qu'on ait dit) a procede a. une epuration
du Serlat, en utilίsant taηtόt la persuasion, la uerecundia, tantόt l'exclusion
brutale (Dion Cassius, LII, 42, 4-5).
3. Epist., Ι, 19. 37 : non ego uentosae plebis s"Jfragia uenor.
4. cf. supra, ρ. 50-51.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 75
tantôt 1υί reprocher le dCdain
tantot Properce lui dedain des faisceaux (Élégies, ΠΙ, 9
(Elcgies, III, 9).
).
De cette mkditation
meditation rCsulte
resu1te une morale
mora1e de compromis entre l'enga-
1'enga-
gement et 1'Cgoisme.
l'egoisme. Une Cthique
ethique de la vouee ala
1a semi-retraite, vouCeà 1a rC0exion
reflexion
politique feconde et àa l'activitC
p01itique fCconde 1'activite de conseil.

Epicurisme traditionnel
Epicurisme et engagement politique.
traditionnelet

remarquab1e de Momigliano a Ctabli


Une mise au point remarquable etabli que 1'epi-
l'Cpi-
l'ap01itisme de 1a
curisme romain avait nuance l'apolitisme la doctrine. On Οη trouve
la trace de cet assouplissement doctrinal
1a doctrina1 chez 1es les interlocuteurs
epicuriens du De Finibus 1
Cpicuriens Ι et chez Lucrèce'.
Lucrec&. La fin de 1a Republique
la République
νυ 1es
a vu les Cpicuriens
epicuriens s'enrôler
s'enro1er en masse sous la bannièrebanniere de César,
Cesar, et
dans 1es
les soubresauts de 44, on οη verra se rallier à a une conception mili-
tante de 1ala Libertas2 υη Cassius, Cpicurien
Libertas 2 un epicurien notoire et tyrannicide, un υη
Pison Caesoninus,
Caesoninus, césarien
cesarien hostile à a Antoine. La paix n'implique
n'imp1ique pas
pour 1es
les sectateurs du Jardin l'acceptation
l'acceptation de la 1a tyrannie, même
meme si
Ciceron a peint 1es
CicCron les Cpicuriens po1itiques, -
epicuriens politiques, - le1e plus
p1us illustre Ctant
etant
Cesar -,
CCsar -, comme des esclaves
esc1aves de leurs désirs
desirs qui sont des tyrans en
puissance. Sans faire jouerjouer 1e desir inavoué
le désir inavoue d'une uita regza, regia, vie de
dClices
de1ices garantie par la 1a toute-puissance, on οη peut dans la 1a majoritC
majorite des
cas prendre au serieux
sCrieux 1e
le souci
souci de securite
sCcuritC po1itique
politique et d'ordre social, --
dΌrdre social,
dΌrdre social
ou d'ordre social affranchi des competitions
compCtitions politiques. JJ'epicurisme
L'Cpicurisme
romain enseignait a à ses sectateurs que 1a la po1itique
politique n'avait
n'avait pas d'impor-
tance en soi,
soi, mais comme technique susceptib1e
susceptible d'etablir,
d'établir, avec ouου sans
la participation du sage,
sage, 1e
le bonheur dans 1a Οη s'exp1ique
la justice. On s'explique tres
très
bien des
dès 10rs
lors qu'Horace crib1e
crible de ses traits 1a la superstition politique,
p01itique,
le cu1te
culte des vaines distinctions,
distinctions. l'ambition, mais procèdeprocede avec une

IΙ.. Cf. LΌtίu",


cf. ...,, chapitre Ι\',
L'Otiunz ... ρ. 269-275.
IV, p. 269-275.
2. La conversion politique de ]'eΡίcuήsme l'épicurisme romain a Ηι) été etudiee
étudiée historique-
ment dans ]a la belle syntbese
synthèse de A, Α .. MOM1GL1ANO, Epicureαns
~ ~ O ~ T I G L IEpicureans
ANO, Revolt, J
in Revolt. ourna]
Journal
οί
of Roman Studies,Studies. Reviews and Discussions, ΧΧΧΙ, 1941,
Discussions, XXXI, 1941, Π, II, ρ.
p. 151-157·
151-157.
L'auteur a etabliétabli que malgrémalgre que]ques
quelques exceptions (dont (dont Torquatus, ]'interlo-
l'interlo-
Finibus) ]es
cuteur du De Finibus) les epicuriens
épicuriens en 45 ont soutenu Cesar. César. L'epicuΉSme
L'épicurisme ]eur leur
a souvent donnedonné ]e sens de Ia
le sens la moderation
modération po]itique
politique : Pison,
Pison, C.C. Matius (ρ. (p. 152-
I 52-
153) Philodeme,
153). césarien. a dil
Philodème, cesaήeη, dû ecrire
écrire sous
sous la dictature de Cesar César υη un ΠερΙ
n o p l του
TOU
καθ'
mû' 'Όμηρον
" O w p o v άΥ"θου
8yutIoü β"σιλέως était υη
puoiAkw: qui etait un appel a à ]a
la mesure.
Cassius, converti a
Cassius, à ]'epicurisme
l'épicurisme en 46, 46, a ]eve
levé ['etendard
l'étendard de ]a Libertas et
la Libertαs
entraine
entraîné dansdans sa croisade jusqu'aujusqu'au prudent Atticus (ρ. 153). Dans ]'imbroglio
(p. 153). l'imbroglio
de
de ['annee
l'année 44,44, Pison a attaque
attaqué Antoine ]ors lors du celebre discours du ιl ee,r aout,
célbbre discours août, et
les eΡίcuήens
]es épicuriens ont en general général «u abhone
abhorré ]e le Τήumνίrat
Triumvirat "n (ibid.) :: L. Vaήus
Varius Rufus,
Virgile, Horace,
Vίrgile, Horace, Messalla
Messalia (que (que Momiglίano épicurien a
Momigliano croit epicurien à cette date).
date). La c]ef clef
de
de ]a croisade ρουι
la croisade pour ]ala Libertαs
Libertas est evidemment
évidemment ]e le fragment du ΠερΙ n ~ p θεών
OcGv
l de Phi-
]odeme
lodème (Ι, (1, col.
col. XXV, 22 22 sq.).
sq.). Ct\sariens
Cesariens ου ou tyrannicides, ]es les epicuriens
épicuriens ont mίlitemilité
ροηι
pour ]ele compromis humain et pacifique ;; ils ils n'ont applίque
appliqué leur apolitisme indif-
ferent
férent qu'A
qu'à tous ]es régimes ηοη
les regimes non tyranniques (ibid.,(ibid.. ρ.
p. 156).
156).
Nous avons tente ailleurs d'explorer, a
tenté aίI1eurs à travers Lucrece
Lucrèce et ]e le premier lίνre livre
du De Finibus,
Finibus, ]e le cheminement des des idees
idées po]itiques
politiques dans
dans ]'epicurisme
l'épicurisme romain.
~r:έCΕΝΕ

subtilitd caute1euse
subti1ite cauteleuse lorsqu'i1lorsqu'il s'agit des interets
intbrêts superieurs
supérieurs de l'Etat.
l'État.
Mdcène fait partie des « princes »II qui garantissent aux sages
Mecene sages et aux
clercs » 1eur
« elercs
« leur serenite.
sdr6nitd. Les images de g10ire gloire et de protection reνiennent
reviennent
souvent dans 1es les invocations au ministreministre1. l.

Horace comprenait de 1'interieur l'intdrieur et par sympathie 1e le di1emme


dilemme
vCcu de Mecene,
vecu MCcène., qui hCsitait a
aui Msitait aliCner definitivement
à aliener dkfinitivement sa 1iberte. liberte.
Auguste, TibereTibère ont soupire soupir6 a la detente
à 1a dCtente impossib1e.
impossible. Leurs grands
serνiteurs
serviteurs n'ontn'ont trouve que 1a la 1iberte
libertd discretionnaire
discrdtionnaire dans l'emp1oi l'emploi
d'un otium chichement dispense. &spensC. Ce que Ciceron Cicéron disait du divorce
entre 1Όtium
l'otizlm et 1a dignitas, dans 1e
la dignitas, le Pro Sestio,
Sestio, s'app1ique
s'applique moins aux
ddtenteurs d'un pouvoir occulte, 1a
detenteurs la potentiα,
potentia, qui sauvegarde mieux
la vie privCe.
1a privee. Mecene MCcéne a reso1u
rCsolu avant 31 1e le ,prob1eme
problème en esthete,
esthète, en se
jouant des negotiα
negotia2. 2
• Ensuite, ί1 il faut opter. Α A un moment où ου il
ί1 n'a pas
encore refus6
refuse 1es responsabilit6s, ί1
les responsabilites, preoccupe beaucoup de l'1l)ιωτεισι,
il se prkoccupe l'is~w~cia,
l'individu, du conge,
des droits de 1'individu, indispensables a
congC, indispensab1es l'aristocratie admi-
à l'aristocratie adrni-
nistrative (Dion(Dion Cassius,
Cassius, LII, 23, 3). 3). 11
Il revenait au partage ancestral
entre otium et negotium ::1e negotizlm rCcompensC
le negotium recompense par un υη otium
otizlm «((royal
royal »3.
9.
Dans 1es les equipees
CquipCes joyeuses, dans 1es les courses
courses excentriques',
excentriques4, dans 1es les
bavardages anodins (1es nzlgae qui meub1ent
(les nugαe meublent 1es les dep1acements
dCplacements en
5), il trouvait 1e
litièreh),
litiere le droit aà 1ala paresse. Bicke1
Bickel a eu raison de souligner
dans 1esles Élégies
Elegies une apo1ogie apologie qui a pour theme thème 1e le droit a h 1a
la paresse.
Même si 1e
Meme le theme
thème est topique, et surtout s'i1 s'il est topique, il ί1 souligne
le souci de rep1acer
1e replacer Mecene MCcène dans 1a la tradition aristocratique
aristocratique romaine.
Velleius l'y
Vel1eius 1'Υ rep1ace
replace egalement
Cgalement en faisant de son 1oisir, loisir, -- a 1'Cpoque
à 1'epoque
de 1ala « prhfecture
pretecture » - )> -,, υηun domaine réservC cloisonnC : ...
reserve et c10isonne: ... ubi
zlbi res
uigiliαm
zligiliam exigeret, sαne sane exsomnis,
exsomnis, prozlidens αtque αgendi
prouidens atqzle agendi sciens, simu1simul
aliquid εχ
uero αliquid ex negotio remitti posset, otio ac paene ultrα
αc mollitiis pαene ultra femi-
femi-
n a m flzlens......O.5 •
nαmjtuens
Il reste donc chez Mecene
11 MCcène une mora1e morale politique du juste mi1ieu milieu ::
le refus des chimeres
1e chimères de 1'egoisme
l'égoïsme epicurien,
Cpicurien, 1e le refus de l'MroΊSme
l'hdroisme
romantique d'un Ciceron Cic6ron ου ou d'un Caton ;; 1e le refus de 1'abstel1tion
l'abstention bCate,
beate,

ι. Odes,
I. Odes. 1.Ι, 1,2; Π, 17,4;
1, 2 ; II, 17, 4 ; ΠΙ,
III, 16,20; Ι, 1,
Epitres, 1.
16. 20 ; Épttres. ι, 100,
100, etc.
2. C'est Mecene
2. Mécène qui a donne au voyage de Brindes (Horace, (Horace, Sαt.,
Sut., Ι, 5 ) son
1, 5)
allure de partie de cainpagne.
a1lure campagne.
3. TMorie
Théorie celebre Ciceron dans le De Officiis,
célèbre de Ciceron Oficiis, Ι,1, 20,
20. 70,
70, qui assimile les
attachés a
otiosi attaches à leur independance et les reges.reges.
Ε. trouvé dans les ElιIgies
E. Bickel aa trouve Élhgies dα Mhcdne (ορ. lαud.,
Mecene (op. laud., ρ.
p. ιι6
116 sq.)
sq.) une apologie
apologie
pour la paresse cherement gagnée des grands. ΙΙ
chèrement gagnee Mécène aa joué
Il est certain que Mecene joue
ηη
un rδle décisif dans la formation de la ιi10rale
r61e decisif morale néo-aristocratique.
neo-aristocratique.
Celle de Ι'
4. Cel1e l'&ode III par exemple.
epode ΠΙ exemple.
5. Sαtires,
5. Π, 6, 43
Satires, II, 43 sq.
Entendues dans ηη
6. Entendues
6. certaiηes expressions du passage comme
un sens strict, certaines
uigiliαm e"igere
uigiliam exigere et e"somnis
exsomnis impliquent, outre les qua1ites qualites traditionnel1ement
traditionnellement
liées a
liees I'industriα romaine, I'idee
à l'industria l'idée d'une permanence et d'une astreinte nocturnes·.
nocturnes:
Mkène a rempli avant la lettre le rδIe
Mecene r61e de yolice
olice nocturne du préfet vigiles
prMet des vigiles
(institué en 6 de notre ere),
(institue cf. νυκτοφύλιχξ
ère), cf. vuxTop6hafchez Cassius, LII, 24,
chez Dion Cassius, 24. 6,
6, et
i'expression Romαnαe
l'expression uigil Vvbis εyαs,
Romanae tu uigilVrbis eras, ΕΙ.
El. Μεε.,
Mec., 14.
14.
ΕΤ PENSEE
ACTION ET PENSÉE POLITIQUE 77
77
le refus de l'abnegation
l'abnégation totale. Il faut peiner pour assurer sa jouissance
sécurité, -- conseil donne
et sa securite, donné en vain par Caton aux nobles nob1es decaves.
décavés.
Mecene repugne a
Mécène rkpugne à fonder la joie sur une tyrannie. aime trop l'jnstant
t)lrannie. Il airne l'instant
fugitive, pour renvoyer a
qui passe, la joie fugitive, à une vieillesse incertaine
l'accord de 1'action
l'accord l'action et de 1a sécuritC. Il se refuse a
la secuήte. à poser le probleme
problème
Cité et du devoir independamment
de la Cite indépendamment de ce1ui celui de l'epanouissement
l'épanouissement
individuel. Il sait 1a
individuel. ίπemΡΙaι;:abΙe. Il ne croit guere
la vie unique et irremplaçable. guère a à
l'immortalité sidera1e
l'immortalite sidérale des grandes ames meήtantes. Après
âmes méritantes. la tourmente
Apres 1atourmente
civiles, il
des guerres civiles, ίΙ ne croit plus
p1us que les siΊretes
sùretés de la grandeur soient
tellement il1usoires gueήsseηt pas de la mort, -- Lucrece
illusoires :: elles ne guérissent
avait raison -, -, mais el1eselles peuvent assurer et protéger proteger la vie. Mais la
secuήte se paie cher a
sécuritk à l'interieur
l'intérieur du pouvoir, et l'assassinat po1itique
l'assassinat politique
guette l'homme heureux :: on οη dolitera
doutera que Mécène Mecerie ait eu la cervelle
dérangCe par la
derangee 1afelicitαs, comme le croit Seneque
felicitas, comrne Sénèque ;;οη on doutera egalement
également
qu'il ait utilisé l'excentricité comrne
utilise 1'excentricite comme un paravent1.
paravent1 . Bref, au lendemain
d'Actium, Mécène
Mecene sait que 1e le bonheur exige 1a la grandeur et que la
exposée. On
grandeur est exposee. Οη ne nie pas 1a la realite Fortunα, on
réalité de la Fortuna, οη se fixe
fixe
idéal de se soustraire a
pour ideal à son empire
empire2. 2 • Il n'existe que deux voies ::

I'exorbitance de la fortune
1'exorbitance 1'αureα ntediocritass.
fortune ou l'aurea nIediocritαs3 • Mais 1e le mythe d'Er dΈr
n'a pas de sens pour un prince etrusque Ctrusque et pour le commensal d'un
triumvir. Οη On peut ameliorer
améliorer son lot, non ηοη l'echanger.
l'échanger. Mecene
MCcène 1e le sen-
sible, l'humain, vacille devant l'abime
sible, l'abîme de la tyrannie rassurante :: il
excellence, la recuπence
sait qu'elle est le mythe par excellence, récurrence sans fin, ίίη, la renais-
indéfinie des desirs
sance indefinie désirs et des craintes. A Α supposer qu'il n'ait pas
approfondi 1e p1atonisme a
le platonisme à Apollonie
Apollonie4, οη imagine mai
4 , on mal qu'il n'ait
n'ait pas
connu le poeme
poème de LucreceLucrèce et ses avertissements aux eΡίcuήeηs épicuriens poli-
monstruosité morale,
tiques. La monstruosite morde, 1e le non-sens de l'existence tyrannique,
hantait les epicuriens
épicuriens : 1es les ides de mars avaient 1a la valeur d'un epilogue.
épilogue.
Οη imagine tres
On très bien la genese
genèse du Prométhée
Promethee dans la ligne d'une telle
méditation :: +sa
meditation ipsα enim αltitudo
altitudo αttonαt summα5 • Les grandeurs sont
ationat summa6.
fragiles ; elles SOnt
fragiles; déterminisme eχtέήeur.
sont soumises au determinisme extérieur. Νί Ni Lunder-
stedt, qui croit yΥ discerner l'amertume
stedt, l'amertume de MCcène disgraciée,
Mecene disgracie , ηί Aval-
6 ni

lone, qui parle d'un «(( pur lusus ingenii »7, »',n'ont bien saisi la valeur

I. Cf. sz&#ra.
ι. cf. s"pra.
2.
2. Theme
Thème du fragment
fragment celebre
c6lèbre du PromBh6e, dΉοrace, Odes,
PrometMe, proche d'Horace, ΠΙ, 16,
Odes. III, 16.
17 sq. Fortunα et la qu&te
sq. Sur l'empire de la Fortuna qu~te de l'ίndependance,
l'indépendance, voir la finfίn du
cha~itrePremier.
chapitre premier.
3. 1dlal d'Horace.
3. Id"a1 dΉο"ιce, Odes, Π, 10,
Odes. II, 5.
IO, 5.
4.
4. Cf. R.R. AVALLONE,
AVALLONE. Educαzione letterαriα di Mecenate,
Educazione lettevaria Mecenαte, P.ρ. 221 νraisemblable,
221 : vraisemblable,
maii
mais unυη peu conjectural.
conjecturai.
5. Seneque, Epist., ΧΙΧ,
S6néque. Epist., 8-9 =
XIX, 8-9 = HARDER,
HARDER, Frαgmente des Mαecenas,
Ueber die Fragmente Maecenas,
Berlin, 1889,
1889, fr. Ι;; P.
fr. 1 Ρ. LUNDERSTEDT,
LUNDERSTEDT, Maecenαtisfrαgmentis,
De C. Maecenatis fragmentis. Lipsiae,
Lipsiae. 1911,
1911,
cap. VI,
cap. fram. 10;
νι, fram. KAPPELMACHER.
Α. KAPPELMACHER,
IO ; A. col. 220.
R-E, col.
R-E,
6 . ορ.
6. cil., p.
Op. cit., sq.
ρ. 70 sq.
7. Mecenate, ρ.
7. p. 229 = = R.
R. AVALLONE,
AVALLONE. Afecenate -
]\Ilecenαte - I
Ι frammenti.
frammenti, Sa1erno,
Salerno, 1945,
1945,
P. 17.
Ρ·17·
MECENE

MCcène un instant grisé


du vers. Si Mecene gήse par 1a la toute-puissance a retΊechi rCflCchi
après Actium, en moraliste, à
apres iι 1a
la misere
misère du tyran, il a fait passer ces
rCflexions intimes dans le domaine des prCceptes
reflexions preceptes politiques.
po1itiques. Par amitie
ρουΓ
pour Auguste dont dont: il savait 1e le naturel humaηitaήsme,
emportC, par humanitarisme,
nature1 emporte,
ί1 a voulu
il Cviter au prince 1a
vou1u eviter la tyrannie, ses entrainements
entraînements faci1es,
faciles, ses
pieges. Mais il
pièges. ίΙ s'agit ici des pièges
pieges politiques,
po1itiques, des dangers de comp10ts. complots.
Convaincu du caractere
caractère ine1uctab1e
inCluctable de 1a la monarchie, hante hanté par ses
souvenirs policiers,
policiers, MCcène
Mecene a voulu, dans 1e
vou1u,dans le grand discours de 29-28,
assurer et 1a la stabilite ρουνοίΓ et 1a
stabilit6 du pouvoir la securite
sCcuritC du prince. Il a refus6 refuse
1e
le pouvoir par souci de 1a la 1iberte
liberte et de 1a sagesse, mais il a vou1u
la sagesse, voulu en
etre dΌrdre, il a pensC
être le Mentor'. Soucieux d'ordre, pense 1e le problème
probleme constitutionnel,
ηοη dans la perspective ideale
non idCale de P1aton
Platon (bien
(bien que pour lui 1υί 1'emporte-
l'emporte-
ment et 1a la tyrannie soient solidaiFes
solidaires2),
2
), mais dans les perspectives

romaines et dans 1a la conjoncture historique de 1'imperiu1n. l'im+erium. Il ne s'agit s'agit


plus concilier l'inconci1iab1e,
p1us de conci1ier l'inconciliable, comme dans 1a la synthese p01ybienne ;;
synthèse polybienne
ί1
il s'agit
s'agit de choisir.
choisir. Les préoccupations CvoquCes par Horace n'ont
preoccupations evoquees nΌnt pas
d'autre sens :: 1es czuiles super urbe curas de 1Όde
les ciuiles ΠΙ, 8 se prCcisent
l'ode III, precisent
ΠΙ, 29, 25 :: Tu
dans III, Tu ciuitatem quis deceat status / curas... curas ...33.• Mecene
MCcène
cornmence
commence sa deuxieme
deuxième carriere po1itique, activi·te
carrière politique, activitC de consei1
conseil et d'assis-
tance.
La pièce
piece maîtresse
maitresse qui nous permet de saisir 1a la pensée
pensee politique
p01itique
de MCcène
Mecene se trouve chez Dion Cassius Cassius :: l'historien
l'historien a reconstruit au
livre LII
1ivre LI1 un discours-programme en forme forme de suasoire, qui occupe occupe
les chapitres 14 iιà 40.
1es
Le grand discours de Mécène Mecene chez Di0ll Dion a suscitesuscitC des analyses
hypercritiques qui ont debutedCbutC avec l'etude
1'Ctude de P. Ρ. Meyer<'. Οη a denonce
Rleyefl. On dtnoncC
a l'envi 1es
iι les artifices de rhCtorique5
rhetοήque 5 et 1es les anachronismes constitution-
nels
ne1s de cette recomposition. Du point de vue 1itteraire, οη a souligne
litthraire, on souligné
la «(t mise en scene
1a scène dramatique "» (P. (Ρ. Grenade),
Grenade), qui domine le 1ε debat
dCbat
entre Agrippa et MeceneMécène : Dion Cassius a fait une c0ntroverse controverse entre
ι. On
I. Οη sait que Cicéron,
Cicόron, dans sa Correspondance des annees 44-43, a souvent
années 44-43.
rόle de Mentor -- ou
évoqué le r61e
evoque οη de Nestor -- qu'il rêvait
rι!νait de jouer avec Dolabella
et le jeune Octave.
Cf. plus bas I'etude
2. cf. l'étude de Dion Cassius,
Cassius, LII, 39,
39,33 :: les quatre vertus du chef
supposent Ie le rejet des exces
excès et des passions qui font I'homme tyrannique.
font-l'homme tyrannique.
3. P.
3. Ρ. GRENADE,
GRENADE, ορ. laud.,
op. laud., p.ρ. 463, nous sembIe
semble bien severe,
sévère. Iorsqu'i!
lorsqu'il voit
fιatteήes. Le poème
dans ces vers des flatteries. poeme est de 26-25 :: c'est c'est a.
?L tort que Frankel
(Horace, ρ.
(Horace, p. 223
223 sq.) negIige son eclaίrage
sq.) a négligé éclairage historique.
historique. A Α cette date,
date, toutes Ies
les
structures nouvelles sont loin Ιοίη d'ι!tre
d'être en place, surtout la préfecture.
prefecture. Je crois
que status a ici le sens pr6cis
precis d'
d' «\\ assiette legale a, -- qu'il reνι!t
légale ", revêt chez Ciceron,
Cicéron,
De Rep., II, Π, 66,
66. et dans I'edit dΆuguste cite
l'édit d'Auguste cité par Suetone, χχνΠΙ,3 ::
Suétone, Aug., XXVIII,3
oplinzi status auctor
... ut opti",i auctm dicar.
Ρ. MEYER,
4. P. MEYER, De Maecenatis orationeovations α Dione ficta, Berlin, 189'.
a Dioneficta. 1891.
5. Ibid., p.ρ. 31
31 :: I'auteur
l'auteur suppose que la premièrepremiere partie du discours de
Mécène (LII, 14-18)
Mecene (LII, 14-18) fait pendant au discours d' d'Agrippa (LII, 2-13)
Agrippa (LII, 2-13) et
e t se compose
compose
lieux communs oratoires ;; Ia
de Iieux la suite (19-40)
(19-40) se présenterait
presenterait comme une colIec- collec-
tion d'anachronismes. Même Μι!me hypercriticisme chez J GAG*, Les classes sociales
J.. GAGE,
ΙΈ",ρίΥΟ Romain, p.
dans 1'Ewzpire ρ. 109.
109.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 79
deux conseillers de ce que SuCtone Suetone prdsente
presente comme une dClibCration
deliberation
iηteήeure. P.
intkrieure. Ρ. Meyer cherchait un υη paraUClisme
parallelisme exact dans la compo-
sition des deux discours. Plus récemment, recemment, M. Μ. Hammondl
Hammond' souligne
la «« coloration platonicienne i») des propos sur la tyrannie : mais sur ce
point prCcis,
point precis, c'est faire bon marché
marche de la culture de MCcène. Mecene. Les ana-
chronismes constitutionnels relevCs releνes par Meyer, Vigneaux, Hammond2, Hammond 2 ,
νenus renforcer la thèse
sont venus these de la fiction oratoire : juridiction
juridiction capitale
prαefectus u
du praefectus juήdictiοη d'appel du
~ b i ,institution du subcensor, juridiction
urbi,
prCfet,
prefet, pouvoirs de l'empereur, etc.3. etc. 3 • Il n'est
n'est pas jusqu'à
jusqu'a l'id6e
l'idee d'une
prCfecture
prefecture permanente qui ne soit taxCe
taxee d'anachronisme
d'anachronisme... ... sous prC-
pre-
texte que la permanence fut Ctablie etablie sous Tibèred!
Τ ibere 4 1 On
Οη adhCrera
adMrera plutôt
plutDt
à
a l'interprdtation
l'interpretation prudente de ceux qui font la part de la rhetorique
dans la forme et des anachronismes de fait, mais qui voient «« sous la
forme dramatique d'un dCbat debat fictif le conflit réelreel de deux tendances
dΌctave, sinon dans son esprit
dans l'entourage d'octave, esprH » (P. (Ρ. Grenade)5.
Grenade)5.
Cette thèse
these de la semi-fiction Ctait etait celle de Gardthausen6;
Gardthausen 6 ; on οη la
couramment'. Disons simplement qu'au-delà
retrouve assez couramment7. qu'au-dela du « simple
jeu
jeu de rhetorique )i» et de la propagande sCvCrienne, seνerienne, les idees politiques
gCnCrales
generales de MCcène
Mecene sont vraies. Son expkrience pouνoir, sa mCdi-
experience du pouvoir, medi-
civiles, son souci de dCfinir
tation sur les guerres civiles, definir les fondements poli-
tiques et moraux de l'ordre ΙΌrdre repondent
rkpondent parfaitement aà la teneur du
discours reconstituC.
reconstitue. Ses Ses idees
iddes correspondent aux avis aνis qu'i1
qu'il a reelle-
&elle-
ment donnes «« aà la fin fui de la période
Ρeήοde qui acheveachève l'ere
l'ère des tyrannies »8. )i8.

LΌΡΡοsίtiοη de caractere
L'opposition caractère et de conception entre Mecene MCcène et Agrippa
est bien connue
connue8.9
Mecene a conserve .
, mais MCcène iusau'à la fin
jusqu'a fin pratiquement
A

une activite
activitC de consilium (Plutarque,
(Plutarque, Seneque), pouνoir a
SCnèque), -- ce pouvoir à base
systématiquement potentiα.
d'influence que Tacite appelle systematiquement Annαles,
potentia. Les Annales,
Μ. H
1. BI.
1. A ~ ~ M OThe
HAMMOND, Τlιο
X D Significarrce
,
Signijica1lce of tlze
ο/ Speeclz ο/
the Speeclr Maecenαs iί1l
of Maecenas n Dio Cassius,
Cassim,
Book L I I , T.A.Ph.A.,
LII, T.A.Ph.A., 1932,1932. p.ρ. 88 Ροοι la"
88 sq. Pour la N coloration platonicienne ", ρ. 90.
cf. p.
ii, cf. go.
Ibid., ρ.
2. Ibid.. p. 91
gr sq.
3. VIGNEAUX,
VIGNEAUX, op.laud.,
op. Eaud., p. ρ. 52 et 61.
61. fait remarquer que le transfert des causes
capitales des quaesti01les
quaestiones au préfetprefet (DC, LII, 20)
(DG, LII, 20) n'est meme pas entie1ement
n'est même entièrement
realise
réalisé aauu Ire
rι e siecle !
4. HAMMOND,
HAMMOND, ορ. laud.,
op. laud., p.ρ. 93, n. 18.
18. IId.
d . VIGNEAUX,
VIGNEAUX, ρ. 61.
p. 61.
5. Op.
5· ορ. laud.,
laud., ρ.p. 159.
159.
6.
6 . V. GARDTHAUSEN,
GARDTHAUSEN, ορ. Eaud., ρ.
op. laud., p. 767.
767.
7.
7. R. SYME,ορ.
R. SYME, laud., ρ.
op. laud., Canzbvidge Ancient History, t. Χ,
p. 343 ;; CanIbridge X, ρ. 127·
p. 127.
R. AVALLONE,
R. AVALLONE, Mecenate, ρ.
Mecenate, p. 18, 32. et ρ.
18. n. 32, p. 79,
79. a le merite
mérite de souligner I'histo-l'histo-
ricite
ricité du texte (source
(source perdue).
perdue).
8. P. GRENADE,
8. Ρ. GRENADE, p. 160.
ρ. 160.
g. Tout recemment
9. récemment F. F.MILLAR,
MILLAR, ΑA Study ο/ of Cαssius
Cassius Dio, Oxford, 1964, ρ.
Oxford, 1964, p. 102-
118, a repris le probleme.
ιι8, problème. Il meconnait,
méconnaît, pour des des raisons specieuses,
spécieuses, le republi-
républi-
canisme dΆgrίΡΡa
d'Agrippa (ρ. (p. 105-106),
105- IO^), et distingue arbitrairement dans le discours
deux parties du point de "ue vue de l'authenticité :; ίΙ
de I'authenticite il decοuνre
découvre la "K rupture »n en LII, LII.
18,
18, 6-7.
6-7. Cet auteur a tort d'etudier d'étudier uniquement le contenu institutionnel et et
administratif du texte et d'affιrmer d'affirmer dede Ρήme
prime abord (ρ. (p. 104)
104) :: "I< There is is ηο
no
seήοus
senous room ίοι Bfaecenas' speech is ίη
for doubt that Maecenas' in itself a propaganda pamphlet,
pamphlet,
ίοι
for its entire content (\νith (with triνίal
trivial exceptions) relates to the early third century
and not to the time οί of Augustus ".1).
80 O'ItCENE

XIV, 53,53, 4, se complaisent 11.à evoquer


Cvoquer cette activite
activité protéifonne
proteiforme du
politique. Les considerations
considérations du discours sur l'office ΙΌffice de conseiller ne
sont pas en bonne logique une preuve, pour qui analyse l'authenticite l'authenticitb
discours, mais elles concordent avec la theorie
du discours, théorie de l'amitie
l'amitiC du
ministre, avec la longue detentiondktention des,des secrets d'Etat
d'État sur laquelle
insistent les Satires et les Odes dΉοrace
d'Horace1. l
. La confidence survivra à la
surviνra 11.
crise de fides
jides de 22. Contrairement à
11. la spCculation desobligeante de
speculation
SCnèquea,
Seneque 2 , Mécène
Mecene croit la franchise possible et nécessaire necessaire entre le
prince et son conseiller
conseillers.
3 . Le ministre de Néron Νέτοη est tombe
tombé dans le
pessimisme anachronique : on οη sait qu'il oscille entre une interpretation
interprétation
libCrale »II et une interpretation
« liberale dΆuguste4 •
interprétation « tyrannique » du principat d'Auguste4.
LII, 35,
Dans LII, 35, 4-9, Mécène
Mecene insiste sur deux notions conjointes : la
liberte s6curitC. Cette s6curit6
liberté et la s6curite. sCcurité de l'Etat,
l'État, comme cel1ecelle des puis-
sants de toute nature, etait Ctait veritablement
véritablement sa hantise, et les admones-
tations publiques au prince montrent qu'il a voulu νivre vivre son ideal,
idéal,
transposer dans le cQnsiliunt
consiliufiz politique les rapports qui formaient le
code moral du «s Cercle ». P.

La pensee politίque de Meeene.


pensée politique Mécéne.

Οη
On a recemment
récemment tenté
tente de présenter Mécène comme le théoricien
presenter Mecene theoricien
l'absolutisme5.
de l'absolutisme 5 • Malgré dΌrdre et de police qu'il donne
conseils d'ordre
Malgre les conseils
à Auguste, ce jugement
11. jugement ne rCsiste
resiste pas à iι l'examen : il est contredit
par Dion Cassius, LII, 15, 1, ι, qui contient précisCrnent
precisement une mise en
garde contre la tyrannie. Mecene
Mécène .est un realiste
réaliste et un empirique. Il
considère la monarchie comrne
.considere comme une fatalite
fatalit6 historique, ou plutôt comme
plutDt comrne
une donnee
donnCe de la contingence historique (LII, (LII, 18, 4 contient le mot
τύχη,
+Y, peut-être ΙΌη songe
révélateur, si l'on
peut-etre revelateur, songe que les historiens stοϊcίsaηts
stoïcisants
plutôt le tour fatu~lt
emploient plutot im$erii6).
fatu11t imperii 6
grandeuι' de l'Empire
). La grandeur ΙΈmΡίre

ι.
I. Satires, II,Π, 6. 53 ΠΙ. 8,
53 sq. :; Odes, III. 8, 17.
17.
2. De Ben.,
Ben.• VI.
νι. 32,32, 4.
3. Le maltre
maître des epicuriens
épicuriens romains,
romains, Philodeme
Philodème de Gadara,
Gadara, semb1e avoίr
semble avoir
conseille
conseillé 1a ΠΙΧΡΡ'ιJσ[ιχ dans 1es
la rrappqola les rapports avec 1es les monarques (Peri (ΡεΥί Agath. Bas.,
Bαs.,
col. V,
col. ν, 15 sq.), et ι1
15 sq.), il a en tout cas ecrit
écrit un ηη nspl
Περ! aappqaiw
πσ:ρρησ(ω; qui Ρrοscήt
proscrit 1ala fiat-
flat-
terie entre compagnons de 1a sagesse (σuσχoλιXζovτες.
la sagesse m~qoA&~o:ow 79, 3),
~ ~4, et 79,
75. 3), conseil1e
conseille
I'erhortalion amicale avec 1a
l'exlIortation la caution d'Epicure
d8kpicure (72, ρ. 34, éd.
(72. p. Α.. Olivieri,
t\d. A Olivieri, Teub_
Teub-
ner). Ce devoir s'impose a.
ner). l'intelligence et a.
à I'intelligence la SUΡeήοήte
à 1a supériorité (col. ΧΧΠ, p.
(col. XXII, ρ. 62)
62) et
a.à l'experience
i'expérience des gens d'age d'âge (col. ΧΧΠΙ, p.
(col. XXIII, ρ. 6363 : οη
on sait que Mecene
Mdckne etait ηη
Btait un
peu plus age âgé qu'Auguste). -
4' Cf.
4. Cf. I'etude
l'étude de P. Ρ. JAL, dΆuguste clIez
JAL,Images d'Auguste cliez Sineque, REL, χχχν,
Sinéque, REL, XXXV, 1957,1957.
p. 242-264.
ρ.242- 26 4·
5. R. AVALLONE,
R. AVALLONE, Mecenate,
Mecenate, p. ρ. 172,
172, n. 7.
6. Dans LII, 40,
6. 40, 1, Mecene engage Auguste a.
ι, i\Iécène à ne pas "K rejeter la chance »n
(τίIX'IJ). Il
(Nxq). II est possible d'interpreter
d'interpréter d ~ q chez
τίIX'IJ, . ηη épicurien,
un eΡίcuήeη, nonηοη dans un ηη sens
providentiel (cf. Forluna populi Romani),
(cf. Fortuna Romani) , mais dans un ηη sens positif.
positif, «a donnees
données
objectives, conjoncture née
objectives, nee d'une combinaison de facteurs »a (cf. (cf. fors chez
Tacite).
Tacite).
ACTION ΕΤ PENSÉE
ACTlON ET PENSEE POLITIQUE
POLITlQUE 81
entraîne guerres et dissensions
entraine dissensions (15,(15, 5 et 6)6) ;; on
οη retrouvera sans eton- Cton-
nement 1es les images platoniciennes
p1atoniciennes et epicuriennes
épicuriennes du navire naνire qui fait
eau dans la tourmente (16, 3-4). 3-4). L'Msitation
L'hCsitation serait possible possib1e pour
MCcène entre deux formes
Mecene libbrales, -- celles
formes constitutionnelles libera1es, celles que
(LVI, 43, 4)
Dion (LVI, 4) dec1arera
déclarera combinees,
combinCes, 1a la monarchie sans tyrannie t)'rannie
république sans discorde -,
et la republique -, si l'etendue
1'Ctendue de ΙΈmΡire
l'Empire n'imposait
n'imposait
une royautC
royaute bonne, une monarchie reparatrice. réparatrice. Pourquoi denier a à
MCcène une tMorie
Mecene théorie qui sera celle de Seneque,SCnèque, du Ga1ba Galba de Tacite ?
Il vit a Cpoque où
à une epoque οΙΙ l'on
1Όη parle courarnment
couramment de dux, dux, de princeps, sans
réhabiliter entierement
oser encore rehabiliter entièrement la notion de royaute royautC honnie, --
defendue par certains interlocuteurs du De Republica avec la caution
detendue
dΆήstοte. Mais l'evo1ution
d'Aristote. l'évolution est en marche. Horace ne donne-t-i1 donne-t-il pas
iι Mecene,
a Mécène, dans 1es les Épitres
Epitres (1,(ι, 7, 37),
37), 1e ΥΒΧ pderqzle
le titre de rex MCcène
paterque ? Mecene
plaide
p1aide pour 1a la monarchie vertueuse, ou meme même pour la monarchie de
pis-aller (LII, 18, 4)
pis-al1er (LII, Ctait la position d'un ami de Caton, Favo-
4) :: telle etait
nius, dont Mecene,
Mécène, par une ironie du sort, sort, devait recevoir les depouiUes
dCpouiUes !
L'apologie pour 1a la monarchie porte 1a la marque de cet effort de synthese synthèse
l'idéal et 1a
entre l'idea1 la rea1ite,
rCalitC, entre «e Platon et PompCe (Hammond)', qui
Pompee » (HarnmondJi,
definit ΙΌscillatίοη du nouveau regirne
définit l'oscillation rCgirne :: 1ala xκιχτ"στιχσις2
a . r & a ~ a a ~prCconisée
preconisee
ç~
Mecene a son repondant exact dans l'ideo1ogie
par MCcène l'idéologie augusteenne, dans
les Res Gestae,
1es Gestae, chez Suetone.
SuCtone.
signifie ce determinisme
Que sigηifie dCterminisme des faits faits que MCcène
Mecene appelle nτόχη, j~r),
au sens οΙΙ où Horace fait ici et 1iι là intervenir une Fortuna gzlbernans gubernans
(Satires, II, 2, 126) ?? Οη
(Satires, 11, On oublie trop que fortunajortuna ou fors,jors, avec ou sans
relents de badinage epicurien,
Cpicurien, implique en fait un determinisme,
dCterminisme, et que
l'allegοήe purement poétique
l'aiiCgone poetique n'implique pas forcement,forcément, pour un epi- Bpi-
cunen ou meme
cuήeη même pour un transfuge du Jardin, 1a la rechute supersti-
tieuse. L'idee
L'idCe de l'irnmensite ΙΈmΡίre (16, 2)
l'immensité de l'Empire z) setrouvait
se trouvait déjà Mjiι dans
1es
les Lettres de Salluste
Sallustes, serνice du parti cbsarien
theoricien au service
3 , thCoricien cesaήeη;; on οη 1a
la
retrouve avec une variante dans 34, 2. z.
ΕΡίcuήeη positiνisme politique --qui s'oppose en la matière
Épicurien par son positivisme matiere
stοϊcίeη -,
au providentialisme stoïcien -, Mecene
MCcène cesse de l'etrel'être par la mystique
du chef qu'il propose. Mais on lit a
ση 1it à travers son plaidoyer, comme en εη
filigrane, rêves et les besoins qui 1Όηt
filigrane, les reves l'ont detourne
dCtournC du pouvoir :: dans
18.5. il exhorte 1e
18,5, Ρήηce a
le prince à ne pas reculer I'énormitC de la ΗΙche,
recu1er devant l'enorrnite tâche,
-- qui rappelle l'allusion constante a à l'onus
ΙΌnus du prince
Ρήηce dans 1a la poCsie
poesie
contemporaine44 -- ;; illui
contemporaine il lui montre, au prix d'un effort sporadique, une

IΣ.. Art. cit.,


cit.. p.
ρ. Σ02.
102.
2 . Ce terme employe
2. employk dans
dans le discours
discours (18,
(18, 4) correspond exactement aux
4) coffespond
formules
formules employees
employkes par Auguste ροηι designer
Auguste pour reuνre constituante,
dksigner son œuvre constituante. cf.
cf. Sue-
Suk-
tone.
tone, Aug., XXVIII
ΧΧΥΙΙΙ (sfatus).
(stαtus).
F. l\'!illar,
3. F. rapprochements, op.
signale ces rapprochements,
Miiiar, qui signale ορ. cit.,
cit., ρ.
p. 107, tue à peu
107. n'en tire a
ήen.
pres rien.
4. ΙΌnus des «
4. Sur l'onw a princes », thème curα et des curae
theme voisin de celui de la cura curαe
signale par P. Ρ. GRENADJ!:,
GRENADE, ρ. 461-462,
p. νοίτ Ovide,
461-462, voir Ovide, MCtαm.,
Mdtam., ΧΥ,XV, 760 ;; Tristes, Π,
Tve'stes, II,
6
8Ζ i\iJ~:CENE

routine rassurante du pouvoir. Il prCvient previent chez Auguste 1e le grief se10n


selon
lequel 1e
1equel le devouement
dévouement 11 l'Etat l'État compromet 1a la securite
sécurité et 1esles joies de
l'existence. Ni Νί Auguste, ηί ni MCcène,
Mecene, n'étaient
n'etaient naturellement portés portes
l'ascétisme. On
11à l'ascetisme. Οη verra un mensonge pieux dans 1a la theorie
théorie du pouvoir
facile et joyeux :: 1e
facile le monde romain a besoin d'une sorte de deuotio, deuotio,
comme l'a note noté G. Stuebler
Stueblerl. MalgrC les la royaut6
1 . Ma1gre 1es images grecques de 1a royaute

ΡatήarcaΙe et rCvérée2,
patriarcale reveree2 , qui subsistent 11à l'arriere-p1an,
l'arrière-plan, ce mythe de
la monarchie heureuse semb1e
1a semble contredire 1a l'impopularitd
la hantise de l'impopu1arite
complots, que Mecene
et des comp1ots, Mécène a vCcue, laisse transparaitre
vecue, et qu'il 1aisse transparaître
développements policiers
dans ses developpements (37, 1-39,
po1iciers (37, 1-39, 2).
Ζ). Mais y Υ a-t-i1
a-t-il contra-
diction ? Un « dip10mate
diplomate »)) retors comme Mecene, Mécène, ou un rheteur
rhCteur averti
comme Dion, n'auraient
n'auraient pas 1aisse laissé un tel deve10ppement
dCveloppement 11à cote côté du
catalogue impressionnant des « princes })» assassines. assassinés.
Le rappel
rappe1 des « tyrans t)rrans »» assassines
assassinés se justifie parfaitement
parfaitement par
rapport aux idees idCes maîtresses
maitresses de Mecene s. D'une part, 1e
BIécèneS. le conseiller ne
veut pas qu'Auguste
qu'Auguste abdique, parce qu'il voit en 1ui, lui, par idea1
idCa1 et par
égoïsme, 1e
egoisme, le garant de 1a la revo1ution
révolution romaine. Son depart οuvήrait 1a
départ ouvrirait la
voie 11à l'anarchie et 11à 1a la vengeance politique dCfaut de saisir avi-
po1itique :: 11à defaut
dement 1e le pouvoir, il ίΙ convient de ne pas l'abandonner (17, (17, Ι-Ζ).
1-2).Les
deux craintes se retrouvent dans 1e SuCtone sur les projets
le texte de Suetone
l'authenticité est prouvée
d'abdication, et l'authenticite reputαns εΙ
prouvee : Sed reputans priuαtum
et se priuatum
non sine perzcztlo fore et
periculo 10re εΙ illam
illαm (rem publicαm) $lurium
(rem publicam) αrbitrio temere
plurium arbitrio
commztti...4.4 • La première
committi... premiere crainte (les (les embuches
embûches qui guettent 1e le chef de
parti dans 1a la vie privee)5 correspond au c:hantagechantage de Mecene
BICcène ;; un choix

221 sq.
221 Horace. Efiist.,
sa. ;; Horace, Π, I.
Epist., II. ι, 1-4
1-4 ;; Vitruve, De Arch., Arcli., Préface Tacite. Ann., Ι,
Preface ;; Tacite, 1.
ΙΙ
I ..1regendi cuncta
I :: ... cunita onus.
onus.
ι. G.
1. G. STUEBLER,
STUEBLER. Dze
Die Relipiositat
Religiositiit des Livius. Amsterdam. Hakkert.
Livius, Amsterdam, -..
1964.
Hakkert,. 1964,
ρ. 201-204 :: 5. A
p. Augustus
U~&~US und dre
"nd die Deuotion.
Devotion.
Philodème de Gadara a ecrit
2. Philodeme écrit un traite traité de !a la royaute
royauté idea!e
idéale dont les "ertus
vertus
empruntées a
sont empruntees royauté hοmeήque
à la royaute homérique (simplicite, modération), -- inspiration
(simplicité, moderation),
assez proche de Platon au demeurant.
,,"ssez demeurant. Cf. Cf. !es
les fragments publiéspublies par A. Α. Olivieri,
Οιi"ίeή,
Teubner, Lipsiae, 1909.
Teubner, 1909. Cette œuvre ceuνre semble avoir inftuence influeuck la pensée
pensee poiitique
politique
MécBne. Tout recemment
de Mecene. récemment un artic!e article de O. Ο. MURRAY,
MURRAY, Philodemus
P1Iilodemus on the ΙΑε good
King according 20Ιο Homer,
Ho,ner, JRS, 1965, a reΡήs repris la question ;; nous nOus renvoyons
ren"oyons par-
ticulierement a
ticulièrement ΠΙ, p.
à la section III, ρ. 173-182 :: The princeps according to
ΤΑε good princeps tu Philo-
PAilo-
dem'ιs. LΌu"rage
demus. L'ouvrage etait
était «e populaire et esoterique ésotérique ». )). Homère
Homere soulignait la ~pu<p< ~ρυφ1)
des Phéaciens, l'δβ~ις de ces tyrans en puissance que sont les prétendants
Pheaciens, I'Ü@prç pretendants ;; il
opposait βασιλεUς
@aorhwî$ et dτύραννος,
p a w o ç , mettait l'accent sur !es les "ertus
vertus de modération
moderation
nécessaires a
necessaires la justice, dέπιεΙκεια,
à !a n r ~ l x ~ t a1πραότ/ς,
,r p a 6 q ~ , et
e t distinguait la vertu militaire
indispensable de la passion belliqueuse ((πΟλεμικός, x o h e p ~ x 6φιλοπόλεμος,
<prhox6kpoç,
~, ibid., ρ. 176)
ibid., p. 176) ::
une telle discrimination appelle le rapprochement.rapprochement, dans !e le discours de Mecene,
Mécène,
avec !e
a"ec couple ε"'πόλεμος-εΙρηναίος,
le coup!e ~Ux6hopog-~Lpqvaioç, cf. infra,
cf. infra, p. ρ. 83.
83. Jusqu'à liberté democra-
J usqu'a la liberte démocra-
tique de parole conseiller, art.
paro!e du conseiller, cit., ρ.
art. cit., p. 177, idea!
idéal de Telemaque,
Télémaque, qui a pu don-
ner a à Mécène
Mecene la vocation du consili"mconsilium politique, cf. cf. supra, p.ρ. 79-80 et notes,
Οη sait que l'épicurisme
On Ι'eρicuήsme avait reconnu la valeur morale d'Homère, dΉοmere, cf. cf. ρ.
p. 114.
114.
n.
η·4·4.
3. Le traité
traite de la « bonne »ii royaute
royauté de Philodeme Philodème semble avoir posé pose le pro-
blème
bleme du tyran et de ses exces, excès. ed.éd. Olivieri,
Olivieri, fr. fr. 3, ρ. 5.
3, p. 5.
4. Suétone, Aug., XXVIII,
4. Suetone, χχνπι, 2. 2.
5 . Οη
5. νπ, au cceur
On a vu, débat. sur ΙI'otizmwz
cœur des debats cicérouien (cf.
'oti"", cum dignitate ciceronien (cf. notre
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE

comme le sien n'est possible qu'avec le « devouement » du princeps.


Mais l'exemple des tyrans assassines n'invite pas seulement iι garder
le pouvoir comme securite. Si Mecene peut utiliser l'argument, c'est
qu'il propose une solution stable, et ηοη l'expedient fragile : rendre
le pouvoir sur en le rendant benefique et venerable. Les erreurs et les
crimes d'un passe recent deνiennent, dans une demarche dialectique,
'le repoussoir de l'ideal qui se cherche. Οη aura reconnu la demarche
des Lettres α Cesar1 •
Le salut du monde romain repose sur une mystique du chef. Les
regions orientales de ΙΈmΡire unissent leurs efforts aux influences
stoiciennes qui s'exercent dans l'entourage du Ρήnce, - celle dΆthe­
nodore2 en particulier. L'ideal d' « Mgemonie », cher au Cercle des
Scipions, reparait. Ennerni de la pompe et de la representation2 ,
Mecene aperItoit lucidement la grandeur exaltante et la responsabilite
des chefs (LII, 34, 2 et 10), illeur assigne une νie tendue, etalee au
grand jour, ce « masque de la cite » qu'il refuse lui-meme et que les
]ulio-Claudiens gernissent de porter. La νie du Ρήnce a sans cesse
un public, un tήbunal : ίΙ ne peut echapper (aιαλαθείν) - Mecene a cer-
tainement songe au λιΧθε βιώσας epicurien4, ou iι l'opposition classique
entre ΙΌtium et la dignitas, que Seneque sentira encore bien vivante,
et qu'il reprochera in petto iι Mecene d'avoir depassee. L'eΡίcuήen
pense que l'jndividu n'a pas besoin d'autre spectateur que lui-meme.
Οη s'achernine alors iι une meditation platonisante sur les vertus
liees necessairement iι l'exercice de la puissance. Le chapitre 39, 3
enumere quatre vertus qu'il serait interessant de confronter avec celles
du clupeus aureus de janvier 27 (Res Gestae, XXXIV)5. La coincidence
n'est qu'imparfaite. Le chef reel, le princeps de fait, doit etre : ι) κόσ­
μιος ; Ζ) εόβΙοτος ; 3) εόπόλεμος ; 4) εΙρηναίος. Il manque la pietas,
iι moins qu'on ne la subsume sous le genre de vie vertueux et edifiant
(εόβίοτος), ce genre de vie ne recouvre pas eνidemment la uirtus du
bouclier, qui couespond iι εόπόλεμος. Mais si la « valeur » active,
l'energie guerήere repondent iι la definition νigilante de la Pax Augusta,
paix romaine et paix armee, elle implique pour vertu complementaire
le pacifisme (εΙρηναίος dit bien l'aspiration de toute une generation) ;
οη peut admettre qu'εΙρηναίος correspond en plus vaste a. la clementia,

Otium...), I'importance de la securieαs. Les ceuvres politίques de CΊceron sont


remplies des deboίres rencontres par les principes dans la vie Ρήνee : νoίr -
entre autres - De Rep., ι, 3.
ι. Epist. αd Cαes., ι, 3. 4 sq.
2. cf. Fr. CUMONT, Lux Perpetuα, ρ. 159·
3. Cf. V. GARDTHAUSEN, ορ. lαud., ρ. 773.
4. Theme frequent d'homelie versifiee chez Horace, dont nous avons vu
pIus haut qu'ίl avaίt inf!uence Ie Pro,nethιie. cf. USENER, Epicureα, 551-552.
5. RG; XXXIV, 2 : ... εΙ cI"peus α"reus in curiα Iuliα posiius que>n milIi
senαtum populumque romαnun, dαre "irI"tis clementiαe i"stitiαe εΙ pietαtis cαusα
IesIαIu,n est ρεγ ei"s ciupei inscriptionem (= CIL, ΙΧ, 58rr).
MECENE

dont se se targuait Cesar, CCsar, que Salluste conseillait au dictateur dίctateur comme
vertu de de pacification. Le si1ence silence sur 1a pietαs n'a
la pietas n'a pas de valeur va1eur signi-
ficative
ficative :: Mecene
ÏIlCcène ne fait pas ici l'esprit fort\ fort1, car 1es
les chapitres 35 3S et 36, Iι
avec une nuance a
-- avec à approfondίr
approfondir -- prCconisent
preconisent le 1e conformisme reli-
gieux;
gieux ; mais peut-etre
peut-être 1e le fait d'exc1ure
d'exclure 1a pietαs des vertus cardinales,
la pietas cardίnales,
quatre sur le bouclier,
bouclier, quatre chez les stoiciens, indίque-t-il l'indίffe­
stoïciens, indique-t-il l'indiffk-
rence personnelle,
personnelle, l'attitude du pαrcus deorurιz
parcus deorunz cultor et infrequens2 :
injrequens'
dans 1es chapitres 3S et
dans les chapitres 3j 36, il s'a@ 36, ί1 s'agit de « theologie
thkologie civile »3.
)j3.

Restent dansdans notre dίscoursdiscours deux vertus qui participent de la 1a


« purete
pureté morale » : εύβίοτος et κόσμιος.
~UPioros x 6 e p o ~ .On Οη remarquera que Mecene
Mécène
suggère a
suggere à Auguste 1a décence, a
la decence, à une epoque troub1ee où
époque troublée ου la licence
1icence
etait
&ait de règle, et ου
de regle, où lui-meme
lui-même payait fort peu d'exemple. Les sCnateurs senateurs
n'ont pas cru devoir immortaliser sur le bouclier la «« vie privée privee »» de
leur sauveur. Mais la vertu de gouvernement par excellence, excellence, ceile
celle qui
garantit la concorde par l'harmonie et le partage équilibré, iustitiα
equilibre, la iustitia
bouclier, pierre angulaire
du bouclier, angulaire de la societe sociCtC depuis le Cercle des Scipions, Scipions,
a son équivalent dans κόσμιος:
son equivalent x6ayro: : sagesse, equilibre, ordre. On
sagesse, équilibre, Οη ne s'éton-
s'eton-
nera pas queque Mecene substitué a
Mécène ait substitue à l'idee stoicieήne de rémunération
l'idCe stoïcierine remuneration
dίstributive
distributive (οικοιιοσuν'l))
(8lxrutoaiiv-q) l'idee
l'idCe platonicienne d'harmonie dans la
conduite
conduite :: la justice d'un gouvernement a son siège siege dans l'équité
i'equite intime
chef, dans
du chef, dans le controle
contrôle de soi, soi, dans la limitation des passions «« impé- impe-
rialistes ~4 (l'έπιθυμψικόν
rialistes»4 ( l ' ~ ~ i e v p q ~chez
r x 6 ~Platon). L'ambition et la colère, colere, l'appé-
l'appe-
de jouissance gros de cupidite
tit de cupidité inique sont chez Platon le lot du
tyran et la base des catastrophes politiques. Les passions de convoitise,
chez Lucrece,
chez Lucrèce, ont aussi des effets effets sociaux et politiques : la description
l'interprétation philosophique diffère.
est identique si l'interpretation dίffere. En
Εη bref, Mécène
Mecene
fait reposer le regime
fait rCgime sur la vertu du chef parce que les analyses pla-
toniciennes veriflees
vCrifiées par l'histoire romaine (De Republica, Republicα, De Legibus,JS
Legibus) 5
corroborCes par le moyen-stoicisme
et corroborees moyen-stoïcisme considerent
considbrent que toute institution
vaut par l'homme et pour l'homme. Le lien entre le conseil de tempe-
rantza contenu dans κόσμιος
rαntiα x6ay~o: et la yertu vertu sociale de iustitia
iustitiα s'éclaire
s'eclaire en
profondeur par l'anecdote de Mecene MCcène surveillant les accès acces de colèretolere
d'Auguste assis
dΆuguste assls a tribunale.
à son tribuna1 6

ι. nféckne de"ait
I. Mecene considérer la pietas
devait considerer pietas comme un hommage dû dίI aux dieux
(cf. szcpra ::les
(cf. s"pra les idees
idees religieuses d'Epicure), ποπ comme la condition de la
d'Épicure). mais non
ρα", deunz ::ίΙil inclinait sans doute peu a
b a x de"", à admettre l'intervention
I'jnter"ention des dieux dans
les e"enements.
les événements.
reniée par Horace,
2. Attitude reniee
2. Odes. 1.
Horace. Odes, 34, Iι sq. : le poète
Ι, 34, poete fait peut-&tre
peut-Hre
allusion a à cette
cette tiedeur
tiédeur personnelle de Mecene,
Mécène, qu'il a longtemps partagée.
partagee.
3. Une des
3. des trois formes
formes de theologie
théologie selon Varron (cf. saint Augustin, CD,
Varron (cf.
.
V TA-,
νπ, T 30).
?nl
a-,.
essentielles, dans la morale politique de Cicéron
4. Notions essentielles,
4. Ciceron : modestia, tem-
perantia, liées a
perantia. liees iustilia. cf.
à i"stitia, Off., 1,
ex. De Off.,
cf. par ex. 15,46. Cf.
Ι, 15, cf. Lexique de Merguet.
5. De Rep., Ι,
5. 1, 40,
40, 62 sq. I I , 28,
sq. et Π, sq. : le cas de Tarquin jugé
28. 50 sq. juge à'la
iι 'Ia lumière
lumiere
de l'laton.
de Maton. De Leg., ΠΙ, III, 14, Cf. aussi De Fin., III.
32. cf.
14,32. ΠΙ, 75.
75.
Cassius, LV,
6 . Dion Cassius,
6. LV, 7, 1-2.
1-2.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 85
υη traité
Un νertus politiques et sociales reposant sur la «
traite des vertus νertu »
« vertu n
du chef, νoil3o ce qu'apporte la meditation
chef, voilà méditation de MCcène.
Mecene. 1111 est bien
naturel que çàς3ο et 130 υη reflet du traité
là passe un traite des νertus stοϊcίeηι, mais
vertus stoïcien1,
pour l'essentiel, Mecene
Mbcène reste dans le sillage
sillage de Platon, dans la mesure
ou
où l'homme charnel et son accomplissement priment l'uniνersalite
pDment l'universalité
des principesz.
principes 2 •

ιniBεB en
Les mises εΒ garde du ιninistre :: Mécène
dn ministre Mecene libέraJ.
libéral.

Mécène a signale
Mecene signalé 30à Auguste les pièges
pieges et les mythes de la toute-
Cpoque οΙΙ
puissance, 30à une epoque où le principat
pDncipat naissant etait Ctait guette
guetté par le
mysticisme monarchique et l'absolutisme dΌrigίηe orientale.
I'absolutisme d'origine orientale.
υη des premiers aνertissements
Un avertissements du discours concerne la dictature
morale
morale3.3 • Qui s'en etonnera,
étonnera, quand on οη songe
songe 30à la prudence cauteleuse
avec
aνec laquelle Auguste a exerce exercé dans les faits une cura morztm4 montm4 qu'i!qu'il
refusée, dans les Res Gestae,
a officiellement refusee, Gestae, VI, I. ι. Tantôt
Τaηtόt onοη a considere
considér6
qu'Auguste avait entrepris sa reforme réforme des mreurs
mœurs et de la societe
sociCté desdès
29-28 -- dans le cadre du cens -- en vertu de son imperium
29-28 imperium6, 6 , taηtόt
tantôt
qu'il avait
qu'i! aνait exerce la censure sans !e le titre
titres,
6 , tantôt qu'il pouvait
tantόt qu'i! pouνait se dis-dίs­
νertu de la potestas
penser, en vertu tribunicia, de «« la magistrature nouvelle,
potestas tribunicia, nouvell~,
vintable dictature Iegale,
veritable lυί a étC
ICgale, qui lui Μέ offerte
offérte 30à trois reprises εn en 19,
19,
ΙΙ »'.
18 et II
18 il yΥ a eu en 28
)i7. Mais il 28 un premier train de mesures, atteste attestC
Tite-Liνe, Horace, 30
par Properce, Tite-Live, à une epoque
époque où οΙΙ le prince ne disposait
triburticia potestas. 11
pas encore des ressources de la tributticia Il faut donc 30à cette
date supposer avec Mommsen -- suivi par Grenade -- une loi Ιοί centu-
riate pour les operations
opCrations censorales
censorales proprement dites, dίtes, et des leges
ΙaΙaε
latae pour la reforme morale. Mais les contemporains pouvaient-ils
sΌrίenter dans ce labyrinthe constitutionnel ? Οη
s'orienter On en douterait.
La preuve en est la formule pCremptoire Suétone, Aug., XXVII,
peremptoire de Suetone,
ΙΙ
II :: Recepit εΙ et morum legumque
legumque regimen
regimen aeque perpetuum, qxtamquam
qzhamquam

ι. Ροητ
I. cardίnaΙes du stοϊcίsme,
Pour les quatre vertus cardinales νοίτ Diogéne-Laërce.
stoïcisme, voir Dίοgene-Laerce,νπ, VII,
102. Id. Cicéron.
102. Tusc.. III,
Cίceron, T"sc., πι, 36-37.
36-37.
νrai néanmoins
2. Il est vrai neanmoins que Polybe (νι, (VI, 47, ίntrοduίt a.
540) a introduit
47, 540) à Rome une
cήtique dirigee
tradition critiaue Rep"bliqιιe
dirigée contre la Rkfiublique * :: il re~rochea.
ίΙ reproche d'aνοίr
à Platon d'avoir
cree
créé une statue
statué admirable, mais inanimee.inanim2e.
3. Chapitre 34, traitant de la vie exemplaire demandee demandée au prince.
prince. .
Ρ. GRENADE,
4. P. GRENADE,Essai Essαi sur
sttr les Origines du Principαt, p.
d" Principal. ρ. 301-335,
301-335, a fartfait le
cοnstίtutίοnneΙΙe (divergences
point sur cette question constitutionnelle (divergences entre Suetone,
Suétone, Aug.,
χχνπ, rr,
XXVII, Cassίus, LIV, 10
I I , Dion Cassius, IO et 30,
30, et les declarations dΆuguste, Res
déclarations d'Auguste,
Gestαe, νι,
Gestae. VI. 1).ι).
5. ~
5. h è s e rappeJees
Theses S r a ~ ~ e lpar Ρ. GRENADE,
é e sP. GRENADE, ρ. 310,
p. 310.
6. Cf. νν.
6. cf. W. \VEBER,
1936, p.
gart-Berlin, 1936,
Princeps. St"dien
WEBER.Princebs.
;63-765 et
ρ. 163-165 ét n. 599.
599.
z"r Gescltichte
Sludien zur .
A"g"stttS, 1,
Gescliichle des Aueush~s. ι, Stutt-
Stutt-
Ρ. GRENADE,
7. P. GRENADE,op. ορ. laud.,
la<ιd., ρ. dίstinguer entre
p. 313. Il semble raisonnable de distinguer
potestαs censoriα
la potestas necessaire aux lectiones
censoria necessaire lecliones de 1818et
e t 13
13 av. J.-C. et ροηνοίι"
e t « les pouvoirs
necessaires a.à Auguste pour
juges par les Romains nécessaires
jugés ροητ legiferer ΙΌrdre moral D.
légiferer dans l'ordre n.
86 MECENE

sine censurae honore,'


honore; cette derniere reserve pouvait, si ΙΌη
dernière réserve l'on adoptait
certaines voies, passer pour un υπ abus de pouvoir supplementaire,
supplémentaire, et
ποπ pour une garantie. Dans ce climat, Mecene
non Mécène se devait de formuler
une mise en garde, et ΙΌπ l'on peut penser qu'il a contribue contribué 11.à imposer
en 29-28 l'idee l'idée d'une procedure
procédure legislative
législative1. libéralisme dans le
1 . Le liberalisme

domaine moral n'exclut pas la rigueur et l'inquisition policière policiere dans


le cas des delitsdélits publics :: les §§ 4 11.à 7 du chapitre XXXIV sont fondes fondés
sur la discrimination. Un υπ peu partout dans le discours la suspicion
se fait jour, l'espionnage politique est justifié (ΧΧΧΙΧ, 2, apres
justiM (XXXIX, après
χχχνπ, 1,
XXXVII, ι, fait la tMorie
théorie de l'inquisition). Cremutius Cordus Cordus ecrit,
écrit,
d'apres SuCtone, qu'a
d'après Suetone, qu'A cette epoque républicaine »"
époque de «(( restauration republicaine »2
Auguste faisait fouiller fouiller tous ses visiteurs
visiteurs3.
3 . Le partage entre la vie

politique et le domaine jalousement jalousement réservé


reserve de la vie privée privee répond
repond
aux tendances morales de Mecene. Mécène.
Le grand voluptueux qu'il etait était se méfiait
mefiait d'une dictature morale
qu'il euteût redoutée
redoutee pour lui-meme.
lui-même. Auguste a poursuivi des dès 28 l'adul-
tère (Dion Cassius,
tere (Dion Cassius, LIV, 16, 6-7) 6-7) :: le ministre, qui savait inspirer aux
maris un υπ sommeil diplomatique,
diplomatique, n'est n'est sans doute pas plus 11. l'aise
à l'aise
que le Properce de l'iligie l'élégie II,Π, 74.
74. Aussi use-t-il d'une parade dans
XXXIV, 2, z, qui nous paraît
parait authentique :: le prince se doit de «({ n'avoir n'avoir
pour lui-meme
lui-même aucune complaisance ». A bon entendeur sa1ut
». Α salut5
5 ! Mais

Mécène va au fond des choses. Les gouts


Mecene goûts personnels ne sont pas tout ::
ίl se sait exclu du cursus par ses faiblesses,
il faiblesses, voire par ses vices ; il ίl a
choisi. Le libera1isme
choisi. libéralisme n' est pas ηοη
n'est seule explication :: οπ
non plus la seule on sait
s'accommoderait fort bien d'une morale rigoureuse
que l'aristocrate s'accommoderait
foule. Mecene
pour la foule. Mécène est lucidement desabuse. désabusé. Il sait que les lois ne
réforment
rMorment pas magiquement les coeurs. cœurs. Il croit 11.à une nature humaine hunIaine
irréductible, voire incoercible :: «(( la loi,
irreductible, Ιοί, malgre
malgré la rigueur necessaire
nécessaire de
sanctions, ne peut toujours dominer la nature ».
ses sanctions, 1). C'est encore la

nature qu'i!qu'il invoque pour expliquer les nombreuses infractions aux


lois (§ 6). Desarme,
( § 6). Désarmé, le legislateur
législateur impitoyable est tiraille tiraillé entre l'impuis-
sance relative et le refus vertueux faire. Horace, ennemi de
vert1,leux de laisser faire.
la tyrannie morale, a tire mêmes conclusions
tiré les memes conclusions et appu)'eappuyé en vers
la {(« campagne »i> de son ami dans l'ode ΙΌde III,
ΠΙ, 24 :: sous couleur de recla- récla-
châtiments, ίl
mer des chatiments, il trouve moyen d'ajouter ο... Quid leges sine mori-
••

ι. Οη est conνenu
I. On
des leges latae.
ΙaΙaε.
convenu de νοίιvoir dans les premières dΆuguste
premieres mesures morales d'Aumste -
2. cf. Π, 89,
Velleius, II,
Cf. la formule de Velleius, Priscα illa
89, 3 :: Prisca ίΙΙa et
εΙ antiqua rei publicae
publicae
forma reuocaIa,
reuocata. qui fa.it
fait echo déclarations des Res Gestae.
écho aux declarations Gestae.
3. Suetone, Α "g. , XXXV.
Suktone, Azsg., XXXV, 2. 2.
4.
4 . Celui
Celui qui se réjouit νοίΙ abroger une loi
rejouit de voir Ιοί qui l'eut
YeGt separe
séparé de Cynthie.
Cf. LΌΙium
cf. ...,, p.
L'Olizcm ... ρ. 405·
405.
5. J. CARCOPINO,
5. CARCOPINO, εΙ Politique chez les CBsars,
Passion et Cbavs, ρ. 136, aa justement
p. 136,
releνe les conditions ambigues
relevé ambiguës dans lesquelles
lesquelles Auguste, sensuel et volage,
voIage, avait
ete amené a
été amene à proposer des Ioislois morales.
morales.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE

bus uαnαe
uanae profici~ent
projiciunt ? Le passage prCcCdent
precedent vise davantage les vices
politiques (cruaute,
(cruauté, impiete),
impiétC), bien que la demarcation soit difficile
aà etablir
établir entre les vices individuels et les vices sociaux. Horace stig-
matise le cynisme immoral, Mecene MCcène evoque
évoque avec scepticisme le cynisme
revoltes et l'hΥΡοcήsίe
des rCvoltés l'hypocrisie des autres. Outre l'individualisme
l'individualisme epicurien
Cpicurien
qui met a à. part les 18ιωτικιΧ,
id~o'r~xri, MCcène trahit un pessimisme dont la phi-
Mecene
1'6poque porte la marque. Auguste ne I'a
losophie de I'epoque l'a pas suivi, et il ίl a
a
Cchoué. Tibere,
echoue. Tibkre, autre libertin et autre sceptique, semble avoir assimile assimilé
leçons de RICcène
les leyons Mecene : il resignera a
ίl se rksignera luxuriα, malgre
à. voir dans la Luxuria, malgr6 ses
Cconomiques, un vice prive. Ce n'est pas le seul exemple
implications economiques,
de rencontre posthume1.
posthume1.
Deuxième avertisseinent,
Deuxieme avertissement, le cesarisme
chsarisme demagogique.
dCmagogique. MeceneMécène certes
ne remet pas en cause l'effort du principat naissant pour se prkvaloir prevaloir
consens~es. Il
du consensus. ΙΙ a beau ne guere
guère Ρήser
priser le sens politique de la foule, foule,
comCdie electorale
la comedie Clectorale denoncee Horace2 • ΙΙ
dCnoncée par son cher Horace2. Il sait, selon une
formule de Tacite, que le sens politique rbpublicain
formule republicain consiste a A manier
les foules. π' etait pas le ministre de la propagande litteraire,
foules. S'il n'était littdraire, il a
certainement ete Cté le grand maltre
maître de l'opinion
ΙΌρίπίοn publique. Il ne remet
pas en cause non ποπ plus la doctrine aristocratique romaine sur la magni- mαgni­
ficentiα publica3,
jicentia qu'Auguste a mise en pratique dans le domaine edili-
publica3 , qu'Auguste édili-
taire et dans le domaine des spectacles. Son discours recommande la
φιλχνθρωπΙιχ et la μεΥΙΧλο8ωρΙιχ
cp~?~av8porcia y ~ ~ a h o s w (ΧΧΧΙΥ,
(XXXIV,
~ia IO). Il reconnaît
10). reconnalt la nCcessité
necessite
d'amuser le peuple, de substituer, si l'on ΙΌπ veut, des pankgyries
panegyries cultu-
relles aux ΡaπegΥήes
panegyries politiques, dans XXX. ΧΧΧ, 1I et 4. Mais il ίΙ signale
aussi les mCfaits ciνilisation du spectacle :: il
mefaits de la civilisation ίΙ denonce
dénonce la fascina-
tion et les passions de l'hippodrome. On Οπ Υ y a vu parfois un anachro-
sCvCrien4. A
nisme severien·. Α vrai dire la diatribe contre les exces excès du spectacle
et la recherche d'un equilibre n'ont rien a.à voir avec les folles
Cquilibre nΌπt folles depenses
dépenses
marquèrent la victoire de Septime Severe,
qui marquerent Sévère, oùου d'aucuns ont trouve
l'explication historique du De Spectaculis de Tertullien. Nous avons
I'explication
montre ailleurs qu'Auguste cherche a.à. realiser
montrC rCaliser I'equilibre.
l1Cquilibre. Il a suivi
RlCcène en combinant la generosite
Mecene gCnCrositC et la mesure. Comme MCcène Mecene l'y
invite, il se montre IιιI politique ))» sur ce sujet :: Tacite dit ... ... ciuile reba-
. ~ΙΌπ
t ~ . 5., et
tur... l'on
, sait par Suetone
SuCtone que la «([prudence
prudence»1) a ete dictée a.à Auguste
CtC dictee

I . Tacite, Ann.,
1. III, 54,
Ann., ΠΙ, 54. 2-5.
2. Cf. Satiyes, II,
Cf. Satires. Π, 6,6 , 89 sq. Des developpements
développements de ce genre,
genre, sur la contrainte
matérielle
materielle ete t morale du CUYSUS Jιonoyum, -- comme
cursus honorum. comme l'exa1tation
l'exaltation de la condition
privée,
privee, par ex.
ex. SaI., Ι, 3, 142 -,, ont renforcé
Sat., I,3,142 renforce chez Mécène dégoût des honneurs.
Mecene le degout
3. Celle du Pro
3· Fyo Muvena,
Murena, qui pour Cίceron maiorum.
Cicéron fait partie du mos maioyum.
Cf. HAMMOND,
4. cf. HA~~ION αΥΙ.
art. cit.,
D ciI.,
, ρ. 97-98.
p. 97-98.
5. Tacite,
5· Α nn., 1,
Tacite. Ann.. Ι, 54, 3 :: Ι'α/stοήen
i'historien evoque
évoque des desordres
désordres provoqués
provoques par
les cabaJes
Jes cabales des histrions Jors des Izdi
h;str;ons lors Α ug"stαles, et iI
Z"di Augustales, bcrit ... Indulserat
il ecrit... ludicro
Ind"lseyaI ei ludicyo
Augustus, dunz Maecenati obIempeyaI
AugusIus, dun, obtemperat eJf"so
effuso in
i n amoyeni ΒαΙΙ'ΥΙΙ; ;; neque ipse
amoreni Batlaylli
αbJιoyyebaI talibw
abhorrebat tαlibus studiis,
sIudiis, el<Ι ciuile rebatur misceri "oluPtatibus
yebaIuy misceYi u u 1 2 Mecene
uoluptatibus uulgi. q~6c$~~
qui admet le primat des spectacles dans DC, LII, LII, 30, (πιΧντων Urr~pO(âiv)
30. 1 (rrdvrwv όπερq3ιν) aa
sans doute inspire également a
inspiré egalement A Auguste cet interet
intérêt « politique ». a.
88 MECENE

par les
les erreurs de Cesar, César, genereux, meprisant1 . Mais il a eu à1ι
gCnéreux, mais méprisant1.
regenter
régenter les spectacles pour eviter éviter les désordres
desordres et l'immoralité
l'immoralite ::
Mecene
Mécène attirait l'attention
l'attention sur les « cabales » (XXX, (ΧΧΧ, 4 et 8). 8). Pourquoi
n'aurait-il pas prevu
n'aurait-il prévu que la passion partisane se déplacerait deplacerait avec les
modes?
modes ? Les cabales gachent gâchent les ludi scaenici chez Plaute, d'aprbs d'apres
ΙΆmΡhitrΥon
l'Amphititrym2. 2
• Elles
Eiies continueront au théâtre tMatre sous Tibère Tibere (Suétone,
(Suetone.
Tib.,
Tib., XXXV,
XXXV, 4) 4) avant de cοnqueήr
conquérir l'hippodrome
l'hippodrome sous Caligula.Caligula. Pro-
fond
fond politique, Mecene MCcène n'admet
n'admet pas que la discorde, éliminCe eliminee de la
politique, avec la politique, par le consensus, desorrnais comme
consensus, utilise désormais
aliment la civilisation du spectacle.
Mecene
MCcène fait fait 11ιlà encore figure
figure de penseur politique averti. Il 11 accepte
dans
dans la tradition romaine l'idee
l'idée d'une politique des spectacles : celie
celle
des
des Scipions 3
Scipionss et de Ciceron, Cicéron, mais la devie
dévie dans un sens monarchique,
avec
avec la mememême ruse avec laquelle il ίΙ a suggere
suggéré à1ι Auguste une synthèse synthese
entre sonson projet et celui dΆgrίΡΡa d'Agrippa :: une abdication théâtrale tMatrale propre

à imposer 1ιà l'idee
l'idée monarchique le sceau d'une exigence démocratique. democratique.
Ses convictions intimes etaient
Ses étaient sans doute plus nuancées
nuancees : encore qu'il qu'il
eut
eût en matiere
matière de spectacles
spectacles des gouts eclectiques, qu'il raffolât
goûts éclectiques, raffolat de
mimes, qu'il ne dedaignat
mimes, dédaignât pas l'encens des applaudissements, on οη
l'imaginera assez assez retif
rétif devant le decorum
décorum et l'astreinte des jeux, assez
blasé sur les passions gregaires·.
blase grégaires4. L'jndividualisme
L'individualisme inspiré inspire est ce qui
s'efface le moins dans une initiation épicurienne. duplicite Ctait
eΡίcuήeηηe. La duplicité etait
l'attitude des des grandes famillesfamilles et des «« nouveaux nobles »» comme
CicCron. Mecene
Ciceron. MCcène a d'autantd'autant mieux \Tecuvécu sa duplicité
duplicite que comme Cicé- Cice-
ron, -- plus encore -,
ron, -, il n'attachait
n'attachait plus guère
guere aux ludi de sens reli- relί­
cultuel6.
gieux et cultue1 5•

autre raison explique ses arrière-pensées


Une autre arήere-Ρeηsees à 1ι l'égard
l'egard des spec-
tacles, qu'il aa su faire faire partager 11.à Auguste. A Α l'individualisme
l'jndividualisme ansto- aήstο­
cratique devait s'ajouters'ajouter une obscure jalousie pour Agrippas, Agήppa5 , le soldat
qui gagne
qui gagne au combat les celebrations~Clébrationsqu'il
qu'ii offre à 1ι la multitude, l'urba-
l'urba-
métamorphosé la Ville, le père
niste qui a metamorphose pere des (i« princes
Ρήηces de la jeunesse
jeunesse s»
auxquels Rome fut fut redevable de tant de jours de liesse. Pour ce grand
seigneur, l'homo
seigneur, l'homo nouus allait aliait bien avec les spectacles populaires. L'allu-
sion 11.A l'edilite
sion l'édilité dΆgrίΡΡa,
d'Agrippa, dans la satire II, ΙΙ, 3',
37, fait ressortir insidieu-
sement la glοήοlegloriole et la prodigalite ostentatoire du soldat heureux.
Si le
Si le trait n'a pas ete été aiguise
aiguisé par MCcène,
Mecene, ilίΙ reflète
reflete ses sentiments. Il 11

Σ. Suétone. Aug.,
I. Suetone, XLV. 3.
Aur.. XLV, 3.
2. Amph.,
2. PYOZ: vers 67 iq.
Awzph.. ΡΥΟΙ., sq.
3. cf.
3. Olzum..., Ι,·
Cf. notre Otium.... Ire partie, chapitre III,πι, p. Σ52 sq.
ρ. 152
On se
4. Οη se rappelle la complaίsance
complaisance avec laquelle Cicéron
αα!ιοn développe
developpe le thème
theme
dans lettre a
dans la lettre à l'epicurien
l'épicurien Μ.M. Μaήus
Marius (Ad Fam., VII,
(Ad Fam., VII, 1Σ).
).
5. Pour la ({ri secularisation
5. séculafisation »des
D des ludi chez Cicéron,
Ciceron, voir notre Otium ...,, IIe
Otium... Π· par-
tie, chapitre ν.
tίe, v.
6. cf.
6. R. HANSLIK,
Cf. R. HANSLIK, 17-E, col. Σ275.
R-E, av1. cit., supra, p.
1275, αΥΙ. 00. n.
ρ. 00. η. o.
Ο.
7. Sat.,
7· II, 3,
Sat., Π. ironique.
185 ;: ironique.
3, Σ85
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 89
rentre dans une sorte de cabale 1itteraire
1ittCraire anti-Agrippa qui prend tantot
tantôt
foπne du silence
la forme silence et tantôt foπne de la pique1.
tantot la forme pique1 • MCcène
Mecene aimait les
mimes, qu'Agrippa, de gouts
rnimes, goûts austeres,
austères, n'avait
n'avait pas les memes
mêmes raisons
d'apprkcier ;; il s'interessait
d'apprecier slintCressait en dilettante,
dilettante, ou par snobisme,
snobisme, aux paris
engagCs sur les gladiateurs :: la satire Π,
engages 6 le prouvea.
II, 61e prouve 2 • Après Sαtires,
Apres les Satires,
οη
on ne trouve plus guère
guere atteste chez Horace un tel gout
goût de MCcène3,
Mecene3 ,
qui sut « convertir » Auguste a à la pantomime4. inconstant, dilet-
pantomime4 • Cet inconstant,
tante curieux de nouveauté,
nouveaute, tiraille entre les gouts goûts « peuple » et le
aήstοcratίque d'isolement, jaloux des lauriers
besoin aristocratique Ιauήers edilitaires
Cdilitaires
d'Agrippa, soucieux d'exploiter et de controlercontrôler a fois les rejouissances,
à la fois rCjouissances,
rCvèle en la matière
se revele matiere l'homme du despotisme eclaire. CclairC.
Enfin
Εηίίη MCcène
Mecene a eu le merite mCrite d'attirer l'attention d'Auguste sur
les chimeres thCologiques forgees
chimères theologiques forgCes par le mysticisme politique. LΌήeηt
po1itique. L'Orient
aà cette epoque commence a
Cpoque commence faire pression sur le prince pour qu'il
à faire
accepte qu'on rCvère
revere sa puissance comme comme une epiphanie
Cpiphanie divine. Néron
Neron
cCdera au vertige, comme O.
cedera Ο. Weinreich l'a montre
montré dans son commen-
taire de ΙΆροcοlοqui1ιtοse
l'Apocoloqui~ztose5. 5
• Auguste, malgr6
malgre la religiosité
religiosite primaire
dCcelCe chez lui
qu'on a decelee 6 rCsiste a
lui6,, resiste à la tentation. Il accepte sans doute
considère, -- telle sera l'attitude dΉοrace'
qu'on le considere, d'Horace7 -, -, comme
comme un
m6diateur entre l'humanite
mediateur l'humanité et l'ordre
ΙΌrdre divin de la puissance repr6sentC
represente
par Jupiter
Jupiters.8 . Mais il ecarte
Ccarte l'idolatrie
l'idolâtrie du prilzceps.
princeps. Pourquoi ? Sans
reprendre par le detailla
dCtail la genese
genèse du culte imperial,
impérial, on
οη peut conjecturer
que MCcène
Mecene l'a mis en garde. Le texte de Dion Cassius le prouve.
Parmi
Paπni les abus de pouvoir qui guettent la tyrannie, le chapitre XXXV,
qui reprend intentionnellement une des foπnules formules democratiques
dCmocratiques des
Res Gestαe 9
Gestaeg, , signale la chimere theocratique. Α
chimère thkocratique. A l'ecole
1'Ccole de Siron et de

Cf. infra, chapitre III,


1. cf.
1. ΠΙ, p. ρ. 97.
2. Sat.,
Sat., II, Π, 6, TIιyαex est Gallina Syro
6, 44 ;: « Thraex ραΥ ? "r
Syvo par
L'evocation des applaudissements au théâtre,
3. L'évocation thMItre, dans l'odeΙΌα. 1,Ι, 2 (cf. FRHN-
200 (cf. FRAN-
KEL,p.
KEL, ρ. 215 et PASQUALI.
PASgUALI, p. 327). a surtout pour but de rappeler a
ρ. 327). à Mecene
Mécène sa
popularite. Pasquali a raison d'evoquer
popularité. d'kvoquer a à ce propos un MécèneMecene officiel,
officiel, en repre- repré-
sentation.
sentation.
4. 5ur
Sur I'extension
l'extension de la pantomime, devenue un spectacle autonome vers
23 av. J.-C. grace
23 av. grâce aABathylloset
Bathylloset Pylades, consulter R-E, R-E, ΠΙ,
III. 5, Nr. 7, 7. col.
col. 137-138
(Gensel). Bathylie. a
(Gensel). Bathylle, A la difIerence
différence du « tragique »n Pylade. Pylade, exploitait les thèmes themes
érotico-satyriques et pratiquait la pantomime bouffonne.
erotico-satynques bouffonne, proche du cordax COΥααχ
Comédie Ancienne.
de la Comedie Ancienne.
5. Ο. WEINREICH,
5. 0. WEINRBICH, Senecas Apocolocyntosis, Berlin, Berlin. TVeidmam,
\Veidmann, 1923, 1923, ρ. p. 43-
46 ;: la mystique neronienne
nkronienne du renouveau et le culte de I'empereur l'empereur a à Alexandrie.
6. ΗΕΙΝΖΕ. Vom
6. R. HEINZE.
(Kaiser Augustus).
Vom Geist des ROmertun~s.
Rόmertunιs, Darmstadt,
Darmstadt.. 1960,ρ.
1960,
- -P . 167-170
. .
Cf. suara
7 . cf.
7. l'article de KI.
supra I'article κι. Eckert. Voir aussi \V. WILI. ΗΟΥαΖ
W. 'VILI, Horaz und die αίε
augkteische 'Kultur,
augusteische X
~ u l t u r ΧνΙΠ. Gόtter und Staat, p.
, V I I I . Gottev ρ. 192-213.
192-213.
8. 5ur Auguste-Jupiter chez Horace, cf. Odes, Ι, 12,51 et 57 ; ΠΙ, 4. 42 sq. ;
- - - 8. Sur Auguste-Jupiter chez Horace, cf. Odes. 1. 12, j r et 57 ; III, 4. 42 sq. ;
ΠΙ, 5,
III, 5. 11 sq.
9.
g. La formule de LII, 35, σοΙ ô'
... moi
35. 22 ;: ... δ' αίιτι7J
aUr+ μείζο.
p r x o v με.
pÈv sτω.
o v iuποφχ6vτωv οίιδε.
i r ; a p ~ 6 v r o v od8tv
av δοθεΙ'1
i/v ineνitablement rappeler les Res Gestae,
6 0 0 ~ l r )doit inévitablement Gestae, 34 ;; Post id ία tempz
temptιs: ..
ls...
potestatis...
potestatis ... nihilo amplius habui qua,n qtιi fuerunt
quatn qzti fuerunt mihi quoque ί» nIagistrαtu
i n magistvatu
wnlegae.
conlegae.
90 1I1ECENE

Philodème, et en tout cas a


Philodeme, Cloges enthousiastes du De
à travers les eloges
Rerum Natura, Cpicurien a peryu
Natura, l'ancien epicurien perçu les echos
Cchos de la divinisation
d'Épicure. Virgile dans les Bucoliques a certainement adapte
d'Epicure. adaptC a à. l'his-
toire contemporaine ce theme laudatio, auquel il
thème de laudatio, donnC une cou-
ίΙ a donne
politique1 dans le deus nobis haec otia fecit
leur politique' jecit ::la paix et la securite
sécuritC
temporelles apparaissent comme comme le reflet de la serenite sérCnité ideale
idCale qui
règne dans les ««ports
regne bienheureux D. Mais la « divinisation »)I du maltre
ports bienheureux». maître
sérCnité n'est
de serenite n'est qu'un acte d'amour traduit dans le langage de la
ferveur, une formule qui n'implique
ferveur, n'implique pas une mythologie de la sagesse. sagesse.
Disciple du J Jardin,
ardin, OU puis6 liberte
où il a puise liberté d'esprit et sens sens critique,
RICcène ne pouvait que repudier
Mecene rCpudier une mythologie de la puissance. 11 Il
le fait ouvertement dans XXXV, 1-6 suffrages humains n'ont
1-6 : les suffrages
crCC de nouveaux dieux, a
jamais cree à plus forte raison de leur vivant vivant2. 2•

Les depenses liCes a


dépenses cultuelles liees chimère sont un gaspillage (§
à cette chimere 4).
( § 4).
détruit-il pas totalement la perspective
Sans doute le conseiller ne detruit-il
vague d'une immortalisation par la vertu vertu33 :: le rêve d'apothéose morale
reve d'apotheose
subsiste, le reve
subsiste, d'immortalitk aussi, mais ils reprCsentent
rêve d'immortalite representent les aspira-
tions sublimes d'un etre être mortel, ηοηnon des promesses de promotion
divine. La caelestis sapientia4
divine. dΉοrace demeure aux yeux de Mecene
sapientia4 d'Horace MCcène
un symbole de la perfection. Le maintien scrupuleux de la tradition
religieuse nationale, excluant les innovations, fait partie de l'ascese l'ascèse
d'immortalitCs.
d'immortalite 5.

leçon a ete
La leς:on été entendue par Auguste. Outre le temoignagetCmoignage de l'his-
religieuses, , οη se doit de produire une preuve qui eclaire
6 on Cclaire dans ses
toire religieuse
profondeurs l'ame
l'âme du prince. La biographie de Suetone SuCtone l'apportera.
Dans une lettre a Tibère οΙΙ
à Tibere où il relate la celebration
cClébration des Quinquatries,
scène de jeu frenetίque,
Cvoque une scene
Auguste evoque frCnCtique, où οΙΙ il
ίΙ a perdu vingt mille
générosité prodigue»;
sesterces par sa « generosite prodigue 1) ; ίΙ
il a fait remise de leurs pertes
aUK malchanceux, et ίΙ
aux joueurs malchanceux, il ajoute avec humour : benignitas enim

ι. L'idéal epicurien
I . L'ideal incarné par le θεος
épicurien incarne €Ici>< Ι:ν
Qv άνθρώποις l'ataraxie
&vBp&not< implique l'atara.xie
tenestre, non
terrestre, ηοη la pacification
pacification politique.
politique.
2. Il est permis de supposer que là
2. Mécène prend le contrepied d'une ten-
ιι. l\'[ecene
fâcheuse a
dance fa.cheuse temoignent les Odes Romaines
déification dont témoignent
à la deification Romαines et les Gιfor­Gbor-
giques (§ ( 5 5). (XXXVI, 2),
5). Plus bas (XXXVI, 2). il attirera fort habilement l'attention du
prince sur les dangers politiques des colleges confréries. -- vue
collèges et des confreries. \'ue de ministre
l'intérieur qui n'a rien d'anachronique.
de l'interieur
3. Il concession a
11 fait une concession désir d'immortalite
à ce desir d'immortalité dans LII, 36, 1. ι. Horace,
cas, n'admet d'immortalite
en tout cas, d'immortalité et d'heroisation
d'héroisation que par les reu\'res,
œuvres, cf. Odes.
cf. Odes,
πι,
III, 2, 2121 sq. et πι, III. 3, 9g sq. Apres
Après les précédents dΉerakles et
precectents d'Héraklès e t de Romulus, il
était impossible a
etait l'époque augusteenne
à l'epoque augustéenne d'extirper
d'extirper totalement cette croyance
vague. Cf. R.
\'ague. cf. R. HEIKZE,
ΗΕΙ"ΙΕ, Die augusteische
αugusteisclIe Kultur, 1933, p.
Teuhner, 1933,
Kultur, Teubner, ρ. 56-57.
W.WILI,
Cf. YV.
4. cf.
4. \VILI, ΗΟΥαΖ
Homz u1m und die αugusteische Cαelestis Sapieslia,
augusteische Kultur :: Caelestis Sαpie12tiα,
p. 291 sq.
ρ. 291 sq.
5 . DC, LII, 36,
5· 36. ι.
I.
6. Cf.
6. Cf. L.
L. CERFAUX
CERPAUX et J.
J. TONDRIAU,
TONDRIAU, U12 concurrent du Clιristiα12isme,
U1z C012curre12t Christianisme, le culte
des souverains dans dαns la lα civilisation grbco-romaine, Bibliotheque
civilisαtion grιfco-romαine, Bibliothèque de Theologie,
Théologie,
serie ΠΙ, vol.
série III, 1957, chapitre ΙΚ,
Desclée, 1957,
j, Paris, DescIee,
\'01. 5, p. 313
IX, ρ. sq. :: la recapitulation
313 sq. récapitulation
des pages 314-320. Ibid., Ibid., ρ.p. 321
321 :: souci
souci d'e\'iter
d'éviter l'idolatrie
l'idolâtrie orientale.
orientale.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE gI
1nea 1 . Ce n'est pas qu'Auguste ne croie
vnea 11/e
me ad caeleste11/
caelestelrz gloriam efferet efferetl.
pas, comme bon nombre de
pas, comme de ses
ses contemporains,
contemporains, 11à une certaine héroïsa- herοϊsa­
tion par 1e le merite,
mente, mais elle eile se
se situe dans 1'avenir,l'avenir, dans 1a posterite.
la postérité.
Caelestis semb1e
Caelestis semble faire Ccho au mot ίσοθέους
faire echo iaoOÉou~dans 1a Mecene2 •
la suasoire de MCcène2.
Ce
Ce demier
dernier revele
révèle dans
dans 1e le meme
même chapitre une foi foi positive qui se présente
presente
comme 1a
comme la contrepartie
contrepartie de de son scepticisme et de son conformisme
re1igieux
religieux :: 11à 1'immorta1ite
l'immortalité impossib1e,
impossible, aux statues d'or dΌr et d'argent,
aux
aux enc10s
enclos sacres
sacrésa,3 , i1 oppose 1a seu1e vraie survie, 1a survie
il oppose la seule la dans 1ala
memoire
mémoire et et dans
dans 1a la reconnaissance des des hommes.
hommes. Les grands hommes
ont
ont pour
pour temp1es
temples 1es les cites
cités vivantes, pour statues 1e le creur
cœur des morte1s
mortels
(πάντες 6È &νθρωποι
( x & v ~ s s1>1: Üv8pono~&Υάλμοιτοι).
bycihyara). Entendons par 111 là que 1e le conseiller
promet au au prince une memoire mCmoire ηοη non ecrite
écrite et immaterielle
immatérielle ;; il ί1 refuse
1es
les commemorations
commémorations couteuses coûteuses de de 1'iconographie
l'iconographie et de 1'epigraphie,
l'épigraphie,
1es
les tituli graves
gravCs dans dans 1e le marbre par 1es les peup1es,
peuples, 1es les 10uanges officielles,
louanges officielles,
qu'Horace
qu'Horace annoncera pourtant dans dans 1Όdel'ode IV, Ι44, q4, -- postérieure
posterieure aux
honneurs
honneurs de de 27.
Et
E t pourtant cette ode ode d'Horace maintient 1e le rayonnement de 1a la
vertu »11 dans
«((vertu dans 1es les 1imites
limites de de 1a
la terre habitee
habitCe5, comme 1e
5 , --comme le fait 1ele discours
de
de Mecene.
Mécène.
L'idCe d'une survie par la memoire,
L'idee mémoire, -- mise 11à part une certaine
mefiance
méfiance 11à 1'egard
l'égard des des fetes
fêtes - -,, vient indeniab1ement
indéniablement d'une formation
epicurienne.
Cpicurienne. Nous l'avons νυ
Nous 1'avons vu plus haut.
haut. Mecene
Mécène se contente de trans-
poser en
poser en eschato1ogie
eschatologie politique une religion individuelle dont 1e le Pere
Père
Festugière aa sou1igne
Festugiere souligné 1'importance
l'importance pour une conscience epicurienne. épicurienne.
Le texte
Le texte de de Dion Cassius invite 11à un rapprochement qui n'a peut-
Dion Cassius
être pas
etre pas ete
6tC tente.
tentb. 11Il s'agit
s'agit d'un discours
discours de Tibère chez Tacite (Α
de TiMre (Annales,
nnales,
IV, 38), ου
IV, 38), où 1'empereur
l'empereur deve10ppe
développe une recusatio
recusatio tortueuse p0ur pour ecarter
Ccarter
les hommages
1es hommages ido1atres idolâtres proposes
proposés par les les Espagnols6.
Espagnolse. Apres Après avoir
accepté 1a
accepte la veneration
vénération des des villes
villes d'Asie,
d'Asie, Tibere
Tibère se se ressaisit ;; ί1il invoque
l'autorité d'
1'aut0rite d'Auguste
Auguste et et definit
définit 1'acceptation
l'acceptation de de 1'ido1atrie
l'idolâtrie comme
comme un
trait d'hybris ::...
trait d'hybris ...per
$er ol1lnis
onznis prouinciαs
prouincias ejjigie
e&ie numinum sacrαri sacrari ambi-
tiosum, sltperbum.
tiosullt, sztperbum. Mecene Mécène 1'avait déjà dit 11à Auguste
l'avait deja Auguste7. 7 plus, 1e
. Bien p1us, le
Tibère de
Tibere de Tacite
Tacite dit dit sa sa ίοί
foi dans
dans la survie par 1a la memoire
mémoire : ... ... et uos
ι.
1. Suetone, Aug., LXXI,
Suétone, Aug., 5.
L X S I , 5.
2.
2. LII, 35,5
LII, 35, 5 :: Plntarque,
Plutarque. Cont. Cont. Ερ.
E p . beαt.,
beat., 1091
1091 b,b, montre queque les
les epjcurjens
épicuriens
se pre"alaient
se prévalaient entreentre eux
eux de de cette
cette "N quasi-di"inite
quasi-divinité "i, (m~me
(meme terme).
terme).
3. LII,
3· LII. 35, 5.
e t 5·
35. 33 et
Odes, IV,
4 . Odes,
4. IV, 14,
14,44 ::lele mysticjsme
mysticisme poHtique
politique ne s'assortit plus guereguère de nuances
dans le livre
dans le lίνre IV. IV.
5. De
5. De lala premiere
première stropIle (Quae curα
strophe (Quαe cura pαtrum
patrum ...... Auguste, uirt"tes
uirtutes in aeuum /Ι
i n αeuum
per tit"los
per nzemoresguelαst"s
titulos rnemoresque fastus Ι1 αeternet,
aeternet, οO quα
qua 50Ι
sol /Iαbitαbili5
liabitabilis ...) aux trois derrueres
derniéres
strophes, qui
strophes, qui definissent
définissent I'aire
l'aire geograplllque
géographique de de la grandeur augusteenne
augustéenne par les
limites du
lίmίtes du monde
monde connu,
connu, la la perspecti"e
perspective demeure
demeure la meme.même.
Opposition etudiee
6. Opposition
6. Btudiée par \'V. W. \'Varde
Warde FO\\'LER,
FOWLER, Roman Ideαs
Romαn Ideas ΟΙ
of Deity, Lon-
don, 1914,
don, 1gÏ4, ρ. 87-88.
p. 87-88.
7. Le
7. Le theme
théme de de Ι'l'hybris domine toute
hybris domine toute Ia première partie du chapitre 35
La premiere
(§ 1-3)
(§ 1-3) etet forme
forme transition
transition entreentre Ia dignité teπestre
la dignite terrestre et les honneurs di"jns.
divins.
MECENE

tesbr et meminisse posteros uolo,o


testor uolo; qui satis sufierque
superque memoriae meae
tribuent, ut maioribus meis dignum,
tribuent, dignum, rerum
rerum uestrarum
uestrarum prouidum
prouidum... ... cre-
dant. Il ajoute :: Haec mihi in
dant. i n animis uestris tempLa,
templa, haehue pulcherrimae
puLcherrimae
efigies et mansurae.
effigies mansurae.
De deux choses l'une : ou ου bien cette demiere
dernière phrase, qui rappelle
Mécène chez Dion Cassius,
celle de Mecene ΧΧΧΥ, 3 et 51,
Cassius, XXXV, sl,a ete
été copiee
copiée par
Dion chez Tacite, ou ου bien elle ne doit rien aux Annales. Des travaux
précis montre que les livres XLI a
precis ont montrC à L LVIIνπ du contemporain des
Sévères ont pour source principale Tite-Live
Severes Tite-Live2, complété par les
2 , complete

MCmoires de Bfécène
Memoires dΆgrίΡΡa. Dion n'a pas demarque
Mecene ou d'Agrippa. démarqué Tacite Tacites,S,

d'autant moins que, dans le livre L


d'autant νπ, 9,
LVII, g, ίΙil paraît
paralt ignorer les raisons
philosophiques qui dictent a Tibère son refus. Il y
à Tibere Υ a donc eu υη un rapport
entre la pensée
pensee de Mécène celie de Tibere.
Mecene et celle Tibère.
Οη ne se contentera pas de dire que l'empereur
On l'empereur a suivi la tradition
établie sur ce chapitre par Auguste. 11
de mesure etablie Il a ete
étC influence
influencé par
les préceptes
preceptes de Mécène,
Mecene, parce qu'il epousait
épousait secretement
secrètement ses justifi-
cations. Auguste avait du dû consigner les avis et les arguments de Mecene Bfécène
dans les commentarii principales.
Ainsi dans le domaine religieux, Mecene Mécène se montre nuance nuancé et souple.
souple.
conformisme purement politique dans XXXV-XXXVI trace la
Son conformisme
mince ligne de demarcation
démarcation entre la tradition et l'iI1Jlovation l'irmovation : la
mantique, honnie des epicuriens,
épicuriens, est admise, alors que la magie se
voit frappee
frappCe d'un interdit
interdit4.
4 • Horace et Properce ont montre montré les mefaits
méfaits
et la fureur de la magie a même epoque
à la meme époques. 5 • C'est au nom de ΙΌrdre et
l'ordre
par crainte des exces excès que Mécène
Mecene juge du problème,
probleme, en « ministre de
l'intérieur ».
l'interieur Il peut meme,
1). 11 même, au nom de la politique, admettre une divi-
nation dont il doute dans son for ίοι interieur
intérieur (οη
(on a νυ vu avec quelle
quelie angoisse
il essaie de dechiffrer
ίΙ essaie l'énigme de la Fortuna).
déchiffrer l'enigme Cicéron, dans le De
Fortuna). Ciceron,
Diuinatione, 1 Ι,, Iι sq.,
sq., pouvait cautionner, au nom de l'acadernisme, l'académisme,
compromis hypocrite entre le scepticisme de la théologie
ce comprornis theologie ««naturelle
naturelle »)I
fidéisme de la theologie
et le fideisme théologie «« civile».
civile ». Varron a bien montre montré a à l'epoque
l'époque
le divorce entre la politique religieuse
religieuse et la conviction intime intimes.6•

MCcène,
Mecene, blasC
blase et lucide, a retenu de l'epicurisme1'Cpicurisme une prudence
ι. Emploi des mots ~
I. εΙκόνσις &:Υάλμσιτσι :: idee
i x 6 v qet dry4hgara idde des statues &v... ... τσιίς JNxai:.
Qv rai5 Φuχσιτς.
idée, admise par
2. Cette idee. M. A.
paI Μ. Α. LEVI,
LEVI,11 te?vzpo di Augzrsto
Il te",po Α ug"sto (Appendici,
(Appendici, 6. 6 . Dione
Dio7!e
Cαssio, fonte pev
Carsio. Ι'Βια aug"stea,
pey l'etd augwstea. ρ. p. 415-434, notamment p. ρ. 421-422).
421-422). n'est
n'est pas
remise en cause par la discussion
paI Ia MILLAR, ορ.
discussion de F. MILLAR, op. cit.• ρ. 84.
cit., p. 84.
5πι Ia
3. Sur cοπeSΡοηdaηce qui nous interesse,
la correspondance intéresse, οη on admettra difficilement
dificilement avec
FABIA.Les Sources
Ph. FABIA, Tacite. ρ.
Souyces de Tacite, o . 390
?oo sq sa.. aue Dion depende
.. que d d ~ e n d ede Tacite.
Α molns que
A moins q"e son silence sur Ies
les arguments
arg&Ûen<gde LVIÎ. 9.
Tibè;e, dans LVII.
de Tibere, g, ne s'explique
par Ie
paI le developpement
développement donne
donné à iι. I'argumentation
l'argumentation religieuse L1I. 35,
religieiiçe dans LII, C.Q.F.D.
~ jC.Q.F.D.
,
4. U

nr-
DC,
7 . 7
b , LII,
LI1 .35. 3·
-- -
5. Horace,
5. $OC&.
ΠΙ et surtout V ;; Id. Sat.,
Horace, Epodes, 111 Sut., Ι,
1, 8,
8, 15 Cf. aussi Properce,
15 sq. cf.
II, 28 B
Π, (ίΙ y
Β (il Υ a des relents de magie dans le rdcit ηπίΙ des Esquilies,
folle nuit
recit de la foIle Esqui1ίes,
IV
- ,8)
IV,8). ,
6. thkologie mythique.
6. La distinction entre tMologie mythique, thdologie
tMologie naturelle et thdologie
tMologie
νaποη est exposee
civile selon Varron
civile exposée et
e t discutee
discutde par saint Augustin, CD, νι,
Augustin, CD, VI, 5 sq.
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 93
intellectuelle qui lui interdit de diviniser le pouvoir. La raison n'a n'a pas
aà capituler devant des mythes qui ne sont même meme pas efficaces. Mais il
savait l'efficacite
l'efficacité de la divination pour la conduite des âmes1,
ames 1, et cette
tradition romaine de gouvernement venait renforcer en lui le conser-
vatisme religieux dΌrίgίne
d'origine epicurienne.
épicurienne. Dans ses avertissements
comme
comme dansdans ses
ses preceptes
préceptes positifs, le conseiller se rkvhle
revele un mainte-
neur du paganisme traditionnel, contre les tentations conjuguées
conjuguees de
l'idolatrie
l'idolâtrie monarchique'
monarchique2 et de la superstition populaire. Était-il
Etait-il seule-
ment dans
dans le domaine religieux l'homme de laprudence,
la prudence, un indifférent
indifferent
attaché a
attacM à la religion civique, ferme
fermé au sacre, a ses mystères
sacré, à mysteres et à a ses
joies?
joies ? Son
Son rationa:lisme,
rationalisme, critique aux innovations, se confondait-il
vraiment avec un relativisme humain, ou bien le relativisme humain
qu'il affiche
affiche dans
dans la harangue, teinte evhemerisme 19,
teinté d' « evhémérisme renforce
»3, renforcé
par le
le dogme
dogme epicurien
épicurien de l'inaction divine, n'était-il
n'etait-il pas la prudence
lucide
lucide du politique devant les « inexpiables superstitions ))4 »4 ?? Une pru-
dence
dence qu'Horace a approuvee
approuvée6,O, que des le chant 1Ι
delaissee dès
Virgile a délaisske
des Georgiques·,
des Géorgiques=, et qui laisse
laisse intact le problème
probleme de la religiosité
religiosite de
Mecene.
MCcène.

CONCLUSION

Mécène, vue de i'extbrieur,


L'action politique de Mecene, l'exterieur, a quelque chose
d'insolite, d'excentrique meme.
d'insolite, même. Il est possible de grossir démesuré-
demesure-
d'opposer la souveraine dCsinvolture
ment les contrastes, dΌΡΡοser desinvolture des attitudes
indéniable des resultats.
et la grandeur indeniable résultats. On
Οη éprouverait
eprouverait la tentation
de considerer
de même a
considérer le ministre, meme YCpoque de sa toute-puissance,
à l'epoque toute-puissance, même
meme
des negociations
lors des négociations de Brindes, meme
même au moment d'Actium,
d' Actium, comme
un dilettante de la politique :: comme un amateur de géniegenie qui se joue
joue
1. νοir
1. Voir les remarques de PoIybe,
les Polybe, VI, 56. 8 et X,
νι, 56, Χ, 2,
2, 5 sq.
2. Une
2. défiance critique s'impose en face des poèmes
defiance poemes où ου Horace semble
diviniser Auguste vivant. Οη On decouνrira
découvrira que souvent Horace emploie le voca-
religieux comme
bulaire re!igieux comme langage de l'entbousiasme,
l'enthousiasme, et qu'il
qu'il préfére
pretere faire descen-
dre le
dre le divin sur teπe,
terre, dans le coour
cœur des princes, plut8t
ρΙutδt que de diviniser i'humain.
l'humain.
3. Sur
3. Sur l'explication
l'ex lication humaine et rationaliste de la divinitb divinite par Évhbmère
EvhE!mere de
Messine (la Ιερα
Messine (la P
l ~ p u<xναyρα'P~), cf. I'article
âvuypapfi), cf. l'article de la Real-Encyclopadie,
Real-Encyclopiidie, VI,νι, I1 IΙ,, Evemeros
Messene, coI.
von Messene, col. 964-972.
964-972.
4. Formule de
4. de Ciceron
Cicéron s'opposant, dans PIIil., Plizl., 1,
ι, 6, 13, àa la divinisation de
César.
Cesar.
5. \V. "Varde
5. VV. \Varde FOWLER,
FOWLER, op. laud.,
ορ. laud.. ρ.
p. 126,
126, a tenté
tente de minimiser les entreprises
eηtreΡήses
de deification
de déification dΉοrace,
d'Horace, comme
comme ΙΌde 1, 2,
l'ode ι, 2, 45, en soulignant le rituel
ήtueΙ de I'admi-
l'adnli-
ration. Οη
ration. On reconnaitra
recounaitra que le praesens diuus diuus iIabebit"T
habebatztr Augustus
A"gustus de l'ode ΙΌde III,
πι, 5
n'est guere
guère qu'une formule
formule :: ίΙ
il s'agit
s'agit d'une participation
participation au divin
diνin eett de promesses
futures, -- comme dans
futures, dans ΙΌde III, 3, 11.
l'ode πι, II. Mbcéne
Mecene exclut mêmememe les promesses
d'apothbose !iees
d'apothE!ose libes a Cassius, LII,,
à la vertu :: chez Dion Cassius, LII, 35, 5, il établit
etah!it une distinc-
tion indepassable
Ώοη indépassable entre la «u diνinite
divinité »u et la «u quasi-divinite
quasi-divinité n.».
6. Georgiques,
6. Gkmgiques, ι, 1, 503-504.
94 MECENE

des
des intrigues et des dif!icultes,
difficultés, de la manière
rnaniere dont il se joue des tradi-
tions νestirnentaires,
vestimentaires, des serνitudes
servitudes du style ou des règles ΙΌrthο­
regles de l'ortho-
culinaire. Mais il ne faut pas se laisser prendre àa cette comédie
doxie culinaire. cornedie
des
des apparences. Que Mecene Mécène donne l'irnpression
l'impression de jouer jouer la comédie
cornedie
est le signe
signe d'une personnalite
personnalit6 politique complexe. cornplexe.
Chez
Chez le rninistre,
ministre, les levons
leçons d'abstention prodiguCes
prodiguees par le Jardin,]ardin,
rappelées aνec
et rappelees avec tact par Horace, contrecarrent l'appel atavique ataνique de
la gloire
gloire qui retentit episodiquernent
épisodiquement aux oreilles du petit-neveu petit-neνeu des
Cilnίi.
Cilnii. Mais n'implique ηί
Mais cela n'irnplique ni drarne
drame ni ηί déchirement
dechirernent :: à a cause des
caracteres
caractères specifiques
spécifiques de l'epicurisrne
l'épicurisme romain ;; à a cause de la distance
que
que Mecene prétendu mettre entre l'art
Mécène a pretendu viνre et la doctrine
l'art de vivre
rnorale.
morale. Le conflit est ailleurs. 11 Il oppose,
oppose, en un débat debat permanent,
perrnanent, une
tete
tête politique et un ternperarnent
tempCrament epris Cpris de liberté.
liberte.
C'est surtout dans la pensee pensée politique romaine, dans l'idCologie l'ideologie
ίmΡeήale,
impkriale, que Mecene
MCcène a laisse laissé une ernpreinte
empreinte durable. Il 11 a discerne
que l'epoque
que l'époque et l'etendue
l'étendue de l'imperium
l'im$erium rendaient la monarchiernonarchie inéluc-
ineluc-
table. υη
table. Un Galba, un Seneque,
Sénèque, un Tacite ne penseront pas différemment. differemment.
Or il a voulu une rnonarchie
monarchie ternperee, hurnaine, respectCe
tempérée, humaine, respectee et «« popu-
laire ».1). Νοη
Non qu'il eut
eût des tendances dernocratiques.
démocratiques. Un grand seigneur
qui
qui se commet parfois, aνec
se comrnet avec des parasites, en des lieux douteux ou
chez
chez des
des Arnphitryons
Amphitryons peu reluisants, n'est n'est pas forcément
forcernent proche du
peuple. Ce Ce prince qui s'encanaille a ΙΌccasiοn ne déteste
à l'occasion deteste pas qu'on
lui rappelle son armorial.
lui armorial. La seule république
republique dont MCcène Mecene ait reconnu
valeur, c'est la Republique
la νaleur, RCpublique des Lettres. Peu démocrate dernocrate d'instinct,
le compagnon dΌctaνe
le cornpagnon d'octave saνait rnonarchie dangereuse, menacCe
savait la monarchie rnenacee
d'effondrement ou de subνersion
d'effondrernent subversion :: elle exigeait la caution du peuple,
un halo de vertu. Le policier du principat naissant a com-
de justice et de νertu. corn-
que la police n'etait
pris que n'était pas une fin Ιίη en elle-même,
elle-rnerne, que sans édificeedifice
politique elleelle derneurait
demeurait illusoire.
illusoire. 11 consei1le Aa Auguste de culti-
Il a donc conseillé
ver l'ideal
νer l'idéal platonicien du roi juste, d'adhérer d'adMrer par nCcessitC
necessite politique
aà la νertu,
vertu, de rernplacer
remplacer l'illegalite
l'illégalité rCvolutionnaire
revolutionnaire par une autorite
aà base de de consensus.
consensus. Auguste n'a pu passer, aux yeux des observateurs obserνateurs
avertis, pour un ((n ruse
avertis, rusé tyran » que parce qu'il avait eu la chance de
trouver son Machiaνel.
trouνer Machiavel. Peu irnporte importe que les projets précis precis dont le
discours de Dion Cassius
discours Cassius lui attribue la paternité paternite soient en partie
anachroniques. Mecene
anachroniques. Rfécène a eu l'idee l'idée de l'Empire
ΙΈrnΡire et la claire conscience
des
des techniques de A
gouvernernent. Α cδte de l'art
gouvernement. côté d'adrninistrer, il a
l'art d'administrer,
decouvert un art de la propagande. Le ministre rninistre a compris
cοrnΡήs qu'un
qu'un pou-
voir fort et centralise
νoir impliquait, pour exCcuter
centralisé irnpliquait, executer ses dCcisions,
decisions, des
administratifs solides
organes adrninistratifs solides et pourνus
pourvus d'initiative.
d'jnitiatiνe. Il11 a crée
cree à a Rome
Rorne
l'idCe rnerne
l'idee même d'adrninistration;
d'administration ; Auguste l'appliquera l'appliquera par étapes etapes en
préfectures et les grands services
instituant les prefectures serνices municipaux
rnunicipaux;; Claude,
avant les les refoπnes sCvCriennes, continuera cette œuvre.
réformes severiennes, ceuνre.
Né chevalier et ner
Ne fier de l'etre,
l'être, Mecene
Mécène a éveillé
eveille l'ordre
ΙΌrdre Cquestre
equestre à a la
ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE 95
admΪJύstrative. E
vocation administrative. Εη n contrepartie, il contribué a
ίΙ a contribue séparer le
à separer
pouvoir administratif du pouvoir politique consacré la decadence
politique;; consacre décadence
l'auctorilas du prince,
du cursus honorum qui, entre l'auctoritas prince, permanente, et la
potentia de ses mandataires, deviendra de plus en plus une carriere
potentia carrière
honorifique. Τheοήcίeη d'un pouvoir a
honorifique. Théoricien à base de consensus, Mécène a
consensus, Mecene
compris l'importance du maniement des ames. âmes. A Α y Υ regarder de plus
près, ίΙ approfondit l'ideal
pres, il l'idéal républicain rectores, cet art de pénétrer
republicain des rectores, penetrer
mentalité des foules pour mieux
la mentalite diήger que Tacite (Annales,
rnieux les diriger (Annαles, IV,
2) place au centre de la politique républicaine
33, 2) republicaine : il est une rMto- rhéto-
rique de gouvernement qui dispense les chefs de recourir a à la violence
et aà la terreur. Profondément
Profondement sceptique sur les vertus des masses,
tente par une sorte de despotisme eclaire Cclairé avant la lettre, Mecene Mécène
croyait a psychagogie politique. Οη
k la psychagogie On verra qu'il a favorise
favorisé le lyrisme
politique plutôt littérature morale. Par un
plutot que la litterature υη reste de liberalisme,
libCraiisme,
intéressC, il se mCfiait
que d'aucuns diront interesse, mefiait de l'ordre moral ;; par un
reste de morgue princière,
princiere, il ίΙ se detournait
dCtournait du cesarisme dCmagogique ;;
césarisme demagogique
par un reste de rationalisme epicurien,épicurien, ilίΙ apprehendait
appréhendait le messianisme
et la thaumaturgie politique.
Οη
On comprend rnieux mieux dans ces conditions que Mecene MCcène n'ait pas vouluνουlυ
entrer dans la lice,lice, s'inserer
s'insérer dans le systeme
système qu'il contribué a
qu'ίl avait contribue à
creer.
créer. Car ilίΙ saisissait a à la fois
fois la fatalite
fatalité historique du cesarisme
césarisme et les
attachaient. Il ne desirait
tentations absolutistes qui s'y attachaient. désirait surtout pas
descendre des hauteurs de la speculation
spCculation politique pour se commettre,
foule des homines noui, dans la «(t cite
avec la foule citC fangeuse
fangeuse de Romulus J>. n.
Il préfCrait,
preferait, dans les coulisses du pouvoir, ρουνοίτ, un υη role
rôle d'orientation et de
conseil, qui restait, a
conseil, A tout bien peser, une forme forme individuelle de devo- dévo-
tion aà Auguste et a gloire. TMoricien
à sa gloire. ThCoricien d'une potelztia
potentia sans potestas,
partisan d'un imperium occulte, il se savait en avance sur son temps.
Il discernait fort bien la comediecomédie republicaine
républicaine sous l'epopee ρήη­
1'CpopCe du prin-
cipat. Il ne tenait pas a à porter un masque officiel,officiel, -- ce qu'on appelle
aà Rome gerere +ersonam ciuitαtis -
personam ciuitatis -, , pour
ρουτ se dire au soir de sa vie,
comme Auguste, qu'il avait bien joué joue la farce.
Il serait faux de croire que MCcène reΊUse le ρουνοίΥ
Mecene a refusé pouvoir par sirnple
simple
egoisme.
égoisme. Il rêvait
revait du pouvoir occulte des confidents et des favoris favoris :: il
en a joui sans exces,
excès, sans excessive
excessive delectation.
délectation. Il est vrai que sa concep-
tion du pouvoir
ρουνοίτ a Cté Ηε battue en brèche breche a fois par les partisans du
à la fois
formalisme republicain et par les tenants de la continuite
formalisme républicain continuité monarchique,
obnubiles
obnubilés par le probl6me
probleme successoral.
successoral. Meme
Même si la pretendue
prétendue disgrilce
disgrâce
de 23 est unυη mythe, comme nous l'avons etabli, établi, Mecene
MCcène a senti decroitre
décroître
graduellement une puissance qui ne tenait que par le fil tCnu Μηυ de la
fides. Il a accepte
jdes. accepté sa defaite,
défaite, ou plutôt
plutot l'echec
l'échec de ce qu'il savait par-
faitement etreêtre une gageure :: l'alliance du pouvoir et de la liberte. liberté. Du
meme
même coup, il ίl recouvrait le droit d'etred'être lui-meme,
lui-même, de ne pas inscrire
son nom au fronton des edifices édifices ambitieux, de ne point epouser Cpouser la
96 MECENE

filie de
fille de Cesar. Il preservait
CCsar. Il prbservait surtout
surtout cette
cette forme
forme souveraine
souveraine de
de liberte
libertC
qu'il aa parfois marchandée iιà ses
parfois marchandee ses poetes
poètes :: la
la liberte de l'eSΡήt.
LibertC de l'esprit.
que nous
L'image que nous retiendrons
retiendrons dudu favori
favori «i( dechu
déchu »» n'est pas
pas celle
ceile
d'un homme
d'un homme prostre,
prostré, mais celle d'un eSΡήt
mais celle esprit fort
fort qui
qui associe
associe dans
dans la la
politique lele realisme
réalisme et
et l'humour.
l'humour. C'est
C'est le
le meme
même homme
homme quiqui aa convu
conçu
1'Empire et
ΙΈmΡίre et qui
qui un jour aa propose
propos6 iιà Auguste,
Auguste, sous
sous la
la forme
forme d'und'un
dilemme amuse,
dilemme amus6, de de tuer Agrippa ουou d'en faireson
faire son gendre.
gendre.
CHAPITRE
CHAPITRE III
ΠΙ

Le Mécénat
Mecenat : histoire et légende
legende

La «
« royauté » littéraire
royaute » litteraire de Mécène
Mecene : traditions
traditions antiques et spécula-
speeula-
modemes.
tions modernes.

MCcène ΙΊ~Ρaηοuίssement de la poCsie


Mecene a joue dans l'bpanouissement poesie augustéenne
augusteenne un
rôle
rDle si important que sans lui le « Siècle Siecle d'Auguste
d'Auguste»)) n'aurait
n'aurait pas existé.
existe.
De 38 à a la veille
νeille de sa mort, il ίl a protégé,
protege, frCquentC
frequente familièrement,
familierement,
οήente même
orienté meme les plus grands poètes poetes du temps. Son hCgCmonie
Mgemonie litt6-
litte-
raire est aà ce point absolue qu'il a pu, sinon ternir l'image d'Agrippa
son riνal,
rival, tout au moins l'exclure pratiquement de ce panthbon pantMon poC- poe-
tique que constituent les grandes ceuvres, œuvres, lyriques ou epiques,
Cpiques, de l'ere
l'ère
augusteenne 1 • Une sorte de lien d'allegeance attache a Mecene Virgile,
augustCennel. d'allégeance à MCcène Virgile,
Horace, Properce meme même : si tous ont eprouνe Cprouvé au moins une fois fois la
indépendance, s'ils ont multiplie
tentation d'affirmer leur independance, multiplié les apolo-
gies et les recusations,
récusations, c'est que Mecene littéraire ;;οη
Mécène est une puissance litteraire on
qu'aνec la puissance. On
ne ruse qu'avec Οη se rappellera qu'Auguste, qui desirait
désirait
attirer Horace, aνec
avec l'jntention
l'intention plus ou moins sincere sincère de lui confier
un emploi de « secretaire
secrCtaire ",)i, fit transmettre sa requete
requête par Mecene
MCcène2.2•

ι. silence ου
1. Le silence poetes du temps a
ou la froideur des poètes à l'.ogard dΆgriΡΡa ont .ot.o
l'égard d'Agrippa été
relev.os et analys.os
relevés analysés par F. F: MARX,
MARX,M Μ.. Agri9pa
Agrippa und die ΖeίΙgenόssίsche rόmίsche
reitgen6ssische rcimische
Dicl.tkt4nsI,
Dichtkunst, Rhein. Mus.. iifus.. LXXIV,
LXXIV, 1925,1925. ρ.
p. 174-194.
174-194. Si Si les
les historiens ont tente tenté
(ρ.
(p. 183) d'anoblir le patronyme dΆgrίΡΡa,
183) d'anoblir Manilius (Ι,
d'Agrippa, seul Manilius (1, 797 sq.) aa νουΙυ
797 sq.) voulu
l'irnmortaliser.
l'immortaliser. Nous trouvons ailleurs des malices dΉοrace.
des malices d'Horace. Virgi1e,
Virgile, dans
dans la
prophétie dΆnchise,
prophetie d'Anchise, EnιIide,
Énkide, 756-886,
756-886, ne compte pas Agrippa parmi les les heros
héros
de l'histoire romaine ;; le rappel de son g.onie d'amiral. -- puissamment second.o
génie d'amiral, secondé
par les vents et lesles dieux -,, sur le bouclier d'En.oe (Én.,ΥΙΠ,
d'Énée (En., VIII, 682 682 sq.),
sq.), constitue
une assez mince compensation.
2. La lettre d'
2. Auguste a .ot.o
d'Auguste étudiée par Α.
été .otudiee A. ROSTAGNI,
ROSTAGNI, La «u Vita
Vita "n st<eIoniana
suetoniana
di ΟΥαΖίο
Orazio ne' st40i
suoi elementi e nelle st4e jonti, Scritti
sue fonti, Scritta Minori,
Minori, 11, Romana. Τοήηο,
2 , Romana,
I I , 2, Torino,
1956, ΧΠΙ,
1956, XIII, ρ. p. 277-283.
277-283. Cette circonstance aurait, aurait, selon plusieurs commenta-
teurs, donné naissance a
teurs, donn.o ?L ΙΌde
l'ode ΠΙ,
III, 16.
16. FRJi.NKEL,
FRANKEL, Horace, ρ.
Horace, p. 229,
229, ecarte
écarte l'hypo-
these,
thèse, et
e t le
le caractere
caractère topique du theme thème trait.o
traité (ies
(les angoisses
angoisses de de la ήchesse
richesse et dede
grandeur) semble Ιυί
la grandeur) raison. Εη
lui donner raison. E n revanche,
revanche, il il faut
faut rapprocher les vers 18- 18-
19 d'un fragment celebre
19 célèbre de de M.ocene
Mécène (cf. sufira, ρ.
(cf. st4pra, p. 44).
44).
7
98 MECENE

Le ministre n'a n'a pas seulement joué joue un rD1e


rôle objectif :: detecteur
détecteur de
dédicataire, commanditaire de certaines ceuvres
talents, orienteur, dedicataire, œuvres --
ί1 ne fait pas 1es
il cClCbritBs, mais il excelle a
les celebrites, à 1es
les recuei1lir
recueillir pour 1es
les confir-
mer -- ;; ilί1 a aussi 1aisse
laisse sa trace dans certains poemes poèmes qui ne 1ui lui sont
dédiés ; on
pas dedies; οη decouvre
découvre sa présence occulte dans telle partie d'une
presence occu1te
œuvre commanditee qui ne paraît
ceuvre paralt pas 1e le concerner. Nous avons dece1e décelé
dans 1es Géorgiques tout un commerce
les Georgiques commerce subti1subtil d'allusions qui corres-
pondent a à un dialogue direct entre l\'[ecene MCcène et Horace (rusticite
(rusticité et
« snobisme » )) campagnard - - parénétique amoureuse). Comme οη
parenetique amoureuse). on ne
prete qu'aux riches, οη
prête on a prete
prêté au patron des 1ettres lettres toute sorte de
masques et de travestis οη l'a demasque
travestis11 :: on démasqué sous 1e le Iollas des Bucoliques2,
Bucoliques",
sous 1ele Lynceus de Properce
Properce3, 3
, sous 1ele personnage changeant du dieu
étrusque Vertumne
etrusque Vertumne4. 4 • Le gout heilknistique ρουτ
goût hellenistique pour 1ala mascarade, du jeu
lectisterne parodique, qui certes constitue un des carac-
arcadien au 1ectisterne
tères l'époque, n'exclut
teres de l'epoque, n'exc1ut pas aα priori hypothèses. Εη
priori de telles hypotheses. E n litte-
litté-
rature comme en politique, 1a la $otentia Mécène depasse
potentia de l\'[ecene dépasse sa potestas.
Le rôle
rD1e de l\'[ecene
Mécène n'est simp1e
simple que lorsqu'on adopte 1es les vues tradi-
tionnelles qui font de l\'[eceneMCcène un protecteur ec1aire éclaire et desinteresse,
dCsintCressC,
commanditaire d'un certain nombre d'ceuvres d'œuvres dont οη on dresse 1e
le cata-
logues5 :: 1es
logue les Georgiques
Géorgiques et l'l'Énéide;
Eneide .. les Odes Romaines, que le poete poète
malgré sa récusation
compose ma1gre recusation de 11, II, 12Ι2;; le livre
Livre ινIV des Élégies
Elegies de
Properce, que son obstination rusee rusée a arrachees a à 1eur auteur. Οη
leur auteur. On sou-
lignera aussi le rD1e
1ignera rôle de dedicataire
dédicataire qu'i1 ρουτ presque toute 1a
qu'il joue pour la
production dΉοrace,
d'Horace, Satires, É$odes, Odes, premier livre
Epodes, Odes, Livre des Ép£tres.
Epitres.
Même 1e
l\'[eme le 1ivre ιν des Odes,
livre IV Odes, publié
publie en 13 Ι3 a
à l'instigation de l'empereur,
ne marque pas le crepuscule
crépuscule 1itteraire
litteraire de l\'[ecene
Mécène :: en admettant que
Cercle dΆuguste
le Cerc1e d'Auguste a remplacé
remp1ace 1e le Cerc1e
Cercle de l\'[ecene
MCcènea, G, οη sera contraint
on
d'admettre que cette derniere ceuvre
dernière œuvre d'HoracedΉοrace contient une ode apo-
logétique inspiree
logetique inspirCe par l\'[ecene
Mécène (IV, g)', et une « ce1ebration
(IV, 9)7, célébration poetique
poétique »)I

1.
I. Parmi ces refiets reflets de Mecene,
Mécène, il ίΙ convient de mentionner ['identification
l'identification
Maltinus.....
avec Maltinus ... tunicis demissis (Sat.,
(Sut., Ι,1. 2, proposée par le scoliaste dΉο­
25). proposee
2, 25), d'Ho-
(Scholia in
race (Scholia i n Horatium,
Horatiun" ed.éd. HΗ.. J.
J . BOTSCHUYVER,
BOTSCHUYVER, Dans la satire II,
265). Daus
ρ. 265). 4,
ΙΙ, 4,
οη ne conna1t
on connaît pas le professeur de gastronornie
gastronomie dont Catius
&ius (peut-etre
(peut-être l'epicurien)
i'épicurien)
l'autorité ;; les scoliastes sont muets. II
invoque I'autoritt Il est question abondamment de
Falerne, des produits du Lucrin et de Baïes,
FaIerne, Baϊes. des fruits de Tibur.
Tibur, du i'lS
ius dupIex,
duplex,
maίs est-ce une raison pour conjecturer Mecene
mais Mécène au palais delicat (tenui ratione
saporum)
sapmum) ?
2. cf.
2. L.HERRMANN,
Cf. L. HERRMANN, Les masques εΙ et les visages dans les Bucoliques de α. Virgile,
Virgile,
Letires. 1930,
Paris, Les Belles Lettres. 1930. p. 53-54.
ρ. 53-54.
3· Ibid., ρ.
3. Zbid., p. 55-57·
52-57.
4. R.
4. R. LUCOT,
L u c o ~ ,Vertumne
Vevtumne et Mecene, Pallas,
εΙ Mdcdne, Αηη. Fac. Lettres de Toulouse,
Pailas, Ann.
Ι, 1953,
1, 1953. ρ.p. 66-80. Hypothèse formulee
66-80.Hypothese également par P.
formulée egalement Ρ. GRIMAL,
GRIMAL, Les inIenIions
intentions
α. ..., Latomus,
de Properce .... Latomus, ΧΙ, 1952. p.
X I , 1952, 320-322.
ρ. 320-322.
5. cf.
5. Ch. G.
Cf. Ch. G.STARR,
STARR, Civilization aΜ
Civilization Caesars, ρ.
and the Caesars, p. 172-175.
172-175.
6. A.FOUGNIES,
6. Α. FOUGNIES, Mdcéne-
Mecene - Ministre αΆ d'dugusle,
uguste, Protecteur
Protecteur des Lettres. Bruxelles,
1947,ρ.
1947, 54. Υοίι
p. 54. Voir plus bas la these
thèse soutenue
soutenue par G. 'Villiams.
\Villiams.
7. II
7. s'a~t de la defense
Il s'agit défense de Lollius,
Lollius, ami de Mecene,
Mécène, et probablement comman-
ElJgies d
ditaire des Éldgies α Mhcdne.
Mecene.
LE MECENAT : HISTOI,RE ΕΤ LEGENDE 99
fait pendant iιà la lαudαtio
qui fait laudatio du prince dans III, πι, 14 (lΌde
(l'ode IV, II).ιι). Ce
catalogue indique deja déjà une orientation generalegénérale :: Mecene
Mécène a poussé pousse
poetes vers la grande poCsie.
les grands poètes poesie. Mais le problème
probleme le plus impor-
d'établir dans quel esprit, avec quels procédés
tant est d'etablir Mécène a
procedes Mecene
obtenu ses resultats. Οη se voit invite
résultats. On invité à iι dechiffrer,
déchiffrer, ici encore,
encore, une
énigme :: il faut explorer les idees
enigme idées profondes, voire les arriere-pensees,
arrière-pensees,
les gouts
goûts litteraires,
littéraires, la sensibilite
sensibilité d'un personnage ondoyant et divers.
disparates de la litteratUIe
Aux disparates littérature antique,
antique, dont les témoignagestemoignages se
juxtaposent
juxtaposent sans toujours se completer,compléter, la critique moderne a ajoute ajout6
dilemmes. Le plus important propose sur le protectorat de Mécène
ses dilemmes. Mecene
interprétations contradictoires :: protection liberale
deux interpretations libérale ou mobilisa-
tion de la poésie
poesie ?
dilemme certes n'a rien d'artificiel. Il resulte
Le dilemme résulte de la multiplicite
multiplicitt
des témoignages
temoignages antiques. Les poetes poètes contemporains ont souligne souligné la
protection bienveillante de Mecene, Mécène, avec quelques pointes badines
décochées à
decochees iι l'exigence du patron',
patron1 , et quelques révoltes
revoltes de pure forme, forme,
assur6 le renouvellement de leur talent. Mais dans ce portrait-
qui ont assUIe
type, que de nuances essentielles à Mécène des Satires
iι saisir :: le Mecene Sαtires appa-
raît
rait sous les traits de la "a camaraderie litteraire littéraire ", », celui des Odes, Odes,
contemporain du patron des Georgiques,Géorgiques, est à iι la fois
fois un tuteur et un
dieu tutélaire.
tutelaire. Ces nuances s'estompent dans la postérité immédiate ::
posterite immediate
les poètes flaviens, par interet
poetes ftaviens, intérêt autant que par confort intellectuel,
retiennent l'image d'un MCcène généreux et liberal,
Mecene genereux libCral, dont la munificence
suscite les talents et les chefs-d'ceuvre
chefs-d'œuvre par une sorte d'operation d'opération
magique. Martial a cree crCé le mythe ou la legende
légende de Mecene
Mécènez, 2 , en y Υ amal-
gamant quelques touches discordantes : les allusions a A la luxuria3
luxuriα3 qui
humanisent Mecene, Ι'οπ retrouve à
MCcène, que l'on iι la même époque chez Juvenal
meme epoque Juvénal44
l'idCe de la tutelle bienfaisante. La legende
avec l'idee légende du « Mecenat
Mécénat ", i>, comme

les touches voluptueuses ajoutees ajoutées au portrait, viennent de l'epoque l'époque


néronienne. Le poete
neronienne. poète de la Laus
Lαus Pisonis, qu'on a de bonnes raisons
d'identifier avec le bucolique Calpurnius Siculus Siculus5, dû lancer l'idee
5 , a du l'idée
MCcCnat à
du Mecenat iι une epoque
époque de sterilite
stCrilité litteraire
littéraire qui fait suite aux tyran-
nies de TiMre
Tibère et de Caligula. Seneque
Sénèque de son cote côté cree
crée un υπ portrait

ι. Horace, Épltres,
1. EpiIres, Ι.1, ι,
1, 2-3 et 94 94 sq. ;; 1, Ι, 7 (les
(Les apologues malicieux)
malicieux) ;;
Virgile, Georgiques.
Virgile, ΠΙ. 41
Gdorgiques, III. 4Ι ;; Properce. Π, 1
Properce, II. I et III.
ΠΙ, 9.
g.
Epigr., Ι,
2 . Epigr.,
2. 1, 107 ;; νπ,
VII, 29 ;; νπ, Χ, 73 ;; XI.
VII, 55 ;; X, ΧΙ, 3 ; XII.
ΧΠ, 3.
Epigr., X,
3. Epigr.,
3. Χ, 73,
73. 4 :: encore s'agit-il d'une allusion bien iegere Id. νπ,
légère ! Id. 55,
VII, 55,
12-16.
12-16.
sαtire 1.
4. La satire Ι, 63 sq. egratigne lVIαecenas supinus, caricature
égratigne au passage ~Maecenas caricaturé dans
une des attitudes familieres sodαlicium (cf.
familières au sodalicium (cf. prosirαtus
prostratus in ",οΠό).
i n gramine ntolli).
Evidemment
Évidemment l'exploitation de i'exemplum I'exemplum prouve que la legende l6gende de Mecene
Mécène
cristallis6e a
dissolu est cristallisee (grâce a
à cette date (grace A Seneque
SBnèque !). Ι). Id.
Id. ΧΠ, ... uestem /Ι
XII, 39 :: ...
purpureα,n tenevis quoque Mαecenαiibus
purpuream teneris Maecenatibus αptam ... Mais la satire νπ,
aptam ... VII, 90
go sq.
sq. prend
presque "ir l\'[ecene figurk :: «a qui jouera pour toi le rόΙe
MBcène » au sens figure r61e de l\'[ecene
Mécène... ... ? ».o.
5. R. VERDIÈRE,
Cf. R.
5. cf. VERDIERE, S. Τ. Calpurnii Siculi De laude lαude Pisonis et οΙ BucoHca
Bucolicα... ...,,
colΙ Latomus, vol.
coll. νοΙ XIX.
ΧΙΧ, Bruxelles, 1954, 1954,p.ρ. 27-31.
100 MECENE

caricatural qui, qui, pour reprendre certains elements elegie II


Cléments de l'l'élégie ΙΙ (exent-
(exenz-
pLum
plum molle beati)l, n'en
n'en est pas moins une charge outrancière.
outranciere.
Parallele
Parallèle aà la tradition d'hostilite
d'hostilité morale qui se prolonge chez
JuvCnal, une tradition d'hostilite
Juvenal, d'hostilité culturelle denonce chez Mecene MCcène
l'absence de goût, goiιt, sans que nos sources antiques aient seulement evo- évo-
quC le paradoxe d'un « baroque » impenitent
que impénitent qui inspire les plus grandes
œuvres du classicisme latin. On
ceuvres Οη dira que cette tradition a pris naissance
dans l'entourage d'Auguste.dΆuguste. Le prince, lui-meme
lui-même friand de mots
galimatias2,denonItait
curieux et de galimatias", dénonçait chez Mecene
Mécène l'affectation prCcieuse
precieuse
du vocabulaire et les arabesques folles folles de la syntaxe. Peut-etre
Peut-être ces
griefs,
griefs, dont Avallone a montre recemment l'exageration
montré rCcemment l'exagération3,3 , etaient-ils
étaient-ils
colportCs par les amis d'Agrippa. On
colportes Οη ne sait trop a. à quelle epoque
kpoque se
dΆuguste, et ΙΌη
situent les censures d'Auguste, l'on mesure par la,là, une fois
fois de plus,
le pdril
peril qui menace tout efforteffοι-t pour reconstruire un Mecene
Mécène coMrent
cohérent
et intemporel.
ίntemΡοι-el. Η Il faudra essayer de situer chronologiquement les ten-
tatives litteraires
littéraires de Mécène
Mecene :: aà cause de leurs emprunts aux poètes poHes
protégés,
proteges, aà cause de leur opposition apparente aux principes du clas-
sicisme latin. Des
sicisme De. annees
années de formation aux solitudes de l'Esquilin, ΙΈsquilin,
il Υ y a plusieurs nfécène. E t prCcisCment
Mecene. Et cacozelus4 n'a pas suscite
precisement le cacozelus' suscité
la reprobation SCnèque le Pere
rkprobation de Seneque Père :: il nous revele
révèle plutôt
plutot un Mecene
MCcène
«r( classicisant ", flatteurs ont pu creer
», chez qui quelques fiatteurs créer artificiellement
le goutgoût du plagiat5. Sénèque n'a donc pas trouvé
plagiat 5 • Seneque trouye chez son père pere le
requisitoire
rbquisitoire 1itteraire
littéraire qu'il developpe
dkveloppe complaisamment : son outrance
ressort mieux quand ση on la compare aà la relative modération
moderation de Quin-
ΙΊnstitutiοn Oratoiree
tilien dans l'lmstitution Orαtoire8 ou de Tacite dans le Dialogue Diαlogue des des
Orαteurs 7 • La convergence
Orateurs7. convergence des deux réquisitoires Sénèque fait
requisitoires chez Seneque fait

r . El.
J. Mec., II.
ΕΙ. Mec., Π, 23 2 3 :: commente
commenté plus haut, chapitre premier.
2.
2. Suetone, Aug., LXXXVII,
Suétone, Aug.. LXXXVII. 1-2. r-2.
MecenαIe, p.
j. Mecenale,
j. ρ. 225 sq. NOUS Nous etudions
étudions plus bas Mécène ecήνa.in.
Mecene écrivain.
4.
4 . Suetone, Aug., LXXXVI,
Suétone, Aug., LXXXVI, 3 :: Cacozelos Cαcozelos et
εΙ antiquarios,
αntiquα.ios, ut zct di7,erso
diuerso genere
uitiosos,pα.i
uiliosos, jαstidio spreuit
pari fastidio spreuit...... On
Οη sait par la Fita Yitα Yergili quΆgriΡΡa anima.it
Vergili qu'Agrippa animait
l'entourage dΆuguste
dans I'entourage antivirgilienne νisant
d'Auguste une cabale antivirgiliellne indίrectement
visant indirectement
Mécène centibe sur la cαcozeliα
Mecene et centiee cacozelia ::M. 11ιΙ. Vipsanius
Vipsanius aα Maecenate
Mαecenαte eum (Vergilium)
(Vergilium)
suppositzcm αppellαbαt nouae
suPPOSit""t ap9ellabat nouαe cacozeliae
cαcozeIiαe repertorena, t"midαe nec exilis, sed
repertorel1t, non tumidae
εχ comm"nib"s
ex communibus uerbis αtque ideo
uevbis atque ide0 Iαtentis. l'οη va au fond des choses,
latentis. Si l'on choses, la «s pr6-
pre-
ciosité »de
ciosite n de Virgile est purement syntaxique (vocabu1aire (vocabulaire «u classique ») ; tumidae
0) ; ...
t"midαe ...
exilis visent I'asianisme
exiIis l'asianisme impuissant de Mecene. Mécène.
5· Contr.,, ΙΧ,
5 . Cont•. I X , 3.
3 , 14 S"αs., 1,
J4 ;; Suas.. 1, 12 Π, 20 : ces textes r6vèient
1 2 et II, reveJent les préoccupa-
preoccupa-
tions classicisantes. La suasoire suαsoire ΠΙ, III, 5 montre Fuscns Fuscιιs Arellius attribant 11. %
fifécbne des fragments
Mecene fragments de Virgile. Vίrgile.
6. Ο •. , IX,
Inst. Or.,
6 . 1nst. ΙΧ, 4, Quαedαm uero transgvessiones
4 , 28 :: Quaedam t.αnsgressiones et εΙ longue
Iongαe sunt nimis,
ut su$erioribus diximrfs libris,
superio.ib"s dixim7's Iib.is. elεΙ interim etiam
etiαm compositione uitiosae,
"itiosαe, q q"αe
u a in
i n hoc
ipsum petuntur,
ips"m petunt"., ut exultent atque αtque lasciuiant,
Iαsciuiαnt, quales
quαIes illae
illαe MaecenaWs.
Mαecenαtis. On Οη notera
Quintilίen, sans lier
que Quintilien, lίer le caractere
caractère et le style malgrémalgre I'emploi
l'emploi du ml!me
m&mevoca-
bula.ire (lαsciuiαnt)
bulaire (lasciuiant),, aggrave toutefois les griefs 1itteraires littéraires εηen y Υ decelant
décelant ηη un
mauvais gout volontaίre.
goût volontaire.
Diαl. Or.,
7. Dial.
1. Ο•. , XXVI, Iι :: ... cαlαmist.os Maecenatis,
... calamistras Mαecenαtis, « n affeteries
afféteries enrubannees
enrubannées »1)
(exemple en
(exemple εη passant). -
passant), - a. à rapprocher de myvobrecliis cincinnos, «II frisures par-
my.obrec/Iis cincinnos.
fumées ii (Suetone,
fumees» (Suétone, Aug.,
Aug., LXXXVI, 3). 3).
LE lIIECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 101

apparaître une sorte


apparaitre sorte dede cristallisation de délicate a
de la haine delicate à expliquer.
Les
Les portraits modernes
modemes du patron des
des beaux-arts reposent sur une
assimilation seIective
assirnilation selective desdes temoignages
tkmoignages antiques.
antiques, et s'appliquent sub
specie αeternitαtis
aeternitatis aà des aspects dίfferents.
des aspects voire ati df.s
différents, voire des epoques
époques succes-
succes-
sives de
sives de la personnalite
personnalité culturelle
culturelle de
de Mecene.
Mtcène.
R. Syme
R. Symel1 reprend la solution proposee proposée par Beule BeulC dans
dans son
son essai
essai
Mécène et les poetes
sur Micene poètes2, qui presentait
2 • qui prkentait Mecene
MCcène commecomme le le depositaire
dépositaire
pensées machiaveliques
des pensees machiavCliques de I·empereur.
l'empereur, comme
comme une sorte de chef
poétique. L'auteur de la Rivolution
de claque poetique. Révolution Romαine
Romaine n'Msite
n'hésite pas
aà parler d'un «i( chef de cabinet »)J qui « capture les les poHes
poètes lesles plus pro-
metteurs »>J pour le compte du Principat. Principat. Α. A. Kappelmacher rappelle
les jugements de Dessau et de F. F. Marx qui presentaient
prksentaient la protection
comme une mίssion
des lettres cornme mission de confiance
confiance d'Auguste : «a Als oberster
Polizeichef hatte er dίe die Aufsicht ίiber
über dίe
die Entwicklung des Schrifttums
ίη
in gebundener und ungebundener Rede »3, +, et ίΙil n'Msite
n'hésite pas aà conclure
Mécène « a attire
que Mecene attirC des poHespoètes deja
déjà confirmes
confirmés pour les pousser dans dans
augustéenne » ;; «ii ίΙ
la voie de la politique augusteenne il en a fait pour ainsi dίre dire une
presse officielle
officielle ».r. NatureIJement.
Naturellement, dans cette these thèse de ΙΌrganisatίοη
l'organisation
ορίηίοη --qui est celle
de Ι'l'opinion celle de R.R. Syme
Syme4 Williams5
G. Williams
4 et de G. -les decla-
5 -Ies dCcla-
f rondeuses ou badίnes
rations frondeuses badines des victirnes
victimes sont prises tres très au serieux
sérieux ::
Géorgiqzles, πι.
Giorgiques, III, 41 épode ΧΙV
41 ;; epode XIV ;; Properce, πι. (οη ne s'avise guere
III, 9g (on guère
dCcalage chronologique
du decalage chronologique entre ces temoignages).
témoignages), et l'on ΙΌη insiste sur
les facteurs sociaux qui ont présidé preside au recrutementa.
recrutement 6 • La notion de
clienteIe
clientèle aurait jouéjoue sous une forme forme nouvelJe
nouvelle dans le cas d'Horace dΉοrace et
Virgile7. déceler, pour plusieurs membres mίneurs
Virgile'. On a cru deceler. mineurs du cenacle
cénacle
ι. Op. laud., p.
I . Op.laud., ρ, 460 sq. L'auteur a le meήte mérite de souligner que le protectorat
r6publicaine (ibid.•
littéraire fait partie de la tradition republicaine
Iitteraire ρ. 459).
(ibid., p. 459). Il ΙΙ est rejoint par
L. HERRMANN,
L. HERRMANN. Les Masques εΙ et les Visages ..., ρ.
Visages.... p. 53,
53, qui montre VirgileVirgίle « dès la
N des
paίx de Brindes
paix Βήndes... ... en1816
enrδJe parmi les poètes
poetes du parti dΌctaνe
d'Octave ». IL convient de ne
II. ΙΙ
pas oublier que Properce, avec malice. emploie dans III, ΠΙ, 9, l'expression il;
g, 60 I'expression ί ..
partis
partis tum.
tuαs.
2. Μ. BEUL~. Auguste.
M. BEULÉ, Auguste, sa famille el
safamille εΙ ses a,nis,
amis. Paris,
Paris, 1875,
1875. p.ρ. 259-308.
259-308.
3. Art. ciI.,
3. cit., R-E, col.
col. 218.
218.
SYME,op.
4. R. SYME. ορ. laud.• ρ. 460-461
laud., p. 460-461 :: «a As was fitting,
fitting. the poets iavoured
favoured by
the
tbe govemment proceeded to celebrate in ίη verses thetbe ideals οίof renascent Rome- Rome-
the land.
tbe land, the soldier,
soldier. religion and morality,
morality. tbe the heroic past and the glonous glοήοus
present n. '.
cf. infra.
5. Cf.
6. T.
6. Τ. FRANK,
FRANK, dans Vergil, Vergil, aα biogra
biogra/J/IY.
/&y, Oxford, 1922.
1922, a écrit
ecrit un chapitre
systematique sur le Cercle de Méc
assez systématique $
Mecene (ΧΙΙΙ, p.
ne (XIII, ρ. 139 sq.). Il ΙΙ suit chronolo-
entreΡήse qui prend la forme d'une quete
giquement une entreprise qulόte des talents,
talents. qui fait
interνenir les liens
intervenir lίens d'amitié
d'amitie entre les membres du cénacle cenacle campanien (Virgile, (Virgίle.
vaήus, Plotius, Quintilius Varus).
Varius, Varus) , la recommandation (Horace introduit par
Vaήus) e
Virgile et Varius) ett la s6lection
selection politique (p. (ρ. 143).
143). Complet avec l'entrée dΉο­
I'entree d'Ho-
race (p.(ρ. 144)~
144). le cenacle est présent6
presente comme une a« coterie cοteήe D» destinée
destίnee & a r6genter
regenter
litterature ((1(<< a
la littérature a sort of οί unofficial
unoflίcial commission for ίοι the
tbe regulation of οί literary
Iiterary
standards », p. ρ. 144)
144). Le Cercle aurait eu son programme poétique. poetique, résolument
resolument
(sίlence de la satire 1,
classique (silence Ι, 10 Ga1lus et Properce)
I O sur Gallus Properce) et une mission précise precise :
i'élimination l'a1eχandήnisme (ibid..
l'elimination de i'alexandrinisme ρ. 147).
(ibid., p. 147)·
7. A.Α. KAPPELMACHER,
KAPPELMACHER. ibid., ibid., col. 218.
102 MECENE

MCcène -- Melissus,
de !\1ecene Melissus, Maecenas Licinus -, -, 1esles liens du patronat :
Gardthausen, qui formule
Gardthausen, formule cette idee\idCel, se montre neanmoinsnCanmoins oppose opposC
littkraire, et il
aux tenants du dirigisme litteraire, ίΙ semb1e
semble qu'i1qu'il introduise une
discrimination interessante
intCressante entre la pression et l'influence l'influence2. 2•

A
Α l'oppos6,
1ΌΡΡοse, les thèses
theses qui donnent du rôle rό1e de Mecene
MCcène une interpre-
interprk-
tation libera1e.
1ibCrale. Cette « ecole
Ccole »n aura le mérite d'envisager dans sa riche
merite d'envisager
Cercle de Mecene.
diversite le Cercle MCcène. On Οη sou1ignera,
soulignera, non ηοη plus la coordination
qui impose aux poètes poetes l'harmonie, mais le respect des diversites diversith de
nature. «« Chacun Υ y gardait sa liberte, écrit A.
liberth, ecrit Fougnies3 , et nous y
Α. Fougniesa, Υ
retrouvons des hommes reprCsentant
representant les tendances politiques po1itiques 1es les plus
p1us
rCpublicain Horace jusqu'à
diverses, depuis l'ancien republicain jusqu'iι Varius, octavien
de 1a
la première
premiere heure. Les opinions litteraires 1ittCraires n'y 6taient pas moins
η'Υ etaient
divergentes, avec le classicisme d'Horace
divergentes, dΉοrace qui suit les grands modèles modeles
grecs, l'a1exandrinisme
grecs, l'alexandrinisme de Properce et de Mecene MCcène 1ui-meme,
lui-même, l'eclec-
l'Cclec-
Virgi1e. La seule tendance commune que ΙΌη
tisme de Virgile. l'on puisse distinguet
distinguer
chez les divers membres de ce groupe, c'est... c'est ... un certain enthousiasme
pour le rCgime
regime instaure
instaurk par Auguste avec l'appui incessant de Mecene MCcène ::
ce serait toutefois une erreur d'imaginer d'imaginer que cette attitude ait ete CtC
imposCe ».
imposee )i. Μ.
M. Boyance
BoyancC a rCcemment dCveloppC le même
recemment developpe meme point de vue4. vue4 •
Il se retrouve aussi chez M.
11 Μ. Α. Leνi, qui parle pour 1es
A. Levi, les GeQrgiques
Géorgiques
d'un simple encouragement,
encouragement, conteste que Mécène Mecene ait voulu faire
dΉοrace
d'Horace un poète poete de cour et parle d'une sorte d'harmonie pr66tablie preetab1ie
entre Horace et «« la pensCe gouvernaient l'Etat
pensee et les aspirations qui gouvemaient l'État »5.
Chaque thesethèse a raison dans 1e le domaine des faits faits qu'el1e
qu'elle rassemble
sphère chronologique.
et dans sa sph€re chronologique. 11 11 pourrait etre être tentant, devant une
telle comp1exite,
tel1e complexitC, de faire un bilan analytique des interventions de
MCcène littkrature, en marquant a
Mecene dans la litterature, à chaque fois fois la part even-Cven-
tuelle dΆuguste,
tuelie d'Auguste, et l'efficacite
l'efficacité du magistère littéraire. On
magistere 1itteraire. Οη suivrait
l'action du Mecenat
l'action Mécénat dans les rapports bilatCrauxbilateraux de Mecene MCcène et de ses
poètes, interférences mu1tiples
poetes, et dans les interferences multiples que sa personnalit6
personna:lite a pu
crCer entre des talents
creer ta1ents aussi divers. Bien des e1ementsé1Cments se recouperaient :
tel deboire
dCboire exp1iquerait
expliquerait par compensation telle tel1e insistance dans tel1e telle
conjoncture, inversement les succes s u c c ~ senregistres
enregistr6s ec1aireraient
Cclaireraient 1e le reH\.-
relâ-
chement du « dirigisme ». Mais une tel1e telle construction suppose une
connaissance des principes generaux gCnCraux qui ont dicte dictC à iι MCcène
Mecene sa poli- ροιi­
tique 1itteraire
litthaire :: sa philosophie
phi1osophie esthetique.
esthCtique. Cette dernieredernière resu1te
rCsulte d'un
facteurs divers :: tempkrament,
ensemble de facteurs formation, idees
temperament, formation, idées politiques.
Les faits et 1a la chronologie
chronologie 1itteraires
litthraires ne sont pas si nets qu'ils per-
d'Ctablir une doctrine coMrente
mettent d'etab1ir cohCrente et d'en montrer l'application

Ι. ορ.
1. Op. lIaud., ρ. 778-779.
a d , p. 778-779.
2..
2 Ibid..
Ibid., D.
.
ρ. 780-781.
A
780-781.
, ,
3. ορ. lazdd., p.
Op. lat<d., ρ. 43-44.
43-44·
P. BOYANCÉ,
4. Ρ. PoYIyait de Mdcène,
ΒΟΥΑΝcέ, Povtïait Mecene, ρ.p. 343-344.
5. M. Α. LEVI,
Μ. A. LEVI, II p. 205.
At<gt<sto, ρ.
d i Augusto,
Il tempo di
LE MtCtNAT : HISTOIRE ΕΤ LtGENDE 103

dans le detail événements. Οη


détail des evenements. On peut connaitre
connaître les idees
idées generales
générales
du sodalicium
sodαlicium epicurien
épicurien sur la poésie1,
poesiel, les comparer aà la doctrine litte- litté-
dΆuguste2 et cerner dans les Georgiques,
raire d'Auguste2 Géorgiques, compte tenu des invites inνites
rapportées et des promesses formulees',
rapportees formuléess, des zones de poésiepoesie épicurienne
eΡίcuήeηηe
et des zones de poésie apologétique, ou didactique. Mais si ΙΌη
poesie apologetique, l'on peut
établir des coincidences
etablir coïncidences entre Actium et la veine epique épique d'un poèmepoeme
agricole, entre le chant de la rusticitas
primitivement agήcοle, l'idéal du
rusticitαs et l'ideal
principat, on οη ne peut resoudre
résoudre des enigrnes mateήeΙΙes qui obscur-
énigmes matérielles
cissent les rapports entre les poètes poetes et le pouvoir. On Οη comprendrait
mieux le contenu politique des Georgiques Géorgiques si l'onΙΌη connaissait le pre-
état du chant lν
mier etat IV4.
4
• Comportait-il des Laudes Galli differentes
Lαudes Gαlli différentes
évocations de l'Egypte,
des evocations l'Égypte, OU où ΙΌη
l'on voit parfois un hommage indirect
au premier gouverneur de la nouveiie province ? S'il y
nouvelle proνince Υ avait un eloge
éloge
Gallus, il
de Gallus, ίΙ pouvait constituer une insertion, ou une substitution,
par rapport aà l'etat
l'état actuel du texte. En Εη admettant que cette lαudαtio laudatio
occupé toute la seconde
ait occupe seconde partie du chant IV, lν, quel etait
était son contenu ?
Eloge legαtus, ou eloge
Éloge du Zegatus, ροεια nouus ?.;) Selon les speculations
éloge du poeta spCculations sur
le contenu, on οη apportera une réponse différente au problème
reponse differente probleme des cri-
tε~res du dirigisme litteraire.
tères littéraire.
S'il s'agissait d'un hommage au poète
5'j[ poete novateur, on οη ne s'expliquera
s'expliquera
pas la substitution. 11 Il faudrait supposer beaucoup de courtisanene cοurtίsaneήe
chez Virgile, ou beaucoup d'absolutisme chez Auguste et Mécène, Mecene,
l'υη et l'autre, pour que le poete
ou l'un poète de l'amitie
l'amitié ait biffe
biffé le nom de Gallus
de ses vers en même meme temps que le prince le faisait effacer des steles stèles
egyptiennes
égyptienness. 5 • S'il s'agissait d'un improbable eloge Mroique, la substi-
éloge héroïque,
tution est plus compatible avec l'hypothese l'hypothèse du liberalisme
libéralisme :: Virgile
n'aurait eu qu'a
n'aurait qu'à renier le traître
traitre avec la meme
même sincerite
sincCritC avec laquelle
tous les poètes
poetes contemporains ont voue vouC aà l'execration
l'exécration Antoine et sa
reine. ΟηOn voit que sur ce point obscur l'analyse du Mecenat RIéc4nat depend
dépend
d'un fait matériel (éloge poétique
materiel (eloge éloge politique),
poetique ou eloge matériel
politique), et le fait materiel
de conjectures sur la liberte liberté intellectuelle de Virgile,
Virgile, sur son degredegré
dΌctaνe6 , en 26-25, au parti d'octave.
dévotion, en 29, aà la geste d'Octavee,
de devotion, dΌctaνe.

ι.
I. Cf.. Olium...,, le résumé
α., dans notre Otium... resume des travaux de P. Ρ. Giuffrida sur l'épi-
l'ερί­
littérature latine.
curisme dans la litterature
2. Suetone,
2. Aug., LXXXIX,
Suétone, Aug., LXXXIX. 3-4.
3. Notamment celles du prooemium du chant ΠΙ. α. la mise au point de
III. Cf.
Κ. B
K. BίicHNER,
~ C H N EP.Ρ. Vergili,ιs ΜαΥΟ,
R , Vergilizts Maro, Stuttgart,
Stuttgart, 1961, 269-271. Le
col. 269-271.
1961. col. Le problème
probleme
important reste celui de la valeur qu'i! Ι' Inuidiα
d'attribuer au motif de l'lnuidia
qu'il convient d'attribuer
infelix (ΠΙ,
(III, 37) polέmique litteraire,
37) :: motif de polémique littéraire, independant
indépendant des reliefs allego-aiiégo-
révèle la plénitude
riques, qui revele d'un art desormais
plenitude d'un -
désormais majeur - ου ou relief allegorique
allégorique
qui s'applique
s'applique aux ennemis de l'Etat,l'État, et peut-&tre
peut-8tre (cf.
(cf. la thèse Ρ. Gnmal
these de P. Gήmal dans
les Mblanges ΒαΥΒΙ) a.
Melαnges Baye:) à l'idee
l'idée m8me
m&mede la fragilite
fragilité de la grandeur.
4. Sur toutes les hypothèses
4. formulέes a.
hypotheses formul6es à ce sujet, οη consultera Κ.
sujet, on K. BBίicHNER,
~CHNER,
ορ. laud.,
op. lαud., col.
col. 293-297 Umαrbeitung der Georgica.
293-297 :: Umarbeitung Georgicα.
5. α. Ch. G.
5. Cf. G. STARR,
STARR. OP.
ορ. cit.,
Ci!., ρ.
P. 175.
175.
problέmatiques laudes
6 . Pour que les problématiques
6. lαudes Galli consacrées a.à la victoire
Gαlli fussent consacrees
l'Égypte, i!
sur l'Egypte, il aurait fallu que Virgile sentît I'urgence
Virgi1e sentit l'urgence du dessein lointain et
104 MECENE

Οη demande a
On à la vraisemblance d'etablir
dlCtablir des faits ambigus, qui ne
dictent même
meme pas, dans chaque hypothèse,
hypothese, une seule conclusion.
conclusion. Virgile
n'a pas retranchC
retranche volontairement un eloge Cloge purement poétique
poetique de
Gallus, mais il a pu le faire sur ordre. En
Gallus, Εη revanche, il a pu biffer aussi
bien volontairement que sur ordre une laudatio héroïque. heroique.
La primaut6
primaute de Mecene diffιcilement contestable :: ses buts et
MCcène est difficilement
ses methodes sont moins clairs. Meme Même dans les poèmes definitifs et
poemes detinitifs
dedίes -- pour ecarter
dCdiés Ccarter le problème
probleme des ceuvres
œuvres «« censurees
censurées » ou avor-
tées -
tees -,, le lien qui le rattache a l'œuvre en cours n'est
ii l'ceuvre n'est pas toujours
representent au juste les haud mollia iussa des Geor-
lumineux :: que reprdsentent Géw-
giques?? Sur ce point comme sur l'ensemble de la question, on
giqzles οη deter-
dCter-
minera la profondeur et le vrai sens de son influence d'apres d'aprts ses gouts
goûts
théories esthetiques.
et theories esthktiques. OnΟη peut parvenir a à une mise au point, a deux
conditions ::
-- ecarter
dcarter l'hypotheque
l'hypothèque de l'ceuvre
l'œuvre litteraire
1ittCraire de Mecene
MCcène lorsqu'il
lorsqu'il
s'agit d'expliquer son rDle rôle de juge litteraire d'inspirateur ;
littéraire et d'inspirateur;
-- chercher sous la divergence des tCmoignagestemoignages antiques (esthe- (esthé-
triomphal -- asianisme de tempérament
tique du lusus et lyrisme tήοmΡhal temperament et
classicisme d'aspiration culture), ηοη
d'aspiration et de culture), non l'jndice
l'indice de l'inconsequence
l'inconsdquence
anarchique, mais la preuve d'une evolution Cvolution et d'une complexite.
complexitC.
Εη
E n bref, ίΙ
il faut etudier
dtudier genetiquement
gCnCtiquement le mouvement poétique poetique dont
Mecene
MCcène est le centre.

Miicene ΈCrivain,
Méeène écrivain, 00
ou les impuissances d'un esthete.

Les fragments de Mecene, tres bien etudies


MCcène, très Ctudiés du point de vue de la
forme par Norden, Lunderstedt, KappelmacherI, CtC a
Kappelmacherl, ont ete reΡήses
à deux reprises
collationnés par R. Avallone".
collationnes Avallone2. Ils témoignent
temoignent de recherches en prose
et en vers, d'un effort pour pratiquer des genres differents
diffbrents ::
-- neuf fragments de prose3, dénotent des préoccupations
prose", qui denotent preoccupations
rythmiques, mais aussi, d'apres
d'après les censeurs sourcilleux que sont

évoque dans le prooemium du chant ΠΙ


vague qu'il evoque attribuât a
III ;; qu'il attribuat à Gallus la
dΌctaνe, Mros
gloire d'octave, dΆΙeχandrie ;; qu'i1
héros d'Alexandrie qu'il composat
composât cette partie en un υη temps
a record ",
« noιnination de Gallus
ii, entre la nomination Gailus et la lecture de 29. 29.
NOROEN, Die antike
I. NORDEN,
1. 1, 1898, ρ.
anlike Kunstprosa, Ι, 263 sq.,
p. 263 sq., dans le cadre de I'asia-
l'asia-
(4. Der neue 5til
nisme (4. Stil und der Asianismus) a analyse
analysé les fragments de prose.
Après I'etude
Apres l'étude de Fr. HARDER. Ueber die Fragmente
HARDER.Ueber Fragmente des Muecenus.
Mαecenαs, Berlin,
Berlίn,
,1889, P.
'1889, Ρ. Lunderstedt a donnedonné une edition commentée :: De C. Maecenatis frag-
édition commentee
mentis, Lipsiae. '9ΙΙ. A.
Lipsiae, 1911. KAPPELMACHER, art.
Α. KAPPELMACHER, cit., R-E, col.
αΥΙ. cit., col. 220-229, Β. Eigene
220-229, B.
literarische
litevarische Tiitigkeit, υη catalogue des fragments de prose et
Tatigkeit, donne un e t de poésie
poesie ;;
iI
il insiste beaucoup sur le travail de la prose métrique.
metrique.
2. R. AvaUone, Mecenαte, p.
Avallone. dans son Mecenate, ρ. 219-326, reι;>rοduit pour
219-326, reproduit ρουτ I'essentiel,
l'essentiel,
avec renvois a à cette edition, Mecenate. Ι
Bdition, son Mecenate. I franzmentz, Salerno, 1945.
franzmentz, Salerno. 1945.
Il nous a paru indispensable de donner en appendice υη
3. ΙΙ un catalogue des
Pragments.
Fvagmenk.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 105

Sénèque
Seneque et Quintilien, une sorte d'ivresse d'jvresse de 1a la syntaxe et etdede bon-
dCsordonnC de la composition.
dissement desordonne
-- huit fragments
fragments de poésie,
poesie, plus distincts que les fragments de
proteίforme, a donne
prose (dont l'un, protéiforme, donnC lieu ιι.à diverses operations
opCrations de
rbsection). Un
resection). υη seul est conteste.
contesté.
Les fragments de prose comprennent une réplique Promethέe
replique d'un Prométhée
composC vers 27 -- annee
compose année de 1a la crise constitutionnelle
constitutionnelle11 :: onοη y Υ voit en
gCnéral une sorte
general sorte de prosopopee
prosopopée du heros héros de la revolte.
révolte. Trois fragments
Szco -- se10n
Czcltzc Suo
d'un De Cultu selon Harder et Lunderstedt -- apologie apologie person-
voluptueux, qui peut faire
nelle de style vo1uptueux, faire partie d'une guecre guerre de libelles
libelles2,
2,

Cvoquent diverses scenes


evoquent scènes qu'i1
qu'il est difficile
difficile d'ordonner en un tab1eau tableau
cohCrent :: α)
coherent a) une promenade sur l'eau decrite décrite en termes hallucinatoires,
dans laquelle 1e le decor
décor naturel vacille et chancelle ;; b) b) une scene
scène de
banquet qu'on dirait extraite de 1ΆΥΙ dΆimer, dans 1aquelle
l'Art d'Aimer, laquelle des
cajοleήes
cajoleries sophistiquees
sophistiqu6es et des « roucoulements »s se se melent,
mêlent, peut-etre
peut-être
dans la chaleur de l'ivresse --theme
dans 1a thème favori de Mecene MCcène -,-, ιι.à de sombres
délation et de mort,
images de de1ation mort. ουou ιι.A des visions
visions d'outre-tombe
d'outre-tombe83 ;; c) c) une
composition religieuse, diptyque, triptyque ου
religieuse, diptyque, tktraptyque, consacree
ou tetraptyque, consacrCe
ιι.
à des ήtes
rites popu1aires·. réplique d'un Bαnquet,
populaires4. Une rep1ique Banquet, domίnee
dominée par 1a la
cUΉosite
curiosit6 scientifιque
scientifique6, O
, et υη
un compliment galant, galant, billet d'admirateur
qui fait sa cour ου ou fragment d'une lαudαtio
laudatioe, a , comp1etent
complètent une collection
qui comporte
qui comporte encore
encore trois fragments
fragments isoles,
isolés, conserves
conservCs dans
dans un echantil-
échantil-
lonnage de Quίntilien.
lonnagede Quintilien.
Les huit fragments
Les fragments poetiques
poétiques sont domines
dominés par l'inspiration morale
curiosité religieuse.
et la curiosite religieuse. ΟηOn a dej!ι.
déjà note
noté 1ala place occupee
occupée par le le theme
thème

Ι. Cf. plus
I. cf. plus haut son
son analyse
analyse philosophique.
2. L'cεuνre
2. L'œuvre evoque
évoque evidemment
évidemment par rapprochement
rapprochement le De suα
le sua ebyietαte
ebvietale
dΆntοίne,
d'Antoine, cf. R. SVME, ορ.
cf. R. op. lαud.,
SYME,laud., ρ.
p. 277.
277. Les
Les poetes,
poétes, surtout
surtout les les chantres
chantres
dΆctium,
d'Actium, soulignent
soulignent l'antagonisme
l'antagonisme moral
moral et
et religieux
religieux entre ΙΌccίdent
entre l'occident et et
ΙΌrient,
l'orient, sursur lequella antiantonieme aa mis
lequel la propagande antiantonienne mis l'accent,
l'accent. cf. cf. Μ.
M. L. PALA-
L. PALA-
DINI, ορ.
DINI, op. lαud.,
laud., ρ. et ρ.
p. 9g et p. 15-17.
15-17. Dans une
Dans une ambiance hostile iιla
ambiance hostile a la luxuriα
luxuria Asiαticα,
Asiatica,
au dionysisme, ilil se
au dionysisme, se peut que que Mecene
Mécène ait voulu α)
ait voulu a ) censurer
censurer le le devergondage
dévergondage des des
festins, b)
festins, b) exalter
exalter les
les joies naturelles
naturelles et et la pietas traditionnelle.
la pietαs traditionnelle.
3. Sénèque. EPist.,
3. Seneque. CXIV,4-8
Epist., CXIV, 4-8:: Quid
Quid ?? si quis «feminαe
si quis cinno CYiSpαt
u feminae cinno crispat et et lαbYis
labris
co2umbatur incipitque
columbαtuy suspivans, ut
incipzlque suspiyαns, ut ceyuice
ceruice lαssα fananlur nemoris
lassa fαnαntuy nemoris tyyαnni
tyvanni
(nous
(nous adoptons
adoptons cette
cette Ιeφnleçon generalement
généralement admise,admise, contre
contre celle
ceile proposee
proposée par par
IIARDER,fr.
HARDER, V, qui
fr. V, lit MemoYis
qui lit tyranni et
Memovis tyyαnni e t enchalne
enchaîne ce ce membre
membre de de phrase
phrase avecavec la
la
suite Inyemediαbilis
suite Invemediabilis ΙαοΙίο).
factio). Ιnyemediαbilis
Inremediabilis ΙαοΙίοfactio yi",αntuy epulis lαgonαque
rintantuv epulis lagonaque
temptαnt
lemptant domos
domos etet spe
spe moytem
mortem exigunt
exigunt D.n . 11
I l paraitrait
paraîtrait excessif
excessif de de supposer
supposer que que
Mecene
Mécène qualifie
qualifie Auguste
Auguste de nzemov tyyαnnus,
de "IemoY tyrannus. cf. chapitre Ι.I . Α
cf. chapitre A l'image
l'image des des dela-
déla-
teurs
teurs generalement admise, Μ.
généralement admise, M. Heurgon proposé (Revue
Heurgon aa propose (Revue des É t h Lαtines,
des Etudes Latines,
1962,ρ.
1962, p. 49-51)
49-51)de de substituer
substituer cellecelle des
des Ma.nes
Mânes qui qui hantent
hantent les les festins
festins desdes vivants.
vivants.
4 . Seneque,
4. ibid. :: «a Genium
Sénéque, ibid. Genium festo
festa uix
uix suo
suo IesI.,n.
testem. Tenuisue
Tenuisue ceyeicerei ftlα
fila _Ι
et cyepα­
cvepa-
tem molαm,
cem molam, focum mαter maim αut aut uxoy
uxov inuesIiunI
inuestiunt D.a .
5.
5 . Fragment
Fragment etudie
étudié plus haut aà la
plus haut la lumiere
lumiére de de l'epicurisme.
l'épicurisme.
6. Mαecenαs
6. Maecenas ί" i n OcIαuiαm
Oclauiam ::«« pexisti cαpillum
capillum nαtuyαe
naturae ,nuneyib,ιs
munevabus gyαtum gvatum D.n .
R. AVALLONE,Mecenαte,
R. AVALLONE, Mecenale. ρ. p. 263-264,
263-264.aa raison
raison d'adopter
d'adopter avec avec Harder
Harder et et Lunder-
Lunder-
stedt cette Ιeφn,
stedt cette leçon, mais
mais j'avoue
j'avoue ne ne pas
pas comprendre pourquoi ίΙil juge
comprendre pourquoi juge sisi improbable
improbable
une
une gaianterie
galanterie de Mécbne aà l'adresse
de Mecene l'adresse de la scεur
de la sœur dΆugnste.
d'Auguste.
106 MECENE

de
de la mort dansdans l'inspiration de Mecene. υη vers hexamètre,
Mécène. Un hexametre, peut-être
peut-etre
vestige d'une epitre,
épître, contient une pensée
pensee frappée
frappee en médaille
medaille sur la
mort et la sepulture
sépulture : Nec nαturα relictos
Arec tumulum curo ::sepelit natura relictos,o;toute
conjecture n'est pas interdite sur sa date, si Mécène Mecene a démarqué
demarque les
&pâtres dΉοrace,
Epzeres d'Horace, -- celles du livre 1-, 1-, et le thème
theme du vers suggère suggere
un rapprochement avec une έφίgramme
·un adressee à
épigramme adressée 11. la Nature ou à 11. la
Fortune qui dit l'attachement inconditionnel à a la vie, - - les réminis-
reminis-
cences
cences poetiques
poétiques et les details
détails realistes
réalistes sur le vieillissement s'accordent
s'accordent
pour recommander une datation basse. La célèbre celebre épigramme
epigramme conser-
vée par la Vitα
vee Vita Horαti
Horati de Suetone
Suétone dit le culte religieux de l'amitié, l'amitie,
et repond
répond à a certains poemes dΉοrace
poèmes fervents d'Horace (ode II, 17, par
fervents (ode ΙΙ,
exemple).
exemple). Viennent ensuite les fragments « religieux 1)» dont deux,
peut-etre dissociés a
peut-être dissocies à tort, ont έtε
été cites mέtricien Caesius
poete et métricien
cités par le poète
Bassus (De (De Metris,
Metris, IV, 8-17)1,
8-17)', contemporain de Seneque;
Sénèque ; cités cites sous
la rubrique De hendecαsyllαbo n'inspirent au spécialiste
hendecasyllabo phalaecio, ils n'inspirent specialiste
aucune critique. Le premier evoque
aucune évoque une scene
scène de frénésie
frenesie métrôaque
metroaque
avec l'appel mystique de Cybele,
avec Cybèle, le second, faisant peut-être
peut-etre pendant
comitum chorus,
au comitum chorus, la troupe des nymphes qui « ceint » le vieillard
Acheloίis
Acheloüs2. 2 • Autre esquisse, rustique,
esquisse, dans le vers ingeritur fumans fumans
cαlido
calido cum farre cαtinus,
catinus, qui semble plutôt
plutot provenir d'une pièce piece buco-
lique, ου
lique, ou d'une elegie
Blégie rustique, que d'une « ménippée
menippee ». Rien qui per-
)).

mette de de situer chronologiquement ce vers dans une autre période periode


que les
que précédents. ΕηΜ,
les fragments precedents. ΙΌη néglige
Enfm, si l'on neglige le fragment poé- poe-
contesté, οη
tique conteste, retrouvé dans les Etymologiae
on aa retrouve Etymologiae d'Isidore
dΊsίdοre de Séville8
Seville3
un morceau dΌde, d'ode, ecrite
écrite en hendecasyllabes
hendécasyllabes phaléciens,
phaleciens, qui exprime
des gouts
des goûts simples 11.à travers les meandres
méandres d'une énumération
enumeration précieuse
precieuse :
schéma horatien -- mais qui semble porter le sceau de certaines
sur un schema
homélies versifiees
homelies versifiées du Jardin
Jardin44 --,, Mecene
Mécène a construit une série serie de d6né-
dene-
gations, ou
gations, où ΙΌη
l'on retrouve naturellement, comme cornme autant de symboles
Ι.
1. KEIL,
KEIL, Grammatici Latini, Olms,
Grammatici 1961,tt.. VI,
O h s , 1961, νι, p.
ρ. 262-263.
262-263.
L'Acheloü~,le
2. L'Acheloίis,
2. puissant des fleuves
plus Ρuίssant fleuves après
apres l'Océan
ΙΌcean (Homère,
(Homere, Il.,11.,
XXI. 193),
ΧΧΙ, considéré comme le pere
1g3),est considere père des nymphes, qui l'entourent
l'entourent d'une sorte
de chreur
de chœur sur les
les reliefs heιιenίstίques. évoqué chez les poètes
hellénistiques. Il est evoque poetes alexandrins.
alexandrius,
Callimaque, Epigr.,
tel CaΙΙίmaque, Epigr.. ΧΧΙΧ
XXIX et Hymn., VI,
e t Hymn., νι, 13.13. Chez ses modèles
modeles latins,
latίns,
Mécène pouvait trouver l'Acheloiis
Mecene 1'Acheloüs evoque
évoqué :: chez Vigile.
Vίrgile, GLoygiques,
Gιforgiques, 1, 9 (valeur
ι, g
métonymique) et
purement metοnΥmίque) e t chez Properce, II, Π, 34,34, 33 (1'Acheloüs
(l'Acheloίis amoureux,
cf. d'Hercule) ;; id.,
cf. la mythographie dΉercuΙe) id., Copa,
Copa, 15. 15. Cf.
cf. Real-Encyclopadie,
Real-Encyclopαdie, 1, Ι, I,
ι,
col. 214-216
col. (Wentzel). Senem =
214-216(Wentzel). = πρεσβύτατος
x p r o ~ h a r o(HARDER,
~
(HARDER, fr. IΙΧ
X : source, Éphore
Ephore
chez Macrobe,
chez Macrobe, Sat.,
Sat., ν, 18,8 ) .
V, 18,8).
3. Etym., ΧΙΧ,
3 . Etym., XIX. 32,
32,6.
6.
Horace. Odes,
4. Horace,
4· Odes, ι,
1, 31, sq. ::
31,33 sq.
... non opimae
...
Savdiniae segetes feraces,
Sardiniae
son aestuosαe
non aestuosae grata Calabriae
gratα Calabriae
armenta, non αurum
armentα, aurum aut
αut ebzw
ebtt,. Indicum ...
Ι ndi&um...

Ces denegations
Ces dhnégations rappellent evidemment
évidemment celles de Lucrèce, debut du chant II
Lucrece, au début ΙΙ
du De Rerum Natura.
du Natuva.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE Ι07

du luxe, les pierres précieuses chères a


precieuses cheres cœur et a
à son cceur sensibilitC
à sa sensibilite
(c baroque », surtout le béryl.
« L'dmulation poCtique
beryl. L'emulation poetique avec Horace est
manifeste (Odes, Ι, 31
(Odes, 1, 3Ι ;; Π, ι8), et Auguste, juge « classique »,
II, 18), )i, a relevt?
releve
avec esprit la préciosité alexandrine de ce pastiche1.
preciosite alexandriηe pastiche1 •
Après
Apres les savantes analyses dΆvalΙοηe et de ses devanciers, il
dlAvallone ίΙ
convient de replacer Mécène Mecene dans la vie litteraire
littéraire de son temps, et de
tirer avec prudence de ses fragments quelques conclusions conclusions sur son
esthetique. Α. A. Fougnies a porté Mécène ecrivain
porte sur Mecene écrivain un jugement
jugement
aà première
premiere vue severe ... Mecene
sCvère : « '" MCcène administre la preuve que, chez un uη
meme
même individu, l'absence de gout goût dans ses propres productions peut
s'allier a à l'esprit critique et au discernement quand il s'agit de juger
autrui »2. Εη fait un tel jugement
9. En contieηt une
jugement contient uηe demi-vCrité
demί-veήte : si chez
IfCckne poete n'est pas a
Mecene le poète à la hauteur de l'expert poHique3 , les deux
l'expert poCtique3,
ingenium sont solidaires ;; car le protecteur s'est essaye
aspects de son ingenium essayé
aà imiter, aà suivre ses protégés. n'est pas assez de dire avec Availone
proteges. Ce n'est Avallone
qu'il «a respire dans l'ambiance spirituelle
SΡiήtueΙΙe des grands poHes poètes »4. Il a
»4. 11
reve poHe a
deveηir poète
rêvC de devenir Ccole, et sans doute de discipliner et d'epu-
à leur ecole, d'épu-
rer son alexandriηisme
alexandrisme impenitent.
impénitent. Presque tous ses essais essais et esquisses,
esquisses,
ήeη ne prouve qu'ils correspondaient tous a
dont rien œuvres finies,
à des ceuvres finies,
sont postérieurs
posterieurs aux passages d'HoracedΉοrace et de Virgile dont on οη les a
justement rapproches·.
justement rapprochés6. Ses emprunts, dans les echangesCchanges litteraires
littéraires de
l'époque, ne sauraient etre
l'epoque, assimilés a
être assirηiles plagiats· :: ils sont un
à des plagiatsB υη hom-
chefs-d'œuvre qu'il eut
mage maladroit aux chefs-d'ceuvre eût rêvé d'&rire. Mecene
reve d'ecήre. MCcène
etait
était baroque de style et d'esprit. Soit.Soit. 11
Il etait ρήsοηηίer d'une certaine
était prisonnier
mièvrerie aΙeχaηdήηe. Qui le contestera ? Mais il etait
mievrerie alexandrine. était certainement
cœur et d'ame
de cceur d'âme aux cotes dΉοrace dans son entreprise de reforme
côtés d'Horace réforme
d'épuration « classiques».
et d'epuration classiques r. Le mauvais goutgoût dans la creation
création n'exclut
pas une aspiration ideale
idéale au bon gout, υη effort louable pour se mettre
goût, un
aA l'ecole. Οη en trouvera la preuve chez Seneque
l'école. On Sénèque le Pere,
Père, qui souligne
deux aspects complementaires
complCmentaires de cette aspiration :: les pr6tentions
pretentions poC-poe-
tiques et la quete
quête des pήncipes
principes classiques.
classiques. 11
Il nous apprend qu'un certain
I. Dans le billet celebre
1. célèbre rapporté Rlacrobe, Sat.,
rapporte par Macrobe, Sαt., II.
Π. 4, 12, l'empereur
12, I'empereur
appelle
a ~ ~ e ison i e favori berulle Porsennae.
2.. Op.
2 ιίΙ., p.
ορ. cil., ρ. 44.
44.
3. La competence
compétence de Mécène Mecene comme juge et arbitre est assez universeiie- universelle-
ment reconnue. Serνius (ad
reconnue. Servius (αd Verg. Georg., IΗ.
Verg. Georg., I . 46) l'appelle titterαrum
46) I'appelle litteravum peritum.
Cf. Sαt., 1.
Cf. Sat., Ι. 10,81 sq. Sur le candidus iudex,
IO, 81 sq. cf. R.
iudex, cf. R. AVALLONE, Mecenαte, p.
AVALLONE, Mecenate, ρ. 158.
158.
ρουτ comprendre ce rδΙe
Mais pour r8le de cαndidus
candidus iudex,
iudex, iIil faut se reporter SUrtoutsurtout
a.A I'έΡοde
l'$$ode XIV, 3 :: ... ... candide
cαndide Mαecenαs, Mecene ami de la veήte»
Maecenas, « Mécène vérité n (et(et a I'epitre 1,
à l'bpître ι,
4, 1I sq. : Albi cαndide iudex,
Albi candide iudex, sens analogue).
analogue).
4. ορ. lαud.,
4 . Op. ρ. 268.
Eaud.. p.
Οη trouvera dans AVALLONE.
5. On
5. AVALLONE. Educazione lεΙΙεΥαΥία ..., p.
letteraria .... ρ. 225, η. υη
26, un
n. 26.
repertoire
répertoire sommaire des emprunts de Mecene Mécène a à ses poètes
poetes :: voir dans le detail détail
les fragments auxquels la note renvoie.
6. W. "VJLJ,
6. literαrischen Beziehungen des Properz
\VILI, Die literarischen ΗΟΥαΖ. Festschriit
P.,.ope.,.z zu Hovaz, Festschrift
fίir Tieche.
für Tièche. Bern, 1947,1947,p. ρ. 181.
181,demontre l'hostilité mutuelle dΉοrace
démontre que I'hostilite d'Horace et
de Properce ne saurait s'expliquer au depart départ par les plagiats de Properce (lH.l (111.1
démarquant l'ode
et 2, demarquant ΙΌde III,
ΠΙ, 30).
30).
108 MECENE

Fuscus Arellius
Fuscus Arelliusl1 faisait
faisait circuler
circuler desdes morceaux choisis choisis de de Virgίle
Virgile enen
les attribuant
les attribuant 1ι.à Mecene
Mécène ::οη on imagίnera
imaginera dίfficίlement
difficilement qu'ίll'ait
qu'il l'ait ήsque
risqué s'il
s'il
n'avait eu eu dessein
dessein de de flatter
flatter un faible
faible de de Mecene.
Mécène. Les Les Suαsoires révèlent
Suasoires revelent
aussi que
aussi que le
le patron de de la
la poesie,
poCsie, parfaitement bίlingue bilingue au au demeurant",
demeurantz,
confrontait tres très minutieusement Virgίle Virgile avecavec sesses origίnaux
originaux hοmeήques
hom6riques ;;
son souci
son souci etait
Ctait dede degager
dégager un progres
progrès dans dans le le sens
sens de de la
la raison
raison et et de
de
la grandeur ::Hαec
la quomodo εχ
Haec quomodo corruptis εο
ex corruptis eo perueniαnt,
perueniant, ut et mαgnα magna et
tαmen
tamen sαnα sint, αiebαt
sana sint, aiebat Mαecenαs
Maecenas αpud apud Vergilium
Vergilium intellegi
intellegi posse".
posse3.
Les preoccupations
Les prCoccupations classicisantes
classicisantes de MCcène correspondent a
de Mecene à lala
dernière partie de
derniere de sasa vie,
vie, apres
après la
la mort de de Virgίle: l'époque οΙΙ
Virgile : c'est l'epoque où
ilil semble
semble frequenter
fréquenter assidument
assidûment les les declamations.
déclamations. Mais Mais des
dès les
les debuts
débuts
du Cercle,
du Cercle, Mecene
Mécène devait
devait avoir
avoir des
des aspirations
aspirations classiques.
classiques. C'est ce ce que
que
prouve la
prouve la sαtire
satire Ι,1, 10
IO d'Horace, sorte sorte de de pre-Art
pré-Art Poetique.
Poétique. Le Le poete
poète
se vante
se vante d'ecήre
d'écrire des
des vers
vers Ρήses
prisés par tout un areopage aréopage competent
compétent :: ΡΙο­Plo-
tius, Varius,
tius, Mécène, Virgίle,
Varius, Mecene, Virgile, Valgίus,
Valgius, Octavius
Octavius et et Fuscus·.
Fuscus4. Or Or tous
tous
ces experts
ces experts ne ne sont
sont paspas des
des classiques
classiques :: si certains sont 1ι.à la
si certains la fois
fois poetes
poètes
et grammairiens,
et grammairiens, commecomme Valgίus
Valgius Rufus
Rufus ou ou Αήstίus
Aristius Fuscus,
Fuscus, nombreux
sont ceux
sont ceux qui
qui ont appris
appris la la poesie
poésie 1ι.à l'ecole
l'6cole d'un epicurisme
épicurisme facile
facile et
et
qui pratiquent les
qui les petits
petits genres,
genres, lala grace
grâce badίne
badine des des ΑΙeχandήns
Alexandrins (le (le
molle αtque
atque fαcetum
facetum quiqui resume
résume l'inspiration de de Virgίle
Virgile 1ι.à cette
cette epoque).
Cpoque).
Je ne ne croirais
croirais pas
pas volontiers, avec avec Τ. T. Frank,
Frank, que que le le poete-tMoricien
poète-théoricien
A l'époque de
ait al'epoque de la sαtire
satire 10 des dogmes
IO des dogmes assez assez arretes
arrêtés pour citer VirgίleVirgile
simple condescendance
par simple condescendance amicale amicale6,5 , mais ίΙ il est tres
très evident
Cvident qu'Horace
engage ici
engage ici le
le combat contre l'aΙeχandήnίsme,
l'alexandrinisme, contre contre lesles cαntores
cantores
Eu$horionis (Calvus
Euphorionis (Calvus et Catulle,
Catulle, consideres
considérés comme comme des des auteurs
auteurs de de
confondus avec
«(( chansonnettes » et confondus avec Hermogene
Hermogènee). d'écoliers
6 ). Il traite d'ecoliers

attardés ceux qui


attardes qui pensent enrichir la poesie poésie latine,
latine, ηοηnon par l'adapta-
tion et la transcription ίnspirees (la metαphrαsis)7,
inspirées (la m e t a p h r ~ s i s )mais
~ , par le le melange
mélange

1. Suas., ΠΙ,
1. Suαs., III, 5.5. Α
A propos
propos dede ce Arellius --distinct
ce Fuscus Arellius distinct dΆrίstius
d'Aristius Fuscus,
Fuscus.
grammainen et poete
grammairien poète - -,, cf.
cf. Η. BARDON,
H . BARDON, Littdrature Latine inconnue,
La LitIέrature inconnue, Π,
II,
ρ.
p. 4949 et 1Ι5
115 et R. R. AVALLONE,
AVALLONE, Mecenate, ρ.
Mecenate, p. 193 sq. L'auteur rapporte qu'il
193 sq.
démarquait les
demarquaίt Gdorgiques,Ι,
les Giorgiques, 427 sq.
1. 427 sq. dans
dans une controverse,
controverse, et e t ilil ajoute Solebat
ajoute :: SolebaI
autem Fuscus
autem Fuscus ex Vergilio
Vergilio multa trahere, Maecenati i"ιputaret
trahere, ut Maecenati imputaret ::totiestolies enim
enim pro
beneficio narrabaI
beneftcio narrabat in in aliqua
aliqua se Vergiliana
Vevgiliana descriptione placuisss ...
descriplione placuisse...
Odes, ΠΙ,
2. Odes,
2. III, 8, 8, 66 :: docte
docte sermones
sevmones utriusque linguae ... Ce
utriusque linguae... Ce bilinguisme
bilinguisme est
attesté par l'anecdote des
atteste Controverses, ΙΧ,
des Controverses, IX. 3, 14 (la
3, 14 (la citation d'un vers vers dΉο­
d'Ho-
mere, V,85),
Iliade, Υ,
mère, Iliade, 85), mais
mais ilil n'a rien d'exceptionnel.
3. Suas.. Ι,
1. Suas., 1. 12.
12.
4. sutiris, 1Ι,, 10,
4. Satires, 81 sq.
IO, 81 sq.
5. FRANK,
T. FRANK,
5. Τ. Vergil. Α
Vergil. biograpl~y,ρ.
A biograpliy, p. 147.
147.
6 . Satires,
6. Satires, Ι,
1, 10,
IO, 17
17 sq. ...
sq. :: ... quos pulchev Ι1 Hermogenes
quos neque pulcher Hermogenes umquam um uam legiI,
legit,
neque simius isIe
neque iste Ι nil
ni1 praeter Caluom
Caiuom οΙ et docIus
doctus cantare
cantare CaIullum.
Catullum. Οη 8 n connait
connaît
l'hostilité de
l'hostilite de Ciceron
Cicéron aux cantores Euphorionis
aux cantores (Tusc., ΠΙ,
Euphorionis (Tusc., III, 19,
19, 45),
45).
7. Mecene
7. Mécène est contemporain
contemporain d'un effort pour imiter et e t adapter les les modeJes
modèles
grecs. Horace, dans
grecs. dans ΙΆΥΙ
l'Art PoItique,
Podtique. se se rencoIltre
rencontre avec
avec lesles theories
théories litteraires
littQaires de
de
Denys dΉaιicarnasse
d'Halicarnasse exposees
exposées dansdans ses Lettres et dans
ses Lettres dans lele ΤΥaίΙέ
Trait6 de de IΊmitatiοn.
l'Imitation.
Denys aa surtout juge les les orateurs
orateurs et e t les
les historiens
historiens grecs
grecs ;; il soumet Thucydide
a.A une
une sorte
sorte de
de transposition corrective, traduction amelioree, améliorée, cf. cf. Μ.
M. EGGER,
EGGER,
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 109
latin1, par la « farcissure ».
de grec et de latinl, B. Or MCcène
Mecene a imitCίmίM Catul1e
Catde
l'bpigramme a
dans l'epigramme 1'6pigramme a
à Horace, sinon dans l'epigramme à la Fortune, dans
galiiambes d'inspiration
les galliambes d'inspiration métrôaque dCnotent, en plus
metrόaque :: ces derniers denotent,
curiositt d'esthete
d'une curiosite d'esthète pour des cultes qu'Horace mCpnsait, meΡήsaίt, le gout
goût
des recherches musicales.
musicales. Horace denonce ces recherches formelles formelles
qu'il appelle nugαe canorae, les « riens sonores ».
nugae cαnorαe, ae : or
οτ Mecene
Mbcène est tente
constamment par les mots aux sonorites sonoritCs inso1ites,
insolites, les noms de pierres
piecres
prkcieuses
precieuses semblent avoir aνoir pour Ιυί lui une musique. Properce, denonce dCnonc6
par Horace commecomme un υη alexandrin attardeattardé -- on connaît le peu d'ame-
οη connait d'amC-
nit6 littCraires3
nite de leurs rapports 1itteraires -,, ne se fera pas faute en 23-22, dans
3 -

l'élégie ΠΙ,
l'elcgie g, de rappeler a
III, 9, MCcène qu'ils
à Mecene qu'iis sont du même
meme « parti » :: le
terme mollis dans mollis fautor jαutor est plein de sous-entendus esthetiques,
esthCtiques,
comme le haudhαud molliα
mollia iiussα Virgίle4 •
u s s a de Virgile&.
Aνant 30 en tout cas, Mecene
Avant MCcène est a1exandrin
alexandrin de gouts,
goûts, de propen-
sion, mais il
sion, ίΙ frequente
frCquente et protège
protege des talents plus mâles.males. La poCsie
poesie est
son «(( petit jardin », s, son luxe dans une existence tendue. C'est pour-
quoi il se montre indulgent a faiblesses stylistiques,
à ses faiblesses stylistiques, s'y complait
complaît
comme dans une sorte de paresse deHcieuse. dClicieuse. Mais il attend des autres,
de ceux pour qui la poCsie actiνite et sacerdoce,
poesie est activitC sacerdoce, autre chose que
des nugae5.
nugαe • Sans doute reste-t-il eclectique
5
éclectique dans le domaine de la
forme, pour toute sorte de raisons :: reste d'epicurisme,
forme, d'épicurisme, licence person-
nelle, libera1isme esthCtique qui Ιυί
libéralisme esthetique conceνoir la «
lui fait concevoir (( grande poésie
poesie »1)
aussi bien comme une epopee CpopCe hοmeήsante
homérisante que comme comme υη un hymne
callimacheen.
callimachken. Mais il ίΙ penche intellectuellement
intellectuellement νers vers la puretk
purete et la
rigueur classiques.
classiques. Les poèmes posterieurs a
poemes et fragments postérieurs reνeIent
à 30 rCvèlent
une plus grande sobriete
sobrikté de vocabulaire et d'architecture ::
nec tumulum
t u m u l u m c-uro:
curo: sefielit nαtura re1,ictos
sepelit natura (hexamètre qui a subi l'jnfluence
rel-ictos (hexametre l'influence
des É Epitres)6
fZtres)~

αΉalicaynasse, Essai sur


Denys d'Halicarnasse, lα c-yitiq"e
s"y la littιIyaiye εΙ
critique littkraive lα YllιItoYiqzιe
et la rladtovique azc α,ι sidcle
siecle
dΆ"guste, Paris, 1902
d'Auguste, 1902 ;; onοη a conserve
conservé unηη exemple de cette metaphyasis
metaphrasis (en (en grec)
grec)
infligée à
infligee 1ι Thucydide, op. ορ. laud.,
lαΖια., ρ.
p. 216-217
216-217 == texte des Opuscula, Opuscula. ed. USENER-
éd. USENER-
F ~ D E R M A C H EΙ,
RADERMACHER, 1,R .873-874,
873-874, p. ρ. 365-366. mιItaplIyase sert "
365-366. La métaplirase l'intérêt des imi-
II I'interet
tateurs ». Denys attachait une très tres grande importance à 1ι l'ordre
ΙΌrdre des mots (logique (logique
rythmique) ;; il a ecrit
et rythmique) écrit ηη un De Co",positione
Compositione Veyboy"m,
Verborum. etudiedtudié par W '''Ι.. RHYS
RHvs
ROBERTS,
ROBERTS, Dionysi"s oj
Dionysius Halicaynassus. The
of Halicarnassus. ΤΙιο three
ΙΙΙΥΟΟ liteyayy
literary letteys,
lelters. Cambridge, 1901, 1901,
ρ.
p. 8-19.
8-19. L'interet
L'intérêt de Denys pour ροητ le style d'Homère,
dΉοmere, souvent etudie étudié dans ses
œuvres litteraires,
reuvres littéraires, est tres νίί. Le traité
très vif. traite SUy IΆΥΥangement des mots a ete
Suv l'Arrangement été avalyse
analysé
1ι fond
à fond Dar
par 1\1.
1. Sat.,
1. Sat., ι,
EGGER.
RI. EGGER,
1, 10,
IO, 31-35.
.
31-35.
.
0ορ. laud.. ρ.
4 . la"d.,
, A
D. 67-1ΙΙ.
67-111.
,
2. Art PoιItiq"e, 322.
Ayt Poktique, évidemment à
322. L'expression est evidemment 1ι rapprocher des préjugésprejuges
épicuriens à
epicuriens 1ι I'endroit
l'endroit de la musique - pure.
- νοίι Philodème,
Voir Philodeme, De M w i c a . Iιν
Musica, V ==
USENER,
USENER, p. ρ. 337.
3. Horace vise νise Properce dans Epist.. Epist., Il,II, 2,
2, 91-101. Sur I'ensemble
l'ensemble de la
νοίτ W. WIXMEL,
question, voir [{allin,achos in
WIMMEL, I<allinzachos Rom., p.
i n Rom., ρ. 290,
290, n.n. 2, et Ν. TERZAGHI,
h'. TERZAGHI,
Orazio e Properzio,
Oyazio Pyopeyzio, Rend. d. Accad. Accad. dei Lincei,
Lincei. XIV, 1959, p.
XIV, 1959, ρ. 179-201.
179-201.
4. Voir plus bas I'etude
l'étude esthetique de l'adjectif
l'adjectif mollis.
5 . Cf. Epod., XIV.
5. XIV.
Cf. R.
6. cf. AVALLONE, Mecenate, p.
R. AVALLOWE, ρ. 282-286.
πο MECENE

Debilem facito manu, debilem pede... (infiuence de Tibulle, poeme de


la vieillesse)1
ingeritur fumans calido cum farre catinus (hexametre impressionniste
qui suggere des rapprochements virgiliens)2.
Associe ou ηοη au Iragment metroaque, le galliambe celebre hic
nympha cingit omnis Acheloum senem3 parait se rapporter iι la Ρeήοde
alexandrine, meme si la mention d'un Lyncee chantre du fieuve Ache-
loίis, chez Properce 11, 34, n'a rien iι voir avec Mecene4 : Ava110ne Υ
voit un des tout premiers exercices (40 av. ].-C.). aη peut dire que les
preceptes dΉοrace ont ete entendus. Mecene, meme dans ses esquisses,
tend iι eliminer la fιoriture a1exandrine, les ztersiculi hybrides, hideux
melange de grec et de latin, en meme temps que son style se libere
peu iι peu de la surcharge asianiste. C'est pour epurer cet asianisme
de Iormation qu'il errait, semble-t-il, dans les ecoles de rMtorique.
Ne le verra-t-on pas iι cette occasion pourfendre d'une citation home-
ήque un declamateur qui pratique le galimatias greco-latin S ? Mecene
a cru iι la possibilite d'une poesie latine 6 , meme s'il donne l'impression
de s'essouffler dans ses esquisses. L'interpretation dynamique et chro-
nologique que nous proposons pour son activite litteraire, qui ne contre-
dit pas les vraisemblances biographiques pour les Iragments morbides
et anxieux, peut etre renforcee par certaines recherches recentes. Les
fragments de prose rythmee du De Cultu Suo ne sont pas tous aussi baro-
ques, aussi agressivement originaux, aussi fantastiques qu'on le dit 7 •

Σ. L'invocation a la Parqne (ou iJ.la Fortune) rappelle I'invocatlon de Tibulle:


Nunc, Deα, nunc succuyre mihi ...
2. Les Bucoliques en particulίer exploitent cette poesie familiere de la fumee,
qui monte et sedetache. Id. Georg.• ΠΙ, 515 : ecce autem duro fur"ans sub uomere
tαurus ... revele une plastique aualogue.
3. Sur le rapport de ce galliambe avec le fragment metrδaque cite par Bas-
sus : {( A,des ". inquit, {( ο Cybele... ", cf. R. AVALLONE, Mecenαte. ρ. 3Σ9.
4. Hypothese de L. HERRMANN. Les Mαsques...• ρ. 55-56. Il serait evidem-
ment sedulsant de νοίι dans le fragment de Mecene une sorte de consolation
aIexandrine a des deboires amoureux. - justifiee par les maLheurs du viei1
Acheloiis.
5. Il s'agit de Sabinus Clodius. Contr.. ΙΧ. 3, Σ4 : ... Sαbinus Clodius, in
quem uno die εΙ νraece εΙ Latine declamαnter" 11,ultα urba,ιe dicta sunt. Le sar-
casme de Mecene sur Tydide dans la melee confondant amis et ennemls (Iliαde,
V, 85) est plus clair sl le rMteur pratIque le melange de developpements grecs
et latins.
6. Ce nationalisme litteraire est celul dΉοrace, Odes, ΠΙ, 30, Σ4 ; Epist.• Π,
2, Σ4Σ, et surtout Ι, Σ9, 21 sq.
7. L'excentricite stylistique de Mecene sera reduIte par la critique sl ΙΌη
se reporte aux theoήes litteraires de Denys dΉaιίcarnasse. Μ. EGGER, ορ. laud.,
ρ. 61 sq. Mecene a pu eprouver une sorte dΌbsessίοn de la compositio qui rap-
pellerait les scrupules syntaxiques de Monsleur J ourdain. ΌΏη poInt de vue
positif. Denys admet les additions inutiles et les retranchements au nom de
Ι' {( harmonle ", preconise la musique et la rythmique dans la prose (musique des
sons : μkλoς; rythme : ρυθμός). cf. EGGER, ρ. 80-95. Denys dΉaΙίcarnasseest venu
a Rome au lendemaln dΆctium, en 30, et Υ est reste quelque vingt-deux ans.
MÉCÉNAT ;.
LE MECENAT :.HISTOIRE ΕΤ LÉGENDE
HISTOIRE ET LEGENDE III
ΙΙΙ

I1s dénotent, a
Ils denotent, à cote
côtC de la préciosité
preciosite maniérée neôteroi, un effort
manieree des neoteroi,
pour pacifier le style heurté, suiνre des modeles
heurte, pour suivre νirgiliens1 . Les
modèles virgiliensl.
insolences de syntaxe re1eνees
inso1ences relevées par ail1eurs
ailleurs par Quintilien doivent doiνent
etre ramenées a
être ramenees à leur juste proportion2
proportion2 :: il faut adopter pour criteres critères
les exigences
1es exigences du sty1e style poétique,
poHique, ηοη non 1es
les canons de l'e1oquence.
1'Cloquence. Pour-
l'eνocation poCtique
quoi l'évocation poHique aurait-elle moins de liberte liberté que mêmememe 1a la
narvatio historique,
narratio mstorique, en qui l'auteurl'auteur de l'Institution
l'lnstilzction Oratoire decouvrait
découvrait
une sorte de carmen solzltum solutum ?
H. Bardon a degage
Η. dégagé dans les fragrnents
fragments de Mecene
Mécène ce qu'il appelle
un « baroque de l'esprit ,,3. as. Sans donner au mot baroque le sens prC- pre-
néronien qu'il implique pour cet auteur, nous aimerions en tirer quel-
neronien
conclusions pour ec1airer
ques conc1usions éclairer l'histoire d'une ame. âme. Mécène
Mecene est un υη
curieux dans tous les domaines :: son imagination est blasée, blasee, comme
son palais sensibilité amoureuse. Il
pa:lais ou sa sensibilite Ι1 reνe bouleνerser l'esthe-
rêve de bouleverser l'esthé-
comme il
tique comme ί1 bouleverse
bou1everse 1e le decorum
décorum ou 1a la gastronomie. Luxuria
gâtC trop cMri
d'enfant gllte chéri de la Fortune ? Gaspillage
Gaspillage de dons ? Non Νοη
pas. MCcène
Mecene n'a pas la puissance continue qui fait 1es les createurs',
créateurs4, ni ηί
la perseνerance
persévérance qui scelle les ceuνres
scelle 1es œuvres finίes.
finies. Il cherche par curiosite
curiosité ::
ίΙ est de ceux pour qui la quete
il quête a plus de charme que le gibier. Si l'on 1Όη
décèle dans ses idees
dece1e idées sur 1e
le sty1e
style 1e
le conflit d'une formation, d'un tem-
pérament
perament et d'un ideal, οη decouνrira
ideal, on decouvrira dans tous ces actes des Muses
ébauchés et aà demi ratés,
ebaucMs rates, par-delà
par-dela la variCtC étonnante des formes,
variete etonnante formes,
la religion des r~,thmes
rythmes et,et, -- caractere
caractère plus rCvolutionnaire » que 1es
p1us «(i revo1utionnaire )) les
petites reνoltes
révoltes de style - -, , une sorte de ίοίfoi dans 1e pouνoir d'incanta-
le pouvoir
tion
tjon totale L'esthétique n'est p1us
tota1e des mots. L'esthetique plus le don d'exprimer c1aire- claire-
ment ce qu'on perçoitΡerφίt nettement. Elle devient deνient « 11 eνocation
évocation » au au sens
))

pouνoir de tirer de l'ombre


magique, pouvoir 1Όmbre 1es
les νerites
véritCs mysterieuses
mystérieuses qui nous
côtoient et qui nous echappent.
cDtoient échappent. Les surcharges ornementales du voca- νoca­
bulaire, dCcrochements "a de 1a
bu1aire, les « decrochements la syntaxe ne sont que des formes formes
νisib1es d'une technique plus
visibles p1us mystérieuse.
mysterieuse. Il y Υ a chez Nécène
Mecene une sorte
symbolisme avant
de symbo1isme lettre, précisons
aνant la lettre, precisons :: de tentative
tentatiνe pour fairefaire de
la poCsie
1a expCnence spirituelle totale, une découverte
poesie une experience decouνerte du monde
dépasse les donnees
qui depasse données rassurantes de la perception. Tout s'eclaire s'éclaire
quand on οη songe aux raisons qui ont poussé IIécène à
pousse Mecene iι ecrire.
Ccrire. Pourquoi
Mécène a-t-i1
Mecene a-t-il ecrit tradition, pour sacrifier iιà la re1igion
Ccrit ? Par tradition, religion aristo-
cratique de 1Όtium
l'otizlm litteratum ? Par entrainement,
entraînement, pour prolonger les
I R. AVALLONE.
ι.. R. AVALLONE, p. ρ. 23f-234 ρ. 237.
231-234 ;; p. C'est ce qui fait supposer comme date
237. C'est
composition !a
de cοmΡοsίtiοn la Ρerίοde
période 30-26.
30-26.
Quintilien, qui n'intente pas a
2. Quίntilίen, à 1\'!ecene
1\1écène de procès moral, se montre moins
proces moral, moins
libera!
libéral que Cjceron
Cicéron dans !e le domaine
domaine sty!istique
stylistique :: cf.
cf. Deυ. Or., ΙΙ, 92,
Or., II, 92, qui admet
un relativisme
relatiνisme du goût.
goίlt.
3. H.
Η. BARDON, LittέraIure Latine
BARDON, La Lilfératuve inconnue, ρ.
LaIine inconnue, p. 15. suiνantes
15. Les pages suivantes
soulignent egalement
sou1ignent égaiement chez 1\'!ecene
Mécène I'inquietude.
l'inquiétude.
4.
4. Te! est, je crois,
Tel est. crois, le sens
sens d'exilis dΆgrίΡΡa cίte
d'exilis dans le sarcasme d'Agrippa cité plus
p!us haut ::
cαcozeliα exilis.
cacozelza Οη sait I'importance
exilis. On I'importance de ΙΌΡΡοsίtίοn exilis-grαndis dans les
l'opposition exilis-grandis
controverses 1itteraires
controverses littéraires autour
autour de !ala «N grande poésie
poesie ».
1).
ΙΙ2 MECENE

Cbats poCtiques
ebats poetiques de l'adolescence ?? Par ambition et par emulation Cmulation ?
Tous ces motifs sont loin lοίη d'ctre dkterrninants. R. Avallone domine
d'être determinants.
bien le problème
probleme quand il ίΙ juge que Mecene Ccrit « par inclination
Mécène a ecrit
naturelle et veritable
vdritable exigence spirituelle »1. 9.Le besoin de dechiffrer dCchiffrer
le monde par la poCsie poesie et le verbe etait
Ctait chez Mecene
MCcène plus profond que
les dons poCtiques reels. Εη
poHiques rCels. En luiΙυί les forces primaient les formes.formes. DΌiιD'où
variCtC des genres qu'il essaie
la variete essaie tour a à tour, la fuite dans l'imitation
impuissante.
Οη s'explique mieux des
On dès lors que l'essentiel des fragments conserves conservCs
de MCcène, citCs comme echantillons
Mecene, cites Cchantillons de style, aient une couleur morale
religieuse ; ce grand solitaire,
et religieuse solitaire, de plus en plus port6 porte a l'inquiktude
à l'inquiHude
morbide, travaillC
travaille par diverses frustrations
frustrations affectives (trahison conju-
semi-disgrâce) sur la fi.n
gale, semi-disgrace) fin de sa vie, a tentC
tente par la poCsie,
poesie, comme
ill'a
il l'a tente par l'amitie,
l'amitiC, de rompre le cercle
cercle de la solitude.
solitude. PrivéPrive d'espe-
d'espé-
supraterrestres, douloureusement conscient de la fragiliM
rances supraterrestres, fragilité phy-
l'être, socialement deracine
sique de l'Ctre, dCracinC ma1gre
malgr6 sa desinvolture
dCsinvolture «« bohème
boheme», )I,

comblC, mais insatisfait, il a voulu accrocher a


comble, extérieures,
à des images exterieures,
aà des contours prCcis, rêves vagues et ses chimeres
precis, ses rcves chimères inquiHes.
inquiètes. La
mort rQde rôde autour du De Cultu Suo, au milieu de cette felicitαs felicitas que
Seneque
SCnèque censure. Elle deviendra plus tard une veritable vCritable hantise :: dans
une sorte d'hallucination qui n'est n'est pas, comme le croit Seneque, SCnèque. un υη
d'Csotérisme (... si non uitαsset
parti pris d'esoterisme uitasset intelleg.i 2 ), l'ancien epicurien
intellegi2), kpicurien
se voit concerne
concerné par sa mort et ses funeraillesfunCrailles3.
3
• Il trouve une sorte
d'apaisement dans la foi ίοί naturaliste :: sepelit natura
nαturα relictos.
relictos. Ailleurs,
ίΙ
il mendie quelques bribes d'existence physique. Il ne s'agit pas d'une
sorte d'jvresse
d'ivresse d'independance,
d'indkpendance, d'une exaltation superbe du Moi Μοί
(..... motum illi felicitate
(. felicitαte nimia
nimiα ca+ut),
cαput), mais d'une exploration tragique
de la condition humaine. Le fond du pessimisme est atteint dans le
fragment IV ιν du De Cultu Suo. Confession d'un ministre de l'jnterieur l'intbrieur
trop sensible, hante par ses agents secrets au milieu des joies de la vie,
sensible, hanté
ce fragment peut tout aussi bien evoquer évoquer la trouble communication
s'btablit entre les festins
qui s'etablit festins des vivants et les ombres affamees. affamCes. De
f a p n , la Ιeφn
toute fayon, leçon lnemoris tyrαnni n'est pas essentielle a
mernoris tyrannz à l'inter-
prétation
pretation policière.
policiere. Mieux :: l'interpretation
l'interprktation claire n'est n'est peut-être
peut-ctre pas
primordiale, ce qui compte, c'est l'association symbolique de la vie
et de la mort, lapresence
la présence de la mort au milieu des chimeres chimères de la vie.
Le banquet des vivants est symbolique symbolique44 :: les joies de la vie sont trom-

I. Mecenate, p.
Ι. Mecenate, ρ. 121.
121.
2. Epist., CXIV, 6 sq.
2. Epist., sq.
3. Seneque
Sbneque devait conna1tre
connaître le fragment
fragment de prose ... ... ne
ιιο exssquias
exsequiαs quidem
quidem
ίΙΙΙΟΥ miserrimos uiderem meas.
unus inter l"eαs. S'i!
S'il ne le rapporte pas, ce n'estn'est pas qu'il
juge cette vision differente
diffbrente des autres « folies
folies "PI de Mecene. Peut_Hre est_ce
Méckne. Peut-&tre est-ce parce
qu'ill'a parodie dans l'Apocoloquintose,
qu'il l'a parodié i'dpocoloquintose, XII, ΧΙΙ, oiι CΙaude, victime d'un
où Claude, d'un dedouble-
dédouble-
ιtιent
ment bouffon.
bouffon, voit ses propres funerailles.
funbrailles.
4. cf. Ρο ver.
LucrBce, De
Cf. Lucrece, ιιαΙ., III,
yey. nat., ΠΙ, 936 ;; IV,
IV. 782 ;; IV, ΙΙ23.
1123.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE ΙΙ3

peuses. Les fragments πι et ιν presentent, comme en un diptyque,


les deux faces de la condition humaine : la comedie de l'amour, la
derision du « don juanisme » qu'exprime le verbe caRcatural colum-
batur - la tragedie des festins de mort. Le pessimisme foncier, la
vision tragique de l'existence expliquent, a cote du cycle de la Mort,
l'existence d'un cycle de la ]oie. Cette joie prend deux formes : la
joie simple des cultes populaires et des fetes rustiques, dont Mecene
trouvait frequemment l'image chez son cher Horacel - la liesse fre-
netique des orgies metroaques ou dionysiaques. Οη dira que Mecene
cherche surtout des images et des impressions apaisantes, comme
celles que Virgile promet aux fideles des dieux agrestes', comme celles
qui se degagent, chez 1es e1egiaques augusteens, des fetes rustiques.
Α l'extreme oppose, Mecene est attire par la beaute sauvage des cere-
monies metrOaques3 • Le furor sacre n'est pas seulement 1a matiere
d'un tableau anime, l'epiphanie de la deesse qui agite sa tete fiexib1e
au rythme du tambourin mystique, la fiagellation sauvage de 1a chair
qui se herisse sous 1a morsure, les hur1ements des mystes, avec peut-
etre, dans 1e prolongement, par une sorte de coincidence harmonique,
le chreur des nymphes dΆche10ίis qui fait pendant au chreur metroa-
que ; il est sublimation conso1ante de 1a misere humaine. Οη compren-
dra mieux des 10rs 1e sens profond du Banquet de Mecene : a cote de
la curiosite physio10gique, l'auteur exp10re la bienfaisante alienation
du νίη, l'espece de beatitude promise 11. travers l'jvresse aux sectateurs
de Dionysos4. La curiosite purement artistique qui s'attache a la reli-
gion, 1e di1ettantisme d'un curieux, se pro1ongent en curiosite reli-
gieuse et en aspiration mystique. Comme 1es ludi primitifs dont elle
sort 5 , la poesie est moyen d'evoquer 1es forces obscures de renouvelle-
ment et de vie qui sommeillent dans 1es profondeurs du sacre. Mecene
le materialiste, par inquietude, exp10re 1es re1igions orientales; il ne
se borne pas au dionysisme, police par Cesar6 et « intellectualise » par
Horace ; i1 se penche sur 1e mysticisme metroaque honni dΉοrace'.

ι. Οη conna1t l'importance des odes inspίrees par les lest; dies et vouees
aux liesses amicales : ΠΙ, 14 ; ΠΙ, 19; ΠΙ, 21 ; ΠΙ, 28 ; IV, ΙΙ, etc. Sur ces ίηνί­
tations, νoίr PASgUALI, Oraz;o lir;co, ρ. 325-327 ; R. AVALLONE. Mecenate,
ρ. 42-43 ; C. BECKER. Das Spdtwerk des Horaz, Marburg, 1962, ρ. 161.
Le catalogue de ces auteurs est Ιοίη d'"tre complet. Ι1 faudIait citer aussi
Odes, Ι, 18, IV. 15, l'epode ΙΧ. etc. Id. ΠΙ, 17 : simplicite rustique des detaίls.
2. Georgiques, Π, 493 sq.
3. Fragment ΙΥ, AVALLONE. Mecenate, ρ. 281.
4. cf. supra, chapitre Ι, ρ. 28. Parmi les statues censees Ρrονenίr des Jardins
de Mecene fιgure une Menade (ou une Muse), cf. D. MUSTILLI, 11 M"seo Musso-
I;ni, 9, ρ. 67-68, trouvee pres de Ι'auditor;<ιm Maecenat;s.
5. Tibulle, Π, ι, 55; Horace, Epist., ΙΙ, ι, 139 sq. ; vίrgile, Georgiques, Π,
385 sq.
6. cf. Servius ad B"c., Υ, 29.
7. cf. G. HEUTEN, Le Culte de CyMle dans les p~esies dΉοrac~, Et"des Hora-
tielllles, Bruxelles, 1937. ρ. 115 : «Mecene partageaιt le dίlettantlsme des poetes
8
Α son usage personnel, :M:ecene cherche donc une estMtique qui
associe le pittoresque exterieur, les emotions musicales, les (Ι paradis
artificiels » du paganisme. Dans ces fragments desordonnes, il a mis
toute son inquietude et tout son mysticisme vague. La part de virtuo-
site, de lusus, de nugαe. reste fort rnince1 . Dans le meme temps ου il
s'essaie au lyrisme moral, le ministre, depositaire de la mystique
poetique dΆctίum, commandite l'hyrnne Mroϊque et l'epopee romaine,
le chant de la uirtus et de la pietαs. L'estMtique revelee par les frag-
ments s'apparente encore par ses themes et sa maniere a. la sensibilite
elegiaque, mais elle s'oppose a.la grande poesie.
Nous retrouvons sur le terrain doctrinal, a l'interieur du Cercle
de :M:ecene, le debat sur le sens profond et la fonction de la poesie qui
s'est ouvert a la fin de la Republique dans les cenacles epicuriens.
LΌΡΡοsίtiοn entre l'ideal de sagesse et la poesie gratuite parait avoir
ete trancMe par Mecene dans un esprit epicurien : dans le sens d'un
lyrisme spirituel au langage original. Α ce debat abstrait se superpose.
des les debuts du principat, un conflit concret entre la liberte d~inspi­
ration et l'apologetique : ce conflit n'est pas le resultat d'une politique
de mobilisation des ecrivains. 11 est inMrent a. la poesie alexandrine;
ίΙ est inherent a. la litterature latine.

Divergences doctrίnales et quete de I'unite au creur du Cercle de


Mecene.

Οη sait que Mecene, comme Virgi1e et Horace, a suivi les savantes


leς:onsde Philodeme et de Siron2 • Il a fοrcemeήt recueilli les echos des
discussions sur la valeur de la poesie qui se deroulaient a. l'jnterieur
du cenacle. :Nous avons montre ailleurs que l'epicurisme romain trou-
vait dans l'Mritage du maitre un proces des beaux-arts et de la pαideiα
grecque3 ; que le Jardin condarnne fondamentalement la (Ι poesie
mythique », avec un scrupule touchant les enseignements moraux
dΉοmere4 • :M:ais ίΙ ne jette pas l'anatheme sur toute poesie, comme

de la jeune ecole, curieux, iι la suite de Catulle, des effets artistiques sans nul
doute touchants que ΙΌη pouvait tirer de ce sujet nouveau, et de la musique
inedite des galliambes )). Horace, Odes. Ι, 16, 5 et Ι. 18, 3, a consacre deux men-
tions desobligeantes (sans compter Sαt.• Ι. 2. 121) au culte metrOaque.
ι. Alors que chez Catulle. les nugαe sΌΡΡοseηt aux cαrn,inα doctα, pour
Horace le terme designe toute poesie « profane )) par opposition iι la J?oesie
morale : Epist.• ΙΙ. 2, 141 sq. ; ΙΙ. ι, 93 et Art Poitique. 450-451. apres Epost., Ι.
19, 42 : ... scriPtα pudet recitαre εΙ nugis αddere pondus. Voir aussi le teιme ludicrα
applique iι tout lyrisme dans les Epitres.
2. Η.. AVALLONE. Educαzioneletterαriα.... ρ. 220-221; J.-M. ANDRE. LΌtium....
P·5 01 .
3. Voir notre Otium ... , chapitre ΙΥ, Ire partie. ρ. 233 sq.
4. Ibid.• ρ. 237·
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE ΙΙ5

ΙΌnt cru ceux qui prCsentent


l'ont Cpigrammes de Pison, de Philodeme,
presentent les epigrammes Philodème,
ZCnon Sidoine
et les vers de Zenon Sidoine comme
comme une deviation.
dCviation. Les sages du cercle
campanien ont en general consommé le dίvorce
général consomme divorce entre l'utile et l'agreable
l'agréable
esthétique demeure le ΠερΙ
et leur charte esthetique I k p i ΠΟLΎjμιΧτων
I i o i q ~ k ~ wdev Philodeme.
Philodème.
majoritC des epicuriens
(( La majorite
« épicuriens romains, groupes groupCs autour des maitres maîtres
campaniens,
campaniens, considere
considère la science morale mora1e comme un negotium, negotium, la poesie
poCsie
comme un otium libre et desinvolte
cornme désinvolte »1. 9.Sans sacrifier au mythe de I'epi- l'épi-
cuήsme
curisme de Catulle, on οη peut dίre poetique du badίnage,
dire que cette poétique badinage, leger
lCger
ou raffiné (nugαe) , du divertissement (lusus)
raffine (nugae), (lusus),, de la lίceηcelicence erotique
érotique
(lasciuia) rejoint les positions, a
(lαsciuiα) à vrai dire fort peu codifiees, codifiees, de la
première génération a1exandrine
prerniere generation alexandrine :: Calvus,
Calvus, Catulle. Comme il n'est pas
règle sans exception,
de regle exception, le sieclesiècle offre une exception de genie Lucrèce.
génie : Lucrece.
fût deja
Soit qu'il fut dCjà poete
poète l0rslors de sa «((conversion
conversion », s, soit que la hantise de la
reforme mora1e
morale luί
lui inspire de mobiliser la poésie, poesie, et meme même la puissance
de suggestion des mythes, il ίΙ cree
crée le lyήsme
lyrisme mora1moral et dίdactique,
didactique, qui
n'est pas seulement l'exposel'expost d'une doctrinedοctήηe de la serenite,sCrCnit6, mais aussi
-- et surtout -- l'investigation pathétique patMtique de la condίtion condition humaine.
Des esprits infiuences
influences par l'epicurisme
1'Cpicurisme se trouvaient donc, vers 40,
aà la croisee
croisée des chemins. Le lyrisme triompha1 triomphal et la poCsie Cpique leur
poesie epique
Ctaient pratiquement barrCs.
etaient baaes. Ils avaient a 2 choisir entre les ebats Cbats de la
ClCgiaque, qui rendaient nécessaire
muse elegiaque, necessaire une autre fonction fonction socia1e
sociale
(clientele
(clientèle pour les affranchis de Mecene, Mécène, office
office pour Horace) et les
leçons d'Uranie
doctes leyons d'Uranie2 lyrisme scientifique en general.
2 :: le Iyrisme gCnéral.
Le premier Cercle de Mecene
prernier Cercle Mécène reflète libéralisme un
refiete le libera1isme υη peu anarchique
Cpoques de renouvellement. Les recherches poetiques
des epoques poétiques se deroulent
déroulent
liberté et de la variete.
sous le signe de la liberte variCtC. 11Il n'est
n'est que de passer en revue
les productions de ces poètes, poetes, et les genres pratiqués. cuήοsίte
pratiques. La curiosité
naturelle de Mecene
Mécène3 l'inciter a
3 devait I'inciter eηtreΡήses les
à encourager les entreprises
plus dίfferentes,
diffbrentes, et la sαtire
satire Ι, 1, 10
IO dΉοrace
d'Horace constitue comme le miroir rniroir
de cette « variéte
vaήete »4 -a
)j4 - à cette réserve près que Gallus,
reserve pres Galius, imitateur d'Eu- dΈu­
Ρhοήοη, n'est
phorion, nommé a
n'est pas nomme à cOte
côté de Virgile
Virgi1e dans la rubriquerubήque du molle
atque jαcetum.
αtque facetum.
L. Vaήus
Varius Rufus faisait partie avec Plotius Tucca du cenacle cCnacle epicu-
épicu-
(Buc., ΙΧ,
rien :: Virgile (Buc., 35-36) voit en luί
IX, 35-36) lui υηun modele
modèle de I'epopee,
l'CpopCe,
Horace le met sur le meme même plan que Virgile (EPist., (E$ist., 11,II, ι, 245-246).
1, 245-246).
LΌde Ι,
L'ode 1, 6, comme la sαtire
6, cornme satire 1,Ι, 10,
IO, fait de luίlui la «((tête Cpique »)) par excel-
tete epique

Iι.. Ibid., p. 237-238.


Ibid., ρ. 237-238.
2 . Οη
2. OU de CaJliope,
Calliope, cf.
cf. Lucrèce, V, 94 :: Calliope
Lucrece, Callio9e requies lIominum
Ilominum diuomque
uo1uptas.
uoluplαs.
variété de Mecene,
3. La variete Mécbne, avec sa ranyon, rançon, la !egerete,
LBgèreté, domine le portrait 11 i%
clef trace
trac6 par Properce
Properce dans l'ιIlιIgie 1\7,
dans l'klkgie IV, 22 (Ie
(le double sens du mot desul/or,
double sens desullor, vers 36,
dont R.R. LUCOT, αΥI.
L u c o ~art. Ia"d., ρ.
, laud., p. 76,
76, ne tire pas tout le parti souhaitable :: et le « don
Juanisme »II Ι).
Juanisme ?).
4.
4. Outre satire Ι,
Outre la salire IO, il faut citer Sal.
1, 10, Sut. Ι, g. 43 sq.
1, 9. ... esl
sq. :: ... est locus uni c"ique
cuique
suus.
ιι6 MECENE

1ence. Dans 1a vie et dans 1a mort, Horace l'associe a1a gloire de Yirgile
(Art Poetique, 55). Mais son De Morte, conserve par Macrobe', semble
s'enliser dans les digressions naturalistes et 1es ana1yses morales d'ins-
piration epicurienne, tout comme, a l'extreme oppose, le Culex νirgi­
1ien se hausse ma1adroitement vers l'epopee et reste dans l'exercice
alexandrin. Il n'est guere d'epopee viable dans un climat rationaliste.
Yarius, avant d'etre l'editeur attentif de l' Eneide 2 , s'orientera vers 1a
tragedie : son Thyestes, piece ma1tresse des ludi triomphaux de 29,
etait encore ce1ebre a l'epoque du Dialogue des Orateurs". P10tius Tucca
semb1e avoir ete un de ces compagnons de route qui cotoient 1es grands
mouvements et n'ont pas l'etoffe de createurs : Horace l'appreciait
pour son goiΊt et ses qua1ites d'ame (... animae quales neque candi-
diores... 4 ). « Poete » de profession plutQt que de vocation egalement,
le cremonais Quintilius Yarus, qui fut surtout un arbitre de poesie,
role auquel il appliquait l'ideal de franchise morale precM par son
maitre Phi1odeme, la nuda 1teritas5 (ίΙ etait l'ami de Yirgile et dΉο­
race). Dans 1a famil1e epique du Cerc1e, οη pourrait egalement ranger
C. Ya1gius Rufus, qui jouait le role de trait d'union entre le Cercle de
Mecene et le Cercle de Messal1a. Lie a Tibulle et a Horace, porte a
l'elegie et aux flebiles modi, il avait, d'apres les Odes, 11, 9, des dons
epiques, - majores dans les adulations du Panegyrique de Messalla 6•
Le Cerc1e de Mecene a aussi voulu regenerer la comedie, qui vit
sur un repertoire ancien. C. Me1issus, ecήνain-clieηt forme par Mecene,
voulut lancer 1a jabula trabeata, genre de togata consacree a l'ordre
equestre. Ovide a evoque cette tentative dans les Pontiques 7 • Elle ne
semble pas avoir marque davantage que les comedies d'Aristius
Fuscus. Mecene etait curieux de divertissements : il a sans doute ete
derru. Il aura pris son parti du destin de triνialite qώ guette la comedie
latine avec la royaute du mirne, et οη le verra plus tard cautionner la
pantomirne, - alors que la preference d'Auguste al1ait dans ce domaine
a la comedie ancienne".
Mais c'est entre la poesie scientifιque et le lyrisme elegiaque
qu'oscille, semble-t-il, l'ensemb1e du Cerc1e, ou en tout cas entre 1e
l)'risme didactique et 1e 1yrisme mineur des petits genres. Trois des
membres de la compagnie cotoient le monde des Georgiques, bien que

ι. Macrobe, Sat., νι, ι, 39.


2. cf. Suι\tone, Vit. Verg., 37, 140, ed. C. Hardie.
3. Dial. Or., ΧΙΙ, 6. cf. Η. BARDON, ορ. laud., ρ. 30-32.
4· Sat., Ι, 5, 41.
5. νoίr supra : traite De Ια Franchise.
6. Sur Valgius Rufus, « philologue, anttquaίre, natulaliste, epigrammatiste,
eIegiaque », νoίr Η. BARDON, ορ. laud., ρ. 19-22. Ses dons epiques, evoques
par ΙΌde ΙΙ, 9, 19-20, ont ete exageres par eSΡήt de cοteήe, dans le Panegyrique
de Messalla, vers 180-181 : ... aeterno propior non alter Homero.
7. Pont., ιν, 16, 29-30.
8. Suι\tone, Aug., LXXXIX, 3.
LE 1I1ECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDJ:: 1I7
les rapports 1itteraires
littéraires sur ce point restent obscurs :: competition
compétition limitee
limitCe
avec l'ami νulgarisations de detail
l'ami prestigieux ?? vulgarisations ddtail consultees
consultées par Virgile
Virgi1e ?
ου
ou developpements
développements complementaires
complémentaires qui comblent les lacunes didac-
tiques de la grande ceuvre œuvre ?? Οη On ne sait trop. Aernilius filacer avait
Aemilius l\:{acer
Ornithogoniα sur les merveilles de la gent ailee
écrit une Ornithogonia
ecrit Theriαcα
ailée et des Theriaca
sur la morsure
morsuτe des animaux venimeux1, venimeux1, Sabinius Tiro, Τίτο, un traité
traite d'art
d'aτt
dédié a
topiaire dedie Cepouricα2 • Quant a
Mecene, les Cepourica2.
à Mécène, Melissus, il
à C. l\:{elissus, ίl aurait
auτait
composé, selon le témoignage
compose, temoignage de Servius, Serνius, un υη De Apibuss,
Apibus3 , qui dans ce
cercle heilCnisé, féru de bel esprit, procède
helIenise, feru procede sans doute de la gageure gageure4. 4•

mineuτ, de contenu et de ton, etait


Le lyrisme mineur, Ctait l'autre pôle d'attrac-
pole d'attrac-
tion. Aemilius
Aemilius Macer etait était aussi un elegiaque,
élégiaque, comme le rdvèle revele 1' l'έIέ­
éZé-
ΙΙ, 6 de Tibulle,
gie II, l'incompatibilité entre les otiα
Tibuile, qui souligne l'incompatibilite otia du
poete d'amour et le service des camps.
poète Va1gius Rufus avait essaye
camps. Valgius essayC la
bucolique mythologique5. Marsus, a
mythologique 5 • Domitius l\:{arsus, ΙΊ!Ροque de Pison et de
à l'époque
Phdodème, lance l'epigramme
Philodeme, l'épigramme latine latinea,6 , genre dans lequel s'est essaye essayé
Catuile, et dont les delicati
Catulle, delicαti gofttent
goûtent les pointes nerveuses. Virgile Virgi1e s'y
adonné dans les Bucoliques,
est parfois adonne Bucoliques, en adoptant la loi Ιοί essentielle
du genre, la dissimulation du trait perfide :: Qui Bauium non odit, amet αmet
tua
tuα carmina,
carminα, MαeuiMaeui7. 7
• Nous sommes au cceur cœur du problème
probleme qui se posait
aux poètes Mecene et a
poetes de Mécène MCcène lui-meme
à l\:{ecene lui-même :: les bouts-rimés,
bouts-rimes, les riens
a1exandrins,
alexandrins, les uersiculi qui sont des concours d'imagination et d'eru- d'éru-
ditions,
dition 8 , bref les nugae
nugαe sous toutes leurs formes, l'élégie mollis a
formes, de l'elegie A la
bucolique faceta, de la bucolique a
bucoliquejαcetα, à l'humble epigramme,
épigramme, constituent-ils
υη registre poétique
un poetique suffisant ? Peuvent-ils seulement cohabiter avec
les grands genres ? La poCsie poesie peut-elle cultiver les petits sujets, sujets, les
petits genres et le mode musica1 musical mineur ?? Ου Ou bien doit-el1e
doit-elle rechercher
vaτiete (la
une riche variété πολuτέλειοι préconisée
(la nohur6A~la preconisee par Philodeme
PhilodèmeD), 9
), en tentant

d'accorder avec le dogme essentiel de verite vérité l'idee


l'idée de beauté formelle1°
beaute formelle 10
?
R. AVALLONE,
Σ.. R.
1 Mecenate, p.
AVALLONE, 111ecenaIe, 195.
ρ. 195.
P l i e , NH,
2. Pline, ΝΗ, XIX, ΧΙΧ, 57, 177.177.
3. Servius, ad Verg. νπ, 66 :: Melissus,
Ve'erg.Aen., VII, Meli••"., q"iqui de apibus scvipsit ...
a p i b w .cripsit...
4. Ν'Υ
N'y a-t-il pas, 1:1à ΙΌτigine
l'origine de ce traité
traite en vers, un jeu de mots du type
Melissus-melissa
Meliss"s-melissa ?
5. Tibuiie, 1,
5. Tibulle, Ι, 10, ΙΙ-14, invoque Valgius au moment de celebrer
IO, 11-14, celébrer la paix
chamΡι>tre et les joies de I'age
champétre dΌr. H.
l'âge d'or. Η. BARDON,
BARDON, ορ. laud.,
op. lαΟΟ., ρ.p. 222,2 , ne croit pas,
différence dΆνALLΟΝΕ,
à la difference
1:1 ~'AVALLONE, jY.lecenαte, p.
ivecenate, 192, que Valgius ait pratiqué
ρ. 192, pratique le genre
bucolique. Si le 1ι:> poète compos.4 des eloges
poHe a compose éloges de la campagne,
campagne. comme le Le pense
J. HUBAUX,
HUBAUX, Les tlιemes
tl~èmesb"coliq"es dαns la pobsie
bucoliques dans poe.ie lαIine,
latine, ρ. 7 8 , ίΙ
p. 78, Υ aurait 11:1
il y là un
élément interessant
element intéressant pour la genese genèse de la la"datio
laudalio vuris Gdougiques.
r"ris des Georgiq"es.
Epigr., II,
6 . Martial, Epigr.,
6. Π, 71, 3, le met sur le m&memι>me plan que le Catulle des ερί­ épi-
grammes. cf. Cf. ibid., Π, 77;
ibid., II, 77 ; νπ,
VII. 29 (estime
(estime de Mecene
Mécène pour ses pièces &otiques),
pieces erotiques),
et surtout VII,
etsurtout νπ, 55. 55.
7. Buc.,
7. B"c., III,
ΠΙ, 90. go.
8. Sur les
8. les U13r.iculi érotiques, en vogue 1:1
wrsiculi erotJques, à la fin République, νoίr
fi.n de la Republique, voir Horace,
Epod., ΧΙ,
Epod., XI. 1-2 et SaI., Ι, 2.
Sat., 1, 105 sq. (charme licencleux
2, 105 licencieux et efficacite
efficacité morale).
moraIe).
g. Philodème
9. Philodeme reprend ce concept 1:1 à Néoptolème
Neoptoleme de Parion. Parion, et e t il depasse
dépasse une
esthétique limitee
esthetique limitée aux «I( grandes compositions »,n, cf. cf. infra.
infrα.
IO. Α.
10. A. Rostagni, etudiantétudiant la revolte de Philodeme
Philodème contre l'esthetique
l'esthétique clas-
Scritti l1ffinori,
sique, dans ses Scra'$$i Τ, Aesthetica,
i mi no ri, 1, ρ. 394-443,
Aesthetica, p. 394-443, aa permis de reconstruire
ιι8 MECENE

Les poètes augustCens, probablement stimules


poetes augusteens, stimulks par les inYites
invites de
MCcène, ont ref!echi
Mecene, rCflCchi au problème finalit6 du chant. Ils ne se sont
probleme de la finalite
poesie et de la vCritC,
pas contentes d'accepter le divorce de la poésie νeήte, etab!i
établi
par Philodeme Neoptoleme de Parion ;; de plaider
rCaction contre NCoptolème
Philodème en reaction p1aider
pour 1ala fantaisie des banquets en présentant
presentant le νίη, vin, comme tous les
sujets fήνο!es
frivoles ου
ou legers, rubήque de 1a
lkgers, sous la rubrique la πολυτέλεια rbelle.
nohu~ÉAela reelle.
Α. Rostagni a marquC
A. marque fortement qu'il existe pour l'auteur l'auteur du
du H ΠερΙ
~pi
Ποιημ.χτων υη
ITo~qpkswv un monde de 1ala vCrité
verite poétique,
poetique, un monde de la venté νeήte for-
ίοτ­
melle. dlesthCtisme alexandrin, i1s
meUe. Au danger d'esthetisme ils ont rCpondu
repondu par une
Ctiologie du poème,
etiologie poeme, qui souligne ses !iensliens avec 1a la joie collectiye
collective
l'enthousiasme. Des
et l'enthousiasme. Dès 10rs,
lors, 1e
le faux dilemme «I( utilite-plaisir
utilitC-plaisir »r etait
Ctait
dépassC.
depasse.
La thCorie génCrale des poètes,
theorie genera1e rCsum6e au fond par le prologue
poetes, resumee pro1ogue
du De Poetis de Suetone,
Suétone, est que 1ele perfectionnement de la religion
donnC naissance a
primitive a donne A la poésie ... ut
poesie : ... u t templa illis domibus
pulchriora et simulacra corporibus
pulchriora cor$oribus ampliora
am$liora faciebant, eloqztio etiam
jaciebant, ita eloqttio
quasi augustiore honorandos putauerunt, laudesque eorum et uerbis
extuleruntl.
inlustrioribus et iucundioribus numeris extulerunt 1•

L'esthétique prίιnitive du Cercle


L'esthetique primitive Cercle :: le «« lusus
lusus m».
.

Les poètes augustCens ont tous ecrit


poetes augusteens écrit assez spontanement
spontanCment des etiolo-
Ctiolo-
la poCsie,
gies de 1a poesie, et toutes sont, sinon profonddment religieuses d'accent,
profondement re1igieuses
penetrees d'admiration pour
pCnCtrCes ρουτ le pittoresque des fetes fêtes rustiques :: Bac-
le dieu de l'imagination pour Horace, apparait
chus, 1e apparaît comme
comme l'inspira-
teur de 1a poesie primitive chez Tibulle (II,
la po6sie (Ι1, ι, 51 sq.),
1, 51 sq.). Ovide
Ovidez,
2, Virgile3.
Virgile3 •
1'Cpître a
Chez Horace, dans l'epitre (Ι1, 1,
à Auguste (II, ι, 139 sq.), la poCsie
139 sq.), apparaît
poesie apparait
comme un de!assement
dClassement merite
mtrité et comme un hommage aux dieux
rustiques ; elle devient graduellement un art charge
rustiques; char& de « bien dire »))
et de « charmer »4. fixe ici pour fonction a
a4. Horace fixe A la poCsie
poesie l'utilite
l'utilitb
(bene
(bene dicere,
dicere, equivoque,
équivoque, designe
dCsigne aussi bien la vocation moralisante
la comedie
de 1a comCdie palliata
palliata que 1a la vocation apo1ogetique
apologétique des «II grands »r
genres)
genres) unie au charme. On Οη est sur 1e 1ΆΥΙ Poétique5.
le chemin de l'Art Poetique 5 • Le

théorie qui sembIe


une theorie semble postuler
postuIer l'accord
I'accord de la réalité et de Ia
Ia reaIite la beauté (ibid., p.
beaute (ibid., ρ. 419-
419-
celle d'Horace dans l'Apt
425).Ce sera ceIle
425). ΙΆ.ι Podtique.
Poetique.
ι. Pour
I. essentiel, nous avons consulte
Ρουι ce texte essentiel. consulté A. ROSTAGNI, Scritti
Α. ROSTAGNI. Sc.itti M inmi,
Minori,
Ι, p.
1, 238 sq. : Appendice, IIll Proemio
ρ. 238 sueloniano «De
p.oemio suetoniαno n De Poetis » alla luce dell'antica
1) αΙΙα dell'αnticα
precettistica.
p.ecettisticα. L'auteur soulίgne le rapport avec 1'Art
L'auteur souligne ΙΆ.ι Podfique.
Poetique, vers 391 391 sq.
2. Étiologie
2. Etiologie des vers fescennins, lίes "Ia
fescennins. lies f&ted'Anna Perenna,
à la f€:te Perenna, Ovide, Fαstes,
Ovide. Fastes,
ΠΙ, 524
111, q.Voir
524 sq. MICHAUT, Sur
νοίι G. MICHAUT, Su. les Trdteaux
T.eteαux latzns,
lαtins, Paris, 1911,
19ΙΙ, ρ.p. 34-35.
34-35.
3. Gdmgiques,
3. Georgiφ,es, II,
ΙΙ, 380
380 sq.
4. Les deux fins
4. eΡίcuήens jugeaient inconciliables,
fins que les épicuriens inconciliables, comme le montre
la polémique Phiiodème contre Néoptolème
poIemique de Philodeme Neoptoleme de Parion, cf. P. Ρ. GIUFFRIDA,
GIUFFRIDA,
op.
ορ. laud.,
lαud., II,
Π, p.
ρ. 31
31 sq.
5. Οη
5. On sait qu'Horace dans l'ArtΙ' A.t PoWque,
Poetique, vers 343,343,rBconcilie l'utile et I'agrea-
reconcilie I'utile l'agréa-
~:!ECENAT :: HISTOlRE
LE NÉCÉNAT ΕΤ LÉGENDE
HISTOIRE ET LECENDE IIg
II9
même Art
meme Art Poétique assigne aà la poésie
Poetique assigne poesie une origine collective où οΙΙ les
traits religieux se melent
mêlent aux elements
éléments de gaiete
gaieté profane : culte du
Geniusl a
Genius' à ΙΌccasίοn
l'occasion des jours de fete fête (... placari Genius festis
placari Genius Jestis impune
diebus fait
diebus Ccho aà EPist.,
fait echo II, 1,
Epist., 11, ι, 144) dans les vers 210 sq. -- invention
210 sq.
des jeux sceniques
scéniques au terme des 10ngs longs travaux (ν. (v. 405-406)~
405-406), qui rap-
pelle dans l'epitre II, Iι le condita
l'épttre 11, condita post
post frumenta
Jrumenta leuantes tempore festo Jesto /
corpus et ipsum animum.
animum. Dans cette etiologie, étiologie, l'explication
l'explication laique,
laïque,
épicurienne (technique de delassement)
positive, epicurienne délassement) se fond avec l'inter-
l'inter-
prétation sacrée : un autre passage de ΙΆrt
pretation sacree l'Art Poétique
Poetique (ν.
(v. 377)
377) dit que
le poème
poeme a ete été invente
inventé animis iuuandis, ce qui rejoint la theorie théorie de
Lucrèce au chant V du De Rerum Natura. La poCsie
Lucrece poesie est dans son
essence [~edus;
lzcdus ;elle est phhomène
phenomene social,social, c'est pourquoi dans l'etape
l'étape
finale l'esthhtique horatienne, sa double fonction procédera
finale de l'esthHique procedera de son
(bene dicere-delectare).
origine (bene dicere-delectare). Mais c'est la là l'aboutissement de vingt νingt
ans de méditations doctrinales, aà une epoque
meditations doctrinales, époque OU où Horace reve ρουτ
rêve pour
lui-même d'une poésie
lui-meme sagesse (liνre
poesie de sagesse (livre 1Ι des Épitres)
Epitres) et constate que
l'époque appel1e
l'epoque appelle autre chose.
chose.
Horace et ses arnisamis sont partis d'une esthetique ΙΌtium pour
esthétique de l'otium ρουτ
adopter graduellement une esthetique uirtus. W. Wimmel l'a
esthétique de la uirtus.
récemment
recemment mis lumière2.
rnis en lumiere débuts du Cercle
2 • Aux debuts Mécène la théorie
Cercle de Mecene theοήe
régnante
regnante est celle de la poésie-divertissement,
poesie-divertissement, héritée Zénon Sidoine
Mritee de Zenon
Philodème ;; l'idee
et de Philodeme l'idée de la poésie-fête
poesie-fete marquera déjà dejiι un
υη progrès
progres
œuvres apologetiques
vers les grandes ceuvres apologétiques et inspirees'.
inspiréess.
Etudions ΙΌtium et les rCsistances
esthetique de l'otium
Étudions cette estMtique qu'elle oppose
resistances qu'el1e
aà la genese
genèse de la poésie
poesie serieuse.
sérieuse.
Οη sait que Catul1e
On Catulle a definidéfini une poésie-divertissement,
poesie-divertissement, tiraiilée
tiraillee
entre 1a fescennίne et 1e
la verve fescennine le badinage erudit
érudit (les
(les nugae) pτίn­
nugae) ;; ses prin-
coïncident avec ceux de l'ecole
cipes coincident l'école de Naples, coincidence
coïncidence superfi-
cielle, puisque Catulle s'est converti aux grandes compositions mythi-
cielle,
ques, mais qui a fait naître légende d'un Catulle
naitre la Iegende Catuile epicurien·.
épicurien4. Horace
trouvait a cόtes, dans les rapports quotidiens avec Mecene,
à ses côtés, Mécène, un
C. Melissus : ρουτpour avoir ete été tente poesie didactique, les seria
tenté par la poésie
dans une perspective epicurienne,
épicurienne, il ίΙ n'en a pas moins composecomposé un υη
ouvrage dont le titre seul est prCcieux,precieux, Iocorum sizle siue Ineptiarum libri
libri6.
6

ble et revient a à Néoptolème,


Neoptoleme, cf. cf. l'etude JENSEN, Ueber die Gedichte
Ch. JENSEN,
l'étude de Ch. Gedichîe
fünfles
junftes Buch, Berlin, 1923, ρ. 93
1923, p. sq. :: Neoptolemos
93 sq. ΗσΥaΖ.
Neaptalemas und Horaz.
ι. Sur le culte et
1. e t le sens du Genius,
Genius, genie
génie tutelaire indiνiduel, qui s'éteint
tutélaire individuel, s'eteίnt
(Epist.. II,
avec le vivant (Epist., η, 2 2 :: naturae Izumanae mortalis),
naturue deus humanae martalis), qui attend des
lίbations
libations de νίη,
COI. II55
coI. Sq.
ΙΙ55 sq.
νoίr l'article
vin. voir l'article de W. F. F. OTTO. . .
Real-Encyclopαdie, VII.
ΟΤΤΟ, Real-Encvclobüdie, νη, 13.13,

W.\VIMMEL,
2. W.
2. WIMMEL, op. laud., p.
σρ. laud., ρ. 328.
328.
3. Cliant Sbculaire,
3. Le CIzant odes commemoratives
Scculaire, les odes commémoratives du livre lίvre IV.
ιν.
4. cf. Otium..,.
Cf. notre Otium.. ,. chapitre IV,lν, Ire partie, p.
ρ. 214
214 sq.
5. Suetone,
5. Grarι,rι,., 21
Suétone. De Granznz., C . Οη
21 C. Melίssus (H.
On ne voit pas pourquoi Rfelissus (Η. BARDON,
BARDON,
Lit.
Lit. Lat. Inc., II. ρ.
[nc., 11, p. 50) aurait exclu de son «a recueil »u les reparties epigramma-
épigramma-
tiques. D'autre part le titre primitif revelateur :: ίl
primitif d'lneptiarum est révélateur il s'agit
120 MECENE

Jeux de société,
Jeux bouts-rίmes, faits divers arrangCs
societe, et surtout bouts-rimés, arranges avec une
epigrammatique devaient en constituer le sujet. On
verve épigrammatique Οη cherche à a
concilier la poCtique νirtuosite, de la verve, les mille mCdisances
poetique de la virtuosité, medisances
licentiα ou
et les mille saillies de la licentia ου de la lasciuia, avec cette politesse
intel1ectuel1e, cette discipline de la
intellectuelle, urbαnitas. La
Ja culture qui a nom urbanitas.
licentiα de Melissus dut trouver son censeur en la personne de Marsus,
licentia
qui, particulièrement qualifίe par sa vocation épigrammatique,
particulierement qualifié epigrammatique, écrivit ecriνit
υη De UrbanBate
un Urbanitate fort pris6 prise de Quintilien' οη peut retenir de son
QuintiJien1 ;; on
résumé exaJtait aussi la fonction ludique du vers : ... apta ad
resume qu'il exaltait 000

delectalzdos
delectandos mouendosque homines ...Prout quaeque res ac
homines..oprout αc persona
persona deside-
rato Horace accepte à
rat. iι l'6poque
I'epoque des Satires cette esthétique
estMtique du diver-
tissement mondain. Il ne se fait pas d'illusions sur la valeur des uersiculi
dans la satire 1, Ι, 2 ; evoquant une épigramme
; évoquant callίmacMen,
epigramme du genre calliiachCen,
ίl lui
il lυί dénie
denie toute vertu « cathartique » (Hisne uersiculis speras tibi
posse dolores/atque
posse dolores{atque aestus curasque grauis e pectore pectore pelli). Les rimeurs
de l'entourage
I'entourage de Pison, leur esthétique
esthetique romantique solidaire d'un
art
a:r:t de vivre, paraissent avoir fait Ccole. ecole. Horace entrevoit, derrière derriere
erotiques et alexandrins
ces badinages érotiques aJexandrins sur le thème
theme de l'amour
I'amour et de
la chasse, le drame de la passion. On Οη a tort de mélanger
melanger le sérieux
serieux et
badino Peut-être
le badin. Peut-etre Horace songe-t-il à iι Mécène,
Mecene, peut-être νise-t-il ses
peut-etre vise-t-il
premieres tentatives poCtiques
premières poetiques oùου la νirtuosite
virtuositC de la forme masque
maJ
mal une experience
expérience anxieuse de la vie. vieo Mais Horace se contente de
marquer la frontiere
frontière entre la poésie sagesse :: il ne renie pas ίοτ­
poesie et la sagesse for-
définition badine du poème.
mellement la definition poeme. L'adieu aux uersiculi, dans
Ι' epode ΧΙ,
l'épode XI, se teinte d'une indeniabJe
indéniable meIancolieo
méiancolie.
Des
Dès cette epoque,
Cpoque, au fond du badinage poétique poetique stagne une sorte
de mauvaise conscience.
conscience. Le divertissement poétique poetique peut s'exprimer
s'exprimer
en œuvres sérieuses, qui ont leurs sujets, leurs srthmes,
reuvres serieuses, rythmes, leur ton
propres. Horace ne dit pas encore, comme dans ΙΆΥΙ Poétique,
dansl'Art Poetique, ... ... uerba
decent.... ludentem lasciua,
decent.. lasciua, seuerum seria dictu2, l'idée est sous-
dictu', mais I'idee sous-
jacente dans le catalogue des quatre manieres manières de la satire 1, Ι, 103
103:: deux
manières
manieres et genres plaisants, deux autres graveso graves. Si Marsus veut impo-
ser des règles
regles 11.à la satire,
satire, Horace se montre soucieux d'etablir d'6tablir des
cloisonnements :: une des formes du badinage et de la virtuosité, virtuosite, c'est
le melange
mélange du molle atque facetumjacetum et du forte epos. Virgile l'a pratique
jorte eposo pratiqué
dans la Nekyia du Culex' Culex4 ;; les Bucoliques contiennent des agrandisse-
moiηs
moins de«
de u saillies,
saillies, faceties
facéties ")> que
que des mille rieηs
des miJle (nugae), des
riens (n"gae), mille potiηs
des mille potins medi-
medi-
sants ou
saηts plaisants du
ou pla.isaηts du bavardage mondain (cf.
bavardage moηdaiη (cf. le seηs
sens du
du mot dans la «a presse "n
mot daηs
de Rome).
Rome).
r . Inst.
1. Inst. ΟΥ., VI, 3, 102
Or., νι, 102 sq.
sq.
2 . ΑΥΙ
2. Art Poitiq-ue, 107.
Poüiqw, 107.
Sat., Ι,
3. Sat.,
3. 1, 10, sq. Voir le classemeηt
40 sq.
IO, 40 classement propose par Τ. FRANK,
T. FRANK, op. la"a.,
ορ. laud.,
ρ. 146 :: «n (ι)
p. 146 (1) Graηd
Grand aηd omate, (2) graηd
and ornate, grand but austere, (3) plaiη
austere, (3) plain aηd
and austere,
austere,
ω
(4) plaiη
plain but graceful ». n.
4. Α.
4. ROSTAGXI,
A. ROSTAGNI, Virgilio minore, ρ.
V i ~ g i l i oMinore, p. 1I9 sq. aa etudie
119sq. Btudié cette Nekyia du mous-
Nekyia du mous-
tique.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 121

épiques a
ments epiques resonance burlesque1,
à résonance l'heήtage
burlesquet, qui sont comme llhCritage
dΉeΙvius
d'Helvius Cinna.
Cinna. Autant que les exercices exercices de pure musicalité, les
musicalite, Ies
nugae cαnorαe,
nugαe canorae, Horace redoute Ie le mélange
melange des tons et des genres :: il
le redoute d'autant plus que les « jeux et les ris ))II poétiques
poetiques disposent
aà Rome de certains modèles modeles tentants, comme la satire menippee ménippée de
Varron, melange de prose et de vers, de sublime et de bouffon,
Vanon, bouffon, effort
pour eIever
élever au cielle dbtrôner la mythologie heroique.
ciel le quotidien et pour detroner hdroique.
Mécène
Mecene y Υ a peut-être
peut-etre cede c6dé dans son Prométhée2.
Promethee 2 • Philodème
Philodeme et les epi-Cpi-
cuήeηs de Campanie affectionnent le dialogue mi-sCrieux
curiens rni-seήeuχ mi-plaisant,
mi~plaisant,
compromis entre les seriα
espèce de comprornis
cette espece iocα qui s'appelle le
seria et les ioca
σπoυ~oyέλoιoν :: A.
asrou8oykhocov Α. Rostagni a decele Περί lIotqpd~ov
dCcelé dans le nepi Ποι'l)μιΧτων de Phi-
lodème une apologie pour la verve bachique3,
lodeme dΉοrace
bachique3 , dont mainte ode d'Horace
porte Iala marque. Conversation bήllante, brillante, ou irnprovisations
improvisations poétiques
poetiques
qui illustrent l'irnagination, sermones conuiuαles
l'imagination, ces sermones conuiuales ont irnprirne
imprimC leur
empreinte -- dans l'architecture visible
ernpreinte visibIe -- au Satyricon
Sαtyricon de Pétrone.
Petrone.
Le mélange rCpond a
rneIange repond Ι'υη des caracteres
à l'un l'eSΡήt latin,
caractères essentiels de l'esprit
n6 a
ne à la fois rusticitαs et de la grauitas.
fois de la rusticitas grαuitαs. Horace, malgré esthé-
malgre son esthe-
très classique,
tique tres classique, doit s'etres'être rendu cornpte sαturα repond
compte que la satura répond
au tempérament
ternperarnent de ses compatriotes. Il ΙΆrt Poétique,
11 acceptera dans l'Art Poetique,
drame satyrique qui toume
vers 226, le drarne tourne le sérieux
seήeuχ en bouffon, en pros-
seulement la trivialité.
crivant seulernent esthétique de compromis -- fond
trivialite. Cette esthetique
grave et forrne 1Cgère -- est a
forme Iegere inhérente a
à ce point inherente à la pobsie-lusus
poesie-lusus
que Lucrece
Lucrèce lui a fait des concessions calculees
calcul6es pour egayer
Cgayer son poème.
poeme.
Toute Iala poésie BlCcène en porte en definitive Ies
poesie de l\fecene les caracteres vaήa­
caractères :: varia-
tions insolites ou ου desinvoltes
désinvoltes sur le tragique de la condition humaine.hurnaine.
Son «« baroque 1))) reside
réside dans ce mClange
melange : le meme
même qu'il
qu'il decouvrait
découvrait dans
les thèmes
themes de Bathylle*.
Bathyl1e 4 •
Parallelernent a
Parallèlement nugαe et a
à l'effort pour discipliner les nugae à la tentative
pour epurer
épurer la verve hybride, le Cercle de Mécène développer
Mecene a vu se developper
tres tôt une tendance a
très tot à la poCsie sérieuse. Horace n'y
poesie serieuse. guère a
η'Υ croit guere à
l'Cpoque des Sαtires
l'epoque Satiress.5
• Il se contente de regenter goiΊt des
régenter le style et le goût
inférieurs, et d'adrnirer
genres inferieurs, d'admirer les genres inspires,
inspirés, sur lesquels sa pensée
pensee
reste obscure :: il ίΙ lui reste assez de préceptes
preceptes eΡίcuήeηs
épicuriens pour definir
définir

Iι.. Il
ΙΙ ne s'agit pas de la Bucolique IV, ou m&me m~me de la Bucolique
B1tcolique VI. ΙΙ
VI. Il
s'agit des traces
traces d'agrandissement sensibles
sensibles dans forme -- ou des
dans le ton et la forme
esquisses
esquisses epiques lέgerement deplacees,
épiques légbrement déplacées, cf. Buc., νπι,
cf. Buc., VIII, 88, signalέe par J. BAVET,
88, signalée BAYET,
L'4wolution Ι'αγΙ de Virgile
L'evol1ttion de I'art ..., RCC,
Virgile..., RCC. 1930, Π, p.
1930, II, sq. -- Id.
ρ. 380 sq. Id. I'attitude
L'attitude
de "u juge prétorien
pretorien "ii du Palémon Bucolique ΠΙ
Palemon de la Bucoliqw III (J.
(J. BAYET, ibid., ΠΙ,
BAVET, ibid., III.
Ρ·55
P. 1 ).
551).
Interprétation de Fr.
2. Interpretation
2. (ίΙ. 1),
Fr. Harder (fr. retrouve chez R. HIRZEL,
Ι), qui se retrouve HIRZEL, Der
DiaZog, II,
Dialog, Π, p.
ρ. 6, η. 3.
6 , n.
3. Α. ROSTAGNI.
A. ROSTAGNI, SCmtti 1Minori.
Scritti Aestketica, p.
Ι, Aesthelica,
Minori, 1. ρ. 432-433.
432-433.
Cf. article
4 . cf.
4. article de la R-E, col.
col. 137 (Pan, Écho,
137 (Pan, possέde d'Eros).
Echo, Satyre possédé d'Éros).
5. Οη
On sait que les Satires, outre les confessions
confessions qu'elles
qu'elles renferment l'esth6-
renferment sur I'esthe-
tique du Zusus, opposent la veine morale plaisante
lwus, opposent satires a
plrosante des satires A la prédication
predication
serieuse des
serieuse des opuscules
opuscules stoïciens.
stοϊcίeηs.
122 MECENE

toute poesie
toute poCsie par par le le lusus.
lusus. L'estMtique
L'esthétique du du Culex,
Culex, de de la Ciris, du Cαtα­
la Ciris,du Cata-
lepton1
lepton survivra, tres
1 survivra, très formellement,
formellement, meme même a à la
la conquete
conquête du du lyrisme
lyrisme
héroïque dans
Mroique dans les Odes Romαines,.
les Odes Romaines ;le le fait
fait que
que les
les trois
trois premiers
premiers livreslivres
dΌdes
d'Odes comportent
comportent des des pieces
pièces Mroiques
hCroïques et et des
des billets
billets badins
badins ou ou licen-
licen-
cieux ne
cieux ne suffit
suffit paspas aà expliquer
expliquer ces ces declarations
dkclarations etonnantes (Éeitres, Ι,1,
Ctonnantes (Epitres,
ι, IO ;;Ι,
1, 10 14, 36 ;;Π,
1, 14,36 II, 2,2,141141 et et 55-57).
j5-57). Le Le lyrisme
lyrisme soussous toutes
toutes sesses formes
formes
reste Ludicrum, et
reste ludicrum, et la la resistance
rCsistance opposee opposCe aux aux grands
grands themes
thèmes ne ne nous
nous
autorise pas
autorise pas a Ct Υy νοίΓ
voir seulement
seulement un un paravent
paravent commode.
commode. HoraceHorace souhaite
souhaite
une activitk comme
une activite comme corollaire
corollaire de de lala poesie,
poCsie, pour maintenir aà celle-ci
pour maintenir celle-ci
l'indgpendance :: Ubi
l'independance Ubi quidquid dαturdatur oti, illudo chαrtis,
oti, illudo chartis, disait-il
disait-il des dès les
les
Sαtires.
Satires. Une Une poesie-negotium
podsie-negotium risque risque d'etre
d'être accaparee,
accaparCe, ou ou dede devenir
devenir
dur labeur,
un dur
un labeur, comme comme celle celle dede Lucrece.
Lucrèce. Le Le vrai
vrai lyrisme
lyrisme se se definit
d6finit parpar
lαborum
laborum dulce duke leni'l1Ien
leninzen (Odes,(Odes, Ι,1, 32).
32).
Pourtant l'exemple
Pourtant l'exemple de de Lucrece
Lucrèce aa tente tentC une
une partie
partie dudu Cercle,
Cercle, sinon
sinon
l'aspect moral
l'aspect moral et cathartique »,)I, tout
et «(( cathartique tout auau moins
moins l'aspect
l'aspect scientifique,
scientifique,
qu'il
qu'il s'agisse
s'agisse des des poHes
poètes professionnels
professionnels deja dCjà etudies
Ctudik ou ou dede Mecene,
MCcène, le le
dilettante. Le
dilettante. Le chefchef de de file
file 5's'est intCressC scientifiquement,
est interesse scientifiquement, meme même sisi sa sa
curiosit6 suit
curiosite suit la la pente
pente de de sa
sa luxuriα,
luxuria, aux aux pierres
pierres precieuses,
prCcieuses, aux aux ani-
ani-
maux aquatiques,
maux aquatiques, aux remèdes maήns.
aux remedes marins. PlinePline ΙΆncίen
l'Ancien l'a l'a cite
citC comme
comme
αuctor
auctor2.2
• Il
Il aa ecrit,
Ccrit, d'apres
d'après le grammairien Chaήsius,
le grammairien Charisius, un un dialogue
dialogue sur sur
les oiseaux
les oiseaux3 3 --la la forme
forme importe
importe peu, peu, car
car lala frontiere
frontière du du vers
vers et et de
de la
la
prose Ctait assez
prose etait assez mal mal delimitee,
dClimitCe, aux aux yeux
yeux d'un
d'un asianiste.
asianiste. La La curiosite
curiositC
scientifique,
scientifique, chez chez Mecene,
MCcène, etait Ctait inseparable
insiparable du du gout
goût de de la
la singularite
singularité ::
tCmoin l'anecdote
temoin l'anecdote du du dauphin
dauphin apprivoise.
apprivoisC. Telle Telle n'est
n'est pas
pas lala voie
voie royale
royale
dans laquelle
dans laquelle va va s'engager
s'engager la la poesie
poésie «« serieuse
sCrieuse ».>I. Malgre
MalgrC tous
tous lesles inter-
inter-
dits
dits epicuriens
Cpicuriens va va retentir
retentir l'appel
l'appel du du poeme
poème Mroique,
hbroique, epiqueCpique ou ou
lyrique. Les
lyrique. Les poHes
poètes n'ont n'ont pas pas atteint
atteint la la vieillesse,
vieillesse, qui
qui justifie
justifie les
les doctes
doctes
hluses4
Muses 4 ouou lala quete
quête de de lala sagesse.
sagesse. L'urgence
L'urgence lucretienne
lucrbtienne aa disparu
disparu avec avec
les sequelles
les sCquellesd'une d'une epoqueCpoque troublee.
troublée. Point Point n'est
n'est encore
encore besoin
besoin d'aban-
d'aban-
dotιner
donner le le l)τrisme,
lyrisme, ou ou de de le vouer a
le vouer B la
la sagesse.
sagesse.Apres
Après dixdix ans
ans dede licence,
licence,
de tHonnements,
de tatonnements, de de quete
quête de de la la variete,
variCtC, de de camaradeήe
camaraderie litteraire
littCraire
entre Mecene
entre MCcène et et ses
ses poetes,
poètes, s'ouvre
s'ouvre avec avec Actium
Actium une une ere
ère dede lyήsme
lyrisme
orient& sinon
oriente, sinon dirige.
dirigC. Mecene
Mécène recommande
recommande le le lyrisme
lyrisme grave
grave et et noble.
noble.
L'Cclair dΆctίum
L'eclair d'Actium illumine illumine aà la la fois
fois l'univers
l'univers romanise
romanisé et et le
le monde
monde
de la
de la poesie.
poCsie. Apollon
Apollon aa depose dCposC le le carquois
carquois pourpour prendre
prendre la la cithare
cithare de de
l'aède5.
l'aede 5•

Culex. 1I sq.
I.Culex.
1. lusimus ... lusimus;
sq. :: lusimus... lusimus ;Ciris,
Ciris, 19-20 ...non
19-20:: ... non equide""
equidenz, quatnuis
quamztis
interdum ludere
interdum nobis Ι/ et
ludere nobis et grαcile", molli liceαt
gracilena molli pede clαudere
Ziceat pede uersum ;;CαtαZepton,
claudere uersum Catalepton,
V, 11
Υ, sq. et
I I sq. et ΙΧ.
IX, 13 sq.
13sq.
Pline, ΝΗ.
2. Pline,
2. NH.Ι,1, annonce
annonce qu'i!
qu'il aa utilise
utilisé Mecene
MécBne comme
comme source
source scientifique
scientifique
dans
dans les
les livres
livres ΙΧ, XXXII et
IX, ΧΧΧΠ et χχχνπ.
XXXVII.
3. KEIL, Grαmmatici
3. KEIL, Grammatici Lαtini,
Latini, Ι,1, ρ.
p. 146 awlucrum Μαecenαs
146 :: uolucrum Maecenas ini n diαlogo
dialogo 11
II
(SCHANZ-HoS1US,
(SCHANZ-HOSIUS, Π,
II, ρ. 21 ::«a auch
p. 21 auch naturwissenschaftlicher
naturwissenschaftlicher Dinge »).
Dinge »).
Properce ::le
4. Properce
4. le vreu
vœu de de ΠΙ,
III, 5, dans ΠΙ,
réalisé dans
5, realise III, 21.
21.
5. Properce.
5. Properce, ΙΥ,
IV, 6, 6,69-70.
69-70.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 123

Α vec la recherche du grand lyrisme se developpe


Avec développe autour de Mécène
Mecene
et dans
dans la conscience des poetes,
poètes, par un ljbre
libre examen qu'il convient
de
de ne pas sous-estimer, ΙΥήsme mineur.
sous-estimer, le proces du lynsme

Lyrisme ιnineur
Lyrisme mineur et lyrisme majeur apres
après Actium.
Apologie et proces
Apologie procès de la «« mollitudo
mollitudo ».
m.

Ι1
Il ne faut
faut pas prendre au serieux
sérieux le terme générique
generique de nugae nugαe avec
lequel Horace affectera dans les &pitres ΊJ:pitres de traiter tout lyrisme.
ΙΥήsme. La
poesie
poésie devient metier,métier, vocation et sacerdoce.
sacerdoce. Horace devient uates
dans
dans les Odes1:: la familiarite
les Odes' familiarité litteraire
littéraire se métamorphose
metamorphose en admiration
religieuse
reBgieuse2. 2 • Properce et TibuUe presentent l'elegie
Tibulle présentent l'élégie comme une sorte
de
de sacerdoce
sacerdoce amoureux qui justifie une uacatio militiae : : nous avons
etudie
étudié aiUeurs
ailleurs leur position inconfortable,
inconfortable, les morsures de la mauvaise
conscience3.
conscience 3 • Seul Ovide, survivant attarde
attardé de la première
premiere génération
generation
alexandrine,
alexandrine, osera se dire un tenerorum lusor amouztm.amorum.
Que
Que l'appel de la grandeur ait retenti dans le cœur ccεur des poètes,
poetes, nul
ne saurait le contester. La meilleure preuve se trouvera dans les apo-
logies spontanees
logies spontanées de Tibulle et de Properce'
Properce4 :: elles font pendant aux
recusatio+zesqui sont autant d'aveux des interventions de Mécène.
recusationes Mecene. Le
hldcénat n'a jamais ete
l\fecenat été une distribution gratuite de 10isir
loisir5.
5 • La pièce Ι,
piece 1,
107 de
107 de Martial est dans dans le vrai, qui lie l'aisance et l'indépendance
l'independance
octroyée iιà la necessite
octroyee nécessité de produire des œuvres
reuvres :: le grief
gήef du protecteur
soupçonneux et exigeant (desidia
soup90nneux (desidia des grands talents toujours en pro-
messe) a ete
messe) été formule
formulé par Mecene
Mécène des
dès l'époque ΊJ:podes; le poète
l'epoque des Épodes; poete
créer, et ηοη
doit creer, non rever.
rêver. Apollon est un dieu actif dans l'Art ΙΆΥΙ Poétique6.
Poetique 6 •

I.
ι. Odes, ι,
Odes, IV, 8.
1, ι.1, 35 ;; IV, 8, 26-28.
26-28. Id.•
Id., πι,
III. 1,
ι. 3 :: M Z L S ~ sacerdos.
M"sα.um YU~
sαcerdos.
2.
2. Cf. article
cf. article citecité de
de ΚΙ.
ICI. Eckert.
Eckert.
Oliam...,, chapitre VH,
3. Otium...
3. II=partie, ρ.
VII, ΙΙ· p. 4-'7
417 sq.
4. Properce,
4. Properce, πι. III, 9g selon \','.
W. '<VIMMEL.
WIMMEL, op.
ορ. cit.,
cit., p.
ρ. 250 sq..
sq., aurait introduit la
Rome rustique des
Rome des οήgines
origines comme «e Medium ». >ο. Mais
MaΊS on οη ne découvre
decouvre guBre
guere dans
la piece.
la piBce, enen transparence, que la Rome herοϊque. héroïque. Pour la Rome rustique, ?La part
III. 9,
πι, g, 49
49 sq.
sq. --annonce
annonce du livre ιν IV -,
-, la piece III, 32, qui rappelle l'éloge
πι. 32, I'eloge de
l'Italie chez Virgile par son parti pris de réalisme,
IΊtalie realΊSme, est plus plus' caractéristique.
caracteΉStique.
Pour Tibulle, voir ΙΊΠέgie l'dldgie Π.II, 5.
5.
5 . La conqu€:te
5. conquete du loisir. loisir. des libe.ri,nα
libevvima otia,
otiα, joue un rôle rδle capital dans L e mûris-
le mίtήs­
sement du I)'risme
sement lyrisme dΉοrace.
d'Horace. Compte tenu de sa complexion nerveuse et valétu- valetu-
dinaire, l'octroi
dinaire. ΙΌctrοi de de la villa de Sabine
Sabine par MécBne
Mecene joue a joué un rôle
role essentiel : Η y
il Υ a
chez Horace
chez Horace tout un Ι)'ήsme lynsme de la serenite
sérénité accroche
accroché à a. des paysages apaisants,
cf. J.-M.
cf. J.-M. ANDRÉ,LΌtium
ANDRE. L'Otium ......., ρ.
p. 478
478 sq.
villa de
La νΗI" de S"bine
Sabine a Με 6té donnee
donnée en 33.33, ou en 31 31 (A.
(Α. ROSTAGNI,
ROSTAGNI. Scritti
Scritti Minori.
Minori,
II, 2.
Π. p. 291).
2, ρ. 291). Apres
Après les les travaux de Α. A. hlazzoleni
Mazzoleni ((Lα L a Villa
Villα di Quinto Ovnzio
O.αzio
Flacco, Riv.
ΡΙαccο. Riv. di di Filol..
Filol., ΧΙΧ,
XIX, 1891),
1891). de G. Lugli ((Lα L a Villa
Villα Sabina
Sαbinα di Oraiio,
O.αzio,
αo Monumenti Antichi >ο, », Rend. d. d. Accad. dei Lincei, vol. νσl. XXXI.
ΧΧΧΙ, 1926, Roma,
Bardi). etc..
Bardi), on incline a
etc., ση ?L situer cette νίl!" vallee de la Licenza, Aa. Vico-
villa dans la vallée
varo. ηοη
varo, non lοίη
loin de
de Τίνοlί.
Tivoli, en vue du Monte Gennaro (le (le Lucrétile).
Lucretile).
6. A r t PoBtique.
6. A.t Podtipue, 406-407.
406-407.
124 MECENE

Il est peut-etre sommaire et naif de croire que 1e Mecenat a fait magi-


quement Virgile, 1e grand Virgi1e, mais ί1 Υ a contribue progressive-
ment, par 1a protection unie 11 1a persuasion. Εη revanche il est pueril,
apres l'epode XIV, de croire que Mecene ait jamais subventionne
l'ingenuα pigritiα comme un droit. Ovide est 1e seu1 de sa generation
11 avoir professe 1a re1igion du desceuvrement inspire. Et encore est-ce
une coquetterie : ce desceuvrement, comme ce1ui des e1egiaques, n'est
re1atif qu'aux negotiα publicα. Il permet 1e culte de l'ingenium.
La distinction de 1a sαtire ι, 10 repose sur 1a variete des ingeniαl •
Or l'ingenium uirile, maIe energie du sty1e et nob1esse des sujets, est
ma1 partageapres 30. Mecene a peut-etre songe, dans l'ivressed'Actium,
11 remp1acer Varius et Po1lion ; 1e propos de Seneque coinciderait assez
bien avec 1es allusions de l' Elegie α Μecene, ι, 512, avec 1es invites
dΉοrace3 , avec 1es reproches voiIes de Properce dans πι, 9. Mais ί1
manquait de perseverance, et 1a culture homerique ne cree pas l'inspi-
ration epique. Il va donc choisir 1es ingeniαreve1es par 1es genres
mineurs, ou egoistement rempares dans 1eur esthetique du lusus, et
1es orienter vers 1a poesie epique, apo1ogHique. Le ro1e de l'eveil1eur
est termine; 1e rQ1e du patron - au sens romain du terme - va
commencer. Il se poursuivra sans interruption, ma1gre 1es crises
d'angoisse et 1es echecs 1itteraires personne1s, de 31 11 15. Ce repere
chIonologique semble s'imposer parce qu'il correspond iι 1a prMecture
de Statilius Taurus, 11 1a fin de l'influence politique, qui parait solide
jusqu'en 17 au moins ; 11 la mort des protagonistes du Cercle, Virgile,
en 19, Properce, en 15 (Varius va disparaitre, Varus est mort en 23) ;
a une brouille momentanee avec Auguste, 11 cause de Terentia. Depuis
17, 1e patronat dΆuguste se substitue a ce1ui de Mecene : c'est 1ui
qui apres une premiere tentative malheureuse, apres avoir re<;u des
gages d'allegeance (avant 1'epitre π, 14), a demande 11 Horace 1e Cαrtnen
Sαeculαre, avant de 1ui commander les Odes du livre IV5.
Comment se presente le debat de fond et de forme entre la poesie
mineure et la poesie majeure ?
Il est une epithete qui exprime, sur 1e plan moral et esthetique, 1a
pIenitude des qualites et des defauts qui s'attachent 11 la poesie infe-

ι. Theme banal chez Horace (Sαt., Π. ι, 12 ; Odes, Ι, 6, 9 ; Π, 12, 13 sq. ;


ΠΙ, 3, 69 ; Epist., Π, ι ; A~I Poetique, 38 sq.). Οη le retrouve chez Properce
et en general chez les eIeglaques.
2. ΕΙ. Μεο., 17 sq. dolt, sembIe-t-il, etre eclaire par Ies vers 51 sq. = Horace,
Odes, Π, 12, 9 sq.
3. Odes, Π, 12, 9-10 : ... tuque pedest~ibus dices historiis ΡΥΟΒΗα Cαesαris
sembIe evoquer des tentatives epiques maIheureuses.
4. W. ,V1LI, ορ. lαud., ZeittafeI, ρ. 390, propose pour l'epitre la date de 13.
Meme concluslon dans Α. ROSTAGN1, Sc~itti Minori, Π, 2, ρ. 286.
5. Pour le texte de la Vitα Horatiαnα retra~ant l'influence d'Auguste sur
I'activite litteraire dΉοrace, cf. De Poetis, 38-52 (Α. ROSTAGNI, 5uetonio De
Poetis e Biograft minwi, Torino, 1956, ρ. ιι6-117).
ΙVΓέcέΝΑΤ
LE M
LE ΕΤ LÉGENDE
É C ~ N A::THISTOIRE ET LέGΕΝDΕ Ι25
125

rieure lssue
rleure neôteroi :le mot mollis. Adjectif d'ambiance, 11
issue des neoteroi: il evoque
évoque
tout a fois un genre de vie,
à la fois νίe, un etatétat d'ame
d'âme et de sensibilite,
sensibilité, une
manière
manlere musicale en harmonie harmonle avec certains sujets, les nugae
certaίns sujets, nugαe et les
amores. Il est a
amores. fois une censure et un mot dΌrdre,
à la fois d'ordre, selon qu'il est
prononcé
prononce par les eIegiaques
élégiaques latlns
latins ou par les tenants d'un art robuste.
Adjectif d'ambiance aux nuances péjoratives, pejoratives, mollis évoque une
mo11is evoque
ciνίlisation du raffinement condamnee
civilisation condamnée par le mos maiorum: maiorum :la mollesse
grecque sl si funeste a l'armée de Sylla,
à l'armee Sylla, la mollesse fabuleuse des peuples
ΙΌrient (molles
de l'orient Sabaet~), la nonchalance des peuples decadents
(molles Sabam2), décadents
(luxuria née
(11txuria licentia dans le De Republicae).
nee de la 1icentia Hortensius, arbitre
Repub1ica 2 ). Hortenslus,
du raffinement l'éloquence comme dans l'elegance
raffinement dans l'eloquence l'élégance vestimentaire,
était ΒΧ
etait ex professo mo11is
molliss. Mécène est mollis, avec cette nonchalance
8 • Mecene

heureuse des jouisseurs :: 111011e beαti.


molle beati.
évolué de la clvilisatlon
Stade evolue civilisation selon Lucrece, nω11itudο est liee
Lucrèce, la nzollitudo liée
aà un
πη genre de vie champetre
champêtre et naturel, qul sΌΡΡοse aux tracas de
qui s'oppose
civilisation urbaine. Elle fait le charme du gazon dans certaines
la clvilisatlon
épicuriennes :: inter se prostrati in gramine
scènes de genre epicuriennes
scenes grαmine molli4
mo1li' ;; le
sommeίl est mo11is
sommeil mollis chez Lucrece
Lucrèce6 5 :: idee
idée de relâchement
relachement bienfaisant, de
serenite. CΊceron oscille entre un emploi polémique,
sérénité. Cicéron caricatural, de
polemique, caricatural,
épicuriens (...
l'adjectif, qu'il consacre aux epicuriens (. .. in hortu1is
hortulis quiescet suis ubi u bi
etiαm recu
etiam recubαns
bans mo11iter delicate...O), et un emploi impartial (ideal
molliter et de1icate..."), (idéal
hédoniste,
Mdoniste, oppose opposC aux fins fins morales de l'epicurisme
l'épicurisme :: ...... aspernari
Epicureos molles delicαtas zroluptates7).
mo11es et delicatas 2to1uptαtes'). En Εη appliquant le mot aux
champêtres, a
cabarets champetres, ir la douceur du vin, νίη, du sommeil,
sommeίl, au moelleux
couche, les neôteroi
de la couche, élégiaques en ont fait, non
neoteroi et les eIegiaques ηοη le symbole
éphémère, -- comme
de la joie epMmere, comme chez LucreceLucrèce -, mals le mot magique
-, mais
qui résume
resume la αa vie Bohème »D du poète
vle de Boheme poete d'amour.
arrive a
mollitzldo en arrlve
La mol1itudo à designer
désigner au sens le plus complet l'estM- l'esthé-
tique
tlque des genres mineurs.
mlneurs. Il s'agit d'abord d'un type de sensibilite sensibilité
fragile, ferninin,
fragile, féminin, par opposition au pathétique patMtique inaIe m&le et religieux de la
tragedie et de l'ι~ΡΟΡee.
tragédie l'épopée. Les poètespoetes emploient quelquefois mollis mo11is pour
désigner la « sensibilite
designer sensibilité » comprehensive
compréhensive de l'etre l'être aime,
aimé, surtout celle
femme. Properce dHιnit
de la femme. définit le mode eIegiaque
élégiaque dans son ensemble
libers.
par mollis 1iber épigramme de Dornitius
B• Une epigramme Domitius Marsus conservee
conservée dans
Corpus Tibu11ianum
le Corpus Tibullianum pleure en ces termes terrnes la mort de Tibulle ::

ι. Giorg., 1,
I. Georg., Ι, 57.
57.
2. De Rep., 1,
2. Ι, 43.
43. 67.
67.
3. Macrobe,
3. Macrobe, Saturn., III, Ι3,
Saturn., 111, 13,I. ι.
4. De Ter.
4. rer. nat.,
nat., 11,
II, 29 et V, V, Ι392.
1392.
5. Ibid., IV,999.
Ibid., IV, 999.
6. De 01'.,
6. ΠΙ, '7,
Or., III, 17,63.
63.
7. ΝαΙ. Dew.,
7. De Nat. Ι, ΙΙ3.
Deot'., 1, 1x3. Id. DDee Fin., Ι,
Fin., 1, ΙΙ, 37.
I I , 37.
8. Cf. Properce,
8. Cf. Properce, Π, II,34, 42 :: ....., desine et
34, 42 εΙ ad
αd mollis membra resolue choros.
choros. Cf.
Virgίle, Culex,
Virgile, Culez, vers 35 ... mollia sed tenui decurrere
35 :: ... I I . I,
uersu. Dans 11,
decurrere carmina uersu. ι, 2,
passage capital pour
passage capita1 ρουτ le debat entre le Iyrisme lyrisme eIegiaque
blégiaque et Je
le lyrisme
JΥήsme triomphal,
tήomphal,
Properce
Properce parle de mollis liber.
liber.
126 MECENE

Μ
Mors
ors iuuenem cαmpos
iuuenem campos misit in Elysios
Ν foret αut
Nee joret aut fEeret αmores
elegis molles qui jleret
elegis amores
Α 1/t cαneret
Aut forti regiα
caneret jorti regia bellα
bella pede
fiedel.
1•

Οη
On constate
constate queque le
le poete,
poète, protege
protCg6 de de Mecene,
MCcène, a bien assimile
assimil6 la distinc-
tion entre mollemolle et jarte
forte dede la sαtire
satire Ι,
1, 10.
IO. Une idee idée de de Philodeme,
Philodème,
moderne, s'est imposee
curieusement moderne, imposCe aux aux connaisseurs
connaisseurs et aux poetes poètes22 ::

solidarit6 naturelle, inalienable,


la solidarite inaliénable, du fondfond et de de la forme
forme quiqui definit
définit
manière )).». Les genres sensibles
une « maniere sensibles ont leur mode d'expression, leur
musicdit6 propre, des modi et numeri specifiques.
style, leur musicalite lMollis
spkcifiques. Mollis
dans la danse,
traduit dans danse, dans
dans la musique, dans la prose rythmee rythmCe et dans
poCsie, la grace
la poesie, grâce fragile,
fragile, la fluidite
fluiditk nonchalante des sons, sons, des rythmes
mouvements. Le style litteraire etant
et des mouvements. Ctant tήbutaire
tributaire des categories
catCgories
rhCtorique, οη
de la rhetorique, on ne sera guere
guère etonne
CtonnC d'entendre Ciceron CicCron parler
mollis, semblable a
élocution mollis,
d'une elocution uox 1nollis
à la UOX mollis αut
aut muliebris,
muliebris, dans
dans
Orator, §3 77,
Orαtor, 77, ού.
où la musicalite
musicalitC des mots est en cause, cause, ainsi qu'une cer-
taine nonchalance d'agencement. Οη revient a
On reνient molliludo stylistique
à la mollitudo stylistique
MCcène. La notion s'oppose a
de Mecene. à l'expressivite
1'expressivitC heurtee,
heurtée, dans les mots
et surtout dans l'agencement syntaxique. syntaxique. Pline le Jeune parlant de
manière de Pompeius Saturninus mentionne ses
la maniere ses effets
effets heurtes,
heurtCs, qui
fluiditC delicate
rompent la fluidite (inserit tαmen
dklicate des vers (inserit tamen... ... mollibus leui-
leui-
busque duriusculos quosdam, et iwc
duriusculos quosdαm, Iιoc quasi
quαsi Catullus
Cαtullus αut aut Caluus)3.
Cαluus) 3. Chez
aussi, il Υy a de la dzlritia,
MCcène aussi,
Mecene duritiα, notamment dans le heurt imprevu imprdvu
des mots insolites. Qu'il s'agisse de la grace grâce musicale de l'eIegie,
llCICgie, ou
de la nonchalance «(t ionienne ))» de la prose asianiste,
asianiste, on οη parlera de mollis
comfiositio4, de compositio
compositio', compositio uerborum
uerborum mollior
molliors.5
• La « grâce nonchalante ))a
i( grace

commence quand on
d'un genre commence οη sacrifie
sacήfie quelque peu la stricte discipline
du langage et le bon sens logique a à la recherche des rythmes (ΟΥαΙΟΥ. (Orator,
69, 230) precis aux ornements et a
230) ;; le sens prCcis à la pointe. Cette critique de
l'asianisme chez CiceronCicCron touche ega1ement
Cgalement la grace grâce musicale et un
apprêtCe des Bucoliques ::molle atque
peu apprHee αtque facetum.
jαcetum.
Οη peut se hasarder a
On à rCsumer antithèse le debat
resumer d'une antithese dCbat esthCtique
esthέtique ::
l'opposition
ΙΌΡΡοsίtίοn de thèmesthemes et de manières Ctablie par le couple fortis-mollis
manieres etablie jortis-mollis
permet de cerner l'opposition,
ΙΌΡΡοsίtίοn, nourrie par la misogynie romaine, entre
la sensibilité feminine, voire pleureuse (fEebilis),
sensibilite amoureuse, fCminine, (jlebilis) , et la
sensibilitk
sensibilite bpique,
epique, mâle,
male. puissamment sculptCe.sculptee. Quand le dCbat debat a
pour domaine le lyrisme,
lyrisme. et nonηοη pas la poCsie
poesie dans son ensemble, il se
situera entre le genre lkger, leger, Crotique
erotique et le genre triomphal, hkroïque. hέroique.

ι. Sur cette pièce,


1. piece, voir AVALLONE, Mecenαte. p.
AVALLONE. Mecenate, ρ. 187.
J87.
2. Cf.
2. cf. i'étude
l'etude de A. Α. ROSTAGNI, trace di un' estetica dell'intuizione ...,
ROSTAGNI. Sulle tvace ....
Scritti
SCΉtti Minon,
Μίηοή, 1, Ι. p.
ρ. 356 sq.,
sq.• notamment p. ρ. 368-370. Cette idée
idee domine
domlne déjà
deja un
ηη
passage important
irnportant du De Oratore (III, (ΠΙ. 19
J9 sq.). que le m~me auteur, ibid., p.
Ie m&me ρ. 379-
379-
182.croit iinspire
382, n s ~ i r éde Philodéme.
Philodeme.
" 3.
3. ~ p i s .•t .Ι,, i 16,
Epist , 66..
16,
4. Florus : Sen. Rh., Contr., IX,
Rh., Contr., ΙΧ, 2
2,, 24.
5.
5. Arellius Fuscus : Sen. Rh., Conty., Π. I
Praej., II,
Contr., Praef,, ; Suas, II,
J ; Π, 23.
LE MECENAT HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 127

dΆctimn et l'ere
L'éciair d'Actium
L'eclair « Rates
l'ère des {( uates ».
D.

Mécène avait une c1aire


Mecene claire conscience des problèmes complexes posCs
prob1emes comp1exes poses
οήentatίοn de 1a
par l'l'orientation la poésie lyrisme. Il voulait une poCsie
poesie et du 1yrisme. poesie robuste
et triomphale, quitte a à n'en copier 1ui-meme
lui-même que 1es les effets mineurs.
~jates, non des lusores.
Il voulait des $bates, Par-dela. les contradictions de
lusores. Par-delà
l'ec01e eΡίcuήenne, tiraillCe
1'Ccole Cpicunenne, tiraillee entre deux poétiques,
poetiques, par-delà
par-dela. les minia-
tures des alexandrins et les exercices charmants de l'Arcadisme 1'Arcadisme litte-
littC-
raire, ce prétendu
pretendu « nonηοη romain })» retrouvait la tradition la plus ancienne
du carmen romain :: le chant des dieux et des hCrosl. heros1 •
&?cène
Mecene etaitétait a.à la fois
fois convaincu de l'influence determinante ddterminante de
l'ingenium et de la mission civique impartie a à 1a
la poCsie.
poesie. Horace s'est
thCoricien des ingenia dans la satire 1,
fait le tMoricien Ι, 10 Éphtres ::
IO et dans les tpitres
ίl y
il Υ voit la base d'une distinction naturelle des genres. Il advient certes
qu'il se retranche un peu facilement derrière deπίere cette prbdestination
predestination
vague2, que ses excuses sentent le sophisme et la mauvaise volont4
vague', volonte ::
οη sait avec quelle complaisance Tibulle, Ovide, Properce brandissent
on
ClCgiaquea.
leur vocation eIegiaque Je croirais volontiers
3 • ]e vo1ontiers que pour RICcène,
Mecene, indi-
vidualiste conscient des necessites nCcessitCs de l'histoire, l'argument
l'argument de l'inge-
i'inge-
mium a ete
nium 6tC plus probant que 1es les apologies
apologies pour l'independance.
l'indbpendance. L'epi-
L'Cpi-
cuήsme et le moyen stοϊcίsme
curisme s'accordent a
stoïcisme s'accordent à detendre
ddfendre la natura
natztra indi-
viduelle4.
viduelle libertC de la pensCe
4 • La liberte pensee et de l'art ne saurait avoiren avoir en revan-
che la valeur d'un dogme. dogme. Mecene
Mecène trouvait dans 1a la tradition litteraire
romaine et dans la tradition aήstοcratίquearistocratique l'idee
I'idCe de cliente1e,
clientèle, le devoir
pour le poète d'exalter 1a
poete d'exalter la grandeur et 1es les vertus exemp1aires
exemplaires du passépasse ::
la po4sie
poesie romaine a pris naissance dans la Ρήere prière et dans la laudat·io.
laudatio.
aήstοcratίque des clarorum
La forme aristocratique clarorum uirorum laudes,
laudes, des laudes maio-
rum a très
tres probablement ete C t C renforcée
renforcee par les ideesiddes pythagoriciennes
conuiualia, carmen de ntoribus).
(carmina conuiualia, nzoribus). AΑ son epoque,
Cpoque, l'histoire de
Denys dΉalicarnasse
d'Halicarnasse reste humblementhumb1ement cliente des grandes familles. familles.
r. Se reporte1,
ι. reporter, dans SCHANZ-HoS1US.
SCHANZ-HOSIUS, Rom.
Rόm. Lit., Ι. 1
Lit., 1, Σ., p.
ρ. 22 sq., à
22 sq.• 1ι I'etude
l'étude des
οήgines
origines de la poésie épique ;: nénies
poesie epique clavovum uirorum
nenies et claroruon -
uivovz6m laudes - chant des
anc~tres et des rois :: Varron et
ancetres e t les laudes maiorum.
Εη Homere (dont
En milieu romain, Homère οη connait
(dont on connaît Ia parente spirituelle et
la parenté e t mythique
avec Ennius, cf. Horace, Epist.,
cf. Horace. II,
Epist., ΙΙ. I, ι, 50)
50) a ete
été compris comme un chantre de
uirtids :;cf.
la uirtlls cf. Art
ΑτΙ Pobtique,
Poetique, 73-74.
73-74.

I l faut aussi faire intervenu la tradition pythagoricienne des carmina
faire intervenir cavmina conlli-
conui-
ualia a
ualiα à Iala gIoire
gloire de la vertu.
2. ..
α entre autres,
2. Cf., autres, Odes, Ι. (;,
Odes, 1, ...
6.9g ;: ... nec...
nec... conamur.
conamuv. tenues gvandia. LΌde III,
grandia. L'ode ΠΙ,
69, qui trahit une certaine fausse
3. (;9,
3, fausse modestie, l'argument de la «n conve-
modestie. utilise I'argument
nance ». Οη songera au dogme sto'icien
a. On stoïcien de I'accord avec Ia
dei'accord nature, cf. Diogène-
la nature. Diogene-
Laërce, VII,89.
Laerce. VII, 89.94 IOO. et à
94 et 100. IίI'idέe decmum chez Panetius,
Vidée de decOYllm Off., Ι.
Panétius, De Off., 1,27,g3-94.
27, 93-94.
3. cf.
3. Olium..., p.
Cf. notre Otium.... ρ. 413-414.
413-414.
4.
4 . De Off., Ι,. 28,
Off., 1 10Σ ;; 1,
28, IOI Ι, 31,
3Σ. 1!ΙΟ ΠΙ. 3,
x 0 ;; III, 3. 13
13 ;; ces textes eclairent
éclairent la formule
formule
du m&me
meme traité, ΙΙΙ. 5,
traite, III, 5, 24. secllndum natuvam
24, secundum naturam uiuere. écrira dans Sat.,
uiueve. Horace ecrira Sat.,
Π, 1,
II, ι, 27-28 ... quo1
27-28 : ... uiuunt. totidem studiorum milia.
quot capitum lliuunt, milia.
128 lνΙEoENE

Pourquoi la poCsiepoesie ne serait-elle pas panégyrique


panegyrique ? A Α cote
côtC des grandes
odes ou des grandes elegies C1Cgies inspirees,
inspirées, dont la genese
genèse ,refiete
,reflète des fac-
teurs multiples, ίΙ il est des «« poèmes
poemes de circonstance » plats et comman-
des, meme chez Horace : l'ode
dés, même ΙΌde 1,ι, 6 a l'ode IV, 9g a
à Agrippa, ΙΌde à la decharge
Lollius, -- probablement suggeree
de Lollius, suggérke par Mecene, plutDt que par
MCcène, plutôt
d'Auguste. Lollius lui rendra la politesse en inspirant a
l'entourage dΆuguste. à
poete anonyme,
un poète anonyme, des dès l'annee
l'année de la mort de Mecene, Eligies a
Mécène, les Élégies à sa
gloire.
gloire. Avec Bickel et Büchner, adhérer toujours a
Bίichner, et sans adMrer à leurs raisons.
raisons,
οη
on doit considerer
considérer les Élégies
Eligies à α Mécéne
Micene comrne
comme contemporaines
contemporaines1. 1 • Ce

ne sont pas quelques erreurs historiques -- plus ou moins criantes


du reste ! -, -, ηί ni le rappel des qualites
qualitCs guerrieres
guerrières de Mecene
MCcène qui feront
croire aà l'anachronisme
l'anachronisme?2• Dans un poème poeme de commande, le rappel de
même pour faire illusion, eut
Lollius, meme eût ete
été maladroit sous Tibere.
Tibère, apres
aprh
dCshonorant3.
son suicide deshonorant 3
surcroît, la volont6
• De surcroit, affichCe de faire
volonte afficMe
reculer l'envie
Ι' envie s'y exprime dans les mêmes termes que le souci d'Horace
memes terrnes dOΠorace
de desarmer
désarmer les liuidas oblizliones+. Le protCgC
lizlidas obliuiones4. protege de Lollius a voulu rendre
a
à Mecene,
Méchne, sur ordre, le meme même service que Mecene Mécène avait naguere
naguhre rendu
a
à son « patron ». )). La meme lazcdatio ~
même tradition de la laudatio - histoire en vers
et comme l'histoire vouCe vouee a l'apologétiques5 -- inspirera a
à l'apologetique à Calpurnius
Laudes Pisonis sous Claude.
Siculus les Laudes poeme qui comporte de
ηη pohme
Claude, un
tres
très remarquables Lazldes MaecenaΙis".
Laudes Maecenaliss.
Mécène
Mecene trouvait donc dans la tradition aristocratique romaine
l'idee poesie « apologetique
l'idée de la po&ie apologétique ».».Il ne pouvait pas faire moins que
d'exercer une sorte de « geistiges Führertum Fiihrertum »'.
0'.
Selon les circonstances,les
circonstances, les talents disponibles,
disponibles, l'l'entreprise
eηtreΡήse sera plus
ou moins persuasive, plus ou moins insistante.
EΕη 30, I'eclair
n 30, dΆctίum fait rayonner le prestige de la « grande
1'Cclair d'Actium
poCsie Ι'ση songe a
poesie »a et l'on present. Mais οη
à une geste du présent. on cherche le chantre.
écarte le lyrisme héroïque,
Horace ecarte MroIque, mais il ίl avoue qu'on attend une

ι.
I. De Elegiis ...,, p.
Elegiis... ρ. 97, ρ. 101
97,p. ρ. 127
IOI et p. Ε. Bickel
127:: E. BickeJ reprend la Ja m~me
m&methèse
these dans
l'article cité plus haut, Rhein. Mus,
J'article cite Mus, XCIX, 1956, 1956,p.ρ. 352-353.
352-353.
K
Κ.. BtiCHNER,
B~CHNE PR
Ρ. Vergilius
. Ve.gilius
, Maro. R-E,
Μα.ο. col. 148-149.
R-E, col. 148-149.Οη On sait que R.
R. AVALLONE.
AVALLONE,
Mecenαte,
Mecenate, ρ. 16, η.
p. 16, n. 29, les Elι!gies
29, croit Jes Éldgies contemporaίnes
contemporaines de la Ja mort de Mecene.
Mécène.
Ρarmί les erreurs
2. Parmi
2. eπeuιs dans J'enumeration
I'knurn6ration des factaΙαcια bellica, invoquees
invoquées par
K
Κ.. Bίichner
Büchner (ibid.,
(ibid., col. 149).nous croyons devoir eliminer
col. 149), éliminer Ja
la presence sur le
champ de bataille dΆctίum, cf. supra.
bataiIle d'Actium, suprα, chapitre ΙΙ.II. IJ
II est chez Bίichner
Büchner un argu-
ment specieux
spkcieux selon lequel un poète poete ultkneur
ulteneur n'aurait pas mis l'accent sur les
qualités militaires de Mécène
qualites rίen ne prouve que l'image du ministre amolli
Mecene :: rien
était universellement admise, et de plus ίι
etait faίre intervenir les regles
il faut faire règles « topi-
ques »J> auxquelles se conforme le portrait du chef.
épisode, cf. R. SYME,
3. Sur cet episode,
3. SYME,op.ορ. laud., ρ. 428.
laud.. p. 428.
4. A-t-on suffisamment note
4. noté le rapport entre le liuide des Elι!gies, ν. 25,
ÉIdgies, v. et
25, et
ΙΌde IV,
l'ode ΙΥ, 9, obliuiones) ?
33 (liuidas obliui01les)
g, 33
finalité identique, attestee
5. Sur cette finalite
5. attestée par le vocabulaire, voir Horace, Horace.
Odes, ΙΥ,
Odes, IV, 8, 13 sq. :; IV,
8, 13 ΙΥ, 14, 3-4;; Art
14, 3-4 Art Poktique.
Po"tique, 73-74.
73-74.
6.
6. LLαus Piso1lis, 219
a w Pisonis. 219 sq.
sq. Pour Je commentaüe, cf. R. VERDIÈRE,
le commentair'e, VΕRDΙΕRΕ, op. ορ. laud.,
lαud.,
p. 231-232.
ρ. 231-232.
W.WIMMEL,
7. W.
7. WIMMEL, op. ορ. lαud., ρ. 185
laud., p. 185 et 260.
260.
LE MECENAT : HIST01RE ΕΤ LEGENDE 129

Zliade Odyssée1.
Iliade et une Odyssee 1 • Il se rdcuse,
recuse. se pose en arbitre et fait entendre
le quis digne scripserit ?, -- tout comme plus tard, dans l'epitre Ι., 37.
l'épttre 1 37,
Α ugusti scribere sumit ? Il choisit
rCpCtera :: Quis sibi res gestas Augusti
il repetera
Varius qui.
qui, manquant de souffie.
souffle, ecrira panegyrique. Οη
écrira un panhgyrique. On attend
toujours ΙΉοmere
l'Bom6re latin. Virgile
Virgile va s'engager solennellement.
solennellement, alors
qu'Horace. jusqu'aux Odes Romaines,
qu'Horace, jusqu'aux contentera, comme Tibulle
Romaines. se contentera.
et le premier Properce, de « prétCritions Cpiques2,
preteritions »» epiques
(( comme
2 , qui sont comme

poetae a
l'hommage des molles poetae 1'CpopCe de leur temps.
à l'epopee

Virgiie, ou I'appel
Virgile, l'appel de l'épopée I'livolutίon 8pontaniie.
I'iipopee :: l'évolution spontanée.
diffieultΈS.
Enthousiasme et difficultés.

dCmontrer positivement que Mecene,


Martial s'efforce de demontrer MCcène, par ses
largesses, a dilate
Iargesses, dilatC le genie
@nie poCtique
poetique de Virgile :: l'indigence epiqueCpique de
son temps3, indiffCrent aux Muses,
temps3. indifferent Ιυί apporte la contre-epreuve.
Muses. lui contre-Cpreuve. L'idCe
L'idee
vient de Calpurnius Siculus,
Siculus, qui, bucolique lui-meme,
lui-même, voit dans le
MécCnat une subvention aux grands genres :: ...
Mecenat ... Mecenas alta tonantis /Ι
Carmina Romanis etiam resonantia cJtordis
Carmina chordis 1Ι Eruit ...4, un moyen de
Eruit...••
1'6popCe grecque. L'appui donne
concurrencer l'epopee donnC a Vanus
Varius s'inscrit dans
même politique. Or la verite
la meme vCritC est tout autre.
Cpique de Virgile a pris l'essor des
L'inspiration epique dès les Bucoliques.
Bucoliques. La
Bucolique IVιν montre la grandeur hCroïque llCpoque inscrite au
heroique de l'epoque
firmament :: elle contient une prophCtie heroique. Le Paulo
prophetie héroïque. paulo maiora
rCvClateur. Dans la Bucolique V.
canamus est revelateur. V, l'apotMose
l'apothbose de Daphnis.
Daphnis,
dieu cosmique, prefigιιre celle
cosmique, prCfigiire CCsar. Si la Bucolique ΠΙ,
ceiie de Cesar. III, 84 revele
révèle
l'attachement au genre. eile trahit aussi les pressions de Poilions.
genre, elle Pollion 5 •
Enfin Bucoliqzee IΙΧ
Enfm la Bucolique X contient une esquisse Cpique à
esquisse epique iι la gIoire
gloire de Varus
ι. Οη
I. On lit cette double aspiration dans i'ode 1. 6,5-7
ΙΌde 1,6, 5-7 ::
... nec grauent
... graue,,1.
Pelidαe stowzacltum
Pelidae sto11.αc/.um cede,e
cedere nescii,
nec CUTSUS
cursus duplicis per mαTe Ulixei ...
peT mare ...
Οη songe evidemment,
On Bvidemment, dans le pvwemilrm prooemium des GcorgiqItes ΠΙ, a
Gdorgiqzres III, ΙΌscilΙatiοn
A l'oscillation
entre la geste dΆuguste.
d'Auguste, qui serait une Iliade, et e t l'epopee
1'épopBe d·Enee.
d'Énée, qui sera une
Odysske.
OdyssCe.
2. Ces prétéritions
2. preteritions se retrouvent dans toutes les recusationes etudiees. étudiées.
3. Voir Η.
3. H. BARDON.
BARDON, οΡ. laud.,
@. lαud .• chapitre 1V, Flαviens αux
IV,Des Flaviens ScvMes, notam-
aux SLuères.
ment ρ. p. 229.
229.
4 . Laus Pis.,
4. 228-229.Ce passage fait difficuIte.
Pis., 228-229. difficulté, cf.cf. R. VERDIBRE,
VERDIERE. op.ΟΡ'. laud.,
laud.,
ρ. 231.
p. 162, qui ecarte
231, n. 162, Tonαntis gBnitif
Bcarte Tonantis geώtif (= Iouis) , aα des chants altiers en
(= ,louis),
l'honneur de Celui-qui-Tonne D. L'interpretation aα des poetes
o. L'interprétation poHes aux chants
altiers "» (poetas tonαntes
tonanles αΙΙα
alla cαrminα) raisonnable, quoique .E.
carmina) est raisonnable, Ε. Blckel.
Bickel,
Rhein. Mus., 1956.1956, p.ρ. 364, α(c)ta Tonαntis
364, propose a(c)ta Tonantis (= Auguste-Jupit~r). Dans
(= Auguste-Jupiter).
la preIώere
première interpretation
interprétation citee Verdiere, m&me
citée par Verdibre, m~me conclusion posslble :: cf.
conclusion possible cf.
Horace,
Horace, Odes. ΠΙ, 5 :: Caelo tonantem
Odes, III. tonαntem ...
... Horace est mentionné
mentionne dans le contexte
par Calpurnius
Cal urnius (vers(vers 242).
242).
5. Ac.,
5. Buc., IΠΙ, 84 sq. ΙΙ
I I , 84
rBticent (quαmuis),
soit reticent (quamuis), cf.
11 semble que l'appui de Poilion
cf. H.
Η. BARDOK,
BARDON, op.
Pollion aux pobmes
lαud., p.
ορ. laud., ρ. 24.
24.
bucolίques
poemes bucoliques

99
~1ECENE

et l'jndice d'une vocation de uαtes1 • Virgi1e aspire 11. ne p1us etre enfeπne
dans 1e molle atque fαcetum. Mais i1 s'engage dans 1e poeme didactique,
1es Georgiques. S'il existe un etat primitif du poeme. 1es « premieres
Georgiques », Mecene ne l'a pas commandite. 11 ne pouvait qu'accueil-
1ir favorab1ement une entreprise d'utilite nationale" qui repondait
11. 1'orientation « scientiste » de certains de ses proteges. Mais la veine
didactique ne semb1e pas enthousiasmer Virgile, surtout dans 1es
chants πι et IV, ου les lacunes techniques abondent 3 • et surtout celles
qui auraient pu desob1iger un commanditaire 4 : le developpement sur
l'art topiaire est construit suivant une ligne brisee, reticences. prete-
ήtίοηs. retractations 5. Α 1a date de 1a satire Ι. 10. Horace pouvait
considerer Virgi1e comme un poete de 1a campagne ; apres, son dessein
n'est p1us si net. L'e1oge des vertus morales de l'agriculture italienne
se teinte des nuances propres 11. 1a rusticitαs romaine : 1a duritiα cam-
pagnarde a peπnis 1a « conquete romaine »6 et cette these devait p1aire
11. Auguste et 11. Mecene. Starr l'a note. mais ίl a tort de pretendre qu'on
attendait 1a geste dΆuguste7 • Εη realite. οη attendait u1~e ce1ebration
epique, et Virgile n'avait pas reι;u de « consignes » sur la forme de sa
lαudαtio. La meilleure preuve, c'est que les prooemiα des chants ΠΙ
et ιν contiennent des promesses ambigues. Ils font partie d'une ultime
retouche selon toute vraisemb1ance. Mais avant de composer 1e pyooε~
mium votif du chant πι, Virgi1e avait senti son imagination s'agrandir
et prendre l·essor. Le vitalisme universe1 qui unifie 1es deux derniers
chants etab1it spontanement des harmoniques entre l'energie animale
et l' αnimus. entre l'instinct createur des betes et l'industriα de 1a cite
humaine 6 • Pour 1e reste, οη ne sait si 1e temp1e votif promis par Virgi1e

ι. Buc., ΙΧ, 27.


2. cf. J. ΒΑΥΕΤ. Les p.emie.es GBo.giques .... Revue de Philologie. 1930.
ρ. 128-150 et ρ. 227-247. passim. .
3. Virgile neglige. dans le catalogue des vins. ΙΆΙbαnu,n que Mecene semble
affectionner. cf. Sat., Π. 8, 16: Odes. ΙΥ, ι Ι. 2 ; dans ce passage, Π. 83 sq.• sur-
tout dans Π. 104 : ... neque eni", nume.o comp.endere .efe.t. Mecene n'est pas
gate. « son » poete ne cite pas ηοη plus les crus auxquels il a donne son nom
d'apres Pline. ΝΗ. ΧΙΥ, 6, 67. - mais peut-etre apres la composition des
GBorgiques.
4. Dans le meme ordre d·idees. οη s'etonnera que Virgile. au chant ΠΙ, ait
omis I'elevage de I'ane. - cher aux cenacles epicuriens, cf. la Copa - . alors
que Mecene a mis i\. la mode le rδti d·ane. Plίne, ΝΗ, νπι. 43, 167.
5. GBo.giques. ιι6 sq., jusqu'i\. 148 : ... ΡΥαεΙεΥεο atque aliis post me ",e",o-
randa relinquo. Il Υ a quelque malice. si ΙΌη se reporte au prooemium de ΠΙ.
dans la justification du vers 147 : ... spatiis exclusus iniquis.
6. GBo.g.• Π. 532 sq.
7. Ch. G. STARR. Civilization αΜ the Caesa.s, ρ. 175.
8. W. RICHTER. Geo.gica.... ρ. 331-332. a souligne I'effort pour «humaniser »
la cite des abeilles. notamment le recours au vocabulaire de I·architecture.
C'est dans le domaine des termes moraux et militaires que la metamorphose
de la ruche en cite est la plus nette. cf. Κ. BίicHNER. Ρ. Vergilius ΝΙαΥΟ. coI. 282
et 283-285. Virgile a sans doute vοulυ mettre en lumiere la ressemblance de la
ruche avec la Rome priιnitive.
LE MECENAT : HISTOlRE ΕΤ LEGENDE 131

se rCalisera d'Auguste ou dans la geste de Rome. K.


realisera dans la geste d'Auguste Κ. Büch-
Bίich­
ner a eu raison de souligner qu'il s'agit d'une revelation rCvClation de la gran-
deur', d'une attente mystique du grand poème,
deurI, poeme, -- oserais-je dire. Les
images de triomphe litteraire,litthaire, nees
nées du patriotisme litteraire,
littéraire, 11.à la fois
fois
pindariques et callimacheennes,
callimachCennes, la course de chars, la voie royale
frayee,
frayée, dominent l'idee renouvellement. Le temple avec ses relίefs
l'idCe de renouvellement. reliefs
figuratifs n'est pas tout dans ce prooemium. La fraternite
figuratifs n'est fraternitC du poèmepoeme
s'inscrit dans la noblesse des images,
et de l'action s'inscrit images, avant de devenu devenίr
eschatologie dans le chant VI ΥΙ de l'I'Énéidea.
Eneide 2 •
clίmat ou
Dans ce climat où l'enthousiasme politique se mele mêle au «« mysti-
cisme poCtique
poetique ", », Virgile
Virgi1e croit percevoir une certaine impatience
de son protecteur. Il invoque des « consignes consignes ", », les fameux hcιud haud
mollicι
mollia iussa.
iussa. La rCsonance esthCtique si riche de mollis donne la
resonance esthetique
clef de cette formule, et interdit d'y voir une banale litote (acerba (acerba
iussa3).
iusscι 3 ). Οη
On ne saurait Υy trouver l'idee l'idCe que MCcène Mecene commandite
le poème
poeme agronomique, il se contente de le suivre avec sympathie sympathie44 ;;
spCcieux de comprendre qu'il enjoint 11.à son poète
il serait specieux d'accC-
poete d'acce-
lCrer et d'ecourter
lerer d'écourter une ceuvre œuvre didactique qui le separe sCpare de sa vraie
vocation. Haud mollia ne s'applique pas 11.à la C0ntrainte contrainte exercee,
exercCe, mais,
sur le mode badin, au genre de poCsie encouragC par Mecene.
poesie encourage MCcène. Il
l'intbrêt pris par MCcène
s'agit de l'interet Mecene au sujet rCel Géorgiques, et
reel des Georgiques,
non volontés occultes. Il ne s'agit pas non
ηοη de volontes ηοη plus d'epiloguer
d'Cpiloguer avec
W. Richter sur la valeur plus ou moins categorique catégorique des invites selon
Ccoles en prdsence,
les deux ecoles dCcouvrir que iussa
presence, pour decouvrir iusscι constitue une
hyperbole
hyperboles. 5
• Traduisons par « tes volontes volontCs O, Ι), et reconnaissons l'interet
l'interêt
pris au poème.
poeme.
M:ais qu'hcιud mollia
Rlais dire qu'haud mollicι iussa conceme
concerne le genre et le theme thème
n'implique pas que Virgile vίrgi1e les juge « ingrats ". Vίrgile veut dire, en
».Virgile
badinant, dans un langage d'inities, d'initiCs, que ce programme
prograrnme n'a rien de
Eger, rien de bucolique, rien d' « arcadien ".
leger, ». Fini le premier Cercle de
M:ecene. Finies les nugae,
MCcène. Cbats de la Muse.
nugae, les libres ebats Muse. La litote et le
badinage attenuent
attCnuent l'insistance des injonctions, cornme comme dans la rCcu- recu-

ι.
I. Ibid., col. 271.
Ibid., col. 2]1.
2
2.. En., VI, 662.
Én., 662.
3. JJee ne puis me conνaincre
convaincre que Μ. SAINT-DENIS,
BI. DE SA1NT-DENIS, Gbvgiques, coll. des
Georgiques,
Uniνersites de France, a raison de gloser par acerba
Universités αcerbα iussa.
iussα. Haud
Hαud mollia
nIolliα iussa
iwsa
concerne le contenu, et la clef ne peut être ~tre fournie
fournie que par ['etude mollis
l'Btude de motlis
(iussa peut &tre
(iussa ~tre plus ou moins fort, cf. W. RICHTER,
W. R1CHTER, ρ.
p. 269) οι mollis a le sens
269) ;; or seas
Btudions plus haut. L'article de J.-G. PREAUX,
esthetique que nous etudions PRÉAUX, Tua, lVfaece-
Tua, ~Vaece-
nas, haud mollia iussa, Revue
nus, Reνue Belge de Philologie, χχχνπ, 1959,
Philologie, XXXVII, 1959. ρ.
p. 92-103,
92-103.
decouνert
découvert in conνiction deja.
i n extremis, renforce une conviction déjà etablie,
Btablie, cf.
cf. particulièrement
particulierement
P. 94-95
Ρ·94-95·
Cf. dans Georg.,
4. cf. π, 39 sq. :: Tuque
Gdorg., II, Tuque ades inceptumque labovem, /Ι
incepumque una decurre labore>n,
ο decus ...
O νers prouve
... Il semble que le vers prouνe un debut
début de l'entreprise antérieur a
l'entreprise anterieur à la
Mecene, -- je νeux
protection de Mécène, aνant la protection accordee
veux dire avant accordée aux Gcor-Gdor-
giques en particulier.
j. Op.
5. ορ. cit.,
cil., ρ.
p. 269.
269.
132 1I1έCΕΝΕ

sation iιà Varus de la Bucolique νι VI :: Non iltiussa


i1Iiussa Cano, Virgίle est
-OU Virgile
cano, -où

B vrai dire tout content de s'abriter derriere
derrière des consignes pour refuser
d'ecrire l'epopee
d'écrire 1'CpopCe des guerres civiles. Il insinue dans ce passage qu'il ne
qu'il
chante
chante pas pour son p1aίsir,
plaisir, par caprice, des themes bucoliques;
thèmes bucoliques ;décla- dec1a-
ration curieuse si οη on la compare iιà Buc., πι, 84, dans laquelle
Buc., III, 1aquel1e apparais-
sent les reticences
rCticences de Pollion (quamuis(quamuis rustica). Ces contradictions de
Virgile et de
Virgile de Pollion,
Poliion, tirailles
tiraillés entre l'arcadisme
l'arcadisme et l'épopée,
l'epopee, sont le 1e
signe
signe d'une metamorphose
mCtamorphose esthetique.
esthktique. Haud mollia iussa dit cet adieu
au monde ethere
Cthéré des Bucoliques.
Bucoliques. Il evoque
évoque la tâchetache didactique prtsente,
presente,
dans 1aquel1e
dans laquelle l'ancien epicurien,
épicurien, sur 1es Lucrece, ne pouvait
les traces de Lucrèce,
pas manquer de voir υη un apostoIat religίeux (les formules du prooe-
apostolat religieux
mium πι I I I renvoient l'echo
l'écho du De Rerunz Reru11I Natura). n'empeche
Natura). Rien n'empêche
d'entrevoiI
d'entrevoir commecomme en filigrane
filigrane l'epopee
1'CpopCe future :: mais si Vugde Virgile presse
le
le mouvement, ce n'est n'est pas qu'il ait ete somme dlCcourter,
CtC somrnC d'ecourter, c'estc'est au
rythme de de son impatience.
impatience. Malgre
MalgrC les professions de foi ίοί scientistes,
ίΙ
il prefere
préfère 1es causael, les evocations
les signa aux causae1, interpretations.
évocations aux interprétations.
Avec les haud mollia iussa des Georgiqιtes,Géorgiques,1e s'oήente
Mecene s'oriente
le Cercle de MCcène
définitivement vers les grands genres et le grand style.
detinitivement styIe. La sollicitation
sollicitation
de Ι'ι§Ροque
de l'époque est si forte que le debut début du chant IV ιν contient une excuse : :
Admiranda tibi leuium spectacuZa rerum..... In tenui labor
s#ectacula rerum. ΙαδΟΎ ; ,. le macro-
cosme humaίn,
cosme humain, 1a la cite romaine, se profilent derrière derriere le microcosme de
la ruche. La caution dΆΡο110n d'Apollon revetrevêt un sens très tres précis
precis : n'oublions
raίson. C'est lui
lumière et de raison.
pas qu'il est dieu de lumiere Ιυί qui rappelle A iι l'ordre
ΙΌrdre
Virgίle
Virgile dans
dans la Bucolique VI, p1us plus tard Properce dans III, πι, 3232 ;; comme
les poètes, ίΙil se
les poetes, se montre conscient de la grandeur du dilemme, qu'aucun qu'aucun
poète n'a elude.
poete CludC. Grande poesie poésie : magnum, grande, maiora - - PoCsie
Poesie
tenuis, pαruus,
mineure :tenuis,
mineure: paruus, humilis, exilis,
exilis, mollis.
mollis. Chacun doit se « situer l), ",
1'Cquilibre entre l'ingenium et 1es
trouver l'equi1ibre les iussa.
iussα. Pour le 1e Virgile
Virgίle des
Gέ.orgiqItes,
Géorgiques, 1es les iussα
iussa sont «a serieux
sCrieux ", a, avec des arrière-pensées
arnere-pensees apolo-
getiques, l'zngenium dejiι
gétiques, et l'i1Igenium déjà tourne
tourné vers 1'épopCe.
l'epopee.
Eneide tardera iιà venir, malgré
Mais l'l'Énéide recitαtiones de détail,
malgre les recitationes detaίl,
malgC la renommee
malgre renommCe fulgurante
fulgurante du poème poeme encore inachevé inacheve et inédit.inedit.
Properce, des
Properce, dès π, 34, tresse des couronnes à
II, 34, iι une épopée
epopee qui lui Ιυί donne
bonne conscience et le soustrait, pour un υη temps, aux sollicitations
apologétiques :
apologetiques

ι. III, 440
I . ΠΙ, 440 :: Morboru,n
Movboru?n quoq"e
quoqzte le εΙ signa docebo...
causas el
Ιο ca"sαs ... Or dans l'étude
l'etude
de l'epizootie
de l'épizootie du Norique. vers 474 sq., trois "ers vers seulement sont consacrés
consacres aux
ca"sae (478-480). -- ce qui fait ecrire
causae (478-480), écrue a à R. BILLIARD.
BILLIARD. L'agriculture
L'agric"lture dans l'anta-
['anti-
quité d'apres
quitέ d'aprés les GιIorgiq"es
Gt?ovgiques de Virgile,
Virgile. Paris, De Boccard. 1928.
1928, p.ρ. 348, que « la
symptomatologique de sa narration est bien supbrieure
partie s)'mptomatologique superieure à a sa partie étio-
etio-
logique J>.JI.
logique
III, 3.
2 . ΠΙ,
2. 3, 13 sq. L'inter"ention
13 sq. L'intervention dΆΡο!lοn
d'Apollon suspend l'enthousiasme
l'enthousiasme épique
epique ;;
Properce se
Properce voyait a
se vo)'ait l'école dΈnnius
à l'ecole d'Ennius chantant les rois d'Albe
dΆΙbe et les Horaces,
Horaces.
arriver ensuite a
pour arri"er l'histoire :: Paul-Emile.
21 ['histoire Paul-Émile, Fabius et Hannibal (Hannibal
intervient souvent dans dans les rec"sαtiones).
recusaliones).
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 133
Romα1ti scriptores,
Cedite, Romani
Cedite, Grαi
scriptores, cedite Grai
nescio quid mαius nαscitur Iliαde
maius nascitur 1
ILiadel.•

Dans cette eiegie,


ClCgie, composee
composCe autour de 25, Properce revele révèle indirecte-
ment qu'il a LU le debut de l'l'Énéide2.
lu 1e ου Auguste, ma1ade
1'6poque où
Eneide 2 • C'est I'epoque malade
aà Tarragone
Tarragone3, même annee
3 , la meme annCe 25, adresse au poète poete une sommation
mi-badine mi-eomminatoire
mi-comminatoire (ce (ce sty1e
style donne bien 1a la note des rapports
entre 1esles grands et 1esles ecήvaίns) ... Augustus uero...
Ccrivains) :: ... uero... sup~licibus
suPPlicibus atque
αtque
etiam minαcibus
etiαm minacibus per iocu~izlitteris ejJlαgitαret,
per iOCU11~ eflagitaret, ut •' sibi de Aeneide
Α eneide "',
ifisius uerba
ut ipsius uerbα sunt, •' uel prima carminis Unoypacp$
primα cαrminis puodlibet κώλον
όπoyρrι.φή uel quodlibet xOAov
mitteretur '. Ta10nne
mitteretur'. Talonne par 1e le prince, Virgile rCpondit Satur-
(Macrobe, Sαtur­
repondit (Macrobe,
nαles,
nales, 1, ι, 24, 11)
I I ) une 1ettre
lettre d'excuse, où ου perce le decouragement
dkcouragement ::
tαntα inchoata
.:. tanta inchoαtα res est, pαene uitio mentis tantum
est, ut paene tαntum opus ingressus
ingressus
uidear, cum prαesertint,
mihi uideαr, praesertinz, ztt alia quoque studia
~ιι scis, αliα studiα αdad id opus mul-
toque poliorα
potiora impertiαr.
impertiar. Virgile craint d'avoir vu trop grand, mais ne
fait Btat de iussa
faίt pas etat eχteήeurs a
iussα exterieurs à l'origine.
1Όήgine. La geste de Rome piCtine pietine ;;
il faudra attendre longtemps pour ρουτ assister a à une lecture partielle ::
apres
après 1a immortalisé dans l'un des cbants
la mort de Marcellus, immorta1ise chants tennjnes
terminés
(VI, 884)'.
(VI, 88#.

Mecene patron du lyrisme


Mécène patron trίomphal de 26 a
Iyήsme triomphal à 20 av. J..
J.-C.
C. ::
Horace et Properce.

lenteurs de Virgile,
Les 1enteurs dCrobades anciennes dΉοrace
Virgi1e, les derobades d'Horace (comme
(comme
Ia preterition epique
la prdtCrition Cpique de 1a sαtire II,
la satire Π, 1,
Ι, 12
12 sq.),
sq.), les impuissances
jmpuissances de
MCcène, Ia
Mecene, la défaillance
dMaίllance de Varius, expliquent que le patron des 1ettreslettres
se soit tourné
toume vers Properce. On Οη sait
saίt que 1e
le jeune elegiaque
ClBgiaque rCvClC
reve1e
le Livre de Cynthie
par 1e Cynthies5 n'a jamaίs beaucoup sympathise
n'a jamais sympathis6 avec Horace.
CtC dit ou
Tout a ete ου presque sur cette mesentente
mdsentente :: la cohabitation forcee
forcCe
Cercle de Mecene,
de vingt ans au sein du Cerc1e MCcène, 1a
la loi observbe
Ιοί du silence observee
par tous deux, -- silence rompu seulement par des insinuations et des
rappe1s parodiques6 • W. Wili a etudie
rappels parodiquese. Ctudié ces «a vagues ondulantes »i> qui
dBferlent d'une ceuvre
deferlent 1Υήque a
œuvre lyrique à l'autre,
l'autre, et place au centre du debat
dCbat

1.
I. II,
Π, 34,
34. 65-66.
65-66. Notons que pour Properce la geste troyenne et la geste
d'Actium sont
dΆctίum liées.
liees.
2. Cf. J.
Ρ.
2. cf. P. J. ENK.
ΕΝΚ, 5ex. Elegiαy"m Liber
Pyopey/ii Elegiarum
Se%. Pvopevfii Libey 5ec"ndus,
Secundus, Leyden,
Leyden, 1962,
1962,
Π, ρ.
11, P. 456-457.
456-457.
Cf. Suetone,
3. cf.
3. SuBtone, De Poetis, ed. Α. ROSTAGN1,
Bd. A. ROSTAGNI, ρ. 91.
p. gr.
Cf. Vita
4. cf.
4. Vitα Veygilii, M. C.
Verergilii. ed. C . HARD1E,
HARDIE,32-33.
32-33.
5. Pour la chronologie des Élhgies, ElAgies, on reporte d'abord a
οη s'est reporté à BUTLER-
BUTLER-
BARBER,
BARBER, Pyopeytius, Oxford, 1933,
Propertiw, ρ. xxv-XXVIII
1933, p. ΧΧΥ-χχν1ΙΙ (The chyonology ΟΙ the lmlY
chvonology of four
books).
books). Voici les résultats Iiνre 1
resultats :: livre Ι avant octobre 28, révble
octobre 28, Properce a
revele Properce Mecene ;;
à MBcbne
liνre Π d'octobre
livre II dΌctοbre 2828 aà 25 Iiνre III
25 ;; livre ΠΙ en 2222 (pieces
(pihces 4 et 12
12 bien avant 12-18,
12-18, a.à la
ιίη 23
fin 23 pour la composition).
composition).
6. Tiεcl,e, p.
FestschYift Tidclte.
6. FesLschrifl ρ. 182.
182.
134 1[ECENE

ΙΌde
l'ode Π,
II, 1212 et l'élégie Π,
et l'etcgie II. Sans
II, 11. sans aller jusqu'a
jusqu'à decouVTir
découvrir une similitude
ternaire
ternaire entreentre lesles deux pièces, οη
deux pieces, on sera frappe
frappC par les concordances.
Horace
Horace et et Properce reconnaissent la superiorite supérioritC de la grandeur contem-
poraine
poraine sur sur lala grandeur
grandeur mythique :: Properce repudie celle-ci, celle-ci, Horace
la
la ravale
ravale en en deuxieme
deuxième ligne; ligne ; ils
ils invoquent l'incompatibilite
l'incompatibilitC entre la
muse
muse elegiaque
ClCgiaque et et les
les themes
thèmes epiques
Cpiques (premier
(premier mouvement), et dans
une
une sorte d'aristie, exaltent ]a
sorte d'aristie, la dame de de leur pensee,
pensCe, Properce sur le
mode
mode libertin,
libertin, Horace
Horace sur le mode chevaleresque. Mais les concor-
dances
dances ne ne sont pas des des cοϊηcίdeηces.
coïncidences. η Il Υy a competition
compCtition latente. W. Wili
croit qu'Horace a repondu
croit rCpondu aA Properce en se faisant elegiaque ClCgiaque pour les
besoins
besoins de de la cause,
cause, en demarquant
dCmarquant les regum colla, colla, en Ctalant
etalant son
intimite
intirnith avec Mécène. Οη
avec Mecene. On peut aussi penser que Properce, piqué pique d'&mu-
d'emu-
juvénile, a voulu rivaliser avec υη
lation juvenile, un elegiaque dΌccasίοη2 , lui
ClCgiaque d'occasions,
donner
donner une une leς:on
leçon de mollibus cithαrαe
de mollibus citharae modis, et gagner, Aa l'irrCel,l'jcreel, un
concours Cpique; à
concours epique; a preuve le luxe avec lequel est traitée la geste
traitee
d'Alexandrie
d'Alexandrie (notons (notons le rappel, peu politique, de Modene Modène et de Phi-
lippes :: ilil s'explique aà la fois
lippes fois par la malignite maladresse3).
malignitC et par la maladresses).
Nous assistons aà υη
Nous un remarquable concours de preterition prCtCrition Cpique,
epique, entre
28 et
28 et 25.
2 5 .
Tout en en refusant l'epopee
l'épopCe et le lyrisme herοϊque, héroïque, chacun surveille
le rival qui peut deployer
le dCployer toutes grandes les voiles de son esquifa. esquif4 •
Chacun refuserefuse les iussa,
iussa, proclame son incompétence,
incompetence, mais surveille
du coin de de ΙΌeίΙ les efforts du « grand lyrisme )+.
l'œil les »5. La cornpetition
competition est
engagée :: la gloire
engagee gloire du prince et le patriotisme 1ittCraire litteraire sont en jeu.
même jeu subtil se joue autour de la publication des Odes.
Le meme
L'ensemble triomphal des Odes Romαines
L'ensemb1e Romaines constitue une sorte de temple
aà Rome et aà Auguste ;; Horace lie les promesses d'apothCose d'apotheose terrestre,
ou plus exactement d'illumination divine
ου divines, 6 , dans III,
ΠΙ, 5 et III,
ΠΙ, 6, au
triomphe des des Romani mores :: uirtus, pietas. pietαs. Le &nie Ρήnce
genie divin du prince
est solidaire du genie gCnie moral de la race. Horace est devenu uates, ~Iαtes, Musa-
rum sαcerdos
sacerdos (Ι, (1, ι, 35-111, ι,
1, 35-ΠΙ, 3), mais il
1, 3), ίΙ ne renonce pas pour autant
aii la rCcusation ;; ίιil se defend
la recusation défend d'etre
d'être un
υη poète apologέtique, dans 1,
poete apolog6tique, Ι, 6,
1, 19,
Ι, 19,Π,II, 1212 et surtout ΠΙ, III, 3,3, 69·
69. Coquetterie et goût gout du paradoxe ??
On en doutera. La vérité,
Οη verite, c'est qu'Horace considère considere le lyrisme triom-
tήοm­
comme υη
phal comme un genre de remplacement, rendu nCcessaire necessaire par
par l'absence
l'absence

ι.
I . Ibid., ρ. 183 sq.
p. 183
2 . Telle
2. est aussi la conclusion de W.
Telle e$t νν. WIMMEL, Kαllimαcllos in Rom, p.
W,MMEL, Kallimachos ρ. 42.
42.
3. II, ι,
3. Π, vers 27-34. Pourquoi Properce a-t-il Bvoqué
1, "ers evoque «« les foyers renverses
renverses
Étrurie "u ??
de l'antique Etrurie
de
4. Image de Properce, III,
4. ΠΙ, 9,9, 4.

significative :: Properce ne se r6clame
5. Omission signifιcative
5. Philetas !
reclame pas de Philétas
6 Horace consίdere
6. considère Auguste vivant comme u« un υη mélange
melange de dieu et d'homme
d'homme»D
(W. \Varde
(W. Warde Fowler)
Fowler) dans l'ode IV, 5, 31 sq..
ΙΌde 1"1,5,31 au-dela. de la mis-
sq., mais il entrevoit, au-delà mis-
terrestre, une apotheose, dès
sion terrestre, ΙΌde 1,
des l'ode 2, 45 : Serus in caelum
Ι, 2. t'edeαs... Id.,
cαelum redeas Id., III,
ΠΙ,
3, Ι ι.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 135
d'un alter l ; qu'il entend le pratiquer a sa guise, au gre de
alter Homerus
Homerus1 ; A gr6
l'enthousiasme et sans ceder cCder au vertige de 1a la ((« grandeur II» ;; qu'il
qu'il craint
d'etre
d'être enrD1e indkpendance artistique, -
enrôlC et de perdre son independance - alors
a10rs qu'il
doit dejiι
dCjà sauver son independance materielle
indCpendance matCrielle des pieges de 1a clientele.
pièges la clientèle.
Honorer MeceneMCcène de quelques poemes, poèmes, au sens où οΙΙ Virgile
Virgi1e a compos6
compose
1es Géorgiques en l'honneur
les Georgiques l'honneur22 de Mecene.
Mécène. Soit. lKais Mais ne pas se laisser 1aisser
enfermer dans dans l'epopee
l'dpopde comme le gladiateur dans son Judas3 ludus 3 :: avec le1e
recul, ί1il aura 1e
recu1, le sentiment,
sentiment, p1usplus tard, qu'il s'est 1aisse
lais56 prendre. La meil-
1eure
leure preuve qu'Horace pratique la competition comp6tition par arnitiC, amitie, par pis-
aller et par emulation
Cmulation se trouvera dans 1e qu'i1 ne choisit pas de
le fait qu'il
mode1e
modèle apo1ogetique
apologétique avant l'l'ode ode IV, 2, dominee
domin6e par l'image de Pindare,
que
que meme
même dans dans le livre ιν IV des Odes, il ί1 maintient la 1a distinction entre
1a
la veine epique
epique et 1a la veine 1)rrique
lyrique4.4
Mecene n'a
• MCcène n'a pas dû dίl nCgliger
negliger ces
nuances. Ι1 Il a sans
sans doute jouC joue de l'emulation
I'Cmulation entre Horace et Properce
pour sonder ce dernier. dernier.
Properce, sollicite,
Properce, sollicité, vers le mememême temps, adopta la 1a même
meme attitude
sinueuse. Ι1
sinueuse. Il aspirait sans sans doute 11.à devenir 1ele CaUimaque
Callimaque romain, comme
l'élégie πι,
le montre l'elegie
1e III, ι.
I. Peut-on Υ y νοίτ,
voir, avec W. Wimmel, une conver-
sion triomphale
triomphale5 5 ? C'est beaucoup dire, malgré malgre le souvenir des Aitia Aitia
les echos
et les Cchos de Virgile. Dans πι,
de Virgi1e. ίΙ invoque l'apparition
III, 3, il l'apparition de PhCbus,PMbus,
-- comme
comme p1us plus tard Horace dans Odes, Odes, IV, 15 -, -, pour refuser l'opus ΙΌρus
carminzs heroi.
carminis heroi. Les elegiesélégies πι, Π!, 5,
III, 4 et III, 5 , contradictoires, disent les 1es
intkneurs. C'est a10rs
tiraillements interieurs. alors que Mécène
Mecene dut accentuer sa pres-
δίοη.
sion. ΠΙ,
III, 4 impliquait encore encore un exercice de préterition.
preterition. III, ΠΙ, g 9 marque
d'indépendance, une recusatio a
explosion d'independance,
une exp1osion A fifCcène,
Mecene, d'où d' οΙΙ la mauvaise
humeur n'est pas absente. Apres rappe1e le dogme de l'ingelzium
Après avoir rappel6 l'ingenium
indiνidue1,
individuel, Properce, dans une «« defense retoume àaMCcène
dCfense agressive D»6,~ ,retourne Mecene
ses propres praecepta
ses paecepta ::refus de l'imperium comme militia et comme
dignitas, effacement
dignitas, effacement modeste. De l'Cthique ΙΊ~thίque de son protecteur Properce
esthétique :: l'accumulation
tirera une esthetique l'accumulation des deux termes tenuis humilena humilem
Cté profondement
a ete profondCrnent meditee. mtditée. Apres
Après 1e le refus, 1a la prCtérition
preterition Cpique
epique ::
mais 1e le refus de l'epopee
116popCegrecque n'est pas 1e le symbole
symbo1e d'un d'un refus total
de 1'CpopCe.
de l'epopee. Properce veut bien se convertir au 1yrisme triomphal
lyrisme
romain, unir,
romain, unir, dans le soufRe souffle de Ca1limaque,
Callimaque, 1a la Rome romul6enne
romuleenne ms- rus-
l'épopée dΌrίent
tique et l'epopee d'orient qui se prCpare7,
prepare7, mais il ί1 attend les iussa.
Ici point n'est besoin d'attenuer
Ici d'atténuer 1ala rigueur du mot ;; il n'a n'a pas la 1a même
meme

ι.
1.Epist., Π,
Epist., II, Ι, 50.
I , 50.
2.
2.Indication de de la Vitα
Vzta Vergiliα"α
Vergilia?za(Donat,
(Donat, 20,
20, 70, ect. C. Hardie).
70, 8d. Hardie).
Epist., Ι,
3. Epist.,
3. 1, Ι, 2-3.
1, 2-3.
IV, 2, 27 sq.
Odes, IV,
4. Odes,
4. sq.
5. Op. cit.,
5. ορ. cit., ρ.
p. 2Ι4
214 sq.
W. \VIMMEL.
6. νν.
6. W I N ~ ~ Eορ.op.
L , lcιud., p. 255·
laud., ρ. 255.
7. L'Blegie
7. II, ΙI separait
L'dldgie Π, separait les legendes
l8gendes heroïques
herοϊques romaines et la légende
Iegende contem-
contem-
poraine. III, 9g reconnait
poraine. ΠΙ, reconnaît intellectuellement
intellectuellementleur lien pour un grand poéme
poeme hypo-
tMtique.
MECENE

valeur que dans le contexte des Gcorgiques. Géorgiques. Le genre héroïque


hέrοϊque est une
militia de repli :: le chef doit commander...commander ... et payer de sa personne.
Οη est a
On à une epoque
époque où οιΊ Auguste veut redonner aux chefs le sens de
deuotio'.1 . Le badinage
la deuotio badίnage militaire
milίtaire (te duce... iussa) confine a
duce... sub tua iussa) à
l'ironie2,
l'ironie 2 , et le ton de la reponse,réponse, comme les images, eclairentéclairent les rap-
ports profonds entre Mécène Mecene et Properce, -- en faisant la part de
l'impertinence. Le poète poete les veut hierarchiques
hiérarchiques et rCgis
regis par la militaris
d'ίntimite a sauvegarder, comme
disciplina; pas d'intimitC Ι' epitre 1
comme dans l'épitre Ι,, 7
dΉοrace. Cette excuse-defi
d'Horace. excuse-d6fi atteint en Mecene hfécène l'homme prive ρτίνε :: οη
on a
relevé la cruaute
releve cruauté de l'expression ntollis nzollis fautol.3
jautor3 ;; elle
eiie frappe le poète
poete
manqué de plein fouet.
manque fouet. Qu'il y Υ a loin
lοίη du futur de defidéfi de Properce au
futur d'encouragement de l'ode
futur d'encouragement ΙΌde II,
Π, 12 Α la même
12 ! A époque a
meme epoque pres,
à peu près,
malgré
malgre ses ruses,ruses, le Mecenat
Mécénat vientνient buter contre la religion de i'otium,ΙΌtίum,
otium philosophique chez Horace, otium amoureux chez Properce.
L'épltre
L' cpttre 1 Ι,, 7 n'a pas fini fιni d'interesser
d'intéresser et d'intriguer
d'intriguer les specialistes
spécialistes
dΉοrace. Elle prend tout son sens par rapport a
d'Horace. forme par-
à cette forme
ticulière de la clientele
ticuliere clientèle romaine qu'est devenu le Mecenat. MécCnat. Nous avons
déjà vu que le ton et le style des rapports entre Horace et Mecene
deji!. Mécène ont
évolu6 des Satires aux Odes,
evolue litthire a
Odes, de la camaraderie litteraire vénération
à la veneration
4 • Est-ce le don du Sabinum, en 33 ου
amicale4.
amicale modifiέ le
ou en 31, qui a modifié
climat ? Comme l'a
climat? noté O.
l'a note Ο. Hiltbrunner, la morale du patronat,
cimentCe par les benejicia,
cimentee beneficia, cree
crCe une dependance
dCpendance stricte,
stricte, qui n'est
n'est pas
incompatible avec le vocable romain d'amicitia. d'αmicitia. 11 Il est des nuances
condescendantes dans I'amitie, l'amitié, des disparates sociales.
mtditation philosophique d'Horace
Mais la medίtation dΉοrace l'amène
l'aIή.ene dans les
Epitres a
Épîtres defιnir une amitie
à dCfinir amitié dans I'independance
l'indépendance qui repose sur une
nouvelle morale du bienfait, plus spirituelle que la morale sociale
nouvel1e sociale
romaine. A Α travers une serie série d'apologues faussement naϊfs, naïfs, Horace
pose le problème
probleme de la valeur du bienfait : du point de vue νue du bienfai-
teur, du point de vue de ΙΌbΙίge. l'obligé. Avec une certaine independance
indépendance
frondeuse,
frondeuse, Horace n'hésite n'hesite pas a à imposer des exigences
exigences morales au
donateur :: dignum prαestabo praestabo me etiam pro laude merentis. Horace veut
Ι.
r. cf. supra, p.
Cf. supra, 82, n. Iι..
ρ. 82,
2. ΠΙ, 9
Propelce, III,
Entre Properce, I'ep'tre Ι,
g et 1'@8tre 1, 7, il Υy a une ressemblance de dι\tail
détail
n'a peut-&tre
qui n'a peut-I!tre pas eteété mise suffisamment en lumiere. lumiére. Properce promet a à
Mecene des poèmes
Mécène poemes epiques
épiques «N sous sa conduite }}» {vers 47). Horace promet a
(vers 47}, à
Mecene
Mécéne sa prhsence assidue ... s'il lui rend la sante
presence assidue... santé (vers
(vers 25 sq.).
sq.). Dans les deux
I'adynaton alexandrin, mais I'adynalon
cas, il s'agit d'une adaptation subtile de i'adynaton I'adynaton
devient allusion cruelle chez Properce, alors qu'il reste badinage rassurant chez
Horace
Horace.
3· ΠΙ, 9,
3. III. 57.
9. 57·
4. W.Y.
4. W. SELLAR.Tlie
Υ. SELLAR, τ/ι. Roman poek; ΟΙ
poets of the Augustan age, 1937,ρ.
age, Oxford, 1937, p. 92
(ΗΟΥαc.
(Horace as aα mmalist),
moralist), delinit
définit cette amitie
amitié :: «not
« not quite the friendship οί social
friendship of
equals, but one of
equals, οί close intimacy and warm affection, οί deference
affection, of deference and gratitude,
but tempered by self-respect, on οη the one side,side. and an a.ffection
affection springing from
the need ofοί sympathy and companionship, and tempered by courteous considera-
οη the other D.
tion, on o.
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 137
dire
dire qu'il offrira aà un
qu'il offrira un bienfaiteur
bienfaiteur de1icat
dClicat 1a la gratitude
gratitude nob1e noble et et digne
digne
qu'il
qu'il auraaura meritee.
mCritée. Le Le poete
poète fait fait eνidemment
Cvidemment appe1 appel de de 1'amicitia
l'amicitia
romaine
romaine devantdevant 1'amitie
l'amitiC des des sages,
sages, quiqui est
est libre
libre commerce ;;οη
on remar-
l
commerce1 remar-
quera
quera que que dans
dans 1'apologue
l'apologue de de Philippus
Philippus et du cήeur
et du crieur Menas,
MCnas, la la fable
fable
se
se me1e
mêle aux aux reflets
reflets de de 1'actualite
llactualitC (personnage
(personnage de de Phi1ippus,
Philippus, et et surtout
surtout
1e
le don
don faitfait aà Menas
MCnas d'une d'une ΡrΟΡήete
propriCt6 en en Sabine
Sabine2).2 ). Un autre detai1 aussi
Un autre dCtail aussi
reflète un
reflete un certain
certain protectorat
protectorat de de Mecene
MCcène :: Philippus
Philippus s'etonne
s'Ctonne de de revoir
son
sonprotege
protég6 scabrum intonsumque ;ΟΓ
scabrumintonsumque; dans Ι,1, ι,
or dans 1, 94
94 sq.
sq. Horace
Horace dep10rait
dCplorait
que R46cène voulίIt
que Mecene voulût 1ui lui imposer
imposer 1e le formalisme
formalisme vestimentaire
vestimentaire (si (si curatus
curatus
inαequali
inaequali tonsore
tonsore capillos..
capillos...)..). C'est
C'est un un chapitre
chapitre sur sur 1eque1
lequel Horace
Horace n'a n'a
pas
pas l'intention
l'intention de de ceder.
cCder. Mecene
Mécène est est d'ailleurs
d'ailleurs mal mal p1ace
placb pourpour donner
donner
des
des 1e<;ons
leçons de de decorum
décorum en en 1a matière !! Mais
la matiere Mais 1a la seu1e
seule imp1ication
implication philo- philo-
sophique,
sophique,sur sur ce ce point
point de de detai1,
dCtail, c'est
c'est 1ele prob1eme
problème de de 1a liberté. Ι1
la 1iberte. Il serait
serait
specieux
spCcieuxde de supposer
supposer que que 1ala negligence
nCgligence d'Horace
d'Horace 1ui lui est
est dictee
dictCe par son son
stoicisme
stoïcisme tout tout neuf neuf ::ήenrien ne
ne prouve
prouve qu'i1qu'il soit
soit acquis
acquis aux aux reg1es
règles de de νie
vie
cyniques,
cyniques, et et ilil est
est faux
faux de de pretendre
prCtendre que que 1esles stoiciens
stoïciens dedaignent
dCdaignent «(( 1es les
convenances
convenances sociales...sociales... 1a mode ... 1a
la mode... la toi1ette
toilette ».». Mecene
MCcène ne ne 1iait
liait paspas
1es
les professions
professions d'independance
d'inddpendance philosophique
philosophique et et 1e le non-conformisme
non-conformisme
vestimentaire3.
vestimentaire 3•

Οη
On donnedonne de Bpitre νπ
de l'l'épttre VI1 uneune version
version tantot
tantôt dramatique,
dramatique, voire voire
romanesque, tantot
romanesque, tantat anodine.
anodine. Certains
Certains par1ent
parlent de de «(( brouille
brouille »,a, de de « refroi-
refroi-
dissement »a ;;ils
dissement ils mettent
mettent 1'accent
l'accent sur sur 1'independance
l'indbpendance et et 1a
la revo1te,
rCvolte, et et
rapprochent l'l'épâtre
rapprochent epitre νπ VI1de έμΙΥΒ Ι1::« Les
del'l'épbtre Les deux
deux epitres
Cpîtres nous
nous paraissent
paraissent
donc exactement
donc exactement paralleles,
parallèles, et et 1e
le ton
ton particulierement
particulièrement net, net, franc,
franc, ruderude
même de
meme de 1a
la 77ee epitre
épître ne s'explique, aà notre
ne s'exp1ique, notre sens,
sens, que que parpar 1e le fait
fait que
que
MCcène n'avait
Mecene n'avait pas pas cοmΡήs
compris 1a la 1e<;on
leçon qu'Horace
qu'Horace 1ui lui avait
avait donnee
donnCe dans dans
la premiere
1a première »4. Horace aurait
e4. Horace aurait secoue
secoue «(( 1a la tutelle
tutelle de de Mecene,
MCcène, dont dont 1'assi-
l'assi-
duit6 1'importunait
duite l'importunait ».i). La La verite
véritb en en fait
fait est
est p1us
plus subtile,
subtile, surtout
surtout sisi 1Όη l'on
compare ces
compare ces «s fιns
finsde non-recevoir »n aà l'l'élégie
de non-recevoir III, 9g de
elBgie ΠΙ, de Properce.
Properce.
Horace ne
Horace ne veutveut paspas b1esser
blesser Mecene
Mécène ;;ilil veut veut ηοηnon seu1ement
seulement sauve- sauve-
garder, mais
garder, mais epurer
Cpurer 1eur leur arnitie.
amitié. κ. Büchner, qui
K. Bίichner, qui tombe
tombe dans dans 1e le para-
para-
doxe en
doxe deniant aà1'epitre
en deniant YCpître une une valeur
valeur biographique
biographique precise, prCcise, une une valeur
valeur
de «(( poeme
de poème de de circonstance
circonstance »5n6 p1us plus marquee,
marquCe, aa raisonraison de de souligner
souligner que que
la piece
1a pièce etablit
Ctablit un un equilibre
Cquilibreentreentre 1'amour
l'amour reconnaissant
reconnaissant et et 1esles raisons
raisons
d'indbpendance ;;qu'i1
d'independance qu'il Υy aa dede « 1'auto-ironie
l'auto-ironie et et dede 1'auto-rapetissage
l'auto-rapetissage »6 »6
dans1elepoeme,
dans poème, bref, bref, que
que1'epitre
l'6pître estest unun monument
monument d'arnitie
d'amitié comparab1e
comparable

Ι.
I . cf. Cicéron,De
Cf. Ciceron, De Fin.,
Fin.,Π, II, 117;
117 ;Lae., 31.
Lae., 31.
0.HILTBRUNNER,
2.2 . Ο. HILTBRUNNER. art.cit.,
art. p. 295.
cit.,ρ. 295. Id.
Id. Κ. B ~ C H N ESt"dien
K. BίicHNER, R,
Studien ztw Υόmisc!ι.en
ΖΙΙΥ r6miscl~en
Literatu~,ΠΙ,
Liteyat"y, I I I , Hoyaz, Wiesbaden, 1964,
Horaz, \Viesbaden, p. 154.
1964, ρ. 154.
3.3. cf. l'article de
Cf. l'article de J.J. VAN
VANOOTEGHEM.
OOTEGHEM, Hovace etet l'intUpendance.
Hoyace Latomus, V,
l'idpendance, Latomus, V,
1946,ρ.
1946, p.185-188.
185-188.Pour Pourlalacitation,
citation,ibid., p. 187.
ibid..ρ. 187.
4.4. J. VANOOTEGHEM,
J. VAN OOTEGHEM, p. 187·
ibid., ρ.
ibid., 187.
5·5. Κ. B ~ C H N EDey
K.BίicHNER, R , siebente
Der siebenle Byie!
Bvief des
des Hoyaz, Hermes, 75.
Horaz,Hermes. 75, 1940,
1940, ρ. 79-80 =
p. 79-80 =
Studien....
Stιιdien ...,ρ.p. 156-157.
156-157.
6.6. Ibid.,
Ibid.,ρ. p. 156.
156.
MECENE

Ιι
à la satire 1, 6. Mais pourquoi contester la part d'apologie, d'apologίe
ι, 60 d'apologie
amicale -- par opposition avec la recusatio reczlsatio un peu acide de Properce -, -,
considérer cette lettre, ηοη
pourquoi considerer non comme une supplique enjouee enjouée
et amicale (les(les deux amis sont iocosi), iocosi), mais comme «(( une peinture peinture.....o
de sa situation et de ses rapports avec Mecene Mécène dans sa nouvelle situa-
composée en plein
tion, composee ptein accord avec Mécène Mecene ..... »)) ? Pourquoi y
o voir une
Υ νοίΓ
sorte de manifeste public qui rappellerait les mises au point des cabo-
tins sur leur vle vie privee
privée ? La véritC,
verlte, c'est que l'epltre l'épître ne reflete
reflète pas
l'amiti6 indefectible,
l'amitie indéfectible, statique,
statique, d'Horace
dΉοrace et de Mecene MCcène :: elle la construit
sur une base plus ferme.ferme. 00 0. Hiltbrunner a ecrit Ccrit fort justement
justement : «(( Le
poème
poeme révèle
revele qu'un art de vlvre vivre fonde
fond6 sur la sapientia est capable de
maintenir inébranlable une amitie,
malntenir inebranlable amitiC, dans les divergences exterieures, extbrieures,
qu'amitie
qu'amitié et liberte
liberté interieure,
intérieure, loin10ίη de s'exclure, trouvent l'unisson
dans une noble harmonie »10 )P.
parlé ιιà Mecene
Horace avait parle Mécène un langage qu'il pouvait entendre ::
celui de la disponibilite
disponibilité individuelle
individuelle2 2 et de la cure de sante. Tout
santé. porte
ιι
à croire qu'apres 11é$2tre ι,
qu'après l'epitre 7,ilίΙ ne revint pas àιι la chargeo
1, 7, charge. 11 Il preferait
préférait
l'amitie poete ιιà son obeissance.
l'amitié du poète obhissance. Et E t pourtant le credit crédit prive
privé de
MCcène aupres
Mecene auprès d'd'Auguste
Auguste est encore tres très fort entre 20 zo et 17~.
Ι7 3 • A
Α cette
date rien n'indique que le transfert se soit effectue effectué du Cercle Cercle de Mecene
lUécène
au Cercle d'Auguste.
dΆugusteο Du reste cette theorie théorie de Go G. Williams1
vVilliams1 a le defaut
systCmatiques, malgre
des constructions trop systematiques, malgré la Vita Horatiana, mal-
Vita Horatiana,
gré l'absence de Mecene
gre Mécène du livre IV Mécène est aussi absent,
Odes. Mecene
ιν des Odes. absent,
en apparence, du livre IV ιν des Élégies
Elegies de Properce, qu'il a inspirees inspirées
suscitCes ;; en outre, οη
et suscitees on a releve
relevé dans ce livre IV ιν d'Horace
dΉοrace une apo-
logie dictee
10gie dictCe par Mecene,
MCcène, et un hommage indirect (IV, (IV, Iιι)
I ) dans lequel
ίΙ exagCré de νοίΓ
il serait exagere voir le divorce de l'amitie
l'amitié et du patronage.
patronageo Certes
1'apologCtique morale, dans un lyrisme qui
Horace s'engage dans l'apologetique
Ctroitement la grandeur romaine à
subordonne etroitement ιι la puretC
purete morale, qui
appuie l'effort des Leges Jzlliae. Mécène, liberal
]uliae. Mecene, libéral et libertin,
libertin, croyait
peu ιιà l'opposition
ΙΌΡΡοsίtίοn totale du vice et de la vertu, à l'enchaînement dia-
ιι l'enchainement
lectique des vices.
vlces. 11
Il admettait les professions de foi ίοί vertueuses dans
la mesure où ου elles servaient l'ordre
ΙΌrdre soclal
social ;; ίΙ
il croyait plus à ιι la valeur
générale de la vertu qu'au prix des vertus particulières,
generale particulieres, et surtout,
faiblesse autant que par scepticisme, il
par faiblesse ίΙ se méfiait
mefiait des lois somp-
tuaires et des lois matrimonialese.
matrimoniales'o On Οη en trouverait la preuve dans

I.
10 Art. cit.,
cίΙ., p. 300.
ρ. 3000
2. ΙΙ
Il pouvait Υ y avoir divergence philosophique entre Horace et Mecene &lécène sur
l'art de viνre
I'art v i n e inspire
inspiré par I'individualisme,
i'individualisme, mais Horace a soin de masquer les
divergences ,: témoin équivoque de I'έρΖΙτ.
temoin I'habile equivoque 1'6pitre Ι,
1. 14, ... ".ihi
14,1I ,: 0.0 naihi me reddentis
αgelli.
agelii.
Cf. suprα,
3. cf.
30 supra, chapitre II.ΙΙο
G. WILLIAMS,
4. Go
4. \'VILLIAMS, Poetry iί» n the moral climαte of
morαl climate Augustan Rom, ]ournal
ΟΙ Augustαn Journal of
οί
Roman Studies, LII. 1962,
Studies, LII, 1962,ρ.p. 45-460
45-46.
5 . LΆrt
50 C A r t Po6tique. 391 sqo,
PoBtique, vers 391 sq., fait
fait de la poésie message des dieux (sαcer
poesie le message (sacer
deorunz) ::elle apporte une νeήte
interpresque deoru".) dίvine, une sapientia
vérité divine, sαpientiα conyue
conçue en
LE IIfECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 139
ΙΌrίentatίοn generale
l'orientation gCnérale du livre IV ιν des Élégies
Elegies de Properce1.
Properce1 . Le poète,
poHe,
iι clifference d'Horace,
à la difference dΉοrace, a ete et6 sollicite
sollicit6 par Mécène,
Mecene, mais ϊl il n'a pas eteét6
oriente dans le sens du zele zèle moral, du lyrisme inquisiteur. Le recueil
trahit, -- Ovide saura se souvenir, pour les besoins de son apologie, apologie,
des hardiesses erotiques
Crotiques de ses devanciers'
devanciers2 -, ιιη reste de « laxίsme
-, un laxisme »11
moral
moral;; car le plaidoyer pour l'amour « romain » de Comelie
ροιιτ I'amour CornClie n'exclut
n'exclut
))

pas la tolerance
tolkrance pour
ροιιι les passions illicites et sinceres
sincères ;; si Properce s'est
s'est
obizlrgationes qu'Horace pratique couramment,
interdit les deliciarum obiurgationes

à la fois
fois par conviction et par deference politique (Odes, (Odes, IV, 5, 21 21 sq. ;;
g, 13
IV, 9, sq.), il ne s'est pas contente de cette attitude nkgative.
13 sq.), negative. Par
ιιπ reste de libertinage
un libertinages, sublirnC σιι
3 , sublime ou masque en religion de l'amour,
Cvite de fletrir
Properce evite flCtrir I'adultere.
l'adultère. OnΟη imaginera peut-être,
peut-etre, si on οη se
rappelle le '"... Tua,
Tua, Maecenas, zlitae praecepta
Maecenas, uitae I'BlBgie Iπι,
praecepta recepi de l'élégie I I , 9,
g,
qu'il s'est abstenu par deference
qu'il deference ροιιι
pour son patron :: en 12 12 avant notre
ère, MCcène,
ere, Mecene, age âge de quelque soixante-deux ans, était encore pris a.
ans, etait à
partie publiquement dans un ιιη procès d'adultère qni
proces d'adultere qui ne le concemait
concernait
pas.

termes pythagoriciens, cf. cf. Ciceron, Tusc., V


Cicéron, Tusc., V,, 2-4. mais aussi une «« musique ", i>.
pήncipe d'harmonie indiνiduelle
principe individuelle et sociale, -
sociale, ~ au sens pythagoricien
pythagoricien ou οη orphique.
Cette poésie-sagesse
poesie-sagesse mettra l'accent sur l'ideal l'idéal matrimonial ;: ... ... concubiIu prohi-
concubitu pvohi-
bere uago, dare iura mavitis.
uago, dave mariIis.
I. M
1. Μ.. Grimal
Grima1 (Les (Les inIenIions
intentions de Properce
Properce......,, Latomus, XI, ΧΙ, 1952,1952. p. ρ. 437)
437)
indique que, dans le livre liνre IV, promenades religieuses et evocations;etiologiques
évocations~étiologiques
complètent ... et deroulent
a se completent...
« déroulent en tableaux concertes concertés l'immense perspective de
Rome et e t de son Destin ". 1). Les héroïnes féminines ont leur place a
heroines fέminines cδtέ des dieux,
à c6té
qu'ίl
u'il s'agisse des epousesépouses ou οη des amoureuses, -- Tarpeia, Arethuse, Aréthuse, Cornelia,
Cornelia,
zynthie. Les trois premières
Cynthie. premieres sont mortes,mortes. et leur message spίrituelle,
message a une valeur spirituelle,
surtout celui de Cornelie (ibid., ρ.
Coméiie (ibid., p. 442-443) elles promettent le salut moral
442-443) :: elles
par la Fàdes, l'immortalité par Jes
Fides, l'immortalite les moves.
mores. Si5ί Cynthie est réhabilitée
rehabilitee (p. (ρ. 438 et
443). l'amour venal
ρ. 443),
p. vénal de la lena (5. (50 elegie)
élégie) sera maudit. Properce a eu la har- bar-
diesse
diesse d'inserer
d'insérer sa religion de ['amour l'amour dans les romani moves mores ;;il ίl depasse donc
les homelies έdifiantes d'Horace
homélies édifiantes dΉοrace (Chant (Chant Séculaire,
SBculaire, 57 sq. Odes. IV,
sq. ;; Odes, IV. 5, 5, 21 sq. ;;
ΙΥ,
IV, 15,9
15. g sq.).
sq.), L'eJegiaque
L'élégiaque justifie
justifie l'amour ««libre Cynthie, Ja
libre»u de Cynthie, la sensualite ίΙΙί­
sensualité illi-
cite d'une Tarpeia (ibid., (ibid., p.ρ. 316-317), d'attribuer a
316-317). et ne craint pas d'attribuer à l'amor
l'amov une
yaleur
valeur Iatidique
fatidique et positive :: aα ... ... du point de yue vue national, la faute de la Vestale
fut heureuse et Ieconde.
féconde. C'est elle qui mit en branle le Destin dont dependit dépendit a à la
ίοίο la naissance de la cite
fois cité sabino-romaine et la grandeur des Cesars Césars ». o.
Horace n'a jamais evoque évoqué Tarpeia ;; s'il fait apparaitreapparaître llia,
Iiia, il ίΙ rejette toute
tMologie
théologie de la faute. Apres Après l'allusion peu déférentedέferente de la satire 1, Ι, 2, 126126 et de
ΙΌde ΠΙ, 9,
l'ode III, 8, ΙΌde
g, 8, l'ode IV, 8, 8. 22 sq. exaltera -- indirectement
22 sq. indirectement -- la mission histo-
i'lliae Mauortisque puer. L'ode
rique de Ι'ΙΙίαο LΌde 1, montre, epouse
Ι, 22 la montre, épouse du Tibre, deplo- déplo-
rant la mort de Cesar. César. Horace paraît étranger aux speculations
parait assez etranger spéculations sur la
réversibilité des vices.
reyersibilite vices, des crimes et des progrès progres historiques. Pour Ροηι lui, lui, surtout
dans Jesles Odes des livres ΠΙ I I I et IV, la morale integraJe
intégrale et la piété
piete authentique sont
inseparables
inséparables aux yeux des dieux :: les vices appellent l'expiation et la correction,
ΙΌη veut retrouver
si l'on retrouyer la pax ραχ deum.
deum. C'est ce qui explique que la diatribe contre
après les Odes Romaines, se prolonge au liνre
luxuria, apres
la luxuria, IV :; ode 5, vers 21 et
livre ιν
suivants.
Tristes, Π,
2. TrisIes,
2. I I , 445-466.
445-466.
3. Le badinage erotique
3. Brotique de Properce pourrait heurter la morale sociaJe sociale du
l'dldgie II,
principat :: l'BIBgie Π, 1414 semb1e
semble associer
associer 1ala provocation politique (vers (vers 23-
23-
24)
24) et le blasphème
b1aspheme (vers 10: IO : inmortaz.is ΟΥΟ, si alteva
inmorlalis ero, αΙΙεΥa (nox)
(nox) talis eyi/).
evàl).
14° MECENE

Ainsi ίΙ
il n'est pas contradictoire de supposer que IfCcène l\fecene a pu
exercer sur Properce un discret chantage en lui conseillant de faire
oublier par un recueil herοϊque ΙΥήsme libertin. Quand Ovide dit
hCroïque son lyrisme
que
que ses
ses devanciers n'ont pas ete Cté inquietes, reveIe du même
inquiet&, il rCvèle meme coup
qu'ils avaient choque
choqué le pouvoir. Mais un tel «« chantage », », tout en
sous-entendus, en consacrant la dependance de Properce, expliquerait
qu'il n'ait pas cm cru devoir, ΗΗΓίΓ la licence amoureuse.
devoir, ou pouvoir, flCtrir
De plus,
plus, son
son temperament
tempérament le portait aii rCconcilier l' αmor avec le fatum
reconcilier l'amor fαtum
individuel et collectif.
collectif. Le Mecenat
MCcCnat oriente le livre IVιν de Properce dans
un sens
sens nettement politique.
Par opposition avec l'action de Mécène,
Mecene, le «« mCcCnat
mecenat »» d'Auguste
sera
sera plus moral,
moral, moins strictement politique :: les Odes du livre IV ιν
dΉοrace
d'Horace se se distinguent par la là des Clégies herοϊques de Properce.
elegies hkroïques
A l'epoque
Α l'Cpoque du dernier recueil dΉοrace,
d'Horace, Mecène
Mecene n'est
n'est plus objective-
objective-
ment le «e patron des lettres ». r. Le l\fecenat
MCcCnat se termine comme il ίΙ avait
cornmencC :: dans
commence dans l'amitie
l'amitié avec le seul survivant de ce qui fut jadis jadis
le Cercle,
le Cercle, le poete
poète de Venouse.

CONCLUSION

apprécier le rδΙe
Pour qui veut apprecier rôle de l\fecene
Mécène dans i'6panouissement
l'epanouissement
de la poesie
de poésie augusteenne,
augustCenne, seuls comptent les thmoignages,
temoignages, en nombre
limitC, des contemporains et des successeurs
limite, successeurs immCdiats.
immediats. Il 11 faut res-
pecter lesles nuances, tenir compte des sentiments intimes de Mécène, Mecene,
de sa plus ou moins grande familiarite
de familiarit6 avec tel ou tel poète.
Ρόete. L'intCrêt
L'interet
ρήs Gwrgiqwes, a
pris aux Gecrgiques, à leur achevement,
achèvement, n'a rien d'une commande
autoritaire :: οηon devine
devine la sympathie d'un poète poete malchanceux
ma1chanceux tente
at~ses
ses heures par la science
science et par le didactisme.
didactisme. A Α Properce, Mécène
Mecene
impose un veritabl~
impose vkritablo protectorat. D'Horace,
DΉοrace, il ίΙ ne requiert, dans sa
familiarit6 tyrannique,
familiarite tyrannique, que la presence
prCsence assidue.
On doit juger le l\fecenat
Οη MCcCnat naissant dans la lumière
lumiere de l'histoire,
l'histoire,
dans le
dans le cadre d'un regime
rCgirne et d'une vie, non
ηοη dans l'absolu. Plusieurs
MCcène apparaitront
Mecene apparaîtront alors : le « suzerain »r dCbonnaire
debonnaire des lettres, avant
Actium -le -le patron de la «(i grande poCsie », d'Actium ?a
poesie s, I la semi-disgrâce
semi-disgrilce
de 22
de - l'amant desinteresse
22 -l'amant dCsintCress6 des Muses, supplante
supplantk par Auguste dans
son rdle, sur la fin
son rδΙe, fin de son existence.
curiositb irraisonnee,
Une curiosite irraisonnhe, voire deraisonnable,
dCraisonnable, nous incite à a saisir
de l'ίηteήeur
de l'intkrieur le lien qui attache Mecene
Mécène aux lettres. Tous les contrastes,
toutes les vaήations
toutes variations qu'on decouvre,
dhcouvre, trahissent moins un dilettan-
tisme inconstant que les antinomies inconscientes de la personnalité.personnalite.
Les jugements de plusieurs modemes
Les modernes obligent à a rejeter une certaine
BIÉCÉNAT :: HISTOIRE ΕΤ
LE MEcENAT LÉGEXDE
ET LEGENDE 141

fausse a
manière, fausse
maniere, à notre sens,
sens, de poser le probleme.problème. Vouloir a à tout prix
trancher entre une conception liberale libérale et une conception feodale féodale du
littéraire, c'est se laisser seduire
patronat litteraire, seduire par des des categories
catégories anachro-
Mécène a oscille
niques. Mecene oscillé entre les deux attitudes attitudes et souνent
souvent le sens sens
politique lui a dictedicté des demarches
démarches que son temperament tempérament reprouνait
reprouvait ::
il eίlt
eût ete embarrassé de dire si a
CtC fort embarrasse à ses
ses yeux la creation
création litteraire
IittCraire
était un officiurn
etait oficiunz ou un studium. studium. Il n'aimait pas le rDle rôle dede comman-
ditaire exigeant,
ditaire exigeant, mais ce ce qui
qui l'en detoumait, c'&ait plus le
détournait, c'etait le sens
sens dede
l'amίtie
l'amitié et de de l'urbanite
l'urbanité que que la foifoi en la liberte
Liberté dede I'art.
l'art.
littérature n'aνait
La litterature n'avait jamais ete été libre a Rome aνant
à Rome avant Mecene
MCcène :: la
poesie épique graνite
poésie epique gravite autour de l'historiographie nobiliaire ;;le
de l'historiographie le theatre
thCâtre
est client des des grandes
grandes familles,
famiiles, ordonnatrices
ordonnatrices des des ludi;
ludi ;meme
même la poesiepoésie
élégiaque et ΙΌde
elegiaque l'ode familiere,
familière, qui qui sortent parfois de llCpigramme, ηΌηt
de I'epigramme, n'ont
cessé totalement d'etre
pas cesse d'être des des poemes
poèmes de de commande.
commande. Les Les poetes
poètes
augustéens ne reνendiquent
augusteens revendiquent pas leur independance indépendance contre contre Mecene.
Mécène.
Ils reνendiquent
revendiquent plutDt plutôt confusement
confusément contre un statut social social de de la
poésie qui
poesie qui se prCsente a
se presente leurs yeux, -- aux
à leurs aux yeux des des plus lucides,
lucides, d'un
Horace par exemple
Horace exemple -, -, comme
comme la contrepartie
contrepartie de de la securite
sCcurité et de de
l'aisance. Οη
I'aisance. On ne s'etonnera
s'étonnera guere guère de de trouνer l'élégiaque Properce a
trouver l'elegiaque à la
pointe de de cette «(t Fronde ».r. Si Si le
le protectorat litteraire
littéraire dede Mecene
Mécène rap-
pelle les
pelle les rapports
rapports de de clienteIe,
clientèle, cela tient un peu au au caractere
caractère du pro-
tecteur, quiqui a ses ses acces
accès de de morgue, ses sautes d'humeur. Οη
ses sautes On decelera
décèlera
dans ses
dans ses caprices,
caprices, ou dans dans ses exigences, -- qui
ses exigences, qui ne sont pas toutes lit- lit-
téraires -,
teraires -, l'empreinte du temperament tempbrament plutot plutôt queque la marque d'un
système.
systeme.
Mécène a νoulu
Mecene voulu etre
être un amateur eclaire Cclairé de poésie, un eνeilleur
de poesie, Cveiileur ;;
ce nonchalant, au fond
ce fond dede lui-meme,
lui-même, croyaitcroyait a à l'ingenium et a libertC
à la liberte
de nature. Εη
de En luilui sese heurteront toujours la tendance aristocratique aristocratique
au protectorat et le
au le sens
sens epicurien
Cpicurien du sodαlicium.
sodalicium. MaisMais il etait
était aussi,
aussi,
de dblibéré, un militant ;; ilil comprenait la force
de propos delibere, force nouνelle
nouvelle que que
représentait ΙΌΡiηίοn.
representait l'opinion. Politique lucide, lucide, ίΙil deνinait
devinait peut-etre
peut-être que que la
logique interne
logique interne du nouveau regime rCgime impliquait de littérature ;;
de gagner la litterature
sinon, οη
sinon, on pouνait
pouvait etre être contraint de de la museler ou de stériliser ; οη
de la steriliser; on
d'avoir a
risquait d'aνoir persécuter l'histoire,
à persecuter comme ΙΌηt
l'histoire, comme l'ont fait
fait Tibere
Tibhre et et
Domitien ; οη
Domitien; on raνalait
ravalait la la poesie,
poésie, condamnee,
condamnée, soit soit auau didactisme
didactisme
assommant
assommant et et aa l'academisme
l'académisme sterile, stérile, soit
soit aux
aux epigrammes
épigrammes satiriques
tracées nuitamment sur
tracees sur les
les murs:
murs : Suetone,
Suétone, dansdans sa sa Vie
Vie de de Tibere
Tibère
(59 et
(59 et 70),
70), montre bien les les perils
pCrils qui qui guettaient la la litterature
littérature clau-clau-
dienne, et
dienne, et surtout
surtout la la poesie.
poésie. Mais Mais Mecene
Mécène etait
était illumine
illuminé par l'eclair
l'éclair
d'Actium ::ilil croyait
d'Actiurn croyait queque le le rayonnement de de la
la gloire
gloire exigeait la la lumiere
lumière
de la
de la poesie.
poésie.
Οη
On sese persuadera sans sans peine
peine qu'il eut eût souhaite
souhaité ecrire
Ccnre uneune epopee,
épopée,
ou un poeme
ou poème heroique,
héroique, pour ne ne point aνoiravoir a à les
les solliciter.
solliciter. Il
Il aa peut-etre
peut-être
souffert de
souffert de ne pas aνoir
ne pas avoir 1<1la «I( tete
tête epique
épique )),», puisque ses poètes aνaient
ses poHes avaient
I1fIiCENE

discerner en lui ce don cache.


cru discemer cachC. Mais il s'en est conso1e.
consolé. La morale
du principat naissant, apres après 1e le liberalisme
libéralisme anarchique des gueaes guerres
civiles, aboutissait aà une «CI specialisation
civiles, spCcialisation »)) et aà une «(( hiérarchisation
hierarchisation »I)
des talents :: aux confidents des princes et aux grands commis, commis, 1es les
negotia et 1es les otia, aux poètes
poetes de vocation, bientôtbientot poètes
poetes de métier,
metier,
1e
le domaine des stzldia. Mecene n'a
studia. Mécène n'a donc pu ρυ ressentir comme une frus-
l'ίmpuissance ou
tration l'impuissance ίl se trouvait de prolonger
où il exploits en
pro1onger ses exp10its
carmina. De plus,
carmina. p1us, par sa naissance, par son temperament,
tempérament, il ί1 se situait
en marge d'une tradition d' «(( amateurisme »)) aristocratique qui, du
De Consulatu de Ciceron jusqu'aux travaux de Vestricius Spurinna,
CicCron jusqu'aux Spurinna,
en passant par 1e pro1ogue des Aratea de Germanicus, fait de 1a
le prologue poesie
la poésie
laudatio. Il n'aurait
une laudatio. n'aura.it sans doute pas tenu a etre être Florus,
F1orus, ou ου l'un
quelconque des membres de la studiosa cohors evoquee l'épltre 1
Cvoquée par l'epitre Ι,, 3
dΉοrace. E
d'Horace. Εη n litterature, Mecene etait
littérature, Mécène était 'de
de ces aristocrates platonisants
ρουι qui l'aristocratie implique, non
pour ποη pas 1e le privilège littéraire, mais
privilege litteraire,
l'excellence,
l'excellence, ou ου du moins la hantise de la médiocrit6. mediocrite. Son 1audateur,
laudateur,
dans les Élégies,
Elegies, a entendu le «(( romaniser » en l'jnserant
)) 1'insCrant dans 1a la lignee
lignée
des poètes-apologistes.
poetes-apologistes. Οη On en conclura toutefois qu'il n'avait n'avait pas
poussé essais epiques
pousse ses essais épiques au-dela
au-delà de l'esquisse, par nonchalance autant
que par lucidite
lucidit.4 :: son ami Horace ne lui lυί avait-il pas souvent repete répété
que la vraie sagesse litteraίre consiste pour chacun a
sagesse littéraire preηdre la mesure
à prendre
de son ingenium ? La poCsie poesie demeure pour ρουι Mécène,
Mecene, aà titre personηel,
personriel,
le luxe, 1e
1e le «« petit jardin », aussi secret que les pensees derobees
jardin », dérobées ου ou les
tentations profondes.
Οι
Or ce poète
poete imparfait qui reflète reflete le divorce entre la conception et
crCation, qui a vCcu
la creation, vecu profondément
profondement l'obsession forme, n'a
ΙΌbsessίοn de la forme, n'a pas
la «« psychologie
psychologie du rate ». 11
raté ». 11 ne se fait pas detracteur
détracteur par depit.dépit. La
création des autres le console de ses propres impuissances, comme la
creation
survie des amis tempère l'amertume de la mortalite.
tempere en lui I'amertume mortalitC. Les grands
poèmes
poemes de ses amis, comme comme les tâches écrasantes du prince, lui
taches ecrasantes 1υί inspi-
raient unυη melange
mélange d'admiration d'egοϊste soulagement. 11
d'admiration et dlCgoïste II se felici-
félici-
tait de n'avoir pas dίi dû les ecrire
Ccrire ;; je croirais même qu'ίl a vu
meme qu'il νυ sans
dkplaisir Auguste le supplanter dans 1e
. deplaisir le ro1e
rôle ingrat de commanditaire
lettres.
des 1ettres.
comme ailleurs, Mecene
Ici comme RfCcène revele
révèle surtout une conscience lucide.
allogène a continue
Cet allogene continu6 le combat pour ρουι 1ele patriotisme litteraire,
littéraire, gague
gagne
par Ciceron
Cicéron dans le domaine philosophique et par Salluste dans le
domaine historique. Il a voulu νοulυ que 1e le «(1 premier peuple de la terre »)I
eίit
eût sa grande poésie,
poesie, chantee
chantCe par les plus
p1us grands et sur le mode majeur.
Ου plutôt,
Ou plutot, il ίΙ en a conçu
cοnι;:u intellectuellement la nécessitC ίΙ a forme
necessite ;; il formé ce
rêve apparaît, aà travers la chronique de ses relations
reve qui apparait, re1ations avec les
poetes, comme une somme de velleites,
poètes, veliéitCs, et nonηοη comme la continuite
continuité
dessein. Nonchalant, par caractere
d'un grand dessein. complexion, il
caractère et par comp1exion,
manquait de tCnacité
tenacite ;; grand seigneur, il ίΙ prisait souverainement l'eIe- 1'616-
LE MECENAT : HISTOIRE ΕΤ LEGENDE 143
gance dans les rapports humains; sceptique, il savait i'idCal,
saνait que l'ideal,
1itteraire ου politique, exigeait,
littbraire ou exigeait, pour s'incamer,
s'incarner, l'adMsion
l'adhésion des hommes.
On d'aνoir cru parfois, comme a
Οπ lui pardonnera d'avoir l'époque de l'epitre
à l'epoque Ι, 7,
l'épilre 1, 7,
l'argent ouvre des droits au bienfaiteur. Il n'a jamais pens6
que l'argent pense que
l'argent fit
l'argent fît les poètes.
poetes.
Mécène a conyu
Mecene Mecenat comme il a conyu
conçu le MCc6nat conçu le Principat, de toute
force de son intelligence, mais sans passion, sans enthousiasme, sans
la force
illusions excessiyes.
illusioilS idCes appelaient υπ
excessives. Ses idees un praticien. Auguste a su
jouer le rôle.
rOle.
Conclusion
Conclusion generale
générale

essai de « biographie spirituelle »)) n'a


Cet essai n'a pas Clucidé
e1ucide totalement
tota1ement
l'histoire d'une &me.%me.Mais ί1 il aura du moins fait apparaître
apparaitre une richesse
et une variete
variCté mora1es
morales peu connues de l'antiquite.
l'antiquité. L'homme antique
gCnCral a peu de secrets. Il est facile
en genera1 facile de 1ele definir par un υη traité
traite des
vertus ου
vettus ou par υη un catalogue des vices; meme ce qu'il peut yΥ avoir de
vices ; même
trouble, d'indefini, αnimus uastus
d'indChi, dans l'l'animus uαstus de tel te1 hCros
Mros romantique
avant 1a la 1ettre,
lettre, re1eve
relève de passions qui, de1irnitees, deνiennent rassu-
délimitées, deviennent
Même 1es
rantes. Meme intίines se 1aissent
les contradictions intimes laissent cerner quand on οη
applique 1es
leur app1ique les cadres de 1a psychologie antique :: Sylla est Ba la fois
la psycho1ogie
υη
un jouisseur et υη un ambitieux actif, Mecène,
Mecene, insCrC
insere de force dans la 1a
galerie des
ga1erie des portraits du principat naissant, se rebelle et conserve tonserve sa
personnalitb.
personnalite.
personnalitC... Voila
La personnalite... Voilà le maitre
maître mot. A Α une Cpoque
epoque où ου l'homme
se confond
se confond avec ses ses actions et ses attitudes, où όυ ilίΙ subit fortement
l'emprise de de sa formatiotI,
formation, Mecene
Mécène aa 1ele privilège
privi1ege d'échapper
d'echapper à a ses rôles
rδίes
Cphémères, a
epMmeres, ses maitres,
B ses maîtres, au rnagistere roIήain. Il échappe
magistère moral romain. echappe aussi
aà la sourde
sourde pression de son atavisrne.
atavisme. C'est Agrippa qui permet de
saisir ce
saisir ce que
que n'est pas Mecene.
MCcène. Agrippa n'a n'a ni
ηί ancêtres
ancetres ni ηί replis mys-
rnys-
térieux. Sa verite
terieux. vCrité intime se tonfond
confond avec son existence objective et sa
carrière. Il ignore 1es
tarriere. les doutes politiques :: la fidesjides et le mos maiorum
mαiorum
Υy pourvoieht.
pourvoient. Il n'est pas efRetire
effleuré par l'inquibtude
l'ihquietude métaphysique
metaphysique : la
pietas 1υί
pietαs lui suffit.
suffit. Pour 1ui,
lui, comme
comme pour 1es les vieux
νieux Romains,
Rornains, le 1e devoir
simple. La « quete
est simp1e. quête du bonheur »)) ne semble pas avoir avdir eu àa ses yeux
l'importance qu'elle avait pour Mecene. Mecène. Sa culturecuiture se révèle
reve1e tout
entière tendΊIe
entiere tendue vers l'action. Agrippa, comme Mécène, Mecene, aimait les œuvres
ceuvres
d'art, mais c'etait
c'dtait ρουτ étaler a
pour les etaler B la face de la cité.
cite.
MCcène a une personnalite
Mecene personnalité curieusement moderne. A Α une époque
epoque
de conforrnisme
de conformisme mora1 moral et religieux, il ίΙ se présente
presente comme un υη esprit
Libre, comme
libre, comme une sorte de ιιcc libertin », », si le libertinage implique une
religion de
re1igion de l'esprit.
10
MECENE

Les qua1ites
qualités essentielles
essentielles de Mecene
Mécène restent l'intelligence, la lucidite,luciditC,
avec cette pointe de fantaisie et de cynisme qui fera plus tard l'esprit l'eSΡήt
de la Renaissance. 11 Il yΥ a en lui du Machiavel.
Machiavel. Mais la liberte
libertC de l'esprit,
non-conformisme apparaissent comme
le non-conforrnisme comme le fruit de la cultuFe, culture, qui aà
ses yeux rend toute chose relative et provisoire. Le sens du relativisme
humain et terrestre eclate Cclate dans le discours recomposé
recornpose par Dion Cas-
sius. Cela n'implique pas que pour Mecene MCcène la culture entrave l'action ;;
la politique est chez lui lυί fille fides a
fille de la culture :: sa $des à l'egard
l'Cgard du prince,
qui ne fut dementie ΙΊ~tοurderίe de 23, ne lui
démentie que par 1'Ctourderie lυί inspire pas une
ίοί aveugle et messianique qui entrerait en conflit avec l'intelligence.
foi
Mécène
Mecene ne suit Auguste que dans la voie qu'il a lui-meme lui-même tracée.
tracee. S'il
pu concevoir la fatalite
a ρυ fatalité historique de ΙΈmΡίre,
l'Empire, c'est grace
grâce aà sa culture
theοήe du « bon souverain » venait abolir la crainte
académique :: la théorie
academique
regnum. Toute la culture poCtique
traditionnelle du regnum. poetique de MeceneMécène n'a
pas fait de lυί lui υη
un poète.
poete. Sa culture philosophique lui lυί a permis d'etFed'être
υη penseur politique. Et
un E t pourtant, tant de pl-iilosophie
p11ilosophie n'an'a pas engendre
sagesse...
la sagesse...
.MCcène, aà vrai dire, ne convoitait pas la sagesse,
.Mecene, sagesse, -- au sens où ου
l'entendent
l'entendent les ecoles
écoles de l'antiquite
l'antiquité -,-, et par la là encore, ilίΙ est moderne.
Son esprit lucide cohabitait avec une ame âme tourmentee,
tourmentCe, mais pour rien Fien
au monde, il ίΙ n'eût νουΙυ s'affranchir de ses passions,
n'eut voulu l'αρα­
conquCrir 1'a;ba-
passions, conquerir
thie ou
ου l'ataraxie.
l'αtαrαxie. Les passions sont à iι ses yeux les luxes de l'existence.
Il n'aimait certes pas qu'elles imprimassent à
11 iι la chair leurs stigmates,
les affFes
affres de la jalousie, les tourments de l'insomnie. Mais pour le reste,
ίΙ devait penser qu'il existe un
il υη « e bon usage des passions ». Οη decelera
)i. On dCcèlera
à volonth
iι l'italianisme, du beylisme ου
volonte chez lui de l'ita1ianisme, ou du romantisme.
sensibilitk de MCcène
Si la sensibilite Mecene demeure anarchique, dans son desordre désordre
même, originalité. On
meme, elle atteste son origina1ite. Οη ecartera
Ccartera bien sUr sûr le mythe
rnythe de
MCcène
Mecene amoureux «« romantique »1) de la nature natuFe ;; et pourtant, l'amour
de la nature est chez lui lυί une donnee
donnCe fondamenta.1e
fondamentale du temperament
tempérament
qui ne se confond pas entierement
entièrement avec la mode de,s de,s jardins urbains.
POUF MCcène,
Pour Mecene, un beau jardin jardin est un υη etat
Ctat de l'ame
l'âme :: c'est peu au gre gré
des modernes, c'est beaucoup pour un υη contemporain d' Auguste.
d'Auguste.
Autre forrne
forme de la sensibilite, la passion amOUFeuse.
amoureuse. Elle a ete étC chez
Mecene profonde et tapageuse. Son monde amoureux est celui des
MCcène
ClCgiaques contemporains,
elegiaques contemporains, chez qui les entrainements
entraînements des sens et la
gaΙanteήe
galanterie alternent avec l'enthousiasme
l'enthousiasme passionnel et le besoin
d'absolu. Mbcène
Mecene a ete CtC iιà la fois
fois Don Juan et Arnolphe. Après Apres avoir
cherch6 la variCtC,
cherche variete, il
ίΙ a ete
kt6 l'homme d'une grande passion malheureuse.
TeFentia
Terentia l'a bafouC,
bafoue, et surtout devant la postCrité posterite :: elle a placéplace ce
dklicat, ce « dandy »)i de l'antiquite,
grand delicat, ήdicuΙe. On
l'antiquitb, en posture ridicule. Οη ima-
séduisant quinquagenaire qui decouvre
gine le seduisant découvre la jeune fille fiile pauvre,
qui joue Pygmalion, et qui se prend au jeu. Mais Terentia suit Auguste
en Gaule : le restaurateur des mœurs, couronné, ira jusqu'à
mreurs, libertin couronne, jusqu'a
CONCLUSION GENERALE 147
organiser des concours de beauté beaute entre la volage Terentia et la chaste
Livie, s'il faut en croire Dion Cassius. Mécène l\'[ecene a eu la faiblesse d'en d'en
souffrir, tout comme,
comrne, quadragénaire,
quadragenaire, il souffrait de desenchantement
desenchantement
entre deux passades. Je penserais volontiersvolontiers que les leçonsle<,:ons du Jardin
Jardin
lui rendaient plus sensible le « désert desert de l'amour
l'amour a.». Or l'expérience
l'experience de de
la desaffection se compose avec une forme de libertinage. Terentia
infidele seduisante que jamais
infidèle redevient plus séduisante jamais'! Elle réveille
reveil1e le « don
(( don
juanisme ». 3. C'est ce que suggère
suggere le sarcasme de Sénèque Seneque sur celui qui
epousa
épousa «(1 mille fois
fois » la même
>) meme femme.
femme. Dans la fidélité malheureuse ha
fide1ite malheureuse
Terentia, οη
Terentia, on peut deceler
déceler un peu d'acharnement sénile, senile, quelque (1" fémi-
ffmi-
nisme »» issu d'un lointain héritage heritage toscan, et beaucoup de ((" don
juanisme ». ».
L'element
L'élément le plus original dans la sensibilité
sensibilite de Mécène,
Mecene, c'est
c'est encore
la dimension metaphysique.
dimension métaphysique. Mécène Mecene voit l'invisible, il pressent les
arriere-mondes.
arrière-mondes. Ses Ses fragments disent àa la fois la vie secrète secrete des choses
reelles
réelles et la presence
présence insidieuse des forces
forces et des ombres. Par atavisme
tempérament, Mécène
autant que par temperament, Mecene ne peut dissocier l'expériencel'experience
sensible du sentiment de l'existence
l'existence et de la mortalité.
morta1ite. Les obsessions
sorties
sorties de l'enfer etrusque
étrusque ne sont rien au prix de certaines autres
decouvertes ceUe de la finitude,
découvertes :: celle finitude, celle de l'inquiétude.
l'inquietude.
Οη
On se gardera neanmoins
néanmoins de chercher à a Mécène
Mecene de trop lointains
descendants. Il n'a que deux ou trois générations
descendants. generations d'avance sur la sen-
sibilité romaine. Sa ma1adie
sibi1ite maladie secrete
secrète sera celie
celle de Serenus : les contra-
dictions douloureuses qui laissent la lucidite
dictions lucidité intacte et qui l'aiguisent.
l'aiguisent.
Οη
On s'etonnera
s'étonnera que Seneque
Sénèque n'ait
n'ait pas reconnu en Mécène l\'[ecene une %me fune
celui qui oscille
malade :: ce1ui osciile entre les exces
excès de la gastronomie et les inno- ίηηο­
vations frugales,
vations frugales, entre les m§lesmâles maximes de l'engagement
l'engagement politique
politique
et la tentation de ΙΌίsίvete,
l'oisiveté, entre le nihilisme littéraire
litteraire et les tortures
style, ce
du style, ce grand velleitaire,
velléitaire, en amour,
amour, en littérature,
litterature, en politique,
politique,
incarne l'injirmitαs
l'injîrmitas bonae mentis qui torture Serenus.
Entre deux idees idées intelligentes,
intelligentes, deux initiatives, éphémères epMmeres OU ou
durables, deux inconsequences
durables, inconsCquences amoureuses, Mécène Mecene l'insaisissable
l'jnsaisissable se
laisse saisir par le mora1iste
laisse moraliste qui,
qui, moins que tout autre, avait le droit
de le
de le meconnaitre, SCnèque : '"... αnimus
méconnaître, Seneque animus ad αd ciuilia
ciuiliα erectus agendique
czlpidzls εΙ
cupidus et nαturα
natura inquies,
inqzlies, parum in se solαciorum
+arum scilicet in solaciorum habenshαbens ...
...
A PPENDICE
APPENDICE

Les Fragments de Mecene


Mécène**

Α) PROSE
A)

Ι.

SEN. epist.
SEN. 19,9g Volo tibi hoc loco referre dictum Maecenatis
epist. 19,
vera inίη ipso ecu1eo
eculeo elocuti :: «« ipsa enim a1titudo
altitudo attonat summasurnma ».
n.
Si quaeήs,
quaens, in quo libro diχeήt :: in
iibro dixent ίη eo qui Prometheus inscnbitur.
ίnscήbίtur.
νoluit dicere :: «
Hoc voluit (t attonita habet summa
surnma ».».Est ergo tanti ulla poten-
tia, ut sit tibi tam ebnus ebήus sermo?
sermo ? Ingeniosus ille
iiie vir fuit,
vir fuit, magnum
exemplum Romanae eloquentiae daturus, nisi illum enervasset enerνasset
castrasset..
felicitas, immo castrasset ....

II.
ΙΙ.

epist. 114,
SEN. epist.
SEN. 4-8, 21-22 Quomodo
ΙΙ4, 4-8, Quomodo Maecenas vίχeήt,vixent, notius est
quam ut narrari nunc debeat, quomodo ambu1aveήt, ambulavent, quam delicatus
fueήt, quam cupient
fuent, CUΡίeήt viden,
νideή, quam νitia ηοlueήt. Quid ergo ?
vitia sua latere noluent.
ηοη oratio eius aeque soluta est quam ipse discinctus ? non
non ηοη tam insig-
nita illius
iiiius verba
νerba sunt quam cu1tus,cultus, quam cornitatus,
comitatus, quam domus.
domus,
quam uxor fuerat, si illud
υχοι ? Magni vir ingenii fuerat. iiiud egisset via
νia rectiore, si
non
ηοη vitasset inteiiegi, si non
νitasset intellegi. difflueret. Videbis
ηοη etiam in oratione diffiueret. Videbis itaque
ebήi hominis involutam
eloquentiam ebrii inνolutam et errantem
eπantem et licentiae plenarn.
plenam.
[Maecenas de cultu suo.]
[Maecenas amne si1νisque
suo.] Quid turpius «rc arnne siivisque ripa
ήΡa coman-
tibus »)) ? Vide ut « alveum iintribus arent versoque vado
a1νeum lintribus remittant
νado rernittant
cήSΡat et Ιabήs
hortos ».n. Quid ? si quis « feminae cinno crispat labns columbatur
incipitque suspirans, u utt cervice lassa fanantur ηemοήs
nemons tyranni »)) ?
ήmaηtur epulis lagonaque temptant domos
Inremediabilis factio nmantur
« Inremediabi1is
et spe mortem exigunt ». ». « Genium festo vix νix suo testem. Tenuisve

fragments est conforme a


• Le texte des fragments à I'edition R. Avallone.
l'édition de R. Avallone.
Ι5 0 MECENE

fιla et crepacem molam, focum mater aut uxor investiunt s.


cerei fila »0
Νοη legeris. hoc tibi οccuπet,
Non statim, cum haec legeris, occurret, hunc esse, qui solutis
tunicis ίηin urbe semper incesserit ?.. ?...
ο Haec verba tam improbe structa,
tam neglegenter abiecta,
abiecta, tam contra consuetudinem omnium posita
ostendunt mores quoque non ηοη minus novos et pravos et singulares
fuisseo
fuisse. Maxima laus iiliίΙΙί tribuitur mansuetudinis :: pepercit gladio, san-
guine abstinuit nec ulla alia re, quid posset, quam licentia ostendito ostendit.
Hanc ipsam laudem suam corrupit istis orationis portentosissimae
deliciis fuisse, ηοη
deliciis :: apparet enim mollem fuisse, non mitemo
mitem. Hoc istae ambages
compositionis, hoc verba transversa, boc
compositionis, hoc sensus inibi magni quidem
saepe, sed enervati dum exeunt, cuivis manifestum facient :: motum
saepe,
illi felicitate nimia caputo
ίΙΙί caput. Quod vitium hominis esse interdum, inter-
dum temporis solet .ο . . Quod vides istos sequi, qui aut vellunt
•• veilunt bar-
intervellunt, .ο .ο . qui lacernas coloris
bam aut intervellunt, • coloris improbi sumunt,
surnunt, qui
perlucentem togam, qui nolunt facere quicquam, quod hominum
oculis transire liceat :: inritant illos ίη se advertunt, volunt vel repre-
iilos et in
hendi, dum conspici.
conspici. Talis est oratio Maecenatis omniumque aliorum,
aliorum,
ηοη casu errant sed scientes volentesque. Hoc a
qui non a magno animi
malo •• .
ma10 oritur .ο . . Ideo ille curetur .. ο .ο

ΠΙο
III.

SERV.ad
SERV. αd Verg. Aeno νπι
Verg. Aen. 3ΙΟ Facilesque oculos fert omnia cir-
VI11 310
cum :: physici dicunt ex νίηο mobiliores oculos
vin0 mobiliores oculos fieri.
fieri. Plautus faciles
faciles
νίηο. Hoc etiam Maecenas ίη
oculos habet, id est mobiles vino.
oculos Sym$osio,
in Symposio,
ubi Vergilius
Vergilius et Horatius interfuerunt, cum ex persona Messallae
Messallae de
νί νίηί loqueretur,
vi vini loqueretur, ait : « idem umor ministrat faciles
faciles oculos, ΡuΙchήοra
oculos, pulchriora
reddit omnia et dulcis iuventae reducit bona a.»0

IV.

grαmmo X
inst. gramm.
PRISCIANo insto
PRISCIAN. Χ Gr. Lat.
Lαto IΠI 356, 6-7 K.
Κ. :: Maecenas in
ίη
Octaviam :: « pexisti capillum naturae muneribus gratum i>.»0

V.
QUINT. inst. oro
QUINT.insto or. ΙΧ 4, 28 Quaedam ver0
I X 4, vero transgressiones et longae
SUΡeήοrίbus diximus libris, et interim etiam composi-
sunt nimis, ut supenoribus composi-
tione vitiosae, quae in ίη hoc ipsum petuntur, ut exultent atque lasci-
viant, quales illae Maecenatis :: «« sole et aurora rubent plurima »; a;
fraxinos »)) ;; « ne exsequias quidem unus inter
« inter sacra movit aqua fraxinos
miserrimos viderem meas ». Quod inter haec pessimum est, est, quia ίη
in
re tristi ludit compositioo
compositio.
APPENDICE

Β) POESIE

Ι.

S E N . epist.
SEN. 92, 34-35 Sed ut ex barba capil10que
epist. 92, capilloque tonsa neglegirnus,
neglegimus,
ille divinus ammus
ita il1e animus egressurus hominem, quo receptaculum suum
conferatur, ignis illud
conferatur, iilud exedat et excludat an terra contegat an ferae ferae
distrahant,
distrahant, nonηοη magis ad se iudicat pertinere quam secundas ad edi-
tum infantem. Utrum proiectum aves differant, an consumatur «i( cam- cani-
bus data praeda marinismarims »,n, quid ad il1um, nul1us est ? Sed tunc
iilum, qui nuilus
quoque, cum inter homines est, non ηοη timet uiias
ul1as post mortem minas
eorum, quibus usque ad mortem timeri parum est. Non Νοη conterret,
inquit, me nec uncus nec proiecti ad contumeliam
inquit, cadaveήs laceratio
contumeiiam cadaveris
visuris. Neminem de supremo oflicio
foeda visuris. officio rogo, nulli
nuiii reliquias meas
commendo. Ne quis insepultus esset, esset, rerum natura prospeXΊt
prospexit :: quem
Ρrοίeceήt, dies condet. Diserte Maecenas ait ::
saevitia proiecent,
nec tumulum curo ::sepelit natura
ltatura relictos.
relictos.
diXΊsse :: habuit emm
Alte cinctum putes dixisse enim ingenium et grande et
virile, illud secundis discinXΊsset.
νiήΙe, nisi il1ud discinxisset. Vale.

II.
ΙΙ.

S E N . epist.
SEN. episl. 101, 10-15 Luciii mi, νiνere
IO-15 Ideo propera, Lucili vivere et singulos
aptaνit, cui vita
dies singulas vitas puta. Qui hoc modo se aptavit, νita sua cotidie
ίη spem viventibus
fuit tota, securus est :: in viνentibus proximum
proXΊmum quodque tempus
elabitur subitque aviditas et miserrimus ac misemma
rnisemma omnia efliciens
efficiens
metus mortis. Inde il1ud illud Maecenatis turpissimum votum,
νotum, quo et
debilitatem nonποπ recusat et deformitatem et novissime acutam crucem,
dummodo inter haec mala spiritus prorogetur :
debilem facito
Jacito manu, debilem pede, coxa,
manu, debilem coxa,
tuber αdstrue
adstrue gibberum, lubricos quate dentes
dentes ::
vita dum superest, mihi, υεΙ
superest, bene est; hanc mihi, vel acuta
si sedeαm
sedeam cruce,
cruce, sustine.
sustine.

Quod miserrimum erat, erat, si incidisset, optatur et tamquam vita νita


petitur supplicii mora. Contemptissimum putarem, si vivere νivere vellet
νel1et
usque ad crucem :: «(1 tu vero »n inquit « me debilites licet,
iicet, dum spiritus
ίη corpore fracto et inutili maneat
in depraνes licet, dum
maneat;; depraves durn monstroso
temΡοήs aliquid accedat;
et distorto temporis accedat ; suffigas
suffigas licet et acutam sessuro
crucem subdas » :: est tanti νulnus
vulnus suum premere et patibulo pendere
MEC:ENE

dlstήctum, dum differat id, quod est in malis optimum, supplicii


distnctum,
finem
finem ? est tanti habere animam.
animam, ut agamag~ ? Quid huic optes nisi deos
faciles ? quid sibi vult ista carminis effeminati turpitudo
faciles? turpitudo?? quid
tίmοήs pactio?? quid tam foeda vitae mendicatio?
timons dementissimi pactio mendicatio ?
Hu.ic putes umquam recitasse Vergilium :: (1(Ι usque adeone mοή
Huic mori mise-
ruιn est »
rum s?? Optat ultima malorum et quae pati pati gravissimu.m
gravissimum est,
sustineή cupit : qua mercede
extendi ac sustineri lοngiοήs.
mercede?? scilicet vitae longions.
Qu.od
Quod autem vivere est diu mori ? Invenitur aliquis.aliquis, qui velit inter
supplicia tabescere et perire membratim et totiens per stillicidia
aniπ;ιam quam semel exhalare ? Invenitur, qui velit adactus
emittere animam
illud infelix lignum, iam debilis,
ad i11ud ίη foedum scapu-
debilis, iam pravus et in
larum ac pectoris tuber elisus, mοήendi causae etiam
elisus, cui multae moriendi
citra crucem fuerant, trahere
trahert'; animam tot tormenta tracturam ? Nega
nunc magnum beneficium esse naturae, quod necesse est mοή. mon. Multi
peiora adhu.c
adhuc pacisci parati sunt : etiam amicum prodere,
prodere. ut diutius
vivant, et liberos ad stuprum manu m<lnu sua tradere, ut contingat lucem
videre tot consciam scelerum.
scelerum. Excutienda vitae cupido est discen-discen-
dumque nίhil
nihil interesse, quando patiaris, quod quandoque patien-
Q u m bene vivas refert, non
dum est. Quam ηοη quam diu :: saepe autem in ίη
hoc est bene. ne diu.
diu. Vale.
Vale.

ΠΙ.
III.
SUET.Horαti
SUET. vitα p
Horati vita ρ- 45 R.R. :: Ac ρήmο
pnmo Maecenati, mox Augusto
in insinuatus, non
ίη gratiam insinuatus, ηοη mediocrem in ίη amborum amicitia locum
filaecenas quantopere eum diΙeχeήt
tenuit. Maecenas dilexent sati.s ί11ο epigram-
satis testatur illo
mate :
mate:
Horαti,
ni te visceribus meis, Horati,
plus iiαm
a m diligo,
diligo, tu tuum sodalem
tzl tuum sodαlem
ninlzio videαs
ninnio videas slrigosiorem.
strigosiorem.

IV.
CAES. BASS.
CAES. BASS. de metris 4, Lαt. VI
Gr. Lat.
4, 8-17 Gr. ΥΙ 262,
262, 6-19 K. : Huic
6-19 Κ.
pares sunt apud Maecenatem ::
« ades
αdes » Cybele, fera
ο CybeIe,
1) inquit « O montium dea,
ΙεΥα montiuln deα,
ades
αdes et sonante
sonαnte typano quate jîexibile
typαno quαte caput ».)1.
jlexibile cαput
Sed quo magis hic versus, quod matnmatή sacer est Idaeae,
Idaeae, vibrare
videatur, proxirnurn
videatur. proximu.m ab ultimo pedem brachysyiiabon
brachysy11abon fecerunt et
Graeci et hic ipse hlaecenas
Maecenas iis quos modo rettuli proximum sic ::
«(Ι latus
lαtus horreat flagella, c01'1titum
horreαt jlαgello, conzitum chorus ululet ».n.
APPENDICE
APPENDICE 153

ν.

ISID. etym. ΧΙΧ


ISID. etym. XIX 32, 6 Thynius punis Ρήmum in
purus est, pnmum ίη Bithynia
fabήcatus,
fabncatus, quam olim Thyn <ί>Ci> am vocabant. <
< Maecenas ad >
>
Flaccu<m>
Flaccu<m> ::
lucentes,
lucentes, mea vita, nec smaragdos
beryllos mihi,
mihi, Flacce, nec nitentes
nec Percandida
percandida margarita quaero
nec quos
q m s Thynica lima $erpolivit
perpolivit
anulos neque iaspios lapillos.
Eapillos.

νι.
VI.
CAES.
CAES.BASS.
BASS.de metris 4, 8-17 Gr. νι 262, 25-263, 3 K.
Gr. Lat. VI Κ. : Siquis
autem quaesίeήt
quaesierit quid ita, cum
curn sit galliambicus versus, iambici quoque
nomen acceΡeήt,
accepent, hoc versu,
versu, qui est apud Maecenatem, lecto intelleget
intelleget
eum ex iambico quoque tήmetrο
tnmetro nasci :
nym$ha cingit omnis Acheloum senem.
hic nympha

νπ.
VII.
CHARIS.inst. gramm. Ι1 Gr.
CHARIS. 179, 23-So,
Gr. Lat. 179, 23-80, Iι K. : Catinus masculine
Κ. : masculino
in Χ
genere dicitur, ut Maecenas ίη X ait ::
ingeritur jumans
jumans calido cum jarre
jarre catinus.

VIII.
νιπ.

FRAGMENT DOUTEUX

Dront.
DIOM. art. Gr. Lat. Ι1 369, 21 sq. K.
art. gramm. Ι1 Gr. : Maecenas :
Κ. :

nexisti retia lecto.


Bibliographie

Ι. TEXTES D'AUTEURS
1. DΆUΤΕURS ANCIENS
ANCIENS

Les textes anciens SOllt


sont cites dans l'edition
l'édition de la Collection
Collection des Universites
Beiles Lettres. Α
de France. Paris, Les Belles A defaut,
défaut, ou pour confrontation, onοη a uti-
lise la Bibliotlceca Scriptorum G7aecoyum
BibliotlIeca Scyiptorum Graecorum et εΙ Romanorum Teubneriana. Leipzig ;;
Romanoyum Teubneriana.
la Loeb Classical'
Classical Library, Scriptorum Clαssicorum
Heinemann;; la Scyiptorum
LiMayy, London, Heinemann Classicorum
Bibliotheca Oxoniensis, Oxford, Clarendon.
Bibliothecα
editίons et
Ces Bditions e t Ies autres editions partίeIIes sont citees
Bditions partielles citées dans Ia
la Iiste
liste ci-des-
ci-des-
sous:
sous : .

A Vergiliαnα, ed.
p p e d i x Vergiliana,
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R. EIIis Vitαe Veygiliαnαe Antiquαe, ed.
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1957.
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ΑΡΡΙΕΝ,
APPIEN,Histwiα Romαnα,
Historia Romana, Bd. L. Mendelssohn-P.
ed. Viereck, Leipzig,
Mendelssohn-P. Viereck, Leipzig, Teubner,
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1878-1905, νοι'
DΙON CASSIUS,
DION Histoyiαrum Romanarzam
CASSIUS.Historiarum Ro".αnαr"m quae supersunt. Berolini apud Weid-
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mannos. νοι'
1955. 4 vol.
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Ueber die GediclIte
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Mayhoff, Leipzig, Teubner, 1892-1909,
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PLUTARQUE, The parallel


PLUTARQUE, ραΥαΙΙεΙ Lives, ed. Β. Perrin,
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ΜΟΥαΙόα, ed. G. Bernardakis, Lipsiae, 1888-1896,
Bd. G. 1888-1896, 7 vol. νοι.
SENEQUE
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1963.
SUETONE,
SUÉTONE.C. C. Suetoni
S w f o n i Tya1lquilli praeter Caesarum
Tranquilli praeler reliq"iαe, ed.
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éd. A. Reif-
ferscheid, Teubner, Leipzig.
ferscheid. Leipzig, 1860.
1860.
Velleiers PαtMculus
Velleius Paterculus and Res Gestae Gestae Divi Augtuti,
Aug,,,,ti, ed.
éd. F. W. Shipley. London,
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MECENE

(Res Gestae Divi Augusti, ed. J. Gage, Paris, Les Belles Lettres, 2· Μ., 1950.)
VITRUVE, De ArcititectIIra, ed. F. G1anger, London, Heinemann, 1962, 2 νοl.

Les fragments de Mecene ont ete cites dans I'Mition de R. Avallone, cf. supra.
Nous nous sommes egalement refere a F. HARDER, Ueber die Fragmente des
Maecenas, Berlin, 1889, et Ρ. LUNDERSTEDT, υ. C. 1vIaecenatis fragmenlis,
Leipzig, Teubner, 19ΙΙ.

ΙI. OUVRAGES GENERAUX SUR L'EPOQUE AUGUSTEENNE


(OU LE ΗΑUΤ-ΕΜι'ΙRΕ)

Outre les grandes' collections histοήques (G. GLOTZ, Histoire Romaine,


tome ΠΙ, Le Haut-Empire, par L. ΗΟΜΟ ; BURY, COOK, ADCOCK, CHARLES-
WORTH, Τιιε Cambridge Ancient History, νοl. Χ, Tι,e Augustan Empire, 1934),
nous avons consulte les ouνrages suivants :

Ε. ALBERTlNI, LΈmΡire Romain, Paris, Alcan, 1929.


Μ. BEULE, Α uguste, sa famille εl ses amis, Paris, 1875.
J. BUCHAN, Augustus, London, 1937·
J. GAGE, Les classes sociales dans ΙΈnΙΡire Romai", Paris, Payot, 1964.
V. GARDTHAUSEN, Augustus und seine Zeit, Leipzig, 1891-1896.
Τ. R. HOLMES, Tke arckitect of tke Roman Empire, Oxford, 1928-1931.
Κ. ΗόΝΝ, Augustus, Wien, 1937.

Μ. Α. LEVI, 1Ι tempo di Augustc, Firenze, 1951.


Ch. G. STARR, Civilizαtion αnd tke Cαesαrs. Tke intellectuαl revolulion in tke
Roman Empire, Cornell University Press, New York, 1954.
R. SYME, Tke Romαn RevoI"tion, Oxford, Clarendon, 1963.

ΠΙ. BIBLIOGRAPHIE DES AUTEURS MODERNES

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1966.
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R. AVALLONE, Mecenate - 1 frαm'menti, Salemo, 1945.
Proftlo umano di Mece,ιαte, Antiquitas, ΥΙΙΙ, 1-2, janv.-juin 1953, ρ. 3-16.
- Ed"cαzione letterαria di Mecenate, ΕUΡφ-οsyne, Ι, 1957, ρ. 217-226.
,- Mecenαte, Napoli, 1962.
Η. BARDON, Lα littirature lαtine inconn<ιe, t. 11, Ρaήs, 1956.

C. BECKER, Das Spiitwerk des ΗοταΖ, Marburg, 1962.


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Rheinisches Museum fίir Philologie, N.F., 93, 1950, ρ. 97-133.
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Maecenas-Epigra11,m iinn Suetons 5uetons Horazvita.
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N.F., 99.
N.F.. 99, 1956,
1956, p. ρ. 380 sq.
- Caesav Α ugustus als Achilles
Caesar Augwtus Α chilles bei Vergil Vergil HoraeΗorαz Properz, Ein Είη Nachtrag
Ν achtrag
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AREUS: 16. Fuscus ARELLlUS : 108.
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ATHENODORE : 16, 83. GALLUS (CORNELlUS) : ΙΟΙ n. 6, 103-
AUGUSTE (OCTAVE-AuGUSTE) : 16. 37, 104, ΙΙ5·
39-40, 43. 44, 49. 58, 59. 66, 72. 76. GERMANICUS : 142.
78. 79, 80, 82. 83·91. 97. 100-101, HELVIUS CINNA : 121.
ιι6. 124. 130. 131. 133. 134. 138, HOMERE : 75 n. 2. 109. ΙΙΟ, ΙΙ4,
140. ιι6 n. 6. 135.
BACCHUS : 23. ιι8. HORACE et MECENE : 27-29, 31-32, 33,
BATHYLLE : 41. 121. 34. 36, 39, 41-45. 50. 52-54. 56-58,
BRlNDES : 65. 66, 67, 68. 69. 67.68.74,78,80,86-87,89,98, 101,
CALLIMAQUE : ιο6 n. 2. 109. 131, 135. 106. 107, ΙΙ3. 120, 123. 128, 135.
CALi.lOPE : 45. ΙΙ5 n. 2. - et AUGUSTE : 91. 93. 97, 98, 124.
CALPURNlUS SlCULUS : 99. 128. 129. 129. 134·
CAMPANIE : 18. HORTENSlUS : 124.
CANUS }ULlUS : 33. ILIA (RHEA SlLVlA) : 139 n. Ι.
CASSΙUS : 75. JULIE (fille dΆuguste) : 41. 66.
CATON : 76, 77, 81. }UPITER : 89. 129 D. 4.
CATULLE : 17. ιο8. 109. Ι!Ί. ΙΙ9· }UvENAL : 99. 100.
CESAR : 74. 75. 84. 88. 129· LATRO : 40-41.
CICERON : 21 n. Ι. 26. 76, 82 n. 5. 88. LEPlDE: 69.
125. 142. LEPlDUS : 66, 67·
CLAUDE : 34 n. 5. 94· LlVlE : 48, 147·
CYNTHlE : 139 n. Ι. LlVIUS DRUSUS : 63 D. 2.
DAPHNlS : 129. LOLLlUS : 128.
DEMETRlUS LACO : 26. LUCRI1:CE : 27. 32 sq.• 39, 45, 60. ΙΙ9,
DENYS D'HALICARNASSE ΙΙΟ n. 7. 121. 125.
127· MACER (AEMlLlUS) : Ι Ι7.
DroDoTE : 21 n. Ι. MAECENAS LlClNUS : 102.
11
162.
162 INDEX NOMINUM
INDEX NOMINUM

MARCELLUS
MARCELLUS :: 133.
133. SALLUSTIUS
SALLUSTIUS CRISPUS CRlSPUS : 70, 71.
MARSUS
MARSUS(DOMIT1US)
(DOMITIUS) :: ΙΙ7.
117, 120.
120, 125.
125. SCRIBONIA : 69.
SCRIBONIA
MARTlAL
MARTIAL :: 99.
99, 123. 123, 129·129. SENEQUE : 19 sq..
SÉNÈQUE sq.• 29, 29. 34 0. n. 5. 58,
58. 59.
MELISSUS:
MELISSUS: 102. 102, ιι6. 116, 117.117, ΙΙ9.
119. 73. 77. 81,
72. 73, 81. 99,99. 112,
112, 124.
MESSALLA
MESSALLA (CORVINUS)
(CORVINUS) :: 28.
28, 65.
65. 116.
116. SÉNÈQUELE PARE
SENEQUE PERE :: 41, 41. 100,
100. 107-108.
107-108.
MlSENE
MIS&NE :: 69 69 n. n. 2. 2. SCIPIONS
SCIPI0NS :: 31,
31. 83,
83. 84.
MURENA:
MURENA: 40. 40. SÉVÈRES: 79,
SEVERES 79. 87,
87. 94.94·
NASIDIENUS
N A S ~ D ~ E NRUFUS U S :: 21
RUFUS 2 1 n.
n. 6.6, 41.
4:. SEXTUS
SEXTUSPOMPÉEΡΟΜΡΕΕ : 6g.
: 69.
NAULOQUE
NAULOQUE :: 69.
69. . SIRON:: 23, 27. 89, 114.
SIRON ΙΙ4·
NÉRON:: 21.
NERON 21, 31. 31. SUÉTONE
SUETONE 38, 74
:: 38. 74 n. 2. 2, 81, 85.
85, 86.
86. 87.
87,
NEOPTOLEME
N~OPTOLÈ%%E ΟΕ PARION:: ΙΙ7
DE PARI0N 117 Ω. n. 9.
9. 90, 106.
90. 106. 1I8,118, 133.
133, 141. 141.
118,
118, 119.
119. STATILIUS
STATlLIUS TAURUS
TAURUS 65, 124.
: 65. 124,
OCTAVIE
OCTAVIE :: 40.
40, 54. 54, 69. 69, 105
105 n. n. 6.6. TACITE:: 49,
TACITE 49, 70. 70. 71. 71, 72.
72, 79.
79, 91-92.
91-92, 94.
94,
ΟνΙΟΕ:
OVIDE:29. 29, 57. 57, ιι6.116, 123.
123, 12.4.
124, 127.
127, 139·
139. 95, 100.
95. 100.
PINDARE
PINDARE :: 135.
135. ΤTARENTE
ARENTE :: 70. 70.
PHILIPPES
PHILIPPES:: 68. 68. TERENTIA
TERENTlA 25-26. 30
:: 25-26. 30 n.n. 3,
3,40, 124, 146.
40. 124. 146,
PHILODEME
PHILODÈME (DE
(DE GADARA)
GADARA) :: 23.
23, 28,
28, 29.
29, 147·
'47.
39.
39, 8080 Ω. n. 3. 3, 82 82 n. n. 2. 90, ΙΙ4.
2. 90. 114, 117.
117. T H ~ O P O M::P57.
ΤΗΕΟΡΟΜΡΕ E
57.
ΙΙ9.
119. 121.
121, 126. 126. TIBÈRE:: 50
TIBERE 50 Ω. n. ι, I, 54.
54, 76.
76. 79,
79. 87.
87. 88.
88,
PlS0
Prso (LUCIUS)
(Lucrus) :: 50. 50. 90, 91.
90. 91. 92,
92. 99.99. 128,128, 141·
141.
PISON
PISON(CAESONINUS)
(CAESONINUS) ::43
43 n. 75. ΙΙ7.
n. 5,5, 75. 117, TIBULLE
TIBULLE 118, 123,
:: ιι8. 123, 125. 125, 127.
127.
120.
120. TIBUR:: 48.
TIBUR 48, 50. 50.
PISON
PISON(SOUS
(sousNERON) NÉRON)::48. 48. TITHON:: 35-36.
ΤΙΤΗΟΝ 35-36.
PLATON:
PLATON :78,78, 81. 81, 84.84, 85·
85. VALGIUS
VALGIUS RUFUS:: 108.
RUFUS 108, ιι6.
116, ΙΙ7.
117.
PLOTlUS
PLOTIUS TUCCA
TUCCA :: ΙΙ5.
115. VARIUS:
VARIUS: 26, 32.
26. 45. 108, ΙΙ5,
32. 45.108, 115, 124,
124, 129.
129,
POLLION
POLLION : : 124.
124, 129. 129. 133.
133·
POSIDONIUS
POSIDONIUS ::58.
58. VVARRON
ARRON :: 84. 84, 9292 Ω. n. 6.6.
PRIAPE
PRIAPE : :47.47. VVARUS (QUINTILIUS)
ARUS (QUINTILIUS) 116, 124,
: ιι6, 124, 129.
129,
PRIMA
PRIMA PORTA
PORTA :: 48.
48. 132.
132.
PROPERCE
PROPERCE etet MECENE
MÊCÈNE: :39. 39, 67.67, 75.
75, 98.
98, VATIA:: 20.
VATlA 20.
ΙΙΟ.
110, 135-136.
135-136, 139. 139. 140·140. VÉNUS::25.
VtNUS 25, 43.43, 46. 46.
- -etetHORACE
HORACE : :133
133sq. sq. VERTUMNE
VERTUMNE ::42.
42. 98.98.
- -etetAUGUSTE
AUGUSTE : :127,
127,135· 135. VESTRICIUS
VESTRICIUS SPURINNA
SPURINNA 142.
::142.
- -etetVIRGILE
VIRGILE. : :133.
133. VIRGILEet
VIRGILE M&CÈNE:: 22-26.
e t M:έCENE 22-26, 39.
39, 56.
56,
QUINTILIEN
QUINTILIEN : :100,
IOO. 105.105. 111,I I I , 120.
120. 73, 98.
73. 98. 101. 107-108, ΙΙΟ.
101. 107-108, 110, 130-131.
130-131.
SABINUM
SABINUM (Villa
(Villa de de Sabine)
Sabine) : : 42. 42. 123
123 AUGUSTE
--etet AUGUSTE go, 93, 103.
: :90.93. 103. 131.
131, 133.
133.
Ω.
n.5.5.136.
136.137· 137. POLLION
-- e tet POLLION 129,132.
: :129. 132.
SALLUSTE
SALLUSTE 74,81,84.
: :74. 81. 84. ΖέΝΟΝ (SIDOINE)
ZÉNON(SIDOINE) 115, ΙΙ9.
: : ΙΙ5. 119.
Index Rerum Notabilium

Adynata: 24.
24, 136
136 n.
n. 2.
2. Dignitas: 63. 63. 71.71. 76.
76. 135.135.
ALEXANDRINISME
ALEXANDRINISME :: 58 n. ι.
58 n. 1, 101
IOI n.
n. 6,
6, Β,,,,,,,οσόνη
Gwrody :: 84.
84.
107.
107, 108. 109, ΙΙΟ,
108. 109, 110, ΙΙ4.
114. ΙΙ5,
115, ιι8,
118, Dilettantisme :: 17.
Dilettantisme 89, ΙΙ3.
17. 89. I 13.
120.
120. DIONYSISME
D,ONYS,SME 23. 27.
:: 23. 27. 56. 56, ΙΙ3·
113.
Amitie
Amitié :: 27 27 ή.
n. 2.
2. 37,
37. 39.46.
39-46. 80,80. 136-
136- Divinisation :: '7.
Divinisation 17, 35.
35, 38. 38, 77, 89-93.
77, 89-93,
137,
137, 138.
138. 134·
134.
Amour
Amour :: 25-26,
25-26, 28, 28, 29, 57, ΙΙ3.
29, 57. 113, 139.
139. Elegantia: 56.
Elegαntiα: 56, 59.59, 60,
60, 71.71.
ιivBρε(ιx
&V~PE[OL:: 57
57 n.n. 5.
5. Élégie :: ιι6.
Elegie 116, 127.127.
Angoisse.
Angoisse, Anxiete
Anxiété :: '7, 17, 21.
21. 23,
23, 24,
24, 30,
30. ÉILgies (de
Eligies Properce) :: 98.
(de Properce) 98, 133133 n.n. 5.5,
32
32 sq.•
sq., 54. 60, ΙΙ4.
54, 60, 114. 135, 138,
135, 138. 139·
139.
Apolitisme
Apolitisme :: 16. 16. 63.
63, 67.
67, 74,
74, 76.
76. ÉILgies αà Μ
Eligies Mdcdne:
ecAne: 29. 29, 35,35. 36.36, 37.
37, 38.
38.
Aponie:
Aponie :17. 17, 60.
60. 40.
40. 49,
49. 58,
58, 67.67, 124.
124. 128,128. 142.
142.
ARCAD1SME
ARCADISME :: 98.
98, 127.
127, 131,
131. 132.
132. EMPIRE:: 78.
EMPIRE 78, 80. 80. 81.
81, 83.
83, 146.
146.
Art dΆinιeΥ:
Ayt d'Aimer: 28. 28, 105.
105. Éndide: ιι6.
Eneide: 116, 131, 132-133.
131. 132.133.
Ayt
Art Poetique:
Podtique: 108.108, ιι8.
118, ΙΙ9,
119, 120,
120, 123.
123, Enfer, Enfers
Enfer, Enfers :: 25. 25, 33,
33, 54,
54, 147·
147.
127.
127, 128
128 n.
n. 5.5, 138.
138. ÉPICURISME
EPICURISME 15-55, 57.
:: 15-55, 60-61, 75.
57. 60-61. 75,
ASIANISME
ASIANISME :: 104.
104, 110.
110. 76, 81.
76. 83, 108.
81. 83. 109, ΙΙ9.
108, 109. 119, 121.121, 127.
127.
Ataνisme
Atavisme etIusque
étrusque ::21, 21, 41.
41. 54. 55sq.•
54, 55 sq., Épitres: 98.
Epityes: 98, 106.106, 109.
log, 122, 122. 123.123, 127.
127.
67.
67. 68.
68. 72.
72. 136-138.
136.138.
Α uditoyium Μ
Auditorium aecenatis::49.
Maecenatis 49. Épodes :41,
Epodes: 41. 67. 67, 98.
98.
Banquet
Banquet (Symposium):
(Symposium) :28,43.56.28,43.56, ΙΙ3.
113. Épopée :: 97,
Epopee 109, ΙΙ4.
97, 109. 114, ΙΙ5."5, ιι6. 116, 129.
129,
βιχσι.λεός
paorhrG~:: 75,
75, 8282 n.
n. 2.2. 131, 132.
131. 132. 134,134, 141.
141.
Baroque:
Baroque : 24. 24, 51.
51, 100, 107, ΙΙΟ.
IOO. 107. 110, ΙΙΙ.
III, Érotisme :: 27.
EIotisme 27. 28. 57, ΙΙ5.
28, 57. 115, 139 139 n.n. 3·3.
121.
121. Esthetique 107-109. ΙΙΙ,
Esthétique :: 107·109. 114-121.
I I I , 114-121.
Bucoliques:
Bucoliqzces: 39. 39, 1'7,
117, 120,120, 129.
129, 132.
132. Étiologie :: ιι8-ιι9,
Etiologie 118-119, 139 139 n. n. ι.I .
Campagne
Campagne ::22, 22, 49.
49, 50.
50. εόφροσόνη
d p p o d y ::27.27.
Caymen:
Carmen: 127. 127,129.
129. Felicitas: 20.
Felicitas: 20, 22. 45, 77,
22. 45. 77, ΙΙ2.
112.
CERCLE
CERCLE DE
DE MECENE
MÉCÈNE:: 36. 36. 80.
80, 98.
98, 101IOI F&te : 17,
FMe: 17,23.23, 43.
43, 58, 91, ΙΙ3.
58, 91. 113, ΙΙ9·119.
n.
n. 6.6, 114·123.
114-123, 133. 133. 138. 138. Fides :40.
Fides: 40, 64,
64, 80.80, 95·
95.
Comedie:
Comédie :20. 20, 41
41 n.
n. 3.3, 58. 59, ιι6.
58. 59. 116,118.118. Fortuna: 31-32,
FoytU1lα: 31-32, 45. 45, 46, 46, 51. 51, 52 sq.,
52 sq.,
Consitium:
Consilium :79. 79, 80.
80. 77.
77, 92,
92. 106.
106.
copa:
Copa:28. 28, 29.
29. 47
47n.n. 5.5 , 49,
49, 106
106n.n. 2.2. Fyαgments
Fragments (de (de Mecene)
Mécène) :: 51. 51, 56.
56, 59.
59,
Culte ίmΡέήal
Culte impénai ::89 89sq.
sq. 77. 104sq.,
77, 104 sq., 121.
121.
Culte mέtrδaque
Culte métr8aque : :106, 106, 109,109. ΙΙ3.
113. Geoygiques:
Gdorgiques :22 22 sq.•
sq.,39.
39, 73,73.90 gon.n. 2.2, 98.
98,
Culte
Culterustique
rustique: :23,
23, 106.
106. 99, ιι6.
99. 130-132. 135.
116. 130·132, 135.
DecoIum
Décorum : :70. 88, ΙΙ
70,88. I Iι,I , 137.
137. Genius: 105
Genius: 105 n.n . 4,4, 119·
119.
Delicati:
Delicati :19,
19, 1'7.
117. Gymnastique : :27
Gymnastique 27 n.n. 2,2, 31.
31.
164 INDEX RERUM NOTABILIUM
INDEX RERUM NOTABILIUM

Hedonisme : 16, 20,


Hédonisme 20. 26-27, 60. equestre : 63,
Ordre équestre 63. 68, 71, 73. 73, 74.
74·
Η omo nouus.
Homo Η omines %oui:
nouus, Homines noui: 63, 74. Otium: 19, 19. 20,20. 21,21. 29,29. 31,
31. 38. 42, 43,
88,95·
88, 95. 48,
48. 49,
49. 50, 51, 51. 53.53, 70.70, 76.
76, 83,
83. 111.
111,
Humanitarisme : 30, 30. 78. 115,117,119.
115,117.119,122.123 122, 12311. n. 5.136,
5. 136, 142.
Imagines:: 56,
Imagines 56. 68. Parasites :: 41. 41, 56,56. 59.59·
Ingenium: 38,
Iltgenium: 38. 60, 72, 72. 77. 107,107, 124, 124, ποιρρ'l)σΙοι :
xappr,oia : 80 n. 3.
127. 132,
127, 132. 141,
141. 142.
142. Ραχ: 51, 68,
Pax: 68. 83.
Ισόθεος :: 91.
lo69eoç 9 ι. Pergraecari : : 59.
Jardins de Méckne Mecene :: 46 sq. Pessίmisme:: 33,
Pessimisme 33. 44, 74, 74, 87,
87, 1x2,
112. 113.
113·
λάθε βιώσοις :: 83.
h d g ~Pdoaç 83. Pzetas:
Pieias: 83,83, 84.84.
Lasciuia::115,
Lasciuia I 15, 120.
120. Plagiat :: 107.107.
Laudatio :: 35.
Lawlatio 35. 37. 48, 99.
37, 48, 99, 103.
103, 104,
104, 105,
105, Police :: 64-67.
64-67, 82, 82, 86,
86, 94.
94.
127.
127, 128,
128, 142.
142. Politique : 43, 43, 50,50, 63-96.
63-96.
Jtιliae:: 85,
Leges Jztliae 85, 86,
86, 138.
138 πολυ.έλειοι :: 11
xohudkia 117,7. 11
118.8.
LiMralisme
Libéralisme ::81, 85-86, 102-103. 109,
81.85-86,lO2-l03, log, Potentia: 70, 70, 71.71, 79.79, 95·
95.
I I I n. 2,
111 2, II5J
115, 142.
142. Potestas tribunicia:
PotesIas tribunicza :65, 65, 85.
85.
Libertas: 18. 18, 41.
41, 43,
43, 75·
75. Préfectures :: 64,
PrMectures 64, 65,
65, 72,72, 79.
79.
Ludi (Jeux
(Jeux publics)
publics) :: 87 87 n. n. 5,
5. 88.
88, 113,
113, Promithι!e:
Promkthke: 35. 35, 4444 n.n. 2.2, 77,
77, 105,
105, 121.
121.
116.
116, 141.
141. Ρ<fθuμΙοι
PyBupla :: 57 57 n. n. 5·
5.
Lu:ruria:
Luxuria: 21, 21, 24.
24, 27,
27, 27
27 n. n. 2,
2, 30.
30, 54.54. Recusationes: 123,
Recusationes: 123, 132 132 n.n. 2,2, 135.
135.
57.
57, 58.
58, 61,
61, 72,
72. 87,
87, 99, 105 n.
99. 105 n. 2.2, 111.
111, Gestae :81,
Res Gestae: 81, 83,
83, 85.
85, 8686 n.n. 2.
2, 89.
89.
122. 139 n.
122, 139 n. ι.
I. Révolution romaine
Revolution romaine :: 74, 74, 82,
82. 101.
101.
Lyrisme
Lyrisme :: 97, 97, 114.
114, 115.
115. 116,
116, 117,
117, 122.
122, Rhetοήque
Rhétorique :: 18, 18, 20,
20, 78,78, 79,
79. 110.
110.
123, 128, 134, 138, 139, 140. Rusticité :: 22-23,
Rusticite 22-23, 49. 49, 50,50, ~°3,
103. 106,
106.
MECENAT: 97-104. 123. 136, 140-143. 121, 130.
121, 130.
Militia:
Mzlitia: 59, 59, 68,
68, 123.
123, 135,
135, 136.
136. Satires (dΉοrace)
SaIires (d'Horace) :: 31. 31, 39
39 n.n. 5,
5, 44,
44, 55.
55.
Mollis,
Mollis, Mollitudo:
Mollitudo: 37. 37, 39,
39, 41,
41. 48.
48, 109.
109, 59.
59, 89,
89, 99,99. 121,
121, 136.
136.
115,
115, 117,
117, 120.
120, 125-126.
125-126, 129, 129. 134.134, σoιφηνεkι
oa<pqv~ia :: 22ι.I.
136.
136. Scientisme :: 24,
Scientisme 24, 115,
115, 116,
116,117,
117, 122,
122,130.
130.
Monarchie
Monarchie :: 65, 65, 8080 sq.•
sq., 94.
94. Sodalicium: 23,
Sodalicium: 23, 43.
43. 46.46, 103,
103, 141·
141.
Morale
Morale ::40, 40, 45,
45. 86,
86, 136,
136,138-139.
138-139. Solitude :: 44.
Solitude 44, 100,IOO. 112.112.
Morum Ctιra:
Morum cura :85.85. Spectacles :: 64,
Spectacles 64, 87-89.
87-89.
Morum
Morum 1'8gi"",n:
vegimen :331 ι n.
n. 3.3. σπου&ογέλοιο,
oxouSoy&hohorov:: 12 ι.
121.
Mort:
Mort :32 32sq., 105, ι112,
sq., 105. 12. 113.
113. Stoïcisme :: 16,
Stoicisme 16, 30,
30, 52,52, 81,
81, 83,
83, 84,
84, 85,
85,
Μ os maiorum:
Mos maiorum: 59, 59, 64,
64, 67.
67, 125.
125. 121 n. 5.5. 12].
121 n. 127. 137·
137.
MUSES:
MUSES : 18.
18, 45, 113 n.
.- 113
45. 115n.
n. 4,4, 115 n. 2,2, 122.
122, Statues de
Statues de Mecene
Médne :: 46 46 n.
n. 4.4, 113 n. 4.4.
113 n.
131.
131. Superstition ::23.
Superstition 23, 53 53 n.n. 8.8, 91-93.
91-93.
Musique
Musique :: 16, 16. 29·30.
29-30. 109. 109. 117,
117, 121.121, Survie :: 23,
Survie 23, 35-36.
35-36, 91· 91.
126.
126, 138138 n.n. 5.5. Théocratie :.89.
Theocratie 89.
Mythes,
Mythes, Mythologie
Mythologie::18, 18,35-36,
35-36, 51.51,90,90, Th6ologie ::55,
TMologie 55, 84,
84, 89.89, 92.
92.
93,
93, 117.
117, 119·
119. .ρυφή
rpuipÏl ::56,
56, 5757 n. n. 5.5.
Naturalisme
Naturalisme :: 17. 17, 2],
27, 29.
29, 4747 n.n. 5,5, 48,
48, dxr, ::80.
"'Χ'l) 80, 81.81.
51.
51, 112.
112. Tyrannie ::18.
Tyrannie 18,65. 65.75, 75, 77.
77. 78,
78,82,
82,89·
89.
Nature
Nature ::17. 17,29.
29,35,35,37,
37,49,49.51,
51.60,
60, 106.
106, ΙΙβρις
IiPpr: ::82.
82.
146.
146. Vates: 123,
Vates: 123. 12]. 127.
Neant
Néant ::32. 32. 33.
33, 34·
34. Vertus ::18.
Vertus 18,83-85.
83-85, 130. 130.
Ntιgae:
Nugae: 22, 22, 109.
109, 114.114, 115,
115. 117.
117, 119,119, Versicz~li:110,
Ve,-siC'Ltli: 110, 117,117. 120.120.
121.
121,123.131.
123, 131. Vieillesse: :36,
Vieillesse 36,37· 37.
Odes (dΉοrace)
Odes (d'Horace) : :2]. 27, 35.
35. 54.
54, 99,
99, 123.
123, νίη 27-28, 35.
Vin : :27-28, 35, 113,
113, 118.
118,130 130n.n. 3·3.
124.
124, 135.
135, 138.
138, 140.
140. Vzvtus:68.
Virtus: 68,114. 114,119,119.134.134.
Odes
OdesRomaines:
Romaines: 90 gon.n. 2.2, 98.
98, 12 Ι, 122,
121, 122, Voluptas:29.
Voluptas: 29.43, 43, 56.
56.
129·
129. φιλοι,θρωπΙοι
pihav9pwnla : :87. 87.
Table des Matières
Matieres

INTRODUCTION . 9
BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE MECENE 13

Cha9itre Premier.. .
Chapitre Premier - L'ÉPICURISME
L'EPICURISME DE MECENE, ου L'ECHEC
MÉcÈNE.
DE LA SAGESSE . . . . . . . . . . 15
SCnèque Mecene . . . . .
Seneque diffamateur de MCcène 19
Géorgiques. miroir de I'ame
Les Georgiques, l'âme de Mecene
MCcène . 22
vie .
La religion de la joie et le sens de la νie . 26
L'angoisse de la mort . . . . . . . . 32
l'amitié . . . . . .
L'illumination de I'amitie . 39
Le naturalisme champetre
champêtre . . . . . . 46
La religion de la Fortuna . . . . . . . 52
étrusque . . .
Épicurisme et atavisme etrusque
Epicurisme . 55
Conclusion . . . . . . . . . . .
Conclusion . 60

Chapitre Π. - ACTION ΕΤ PENSEE POLITIQUE CHEZ MECENE . 63


Mecene.. . . . . .
carήere politique de MCcène
La carrière . . . . 64
Épicurisme traditionnel et engagement politique
Epicurisme . . . . 75
La pensCe Mecene . . . . . .
pensee politique de MCcène . . . . 80
Les mises en
εη garde du ministre :: MCcène libCral
Mecene liberal . . . . 85
Conclusion .. . . . . . . . . . . . .
Conclusion . . . . 93

Chapitre I I I . -.
ChaPitre ΠΙ. LE MECENAT
LE HISTOIRE ΕΤ
MÉCÉNAT:: HISTOIRE LÉGENDE
ET LEGENDE 97
royautC litteraire
La royaute littCraire de Mecene
MCcène :: traditions antiques et
spCculations modernes .. . . . . . . . . . . .
specuJations 97
MCcène ecήvaίn,
Mecene écrivain. ου
ou Jes esthète .. . .
les impuissances d'un esthete 104
Divergences doctrinales
Divergences doctrinales et quete
quête de J'unite
l'unit6 au cceur
cœur du
Cercle MCcène . . . . . . . . . . . . .
Cercle de Mecene 114
L'esthCtique Ρήmίtίνe
L'estMtique primitive du CercJe le lusus . . . . . .
Cercle : Ιε 118
LΥήsme
Lyrisme mineur et Jyήsme lyrisme majeur apres Actium . ApoJogie
après Actium. Apologie
et proces mollitudo .. . . . . . . . . . .
procès de la mollitudo 123
166 TABLE DES MATlERES

L'ι~cΙaίr
L'éclair dΆctίum
d'Actium et l'ere gaies . .. . . . . . . .
des uates.
l'ère des 127
Virgile,
Virgile. ou l'appel de de l'epopee
l'kpopée :: l'evolution spontanke.
l'évolution spontanee.
difficultks . . .
Enthousiasme et difficultes . .. .. . . . . .. 129
MCcène patron du lyrisme triomphal de 26 A 20
Mecene a av . J.-C. :
20 av.
Horace et Properce . . . . . . . . . . . . .
Horace 133
Conclusion .. . . . . . . . . . . . . . . . .
Concluslon 140
CONCLUSION GENERALE . 145
APPENDICE
ApPENDICE Les Fragments
:: Les Fragments de
de Mecene
Mécène . . . . . . 149
BIBLIOGRAPHIE 155
INDEx NOMINUM 161
INDEX RERUM NOTABILIUM 163

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